2. Problématique
La transformation structurelle reflète
le processus à travers lequel l'importance relative des
différents secteurs et activités d'une économie change au
cours du temps. Deux facteurs sont indispensables à
l'enclenchement du processus de transformation structurelle. Le premier est
l'impulsion de l'innovation dans les secteurs stratégiques. En l'absence
de ce facteur, les moyens de décollage de l'économie sont
insuffisants. Le second concerne l'accès des secteurs à forte
productivité aux facteurs de production afin de favoriser la diffusion
des gains de des secteurs stratégiques au reste de l'économie. Le
rythme et l'ampleur des transformations structurelles dépendent de la
stratégie de développement adoptée par les pays.
Force est de constater que la structure
productive dans le cas des économies africaines a bien peu
évolué au cours des vingt dernières années, la
croissance de la richesse a été principalement tirée par
les exportations de produits de base et l'industrialisation est restée
en retrait (McMillan et al, 2014). La part de l'Afrique subsaharienne dans
les exportations mondiales de marchandises en moyenne a baissé en valeur
de 6,3 % à 2,5 % entre 1985-2010 (CNUCED). De même, la part qu'il
détenait dans les exportations totales de marchandises des pays en
développement en moyenne est tombée presque de 8 % en 2012, soit
quasiment un tiers de sa valeur moyenne de 1986, tandis que celle des articles
manufacturés restait légèrement inférieure
à 1 % (CNUCED). Comparée à la région en
développement d'Asie qui a obtenu de bons résultats moyens en ce
qui concerne les exportations totales de marchandises et d'articles
manufacturés, sa part des exportations mondiales de marchandises est
passé de 18 % en 1985 à 22 % en 2012 et celle qu'elle
détenait dans les exportations totales de marchandises des pays en
développement de presque 60 % à 72 % dans la même
période (CNUCED).
De même, sa part dans le commerce mondial
d'articles manufacturés a triplé pour atteindre 22,5 % en 2010
ses chiffres moyens ont doublés d'après la CNUCED. De plus
récemment la région comptait le plus haut niveau de concentration
des exportations soit un indice de diversification de Theil de 4,5 et un indice
de qualité des produits exportés de 0,62 comparé à
celui de l'Amérique latine et les caraïbes qui est de 3,3 donc une
diversification plus forte que celui de l'Afrique subsaharienne ainsi que d'un
indice de qualité des exportations de 0,81 avec l'Asie en tête
0,91. Selon des estimations de la Banque mondiale, l'Afrique en
général a la plus faible contribution dans valeur ajoutée
manufacturière mondiale à 1,6 % sur la période de
1999-2015 opposé à la région de l'Asie pacifique dont 45%
en moyenne (Banque Mondiale). Cette situation est issue d'une insignifiante
intensité technologique des activités manufacturières.
Tout ceci est dû au fait que 80% de la valeur ajoutée
manufacturière africaine est liée aux ressources naturelles soit
aux activités traditionnelles affichant en gros des niveaux
limités de productivité.
Pour l'éducation, le Taux net de
scolarisation au cycle primaire y est ainsi passé de 66,5 %
à 90,7 % soit une amélioration de 24,2 points, ce qui
équivaut à un quart d'enfants en plus dans les écoles
primaires. Sur la même période de temps l'amélioration
maximum a été de 13 points dans les pays développés
(1865-1880), 15,4 points en Amérique latine et Caraïbes
(1940-1955), 18 points en Asie-Pacifique (1935-1950) et 22,6 points en Afrique
du Nord et Moyen-Orient entre 1999 et 2015 (UNESCO) les pays d'Afrique
subsaharienne ont presque doublé leurs capacités d'accueil dans
le primaire, de 83,2 à 156,9 millions d'enfants scolarisés)
(UNESCO 2014). Basés sur les dernières enquêtes
ménages dans 33 pays d'Afrique subsaharienne, les résultats
montrent un taux de rendement de 12,4 % contre 10 % dans les pays
à revenus élevés, 9,4 % en Asie de l'Est et
Pacifique, 9,2 % en Amérique latine, 7,7 % en Asie du Sud et
7,3% en Afrique du Nord et Moyen-Orient. Au-delà des aspects financiers
en Afrique subsaharienne, la médiane se situe à 16,9 %
contre 11,8 % en Europe et en Amérique du Nord et 14,1 % au niveau
mondial. L'Afrique subsaharienne est donc une des régions du monde
où les gouvernements dépensent la plus grande part de leur budget
pour leur système éducatif (UNESCO 2016).
Dans le domaine de la santé, selon l'OMS,
sur les 4 millions de personnels de santé manquants à
l'échelle mondiale, il en manque 1 million sur le seul continent
africain. Mais l'état de santé des populations de la
région s'est considérablement amélioré, ce qui se
traduit par un relèvement de l'espérance de vie en bonne
santé, le temps passé en pleine santé passant de 50,9
à 53,8 ans entre 2012 et 2015 (OMS), Les institutions et les
ressources nécessaires pour fournir des services liés à la
santé ne sont utilisées qu'à 49 % de la capacité
potentielle de la Région. Malheureusement, l'on enregistre en moyenne
seulement 2 médecins et 15,5 lits d'hôpital pour 10 000 personnes
(OMS, 2015). À l'heure actuelle, en moyenne 39 % des budgets
consacrés à la santé sont utilisés pour l'achat de
produits médicaux, alors que les dépenses consacrées au
personnel de santé (14 %) et aux infrastructures (7 %) sont faibles. Une
analyse des habitudes de dépenses suggère que les pays ayant des
systèmes de santé performants consacrent jusqu'à 40 % de
leurs investissements au personnel et 33 % aux infrastructures (BM, 2016).
Dans le domaine de l'emploi, selon le nouveau
rapport de l'Organisation mondiale du travail sur l'emploi et les questions
sociales dans le monde, les chiffres de l'Afrique subsaharienne sont nettement
moins élevés comparés à ceux de la Région
nord-africaine. Ainsi, en 2017 l'Afrique subsaharienne a connu un taux de
chômage de 7,2% et ce chiffre devrait rester stable cette année
selon l'OIT. Mais monter d'un cran en 2019 pour atteindre 7,3%. Ceci implique
donc que de 29,1 millions de chômeurs enregistrés en 2017.
Malgré des taux croissance impressionnants (4,7% en moyenne entre 2000
et 2017) les pays africains restent donc marqués par des niveaux de
chômage inquiétants. A titre illustratif, le taux de chômage
en Afrique du Sud était de 27,7% en 2017 (estimations de l'OIT). En
Afrique centrale, la création nette d'emplois est négative dans
le secteur formel depuis 2015, selon un récent rapport de l'Union
Africaine (UA). Alors le degré de qualification situera
l'échelle du développement humain qui boostera la croissance et
transformant ainsi la structure de l'économie afin d'aboutir à un
développement durable.
En Afrique Subsaharienne plusieurs pays ont augmentés
leurs dépenses d'éducation depuis ces dernières
années. De même les dépenses publiques sanitaires en
Afrique Subsaharienne ont aussi considérablement augmenté (OMS
2017). Nous constatons en outre qu'il y'a une relation de causalité
entre capital humain et transformation structurelle. Le Seychelles et le
Maurice ayant des dépenses élevés dans le capital humain
arrive à transformer leur structure économique classés en
première position en Afrique et 65ieme au rang mondial du
développement humain.
Les pays à faible niveau de capital
humain n'observent quasiment aucune transformation structurelle de leur
économie. A l'exemple de toute la région de l'Afrique centrale
ayant un indice de développement humain faible en moyenne de 0,2, ce qui
laisse comprendre clairement qu'une faible dépense en capital humain ne
peut pas pousser à la migration des secteurs à faibles
productivités vers ceux à forte productivités. La
mauvaise allocation des ressources dans les exploitations agricoles et les
entreprises manufacturières en Afrique subsaharienne sont liées
à une mauvaise allocation du capital humain sans pour autant
énumérer ses pays de la région qui reçoivent des
aides internationales en plus de leurs énormes efforts de croissance
à la hausse mais aboutissant à un résultat paradoxal. Cela
consiste en un véritable dilemme auquel nous devons analyser
profondément avec une attention très particulière.
De par ce problème constituant notre
préoccupation principale dans la présente étude, la
problématique fondamentale est la suivante:
Quel est l'effet du capital humain sur la
transformation structurelle en Afrique Subsaharienne?
De façon spécifique, il convient de
savoir :
1. Quels est l'influence du capital humain sur
la diversification des d'exportations en Afrique
Subsaharienne ?
2. Quel est l'effet du capital humain sur la
sophistication des exportations en Afrique
Subsaharienne ?
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