CONCLUSION
Cette étude vise la recherche des alternatives
susceptibles de rompre les systèmes empiriques d'exploitation agricoles
qui consistent dans leur majorité à briser les équilibres
environnementaux par l'utilisation du feu comme mode de préparation du
sol et cela, quel que soit le milieu où on se trouve.
L'agriculture itinérante sur brûlis est le système le plus
utilisé surtout par les petits exploitants qui sont les plus nombreux.
Les conséquences de cette méthode agricole influencent
directement les écologies naturelles et ses effets sont encore beaucoup
plus qu'inquiétantes surtout lorsqu'il s'agit des
écosystèmes forestiers. Les paysans font tomber des gros troncs
d'arbres chaque saison culturale en brisant sans le savoir le cycle du carbone,
ils incinèrent la litière qui dégage suffisamment du
dioxyde de carbone dans l'atmosphère, une fois de plus sans le savoir et
contribuent en fait à l'accentuation des effets néfastes de
changement climatiques.
La question qu'on s'est posée est celle de savoir s'il
est possible de produire la nourriture sans exercer une forte pression sur la
forêt ? Si le manioc est la principale culture vivrière dans
la zone écologique de l'étude, il est aussi vrai de croire qu'il
occupe les plus d'emblavures et qu'il occasionne les plus de pression sur la
forêt en ce qui concerne le système agricole en milieu villageois.
Plusieurs exploitants agricoles (paysans surtout), pensent qu'on ne peut pas
soutenir une production des cultures vivrières dont le manioc dans les
jachères herbeuses. La tendance est la progression dans la destruction
de la forêt et déjà, on constate dans ce milieu que la
forêt s'éloigne des habitations. Elle est systématiquement
détruite par ces méthodes plus ou moins nomades actuellement
pratiquées (ASB) et en plus, les jachères ne sont pas
suffisamment conservées pour permettre une
régénération future de la forêt et de la
fertilité du sol.
Le but visé est de sédentariser le
système agricole, produire la nourriture sur un sol qui peut maintenir
sa fertilité pendant plusieurs saisons culturales en conservant un
équilibre propice des constituants minéraux et organiques. On
sait qu'en sol tropical, le grand problème réside dans la
conservation de la matière organique dans le sol. Déjà
avec la pratique de l'incinération, il n'est pas possible de
prétendre conserver les bonnes conditions de fertilité du sol.
D'office, il fallait promouvoir les pratiques agricoles qui ne prennent pas en
compte l'incinération comme mode de préparation du sol. Ainsi,
trois méthodes de préparation du sol étaient
comparées, l'une reprenant la pratique usuelle du paysan
(défrichement, incinération, débardage et plantation sans
labour) était pris pour servir de contrôle et deux autres
méthodes entre autres le labour mécanique avec enfouissement de
la matière organique verte et le défrichement au ras de sol de la
friche herbeuse puis plantation sans incinération.
Les résultats obtenus ont indiqué clairement que
le labour mécanique réalisé sur une surface non
incinérée préalablement permet de réaliser des
productions plus importantes du manioc. On a obtenu des moyennes
évaluées à 39 t/ha avec ce système contre 27 t/ha
sur la friche incinérée et, 24 t/ha sur la friche non
incinérée. Les performances dues au labour se justifient par le
fait que cette pratique disponibilise les éléments
minéraux lessivés dans les profondeurs du sol et ensuite, la
décomposition de la matière verte enfouie permet une bonne
organisation du sol.
Cependant, en comparant les variétés de manioc
utilisées dans l'étude, on observe une certaine résistance
de la variété Mvuama aux effets de la sécheresse. On a
remarqué que le manioc planté pendant la période qui
précède la saison sèche a réagi
différemment. La saison sèche avait sensiblement
affecté le rendement du manioc. Des rendements faibles sont obtenus pour
le manioc planté en saison sèche avec une moyenne de 17 tonnes
par hectare et quel que soit le mode de préparation du sol. Dans le
même sens, on a aussi constaté que la position des boutures lors
de la plantation n'influence pas le rendement. Néanmoins, il se
dégage que lorsque les boutures sont plantées plus
profondément en période sèche, elles affectent
positivement la production du manioc.
Il existe plusieurs interactions entre les facteurs. Lorsque
les conditions de culture sont marginales, il est préférable de
planter le manioc sans incinérer la friche. On obtient un rendement qui
ne dégage pas des différences significatives en comparaison au
système de l'incinération mais, en revanche, on assure au sol un
maintien de la matière organique et une stabilisation de
l'acidité de surface (selon les analyses des sols effectuées
avant et après la culture du manioc) qui peut favoriser des rendements
acceptables après la première saison culturale. On a par ailleurs
observé que le sol s'acidifie davantage après le manioc sur la
friche incinérée. Cette condition constitue un facteur limitant
lorsqu'on vise à sédentariser le système agricole.
La détermination de la marge bénéficiaire
en tenant compte des pratiques culturales évaluées montrent
clairement que le labour mécanique est plus avantageux avec une moyenne
de 2565,74 $ US par hectare. Les autres pratiques ont donné des marges
plus faibles. Soit 1580, 39 $ pour le champ incinéré et 1514,22 $
pour le champ non incinéré. Le labour permet un
coût de production plus bas et des marges bénéficiaires
plus importantes. Cependant, les charges d'exploitation sont plus grandes par
rapport aux autres techniques. Ceci réduit sa chance d'être
aisément accepté par les petits exploitants (paysans) qui ne
disposent pas de suffisamment de moyens pour soutenir les charges dues à
la production (surtout au début des opérations culturales).
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