UNIVERSITE DE GOMA
«UNIGOM» BP 204 GOMA
FACULTE DE MEDECINE
ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUE, CLINIQUE ET
THERAPEUTIQUE DE LA CIRRHOSE HEPATIQUE
Cas observés à l'Hôpital
Provincial du Nord-Kivu du 1er janvier 2015 au 31 décembre
2016
Par MUHINDO BATUNDI Stanislas
Mémoire présenté et défendu en vue
de
l'obtention du grade de Docteur en Médecine.
Année académique
2015-2016
Directeur : CT Dr Albin SERUGENDO N.
DEDICACE
A mon cher père BATUNDI Déogratias (IN
MEMORIAM)
Vous avez été arraché de mon affection au
moment où je finissais ces études. Vos conseils m'ont toujours
guidé dans mes rapports avec les autres.
Nous avons voulu que ce travail se fasse en votre
présence, mais le dernier mot est revenu au Tout Puissant.
A ma chère mère MASTAAJABU
WETEMWAMI
Ce travail est le fruit de votre affection, votre
générosité et vos multiples efforts et sacrifices, vous
qui avez tout oeuvré pour notre réussite.
Qu'il soit le témoignage de notre indéfectible
affection.
Puisse ce travail m'offrir l'occasion de me rendre digne de vos
conseils et de vous honorer en tout temps.
A mon frère Ladislas A. BATUNDI
Ton soutien, ton amour envers moi et ta compréhension ne
m'ont jamais fait défaut. Ce travail est l'expression de toute ma
reconnaissance.
II
REMERCIEMENTS
Il nous serait ingrat de penser que la réalisation de ce
travail émane de nos efforts personnels ; car la grâce et la
bonté, l'intelligence et la sagesse ainsi que l'amour de Dieu
Tout-Puissant envers nous et plusieurs personnes ont contribué à
sa réalisation.
C'est ainsi que, notre profonde gratitude s'adresse aux
autorités académiques de l'Université de Goma en
général et celles de la faculté de médecine en
particulier qui nous ont donné des enseignements de qualité afin
de servir l'humanité toute entière.
A monsieur le CT Dr ALBIN SERUGENDO N. qui nous a fait un grand
honneur en acceptant de diriger ce travail. Veuillez trouver ici, Monsieur,
l'expression de notre sincère reconnaissance et notre profonde
gratitude.
A l'Hôpital Provincial du Nord-Kivu de nous avoir ouvert
ses portes pour cette étude, et à son personnel soignant pour
l'encadrement, trouver ici nos sincères remerciements.
A mes condisciples, compagnons de lutte Josaphat A. KAHISA,
Domine KWINJA M., Grâce KISUNZU et Papy NTAKOBANJIRA M. Votre bonne
collaboration, soutien, tolérance et conseils trouvent ici
témoignage.
Au Pasteur MUHINDO KAKULE SAIBA, votre collaboration,
tolérance, conseils et soutien trouvent ici témoignage d'une
considération solide.
Au Révérend Père Jean-Bosco KASEREKA M.
Votre soutien témoigne d'une amitié sincère et solide.
Trouvez ici l'expression de toute ma reconnaissance.
A tous mes frères et soeurs, à tous ceux qui nous
sont chers, ami(e)s et connaissances, et à tout celui qui a
contribué de près ou de loin durant notre si long parcours.
Trouvez tous ici le témoignage d'une haute
considération.
III
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
TABLE DE MATIERE iii
RESUME v
SUMMARY vi
SIGLES ET ABREVIATIONS vii
INTRODUCTION 1
Chap. I. GENERALITES SUR LA CIRRHOSE HEPATIQUE 4
I.1. DEFINITION 4
I.2. EPIDEMIOLOGIES ET DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE 4
I.3. ANATOMIE PATHOLOGIQUE 8
I.4. PHYSIOPATHOLOGIE ET SYNDROMES CLINIQUES 8
I.5. DIAGNOSTIC POSITIF 11
I.5.1. Examen clinique 11
I.6. COMPLICATIONS DES CIRRHOSES 14
I.7. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL 20
I.8. EVOLUTION, PRONOSTIC ET SCORE DE GRAVITE 21
I.9. TRAITEMENT DE LA CIRRHOSE HEPATIQUE 22
Chap. II. MATERIEL ET METHODES 25
II.1.Cadre d'étude 25
II.2.Type et période d'étude 25
II.3. Population d'étude 25
II.4. Critères de sélection 25
II.5.Variables d'étude 25
II.6. Méthodes 26
II.6.1. Collecte des données 26
II.6.2.Traitement des données 26
Chap. III. PRESENTATION DES RESULTATS 27
III.1. RESULTAT GLOBAL 27
III.2. LES CARACTERISTIQUES EPIDEMIOLOGIQUES 27
III.2.1. La Fréquence de la cirrhose hépatique
27
III.2.2. Les données socio-démographiques.
28
III.3. MODALITES DIAGNOSTIQUES 29
iv
III.3.1. La Cirrhose hépatique et les
antécédents. 29
III.3.2. Diagnostic de la cirrhose hépatique 29
III.4. LA CIRRHOSE HEPATIQUE ET LES COMPLICATIONS 30
III.5. ASPECT THERAPEUTIQUE 31
III.6. CIRRHOSE HEPATIQUE ET MODALITESE VOLUTIVES 32
Chap. IV. DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES 33
IV.1. LA FREQUENCE DE LA CIRRHOSE HEPATIQUE 33
IV.2. LES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES 33
IV.2.1. L'âge 33
IV.2.2. Sexe 33
IV.2.3. La provenance 34
IV.2.4. L'état civil 34
IV.2.5. La profession 34
IV.3. LES MODALITES DIAGNOSTIQUES 34
IV.3.1. Les Antécédents 34
IV.3.2. La clinique et la paraclinique à l'inclusion
35
IV.4. LES COMPLICATIONS 35
IV.5. LES DONNEES THERAPEUTIQUES 36
IV.6. MODALITES EVOLUTIVES 36
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 38
1. CONCLUSION 38
2. RECOMMANDATIONS 39
AU GOUVERNEMENT 39
AU PERSONNEL MEDICAL 39
A LA POPULATION 39
BIBLIOGRAPHIE 40
V
RESUME
Ce travail a porté sur les aspects
épidémiologique, clinique et thérapeutique de la cirrhose
hépatique à l'Hôpital Provincial du Nord-Kivu du
1er janvier 2015 au 31 décembre 2016.
Les objectifs étaient de déterminer : (1)
la fréquence de la cirrhose hépatique à l'HPNK,
(2) sa distribution selon les aspects
socio-démographiques, (3) ses facteurs
étiologiques, (4) ses modalités diagnostiques et
thérapeutiques et (5) ses modalités
évolutives.
Cette étude rétrospective descriptive à
porté sur un échantillon de 47 patients réalisé sur
base d'un protocole de recherche.
L'analyse basée sur le % a permis de noter les
résultats suivants :
- La fréquence de la cirrhose hépatique est 3,94%
en hospitalisation à l'HPNK.
- 65,95% étaient de sexe masculin ; 59,57% avaient
l'âge d'au moins 40 ans ; 61,70% étaient mariés ; 68,08% ;
avaient des professions ; 46,80% provenaient de la commune de Karisimbi.
- 57,45% étaient alcooliques ; 8,51 étaient
porteurs du virus d'hépatite ; 31,91% utilisaient des produits
traditionnels au long cours.
- 87,23% étaient diagnostiqués cliniquement ; 82,97
sur base des anomalies biologiques au laboratoire.
- 68,08% étaient compliqués d'une hypertension
portale ; 59,57% d'une ascite ; 53,19% d'une Hémorragie digestive et
46,80% d'une Encéphalopathie hépatique.
- Les diurétiques étaient utilisés à
74,46% ; le traitement adjuvant à 70,21% ; les Antibiotiques à
53,19% et les Analgésiques à 40,42%.
- 63,82% étaient sortis avant 7 jours d'hospitalisation et
68,08% étaient sortis améliorés.
En conclusion, la cirrhose hépatique est fréquente
à l'HPNK, environ 2/3 ont des antécédents d'alcoolisme et
20% environ décèdent au décours d'hospitalisation.
Mots clés : Cirrhose hépatique,
Alcoolisme, Hépatite virale.
vi
SUMMARY
This work was about the epidemiological, clinical and therapeutic
aspects of the liver cirrhosis in the Provincial hospital of the North-Kivu
from the january 1st, 2015 to the december 31th, 2016.
The objectives were to determine: (1) the
frequency of the liver cirrhosis to the PHNK, (2) its
distribution according to the socio-demographic aspects, (3)
its etiological factors, (4) its diagnostic and
therapeutic modes and (5) its evolutionary modes.
This descriptive retrospective survey carried on a sample of 47
patients achieved on basis of a research protocol.
The analysis based on the % permitted to note the following
results:
- The frequency of the liver cirrhosis is 3,94% in
hospitalization to the PHNK.
- 65,95% were of masculine sex; 59,57% had the age of at least 40
years; 61,70% were married; 68,08%; had some professions; 46,80% came from the
township of Karisimbi.
- 57,45% were alcoholic; 8,51 were carriers of the hepatitis
virus; 31,91% used traditional products to the long course.
- 87,23% were diagnosed clinically; 82,97 on basis of the
biologic anomalies to the laboratory.
- 68,08% were complicated of a portal hypertension; 59,57% of an
ascite; 53,19% of a digestive hemorrhage and 46,80% of a liver
encephalopathy.
- The diuretics were used to 74,46%; the adjuvant treatment to
70,21%; the antibiotics to 53,19% and the analgesics to 40,42%.
- 63,82% had come before 7 days out of hospitalization and 68,08%
had left improved.
In conclusion, the liver cirrhosis is frequent to the PHNK, about
2/3 have the antecedents of alcoholism and about 20% die during the
hospitalization.
Key words: Liver cirrhosis, Alcoholism, Viral
hepatitis.
VII
SIGLES ET ABREVIATIONS
umol/l : Micromole /litre
ADH : Hormone Anti Diurétique
AFP : Alpha Foeto Protéine
Ag : Antigène
ALAT : Alanine Amino-Transférase
ASAT : AspartateAmino-Transférase
CHC : Carcinome Hépato cellulaire
CVC : Circulation veineuse Collatérale
HDH : Hémorragie Digestive Haute
HPNK : Hôpital Provincial du Nord-Kivu
HPM : Hépatomégalie
HTA : Hypertension Artérielle
HTP : Hypertension Portale
Ig : Immunoglobine
IHC : Insuffisance Hépato Cellulaire
mg/dl : milligramme /décilitre
Ml/min : milli Litre /minute
mmHg : Millimètre de mercure
mmol/l : Milli mol/litre
OMI : OEdème des Membres Inférieurs
PBH : Ponction Biopsie Hépatique
PNN : Poly Nucléaire Neutrophile
RDC : République Démocratique du Congo
SNC : Système Nerveux Central
TDM : Tomodensitométrie
TIPS : Transjugular Intrahepatic Portosystemic Shunt
TP : Taux de Prothrombine
UI/L : Unité Internationale/Litre
VHB : Virus de l'Hépatite B
VHC : Virus de l'Hépatite C
VHD : Virus de l'Hépatite D
VO : Varice oesophagienne
1
INTRODUCTION
La cirrhose est le stade majeur du développement de la
fibrose hépatique induite par la plupart des maladies chroniques du
foie. Elle est définie par l'existence d'un trouble architectural diffus
du parenchyme hépatique caractérisé par l'existence d'une
fibrose entourant des nodules hépatocytaires dits de
régénération [1].
C'est le stade ultime de l'évolution de la plupart des
maladies chroniques du foie, représente une préoccupation majeure
pour les praticiens. C'est une maladie chronique diffuse,
caractérisée par une inflammation, une nécrose, une
fibrose et la formation des nodules. Le pronostic de cette affection tient
à la survenue de complications graves, comme l'hypertension portale
(HTP), l'insuffisance hépatocellulaire (IHC) et le carcinome
hépatocellulaire (CHC).
Ce pronostic pourrait être amélioré si
certains traitements spécifiques (pharmacologique, endoscopiques,
radiologiques), plus appropriés, étaient disponibles dans notre
contexte [1]. Toutes les maladies chroniques du foie, quelles
qu'en soient les causes, peuvent aboutir à la constitution d'une
cirrhose lorsque leur évolution est prolongée. Habituellement, la
cirrhose ne se constitue qu'après au moins 10 à 20 ans
d'évolution d'une maladie chronique du foie [2].
Selon les étiologies qui sont diverses, la cirrhose
hépatique est plus fréquemment d'origine toxique (alcool),
infectieuse (virus B et C en cas d'Hépatite), métabolique
(hémochromatose) ou mécanique (obstacle biliaire). L'alcoolisme
chronique est la première cause de cirrhose en France (environ 90 % des
cas de cirrhose chez l'homme, 70% des cas de cirrhose chez la femme). Le risque
de cirrhose alcoolique dépend de la quantité d'alcool
consommée et commence avec une ingestion quotidienne de 60g-100g
d'alcool pour l'homme et 20-40g pour la femme, ceci pendant 10 à15. La
prévalence de la cirrhose symptomatique chez les buveurs excessifs est
de l'ordre de 10 % [3].
Cette cirrhose alcoolique, aux Etats unis, est responsable de
plus de 25000 décès par an et sa prévalence pourrait
être proche de 1% de la population générale
[4].
2
En France, la prévalence de la cirrhose est estimée
à 1 500 à 2 500 cas par million
d'habitants avec une incidence annuelle de 150 à 200
cas par million d'habitants. Sur cette population environ 100.000 malades
sont symptomatiques [5]. Seule une petite proportion
estimée à environ 6% des malades susceptibles de
décéder de cirrhose alcoolique est transplantée
[6].
Mais toute fois un faible pourcentage de cirrhose peut
provenir d'une infection virale chronique; un cas plus fréquent et
palpable lors des voyages dans les pays aux conditions hygiéniques
insuffisantes. Par exemple: l'Europe de l'Est, l'Asie, l'Océanie,
l'Afrique, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud
[7]
Selon l'OMS 350 millions d'individus souffrent d'une
hépatopathie chronique, dans le monde et l'Afrique en compterait 60
millions avec un quart de décès par an [8]. La
cirrhose décompensée et le CHC ont représenté ont
représenté 10% du recrutement en médecine
hospitalière au Gabon en 1993 [9].
En 2002 la cirrhose représentait 5,8% des
hospitalisations au Burkina Faso [10]. Au Mali en 1996 la
cirrhose et le CHC étaient les premières causes de
moralité chez l'adulte jeune (37,64%) en médecine interne
[11].
En 1999 au Congo la cirrhose occupait le troisième rang
(22,4%) des affections hépatiques après les hépatites
virales (30,9%) et les abcès hépatiques (27,3%)
[12]. Les cirrhoses observées dans le pays tropicaux
(tiers monde) sont dans la grande majorité des cas de type
post-nécrotique.
La République Démocratique du Congo se trouve
parmi les pays où s'observe une fréquence élevée de
la cirrhose [12].
A l'occasion de la journée mondiale contre les
hépatites, dans le journal officiel de la radio okapi publié le
08/08/2015, il est dit qu'en RDC, 6000000 de congolais sont porteurs chroniques
d'hépatites. Six cents mille d'entre eux mourront de cirrhose de foie.
Ces chiffres de la direction de la surveillance épidémiologique
au Programme élargi de vaccination ont été
présentés le lundi 29 juillet au cours d'une journée de
réflexion organisée à Kinshasa par l'ONG Progrès
Santé à l'occasion de la célébration de la
journée mondiale contre les hépatites. [13]
3
La principale étiologie, l'alcool serait fortement
favorisé par la sous alimentation qui est un facteur favorisant dans la
constitution d'une cirrhose. On observe cette fréquence dans de grandes
villes où il y a plusieurs brasseries et produits alcooliques mais aussi
dans des villages où il y a une forte production artisanale de l'alcool
[12].
Nous avons entrepris cette étude dans le but
d'apprécier les aspects évolutifs de la cirrhose sur une
période de deux ans de suivi à l'HPNK.
Pour arriver à la fin, nous nous sommes posés la
question de savoir :
Quel est l'aspect épidémiologique, clinique et
thérapeutique de la cirrhose hépatique à l'Hôpital
provincial du Nord-Kivu ?
Notre Objectif général est de :
Déterminer les aspects épidémiologique,
clinique et thérapeutique de la cirrhose hépatique à
l'Hôpital provincial du Nord-Kivu.
Nos objectifs spécifiques sont les suivants :
? Déterminer la fréquence de la cirrhose
hépatique à l'HPNK ;
? Déterminer la distribution selon les aspects
socio-démographiques ; ? Déterminer les facteurs
étiologiques de la cirrhose hépatique à l'HPNK; ?
Déterminer les modalités diagnostiques et thérapeutiques
de la cirrhose; ? Déterminer les modalités évolutives de
la cirrhose hépatique à l'HPNK.
Ainsi, le choix de notre sujet a été
motivé par la fréquence des personnes avec les signes de cirrhose
hépatique traitées à l'Hôpital provincial du
Nord-Kivu.
4
Chap. I. GENERALITES SUR LA CIRRHOSE
HEPATIQUE
I.1. DEFINITION
L a cirrhose est l'aboutissement d'un phénomène
inflammatoire chronique du foie conduisant à une accumulation de fibrose
et à une modification de l'architecture du foie. La définition de
la cirrhose est anatomopathologique : c'est l'existence d'une fibrose annulaire
avec des nodules de régénération.
C'est une affection diffuse du foie et habituellement
irréversible. Elle peut être micro ou macronodulaire. Cette
anomalie architecturale du foie conduit à 3 conséquences :
? une insuffisance hépatocellulaire liée
à la diminution du nombre d'hépatocytes et à leur mauvaise
vascularisation ;
? un obstacle du flux sanguin portal entraînant en amont
du foie une hypertension portale (HTP) avec formation de voies de
dérivation notamment, de varices oesophagiennes qui peuvent saigner ;
? un état précancéreux
prédisposant à l'apparition d'un carcinome
hépatocellulaire (CHC) après 10 à 20 ans
d'évolution [14].
I.2. EPIDEMIOLOGIES ET DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE DE LA
CIRRHOSE
HEPATIQUE
La cirrhose du foie s'observe à tout âge, et elle
entraine souvent une morbidité prolongée. Elle se manifeste
souvent chez l'adulte jeune, et elle constitue une cause importante de
décès prématurés [4].
1. Causes infectieuses :
On incrimine beaucoup plus le virus de
l'hépatite C (VHC) qui occupe 12% de toutes les cirrhoses
d'origine infectieuse en France, avec signes évocateurs : toxicomanie,
transfusion ; par contre le virus de l'hépatite B (VHB)
n'occupe que 3% dans cette classe, avec comme signes
évocateurs : toxicomanie, transfusion, transmission materno-infantile
[15].
5
Les arguments en faveur sont :
? Pour le virus de l'hépatite C (VHC) : la
sérologie positive et l'aspect histologique ;
? pour le virus de l'hépatite B (VHB) : le diagnostic est
facile si la réplication virale
persiste avec présence d'Ag HBs et d'ADN du VHB dans le
sérum.
Si le diagnostic est fait à la phase inactive, le malade
peut être porteur uniquement des
anticorps anti-HBc et anti-HBs [14].
La sérologie permet de retrouver les marqueurs viraux : Ag
HBs, et Ac Anti VHC.
Dans les cirrhoses virales les nodules sont de grande taille
[16].
2. Causes toxiques :
a) Alcoolisme :
L'alcoolisme constitue la première cause de cirrhose
hépatique en France avec une proportion de 70% de toutes les cirrhoses
en France ; les signes évocateurs sont les suivants: signes
d'intoxication alcoolique aiguë et/ou chronique, Syndrome de sevrage
[15]. Les arguments en faveur sont : la forte consommation
d'alcool, la forte augmentation du volume globulaire moyen et de la gamma-GT
s'améliorant au sevrage, une augmentation modérée des ASAT
supérieure aux ALAT, des lésions de foie alcoolique sur la
biopsie hépatique [14] ; les principaux
éléments orientant vers une origine alcoolique chez un malade
atteint d'une cirrhose sont l'existence d'une intoxication chronique, actuelle
ou ancienne et l'absence d'autres causes.
Les signes cliniques liés à l'alcoolisme sont :
pituites matinales, tremblement des extrémités, hypertrophie
parotidienne, polynévrite, anorexie, varicosité des pommettes,
délire, encéphalopathie carentielle.
Biologiquement le syndrome inflammatoire avec augmentation
des IgA, GGT, ASAT > ALAT, anémie macrocytaire mais surtout
hyperleucocytose.
Histologiquement, la cirrhose alcoolique est de type
micronodulaire, foyers d'hépatite alcoolique aiguë, stéatose
hépatocytaire, corps de Mallory [16].
b) Médicaments :
Les cirrhoses médicamenteuses occupant 1% de toutes les
cirrhoses en France [15].
Elles sont dues à l'hépatite
médicamenteuse chronique secondaire à la prise prolongée
de certains médicaments (l'amiodarone, l'alpha méthyldopa,
l'isoniazide, la clométhacine,
6
exceptionnellement le méthotrexate ou la vitamine A).
Cette hépatite médicamenteuse chronique peut aboutir à la
constitution d'une cirrhose hépatique [16].
3. Causes métaboliques:
c) Hémochromatose génétique et
surcharge secondaire en fer
Elle occupe une proportion de 3% de toutes les cirrhoses en
France dont il est important, en outre des signes cliniques de la cirrhose, de
savoir l'histoire familiale du malade (antécédents familiaux),
son origine géographique, de rechercher la notion de diabète,
d'arthropathies, de cardiopathies, de mélanodermie, d'hypogonadisme
[15].
Elle se caractérise par l'élévation du fer
sérique, du coefficient de saturation de la sidérophiline
(supérieur à 45 %) et de la ferritine (supérieur à
1000 ug/l).
La TDM : Augmentation nette de la densité du foie
(supérieur à 60 unités houndsfield). Les lésions
histologiques : Surcharge ferrique diffuse et importante
(appréciée à la coloration de Perls) dans les
hépatocytes et les cellules de kupffer et confirmée au moindre
doute par le dosage du fer (supérieur à 100 micro mol/g de poids
sec de foie) [16 ; 3].
Biologiquement, la recherche de la mutation du gène HFE
en position C 282Y, H63D, C 282Y/H63D (hétérozygotie composite)
est très importante [16].
d) Maladie de Wilson
C'est une maladie génétique très rare
transmise sur le mode autosomique récessif (le gène a
été identifié sur le chromosome 13), liée à
une accumulation de cuivre dans l'organisme (particulièrement foie, SNC,
oeil). Une anémie hémolytique est souvent associée
[16].
En l'absence de traitement spécifique, évolution
inexorable mortelle par atteinte hépatique.
e) Déficit en Alpha 1 antitrypsine
Il occupe aussi moins de 1 % de toutes les cirrhoses en France
et son diagnostic se base sur l'histoire de la maladie
[15].
f) Stéatohépatite non alcoolique
(NASH)
Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France et son
diagnostic découle de l'histoire pondérale du malade
[15].
g) Collagénose de type IV, galatosémie,
tyrosinémie [15].
7
4. Causes biliaires :
h) Cirrhose biliaire primitive
Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France. Elle n'est
responsable d'une cirrhose qu'à un stade évolué
[15].
Les arguments en faveur sont :
- Le terrain : femme de plus de 40 ans.
- Des manifestations extra-hépatiques auto-immunes.
- Une cholestase clinique ou biologique.
- L'augmentation importante des IgM, et surtout la
présence à un titre élevé d'anticorps
anti-mitochondries (de type M2) présent dans 90% des cas et/ou
d'anti-corps anti-enveloppe nucléaire (anti-P 200) présent dans
25 % des cas.
- L'histologie, en sachant qu'au stade de cirrhose les
lésions caractéristiques sont habituellement absentes
[16].
i) La cholangite sclérosante primitive
:
Elle occupe 1% de toutes les cirrhoses hépatiques
[15].
Il existe une prédominance masculine, une association avec
les antigènes HLA B8 et DR3 et avec une recto-colite hémorragique
(70%) parfois quiescente. L'échographie abdominale et
l'écho-endoscopie peuvent montrer un épaississement de la paroi
des voies biliaires intra et extra-hépatiques, mais l'examen clef est la
cholangiographie (habituellement réalisée par voie
rétrograde) qui montre typiquement des sténoses multiples courtes
et annulaires [16].
5. Cause auto-immune :
j) Hépatite auto-immune
Les arguments en faveur de diagnostic sont :
- Le terrain : femme jeune, association à d'autres
affections auto-immunes.
- L'hypergamma-globulinémie importante.
- La présence d'auto-anticorps anti-muscle lisse et
anti-nucléaire (hépatite auto-immune de type I) ou antimicrosomes
de foie et de rein, anti LKM1 (hépatite auto- immune de type II, plus
rare) [16].
6.
8
Causes vasculaires:
Ce sont l'insuffisance cardiaque droite, le syndrome de
Budd-Chiari et les maladies veino-occlusives. [16]
7. Cirrhose cryptogénétique
Elle occupe 2% de toutes les cirrhoses en France.
Exceptionnellement aucune cause n'est trouvée, la cirrhose
est dite « idiopathique » ou cryptogénétique
[16].
I.3. ANATOMIE PATHOLOGIQUE
Les modifications affectent la totalité du foie, mais
pas nécessairement chaque lobe. L'évolution de la cirrhose est
graduelle et progressive, et de ce fait les foies cirrhotiques ont un aspect
infiniment variable, limitant l'utilité des classifications anatomiques
[4]. La classification actuelle distingue :
- Les cirrhoses micronodulaires :
caractérisées par des septa conjonctifs de même
épaisseur, des nodules de régénération ayant
approximativement la taille des lobules d'origine (1 mm de diamètre), et
par l'atteinte de chaque lobule ; et
- Les cirrhoses macronodulaires : dans
lesquelles les septa conjonctifs sont d'épaisseur variable, les nodules
ont des tailles très différentes, certains étant de grande
taille et contenant des lobules histologiquement normaux
[4].
Les cirrhoses micronodulaires tendent à évoluer
progressivement en cirrhose macro-nodulaires, et des formes
intermédiaires mixtes s'observent [4].
I.4. PHYSIOPATHOLOGIE ET SYNDROMES CLINIQUES
A. Le déséquilibre entre synthèse
et dégradation de la matrice extracellulaire
? La fibrose hépatique est en rapport avec le
dépôt de constituants matriciels (collagène,
glycoprotéines non-collagéniques, protéoglycanes, fibres
élastiques) synthétisés essentiellement par les cellules
stellaires du foie.
? Les cellules stellaires sont activées par
différents mécanismes, fonction de la cause de la cirrhose. En
cas d'intoxication alcoolique, l'acétaldéhyde en se couplant
à certaines protéines (albumine, hémoglobine ...) donne
des adduits qui vont perturber les fonctions des microtubules, avec
inflammation puis fibrose cicatricielle [15]
9
B. L'insuffisance hépatocellulaire (IHC)
? Physiopathologie
II existe une diminution de la masse fonctionnelle
hépatocytaire en rapport avec :
? La cause de la cirrhose : nécrose
immunomédiée en cas d'hépatite virale B, toxicité
de l'alcool via la peroxydation lipidique en cas de cirrhose alcoolique..
? La cirrhose elle-même : modification de la
vascularisation intra- hépatique par la fibrose avec comme corollaire
diminution de l'apport vasculaire aux hépatocytes ; et mort de ces
derniers [15].
II existe de manière variable une :
Diminution des fonctions de synthèse : hypo
albuminémie, hypoprothrombinémie,
hypocholestérolémie ;
Diminution des fonctions d'épuration :
encéphalopathie hépatique, signes d'hyperoestrogénie,
angiomes stellaires ;
Diminution des fonctions biliaires : ictère à
bilirubine conjuguée, nécessitée d'adapter la posologie
des médicaments avec une élimination
biliaire[15].
Le Syndrome d'lHC est fait de :
Asthénie physique.
Foetor hépatique : odeur douceâtre de l'haleine.
Encéphalopathie hépatique. Ictère à
bilirubine conjuguée.
Signes cutanés : angiomes stellaires, érythrose
palmaire, ongles blancs, hippocratisme digital.
Signes endocriniens :
V' chez l'homme : hypogonadisme, féminisation
(gynécomastie, dépilation... .) ;
V' chez la femme : aménorrhée et
stérilité, Syndrome hémorragique : par
hypoprothrombinémie et/ou thrombopénie. [15]
C.
10
L'hypertension portale (HTP)
? Physiopathologie
Le débit sanguin intra-parenchymateux est ralenti par 2
phénomènes :
- Une fixée : la fibrose qui crée un
bloc intra-hépatique ;
- Une modulable : les phénomènes
vasomoteurs intra-hépatiques ; diminution de la production
intra-hépatique de monoxyde d'azote (NO) (vasodilatateur) et
augmentation de la synthèse intra-hépatique d'endothéline
(vasoconstricteur).
La définition de I'HTP est hémodynamique :
élévation de la pression dans la veine porte au-dessus de 10 mmHg
et/ou un gradient de pression entre le territoire portal et le territoire cave
au-dessus de 5 mm Hg. [15]
Le Syndrome d'HTP est fait de :
- Splénomégalie avec
ou sans hypersplénisme.
- Circulation veineuse collatérale
abdominale : visibilité anormale des veines
sous-cutanées liées au développement d'anastomoses
porto-caves. Le siège le plus fréquent est l'épigastre,
parfois entre l'ombilic et l'appendice xyphoïde. L'aspect en «
tête de méduse »
péri-ombilicale est rencontré dans le syndrome de Cruveilhier-
Baumgarten due à une reperméabilisation de la veine
para-ombilicale à partir de la branche gauche de la veine porte.
- Ascite [15].
D. Ascite
? Physiopathologie :
L'ascite n'apparaît que si deux conditions sont
réunies : une hypertension portale (HTP) et une rétention
hydro-sodée :
- La rétention hydro-sodée est induite par
l'insuffisance hépatocellulaire (IHC) : l'IHC induit une stimulation du
système rénine-angiotensine et donc un
hyperaldostéronisme; l'hyperaldostéronisme entraîne une
réabsorption du sodium et de l'eau au niveau du tube distal du rein.
- L'HTP localise la rétention hydrosodée dans la
cavité péritonéale. [3]
11
? Diagnostic :
- Il existe une matité des flancs, mobile et
déclive.
- L'ascite est souvent associée à des signes
d'HTP et/ou d'IHC, à des oedèmes des membres inférieurs
(mous, indolores, prenant le godet), plus rarement à un
épanchement pleural (habituellement droit).
- Il existe une oligurie avec natriurèse basse.
- Il faut rechercher systématiquement un facteur
favorisant : hémorragie digestive, infection bactérienne
(septicémie ou infection du liquide d'ascite), hépatite
alcoolique aiguë, hépatite virale active, écart de
régime hyposodé ou arrêt des diurétiques, survenue
d'un carcinome hépatocellulaire. [3]
Ponction d'ascite :
- Le liquide est habituellement jaune-citrin.
- Il s'agit d'un transsudat, contenant 5 à 25 g/l de
protides, stérile.
- Quand l'ascite ne répond plus au régime
désodé ou aux diurétiques, on parle d'ascite
réfractaire. [3]
I.5. DIAGNOSTIC POSITIF
I.5.1. Examen clinique
A. L'interrogatoire recherche une
intoxication alcoolique, un antécédent médicamenteux au
long cours, un antécédent d'ictère et d'hépatite
virale ou des facteurs de risque (transfusion sanguine, toxicomanie
intraveineuse). Il recherche aussi les signes fonctionnels
(hématémèse, méléna, asthénie,
anorexie, dyspepsie, douleur abdominale, prurit). [16]
B. Examen physique
Il peut être normal. Cliniquement, le diagnostic peut
être fortement suspecté
devant :
y' La palpation d'un foie de consistance ferme, à bord
inférieur tranchant, de surface lisse ou finement nodulaire;
y' Des signes d'IHC (tels que des angiomes stellaires, une
érythrose palmaire, un hippocratisme digital, un ictère, un
astérixis et un foetor hépaticus), une gynécomastie chez
l'homme, un hypogonadisme, une aménorrhée et une
stérilité chez la femme;
12
? Des signes d'HTP: splénomégalie classée
en trois type selon Hackett, circulation veineuse collatérale,
ascite. [17]
I.5.2. Examens paracliniques
1. Biologie
Aucun examen biologique n'est spécifique. Les anomalies
rencontrées sont:
1. Un syndrome d'insuffisance hépatocellulaire:
notamment taux de prothrombine (TP) bas, hypo albuminémie,
hypocholestérolémie, hypoglycémie;
2. Une cholestase biologique: hyper bilirubinémie
à prédominance conjuguée, augmentation des phosphatases
alcalines et des gamma GT ;
3. Une cytolyse hépatique: élévation des
transaminases (ASAT, ALAT) ;
4. Un syndrome inflammatoire: accélération de
la vitesse de sédimentation (VS), bloc beta-
gamma.
En cas de diminution du TP, la baisse du facteur V (seul facteur
non vitamine Kdépendant
du complexe prothrombinique) permet d'imputer cette anomalie
à l'IHC.
Différentes anomalies hématologiques sont
fréquemment observées:
? Une anémie aiguë due à une hémorragie
digestive,
? Une anémie normocytaire, leucopénie ou
thrombopénie dues à l'hypersplénisme,
? Une anémie ou thrombopénie transitoire dues
à la toxicité de l'alcool,
? Une macrocytose due à l'alcool. [17]
2. Examens morphologiques
Les examens morphologiques peuvent montrer des anomalies du foie
lui-même, des signes d'hypertension portale ou des complications
tumorales.
L'échographie abdominale doit
être systématique; elle permet de
préciser: la taille du foie, l'aspect des contours (lisses ou
bosselés), l'homogénéité du parenchyme
hépatique, l'échogénicité (normale ou
augmentée), l'existence de signes d'HTP (élargissement du tronc
porte et de la veine splénique, ascite, splénomégalie,
reperméabilisation de la veine ombilicale), la présence d'un
obstacle sur les voies biliaires.
La tomodensitométrie n'est
effectuée qu'en cas de suspicion de carcinome
hépatocellulaire.
L'endoscopie oesogastroduodénale est
un examen primordial pour rechercher des signes d'HTP: varices oesophagiennes
ou gastriques, aspect en mosaïque de la muqueuse gastrique (gastropathie
congestive).
13
Une classification en trois stades est utilisée:
? Stade 1: varices disparaissant à
l'insufflation (< 5 mm) ;
? Stade 2: varices ne disparaissant pas
à l'insufflation mais non confluentes (grosses varices > 5 mm) ;
? Stade 3: varices ne disparaissant pas
à l'insufflation et confluentes, Signes rouges:
Ils sont divisés en quatre catégories, les
taches hémato-kystiques, les macules rouges cerise, les zébrures
rouges et la rougeur diffuse. [16]
3. Biopsie hépatique
Seul examen qui apporte le diagnostic de certitude montrant:
une nécrose hépatocytaire, une fibrose et des nodules de
régénération.
Elle est effectuée par voie percutanée,
après anesthésie locale, au niveau de la ligne axillaire moyenne
droite, lorsque l'hémostase le permet, après réalisation
d'une échographie montrant l'absence de dilatation des voies biliaires
intrahépatiques.
Une biopsie par voie veineuse transjugulaire peut
également être effectuée, mais le fragment est
habituellement de plus petite taille. Cet abord veineux permet aussi de mesurer
le gradient de pression entre la veine sushépatique et la pression
sus-hépatique bloquée qui reflète la pression
sinusoïdale.
Les contre-indications de la ponction-biopsie hépatique
sont les troubles majeurs de la coagulation, l'existence d'une dilatation des
voies biliaires, la présence d'ascite, d'angiome ou de kyste
hydatique.
Les complications de la PBH sont l'hémo-péritoine,
le cholé-péritoine, le pneumothorax, le malaise vagal.
[1]
4. Autres examens
Il existe des méthodes récentes de diagnostic
non invasif de la cirrhose. Ce sont des méthodes d'évaluation de
la fibrose hépatique. Il s'agit du fibroscan et des tests sanguins
à travers des scores biologiques composites. Ces nouvelles
méthodes représentent des alternatives à la PBH.
? Le fibroscan: c'est une
élastographie impulsionnelle ultrasonore qui permet de quantifier de
façon instantanée et non invasive le degré de fibrose du
foie. Pour cela on peut engendrer une petite vibration à la surface de
la peau à l'aide d'une sonde échographique modifiée, puis
mesurer la vitesse de déplacement de cette
14
15
16
vibration. Plus la vibration se déplace vite, plus le foie
est dur et plus la fibrose est importante.
? Les tests sanguins:
- Le fibrotest: c'est un test sanguin non invasif
associant cinq marqueurs sériques (la bilirubine totale, la GGT,
l'haptoglobine, l'alpha 2-macro globine et l'apoliprotéine A1).
L'actitest associé au fibrotest nécessite en plus le dosage des
transaminases.
- Le fibromètre: c'est un test diagnostic non
invasif de mesure de la sévérité de certaines maladies
chroniques du foie, réalisé à partir d'une simple prise de
sang. Une ordonnance de fibromètre comprend une combinaison de 4
à 9 marqueurs parmi les suivants: acide hyaluronique, alpha
2-macroglobuline, ALAT, ASAT, bilirubine totale, derritine, GGT,
glycémie, plaquettes, TP, urée. Les fibromètres sont
adaptés à chaque étiologie et précisent, en plus du
score de fibrose, le pourcentage de fibrose dans le foie, appelé aire de
fibrose. Il existe un fibromètre pour les hépatopathies d'origine
virale, alcoolique et métabolique. [16]
I.6. COMPLICATIONS DES CIRRHOSES
La prise en charge des complications de la cirrhose doit
comprendre la complication elle même, mais aussi le facteur favorisant
son aggravation qui doit être recherché systématiquement
[14].
A. HEMORRAGIES DIGESTIVES
(Hématémèse, mélaena)
L'HD est la 2e cause de mortalité chez le
cirrhotique. La survenue d'une HD en rapport
avec une HTP signe un tournant dans l'histoire naturelle du
cirrhotique. L'HD est due à :
- Une rupture de VO dans 70-80 % des cas
- Une rupture de varices gastriques dans 10 % des cas, et
- Dans 20 % des cas à un ulcère, des
ulcérations gastroduodénales, un syndrome de Mallory-Weiss.
[15]
Le pronostic est fonction :
? De la sévérité de l'hémorragie
digestive
? Du degré d'insuffisance hépatocellulaire (score
de Child-Pugh). [15]
o Physiopathologie
- L'HTP se définit par une pression portale
supérieure à la pression cave (gradient hépatique) de plus
de 5 mmHg, ou par une augmentation de la pression portale au-dessus de 15 mmHg.
Le risque d'hémorragie digestive apparaît lorsque le gradient est
supérieur à 12 mmHg.
- Dans la cirrhose, elle est due à un bloc
intra-hépatique.
- L'HTP entraîne le développement d'une circulation
collatérale.
- Les varices oesophagiennes (VO) sont très
fréquentes. Elles siègent le plus souvent au niveau du tiers
inférieur de l'oesophage.
Le risque principal des VO est leur rupture qui se traduit
par une hémorragie digestive haute. Les varices gastriques
(cardio-tubérositaires) sont moins fréquentes.
[3]
o Diagnostic
L'hémorragie digestive peut se révéler
par une hématémèse et/ou un méléna, et/ou
une hématochesie (en cas d'hémorragie abondante), ou des
rectorragies (en cas varices ectopiques), une anémie et/ ou un
état de choc hypovolémique. Tout cirrhotique qui va mal doit
avoir en urgence un toucher rectal et, au moindre doute, un sondage gastrique
et une numération-formule sanguine pour ne pas méconnaître
une hémorragie digestive non extériorisée.
L'endoscopie oeso-gastro-duodénale est
réalisée après contrôle de l'hémodynamique.
Le plus souvent (75 % des cas), il s'agit d'une rupture de varice oesophagienne
ou gastrique. Le diagnostic d'hémorragie d'origine variqueuse est
certain quand le saignement persiste pendant l'examen ou s'il existe un caillot
adhérent sur une varice. D'autres causes d'hémorragie digestive
sont fréquentes chez le cirrhotique: gastropathie hypertensive,
ulcère gastro-duodénal, syndrome de Mallory-Weiss,oesophagite,
cancer de l'oesophage.
En effet, elle majore l'insuffisance hépatocellulaire
et augmente le risque d'encéphalopathie hépatique.
[3]
B. ASCITE
a) Physiopathologie
L'ascite n'apparaît que si deux conditions sont
réunies : une hypertension portale (HTP) et une rétention
hydrosodée :
? La rétention hydrosodée est induite par
l'insuffisance hépatocellulaire (IHC) : l'IHC induit une stimulation du
système rénine-angiotensine et donc un hyperaldostéronisme
l'hyperaldostéronisme entraîne une réabsorption du sodium
et de l'eau au niveau du tube distal du rein.
? L'HTP localise la rétention hydrosodée dans la
cavité péritonéale. [3]
b) Diagnostic :
- Il existe une matité des flancs, mobile et
déclive.
- L'ascite est souvent associée à des signes
d'HTP et/ou d'IHC, à des oedèmes des membres inférieurs
(mous, indolores, prenant le godet), plus rarement à un
épanchement pleural (habituellement droit).
- Il existe une oligurie avec natriurèse basse.
- Il faut rechercher systématiquement un facteur
favorisant : hémorragie digestive, infection bactérienne
(septicémie ou infection du liquide d'ascite), hépatite
alcoolique aiguë, hépatite virale active, écart de
régime hyposodé ou arrêt des diurétiques, survenue
d'un carcinome hépatocellulaire. [3]
c) Complications de l'ascite
? Hernie ombilicale, rupture de l'ombilic ;
? Infection du liquide d'ascite [16] : un taux faible de
protides (inférieur à 10g/l) dans l'ascite prédispose
à l'infection spontanée du liquide d'ascite.
La récidive est fréquente. Le diagnostic repose
sur la numération des polynucléaires neutrophiles et le
résultat des cultures bactériologiques. [20]
Ponction d'ascite
- Le liquide est habituellement citrin.
- Il s'agit d'un transsudat, contenant 5 à 25 g/l de
protides, stérile.
17
18
- Quand l'ascite ne répond plus au régime
désodé ou aux diurétiques, on parle d'ascite
réfractaire. [6]
Ascite réfractaire: Une ascite
réfractaire est définie par une ascite qui ne peut pas être
mobilisée. Elle se manifeste par la récidive précoce d'une
ascite qui ne peut pas être prévenue par le traitement
médical.
On rencontre deux sous types: l`ascite résistante aux
diurétiques, où l'association restriction hydrosodée et
diurétiques est inefficace, et l'ascite intraitable où
l`utilisation de diurétiques est efficace mais induit des complications
sévères qui contre-indiquent leur utilisation.
C. SYNDROME HEPATORENAL
o Définition:
II s'agit d'une insuffisance rénale fonctionnelle. En
effet, il n'y a aucune lésion organique des reins et la transplantation
hépatique rétablit une fonction rénale normale.
[15]
o Physiopathologie
Il désigne une insuffisance rénale
fonctionnelle, qui complique les cirrhoses graves avec ascite et qui est due
à la vasoconstriction des artères rénales
[3].
o Diagnostic
Le diagnostic du syndrome hépator-énal a
récemment fait l'objet d'une conférence de consensus.
Les critères majeurs retenus sont :
- Augmentation de la créatinine > 130 mmol/l ou
clairance de la créatinine < 40 ml/min en dehors de l'administration
de diurétiques.
- Les autres causes d'insuffisance rénale doivent
être éliminées, en particulier les nécroses
tubulaires secondaires à des médicaments (aminosides, AINS) ou
à des chocs hémorra-giques ou septiques.
- Absence d'amélioration de la fonction rénale
après arrêt de la prise de diurétiques ou administration
d'une expansion volémique. Dans la situation inverse, le diagnostic de
syndrome hépato-rénal peut être éliminé.
- Protéinurie < 500 mg!j et absence de
manifestation échographique en faveur d'une uro-pathie obstructive ou
d'une maladie du parenchyme rénal.
Les Critères mineurs (un syndrome
hépato-rénal peut se voir sans ces critères) :
- Diurèse < 500 ml! 24 heures.
- Na+ urinaire < 10 mmol!l.
- Osmolalité urinaire >osmolalité
plasmatique.
- Absence d'hématurie.
- Hyponatrémie de dilution < 130 mmol!l.
o Traitement
Le traitement repose sur le traitement d'une
éventuelle cause déclenchante, l'expansion volémique (le
plus souvent par albumine) et les analogues de la vasopressine, en particulier
la terlipressine. [3]
D. ENCEPHALOPATHIE HEPATIQUE
o Définition
Ensemble des complications neuro-psychiques en rapport avec
I'IHC, donc sans lésion organique cérébrale.
[15]
o Physiopathologie
- L'encéphalopathie est liée à
l'insuffisance hépatocellulaire (IHC) et favorisée par le
développement d'anastomoses porto-systémiques.
- Elle serait la conséquence de l'effet de substances
neurotoxiques produites par l'intestin et normalement détruites par le
foie (comme l'ammoniaque ou le GABA), mais qui échappent à la
destruction hépatique du fait de l'IHC ou en empruntant des anastomoses
porto-caves. [3]
o Diagnostic
- L'encéphalopathie hépatique est de diagnostic
clinique et comporte trois stades de gravité
croissante :
? Stade I : défini par une conscience
normale, une fréquente inversion du
rythme nycthéméral et la présence d'un
astérixis.
? Stade II : troubles de la conscience,
coexistant avec l'astérixis.
? Stade III : défini par un coma avec
parfois des signes d'oedème cérébral.
- Le foetorhépatique (une odeur douceâtre
caractéristique de l'haleine), perturbation de
l'électroencéphalogramme, l'hyperammoniémie
veineuse et artérielle.
19
L'encéphalopathie hépatique du cirrhotique peut
être provoquée ou aggravée par plusieurs
facteurs :
+ Anastomose porto-cave.
+ Absorption de sédatifs.
+ Hémorragie digestive (numération formule sanguine
et toucher rectal systématiques).
+ Infection du liquide d'ascite (ponction systématique),
pneumopathie, infection urinaire.
+ Troubles hydroélectrolytiques souvent favorisés
par les diurétiques.
+ Hépatite alcoolique aiguë.
+ Carcinome hépatocellulaire.[3]
o Traitement
Le traitement de l'encéphalopathie hépatique
repose avant tout sur le traitement (si celui-ci est possible) de la cause
déclenchante. Des traitements visant à modifier la flore
bactérienne colique et accélérer le transit intestinal
peuvent avoir une certaine efficacité. Le traitement le plus
utilisé est le lactulose.
E. ICTERE
- Il est habituellement en rapport avec une aggravation de
l'IHC (souvent liée à une hépatite alcoolique aiguë)
ou favorisé par une autre complication (hémorragie digestive,
infection du liquide d'ascite).
- Il faut toujours éliminer les autres causes
d'ictère (voir question correspondante). [3]
F. INFECTIONS
- Infection du liquide d'ascite.
o Un taux faible de protides dans l'ascite (< 10 g/l)
expose à un risque accru d'infection et peut justifier d'un traitement
antibiotique préventif.
o Elle doit être évoquée, chez un
cirrhotique, en présence d'une fièvre, de douleurs abdominales ou
d'une aggravation inexpliquée de l'insuffisance hépatique
(encéphalopathie).
o Le diagnostic repose sur l'examen du liquide d'ascite, avec
ascitoculture : (Entérobactéries : bacilles Gram
négatifs, anaérobies et Elévation des
polynucléaires neutrophiles : > 250/mm3)
[3]
- D'autres infections peuvent
être rencontrées chez les cirrhotiques hospitalisés 20 % en
rapport avec une immunodépression et fréquemment chez
l'alcoolique de mauvaises conditions socio-économiques :
tuberculose, pneumopathie, infection urinaire,infections
dermatologiques (érysipèles favorisés
par l'oedème chronique des membres inférieurs,risque...)
[15].
20
Fibrose sans nodule : ces états correspondent
au stade précirrhotique des maladies chroniques du foie, à la
sclérose hépatoporte diffuse et à la bilharziose
hépatique.
- Traitement : le traitement de
l'infection repose sur une antibiothérapie (association
amoxicilline-acide clavulanique, céphalosporine, quinolones) pendant 10
à15 jours.
G. CARCINOME HEPATOCELLULAIRE (CHC)
- Le CHC est une tumeur primitive du foie,
développée à partir des hépatocytes. Elle est
unique ou multiple, plus ou moins bien limitée, nodulaire
ou massive [3].
La vascularisation principale de la tumeur se fait à
partir du réseau artériel hépatique
[3].
- Le facteur de risque majeur est la cirrhose, quelle que soit
son étiologie, qui est présente
dans 90 % des cas de CHC [15].
- Chez les cirrhotiques, les plus à risque de
développer un CHC sont ceux ayant une
infection virale chronique B et/ou C, et/ou une intoxication
alcoolique [15].
- Dans la majorité des cas, le CHC se développe sur
un foie cirrhotique [3].
o Diagnostic:
- Le CHC peut être découvert soit devant une
symptomatologie clinique, soit lors d'un examen de surveillance
systématique (dosage de l'alpha foeto-protéine et
échographies régulières).
- Son diagnostic est affirmé par la biopsie
(guidée par l'échographie ou le scanner). [3]
H. COMPLICATIONS HEMATOLOGIQUES
- Anémie macrocytaire par carence en folates,
microcytaire par saignement, normocytaire par hémolyse.
- Leucopénie et thrombopénie par
hypersplénisme. [3]
I. COMPLICATIONS ENDOCRINIENNES
- Intolérance aux glucoses.
- Chez l'homme : impuissance, gynécomastie, atrophie
testiculaire. - Chez la femme : aménorrhée,
stérilité. [3]
I.7. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
Toutes les hépatopathies, mais deux situations
méritent une attention :
21
Foie nodulaire sans fibroses : il s'agit d'une
hyperplasie nodulaire régénérative faite de
régénérations nodulaires du foie sans véritable
désorganisation vasculaire et sans fibrose. [16]
I.8. EVOLUTION, PRONOSTIC ET SCORE DE
GRAVITE
On considère habituellement qu'une fois
constituée, une cirrhose est définitive. Cependant, des
observations suggèrent qu'après traitement de la cause, la
fibrose peut régresser dans certains cas : cela a été
observé au cours de la maladie de Wilson, de l'hémochromatose, de
la cirrhose biliaire secondaire ou de la cirrhose virale. Il s'agit alors
de cirrhoses « jeunes » non compliquées.
[4].
Des scores évaluant la gravité d'une cirrhose
ont été proposés. Le plus utilisé est celui de
Child-Turcotte modifié par Pugh (tableau). Parmi les autres scores, le
MELD score (model for endstageliverdisease) est particulièrement
utilisé par les transplanteurs [14].
Tableau VIII : Score de Child- Pugh [15]
NOMBRE DE POINTS 1 2 3
Ascite Absente Minime Abodante
Encéphalopathie Absente Confusion Coma
hépatique
Bilirubine totale (umol/L) < 35 35 à
50 > 50
Albumine (g/L) = 35 28 à 35 < 28
TP (%) =55 45 à 55 < 45
Trois stades de gravité croissante sont à
distinguer :
Stade A = 5-6 ; Stade B = 7-9 ; Stade C > 9.
D'autres facteurs témoignent de la gravité du
pronostic: la survenue d'une hémorragie digestive, d'une hépatite
aiguë, d'un syndrome hépatorénal, d'une hyponatrémie
inférieure à 125 mmol/l, d'une septicémie et/ou d'une
infection du liquide d'ascite, d'un foie atrophique, d'un carcinome
hépatocellulaire. [44]
22
23
24
I.9. TRAITEMENT DE LA CIRRHOSE HEPATIQUE I.9.1. Mesures
générales
Comportent
y' Un sevrage alcoolique définitif et complet quelle que
soit la cause;
y' La proscription des sédatifs, des anticoagulants (AVK),
des oestroprogestatifs et tous les autres médicaments
hépatotoxiques;
y' La nutrition car la dénutrition est un facteur de
mauvais pronostic chez le cirrhotique. [14]
I.9.2. Traitement de la cause
y' L'hémochromatose: le traitement est la diminution de la
surcharge ferrique par des saignées hebdomadaires jusqu'à
normalisation des stocks en fer.
y' La maladie de Wilson: le traitement médical est
représenté par la D-pénicillamine qui est un
chélateur du cuivre et permet son élimination urinaire.
y' L'hépatite alcoolique: il est indispensable d'obtenir
l'arrêt complet et définitif de l'intoxication qui permet
parfois d'interrompre l'évolution de la maladie.
y' L'hépatite virale C: la bithérapie par
Interféron et Ribavirine.
y' L'hépatite virale B ou B/D: un traitement par
Interféron est possible, seulement à un
stade non compliqué, un traitement par Lamivudine ou
Adéfovir est possible.
y' L'hépatite auto-immune: le traitement repose sur les
corticoïdes et les immunosuppresseurs principalement l'Azathioprine.
y' La cirrhose biliaire primitive: l'acide
ursodésoxycholique ralentit l'évolution de la maladie.
y' La cirrhose biliaire secondaire: la levée
précoce de l'obstacle peut avoir un effet favorable.
[44]
I.9.3. Traitement des complications de la
cirrhose
1. Traitement de l'ascite
+ Il associe le décubitus, le régime
désodé et les diurétiques.
+ Une restriction hydrique n'est indiquée qu'en cas
d'hyponatrémie.
+ Un traitement diurétique est le plus souvent
nécessaire :
? Il est contre-indiqué en cas d'insuffisance
rénale ou d'hyponatrémie (Na+< 130 mmol/l).
? Un diurétique agissant sur le tube distal
(Aldactone) est prescrit en première intention. En cas
d'échec, on associe le furosémide (Lasilix).
La spironolactone (Aldactone) bloque la réabsorption du
sodium au niveau du tube contourné distal ; elle n'entraîne pas de
perte de potassium et tend à augmenter la kaliémie.
[3]
La posologie est de 100 à 400 mg/j.
[3]
Le furosémide (Lasilix) bloque la réabsorption
de sodium au niveau de l'anse de Henlé et entraîne une perte de
potassium ; la posologie est de 20 à 80 mg/j.
Les antibiotiques les plus utilisés en première
intention sont l'association amoxilline-acide clavulanique
(Augmentin, Moxyclav, Dafraclav...), les
céphalosporines de troisième génération
(Claforan, Ceftriaxone...) et les quinolones
(Oflocet). L'antibiothérapie est bien entendu adaptée
secondairement aux données de l'antibiogramme si un germe a
été individualisé. Sa durée est en
général de 7 jours et est associée à un remplissage
par l'albumine.
2. Traitement de l'Encéphalopathie
hépatique
? La cause déclenchante doit être
décelée et traitée.
? On associe un traitement par lactulose
(Duphalac) ; 50 à 100 g/jour. [3]
3. Traitement du Carcinome
hépatocellulaire
? Il existe plusieurs possibilités
thérapeutiques : résection chirurgicale (petite tumeur
localisée), alcoolisation, chimioembolisation, transplantation
hépatique.
? Le pronostic est très mauvais en raison de la
fréquence des récidives locales et des métastases, en
particulier pulmonaires et osseuses. [3]
I.9.4. Prise en charge de Cirrhose non
compliquée
? Le traitement étiologique est essentiel, car le
contrôle de la cause de la cirrhose a une influence majeure sur
l'évolution.
Si le processus causal est supprimé, on assiste souvent
à une amélioration des fonctions hépatiques. Le malade
reste cependant exposé au risque d'hémorragie digestive et de
carcinome hépatocellulaire.
· Le dépistage des varices oesophagiennes par une
fibroscopie digestive haute est indispensable, car nous avons vu qu'il y avait
indication à un traitement prophylactique par â-bloquants en cas
de varices oesophagiennes de grade II ou plus. En leur absence, une endoscopie
de contrôle doit être répétée tous les 3
ans.
· Le dépistage du carcinome
hépatocellulaire (CHC) ne fait pas l'unanimité sur son
intérêt, ni sur ses modalités. La plupart des
hépatologues recommandent de réaliser un échographie tous
les 6 mois.
L'intérêt du dosage simultané de
l'á-foetoprotéine est discuté.
· En cas de cirrhose alcoolique, le dépistage des
complications du tabagisme souvent associé est nécessaire (examen
ORL, radio- graphie du thorax).
· Précautions médicamenteuses : certains
médicaments sont fortement déconseillés : aspirine et
anti-inflammatoires non stéroïdiens (risques hémorragique et
d'insuffisance rénale) ; aminosides (insuffisance rénale) ;
sédatifs (risque d'encéphalopathie hépatique).
· Diététique : en cas de cirrhose
compensée, il n'y a pas de régime particulier.
Seul l'alcool est à déconseiller quelle que soit
la cause de la cirrhose. L'état nutritionnel doit être
évalué, les dénutritions étant
fréquentes.
· Vaccins : la plupart des hépatologues
recommandent une vaccination contre les virus des hépatites A ou B si
les malades ne sont pas immunisés. [14]
25
26
Chap. II. MATERIEL ET METHODES II.1.Cadre
d'étude
Le département de médecine interne de
l'hôpital provincial du Nord-Kivu nous a servi de cadre à la
présente étude.
L'Hôpital Provincial du Nord-Kivu (HPNK) est situé
à l'Est de la République Démocratique du Congo, dans la
Province du Nord-Kivu, Ville de Goma, Chef-lieu de cette province, dans la
commune de Goma, sur avenue du 20 mai dans le quartier Katindo le long de la
route Goma-Sake. Il est construit sur le versant du Mont Goma, à
quelques 500 mètres du rond-point des martyrs, communément
appelé «Rond-point Signers ».
II.2.Type et période d'étude
Notre étude est essentiellement rétrospective
descriptive transversale et couvre une période de 2 ans
allant du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2016 dans
le service de médecine interne de l'HPNK.
II.3. Population d'étude
Notre population d'étude est tous les patients dont le
diagnostic de sortie était une cirrhose hépatique pendant la dite
période d'étude.
II.4. Critères de sélection
1) Critères d'inclusion :
Ont été inclus dans cette étude tous les
patients hospitalisés en médecine interne avec le diagnostic
clinique de la cirrhose hépatique.
2) Critères d'exclusion:
Ont été exclus tous les patients dont les dossiers
n'étaient pas complets.
II.5.Variables d'étude
? Les Données socio-démographiques : âge,
sexe, provenance, profession, état civil ; ? Les Eléments
cliniques ;
? Les Moyens diagnostiques :laboratoire, imagerie,
anatomopathologie;
? Les Moyens thérapeutiques.
II.6. Méthodes
II.6.1. Collecte des données
Pour la réalisation de notre travail nous avons
utilisé une méthode documentaire et avons consulté les
registres et les fiches d'hospitalisation des patients ainsi que les archives
de l'Hôpital Provincial du Nord-Kivu. Nous y avons prélevé
les éléments nécessaires à notre étude tels
que la situation géographique et l'historique de l'Hôpital
Provincial du Nord-Kivu ainsi que les paramètres de notre
étude.
II.6.2.Traitement des données
Pour l'analyse de nos résultats, nous avons
présenté ces derniers sous forme des tableaux. Nous avons
procédé au calcul de pourcentage (%) pour l'appréciation
chiffrée de nos résultats.
Pourcentage :
% = nxlOO
N ; Avec n = échantillon
et N= total général II.6.3.
Considération éthique
Notre travail a été entamé sous
l'autorisation de la Faculté de Médecine de l'Université
de Goma via la lettre de recommandation de recherche. Avec l'accord de la
direction de l'Hôpital Provincial du Nord-Kivu nous avons
accédé au service de statistique pour la récolte des
données.
27
Chap. III. PRESENTATION DES RESULTATS III.1. RESULTAT
GLOBAL
Pendant la période d'étude, 47
patients ont été retenus sur la base des critères
d'inclusion sur un total de 1194 malades hospitalisés,
soit un taux de 3,9% de l'ensemble des cas
hospitalisés.
III.2. LES CARACTERISTIQUES EPIDEMIOLOGIQUES III.2.1. La
Fréquence de la cirrhose hépatique
Le tableau I montre la fréquence de la cirrhose
hépatique par rapport aux autres pathologies en médecine
interne.
Tableau I : Répartition des patients selon la
fréquence de la cirrhose hépatique.
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Cirrhose hépatique
|
47
|
3,94
|
Autres pathologies
|
1147
|
96,06
|
Total
|
1194
|
100
|
Constat : la cirrhose hépatique représente 3,94%
des patients hospitalisés en médecine
interne.
28
III.2.2. Les données
socio-démographiques.
Tableau II : Répartition des patients selon les
données socio-démographiques.
Données socio-démographiques
|
Effectif
|
Pourcentage
|
AGE
|
<40 ans =40 ans
|
19
28
|
40,43
59,57
|
SEXE
|
M
|
31
|
65,95
|
|
F
|
16
|
34,04
|
ETAT CIVIL
|
Célibataires
|
9
|
19,14
|
|
Mariés
|
29
|
61,70
|
|
Divorcés
|
1
|
2,12
|
|
Veufs(ves)
|
8
|
17,02
|
PROFESSION
|
Avec
|
32
|
68,08
|
|
Sans
|
15
|
31,92
|
PROVENANCE
|
Commune/Goma
|
15
|
31,91
|
|
Commune/Karisimbi
|
22
|
46,80
|
|
Hors Goma
|
10
|
21,27
|
Il ressort de ce tableau que :
V' Environ 59,57% de patients sont
âgés d'au moins 40 ans;
V' Les sujets de sexe masculin
représentent65,95% ;
V' Il en ressort que 61,70% étaient
représentés par les mariés;
V' Les sujets ayant une profession
représentent68,08% ;
V' Les patients en provenance de la commune de Karisimbi
représentent46,80%, pendant
que ceux provenant en dehors de la ville de Goma
représentent 21,27%.
29
III.3. MODALITES DIAGNOSTIQUES
III.3.1. La Cirrhose hépatique et les
antécédents.
Le tableau III montre la répartition des patients
cirrhotiques selon leurs antécédents. Tableau III :
Répartition des patients selon les
antécédents.
Antécédents
Alcoolisme chronique
Hépatite virale
Cardiopathie
Médicaments traditionnels au long
cours
Effectif
|
Pourcentage
|
27
|
57,45
|
4
|
8,51
|
1
|
2,13
|
15
|
31,91
|
De ce tableau, il ressort que 57,45% de patients cirrhotiques
avaient des antécédents d'alcoolisme chronique et 31,91 % d'une
prise des médicaments traditionnels au long cours.
III.3.2. Diagnostic de la cirrhose hépatique
Le tableau IV montre la répartition des patients
cirrhotiques selon les signes cliniques retrouvés à
l'inclusion.
Tableau IV : Répartition des patients selon les
moyens diagnostiques
Modalités Effectif Pourcentage
Clinique
Anomalies biologiques Imagerie
médicale
|
41
39
23
|
87,23
82,97
48,93
|
Il ressort de ce tableau que le diagnostic de la cirrhose
hépatique était fait sur base des signes cliniques, des anomalies
biologiques et de l'imagerie médicale à un taux respectivement de
87,23%, 82,97% et 48,93% des patients.
30
III.4. LA CIRRHOSE HEPATIQUE ET LES COMPLICATIONS
Le tableau VI montre la répartition des patients
cirrhotiques selon les complications. Tableau VI: Répartition
des patients selon les complications en cas d'une cirrhose.
Complications Effectif Pourcentage
Ascite
Encéphalopathie hépatique Hypertension
portale Hémorragie digestive Péritonite bactérienne
Syndrome hépato-rénal Carcinome
hépato-cellulaire
|
28 22 32 25
11
12
5
|
59,57 46,80 68,08 53,19 23,40 25,53 10,64
|
De ce tableau, il ressort que l'hypertension portale
était retrouvée chez 68,08% de patients, suivie de l'ascite
à 59,57% de patients.
31
III.5. ASPECT THERAPEUTIQUE
Le tableau V montre la répartition des patients selon
le traitement diurétique et le traitement adjuvant utilisés.
Tableau V: Répartition des patients selon le
traitement diurétique et le traitement adjuvant.
Traitement utilisé Effectif
Pourcentage
|
DIURETIQUES Lasix 35 74,46
Aldactone 33 70,21
ADJUVANT Duphalac 36 76,6
Antibiotique 25 53,19
Analgésique 19 40,42
Ponction d'ascite Autre
|
18
20
|
38,3
42,55
|
ETIOLOGIQUE Aucun
|
- -
|
Il ressort de ce tableau que :
y' Les deux diurétiques étaient utilisés
dans le traitement de la cirrhose hépatique chez la
majorité de patients avec un taux de 74,46% pour le
Lasix et 70,21% pour l'Aldactone ; y' Le traitement adjuvant fait de Duphalac
représente 76,6% suivi d'antibiotique avec
53,19%.
y' Aucun patient n'a bénéficié d'un
traitement étiologique.
32
III.6. CIRRHOSE HEPATIQUE ET MODALITESE VOLUTIVES
Le tableau VII montre la répartition des patients
cirrhotiques selon les modalités évolutives.
Tableau VII: Répartition des patients selon les
modalités évolutives.
Modalités évolutives
|
|
Effectif
|
Pourcentage
|
DUREE D'HOSPITALISATION
|
?1 semaine
|
30
|
63,82
|
|
1-2 semaines
|
15
|
31,91
|
|
?2 semaines
|
2
|
4,25
|
MODALITES DE SORTIE
|
Améliorés
|
32
|
68,08
|
|
Décédés
|
9
|
19,14
|
|
Transférés
|
4
|
8,51
|
|
Evadés
|
2
|
4,25
|
Il ressort de ce tableau que 63,82% des patients avaient une
durée d'hospitalisation ?1 semaine pendant que 4,25% en avaient ? 2 ; et
68,08% des patients sortaient dans un état de soulagement par rapport
à l'entrée et 19,14% des patients sont
décédés.
33
34
Chap. IV. DISCUSSIONS ET COMMENTAIRES
IV.1. LA FREQUENCE DE LA CIRRHOSE HEPATIQUE
Dans notre étude, la cirrhose a
représenté 3,9% de toutes les hospitalisations en médecine
interne pendant la période de 2 ans. Dans une autre étude
réalisée à l'Hôpital de Kyeshero par IZABAYO la
cirrhose a représenté environ 2,02% de toutes les
hospitalisations en médecine interne. [49]
Le mode de recrutement et les critères d'inclusion
pourraient expliquer cette différence de fréquence.
IV.2. LES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
IV.2.1. L'âge
L'âge moyen était de 40 ans et la tranche
d'âge =40 ans était la plus représentée. Cette
moyenne d'âge est presque la même que celle retrouvée par
Seydou [45] 49,44#177;14,7 ans au Mali, et la même que
celle de Mwangi [36] à 40 ans au Kenya; proche de celle
retrouvée par Attia [34] à 48,9 ans en
Côte d'Ivoire.
Dans ces différentes études, le jeune âge
pourrait s'expliquer par une infection virale de l'hépatite B dès
le jeune âge en milieu africain et qui est parmi les causes
fréquentes des cirrhoses. La consommation abusive des boissons
alcoolisées dans le jeune âge dans nos milieux expliquerait aussi
cette situation.
IV.2.2. Sexe
Le sex-ratio était de 1,9 en faveur des hommes, valeur
qui concorde avec les données de la littérature [13,
53]. Il est inférieur à ceux trouvés par
Maïga et al [22] au Mali 2,6, significativement
inférieur à ceux de Seydou [40] et de
Soumaré [54] tous les deux au Mali, qui étaient
respectivement de 4,7 et 6,1.
Ceci s'explique dans notre milieu par le fait que ce sont les
hommes qui sont plus exposés à une consommation excessive
d'alcool que les femmes.
IV.2.3. La provenance
Pendant notre étude, un taux de 78,71%
représentait les patients habitant la ville de Goma dans les 2 communes
avec respectivement des valeurs de 46,80% pour la commune de Goma. Ce chiffre
est supérieur à celui trouvé par IZABAYO [49]
à l'Hôpital de Kyeshero pour toute la ville avec un taux
de 41,4%.
Ceci s'expliquerait par la différence de
fréquentation des structures par les patients.
IV.2.4. L'état civil
Selon le statut matrimonial, nous avons constaté que
les mariés représentaient 61,7% de tous les patients. Cela
s'expliquerait par le fait que la cirrhose étant une maladie chronique,
elle évolue sur plusieurs années, et se manifeste quand la
majorité des gens sont déjà dans leurs foyers.
IV.2.5. La profession
Un taux de 68,08% représentait les patients qui avaient
une quelconque profession. Ceci peut s'expliquer par le fait que les
fonctionnaires consultent beaucoup plus fréquemment que les
chômeurs, pendant que ces derniers ne consultent qu'au stade des
complications de la maladie.
IV.3. LES MODALITES DIAGNOSTIQUES IV.3.1. Les
Antécédents
Les antécédents les plus fréquemment
rencontrés étaient l'alcoolisme chronique à 57,45% et la
prise de médicaments traditionnels au long cours à 31,91%. Ces
données sont supérieures à celle de Diarra et al
[38] au Mali qui ont trouvé 10,5% d'éthylisme,
de Maïga et al [22] qui ont trouvé 1,8% des cas
d'alcoolisme; mais inférieures à celles de Seydou[45]
au Mali qui a trouvé 57,1% de prise de médicaments
traditionnels, de Saley [48] au Niger qui a trouvé
85,5% de traitement traditionnel.
Cette différence de la consommation alcoolique pourrait
suggérer une intoxication de plus en plus fréquente dans notre
milieu du fait que la plupart de la population jeune adulte prend abusivement
de l'alcool et ce dernier étant vendu à un prix abordable ; pour
ce fait il devient à la portée de presque tout le monde, ce qui
va constituer un risque majeur de la cirrhose hépatique.
35
Une hémorragie digestive a été
retrouvée dans 53,19% des cas. Cette fréquence est proche de
celle retrouvée par Seydou au Mali [45] avec un taux de
55,4%, supérieure à celle
Quant à la prise de médicaments traditionnels au
long cours, ceci peut être lié à la culture africaine. En
effet, en République Démocratique du Congo comme presque partout
en Afrique, le traitement traditionnel est le premier recours dans la
population. Et c'est seulement en cas d'échec que le traitement moderne
est recherché. Les différences entre les chiffres dans ce
contexte dépendent de l'éducation sanitaire de base et aussi de
la politique nationale en matière de considération de la
médecine traditionnelle pour chaque pays en Afrique.
IV.3.2. La clinique et la paraclinique à
l'inclusion
Une altération de l'état général
associée à d'autres signes cliniques était
retrouvée chez 87,23% des patients probablement liée à une
insuffisance hépatocellulaire prononcée, fréquence
comparable aux données de la littérature [43, 25, 18, 26,
39].
La biopsie du foie, examen de référence pour le
diagnostic n'a pas pu être effectuée à cause de son
coût élevé. Certains examens n'ont pas pu être
réalisés chez tous nos patients à cause des moyens
limités des malades. Néanmoins, pour notre étude nous
avons retrouvé que certains patients ont fait les examens de
transaminases et de bilirubine.
Bien que la recherche de l'AgHBs et des Ac anti VHC n'ait pas
été effectuée sur un effectif significatif de malades, ce
virus pourrait aussi jouer un rôle dans la genèse de la cirrhose
en milieu tropical comme l'ont rapporté d'autres auteurs [33,
45, 34].
IV.4. LES COMPLICATIONS
Une hypertension portale était retrouvée chez
68,08% des patients, résultat proche des données trouvées
par Diarra et al [40] au Mali 70,2%, supérieures
à celles de Maïga et al [22] au Mali 58,9%.
Cette fréquence élevée de l'hypertension
portale chez nos patients s'expliquerait par le fait que la majorité des
patients viennent consulter tardivement au stade avancé de la
maladie.
Une ascite a été constatée dans 59,57%
des cas, ceci est supérieur à celui d'une étude
réalisée au Niger selon Saley [48] 23,52% et au
Mali selon Seydou [45] 34,9%.
Tout cela se justifie dans notre contexte par une consultation
tardive au stade d'une hypertension portale de laquelle elle résulte.
36
37
retrouvée par Saley au Niger avec un taux de 32,35%
[48]. La plupart des patients cirrhotiques finissent par
développer des varices, mais seulement un tiers de celles-ci finissent
par se rompre. L'hémorragie est souvent massive et la mortalité
peut atteindre 50% [27].
Cette fréquence élevée de
l'hémorragie digestive peut être liée au dépistage
tardif des varices oesophagiennes et donc explique le retard dans la
prescription d'un traitement prophylactique de la rupture de ces varices.
IV.5. LES DONNEES THERAPEUTIQUES
Dans notre étude, en plus de la restriction de
l'apport de sodium alimentaire, l'utilisation d'un traitement médical
inclue les diurétiques tels l'Aldactone et le Furosémide qui ont
été prescrits systématiquement avec des valeurs
respectives 70,21% et 74,46%. Le taux d'utilisation élevé de ces
diurétiques se justifie par ce que dit la littérature
[28] ; cette dernière stipule que plus de 90% des
patients cirrhotiques répondent favorablement au traitement des
diurétiques, combiné aux antalgiques, laxatifs,
antibiotiques...
Pour ce qui concerne le traitement adjuvant, le Duphalac
(lactulose) prend la première position avec 76,6% suivi d'Antibiotiques
à 53,19% et d'Analgésique à 40,42%. L'autre traitement
(supplément) représente une fréquence de 42,55%.
L'ensemble de ce traitement s'explique dans notre contexte
par une consultation et découverte tardives de la maladie, au stade de
complications comme l'explique aussi la littérature [45, 55, 49,
29].
IV.6. MODALITES EVOLUTIVES
Une durée d'hospitalisation inférieure à
une semaine a été plus signalée dans notre contexte
à un taux de 63,82%. Cette durée courte d'hospitalisation peut
s'expliquer dans notre contexte, par une mise en place précoce du
diagnostic clinique d'où les malades s'améliorent vite.
Si Pariente et al [17] et Amiot [19]
rapportent que le taux de survie de malade cirrhotique avec ascite est
de 50%, nous avons trouvé un taux de mortalité à 19,14% et
un taux de survie de 68,08%. Ces résultats s'expliquent dans notre
étude par crainte de l'institution d'enregistrer beaucoup de cas des
décès, par conséquent des transferts dans d'autres
provinces ou bien dans les pays étrangers seraient autorisées.
La mortalité à 19,14% peut aussi s'expliquer par
la consultation tardive et la difficulté de prise en charge correcte des
complications dans notre contexte.
Les circonstances de décès étaient
principalement la péritonite bactérienne par infection du liquide
d'ascite (59,57%), l'hémorragie digestive (53,19%) et
l'encéphalopathie hépatique (46,80%). Cet ordre est
différent de celui rapporté par Younoussou D. [55]
qui était, le CHC (33,3%), l'hémorragie digestive
(27,3%), l'encéphalopathie hépatique (15,2%) et aussi de Karoui
et al [29] qui était de l'encéphalopathie
hépatique (58%), l'hémorragie digestive (23%) et le CHC (11%).
Malgré la différence entre ces données, le
décès se justifie par une consultation tardive.
38
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
1. CONCLUSION
Sur un échantillon de 47 patients, 9 sont
décédés et 38 ont pu être analysés. Ces
nombres doivent inciter à une sensibilisation et une information des
malades sur leur maladie afin d'obtenir une bonne observance
thérapeutique et par conséquent diminuer la survenue des
complications et la mortalité. Cette étude rétrospective
descriptive transversale nous a permis d'aboutir aux conclusions suivantes :
- La cirrhose hépatique a représenté environ
3,9% de l'ensemble des hospitalisations en
médecine interne;
- La tranche d'âge =40 ans était la plus
représentée ;
- Les hommes étaient les plus touchés par la
cirrhose que les femmes;
- Les mariés sont les plus touchés que les autres
statuts matrimoniaux ;
- Les fonctionnaires sont les plus représentés;
- La commune de Karisimbi était la plus
représentée;
- L'alcool occupe le premier rang des facteurs de risques suivi
des médicaments
traditionnels ;
- Les modalités cliniques et paracliniques ont
été envisagés et réalisés pour parvenir
à
poser le diagnostic de la cirrhose hépatique ;
- Deux diurétiques ont été prescrits
systématiquement : il s'agit du Furosémide (Lasix)
et la Spironolactone (Aldactone) ; la majorité des
patients ont reçu un traitement
adjuvant fait de lactulose (Duphalac) et d'Antibiotique, et
presque la moitié d'eux ont
subi une paracentèse;
- L'état de la majorité des patients se compliquait
d'une hypertension portale ;
- La durée d'hospitalisation était variable allant
des quelques jours à plusieurs semaines
avec une fréquence plus élevée dans une
durée d'inférieure 7 jours ;
- L'évolution clinique a été marquée
par un soulagement suivi des cas de décès.
En conclusion, la cirrhose hépatique atteint beaucoup
plus l'adulte, l'alcool est le facteur le plus incriminé,
l'altération de l'état général et le syndrome
oedémato-ascitique constituent le plus souvent les motifs
d'hospitalisation ; la consultation tardive et la prise en charge
limitée justifient souvent les complications et le
décès.
39
2. RECOMMANDATIONS
Au vu de ces résultats, nous recommandons ce qui suit :
AU GOUVERNEMENT
a) De contrôler les maisons de production des boissons
alcoolisées afin de mettre une rigueur en matière de volume
d'alcool dans la boisson et aussi prendre de mesures face aux trafiquants des
boissons qui ne respectent pas les normes légales et qui nuisent
à la santé de la population ;
b) De favoriser la politique de la prévention des
infections virales aussi responsables de la cirrhose dans notre contexte par
:
? La vaccination contre le virus de l'hépatite B, C,
? Une grande sécurité transfusionnelle;
c) L'institution de la vaccination contre l'hépatite B
et C dans le programme national élargi de vaccination, voire la
vaccination de rattrapage chez les adolescents.
d) La dotation de l'hôpital provincial du Nord-Kivu de
moyens diagnostiques.
e) La formation davantage de Spécialistes en
Hépato-gastroentérologie.
AU PERSONNEL MEDICAL
a) Une large sensibilisation de la population concernant les
pathologies et la mortalité entrainées par l'alcool ;
b) Une large sensibilisation de la population afin qu'elle
puisse consulter au stade de début des hépatopathies ;
c) Le développement d'une politique d'accès aux
anti-viraux ;
d) Le dépistage systématique des virus de
l'hépatite B chez les femmes enceintes d'autant plus qu'il existe une
importante transmission mère enfant pour l'hépatite B ;
e) Le dépistage systématique du virus de
l'hépatite C et du virus de l'hépatite B chez tout donneur de
sang.
f) La mise en place de techniques pour la prise en charge des
complications de la cirrhose.
A LA POPULATION
y' Eviter la consommation abusive de l'alcool ;
y' Consulter le médecin à l'hôpital
dès l'apparition de premiers symptômes.
40
BIBLIOGRAPHIE
1. FRIEDMAN S. Liver Fibrosis; from bench to bed side. J Hepatol
2008 ;38 (Suppl 1): S38-53.
2. MACLAYTON DO, EATON-MAXWELL A. L'utilisation de Rifaximine
pour le traitement de l'Encéphalopathie Hépatique, The annals of
pharmacotherapy 2009 ; N° 1, vol.43 : p77-87,
http://www.theannals.com/cgi/content/french
abstract/43/1/77, [consulté le 18 mars 2017].
3.
www.laconferencehippocrate.com
: Hepato-gastro-enterologie: cirrhose et complications, Dr Laure
LAMARE, Interne des Hôpitaux de Paris, 2008, [consulté le
1er mai 2017].
4. DAVIDSON. Médecine interne; principes et pratiques,
traduit de la 18ème édition anglaise,
HASLETT. ER, CHILVERS J.A, A HUNTER N.A.
Boon, 2005.
5. BENHAMOU J P, ERLINGER. Maladie du foie et des voies
biliaires. 4e ed. Flammarion, Paris 2006 : p223.
6. LEBREC D, VINELE JP, DUPDS JL. Complications de
l'hypertension portale : un consensus. Gastroenterologie, Clin Biol 2007; 28:
B5.
7. HARRISON. Principles of internal medicine, 18th
edition Flammarion, Med. Sciences Paris 2012 :p
8. Cirrhose: OMS:
http:// www.who-int.fr,
[consulté le 15 avril 2017]
9. PENET JL, NGNEMBY - MBINA C. Aspect de la morbidité
rencontrée en Médecine interne au Gabon. Sem Hop Paris 2008
:pp69-71 ; 4
10. SERME AK, ILBOUDO D. Cirrhose au centre national Yalgado
Ouédraogo. Med Afr Noire 2002; 11: p481-486.
11. KEITA S. Prévalence de l'Ag HBs, de l'anti VHC et
d'alpha feoto-proteine au cours des cirrhoses et des CPF à propos de 65
cas à Bamako. Thèse de Doctorat en Médecine, Bamako, 2006
:p41.
12. TALANI P, NZABA P, BOLANDO D, et al. Affections
hépatiques à Kouilou au Congo. Med Afr Noire 2000 ; 05 :
p207-210.
13.
www.radiookapi.net,
[consulté le 17 mai 2017]
14.
www.pathologieshepatiques.com/gilles.palletier@bit.ap-hop-paris.fr.
Cirrhose et complications, Gilles Pelletier, service des maladies du foie et de
l'appareil digestif, hôpital de Bicêtre, 94275 Le Kremlin-
Bicêtre, Paris, 2005 : 55. [consulté le 18 mars 2017]
15. C. BALIAN, P. ARAKELIAN, D. POUSSIN, et coll.
Hépato-gastro-entérologie; cirrhose et complications, ellipses,
Méd. int. Pari 2008.
16.
41
BUFFET C, Guide pratique des maladies du foie, du
pancréas et des voies biliaires. MMI, Paris : 2009.
17. PARIENTE A. Décompensation ascitique. Gastro
enterol clin Biol 2006 ; 30 : 870-874
18. N'KO'O, AMVENES, Profil de la pathologie
hépatique. Diagnostic par échographie à Yaoundé
(Cameroun). Ann Radiol 2008; 34 (3): 172-175.
19. AMIOT X, Comment traiter une ascite réfractaire.
Gastro enterolClinBiol 2004; 28: B123-B129.
20. BUFFET C, PELLETIER G, Hépatologie. Masson, Paris
2007 : p154
21. SAWADOGO A, Dib N, Calès P. Pathophysiology of
cirrhosis and its complications. Reanimation 2007; 16: 557-562.
22. MAIGA M Y, DEMBELE M, DIALLO F, et al. Valeur
diagnostique de l'endoscopie digestive haute au cours de la cirrhose. Acta
Endoscopica 2002 ; 32 (2): 211-215
23. KRAMVIS A, KEW M. Epidemiology of hepatitis B virus in
Africa, its genotypes and clinical associations of genotypes. Hepatol Res 2007;
37: S9-S19.
24. PHILLIPPE M, MARCEL A, JEAN CLAUDE P. Hépatite
alcoolique : Physiopathologie Prat Med Gen 2002 ; 1188-1192
25. LEDINGHEN V. Traitement du syndrome
hépatorénal. Gastro enterol Clin Biol 2004; 28: B 130-B137.
26. EL YOUNSI M. Histoire naturelle de la cirrhose du foie :
Indicateur pronostiques et complications. Esp Med 2006; 13 (129): 375-378.
27. JANSSEN-ORTHON, THOMSON A, SHAFFER E. Principes
fondamentaux de gastro-entérologie : Etats pathologiques et
thérapeutiques, 5éd, Canada2005 : 553-761
28. MARSCHALL S, ANDREW G.M. Médecine Interne de
NETTER, 3éd;, rue camille-des moulins, Chine 2011, 497-510.
29. KAROUI S, HAMZAOUI S, SAHLI F, et coll. Mortalité
au cours des cirrhoses : prévalence, causes et facteurs
prédictifs. Tunis Med 2002 ; 80 (1) : 21-25
30. BENHMOU J P, JOHANNES B et al. Hépatologie
clinique. Flammarion; Paris 2008 :p364
31. BRETAGNE J F, GOSSELIN M, RAOUL JL et coll.
Hépatologie. Paris 2010 Ellipses,
32. CAROLI J, RIBET A, PARAF, Précis des maladies du
foie, du pancréas et des voies biliaires. Masson ; Paris 2005.p103
33. TSEGA E, NORDENFELT E, HANSSON BG, et al. Chronic liver
diseases in Ethiopia: a clinical study with emphasis on indenttifying. Commun
causes Ethiop Med J 2008 ; 30(2): 133.
34.
42
ATTIA KA, N'DRI - YOMAN, L'infection spontanée du
liquide d'ascite chez le cirrhotique africain. Etude descriptive à
propos de 12 cas. Bull Soc Pathol Exot 2001; 94(4): 319-321
35. MAIGA MY, DEMBELE M, MAIGA I, et al. Etude de l'AgHBs et
l'Ac anti VHC au cours des hépatopathies chroniques. Bull Soc Pathol
Exot 2002 ; 12(4): 389-392
36. MWANGI J, GATEI DG. Hepatitis B virus; hepatocellular
carcinoma and liver cirrhosis in Kenya. East Afr Med J 2008 ; 70(4): 34-36
37. LAFOND P, VIATTAN A. Justification de la ponction
d'ascite systématique chez les patients cirrhotiques admis aux urgences,
Presse Med 2005; 24: 531-533
38. M'BAYE P S, DIALLO A, RENAUDINEAU Y, et al. Virus de
l'hépatite C et hépatopathie chronique à Dakar : Etude
cas-témoins Med Trop (Mars) 2000; 60(1): 47-52
39. PERRET J L, MATTON T, MOUSSAVOU-KOMBILA J B, et al. HBS
Ag and antibodies to hepatitis C virus in complicated chronic liver disease in
Gabon: A case control study. Gastro enteral clin Biol 2002 ; 26 (2): 131-135
40. DIARRA M, SANGARE D et al. Etude de l'Ag HBs et l'AC anti
VHC au cours des hépatopathies chroniques dans des services hospitaliers
à Bamako, Mali. Bull Soc patholExot 2004 ; 97 (3) : 161-164.
41. MACLAYTON DO, EATON-MAXWELL A, l'utilisation de
Rifaximine pour le traitement de l'Encéphalopathie Hépatique, The
annals of pharmacotherapy, 2009, vol.43, No. 1,77-87p :
http://www.theannals.com/cgi/content/french
abstract/43/1/77 ; [consulté le 8 mai 2017]
42. CALES P, et all.Fibrometers: a family of blood tests for
liver fibrosis. Gastro enteral Clin Biol 2008; 32: 40-51.
43. Conseil d'administration du CHUSS. Présentation
générale du CHUSS.Plan d'action 2011 [En ligne]. 2010 Fev
[Consulté le 14/05/2017]; [74 pages]. Consultable à l'URL:
http://www.portailchuss.net/doc/Plan
d'Action 2011-CHUSS.pdf.
44. SAWADOGO W. A. Etude des aspects
épidémiologiques, cliniques, paracliniques, étiologiques
et évolutifs de la cirrhose du foie dans le département de
médecine interne du CHUSS de BOBO-DIOULASSO: à propos de 87 cas.
Thèse de Doctorat en Médecine ; Ouagadougou 2012 :pp51,56-59.
45. SEYDOU TOURE E. Aspects épidémiologiques,
étiologiques, cliniques et thérapeutiques de la cirrhose à
l'Hôpital national de NIAMEY, Thèse Med, Mali 2008 : 90
46. KEITA S. Prévalence de l'Ag HBs, de l'anti VHC et
d'alpha feoto-proteine au cours des cirrhoses et des CPF à propos de 65
cas à Bamako. Thèse Med, Bamako, 2006 : 1.
47.
43
BAGAYOGO M. Intérêt de l'échographie dans
le diagnostic de la cirrhose. Thèse de Doctorat en Médecine,
Bamako, 2006 : 48.
48. SALEY M. Prévalence des hépatopathies
chroniques à l'hôpital national de Niamey : Aspects
épidémiologiques, cliniques, paracliniques et
étiologiques. Thèse de Doctorat en Médecine, Niamey 2004 :
174
49. IZABAYO A. Aspect épidémiologique, clinique
et thérapeutique de la cirrhose hépatique, cas observes à
l'hôpital de Kyeshero, du 1er janvier 2012 au 31
décembre 2014 ; mémoire de doctorat en Médecine, UNIGOM,
inédit.
50. MAIGA SM. Place de l'hépatite virale C dans les
hépatopathies chroniques au Mali. Thèse de Doctorat en
Médecine, Bamako, 2001 : 118.
51. KEITA N. Intérêt de l'échographie
dans le diagnostic de la cirrhose. Thèse de Doctorat en Médecine,
Bamako 2003 : 34
52. GUIRE A. Diagnostic non invasif de la cirrhose.
Thèse, Med, Bamako, 2001 : 66
53. VIGNON KOFFI. Aspects thérapeutiques
évolutifs des ascites cirrhotiques dans le service
d'hépato-gastro-entérologie du Centre National Hospitalier et
Universitaire (CNHU) de Cotonou. Thèse de Doctorat en Médecine ;
Bénin 2003 : 1079
54. SOUMARE G. Hémorragie digestive par rupture de
varices oesophagiennes. Thèse de Doctorat en Médecine ; Bamako
2006 : 98.
55. YOUNOUSSOU DICKO M. Aspects évolutifs de la
maladie cirrhotique. Thèse de Doctorat en Médecine ; Mali 2008 :
79.
|