UNIVERSITE DE KISANGANI
KISANGANI
FACULTE DE GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
RENOUVELABLES SPECIALISATION : AMENAGEMENT DES ECOSYSTEMES
MEMOIRE DE MASTER
IMPACTS DE L'ANTHROPISATION SUR LE PAYSAGE FORESTIER ET
LES VARIABLES CLIMATIQUES DANS LA ZONE FORESTIERE DE YANGAMBI. RECHERCHE
DES SCENARIOS A COURT, MOYEN ET LONG TERME.
PAR
JULIEN BWAZANI BALANDI
Sous la direction de :
Promoteur : Pr. Dr. MUKANDAMA (UNIKIS)
Co-promoteur : Pr. Dr. MENIKO (IFA/YANGAMBI)
|
Composition du Jury
Professeur MENIKO (IFA/YANGAMBI) Professeur PYAME
(FGRNR/UNIKIS) Professeur LISONGO (FS/UNIKIS) Professeur KUMBA (FS/UNIKIS)
Président Professeur MUKANDAMA (FGRNR/UNIKIS)
ANNEE ACADEMIQUE 2017-2018
Université de Kisangani, Commune de Makiso, - B.P. 2012
-Kisangani, République Démocratique du Congo
E-mail: b rectorat@unikis.ac.cd; Site web:
www.unikis.ac.cd
II
EPIGRAPHE
«Chaque difficulté rencontrée doit être
l'occasion d'un nouveau progrès»
Pierre De Coubertin
DEDICACE
III
A toute la famille BALANDI A toi mon père Romain
BALANDI A toi ma mère Scholastique MANGBELE A toi notre
regretté frère-jumeau PATRICK que Dieu a rappelé avant ce
jour.
REMERCIEMENTS
Mes premiers remerciements vont naturellement à
l'éternel Dieu, maître de temps et de circonstances pour sa
bonté envers nous. En dépit des péripéties
traversées, le bon Dieu a permis que ce travail touche à sa
fin.
Nous remercions de tout notre coeur nos parents, Papa Romain
BALANDI et Maman Scholastique MANGBELE, qui nous ont toujours porté
secours depuis notre venu au monde jusqu'aujourd'hui. Ils ont fait preuve de
sacrifices énormes et ont toujours été présents
dans les bons comme dans les mauvais moments. Qu'ils trouvent ici l'expression
de notre reconnaissance.
Notre gratitude s'adresse cordialement à notre
promoteur et notre co-promotteur de mémoire, Professeur Jean-Pierre
MUKANDAMA NDOLANDOLA et Professeur Jean Pierre Pitchou MENIKO TO HULU.
Monsieur le Professeur MUKANDAMA a été le
premier à nous accueillir dans le monde scientifique depuis la licence
à la faculté de Gestion des Ressources Naturelles Renouvelables.
Il a toujours fait preuve de bienveillance à notre égard. Nous
lui sommes reconnaissant pour ses orientations intéressantes et pour son
encadrement tout au long de notre mémoire.
Nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur le
Professeur MENIKO avec qui, un seul contact au cycle de licence, aurait suffi
pour nuer des bonnes relations. Nous lui sommes reconnaissant pour la confiance
qu'il nous a accordée en acceptant d'encadrer sans hésitation
aucune, ce travail de maitrise et pour toutes les heures qu'il a
consacrées à diriger cette recherche. Merci pour tout.
Dans les mêmes sentiments de reconnaissance, nous
remercions très spécialement Messieurs Jean-fiston MIKWA,
Félicien BOLA, Sylvain KUMBA pour leur participation
très active dans cette recherche.
Nous remercions infiniment toute la famille BALANDI :
Félicienne BALANDI, Lucie BALANDI, Corine BALANDI, Herveline
BALANDI, Blaise BALANDI, Marina BALANDI, Domicienne BALANDI, Nathalie BALANDI,
sans oublier tous nos neveux et toutes nos nièces. Nos sincères
remerciements s'adressent également à Monsieur André
MONGANGA pour son assistance, aux soeurs Catherine MITEMBE, Caroline ALEGBA,
Liliane ASANGA et à Monsieur Jean-Marie MAIMOMO pour avoir
contribué à notre formation.
Notre reconnaissance s'adresse également à tous
nos collègues, qu'il s'agisse de ceux du département
d'aménagement des écosystèmes que ceux de la conservation
de la biodiversité.
Très particulièrement nous remercions Messieurs
Merger TSHOMBA, Serge ALEBADWA, Pascal BARAKA, David PYAME, Lévi
KINZONZOLI, Paul ALIMENGO, Jules ABANI, Joël MASIMO, Serge MAWAYI, Derrick
GELENGI, Jean-Marie MAMIMOLO, Mesdames Bijoux M'VUGE, MOSEKA BENGWELA, PATIENCE
AZIRO, Marie-Claire LISSASI, Guillumine YANGOYI, Nathalie LONGOYA, Gloire
YAMBWA et BLANDINE MOKILI pour la franche collaboration.
Nous exprimons enfin, notre reconnaissance à tous nos
amis de longue date et ceux de tous le temps : Héritier ALOKO,
Jédidias MABELA, Shadrack LIMONO, Christian MANZELEA,
Hélène NKATE, Francis BOPELE, Samson ALUNGA, Guy MBENGO, Moise
KANDO, Gérardin MABIA, Jacques ELANGILANGI, Jacques LONZEKE, Moise
MOSAU, Héritier KONGA, Préféré BISABO, Junior LOLA,
Germain LOLA et Olivier EDUNZI pour leur assistance de près ou de
loin.
vi
RESUME
La présente étude réalisée dans la
zone forestière de Yangambi a eu pour objectif general, prédire
pour le court, le moyen et le long terme, la dynamique du paysage forestier
ainsi que la fluctuation des variables climatiques. Cet objectif
général a été décliné en 5 objectifs
spécifiques.
La combinaison de la télédétection et le
SIG à l'approche D-P-S-I-R ainsi qu'aux statistiques descriptives et
inférentielles, a permis d'atteindre ces objectifs.
Les résultats relatifs à la dynamique historique
du paysage ont attesté un accroissement du taux annuel de
déforestation. Ce taux est estimé à 0,007% au courant de
la première décennie (19861995). Il augmente de 0,13% au courant
de la deuxième (2000-2009) pour atteindre le rythme amazonien (0,4%)
à la dernière décennie (2009-2018).
Les transitions interclasses ont montré une forte
tendance d'anthropisation. On observe entre 2000 et 2009 des pertes de 3,15% et
de 21,06% respectivement de forêts primaires et forêts secondaires
au profit de la classe agricole. De même, plus de 2% et 20%,
respectivement des forêts primaires et des forêts secondaires
transitent au profit de l'agriculture entre 2009 et 2018. Les résultats
relatifs à la dynamique prospective attestent une tendance future
d'anthropisation du paysage. Les taux de déforestation sont
estimés à 0,011% pour le court terme (2018-2038) ; 0,032% pour le
moyen terme (2018-2058) et 0,033% pour le long terme (2018-2078).
Concernant les variables climatiques, la fluctuation
historique des précipitations atteste une diminution de la
première à la deuxième décennie avec un
écart de 46,33mm, et une augmentation entre la deuxième et la
troisième décennie avec 51,36mm d'écart. On observe par
ailleurs, une tendance d'augmentation de la température, avec
0,34°C et 0,28°C d'écart respectivement entre la
première et la deuxième et entre la deuxième et la
troisième décennie. Les scenarios climatiques attestent une
tendance d'augmentation de la température d'au moins 0,2°C entre le
court, moyen et le long terme. Alors que la tendance est celle de la diminution
pour les précipitations. Elles pourraient atteindre des moyennes
annuelles de 1795mm.
L'agriculture itinérante sur brûlis est
décrite comme principal moteur de déforestation avec des pertes
annuelles moyennes estimées à plus d'un ha pour un agriculteur.
Il en suit l'exploitation artisanale des bois énergie et des bois
d'oeuvre avec respectivement 0,019ha et 0,012ha comme pertes annuelles moyennes
d'un exploitant pour chaque catégorie.
Au vu de la faible corrélation (1.3%) pour tous les
modèles prédictifs des précipitations, il s'est
avéré utile d'explorer d'autres variables explicatives afin
d'améliorer la qualité des modèles.
Mots-clés : Anthropisation, paysage
forestier, taux de deforestation, Yangambi, climat.
vii
ABSTRACT
The main objective of this study in the Yangambi Forest Area
was to predict for the short, medium and long term the dynamics of the forest
landscape as well as the fluctuation of climatic variables. This general
objective has been broken down into 5 specific objectives.
The combination of remote sensing and GIS with the D-P-S-I-R
approach, as well as descriptive and inferential statistics, made it possible
to achieve these objectives.
Results relating to the historical dynamics of the landscape
have shown an increase in the annual rate of deforestation. This rate is
estimated at 0.007% during the first decade (1986-1995). It increases by 0.13%
during the second (2000-2009) to reach the Amazon rhythm (0.4%) in the last
decade (2009-2018).
The transitions breaks showed a strong tendency of
anthropisation. One observes respectively between 2000 and 2009 losses of 3,15%
and 21,06% of primary forests and secondary forests to the profit of the
agricultural class. In the same way, more of 2% and 20%, respectively the
primary forests and the secondary forests pass in transit to the profit of
agriculture between 2009 and 2018.
The relative results to the prospective dynamics attest a
future tendency of anthropisation of the landscape. The rates of deforestation
are estimated to 0,011% for the short term (2018-2038); 0,032% for the middle
term (2018-2058) and 0,033% for the long term (2018-2078).
Regarding climatic variables, the historical fluctuation of
precipitation shows a decrease from the first to the second decade with a
difference of 46.33mm, and an increase between the second and third decade with
51.36mm difference. There is also a trend of temperature increase, with 0.34
° C and 0.28 ° C difference respectively between the first and the
second and between the second and third decade. The climate scenarios show a
trend of temperature increase of at least 0.2 ° C between the short,
medium and long term. While the trend is that of the decrease for
precipitation. They could reach annual averages of 1795mm.
Slash and burn agriculture is described as the main driver of
deforestation with average annual losses estimated at more than one ha for a
farmer. It follows the artisanal exploitation of energy wood and timber with
respectively 0,019ha and 0,012ha as average annual losses of an operator for
each category.
Given the low correlation (1.3%) for all predictive
precipitation models, it has been useful to explore other explanatory variables
to improve model quality.
Keywords: Anthropization, forest landscape,
deforestation rate, Yangambi, climate.
viii
ix
x
Table des matières
EPIGRAPHE ii
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS iv
RESUME vi
ABSTRACT vii
Table des matières viii
Liste des figures x
Liste des tableaux xii
ACRONYMES xiii
0. Introduction générale 1
0.1. Contexte de l'étude
1
0.2. Etat de la question
2
0.3. Problématique
5
0.4. Hypothèses 6
0.5. 0bjectifs de la recherche
6
0.6. Intérêt du
travail 7
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES 8
I.1. Généralités sur les
forêts tropicales 8
I.1.1. De la grande diversité des forêts
tropicales 8
I.1.2. Déforestation et dégradation
tropicale 8
I.1.3. Les moteurs de déforestations en
milieux tropicaux 8
I.1.4. Des interactions naturelles :
écosystèmes forestiers et climat 9
I.1.5. Les effets globaux de la
déforestation 9
I.2. Généralités sur les
variations climatiques 10
I.2.1. Des variations passées du
climat 10
I.2.2. Des possibles variations climatiques dans le
futur 11
I.3. Généralités sur
l'écologie du paysage 11
I.3.1. Définitions et composition du
paysage 11
I.3.2. La structure spatiale en écologie du
paysage 12
I.3.3. Outils d'analyse du paysage 14
I.3.4. Occupation et utilisation du sol
15
I.3.4.1. Simulation des changements d'occupation
et d'utilisation des sols 15
I.3.4.2. Les outils de
simulation 16
I.3.4.3. Modélisation et
simulation 16
I.4. Généralités sur les
méthodes appliquées 17
I.4.1. Récolte des données des moteurs
de déforestation : Approche DPSIR 17
I.4.2. Traitement des images satellitaires
17
I.4.2.1. La classification supervisée
18
I.4.2.2. La matrice de transition 19
I.4.2.3. Identification des processus de
transformation spatiale 19
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET APPROCHES
METHODOLOGIQUES 21
II.1. Milieu d'étude
21
II.2. Les approches méthodologiques
25
II.2.1. Acquisition des données 25
II.2.2. Prétraitement et organisation des
données 27
II.2.3. Traitement et analyse des données
28
CHAPITRE III : LES RESULTATS DE L'ETUDE 37
III.1. Dynamique de l'occupation du sol
37
III.1.1. Cartographie de la dynamique de l'occupation
du sol 37
III.1.2. Dynamique de l'occupation du sol en
pourcentage des classes 39
III.1.3. Taux de déforestation et de changement
dans la zone d'étude 40
III.1.4. Les transitions interclasses 42
III.1.5. Analyse de la structure spatiale du paysage
44
III.1.6. Prédiction de l'occupation du sol
48
III.2. : FLUCTUATION DES VARIABLES CLIMATIQUES
55
III.2.1. Fluctuation spatio-temporelle des
précipitations 55
III.2.2. Fluctuation spatio-temporelle de la
température 58
III.2.3. Prédiction des variables climatiques
61
III.3. Les moteurs de déforestation dans la
zone d'étude 65
III.3.1. Moteurs de déforestation
pondérés aux enquêtés 65
III.3.2. Variabilité des surfaces
forestières perdues pour chaque moteur 65
CHAPITRE IV : DISCUSSION GENERALE ET PERSPECTIVE
68
IV.1. Approches méthodologiques
68
IV.1.1. De l'imagerie Landsat aux analyses du SIG
68
IV.1.2. Fluctuation climatique : question
d'inférence ou de la description statistique ? 71
IV.1.3. L'approche DPSIR : intérêt d'une
approche participative 71
IV.2. Résultats d'étude
72
IV.2.1. Dynamique historique et prospective du paysage
72
IV.2.2. Fluctuation historique et prédictive
des variables climatiques 76
IV.2.3. Les moteurs de déforestation
78
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS 80
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 83
LES ANNEXES 91
Liste des figures
Fig.1. Variation des précipitations moyennes
annuelles à l'échelle régionale 10
Fig.2. Les composantes du paysage 12
Fig.3. Les éléments clés qui
caractérisent tous les systèmes écologiques 13
Fig.4. Illustration de la fragmentation 13
Fig.5. Illustration du spectre
électromagnétique 14
Fig. 6. Démarche générale de
modélisation et de simulation des LULCC 16
Fig.7. Illustration schématique de la
méthode DPSIR.......................................... 17
Fig.8. Dendrogramme de Bogaert et al. (2004) .........
20
Fig. 9. Milieu d'étude 21
Fig.10. Diagramme ombrothermique de la région
22
Fig.11. Le relief de la zone d'étude 23
Fig.12. Les coordonnées Path et Row des
scènes utilisées 25
Fig.13 : Prédiction du changement de
l'occupation du sol à l'aide LCM 32
Fig.14. Occupation du sol multi-date 37
Fig.15. Dynamique de l'occupation du sol en pourcentage
des classes 39
Fig.16. Taux de déforestation dans la zone
d'étude 40
Fig.17. Nombre de taches dans le temps et dans l'espace
44
Fig18. Les gains et les pertes dans les classes
d'occupation du son (1995-2009) 48
Fig19. Changement net dans les classes d'occupation du
son (1995-2009) 49
Fig20. Contribution dans le changement net dans les
classes anthropiques (1995-2000) 49
Fig.21. Carte réelle et prédictive de
l'occupation du sol en 2018 LCM 50
Fig.22. Les scénarios prédictifs de
l'occupation du sol à court, moyen et long terme. 52
Fig.23. Tendance future d'anthropisation
53
Fig.24 Corrélation (superficies forestières
et anthropiques) 53
Fig.25. Tendance future de déforestation 54
Fig.26. Fluctuation spatio-temporelle des
précipitations 55
Fig.27. Variabilité des précipitations
56
Fig.28. Fluctuation spatio-temporelle de la
température 58
Fig.29. Variabilité de la température
59
Fig.30. Les modèles d'ajustement des
précipitations 61
Fig.31. Tendances des précipitations à
court, moyen et long terme 62
Fig.32. Les modèles d'ajustement de la
température 63
Fig.33. Tendance de la température à court,
moyen et long terme 64
Fig.34. Moteurs de déforestation
pondérés aux enquêtés 65
Fig.35. Evolution de la distance aux champs 66
Fig.36. Type forestier sollicité pour
l'exploitation des bois énergie 67
Liste des tableaux
Tableau 1 : Critères des valeurs de Divergence
Transformé et de Jeffries-Matusita
Tableau 2 : Estimation de la précision de la
classification selon le coefficient Kappa
|
18
19
|
Tableau 3 : Indicateurs des facteurs de déforestation
|
26
|
Tableau 4: la stratification de l'occupation du sol
|
28
|
Tableau 5 : Qualification des taux de déforestation
|
30
|
Tableau 6 : Facteurs explicatifs des changements
|
33
|
Tableau 7 : Coefficient de Cramer's V des variables explicatives
|
..34
|
Tableau 8 : Mesure des erreurs et des exactitudes
|
35
|
Tableau 9 : Matrice de transition 1986-1995
|
42
|
Tableau 10 : Matrice de transitions 2000-2009
|
43
|
Tableau 11 : Matrice de transition 2009-2018
|
43
|
Tableau 12 : Processus de transformations spatiales du paysage
|
47
|
Tableau 13. Statistiques des classes entre l'occupation du sol
réelle et prédite en 2018
|
51
|
Tableau 14 : Variabilité des précipitations
|
56
|
Tableau 15 : Variabilité de la température.
|
59
|
Tableau 16 : surfaces forestières perdues par chaque
moteur de déforestation
|
65
|
Tableau 17 : Autres variables liées à l'agriculture
|
66
|
Tableau 18 : Autres variables liées au bois énergie
67
|
|
ACRONYMES
D.P.S.I.R. : Drive (force motrice), Pressions, State
(état), Impact et Réactions.
FAO : Food and Agriculture Organisation
FACET : Forêts d'Afrique Centrale Evaluées par
Télédétection
FS : Faculté des sciences
FGRNR : Faculté de Gestion des Ressources Naturelles
Renouvelables
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Experts sur
l'évolution du Climat (IPCC) en anglais
IFA : Institut Facultaire d'Etudes Agronomiques
INERA : Institut National d'Etudes et Recherches
Agronomiques
IPCC: International Panel of expert on Climate Change
LULCC: Land Use and Land Cover Change
MCG : Modèles de Circulation Générale
OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux
OSFAC : Observatoire Satellital des Forêts d'Afrique
Centrale
RDC : République Démocratique du Congo
REDD + : Réduction des Émissions de GES
liées à la Déforestation et la Dégradation des
forêts, l'accroissement des stocks de carbone et la
gestion durable des terres
SIG : Système d'Information Géographique
TCAM : Taux de Croissance Annuel Moye
UNIKIS : Université de Kisangani
0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. Contexte de l'étude
L'anthropisation est de nos jours, un des thèmes
d'actualité en écologie du paysage. Elle place l'homme comme
partie intégrante de la dynamique des écosystèmes. Ce
dernier, de par ses activités, induit des perturbations qui constituent
le moteur de la dynamique du paysage et agissent à toutes les
échelles spatiales et temporelles. En effet, la dynamique du paysage
peut être décrite par des changements dans le temps des indices
qui décrivent la structure et la composition du paysage (Schlaepfer,
2002). La suppression de la couverture végétale
naturelle et son remplacement par une végétation artificielle, ou
un autre type d'occupation du sol, constitue l'un des effets immédiats
de l'anthropisation (Bogaert et al, 2008). A l'échelle
du paysage, cet impact se lit à travers la fragmentation et la
diminution de la surface forestière modifiant ainsi la structure
spatiale et la composition du paysage initiale (Groves.,
1998).
En outre, plusieurs travaux ont récemment montré
que certains changements des états des paysages pouvaient influencer les
facteurs météorologiques et le climat à des multiples
échelles de temps, de la seconde jusqu'à plusieurs millions
d'années (Avissar et al, 1990.)
Los et al. (2001) concluent même que les
variations interannuelles enregistrées par les précipitations et
les températures globales pourraient résulter des cycles
liés à l'augmentation et à la diminution de la
photosynthèse, forçage affectant le cycle hydrologique, le cycle
de carbone et le bilan énergétique.
L'étude des états des paysages forestiers
fournit alors potentiellement différentes sources de
prévisibilité du climat. Etant donné que la
dégradation et la déforestation s'avèrent croissantes en
région tropicale, particulièrement en République
Démocratique du Congo, il nous est apparu utile de simuler la dynamique
du paysage forestier et la fluctuation des variables climatiques afin de
permettre aux aménagistes des écosystèmes d'établir
des plans d'adaptation et d'atténuation efficaces faces aux probables
perturbations climatiques futures. C'est dans ce contexte général
que s'inscrit la présente recherche entreprise dans le cadre des
études supérieures en aménagement des
écosystèmes.
0.2. Etat de la question
La contribution du système forestier à la
régulation du climat local et régional conduit à une
réflexion autour des impacts probables de la perte du couvert forestier
sur les variables climatiques.
En effet, dans la majorité des travaux
antérieurs, de nombreuses incertitudes persistent encore sur les
relations végétation-climat sous les latitudes tropicales. La
plupart des chercheurs s'évertuent généralement à
étudier soit, les impacts des changements climatiques sur la
phénologie des arbres, soit les variations spatio-temporelle des
variables climatiques, un des aspects de notre étude.
Dans le cadre des études qui analysent les impacts des
changements climatiques sur la phénologie des arbres, les
différents chercheurs se penchent de plus en plus à cerner les
variations que font subir les climats aux phénomènes
périodiques de la végétation notamment la germination, la
feuillaison, la floraison etc. Voici un des travaux de cette catégorie
:
Chuine (2007) s'est intéressé à
déterminer les variations au cours de dernières décennies,
de débourrement, de la floraison, de la sénescence et de la date
de maturation des fruits des ligneux tempérés (Européen et
Nord-américain). Son étude a eu le mérite d'avoir
expliqué que les variations constatées dans certains
phénomènes périodiques de la végétation
étaient dues aux perturbations climatiques. Il démontre de
même que la phénologie de chaque espèce sera fortement
affectée par le changement climatique dans le futur, mais avec des
réponses contrastées entre espèces.
Dans le cadre des études qui analysent les fluctuations
des variables climatiques, la plupart des chercheurs se concentrent à
analyser la te température et les précipitations. Ainsi, à
l'échelle planétaire, d'après le dernier rapport du Groupe
d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la
température moyenne mondiale a augmenté de 0,85°C entre 1880
et 2012. Chacune de trois dernières décennies a été
plus chaude que la précédente et que toutes les autres
décennies depuis 1850. La décennie 2001-2010 a été
la plus chaude de toutes les décennies depuis 1850. Les
différents modèles simulent une augmentation des
températures (entre 2 et 6°C) à l'horizon 2050-2100 (IPCC,
2013). Cette augmentation simulée varie suivant les régions du
globe et selon les scénarios.
A l'échelle régionale, Aguilar et al, (2009)
observent une tendance à la baisse des précipitations totales de
31 mm/décennie entre 1955 et 2006. Mahé, (1993) précise
que les plus fortes baisses des hauteurs de précipitation ont
été observées pendant la décennie 1968-1980 et
n'ont pas la même intensité à travers toute la
région.
Dans le sud du Cameroun et au Congo, la baisse des
précipitations a persisté jusqu'en 1990. Par ailleurs, au Gabon
et en RCA, on a observé une hausse respectivement après 1980 et
1985. Les températures par contre, montrent une tendance
générale à la hausse. Au Congo, sur la période
allant de 1950 à 1998, les températures ont augmenté de
0,5 à 1°C pendant les décennies 1980 et 1990 (Samba-Kimbata
M.J., 1991). En ce qui concerne les changements de température sur le
long terme, les quelques données de stations disponibles dans la
région semblent indiquer une augmentation du réchauffement
(Aguilar et al, 2009).
Les rares études présentées ci-dessous,
ayant porté sur les impacts de la modification des paysages forestiers
sur les variables climatiques se penchent de plus en plus dans la même
orientation que notre étude, celle de cerner les impacts que peut
induire la suppression d'une couverture forestière sur les variables
climatiques.
En effet, la conversion des forêts en terres agricoles
et autres types d'utilisation du sol accroît la portion de sol nu
exposée aux rayons du soleil et donc accroît l'albédo, ce
qui diminue la radiation solaire absorbée par la surface.
Niyogi et al (2009) estiment que la
déforestation peut significativement changer l'eau de surface et
l'équilibre énergétique de multiples manières et
donc affecter la température, l'humidité atmosphérique,
aussi bien les processus météorologiques que climatiques.
Makarieva et al (2013) estiment que la
déforestation diminue la pluviométrie en affaiblissant le
couplage direct, le couplage local et le recyclage indirect.
Le couplage direct est en effet, le phénomène
selon lequel la pluie est recyclée dans l'air par évaporation
à partir du sol nu et par transpiration à partir des stomates des
plantes (évapotranspiration) équivalent en masse de la chaleur
latente.
Avec le couplage local, la déforestation diminue la
rugosité de la surface, ce qui peut supprimer la turbulence de la couche
de transition durant la journée ainsi que l'instabilité
nécessaire pour la formation des nuages (radiation dans la frange basse
des longueurs d'onde augmentée) et des pluies (Santanello et al
2007). Finalement, avec le recyclage indirect, de grandes masses d'air
humide en provenance des océans, et qui autrement auraient
été préservées du séchage par
l'évapotranspiration des forêts, perdent de l'humidité
nécessaire au développement des orages. Akkermans et al
(2014) ; Nogherotto et al (2013) vont plus loin dans leurs
recherches et décrivent des scénarios multiples sur le climat et
les terres, indiquant que la déforestation dans la région
pourrait conduire à un réchauffement compris entre 2 et 4°C
dû à une diminution de l'évapotranspiration (chaleur
latente) et de l'ombre, combinée à un forcing accru
résultant d'une séquestration plus faible des gaz à effet
de serre.
4
Comme les précédents chercheurs, ils attestent
eux-aussi que le couplage direct et le couplage local sous les
différents scénarios sont aussi censés s'affaiblir, ce qui
conduit en conséquence à une diminution de la pluviométrie
de 5 à 10 % sur la plus grande partie de la région du bassin du
Congo.
Ces différentes études, en allant de celles qui
analysent la fluctuation spatio-temporelle des températures et des
précipitations à celles qui décrivent les impacts de la
déforestation et de la dégradation des paysages forestiers sur
ces paramètres climatiques, entrent de part et d'autre, dans la
même perspective que notre étude. Elles sont d'une grande
importance et ont le mérite d'avoir levé l'équivoque,
autour de l'existence à l'heure actuelle des changements climatiques
à l'échelle planétaire auquel s'opposent d'autres
chercheurs, et autour des interactions forêt-climat.
En somme, le réchauffement récent de la
planète fait donc objet de nombreuses recherches. Celles-ci comme vu
précédemment, sont souvent effectuées à large
échelle. L'Intergovernmental Panel on Climate Change(IPCC) a
étudié en 2007, le changement de température
planétaire entre 1970 et 2004. D'autres études sont
effectuées à des échelles plus fines, avec une grille
d'1° par 1° ou 100 km par 100 km, mais là encore, ce maillage
est trop large comparé à celui de notre travail.
En effet, le réchauffement dépend, à
l'échelle locale, de paramètres comme l'orographie, les
conditions environnementales ou encore la proximité à une zone
urbaine. Le changement climatique se décline différemment selon
la région du globe et les propriétés de la surface. Pour
cela, il est possible d'analyser plus finement ses déclinaisons par les
modélisations ou grâce aux observations. Ainsi, dans le cadre de
cette étude, les modélisations et les observations sont
analysées à l'échelle de la zone forestière de
Yangambi. Elles portent aussi bien, sur la fluctuation des températures
et des précipitations que sur la dynamique du paysage forestier. Outre
cet aspect d'échelle spatiale, le présent travail se distingue
des autres travaux cités ci-haut par le fait qu'il s'insinue à
identifier le principal moteur de déforestation dans la région
d'étude. Ceci apporte en effet, les arguments nouveaux tant dans la
compréhension de la déforestation accrue en région
tropicale, que dans la compréhension de l'augmentation de la
température et de la baisse des précipitations.
5
0.3. Problématique
Les forêts de la planète et celles du bassin du
Congo en particulier, jouent un rôle important pour l'humanité.
Les forêts du bassin du Congo offrent des moyens de subsistance à
60 millions de personnes qui y vivent ou résident à
proximité. Elles remplissent également des fonctions sociales et
culturelles essentielles aux populations locales et autochtones et contribuent
plus indirectement, à alimenter les 40 millions de personnes qui vivent
dans les centres urbains (Nasi R et al. 2011) ; (De Wasseige C. et
al.2014). Au cours des dix dernières
décennies, une attention particulière a été
accordée aux services environnementaux fournis par ces forêts,
plus particulièrement aux services liés à la
régulation du climat à travers la séquestration du
carbone. Selon de Wasseige et al. (2009), le carbone
stocké dans le Bassin du Congo est estimé à 46 milliards
de tonnes.
En République Démocratique du Congo (R.D.C),
environ 60% de la population vit en milieu rural (FAO, 2001). Selon le rapport
administratif du District de la Tshopo (actuelle province) de 2009, la
population située dans la zone forestière de Yangambi dans le
territoire d'Isangi, s'estimait à environ 67.794 habitants avec une
densité de 17 habitants au km2. Il s'y observe une
intensification de la pression anthropique sur les ressources naturelles ainsi
qu'une exploitation sans recul des forêts due à des mauvaises
pratiques culturales et à un temps réduit de mise en
jachère (S. Katembera Ciza et al.,2015).
De nombreuses études au niveau tant national que de la
zone forestière de Yangambi ont montré un recul des forêts
tropicales humides sans pour autant le corréler à la fluctuation
des variables climatiques. En RDC, selon Mayaux et al (2003), le taux
annuel moyen de déforestation est de 0,26 %. Sans rester constant,
l'OSFAC montre des taux de déforestation de l'ordre de 1,09% entre 2000
et 2005 (FACET 2010). A l'échelle locale, les travaux de (S. Katembera
Ciza et al.,2015) basés sur les moteurs de déforestation dans la
région d'Isangi, montrent un taux annuel de déforestation de
0,13% entre 2002 et 2010.
Amplifiés par les modes et les systèmes
inadéquats d'exploitation des ressources disponibles, ces changements
ont des répercussions directes sur l'occupation du sol et sur la
fluctuation locale des variables climatiques, les processus naturels de
succession des végétations, d'évapotranspiration
étant alors perturbés par l'activité anthropique (Vink,
1983).
De ce fait, cette problématique est convertie et
résumée en différentes questions dont une
générale et quatre autres spécifiques,
présentées de la manière que voici :
I. Quels scénarios de couvert forestier et
d'évolution du climat projeter à l'issue de la
l'anthropisation observée dans la zone forestière
de Yangambi ? Cette question centrale se décline à des questions
spécifiques ci-après :
1. Quelle est la tendance historique de la dynamique du paysage
?
2. Quel constat entrevoir sur la dynamique prospective du
paysage forestier ?
3. Quelle est la tendance historique d'évolution des
températures et des précipitations ?
4. Quel constat entrevoir sur l'évolution prospective du
climat ?
Quel est le plus grand moteur de la
déforestation dans la région de Yangambi ? 0.4.
Hypothèses
? Hypothèse centrale
L'étude soutient l'hypothèse centrale selon
laquelle, les scénarios paysagers pour le court, le moyen et le long
terme, montrent une accentuation de la déforestation et de la
dégradation des terres. Les scénarios climatiques quant à
eux, montrent une augmentation de la température et une diminution des
précipitations.
? Hypothèses spécifiques
L'hypothèse centrale émise ci-haut est enrichie
et complétée par des réponses spécifiques
formulées de la manière que voici :
1. La dynamique historique du paysage montre une
déforestation d'une décennie à l'autre ;
2. Une anthropisation croissante pourrait s'observer dans le
court, moyen et long terme ;
3. Les fluctuations historiques tendent vers une augmentation
de la température et une diminution des précipitations ;
4. Les scenarios pour le court, le moyen et le long terme
montrent une augmentation de la température et une diminution des
précipitations ;
5. L'agriculture itinérante sur brûlis est le
principal moteur de déforestation dans la région de Yangambi.
0.5. 0bjectifs de la recherche
? Objectif général
Afin d'éclairer l'implication des activités
humaines sur les modifications du paysage et la variabilité climatique,
ce travail se veut globalement prédire pour le court, le moyen et le
long terme, la dynamique du paysage forestier et la fluctuation locale des
variables climatiques en fonction du rythme de la déforestation.
7
? Objectifs spécifiques
Cette étude vise à atteindre les objectifs
spécifiques ci-après :
1. Cartographier et analyser la dynamique historique du paysage
;
2. Etablir des scenarios pour la dynamique prospective du
paysage ;
3. Décrire les fluctuations historiques de la
température et des précipitations ;
4. Etablir des scenarios climatiques pour le court, le moyen et
le long terme ;
5. Déterminer le principal moteur de déforestation
dans la zone d'étude.
0.6. Intérêt du travail
A. Pertinence scientifique de la recherche
La présente recherche s'inscrit dans le contexte du
changement climatique accéléré par les activités
humaines, une question en plein démêlés scientifiques. En
analysant la dépendance de variables climatiques de la régression
des forêts, l'étude apporte des arguments nouveaux, qui
décrivent d'une part, les interactions forêts-climats et d'autre
part, les implications humaines dans la variabilité
accélérée des paramètres climatiques à
travers la déforestation et la dégradation des paysages
forestiers.
Les scénarios pour le court, moyen et long terme
relatifs aux variables climatiques et à l'occupation du sol, renforcent
les connaissances scientifiques, et constituent un référentiel
pour la prise des décisions.
B. Pertinence sociale de la recherche
La présente étude aboutit à des
propositions palliatives qui constituent pour la population, un moyen
d'atténuation, d'adaptation aux changements climatiques et de
sédentarisation dans leurs activités agricoles.
8
CHAPITRE I. CONSIDERATIONS PRELIMINAIRES
I.1. Généralités sur les
forêts tropicales
I.1.1. De la grande diversité des forêts
tropicales
La zone intertropicale contient le plus grand réservoir
de diversité biologique de notre planète. Près des deux
tiers des 250 000 espèces de plantes à fleurs, 80 % des insectes,
84 % des reptiles, 91 % des amphibiens, 90 % des primates. Ces forêts
abritent aussi de nombreuses espèces encore inconnues et les inventaires
sont loin d'y être terminés (Henry puig.,2001).
A l'échelle du Bassin du Congo1, second plus
grand écosystème forestier tropical après l'Amazonie
(Tsayem et Fotsing 2004), ces forêts représentaient en 2010, un
couvert forestier de plus de 268 million d'hectares (de Wasseige et
al. 2012). Ce bassin dispose de plus de 186 millions d'hectares de
forêt dense humide et plus de 81 millions d'hectares d'autres types de
forêt.
I.1.2. Déforestation et dégradation
tropicale
La déforestation affecte de façon
différente les forêts tropicales humides. En Amazonie, les
évaluations par imagerie satellitaire ont montré que près
de 10 millions d'ha sont détruits par décennie (Repetto,
1990).
Les forêts d'Asie et du Pacifique ont perdu 3,9 millions
d'ha/an entre 1980 et 1990, l'Amérique latine et les Caraïbes 7,4
millions d'ha/an. L'ensemble des forêts tropicales auraient
diminué de plus de 15 millions d'ha/an durant cette même
période (Singh. 1993).
Le Bassin du Congo présente des taux de
déforestation et de dégradation faibles par rapport à
certaines régions du monde. Globalement, le taux de déforestation
net y est de 0,09 % entre 1990 et 2000, contre 0,17 % entre 2000 et 2005 ce qui
est largement en deçà du rythme amazonien où ce taux
atteint 0,4 % par an (Demaze 2007). Ce vaste domaine forestier a
contribué seulement pour 5,4 % à la perte estimée de
surface de forêt humide tropicale sur la période 2000-2005 (Hansen
et al. 2008).
I.1.3. Les moteurs de déforestations en milieux
tropicaux
Geist et Lambin (2001) ont identifié quatre grands
groupes de facteurs qui peuvent être considérés comme les
causes immédiates de la déforestation et la dégradation de
la forêt. Il s'agit principalement de l'extension des infrastructures ;
de l'expansion de l'agriculture ; de l'extraction du bois ; des autres
facteurs.
1 Le bassin du Congo est le plus grand bassin
versant d'Afrique. A cheval sur l'équateur, cette gigantesque cuvette
s'étend sur environ 3,7 millions de Km2. Partagé par
neuf pays, il couvre la majeure partie de certains, comme la République
Démocratique du Congo (98%).
9
Kissinger et al. (2012) ont montré que
l'agriculture paysanne est la principale cause de déforestation dans les
zones tropicales. Elle contribue à 35 % à la destruction de la
forêt en Afrique, 65 % en Amérique latine et un peu plus de 30 %
en Asie du Sud-Est.
L'exploitation forestière contribue à plus de 80
% à la dégradation forestière en Asie du Sud-Est, à
plus de 75 % en Amérique latine, contre environ 32 % en Afrique
(Kissinger et al. 2012). Les autres facteurs concernent principalement
: les prédispositions environnementales ; les facteurs biophysiques ;
les événements sociaux tels que les guerres, révolutions,
etc.
I.1.4. Des interactions naturelles :
écosystèmes forestiers et climat
Le système forestier, de par l'absorption
d'énergie solaire et l'évapotranspiration, joue le rôle
d'un gigantesque convertisseur d'énergie. Les forêts convertissent
l'eau en vapeur d'eau et fournissent davantage d'ombre qu'un autre couvert
végétal, ce qui peut conduire à des températures de
surface plus fraîches.
Les échanges d'énergie que la forêt
entretient avec l'atmosphère, ont une influence sur les
paramètres physiques de la masse d'air de la couche atmosphérique
la plus proche de la terre (Monteny et al.,199 4).
Ainsi, trois caractéristiques déterminent la
sensibilité du climat aux phénomènes de surface (Polcher
J., 1994) :
(i). La densité du système forestier
est telle que, l'albédo2 est très faible
comparé à celui d'un sol nu ;
(ii). Le taux élevé
d'évaporation, comparable à celui des océans, est
l'une des principales caractéristiques des forêts dont la
densité du feuillage leur permet d'intercepter puis de restituer une
grande partie des pluies ;
(iii). La variation de surface causée par les
différentes hauteurs d'arbres que constituent les forêts,
génère de la turbulence, ce qui est favorable au
déclenchement des précipitations. Le système forestier est
donc à la fois, un récepteur de précipitations et un
générateur de pluies à l'échelle locale
par le biais de l'évapotranspiration (Bigot S., 1997).
I.1.5. Les effets globaux de la déforestation
On attribue une part croissante depuis 1850 aux
déboisements des forêts (dont les forêts tropicales) dans le
phénomène de concentration du gaz carbonique et dans l'effet de
serre. Les brûlis des forêts représentent aujourd'hui 35,7 %
des émanations de gaz engendrant l'effet de serre, contre 64,3 % pour
les productions industrielles (Newman. 1990).
2 L'albédo
: est le ratio entre la radiation incidente et
réfléchie. Il varie entre 0 pour un objet parfaitement noir qui
absorbe la totalité de la radiation incidente et 1 pour une surface qui
la réfléchit totalement. Il dépend de la longueur d'onde,
mais le terme général se rapporte habituellement à une
moyenne appropriée à travers le spectre de lumière
visible, ou à travers l'ensemble du spectre de la radiation solaire,
(http : //
www.elic.ucl.ac.be/textbook/glossary).
10
La déforestation dans les pays tropicaux contribuerait
pour 10 à 25 % (certains auteurs avancent jusqu'à 50 %) des
émissions annuelles en CO2, issues des combustibles fossiles en 1980,
soit entre 0,4 et 2,5 milliards t. (Houghton, 1990). Les émissions de
carbone (CO2) dans l'atmosphère par la déforestation tropicale
représentent 1 à 3 milliards t/an et 35 à 50 % des
émissions de combustibles sur la planète (7 milliards t/an).
I.2. Généralités sur les
variations climatiques
I.2.1. Des variations passées du climat
La figure 1 ci-dessous, présente les variations des
précipitations entre le début du vingtième siècle
et le début du vingt et unième siècle
(Djoufack V. et Tsalefac, 2014). Dans
l'ensemble, on distingue deux foyers de fortes précipitations (P>2500
mm) : Le fond du golfe de Guinée et, d'une manière
générale, l'Afrique centrale atlantique. La cuvette congolaise
doit ses fortes précipitations moins à l'influence de
l'océan qu'à la forte évapotranspiration émanant de
son couvert forestier et marécageux (Bigot S., 1997).
A
C
B
D
Figure 1 : Variation des précipitations moyennes
annuelles (mm) entre les années 1900 et 2000 à l'échelle
régionale : a) moyenne 1901-1950 ; b) moyenne 1951-2002 ; c) moyenne
1951-1970, d) moyenne 1971-2002. Source (Djoufack V., 2011).
11
Au regard de la température, les études montrent
une tendance générale à la hausse. Au Congo, sur la
période allant de 1950 à 1998, les températures ont
augmenté de 0,5 à 1°C pendant les décennies 1980 et
1990 (Samba-Kimbata M.J., 1991).
I.2.2. Des possibles variations climatiques dans le
futur
L'évaluation des changements probables des
précipitations et des températures de surface au cours du 21e
siècle a été réalisée par plusieurs pays de
la COMIFAC dans le cadre de leurs communications nationales à la
convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques plus connue
sous le sigle anglais UNFCCC3 (CSC.,2013).
L'étude sur les scénarios du changement
climatique susmentionnée révéla, que tous
les modèles, indépendamment de la saison et du scénario
d'émission, indiquent un réchauffement de la température
atmosphérique de surface d'au moins 1°C vers la fin du 21e
siècle (CSC.,2013).
Concernant la température atmosphérique annuelle
moyenne de surface, les changements probables vers la fin de ce siècle
sont compris entre +3.5°C et +6°C pour un scénario de fortes
émissions et entre +1.5°C et +3°C pour un scénario
d'émissions contenues de gaz à effet de serre4
(Haensler A et al.,2013).
Selon (Haensler A et al.,2013), les résultats
des différentes simulations relatives aux précipitations totales
sont moins robustes que ceux concernant la température. Certains
modèles prévoient un accroissement des précipitations
annuelles dans la majeure partie du Bassin du Congo, tandis que d'autres
modèles anticipent une diminution dans les mêmes zones. Les
changements dans les précipitations annuelles seraient probablement
compris dans une gamme allant de -10 à +10 % dans la zone la plus humide
et de -15 et +30% dans la zone la plus aride.
I.3. Généralités sur
l'écologie du paysage
I.3.1. Définitions et composition du paysage
L'écologie du paysage est l'une des disciplines les
plus jeunes de l'écologie. Carl Troll est celui qui a introduit le terme
d'écologie du paysage en 1930, suite à ses observations des
photographies aériennes (Troll C., 1939).
3 UNFCCC: United Nations Framework Convention on
climate Change. En français : Convention Cadre des Nations Unies sur le
Changement Climatique (CCNUCC), est adoptée au cours du sommet de la
terre de Rio de Janeiro en 1992 par 154 Etats.
4 Gaz à effet de serre : les Gaz à
Effet de Serre (GES) sont des gaz qui absorbent une partie des rayons solaires
en les redistribuant sous la forme de radiations au sein de l'atmosphère
terrestre. Plus d'une quarantaine des GES ont été recensés
par le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'évolution du Climat
(GIEC).
12
Ce biogéographe allemand avait pour objectif, combiner
deux disciplines : la géographie et l'écologie. En ceci, il
cherchait à relier les structures spatiales aux processus
écologiques (Burel F. et Baudry J., 2003).
Plusieurs définitions gravitent autour du concept
paysage. La définition la plus largement partagée est celle
contenue dans la Convention Européenne du Paysage. Selon cette
définition, « le paysage se définit comme une partie de
territoire telle que perçue par les populations, dont le
caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ ou humains
et de leurs interrelations ». D'une manière générale,
le paysage se réfère à une aire relativement large, de
quelques hectares à quelques centaines de km2 (Forman R.T.T.
& Godron M., 1981).
Le paysage est constitué de trois
éléments distincts :
Les taches : Ce sont des mosaïques
d'unités fonctionnelles, des surfaces qui diffèrent, par leur
apparence et leur composition, de ce qui les entourent (la matrice). Elles
peuvent largement varier en taille, en forme, en type, en
hétérogénéité et en caractéristiques
des frontières ;
Le corridor : Les corridors sont des
unités ayant une forme linéaire caractéristique et
remplissant des fonctions écologiques de conduit (passage), de filtre et
de barrière. Ils sont souvent présents dans un paysage sous forme
d'un réseau.
La matrice : C'est l'élément
englobant. La matrice constitue l'élément le plus extensif et le
plus connecté du paysage. (Forman R.T.T. & Godron M., 1981). La
figure 2 ci-dessous illustre les composantes du paysage.
Fig.2. Les composantes du paysage selon Forman et Godron
(1986).
I.3.2. La structure spatiale en écologie du
paysage
La structure spatiale des écosystèmes paysagers
est d'une importance capitale. En effet, elle permet d'éclairer les
processus écologiques qui s'y déroulent (Fortin, 2002). Chaque
système écologique est caractérisé par une
interdépendance de trois éléments clés : sa
configuration, sa composition et son fonctionnement comme le montre la figure 3
ci-dessous.
13
Un changement d'un des éléments entraine des
répercussions sur les deux autres (Bogaert et Mahamane, 2005). Chaque
composante est nécessaire, mais insuffisante étant prise
individuellement, pour caractériser l'état d'un système
écologique (Noon et Dale, 2002). Cette assertion est connue sous le
terme de « pattern/process paradigm » et est une hypothèse
centrale de l'écologie du paysage. En analysant les structures du
paysage et leur dynamique, des déductions utiles au sujet des processus
(écologiques) fondamentaux peuvent être faites, et vice versa
(Bogaert et al., 2004).
Fig.3. Les éléments clés qui
caractérisent tous les systèmes écologiques, sans tenir
compte de l'échelle spatio-temporelle, sont représentés
par un triangle équilatéral pour illustrer leur
interdépendance. D'après Noon et Dale (2002).
Le concept de fragmentation, associé à
l'hétérogénéité et la connectivité,
constituent des concepts clé de l'écologie du paysage. Il
s'applique aussi bien aux habitats qu'aux populations (populations
fragmentées). En effet, la fragmentation se caractérise par une
diminution de la surface totale d'un habitat et son éclatement en
fragments, ou plus simplement par une rupture de continuité (Figure 4.)
(Burel F. & Baudry J., 2003).
Fig.4. Illustration de la fragmentation : d'a à c,
on observe une augmentation du degré de fragmentation par l'augmentation
du nombre de taches, par la diminution de la taille des taches, par la rupture
de continuité et l'augmentation de l'isolation. (Burel et Baudry, 2003 ;
Bogaert et Mahamane, 2005).
14
Pour mieux étudier les rapports entre la configuration
du paysage et les processus écologiques, il est utile de décrire
ces structures en termes quantifiables. Ceci explique le développement
d'une série d'indices « landscape metrics ». (Farina,
2000).
Il en effet, nécessaire d'utiliser plusieurs indices
pour caractériser la structure spatiale d'un paysage. Pour cela,
beaucoup d'indices sont à la disposition des écologues en raison
du fait qu'aucune mesure ne peut résumer à elle seule toute la
complexité de l'arrangement spatial des taches (Dale et al.,
1994). Ces indices sont souvent des indicateurs de l'impact humain sur la
morphologie du paysage (Krummel et al., 1987).
I.3.3. Outils d'analyse du paysage
a. La télédétection
L'utilisation de la télédétection pour
l'analyse des caractéristiques environnementales et la gestion des
ressources naturelles est bien connue (Jensen J.R., 1996). La
télédétection est en effet, l'ensemble des techniques qui
permettent, par l'acquisition d'images, d'obtenir de l'information sur la
surface de la terre (y compris l'atmosphère et les océans), sans
contact direct avec celle-ci.
Le principe de base de la télédétection
est similaire à celui de la vision humaine. La
télédétection est le fruit de l'interaction entre trois
éléments : une source d'énergie, une cible et un vecteur.
Les longueurs d'onde employées en télédétection
comme le montre la figure 5 ci-dessous, sont essentiellement le visible
de 400 à 700 nm, le proche infrarouge de 700
à 1300 nm, l'infrarouge moyen de 1300 à 3000 nm,
l'infrarouge thermique de 3000 à 15000 nm et
les hyperfréquences ou micro-ondes, passives et
actives, de 1 millimètre au mètre.
s Fig.5. Illustration du spectre
électromagnétique. Source : Lillesand et Kiefer
(1994).
15
b. Le système d'information géographique
(SIG)
Plusieurs acronymes et définitions se valident pour
expliquer le concept SIG. Selon la Société Française de
Photogrammétrie et Télédétection. Le SIG est un
système informatique permettant, à partir de diverses sources, de
rassembler et d'organiser, de gérer, d'analyser et de combiner,
d'élaborer et de représenter des informations localisées
géographiquement, contribuant à la gestion de l'espace (Girard M.
-C. et Girard C. M., 2004).
Le système d'information géographique se compose
d'une part de données géographiques et d'autre part, d'un
ensemble d'outils permettant l'utilisation de celles-ci. La base de
données géographique comprend des données spatiales (forme
et position des objets géographiques), ainsi que des données
thématiques (attributs associés à ces objets).
I.3.4. Occupation et utilisation du sol
Pour mieux cerner des faits dans les études des
transformations et de l'organisation des paysages, il est nécessaire de
distinguer l'occupation du sol de l'utilisation des terres (ou des sols).
Ainsi, nous utiliserons les définitions de (Turner II B.L. et Meyer
W.B., 1994) cités dans (Burel et Baudry, 2003).
L'occupation du sol (land cover) décrit l'état
physique des terres, de la surface du sol (type de végétation,
présence d'eau, de roches). L'utilisation des terres (land use)
décrit par ailleurs, la façon dont les hommes utilisent la terre,
les usages, les pratiques ; par exemple le type d'agriculture, de
pâturage ou d'habitat (Burel et Baudry, 2003).
I.3.4.1. Simulation des changements d'occupation et
d'utilisation des sols
Durant les dernières décennies, un grand nombre
de modèles de simulation des changements d'occupation et d'utilisation
des sols (LULCC)5 ont été développés
pour répondre aux besoins relatifs à la gestion du territoire et
d'aide à la décision (Houet et al., 2008).
L'analyse des relations spatiales entre les changements
observés dans le passé et les variables explicatives
identifiées de façon empirique, statistique, à dires
d'experts ou participative (Mas et al (2011) permet de cartographier la
probabilité des différentes transitions. Ces cartes de
probabilité peuvent être considérées comme un
premier produit de la modélisation.
5 Nous utilisons ici l'acronyme des termes
anglophones « Land use and land cover changes » (LULCC) et «
Land use and land Cover » (LULC) consacrés par la communauté
scientifique tant dans la littérature (Lambin and Geist 2006) que dans
les projets scientifiques internationaux (LUCC project -
http://www.igbp.net/page.php?pid=250
; LAND project -
http://www.globallandproject.org/)
qui n'ont pas d'équivalent en français.
I.3.4.2. Les outils de simulation
Parmi les outils qui existent, les plus utilisées et/ou
diffusées sont : CA_MARKOV sur IDRISI (Eastman, 2009), CLUE-S (Verburg
et Overmars, 2009), DINAMICA EGO (Soares-Filho et al., 2002) et Land
Change Modeler (disponible sur IDRISI et comme extension d'ARC-GIS) (Eastman,
2009). Certains auteurs les appellent « modèles » alors que
ceux-ci reposent sur différentes approches méthodologiques ou
modèles (probabiliste, intelligence artificielle, mécaniste,
etc.) (Coquillard et Hill, 1997). De plus, ces outils, appelés aussi
parfois « logiciels » en terme d'usage informatique, peuvent
être intégrés dans des logiciels de géomatique aux
fonctionnalités beaucoup plus larges. La figure 6 ci-dessous
présente la démarche générale de
modélisation et de simulation des LULCC.
Figure 6. Démarche générale de
modélisation et de simulation des LULCC
I.3.4.3. Modélisation et simulation
Il existe une forte confusion entre les termes «
modélisation » et « simulation » dans la
littérature scientifique (Berre Le et Brocard, 1997) tant francophone
qu'anglophone (modeling and simulation). Si la modélisation
peut se résumer à une description conceptuelle du fonctionnement
d'un système, la simulation immerge le modèle dans le temps.
Ainsi, des cartes prédictives ou prospectives sont souvent
considérées comme le résultat d'une modélisation,
alors que stricto sensu il s'agit de produits d'une simulation.
17
I.4. Généralités sur les
méthodes appliquées
I.4.1. Récoltes des données des moteurs de
déforestation : L'approche DPSIR
L'approche DPSIR (Drivers : forces motrices, Pressions, (State
: état), Impact et Réactions) est un modèle de l'Union
Européenne (UE), développé pour mieux apprécier
l'état de l'environnement à l'usage des décideurs
(UICN-PC.,2014). Il s'articule en cinq éléments tous
reliés par des liens de causalité : Une force motrice (une
activité humaine) ; Une pression sur l'environnement provoquée
par la force motrice ; Une modification de l'état général
de l'environnement, expression de la pression ; Un impact sur le patrimoine
naturel et sur l'homme conséquence de la pression ; en fonction de la
gravité, l'homme va réagir et faire répondre la
société ce qui conduit au 5e élément de l'approche,
les réactions ou réponse.
Ces mesures sont : les mesures préventives
dirigées vers les forces motrices, les mesures curatives dirigées
vers les pressions et l'état, enfin, les mesures palliatives
dirigées vers l'état et l'Impact. La figure 11 ci-après
donne une illustration schématique de la méthode DPSIR.
Figure 7 : illustration schématique de la
méthode DPSIR (UICN-PC.,2014).
Ce modèle nécessite en effet, un recensement des
principaux facteurs de déforestation du milieu et leurs indicateurs.
Pour y arriver, le modèle s'appuie sur l'enquête.
I.4.1. Traitement des images satellitaires
Après avoir téléchargé des images
satellitaires, plusieurs opérations successives peuvent être
effectuées préparant les images brutes aux analyses beaucoup plus
affinées. Parmi ces opérations, les principales sont : la
visualisation et composition colorée, la superposition des points GPX
sur l'image de référence, la mosaïque des images et enfin
l'extraction de la zone d'étude. Ces opérations constituent des
préalables pour la classification.
18
I.4.1.1. La classification supervisée
La classification supervisée est en effet la
procédure la plus souvent utilisée pour l'analyse quantitative
des données de télédétection. Une
compréhension de l'occupation du sol s'avère nécessaire
pour y arriver.
? Définition des échantillons pour la
classification supervisée
Les échantillons sont définis par les RDIs
(Régions D'Intérêts). Les RDIs sont des portions d'images
qui sont sélectionnés par l'utilisateur dans chaque classe.
L'évaluation de la qualité des
échantillons pour chaque image satellite est basée sur le calcul
des indices séparables entre leurs spectres (ITT Inc,. 2008). Les deux
indices proposés par Richards, (1999) sont applicables. Il s'agit de la
Divergence Transformée (DT) et le Jeffries-Matusita (J-M). Les valeurs
de ces deux indices varient de 0.0 à 2.0. Une valeur supérieure
1.9 indique une très bonne séparabilité tandis que celle
inférieure 1.0 démontre une séparabilité faible.
Les critères de ces valeurs pour les échantillons sont
présentés dans le tableau 1 ci-dessous.
Tableau 1 : Critères des valeurs de Divergence
Transformé et de Jeffries-Matusita
Valeurs
|
Séparabilités spectrales
|
Qualités des échantillons
|
> 1.9
|
Très bonne
|
Très bonne
|
1.7-1.9
|
Bonne
|
Bonne
|
1.0-1.7
|
Faible
|
Acceptable
|
< 1.0
|
Très faible
|
Très faible
|
? Validation des résultats de la classification
de l'occupation du sol
Pour valider les résultats de la classification, les
images classifiées sont comparées aux données de
références. Dans cette étape, les données de
référence utilisées pour évaluer la classification
de 2018 sont créées à partir de données
d'observations sur le terrain du janvier au mars 2019. La validation des
années antérieures a par ailleurs connu une démarche
rétrospective. Celle-ci a consisté à sélectionner
les pixels ayant demeuré invariant sur l'image de 2018.
Le résultat de la classification est
considéré comme acceptable si le nombre total de pixels
correctement classifiés est supérieure à 85%, les
précisions individuelles des catégories (classes) sont du
même ordre (Anderson et al., 1971).
19
Le coefficient Kappa doit cependant être
supérieur à 0.80. Le tableau 2 ci-dessous, illustre les niveaux
de la précision du coefficient Kappa et leurs interprétations.
Tableau 2 : Estimation de la précision de la
classification selon le coefficient Kappa
Valeurs de l'indice Kappa Précision de la
classification
?0.00 0.00-0.20 0.21-0.40 0.41-0.60 0.61-0.80
0.81-100
|
Faible Légère Acceptable Modérée Bonne Très
bonne
|
Source : (Landis et Koch 1977)
I.4.1.2. La matrice de transition
Le croisement des deux cartes d'occupation du sol donne une
carte des changements et une matrice qui traduit l'évolution des
différentes classes entre deux périodes. Les auteurs
ci-après Schlaepfe (2002) et Bamba et al, (2010)
décrivent la matrice de transition comme étant une matrice sous
forme carrée qui permet de mettre en évidence les changements
d'occupation du sol pendant une période donnée.
Elle ne contient aucune information sur la distribution spatiale
des changements, ni sur les processus et causes ayant conduit aux changements.
Néanmoins, elle informe sur la proportion d'affectation d'un type i
d'utilisation du sol à un état j
réalisés pendant la période concernée.
I.4.1.3. Identification des processus de transformation
spatiale
L'analyse de la dynamique peut être
complétée à l'aide de la typologie proposée par
Bogaert et al. (2004). Elle prend en compte le nombre de
taches, la surface et le
périmètre, et peut aboutir aux transformations
paysagères multiples notamment : l'agrégation :
fusion de nouvelles taches (a) ; la suppression : disparition
de taches (b) ; la création : formation de nouvelles
taches (c) ; la déformation : changement de forme des
taches (d) ; la dissection : subdivision d'un secteur continu
par des lignes de largeur uniforme et de petites dimensions(e) ;
l'agrandissement : transformation par l'augmentation de taille
des taches(f) ; la fragmentation : conversion de paysage par
la rupture de la continuité en cinq taches disjointes de tailles et de
formes inégales ; (g) ; la perforation : transformation
par la formation de trous (h) ; le déplacement :
translocation d'une des taches (i) ; le
rétrécissement: diminution de la taille des taches
(j).
20
Dans le cas où on a une augmentation du nombre de
taches (n) et une diminution de l'aire totale (a), la
conclusion fait intervenir le rapport a1/a0 = t
observé.
Généralement, un seuil théorique
prédéfini de t = 0,5 a été adopté
(Barima et al., 2009) pour distinguer le processus de fragmentation de celui de
dissection. Ainsi, lorsque t observé < 0,5, la fragmentation
est mise en évidence tandis que lorsque t observé >
0,5, c'est la dissection qui est révélée. La figure 12
ci-dessous reprend le dendrogramme proposé par Bogaert.
Fig.8. Dendrogramme de Bogaert et al.
(2004)
21
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET APPROCHES
METHODOLOGIQUES
II.1. Milieu d'étude
a. Choix du site
Le choix porté sur la réserve de
biosphère de Yangambi est principalement dicté par la
présence de la station climatologique de l'Institut National d'Etudes et
Recherches Agronomique (INERA).
b. Circonscription et localisation du milieu
d'étude
Le milieu d'étude est circonscrit au sein d'une partie
la réserve de biosphère de Yangambi. Cette dernière
s'étend sur une superficie de 25.000 ha dans le bassin du fleuve Congo
et se situe au Nord-Ouest de la ville de Kisangani dans l'actuelle Province de
la Tshopo. Elle s'étale dans le territoire d'Isangi et dans le
territoire de Banalia se trouvant entre 24°16'95" et 25°08'48"
longitude Est, 0°38'77" et 1° 10'20" latitude Nord (Toirambe,
2011).
Figure 9. Milieu d'étude Les limites de ce milieu
d'étude sont définies en fonction de la distance avec la station
climatologique. Etant une région à relief contrasté, ne
disposant que d'une seule station climatologique, un rayon de 30km a
été retenu en fonction duquel, la zone d'étude est
définie.
Ce rayon du cercle inscrit dans un carré, donne une de
distance de 60 km par côté, et un périmètre
(contour) de 240km avec une aire (A) de 3600km2 qui correspondent
à 360000ha. Prenant pour référence le rayon utilisé
par Benichou P et Lebroton O, (1986), à cette distance, les
données de la température et des précipitations issues
d'une seule station peuvent être extrapolées tout en gardant leur
validité.
c. Facteurs biophysiques de la RBY
V' Conditions éco climatiques
La Réserve de biosphère de Yangambi se situe
dans la zone climatique équatoriale influencée par le climat du
type Af de Köppen. (Vandenput, 1981) cité par (Toirambé,
2011). Dans cette nomenclature, « A » désigne un climat chaud
dont la température moyenne est supérieure à 18°C et
« f » désigne un climat humide sans saison sèche
absolue et dont la hauteur mensuelle des pluies du mois le plus sec est
supérieure à 60mm. La pluviométrie annuelle moyenne
variant entre 1837 et 1875 mm/an. La figure 8 ci-dessous présente le
diagramme ombrothermique de la région de Yangambi.
DIAGRAMME OMBROTHERMIQUE
Température Précipitations
TEMPÉRATURE EN °C
|
150 125 100 75 50 25
0
|
|
300 250 200 150 100 50 0
|
PRÉCIPITATIONS
|
|
|
|
|
MOIS (1980-2018)
Fig.10. Diagramme ombrothermique de la région
(source des données : INERA/YANGAMBI, 2019).
V' Conditions géologiques et
pédologiques
La grande majorité de l'étendue de la
réserve de biosphère de Yangambi est formée des sols
anciens, ferralitiques développés sur des sédiments
nivéo-éoliens forts altérés et remaniés (Van
Wambeke et al., 1956) cité par (Sylvain A et al., 2013).
Ces sols sont caractérisés par de bonnes
propriétés physiques (macro et microporosités
importantes), une structure micro agrégée des constituants
élémentaires (kaolinite, gibbsite, hématite, goethite,
quartz) ; et une fertilité chimique en revanche très
limitée (faible capacité d'échange cationique)
? Relief et hydrographie
Le relief de la réserve de biosphère de Yangambi
est constitué d'un plateau disséqué (plateau Lumumba,
Likango, Yangambi et Isalowe) par des vallées à fonds plats et
larges. Ces fonds sont occupés par des cours d'eau dont la
rivière Lobilo forme le principal bassin avec ses multiples affluents
qui, ensemble, se jettent dans le fleuve (Kombele, 2004).
Pour représenter ce relief (figure 9), le recours
à la méthode du Modèle Numérique de Terrain (MNT)
s'est avéré indispensable. Il s'agit en effet d'une
représentation numérique du terrain en termes d'altitude.
Fig.11. Le relief de la zone d'étude Il
découle de la figure 9 que la zone la plus haute se situe à une
altitude de 547 m alors que la zone la plus basse se trouve à 359 m.
cette topographie contrastée pourrait ainsi avoir de l'influence sur
l'évolution de l'occupation du sol.
V' Végétation
Il existe une diversité de formations
végétales dans la région de Yangambi, s'expliquant
à la fois par le milieu physique (présence de plusieurs
rivières notamment) et par une influence de l'homme qui a remanié
à différentes époques les habitats. Cette
végétation fait partie du Centre régional
d'endémisme guinéo-congolais (White, 1986) cité par
(Toirambé, 2011).
Selon (Toirambé, 2011), la première grande
formation forestière est constituée des forêts secondaires
adultes issues de l'évolution progressive des forêts secondaires
jeunes ; la deuxième formation forestière comprend des
forêts denses semi-caducifoliées ; la troisième formation
forestière est constituée des forêts secondaires jeunes ;
les forêts denses sempervirentes constituent la quatrième
formation forestière. La cinquième formation
végétale est celle composée d'une mosaïque de
cultures, des parcelles d'expérimentation agricoles et des habitations.
La sixième formation forestière est constituée d'une
mosaïque des jachères arbustives et herbacées
représentant. Enfin, les forêts marécageuses qui
constituent la septième formation végétale, envahissent
constamment le long des cours d'eau et de bas-fonds mal drainés. Elles
occupent 3,8% de superficie de l'ensemble des formations forestières.
d. Facteurs socio-économique
V' Profil démographique de la
réserve
La population autour et dans la Réserve de
biosphère de Yangambi est concentrée dans les secteurs de Turumbu
et de Yalihila ainsi que l'axe routier Weko - Yambelo. Elle comprend
également celle habitant les quartiers de la cité de Yangambi
(Lusambila, Ekutsu, Okito, Lomboto, Likango, N'Gazi, Bangala, Moussa, Yaekema
et Lumumba). Selon le rapport administratif du District de la Tshopo (actuelle
province) de 2009, cette population s'estimait à environ 67.794
habitants avec une densité de 17 habitants au km2.
En dix ans (de 1999 à 2009), cette population montre un
accroissement absolu de l'ordre de 6hab/km2, soit un taux de
croissance annuel moyen (TCAM) de 4,1%. Plusieurs raisons expliquent cette
croissance démographique parmi lesquelles les naissances annuelles et la
migration des populations de grands centres urbains (par exemple Kisangani)
vers les milieux ruraux à la quête des ressources naturelles.
V' Les activités de la
population
Selon (Toirambé, 2011), la population habitant la
réserve de biosphère de Yangambi exerce plusieurs
activités, les principales étant l'agriculture, la chasse,
l'élevage, la pêche, le prélèvent des produits
forestiers non ligneux, le commerce et enfin l'exploitation artisanale.
25
II.2. Les approches méthodologiques
II.2.1. Acquisition des données
La cartographie de l'occupation du sol a recouru aux images du
satellite Landsat. Elles sont téléchargées dans le site
internet de United States Géologique Survey(USGS)
http://earthexplorer.usgs.go.
Ces images correspondent aux années 1986, 1995,2000, 2009 et
2018. La zone d'étude étant située à l'intersection
de quatre scènes Landsat (la figure 10), il a ainsi fallu 20 images
satellitaires en total en raison de quatre pour chaque date.
Fig.12. Les coordonnées Path et Row des scènes
utilisées Au regard des variables climatiques, les données
nécessaires sont essentiellement issues de la station climatologique de
l'Institut National d'Etude et Recherches Agronomiques. Elles couvrent trois
décennies : 1986-1995 ; 2000-2009 et enfin 2009-2018.
Pour ce qui est des moteurs de déforestation,
l'approche DPSIR6 (figure 7) , a permis de générer les
données nécessaires. Ainsi, sur base d'une
pré-enquête et une connaissance approfondie de la région
d'étude, 3 facteurs de déforestation et de dégradation ont
été retenus. Il s'agit de :
1. L'agriculture itinérante sur brûlis ;
2. L'exploitation artisanale de bois énergie et enfin
3. L'exploitation artisanale des bois
Les indicateurs de chaque facteur de déforestation ont
été également définis et sont consignés dans
le tableau 3. Ils sont facilement mesurables.
6 DPSIR :
(Drivers : forces motrices, Pressions, (State : état), Impact
et Réactions), L'approche DPSIR est une méthode qui a
été largement utilisée par les auteurs Tuner, 1989 ;
Pierce, 1998 ; Agyemanget al., 2007 ; Camanhoet al., 2010 cités par
UICN-PC,2014.
26
Tableau 3 : Indicateurs des facteurs de
déforestation
Facteurs de déforestation et dégradation
|
|
Indicateurs
|
1.
|
Agriculture itinérante sur brûlis
|
·
|
Surface défrichée par l'agriculture pendant toute
l'année ;
|
2.
|
Fabrication des braises
|
·
|
Surface de carbonisation sur une année
|
3.
|
Exploitation de bois d'oeuvre
|
·
|
Surface défrichée pour l'abattage
sur une année.
|
|
Une enquête a en effet été menée
sur terrain et effectuée en deux séquences. La première
séquence a concerné exclusivement les chefs des villages (Yakoko
; Yalungu ; Yaselia ; Obiloto et enfin Yapkonzi) dans l'objectif de collecter
les données de bases telles que la démographie (composition et
nombre des ménages) et les limites géographiques. La
deuxième séquence a par contre, concerné les populations
de différents villages. Dans le cadre de la dernière
séquence, un échantillonnage aléatoire systématique
est alors effectué comme méthode d'échantillonnage. On
procède au tirage dans la base de sondage de manière
systématique, en établissant un « pas de tirage » ou
pas de sondage. Le rapport ci-après permet de terminer le pas de tirage
:
nombre d'unités dans la base de sondage
(population mère)
Pas de tirage =
nombre d'unités à
échantillonner
|
Avant de déterminer le pas de tirage, la
définition de la taille de l'échantillon a été
nécessaire. Pour ce faire, nous avons estimé que la population
dans la région de Yangambi est constituée d'au moins 85% des
personnes ayant une activité pouvant générer des impacts
négatifs sur la forêt (prévalence), et 15%
constitués de personnes affectées à d'autres
activités. Nous avons aussi accepté 5% de risque d'erreur ou 95%
de confiance ceci avec une précision i = 7%. Ainsi, la taille de
l'échantillon est déterminée par la formule
ci-après :
Ou :
n = taille de l'échantillon ;
z21-á/2 = l'écart réduit pour le
risque statistique á admis (de 1,96 pour le risque de 5%) p=
prévalence attendue (85%)
d= précision relative (7%)
Considérant ceci, il nous a fallu un minimum de 143
ménages à enquêter pour avoir des résultats
crédibles. On y a ajouté 18% (soit 31 ménages) afin de
préserver l'intégrité de la taille de l'échantillon
susceptible d'être corrompue par les absences et/ou le refus de
répondre. Ce qui donne un total de 174 ménages
enquêtés. La contribution des villages dans la taille
d'échantillon calculée pour cette enquête est
pondérée par rapport à la taille de la population de
chacun d'eux. Les personnes d'au moins 18ans d'âge ont été
sélectionnées pour participer à cette enquête. Le
tableau 3 (aux annexes) présente le nombre pondéré des
ménages à enquêter par village y compris le pas de tirage.
Ce dernier est de 10 pour chaque village. Constituer un échantillon
systématique dans ce cas, a donc consisté à
sélectionner aléatoirement, un élément (un
enquêté) parmi les 10 premiers de la liste de la population pour
chaque village. Le second élément a correspondu au 10ème
élément qui a suivi le 1er élément
sélectionné et ainsi de suite.
II.2.2. Prétraitement et organisation des
données
a. Les images satellitaires
Les opérations ci-après : la visualisation
(compositions colorées), la superposition des points GPX sur l'image de
référence, et la mosaïque des images ont été
effectuées, préparant les images à la classification
supervisée.
b. Les données climatiques
Les données de température et des
précipitations issues de la station climatologique sont
prétraitées et organisées sous Excel. Trente colonnes
correspondant à trente années regroupées en trois
décennies ont été définies. Pour les
précipitations, chaque colonne correspond à la somme annuelle des
précipitations alors que pour la température, chaque colonne
correspond à la moyenne annuelle.
28
c. Les données des moteurs de
déforestation
Les données issues de l'enquête portant sur les
moteurs de déforestation dans la zone d'étude sont saisies et
organisées sous Excel. Les surfaces défrichées pour chaque
moteur sont converties en hectare. Les données qualitatives sont
quantifiées avec codification.
II.2.3. Traitement et analyse des données
a. Traitement des données de l'occupation du
sol
? La classification supervisée des
images
Dans le cadre cette étude, la classification
supervisée a été appliquée. Pour y arriver, 6
classes
d'occupation du sol ont été définies. Le
tableau 4 ci-dessous décrit ces classes.
Tableau 4 : la stratification de l'occupation du
sol
Classe agricole
La classe agricole représente les surfaces du sol
soumises aux activités d'agriculture. Il s'agit notamment des champs et
des jachères.
|
|
|
|
Les bâtis et sols nus
La classe des bâtis et sols nus représente les
constructions humaines, les routes, et les sols nus.
|
|
|
|
Les plantations forestières
La classe de plantations regroupe des grandes surfaces de
terre occupées par de culture forestières plantées et/ou
aménagées par l'homme. Elles occupent des grandes surfaces dans
la région de Yangambi.
|
|
|
|
Les forêts secondaires
La forêt secondaire représente l'ensemble des
types forestiers qui succèdent à la
régénération et qui constituent la phase transitoire
à l'établissement de la forêt primaire.
|
|
|
|
Les forêts primaires
Il s'agit précisément, des forêts denses
humides de basse et moyenne altitude (forêt ombrophile sempervirente)
caractérisée par une grande
hétérogénéité en ce qui concerne les
espèces végétales qui la composent.
|
|
|
Les cours d'eau
Il s'agit de diverses voies fluviales (cours d'eau) traversant
la zone. La plus vaste est le fleuve Congo.
|
|
|
|
La classe des plantations forestières est facilement
identifiée grâce à son organisation spatiale ainsi que les
points GPS pris sur terrain. Cependant, étant longtemps non
aménagées, ces plantations sont envahies par des arbres non
introduits par l'homme. En conséquence, elles prennent actuellement
l'allure des forêts secondaires, certaines étant même
confondues aux forêts primaires sur les images Landsat. Pour cela, cinq
classes ont été enfin retenues, les plantations étant
intégrées dans des classes à réflectance
identique.
Pour chaque classe, un échantillonnage des RDIs
(Régions d'intérêts) a été appliqué.
L'évaluation de ces échantillons s'est faite à travers le
coefficient de divergence transformée (DT) et de Jeffries-Matusita
(J-M). Dans notre étude, les tableaux 1 (aux annexes), présente
à titre illustratif les coefficients de DT et de J-M des
échantillons définis pour l'images Landsat de 2018. Ce tableau
montre que les valeurs de ces coefficients sont assez élevées ;
elles indiquent une bonne séparabilité spectrale entre les
classes de l'occupation du sol.
? Evaluation de la classification de
référence (2018)
Le tableau 2 (aux annexes) présente à titre
illustratif, la matrice de confusion ayant évalué la
classification de l'occupation du sol de 2018. Les pixels bien
classifiés correspondent aux nombres de pixels sur la diagonale. Les
précisions individuelles fluctuent entre 98 et 100% pour 2018 et 2009.
Elles vont de 97 à 100% pour 2000, de 99 à 100% pour 1995 et
enfin de 88 à 100% pour 1986.
b. Analyses de l'occupation et l'utilisation du sol
? Dynamique historique du paysage
Les analyses ci-dessous sont réalisées afin de
caractériser et quantifier la dynamique spatio-temporelle du paysage.
1. Cartographie de l'occupation du sol
Les images des années 1986, 1995, 2000, 2009 et 2018
ont permis de produire les cartes d'occupation du sol dans la zone
d'étude et ainsi observer et analyser la dynamique spatio-temporelle du
paysage.
2. Taux de déforestation et de
changement
Plusieurs formules existent à l'heure actuelle pour
estimer le taux de déforestation. Dans le cadre de cette étude,
nous avons recouru à l'équation de catalan (1991)
présentée ci-dessous :
Où
A1= Superficie forestière dans l'année initiale
(ha) ;
A2= Superficie forestière dans l'année finale de
la période analysée (ha) ;
n = le temps entre A1 et A2
Pour distinguer les différentes valeurs des taux de
déforestation, Catalan (1991) propose la
qualification suivante :
Tableau 5 : Qualification des taux de
déforestation
Taux annuels de déforestation en %
Qualification
? 0.5 0.5-1.5 1.5-3.0 ?3.0
|
Basse Moyenne
Haute Plus haute
|
Source : Catalan., (1991).
L'estimation des changements d'occupation du sol dans la zone
d'étude a été faite sur base de la formule suivante :
Source : FAO (1996)
Où
Si+t = Superficie à l'année terminale (ha) ; Si=
Superficie à l'année initiale
3. La matrice de transition
Comme décrit ci-haut, les matrices de transitions ont
été appliquées afin de quantifier les différentes
transitions observées au courant des années en étude.
4. Analyse de la structure spatiale du paysage
Dans la structure spatiale du paysage, l'étude se
concentre à deux niveaux : le niveau global du paysage et le niveau
spécifique. Au niveau global, les analyses portent sur le nombre de
taches par type (classe). Au niveau spécifique (tache par tache) les
analyses portent sur :
? L'aire de tâche :
l'aire totale ; l'aire moyenne et l'aire maximale ;
? Le périmètre de tâche :
le périmètre total, le périmètre moyen et le
périmètre maximal) ;
? La dominance Dj (a) : indique la proportion
d'aire occupée par la tache dominante dans la classe j.
Il s'agit de la part occupée dans l'aire totale par la
plus grande tache de la classe j notée amax .J. Plus la valeur
de la dominance est grande, moins la classe est fragmentée. (McGarigal
& Marks, 1995) :
? La forme des tâches : Celle-ci est
calculée par l'indice de la forme de tâche.
La forme est un élément difficile à
quantifier et qui peut donner libre cours à différentes
interprétations (Krummel et al., 1987). Plus les taches ont des
formes allongées ou irrégulières, plus la valeur de
l'IFj sera élevée et cette valeur décroîtra
à mesure que les formes deviennent circulaires (Bogaert et al.,
2000).
Afin d'évaluer la dispersion des superficies et des
périmètres autour de leurs moyennes, nous avions calculé
la variance, l'écart-type et le coefficient de variation.
? La variance ó2 j(a) :
représente la moyenne des carrés des écarts
à la moyenne. Elle permet de caractériser la dispersion des
valeurs par rapport à la moyenne.
ó2 ??(??) = 1 ? (??????
????
??=1 - ???? )2
????
|
? Le Coefficient de variation (CVj) : il est un
indicateur de dispersion. Il est égal au rapport de la racine
carrée de la variance par la moyenne de la classe j
CVj (a) = v???? ??(??)
??
????
5. Identification des processus de transformation
spatiale
Pour identifier les transformations spatiales, la typologie
proposée par Bogaert et al. (2004) a été
appliquée.
? Dynamique prospective du paysage
Pour cette étude, le Land Change Modeler (LCM) a
été utilisé comme outil de Modélisation. Les
étapes de la modélisation prédictive de l'occupation des
sols à l'aide du module LCM sont donc structurées selon le
cheminement présenté dans la figure 13.
Fig.13. Prédiction du changement de l'occupation du
sol à l'aide LCM En effet, les changements historiques sont d'abord
déterminés à partir d'une série multi-temporelle de
cartes de l'occupation des sols. Puis, les facteurs les plus significatifs
(variables explicatives) dans ces changements sont déterminés.
Le nombre de variables explicatives à intégrer
aux modèles de simulation des changements des modes d'occupation et
d'usage du sol est contraint par leur disponibilité ainsi que leur
spatialisation. Le tableau 6 présente les variables explicatives
retenues pour cette étude.
Tableau 6 : Facteurs explicatifs des
changements
|
|
Variables explicatives
|
Description
|
0.
|
Le réseau routier
|
Facilite l'accès aux ressources et leur
évacuation
|
1.
|
Le réseau hydrographique
|
Influe sur la répartition des types d'occupation du
sol
|
2.
|
Les pentes
|
Influe sur l'accessibilité à certaines
ressources
|
3.
|
L'agriculture
|
Important facteur de déforestation
|
4.
|
Les agglomérations humaines
|
Accélèrent la déforestation
|
5.
|
L'aspect
|
Influe sur l'accessibilité et l'utilisation certaines
ressources
|
|
a. Modélisation du potentiel pour le
changement
? Création du sous-modèle de
transition
Après avoir étudié les changements
historiques, la première étape est ici consacrée à
la construction du sous-modèle. Ceci permet ainsi l'introduction des
variables sur lesquelles se produisent des transitions potentielles. Dans cette
étude, nous avons déterminé 20 transitions possibles entre
l'occupation des sols de 1995 et 2009.
Afin d'éviter les transitions impossibles dans le
modèle, seules 6 transitions potentielles ont été retenues
(tableau 7). Deux options pour la modélisation des transitions
potentielles sont proposées : le Perceptron Multi-Couche (PMC) ou la
Régression logistique (Reloger). Dans cette étude, le Perceptron
Multi-couche a été appliqué.
? Evaluation de la qualité des variables
explicatives
La deuxième étape permet d'explorer la puissance
potentielle des variables explicatives qui sont considérées comme
importantes dans le processus de prédiction. Elle permet
également de calculer l'indice de Cramer's V et la probabilité
associée. La puissance potentielle des variables explicatives est
évaluée à l'aide des outils de transformation variable.
Ces outils lient les changements de l'occupation des sols observés aux
variables explicatives. Celles-ci ont été
sélectionnées en fonction de leur potentiel explicatif, et
évaluées grâce au coefficient de Cramer's V, utilisé
dans ce cas comme une valeur de probabilité associée à la
variable explicative. Une valeur élevée de ce coefficient marque
l'importance de cette variable explicative. Ainsi, une valeur supérieure
ou égale à 0.15 est considérée comme acceptable.
Au-delà de 0.4, les variables explicatives sont
considérées comme très satisfaisantes.
Six variables explicatives ont été
évaluées : la distance autour du réseau routier, la
distance autour du réseau hydrographique, la distance autour des
agglomérations, l'aspect du terrain, la pente ainsi que la distance aux
champs. La figure 1 (aux annexes) présente les rendus visuels des
variables explicatives retenues. La relation entre les variables explicatives
et les principales transitions sont décrites dans le tableau 7
ci-dessous.
Tableau 7 : Coefficient de Cramer's V des variables
explicatives
Légende : D.A.H : distances aux
agglomérations humaines ; D.C : Distances aux champs ;
P : la pente ; AT : Aspect du terrain ;
RT : réseau routier ; RH :
réseau hydrographique.
Variables
|
FP-TBN
|
FS-TBN
|
CL.A-TBN
|
FP-CL.A
|
FS-CL.A
|
FS-FP
|
D.A.H
|
0.25
|
0.25
|
0.24
|
0.25
|
0.25
|
0.26
|
D.C
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
0.25
|
0.24
|
0.25
|
P
|
0.23
|
0.23
|
0.24
|
0.26
|
0.23
|
0.24
|
AT
|
0.23
|
0.26
|
0.26
|
0.32
|
0.32
|
0.19
|
RT
|
0.18
|
0.18
|
0.18
|
0.18
|
0.18
|
0.18
|
RH
|
0.12
|
0.12
|
0.12
|
0.12
|
0.12
|
0.12
|
Le tableau 30 montre que les distances au réseau
hydrographique constituent la variable explicative la moins importante pour les
principales transitions retenues. Ses coefficients globaux de Cramer's V
étant inférieurs à 0.15.
Dans l'ensemble, les distances aux agglomérations
humaines, les distances aux champs, la pente et l'aspect du terrain,
constituent des variables explicatives ayant de plus, influencé les
transitions observées entre 1995 et 2009.
Les plus fortes corrélations avec les changements
observés entre 1995 et 2009 se sont observées entre l'aspect du
terrain et les transitions forêts primaires-classe agricole, forêts
secondaires-classe agricole. L'aspect du terrain a en effet, enregistrés
des coefficients globaux de Cramer's V les plus élevés (0.32).
Ceci indique la forte contribution de l'aspect du terrain dans la
répartition des champs dans la région de Yangambi.
Les évaluations vues dans le tableau 21 montrent que
les variables explicatives étudiées et l'occupation du sol de la
région de Yangambi, à l'exception du réseau
hydrographique, sont relativement assez bien corrélées. Par
conséquent, toutes ces variables, excepté le réseau
hydrographique, ont utilisées dans le sous-modèle pour la
modélisation prédictive de l'occupation du sol.
Afin de se passer de la subjectivité et du manque de
précision d'une approche comparative purement visuelle entre une carte
de référence (2018) et la simulation (2018), R. G. Pontius et al.
(2004) montrent l'intérêt d'une comparaison statistique entre les
cartes.
Les auteurs distinguent quatre catégories de pixels
avec (i) les pixels corrects en raison d'une constance observée et
prédite (null successes [N]), (ii) les erreurs en raison d'une constance
observée mais prédite comme changée (false alarms [F]),
(iii) les pixels corrects dus à un changement observé et
prédit (hits [II]) et (iv) les erreurs dues à un changement
observé mais prédit comme constant (misses [M]). Pour juger la
précision de la prédiction globale des changements à
travers l'ensemble du paysage, ils avancent une méthode permettant de
mesurer les erreurs (en % du paysage) en raison de la quantité et de
l'allocation en se basant sur les résultats de la budgétisation
susmentionnée. Le tableau 8 ci-dessous montre les mesures des erreurs et
des exactitudes.
Tableau 8 : Mesure des erreurs et des
exactitudes
OC : changement observé en pourcentage
du paysage
PC : changement prédit
Q : erreur en raison de la quantité des
changements prédits
Q = |pc - oc| = |(f+h) - (m+h)| = |f-m|
A : erreur en raison de l'allocation des
changements prédits
A = (f+m) - q
T : erreur totale
T = f+m = q + a
L'erreur due à la quantité de changement
prédite mesure le pourcentage d'imperfection de la correspondance entre
la quantité de changement observée et prédite. L'erreur
due à l'allocation mesure le degré d'approximation de la
correspondance dans l'allocation spatiale des changements, compte tenu de la
spécification de la quantité des changements dans les cartes de
changements observés et prédits.
c. Traitement et analyse des données
climatiques
Les données climatiques (les données de
température et celles des précipitations)
prétraitées et organisées sous Excel, sont
importées sous le logiciel Statistica dans le but de calculer les
statistiques descriptives d'une part, et d'autres parts déterminer si la
relation entre les variables dépendantes (température et
précipitation) et indépendante (superficie forestière) est
au moins approximativement linéaire afin de définir les
équations de la prédiction climatique.
? Courbes de fluctuation climatique et les
statistiques descriptives
Pour chaque variable climatique, les courbes de fluctuation
spatio-temporelle sont produites. Elles retracent les variations annuelles des
précipitations et de la température. Les statistiques
descriptives (la moyenne ; le maximum ; le minimum) et les statistiques de
dispersion (la variance ; l'écart-type ; le coefficient de variation)
viennent à l'appui des courbes d'évolution et décrivent la
variabilité et les écarts autour des valeurs moyennes au courant
de trois décennies en étude.
? Prédiction des variables climatiques à
court, moyen et long terme
La prédiction climatique pour le court, le moyen et le
long terme dans le cadre de ce travail s'est reposée sur la
méthode de régression simple. En effet, trois modèles sont
testés et comparés. Il s'agit du modèle linéaire,
du modèle logarithmique et du modèle exponentiel.
De ce fait, les moyennes décennales des superficies
forestières sont considérées dans le cadre de cette
étude comme les seules variables indépendantes, desquelles
dépendent la fluctuation de la température et les
précipitations au.
? Evaluations des modèles
Pour chaque modèle un diagramme de dispersion est
produit. Ce diagramme permet de mesurer la corrélation « r »
entre les variables et la dépendance (R2) de
la variable Y à la variable X. Ces coefficients sont utiles dans la
régression car ils permettent d'évaluer les modèles
à travers leurs valeurs. Ils mesurent ainsi la force de la relation
(association) entre les variables et la qualité du modèle.
d. Traitement et analyse des données des
moteurs de déforestation
L'impact de chaque facteur de déforestation est
analysé sur une échelle annuelle. Ce qui a permis en
définitive, de déduire le principal moteur de
déforestation dans la zone d'étude. Chaque moteur de
déforestation est pondéré au nombre
d'enquêtés afin déduire l'activité autour de
laquelle, la majorité de la population s'adhère.
Le recours aux statistiques descriptives a permis de
décrire chaque moteur de déforestation. Pour cela, la moyenne, le
maximal, le minimal et les paramètres de dispersion ont
été appliqués.
CHAPITRE III : LES RESULTATS DE L'ETUDE
III.1. Dynamique de l'occupation du sol
III.1.1. Cartographie de la dynamique de l'occupation du
sol
Fig.14. Occupation du sol multi-date
La figure 14 ci-dessous présente les cartes
d'occupation du sol correspondantes aux années en étude.
L'occupation du sol en 1986 est nettement dominée par
les classes forestières, avec des étendues importantes des
forêts secondaires dans la partie Sud-ouest et une stabilité des
forêts primaires dans la partie Nord-est. Les terres bâties et
nues, la classe agricole (les champs et les jachères) occupent des
étendues moins importantes.
L'occupation du sol en 1995 reste de même dominée
par les classes forestières. Une forte succession peut s'identifier au
Nord et dans la partie Sud-ouest. Les classes anthropiques, principalement les
terres bâties et nues, occupent en cette année, des
étendues un peu plus importantes. La forte activité anthropique
est observée au centre et au Sud de la zone d'étude. Le reseau
hydrographique, dominé par le fleuve Congo demeure visiblement stable
dans le temps.
L'occupation du sol en 2000, marque visiblement le
début des fortes activités anthropiques. En effet, sur la carte
ci-dessus, on peut y observer une extension des terres bâties et nues. On
observe par ailleurs, un recul assez important des classes forestières
principalement les forêts secondaires. Demeurant dominante en cette
année, les forêts primaires paraissent assez
fragmentées.
Comme dans toutes les autres années
précédentes, la stabilité du réseau hydrographique
est aussi observable en 2009. Les classes anthropiques notamment les terres
bâties et nues, les champs et les jachères (classe agricole)
semblent occuper les mêmes étendues qu'en 2000.
On peut par ailleurs, observer un retour des forêts
secondaires dans la partie Sud, en dépit du fait que l'occupation du sol
demeure dominée par les classes forestières.
L'observation de la carte de l'année 2018 laisse
entrevoir une forte activité anthropique dans la zone d'étude.
L'extension des terres bâties et nues y est considérable. Elle
domine nettement le centre de la zone d'étude. On peut également
observer des champs et jachères dans tous les coins.
Si les classes forestières demeurent dominantes en
cette année, un recul important de ces classes n'est donc pas
inaperçu. Les forêts primaires sont visiblement fragmentées
alors que les forêts secondaires disposent des étendues moins
importantes en cette année d'étude.
La sous-section ci-dessous, présente l'occupation du
sol en pourcentage des classes, au cours des années en étude.
III.1.2. Dynamique de l'occupation du sol en pourcentage
des classes
La figure 15 ci-dessous présente le pourcentage
d'occupation du sol pour chaque classe.
78,26
1986 SUPERFICIE EN %
FP FS CD TBN CL.A
4,77
10,24
5,52
0,42
83,98
1995 SUPERFICIE EN %
FP FS CD TBN CL.A
4,77
4,2
4,41
1,86
79,7
2000 SUPERFICIE EN %
FP FS CD TBN CL.A
4,46
4,03
7,69
3,22
77,45
2009 SUPERFICIE EN %
FP FS CD TBN CL.A
4,37
5,3
8,7
3,3
74,26
2018 SUPERFICIE EN %
FP FS CD TBN CL.A
4,95
4,94
7,46
7,49
39
Légende : FP (Forêts primaires) ;
FS (Forêts secondaires) ; CD (Cours
d'eau) ; TBN (Terres bâties et nues) ; CL.A
(Classe agricole).
Fig.15. Dynamique de l'occupation du sol en pourcentage des
classes
40
La description de l'occupation du sol en pourcentage, telle
que présentée dans la figure 16 ci-dessus, atteste la dominance
des classes forestières, plus particulièrement les forêts
primaires, occupant plus de 70% de la zone au courant de chaque année en
analyse. Cependant, ladite domination n'est pas statique dans le temps et dans
l'espace. On enregistre en effet, un recul important des forêts primaires
en 2018.
L'extension croissante des terres bâties et nues est de
même mise en évidence. Il s'agit de l'unique classe d'occupation
du sol n'ayant pas connu des reculs et/ou perte dans son évolution
spatio-temporelle.
La classe agricole (champs et jachère) connait
également des fluctuations notables dans la zone d'étude. Les
années 2009 et 2018 sont celles ayant connu des fortes activités
agricoles dans la zone forestière de Yangambi.
La sous-section ci-dessous, présente les taux de
déforestation et de changement. Les valeurs négatives issues de
la formule de Catalan traduisent la reforestation dans la zone d'étude,
alors que les valeurs positives y marquent la déforestation.
III.1.3. Taux de déforestation et de changement dans
la zone d'étude
a. Taux de déforestation
La figure 16 présente les taux de déforestation au
courant des années en étude.
Taux de déforestation en %
|
|
6,5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
0,3
|
0,4
|
|
0,7
|
0,007 0,13
|
0,4
|
0,8 TD (FP)
|
|
|
TD (FS)
|
|
TD (Total)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
-3,4
Décennie 1 Décennie 2 Décennie 3
8
6
4
2
0
Taux de déforestation en %
-2
-4
Fig.16. Taux de déforestation dans la zone
d'étude
Où : TD = Taux de déforestation, FP = Forêt
primaire, FS = Forêt secondaire
Globalement, le paysage forestier de la zone d'étude
n'a pas connu des taux de déforestation très alarmants. Seules
les forêts secondaires ont pu atteindre un taux plus haut, de
déforestation au courant de la première décennie. Avec une
perte d'au moins 6,5ha dans chaque 100ha des forêts secondaires. Cette
première décennie (1986-1995) est par ailleurs, marquée
par une reforestation (succession) des forêts primaires estimée
à plus de 0,8%.
41
La déforestation totale est moins significative au
courant de cette décennie. La perte estimée est de 0,007ha des
forêts dans chaque 100ha.
La déforestation prend une autre allure au courant de
la deuxième et de la troisième décennie. Les forêts
primaires enregistrent une perte de plus de 0,3%, alors que les forêts
secondaires connaissent une importante restitution estimée à plus
de 3,4% au courant de la deuxième décennie. La
déforestation totale demeure assez basse, mais supérieure
à celle de la première décennie. La perte totale est
estimée à plus de 0,13ha dans chaque 100ha des forêts.
La troisième décennie est de loin,
différente des autres. En effet, elle n'est marquée que par des
pertes, aucun gain forestier n'étant enregistré. Les forêts
primaires enregistrent une perte de 0,4%, alors que les forêts
secondaires en enregistrent plus de 0,7%. Ces pertes spécifiques
entrainent une déforestation totale de l'ordre de 0,4%.
La sous-section ci-dessous traite les différents
changements survenus dans chaque classe d'occupation du sol à travers le
taux des changements.
b. Taux de changement
Le tableau 4 (aux annexes) présente les taux de
changement de la première décennie (19861995). Cette
décennie est caractérisée par des pertes et des gains dans
les classes d'occupation du sol.
Les terres bâties et nues ont enregistré une
extension hautement supérieure estimée à plus de 4 fois
que la superficie initiale de la classe (plus de 5298,93ha d'extension). On
note par contre, une perte de plus de la moitié de la superficie
initiale dans la classe des forêts secondaires. Les forêts
primaires connaissent par ailleurs, une extension de la classe. Plus de
21856,32ha sont gagnés durant cet intervalle de temps.
Dans la classe agricole, seuls 79,2% de la classe, soit
16215,75ha sont restés inchangés dans l'espace. 4005,36ha sont
perdus au profit d'autres classes d'occupation du sol. Finalement, la perte
enregistrée dans la classe des cours d'eau est moins significative.
98,3% de la classe, soit 17157,6ha sont restés cours d'eau. Le tableau 5
(aux annexes) décrit les changements survenus au cours de la
deuxième décennie (2000-2009).
La deuxième décennie comme la première,
est aussi marquée par des pertes et gains considérables. En
effet, le changement le plus important est enregistré dans la classe des
forêts secondaires avec un gain de plus de 31% soit plus de 4655,97ha. Un
autre changement notable s'observe dans la classe agricole qui qui gagne plus
3721,23 ha.
Comme dans la première décennie, les terres
bâties et nues continuent à s'étendre dans la zone
d'étude. De 2000 à 2009, la progression est estimée
à plus de 2% soit plus 295ha gagnées.
Contrairement à la décennie
précédente, marquée par un important gain des forêts
primaires, la deuxième décennie enregistre une perte de plus de
8291,16ha. Seuls 284430,78ha sont restés stables. La tendance reste
cependant la même pour les cours d'eau. La classe perd encore un peu plus
ses superficies entre 2000 et 2009, perte estimée à plus de
352,53 ha.
Le tableau 6 (aux annexes) décrit les changements
survenus au cours de la troisième décennie (2009-2018). En effet,
la progression des terres bâties et nues constitue le changement le plus
remarquable de la dernière décennie. La superficie en 2018 est
estimée à plus de deux fois supérieure que celle de 2009
(un gain de plus de 15283,08ha). La régression des classes
forestières est aussi notable en cette décennie. Les forêts
primaires et secondaires ont respectivement perdu 11717,64ha et 1315,53ha.
Comparée à la décennie
précédente, la classe agricole connait une perte des superficies
estimée à plus de 4427,01ha. La sous-section ci-dessous traite
les différentes transitions interclasses survenues au cours de chaque
décennie, à travers les matrices de transitions.
III.1.4. Les transitions interclasses
Le tableau 9 ci-dessous décrit les transitions
interclasses survenues de 1986 à 1995
Tableau 9 : Matrice de transition 1986-1995
CD FP FS CL.A TBN
CD
|
FP
|
FS
|
CL.A
|
TBN
|
Somme lignes
|
98.91
|
0.51
|
0.08
|
0.24
|
0.12
|
100
|
0.22
|
95.41
|
2.15
|
1.65
|
0.49
|
100
|
0.03
|
63.39
|
19.28
|
14.38
|
2.89
|
100
|
0.44
|
41.52
|
9.71
|
28.08
|
20.22
|
100
|
0.42
|
0.5
|
23.9
|
48.56
|
26.5
|
100
|
1995
1986
La décennie 1986-1995 est caractérisée
par d'importantes transitions. Les forêts primaires ont effet, plus
bénéficié de ces transitions.
Elles gagnent, 63% des superficies de forêts secondaires
(une importante succession), 41,52% des zones agricoles. Elles constituent
aussi avec les cours d'eau, les classes les plus stables dans le temps et dans
l'espace. Seuls 4,5% sont soumis aux transitions et 95,4% étant
restés stables. Les terres bâties et nues, ainsi que les
forêts secondaires constituent les classes les plus instables dans le
temps et dans l'espace. Plus de 73,5% des terres bâties et nues
transitent en d'autres classes au cours de cet intervalle de temps. Le tableau
10 ci-dessous présente les transitons interclasses survenues entre 2000
et 2009.
Tableau 10 : Matrice de transitions 2000-2009
CD FP FS CL.A TBN
CD
|
FP
|
FS
|
CL.A
|
TBN
|
Somme lignes
|
98.58
|
0.72
|
0.07
|
0.13
|
0.46
|
100
|
0.17
|
88.82
|
6.20
|
3.15
|
1.40
|
100
|
0.02
|
48.37
|
27.18
|
21.06
|
3.35
|
100
|
0.01
|
16.55
|
40.26
|
35.35
|
7.81
|
100
|
0.02
|
0.54
|
26.29
|
42.73
|
30.39
|
100
|
2009
2000
Au courant de cette décennie, les forêts
secondaires ont plus bénéficié des transitions. Elles
gagnent 26% des bâtis, et 40% de la classe agricole. Les cours d'eau
demeurent la classe la plus stable dans le temps et dans l'espace. Seuls 1,4%
des superficies des cours d'eau, sont soumis aux transitions.
Les forêts secondaires constituent également la
classe la plus instable, alors que les terres bâties et nues deviennent
de plus en plus stables. Ces dernières, maintiennent intactes plus de
30% des superficies, et enregistrent des gains important notamment, 3% des
forêts secondaires et plus de 7% de la classe agricole. Le tableau 11
ci-dessous présente les transitons interclasses survenues entre 2009 et
2018.
Tableau 11 : Matrice de transition
2009-2018
2018
2009
CD FP FS CL.A TBN
CD
|
FP
|
FS
|
CL.A
|
TBN
|
Somme lignes
|
98.79
|
0.98
|
0.03
|
0.11
|
0.07
|
100
|
0.76
|
91.33
|
3.18
|
2.22
|
2.48
|
100
|
0.26
|
40.76
|
26.02
|
20.62
|
12.30
|
100
|
0.08
|
9.93
|
10.63
|
47.58
|
31.75
|
100
|
0.81
|
0.67
|
5.17
|
43.14
|
50.18
|
100
|
La dernière décennie en étude est
caractérisée particulièrement d'une forte stabilité
des terres bâties et nues comparée aux précédentes.
La classe est restée intacte à 50,18% et seuls 31,8% des
superficies transitent à d'autres classes d'occupation. Elle gagne 31%
des zones agricoles, 12% des forêts secondaires et 2% des forêts
primaires. Ceci marque une importante progression de la classe.
44
Les forêts primaires gagnent 40% des forêts
secondaires, et 9% des jachères et champs (classe agricole). Les
forêts secondaires par ailleurs, constituent la classe la moins stable
dans le temps et dans l'espace. 26% des superficies de la classe sont
restés stables, et plus de 73% de classe sont soumis aux transitions.
Cette dernière décennie est aussi marquée
par la stabilité des cours d'eau. La classe a demeuré stable
à plus de 98%. La sous-section ci-dessous analyse les indices de la
structure spatiale du paysage (analyse complémentaire à la
dynamique paysagère).
III.1.5. Analyse de la structure spatiale du paysage
Cette sous-section analyse les indices de la structure
spatiale du paysage. Comme mentionné ci-haut, deux
éléments de la structure spatiale sont abordés : la
composition et la configuration. La composition étant abordée
ci-haut (différentes classes d'occupation du sol et leurs superficies
respectives), cette sous-section se concentre particulièrement à
la configuration du paysage, abordée à deux niveau : le niveau
global (nombre des tâches) et le niveau spécifique (tâche
par tâches).
a. Nombre des tâches par classes d'occupation du
sol
La figure 17 ci-dessous présente le nombre de taches pour
chaque classe d'occupation du sol au courant des années en
étude.
Evolution du nombre de tache
|
|
|
|
|
49949
|
|
|
|
|
|
46902
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
22928
|
|
|
|
36056
|
|
36056
|
|
|
|
22595
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1986
|
1995
Décennie_1
|
|
2000
|
2009
Décennie_2
|
|
2009
|
2018
Décennie_3
|
|
CD FP FS CL.A TBN TOTAL Linéaire (TOTAL)
60000 50000 40000 30000 20000 10000
0
Fig.17. Nombre de taches dans le temps et dans
l'espace
La figure 18 renseigne sur l'évolution du nombre des
taches dans le paysage au courant des différentes années en
étude.
45
46
Considérant cet indice, les deux premières
années constitutives de la première décennie, sont
globalement caractérisées par une faible fragmentation du
paysage, 1995 disposant d'une légère supériorité en
nombre de taches que 1986.
On constate par ailleurs, que l'année 2000 est
globalement l'année au courant de laquelle le paysage a
été fortement fragmenté avec une légère
supériorité que l'année 2018. En termes de
décennie, la deuxième est caractérisée par une
défragmentation, le paysage en 2009 étant moins fragmenté
qu'en 2000.
La troisième décennie est par contre,
caractérisée par une fragmentation, le paysage en 2018 disposant
de plus des taches qu'en 2009.
Au courant de trois décennies en étude, les
classes forestières notamment, les forêts primaires ainsi que les
forêts secondaires, constituent les classes les plus fragmentées
dans l'espace. Elles sont suivies de la classe agricole et les terres
bâties et nues. Ces dernières ont été fortement
fragmentées régulièrement au courant de chaque
décennie, à l'exception de la deuxième, marquée par
une défragmentation.
b. Les autres indices de la structure spatiale
Le tableau 7, 8, 9 , 10 et 11 (aux annexes) présentent
les autres indices de la structure spatiale du paysage. Ces indices
complémentaires au nombre des tâches renseignent globalement sur
la fragmentation des classes. Considérant la classe des forêts
primaires, l'aire moyenne des taches, la dominance de tache, l'indice de forme
indiquent autant que le nombre des taches, une forte fragmentation de la classe
en 2000 et 2018. La plus petite valeur de l'aire moyenne et de la dominance
ainsi que la plus grande valeur de l'indice de forme étant
trouvées en 2000. Cette fragmentation de la classe des forêts
primaires est aussi confirmée par le coefficient de variation. En effet,
ce paramètre de dispersion montre que la forte variabilité des
aires de taches (hétérogénéité) dans
l'ensemble est observée en 2000 et 2018.
On remarque cependant une stabilité des forêts
primaires en 1986 et 1995 comme la démontre la valeur de la dominance et
de l'aire moyenne.
Eu égard à la classe des forêts
secondaires, l'aire moyenne, le périmètre moyen et l'indice de
forme autant que le nombre des taches, attestent une forte fragmentation de la
classe en 2000. La plus petite valeur de l'aire moyenne et du
périmètre moyen ainsi que la plus grande valeur de l'indice de
forme étant observées en 2000. Les paramètres de
dispersion n'attestent pas par contre, la forte variabilité des aires de
taches en 2000. En effet, le coefficient de variation atteste une forte
variabilité des aires de la classe en 1986 alors que la forte
variabilité autour de l'aire moyenne est observée en 2009.
La fragmentation de la classe agricole en 2000 telle que
démontrée par le nombre de tache, est confirmée par l'aire
moyenne, la dominance, ainsi que le périmètre moyen. La plus
petite valeur de l'aire moyenne, de la dominance et du périmètre
moyen étant observée en 2000.
Concernant les bâtis et les terres nues, l'indice de
forme autant que le nombre de tache, renseignent sur la fragmentation de la
classe en 2018. Cela est appuyé par le coefficient de variation qui
atteste une forte hétérogénéité des aires
des taches en 2018.
Cependant, la dominance quant à elle, atteste la
fragmentation de la classe en 2000. La plus forte variabilité autour de
l'aire moyenne est de même observée en 2000. Alors que l'aire
moyenne la plus petite s'observe en 1986.
Concernant enfin la classe des cours d'eau, l'aire moyenne et
le périmètre moyen de même que le nombre de tache,
attestent une forte fragmentation en 2018. La valeur la petite de l'aire
moyenne et du périmètre moyen étant observée en
2018. Cela est également appuyée par le coefficient de variation
qui atteste une forte hétérogénéité des
aires de taches en 2018. Cependant la dominance des taches, atteste quant
à elle une fragmentation de la classe en 1986 alors que la forte
variabilité autour de l'aire moyenne est observée en 2000.
La sous-section ci-dessous présente les processus de
transformation spatiales survenus au cours de trois décennies en
étude.
47
c. Les processus de transformation spatiale du
paysage
Le tableau 12 présente les différents processus de
transformation spatiale survenues dans les classes d'occupation du sol.
Tableau 12 : Processus de transformations spatiales du
paysage
Processus Décennie_1 (1986-1995) Décennie_2
(2000-2009) Décennie_3 (2009-2018)
Agrégation Forêts secondaires
Classe agricole
Terres bâties et nues
Création Forêts primaires Cours d'eau
Terres bâties et nues Terres bâties et nues
Suppression Forêts secondaires Forêts primaires
Classe agricole
Déformation -
Dissection Cours d'eau Cours d'eau Forêts primaires
Forêts secondaires Classe agricole
Agrandissement - - -
Fragmentation - - -
Rétrécissement - - -
Perforation - - -
Déplacement - - -
48
Le tableau 19 renseigne sur les différents processus de
transformation spatiale survenus au courant de trois décennies en
étude. En effet, la première décennie est marquée
par trois processus majeurs notamment la suppression : processus survenu dans
la classe des forêts secondaires et la classe agricole ; la
création : processus survenu dans la classe des forêts primaires
ainsi que celle de terres bâties et nues et enfin la dissection :
processus survenu dans la classe des cours d'eau.
La deuxième décennie autant que la
première est marquée par trois processus majeurs. A
l'opposé de la première, la deuxième décennie
enregistre l'agrégation : processus survenu dans la classe des
forêts secondaires, la classe agricole ainsi que la classe des terres
bâties et nues. En note également la suppression : processus
survenu dans la classe des forêts primaires et enfin la dissection :
processus survenu dans la classe des cours d'eau.
La troisième décennie par contre, n'est
marquée que par deux processus. On enregistre la création :
processus survenu dans la classe des terres bâties et nues ainsi que la
classe des cours d'eau et enfin la dissection : processus survenu dans la
classe des forêts primaires, la classe des forêts secondaires et la
classe agricole. La sous-section ci-dessous présente les
résultats relatifs à la prédiction de l'occupation du
sol.
III.1.6. Prédiction de l'occupation du sol
Cette partie s'attache à présenter des
résultats relatifs aux scénarios pour le court, le moyen et le
long terme de l'occupation du sol selon le contexte de la zone d'étude.
Pour prédire l'occupation du sol, deux images de référence
(1995 et celle de 2009) ont été utilisées pour calibrer le
modèle LCM. La première analyse porte sur les changements de
l'occupation du sol.
b. Analyse des changements historiques
? Evaluation des gains et des pertes
La figure 18 ci-dessous présente les gains et les
pertes enregistrés dans chaque classe d'occupation du sol entre 1995 et
2009.
Fig18. Les gains et les pertes dans les classes d'occupation
du son (1995-2009)
49
Ces gains et pertes estimés en hectare,
décrivent une importante extension des classes anthropiques, notamment
les terres bâties et nues ainsi que les zones de cultures (classe
agricole). Les terres bâties et nues enregistrent des gains
estimés à plus de 9.000ha, avec des pertes moins
considérables. La classe agricole a quant à elle progressé
à plus de 27000ha. Alors que les gains et pertes dans la classe des
forêts secondaires sont restés relativement
équilibrés, les forêts primaires ont par ailleurs
régressé considérablement, perdant plus de 35000ha. La
classe de cours d'eau enregistre de même des pertes de superficies au
cours de cette période.
? Changement net dans les classes d'occupation du
sol
La figure 19 ci-dessous présente le changement net (la
différence enregistrée entre les gains et les pertes) dans chaque
classe entre 1995 et 2009.
Fig19. Changement net dans les classes d'occupation du son
(1995-2009) Les résultats relatifs au changement net attestent que
les forêts primaires, les cours d'eau constituent les deux classes ayant
dans l'ensemble régressé au cours de cette période. La
classe agricole, les terres bâties et nues se sont par ailleurs plus
étendues que les autres.
? Contribution dans le changement net des classes
anthropiques
La figure 20 ci-dessous présente la contribution des
autres classes dans l'évolution des classes anthropiques.
Fig20. Contribution dans le changement net dans les classes
anthropiques (1995-2000)
50
Les contributions des classes dans l'extension des terres
bâties et nues sont considérables. En effet, la contribution des
forêts primaires est estimée à plus de 3000ha. La
contribution de la classe agricole est aussi non négligeable. Elle est
estimée à plus de 1300ha.
Les forêts secondaires et les forêts primaires
sont les seules classes à avoir plus contribué dans l'extension
de la classe agricole. Les forêts secondaires à elles seules,
perdent plus de 4000ha au profit de la classe agricole alors que les
forêts primaires concèdent plus de 13000ha à l'agriculture.
Les terres bâties et nues ont par contre, contribué dans la
régression de ladite classe.
c. Génération d'une carte
prédictive
Sur base de la matrice des probabilités de transition
obtenue (tableau 12 aux annexes), la carte prédictive de l'occupation du
sol à l'horizon 2018 a été générée
(Fig.21). Cette carte contient les mêmes catégories de
l'occupation du sol que celles initiales (cartes de 1995 et 2009). Le tableau
12 (aux annexes) présente les probabilités de changement pour les
différentes classes d'occupation du sol.
La matrice montre une forte stabilité pour la classe
de forêt primaire et celle de cours d'eau. Toutefois, il y a une plus
forte probabilité pour les forêts secondaires de se convertir en
classe anthropique que de succéder aux forêts primaires.
d. Validation de la carte prédictive LCM
2018
? Comparaison visuelle
La figure 22 ci-dessous montre la carte réelle et
prédictive de l'occupation du sol en 2018.
Fig.21. Carte réelle prédictive de
l'occupation du sol en 2018 LCM A l'image de la carte de 2018, la
distribution de l'occupation du sol dans l'image prédite semble
visiblement avoir été assez correctement simulée. En
effet, les forêts primaires sont réparties sur l'ensemble de la
zone d'étude, et les cours d'eau demeurent stables.
51
On note cependant, une augmentation des taches de la classe
agricole dans la partie Nord de la zone d'étude ainsi que l'extension
des taches des terres bâties et nues dans la partie est. Des taches qui
sont moins visibles dans l'image réelle.
· Statistique des classes
Le tableau 13 compare les statistiques d'occupation
réelle à celles d'occupation simulées. Tableau 13.
Statistiques des classes entre l'occupation du sol réelle et
prédite en 2018
Années/Classes
|
CD
|
TBN
|
FP
|
FS
|
CL.A
|
Carte réelle 2018 (ha)
|
18205.43
|
27419.49
|
272713.14
|
18173.7
|
27536.31
|
LCM 2018 (ha)
|
16454.34
|
21346.11
|
281187.05
|
19252.89
|
27951.93
|
% réels
|
4.9
|
7.4
|
74.2
|
4.9
|
7.4
|
% prédits
|
4.5
|
5.8
|
76,7
|
5.2
|
7.6
|
|
La comparaison chiffrée de l'occupation du sol
réelle de 2018 et celle prédite par le Land Change Modeler
rapproche de plus en plus le prédit au réel. Les cours d'eau, les
forêts secondaires ainsi que la classe agricole prédits et
comparés aux réels, enregistrent un écart de moins d'un
1%. Seuls les terres bâties et nues, les forêts primaires
enregistrent respectivement un écart de 1,6% et 2,5%.
· Comparaison des changements observés et
prédits
La validation du modèle a aussi été
réalisée en comparant les changements observés et
prédits entre 2009 et 2018. Ceci étant, 80% de la persistance
observée (sur un total de 91%) entre 2009 et 2018 a été
correctement prédite (N). Les erreurs en raison d'une constante
observée mais prédite comme changée sont de 5% (F), alors
que les misses qui traduisent le processus inverse (changement observé
mais prédit comme constante) sont de 12% (M). En fin, les changements
observés ayant été correctement prédit par le
modèle sont de 3% (H). La précision globale des changements
à travers l'ensemble du paysage est la suivante :
· Erreur de quantité (Q)= F-M = 7%
· Erreur d'allocation (A)= F+M-Q= 10
· Erreur totale (Q+A) = 17%
· Total des changements observés (OC) = M+H = 15%
· Les changements totaux prédits (PC) = F+H= 8%
52
Avec 80% de la persistance observée (sur un total de
91%) entre 2009 et 2018 correctement prédits, et 3% des changements
observés aussi correctement, la stabilité du modèle Land
Change Modeler est validée. Ceci permet ainsi de réaliser les
scénarios à court, moyen et long terme.
e. Génération des scenarios de l'occupation
du sol
La figure 23 ci-dessous présente les cartes
prédictives de l'occupation du sol à court (2038),
moyen (2058) et long terme (2078).
Fig.22. Les scénarios
prédictifs de l'occupation du sol à court, moyen et long terme
dans la région de Yangambi.
La figure 23 nous permet d'observer les probables variations
spatiales futures de l'occupation du sol dans cette partie de la
république. Elle démontre que l'expansion des zones
urbanisées est assez forte particulièrement autour du fleuve
Congo.
Visiblement les terres agricoles ont tendance à
s'étendre au fil du temps. On aperçoit également une forte
fragmentation des classes forestières, principalement les forêts
primaires dans la partie Sud. La figure 2 (aux annexes), quantifie les
possibles futurs taux de changement dans les classes d'occupation du sol.
53
De cela, on note une légère extension des
forêts primaires entre 2018 et 2038, alors que les forêts
secondaires régresseraient considérablement à la
même période. Les cours d'eau perdent 9% de leurs superficies, et
les classes anthropiques s'étendent. Les pertes forestières
s'intensifiaient dans le moyen terme (2018 et 2058). L'extension des classes
anthropiques demeurerait continuelle, alors que les cours d'eau se
stabiliseraient. Le long terme (2018-2078), serait marqué par une forte
régression des forêts primaires et une régression assez
faible des forêts secondaires. Les classes anthropiques (classe agricole,
terres bâties et nues) s'étendraient considérablement. Les
figures 25 et 26 ci-dessous présentent respectivement la tendance
d'anthropisation et le niveau de corrélation entre la régression
forestière et l'anthropisation.
Tendance future d'anthropisation
290886,84
|
290239,37
|
287082,63
|
284975,91
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
54955,8
|
58498,56
|
62655,3
|
64762,02
|
|
|
|
|
2018 2038 2058 2078
Superficies forestières Superficies anthropiques
350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000
0
Fig. 23. Tendance future
d'anthropisation
Fig.24. Corrélation
(superficies forestières et anthropiques)
54
Ces figures renseignent sur une tendance future
d'anthropisation du paysage en étude. Elles montrent en effet,
l'existence d'une relation linéaire entre les classes anthropiques et
les classes forestières la P-value étant différente de 0.
Cette relation est de même forte, le coefficient de corrélation
étant de 96,5%. Elle est cependant négative : l'augmentation des
classes anthropiques entraine en conséquence la régression des
classes forestières. Cette régression forestière est
dépendante de l'anthropisation à plus de 93% (comme l'atteste le
coefficient de détermination). La tendance future de
déforestation est présentée dans la figure 27
ci-dessous.
2018-2078
2018-2058
2018-2038
0 0,005 0,01 0,015 0,02 0,025 0,03 0,035
Tendance future de déforestation
0,011
0,032
0,033
Fig.25. Tendance future de déforestation
La tendance future de déforestation dans la zone
d'étude atteste une régression continuelle des forêts.
Vingt ans après (le court terme), le taux de déforestation
prédit demeure assez bas (0,011%). Par ailleurs, ce taux augmente de
0,032% entre 2018-2058 (le moyen terme) pour augmenter de plus, entre 2018-2078
(le long terme) et atteindre 0,033%.
La section et les sous-sections ci-dessous, traitent des
résultats relatifs à la fluctuation spatio-temporelle des
variables climatiques, leurs corrélations avec la dynamique
forestière et enfin leur prédiction pour le court, le moyen et le
long terme.
55
III.2. : FLUCTUATION DES VARIABLES CLIMATIQUES
III.2.1. Fluctuation spatio-temporelle des
précipitations
La figure 28 et le tableau 24 ci-dessous présentent
respectivement les courbes d'évolution des précipitations et les
statistiques descriptives.
2500
2500
2000
2000
1500
1500
1000
1000
500
500
0
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation des précipitations de 1986 à
1995
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation des précipitations de 2000 à
2009
2500
2000
1500
1000
500
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation des précipitations de 2009 à
2018
Fig.26. Fluctuation spatio-temporelle des
précipitations
La figure 28 présente la fluctuation des
précipitations au courant de trois décennies en étude. Ces
courbes montrent une tendance d'équilibre de cumuls annuels des
précipitations au courant de la première et de la
troisième décennie. On peut cependant constater des fortes
fluctuations des cumuls annuels des précipitations au courant de la
deuxième décennie.
Cette figure atteste également que 2003 est
l'année la plus pluvieuse ; alors que 2017 est l'année la moins
pluvieuse durant les trois décennies en étude. La figure 29 et le
tableau 26 ci-dessous présentent les statistiques descriptives relatives
à la variabilité des précipitations.
Fig.27. Variabilité des précipitations
Tableau 14 : Variabilité des
précipitations
Précipitations
|
N
|
Mean
|
Minimum
|
Maximum
|
Std.Dev
|
Coef.Var
|
D1
|
10
|
1846,400
|
1641
|
2067
|
136,37
|
7,38
|
D2
|
10
|
1800,070
|
1458,500
|
2370,600
|
267,77
|
14,87
|
D3
|
10
|
1851,430
|
1418
|
2190
|
222,78
|
12,03
|
57
La figure 27 et le tableau 14 décrivent
complémentairement la variabilité des précipitations dans
la zone d'étude. On peut ainsi, remarquer que la quantité moyenne
des précipitations décennales diminuent de la première
à la deuxième décennie, avec un écart de 46,33mm,
pour augmenter à la troisième décennie. L'écart
observé entre la première et la troisième décennie
est de 5,03mm, alors que la deuxième et la troisième
décennie s'écartent de plus de 51,36mm. Le cumul maximal annuel
le plus élevé est observé dans la deuxième
décennie, alors que le cumul minimal le plus élevé est
quant à lui observé dans la première décennie.
Considérant les paramètres de dispersion, la
première décennie enregistre les plus faibles écarts entre
les cumuls annuels comme le montre la déviation standard et le
coefficient de variation. La deuxième décennie enregistre par
ailleurs, les écarts les plus élevés entre les cumuls
annuels des précipitations. La figure 30 ci-dessous présente la
fluctuation spatio-temporelle de la température.
III.2.2. Fluctuation spatio-temporelle de la
température
24,8
24,6
24,4
24,2
23,8
23,6
23,4
23,2
25
24
23
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation de la température de
1986-1995
24,8
24,6
24,4
24,2
23,8
23,6
23,4
23,2
25
24
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation de la température de 2000 à
2009
24,8
24,6
24,4
24,2
23,8
23,6
23,4
23,2
25
24
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Fluctuation de la température de 2009 à
2018
58
Fig.28. Fluctuation spatio-temporelle de la
température
59
La figure 30 présente la fluctuation de la
température au courant de trois décennies en étude. Ces
courbes de fluctuation, montrent une tendance d'équilibre de
température moyenne annuelle au courant de la deuxième
décennie.
On peut cependant constater des fortes fluctuations de la
température au courant de la première décennie en
dépit du fait que les valeurs moyennes annuelles de température y
sont faibles. Cette figure atteste également que la moyenne annuelle la
plus élevée de la température est observée à
la troisième décennie précisément en 2016, alors
que la moyenne annuelle la plus faible de la température est
observée au courant de la première décennie
précisément en 1994. La figure 31 et le tableau 15 ci-dessous
présentent les statistiques descriptives relatives à la
variabilité de la température au courant de trois
décennies en études.
Fig.29. Variabilité de la température
Tableau 15 : Variabilité de la
température
Précipitations
|
N
|
Mean
|
Minimum
|
Maximum
|
Std.Dev
|
Coef.Var
|
D1
|
10
|
24.03
|
23.7
|
24.4
|
0.22
|
92%
|
D2
|
10
|
24.37
|
24.2
|
24.6
|
0.13
|
54%
|
D3
|
10
|
24.65
|
24.4
|
24.9
|
0.15
|
64%
|
Les deux illustrations ci-haut, démontrent
l'augmentation de la température moyenne autant que la
température minimale et maximale, d'une décennie à
l'autre. De la première à la deuxième décennie, on
enregistre une augmentation de 0,34°C, alors que de la deuxième
à la troisième décennie, l'augmentation est de
0,28°C. La première décennie enregistre la plus forte
variabilité et les écarts les plus importants dans la fluctuation
de la température. La sous-section ci-dessous présente les
résultats relatifs à la prédiction à court, moyen
et long terme des variables climatiques.
III.2.3. Prédiction des variables climatiques
a. Les modèles d'ajustement des
précipitations
|
Fig.30. Les modèles d'ajustement des
précipitations
|
62
La figure 33 ci-dessus présente les modèles qui
ajustent la fluctuation des précipitations dans la zone
forestière de Yangambi. Trois modèles sont comparés. Il
s'agit du modèle exponentiel, du modèle linéaire et du
modèle logarithmique. Pour tous les modèles testés, on
observe l'existence d'une relation entre les précipitations et la
superficie forestière (P-value étant supérieur de 0).
Cependant, la corrélation positive entre ces deux variables
s'avère très faible et identique pour tous les modèles.
Aucun modèle ne semble bien ajuster la relation que l'autre. Ainsi, pour
simuler la fluctuation des précipitations pour le court, le moyen et
long terme, la présente étude applique tous les trois
modèles.
La superficie moyenne des forêts au courant de la
dernière décennie étant de 297403,425ha, et la perte
décennale moyenne étant estimée à 5633,99ha, la
tendance future des précipitations est prédite en
considérant ces variations forestières. La figure 34 ci-dessous
présente les tendances pour le court, le moyen et long terme des
précipitations.
b. Les tendances futures des
précipitations
La figure 34 ci-dessus présente la situation approximative
des précipitations à court, moyen et
long terme dans la zone d'étude.
Tendances futures des précipitations
|
|
|
1795,96
|
|
1822,63
|
1832,75
|
|
|
|
|
1799,47
|
|
1824,14
|
|
1836,14
|
|
|
|
|
1806,52
|
|
1827,07
|
1839,52
|
2018-2078
2018-2058
2018-2038
1770 1780 1790 1800 1810 1820 1830 1840 1850
Modèle exponentiel Modèle logarithmique
Modèle linéaire
Fig.31. Tendances des précipitations à
court, moyen et long terme Tous les trois modèles appliqués,
attestent une diminution des précipitations. Le modèle
exponentiel semble plus pessimiste que tous les autres. Il atteste des fortes
diminutions pour le court, le moyen et le long terme. Le modèle
linéaire et logarithmique par contre, montrent des diminutions un peu
moins fortes. Globalement, la tendance future des précipitations serait
d'une diminution. Pour le long terme, les précipitations annuelles
moyennes fluctueraient entre 1795 à 1832mm.
c. Les modèles d'ajustement de la
température
|
|
Fig.32. Les modèles d'ajustement de la
température
|
|
64
La figure 35 ci-dessus présente les modèles qui
ajustent la fluctuation de la température dans la zone forestière
de Yangambi. Trois modèles sont comparés. Il s'agit du
modèle exponentiel, du modèle linéaire et du modèle
logarithmique. Pour tous les modèles testés, on observe
l'existence d'une relation entre la température et la superficie
forestière (P-value étant supérieur de 0). On observe
également une forte corrélation bien que négative, entre
ces deux variables de manière identique pour tous les trois
modèles. Ainsi, pour simuler la fluctuation de la température
pour le court, le moyen et long terme, l'étude applique tous les trois
modèles. La figure 36 ci-dessous présente les tendances pour le
court, le moyen et long terme de la température.
d. Les tendances futures de la
température
La figure 35 ci-dessus présente la situation
approximative de la température à court, moyen et long terme dans
la zone d'étude.
2018-2078
2018-2058
2018-2038
Modèle exponentiel Modèle logarithmique
Modèle linéaire
24,5 24,6 24,7 24,8 24,9 25 25,1 25,2 25,3 25,4
Tendances futures de la température
Fig.33. Tendances de la température à court,
moyen et long terme Tous les trois modèles appliqués,
attestent une tendance globale d'augmentation de la température. Alors
que le modèle exponentiel et le modèle linéaire
aboutissent au même résultat pour le court, le moyen et le long
terme, le modèle logarithmique parait par ailleurs plus pessimiste pour
le long terme. Il est le seul à prédire une température
annuelle moyenne de plus de 25,3°C pour le long terme.
65
III.3. Les moteurs de déforestation dans la zone
d'étude
III.3.1. Moteurs de déforestation
pondérés aux enquêtés
La figure 34 présente la pondération de moteurs de
déforestation aux enquêtés.
Moteurs de déforestation pondérés
aux enquêtés
Agriculture Bois énergie Bois d'oeuvre
Enqêtés Hommes Femmes
180 160 140 120 100 80 60 40 20
0
Fig.34. Moteurs de déforestation
pondérés aux enquêtés
Les résultats attestent une forte dominance des
agriculteurs dans la zone d'étude. Plus de 90% des enquêtés
sont des agriculteurs. Seuls 6,8% des enquêtés représentent
les exploitants artisanaux des bois énergie, et 2,8% représentent
les exploitants artisanaux des bois d'oeuvre. On note également une
forte contribution des femmes dans l'agriculture itinérante sur brulis,
contribution estimée à plus de 30,5%, contrairement à
d'autres moteurs de déforestation. Aucune femme parmi les
enquêtés, n'a pour activité principale la fabrication des
braises et/ou l'exploitation artisanale des bois d'oeuvre.
III.3.2. Variabilité des surfaces forestières
perdues pour chaque moteur
Le tableau 27 ci-dessous présente la variabilité
ainsi que les mesures descriptives des surfaces forestières perdues pour
chaque moteur de déforestation.
Tableau 16 : surfaces forestières perdues par
chaque moteur de déforestation
Moteurs
|
N
|
Mean
|
Minimum
|
Maximum
|
Variance
|
Std.Dev
|
Agriculture
|
157
|
1.09ha
|
0.02ha
|
3ha
|
0.32
|
0.57
|
Bois énergie
|
12
|
0.019ha
|
0.004ha
|
0.06ha
|
0.00034
|
0.018
|
Bois d'oeuvre
|
5
|
0.012ha
|
0.005ha
|
0.02ha
|
0.00004
|
0.006
|
Renseignant sur les surfaces perdues pour chaque moteur de
déforestation dans la zone d'étude, le tableau 27 atteste qu'un
agriculteur détruit en moyenne 1.09ha des forêts sur une
année, alors qu'un exploitant artisanal des bois énergie et celui
de bois d'oeuvre détruisent respectivement en moyenne, 0.019ha et
0.012ha par an.
Les mesures de dispersion attestent une variabilité
assez élevée autour de la valeur moyenne ainsi que des
écarts assez importants pour l'agriculture itinérante sur
brûlis.
Tableau 17 : Autres variables liées à
l'agriculture
Variables
|
Max
|
Mean
|
Minimum
|
Variance
|
Tempes de jachère (en mois)
|
144
|
44
|
0
|
729
|
Champs/année
|
4
|
2
|
1
|
0.45
|
Distance au champs (en mètre)
|
25000
|
3344.23
|
10
|
13714998,1
|
Les informations assorties du tableau 28 renseignent sur le
temps de jachère, le nombre de champs par an et la distance au champs.
En effet, le temps moyen de jachère dans la zone d'étude est
estimé à 44 mois (trois ans et huit mois), alors que le maximal
est estimé à plus de 12ans. Cependant, il existe des agriculteurs
dans la zone d'étude, qui ne mettent pas en repos leur terrains. La
variabilité des temps de jachère autour du temps moyen est
très importante comme le démontre la valeur de la variance. Au
regard du nombre des champs par année, les résultats attestent
qu'en moyenne, un agriculteur peut couper 2 champs par an. Les extrêmes
peuvent être 4 et 1. Cependant, la distance moyenne de la maison au
champs est estimée 3km. Les distances extrêmes se situent entre 25
et 0.001km. La figure 37 ci-dessous présente les avis des
enquêtés en rapport avec l'évolution spatio-temporelle des
distances aux champs.
37%
Distances au champs
19%
44%
Augmentaion stabilité Diminution
Fig.35. Evolution de la distance aux champs
Une bonne partie des enquêtés, proche de la
moitié, estime que les distances aux champs tendent à une
augmentation d'une année à l'autre. La stabilité des
distances aux champs est en effet, la deuxième tendance la plus soutenue
par les enquêtés. Vient enfin, la tendance de diminution, soutenue
par une frange des enquêtés.
Le tableau 29 et la figure 38 ci-dessous présentent les
autres variables liées à l'exploitation artisanale des bois
énergie.
Tableau 18 : Autres variables liées au bois
énergie
Variables
|
Max
|
Mean
|
Minimum
|
Variance
|
Nombre de fosses/mois
|
4
|
2
|
1
|
0.9
|
Nombre d'arbres/fosse de carbonisation
|
5
|
3
|
1
|
1.5
|
La production des braises pour des besoins d'énergie
dans la zone d'étude, nécessite en moyenne 2 fosses de
carbonisation par producteur, 4 et 1 fosses étant des extrêmes.
Par fosse de carbonisation, la moyenne d'arbres est estimée à 2.
Cependant, le nombre d'arbres par fosse, reste très variables
comparé au nombre de fosse par producteur.
Type forestier sollicité pour l'exploitation de
bois
énergie
9%
8%
83%
Forêts primaires Forêts secondaires
Jachères
Fig.36. Type forestier sollicité pour l'exploitation
des bois énergie Les bois exploités pour la production des
braises dans la zone d'étude sont majoritairement issus des forêts
primaires comme le montre la figure ci-dessus. La contribution des forêts
secondaires et des jachères est plutôt moins
considérable.
CHAPITRE IV : DISCUSSION GENERALE ET PERSPECTIVE
IV.1. Approches méthodologiques
Cette première section discute sur les
différentes approches méthodologiques utilisées pour
atteindre les différents objectifs poursuivis tout au long de cette
étude.
IV.1.1. De l'imagerie Landsat aux analyses du SIG
La télédétection offre une immense source
de données pour étudier la variabilité spatiale et
temporelle des paramètres environnementaux. Elle peut fournir des
informations synoptiques en temps opportun pour l'identification et la
surveillance des grandes zones géographiques qui sont difficilement
accessibles par d'autres moyens (Smith, 2012). Dans le même sens,
l'imagerie landsat constitue un appui de grande importance pour les
études de la dynamique spatio-temporelle des paysages.
Cependant, le recourt à l'imagerie landsat est
entaché d'un certain nombre d'avantages et de désavantages qui de
fois, sont des facteurs limitants pour la génération des
résultats meilleurs. Les déformations géométriques
des images, les effets de lumière et des nuages, la faible
résolution spatiale sont autant des facteurs limitant pour certaines
études qui font recours aux images landsat. Ces problèmes souvent
récurrents, entrainent des nombreux questionnements dans la
sphère scientifique : les recherches à bases de l'imagerie
landsat sont-elles fiables ? la résolution spatiale de 30m ne
serait-elle pas limitant pour la stratification spatiale ?
Ces diverses questions trouvent cependant des réponses
dans le processus d'analyse adopté pour les images landsat par chaque
chercheur. Généralement, en termes d'utilisation de la
télédétection, plus particulièrement l'utilisation
des images Landsat, la définition des types de catégories de
l'occupation du sol doit respecter certaines conditions :
- Objectifs de recherche :
Dans cette étude, un des objectifs de recherche est la
quantification de la dynamique spatio-temporelle du paysage. Les données
de l'occupation du sol sont utilisées comme une source principale qui
alimente les analyses. Pour cela, les catégories d'occupations
prioritairement étudiées, doivent distinctement être mises
en évidence. Dans le cadre de cette étude, il s'agit entre autre
de : forêts primaires, forêts secondaires, la classe agricole, les
terres bâties et nues ainsi que les cours d'eau.
- Conditions réelles de la zone d'étude
:
Elles représentent les caractéristiques de
l'état actuel de l'occupation du sol pour la zone d'étude.
En effet, la zone d'étude (région de Yangambi)
se distingue par son caractère très boisé (plus de 70% de
l'occupation du sol en chaque date). En outre, le territoire d'étude est
occupé également par des zones agricoles, des zones
urbanisées, des plans d'eau et des zones humides. En ceci, chaque
composante du territoire, dispose d'une réflectance particulière
qu'il importe de pouvoir les distinguer, les unes aux autres
préalablement sur les composites colorées.
- Conditions techniques d'images satellites utilisées
:
Ces conditions sont présentes dans la
littérature à travers les études d'Anderson et al,
(1971). Elles comprennent :
? Le niveau minimum d'exactitude d'interprétation dans
l'identification de l'utilisation des terres et des catégories
d'occupation du sol à partir des données de
télédétection. Celui-ci doit être supérieur
à 85 % ;
? Un système de classification adapté pour
l'analyse diachronique des données satellites multi-temporelles. Au vu
de la bonne connaissance du milieu, d'un recours aux images Google earth ainsi
que des points GPS, la présente étude a opté pour la
classification supervisée.
? Il est également important d'utiliser les autres
données obtenues à partir des levés au sol ou des cartes
à plus grande échelle pour l'amélioration des
résultats de la classification. Au-delà des conditions ci-haut,
la présente recherche soutient une condition qui vient à l'appui
de ces dernières : la recherche d'une meilleure composition
colorée. En effet, le caractère meilleur d'une composition
colorée doit être fonction d'objectif poursuivi. Certaines bandes
sont plus aptes à rehausser la végétation alors que
d'autres le sont moins.
Une étude à l'instar de celle-ci, qui capitalise
l'intérêt de ces conditions, aboutirait à des
résultats très satisfaisant, limitant certains faits dubitatifs
liés à l'évolution spatio-temporelle des paysages, tels
que certaines transitions écologiquement impossibles.
En dépit du respect scrupuleux des conditions
évoquées ci-haut, il demeure nécessaire de procéder
à l'évaluation des résultats de la classification.
Cependant, un processus de classification bien préparé en amont
(ayant bien observé les conditions prescrites ci-haut), aboutirait
à des meilleurs résultats d'évaluation. Ainsi, les
différentes classifications réalisées pour le compte de
cette étude ont toutes été dans une marge jugée
très bonne, la valeur de l'indice Kappa étant pour chaque date
loin supérieure à 81% (Landis et Koch., 1997).
L'obtention de ces précisions satisfaisantes a
été nécessaire pour la suite des analyses de la dynamique
spatio-temporelle du paysage.
70
Une des analyses indispensables dans les études de la
dynamique des paysages, particulièrement des paysages forestiers, est la
quantification du taux de déforestation. Actuellement, plusieurs
équations existent pour cette fin. L'équation proposée par
catalan (1991) a en effet, été appliquée pour le compte de
cette étude. Le choix porté sur cette équation est
justifié par des motifs tels que : l'existence d'une table de
qualification du taux de déforestation obtenu, la prise en compte dans
l'équation, du temps compris entre les deux années d'observation,
et enfin, l'interprétation plus pragmatique des résultats : les
valeurs positives indiquant la perte, les valeurs négatives quant
à elles, traduisant la reconstitution forestière.
La quantification spatio-temporelle de la déforestation
a été appuyée par la matrice de transitions. Le choix
porté sur la matrice de transition s'est au fil de la recherche
avérée nécessaire non seulement pour la quantification des
transitions entre les classes, mais aussi pour la description et justification
des taux de déforestation enregistrés. Dans le même sens,
la matrice de transition a aussi été utilisée dans cette
étude, comme une mesure de la précision des classifications. En
effet, une matrice de transition issue des images bien classifiées,
aurait moins des transitions écologiquement impossibles. A titre
illustratif, le passage en un pourcentage important des terres nues aux
forêts primaires, dans une échelle temporelle de 10 ans, est
écologiquement impossible, d'autant plus qu'il faut suffisamment du
temps (plus de 70ans) pour qu'une terre mise à nus se reconstitue en
forêt primaire. Plusieurs auteurs dont Schlaepfe., (2002), Bamba et al.,
(2010) ont recouru à la matrice de transition pour mettre en
évidence les changements d'occupation du sol survenus pendant une
période donnée.
L'analyse de la dynamique historique du paysage a
été enrichie par les indices de la structure spatiale ainsi que
par l'arbre à décision de Bogaert et al., (2004) qui identifie
les processus de transformations spatiales du paysage. Il s'agit en effet, des
indices capables de bien décrire la fragmentation et/ou la
dégradation du paysage.
Le land change modeler (LCM) a enfin été
utilisé comme outil de modélisation de la dynamique prospective
de l'occupation du sol. Le choix porté sur le land change modeler parmi
tant d'autres possibilités, s'appuie sur le fait que ce dernier permet
de comprendre les gains, les pertes, et les zones de transition de
différentes catégories de l'occupation du sol. Il permet
également de quantifier les changements survenus du temps 1 au temps 2
(Tewolde et Cabral.,2011) cités par (Van-Tuan NGHIEM., 2014) et enfin,
il peut simuler les changements de plusieurs catégories à la fois
contrairement à GEOMOD par exemple, qui ne peut simuler que deux
catégorie d'occupation du sol.
71
IV.1.2. Fluctuation climatique : question
d'inférence ou de la description statistique ?
La méthode statistique est un des moyens essentiels de
la connaissance. Pour qui quiconque veut analyser une situation en vue d'un
jugement motivé ou prendre une décision en fonction
d'éléments objectifs, il est difficile d'ignorer les
statistiques.
Dans le contexte d'une variation d'éléments
climatiques, l'apport des statistiques restent incontournable. Cependant,
faut-il analyser la variation d'éléments climatiques
exclusivement sur base des méthodes d'inférence statistique qui
s'appliquent globalement sur les problèmes d'estimation, les
problèmes de test d'hypothèse et les problèmes de
modélisation et prédiction des variables ? ou doit-on par
ailleurs orienter les analyses en se basant sur les paramètres
descriptifs des échantillons ?
Les résultats trouvés par (Amani M et al.,2010),
montrent l'intérêt d'appliquer les statistiques descriptives dans
les analyses de la variabilité climatiques et les impacts sur les autres
composantes environnementales. En ceci, la tendance évolutive d'une
variable climatique peut s'avérer statistiquement la même, sans
différence significative aucune, alors que les effets environnementaux
demeurent nettement différents.
Dans le cadre de cette étude, les paramètres
descriptifs ont été appliqués pour décrire la
variabilité spatio-temporelle des éléments climatiques.
Les méthodes d'inférence statistique ont cependant
été nécessaires dans les questions de prédiction
climatique.
IV.1.3. L'approche DPSIR : intérêt d'une
approche participative
Pour décrire les facteurs de déforestation dans
la zone d'étude, le modèle de l'Union Européenne (UE)
D-P-S-I-R (forces motrices (drivers) - pressions - état (state) -
impacts - réactions) a été adopté.
Comparée à d'autres techniques d'identification
des facteurs de déforestation, exclusivement basées sur les
informations recueillies auprès des enquêtés, l'approche
DPSIR parait plus complète. Son intérêt réside d'une
part, dans la prise en compte des indicateurs facilement mesurables sur
terrain, pour chaque moteur de déforestation et d'autre part, dans la
participation de la population intéressée dans le processus
d'identification des moteurs de déforestation. L'approche DPSIR est une
méthode qui a été largement utilisée par les
auteurs Tuner, 1989 ; Pierce, 1998 ; Agyemang et al., 2007 ; Camanho et al.,
2010, cités par UICN-PC (2014).
72
IV.2. Résultats d'étude
IV.2.1. Dynamique historique et prospective du paysage
Les classifications d'images satellitaires de 1986, 1995,
2000, 2009 et 2018 regroupées en trois décennies, ont permis
d'identifier les changements historiques d'occupation du sol dans la zone
d'étude. En dépit d'une régression forestière
observée, la zone d'étude est nettement dominée par les
classes forestières, les forêts primaires en particulier. Une
dominance qui serait liée aux multiples efforts de conservation de la
biodiversité fournis par plusieurs institutions en place principalement,
l'Institut National d'Etudes et Recherches Agronomiques (INERA).
Les taux de déforestation observés d'une
décennie à l'autre attestent une régression des surfaces
forestières dans la zone d'étude. En première
décennie (1986-1995), le taux est estimé à 0,007 % par an.
Moins alarmant, cette situation serait probablement liée à une
faible densité de la population, et à des multiples
rébellions ayant survenu à cette époque. Ce taux augmente
sérieusement à la deuxième décennie (2000-2009)
pour atteindre un seuil de 0,13%. Un seuil identique à celui
trouvé par (S. Katembera Ciza et al.,2015) dans la zone
forestière d'Isangi entre 2002 et 2010. Il s'agit d'une circonscription
spatiale qui partage un bon nombre de villages que notre zone d'étude. A
l'image de la deuxième décennie, la déforestation augmente
de plus en plus à la dernière décennie (2009-2018) et
atteint un seuil de 0,4%. Une perte annuelle légèrement
supérieure à la moyenne nationale qui oscille entre 0,2 et 0,3 %
ces vingt dernières années (GTCR, 2012 ; OFAC,2012) et atteint
par ailleurs le rythme amazonien (Demaze 2007). A l'échelle locale,
cette perte forestière au rythme amazonien s'expliquerait par une
augmentation de la densité de la population très attachée
aux activités destructives de la forêt comme le montre la figure
36. Selon le rapport administratif du district de la Tshopo (actuelle province
de la Tshopo) de 2009, cette population s'estimait à environ
67,794habitants avec une densité de 17habitants/Km2. De 1999
à 2009, cette population autour de la réserve de biosphère
de Yangambi montre un accroissement absolu de l'ordre de 6hab/Km2
soit un taux de croissance annuelle moyen de 4,1%. De plus, l'agriculture
traditionnelle, dans la plupart des régions d'Afrique, est la culture
itinérante. Cependant, à partir du moment où la
densité de population atteint et dépasse certaines limites
critiques, la période de jachère se raccourcit (tableau 17), et
la végétation se dégrade, souvent irréversiblement
(Kio, 1984).
Au courant de deux dernières décennies, les
transitions d'autres classes vers les classes anthropiques ont
été considérables. Les variations des superficies
gagnées au profit de l'agriculture ont été importantes.
73
On observe entre 2000 et 2009 des pertes de 3,15% et de 21,06%
respectivement de forêts primaires et forêts secondaires au profit
de la classe agricole. De même, plus de 2% et plus de 20% respectivement
pour les forêts primaires et les forêts secondaires transitent au
profit de l'agriculture entre 2009 et 2018.
Le plus grand danger observable sur le paysage dans cette
dynamique historique est la réduction sensible des forêts
secondaires. Il s'agit en effet du type forestier qui doit assurer la
succession dans le paysage. Ce sont les forêts secondaires qui
reconstitueront la forêt dense. Elles constituent le passage
obligé vers l'état climacique dans un écosystème
forestier (OIBT, 2002). La baisse de leur taux est un signe de perturbation
pour la restauration de l'écosystème.
Au-delà de la succession, ce type forestier joue
également un rôle très important dans la
séquestration de CO2. Il s'avère ainsi, nécessaire de
circonscrire dans le temps et dans l'espace, les activités anthropiques
afin de limiter la régression alarmante des forêts secondaires.
Pour cela, la conception et la mise en oeuvre d'un plan d'aménagement
durable, constitue une condition sine qua non.
Les diverses analyses liées à la dynamique
historique du paysage telles que discutées ci-haut ont été
complétées par le calcul des indices de la structure spatiale du
paysage. Ces indices ont permis de mettre en évidence la configuration
spatiale des taches des classes dans le paysage. En effet, un total de 11
indices de la structure spatiale du paysage plus deux paramètres de
dispersion (la variance et le coefficient de variation) ont été
calculés.
Quatre principaux constats ont été
enregistrés dans l'analyse de la structure spatiale du paysage. Le
premier est celui d'une complémentarité dans
l'interprétation des résultats des indices. Ceci étant,
l'aire moyenne, la dominance des taches et l'indice de forme tous
complémentaires au nombre des taches, ont approuvé la forte
fragmentation des forêts primaires en 2000. Il s'agit également du
début d'une période au courant de laquelle, plus de 3% des
forêts primaires sont alloués à l'agriculture, un de
principaux facteurs de fragmentation.
Cette fragmentation des forêts primaires est de
même justifiée par le coefficient de variation. La classe
étant fortement fragmentée, les agrégats isolés
enregistrent des écarts importants en termes de surface occupée.
En conséquence, l'hétérogénéité des
aires de taches demeure élevée. Le deuxième constat se
rapporte à l'opposition des résultats de certains indices pour
certaines classes d'occupation du sol. Ce deuxième constat, traduit en
effet, la complexité d'analyser la configuration de certaines classes
afin de déduire leur tendance de fragmentation (dégradation) ou
de défragmentation.
74
En effet, l'aire moyenne, le périmètre moyen,
l'indice de forme autant de que le nombre de taches ont attesté la
fragmentation de la classe des forêts secondaires en 2000. Un processus
qui n'est pas par contre approuvé pour la même date et la
même classe, par la dominance, et les paramètres de dispersion. En
considérant la dominance, la classe des forêts secondaires serait
fortement fragmentée en 2018.
Toutes ces complémentarités et oppositions de
certains indices dans l'analyse de la structure spatiale du paysage,
renseignent sur la nécessité d'utiliser plusieurs indices pour
caractériser la structure spatiale d'un paysage puisqu'un seul indice ne
peut résumer à lui seul, toute la complexité de
l'arrangement spatial des taches (Dale et al.,1994).
Le troisième constat quant à lui, se rapporte
à la valeur de l'aire minimale qui est identique pour toutes les
classes, alors que le quatrième constat se réfère à
la valeur du périmètre minimal, identique pour toutes classes.
En effet, la valeur identique pour toutes les classes de
l'aire minimale serait l'équivalent de la résolution spatiale
(30m) des images Landsat. La surface d'un pixel étant de
900m2 rapportée en hectare, cette surface serait de 0,09ha.
Il en est de même pour le périmètre minimal. En effet, 30m
de côté pour un pixel, multipliés par 4 justifie en fait,
le 120m pour tous les périmètres minimaux.
L'utilisation du dendrogramme de Bogaert et al., (2004) a
été très nécessaire pour éclairer certains
résultats de la dynamique historique du paysage. A la différence
des indices structuraux, le dendrogramme analyse les processus de
transformation spatiale en considérant deux dates distinctes.
En effet, les résultats de cette analyse attestent que
la reforestation enregistrée entre 1986 et 1995 dans la classe des
forêts primaires serait entre autre liée à la
création des taches. Alors que la forte déforestation
enregistrée dans la classe des forêts secondaires serait
liée à la suppression des taches. Considérant
l'instabilité politique du pays entre 1986-1995, limitant une
activité agricole intensive, le processus de suppression des
forêts secondaires ne serait pas probablement lié à
l'action humaine. Il serait probablement lié à la succession (le
passage des forêts secondaires aux forêts primaires).
On peut de même constater que la déforestation
des forêts primaires dans la deuxième et la troisième
décennie serait entre autre attachée au processus de suppression,
et de dissection que connaitra la classe respectivement à la
deuxième et troisième décennie. Des processus qui,
considérant le contexte du pays en ces intervalles de temps,
marqué par le début d'une stabilité politique, seraient
liés aux activités anthropiques.
75
Au regard de la dynamique prospective du paysage, en
dépit des quantités proches de la réalité, le
modèle Land Change Modeler (LCM) présente dans l'ensemble,
quelques difficultés à prédire les changements entre 2009
et 2018 comme on peut observer les écarts dans certaines classes.
Toutefois il confirme les tendances d'évolution observées entre
2009 et 2018 : les terres bâties et nues (avec 5,2% dans la
prédiction de 2018) sont largement plus étendues qu'en 2009 ; la
classe agricole (avec 7,6% dans la prédiction) demeure moins
étendue qu'en 2009 ; les forêts primaires (avec 76,7%) demeurent
également moins étendues qu'en 2009 ; les forêts
secondaires (avec 5,2%) conservent la même tendance de réduction
que celle observée entre 2009 et 2018 dans le réel. L'analyse des
changements, aussi bien à l'échelle des classes anthropiques
qu'au niveau des classes forestières met donc, en exergue des
résultats intéressants qu'il convient de nuancer. Ceci est
imputable à la part importante de la constance observée et
simulée (80 %).
Ainsi, considérant l'allure de la perte
forestière telle que démontrée dans la dynamique
historique, associée à la croissance démographique,
à la forte activité agricole, la perte continuelle des
forêts (figure 25) et l'extension continuelle des classes anthropiques
(figure 23) telles que prédites pour le court, moyen et long terme
demeurent logiques et acceptables.
Les limites du modèle peuvent ici se résumer
principalement dans la disponibilité des données
mobilisées. Certains auteurs ont montré que l'ajout de
données supplémentaires pouvait être limité par leur
nature non quantifiable et leur indisponibilité en format digital
(Schneider, Pontius, 2001) cités par Mas et al., (2011).
La complexité du système forestier dans la zone
forestière de Yangambi ne peut effectivement se résumer à
un nombre restreint de facteurs. Nos entretiens ont permis d'identifier des
facteurs politiques et institutionnels (pauvreté, chômage,
conflits, coût de la terre, etc.), des facteurs démographiques
(migration, distribution de la population), des facteurs culturels
(consommation des ménages) ... La question qui se poserait pour les
recherches futures est alors celle de savoir, la prise en compte de la
totalité hypothétique des variables explicatives permettrait-elle
une précision optimale de la prédiction ?
76
IV.2.2. Fluctuation historique et prédictive des
variables climatiques
Cette sous-section discute particulièrement sur les
résultats obtenus relatifs à la fluctuation historique et
prédictive des variables climatiques notamment la température et
les précipitations, dans la zone forestière de Yangambi.
En effet, les principaux résultats relatifs à la
fluctuation historique des précipitations ont attesté une
diminution des précipitations de la première à la
deuxième décennie avec un écart de 46,6mm et, une
augmentation de la deuxième à la troisième décennie
avec un écart de 51,36mm. La fluctuation historique des
précipitations n'est donc pas orientée vers un sens unique,
même si la tendance globale, en considérant les deux
extrémités (la première et la dernière
décennie) serait celle d'une augmentation. A l'échelle
régionale, le même constat, celui d'une tendance marquée
soit par une hausse soit par une baisse des précipitations, est
observée par plusieurs chercheurs.
En effet, Aguilar et al., (2009) observent une tendance
à la hausse des précipitations totales de 31 mm/décennie
entre 1955 et 2006 alors que Mahé, (1993) précise que les plus
fortes baisses des hauteurs de précipitation ont été
observées pendant la décennie 1968-1980 et n'ont pas la
même intensité à travers toute la région. Dans le
sud du Cameroun et au Congo, la baisse des précipitations a
persisté jusqu'en 1990. Par ailleurs, au Gabon et en RCA, on a
observé une hausse respectivement après 1980 et 1985. Au regard
de ces observations historiques, la diminution et/ou l'augmentation des
précipitations dépendrait d'une échelle temporelle
à l'autre et d'une échelle spatiale à l'autre.
Les observations prédictives des précipitations
issues des trois modèles, montrent une tendance générale
à la baisse dans la zone forestière de Yangambi. Les
modèles linéaire et logarithmique montrent des fluctuations un
peu plus rapprochées aux fluctuations historiques analysées,
alors que le modèle exponentiel prédit une forte diminution des
précipitations.
Eu égard à ces résultats, il convient de
mentionner qu'à l'échelle globale, les résultats de
différentes simulations relatives aux précipitations, sont moins
robustes que ceux concernant la
température (Haensler A et al.,2013). Certains
modèles prévoient un accroissement des précipitations
dans la majeure partie du Bassin du Congo, tandis que d'autres modèles
anticipent une diminution des précipitations dans les mêmes
zones.
La fluctuation des précipitations
corrélée à la dynamique forestière dans la zone de
Yangambi, montre l'existence d'une relation (la P- value étant
supérieure à 0).
77
78
79
Cette relation serait cependant, très faible au vu
d'une faible corrélation (r = 1,3%) comme l'ont montré tous les
modèles et d'une très faible dépendance des
précipitations à la superficie forestière (r2 =
0,02%) comme l'a attesté le modèle linéaire.
Ces mesures statistiques traduisent le fait que la superficie
forestière prise seule, comme variable explicative, serait loin
d'expliquer la variabilité des précipitations dans la zone
forestière de Yangambi. Il s'avère donc nécessaire pour
les recherches futures, de pouvoir ajuster le modèle prédictif
des précipitations en ajoutant d'autres variables pour mieux expliquer
la variabilité des précipitations.
Concernant la fluctuation historique de la température
moyenne, la tendance est celle d'une augmentation d'une décennie
à l'autre avec des écarts d'au moins 0,34°C entre la
première et la deuxième décennie, 0,28°C entre la
deuxième et la troisième décennie. Cette tendance à
la hausse, tend à se confirmer pour la région d'Afrique centrale.
En effet, au Congo, sur la période allant de 1950 à 1998, les
températures ont augmenté de 0,5 à 1°C pendant les
décennies 1980 et 1990 (Samba-Kimbata M.J., 1991). A l'échelle
planétaire, d'après le dernier rapport du Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), la température
moyenne mondiale a augmenté de 0,85°C entre 1880 et 2012. Chacune
de trois dernières décennies a été plus chaude que
la précédente et que toutes les autres décennies depuis
1850. Ces augmentations de la température peuvent être
liées à plusieurs causes. A l'échelle locale, dans le
contexte de la zone forestière de Yangambi, l'hypothèse à
soutenir serait la déforestation. En effet, la conversion des
forêts en terres agricoles et autres types d'utilisation du sol
accroît la portion de sol nu exposée aux rayons du soleil et donc
accroît l'albédo, ce qui diminue la radiation solaire
absorbée par la surface, mais par contre, entraine un
réchauffement de la surface.
Niyogi et al (2009) estiment que la
déforestation peut significativement changer l'eau de surface et
l'équilibre énergétique de multiples manières et
donc affecter la température, l'humidité atmosphérique,
aussi bien les processus météorologiques que climatiques.
Les observations prédictives de la température
pour la zone forestière de Yangambi sont plus robustes que celles de
précipitations au vu d'une forte corrélation avec la couverture
forestière (r = 82%) comme l'ont attesté tous les trois
modèles.
En effet, tous les modèles approuvent une tendance
globale d'augmentation. Cette tendance corrobore à celle soutenue par le
GIEC. Les différents modèles simulent une augmentation des
températures (entre 2 et 6°C) à l'horizon 2050-2100 (IPCC,
2013). Cette augmentation simulée varie suivant les régions du
globe et selon les scénarios.
Cette tendance s'accompagne d'une augmentation des chaleurs
extrêmes (par exemple, la température des journées les plus
chaudes a semblé augmenter d'environ 0,25°C par décennie) et
une diminution de la fréquence des vagues de froid (Aguilar E. et al,
2009).
Avec la déforestation accélérée
à l'échelle de la zone forestière de Yangambi, la
quantité de Gaz à effet de serre pourrait augmenter, et entrainer
un réchauffement. Dans ce contexte, une des perspectives serait
d'évaluer la quantité de GES dégagée par surface
forestière perdue à l'échelle de la zone forestière
de Yangambi.
IV.2.3. Les moteurs de déforestation
Cette sous-section discute sur les résultats obtenus
relatifs aux facteurs de déforestation dans la zone forestière de
Yangambi.
La déforestation a pour corollaire la disparition de la
diversité animale et végétale. Les causes de cette
déforestation ne font pas l'unanimité parmi les chercheurs. Selon
UICN-PC (2014), certains chercheurs blâment la croissance
démographique (Allen et Barnes, 1985 ; Amelung et Diehl, 1992 ; Cropper
et Griffiths, 1994 ; Ehrhardt-Martinez, 1998 ; Mather et Needle, 2000) et
l'agriculture itinérante sur brulis par les petits paysans (Amelung et
Diehl, 1992 ; Myers, 1993 ; Ranjan et Upadhyay, 1999). D'autres, par contre,
affirment que plusieurs causes interagissent et entraînent la disparition
des forêts tropicales (Rudel et Roper, 1996 ; Bawa et Daynmandan, 1997 ;
Mather et al., 1998 ; Angelsen et Kaimowitz, 1999). Enfin d'autres se
concentrent sur les politiques mal inspirées des gouvernements et sur
les activités des grandes sociétés ou des grands
propriétaires terriens. Les forêts subissent différentes
pressions qui aboutissent soit à leur disparition (déforestation)
soit à une modification profonde de leur physionomie
(dégradation).
La présente recherche, à travers une
pré-enquête, a pu identifier 3 principaux facteurs de
déforestation dans la zone forestière de Yangambi. Il s'agit de
l'agriculture itinérante sur brûlis, de l'exploitation artisanale
de bois énergie et enfin, de l'exploitation artisanale de bois d'oeuvre.
La figure 36, présente la pondération des facteurs de
déforestation aux enquêtés. On peut cependant observer une
forte prédominance de l'agriculture itinérante sur brûlis.
La grande partie de la population est dépendante des produits issus de
l'agriculture. Dans la zone forestière de Yangambi, le Manioc, le Riz,
le Haricots sont les principaux produits cultivés.
A l'échelle d'une année, un agriculteur dans la
zone forestière de Yangambi transforme en moyenne 1ha des forêts
à des espaces agricoles, et coupe en moyenne 2 champs (tableau 17). La
durée moyenne de jachère en cette zone est très
réduite. Elle estimée à 3 ans (tableau 17).
En effet, l'agriculture dans cette zone est
caractérisée par l'usage de variétés non
améliorées et une mauvaise gestion de la fertilité du sol
(Mpoyi et al., 2013) cités par (S. Katembera Ciza et
al.,2015).
Dans ce contexte de faible productivité, la conversion
des terres forestières à l'agriculture s'accélère
et la durée de jachère diminue, les distances aux champs ne font
qu'augmenter (figure 35), ce qui entraine de plus en plus la régression
des agrégats forestiers.
En plus des activités agricoles, c'est l'exploitation
de bois énergie (bois de chauffage, charbon de bois) qui exerce la plus
forte pression sur ces forêts (figure 34). En moyenne, cette
activité entraine une perte annuelle de 0,019ha pour un exploitant
artisanal (tableau 16). Elle plus réalisée dans les forêts
primaires que n'importe quel autre type forestier (figure 36).
Dans les pays du bassin du Congo, plus de 90 % du volume total
de bois récolté sert de bois de chauffage (Marien, 2009). Dans la
zone forestière de Yangambi, la collecte de bois de chauffage est
destinée à la consommation locale et non à l'exportation.
Les principaux facteurs qui favorisent son utilisation sont sa capacité
à cuire rapidement les aliments et sa disponibilité sur place. La
population considère le bois de chauffage comme gratuit et, par
conséquent, accessible par tous. Toutefois, l'impact de ce
prélèvement reste faible et il est compensé par la
régénération naturelle. Le charbon de bois produit dans la
zone forestière de Yangambi est exporté vers Kisangani (90
km).
Enfin, on enregistre une pression assez faible de
l'exploitation artisanale de bois d'oeuvre dans la zone forestière de
Yangambi. Le tableau 26 atteste une perte moyenne annuelle estimée
à 0,012ha pour un exploitant. Les produits issus de cette
activité sont généralement consommés au niveau
local. Il s'agit souvent des pirogues, des mortiers à bois, des chaises,
des tables...
80
CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
Dans ce mémoire de master un grand nombre de
thématiques (foresterie, changement climatique, écologie du
paysage) et disciplines techniques (télédétection, SIG,
modélisation spatiale, statistique) ont été
abordées. Cette pluridisciplinarité est indispensable pour toute
évaluation de l'impact environnemental des activités humaines. La
finalité de ce travail était de contribuer à la
prédiction des scenarios paysagers et climatiques en fonction de la
dynamique historique du paysage. Ceci en vue d'entreprendre les mesures de
gestion efficaces capables de limiter tous les risques prévisibles.
Cette étude a été conduite dans la zone
forestière de Yangambi en République démocratique du
Congo. Cette région fait partie des vastes régions des
forêts tropicales soumises au processus de déforestation et de
dégradation forestière.
Grace à la télédétection et au
SIG, à l'approche DPSIR, et aux statistiques descriptives et
inférentielles, cette étude a pu mettre en évidence les
changements historiques d'occupation du sol, la fluctuation historique des
variables climatiques et les prédire pour le court, le moyen et le long
terme. Ces approches combinées, ont aussi permis d'identifier le
principal moteur de déforestation dans la zone forestière de
Yangambi. Les indices descriptifs de la structure spatiale du paysage ainsi que
le dendrogramme de Bogaert, ont complété l'analyse de la
dynamique historique du paysage.
Les résultats attestent une augmentation de la
déforestation d'une décennie à l'autre. Dans la
première décennie, le taux annuel de déforestation est
estimé à 0,007 %. Il augmente à la deuxième
décennie et atteint 0,13% pour finalement atteindre le rythme amazonien
de 0,4% à la dernière décennie. La dynamique historique du
paysage a également été marquée par forte extension
des classes anthropiques (les terres bâties et nues ainsi que la classe
agricole).
Les différents indices de la structure spatiale du
paysage ci-après : le nombre de tache, l'aire moyenne, la dominance des
taches, l'indice de forme ont attesté une forte fragmentation des
forêts primaires en 2000. A l'exception de la dominance, tous les autres
indices cités précédemment, ont de même
attesté la fragmentation des forêts secondaires en 2000.
Globalement, le nombre de tache atteste une forte fragmentation du paysage en
2000 et 2018. Eu égard à l'évolution prospective du
paysage, le modèle Land Change Modeler a attesté une
régression des superficies forestière, avec des taux de
déforestation croissant entre le court et le moyen terme. 0,011% entre
(2018-2038) ; 0,032% (entre 2018-2058) et enfin, 0,033% (entre 2018-2078). Le
modèle montre également une extension considérable des
classes anthropiques dans le court, moyen et long terme.
81
Concernant les variables climatiques, les statistiques
descriptives appliquées ont attesté une diminution des
précipitations de la première à la deuxième
décennie, avec un écart de 46,33mm, et une augmentation entre la
deuxième et la troisième décennie avec un écart de
51,36mm. La deuxième décennie a dans l'ensemble enregistré
plus de variabilité que n'importe quelle autre décennie comme
l'ont attesté les statistiques de dispersion.
Les possibles scenarios futurs, établis à
travers trois modèles, ont attesté une diminution des
précipitations, avec des extrêmes diminutions telles que
démontrées par le modèle exponentiel. Les statistiques
descriptives appliquées dans l'analyse de la fluctuation historique de
la température ont attesté une tendance à la hausse de la
température d'une décennie à l'autre, avec des
écarts d'au moins 0,34°C entre la première et la
deuxième décennie, et de 0,28°C entre la deuxième et
la troisième décennie.
Les possibles scénarios futurs de la température
ont été plus robuste que ceux des précipitations au vu des
fortes relations établies entre la superficie forestière et la
température. Les résultats ont attesté une augmentation de
la température d'au moins 0,2°C entre le court, le moyen et le long
terme.
L'application de l'approche D-P-S-I-R (forces motrices
(drivers) - pressions - état (state) - impacts - réactions) de
l'Union européenne, à travers une enquête et une
vérification sur terrain, a pu déniché trois principaux
facteurs de déforestation dans la zone forestière de Yangambi. Il
s'agit de l'agriculture itinérante sur brûlis, de l'exploitation
artisanale de bois énergie et de l'exploitation artisanale de bois
d'oeuvre.
Les différentes analyses statistiques ont
approuvé la prédominance de l'agriculture itinérante sur
brulis. En moyenne, un agriculteur transforme 1ha des forêts aux espaces
agricoles chaque année. Le temps de jachère est très
insuffisant pour que le sol s'enrichisse de nouveau. La moyenne est
estimée à 3 ans.
En plus de l'agriculture itinérante sur brûlis,
les analyses ont pu démontré un deuxième moteur de
déforestation : l'exploitation artisanale des bois énergie. Cette
activité entraine en moyenne une perte annuelle de 0,019ha par
exploitant.
Enfin, l'étude démontre un troisième
facteur de déforestation dans la zone forestière de Yangambi :
l'exploitation artisanale des bois d'oeuvre. Cette activité moins
destructive que les deux premières, entraine une perte moyenne annuelle
estimée à 0,012ha par exploitant.
Dans le souci d'enrichir cette recherche, et de limiter les
probables faits néfastes tels que décrits dans les
scénarios tant climatiques que paysagers, la présente
étude suggère les alternatives ci-après :
82
? Approfondir l'étude de la dynamique historique du
paysage tout en quantifiant les émissions de gaz à effet de serre
associée à la déforestation ;
? Approfondir l'étude de la dynamique prospective en
intégrant plusieurs autres variables environnementales,
socio-économique qui peuvent avoir une influence directe et/ou indirecte
dans les transitions interclasses ;
? Ajuster le modèle prédictif des
précipitations en ajoutant d'autres variables afin de mieux expliquer la
variabilité spatio-temporelle des précipitations ;
? Mettre en oeuvre un plan d'aménagement durable,
capable de sédentariser les activités anthropiques dans le temps
et dans l'espace afin limiter les impacts prévisibles ;
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78. Soares-Filho B.S., Pennachin C. L., Cerqueira G., 2002,
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79. Sylvain alongo, Marjolein visser, Ferdinand kombele,
Gilles colinet, Jan bogaert. proprietes et diagnostic de l'etat agropedologique
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81. Toirambe B.B., 2011. Plan d'Aménagement de la
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RDC 69p.
82.
90
Troll C., 1939. Luftbildplan und ökologische
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Berlin: 241-298 ;
83. Tsayem Demaze M., Fosting J.-M., 2004, « La
déforestation tropicale dans le contexte de mondialisation des risques
climatiques et écologiques : outils d'évaluation et de suivi
», in G. David (éd.), Espaces tropicaux et risques. Du
local au global, Orléans et Paris, Presses universitaires
d'Orléans et IRD éditions.
84. Turner II B.L. & Meyer W.B., 1994. Global land use
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global perspective. (eds. Meyer W.B. & TurnerII B.L.), pp. 3-10. University
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85. UICN-PC (2014). Les Facteurs de Déforestation et
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Yaoundé, Cameroun. 81 pages + Annexes.
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d'occupation des sols sur le fonctionnement hydrogéochimique des grands
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;
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Espaldon, V., Sharifah Mastura S.A. 2002. Modeling the Spatial Dynamics of
Regional Land Use: the CLUE-S Model?, Environmental Management, Vol.
30, n° 3, p. 391-405;
88. Verburg P.H., Overmars K.P., 2009, Combining top-down and
bottom-up dynamics in land use modeling: exploring the future of abandoned
farmlands in Europe with the Dyna- CLUE model?, Landscape Ecology 24,
(9), p. 1167-1181.
91
LES ANNEXES
Annexe 1. De la méthodologie
I. Evaluation de la classification de
référence (2018) : coefficient DT et JM Tableau 1 :
Coefficient DT et JM
Légende : CD : Cours d'eau ; FP :
forêts primaires ; FS : Forêts secondaires ; CL.A : Classe agricole
; TBN : Terres bâties et nues ; DT : Divergence transformée ; J-M
: Jeffries-Matusita
classes CD FP FS CL.A TBN
|
DT
|
J-M
|
DT
|
J-M
|
DT
|
J-M
|
DT
|
J-M
|
DT
|
J-M
|
CD FP FS CL.A TBN
|
- 2.00 2.00 2.00 2.00
|
- 1.98 2.00 2.00 2.00
|
- 2.00 2.00 2.00
|
- 1.91 1.97 1.95
|
-
1.99
2.00
|
-
1.89
1.99
|
-
2.00
|
-
1.98
|
-
|
-
|
Tableau 2 : Matrice de confusion 2018
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Données de référence
|
Classification
|
CD
|
FP
|
FS
|
CL.A
|
TBN
|
Précision (%)
|
Cours d'eau
|
15984
|
0
|
0
|
0
|
0
|
99.98
|
Forêts Primaires
|
3
|
2130
|
1
|
0
|
24
|
100
|
Forêts Secondaires
|
0
|
60
|
90
|
1
|
0
|
98.90
|
Classe Agricole
|
0
|
0
|
0
|
241
|
0
|
100
|
Terres bâties et nues
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1092
|
100
|
Total Pixels
|
15987
|
2130
|
91
|
241
|
1092
|
|
Précision globale (%)
|
|
|
99.97
|
|
|
|
Indice Kappa
|
|
|
0.99
|
|
|
|
92
II. Des ménages à
enquêter
Tableau 3 : Villages enquêtés,
pondération, nombre de ménages et pas de tirage
Villages
|
Nombre des ménages
|
Pondération
|
Ménages à enquêter
|
Pas de tirage
|
YAKAKO
|
136
|
7,5
|
13
|
10
|
YALUNGU
|
320
|
17,8
|
31
|
10
|
YASELIA
|
643
|
35,8
|
62
|
10
|
OBILOTO
|
315
|
17,5
|
30
|
10
|
YAPKONZI
|
380
|
21,1
|
38
|
10
|
Total
|
1794
|
100%
|
174
|
|
Annexes 2. Des résultats
I. Dynamique historique du paysage : le taux de
changement
Tableau 4 : Taux de changement au courant de la
première décennie (1986-1995)
Classes
|
1986
|
1995
|
S2-S1
|
TC
|
|
ha
|
ha
|
ha
|
%
|
FP
|
286563,4200
|
308419,7400
|
21856,32
|
7,6
|
FS
|
37516,3200
|
15432,39
|
-22083,93
|
-58,8
|
CD
|
17465,8500
|
17157,600
|
-308,25
|
-1,7
|
CL.A
|
20221,1100
|
16215,7500
|
-4005,36
|
-19,8
|
TBN
|
1554,1200
|
6853,0500
|
5298,93
|
340,9
|
Tableau 5 : Taux de changement au courant de la
deuxième décennie (2000-2009)
Classes
|
2000 ha
|
2009 ha
|
S2-S1 ha
|
TC
%
|
FP
|
292721,9400
|
284430,7800
|
-8291,16
|
-2,4
|
FS
|
14833,2600
|
19489,2300
|
4655,97
|
31,3
|
CD
|
16410,9600
|
16058,4300
|
-352,53
|
-2,1
|
CL.A
|
28242,0900
|
31963,3200
|
3721,23
|
13,1
|
TBN
|
11841,2100
|
12136,4100
|
295,2
|
2,4
|
Tableau 6 : Taux de changement au courant de la
troisième décennie (2009-2018)
Classes
|
2009 ha
|
2018 ha
|
S2-S1 ha
|
TC
%
|
FP
|
284430,7800
|
272713,1400
|
-11717,64
|
-4,1
|
FS
|
19489,2300
|
18173,7000
|
-1315,53
|
-6,7
|
CD
|
16058,4300
|
18205,0200
|
2146,59
|
13,3
|
CL.A
|
31963,3200
|
27536,3100
|
-4427,01
|
-13,8
|
TBN
|
12136,4100
|
27419,4900
|
15283,08
|
125,9
|
II. Les autres indices de la structure
spatiales
94
Tableau 7 : les autres indices de la structure spatiale :
1986
|
atj âj
|
amax
|
amin
|
dj(a) %
|
IFj
|
ó2 j(a)
|
Cvj (a)
|
Ptj (m)
|
Pj (m)
|
Pmax
|
Pmin
|
CD
|
98,67
|
15888,69
|
0,09
|
87,12
|
48698660,9
|
1,43E+14
|
1212,88
|
922260
|
5210,50
|
644460
|
120
|
FP
|
129,54
|
196142,67
|
0,09
|
68,44
|
162346241,3
|
1,97E+15
|
3430,24
|
6820740
|
3083,51
|
2672340
|
120
|
FS
|
6,57
|
5113,35
|
0,09
|
13,62
|
1054295355,7
|
1,25E+12
|
1708,33
|
6289140
|
1101,61
|
580380
|
120
|
CL.A
|
5,46
|
4188,33
|
0,09
|
20,71
|
659809040,2
|
7,28E+11
|
1561,28
|
3652680
|
988,21
|
258120
|
120
|
TBN
|
1,73
|
448,29
|
0,09
|
28,84
|
659809040,2
|
2,47E+10
|
905,36
|
527580
|
590,13
|
85620
|
120
|
Tableau 8 : Les
|
indices de la structure spatiale du paysage
1995
|
|
|
|
|
|
|
atj âj
|
amax
|
amin
|
dj(a) %
|
IFj
|
ó2 j(a)
|
Cvj (a)
|
Ptj (m)
|
Pj (m)
|
Pmax
|
Pmin
|
CD
|
110,69
|
15554,70
|
0,09
|
90,65
|
51790919,2
|
1,56E+14
|
1131,33
|
942660
|
6081,67
|
698460
|
120
|
FP
|
286,36
|
208871,28
|
0,09
|
67,72
|
177621270,9
|
4,60E+15
|
2369,24
|
7401480
|
6872,31
|
3090480
|
120
|
FS
|
2,65
|
1732,59
|
0,09
|
11,22
|
1132363509,6
|
1,11E+11
|
1260,63
|
4180320
|
718,14
|
281640
|
120
|
CL.A
|
5,85
|
952,29
|
0,09
|
5,87
|
628142386,9
|
1,74E+11
|
713,41
|
3191520
|
1153
|
108180
|
120
|
TBN
|
2,50
|
16547400
|
0,09
|
24,14
|
419945669,9
|
1,42E+11
|
1504,33
|
1696440
|
620,27
|
105240
|
120
|
Tableau 9 : Les indices de la structure spatiale du
paysage 2000
atj âj amax amin dj(a) IFj
ó2 j(a) Cvj (a) Ptj (m) Pj (m) Pmax Pmin
0,09 0,09 0,09 0,09 0,09
120 120 120 120 120
CD
FP
FS CL.A TBN
248,65 87,04 0,96 3,56 20,71
15217,83 190440,81 294,57 4160,70 1275,66
92,72 65,05 1,98 14,73 10,77
40169136,1 470181072,2 3315933001,8 1631864438,4 999485158,05
3,50E+14 1,28E+15 1,57E+09 4,99E+11 6,75E+10
752,7683 4121,99 410,88 1984,434 1254,24
811920
11731680 7013280 6788760 3440220
12491,0769 3487,41 456,77 856,51 601,96
640920
4923360 61020 575280 186900
Tableau 10 : Les indices de la structure spatiale du
paysage 2009
atj âj amax amin dj(a) IFj
ó2 j(a) Cvj (a) Ptj (m) Pj (m) Pmax Pmin
0,09 0,09 0,09 0,09 0,09
120 120 120 120 120
CD
FP
FS CL.A TBN
232,66 151,85 1,6884 5,66 2,4647
14727,42 187189,20 307,89 6906,69 1701,18
91,71 65,81 1,57 21,60 14,01
42402777,3 8475929,3 2890136039,7 1037060138,1 758064445,1
3,10E+14 2,14E+15 7,50E+09 1,39E+12 1,08E+11
768,2238 3053,51 513,2046 2082,80 1336,600
825180
1552680 7505100 5757420 3033180
11959,13 832,53 650,18 1020,09 615,99
628620
40620 67020 621960 220680
95
Tableau 11 : Les indices de la structure spatiale du
paysage 2018
Légende : atj : l'aire totale ;
âj : l'aire moyenne ; amax : l'aire
maximale ; amin : l'aire minimale ; dj(a)
: la dominance ; IFj : l'indice de forme ;
ó2 j(a) : la variance ; Cvj (a) : le
coefficient de variation ; Ptj (m) : le
périmètre total ; Pj (m) : le
périmètre moyen ; Pmax : le
périmètre maximal ;
Pmin : le périmètre
|
minimal.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
atj âj
|
amax
|
amin
|
dj(a)
|
IFj
|
ó2 j(a)
|
Cvj (a)
|
Ptj (m)
|
Pj (m)
|
Pmax
|
Pmin
|
CD
|
75,85
|
16501,14
|
0,09
|
90,64
|
51762434,07
|
1,13E+14
|
1407,30
|
970740
|
4044,75
|
712980
|
120
|
FP
|
101,53
|
180959,94
|
0,09
|
66,35
|
449910057,1
|
1,39E+15
|
3677,03
|
11076840
|
4123,91
|
4132560
|
120
|
FS
|
13,39
|
160,56
|
0,09
|
0,88
|
2975040380,5
|
2,47E+09
|
371,42
|
7353060
|
541,78
|
34080
|
120
|
CL.A
|
3,47
|
2265,57
|
0,09
|
8,22
|
1973730392,9
|
1,60E+11
|
1151,59
|
7356540
|
929,09
|
397860
|
120
|
TBN
|
3,73
|
6317,82
|
0,09
|
23,04
|
1401262318,5
|
6,35E+11
|
2135,31
|
6198540
|
844,14
|
564180
|
120
|
97
III. Dynamique prospective du paysage
A. Les variables explicatives des
transitions
Fig.1. Rendus visuels des variables explicatives du
changement de l'occupation du sol
B. Probabilités des changements
prédictifs
Tableau 12 : Matrice des probabilités de
transition de l'occupation du sol de 2018
2018
2009 CD FP FS CL.A TBN
CD
0.98
|
0.01
|
0.00
|
0.00
|
0.01
|
|
FP
|
0.00
|
0.91
|
0.03
|
0.04
|
0.01
|
FS
|
0.00
|
0.11
|
0.03
|
0.84
|
0.01
|
CL.A
|
0.00
|
0.21
|
0.46
|
0.20
|
0.12
|
TBN
|
0.01
|
0.02
|
0.04
|
0.08
|
0.85
|
C. Les taux de changement prédictifs
2018-2038 (en %)
FP FS CD CL.A TBN
-10 -4,5
-9,6
-20
2018-2058 (en %)
30 23
20
10 3,6
0
FP FS CD CL.A TBN
-10 -1,1 -4,32 -9
-20
2018-2078 (en %)
30 28
20
10 5
0
FP FS CD CL.A TBN
-2,8
-1,9 -9
-10
-20
Fig.2. Quantification spatio-temporelle des
taux de changement
98
Annexe 3 : Les images de terrain (Yangambi 2019).
A. Exploitation artisanale de bois énergie
B. Mesure sur terrain de la surface des champs
99
C. Echanges avec un exploitant artisanal
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