IV. DISCUSSION
4-1. Détectabilité des oiseaux, analyse
comparée de la composition et distribution de l'avifaune de la commune
d'Adjohoun aux listes préexistantes
Les 69 espèces observées pendant l'inventaire ne
représentent qu'une liste incomplète de l'avifaune de la commune
d'Adjohoun. Néanmoins, cela apporte une contribution non
négligeable à la connaissance de l'avifaune de la zone. La
non-atteinte de l'effort d`échantillonnage est probablement due d'une
part au nombre restreint de station d'observation obtenu et d'autre part aux
variations saisonnières existantes au sein de l'avifaune. De plus, cela
serait aussi lié à la présence de grands couverts de
végétation qui réduit certainement la
détectabilité des oiseaux (en effet, seulement six espèces
ont été détectées dans les plantations d'Acacia
auriculiformis par exemple). Par contre, le grand nombre d'espèce
remarqué dans les
49
DJOI Philémon Mémoire pour l'obtention
du diplôme de licence professionnelle_AGRN_FA/UP_2019
Distribution et comportement alimentaire des oiseaux dans les
paysages agricoles d'Adjohoun au sud-Bénin
jachères, les champs de maïs et les champs de
niébé est probablement dû à l'absence de grands
couverts végétaux qui facilite l'observation des oiseaux dans ces
milieux.
Il ressort de nos résultats que la plus grande
diversité d'oiseau a été rencontrée dans la seule
station située dans la zone humide à usage agricole (31
espèces) comparée aux autres stations situées toutes dans
les zones terrestres à usage agricole. L'espèce la plus
fréquemment rencontrée dans la zone d'étude est la
Tourterelle maillée (Spilopelia senegalensis, L. 1766). C'est
une espèce ubiquiste de tout les habitats et anthropophile
(Lougbégnon& Codjia, 2011). Ensuite viennent ; le Corvinelle
à bec jaune (Corvinella corvina, S. 1809) et l'Amarante du
Sénégal (Lagonosticta senegala, L. 1766).Par contre la
Tourterelle à collier (Streptopelia semitorquata, R. 1837) ; le
Gobemouche ardoisé (Muscicapa comitata, C. 1857) ; l'Euplecte
vorabé (Euplectes afer, G. 1789) ; le Martin pêcheur
huppé (Corythornis cristatus, P. 1764) et le Martin
pêcheur pie (Ceryle rudis, L. 1758) sont les moins
rencontrés.
Par ailleurs, l'analyse comparée de l'étude
effectuée par Assogbadjo et al. (2011) dans la forêt sacrée
de Bamèzoun au Sud-Bénin nous démontre que toutes les
espèces contactées lors de nos observations dans la zone
d'étude (Commune d'Adjohoun) sont résidents exceptées le
Martin chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis, L.
1766) ; le Martin pêcheur huppé (Corythornis cristatus,
P. 1764) et le Martin pêcheur pie (Ceryle rudis, L. 1758) qui
ont un double statut de migration : résident et migrant
intra-africain.
En comparant nos données de jachères et
plantation à celui de Lougbégnon et al. (2010), il ressort assez
clairement que le Moineau gris (Passer griseus, V. 1817) ; la
Tourtelette d'Abyssinie (Turturabyssinicus, S.1902),l'Astrild à
joues oranges (Estrilda melpoda, V. 1817) ; le Francolin
à double éperon (Pternistis bicalcaratus, L. 1766)
;leMartin chasseur du Sénégal (Halcyon senegalensis, L.
1766) ; l'Amarante du Sénégal (Lagonosticta
senegala, L. 1766) et la Veuve dominicaine (Vidua macroura, P.
1764) ont été retrouvées comme espèces des
jachères et le Malimbe à queue rouge (Malimbus scutatus,
C. 1849) et la Tourtelette améthystine (Turtur afer, L. 1766)
ubiquistes des plantations. Aussi, notons que les espèces comme Amarante
du Sénégal (Lagonosticta senegala, L. 1766),
Tisserin gendarme (Ploceus cuculatus, S. 1776),
retrouvées dans ce travail dans les jachères ont
été également citées comme espèces
indicatrices de jachères par Lougbégnon (2008) et Damnadji
(2009).Les deux familles les plus riches en espèces les Ploceidae et les
Estrildidae dans notre étude sont signalées par Borrow et Demey
(2008) comme des espèces qui préfèrent les milieux ouverts
ou herbacés.
50
DJOI Philémon Mémoire pour l'obtention
du diplôme de licence professionnelle_AGRN_FA/UP_2019
Distribution et comportement alimentaire des oiseaux dans les
paysages agricoles d'Adjohoun au sud-Bénin
L'analyse comparée des espèces fréquentes
dans les palmeraies de notre aire d'étude à celles de
Lougbégnon et al., (2007) ressort que le Palmiste africain
(Gypohierax angolensis, G. 1788); la Tourtelette améthystine
(Turtur afer, L. 1766) ; le Coucal du Sénégal
(Centropus senegalensis, L. 1766); le Malimbe à queue rouge
(Malimbus scutatus, C. 1849) et la Veuve dominicaine (Vidua
macroura, P. 1764) sont des espèces caractéristiques des
palmeraies.
Par ailleurs, le Pluvian fluviatile (Pluvianus
aegyptius, L. 1758) et le Guêpier écarlate (Merops
nubicus, G. 1788) retrouvés dans les zones humides de notre aire
d'étude ont été identifiés comme espèces
caractéristiques des galeries forestières à fort
recouvrement de la végétation par Yabi et al., (2017). Ces
espèces affectionnent indirectement les milieux à moindre
intensité d'activité anthropique (Hassan et al., 2013).Sur ce
point, nous pouvons affirmer quela zone humide qu'a couverte notre aire
d'étude est une zone où les activités anthropiques sont
moindres. L'étude de Azonningbo et al., (2019)au sud-ouest du
Bénin a révélé quatre (4) espèces
indicatrices de la grande saison pluvieuse. Il s'agit : du Guêpier
à gorge blanche (Merops albicollis, V. 1817) et du Piapiac
africain (Ptilostomus afer, L. 1766) qui ont été
relevés dans notre étude et du Jacana à poitrine
dorée (Actophilormis africanus, G. 1789) et du Noircap loriot
(Hypergerus atriceps, L. 1831) qui n'ont pas été
contactés. Ces mêmes chercheurs ont identifié des
espèces indicatrices des zones humides, mais ces dernières n'ont
pas été relevées dans notre zone d'étude. Il s'agit
de : Choucador de Swainson (Lamprotonis chloropterus, S. 1838)
;Sentinelle à gorge jaune (Macronyx croceus, V. 1816) ;
Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator, L.
1758) ; Noircap loriot (Hypergerus atriceps, L. 1831); Pririt à
collier (Platysteira cyanea, S. 1776) ; Gonolek de Barbarie
(Laniaruis barbarus, L. 1766) ;Calao à bec noir (Tockus
nasutus, L. 1766) ; Courlis corlieu (Numenius phaeopus,L. 1758) ,
Courlis cendré (Numenius arquata, L. 1758), Glaréole
à collier (Glareola pratincola,L. 1766), Oedicnème du
Sénégal (Burhinus senegalensis, S. 1837) ; Sterne hansel
(Gelochelidon nilotica, G. 1789) ; Pluvier argenté
(Pluvialis squatarola, L. 1758) et Sterne voyageuse (Sterna
bengalensis, L. 1831). Cela peut être dû au fait que notre
étude a prise en compte uniquement les zones humides à usage
agricole alors que l'étude de Azonningbo S. et al., (2019)a
été effectuée dans trois sites Ramsar du Sud-Ouest
Bénin. Néanmoins, certaines espèces ont été
observées uniquement dans les habitats humides, mais le parcours dans
les habitats terrestres n'a révélé aucune présence
de ces dernières. Il s'agit notamment de : Souimanga violet
(Anthreptes longuemarei, L. 1831); Martin pêcheur pie
(Ceryle rudis, L. 1758) ; Rollier d'Abyssinie (Coracias
abyssinicus, H. 1783) Martin pêcheur huppé (Corythornis
cristatus, P. 1764) ; Martin-pêcheur à ventre blanc
(Corythornis leucogaster, F. 1843) ; Dendrocygne fauve
51
DJOI Philémon Mémoire pour l'obtention
du diplôme de licence professionnelle_AGRN_FA/UP_2019
Distribution et comportement alimentaire des oiseaux dans les
paysages agricoles d'Adjohoun au sud-Bénin
(Dendrocygna bicolor, V. 1816) ; Euplectes
vorabé (Euplectes afer, G. 1789) ; Euplectes Franciscain
(Euplectes franciscanus, I. 1789) ; Pluvian fluviatile (Pluvianus
aegyptius, L. 1758) et Guêpier à gorge blanche (Merops
albicollis, V. 1817). En effet, l'importance numérique du groupe
d'avifaune observé dans la zone humide à usage agricole peut
être expliquée par le fait que cette zone offre certaines
conditions favorables aux oiseaux, par exemple : les facilités de
nidification à certains oiseaux ; d'autres oiseaux à tendance
buissonnante trouveront suffisamment de structures végétatives
à différents stades d'évolution pour continuer à
nicher comme dans leur habitat naturel ; moins de stress dû aux
activités anthropiques. De plus, étant donné que les zones
humides à usage agricole forment souvent un continuum avec les champs,
les oiseaux granivores, frugitivores et insectivores y trouveraient des grains
(maïs, niébé, riz, etc.) des fruits sauvages et des
invertébrés. Néanmoins, la plus grande
particularité observée chez la zone humide est qu'elle offre des
ressources en eau pour l'avifaune contrairement aux zones terrestres.
|