2.7. La trappe à liquidité
2.7.1. Description
Une trappe à liquidité (liquiditytrap)
apparaît quand la politique monétaire devient inopérante.
C'est une situation dans laquelle le taux d'intérêt nominal
devient très faible voire nul, sans que cela ne relance
l'activité économique.
Keynes (1936) soutient que les principaux pays
développés étaient enlisés dans une trappe à
liquidité dans les années 30.
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dominerait les autres formes d'épargne (ruée
vers la monnaie). La vente de titres contre de la monnaie augmenterait le taux
d'intérêt. »18 Cela représente une limite
à l'action de la politique monétaire.
Une déflation peut devenir permanente en cas
d'anticipations de déflation future car en réalité le taux
réel aujourd'hui dépend de l'inflation anticipée dans les
années à venir. Avec un taux nominal à zéro, le
taux d'intérêt réel est égal au taux de
déflation anticipé. Il peut alors apparaître un cycle
auto-entretenu déflationniste dans lequel un taux d'intérêt
réel élevé entrave la demande et l'activité qui ne
peut être relancé en raison de la contrainte de positivité
du taux nominal.
Le relâchement quantitatif
Une fois que le taux d'intérêt est à 0, la
Banque Centrale devient normalement impuissante puisqu'elle bute sur la borne
inférieure. Ce n'est pas tout à fait vrai. En 1999, la BOJ
atteint le plancher. En 2002, elle décide de se lancer dans des
opérations dites de relâchement quantitatif (quantitative
easing).
Un premier moyen consiste à rémunérer les
réserves. Les réserves sont comme des dépôts que les
banques détiennent auprès de la Banque Centrale. Ces
dépôts ne sont normalement pas rémunérés.
Dans ces conditions, les banques ont intérêt à ne laisser
que le strict minimum et à prêter aux autres institutions
financières les excédents de liquidité au taux du
marché monétaire. Aujourd'hui, la Fed rémunère les
réserves au taux du marché monétaire. Les banques peuvent
donc détenir des montants croissants de réserves sans les
remettre sur le marché monétaire et donc sans affecter le taux
directeur.
De plus, le gonflement des réserves est une condition
nécessaire mais non suffisante à la reprise de l'activité
de crédits.
Le relâchement quantitatif inclut également
toutes les politiques visant à relancer la création
monétaire et indirectement l'inflation (voir les propositions de
Bernanke dans la partie sur la trappe à liquidité).
18Si le taux nominal est proche de 0, le rendement
de la monnaie, les agents acceptent n'importe quelle combinaison de monnaie et
de titres dans leur portefeuille. LM est donc verticale quand i tend vers 0. Si
i est proche de zéro, le rendement des bons est le même que celui
de la monnaie. Une hausse de M se fait sans douleur pour les agents qui
substituent leurs bons par de la monnaie sans baisse du taux
d'intérêt.
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