Le traite d'amitié et de coopération entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso et le renforcement de l'intégration économique sous-régionalepar Ceba Timothée KELY EENI Global Business School - Doctorat 2020 |
CHAPITRE 1 : UNE ANALYSE HISTORICO-POLITIQUE DU TRAITE D'AMITIÉ ET DE COOPÉRATION IVOIRO-BURKINABÉIntroductionCrée le 29 juillet 2008 à Ouagadougou (Burkina Faso), le Traité d'Amitié et de Coopération entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso (TAC) rassemble chaque année depuis 2009, alternativement au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, les Chefs d'Etat, les Gouvernements et les experts des deux pays. Le présent chapitre structuré en deux sections présente les origines du Traité d'Amitié et de Coopération ivoiro-burkinabé de 2008 comme étant l'une des conséquences positives de l'Accord de Paix de Ouagadougou (APO) en 2007 (section 1) et les enjeux du Traité d'Amitié et de Coopération entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso en 2008 (section 2). SECTION 1 : LE TRAITE D'AMITIÉ ET DE COOPÉRATION IVOIRO-BURKINABÉ DE 2008 : UNE CONSÉQUENCE POSITIVE DE L'ACCORD DE PAIX DE OUAGADOUGOU EN 2007
Afin de comprendre les origines du TAC et de la dynamique des échanges intra-africains, il est important de rappeler le contexte global de la relation Ivoiro-burkinabé. 1.1 . Le contexte global de la relation Ivoiro-burkinabéLe contexte global de la relation ivoiro-burkinabé se caractérise par l'interdépendance des intérêts des deux Etats. Les deux pays constituaient un espace unique, mais scindé à la faveur de la colonisation. Ainsi, les deux Etats sont-ils traversés par des continuités géographiques, linguistico-culturelles, socioéconomiques et historiques. Ce fut une ruée ouvrière vers la Côte d'Ivoire lors du lancement du poumon agricole de la Côte d'Ivoire dans les années 40-50-60. (Nyamsi, 2016). En outre, la Côte d'Ivoire est l'une des conditions de l'ouverture du Burkina Faso au commerce mondial, car elle constitue la porte la plus proche pour le Burkina Faso sur l'Océan Atlantique. A l'inverse, le Burkina Faso est une condition du fonctionnement de l'économie de la Côte d'Ivoire. Les relations ivoiro-burkinabé vont se dégrader ensuite à cause de l'exclusion inter ivoirienne avérée aux différentes élections en Côte d'Ivoire et les coups d'Etats à répétition. Cette dégradation du climat socio-politique affecte aussi bien la Côte d'Ivoire que le Burkina Faso. Ces violences débutées en 1999 auront pour point culminant la rébellion de 20026(*). Cette rébellion dont le double objectif est de réparer l'injustice et de recoudre les liens historiques entre les deux pays sera amorcée par le biais de plusieurs rencontres dont l'Accord de Paix de Ouagadougou. 1.2 . L'accord de paix inter ivoirien de Ouagadougou en 2007La définition du nouveau cadre d'une république ivoirienne inclusive pour tous les ivoiriens et ouverte à la dynamique de l'intégration panafricaine met en évidence ce qui suit : - L'identification générale des populations : noeud de la crise identitaire ivoirienne. Reconnaissant l'identité comme étant la cause du conflit ivoirien, l'accord stipule : « Les Parties signataires du présent accord ont reconnu que l'identification des populations ivoiriennes et étrangères vivant en Côte d'Ivoire constitue une préoccupation majeure. Le défaut d'une identification claire et cohérente, de même que l'absence de pièces administratives uniques attestant de l'identité et de la nationalité des individus constituent une source de conflits » (Page 3 de l'Accord). - Du processus électoral : enjeu d'inclusion ou d'exclusion politique. Reconnaissant l'exclusion politique et le manque de transparence comme la conséquence du conflit identitaire, l'accord énonce : « Soucieuses de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix durable et à une normalisation politique et institutionnelle en Côte d'Ivoire, les Parties au Dialogue Direct réaffirment leur engagement à préparer, à l'issue de l'opération d'identification, des élections présidentielles ouvertes, démocratiques et transparentes, conformément aux Accords de Linas-Marcoussis, d'Accra et de Pretoria » (Page 6 de l'Accord). - Des forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire : la nécessité d'une armée républicaine. Reconnaissant que l'armée ivoirienne fût désunie, instable, et hantée par des formes immorales, l'Accord prescrit : « Les Parties au présent Accord, conscientes que l'armée nationale doit être le reflet de l'unité et de la cohésion nationales et la garantie de la stabilité des institutions républicaines, se sont engagées à procéder à la restructuration et à la refondation des deux armées en vue de la mise en place de nouvelles forces de défense et de sécurité attachées aux valeurs d'intégrité et de moralité républicaine » (Page 7 de l'Accord). Il apparaît donc clairement que le Burkina Faso à travers la médiation de son président d'alors tente de résoudre la crise ivoiro-ivoirienne. Cette médiation a également pour objectif de recoudre les liens ivoiro-burkinabés rompus depuis plusieurs années à cause du politique et promouvoir la fierté identitaire (Beucher, 2010). Dès lors, s'inspirant de l'Accord de Paix de Ouagadougou, les gouvernants de la Côte d'Ivoire et du Burkina Faso décident d'accompagner l'amitié retrouvée par la signature du Traité d'Amitié et de Coopération (TAC) un an plus tard. Car d'une manière simultanée, les Accords complémentaires de l'APO pourraient évoluer en corrélation avec le TAC (Nyamsi, 2016). * 6 On peut consulter l'étude dirigée par Francis Akindès, in Côte d'Ivoire. La réinvention de soi dans la violence, Dakar, Codesria, 2011. |
|