Avant propos
Ce travail s'intéresse globalement aux Aires Marines
Protégées au Sénégal, singulièrement dans
les îles du Saloum. Il répond à la thématique de
recherche portant sur les aspects de gestion intégrée et du
développement durable des régions côtières et des
petites îles. Le document comporte deux parties subdivisées
en deux chapitres chacune. La première traite principalement de la
présentation synoptique de l'étude en mettant en relief les
potentialités à la fois biophysiques, humaines, et
socio-économiques du cadre général et spécifique.
La seconde, en étroit rapport avec la première, analyse les
multiples enjeux et/ou impacts de la mise en place de l'AMP de Bamboung sur les
plans biologique et humain, c'est-à-dire les changements en
matière de gestion des ressources marines et les nouvelles dynamiques
opérées au plan local.
La présente étude a été
réalisée grâce au concours de certaines personnes et/ou
structures telles que :
- mes encadreurs M. Abdoulaye CAMARA1, M.
Dieudonné PANDARE2, M. Alioune KANE.3,
- et M. Tahirou DIAW4 qui a bien voulu être
membre du jury.
A ces personnes j'exprime sincèrement toute ma
considération et ma reconnaissance. Je remercie également :
- Jean GOEPP de l'Océanium, Youba
SONKO, conservateur de l'AMP de Bamboung représentant de l'Etat,
Ibrahima DIAME de Soukouta et conservateur de l'AMP représentant
l'ensemble des populations des 14 villages périphériques, Marie
FALL, étudiante à l'université Montréal au Canada
pour son appui documentaire.
Mes remerciements vont aussi à l'endroit de mes chers
professeurs de la section de géographie de l'université Gaston
Berger de Saint-Louis pour leur participation à ma formation.
Je remercie également tous les professeurs du
département de géographie de l'UCAD et mes amis étudiants
de la Chaire Unesco.
4
1 Chercheur à l'IFAN/UCAD.
2 Maître assistant à la Faculté
des Sciences et Techniques/ Département de Biologie Animale/UCAD.
3 Professeur et coordonnateur de la Chaire Unesco/
Département de Géographie- UCAD
4 Professeur titulaire au département de
géographie/ UCAD.
5
Introduction générale
? Contexte et justification
A travers le monde, la gestion intégrée et
équitable des ressources naturelles (RN) se pose avec acuité. Ces
ressources, du fait de leur importance comme base de production et de source de
revenus pour les hommes, font l'objet de multiples convoitises
généralement liées à leur valeur économique
mais aussi en raison de leur utilité dans les autres domaines de la vie.
Ce point de vue relève de deux visions antagonistes : d'une part pour
l'utilisateur, qui ne se préoccupe en général que de
l'exploitation de ces ressources pour satisfaire ses besoins et de l'autre,
pour l'environnementaliste ou l'écologiste, qui défend
l'idée de conservation/protection et de valorisation des milieux dans
lesquels elles se trouvent.
En Afrique, les régions côtières et des
petites îles, d'une manière générale, sont depuis
des décennies sujettes à une forme de dégradation
environnementale imputable, entre autres : aux phases successives de
sécheresse plus ou moins longues et répétées,
à l'exploitation abusive et continue des ressources naturelles par une
population en perpétuelle croissance, mais surtout à
l'insuffisance des moyens de leur conservation de ces ressources.
Au Sénégal, l'espace marin et côtier
constitue en grande partie le principal support de vie des populations et
contribue beaucoup dans le produit intérieur brut (PIB) du pays. En
d'autres termes, l'exploitation des potentialités littorales demeure une
base importante de développement économique à travers des
activités diverses comme la pêche, l'ostréiculture,
l'agriculture, l'exploitation forestière, pour ne citer que celles-ci.
Ainsi, cet atout que représente le littoral aura engendré
naturellement ce que constitue une « littoralisation du peuplement
sénégalais et des activités humaines ».
Autrement dit, la répartition géographique est
caractérisée par une forte concentration des hommes et des
activités sur les zones littorales particulièrement sur des aires
marines et côtières où vit une diversité
d'espèces biologiques. Ce faisant, ces aires ne peuvent échapper
à une dégradation progressive de ses écosystèmes
littoraux : salinisation, acidification des eaux et des sols, pression sur les
ressources naturelles sans oublier les effets néfastes de
sécheresses chroniques. Cet état de fait a poussé les
autorités étatiques à imposer des formes de gestion
rationnelle et durable afin de limiter et même
d'éradiquer ce phénomène de dégradation.
C'est dans cette perspective qu'un certain nombre d'aires ont
été classée et protégée avec un accès
limité (réglementé) selon les normes établies de
l'extérieur. Ainsi cette nouvelle forme de gestion des aires
protégées de la part des autorités gouvernementales, ne
laisse pas indifférent les populations et leurs systèmes de
production traditionnels locaux. Par ailleurs l'idée même de
valorisation de ces aires protégées par l'implantation de
certaines activités suscite malgré tout, une problématique
environnementale majeure. Cet axe de réflexion, de questionnement et
d'analyse sur la « contribution à l'étude des aires
marines protégées au Sénégal : l'exemple de
Bamboung dans la réserve de biosphère du Delta du Saloum
» constitue un apport modeste dans l'affinement et le renouvellement
de la lecture donnée des phénomènes au coeur des
recherches menées sur les sociétés et leur espace,
notamment dans l'avènement des aires marines protégées au
Sénégal.
L'idée de création de l'aire marine
protégée de Bamboung (AMPB) découle d'un fait
constaté et avéré réel : baisse drastique du
stock halieutique dans la réserve de biosphère du Delta du
Saloum, particulièrement dans le bolong de Bamboung ; ceci ayant pour
principales causes le pillage des eaux territoriales, la surexploitation des
ressources et les mauvaises techniques de
6
pêches utilisées (Jean GOEPP par
communication orale). Ce faisant, la préservation des ressources
notamment halieutiques et des caractéristiques biologiques pour un
développement humain durable de l'AMPB devient une préoccupation
absolue et un cheval de bataille des autorités administratives
concernées.
Cependant, cette étude s'intéresse aussi sur
l'implication effective des populations vivant à la
périphérie dans la gestion de cet espace littoral marin car non
seulement celle-ci doit être un modèle de développement
durable qui intègre toutes les activités socio-économiques
mais aussi un modèle qui se construit à partir d'initiatives
locales (buttom up). Celles-ci doivent être impliquées
davantage dans toutes les étapes du processus allant de l'identification
et du diagnostic des contraintes à la programmation et la
réalisation des actions définies dans l'étape de prise de
décisions relatives à la gestion de l'AMP. Et avant de comprendre
comment protéger et contrôler les systèmes
écologiques particuliers, une compréhension de son contexte
culturel est nécessaire5. A vrai dire ce modèle ne
peut s'appliquer que s'il prend en compte tous les besoins sociaux, culturels,
spirituels et économiques de la société, et qu'ils
s'appuient sur une bonne base scientifique.
Cette approche que sous-tend ce principe signifierait en
revanche que la création des AMP en général et de celle de
Bamboung en particulier ne devrait nullement faire appel à une
participation ni imposée, ni provoquée, encore moins formelle
mais à une participation collégiale afin d'atteindre les
objectifs fixés.
Les questions de sensibilisation, d'information ou de
formation des populations co-gestionnaires (les pêcheurs en
particulier), sont à aborder dans le cadre de cette gestion.
L'implantation de l'AMP de Bamboung est par ailleurs une nouvelle initiative
qui a intéressé également les chercheurs de tous les
horizons et de toutes les disciplines confondues dans l'optique de la
complémentarité, d'échange et de discussions sur des
problèmes de gestion intégrée et durable des ressources
naturelles. En effet, cette approche pluridisciplinaire dans la gestion
permettra des recherches convergentes de solutions adaptées et
adéquates mais en ayant une connaissance assez suffisante sur les
mentalités, les réalités socio-historiques et culturelles,
les conditions de vie et les difficultés des populations, mais
également l'écosystème dans tous ses aspects (physiques et
biologiques). Ceci reste fondamental pour mener des recherches fécondes,
bénéfiques et applicables.
Au niveau de la Chaire Unesco de l'UCAD, des études ont
été effectuées sur la réserve de biosphère
du Delta du Saloum. Mais, comme nous l'avons dit plus, ce travail
d'étude s'inscrit dans l'affinement et le renouvellement de la lecture
donnée des phénomènes au coeur des recherches
menées sur les sociétés et leur espace, notamment dans
l'avènement des aires marines protégées au
Sénégal, un concept assez nouveau dans les politiques
environnementales de notre pays.
Pourquoi cette étude à contribution ? C'est
parce qu'actuellement la perception des aires protégées a
changé. Et ce changement résulte de plusieurs facteurs complexes
liés à l'anthropisme, aux contextes, aux situations et à
l'évolution des besoins (variation entre l'offre et la demande). Donc,
ces écosystèmes deviennent logiquement sujets à diverses
formes de mises en valeur et de nuisances aussi bien dans le temps que dans
l'espace. Ainsi,
5 in Bridgewater P.B. (2002), «Biosphere
reserves: special places for people and nature» Division of
Ecological Sciences, UNESCO, Paris, p 9-12. Citation traduite
7
les AMP en tant que écosystèmes riches où
se jouent toutes les exubérances de la vie terrestre, ne peuvent
échapper à cette dégradation tendancielle. De ce fait,
l'AMP de Bamboung constitue un exemple pionnier, une première
expérience relative à la création d'aires marines
protégées au Sénégal. C'est pourquoi elle doit
susciter plus de considération pour une meilleure prise en compte de la
vulnérabilité des écosystèmes fragiles et de ses
populations dans les régions côtières et des petites
îles. Les AMP sont des expériences récentes, ce qui rend
difficile l'appréciation de l'importance des conséquences
qu'elles peuvent avoir sur les communautés de pêcheurs (GIRMAC,
2004)6
Même si le cas de Bamboung constitue, entre autres, un
exemple illustratif, nous admettons volontiers que l'idée de
création d'AMP au Sénégal n'est pas récente. En
effet, ce concept est ancien pour l'administration étatique
chargée de sa gestion mais il est nouveau aux yeux des populations. Le
problème était principalement lié soit à
l'incompréhension, la non adoption du concept par les populations, soit
à la non prise en compte de ces dernières dans la
problématique des AMP. L'implication des communautés locales dans
la gestion des aires marines a connu des étapes, un temps assez
suffisant pour passer d'une approche "top down" à une approche
participative. Ainsi donc, depuis des décennies, les AMP étaient
conçues comme des espaces de conservation hermétique des
écosystèmes marins. L'état de la faune et les
spécificités du milieu étaient essentiellement les
facteurs de cette protection. En plus la conservation de la diversité
biologique des espèces et la richesse du milieu marin à des fins
économiques et de la recherche scientifique, faisaient l'objet d'une
attention particulière.
Une telle entreprise était, dés lors,
considérée par les administrations chargées de leur
gestion, comme étant incompatible à toute activité
anthropique susceptible d'entraîner des pressions à
l'intérieur de ce domaine marin. Pour cette raison fondamentale, les
populations locales ont, dés le début, assimilé
exclusivement les AMP à des barrières dressées contre
elles. Elles n'ont cessé de manifester dans certaines circonstances et
selon les contextes, leur opposition ou leurs mécontentements car
situant ces aires aux antipodes de leurs intérêts. Et à cet
effet, malgré tout, elles s'attachent à élaborer des
mesures d'adaptation (ou de réadaptation) afin de réduire les
désagréments de cette approche étatique de gestion des
ressources naturelles, jugée trop parcellaire et rigide par les
populations elle mêmes.
Par la suite, devant cette situation génératrice
de conflits entre l'administration et les populations, l'idée de prendre
en compte ces communautés dans le processus est devenue une condition
sine qua non. En effet, les acteurs communautaires constituent le
socle de toute AMP véritablement fonctionnelle. Certes,
l'établissement des aires protégées est une pierre
angulaire des stratégies globales de conservation des
écosystèmes fragiles. Cependant, les aires
protégées ne contribuent seulement à la conservation que
si elles sont contrôlées efficacement avec l'appui des
communautés locales riveraines.7Cette dynamique a
commencé à émerger dés le début des
années 1980 époque qui a marqué le déclic. En
effet, décennie charnière dans les stratégies politiques
et de réajustements en matière de gestion des ressources
naturelles, les années 1980 ont été
caractérisées par de perpétuelles remises en cause des
postulats et présupposés qui ont servi de soubassement à
l'action collective. Ainsi, sans prétendre vouloir aborder la question
dans tous ses contours, nous essayons simplement de l'examiner dans ses aspects
les plus importants et pertinents qui aideront, tant soit peu, à une
meilleure prise en compte d'une part des intérêts des populations
dont la survie dépend de
6 GIRMAC, (2004), « Evaluation environnementale
du programme GIRMAC » volume 1, 53 pages.
7 DEARDEN. Philip. et BENNETT Michelle (2005)
«Trends in Global Protected Area Governance, 1992- 2002
» University of Victoria, Canada, p 90-100. Citation traduite.
8
ces ressources cependant dans une optique de conservation
durable, et d'autre part de la valorisation et de la
vulnérabilité des ressources dans le contexte des AMP.
? Problématique
Au Sénégal, le réseau des aires
protégées se situe en général dans les zones les
plus riches en potentialités naturelles8 et où souvent
les populations se sont établies depuis longtemps, et dans la plupart
des cas au niveau des régions littorales humides. C'est l'exemple des
îles du Saloum. Ainsi, cette zone, grâce à l'importance de
ses caractéristiques écologiques, économiques et humaines,
a été érigée, avec le soutien de l'UNESCO en 1981,
en réserve de biosphère puis classée « zone humide
d'importance internationale » ou « site Ramsar » en 1984 par le
programme Man and Biosphere (MaB). Par ailleurs, c'est dans cette
réserve où se trouve le Parc National de Delta du Saloum (PNDS)
couvrant 76.000 ha correspondant à 4,7 % de la superficie totale des
aires protégées du Sénégal (FALL, 2001).
La problématique des aires marines
protégées est l'un des thèmes d'actualité avec tout
ce qu'elle englobe : l'environnement, le social, le politique et
l'économique. C'est sur cette question principale qui sous-tend et
oriente toute la problématique et l'intérêt de cette
étude. Car, bien que la puissance et l'efficacité des AMP comme
outil de gestion des pêches soient prouvées dans de nombreuses
circonstances, elles restent généralement dans la
sous-région à l'état d'hypothèses partiellement
vérifiées. Ainsi, les méthodologies de
vérification de l'efficacité des AMP et l'évaluation de
leurs systèmes de gestion doivent être mis au point et les acteurs
renforcés dans leur capacité à les utiliser (PRCM,
2006)9.
L'AMP de Bamboung fait actuellement l'objet de
multiples convoitises. Cela constitue un enjeu majeur pour les autorités
étatiques, les organisations de défense de l'environnement et les
populations locales surtout. Quelle que soit l'échelle où on se
situe, leur implantation peut avoir des impacts sur l'environnement, sur les
activités humaines, sociales, économiques et culturelles des
habitants concernés. En effet, les communautés locales qui s'y
sont installées depuis des siècles, bien avant l'érection
en aire marine protégée, ont établi des modes
traditionnels de gestion des espaces naturels à des fins
socio-économiques qui reposent sur le droit coutumier, alors que la
conservation de ce milieu fondée sur le droit moderne, est en vigueur.
En d'autres termes, la création de l'AMP de Bamboung est
considérée comme une mesure restrictive de l'accès
à l'espace et aux ressources mais une mesure fondée sur
l'objectif de protection/conservation des écosystèmes
fragilisés d'une part par des causes naturelles telles la
sécheresse et les changements climatiques et d'autre part par des causes
anthropiques liées aux pressions multiformes notamment la
surpêche.
Partant de ce fait, les aires marines protégées
ont été conçues comme des écosystèmes qui
visent la protection d'habitats sensibles et d'espèces clés ou
remplissant des fonctions écologiques particulières par rapport
à la dynamique environnementale et socio-économique. Le Delta du
Saloum, dans lequel se situe l'AMP de Bamboung, répond effectivement
à cette règle.
En d'autres lieu, la création de l'aire marine
protégée de Bamboung s'est accompagnée d'un essor
écotouristique (à l'état balbutiant) que les
autorités ont jugé
8 Le réseau national des aires
protégées s'étend sur une superficie de 1.613.790 ha soit
8 % du territoire national et occupe une bonne partie des zones humides du
pays. (FALL, 2001).
9 in http://www.prcmarine.org/
document pdf titre: « Intégration des AMPs à la gestion
durable des pêcheries
côtières ».
9
nécessaire dans le cadre de la valorisation de la
qualité écologique que détient l'aire marine. Le
Sénégal présente un potentiel certain, qui explique que
2002, année internationale de l'écotourisme, symbolise un axe de
développement prometteur pour ce type d'activité. En effet,
l'aménagement de ce domaine marin comporte des enjeux
socio-économiques avec la mise en valeur du potentiel
écotouristique local et dans la réserve de biosphère de
Delta du Saloum en général. Ainsi, dans l'optique d'un
développement humain durable, nous avons estimé fort
intéressant de traiter la question de l'écotourisme et ses enjeux
dans la petite côte précisément dans le contexte des aires
marines protégées au Sénégal.
Ainsi, dans ce contexte actuel de création de cette
aire protégée, un certain nombre de questions surgit et
mérite d'être posé afin de mieux cadrer nos
hypothèses de recherche qui en découleront :
- Quels sont les impacts de l'implantation de l'AMP de
Bamboung sur les modes de vie traditionnelle locale et sur la diversité
biologique? Autrement dit, quels sont ses effets sur les activités
socio-économiques, notamment la pêche et l'exploitation des
mollusques et des amas coquillés ?
- En quoi consiste l'impasse du cadre réglementaire de
la gestion des ressources naturelles de cette aire marine sur les
intérêts des acteurs locaux étant donné que ces
derniers en dépendent pour satisfaire leurs besoins et en tirer des
revenus substantiels ?
- Comment se déroule le consensus entre populations
locales et autorités administratives concernées dans la gestion
de l'AMP de Bamboung ?
- Quel est l'état des lieux, les potentialités
et l'évolution de l'écotourisme depuis la création de
cette aire marine ?
- En quoi consistent les enjeux de l'écotourisme sur
l'environnement naturel et humain et les dynamismes socio-économiques
?
? Les objectifs de l'étude
Les objectifs spécifiques de cette étude se
déclinent en deux axes principaux suivants:
? Analyser les impacts de cette mise en
défense sur le milieu : étudier toutes les conséquences
sur les conditions de vie des résidents et leurs activités
socio-économiques (pêche, exploitation des huîtres, et des
amas coquillés, etc.) de l'espace marin et côtier
concerné.
? Analyser le degré d'implication des
différents acteurs concernés dans la gestion pour mieux
comprendre leur dynamique endogène et leurs difficultés ou
antagonismes dans la gestion communautaire de l'espace marin et
côtier.
Et pour saisir l'essentiel de cette étude, c'est
à partir de ces questionnements ci- dessus énumérés
que l'élaboration des hypothèses de recherche a été
formulée
10
> Hypothèses
? La création de l'aire marine protégée
de Bamboung a changé les modes de vie et de gestion des ressources
naturelles des populations riveraines.
? L'aire marine protégée de Bamboung constitue
un nouvel outil efficace de co-gestion et de conservation durable de la
biodiversité marine et côtière par les populations
elles-mêmes. Cependant cet outil de gestion est susceptible de nombreuses
controverses.
> Buts de l'étude
Le but de l'étude est axé sur le renforcement
dans la conservation/protection durable de la biodiversité d'une
manière générale et des ressources halieutiques en
particulier mais aussi sur les populations riveraines à faibles
capacités pour faire face et par ailleurs utilisatrices de ces
ressources dans le cadre de leurs différentes activités
socio-économiques.
Le but de cette étude vise à permettre,
grâce aux résultats escomptés, une implication efficace et
permanente des populations locales dans la conservation du potentiel biologique
de l'AMP.
C'est une modeste contribution susceptible de permettre une
revue des différentes politiques de type top down sur les
acteurs locaux, un préalable pour stimuler une prise d'actions
concrètes pour une gestion collégiale durable des ressources
marines et côtières.
> Approche méthodologique
La méthodologie de recherche, adoptée dans la
présente étude, se composera de deux points essentiels :
? La démarche
C'est la phase exploratoire consistant en une recherche
documentaire pour se familiariser davantage avec la zone d'investigation. Elle
porte sur la revue des données secondaires relatives au milieu
d'étude afin de procéder à leur analyse. Des centres de
recherche et/ou de documentation qui sont visités sont :
· La bibliothèque de l'université Cheikh Anta
Diop de Dakar ;
· L'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la
Nature),
· IRD (Institut de Recherche pour le
Développement)
· Océanium
· L'institut des sciences de la terre de Dakar (IST) ;
· Direction des Eaux et forêts, Direction des Parcs
Nationaux ;
· Ministère de l'environnement et de la protection
de la nature du Sénégal.
· Direction de l'environnement et des établissements
classés ;
· Le Centre de Suivi Ecologique de Dakar (CSE).
En dehors de ces centres de documentation, nous avons
également consulté certains sites web dans le cadre de la revue
des données secondaires relative au thème choisi.
11
? La méthode et les outils de
recherche
Un chronogramme d'activités sur le terrain a
été élaboré avec l'aide de certains outils de
collecte d'informations. Ainsi trois visites ont été
effectués sur les lieux d'études sur une durée de vingt
deux jours : premièrement du 10 au 16 juillet 2006, deuxièmement
du 11 au 18 août 2006, et troisièmement du 1er au 10
septembre. Chaque visite est fonction des objectifs recherchés.
a- La méthode de recherche
préconisée s'est faite par des enquêtes
adressées aux principaux publics cibles : populations
concernées ou usagers (pêcheurs, entre autres) uniquement celles
résidents dans les quatorze villages périphériques de
l'AMP, puis les autres acteurs impliqués dans le comité de
gestion (Direction des Pêches Maritimes, Direction des Parcs Nationaux et
l'ONG Oceanium), et service régional de tourisme de Fatick. Ces
enquêtes se sont faites, pour plus de fiabilité, auprès des
personnes qualifiées mais également auprès des habitants
ordinaires.
Cependant, les investigations qui sont menées sur le
terrain s'effectueront à l'aide des outils de travail.
b- Les outils : Ce sont les guides
d'entretien sous forme de questionnaires directs ou indirects, les
échantillonnages (sondage au hasard des enquêtés),
et la MARP (Méthode
Accélérée de Recherche
Participative) exploratoire et thématique
(étude de l'évolution de la biodiversité de l'AMP
et étude des impacts socio-économiques, les enjeux, les
contraintes et les perspectives). Cette méthode nous a servi de fil
conducteur pour la collecte de données/informations sur le site cible.
En plus de cela, des observations in situ et des photos à
l'appui sont effectués. Une tentative de typologie des activités
effectuées par les communautés villageoises riveraines a
été réalisée.
Ainsi ces outils ont permis in fine d'obtenir les
résultats ci-dessous qui serviront de base de données pour
l'analyse.
? Principaux résultats attendus
Les principaux résultats attendus dans ce travail
d'étude et de recherche portent sur les atouts et les contraintes de la
gestion de l'aire protégée et de celles qui découlent de
cette gestion, mais également sur les perspectives de
développement durable sous tous ses aspects (humains, écologiques
et biologiques) sur un écosystème marin et côtier souvent
très disputé.
? les changements sur les modes de vie des populations vivant
à la périphérie de l'AMP. ? la qualité et la nature
des changements : amélioration, stagnation ou régression ;
? la ou les dynamique(s) sociale(s) des acteurs et
l'évolution de la vie des relations sur la co-gestion de l'AMP en
faisant un feedback sur le contexte antérieur à son
implantation dans la zone afin d'évaluer les écarts dans
l'exploitation des ressources notamment halieutiques ;
? les enjeux écotouristiques sur le plan
socio-économique : ses avantages pour les populations locales
périphériques ;
? forces et limites des acteurs : moyens humains, techniques,
financiers et organisationnels dans la gestion ;
? enfin les propositions de solutions formulées
relatives aux perspectives vers une nouvelle gestion intégrée,
durable et participative des ressources marines.
12
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