III. REVUE DE LA LITTERATURE
Les travaux théoriques et empiriques traitant de
l'efficacité de la politique monétaire ne laissent pas les
auteurs unanimes par rapport aux résultats trouvés selon les
approches d'analyses de traitement des données, les variables prises en
compte, les contextes socioéconomiques. Pour TOBIN (1995) quant à
lui à discuter du rôle des variables monétaires dans la
détermination de degré d'intensité du capital dans une
économie, il utilise un modèle agrégé notamment et
montre que la monnaie est capable d'influer sur le niveau d'activité en
modifiant le portefeuille des ménages. Si jamais le pouvoir d'achat de
la monnaie diminue sous l'effet de l'inflation alors les agents vont
préférer détenir des actifs réels dans leurs
portefeuilles, ce qui va se traduire par une augmentation de l'investissement
et donc une croissance plus forte. ALEXANDRE (1997), KHAN et SENHADJI (2001),
GILLMAN et al. (2002), il ressort qu'une faible inflation a un effet positif
sur la croissance tandis qu'une inflation élevée a un effet
négatif sur la croissance économique. TOBIN (1999) utilisant une
approche en équilibre général montre que la politique
monétaire affecte la demande agrégée principalement
à travers la modification de la valeur du capital physique en rapport
avec son coût de remplacement. SARR et DINGUI (2000) ont travaillé
sur le mécanisme de transmission de la politique monétaire en
Côte d'Ivoire en utilisant un modèle vectoriel
autorégressif (VAR) avec sept variables dont le taux d'escompte, le taux
débiteur réel des banques, la masse monétaire, le
crédit à l'économie, le PIB réel, l'indice des prix
à la consommation et l'investissement privé. Les données
utilisées dans leurs études sont issues
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des statistiques monétaires et celle de
l'activité réelle sur base annuelle. Les tests
d'intégration ont permis de détecter les ruptures structurelles
dans les données. Les résultats obtenus montrent que les
impulsions monétaires sont transmises à la sphère
réelle via le taux d'intérêt débiteur des banques.
Un choc monétaire de 1% entraîne une augmentation de
l'activité réelle de 0,2% en revanche une hausse de l'inflation
de 1% entre une régression de l'activité réelle à
0,01%.
SIDRAUSKI (2000) a abouti à la neutralité de la
monnaie sur le niveau et l'évolution du PIB. Il suppose que la monnaie
entre dans la composition de la fonction d'utilité des ménages
car elle fournit un flux de services issus de sa détention. La monnaie,
dans ce cas, n'aurait aucun effet ni à court terme ni à long
terme car elle ne serait pas susceptible d'influer sur le niveau de
l'évolution du PIB.DEBOISSIEU (2002) souligne que le canal de
crédit n'est en général pas indépendant du canal du
taux d'intérêt et tous les deux jouent dans le même sens
pour renforcer l'impact de la politique monétaire.
L'étude de BETTEN et HAFER (2003) portant sur six pays
industrialisés aboutit à une conclusion que la politique
monétaire a un effet significatif dans tous les pays
étudiés.MC KINNON et SHAW(2003), allant à l'encontre de ce
raisonnement ont montré que des niveaux de taux d'intérêt
bas ne favorisent pas l'accumulation du capital et la croissance
économique. En effet des taux d'intérêt faibles peuvent
stimuler la demande d'investissement. Toutes fois du fait de leurs niveaux
assez-bas, ils ne peuvent pas susciter l'épargne nécessaire en
vue de satisfaire cette nouvelle demande créée. Il en
résulte une diminution de l'investissement. Pour ces raisons, ces
auteurs prônent la Libéralisation financière.
Développant la théorie de la répression financière,
ils arrivent à montrer que les taux d'intérêt maintenus
à des niveaux bas pouvaient entraîner des effets néfastes
sur l'épargne.
RAMSEY (2003) reconnaît qu'une modification de la
politique monétaire induit un changement rapide de l'agrégat M2,
il précise cependant que le crédit et la production
réagissent avec des délais plus ou moins importants. Ceci
amène à conclure à une efficacité supérieure
du canal de la monnaie et à un rôle marginal du canal de
crédit. BYNOE (2004) a adopté la version modifiée de
l'équation « SAINT LOUIS », pour tester empiriquement les
effets de la politique monétaire sur l'activité économique
dans cinq pays d'Amérique latine en voie de développement et en
utilisant les données annuelles couvrant pour la plus part, la
période 1995 - 2005. Il explique ainsi la prédominance des effets
de la politique monétaire par une monétisation des
réserves en devises ou du déficit budgétaire dans ces
pays.
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D'après ROBINSON (2005) une politique de taux
d'intérêt bas permet de promouvoir l'investissement et la
croissance économique. GRAUWE et POLAN (2005) examine à travers
une régression fondée sur l'équation quantitative de la
monnaie, la relation entre croissance monétaire et inflation.
L'étude est menée en coupe transversale et en données de
panel, le résultat de l'étude montre sur l'ensemble de
l'échantillon une relation positive et élevée entre le
taux de croissance de la masse monétaire et le taux d'inflation.
Cependant le résultat reste moins robuste concernant la relation entre
croissance monétaire d'une part et croissance de la production d'autre
part. ONDO OSSA (2005) mène une étude sur les pays de la zone
CEMAC, en utilisant un modèle panel, il montre que la politique
monétaire a des effets expansionnistes sur l'activité
économique contrairement à la politique budgétaire
validant ainsi l'existence d'effet anti-keynésien en zone CEMAC.
Selon DORNBUSH (2006) , l'effet liquide induit par l'impulsion
monétaire initiale relançant la demande interne s'accompagne
également d'une hausse de la demande étrangère et la suite
d'une dépréciation du taux de change de court terme
supérieur à la dépréciation de long terme. De ce
point de vue la politique monétaire n'a que des effets nominaux et non
des effets réels. MUNDELL (2OO6) a montré que l'action
monétaire est inefficace sauf en régime de change flexible quel
que soit le degré de mobilité de capitaux. En effet, dans un
régime de changes flexibles la mobilité de capitaux implique une
relation simple entre le taux d'intérêt et le taux de change. La
politique monétaire expansionniste entraîne une baisse des taux
d'intérêts de qui relance la production. DRAMANI, DIACKLY et
NDIAYE DIOUF (2017) analysent le mécanisme de transmission de la
politique monétaire axée uniquement sur le rôle joué
par le taux d'intérêt et le taux de change ; ils ne tiennent pas
compte des agrégats nominaux de la monnaie et du crédit. Ils
utilisent un modèle macroéconomique ensemble dans le cadre de
l'économie Sénégalaise et aboutissent au résultat
qu'un resserrement temporaire des conditions monétaires entraîne
une baisse transitoire de la production réelle en deçà de
son niveau tendanciel.
D'autres auteurs à l'instar de STIGLITZ et WEISS (2016)
pour avoir travaillé sur l'information asymétrique sur les canaux
de transmission de de la politique monétaire ont montré qu'une
hausse de taux d'intérêt pourrait également se traduire par
une baisse d'offre de crédit par les banques. Celle-ci
résulterait de l'incertitude sur la solvabilité de certains
clients à la suite de l'augmentation du risque induite par la hausse du
crédit. Ils font montrer qu'en présence d'une information
asymétrique entre préteur et emprunteur, les variations des
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taux débiteurs bancaires ne permettent pas un apurement
efficace du marché de crédit. Dans une telle situation, le
rationnement du crédit qui est la seule réponse optimale aux
variations du taux d'intérêt débiteur impulsés par
les autorités monétaires entraînera une diminution de la
demande via la baisse de l'investissement.
ROMER (2015) observe qu'une politique restrictive
réduit la masse monétaire ce qui conduit à une contraction
du crédit bancaire. Il s'en suit une baisse de l'investissement qui
déprime l'activité économique. CHOWDHURY (2018) a
appliqué l'équation de « SAINT LOUIS » à six
pays Européens, les résultats font ressortir que l'impact de la
politique monétaire sur l'activité économique était
plus important dans trois pays, à l'exception de certaines études
comprenant pour la plupart des pays d'Amérique latine, peu des travaux
ont concerné les pays en développement. TSHIUNZA MBIYE (2010) a
travaillé sur l'analyse des canaux de transmission de la politique
monétaire en République Démocratique du Congo, en
utilisant un modèle vectoriel autorégressif (VAR) avec cinq
variables dont le taux d'intérêt, le taux de change, le canal de
crédit à l'économie, la croissance économique et le
niveau général des prix (inflation). Les données
utilisées dans son étude sont issues des statistiques
monétaires conjoncturelles et celle de l'activité réelle
sur base annuelle. Les tests d'intégration ont permis de détecter
l'inexistence entre les canaux de transmission de la politique monétaire
et le secteur réel. Selon lui la complémentarité des
canaux de transmission de la politique monétaire entraînerait la
stabilité du taux d'inflation et la relance d'une croissance
économique ciblée. Les résultats obtenus montrent que les
impulsions monétaires sont transmises à la sphère
réelle via le taux d'intérêt débiteur en devise
étrangère des banques commerciales. Un choc monétaire de
1% entraîne une diminution de l'activité réelle de 0,5% en
revanche une hausse de l'inflation de 1% entre une régression de
l'activité réelle à 0,04%. Selon NUBUKPO (2012) une
modification du taux directeur engendre une variation des taux bancaires qui
influe sur la demande des biens. En outre la modification du taux directeur
à un impact sur le taux de change (dans les régimes de change
flexible) et par suite sur les prix relatifs des biens et dans les actifs selon
les devises.
FISCHER LUNDGREN et JAHJAH(2013)
Vers une politique monétaire plus efficace
: le cas de la République Démocratique du Congo,
dans cet article analysant les difficultés de la politique
monétaire de la RDC les auteurs ont identifié une relation de
long terme entre l'inflation, la base monétaire et le taux
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de change nominal et ils ont insistés sur le fait que
l'IPC est essentiellement déterminé par le taux de change en
justifiant cette position par la dollarisation de l'économie de la
RDC.
A l'issu de cette étude, les auteurs avancent que la
fragilité de la politique monétaire de la RDC est
expliquée par une forte dollarisation de l'économie, une
situation pouvant perdurer dont la solution passerait par une banque centrale
totalement indépendante et par un ancrage d'une dollarisation
intégrale et un taux de change stable.
Nous avons observé que ces travaux ont de
manière générale parlé de la politique
monétaire tenant compte d'un certains nombres des variables et
aboutissant sur des conclusions divergentes, certains ont fait mention au test
d'analyse d'efficacité de la politique monétaire des pays
avancés où les composantes de la masse monétaires sont
différentes de celles des pays en développement. La
particularité de cette dissertation est soutenue par l'analyse faite que
l'efficacité de la politique monétaire dans un pays en
développement et particulièrement celle de la RDC qui
dépend de la conjoncture internationale et aussi de l'orientation de la
politique budgétaire face à la fluctuation des prix des
matières premières. D'où la question de notre
recherche.
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