2.2. REVUE DES VARIABLES DE L'ETUDE
La participation de la femme dans le processus de
consolidation de la paix dans le territoire de Rutshuru est
considéré comme variable dépendante tandis que la
présence physique, dynamisme, approche genre et les contraintes sont des
variables indépendantes.
3.2.1. REVUE DE LA LITTERATURE
2.2.1.1. Théories existantes
D'après la théorie de la métamorphose de
conflit, lorsqu'un conflit a atteint son paroxysme c'est-à-dire stade de
visibilité « conflit ouvert »,
29 Ateliers des savoirs partagés à saint-Camille,
juin 2013.
30 International Alert, la participation des femmes dans les
processus de paix et la prise de décision politique en République
Démocratique, juillet 2012.
31 Christine Bell, texte et contexte : la «
perspective de genre » dans les accords de paix, Université
d'Edimbourg, octobre 2015.
31
le nombre des victimes impliquées de loin ou de
près s'accroit du jour au lendemain et trop souvent ce sont les femmes
et les enfants qui s'y comptent au premier rang. Cette situation devient encore
de plus en plus compliquée quand il s'agit des conflits violents
conduisant aux affrontements : conflits armés, ethniques, sociaux,
etc.
Cependant, étant des potentielles victimes face aux
conflits (armés, ethniques) et autres formes de violences, les femmes
vivant dans des zones à conflit, tentent souvent de s'organiser avec une
marge de manoeuvre pour la plupart de fois limitée, en mettant en place
des mécanismes de défense et de survie pour les femmes qui sont
en pleine zone de conflit(combats) et établissant des stratégies
visant à apporter des réponses appropriées aux efforts de
reconstruction pour celles se trouvant dans des zones post-conflits. Dans tous
les cas, ces efforts semblent être ignorés ou minimisés par
les acteurs (majoritairement des hommes) de ces conflits surtout dans les pays
du tiers-monde tendant à reléguer le rôle de la femme au
second plan dans tout système social c'est-à-dire se limitant
seulement aux fonctions sociobiologiques et économiques: la
reproduction, les travaux ménagers, l'agriculture, etc.
Les compétences diverses, l'ouverture d'esprit et le
sens des responsabilités acquis par les femmes en période de
guerre et de conflit peuvent se révéler extrêmement utiles
pour assurer la sécurité humaine, en contribuant à faire
évoluer les mentalités, à rapprocher les individus et
à favoriser une compréhension des choses et une vision communes,
ce qui ne peut être que profitable aux familles, aux communautés
et aux nations dans toutes les régions du monde. Pourtant, en
règle générale, les politiques ignorent ces femmes et ne
s'adressent qu'aux hommes, oubliant que ce sont les femmes qui ont su
s'organiser à la base, et se parler malgré les
divisions32.
La question de la représentation et du rôle des
femmes dans les situations de post-conflit et de négociation reste
d'actualité malgré une mobilisation importante des associations
et ONG de femmes et les implications des nombreuses institutions.
32 Mehren 2003, cité par Onyejekwe Chineze J.
32
La reconnaissance de la participation des femmes au
développement de la société est encore niée dans
nombreux pays33. Malheureusement, ce constant continue à
persister surtout dans des pays du sud où la femme se bat chaque jour
pour faire valoir ses potentialités ; en plus d'être mère,
femme, elle renferme aussi d'autres potentialités intellectuelles la
plaçant en marge des clichés dont elle est victime. Il est vrai
que toutes les femmes dans cette situation ne sont pas conscientes du
rôle qui est le leur, situation consolidée par certains facteurs
en l'occurrence le niveau d'instruction, la prise de conscience, la culture,
etc. ainsi, elles restent cloîtrées dans l'ignorance et
léthargie entravant l'amélioration de leurs conditions de vie.
La recherche de la paix devrait par nature être une
affaire de tous : hommes et femmes, grands et petits, jeunes et vieux, etc.
Exclure ou ignorer, minimiser la contribution des uns et des autres aux efforts
par exemple de renforcement de la cohabitation pacifique et de la
cohésion sociale pourrait paraitre fatal et peut conduire parfois
à une situation difficilement réversible ou gérable.
Selon M. Cliveti (Présidente de la commission sur
l'égalité des chances pour les femmes et les hommes de
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe), les femmes sont
enfermées dans un douloureux paradoxe, alors qu'elles sont les
principales victimes civiles des conflits, elles n'ont souvent aucun moyen de
les prévenir, sont exclues des négociations visant à
régler les conflits et sont cantonnées à un rôle
marginal dans le processus de reconstruction et de
réconciliation34. La considérable rétrograde de
la femme par certains hommes (parfois décideurs/leaders) continue
à mettre en mal sa contribution aux efforts dans le processus de
reconstruction et de consolidation de la paix.
Ce combat renferme plusieurs paliers notamment au niveau de la
base, l'intégration des notions portant sur les aspects paritaire
(égalité de sexe) et genre qui rencontrent encore dans certaines
sociétés une résistance que beaucoup qualifierait
d'inouïe ;
33 Liliane Perrin et Miriam Donsimoni : Les femmes
dans les territoires en conflit. Liber Amicorum, op cit.
34 M. Cleveti, cité par Liliane Perrin et
Miriam Donsimoni : Les femmes dans les territoires en conflit.
33
et au niveau institutionnel, l'adoption des lois dans certains
pays facilitant l'égalité de chances entre les hommes et les
femmes dans toute circonstance.
Par ailleurs, certaines femmes surtout en Afrique
subsaharienne s'estiment être incapables face à certains sujets
qu'elles trouvent être du ressort « masculin », ce qui les
place en marge du développement de leurs communautés. Ce
sentiment d'incapacité éprouvé par ces femmes est le
résultat de la divergence de vue qu'ont ces dernières sur leur
rôle dans le processus de paix et de développement de leurs
milieux respectifs.
Ceci parait être est une brèche pour où
passent certains détracteurs des femmes qui n'hésitent pas
à la moindre occasion à les exclure de tout processus de paix.
L'exclusion des femmes du processus de paix et leur absence à la table
de négociations ont souvent entraîné des
conséquences regrettables dans le domaine de la justice sociale, du
développement et de la réconciliation nationale35.
La participation de la femme à tous les niveaux dans le
processus de paix contribue à consolider les dividendes issus de ce
processus car étant consciemment ou inconsciemment la part
entière des artisans de la paix.
La question d'implication des femmes dans la reconstruction
post-conflit est clairement posée dans la résolution 1325 (2000)
du Conseil de Sécurité. Cette résolution a demandé
à tous les intéressés d'incorporer une démarche
soucieuse d'équité entre les sexes dans les efforts de
reconstruction post-conflit et de tenir compte des besoins particuliers des
femmes et des petites filles36. En outre, la volonté et la
détermination de la femme suffisent amplement pour son implication
effective dans le processus de paix mais aussi pour que ses revendications et
lutte de tous les jours soient prises en compte par les instances
concernées.
35 De Siva Burke, E. and al, Engendrer la paix,
réflexion sur le processus de paix au Burundi, cité par
International Alert
36 Professeur Mabiala Mantuba Ngoma, Les femmes et la
reconstruction post-conflit en RDC, Ethnologue, Département des Sciences
Historiques, Université de Kinshasa.
34
Les efforts des femmes pour leur participation effective dans
le processus de reconstruction dans des zones post-conflit et des instances de
prise de décisions à tous les niveaux de la société
doivent converger vers la direction qui facilite la fédération de
leurs idées et philosophies par rapport à leur statut social et
au rôle multidimensionnel qu'elles ont à jouer. Ces efforts
devront bénéficier d'un accompagnement et/ou un appui soutenu de
la part d'autres acteurs concernés par cette problématique:
institutions étatiques, ONG, société civile, etc.
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