BURKINA FASO
REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un peuple-Un but- Une foi
**********
Ministère de l'économie des finances et du plan
Unité-Progrès-Justice
**********
**********
Ministère de l'Agriculture, des
Ressources Hydrauliques, de l'Assainissement et de la
Sécurité Alimentaire (MARHASA)
**********
*********
Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique
(ENSAE)
Direction Générale des Etudes et des
Statistiques Sectorielles (DGESS) ********** Direction de la
Prospective et de la Planification Opérationnelle (DPPO)
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de
CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Rédigé par :
Supervisé par :
SAWADOGO Israël
Yve Gildas BAZIE
Elève Ingénieur Statisticien Economiste
Directeur de la Prospective et de la Planification
Opérationnelle
&
Fidèle SALOU
Ingénieur Statisticien Economiste
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Décharge
L'auteur s'engage à porter l'entière
responsabilité de ce présent document. Son contenu n'engage ni la
responsabilité de l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse
Economique (ENSAE) ni celle de la Direction Générale des Etude et
des Statistiques Sectorielles (DGESS) du Ministère de l'Agriculture, des
Ressources Hydrauliques, de l'Assainissement et de la Sécurité
Alimentaire (MARHASA).
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
I
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Dédicace
A ma famille
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
II
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Remerciements
La rédaction de ce document a nécessité
différentes contributions provenant principalement de structure
d'accueil pour le stage et de l'école de formation.
Ainsi nos remerciements sont adressés dans un premier
temps au personnel de la structure d'accueil, la Direction technique de la
Prospective et de la Planification Opérationnelle sous la couverture de
la Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles
(DGESS) du MARHASA au Burkina Faso. De façon
particulière, nous remercions :
· M. Amos KIENOU, Directeur Général des
Etudes et des Statistiques Sectorielles ;
· M. Yve Gildas BAZIE, Directeur de la Prospective et de
la Planification Opérationnelle pour le cadre mis à notre
disposition, l'excellent suivi et les conseils techniques en tant que premier
maitre de stage;
· M. Fidèle SALOU, le second maitre de stage pour
l'excellent suivi et les conseils techniques sur l'étude que nous avons
menée;
· M. Jean Baptiste KOADIMA et M. Ousmane KABORE pour
leurs différentes contributions à la réalisation de ce
travail.
En second lieu, nos remerciements sont adressés
à l'administration de l'ENSAE pour l'ensemble des services rendus dans
le cadre scolaire et au corps professoral pour les enseignements
dispensés. De façon particulière, nous remercions :
· M. Bocar TOURE, Directeur de l'ENSAE;
· M. Mady Dansokho, Coordonnateur des études;
· M. Mamadou CISSE responsable de la filière ISE,
pour le suivi du bon déroulement des enseignements qui y sont
dispensés;
· M. Souleymane FOFANA et M. Souleymane DIAKITE
respectivement responsable et responsable adjoint de la filière ITS.
En fin il convient d'adresser des remerciements à tous
les camarades ayant contribué à la réalisation de ce
document.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
III
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Avant-propos
L'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse
Economique (ENSAE) de Dakar, créée en 2008, fait partie d'un
réseau de trois écoles de statistique africaines. Les deux autres
écoles qui composent ce réseau sont l'Ecole Nationale de la
Statistique et de l'Economie Appliquée (ENSEA) d'Abidjan et l'Institut
Sous régionale de la Statistique et de l'Economie Appliquée
(ISSEA) de Yaoundé. Sous la supervision du Centre d'Appui aux
Écoles de Statistique Africaines (CAPESA), ces trois écoles
fonctionnent avec le même programme pédagogique excepté les
programmes de spécialisation. A l'ENSAE les cours sont dispensés
dans trois filières. On distingue le cycle de Technicien
Supérieur de la Statistique (TSS) où la formation se fait en deux
années scolaires, le cycle d'Ingénieur de Travaux Statistiques
où la formation se fait en quatre années scolaires et le cycle
d'Ingénieur Statisticien Economiste (ISE) où la formation se fait
en trois années scolaires.
En ce qui concerne le cycle d'ISE, à la fin de la
deuxième année, les élèves sont tenus d'effectuer
un stage d'étude auprès d'une structure où l'outil
statistique est mis en oeuvre. D'une part, le stage constitue une occasion pour
l'élève de découvrir les difficultés liées
à l'utilisation de cet outil. D'autre part, il permet à
l'élève de découvrir a priori le milieu professionnel.
C'est dans ce but que nous avons effectué un stage du 1ier Août au
28 octobre 2016 au niveau de la Direction de la Prospective et de la
Planification Opérationnelle (DPPO), une des directions techniques de la
Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles
(DGESS) du Ministère de l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques, de
l'Assainissement et de la Sécurité Alimentaire (MARHASA) au
Burkina Faso. Le sujet soumis à notre réflexion dans le cadre de
ce stage portait sur les « barrières et opportunités
à l'adoption des techniques de Conservation des Eaux et Sols
(CES)/Défense et Restauration des Sols (DRS) au Burkina Faso, dans la
zone sahélienne»
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
IV
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Sommaire
Décharge I
Dédicace II
Remerciements III
Avant-propos IV
Sommaire V
Liste des tableaux VII
Liste des graphiques VIII
Sigles et Acronymes IX
Résumé XI
Abstract XII
Introduction 1
CHAPITRE 1: Généralités et revue de
littérature 5
Généralités sur les techniques CES/DRS 5
Revue de littérature sur les déterminants du
comportement d'adoption 8
Théorie du producteur et notion de productivité
12
Les notions d'efficacité économique, technique et
allocative 15
CHAPITRE 2: Approche méthodologique
20
Source des données et zone d'étude 20
Détermination des barrières à l'adoption
des techniques CES/DRS 22
Construction de la frontière de production 29
CHAPITRE 3: Barrières à l'adoption des
techniques de CES/DRS 40
Adoption des techniques de CES/DRS et caractéristiques
généraux 40
Adoption et caractéristiques de l'unité de
production agricole 43
Barrières à l'adoption des techniques CES/DRS,
modèle dichotomique 47
CHAPITRE 4: Opportunités à l'adoption des
techniques CES/DRS 55
Analyse descriptive de la production du mil et le sorgho dans la
zone sahélienne 55
Analyse des avantages liés à l'adoption CES/DRS
57
Conclusion et recommandations 63
Références bibliographiques i
Annexe v
Annexe A v
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
V
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Annexe B x
Table des matières xvi
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
VI
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Liste des tableaux
Tableau 1: matrice de confusion théorique 26
Tableau 2: Variables expliquant l'adoption des CES/DRS et
effets attendus 28
Tableau 3: structure de la production agricole 38
Tableau 4: tests de validation 48
Tableau 5: influence des facteurs sociodémographiques
de l'exploitant sur l'adoption de la
CES/DRS 50
Tableau 6: influence des caractéristiques de la
surface cultivée sur l'adoption de la CES/DRS 52
Tableau 7: effet des facteurs économiques sur
l'adoption de la CES/DRS 53
Tableau 8: caractéristiques de tendance centrale et de
dispersion du rendement du mil et du
sorgho 55
Tableau 9: frontière de production stochastique Cobb
Douglas du mil et du sorgho 59
Tableau 10: effet marginal de l'adoption des techniques de
CES/DRS par région 62
Tableau 11: résultats du test de hausman pour le choix
entre logit et probit xi
Tableau 12: matrice de confusion au seuil optimal xiii
Tableau 13: résultats du modèle logit xiv
Tableau 14:hétéroscédasticité du
terme stochastique, variable expliquée:???? ????2 xv
Tableau 15: vérification de la constance des
rendements d'échelle xv
Tableau 16:matrice de corrélation des variables
expliquant l'inefficacité technique Erreur !
Signet non défini.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
VII
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Liste des graphiques
Graphique 1: carte climatique du Burkina Faso 21
Graphique 2: taux d'adoption et parts de superficie sous
CES/DRS au niveau des régions
sahéliennes 41
Graphique 3: utilisation des sites antiérosifs par
intervalle d'âge 44
Graphique 4:adoption des techniques de CES/DRS en fonction de
la taille de l'exploitation 45
Graphique 5: boites à moustache pour adoptants et non
adoptants, cas du mil et du sorgho 56
Graphique 6: frontière de rendement et rendements
observés pour les adoptants (à gauche) et non
adoptants (à droite), culture du mil 60 Graphique
7: frontière de rendement et rendement observé pour les adoptants
(à gauche) et non
adoptants (à droite), culture du sorgho 60
Graphique 8: parts des superficies régionales
emblavées sous CES/DRS x
Graphique 9: Courbe ROC du modèle logit xii
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
VIII
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Sigles et Acronymes
BCEAO :
BMZ :
CES :
CRAI:
DGESS :
DPPO :
DRS :
ENSAE :
EPA :
FAO :
FARM :
FEER :
GERES :
LUCOP :
LR :
MARHASA:
NPK :
PasP :
PATECORE :
PdrT :
PIB :
PLCE :
PMN :
PROGERT :
RGPH :
ROC :
SDR :
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
Ministère fédéral allemand de la
coopération économique et du développement
Conservation des Eaux et Sols
Commission de la Recherche Agricole Internationale
Direction Général des Etudes et des
Statistiques Sectorielles
Direction technique de la Prospective et de la Planification
Opérationnelle
Défense et Restauration des Sols
Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse
Economique
Enquête permanente Agricole
Organisation pour l'alimentation et l'agriculture
Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le
Monde
Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural
Groupe Energies Renouvelables, Environnement et
Solidarités projet de Lutte contre la pauvreté
Likelihood Ratio
Ministère de l'Agriculture, des Ressources
Hydrauliques, de l'Assainissement et de la Sécurité
Alimentaire
Nitrate Phosphate Potassium
Protection intégrée des ressources
agro-sylvo-pastorales Tillabéri Nord Projet d'aménagement des
terroirs et de conservation des ressources dans le Plateau Central
Projet de développement rural de Tahoua
Produit Intérieur Brute
Programme de Lutte contre l'Ensablement du bassin du fleuve
Niger
Programme Mali Nord
Projet de Gestion et Restauration des Terres
dégradées du Bassin Arachidier Recensement Général
de la Population et de l'Habitat
Receiver Operator Characteristic Soil Defense and Restoration
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
IX
WSC : Water and Soil Conservation
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
X
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Résumé
L'objectif principal de cette étude est de
déterminer, de nos jours, les facteurs influençant
négativement l'adoption des techniques de Conservation des Eaux et Sols/
Defense et Restauration des Sols (CES/DRS) et aussi les avantages liés
à ces pratiques culturales afin de pouvoir mieux guider les politiques
de développement agricole. A partir des recherches menées sur les
déterminants de l'adoption des techniques de CES/DRS au niveau des
travaux empiriques antérieurs, nous avons pu retenir trois types de
variables sur lesquels l'analyse a été focalisée. A l'aide
d'un modèle logit expliquant la décision d'adoption des
agriculteurs par les trois types de facteurs que sont les
caractéristiques sociodémographiques de l'exploitant, ses
caractéristiques économiques et les caractéristiques de la
surface cultivée, l'on a pu exhiber les facteurs
considérés comme barrières à l'adoption des
techniques CES/DRS dans la zone sahélienne burkinabè. Au niveau
des facteurs sociodémographiques, les principales barrières
à l'adoption sont : l'analphabétisme, la non appartenance aux
groupements de producteurs et le faible niveau d'expérience agricole
lié à la jeunesse de l'agriculteur. Au niveau des
caractéristiques économiques, la rémunération de la
main d'oeuvre par rapport à l'entraide et les activités non
agricoles exercées par l'agriculteur constituent un frein à
l'adoption des techniques de CES/DRS. En fin, au niveau des
caractéristiques de la superficie emblavée, nous avons mis en
exergue l'effet négatif de la gestion individuelle de la terre et de la
sécurisation foncière sur la décision d'adoption des
agriculteurs. Néanmoins, avant de proposer des politiques de promotion
des techniques de CES/DRS, il s'avère nécessaire d'analyser les
avantages liés à leur adoption. Une analyse par frontière
de production stochastique en expliquant la variance du terme
d'efficacité technique par l'adoption des techniques de CES/DRS, pour la
culture du mil et du sorgho, montre qu'elle a un effet positif sur le niveau
d'efficacité technique des agriculteurs de la zone sahélienne
burkinabè. Les effets marginaux de cette adoption sur le score
d'inefficacité technique sont respectivement évalués
à -0,18 et -0,20. Des mesures devraient donc, nécessairement,
être prises afin de promouvoir l'adoption des techniques de CES/DRS dans
les milieux subissant une forte dégradation des terres tels que la zone
sahélienne. Ces mesures devraient notamment viser les barrières
à l'adoption des techniques de CES/DRS.
Mots clés :
techniques CES/DRS, adoption, barrières, logit, frontière de
production stochastique, efficacité/inefficacité technique,
dégradation des terres
|
|
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
XI
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Abstract
The aim of this study is to determine, nowadays, which
factors negatively influence adoption of water and soil conservation/ soil
defense and restoration (WSC/SDR) and also the advantages linked to these
agricultural technics. From de research led about determinants of adoption of
WSC/SDR through previous frameworks, we have been able to encircle 3 types of
variable on those the analysis has been focused. Using a binary logit
explaining adoption behavior by these 3 types of variable given by social and
demographic factors of the farmer, his economic characteristics and the
characteristics of the land, we managed to encircle the factors counted as
barriers to adoption of WSC/SDR in Burkina Faso in the Sahel. About farmers'
social and demographic characteristics, the main barriers are: analphabetism,
none inclusion to famers' organization and the lack of agricultural experiences
due to farmer's youth. About economics characteristics, the using of some
remunerated workers in the farm and none agricultural activities done by the
farmer influence negatively decisions about WSC/SDR adoption. At last, about
land characteristics, the barriers was the individual management of the soil
and the landed aspect of the land. Unless before proposing any promotion policy
of WSC/SDR technics, we have to analyze the advantages linked to their adoption
from farmers.
A stochastic frontier analysis, explaining the variance of
technical inefficiency term by the adoption of WSC/SDR technics from famers in
millet and sorghum cultivations, has shown that this adoption had a positive
effect on the technical efficiency in the Sahel. The respect marginal effects
of adoption of WSC/SDR technics on the technical inefficiency scores are
evaluated to -0.18 -0.20 and. So, we have to think about the policies those
should be led in aim to popularize adoption of WSC/SDR technics in the regions
suffering a lot of from soil erosion as the Sahel. These policies must mainly
be focused on barriers linked to WSC/SDR technics adoption.
Keywords: WSC/SDR
technics, adoption, barriers, logit, stochastic frontier
analysis, efficiency/inefficiency, land erosion.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
XII
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Introduction
Contexte
Au Burkina Faso, comme dans la plupart des pays de l'Afrique
occidentale, le secteur agricole détermine considérablement la
situation de l'économie nationale. Selon les données de la Banque
Mondiale, la part du secteur agricole dans le Produit Intérieur Brut
(PIB) en 2014 est évaluée à 34,2% au Burkina Faso. Par
ailleurs, le Burkina Faso est un pays qui enregistre un fort taux de croissance
démographique. Selon les résultats du dernier Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH 2006), le taux de
croissance démographique en 2006 était de l'ordre de 3,1% avec
une population évaluée à 14.017.262 habitants à
cette date. Cette forte croissance démographique, du fait de la hausse
de la demande en produits alimentaires agricoles qui s'en suit, provoque une
intensification et extensification de l'agriculture. Selon les données
de la Banque Mondiale, entre 1990 et 2015, la superficie forestière
burkinabè a régressée de 14.970 km2. Cette
perte de forêt étant en partie due à l'extension des terres
cultivées pose un véritable problème environnemental.
Quant à l'agriculture intensive, elle provoque à son tour un
appauvrissement des terres cultivables du fait de la forte utilisation des
produits chimiques. Pourtant, en plus de leur état défavorable,
ces terres subissent fortement une dégradation naturelle.
La dégradation des sols est un phénomène
qui désigne la perte de la capacité de production de ces
derniers. Cette dégradation est due, non seulement, à
l'érosion du sol et à leur état pauvre conditionné
par une situation géographique et climatique défavorable, mais
aussi à des facteurs anthropiques (déforestation, feux de
brousse, pratiques culturales inadaptées, pollution, etc) (IFAD, 1992).
La première cause de la dégradation des sols, l'érosion,
se manifeste par un déplacement des particules du sol. Elle est dite
hydrique lorsque ce déplacement est causé par l'eau et
éolienne lorsqu'il est causé par le vent. La zone
sahélienne, du fait de sa situation géographique
(proximité du Sahara), reste la plus touchée par l'érosion
des sols. Ce phénomène n'est pas sans conséquence sur la
situation économique de cette localité et le secteur agricole est
principalement le secteur le plus exposé. En effet, en diminuant leur
fertilité, l'érosion contribue à réduire
considérablement le rendement des terres cultivées dans la zone
sahélienne. Le déplacement de des matières organiques, la
réduction de la profondeur des terres, les dépôts
poussiéreux sont les principaux aspects de l'érosion qui
affectent la fertilité et donc la productivité des terres
emblavées
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
1
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
dans cette zone. Par ailleurs, l'érosion est
occasionnée et favorisée par des facteurs de natures
différentes. Certains facteurs tels que le degré d'inclinaison
des terres, l'intensité des pluies sont d'ordre géographique
tandis que d'autres, l'absence de couvert végétal sur les terres
et la nature du sol sont respectivement d'ordre biologique et
pédologique. De ce fait, pour ralentir la chute de la
productivité de leurs exploitations, les agriculteurs doivent prendre
des mesures visant à s'adapter ou à combattre ces facteurs. C'est
dans ce contexte qu'apparait la nécessité de la mise en oeuvre de
techniques de conservation des eaux et sols (CES)/défense et de
restauration des sols (DRS).
La conservation des eaux et sols (CES) consiste à
pratiquer une ou plusieurs techniques au niveau d'une parcelle agricole afin de
protéger le sol contre l'érosion hydrique ou éolienne. Ces
techniques visent en général à contrôler les
facteurs qui favorisent l'érosion (Mahmoudou et Salim, 2011). La
conservation des sols fait intervenir les techniques de défense et de
restauration des sols (DRS). Les techniques de défense visent à
protéger le sol contre la dégradation causée par l'eau, le
vent et l'action des animaux en divagation. La restauration est quant à
elle utilisée lorsque le sol a déjà subi une forte
dégradation. Les techniques de CES/DRS ont été
essentiellement développées dans les années 1970 et 1980,
en réponse à des crises humanitaires et écologiques
s'accompagnant de famines sévères et de pertes importantes
d'espaces agricoles, pastoraux et sylvicoles (servant de sources
d'approvisionnement en bois et en fourrage mais également de
réservoirs de biodiversité).
Problématique
Depuis 1970, Plusieurs projets ont été mis en
place pour vulgariser l'utilisation des techniques de CES/DRS dans la zone
sahélienne subsaharienne. Parmi les plus récents, on distingue le
Programme Mali Nord (PMN) de 1997 à 2001, le Projet de Gestion et
Restauration des Terres dégradées du Bassin Arachidier (PROGERT)
en 2007 au Sénégal, le Programme de Lutte contre l'Ensablement du
bassin du fleuve Niger (PLCE) en 2008, les projets de Protection
intégrée des ressources agro-sylvo-Pastorales Tillabéri
Nord (PasP) entre 2004 et 2011 et de développement rural de Tahoua
(PdrT) dans le cadre du projet de Lutte contre la pauvreté (LUCOP) au
Niger. Au Burkina Faso, le projet d'aménagement des terroirs et de
conservation des ressources (PATECORE) est mis en oeuvre à partir de
1990 à la suite de deux précédents projets nationaux
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
2
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
de lutte contre la dégradation1. Le champ
d'action du PATECORE était la région du Centre Nord dans la zone
sahélienne et l'objectif visé était de mettre en place des
comités de gestion provinciaux qui encourageront les agriculteurs
à recourir à l'aménagement des terres cultivables par
l'utilisation des techniques de conservation. La dimension de ces projets
décrits précédemment révèle l'enjeu de
l'application des méthodes de conservation des eaux et sols.
Cependant, bien que les bilans des différents projets
de vulgarisation des techniques de CES/DRS aient fait ressortir un recul
considérable du niveau de dégradation des sols dans les zones
d'action, l'on ne peut affirmer un renversement global de l'allure de la
dégradation des sols dans la zone sahélienne burkinabè
(BMZ, 2012). Par ailleurs, malgré les efforts de vulgarisation des
techniques de CES/DRS et les avantages liés à ces pratiques,
elles ne sont utilisées que de façon limitée dans les
lieux subissant fortement l'érosion. Cela suscite des interrogations
premièrement sur les éventuelles barrières à
l'adoption des techniques de CES/DRS et deuxièmement sur la perception
des producteurs agricoles quant aux avantages liés à ces
pratiques.
Objectifs
L'objectif général de ce travail est de
déterminer d'une part les facteurs qui empêchent les agriculteurs
d'adopter les techniques de CES/DRS et d'autre part les avantages
économiques liés à cette adoption.
Afin d'atteindre cet objectif, il serait nécessaire de
:
? déterminer les différents facteurs susceptibles
d'influencer le comportement d'adoption de la CES/DRS ;
? analyser l'influence de chaque facteur sur ce comportement
afin d'en déduire les facteurs dont l'influence est négative ;
? expliciter les relations existant entre les indicateurs de
performance (efficacité technique) d'une unité de production
agricole et le choix d'adoption des techniques de CES/DRS.
1 Projet « Groupe Energies Renouvelables, Environnement et
Solidarités » (GERES) dans les années 1960, les projets
menés par le Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural (FEER) dans les
années 1970 et 1980
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
3
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Hypothèses
Certaines hypothèses concernant les
déterminants et les avantages du choix d'adoption des CES/DRS peuvent
d'ores et déjà être formulées.
? H1 : la décision d'adoption des
techniques de CES/DRS est négativement influencée par la
faiblesse du niveau d'instruction, le niveau de responsabilité de
l'exploitant agricole;
? H2 : la décision d'adoption des
techniques CES/DRS est négativement influencée par les facteurs
réduisant les capacités financières et économiques
de l'exploitant ;
? H3 : l'utilisation d'une méthode
adéquate de CES/DRS améliore la productivité des terres
cultivées ;
? H4 : l'adoption d'une méthode de
CES/DRS adéquate pour une culture donnée contribue à
réduire l'inefficacité du système d'exploitation agricole
qui les met en oeuvre.
Plan d'analyse
La suite du document sera subdivisée en 4 chapitres.
Le premier chapitre se penchera sur une description générale des
techniques CES/DRS, les développements théoriques faites sur les
déterminants de l'adoption d'une technique agricole et l'analyse de
l'efficacité d'une unité de production. Le deuxième
chapitre relatera la méthodologie d'analyse des déterminants de
l'adoption et les avantages de cette décision sur l'efficacité de
l'exploitation agricole. Les deux dernier chapitre présenterons les
résultats obtenus à l'issus de la mise en oeuvre de la
méthodologie d'analyse à savoir, respectivement, les
barrières à l'adoption des techniques CES/DRS et l'effet de leur
adoption sur l'efficacité de l'unité de production agricole.
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MARAHASA/DPPO-BF
4
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
CHAPITRE 1: Généralités et revue
de littérature
L'atteinte des 4 objectifs qui ont été
fixés nécessite une description primordiale du cadre
théorique dans lequel est circonscrit le thème de cette
étude. Cette description nous permettra de nous familiariser avec les
termes techniques usités dans ce document. Il sera ainsi
développé au sein de ce chapitre le cadre technique de
l'étude, les théories sur le comportement d'adoption d'une
technique, particulièrement une technique de CES/DRS et les avantages
liés à cette adoption. Nous procèderons initialement par
une description générale des techniques de CES/DRS.
Généralités sur les techniques
CES/DRS
La conservation des eaux et sols (CES) consiste à
pratiquer une ou plusieurs techniques au niveau d'une parcelle agricole afin de
protéger le sol contre l'érosion hydrique ou éolienne. Ces
techniques visent en général à contrôler les
facteurs qui favorisent l'érosion (Mahmoudou et Salim, 2011). Les
techniques de défense visent à protéger le sol contre la
dégradation causée par l'eau, le vent et l'action des animaux en
divagation. La restauration est quant à elle utilisée lorsque le
sol a déjà subi une forte dégradation. Il existe
principalement deux types de méthodes de CES/DRS : les méthodes
d'ordre physique et les méthodes d'ordre biologique ou
pédologique. Pour chaque méthode, il est important de faire
ressortir les avantages et les éventuelles limites qui y sont
associés.
Méthodes physiques
Les techniques d'ordre physiques ont pour rôle de
défendre le sol contre les phénomènes physiques
dégradants tels que les forts écoulements d'eaux de pluie,
l'impact des gouttes de pluie, l'action du vent, etc. Les dispositifs mis en
place pour assurer cette défense sont désignés par le
terme « sites antiérosifs » au niveau des Enquêtes
Permanentes Agricoles (EPA).
Les cordons pierreux ou diguettes en
pierres
Les cordons pierreux sont des alignements de pierres ayant un
diamètre d'environ 15 cm placées les unes contre les autres et
disposées selon les courbes de niveau. Ces cordons permettent de
créer une stagnation temporaire des eaux de pluie en freinant leur
écoulement. Ainsi le faible écoulement
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
5
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
permettra d'éviter les graves dégradations de
sol. La stagnation quant à elle favorise l'infiltration des eaux et le
dépôt d'éléments nutritifs.
Les digues filtrantes
Les diguettes filtrantes sont des sites antiérosifs
construits le long des courbes de niveau. Elles ont une hauteur allant de 30
à 50 cm et s'étendent sur une largeur égale à deux
ou trois fois la hauteur. Les diguettes filtrantes se distinguent des cordons
pierreux par la taille. Elles sont le plus souvent placées en amont des
cordons pour diminuer la puissance d'écoulement des eaux au niveau des
pentes ou glacis. Les diguettes permettent donc d'éviter la
dégradation excessive des sols cultivés causée par les
forts écoulements (Mahmoudou et al, 2011).
Cependant la construction de digues filtrantes se fait
à un coût relativement élevé car elle
nécessite une main d'oeuvre en quantité et une
disponibilité de moyens de transports.
Le zaï ou cuvettes d'eau
Le zaï est une technique de conservation qui consiste
à creuser, dans une exploitation agricole, des trous de 40 à 50
cm de diamètre dans lesquels seront appliqués les semis. Ces
trous sont séparés les uns des autres par une distance allant de
70 à 80 cm et renouvelés tous les deux ans. C'est une
méthode paysanne redécouverte après la grande
sécheresse de 1973-1974 puis perfectionnée par les divers
intervenants auprès des paysans. La méthode des zaï permet,
pendant la saison sèche, de capter et conserver les
éléments nutritifs apportés par le vent. Pendant la saison
pluvieuse, les trous creusés seront un refuge pour les eaux ruisselantes
et les nutriments transportés par l'eau. En résumé cette
méthode permet de mettre à la disposition de la plante les
quantités d'eau et de nutriments nécessaires à son
développement (Mahmoudou et al, 2011).
Les demi-lunes
Les demi-lunes sont des ouvrages en terre compactée ou
en pierre ayant une forme d'arc avec des ouvertures perpendiculaires au sens
d'écoulement des eaux. Les terres à l'intérieur des
demi-lunes peuvent être enrichies par une fumure organique. L'utilisation
des demi-lunes a pour but la récupération et la restauration des
sols fortement dégradés, dénudés et
encroutés. Cette récupération se fait par la conservation
et la restauration des éléments nutritifs des sols
cultivés à travers la réduction des effets néfastes
du vent et des ruissèlements d'eau. Cependant lorsque la
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
masse d'eau déborde des demi-lunes, elle peut causer
des dégâts considérables à l'égard des
plantes.
Les haies vives de ligneux
Les haies vives de ligneux sont des lignes de plantes
ligneuses formant une ou plusieurs rangés et agissant comme une
barrière destinée à protéger la surface
cultivée. Ces plantes sont régulièrement taillées
pour que la barrière formée par la masse de tiges et des branches
reste dense. Les haies vives ont pour principal rôle la défense du
sol contre les animaux en divagation mais aussi elles permettent de
protéger la surface cultivée contre le vent et l'ensablement.
Les techniques précédemment décrites
agissent principalement sur les facteurs érosifs afin d'atténuer
la vitesse de la dégradation des sols. Pour les sols ayant
déjà subi une forte dégradation, ce sont plutôt les
méthodes biologiques ou pédologiques de restauration qui seront
appliquées.
Méthodes biologiques ou
pédologiques
Les méthodes biologiques ou pédologiques sont
utilisées en vue de restaurer la structure minérale et organique
du sol par l'apport d'éléments nutritifs. Cependant l'utilisation
de l'engrais chimique n'est pas considérée comme une
méthode de restauration de sol. Sur les lignes suivantes sont
décrites quelques techniques de restauration.
Le mulching ou paillage
Le paillage est un procédé qui permet
d'améliorer la structure du sol et de conserver sa fertilité en y
déposant une grande quantité de biomasse, paille, feuillage,
branchages hachés, résidus de récolte, déchets
domestiques, etc. Ces diverses matières favoriseront ainsi la
constitution de l'humus (Mahmoudou et Salim, 2011). Le paillage permet
d'obtenir :
? une réduction de l'érosion du sol due à
l'action de la pluie, du vent et du soleil ;
? une protection des racines superficielles des plantes qui sont
souvent endommagées lors du
sarclage ou du binage ;
? une conservation de l'humidité du sol par le biais de
la réduction de l'évaporation de l'eau que
regorge le sol ;
? un apport de matière organique dû à la
décomposition de la paille ;
? une diminution des pertes en éléments nutritifs
de la parcelle agricole.
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7
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
La fertilisation organique et engrais
verts
La fertilisation organique consiste à poser un
mélange de matières organiques et minérales
fermentées afin d'améliorer la qualité du sol par rapport
à une culture donnée. Quant aux engrais verts, ce sont des
plantes enfouies dans le sol afin que leur décomposition augmente la
fertilité de ce dernier. Leur principal rôle est donc de rendre la
terre cultivée plus fertile, et par ce canal améliorer son
rendement.
La description des techniques de conservation des eaux et
sols ainsi fait permet de mieux élucider le cadre technique de
l'étude. Il convient à présent de faire une description du
cadre théorique, à savoir l'adoption de ces techniques et les
avantages qui y sont associés.
|
Revue de littérature sur les déterminants
du comportement d'adoption
|
|
Théories comportementales
L'économie est une science sociale qui a pour objectif
d'expliquer le comportement des agents confrontés à une
disponibilité limitée des ressources et une quantité
illimitée de besoins à satisfaire. Dans la théorie
économique, plusieurs développements ont été faits
pour expliquer le comportement du producteur. Cependant, la théorie
économique se focalise généralement sur les aspects
quantitatifs qui influencent le comportement des êtres humains. C'est
dans ce cadre que la théorie microéconomique du producteur
explique le comportement du producteur par la volonté de maximisation du
profit. La maximisation du profit peut se faire soit en maximisant la
production soit en minimisant le coût des facteurs ou les deux à
la fois. Ainsi, la technologie qu'utilisera le producteur dans le processus de
production sera influencée par ce comportement de maximisation.
Cependant, plusieurs facteurs d'ordre social et psychologique affectent les
décisions prises par le producteur dans l'exercice de ses
activités. Le caractère social et psychologique de certaines
décisions ont conduit au développement d'autres théories
s'efforçant d'expliquer le comportement des agents en tenant compte des
facteurs d'ordre sociologique et psychologique. La première
théorie développée dans ce sens est la théorie de
l'action raisonnée.
II.1.1 La théorie de l'action
raisonnée
La théorie de l'action raisonnée a
été développée par Fishbein et al (1975) dans le
domaine de la psychologie sociale. Elle a pour objectif d'établir un
lien entre le comportement d'un individu, ses
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
perceptions, son attitude et ses intentions comportementales.
Selon Fishbein et al (1975), la décision prise par un individu de mener
une action donnée résulte de la confrontation entre son attitude
propre à lui et les normes subjectives. Les normes subjectives
désignent la perception que l'individu a à l'égard des
opinions de son entourage (parents, amis, voisins, etc.) sur une action
donnée. La théorie de l'action raisonnée distingue deux
dimensions dans l'explication des intentions d'un individu envers un
comportement donné : une dimension interne et une dimension externe. La
dimension interne prend en compte les croyances de l'individu,
c'est-à-dire sa perception de la probabilité d'aboutir à
un résultat espéré à l'issu de l'action qu'il
désire mener. Quant à la dimension externe, elle est
déterminée par les normes subjectives. Un second postulat
soutient que tout autre facteur en dehors de la croyance et des normes
subjectives n'influence qu'indirectement la décision d'un individu de
mener une action (Fishbein et al, 1975). Cependant la théorie de
l'action raisonnée est limitée par le fait qu'elle ne prenne pas
en compte la perception de l'individu de ses capacités à
atteindre le résultat désiré et des opportunités
qui se présenteront. La prise en compte de ces dernières
composantes a donné naissance à la théorie de l'action
planifiée.
II.1.2 La théorie de l'action
planifiée
La théorie de l'action planifiée est une
extension de la théorie de l'action raisonnée. Elle a
été développée par Ajzen (1991). L'apport majeur de
cette théorie est la prise en compte des perceptions de l'individu sur
les capacités dont il dispose pour atteindre ses objectifs. Selon
Ajzen(1991) l'intention d'adoption d'un comportement donné est aussi
influencée par la perception du contrôle sur celui-ci. La
perception du contrôle sur le comportement regroupe principalement 4
aspects : les ressources disponibles, les capacités personnelles, les
opportunités éventuelles, la perception de l'importance des
résultats possibles. La notion de perception du contrôle sur le
comportement présente des similitudes avec celle de l'auto-efficience
développée par Bandoura (1982). En effet, selon cette
théorie, la croyance qu'un individu a de sa capacité propre
à mener une action influence considérablement la décision
d'adoption d'un comportement donné. Ainsi la décision d'un
individu d'entreprendre une action va dépendre de trois facteurs : ses
croyances, les normes subjectives et la perception du contrôle.
Dans le domaine de la recherche sur les questions d'ordre
agricole, les déterminants sociologiques du comportement de l'individu
seront combinés avec les déterminants d'ordre économique
pour
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9
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
étudier la décision d'adoption des techniques
de conservation et de défense des eaux et sols prise par les
agriculteurs.
Travaux empiriques sur les déterminants du choix
d'adoption des CES/DRS
Les théories précédemment
évoquées permettent de faire ressortir généralement
les déterminants du choix d'un individu de mener une activité
donnée. Elles ont donné lieu à plusieurs travaux visant
à expliquer les processus de prise de décision des individus dans
plusieurs domaines (santé, consommation, psychologie, sociologie, etc.).
C'est ainsi que certains travaux se sont intéressés à
l'étude des facteurs qui influencent la décision du producteur
agricole d'adopter une technique donnée.
Depuis 1980, avec la mise en place des projets de
vulgarisation des pratiques de conservation et de défense des eaux et
sols, plusieurs études se sont penchées sur les facteurs qui
influencent les décisions d'adoption de ces techniques.
Généralement, ces études se focalisaient sur les facteurs
d'ordre comportemental, sociodémographique, biologique, physique et
économique.
Les études menées par Rahm et Huffman (1984) et
Barbier (1990) étaient basées sur les facteurs physiques tels que
la position de la parcelle cultivée, son degré d'inclinaison et
le type de sol qu'on y retrouve. Ces études ont pu faire ressortir
l'influence de ces facteurs physiques et environnementaux sur la
décision d'adoption des techniques de conservation et de défense
des eaux. Par ailleurs, Featherstone et al. (1993) ; Norris et Batie (1987)
montrent que l'âge du responsable des activités sur la parcelle
affecte considérablement la probabilité que celui-ci adopte une
technique de conservation de sol. Ervin (1982) aboutit à la même
conclusion avec le niveau d'instruction. D'autres études menées
à partir de 1998 ont montré que le niveau d'information de
l'agriculteur sur les problèmes d'érosion influence positivement
ses intentions d'adopter l'utilisation des techniques de conservation de sol
(Traoré et al. 1998 ; Anim 1999 ; Thurow 2000).
Les facteurs économiques et financiers sont
examinés par Norris et Batie (1987) et Gould et al. (1989). Ces
études ont établi un lien entre l'adoption des techniques de
conservation des sols et certains facteurs économiques et financiers
tels que les sources de revenu (revenus provenant de l'activité agricole
et revenus externes) du producteur agricole et son aversion au risque. Elles
montrent que les revenus issus de l'activité agricole influencent
positivement la décision d'adoption tandis que les revenus externes
l'influencent négativement.
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Francis (1986) a cherché à expliquer les
décisions d'adoption des techniques de conservation de sol par les
caractéristiques foncières de la terre et les facteurs d'ordre
organisationnel et institutionnel. Il s'agit du statut du responsable en termes
de détention de la parcelle, de l'appartenance de l'unité de
production à un groupement de producteurs et de l'assistance technique.
Les analyses ont conclu que l'inefficacité du régime foncier
influence négativement et significativement la décision
d'adoption des pratiques de conservation (Lee et Stewart, 1983) tandis que
l'appartenance à un groupement de producteurs l'influence
positivement.
La décision de pratiquer les techniques de
conservation est expliquée par Foltz (2003) à travers un
modèle à choix binaire :
Il pose Y la variable dépendante
représentant la décision de l'agriculteur. Y = 1 s'il
adopte, 0 sinon. Il considère ??(A, X, H) comme le niveau
d'utilité du producteur agricole caractérisé par les
paramètres A, X et H. A désigne les actifs
agricoles, X représente l'ensemble les facteurs
sociodémographiques et H permet de capter les
préférences de l'agriculteur. L'objectif de ce modèle est
de faire ressortir l'impact des différents facteurs sur la
probabilité d'adoption des techniques de conservation en ayant recours
à une régression logistique.
Cependant, de tels modèles ne prennent pas en compte
l'entretien des sites construit dans le cadre de l'adoption des techniques de
conservation des eaux et sols. Néanmoins, Santos et al. (2000) ont tenu
compte de cette dernière composante dans l'étude de la
décision d'adoption des cordons pierreux en Honduras.
Par ailleurs, certaines études menées sur les
techniques agricoles se sont intéressées à
l'intensité d'utilisation des techniques de conservation des eaux et
sols. C'est ainsi que Baidu-Forso (1999) utilisera un modèle Tobit afin
de déterminer l'influence de facteurs d'ordre économique,
démographique et physique sur le niveau d'adoption des techniques de
conservation des eaux.
Enfin, des études menées récemment se
sont focalisées sur l'aspect multinomial des techniques de conservation
des eaux et sols. Owombo et Idumah (2015) ont analysé les
déterminants de l'adoption à travers 11 variables de diverses
natures décrivant un échantillon d'agriculteurs nigérians.
Il s'agit des caractéristiques du ménage exploitant, des
caractéristiques de la surface cultivée et des
caractéristiques socioéconomiques. Ils utilisent un modèle
Logit multinomial sur
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
trois techniques : le mulching ou paillage, les cultures de
couverture et les arbres plantés (pour assurer la protection du
champ).
La revue sur les travaux empiriques fait ressortir
déjà les facteurs pouvant expliquer la décision d'une
unité de production agricole d'adopter les techniques de conservation et
défense des eaux et sols. Ces facteurs peuvent être
regroupés en 3 principaux groupes : les facteurs liés au
ménage exploitant, les facteurs liés à la parcelle
cultivée et les facteurs liés au cadre institutionnel et
organisationnel de l'activité agricole. Par ailleurs il serait aussi
nécessaire d'interroger la littérature sur les avantages
liés à l'adoption d'une technique agricole. Il s'agira d'analyser
les développements théoriques faits sur l'évaluation de
l'efficacité et de la productivité d'une technique
utilisée dans un processus de production agricole.
Théorie du producteur et notion de
productivité
Dans le cadre de cette étude, plusieurs notions
émanant de la microéconomie sont utilisées afin d'analyser
les performances des exploitations agricoles. Il est alors convenable de faire
un bref développement sur la microéconomie du producteur
agricole. L'analyse sur le plan microéconomique est justifiée par
le fait que l'étude soit basée sur des ménages agricoles.
Un aperçu sur la théorie néoclassique, concernant le
comportement de production, permettra de mieux cerner celui du producteur
agricole.
La théorie du producteur
La production désigne l'action de combiner des biens
et services selon une technologie donnée afin d'obtenir d'autres biens
et services. La relation établie entre les quantités de biens
incorporés dans le processus et la quantité de biens obtenus
à terme est appelée fonction de production. La forme classique de
la fonction de production est donnée par Y = ??(x1, ... ,
x??) où Y désigne la quantité produite à
l'issu de l'utilisation des facteurs x1, ... , x??.
On appelle facteurs de production les ressources,
matérielles ou non, utilisées dans le processus de production.
Ces facteurs peuvent être analysés sous 3 principaux
critères.
Lorsqu'on analyse la possibilité de modification
quantitative, on distinguera les facteurs fixes des facteurs variables. Les
facteurs fixes sont ceux qui ne peuvent varier en quantité tandis que
les facteurs variables sont ceux dont la quantité est modifiée
selon la quantité produite.
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12
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Lorsqu'on considère le rapport existant entre les
facteurs, on parlera de facteurs substituables et facteurs
complémentaires. Deux facteurs sont substituables lorsqu'on peut
remplacer une quantité déterminée d'un des facteurs par
une quantité supplémentaire de l'autre, tout en conservant le
même niveau de production. Lorsque ces deux facteurs doivent être
combinés selon une proportion donnée de chacun d'entre eux, alors
ils sont dits complémentaires.
Plusieurs concepts sont définis pour déterminer
les relations entre les intrants et les outputs dans un processus de
production.
Notion de productivité et de rendement V.2.1
Définitions
En économie, la productivité est définie
comme le rapport, en volume, entre une production et les ressources mises en
oeuvre pour l'obtenir (FARM note n°7 Juillet 2007). Les ressources
désignent ici l'ensemble des éléments utilisés au
cours de l'activité de production. Il s'agit du capital, du travail
incorporé, de la consommation intermédiaire, etc.
On parle de productivité moyenne globale lorsque que
l'on s'intéresse à la quantité d'output moyenne pour
chaque unité d'input. L'expression de la productivité moyenne
globale est donnée par le rapport production/input. La
productivité marginale globale quant à elle désigne la
contribution d'une unité supplémentaire d'input à la
production. La productivité marginale et la productivité moyenne
peuvent aussi être définies par rapport à un seul facteur
en supposant la quantité des autres facteurs fixe. Dans une optique de
comparaison, dans le temps et dans l'espace, l'on peut être amené
à évaluer la productivité d'un facteur.
Dans le domaine de l'agriculture, la productivité
(agricole) mesure l'efficacité de l'utilisation des facteurs de
production (terre, capital, travail, etc) dans un milieu agro écologique
et un contexte politique et socioéconomique donné (FARM, note
n°7 Juillet 2007). Comme productivité marginale partielle, on
distingue la productivité de la terre, celle du travail, celle de
substances organiques et chimiques utilisées. La productivité de
la terre est la quantité produite par unité de surface
cultivée. Dans le cas particulier où plusieurs cultures sont
pratiquées sur une parcelle, la productivité désignera le
rapport de la production totale et la surface totale sans tenir compte de la
diversité.
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Le rendement désigne la productivité de la
terre au cours d'un cycle de production d'une et une seule culture. La
productivité de la terre peut être mesurée sur un ensemble
de cultures sur une période comportant plusieurs cycles de production
tandis que le rendement ne prend en compte qu'une seule culture au cours d'un
seul cycle. C'est cette dimension qui fait la différence entre ces deux
indicateurs.
V.2.2 Déterminants de la productivité
d'une exploitation agricole
La littérature économique distingue plusieurs
leviers susceptibles de faire accroitre la productivité agricole parmi
lesquels nous distinguons la recherche, la formation, la qualité des
ressources (main d'oeuvre, terres, outils), les infrastructures, l'innovation
technique, etc.
D'un point de vue théorique, l'innovation technique et
organisationnelle a un effet positif sur la productivité des
exploitations agricoles (Mounier 1992). L'innovation à son tour
dépend non seulement du niveau de diffusion des techniques agricoles
à travers les formations dans le milieu rural, mais aussi de la
capacité des agriculteurs à les assimiler (niveau d'instruction,
expérience, etc) et à les mettre en pratique (facteurs financiers
et économiques). Dans l'histoire de l'agriculture, une relation directe
entre innovation technique et productivité a également
été mise en exergue.
Les deux révolutions agricoles qu'a connues l'Europe
au XVIIIème et au XIXème siècle, en
raison des fortes croissances de la productivité qui y ont
été enregistrés, permettent de mieux saisir l'ampleur de
la contribution de l'innovation technique à la croissance de la
productivité agricole. La première, survenue en Angleterre, a
été conditionnée par l'adoption des cultures
fourragères et les pratiques de restauration des sols (Bairoch, 1989).
La seconde intervient dans un contexte de recherche et développement
dans le domaine agricole. Ces recherches ont favorisé la mise en oeuvre
de nouvelles pratiques agricoles: semences performantes, mécanisation,
utilisation d'intrants chimiques, etc. Entre 1800 et 1850, en Europe, le
rendement du blé passe de 8 quintaux par ha à 8,8 quintaux par
ha, soit un accroissement annuel de 0,2% (Bairoch, 1989). Entre 1850 et 1910
l'Europe a enregistré un taux de croissance annuelle du rendement
d'environ 0,4%.
Au XXème siècle, il est plutôt
question de la révolution verte qui a démarrée en Inde en
1966 pour ensuite se propager dans plusieurs régions du continent
asiatique et américain. Cette révolution,
caractérisée par une intensification de l'agriculture, a
entrainé une augmentation considérable de la production (Charles,
2004). Cependant une dégradation et un appauvrissement des terres
s'en
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14
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
sont suivis. Afin de maintenir le niveau de la production
stable, en 1994, les dirigeants de la Commission de la Recherche Agricole
Internationale (CRAI) définirent des axes de résolution du
problème de décroissance du rendement. Parmi ces axes
apparaissaient l'adoption de techniques agricoles visant à restaurer la
fertilité du sol par l'utilisation des matières organiques, la
conservation de l'humidité des sols et la gestion des ressources en
eau.
La productivité décrit une relation entre
outputs obtenus et inputs utilisés dans un processus de production.
Cependant, cet indicateur ne tient pas compte de l'environnement dans lequel a
lieu ce processus. L'environnement désigne ici l'ensemble des
éléments susceptibles d'influencer le niveau de production sans
faire partie des facteurs de production (exemple : aléas climatiques,
organisation du travail, cadre social et institutionnel, etc). C'est en cela
que la notion d'efficacité devient indispensable pour une analyse
complète du processus de production.
Les notions d'efficacité économique,
technique et allocative
Dans cette partie, nous développerons les
différents éléments nécessaires à l'analyse
de l'efficacité économique. Il s'agira de définir a priori
les notions d'efficacité économique, technique et allocative et
ensuite de faire ressortir les différents développements
théoriques et empiriques faits sur les déterminants de
l'efficacité dans le domaine de l'agriculture.
Développement théorique sur
l'efficacité VII.1.1 Définitions
Les premiers développements sur la notion
d'efficacité économique ont été faits par Koopmans
(1951). De façon générale, elle mesure la capacité
d'une entreprise à utiliser une technologie donnée de
manière adéquate afin d'obtenir les résultats
souhaités. L'efficacité économique se compose de deux
types d'efficacité : une efficacité allocative et une
efficacité technique.
Selon Koopmans (1951) un plan de production choisi par une
firme est techniquement efficace : « si l'augmentation de n'importe
quel output requiert la diminution d'au moins un autre output ou
l'accroissement d'au moins un input, et si une réduction de n'importe
quel input requiert l'élévation d'au moins un autre input ou la
réduction d'au moins un output.». Cette définition
rejoint d'une part la théorie parétienne2, d'où
le terme « efficacité Pareto-Koopmans » donné par
2 Notion d'équilibre de Pareto
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
certains auteurs (Thanassoulis, 2001 et Ray, 2004).
L'efficacité technique permet de mesurer la capacité d'une
entreprise à pouvoir atteindre un niveau maximal de production,
étant donné une quantité d'input, sans tenir compte du
marché des facteurs de production.
Quant à l'efficience allocative, elle mesure les
compétences du producteur dans le choix des combinaisons d'inputs
optimales en fonction de la situation du marché des facteurs de
production. La question qui se pose à ce niveau est la manière
dont ces indicateurs doivent être déterminés lorsque nous
sommes face à des données empiriques.
VII.1.2 L'analyse par frontières de
production
Dans la théorie microéconomique, une fonction
de production détermine le lien entre la quantité d'input
utilisée dans le processus de production et la quantité d'output
obtenue à terme. Pour Thiry et Tulkens (1988), il y a lieu de
préciser que : « la fonction de production spécifie les
quantités maximales d'outputs accessibles pour tout niveau des inputs,
et, pour tout niveau de l'output, les quantités minimales
nécessaires à leur obtention». Le recours aux
frontières de production au-delà des simples relations
établies entre outputs et inputs se fonde sur cette notion de
maximalité et l'imperfection de l'être humain
caractérisée par la sous-utilisation des facteurs de production.
La frontière de production est une fonction limite sur la base de
laquelle sera mesurée l'efficacité de chaque producteur. Le
principal objectif de l'analyse par fonction de production est la
détermination du degré d'inefficacité économique
des agents.
Farrell (1957) fut l'un des précurseurs dans
l'élaboration des méthodes de détermination de
l'efficacité/inefficacité économique d'un système
de production. Il procède par la construction d'une frontière de
production et d'une droite d'isocoût pour déterminer les deux
types d'efficacité vus précédemment. Une frontière
de production est une fonction qui indique la quantité maximale d'output
obtenue, à l'issu d'un processus de production, pour une quantité
donnée d'input. Ainsi, toute technologie qui ne permet pas au producteur
de se situer sur la frontière est dite techniquement inefficace. Cette
inefficacité est mesurée par l'écart entre le niveau de
production observé et la frontière de production, soit le
complément à un du score d'efficacité technique (Farrell,
1957).
Dans la littérature économétrique, deux
familles de méthodes de construction des frontières de production
sont proposées, les méthodes paramétriques et des
méthodes non paramétriques. Les
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16
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
méthodes paramétriques seront
développées dans la partie méthodologique du document ;
à présent nous nous intéressons aux déterminants de
l'efficacité afin d'en déduire le lien existants entre elle et la
décision d'adoption de techniques agricoles.
VII.1.3 Déterminants de l'efficacité
technique
L'analyse des théories économiques
récentes sur les déterminants de l'efficacité technique,
dans le cadre agricole, fait ressortir généralement des facteurs
d'ordre financier, organisationnel, sociodémographique et les facteurs
relatifs à la nature (le climat).
Selon Battese et Coelli (1993), l'efficacité technique
est fortement influencée par l'accès au crédit, le niveau
d'encadrement des agriculteurs, l'expérience, l'âge et le niveau
d'instruction de l'exploitant. La significativité de l'influence de
l'accès au crédit a fait l'objet de plusieurs controverses. Pour
certains chercheurs, le niveau d'accès au crédit influence la
productivité mais pas l'efficacité technique (Nuama, 2010). Quant
à la relation entre l'efficacité technique et le niveau
d'instruction, elle est établie de façon indirecte. En effet,
plus sera instruit un exploitant plus celui-ci serait apte à
apprécier la pertinence de certaines techniques agricoles et cela
pourrait agir positivement sur son efficacité technique. Cependant, un
individu plus instruit aura tendance à mieux se concentrer sur des
activités non agricoles au détriment du niveau d'attention
accordé à son exploitation agricole (Audibert et al. 1999).
Ces développements théoriques vont ainsi donner
lieu à plusieurs travaux empiriques visant à déterminer
l'influence de l'adoption des technique CES/DRS sur la performance des
exploitations agricoles. Les plus récents d'entre ces travaux ont
utilisé la notion de frontière de production pour atteindre leurs
objectifs.
Travaux empiriques sur les liens entre
l'efficacité et l'adoption des CES/DRS
Les travaux de détermination des opportunités
d'adoption des techniques de conservation et de défense des eaux et sols
se sont effectués essentiellement sur la base de la productivité
et de l'efficacité technique ou allocative. L'on distingue
principalement deux types d'approche utilisés : l'analyse par
frontières de production et l'analyse par fonctions de production
moyennes.
Shively (1998) réalise une étude visant
à déterminer l'influence des techniques de conservation de sol
sur le rendement et sa variabilité. Il utilise des données
recueillies sur un échantillon de 89
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Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
exploitations de maïs en Philippines, pour la
période 1994/1995, concernant l'utilisation des haies vives. Dans son
étude, deux modèles ont été utilisés : un
modèle de choix binaire pour modéliser le choix d'adoption et un
modèle de régression avec
hétéroscédasticité pour déterminer l'impact
de cette adoption sur le rendement et sa variabilité. Au niveau du
deuxième modèle, Shively (1998) effectue une régression
sur les deux sous populations (adoptants et non adoptants) en utilisant le
rendement comme variable expliquée. Cette dernière variable est
expliquée par la quantité de travail effectué sur
l'exploitation, la légalité du statut de l'exploitation, la
profondeur du sol et l'âge de l'exploitation observés dans chaque
strate. Les analyses effectuées à base de cette méthode
ont mis en exergue un impact positif de l'adoption des haies vives sur le
rendement. En effet, les résultats obtenus ont
révélé que l'adoption des haies vives contribue à
augmenter le rendement par hectare de 125 kg, même si cette contribution
est décroissante avec l'intensité d'adoption. En ce qui concerne
la variabilité du rendement, dans les travaux de Shively, elle est
négativement influencée par l'adoption des haies vives. Il
ressort des travaux de Shively que l'adoption des techniques de conservation
améliore la productivité totale et diminue la variabilité
de la production.
Kinane (2002) analyse les déterminants de l'adoption
des cordons pierreux et des zaï dans le Yatenga au Burkina Faso en
utilisant des données sur un échantillon de 199 ménages
agricoles (sur 685 au total) recueillies en 1998. A travers une fonction de
production de type Cobb Douglas, il mettra en exergue l'effet de l'adoption des
deux techniques de CES citées précédemment sur la
production. Les résultats montrent que les variables liées aux
pratiques de CES/DRS expliquent à 30% la production. Ces variables sont
: l'âge des sites antiérosifs, le niveau de formation de
l'exploitant sur les techniques utilisées et la consommation en fumure
organique.
Albouchi et al. (2006) mènent des travaux visant
à estimer l'efficacité économique des exploitations
agricoles du bassin versant de Merguelli en Tunisie. Les données en
panel recueillies couvrant la période 1994-2003 leur permet de
construire une frontière de production stochastique basée sur les
fonctions de production de type Cobb-Douglas et évoluant dans le temps.
La frontière de production construite mettait en relation la production
annuelle et différentes variables susceptibles de l'influencer. Comme
variables explicatives, l'on retrouve dans ces travaux la consommation
intermédiaire en substances organiques, minérales et
phytosanitaires (engrais, eau d'irrigation et produits divers), le travail, les
charges (de transport et des travaux mécaniques), le
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18
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
capital et la terre. L'analyse de la frontière de
production permet de déterminer les scores d'inefficacité de
chaque individu. Ces scores ont ensuite été expliqués par
d'autres variables dont l'adoption des techniques de conservation des eaux. Les
résultats ont montré que l'adoption de ces techniques contribue
à réduire significativement l'inefficacité des
exploitations du bassin de Merguelli.
Les développements faits sur l'adoption des techniques
de CES/DRS nous ont permis d'exhiber les différents indicateurs à
exploiter pour l'atteinte des objectifs de cette étude et aussi de
déterminer les méthodes d'analyses adéquates aux
données dont nous disposons. C'est donc à partir de ces
développements que sera élaborée notre méthodologie
de détermination des barrières et avantages liés à
l'adoption des techniques de CES/DRS dans la zone sahélienne
burkinabè.
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19
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
CHAPITRE 2: Approche méthodologique
Le but de ce chapitre est d'expliciter les méthodes
statistiques auxquelles nous aurons recours pour l'atteinte de nos objectifs.
De ce fait, après une description préalable de la source des
données et de la zone d'étude, nous développerons la
méthode de détermination des facteurs influençant
négativement l'adoption des CES/DRS. Ensuite, nous procéderons
à la description de la méthode d'appréciation des effets
de cette adoption sur l'efficacité technique.
Source des données et zone d'étude Source
des données
Les données utilisées dans ce document sont
issues de l'Enquête Permanente Agricole (EPA) de la campagne 2015/2016.
L'Enquête Permanente Agricole est une enquête par sondage de
portée nationale. Elle couvre les 45 provinces du pays selon le
découpage administratif et a principalement pour objectif de:
· estimer les productions et les rendements de
l'ensemble des 45 provinces du pays pour chaque culture ;
· estimer les superficies emblavées en fin
Août ;
· faire des prévisions de récoltes
céréalières courant le mois de septembre de chaque
année afin de tenir informés le gouvernement et ses partenaires
au développement sur la situation de la campagne agricole. Ces
prévisions permettent d'établir un bilan céréalier
prévisionnel ;
· faire des estimations des stocks résiduels
paysans courant septembre ;
· suivre l'évolution du paradigme
sécurité alimentaire ;
· servir à l'évaluation des performances
du secteur agricole. Ces estimations sont utilisées pour
l'établissement du bilan céréalier.
L'approche retenue pour la mise en oeuvre de l'EPA (2015/2016)
est un sondage à deux degrés avec stratification induite au
premier degré par celle du deuxième degré. L'unité
primaire est le village tel que retenu par le Recensement Général
de la Population et de l'Habitat de 2006. Le tirage des unités primaires
est fait à probabilité proportionnelle à la taille en
ménages agricoles. Les unités secondaires sont tirées par
la méthode du sondage aléatoire simple (Révision
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20
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
méthodologique de l'Enquête Permanente Agricole,
MARHASA). Voir Annexe A (A.1) pour la méthode de pondération et
la forme des estimateurs.
Zone d'étude
Le champ de cette étude constitue la zone
sahélienne burkinabè. Elle est située au Nord du pays
entre les latitudes 13°C'5' N et 15°C'3' N. Sur le plan climatique,
elle est caractérisée par une pluviométrie de moins de 600
mm, des températures extrêmes allant de 10 à 45°C et
une saison pluvieuse de 2 à 3 mois. La végétation dans
cette zone est essentiellement dominée par les arbustes épineux,
les steppes arbustives et les dunes de sable rencontrées plus au nord.
Trois régions composent principalement cette zone : la région du
Nord, le Sahel et la région du Centre Nord.
Graphique 1: carte climatique du Burkina
Faso
Source : Centre de recherche forestière
international (CIFOR)
Le choix de cette zone se justifie par les
caractéristiques climatiques défavorables qu'elle
présente, des caractéristiques qui rendent l'agriculture dans
cette zone vulnérable au phénomène d'érosion, de
sécheresse, de désertification, etc. C'est donc une zone dans
laquelle l'utilisation des techniques
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21
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
CES/DRS est justifiée. Cette situation rend
l'étude de l'adoption des techniques antiérosives plus pertinente
dans la zone sahélienne.
Détermination des barrières à
l'adoption des techniques CES/DRS
Le premier axe de notre étude est la
détermination des barrières à l'adoption des techniques de
CES/DRS au Burkina Faso, précisément dans la zone
sahélienne. Pour faire ressortir ces barrières, il serait
nécessaire d'analyser l'adoption de ces techniques de la part des
agriculteurs. Cette analyse se fera en déterminant l'influence qu'ont
les différents facteurs sur la probabilité que les techniques de
CES/DRS soient adoptées sur une exploitation agricole donnée. Par
la suite, les facteurs ayant une influence négative seront
considérés comme les barrières à l'adoption des
techniques de conservation et de défense des eaux et sols. Compte tenu
de l'aspect dichotomique du phénomène étudié et des
informations recueillies dans la littérature, les modèles
adéquats pour nos données seront les modèles
dichotomiques3. De plus, ces modèles donnent la
possibilité de déterminer à quel degré varie la
probabilité d'adoption en fonction de plusieurs facteurs explicatifs de
façon synthétique, contrairement à une simple analyse
descriptive. L'utilisation des modèles dichotomiques est
récurrente dans les études sur les déterminants de
l'adoption des techniques agricoles. On distingue en guise d'exemples
l'étude menée par Baradi (2005) sur l'adoption du labour de la
terre, celle menée par Bayard et al. (2006) sur l'adoption des cordons
pierreux à Fort-Jacques (Haïti) ; les travaux menés par
Ng'ombe (2014) sur le comportement d'adoption des pratiques de conservation au
niveau des ménages agricoles zambiens, etc. La confrontation des
méthodes utilisées dans la littérature à la
structure des données dont nous disposons nous conduit à opter
pour l'utilisation d'un modèle économétrique dichotomique
dans le but de déterminer les barrières liées à
l'adoption de la CES/DRS. De ce fait, il serait nécessaire de
décrire le cadre théorique de ces modèles.
Présentation du modèle
dichotomique
La seconde moitié du XXème
siècle fut dominée par l'utilisation des données
microéconomiques dans le but d'expliquer le comportement des agents
économiques. L'étude de tels comportements a rendu
nécessaire le développement de modèles
économétriques permettant d'étudier les
3 La variable d'intérêt qui est
l'adoption des CES/DRS présente une structure dichotomique. La
décision d'adoption de chaque agriculteur est renseignée sans
aucune précision du type de technique utilisé.
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22
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
phénomènes décrits par des variables de
nature qualitative. Globalement, 3 types de modèle ont été
développés dans ce cadre. Il s'agit des modèles
dichotomiques, des modèles polytomiques et des modèles
appliqués aux données censurées ou tronquées.
Les modèles dichotomiques (logit et probit) ont
initialement été utilisés dans le domaine de la biologie,
de la sociologie et de la psychologie avant d'atteindre l'économie avec
principalement les travaux de MacFadden (1974) et Heckman (1976).
De façon générale, ces modèles
sont utilisés dans le but de déterminer l'influence de certains
facteurs (variables explicatives) sur un phénomène H
pouvant être décrit par une variable dichotomique y
donnée. Le phénomène d'intérêt dans
notre cas est l'adoption des techniques de CES/DRS. En notant N la taille de
l'échantillon d'exploitations agricoles dont nous disposons, y
la variable dichotomique associée à l'adoption des
techniques peut être décrite comme suit :
1, si au moins une technique de CESIDRS
V i = 1 ...N, on a: est adoptée par l'individu i
(1)
yi =
0, sinon
De façon analytique, le modèle dichotomique sera
construit dans le but d'expliquer, à partir des observations des
variables explicatives faites sur chaque individu i notées
xi, la probabilité que le phénomène «
adoption » se réalise au niveau de cet individu. Cette
probabilité est notée pi = Prob(y1 = 11x1). Les p
variables explicatives utilisées sont réparties en trois
groupes: les caractéristiques économiques du responsable de
l'exploitation, ses caractéristiques sociodémographiques et les
caractéristiques de la surface emblavée. Par ailleurs, la
description de la variable y fait intervenir une variable latente
y* qui s'écrit comme combinaison linéaire des
variables explicatives : y* = xil3 + e , avec x le
vecteur des variables explicatives et il3 celui
des coefficients associées.
Ainsi l'expression (1) peut se réécrire comme suit
:
V i= 1 ...N, on a: y1=
|
f1, si yti* > c
l 0, sinon avec c un seuil réel
fixé4
|
4 Réel à parti duquel l'on
prédira la réalisation du phénomène
d'intérêt
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23
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
L'effet des variables explicatives sur la variable
d'intérêt peut être cerné par le canal de la variable
latente Y, . La probabilité pi est
déterminée de la manière suivante:
pi = Prob(Yi = 11xi) = Prob(Yi * >_ c) = Prob(xif3 + E
>_ c) => pi=??(xif3- c)
Où i/.' désigne la fonction de
répartition de la loi associée au terme d'erreur E. On
parlera de modèle logit lorsque cette loi est logistique et de
modèle probit lorsqu'elle est normale.
Choix entre le modèle probit et
logit
Les modèles logit et probit présentent une
ressemblance au niveau des coefficients estimés mais ils ne
réagissent pas de la même façon face aux valeurs
extrêmes. Ces valeurs ont en réalité un poids plus
important avec un modèle logit qu'avec un modèle probit.
Cependant, dans le cadre de cette étude sera utilisé le test de
Hausman pour vérifier la significativité de la différence
entre les coefficients estimées avec un modèle probit et ceux
estimés avec un modèle logit. A l'issu des résultats de ce
test nous déterminerons le modèle à retenir pour la suite
de l'analyse.
Méthode d'estimation
La méthode d'estimation utilisée est celle du
maximum de vraisemblance. Le choix de cette méthode est dû aux
différents problèmes liés à l'estimation des
paramètres d'un modèle dichotomique par les moindres
carrés ordinaires (voir Annexe A, A.2). Le phénomène
d'adoption tel que décrit par le modèle (1) suit une loi
binomiale avec une probabilité de réalisation de pi pour
chaque exploitation i. Le logarithme de la vraisemblance est donc
donnée par :
N
ln L(Y, x, f3) = I Yi ln(i (xif3)) + (1 - Yi) ln(1 -
1(xif3))
i=1
Les coefficients du vecteur f3 sont
déterminés en résolvant les équations
résultant de l'annulation des dérivées partielles
premières de cette log-vraisemblance sous les conditions de second
ordre. Cette étape est suivie des travaux de validation du
modèle. Il s'agit de vérifier, après une analyse des
résidus, la significativité globale des coefficients
estimés, la qualité de la prédiction du modèle et
son adéquation aux données.
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24
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Validation du modèle dichotomique
Méthode d'analyse des résidus
Il s'agira à cette étape de faire une analyse
visant à identifier les individus ayant des comportements
irréguliers à travers le modèle dichotomique. Nous
utiliserons les 4 principaux outils rencontrés dans la
littérature:
? Les résidus standardisés de Pearson, pour
déterminer les outliers, comparés à 2,
? Le "laverage", permettant de détecter les "high
laverages", comparé à 2(p + 1)/N
? La distance de Cook pour mesurer l'influence de chaque
individu sur les coefficients estimés, elle est comparée à
4/N ;
? Le dbeta pour déterminer l'influence de chaque
individu aussi bien sur la valeur des coefficients estimés que sur leur
signe, il est comparé à 2/vN ;
L'utilisation de ces 4 outils permettra d'identifier, comme
individus pouvant détériorer la qualité du modèle,
les individus qui apparaissent irréguliers pour plus de deux
distances.
Le test du rapport de maximum de vraisemblance (LR
Test)
Les coefficients estimés permettront de
déterminer l'influence de certains facteurs sur le comportement
d'adoption des techniques CES/DRS. Cependant, pour un facteur donné,
cette influence est-elle significative dans le modèle? C'est pour
répondre à cette question que sera utilisé dans cette
étude le test de significativité globale ou partielle par le
rapport de maximum de vraisemblance (LR test). En effet, le LR test peut
être utilisé pour vérifier la significativité d'un
ou de plusieurs coefficients en comparant les valeurs de vraisemblance
atteintes pour le modèle contraint et celui non contraint. Le
déroulement du LR test est présenté en annexe (annexe A,
A.3). La vérification de la significativité partielle ou globale
des coefficients sera suivie d'un contrôle de qualité du
modèle en termes de pouvoir prédictif.
La matrice de confusion
La capacité du modèle dichotomique à
prédire l'adoption des techniques de CES/DRS est donnée par la
matrice de confusion. Fondamentalement, c'est une matrice qui fournit les
différents types de classification et le pourcentage associé
à chaque type. Les types de classification désignent les bonnes
et mauvaises prédictions et les pourcentages associés
désignent respectivement les taux de
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25
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
bonnes et de mauvaises prédictions. Le taux de bonnes
prédictions est la proportion des exploitations agricoles de
l'échantillon dont la classe prédite correspond exactement
à la classe dans laquelle elle se trouve tandis que le taux de mauvaises
prédictions est la proportion des exploitations mal classées.
Dans le cas de l'étude de l'adoption des CES/DRS la matrice de confusion
se présentera comme suit :
Tableau 1: matrice de confusion
théorique
Adoptantes Non adoptantes
(observation) (observation)
Adoptantes A B
(prédiction)
Non adoptantes C D
(prédiction)
Source : construction de
l'auteur
Avec N la taille de l'échantillon, le taux de bonnes
prédictions vaut A+??
?? .
La sensibilité et la spécificité du
modèle sont déduites de cette matrice. La sensibilité ici
représentera la probabilité de bien classer une unité de
production agricole de la catégorie des adoptantes tandis que la
spécificité désignera la probabilité de bien
classer une unité de la classe
inverse. Lorsqu'on se réfère au tableau 1, la
spécificité est donnée par la quantité
??
??+?? et la
sensibilité par A
A+?? .
Ces indicateurs apportent des informations sur le pouvoir
prédictif du modèle lorsqu'on considère un seuil
donné de probabilité au-delà duquel l'on peut
prédire l'adoption des techniques de CES/DRS. Par ailleurs, avec la
courbe ROC, nous déterminerons les couples de niveaux de
sensibilité et de spécificité atteints pour tout seuil
d'adoption5.
La courbe ROC
La courbe ROC est une méthode de représentation
graphique des performances d'un discriminant en deux classes. Elle permettra
dans cette étude de mettre en relation la sensibilité et la
spécificité du modèle discriminant (logit ou probit) en
fonction des seuils d'adoption. En effet pour tout seuil, il est reporté
sur l'axe des abscisses la valeur de la spécificité du
modèle et sur l'axe des ordonnées la valeur de la
sensibilité atteinte. L'ensemble des couples de coordonnées forme
ainsi la courbe
5 Seuil auquel on compare les probabilités
prédites pour prédire si l'individu est un adoptant ou un non
adoptant.
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26
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
ROC. L'aire située en dessous de la courbe ROC, variant
entre 0,5 et 1, est un indicateur de la qualité de la classification
faite par le modèle. Le pouvoir discriminant du modèle sera
d'autant plus grand que le sera cette aire.
Tests de bonne spécification de Pearson et de
hosmer-lemeshow
Les tests de Hosmer-Lemeshow et Pearson seront utilisés
dans cette étude pour évaluer la performance du modèle
dichotomique décrivant l'adoption des techniques de CES/DRS en termes
d'ajustement aux données. De façon concrète, ce test
vérifie la significativité de l'écart entre les
fréquences prédites et les fréquences observées de
la variable d'intérêt. L'hypothèse nulle du test est que
« le modèle s'ajuste bien aux données » et il se fait
en 3 étapes :
? Etape 1 : l'on regroupe les probabilités
prédites selon une répartition donnée en classes. On
obtient à cette étape les fréquences prédites pour
la variable d'intérêt.
? Etape 2 : les fréquences de bonnes réponses et
celles de mauvaises réponses sont aussi déterminées pour
chacune des classes construites à l'étape 1. Les
fréquences obtenues désigneront donc les fréquences
observées.
? Etape 3 : l'on évalue la distance entre les
fréquences prédites et celles observées.
L'hypothèse nulle est acceptée lorsque la
distance évaluée entre les fréquences prédites et
observées est statistiquement faible. Dans les cas d'un test de Pearson,
les classes sont composées des individus qui ont une même
probabilité prédite. Dans le cas d'un test de Hosmer-Lemeshow, le
découpage en classe est fait par rapport aux quantiles. Les statistiques
et les règles de décision de ces deux tests sont données
en annexe (Annexe A, A.4).
Variables utilisées dans la détermination
des barrières à l'adoption
Dans les travaux empiriques sur les déterminants de
l'adoption des techniques CES/DRS, les types de variables récurrents
sont les variables sociodémographiques (Featherstone et Goodwin ,1993;
Gould et al, 1989; Norris and Batie, 1987), organisationnelles (Francis 1986)
et économiques (Baidu-Forso, 1999) et les caractéristiques de la
surface cultivée (Rahm et Huffman, 1984 ; Barbier 1990 ; Lee et Stewart,
1983). Ces différentes références justifient le choix des
trois types de variables explicatives pour l'estimation du modèle
dichotomique de la détermination des barrières à
l'adoption des techniques de CES/DRS.
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27
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 2: Variables expliquant l'adoption des
CES/DRS et effets attendus
Groupe de variables
|
Variable
|
Effet attendu
|
Caractéristiques Sociodémographiques
|
Sexe (référence femme) Age
Taille ménage
|
+
+
+
|
Niveau d'instruction (référence=non
alphabétisé)
Alphabétisé autre langue
Alphabétisé en français
|
+
+
|
Ne pas être chef de ménage Non adhésion
à OP
|
-
-
|
Caractéristiques de l'exploitation
agricole
|
Superficie labourée Labour attelé
Labour motorisé Labour manuel
|
-
-
-
|
Superficie sécurisée par
Sécurisation moderne Sécurisation traditionnelle
|
+
+
|
Relief du champ
Superficie sur plateau
Superficie dans basfond
|
Ambiguë
-
|
Type de gestion Collective
|
+
|
Caractéristiques économiques de
l'exploitation et du responsable
|
Autres activités
Main oeuvre rémunérée Cheptel petits
animaux
Cheptel grands animaux
|
-
-
+
+
|
Source : Construction de l'auteur, revue
empirique des déterminants de l'adoption
Les variables sociodémographiques prises en compte dans
le cadre de cette étude seront l'âge, le sexe, la taille du
ménage du responsable de l'exploitation, le niveau d'instruction et le
fait que le responsable soit un chef de ménage ou pas. Le niveau
d'instruction est décrit par trois modalités : non
alphabétisé, alphabétisé en langue française
et alphabétisé en d'autres langues différentes du
français.
Les modalités de gestion et autres
caractéristiques de la surface exploitée sont décrites par
les types de labour, le type de gestion, le relief de la parcelle et son niveau
de sécurisation. Les types de labour sont donnés par les parts de
surface labourées par attelage, par motorisation ou par des outils
manuels. Le type de gestion est aussi exprimé en termes de proportion du
champ gérée de façon collective. Le relief est
déterminé par les proportions de la superficie situées sur
un plateau et dans
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28
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
un bas-fond. Le niveau de sécurisation de la terre est
aussi décrit par les parts de la superficie sous sécurisation
foncière traditionnelle, sous sécurisation foncière
moderne et sous aucune sécurisation foncière.
L'aspect économique de l'exploitation agricole est
prise en compte à travers, le nombre d'animaux de petite taille
(caprins, ovins et porcins), le nombre d'animaux de grande taille (bovins,
équins et camelins) possédés, l'utilisation d'une main
d'oeuvre rémunérée (1 en cas d'utilisation, 0 dans le cas
contraire) et le recours à d'autres activités (1 si l'exploitant
exerce une activité non agricole, 0 sinon).
La détermination des barrières à
l'adoption des techniques de conservation et de défense des eaux et sols
contribuera à mettre en exergue les facteurs sur lesquels l'on doit
s'appuyer pour promouvoir leur utilisation. A ce niveau il est important que
l'agriculteur, étant confronté à un choix, connaisse a
priori les avantages liés à l'adoption de ces techniques,
avantages que nous déterminerons à l'aide d'une frontière
de production.
Construction de la frontière de
production
L'analyse des opportunités d'adoption des CES/DRS
constitue le second axe de cette étude. Elle se fera en deux
étapes : la construction de la frontière de production et la
détermination des effets de certaines variables sur
l'inefficacité technique y compris l'adoption de l'utilisation des sites
antiérosifs. Cette analyse sera faite sur les cultures qui couvrent la
plus grande partie de la superficie totale emblavée dans la zone
d'étude. Pour chaque culture, une frontière de production
à l'hectare (rendement) est estimée afin de déterminer
l'effet de l'adoption de la CES/DRS sur le degré d'inefficacité
technique des exploitations agricoles. Ce procédé s'explique par
le fait que le rendement soit lié à l'espèce
végétale cultivée. A titre d'exemple, il serait
impertinent d'analyser dans un même modèle le rendement d'une
exploitation de coton et le rendement d'une parcelle de chou du fait de leur
différence en poids et en surface nécessaire pour le
développement des plantes. Ce procédé n'est pas nouveau,
il est retrouvé dans plusieurs travaux empiriques sur les
déterminants de l'efficacité technique. C'est le cas des travaux
de Shively (1998) basés sur la culture du maïs, ceux de Baten et al
(2009) basés sur la culture du thé et ceux de Fontan (2008)
basés sur la culture pratiquée en majorité sur les
superficies irriguées, le riz.
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29
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Dans la littérature économétrique, deux
familles de méthodes de construction des frontières de production
sont proposées. On distingue les méthodes paramétriques et
les méthodes non paramétriques. Au niveau des méthodes
paramétriques nous distinguons les frontières de production
déterministes et les frontières de production stochastiques.
Frontière de production
déterministe
Les frontières de production déterministes,
développées par Aigner et Chu (1968) décrivent la
quantité produite, en fonction de la quantité potentielle,
à un terme d'erreur près qui détermine
l'inefficacité du système de production. La production maximale
est déterminée par les quantités données d'input et
les paramètres à estimer. De façon analytique, le
modèle général s'écrit comme suit :
V i = 1, ... , N on a yl = q (xl, [3) - ul , ul
>_ 0 (1)
Avec yl la production observée chez le
producteur i , [3 le vecteur des paramètres
associés au vecteur xl representant les quantités
d'inputs qu'il a utilisé et ul l'écart entre la
production observée et la production maximale q (xl, [3)
(frontière). Le terme ul est déterminé
uniquement par l'inefficacité technique du système de production:
c'est pourquoi la frontière est dite ici déterministe.
Le vecteur de paramètre [3 peut être
estimé par des méthodes statistiques ou non statistiques. En ce
qui concerne les méthodes non statistiques, les paramètres sont
obtenus en résolvant un problème de minimisation des
résidus unilatéraux sous la contrainte ul >_ 0 qui
est équivalent à yl <_ q (xl, [3) , V i = 1, ... , N.
L'on a recours à la programmation linéaire (min E |yl - q
(xl,[3)|) ou quadratique (min E |yl - q (xl, [3)|2 )
pour estimer les paramètres de la frontière de production. Ces
méthodes ont été développées par Aigner et
Chu (1968). Cependant, les paramètres estimés de la sorte sont
dépourvus de propriétés statistiques en plus de leur
extrême sensibilité aux valeurs extrêmes. Pour pallier
à ces problèmes, des méthodes statistiques ont
été développées par Richmond (1974).
Trois principales méthodes statistiques sont
proposées : la méthode des moindres carrés corrigés
; la méthode des moindres carrés décalés et la
méthode du maximum de vraisemblance. Sans perte de
généralité, (1) peut être réécrit pour
l'individu i sous la forme:
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30
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
???? = ??0 + ? ?? ?????????? - ???? , ???? = 0 (2)
La première méthode d'estimation est
basée sur les hypothèses de l'identique distribution des termes
d'erreurs et de la non corrélation de ces termes aux inputs. Sous ces
hypothèses, les
^
paramètres estimés sont sans biais à
l'exception de la constante ??0
|
(En effet ??(??0^
|
) = ??0 + ?? ) .
|
Pour corriger ce défaut, Richmond (1974) intègre
un terme supplémentaire à l'équation (2) comme suit : ????
= ??0 + ? ?? ?????????? - ?? , avec ?? = -???? + ?? . Ainsi, par la
méthode des moindre carrées
^
ordinaires, on estime les paramètres ???? sans biais
pour tout j et en retranchant la moyenne du terme u à
la constante obtenue on obtient des estimateurs étant tous sans biais.
Cependant l'application de cette méthode peut aboutir à des
résidus négatifs ce qui signifie qu'il y a possibilité que
certains individus soient situés au-delà de la frontière.
Une telle frontière n'obéit pas rigoureusement à la
logique d'une frontière de production déterministe (voir la
contrainte dans le modèle (2)). C'est ce problème que cherchera
à résoudre Greene (1980) en appliquant une translation sur le
terme á, ???? ' = ?????? ???? - ????, afin d'obtenir des termes
d'erreur étant tous positifs. C'est en cela que consiste la
méthode des moindres carrés décalés. Cette
méthode respecte la contrainte de positivité des résidus
même si elle ne permet pas de déterminer la distribution
asymptotique du terme constant.
Sous les hypothèses de l'identique distribution des
termes d'erreurs et de la non corrélation de ces termes aux inputs, en
spécifiant une loi pour le terme u, la méthode de
maximum de vraisemblance peut être utilisée pour estimer les
valeurs des paramètres de la frontière. Lorsque cette loi est
asymétrique l'on obtient des résultats meilleurs que ceux obtenus
par les moindres carrés ordinaires (Greene, 1980).
Quelle que soit la méthode d'estimation des
frontières déterministes, leur analyse est limitée par le
fait qu'elles n'intègrent pas les facteurs extrinsèques au
système de production dans la détermination de
l'inefficacité/efficacité économique. Pourtant certains
secteurs de production comme l'agriculture sont beaucoup sensibles aux facteurs
environnementaux, des facteurs qui ne peuvent pourtant pas être
complètement maitrisés par le producteur. Les modèles de
frontière de production déterministe ne sont donc pas conformes
aux données dont nous disposons car, étant du domaine agricole,
elles sont beaucoup influencées par les facteurs climatiques. Les
limites observées au niveau de l'analyse par frontière de
production déterministe ont donné lieu au
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MARAHASA/DPPO-BF
31
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
développement de la notion de frontière de
production stochastique. Cette dernière notion est celle qui sera
utilisée dans le cadre de cette étude pour déterminer le
lien entre adoption des techniques de CES/DRS et l'efficacité
technique.
Construction de la frontière de production
stochastique
Les concepteurs de ce modèle sont Aigner, Lovell et
Schmidt (1977) ; Meusen et Van Den Broeck (1977) et il se présente comme
suit :
V i = 1, ... , N on a : yl = q (xl, )l3) - ul + vl avec
ul >_ 0 et vl E R
Ou yl = q (xl,)l3) + el en posant el = -ul +
vl
Dans ce modèle, l'écart observé entre la
production obtenue et la frontière de production admet deux composantes.
La première, ul, est due au fonctionnement du système de
production et la seconde, vl, est stochastique et prend en compte tous
les facteurs extrinsèques susceptibles d'influencer la performance du
processus de production tels que les facteurs climatiques (Aigner, Lovell et
Schmidt 1977 ) . La frontière de production est dite stochastique
à cause de cette dernière composante. La frontière de
production stochastique est donnée par q(xl,)l3) +
vl. Ainsi, toute déviation de cette frontière est due au
fonctionnement de la firme, c'est-à-dire son inefficacité
technique.
La frontière de production est estimée en ayant
recours à la méthode du maximum de vraisemblance. Une
méthode dite des moindres carrés modifiés est aussi
utilisée pour estimer la frontière de production, mais cette
méthode conduit à des estimateurs qui ne sont ni consistants ni
efficaces car, contrairement aux estimateurs issus de la méthode du
maximum de vraisemblance, ils n'atteignent pas la borne de Cramer-Rao (Parmeter
et Kumbhakar, 2014).
III.3.1 Estimation: méthode du maximum de
vraisemblance
L'utilisation de la méthode du maximum de vraisemblance
nécessite des hypothèses distributionnelles émises sur les
termes composant l'erreur. Plusieurs distributions sont utilisées dans
les différents développements faits sur l'analyse par
frontière de production stochastique. Initialement, on distingue la loi
normale et la loi semi normale utilisée par However, Aigner et al.
(1977) pour décrire l'évolution respective du terme
d'inefficacité technique u et du terme stochastique v.
En gardant l'hypothèse faite sur la distribution du terme v,
Stevenson (1980)
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MARAHASA/DPPO-BF
32
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
considère que le terme d'inefficacité est
distribué selon une loi normale tronquée. Les modèles
basés sur ces deux considérations distributionnelles sont les
plus usités dans les travaux empiriques (Parmeter et Kumbhakar, 2014),
mais deux autres types de distribution apparaissent dans la littérature
économétrique.
Dans certains modèles spécifiques la
distribution utilisée pour décrire l'évolution de
l'inefficacité technique est la loi normale tandis que d'autres
modèles considèrent plutôt la loi gamma ou exponentielle.
Par ailleurs, le choix de la distribution adéquate dans l'estimation
d'une frontière de production stochastique est une étape
importante car les estimations obtenues sur les niveaux d'inefficacité
des individus en dépendent considérablement. Le problème
majeur est qu'il n'existe pas de méthode spécifique permettant de
déterminer la meilleure distribution adéquate à
l'estimation de la frontière de production (Parmeter et Kumbhakar,
2014). Dans le cadre de cette étude, nous estimerons la frontière
de production en considérant la distribution normale pour le terme
stochastique et les distributions semi normale ou normale tronquée pour
le terme d'inefficacité technique. Il faudra noter que la loi semi
normale est une loi normale tronquée à moyenne nulle. Ainsi, pour
déterminer laquelle des deux spécifications serait adaptée
aux données, nous testerons la nullité de la moyenne de la
distribution tronquée en estimant une frontière de production
avec un terme d'inefficacité suivant une loi normale tronquée.
En supposant que le terme d'inefficacité et le terme
stochastique suivent respectivement la loi normale ??(0, ????2 ) et
une loi normale tronquée ???? +(??, ????2) ,
à partir de la densité jointe de u et v
on obtient la densité marginale de ?? : ?????? +(??)
=
|
?? ??(??+??
1 ?? )??( ?? ? ??? -????? ? )
??( ?? ????) . Lorsqu'on suppose une
|
distribution semi normale pour le terme d'inefficacité
technique, la densité de ?? est donnée par :
????+(??)=2 ?? ??(??? ?)??(- ????? ? ) , Avec
??2=????2 +????2 et
=????/???? .
Ce modèle considère que les termes d'erreurs sont
homoscédastiques,
Le paramètre ?? s'interprète comme la
variabilité relative des sources de déviation par rapport
à la production maximale devant être atteinte. Il permet de
déterminer la source qui détermine le plus cette
déviation. Cependant l'interprétation de ce paramètre doit
se faire avec beaucoup de précautions. En effet dans le cas où le
terme d'inefficacité technique est supposé suivre une loi
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MARAHASA/DPPO-BF
33
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
semi normale ou normale tronquée, sa variance est
donnée par (1 - 2??) ????2 en lieu et place de
????2 . Ainsi la part des déviations des productions
observées par rapport à la frontière due à
l'inefficacité
2
technique est évaluée à ??=
(1-2 ??)???? (1-2 ??)???? 2+????2 .
?? et ?? désignent respectivement les fonctions de
répartition et de densité de la loi normale centrée
réduite.
Les logarithmes des vraisemblances s'écrivent
respectivement comme suit :
????
|
L????
|
=
|
-?? ????
???? L??+
|
??
?(????
??-
|
2
+ ??)
|
-
????
|
??
??
|
????
|
??
??=1
1
|
|
-
|
???? ? ?)
|
??=1
= -?? ???? ??
|
??
??
+ ?
??=1
|
??(????)
??
(-????
|
????
( ??
??
?????2
??=1
|
??
|
??)
|
2??2
|
En annulant les dérivées premières de la
fonction de vraisemblance, on obtient une estimation des paramètres ?? ,
?? ???? ??2 par le maximum de vraisemblance. Cependant le principal
but de l'estimation de la frontière de production consiste à
déterminer l'effet de l'adoption des techniques CES/DRS sur le niveau
d'efficacité technique des agriculteurs.
Test d'hypothèses sur les termes
d'erreur
Avant de procéder à une modélisation de
l'efficacité technique, il convient de s'assurer que l'estimation d'une
frontière de production en lieu et place d'une fonction de production
issue d'une régression linéaire est justifiée.
L'hypothèse de l'existence d'un terme d'inefficacité technique
constitue donc la première hypothèse fondamentale de l'estimation
d'une frontière de production. Le rejet de cette hypothèse
impliquera la non nécessité de recourir à l'estimation
d'une frontière de production, une fonction de production
moyenne6 serait donc adaptée aux données. Le test de
détection de la présence d'un terme d'efficacité technique
utilisé dans le cadre de cette étude est le z-test
développé par Coelli (1995). Selon Coelli (1995), en
présence d'un terme d'efficacité technique, la distribution des
résidus issus d'une régression par les moindres carrés
ordinaires est
6 Les méthodes d'estimation des fonctions de
production par les moindres carrés estiment une fonction de production
moyenne et ne tiennent pas compte de la notion de maximalité
associé à l'analyse par les frontières de production.
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34
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
négativement asymétrique. A partir de cette
assertion et de l'hypothèse nulle d'absence de terme
d'inefficacité technique, il construit une statistique (z-statistique)
du test à base des moments
d'ordre 2 (??2) et 3 (??3) de ces
résidus. La z-statistique est donnée par : z = ??3
.
(6??2 3
?? )
La seconde considération à vérifier est
la présence d'un facteur aléatoire dans le processus de
production des agriculteurs. Cela revient à tester la nullité de
la variance du terme stochastique a??2. L'application d'un
test classique de rapport de maximum de vraisemblance permet de vérifier
l'existence d'un effet stochastique dans la détermination de la
production potentielle des agriculteurs.
La vérification de ces considérations permet
d'atteindre l'objectif principal de l'estimation d'une frontière
stochastique, dans cette étude, qu'est l'appréciation de l'effet
de l'adoption des CES/DRS sur le terme d'efficacité technique.
III.3.2 Méthode d'appréciation de
l'effet de l'adoption des techniques de CES/DRS sur l'inefficacité
technique
La détermination de l'effet qu'ont d'autres variables
sur le niveau d'efficacité peut se faire en deux étapes ou en une
seule étape. Procéder en deux étapes consiste à
déterminer en une première étape les scores
d'inefficacité sans tenir compte des variables expliquant ce score et en
une seconde étape procéder à une régression sur le
score pour déterminer l'impact de ces variables sur
l'inefficacité. Cette méthode est pourtant
déconseillée par plusieurs auteurs du domaine de l'estimation des
frontières stochastiques tels que Kumbhakar et Lovell (2000), Wang et
Schmidt (2002). En effet l'estimation faite au niveau de la première
étape ignore la probable existence d'une
hétéroscédasticité au niveau des termes d'erreur.
En cas d'hétéroscédasticité du terme v,
les paramètres de la frontière de production estimés sont
consistants exceptée la constante qui est biaisée et le biais
obtenu sur ce paramètre se propage sur les scores d'inefficacité
estimés à la seconde étape. Au niveau du terme
d'inefficacité technique, la présence d'une
hétéroscédasticité biaise les paramètres de
la frontière et donc les scores d'inefficacité estimés
(Kumbhakar et Lovell, 2000). L'alternative à ces problèmes est
l'estimation de la frontière de production et de l'influence de
certaines variables exogènes sur l'inefficacité ou sur le bruit
en une seule étape (Kumbhakar et Lovell, 2000). Pour déterminer
l'effet de l'adoption des techniques de CES/DRS sur le niveau
d'efficacité des agriculteurs, nous supposerons une
hétéroscédasticité sur le terme
d'inefficacité.
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35
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Dans le domaine agricole le principal aspect pouvant
influencer la variance du terme stochastique est la taille de l'exploitation.
Cette éventuelle influence pourrait être neutralisée par le
fait que l'analyse soit basée sur des quantités obtenues (output)
ou consommées (inputs) par unité de surface (ha).
La prise en compte de
l'hétéroscédasticité du terme d'inefficacité
permet de déterminer l'effet de l'adoption des techniques de CES/DRS sur
l'inefficacité technique.
Cas où le terme d'inefficacité suit une
loi semi-normale : hypothèse de la nullité ??
acceptée
La prise en compte de
l'hétéroscédasticité des variances des
différents termes d'erreur se fait par l'adoption des
paramétrisations suivantes:
2 = ????,?? ????
, ? ??= 1, ... ,??
???? ???2 ?,?? = ????,?? ????
Avec ???? le vecteur des variables expliquant la variance du
terme d'inefficacité technique et ???? le vecteur des coefficients
associés à ces variables; ???? le vecteur des variables
expliquant la variance du terme stochastique et ???? le vecteur des
coefficients associés à ces variables.
Dans ce cas, le logarithme de la vraisemblance ???? L??+
s'écrira sous la forme:
?? ?? ??
2
+ ?log (1 - ?? (???? ???? 2 ? ????
???? L??+ = -????? ????
??=1
1
2 )) - 2
???? ????
??=1 ??=1
La résolution du programme de minimisation donne les
paramètres associés aux intrants et aux facteurs expliquant le
niveau d'inefficacité. Particulièrement, le signe d'un
coefficient ???? , ?? allant de 1à K (nombre de variables explicatives),
détermine le sens de l'impact de la variable explicative associée
sur le niveau d'efficacité technique mais ne peut en aucun cas
être considéré comme un effet marginal. En effet, Suite
à l'estimation à l'aide de la distribution semi normale, le
niveau d'inefficacité de l'exploitation i prédit est
donné par : ??(????) = v2/?? . ??????,?? ????.
Les effets marginaux des variables expliquant
l'inefficacité technique sont individuels mais l'on peut procéder
à la détermination des effets marginaux de la moyenne ou des
effets marginaux moyens pour cerner l'information centralisée. L'effet
marginal de la variable ?????? sur le niveau
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36
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
d'inefficacité au niveau de l'individu i est
déterminée par :???? (????) ???????? =
????,??v2/?? ????,?? . On détermine
ainsi l'effet marginal moyen (????(????)) et l'effet
marginal de l'individu moyen ????(????) . Pour le cas
???????? ????????
particulier de la variable d'intérêt, adoption des
CES/DRS, l'effet marginal moyen est donnée par :
(?????? ??????/?????? ?? ????(????) ) =
????,??????/?????? v2/???? ? ????,??
??=1 avec ???? ??????/?????? la variable dichotomique "adoption
des
techniques de CES/DRS" et ????,??????/?????? le coefficient qui
lui est associé.
Cas où le terme d'inefficacité suit une
loi normale tronquée: hypothèse de la nullité du
paramètre ?? rejetée
Dans ce cas, la prise en compte des variables influençant
la variance du terme d'efficacité technique ne peut se faire sans
prendre en compte cette influence sur le paramètre (Parmeter et
Kumbhakar, 2014).
???? ???_ ?,?? =????,?? ????
{
???? ???2 ?,??=????,?? ???? , ? ??=1, ... ,?? ???? = ????,??
????
Dans ce cas de figure, les effets marginaux pour une variable
explicative k donnée au niveau de l'individu i sont :
????(????)
??????,?? (??)
|
= ??????(1 - ????????-
????2) + ??????????,??((1 +
????2)????+ ????????2)/2
|
????????(????)
??????,?? (??)
|
????
= ??
????,??
|
????(?? (????)2 - ??????(????)) + [1 - 21 ????(???? +
????3 + ????(2 + 3????2) +
2????????2)]
|
Où ???? = ????
????,??
|
?? (????
, ???? = ??(????) et ?????? (respectivement ??????)
représente le coefficient associé à la variable
|
k expliquant la moyenne ?? (respectivement la variance du terme
u).
Apres une description de la méthode de
détermination de l'effet du choix d'adoption sur l'inefficacité
technique, il convient de faire un développement sur le type de
technologie utilisé pour l'estimation de la frontière
stochastique de production.
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37
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
III.3.3 Type de technologie utilisé pour la
détermination de la frontière
Selon les développements faits dans la
littérature (Kinane, 2002 ; albouchi et al,(2002)), les fonctions Cobb
Douglas et translog paraissent mieux adaptées à la
modélisation d'une frontière de production dans le domaine
agricole. Ces fonctions le seront donc pour la détermination de la
frontière de production dans notre cas. Cependant l'utilisation d'une
fonction translog serait limitée lorsqu'on dispose d'un grand nombre
d'intrants entrant dans la construction de la frontière de production.
La forme analytique de la fonction Cobb Douglas pour p intrants est
donnée par :
p p
??????????(x,f3) = f30 ? xj ???? s??it In ??????????(x, f3) =
In f30 + ? f3j In xj
j=1 j=1
Avec f3j représentant le coefficient
associé à la quantité de l'intrant xj
Présentation des variables utilisées dans
l'analyse par frontière de production
Les intrants
Les intrants disponibles pour cette étude sont
regroupés dans le tableau suivant, les valeurs sont ramenées
à la superficie en hectare.
Tableau 3: variables décrivant la
production agricole
Variables Unités
Production
Rendement : production par hectare kg/ha
Intrants
Semences kg/ha
Engrais chimiques et organiques
Fumure organique kg/ha
Urée g/ha
Npk g/ha
Herbicides liquide L/ha
Fongicides g/ha
Nombre d'actifs agricoles Nombre d'actifs/hectare
Source: construction de l'auteur, manuel de
l'enquêteur
La variable utilisée pour capter la production est le
rendement. Le rendement pour une exploitation et concernant une culture
donnée désigne la quantité produite par unité de
surface. Dans le cadre
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38
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
de cette étude, la superficie sera
évaluée en hectare (ha) et la production en kilogramme (kg). Ce
qui nous donne un rendement en kg/ha. Quant aux intrants utilisés dans
la construction de frontière de production, Les quantités
utilisées sont toute converties en quantité par superficie. On
distingue principalement 4 catégories d'intrants utilisées par
les agriculteurs de production agricole au Burkina Faso.
? Les semences : La quantité de semence utilisée
au niveau de l'exploitation agricole, quantifiée en kg/ha. Une
distinction est faite entre les semences améliorées et les
semences locales.
? Les engrais chimiques et organiques : les engrais sont
évalués en quantité utilisée par hectare. L'engrais
organique désigne la fumure organique et les engrais chimiques
désignent le NPK et l'urée.
? Les substances phytosanitaires : les herbicides et les
fongicides. Les fongicides sont des substances utilisées pour lutter
contre les champignons s'attaquant aux plantes.
? Le travail : cet intrant est pris en compte à travers
le nombre d'actifs agricoles du ménage exploitant. Il s'agit en effet du
nombre de membres du ménage, dont l'activité principale est
agricole.
Variables expliquant
l'hétéroscédasticité
Les variables utilisées pour expliquer la variance de
l'efficacité technique sont les modalités de la gestion de la
surface exploitée (les techniques de CES/DRS et le labour) et les
caractéristiques sociodémographiques du responsable de cette
gestion. L'analyse de la moyenne et de la variance de l'inefficacité
technique permettra de déterminer l'effet de ces variables sur le niveau
d'efficacité technique des agriculteurs.
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39
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
CHAPITRE 3: Barrières à l'adoption des
techniques de
CES/DRS
La détermination et la description des facteurs
influençant l'adoption des techniques de conservation des eaux et sols
sera l'objet principal de ce chapitre. L'analyse se fera en trois
étapes. La première consistera à décrire les taux
d'adoption des techniques selon les caractéristiques
généraux (région et culture). La deuxième
correspondra à l'analyse descriptive de l'adoption des CES/DRS en
fonction des caractéristiques de l'exploitation agricole et de son
responsable. La dernière consistera à faire ressortir à
travers un modèle dichotomique l'influence de ces
caractéristiques sur le choix d'adoption.
Adoption des techniques de CES/DRS et
caractéristiques généraux
Avant de se pencher sur l'adoption des techniques de
conservation des eaux et sols, il serait nécessaire de décrire la
répartition de la superficie totale emblavée de la zone
sahélienne au cours de la campagne 2015/2016.
Description générale de la superficie
cultivée
La zone sahélienne renferme le quart des exploitations
agricoles burkinabè représentant 24,4% (1.078.226,5 ha) de la
superficie totale emblavée qui est de 5.178.248,9. Cette superficie est
détenue par 24,2% des ménages agricoles burkinabè. La zone
sahélienne, du faite de l'inégalité observée entre
les régions en termes de superficie, présente des
disparités au niveau des superficies emblavées. Le sahel, la
région la plus étendue renferme 45% (484.723,9 ha) de la
superficie emblavée de la zone sahélienne. Elle est suivie de la
région du Nord renfermant 31% de la superficie emblavée de cette
zone (338.014,3 ha).
Aux termes d'une description générale de la
superficie cultivée, l'on peut procéder à une description
du niveau d'adoption de techniques CES/DRS.
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40
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
I.1.1 Profil des régions en termes d'adoption
des CES/DRS
La zone sahélienne burkinabè
représentée par les trois régions, à savoir le
Centre Nord, le Nord et le Sahel abrite plus de 1,34 millions d'exploitants
agricoles. 36,7% de ces exploitants exercent dans le Centre Nord, 34,9% dans le
Nord et 28,4% dans le Sahel.
Sur le plan national, les techniques CES/DRS sont
utilisées sur 13,2% des exploitations agricoles avec une superficie
totale de 818.163,3 ha représentant 15,8% de la superficie totale
cultivée au cours de la campagne 2015/2016. Mais ces proportions
présentent une disparité considérable entre les
régions. En effet, dans certaines régions telles que le Nord
(respectivement le Centre-Nord), les techniques de CES/DRS sont adoptées
par plus de la moitié (respectivement plus du tiers) des exploitants
agricoles. Cependant, 5 régions présentent un taux d'adoption, en
termes de superficie, est en dessous de 10% : il s'agit du Sud-Ouest, des
Cascades, des Hauts-Bassins, de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Est. La
distribution du taux d'utilisation des CES/DRS dans la zone sahélienne
est indiquée sur le graphique 2.
Graphique 2: taux d'adoption et parts de
superficie sous CES/DRS au niveau des régions
sahéliennes
50%
Nord Centre-Nord Sahel Moyenne
nationale
taux d'adoption part superficie emblavée sous
CES/DRS
49%
31%
36%
22%
29%
13%
16%
Source : construction de l'auteur, EPA
2015/2016
La zone sahélienne, représentée par les
trois régions sur le graphique 2, présente un taux d'adoption
supérieur aux autres zones. En effet, elle renferme 3 des quatre
régions ayant les taux d'adoption les plus importants (Annexe B,
Graphique 8). Le taux global d'adoption des CES/DRS dans cette zone est de
33,4% (450.655 agriculteurs) et la part de la superficie
bénéficiant de cette adoption est de 36,2% (390.317,98 ha). Le
taux d'adoption élevé dans cette zone serait dû à sa
situation
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41
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
géographique favorable à la dégradation
des sols (faible couche végétale, sols peu profonds,
pluviométrie faible). Ainsi, les sites antiérosifs y seront plus
adoptés que dans la zone soudanienne et soudano-sahélienne.
I.1.2 Cultures pratiquées et adoption des
CES/DRS
De façon générale, l'agriculture
burkinabè est dominée par les cultures
céréalières qui sont pratiquées comme culture
principale sur environ 3.453.892,02 ha, soit 66,7% de la superficie totale
cultivée durant la campagne 2015/2016. Il s'agit notamment du sorgho
(culture principale sur 27,6% de la superficie totale emblavée), du mil
(21,8%) et du maïs (15,4%). La prépondérance des cultures
céréalières demeure lorsqu'une restriction est faite sur
la zone sahélienne. Dans cette zone, les céréales sont
appliquées comme culture principale par plus de la moitié des
exploitants agricoles sur environ 916.492,4, soit 85% de la superficie totale
emblavée. Cette proportion est dominée par les cultures de Sorgho
et de mil pratiquées sur 81,8% de la superficie totale recouverte par
les cultures céréalières. A présent, quelles sont
les cultures qui bénéficient plus de l'utilisation des techniques
de CES/DRS ?
Nous désignerons le taux d'adoption des CES/DRS, pour
une culture donnée, par la part de la superficie recouverte par cette
culture sous CES/DRS par rapport à la superficie totale qu'elle couvre.
Les trois taux d'adoption les plus élevés sont observés au
niveau de la culture de la patate (96%), du coton BT (95,55%), et de
l'aubergine (93,5%). Cependant, bien qu'elles utilisent fortement les
techniques de CES/DRS, ces cultures ne sont pratiquées que par 10% des
agriculteurs sur 7% de la superficie totale emblavée dans la zone
sahélienne. Par ailleurs, lorsqu'on effectue l'analyse sur la
répartition de la superficie totale sous CES/DRS durant la campagne
2015/2016, on s'aperçoit que sur une superficie de 10 ha, 4 ha sont
occupés par le sorgho et 4 ha sont occupés par le mil. Ces deux
cultures réunies sont donc pratiquées sur 80% de la superficie
totale sous CES/DRS dans la zone sahélienne et au cours de la campagne
2015/2016. De plus, les taux d'adoption pour ces cultures dans la même
période sont respectivement estimés à 45,7 et 33,5%.
L'analyse qui sera effectuée au chapitre suivant sur le
rendement, pour les cultures, se réduira au sorgho et au mil. Par contre
cette restriction ne sera pas prise en compte dans l'analyse des liens entre
adoption et caractéristiques de l'unité de production
agricole.
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42
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Adoption et caractéristiques de l'unité de
production agricole
Les différentes caractéristiques
examinées dans cette partie sont les caractéristiques
sociodémographiques de l'exploitant et les caractéristiques de la
surface cultivée. Nous utiliserons des outils de la statistique
descriptive afin de faire ressortir les éventuels liens existant entre
celles-ci et l'adoption des techniques de CES/DRS.
Caractéristiques sociodémographiques de
l'exploitant
La recherche des éventuelles barrières à
l'adoption des CES/DRS nous conduit à nous intéresser aux
caractéristiques sociodémographiques des exploitants agricoles.
Etant un indicateur de l'expérience acquise par un agriculteur,
l'âge sera la première caractéristique décrite.
II.1.1 Adoption et âge du responsable de
l'exploitation
De façon globale, l'âge des exploitants de la
zone d'étude varie entre 15 et 90 ans avec une disparité moyenne
de 16 ans autour de la moyenne. La moyenne quant à elle est
estimée à 42 ans (avec une marge d'erreur de 1,59%). Par
ailleurs, il ressort des analyses que plus de la moitié des exploitants
agricoles ont un âge en dessous de cette moyenne. Afin de
déterminer d'éventuel liens entre l'âge de l'exploitant et
l'adoption des techniques CES/DRS, il sera considéré trois
classes d'âge. La première classe, qui sera nommée «
classe des exploitants jeunes » est composée des individus ayant un
âge compris entre 15 et 35 ans et elle constitue 49,4% des exploitants
agricoles de la zone sahélienne. Constituant 45,9% des exploitants de
cette zone, nous désignerons par « exploitants en âge
avancé » les exploitants qui ne sont pas jeunes mais dont
l'âge n'atteint pas 62 ans. La troisième classe, celle des «
exploitants âgés », désigne la classe de ceux qui sont
âgés de 62 ans et plus.
Dans la catégorie des exploitants jeunes, le taux
d'adoption des techniques CES/DRS est estimé à 24%. Au niveau des
exploitants en âge avancé, environ 40,8% des exploitants agricoles
utilisent ces techniques. Quant à la classe des exploitants
âgés, plus de la moitié adopte les techniques de CES/DRS.
Comme on peut l'observer à travers le graphique 3, Le taux d'adoption a
tendance à être plus élevé lorsqu'on est face
à des exploitants plus âgés. La différence entre les
différents groupes d'âge en terme d'adoption des CES/DRS est
jugée significatif (à 5% de risuqe) à l'issu d'un test de
chi 2 (p value nulle). Cette différence s'expliquerait par
l'expérience atteinte par les
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
43
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
agriculteurs lorsqu'ils avancent en âge. Les agriculteurs
ayant donc acquis une grande expérience agricole avec l'âge auront
une plus grande propension à adopter les techniques de CES/DRS.
Graphique 3: utilisation des sites
antiérosifs par intervalle d'âge
âgés
âges avancés
jeunes
50.9%
40.8%
24.0%
Source: construction de l'auteur, EPA
2015/2016
II.1.2 Adoption et niveau
d'instruction/formation
En ce qui concerne l'adoption et le niveau d'éducation,
les informations recueillies sur la campagne 2015/2016 nous montrent, de
façon globale, que les exploitants alphabétisés ont
tendance à adopter les techniques de conservation et de défense
des eaux et sols plus que les analphabètes. On estime à 37,9% la
proportion des responsables de parcelles alphabétisés et ayant
adopté ces techniques contre 32,2% dans la catégorie des
analphabètes. Lorsqu'on se place dans la catégorie des
exploitants alphabétisés en langue nationale ou en arabe, le taux
d'adoption est évalué à 46%. Comme le montre les
résultats du test d'indépendant de Pearson (p value nulle
à 5% de risque), Le niveau d'instruction agirait sur l'adoption. Cette
conclusion pourrait s'expliquer par le lien qui existe entre l'instruction et
l'accès à l'information sur les pratiques agricoles.
Les lignes précédentes décrivent le
comportement d'adoption des CES/DRS selon certaines caractéristiques
sociodémographiques des exploitants. D'autres facteurs pouvant
influencer la décision d'adoption sont pourtant liés aux
caractéristiques de la parcelle exploitée.
Adoption des CES/DRS selon les caractéristiques de
la superficie cultivée
Au niveau de l'analyse des facteurs liés à la
terre exploitée, le taux d'adoption désignera la part de la
superficie emblavée sous CES/DRS par rapport à la superficie
totale emblavée.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
44
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
II.2.1 Adoption selon la taille de
l'exploitation
Afin d'obtenir des informations résumées sur la
superficie des exploitations agricoles, il sera distingué trois classes
d'exploitation: les petites exploitations, les exploitations ayant une
superficie cultivée inférieure à 0,2312ha ; les
exploitations moyennes, celles qui ont une superficie cultivée comprise
entre 0,2312 et 1,2518 ha et les grandes exploitations, celles qui ont une
superficie cultivée au-delà de 1,2518 ha. Les exploitations
agricoles de la zone sahélienne sont constituées de 49,4% de
petites exploitations, 41,9% d'exploitations moyennes et de 8,7% de grandes
exploitations. Au cours de la compagne 2015/2016, tel que décrit le
graphique 4, l'on constate que les grandes exploitations adoptent plus les
techniques de CES/DRS par rapports aux plus petites.
Graphique 4:adoption des techniques de CES/DRS
en fonction de la taille de l'exploitation
grandes exploitations
exploitations moyennes
petites exploitations
25%
41%
52%
Source : construction de l'auteur, EPA
2015/2016
II.2.2 Adoption des techniques de CES/DRS et relief de
l'exploitation
Techniquement, l'utilisation d'une technique dans le but
d'éviter l'érosion des sols varie en fonction du type
d'érosion auquel fait face l'exploitation. Le type d'érosion
dépend à son tour du relief de la parcelle exploitée. On
distingue, comme reliefs, les basfonds qui sont des surfaces le plus souvent
à proximité des cours d'eau ou des étendus d'eau, les
plateaux qui sont des surfaces planes et les versants qui sont les surfaces
inclinées reliant les lieux en hauteur aux lieux moins
élevés (fiche de l'enquêteur EPA 2015/2016).
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
45
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Le Burkina Faso a de façon générale une
surface plane et cette structure se reflète au niveau des surfaces
cultivées dans la zone sahélienne, au cours de la campagne
agricole 2015/2016. Les parcelles situées sur les plateaux constituent
à 82% (884.145,73 ha) la superficie totale emblavée tandis que
les deux autres types de relief, les basfonds et les versants n'occupent que
respectivement 9,4 (101.353,29 ha) et 8,6% (92727.48 ha) de la superficie
emblavée. Le taux d'adoption est plus élevé au niveau des
terres étant situées, complètement, sur versant (47,7%)
qu'au niveau des terres entièrement situées dans les basfonds
(38,7%) et sur les plateaux (34,8%). Cette structure peut être
expliquée par le fait que les terres situées à flanc de
montagne ou de colline soient fortement exposées à
l'érosion hydrique. Les techniques de CES/DRS étant
appliquées dans l'optique de réduire les effets de
l'érosion, le taux d'adoption aura donc tendance à être
plus élevé au niveau de ces terres.
L'un des aspects d'une exploitation agricole pouvant
influencer le soin apporté à la terre cultivée est le
niveau de sécurisation foncière associée à cette
dernière.
II.2.3 Adoption des techniques CES/DRS et
sécurisation foncière
En ce qui concerne la sécurisation foncière des
terres cultivées dans la zone sahélienne, on estime à 1,8%
(19408,08 ha) la part de la superficie totale emblavée étant sous
sécurisation foncière moderne et à 76,5% (233975,15 ha) la
part sous sécurisation foncière traditionnelle contre 21,7%
(824843.27 ha), la part étant sous aucune sécurisation
foncière. Le taux d'adoption, pour les terres étant
entièrement sous une sécurisation foncière traditionnelle,
est estimé à 37,6%. Au niveau des terres entièrement sous
sécurisation moderne, le taux d'adoption est estimé à
11,7%. Quant aux terres étant sous aucune sécurisation
foncière, le taux d'adoption est de 26%.
L'analyse descriptive a permis de mettre en exergue, a priori,
les liens pouvant exister entre l'adoption de ces techniques et les
caractéristiques de l'unité de production agricole
(caractéristiques de la surface exploitée et de l'exploitant).
Néanmoins, l'influence de ces caractéristiques sur la
probabilité d'adoption serait mieux explicitée à travers
un modèle économétrique dichotomique. La description
générale des variables utilisées et les tests
d'indépendance à la variable adoption sont faits dans les
tableaux suivants :
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
46
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 4: présentation des variables
explicatives qualitatives du modèle logit
variables
|
modalités
|
fréquences
|
Statistique de chi 2
|
P value
|
|
homme
|
58
|
334.21
|
0.00
|
sexe
|
femme
|
42
|
|
|
pas chef de
|
oui
|
28.84
|
468.06
|
0.000
|
ménage
|
non
|
71.16
|
|
|
|
aucun
|
79.97
|
44.3544
|
0.000
|
instruction
|
autres langues
|
10.55
|
|
|
|
français
|
9.48
|
|
|
adhésion OP
|
oui non
|
7.94
92.06
|
63.1298
|
0.000
|
Source : construction de
l'auteur
Tableau 5: présentation des variables
explicatives qualitatives du modèle logit
Variables
|
Min
|
|
|
|
Statistique
|
P value
|
|
|
Moyenne
|
Max
|
écart type
|
T test
|
|
type de labour
|
|
|
|
|
|
|
Labour attelé
|
0
|
0.1747543
|
1
|
0.3615956
|
0.5219
|
0.6017
|
Labour motorisé
|
0
|
0.3980634
|
1
|
0.9901795
|
-11.8409
|
0.000
|
Labour manuel
|
0
|
0.0091544
|
1
|
0.0903423
|
1.0730
|
0.2833
|
sécurisation
|
|
|
|
|
|
|
Sécurisation moderne
|
0
|
0.0305017
|
1
|
0.1683859
|
5.0678
|
0.0000
|
Sécurisation traditionnelle
|
0
|
0.5291585
|
1
|
0.4924843
|
5.6665
|
0.0000
|
Relief
|
|
|
|
|
|
|
Superficie sur plateau
|
0
|
0.8249325
|
1
|
0.3486735
|
5.6665
|
0.000
|
Superficie dans basfond
|
0
|
0.0978707
|
1
|
0.2677769
|
-3.2603
|
0.0011
|
Superficie collective
|
0
|
0.3296842
|
1
|
0.465048
|
-20.8226
|
0.000
|
Cheptel
|
|
|
|
|
|
|
Grande taille
|
0
|
2.08627
|
108
|
6.010983
|
-9.9415
|
0.000
|
Petite taille
|
0
|
4.927501
|
182
|
10.42442
|
-10.8595
|
0.0000
|
Source : construction de
l'auteur
Barrières à l'adoption des techniques
CES/DRS, modèle dichotomique
L'objectif de ce point est de mettre en exergue les
différents facteurs qui influencent négativement la
décision d'adoption des techniques de CES/DRS, à l'aide d'outils
économétriques. L'analyse sera faite par type de facteurs,
à savoir les caractéristiques sociodémographiques de
l'exploitant, les caractéristiques économiques du responsable et
les caractéristiques de la surface cultivée. L'utilisation des
données sur ces facteurs a permis d'expliquer la décision
d'adoption des techniques CES/DRS au cours de la campagne agricole de 2015/2016
dans la zone sahélienne.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
47
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Choix et validation du modèle
Le test de Hausman a conduit à l'estimation d'un
modèle logit (Annexe B, Tableau 11). Le modèle logit
estimé a par suite été soumis à un contrôle
de qualité. L'aire située en dessous de la courbe ROC est
évaluée à 0,804, le modèle est donc de bonne
qualité (courbe ROC en annexe, Graphique 10). En outre, les tests de
bonne spécification de Pearson et de Hosmer-Lemeshow effectués
acceptent l'hypothèse nulle du bon ajustement du modèle aux
données, à un risque de 5%. L'examen de la matrice de confusion
donne un taux de bon classement de 72,6%. La spécificité et la
sensibilité du modèle quant à elles sont respectivement
évaluées à 74,2% et 68,0%.
Tableau 6: tests de
validation
Tests Statistique p value à 5% de
risque
|
LR Test
Ho : nullité du vecteur des coefficients 1137.53
0,00 Test de Hosmer-Lemeshow
Ho : bon ajustement du modèle aux données
3969,88 1,00 Test de Pearson
Ho : bon ajustement du modèle aux données
4009.66 1,00
Source : estimations, sorties de
logiciel
Les tests statistiques menées et les indicateurs de
qualité examinés nous ont permis de valider le modèle
d'explication du comportement d'adoption des CES/DRS par les trois types de
facteurs définis précédemment. Ainsi, l'on peut donc
procéder à une interprétation de l'influence de ces
facteurs.
Description et interprétation des résultats
Les facteurs sociodémographiques
Le LR test effectué révèle que les
facteurs sociodémographiques déterminent significativement le
choix d'adoption des techniques de CES/DRS (Tableau 4).
Les résultats de l'estimation montrent que la
propension d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,85 fois plus
élevée au niveau des exploitations appartenant à une
organisation paysanne fonctionnelle qu'au niveau de celles qui n'en
n'appartiennent pas. Le fait de ne pas être membre d'une organisation
paysanne constitue donc une barrière à l'adoption des CES/DRS,
cette relation serait due à l'effet du groupe et à l'accès
à l'information. En effet, une organisation paysanne est un cadre de
partage d'expérience, de soutien mutuel, de réception, de
diffusion d'information sur
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
48
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
les techniques culturales et d'autres activités
améliorant la gestion de l'exploitation des différents membres.
L'appartenance à une organisation paysanne assurerait donc à
l'agriculteur un accès facile à l'information et à
l'expérience acquise par d'autres agriculteurs. Ce dernier pourrait
être ainsi réceptif aux techniques culturales telles que la
conservation et la défense des eaux et sols. Les résultats
obtenus sur les liens entre l'adhésion à une organisation
paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS sont similaires à ceux
obtenus avec les travaux de Sidibé (2005) et ceux de Kinane (2002) sur
les cordons pierreux, au Burkina Faso, dans le Nord. Le deuxième aspect
intervenant dans la constitution du lien entre l'adhésion à une
organisation paysanne et l'adoption des techniques de CES/DRS désigne le
niveau de responsabilité atteint pour un agriculteur adhérant, un
niveau de responsabilité qui lui permettrait de traiter son exploitation
avec plus de précautions. Ce même aspect permet d'expliquer le
lien entre l'adoption des techniques de CES/DRS et le statut de l'exploitant
agricole dans son ménage.
Le statut de l'exploitant agricole dans son ménage
détermine significativement le choix de l'agriculteur en termes
d'adoption de techniques CES/DRS. Etant donné le fait qu'en
général un agriculteur chef de ménage soit
confronté à plus de responsabilité qu'un agriculteur ne
l'étant pas, l'on devrait s'attendre à un effet positif de ce
statut sur la décision d'adoption. Les résultats montrent que la
propension d'adoption des techniques de CES/DRS est deux fois plus
élevée au niveau des exploitants chefs de ménage qu'au
niveau de ceux qui ne le sont pas. Le lien entre statut du responsable dans le
ménage et l'adoption peut aussi être interprété dans
le sens de la disponibilité de la main d'oeuvre nécessaire
à la construction des sites antiérosifs. La construction de
certains sites tels que le bourrelet de terre, les banquettes et les cordons
pierreux nécessite une main d'oeuvre abondante et disponible. Ainsi, le
chef de ménage, du fait de sa position au niveau du ménage aurait
plus accès à la main d'oeuvre familiale par rapport aux autres
membres du ménage.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
49
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 7: influence des facteurs
sociodémographiques de l'exploitant sur l'adoption de la
CES/DRS
|
|
LR test de significativité globale
|
statistique z?? (??)
= 264,89 P value (5% risque) = 0,000
|
|
Influence
|
P value
|
|
Variables
|
(sur l'adoption)
|
(5% risque)
|
Odd ratio
|
Sexe (référence=femme)
|
+
|
0,000
|
1,84
|
Age au carré
|
-
|
0,000
|
0,99
|
Age
|
+
|
0,000
|
1,13
|
Taille du ménage
|
-
|
0,008
|
0,98
|
adhésion à aucune organisation paysanne
|
-
|
0,000
|
0,35
|
Ne pas être chef de ménage
|
-
|
0,000
|
0,50
|
Niveau d'instruction (référence=non
alphabétisé)
|
|
|
Alphabétisé en français
|
Nulle
|
0,407
|
1,13
|
Alphabétisé en autre langue
|
+
|
0,000
|
2,48
|
Source : estimations, sorties de
logiciel
L'analyse de l'effet de l'âge de l'exploitant sur le
choix d'adoption révèle qu'une variation d'un an contribue
à augmenter la propension à adopter les techniques de CES/DRS de
1,13 pour ce dernier, mais cette augmentation est atténuée
à partir d'un certain seuil comme le montre la significativité de
l'influence du carré de l'âge sur la probabilité d'adoption
(Tableau 5). L'interprétation que l'on peut faire de l'influence de
l'âge sur le choix d'adoption concerne l'expérience acquise par
l'agriculteur avec le temps. L'on devrait donc s'attendre à moins
d'adoption pour les jeunes exploitants, par défaut d'expérience
dans le domaine agricole. L'instruction peut cependant être un moyen pour
corriger le défaut d'expérience lié à la
jeunesse.
En ce qui concerne le niveau d'instruction, le fait que le
responsable de l'exploitation agricole ne soit pas instruit diminue la
probabilité que celui-ci adopte les techniques de CES/DRS. La propension
d'adoption des techniques de CES/DRS est 2,48 fois plus élevée au
niveau des exploitants alphabétisés en une langue
différente du français qu'au niveau des exploitants non
alphabétisés. Cependant, comme le montre les travaux de Kinane
(2002), l'instruction en français, en référence à
l'absence d'instruction, n'influence pas significativement le choix d'adoption
des techniques de CES/DRS. Cela se justifie par le fait que les cultivateurs,
ayant acquis un certain niveau d'instruction, aient une propension plus
élevée à exercer d'autres activités. Les
résultats obtenus sur le lien existant entre niveau d'instruction et
adoption des CES/DRS sont conforment aux travaux antérieurs
(Sidibé, 2005) menés sur l'adoption des cordons pierreux dans la
région du
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
50
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Nord. Ayant fait ressortir les caractéristiques
sociodémographiques de l'exploitant pouvant constituées un
obstacle à l'adoption, nous pouvons continuer l'analyse au niveau des
caractéristiques de la surface cultivée.
III.2.2 Caractéristiques de la surface
cultivée
Le test de rapport de vraisemblance effectué sur les
coefficients associés aux caractéristiques de la surface
emblavée a permis de vérifier la significativité globale
de l'impact de ce groupe de facteur sur l'adoption des techniques de CES/DRS
(Tableau 6).
L'estimation du modèle logit a fait ressortir un effet
non significatif (à un risque de 5%) des parts de la superficie
cultivées sous les 3 types de labour (attelé, motorisé et
manuel) sur la probabilité d'adoption des techniques de CES/DRS. Par
contre, cette probabilité est considérablement influencée
par le niveau de sécurisation foncière de l'exploitation agricole
(Tableau 6). En effet, l'augmentation de la part de la surface cultivée
sous sécurisation foncière moderne de 1%, pour une exploitation,
contribue à réduire de 0,07% la probabilité d'adoption des
techniques de CES/DRS pour cette dernière. Cette
élasticité est évaluée à 0,08% pour la
sécurisation traditionnelle. Le niveau de sécurisation peut
apparaitre ici comme un indicateur du niveau de modernisme atteint par
l'agriculteur dans la gestion de son exploitation. Ainsi, les agriculteurs qui
disposent d'une sécurisation foncière plus moderne auraient
tendance à utiliser des techniques agricoles beaucoup plus modernes par
rapport aux techniques de CES/DRS.
Le but principal de l'application d'une technique de
conservation et de défense des eaux et sols est d'atténuer les
effets d'une forme donnée d'érosion sur le terrain
exploité. Par ailleurs, pour ce terrain, l'exposition à
l'érosion dépend du type de relief dans lequel il se situe. Le
type de relief est donc susceptible d'influencer la décision d'adoption.
La confrontation de cette idée aux données nous montre que
l'utilisation des techniques de CES/DRS est moins probable lorsque les parts de
la surface située sur un plateau et dans un basfond sont
élevées (Tableau 6). Cela pourrait s'expliquer par le fait que de
tels types de relief, contrairement aux collines et aux versants, offrent un
cadre plus favorable au développement des plantes à l'abri de
l'érosion.
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
51
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 8: influence des caractéristiques
de la surface cultivée sur l'adoption de la CES/DRS
|
LR test de significativité globale
|
statistique z?? (??) = 113.46
P value (5% risque) = 0,000
|
Variable
|
Influence
|
p value
|
Effet marginal
|
Labour
|
|
|
|
Part de surface sous labour attelé
|
Nulle
|
0,252
|
0,0022
|
Part de surface sous labour motorisé
|
Nulle
|
0,057
|
-0,0118
|
Part de surface sous labour manuel
|
Nulle
|
0,089
|
0,0152
|
Sécurisation foncière
|
|
|
|
Part Surface sous sécurisation moderne
|
-
|
0,000
|
-0,0045
|
Part Superficie sous sécurisation traditionnelle
|
-
|
0,006
|
-0,0004
|
Relief de la surface cultivée
|
|
|
|
Part de surface sur plateau
|
-
|
0,000
|
0,0017
|
Part de surface dans basfond
|
-
|
0,003
|
0,0008
|
Part de superficies à gestion
collectives
|
+
|
0,000
|
0,0010
|
Source : estimations, sorties de
logiciel
Le dernier aspect de la surface cultivée analysé
est la part sous gestion collective. La probabilité qu'une exploitation
adopte les techniques CES/DRS augmente de 0,001 pour une variation de 1% de la
part de la surface gérée de façon collective. La gestion
individuelle constitue donc une barrière à l'adoption des
techniques de CES/DRS. En effet, une gestion collective contribuerait à
l'apport de diverses idées de la part du groupe afin d'améliorer
l'exploitation de la terre. La singularité de ces idées dans le
cas d'une gestion individuelle peut donc être un obstacle à
l'adoption des techniques de CES/DRS.
III.2.3 Caractéristiques économiques de
l'exploitant et de l'exploitation
Les caractéristiques économiques retenues dans
le cadre de l'analyse des techniques de CES/DRS ont globalement un effet
significatif sur le choix d'adoption de ces techniques (test de
significativité globale des facteurs économiques, Tableau 7). Au
niveau de ces caractéristiques, on note une influence significative et
négative des autres activités exercées par le responsable
d'une exploitation agricole sur l'adoption des techniques de conservation et de
défense des eaux et sols. La propension à adopter ces techniques
est en effet 1,81 fois plus élevée chez les agriculteurs
n'exerçant aucune activité non agricole qu'au niveau de ceux qui
en exerce. En réalité, un
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
52
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
exploitant agricole exerçant d'autres activités
aurait tendance à moins s'appliquer dans la gestion de son exploitation,
cela pourrait contribuer à réduire les soins apportés
à la terre cultivée.
L'analyse menée sur le type de main d'oeuvre
utilisée sur l'exploitation a mis en exergue des effets jugés
significatifs. Lorsqu'elle est rémunérée, en
référence à l'entraide, la probabilité d'adoption
des CES/DRS diminue de 0,05 (Tableau 13, annexe). Cet effet serait dû au
coût supplémentaire supporté lorsqu'on a recours à
une main d'oeuvre rémunérée qu'à celle issue de
l'entraide. Ainsi, pour la construction d'un site antiérosif
nécessitant une importante quantité de main d'oeuvre, le
coût de réalisation pourrait décourager la volonté
de l'agriculteur.
Tableau 9: effet des facteurs économiques
sur l'adoption de la CES/DRS
|
LR test de significativité globale
|
Statistique z?? (??) = 31,31
P value (5% risque) = 0,000
|
Variables
|
Influence
|
Odd ratio
|
P value
|
Autres activités
|
-
|
0,56
|
0,000
|
Cheptel- animaux de grande taille
|
Nulle
|
0,99
|
0,233
|
Cheptel-animaux de petite taille
|
Nulle
|
1,01
|
0,248
|
Main d'oeuvre rémunérée
|
-
|
0,70
|
0,019
|
Source : calcul de l'auteur
III.2.4 Synthèse
Au terme de l'analyse des déterminants de l'adoption
des techniques de CES/DRS, nous avons pu exhiber les facteurs
considérés comme barrières à l'adoption. La
défaillance du cadre organisationnel (organisation paysanne), le faible
accès à l'information et à l'éduction, le faible
niveau d'expérience lié à la jeunesse et le statut (dans
le ménage) du responsable de l'exploitation agricole constituent les
principales barrières sociodémographiques à l'adoption de
ces techniques. L'hypothèse Ho émise au début de
l'étude est donc vérifiée par les résultats.
L'hypothèse H1 émise sur les liens entre caractéristiques
économiques et adoption de la CES/DRS est aussi confirmée par les
résultats. En effet, bien que le patrimoine animal n'influence pas
considérablement la décision d'adoption, l'utilisation de la main
d'oeuvre rémunérée et les activités non agricoles
menées par l'agriculteur contribuent à la non adoption des
techniques de CES/DRS.
L'information dont nous disposons à la fin de cette
étape de notre étude constitue les facteurs expliquant la non
adoption des techniques CES/DRS dans la zone sahélienne, une zone qui
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53
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
pourtant présente un environnement vulnérable
à l'érosion. Le caractère antiérosif de ces
techniques devrait permettre aux agriculteurs de cette zone de tirer des
avantages significatifs dans la conservation et la défense des eaux et
sols, des avantages qui seront considérés comme des
opportunités à l'adoption des techniques de CES/DRS.
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54
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
CHAPITRE 4: Opportunités à l'adoption des
techniques
CES/DRS
Ce chapitre, survenant après la détermination
des barrières à l'adoption des techniques de CES/DRS, a pour but
d'analyser les avantages liés à la décision d'utilisation
de ces techniques dans la zone sahélienne burkinabè. Etant
donné que cette décision intervient dans le cadre de la gestion
de l'exploitation agricole, l'analyse se focalisera sur l'éventuel gain
en efficacité technique pour les agriculteurs adoptants. Pour l'atteinte
de nos objectifs, nous décrirons d'abord le niveau de production des
producteurs de mil et de sorgho dans la zone sahélienne
burkinabè, ensuite nous présenterons les résultats issus
de l'estimation de la frontière de production avec
hétéroscédasticité sur le terme d'efficacité
technique.
Analyse descriptive de la production du mil et le sorgho
dans la zone sahélienne Analyse du niveau de production
Dans la zone sahélienne, au cours de la campagne
2015/2016, Le mil a occupé environ 55,8% de la superficie
emblavée. La production du mil est estimée à 364.767
tonnes pour cette campagne. Par ailleurs, la production moyenne par hectare
(rendement moyen) vaut 673,8 kg avec un écart type de 378,0 kg de mil
par hectare.
Quant au sorgho (blanc et rouge), la production est
globalement estimée à 380.845,9 tonnes avec une production
moyenne de 851,8 kg/ha. En termes de dispersion, le rendement du sorgho pour
les exploitations agricoles de la zone sahélienne varie entre 70 et 2680
kg/ha avec une disparité moyenne de 389,9kg.
Tableau 10: caractéristiques de tendance
centrale et de dispersion du rendement du mil et du sorgho
Culture
|
médiane (kg/ha)
|
moyenne (kg/ha)
|
écart type (kg/ha)
|
min (kg/ha)
|
max (kg/ha)
|
Mil
|
600,00
|
673,81
|
378,01
|
70
|
2680
|
Sorgho
|
800,00
|
851,84
|
389,94
|
120
|
2100
|
Source : calcul de l'auteur, EPA
2015/2016
L'on peut aussi s'intéresser au comportement de la
production ou du rendement selon le choix d'adoption des techniques de
conservation et de restauration des eaux et sols au niveau des agriculteurs.
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MARAHASA/DPPO-BF
55
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56
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Analyse du rendement en fonction de l'adoption de la
CES/DRS
Afin de comparer le niveau de la production en fonction du
choix d'adoption des techniques CES/DRS, le raisonnement sera fait sur la base
du rendement. L'utilisation du rendement neutralisera l'effet de taille en
termes de superficie cultivées. Une analyse bi-variée
effectuée nous montre que le rendement moyen, au niveau des exploitants
ayant adopté l'utilisation des sites antiérosifs, est plus
élevé que celui des non adoptants. En effet, ces derniers
exploitants produisent en moyenne une quantité de mil (respectivement de
sorgho) estimée à 615kg/ha (respectivement 798 kg/ha) contre 706
kg/ha (respectivement 849 kg/ha) pour les adoptants. Par ailleurs, au niveau
des producteurs de mil, la moitié des non adoptants ont un rendement
inférieur à 560 kg/ha tandis qu'au niveau des adoptants le
rendement médian est évalué à 680 kg/ha. En ce qui
concerne les producteurs du sorgho, la production médiane par ha est la
même au niveau des deux catégories de producteurs (adoptants et
non adoptants), mais lorsque qu'on étend l'analyse sur les quartiles, on
remarque que 3 exploitations sur 4 ayant adopté les techniques CES/DRS
ont un rendement en dessous de 1080 kg/ha contre 1040 kg/ha pour les non
adoptants pour la campagne 2015/2016. La représentation des boites
à moustache (Graphique 5) permet de cerner, de façon visuelle,
l'impact de l'adoption de la CES/DRS sur le niveau de rendement des
agriculteurs.
Graphique 5: boites à moustache pour
adoptants et non adoptants, rendements du mil et du sorgho
Source: construction de l'auteur, EPA
2015/2016
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Analyse des avantages liés à l'adoption
CES/DRS
Le choix d'adoption des techniques de CES/DRS effectué
par un exploitant agricole entre dans le cadre de l'organisation des travaux au
niveau de son exploitation. Si le choix d'adoption a un impact
considérable sur le rendement, ce serait alors par le biais de
l'efficacité technique observée dans la gestion de cette
exploitation. C'est ce qui nous amène à nous intéresser
à la détermination des opportunités, en termes de gain en
efficacité technique, liées à l'adoption des techniques de
conservation et de défense des eaux et sol. Ainsi, il convient de faire
une brève description des frontières de production
estimées.
Description des frontières de production
stochastiques du mil et du sorgho
Au niveau de chacune des cultures, le test d'absence de terme
d'inefficacité effectué rejette l'hypothèse nulle (Tableau
9). L'estimation d'une frontière de production en lieu et place d'une
régression par les moindres carrés est donc justifiée pour
les deux spéculations.
Au niveau de la culture du mil on estime à 82,5% la
part des écarts entre les rendements observés et les rendements
frontières due à l'inefficacité technique. Cette valeur
est cependant significativement différente de 1 du fait de la
significativité de la variance du terme stochastique (Tableau 9).
L'estimation d'une frontière de production stochastique est donc
pertinente pour cette culture. Par ailleurs, les résultats montrent que
la moyenne de la distribution du terme d'efficacité technique n'est pas
significativement différente de zéro. Ce résultat nous
conduit donc à la spécification d'une loi semi normale pour
décrire le terme d'efficacité technique pour la culture du
mil.
En ce qui concerne la production du sorgho, les conclusions
sont les mêmes: la part des écarts due à
l'inefficacité technique (87,1%) est significativement positive et
inférieure à 1 et la part due au terme stochastique est
également significative (Tableau 9). Alors, l'estimation d'une
frontière de production, stochastique, pour le sorgho est aussi
justifiée. En outre, la moyenne de la distribution du terme
d'inefficacité technique n'est pas jugée significative, la
spécification d'une loi semi normale est donc adéquate pour
décrire ce terme.
Par ailleurs, il convient de rappeler que les variables
décrivant les intrants dans le processus de production sont
exprimées en quantité utilisée par ha. Cela permet donc de
déterminer, à travers
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57
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
la frontière de production, l'effet de
l'intensification de chaque intrant sur le rendement de la terre
cultivée.
Frontière de production stochastique du
mil
Le résultat de l'estimation de la frontière de
production montre que, globalement, la quantité d'engrais
consommée par hectare influence positivement et significativement le
niveau de production de mil à l'hectare. Une variation de 1% de la
quantité d'urée consommée, à l'hectare, conditionne
une hausse de la production potentielle à l'hectare de 0,042% et une
consommation supplémentaire de 1% de la quantité de NPK, par
hectare, contribue à améliorer le rendement frontière de
l'exploitation de 0,018%. L'analyse du travail à travers le nombre
d'actifs par unité de surface révèle une
élasticité de la production potentielle de 0,044 par rapport
à cette variable. Comme le présente le tableau 9, les substances
phytosanitaires ayant une influence significative sur la production du mil sont
les herbicides. Par ailleurs, la prise en compte de
l'hétéroscédasticité du terme stochastique montre
que sa variance est significativement déterminée par la part de
la superficie labourée et le sexe (Annexe B, Tableau 14).
Frontière de production stochastique du
sorgho
Les résultats de l'estimation de la frontière de
production du sorgho laissent voir quelques particularités. En effet,
les influences de la quantité de semence et du nombre d'actifs agricoles
par hectare sur le rendement frontière ne sont pas jugées
significatives à 5% de risque tandis que la quantité de fongicide
l'influence négativement et significativement (Tableau 9). Cependant,
l'augmentation de la quantité de NPK (respectivement de fumure
organique) d'un pourcent occasionne une augmentation du niveau de la production
par hectare de 0,016% (respectivement 0,009%). Le rendement frontière du
sorgho est aussi influencé, positivement, par la consommation
d'herbicide et d'urée (Tableau 9). Quant à
l'hétéroscédasticité du terme aléatoire au
niveau des producteurs du sorgho, elle est principalement due à
l'adhésion à une organisation paysanne (Annexe B, Tableau 14).
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58
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 11: frontière de production
stochastique Cobb Douglas du mil et du sorgho
Mil
|
Spéculation Sorgho
|
|
Statistique
|
p value Test d'hypothèse Statistique
|
p value
|
-10,327
|
0,000
|
z-test: H0 : absence de
terme d'inefficacité
|
-10,835
|
0,000
|
-1,13
|
0,260
|
test H0:u = 0
|
-1,00
|
0,317
|
-19,68
|
0,000
|
test de Significativité de ln Q,j,
|
-25,76
|
0,000
|
107,89
|
0,000
|
test H0 : Qû = 0 contre H1: Q??2 >
0
|
133,96
|
0,000
|
62.71
|
0,000
|
test de significativité globale de Wald
|
66.19
|
0,000
|
Coefficient
|
p value Variable dépendante: rendement
Coefficient
|
p value
|
|
Frontière de production stochastique
|
|
6,77056***
|
0,000
|
Constante
|
7,11195***
|
0,000
|
0,01355
|
0,316
|
semence locale
|
0,00694
|
0,431
|
0,01226
|
0,577
|
semence améliorée
|
0,02085
|
0,110
|
0,00622
|
0,089
|
fumure organique
|
0,00916**
|
0,001
|
0,01772*
|
0,042
|
NPK
|
0,01599**
|
0,006
|
0,04217*
|
0,022
|
Urée
|
0,02091*
|
0,050
|
0,04714***
|
0,000
|
herbicide liquide
|
0,02491***
|
0,000
|
0,01411
|
0,061
|
fongicide poudre
|
-0,02247***
|
0,000
|
0,04446***
|
0,000
|
Travail
|
-0,00107
|
0,910
|
|
Déterminants de l'inefficacité technique,
variable expliquée : In o ??
|
|
-0,27358**
|
0,003
|
adoption de la CES/DRS
|
-0,17188*
|
0,035
|
-0,24875**
|
0,004
|
part de la superficie labourée
|
-0,37701***
|
0,000
|
-0,00726**
|
0,005
|
âge
|
-0,00371
|
0,134
|
-0,32704***
|
0,000
|
sexe (référence femme)
|
-0,10331
|
0,210
|
0,33140*
|
0,013
|
constante
|
-0,23999.
|
0,071
|
nombre d'observations:1763 nombre d'observations:1871
log likelihood:- 505,7772 log likelihood: -1248,9513
Source : Estimations, sorties de
logiciel
Gain en efficacité et en productivité
lié à l'adoption des techniques de CES/DRS
II.2.1 Effet de l'adoption des CES/DRS sur
l'efficacité
Pour toutes les deux spéculations analysées dans
cette étude, les résultats apparaissent conformes aux attentes.
L'adoption de l'utilisation des sites antiérosifs contribue à
diminuer significativement le degré d'inefficacité des
exploitations agricoles (Tableau 9). En moyenne, l'adoption de l'utilisation
des sites antiérosifs contribue à diminuer le degré
d'inefficacité technique de 0,18 pour un producteur de mil et de 0,20
pour un producteur de sorgho. L'adoption de l'utilisation de tels
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59
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
sites contribue donc à rapprocher le niveau de rendement
de ces producteurs à celui pouvant être atteint en présence
d'une efficience dans la gestion de leur exploitation (Graphiques 6 et 7).
Graphique 6: frontières de rendement et
rendements observés pour les adoptants (à gauche) et
non adoptants (à droite), culture du mil
rendement (kg/ha)
2500
2000
1500
1000
500
0
frontières rendements observés
Sources : construction de
l'auteur
Graphique 7: frontière de rendement et
rendement observé pour les adoptants (à gauche) et
non adoptants (à droite), culture du sorgho
rendement 2500 (kg/ha)
2000
1500
1000
500
0
frontières rendements observés
Sources : construction de
l'auteur
L'aspect économique décrit ici constitue la
productivité partielle du facteur de production terre pour une campagne
agricole donnée. L'adoption des techniques de CES/DRS est donc d'un
intérêt économique considérable au niveau des
producteurs de la zone sahélienne en ce sens qu'elle permet d'accroitre
la productivité des surfaces emblavées. Cet avantage de
l'utilisation des techniques CES/DRS est déduit du lien mis en exergue
précédemment entre l'adoption de ces techniques et le niveau
d'efficacité technique.
Ces résultats confirment, par ailleurs,
l'efficacité de l'utilisation des techniques de CES/ DRS dans le cadre
de la limitation de la chute de la productivité des terres
sahéliennes par le biais de la
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
60
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
réduction des effets néfastes des facteurs
érosifs. Les avantages peuvent être exprimés sur le plan
microéconomique ou macroéconomique. En effet, la hausse de la
productivité constitue un gain en termes de niveau de production des
agriculteurs de cette zone et cela permet d'accroitre le niveau de production
individuelle pour une quantité donnée d'intrant consommée.
En agrégeant les comportements individuels, on aboutit à la
conclusion que l'adoption des CES/DRS permet d'accroitre le niveau de
production de la localité faisant l'objet de l'étude.
Par ailleurs, lorsqu'on se réfère à la
microéconomie du producteur agricole, dans le cadre de cette
étude, le rendement renvoie par définition à l'effet de
l'extension, d'une unité, de la surface cultivée sur la
production. Le gain en productivité associée à
l'utilisation des techniques CES/DRS peut donc être analysé comme
une augmentation de l'élasticité de la production par rapport
à la taille de l'exploitation agricole en termes de superficie
emblavée.
II.2.2 Analyse de l'effet de l'adoption des CES/DRS en
fonction de la région
L'effet marginal de l'adoption des techniques CES/DRS sur le
degré d'efficacité étant individuel, il peut être
analysé au niveau de chacune des régions figurant dans la zone
délimitée pour l'étude. Bien que l'effet de l'adoption de
ces techniques sur l'inefficacité technique reste négatif, quelle
que soit la région dans laquelle l'on se positionne, l'intensité
de cet effet varie légèrement d'une région à une
autre.
Lorsqu'on se focalise sur les producteurs de mil, on
s'aperçoit que le choix d'adoption à un effet marginal, sur
l'inefficacité, plus élevé dans le Sahel que dans les 3
autres régions. Au Sahel, les effets marginaux varient entre -0,25 et
-0,12 avec une moyenne de -0,19 étant supérieure à la
moyenne de la zone. La région du Sahel est suivie du Centre-Nord
présentant un effet marginal moyen de 0,18.
En ce qui concerne la production du sorgho, la structure ne
diffère pas de celle du mil. La région du Sahel présente
les effets marginaux les plus élevés ; l'effet marginal moyen
dans cette région vaut 0,21. Au niveau du Centre-Nord et du Nord,
l'effet marginal moyen de l'adoption des CES/DRS sur le degré
d'efficacité coïncide avec la moyenne générale de la
zone (Tableau 10).
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
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61
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
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62
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 12: effet marginal de l'adoption des
techniques de CES/DRS par région
Région
|
|
Mil
|
|
|
Sorgho
|
|
Moyenne
|
min
|
max
|
Moyenne min
|
max
|
Sahel
|
-0,19
|
-0,26
|
-0,12
|
-0,21
|
-0,23
|
-0,17
|
Centre-Nord
|
-0,18
|
-0,26
|
-0,12
|
-0,20
|
-0,23
|
-0,17
|
Nord
|
-0,17
|
-0,26
|
-0,12
|
-0,20
|
-0,23
|
-0,17
|
Total général
|
-0,18
|
-0,26
|
-0,12
|
-0,20
|
-0,23
|
-0,17
|
Sources : calculs de
l'auteur
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Conclusion et recommandations
Les recherches faites sur la littérature des
déterminants de l'adoption des techniques de CES/DRS nous ont permis de
focaliser l'identification des barrières à l'adoption de ces
techniques sur les facteurs d'ordre social, démographique et
économique liés à l'exploitants et à son
exploitation et les facteurs liés à la surface cultivée.
Les résultats ont par ailleurs convergés vers les
hypothèses préalablement émises sur les facteurs pouvant
influencer négativement la décision d'adoption des techniques de
conservation et de défense des eaux et sols. En conformité avec
les attentes, l'adoption de ces techniques est contrainte par les
caractéristiques sociodémographiques et économiques
défavorables de l'exploitant agricole. Au niveau des
caractéristiques sociodémographiques de l'exploitants, nous avons
réussi à exhiber l`influence négative du faible niveau
d'éducation et d'information et le manque d'expérience lié
à l'âge. Au niveau des caractéristiques économiques
de l'exploitant et de l'exploitation, le recours à une main d'oeuvre
rémunérée détourne l'intention des agriculteurs de
l'adoption des techniques de CES/DRS. A travers ces informations, les trois
premiers axes des objectifs que nous sommes préalablement fixés
sont atteints.
D'une part, la détermination de ces barrières
permet, dans le cadre stratégique, d'identifier les classes
d'agriculteurs à privilégier lors de la mise en oeuvre d'une
politique de vulgarisation des techniques de conservation et de défense
des eaux et sols. D'autre part, toujours dans le cadre stratégique, cela
permet de mettre à la disposition des décideurs politiques un
certain nombre de leviers sur lesquels il faudrait appuyer pour conditionner
une augmentation de la propension à adopter les techniques de CES/DRS au
niveau des agriculteurs de la zone sahélienne. Cependant, toute
politique visant à promouvoir l'adoption massive d'une technique
agricole nécessite une étude sur les avantages qui y sont
associés.
En ce qui concerne les techniques de CES/DRS, nos analyses se
sont focalisées sur le gain en efficacité technique
associée à leur utilisation dans un milieu vulnérable
à l'érosion, la zone sahélienne burkinabè, pour les
deux cultures de subsistance essentiellement pratiquées, à savoir
le mil et le sorgho. Les résultats ont fait apparaitre un lien positif
et considérable entre adoption des techniques de CES/DRS et
l'efficacité technique des agriculteurs : l'adoption de ces techniques
contribue à diminuer le niveau d'inefficacité technique de 0,18
au niveau des producteurs de mil
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MARAHASA/DPPO-BF
63
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
et de 0,20 au niveau des producteurs de sorgho. La mise en
exergue de ce lien constitue de dernier axe des objectifs de cette
étude.
Vu les résultats obtenus sur les avantages liés
à l'adoption des techniques de CES/DRS, la mise en oeuvre d'une
politique correcte de divulgation des techniques de conservation et de la
défense des eaux et sols dans la zone sahélienne ne serait pas
sans répercussion positive sur le niveau d'efficacité des
agriculteurs et donc sur la productivité du facteur de production terre.
Ces politiques doivent en générale viser les barrières
à l'adoption.
Ainsi, en vertu des résultats obtenus nous nous devons
de faire quelques recommandations à l'égard des organisations
gouvernementales et non gouvernementales engagées dans la mise en oeuvre
de politiques ayant pour objectif d'améliorer la productivité des
exploitations agricoles au Burkina Faso.
En premier lieu, nous proposons la mise en place et/ou le
renforcement de cadres d'échange et d'entraide entre agriculteurs tels
que les organisations paysannes, les coopératives, les groupements de
producteurs, etc. La mise en place de tels cadres aura 4 principaux avantages.
Premièrement ils constitueront des canaux performants de divulgation
fluide et rapide des techniques agricoles telles que la conservation et la
défense des eaux et sols. Ensuite, ces cadres faciliteraient le
transfert d'expérience en termes d'utilisation de techniques agricoles
entre les agriculteurs plus âgés et les moins âgés.
Ce transfert d'expérience constituerait un moyen de relever le niveau
d'expérience des agriculteurs moins âgés. En raison de
l'entraide développée entre agriculteurs les membres d'une
même association de producteurs, le troisième éventuel
résultat serait la résolution du problème
économique lié à la disponibilité de la main
d'oeuvre pour la construction des sites antiérosifs. Cette
dernière alternative constituerait donc un moyen pour faire face
à une des barrières à l'adoption des techniques de
CES/DRS, La rémunération de la main d'oeuvre. Enfin, le dernier
élément lié à la mise en place des associations
d'agriculteurs est la gestion de la superficie cultivée. Les
résultats de notre étude ont montré qu'une gestion
collective augmente la propension d'adoption des techniques de CES/DRS. Ainsi
pour un agriculteur qui gère sa parcelle de façon individuelle,
l'appartenance à une association de producteurs lui permettrait
d'associer d'autres idées à cette gestion, en provenance des
autres membres. L'appartenance à une association paysanne peut donc
être une solution aux problèmes liés à la gestion
singulière d'une exploitation agricole.
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64
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
En second lieu, nous proposons la mise en place et le
renforcement du système éducatif rural bien au niveau des jeunes
qu'au niveau des personnes adultes. Cela contribuerait à hausser le
niveau d'éducation des générations présentes et
futures d'agriculteurs, les rendant ainsi plus réceptifs aux techniques
agricoles telles que les techniques de CES/DRS du fait de leur capacité
à analyser les avantages qui y sont associés.
En troisième lieu, nous proposons de la part des
décideurs politiques la mise en oeuvre de campagnes de renouvellement et
de construction de sites antiérosifs au début de chaque campagne
agricole dans la zone sahélienne. Cette stratégie permettrait de
surmonter les obstacles liés à la disponibilité de la main
d'oeuvre. Afin d'assurer une meilleure organisation de ces activités,
elles peuvent être menées en collaboration avec les associations
de producteurs (organisation paysannes, coopératives, groupement de
producteurs, etc).
La dernière recommandation concerne le suivi des
agriculteurs. Nous proposons un renforcement des liens entre agents agronomes
et les agriculteurs de telle sorte à rendre moins individuelle la
gestion des terres cultivées.
Aux termes de cette étude, nous avons obtenus
d'importants résultats concernant l'adoption des techniques de CES/DRS.
Cependant, ces résultats sont limités par la non prise en compte
de certains éléments. Au niveau de la description des
barrières à l'adoption, les facteurs climatiques n'ont pas
été examinés. Il s'agit en effet des informations sur la
pluviométrie, les caractéristiques pédologiques, la
couverture végétale des terres et la disponibilité en eau.
L'absence de ces éléments est essentiellement liée
à une insuffisance d'information au niveau des données de l'EPA.
Le second élément absent dans cette analyse est le niveau de
revenu des agriculteurs, une variable exclue de l'analyse du fait du manque
d'information pour plus de la moitié des individus.
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MARAHASA/DPPO-BF
65
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
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l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
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SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
iv
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Annexe
Annexe A
A.1 Pondérations et estimateurs pour l'EPA
2015/2016 (Révision méthodologique de l'Enquête Permanente
Agricole, MARHASA)
Notations
N : Nombre total de ménages agricoles
?? ?? : Nombre de ménages de la strate primaire p de la
province
?? ?? : Nombre de villages de la strate primaire p de la
province
?????? : Nombre de ménages agricoles du village i de la
strate primaire p
????h?? : Nombre de ménages agricoles de la strate
secondaire h du village i de la strate primaire p ???? : Nombre de villages
échantillons de la province pour la strate primaire p
???? : Nombre de ménages échantillon de la strate
primaire p de la province
????h?? : Nombre de ménages agricoles échantillons
de la strate secondaire h du village i de la strate primaire p
??????h??= observation de la variable d'intérêt
provenant du ménage j de la strate secondaire h du village i de la
strate primaire p.
i= 1, 2,..., ?? ?? : numéro du village dans la strate
secondaire p
j= 1, 2,..., ?????? : numéro du ménage de la strate
secondaire h du village i
p=1,2,..., P: numéro de la strate primaire
h=1,2,..., H: numéro de la strate secondaire
Au premier degré, ?? ?? villages sont
sélectionnés proportionnellement à leur taille en
ménages
agricoles dans chaque strate primaire p. Au deuxième
degré, ????h?? ménages sont tirés dans chaque strate
secondaire h du village i de la strate primaire p.
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MARAHASA/DPPO-BF
v
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
,
Pour chaque strate primaire p, la probabilité d'inclusion
du village i est donnée par :
Coefficient de pondération au premier degré de
chaque village i de la strate primaire p :
1 N ihp
? ?
? n
jihp ihp
Pour chaque strate primaire p, la probabilité
d'inclusion du ménage j de la strate secondaire h du village i est
donnée par :
Nihp
ijhp ip jihp
Le coefficient de pondération au second degré de
chaque ménage j de la strate secondaire h du village i est donc :
n m ?
ihp p ip
Le coefficient total de pondération est donc donné
par :
Estimateurs du total et de la moyenne dans la
province
P m p
1
Y = ?? ? ? y ijhp
m ? n
p = 1 i = 1 p
ip h = 1 ihp j = 1
L'estimateur du total dans la province est donné par :
A
Nihp
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MARAHASA/DPPO-BF
vi
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
On en déduit l'estimateur de la moyenne dans la province
:
?
J
Estimateurs de la variance des estimateurs
En posant et
i=1 Bq nihp
;=1
On a :
2[(1 - fi) 2 (1-f2
p) 2
? 2[(1-fp) 2
(1-f ) 21
L'estimateur de la variance de la moyenne est :
V(Y)=E Wp m Sp +
n m S2p
p=1 P p p
?
L'estimateur de la variance du total :
V Y
=V(MY)=M2V(Y)=M2EWp S1
p n pmp
+
p=1 p ZP S2p
J
m
A.2 problèmes liés à l'estimation
d'un modèle dichotomique par la méthode des moindres
carrés ordinaires
Trois principaux problèmes nous emmènent
à préférer l'estimation du modèle dichotomique par
le maximum de vraisemblance. Supposons que le modèle à estimer
soit de la forme yl = x. 6 + eL V i = 1, ... , N avec yl la
variable binaire expliquée, xi le vecteur de variable
explicative et et le terme d'erreur, les trois majeurs
problèmes rencontrés avec une estimation par les moindres
carrés ordinaires sont :
? E(yt) = x06 = Prob(yi = 1)
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
vii
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
0 <_ Prob(yl = 1) <_ 1 => 0 <_ x. f3 <_ 1
. Cela constitue une contrainte sur le vecteur des paramètres
estimé, pourtant celui-ci est susceptible de prendre n'importe quelle
valeur de 1I8p+1 en présence de p variables
explicatives.
· Le deuxième problème constitue la
difficulté de trouver une droite qui s'ajuste le mieux le nuage de
points.
· L'hypothèse d'homoscédasticité n'est
pas vérifiée car: Var(yl) = Prob(yl = 1)(1 - Prob(yl = 1))
dépend de l'individu i.
A.3. LR test de significativité globale ou
partielle
Supposons que l'on veuille tester la significativité de
l'influence d'un facteur j représenté par K
variables vii, , k=1 ,..., K donné sur le
comportement d'adoption. Notons f3, les K coefficients
estimés, associés aux variables vii,
, k = 1, ... , K , permettant d'apprécier cet influence.
Le test à effectuer est bilatéral avec les hypothèses
définies comme suit :
{Contre H1: 3 k E [1 , K] tel
f31i * 0
Ho: f31 i = ? = f3?? i = 0 Avec Ho
l'hypothèse nulle
Sous ces considérations, la statistique du test est
donnée par LRT = -2(lo9Lnc - lo9Lc)
Où Lc représente le niveau
de vraisemblance atteint avec le modèle contraint (lorsqu'on ignore le
facteur j) et Lnc le niveau atteint avec le modèle non
contraint. La décision est prise en comparant la statistique LRT au
quantile d'ordre a de la loi de Khi deux à K degrés de
liberté X2(K) : l'hypothèse nulles est
rejetée lorsque LRT > X2(K).
Le LR test peut particulièrement être
utilisé pour vérifier la significativité globale des
coefficients d'un modèle binaire. Le procédé est le
même lorsqu'on remplace le groupe de coefficients relatifs au facteur
j par tous les coefficients du modèle.
A.4 statistique des tests de Pearson et de
Hosmer-Lemeshow Notons M le nombre de classes, N le
nombre d'individus
et V j = 1,...,M,
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MARAHASA/DPPO-BF
viii
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
mi la taille de la classe j
{ Qi le taux de réalisation effective du
phénomène étudié dans la classe j P.j le
taux de réalisation prédite du phénomène
étudié dans la classe j
La statistique du test de Pearson est donnée par :
X2 = EM1 (311-m1151)2 et elle suit une loi de
Khi
J- mipj (1-p;)
Deux à M - K degré(s) de
liberté, où K représente le nombre de variables
explicatives. Lorsqu'il s'agit du test de Hosmer-Lemeshow, la statistique est
similaire à celle du test de Pearson adaptée au découpage
par quantile et elle suit dans ce que une loi de Khi Deux à G - 2
degré(s) de liberté avec G le nombre de groupes issus du
découpage par quantile.
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MARAHASA/DPPO-BF
ix
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Annexe B
Graphique 8: parts des superficies
régionales emblavées sous CES/DRS
49%
36%
33%
29%
18% 17% 16%
12%
9%
6%
6% 4%
3%
Source : construction de
l'auteur
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
x
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xi
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 13: résultats du test de hausman
pour le choix entre logit et probit
|
(b)
|
(B)
|
(b-B)
|
|
Logit
|
probit
|
Difference
|
2.sexe
|
0.2790365
|
0.1604219
|
0.1186146
|
age_carre
|
-0.0003818
|
-0.0002233
|
-0.0001585
|
sup_attelep
|
0.0501379
|
0.0257059
|
0.024432
|
sup_manuel
|
0.0385897
|
0.0234299
|
0.0151598
|
sup_motorp
|
-0.7264235
|
-0.4467079
|
-0.2797155
|
sup_none_labourp
|
-0.0478795
|
-0.0329015
|
-0.014978
|
sup_secur_modrenp
|
-1.17576
|
-0.6716839
|
-0.5040763
|
sup_secur_tradip
|
-0.1251984
|
-0.0709382
|
-0.0542601
|
sup_plateaup
|
-0.6457112
|
-0.3847156
|
-0.2609956
|
sup_basfondp
|
-0.3672289
|
-0.2217374
|
-0.1454915
|
sup_collectivep
|
0.4247575
|
0.2569828
|
0.1677747
|
pas_chef_menage
|
-0.7424964
|
-0.4602494
|
-0.282247
|
Age
|
0.0485267
|
0.0284417
|
0.020085
|
niveau_instruction
|
|
|
1
|
0.5210131
|
0.309212
|
0.2118011
|
2
|
0.1293279
|
0.0833993
|
0.0459286
|
autre_activitel
|
-0.2877949
|
-0.1709765
|
-0.1168184
|
Remuneree
|
-0.1730874
|
-0.0988548
|
-0.0742326
|
gro_ani
|
-0.0051684
|
-0.0031421
|
-0.0020264
|
peti_ani
|
0.0039253
|
0.0023465
|
0.0015788
|
pas_adhererp
|
-0.6525472
|
-0.3904266
|
-0.2621206
|
nbre_membrel
|
-0.0080513
|
-0.0049683
|
-0.003083
|
b = consistent under Ho and Ha; obtained from logit
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from
probit
Test: Ho: difference in coefficients not systematic
chi2(20) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B) = 105.24
Prob>chi2 = 0.0000
|
Source : sorties du
logiciel
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Graphique 9: représentation graphique des
dbeta et des résidus standardisés de Pearson
Source : sorties du
logiciel
Graphique 10: Courbe ROC du modèle
logit
0.00 0.25 0.50 0.75 1.00
1 - Specificity
Area under ROC curve = 0.8041
Source: estimations, sortie de
logiciel
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MARAHASA/DPPO-BF
xii
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xiii
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 14: matrice de confusion au seuil
optimal
|
Adoption (observé)
|
non adoption (observé)
|
Adoption (prédiction)
|
925
|
810
|
non adoption (prédiction)
|
416
|
2328
|
Sensibilité
|
68.98%
|
Spécificité
|
74.19%
|
Taux de bonnes classifications
|
72.63%
|
Source: estimations, sortie de
logiciel
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau 15: résultats du modèle
logit
Logistic regression
Nombre d'observation = 4.459
LR chi2 = 1137,53
Prob > chi2 = 0,0000
Pseudo R2 = 0,2108
Log likelihood = -2129,4418
|
Variable expliquée : ces drs
|
Coefficients
|
odds ratio
|
effets marginaux
|
P value
|
Constante
|
-2,052543
|
0,128408
|
----
|
0,0000
|
Caractéristique
sociodémographique
|
Sexe (référence femme)
|
0,6088516
|
1,838319
|
0,1006
|
0,0000
|
Age
|
0,1189428
|
1,126305
|
0,0186
|
0,0000
|
Age carré
|
0,9989899
|
0,0001464
|
|
0,0000
|
Taille ménage
|
-0,0166331
|
0,9835045
|
-0,0026
|
0,0080
|
Niveau d'instruction (référence=non
alphabétisé)
|
|
Alphabétisé en autre langue
|
0,9076176
|
2,478411
|
0,1550
|
0,0000
|
Alphabétisé en français
|
0,1252032
|
1,133379
|
0,0196
|
0,4070
|
Ne pas être chef de ménage
|
-0,687925
|
0,5026179
|
-0,1074
|
0,0000
|
Non adhésion à OP
|
-1,044413
|
0,3518983
|
-0,1630
|
0,0000
|
Caractéristique de l'exploitation
agricole
|
Superficie labourée
|
|
Labour attelé
|
0,1417492
|
1,152288
|
0,0022
|
0,2520
|
Labour motorisé
|
-7,57934
|
0,0005109
|
-0,0118
|
0,0570
|
Labour manuel
|
0,0976865
|
1,102617
|
0,0152
|
0,0890
|
Superficie sécurisée par:
|
|
Sécurisation moderne
|
-2,882781
|
0,0559789
|
-0,0045
|
0,0000
|
Sécurisation traditionnelle
|
-0,2609947
|
0,770285
|
-0,0004
|
0,0060
|
Relief du champ
|
|
Superficie sur plateau
|
-1,091565
|
0,3356906
|
0,0017
|
0,0000
|
Superficie dans basfond
|
-0,5574031
|
0,5726944
|
0,0008
|
0,0030
|
Type de gestion
|
|
Collective
|
0,6435253
|
1,903178
|
0,0010
|
0,0000
|
Caractéristiques économique de
l'exploitation et du responsable
|
Autre activité
|
-0,5845741
|
0,5573432
|
-0,0912
|
0,0000
|
Main oeuvre rémunérée
|
-0,3533522
|
0,7023298
|
-0,0551
|
0,0190
|
Cheptel petit ruminants
|
-0,0137559
|
0,9863383
|
-0,0021
|
0,2330
|
Cheptel grands ruminants
|
0,0072343
|
1,007261
|
0,0011
|
0,2480
|
Sources : estimations, sorties de
logiciel
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xiv
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xv
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Tableau
16:hétéroscédasticité du terme stochastique,
variable expliquée:???? a?? ??
Spéculation
|
Variables
|
Coefficient
|
Ecart type
|
z
|
P value
|
Sorgho
|
Adhésion
|
0,6140762
|
0,230635
|
2,66
|
0,008
|
Constante
|
-2,797992
|
0,1105081
|
-25,32
|
0,000
|
Mil
|
part superficie labourée
|
-0,5981298
|
0,1653942
|
-3,62
|
0,000
|
Sexe
|
-0,3463449
|
0,1689279
|
-2,05
|
0,040
|
Constante
|
-1,324923
|
0,2899369
|
-4,57
|
0,000
|
Source : estimations, sorties de
logiciel
Tableau 17: vérification de la constance
des rendements d'échelle
LR test, Ho : rendements d'échelle constants
|
|
statistique
|
P value
|
mil
|
465,44
|
0,000
|
Sorgho
|
1768,01
|
0,000
|
Source : calculs de
l'auteur
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Table des matières
Décharge I
Dédicace II
Remerciements III
Avant-propos IV
Sommaire V
Liste des tableaux VII
Liste des graphiques VIII
Sigles et Acronymes IX
Résumé XI
Abstract XII
Introduction 1
CHAPITRE 1: Généralités et revue de
littérature 5
Généralités sur les techniques CES/DRS 5
Méthodes physiques 5
Méthodes biologiques ou pédologiques 7
Revue de littérature sur les déterminants du
comportement d'adoption 8
Théories comportementales 8
La théorie de l'action raisonnée 8
La théorie de l'action planifiée 9
Travaux empiriques sur les déterminants du choix
d'adoption des CES/DRS 10
Théorie du producteur et notion de productivité
12
La théorie du producteur 12
Notion de productivité et de rendement 13
Définitions 13
Déterminants de la productivité d'une exploitation
agricole 14
Les notions d'efficacité économique, technique et
allocative 15
Développement théorique sur l'efficacité
15
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xvi
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
Définitions 15
L'analyse par frontières de production 16
Déterminants de l'efficacité technique 17
Travaux empiriques sur les liens entre l'efficacité et
l'adoption des CES/DRS 17
CHAPITRE 2: Approche méthodologique 20
Source des données et zone d'étude 20
Source des données 20
Zone d'étude 21
Détermination des barrières à l'adoption des
techniques CES/DRS 22
Présentation du modèle dichotomique 22
Validation du modèle dichotomique 25
Variables utilisées dans la détermination des
barrières à l'adoption 27
Construction de la frontière de production 29
Frontière de production déterministe 30
Construction de la frontière de production stochastique
32
III.2.1 Estimation: méthode du maximum de vraisemblance
32
III.2.2 Méthode d'appréciation de l'effet de
l'adoption des techniques de CES/DRS sur
l'inefficacité technique 35
III.2.3 Type de technologie utilisé pour la
détermination de la frontière 38
Présentation des variables utilisées dans l'analyse
par frontière de production 38
Les intrants 38
CHAPITRE 3: Barrières à l'adoption des
techniques de CES/DRS 40
Adoption des techniques de CES/DRS et caractéristiques
généraux 40
Description générale de la superficie
cultivée 40
I.1.1 Profil des régions en termes d'adoption des CES/DRS
41
I.1.2 Cultures pratiquées et adoption des CES/DRS 42
Adoption et caractéristiques de l'unité de
production agricole 43
Caractéristiques sociodémographiques de
l'exploitant 43
II.1.1 Adoption et âge du responsable de l'exploitation
43
II.1.2 Adoption et niveau d'instruction/formation 44
Adoption des CES/DRS selon les caractéristiques de la
superficie cultivée 44
II.2.1 Adoption selon la taille de l'exploitation 45
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xvii
Barrières et opportunités à
l'adoption des techniques de CES/DRS au Burkina Faso, dans la zone
sahélienne
II.2.2 Adoption des techniques de CES/DRS et relief de
l'exploitation 45
II.2.3 Adoption des techniques CES/DRS et sécurisation
foncière 46
Barrières à l'adoption des techniques CES/DRS,
modèle dichotomique 47
Choix et validation du modèle 48
Description et interprétation des résultats 48
Les facteurs sociodémographiques 48
III.2.2 Caractéristiques de la surface cultivée
51
III.2.3 Caractéristiques économiques de
l'exploitant et de l'exploitation 52
III.2.4 Synthèse 53
CHAPITRE 4: Opportunités à l'adoption des
techniques CES/DRS 55
Analyse descriptive de la production du mil et le sorgho dans la
zone sahélienne 55
Analyse du niveau de production 55
Analyse du rendement en fonction de l'adoption de la CES/DRS
56
Analyse des avantages liés à l'adoption CES/DRS
57
Description des frontières de production stochastiques du
mil et du sorgho 57
Gain en efficacité et en productivité lié
à l'adoption des techniques de CES/DRS 59
II.2.1 Effet de l'adoption des CES/DRS sur l'efficacité
59
II.2.2 Analyse de l'effet de l'adoption des CES/DRS en fonction
de la région 61
Conclusion et recommandations 63
Références bibliographiques i
Annexe v
Annexe A v
Annexe B x
Table des matières xvi
SAWADOGO Israel-- ISE 3-- ENSAE
MARAHASA/DPPO-BF
xviii
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