1
INTRODUCTION
Comme de coutume, il est recommandé à chaque
récipiendaire d'un grade académique de présenter au terme
de sa formation une dissertation. Celle-ci, est un travail de fin de cycle dont
l'intitulé est ainsi conçu : « APPORT DE LA PEINE DE
SERVITUDE PÉNALE DANS LA RESOCIALISATION DU DELINQUANT EN DROIT POSITIF
CONGOLAIS ». Sujet qui requiert pour son exposition à
l'introduction les points suivant : la problématique (1),
l'hypothèse (2), l'intérêt (3), la délimitation(4),
la méthodologie et techniques de recherche (5) et enfin le plan sommaire
(6).
01. PROBLEMATIQUE
La RDC a des règles qui régissent sa
société lesquelles sont assorties des sanctions pénales
infligées à tous ceux qui tentent de violer les dispositions qui
protègent l'ordre public et l'intérêt général
de la société.
Étant donné que tous les hommes naissent libres
et égaux ; et que parmi les sanctions prévues à l'article
cinq(5) du code pénal congolais, nous palerons dans le cadre de ce
travail de la peine de servitude pénale ou l'emprisonnement «
La liberté individuelle est garantie. Elle est la règle, la
détention l'exception »1.
En effet ; la problématique est définie comme
ensemble des questions posées par une branche de la
connaissance2. Notre problématique serait motivée par
le fait de voir des nombreux délinquants qui sont arrêtés
et condamnés, subir les peines prévues à l'article
5e- du code pénal congolais.
Pour les uns, la peine qu'ils subissent les aide à se
conduire mieux dans la société qu'avant. Pour les autres la peine
les incitent de récommettre les bévues et les fautes dans la
société.
1 La constitution de la RDC du 18 février 2006
telle que modifiée et complétée par la loi N° 11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
constitution de la RDC, Art. 17 alinéa1. 2Dictionnaire de
poche Larousse, verba « problématique », Novembre 2010,
p.338.inédit.
3 Emmanuel janvier Luzolo BAMBI LESSA, Notes de
cours de procédure pénale II, G2 Droit, UNIKIN, 1999,
p.398.
2
Il est évident que la plus part des personnes qui sont
arrêtées et condamnées par les juges ne sont pas des
criminels potentiels dans la mesure où la loi reconnait aux
condamnés la possibilité d'exercer les recours contre les
décisions de justice qui peuvent leur faire grief « La justice
des hommes reste sujette à erreur, voire à injustice,
malgré les garanties que la loi a prévues dans le
déroulement du procès, pour assurer une bonne administration de
la justice. C'est pour permettre d'éliminer ces erreurs ou ces
injustices que la loi a institué des voies de recours
»3 .
Toutefois, être en prison ne signifie pas qu'on perd
tous les droits consacrés par la constitution et les différentes
lois de la R.D.C. C'est ainsi que la constitution consacre les droits humains,
des libertés fondamentales et des devoirs du citoyen et de
l'État, dans son titre 2.
Par ailleurs, la sanction de l'emprisonnement en soit ne
signifie pas seulement mettre le délinquant hors d'état de nuire
mais aussi intimide toute autre personne vivant dans la société
de ne pas (plus) violer les dispositions légales qui protègent
l'intérêt général.
Malheureusement ce n'est pas vraiment le cas en RDC, dans
plusieurs coins et particulièrement à Kinshasa dans plusieurs de
ses communes, l'intimidation de la sanction pénale n'est pas de mise.
A cet effet ; la sanction pénale a pour mission non
seulement d'intimider le délinquant et les membres de la
communauté ; mais également et surtout l'amendement du
délinquant et sa réinsertion sociale. La peine d'emprisonnement
signifie que le délinquant doit rester dans le droit chemin après
avoir purgé sa peine. Mais, la réalité nous renseigne
autre chose ; car, la plupart des délinquants s'enracinent dans la
délinquance et deviennent plus dangereux après s'être mis
en liberté.
La prison donne l'impression d'être transformée
en une école d'apprentissage du métier criminel ; parce qu'un
délinquant primaire après sa condamnation devient très
aguerri dans la délinquance. C'est ce qui nous pousse à nous
interroger sur ces hiatus entre la mission primaire de la prison et la
réalité sur le terrain.
3
Plusieurs questions méritent d'être
soulevées ici : Pour quoi punir ? Pour quoi la récidive en RDC ?
Comment doit être traité le délinquant en prison pour qu'il
devienne sociable ? Existe-t-il un mécanisme de réinsertion
sociale du délinquant en droit congolais ? Comment est traité le
délinquant dans la société après la prison ? Que
devient le délinquant après la prison (sa vie, son honneur...)
?
A ces questions que nous tenterons de donner quelques
réponses dans nos hypothèses.
02. HYPOTHESE DU TRAVAIL
Être chercheur ne signifie pas seulement se fier aux
avis des autres personnes sur un sujet donné. Prof MAYELE définit
l'hypothèse comme étant : une réponse provisoire
donnée aux questions de la problématique. Elle servira de fil
conducteur, car elle est une conjecture ou une proposition de réponse
à la question posée4.
« Dans la société organisée,
l'État assume la responsabilité de l'ordre public et du bien
commun. Aussi en face d'une infraction qui vient de se commettre, l'on ne peut
concevoir que la vengeance privée puisse se faire satisfaire, c'est donc
l'État qui doit punir les fautes pénales commises par les membres
de la communauté, soit à l'intérieur du territoire
national, soit en dehors de ce territoire. La sauvegarde de la paix sociale
l'exige. Et, pour y parvenir, l'État se dote de certains organes «
la police judiciaire, le parquet, les cours et tribunaux
»5.
C'est pour quoi Monsieur André Kuhn pense qu' «
On va chercher à éviter la commission de nouvelles
infractions en essayant de « redresser » le coupable. On va essayer
d'améliorer la personne de manière à l'amener à se
conformer aux règles sociales à l'avenir. Cette fonction de la
peine ne peut exister que lorsqu'il y a une prise en charge de l'individu. Or,
je vous rappelle que la peine la plus fréquemment infligée, qui
est une sanction pécuniaire, n'est pas resocialisante. Cette conception
de la sanction pénale, part de l'idée qu'un individu est malade
s'il commet une
4 Jean-Pierre MAYELE ILO, directives pour
rédiger un travail scientifique suivi de recherche scientifique sur
internet, Ed. MPALA, LUBUMBASHI, 2001, p.58
5 Me. HATA GUY, procédure pénale
actualisée, APA collection,Kinshasa, p.3, inédit.
4
infraction et qu'il s'agit de le soigner. L'aboutissement
extrême de cette théorie ce serait un modèle médical
»6.
Toutefois, Il faut noter et comprendre que la privation de la
liberté ou l'emprisonnement n'est qu'une possibilité pour la
réintégration, la resocialisation du délinquant dans la
société.
Nous pensons qu'il faut résoudre la cause de la
délinquance que de résoudre la personne du délinquant;
c'est-à-dire dans le but poursuivi par la prison, il faut chercher aussi
à éduquer de toute manière que possible le
délinquant ; moralement, physiquement, psychologiquement,
spirituellement, socialement et pourquoi pas financièrement car
nombreux, sont des délinquants qui commettent des infractions par ces
causes citées ci-haut dont le résultat de leur changement ou
amendement vis-à-vis de la société dépend ou encore
repose sur ces situations.
Punir sans objectif n'est que veine ; on punit pour entrainer
l'amélioration du délinquant c'est-à-dire on envisage
l'amendement et le changement de celui-ci.
En ce qui concerne le traitement du délinquant dans la
prison ; on doit traiter la personne du délinquant dignement en prison
en mettant en place des mécanismes, formations et éducation
pouvant l'aider à se resocialiser effectivement dans la
société. Avant la période qui nous concerne pour
l'analyse, les mécanismes de réinsertion sociale du
délinquant étaient effectifs à la prison centrale de
MAKALA au pavions 11, cette pavions était consacrer à
l'apprentissage des différents métiers pour le détenu par
exemple la menuiserie, la maçonnerie... malheureusement c'est ne plus le
cas actuellement par la faute au sur chargement et la surpopulation à la
prison.
Les délinquants après la prison il est
constaté qu'ils sont stigmatisés, c'est-à-dire rejeter,
méprisé par les membres de la société ; la
société n'est pas prête à recevoir une personne
venant de la prison quel que soit son amendement. D'ailleurs celui-ci
bénéficie de l'étiquetage du qualificatif criminel,
prisonnier et autre.
6 André KUHN, cours de criminologie
troisième graduat, université de Lausanne, 2007-2008, p.53
5
Après la prison, le délinquant devient nul dans
la vie parce qu'il est rejeté par la société et les hommes
normaux. D'ailleurs sa vie devient misérable et plus même par le
fait qu'il ne soit pas préparé à rejoindre les hommes
normaux vivants dans la société, son honneur et sa
réputation est le pure que vous pouvez l'imaginé...
Les obstacles sur l'efficacité de la peine de servitude
pénale sont nombreux à tel point que la constitution et le statut
de Rome prévoient plusieurs règles qui sont pour l'homme dans la
société inviolable quelles que soit les fautes que celui-ci
pouvait commettre face à la société mais malheureusement
la pratique nous renseigne le contraire avec le traitement cruel et inhumain
réservé aux détenus.
En ce qui concerne l'efficacité de la prison, celle-ci
n'est pas probable vu le taux de récidive, la délinquance
d'habitude et le taux de la criminalité actuelle surtout à
Kinshasa la capitale de la République Démocratique du Congo.
Où la population vit sous le phénomène KULUNA dont la
plupart des délinquants qui y oeuvrent sont des récidivistes
avéreux.
Toutefois, il est toujours important de vivre dans la
société où la prison existe mais seulement il faut que la
prison soit à mesure d'éduquer, d'amender et de resocialiser les
délinquants, pour qu'ils soient utiles après leur
incarcération.
Ainsi prend fin nos hypothèses et dans le souci de bien
comprendre notre sujet, nous allons maintenant à
l'intérêt.
03. INTERET DU SUJET
Le droit positif garantit la liberté et les droits des
personnes. Étant donné qu'il n'y a pas de société
sans droit, un droit pénal normal et efficace est celui qui
établit les règles et les sanctions qui vont en découler
lorsqu'il y aura transgression ou violation de celles-ci.
Sur ce sujet, nous sommes intéressés par le fait
que la prison a échoué presque à sa mission
d'éducation et de réintégration du délinquant dans
société, dans ce sens, comment deviendra une
société où la peine de servitude pénale pose
problème.
6
Dans le cas où l'on retrouve à la prison presque
les mêmes personnes déjà arrêtées ou
condamnées dont seul l'État serait à mesure de leurs
préparer à la réintégration effective dans la
société lors de leur première peine.
Notre travail présente un intérêt à
la fois pratique et théorique. Sur le plan pratique ce travail se veut
non outil sur les mécanismes d'application de la peine d'emprisonnement
et les suggestions des peines qui peuvent suppléer ou remplacer la peine
de servitude pénale. Ce dans le but de réduire le taux de
récidive et de criminalité dans la société
congolaise.
Sur le plan théorique, ce travail contribue à
l'amélioration et à l'évolution de la science juridique ;
afin de permettre aux chercheurs et à tout celui qui lira ce travail
d'obtenir des éléments nouveaux sur l'apport de la peine de
servitude pénale dans la possibilité de resocialisation du
délinquant.
04. DELIMITATION DU TRAVAIL
Comme tout travail scientifique, il est important de bien
structurer le travail pour éviter la confusion.
Nous avons pensé délimiter notre travail dans le
temps, dans l'espace et dans la matière.
Notre étude est focalisée essentiellement
à l'apport de la peine de servitude pénale dans la
resocialisation du délinquant en droit positif congolais de 2012
à 2017.
7
05. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE
Dans un travail scientifique, il est toujours important
d'avoir des méthodes et techniques pouvant servir au rédacteur de
bien et vite rédiger le travail scientifique. « Une technique
de recherche peut être définie comme tout moyen qui permet au
chercheur d'acquérir et de traiter les données dont il a besoin
afin de comprendre et d'expliquer un phénomène ou un sujet
d'étude. La technique de recherche est donc un outil de collecte des
données. Elle est un ensemble d'outils mis à la disposition du
chercheur »7.
a) Méthode
Une méthode de recherche est par contre définie
comme un ensemble des procédures définies qui sont
utilisées en vue de développer la connaissance scientifique des
phénomènes humains, sociaux,... Il s'agit d'une démarche
organisée rationnellement pour aboutir à un
résultat8. Dans le cadre de ce sujet, nous avons
utilisé les méthodes suivantes :
? Empirico historique : c'est une
méthode consistant à s'appuyer uniquement sur l'expérience
et non sur une théorie, et pour l'approche historique qui appartient
à l'histoire ; attesté par la narration, l'exposé
chronologique c'est-à-dire faire un historique9.
? Exégétique : qui consiste
à examiner la loi et à donner la solution au problème
posé dans la société, il est bon pour les juristes
romano-germanique d'interroger toujours la loi en cas de
problème10.
? L'approche Sociologique : elle consiste
à l'étude des phénomènes sociaux11.
? L'approche Conceptualiste : qui consiste
à analyser les différent concepts ayant très avec notre
étude12, elle fait allusion aux concepts, c'est une doctrine
philosophique qui affirme que l'universel existe dans les choses et que,
sépare d'elles il n'est ni une réalité en
7OHANDJO KANDA Cléophas, TFC l'application
de la présomption d'innocence en Droit Positif congolais, U.L.K,
Kinshasa, 2016, p.6.
8 OHANDJO KANDA Cléophas, Op.cit. p. 5.
9Dictionnaire de poche Larousse, verba «
empirique ou historique », Op.cit., pp. 142 et 206, inédit.
10 J.W. GOODE, MC GRAW-HILL, book company, New York,
1952, p.5.
11 RDC, Dictionnaire de poche Larousse, verba «
sociologique », Op.cit., p. 196.
12 J.W. GOODE, Op.cit, p.5.
8
soit, comme les veulent les réalités, ni un
simple mot, comme les soutiennent les nominalistes, mais une conception de
l'esprit qui exprime la nature essentielle de la pensée.
? comparative : qui consiste à
comparer plusieurs dispositions légales de différents
États pour améliorer son droit interne13.
b) Technique de recherche
En ce qui concerne la technique ; nous avons fait recours
à la technique documentaire ainsi qu'à la technique
webographique.
? La technique documentaire consiste dans la collecte des
données dans des ouvrages ; les lois ; les revues, ayant trait à
notre étude.
? La technique webographique consiste dans la collecte des
données à travers les sites internet ; en recherchant des
données en ligne ayant trait avec nos recherches.
06. PLAN DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, le présent
travail s'articule autour des deux chapitres.
Le premier chapitre porte sur Économie
générale de la prison où nous avons à parlé
des notions de la prison (section 1), les missions de la prison (section 2),
nous parlerons enfin de l'apport ou rôle de la prison dans la
société (section 3).
Le second chapitre porte sur les causes d'échec de la
prison ; conséquence et perspectives. En premier lieu nous analysons les
causes d'échec de la prison (section 1), en suite nous parlons des
conséquences de l'échec de la prison (section 2) et enfin une
projection des perspectives sur l'apport de la peine de servitude pénale
dans notre Droit (section 3).
13 J.W. GOODE, Op.cit, p.5.
9
CHAPITRE I : ECONOMIE GENERALE SUR LA PEINE DE
PRISON
Ce chapitre analyse trois sections ; la première se
borne sur les notions générales relatives au sujet (section 1),
la deuxième porte sur les missions de la prison (section 2) et la
troisième repose sur les différents impacts de la prison.
SECTION 1 : NOTIONS DE LA PRISON
Cette notion sera analysée autour de trois paragraphes.
Le premier paragraphe porte sur les différentes définitions des
concepts, le deuxième paragraphe porte sur l'énumération
des sortes des peines de prison et leurs explications, en dernière
position nous aurons à parler de fondement de la prison.
Paragraphe 1 : les différentes définitions
des concepts
Nous retenons ici quelques concepts clés au regard de
notre
sujet :
V' Peine ;
V' Prison ;
V' Rétribution ;
V' Resocialisation ;
V' Amendement ;
V' Servitude pénale ;
V' Réintégration ;
V' Récidive ;
V' Délinquant ;
V' Délinquant d'habitude ;
V' Stigmatisation ;
V' Étiquetage.
A. Peine
Elle est définie comme une « punition
légale infligée à quelqu'un14»il est
synonyme de (la douleur, tristesse, chagrin, difficulté ou un mal, une
souffrance), C'est un terme le plus utilisé en droit pénal.
14 Dictionnaire de poche Larousse, verba « peine
», Op.cit., p.309.
10
Selon Valérie LANCIER la peine est un «fardeau
imposé au délinquant en compensation de
l'infraction»15.
D'où, nous disons par une définition
synthétique que la peine nous renvoie à une « sanction
infligée au délinquant en rétribution des infractions
commises »16. C'est ainsi qu'on utilise parfois les expressions
suivantes :
> Peines principales : sanctions obligatoirement
attachées par le législateur à une incrimination ;
> Peines criminelles : afflictives et infamantes
(réclusion criminelle à perpétuité,
réclusion criminelle à temps et détention criminelle
à temps) ou seulement infamantes (bannissement, dégradation
civique) ;
> Peines correctionnelles (Différence faite en droit
Franco-belge) ; > Peines de police (Applicable en Droit Franco-belge) ;
> Peines accessoires découlant de plein droit du
prononcé d'une peine principale ;
> Peines complémentaires ;
> Peines politiques...
Toutefois, la peine connait des principes fondamentaux qui en
déterminent les caractères. Il s'agit donc de :
o La légalité17 ;
o L'égalité ;
o La personnalité ;
o La proportionnalité ;
o La dignité humaine18.
Ces différents caractères seront analysés in
fine pour un meilleur éclairage.
15 Valérie LANCIER, Mémoire de DEA,
un monde sans prison ? Quelques réflexions sur
l'efficacité de la peine de prison, Université de Bourgogne,
2000-2001, p.15.
16 Valérie LADEGAILLERIE, lexique de termes
juridiques, Anaxagore collection numérique, p.124
17 Cesare BECCARIA, Traité de délits et
des peines, éd. Du boucher, paris, 2002, p.14.
18 NYABIRUNGU MWENE NSONGA, Traité de Droit
pénal général congolais, 2e- éd.
Edition universitaires Africaines « D.E.S », Kinshasa, 2007,
pp.349-350.
11
B. Prison
Terme du Droit pénal : un terme générique
qui désigne les établissements pénitentiaires19
signifiant à une peine privative de liberté, de nature
correctionnelle ou contraventionnelle, consistant dans l'incarcération
du condamné, pendant un temps fixé par le juge dans les limites
prévues par la loi20.
L'adjectif privatif qualifie ce qui exclut, ce qui prive
quelqu'un de quelque chose. On parle ainsi d'une peine privative de
liberté, d'une peine privative de droits. La détention,
l'emprisonnement sont des peines privatives de liberté21.
C. Rétribution
Au sens des dictionnaires français ; la
rétribution est une somme d'argent que l'on perçoit en
échange d'un travail ou d'un service22 il a comme synonyme
(rémunération, salaire, récompense, gain,...). Cependant,
le droit pénal réserve à ce concept un autre entendement.
C'est le prix réservé à tout délinquant reconnu
auteur, coauteur ou complice d'un fait infractionnel.
D. Resocialisation
Selon le dictionnaire Larousse, la resocialisation est Le fait
de remettre dans un fonctionnement social normal (une personne qui en
était exclue). Réinsertion. | Resocialisation des détenus
à leur sortie de prison. C'est une action de resocialiser qui entraine
le réinsérer dans la vie sociale23. Le
délinquant doit, après avoir purgé sa peine revenir
à la raison en respectant les prescrits légaux ; en se comportant
en homme respectueux des règles sociales.
19 Espérance MPUTU, lexique de termes
juridiques, Kinshasa, juin 2013, p.123.inédit.
20 Valérie LADEGAILLERIE, Op.cit., p.68.
21 Jacques PICOTTE, JURIDICTIONNAIRE, recueil
des difficultés et des ressources du français juridique
réalisé pour le compte du CENTRE DE TRADUCTION ET DE
TERMINOLOGIE JURIDIQUES, Université de Moncton, Actualisé au 13
juillet 2015, p.2285.
22 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
23 ANDRE, Dictionnaire universel hachette, annexes
grammaticales et encyclopédiques, p.473.
12
E. Amendement
Un terme le plus utilisé en Droit pénal qui
désigne une vertu attribuée à la sanction
pénale24. Certainement, l'amendement nous renvoi
également à l'action d'amender ou on s'attend au changement d'un
comportement criminel à un homme normal dans la société
dans le cadre de notre sujet.
F. Servitude pénale
La servitude pénale est l'état de celui
(individu ou pays) qui est privé de sa liberté25, il
envisage aujourd'hui la terminologie « prison » depuis la proposition
du professeur BAYONA-ba-MEYA lors de la conférence Nationale souveraine
; une proposition qui a été retenue en remplacement de la
servitude pénale à l'emprisonnement26.
G. Réintégration
C'est l'action de réintégrer ou
réintroduire quelqu'un dans un groupe social27, c'est le
rétablissement (d'une personne dans une situation équivalente
à celle qui existait antérieurement)28. En d'autres
termes, c'est réinsérer le délinquant dans la
société des hommes libres. Ce terme est équivalant avec
celui de la resocialisation.
H. Récidive
Bien que la récidive ne soit pas définie par la
loi, la doctrine enseigne qu'il s'agit de la rechute dans l'infraction selon
les conditions légalement déterminées, et après une
ou plusieurs condamnations coulées en force de chose jugée et
cette rechute doit se produire dans un délai déterminé.
C'est ainsi qu'on distingue les formes de récidive29 :
? La récidive proprement dite
réglementée par l'article 14b du Code Pénal
congolais30 ;
24 Valérie LADEGAILLERIE, Op.cit., p.16.
25 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
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26 BAYONA-ba-MEYA, cité par NYABIRUNGU mwene
SONGA, Op.cit., p.378.
27 Dictionnaire de poche Larousse, verba
(réintégrer), Op.cit, p.360.
28 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
29 NYABIRUNGU mwene SONGA, Op.cit, pp.403 et 404.
30 Raymond de brouillon MANASI N'KUSU-KALEBA, le
code pénal congolais de l'étudiant enrichi par d'autres
textes, éd. « D.E.S », Kinshasa, novembre 2016, p.7.
13
? La délinquance d'habitude réglementée par
l'article 14d du Code Pénal congolais31.
I. Délinquant
C'est une personne qui commet des
infractions32, des
délits33, de manquement au regard de la
société. Il est aussi appelé un criminel sous d'autres
cieux.
I. Délinquant d'habitude
La délinquance d'habitude n'est pas définie par
la loi, mais elle est réglementée par le code pénal
congolais à l'article 14d ; ici on parle d'une tendance persistance
à la commission d'une infraction34. La délinquance est
à la fois un fait normatif et à la fois une réalité
humaine et sociale.
J. Stigmatisation
Au sens strict, la stigmatisation condamnation publique
sévère de (quelqu'un ou quelque chose)35.
Au sens large c'est une forme de rejet que subissent les
délinquants après la prison. La population ne reçoit pas
facilement un délinquant sortant de la prison quel que soit son
amendement ou changement36.
K. Étiquetage
Au sens strict, c'est le fait de marquer une
étiquette37, confection et apposition des étiquette ;
appellation qui classe de manière approximative38.
Au sens large ; c'est l'action par lequel un délinquant
(criminel) se prévaut de sa qualité de criminel. D'ailleurs il se
vante de fréquenter plusieurs fois la prison et considère
apparemment la prison comme un lieu habituel pour eux. Et la
société en retour le considère comme tel.
31 Raymond de brouillon MANASI N'KUSU-KALEBA, Op.cit.,
p.8.
32 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
33 Inédit, Dictionnaire de poche Larousse,
Verba (délit), Op.cit., p.112.
34 C.P, Décret du 30 janvier 1940 tel que
modifié et complété à ce jour, Article 14d.
35 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
36 Guey MASAMBA NZEZA, interview, Kinshasa, URKIM,
2017
37 Inédit, Dictionnaire de poche Larousse,
verba (étiquette), Op.cit., p.159.
38 Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
14
Paragraphe 2 : Typologie des peines de prison
L'article 5 du code pénal congolais qui
énumère les peines applicables aux infractions n'est pas clair
quant aux sortes des peines de prison qui existe en Droit congolais.
La peine de servitude pénale est
réglementée par le décret du 30 janvier 1940 tel que
modifie et complète à ce jour par les articles 7 à 9.
Historiquement, « Il y a plus au moins deux cent
soixante ans, que la prison est entrée dans les législations
pénales comme un remède infaillible au problème de la
criminalité. Une panacée. Aujourd'hui, elle n'a plus ce prestige,
et si elle est toujours maintenue, c'est moins pour ses biens faits que par la
difficulté à lui trouver une peine de remplacement
»39.
En effet ; le droit congolais connait deux sortes de peine de
servitude pénale. A ce sujet le droit pénal congolais connait la
prison à temps et la prison à vie :
? La Servitude pénale à temps allant de 1 jour
à 20 ans (la peine de prison proprement dite) ; celle si ne peut en
aucun cas dépasser ce seuil, même en cas de concours
matériel ou cumul d'infraction ;
? La servitude pénale à perpétuité
; cette peine s'incarne avec le restant de vie du délinquant qui va le
passer en prison jusqu'à ce que la mort va le surprendre dans la
prison.
L'exécution de la peine de servitude pénale est
fixée par l'ordonnance N°344 du 17 septembre 1965 portant
organisation du régime pénitentiaire.
39 NYABIRUNGU mwene SONGA, Op.cit., p.377.
15
Paragraphe 3 : Historique et Fondements de la prison
A ce niveau, il convient de signaler qu'il s'agisse de
démontrer d'où vient cette pratique qui a colonisé notre
société et devient la plus fréquente (l'emprisonnement).
Nous le verrons selon qu'il s'agisse de l'histoire.
A. Historique de la peine de prison
Il convient de s'interroger alors sur l'origine de cette peine
qui a colonisé notre système pénal ; avant de dire un mot
sur son fondement.
Le concept de prison comme peine est relativement
récent. Elle n'apparaît qu'avec la Révolution
française. «Certes la Révolution n'a pas inventé
l'enfermement. Ce phénomène banal de l'Ancien Régime (...)
était le destin commun du pauvre non valide, du mendiant et du vagabond,
du fou et de l'incurable, du libertin et du gêneur. Mais il ne s'agissait
pas là de peine au sens strict.
Sauf dans certains cas de détention dans un couvent ou
dans les quartiers de force de l'hôpital, l'enfermement ne
procédait pas de sentences de justice mais de décisions
administratives, mesures de la police, « ordres du roi », ou lettres
de cachet.
Quant aux prisons, elles n'étaient alors, en Droit au
moins, que des lieux de passage et de sûreté pour les
détenus pour dettes en matières civiles, les prévenus et
accusés avant jugement, les condamnés avant exécution de
la sentence. L'emprisonnement, en effet, ne comptait pas au nombre des peines
énumérées par l'ordonnance criminelle de
167040. Et, s'il figure dans les condamnations au XVIIIème
siècle, c'est de manière exceptionnelle, en
général, comme peine de remplacement des galères pour les
femmes et les vieillards.
Le mot prison vient du latin prehensio, ce
qui signifie «action de prendre». Ulpien signale déjà
la présence de prison à Rome. Mais depuis lors et jusqu'à
la Révolution, ces prisons n'ont qu'une fonction de
garde41.
40 Valérie LANCIER, Op.cit., p.5.
41 Ferrières dans son dictionnaire de Droit et
de pratique, cité par Valérie LANCIER, Op.cit., p.6.
16
L'idée selon laquelle la privation de liberté
pouvait constituer un châtiment de la délinquance n'était
pas encore perçue par les organisateurs du «grand spectacle
punitif» de cette époque. Le cachot eut réservé aux
condamnés un sort trop obscur, insuffisamment scénique, et somme
toute trop doux. Les peines en usage dans les royaumes répondaient
à d'autres préoccupations et avaient des objets différents
: Élimination des sujets indésirables, souffrances corporelles
(fouet, galère), humiliation publique et ségrégation
sociale par les signes de l'infamie blâme, carcan, pilori, amende
honorable, punition pécuniaire (aumône forcée, amende,
confiscation des biens)42.
La peine-prison, clef de voûte du système
pénal, est issue de deux mouvements principaux datant de la fin du
XVIIIème siècle et du XIXème siècle.
Il s'agit, en premier lieu, des critiques croissantes contre
les supplices, notamment quant à leur cruauté et à leur
publicité.
Les supplices sont devenus intolérables. Dans la
seconde moitié du XVIIIème siècle, des protestations
s'élèvent chez les philosophes, les théoriciens du droit,
les juristes, les hommes de loi, les parlementaires, mais également dans
les cahiers de doléances.
A la fin du XVIIIème siècle, et au début
du XIXème siècle, écrit Michel Foucault, malgré
quelques Flamboiements, la sombre fête punitive est entrain de
s'éteindre. (...) Le cérémonial de la peine tend à
entrer dans l'ombre, pour n'être plus qu'un nouvel acte de
procédure ou d'administration.
La manière d'organiser le droit de punir évolue.
On ne cherche plus à toucher le corps mais l'esprit : les peines
privatives de liberté sont bien des peines physiques mais « le
corps s'y trouve en position d'instrument ou d'intermédiaire ».
En second lieu, la Révolution proclame avec la
Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen la suprématie de
la liberté. La liberté devient un bien essentiel dont tout le
monde dispose.
42 Valérie Lancier, Op.cit., p.6.
17
De plus, beaucoup de ceux-ci critiquaient l'idée d'un
enfermement pénal. Mais, en bien peu de temps, la détention va
devenir la forme essentielle de châtiment. En effet, «dès
1810 (et le code pénal napoléonien), la prison devient la
pièce maîtresse du système répressif
français, l'instrument le plus communément utilisé par
l'État pour maintenir l'ordre public, la panacée
réputée propre à remplir toutes les fonctions de
prévention spéciale et de prévention
générale de la peine.»43 Ainsi, M. de
Rémusat notera, en 1831 : «Qu'est-ce que le système de
pénalité admis par la nouvelle loi? C'est l'incarcération
sous toutes ses formes.
B. Fondements de la prison
Chaque année, environ 100 000 personnes sont
condamnées à une peine privative de liberté44.
« La prison est pour notre société la forme la plus
courante, la plus naturelle du châtiment. (...) L'opinion est unanime
à voir dans la privation de liberté, la sanction normale de
l'inobservance des lois. Et de fait, la prison reste la ressource principale de
la justice pénale »45.
Si pour l'opinion publique la peine par excellence est la
prison, la peine privative de liberté est aussi la sanction
pénale préférée du législateur. Ainsi, Roger
Merle et André Vitu notent qu'entre 1965 et 1984, sur 150 nouvelles
incriminations en matière correctionnelle, 109 étaient punies par
une peine d'emprisonnement46.
Depuis sa naissance, la prison n'a pas évolué de
manière linéaire. C'est plutôt une suite d'avancées
et de retours en arrière : tantôt plus laxiste, tantôt plus
sécuritaire ; tantôt orientée vers l'amendement,
tantôt vers l'intimidation.
43 Michel Foucault cité par Valérie
LANCIER, Op.cit., p.7
44 Valérie LANCIER, Op. Cit., p.5.
45 Jean-Marc Varaut, La prison, pour quoi faire
? Cité par Valérie LANCIER Op.cit., p.5
46 Roger Merle, André Vitu, Traité de
droit criminel, Tome 1 : Problèmes de la science criminelle,
Droit pénal général, Paris, Cujas, 1997, 7ème
édition, p.900
18
La prison est, depuis toujours, enveloppée de discours
visant à l'améliorer, discours précédés
toutes les fois de préambule dénonçant sa
nocivité.47 Alors, comment la prison ne serait-elle pas la
peine par excellence dans une société où la liberté
est un bien qui appartient à tous de la même façon et
auquel chacun est attaché par un sentiment «universel et
constant» ? La peine privative de liberté apparaît par
conséquent comme la peine la plus égalitaire qui soit,
contrairement à l'amende qui frappe le riche ou le pauvre de la
même manière.
C'est en 1875 qu'est né le concept moderne de la
prison, mettant fin à l'ère de la prison des philanthropes
mêlant le laxisme dans les règles de détention et des
conditions matérielles déplorables. La «prison
républicaine» est fondée sur l'emprisonnement individuel et
des conditions de détention décentes accompagnées d'un
règlement intérieur draconien, imposant notamment l'interdiction
de parler, de consommer de l'alcool, de cantiner...Cela s'avéra
être plus un discours qu'une réalité. En effet, la
concrétisation de ces idées ne se réalisa pas.
SECTION 2 : MISSIONS OU FONCTIONS DE LA PRISON
D'une manière générale, « La
peine-prison ne présente aucune originalité quant aux fonctions
qui lui sont assignées. Elle est en effet censée remplir les
mêmes finalités que toutes les autres peines
48». La sanction de manière générale
remplit plusieurs fonctions ; Nous pouvons citer : La Fonction vindicative ou
vengeance, la fonction morale ou rétributive, la fonction de
prévention individuelle ou spéciale, la fonction de
prévention générale, la fonction éliminatrice, la
fonction réparatrice et la fonction symbolique49.
Toutes ces fonctions nécessitent une analyse
très pausée pour chacune d'elle. Car, de cette analyse nous
comprendrons les différences existantes entre elles. Analysons avant
tout la fonction rétributive.
47 Christian Carlier, la prison vue par les
historiens, cité par Valérie LANCIER Op.cit., p.8.
48 Valérie LANCIER, Op.cit., p.14.
49 NYABIRUNGU mwene SONGA, Op.cit., p.343.
19
Paragraphe 1 : Les fonctions tournées vers les
passé ou la fonction « rétributive »
Lorsqu'un délinquant commet une infraction, il
contracte une dette envers la société. Il doit la
payer50.
Le crime est une faute que l'agent doit « expier, c'est
souffrir soi-même par la punition de sa propre faute. C'est expulser par
la douleur physique ou morale les impuretés de son âme :
magnis flatibus et laboribus, à force de l'armes et de
durs travaux »51. Cela répond à une exigence
morale partagée par toutes les sociétés, à toutes
les époques. Les bons actes doivent être
récompensés, et les mauvais doivent être punis. Et le
sentiment comme l'expression populaire est que « justice est faite »
lorsque l'auteur d'un crime crapuleux monte à l'échafaud.
La fonction morale de la peine relève ainsi du
rétributisme ou du moralisme, en ce sens que la commission de
l'infraction est une condition nécessaire et suffisante de la peine,
sans devoir se poser des questions sur son utilité ou son
efficacité, sur ses effets ou ses conséquences sur l'individu ou
sur la société52. Telle est aussi la conception de
KANT sur la peine53.
Le concept de rétribution a en effet traversé
les âges : « Platon, auquel Saint Thomas fait écho,
professait que le crime opérant une rupture intolérable dans
l'ordre du monde, l'ordre doit être restauré, reconstitué
par l'application de la peine. Aristote considérait la peine
(«zemia», c'est-à-dire le dommage infligé au
délinquant en guise de réparation) comme l'équivalent
égalisateur qui permet de rétablir l'équilibre rompu par
le crime ; la peine rétablit donc le droit perturbé. Durkheim
estimait aussi que la répression, en dissolvant les émotions
collectives provoquées par le crime, maintient la cohésion
sociale »54.
50 NYABIRUNGU mwene SONGA, Op.cit., p.344.
51 Georges KELLENS, cité par NYABIRUNGU mwene
SONGA, Op.cit., p.344.
52 Idem
53 Idem
54 Roger MERLE, André VITU, cités par
Valérie LANCIER, Op.cit., p.17.
20
La rétribution a également
imprégné les deux derniers siècles de l'Ancien droit :
« le rachat par la souffrance est un axiome de la théorie morale
classique, et l'on enseignera dans les collèges jusqu'à la fin de
l'Ancien Régime, selon Saint Thomas, que la rétribution du
démérite est dans l'essence de la Justice.» Roger Merle et
André Vitu écrivent encore : «Les légistes de
l'ancien droit français étaient fortement imbus de la doctrine
rétributive : tout crime appelle châtiment que le Roi fait
appliquer par délégation divine.» «La peine canonique
a», elle aussi, «un fondement rétributif. (...) Le
délinquant est puni dans la mesure qu'il a mérité, et
parce qu'il a pêché : punitur quia peccatum est
»55.
En contraste avec la pensée dominante de son
époque, Emmanuel Kant, le plus notable représentant de
l'École de la justice absolue, s'inscrit dans cette logique
rétributive de la peine. Il fait partie des rares philosophes qui
réduisent la peine à cette seule fonction, qui lui niet toute
autre finalité. Kant et ses disciples «considèrent qu'il
faut sévir parce qu'une faute a été commise» et
«défendent une vision absolue à l'image de la
célèbre parabole de Kant : une communauté vivant en
autarcie sur une île et devant la quitter devrait juger les assassins
encore enfermés dans ses geôles, avant de déguerpir, par
simple nécessité de justice56.
Kant s'inscrit dans la doctrine de la rétribution
morale. Selon cette dernière, « il est une exigence profonde et
irrésistible de la nature humaine que le mal soit rétribué
par le mal, comme le bien doit être récompensé d'un
bienfait.» Hegel, quant à lui, défend la doctrine
de la rétribution juridique qui «considère le délit
comme rébellion de l'individu à la volonté de la loi, et
de ce fait, exige une réponse qui sera une réaffirmation de
l'autorité étatique »57.
Après une éclipse de près de deux
siècles, la doctrine de la rétribution a ressurgi dans les
années 1970, avec la naissance de deux mouvements58 : un
mouvement néo-kantien, d'une part, influencé par John Rawls,
développant la théorie du «juste dû», selon
laquelle «la peine doit être fondée sur le mérite
(désert), tournée vers le passé et proportionnée
à
55 Valérie LANCIER, Op.cit., p.17.
56 Frédéric-Jérôme pansier,
la peine et le droit, cité par Valérie Lancier, op.cit.,
p.17.
57 Ibidem, P.18.
58 Idem
21
la gravité de l'infraction»59; et
d'autre part, un mouvement néo-durkheimien, «insistant sur le
caractère religieux ou sacré de la peine, laquelle doit effacer
l'infraction commise, rétablir la cohésion
sociale.»60
Selon la doctrine de la rétribution, le crime doit donc
être rétribué, c'est-à-dire qu'il doit être
compensé par une souffrance infligée à son auteur soit
dans sa personne, soit dans ses biens, soit dans son honneur61. La
rétribution passe obligatoirement par la souffrance du délinquant
et a plusieurs significations «qui peuvent être formulées en
termes moraux : dénonciation du degré d'immoralité de
l'infraction, rétablissement du droit violé, attestation de la
responsabilité morale de l'agent et de son «droit» à
être traité comme tel, triomphe d'une certaine idée de la
justice, approbation des actes conformes, etc.» et «en termes plus
sociologiques : maintien de la cohésion sociale, guérison des
blessures» faites aux sentiments collectifs, attestation de la subsistance
des sentiments collectifs, etc.»62
La peine, sous l'angle de la rétribution, a plusieurs
fonctions : elle est la réaffirmation de la Justice63et du
Droit.
Elle est la réprobation morale de l'infraction. Elle
est « indispensable pour rétablir l'équilibre rompu par le
crime »64.
Elle «a pour fonction de régulariser les rapports
réciproques entre deux parties»65 et c'est pour cette
raison qu'il doit y avoir une équivalence entre le crime et la peine,
entre l'action et la réaction. Si la peine était
disproportionnée par rapport à l'infraction, il y aurait toujours
un déséquilibre dans cette relation. La peine doit compenser la
dette créée par le crime. La peine efface le crime66.
Et, selon Durkheim, «sa vraie
59 Pierrette PONCELA, éclipses et
réapparition de la rétribution en droit pénal,
cité par Valérie LANCIER. Op.cit., p.18.
60 Ibidem. 61Idem.
62 Michel Van de Kerchove, symbolique et
instrumentalité. Stratégies de pénalisation et de
dépénalisation dans une société pluraliste,
cité par Valérie LANCIER. Op.cit., p.18.
63 Raymond Polin, la notion de la peine dans la
philosophie du droit de Hegel, cité par Valérie LANCIER,
op.cit., p.19.
64 Idem.
65 Idem.
66 Idem.
22
fonction est de maintenir intacte la cohésion sociale
en maintenant toute sa vitalité à la conscience commune
»67.
Malgré ces critiques et même si «la
finalité de rétribution de la peine a été peu
à peu délaissée par la pratique judiciaire, depuis la fin
du XIXème siècle, au profit d'autres fonctions de la peine, dont
celle de la réadaptation», la rétribution étant
l'essence même de la peine, cette dernière aura toujours une
fonction rétributive, plus ou moins mise en avant selon les
époques68.
Si cette première fonction, faisant payer le mal pour
le mal, est tournée vers le passé, ne s`intéresse qu'au
crime, la seconde, celle de réinsertion, va mettre l'accent sur la
personne du délinquant et s'intéresser essentiellement à
l'avenir.
Paragraphe 2 : Les fonctions tournée vers l'avenir
ou la fonction de la « réinsertion sociale »
La peine a pour fonction d'empêcher celui à qui
elle est appliquée de recommencer. Elle atteint ce but soit par
l'intimidation pure, soit encore par l'amendement69. Le terme «
réinsertion » suppose qu'il ait successivement : insertion, le fait
qu'une personne soit mise hors la société (en prison), il faut
chercher à tout prix comment l'aider à retrouver la
société qu'il a déjà laissée il y a
longtemps.
Dans ce stade, quelques notions seront importantes comme le
stipule Raymond Gassin cité par Valérie LANCIER, qui pense pour
qu'il y ait réinsertion sociale il faut envisager :
V' La réadaptation sociale ;
V' Reclassement sociale ;
V' L'amendement ;
V' La récupération ;
67 Emile Durkheim, le droit de punir et le dialogue
ambigu du pénaliste et de la conscience publique, cité par
Valérie LANCER, Op.cit., p.19.
68 Idem.
69 NYABIRUNGU mwene NSONGA, Op.cit., p.345.
23
? Insertion sociale70.
La fonction de la réadaptation sociale n'a jamais
été totalement ignorée. Elle était
déjà présente dans l'Antiquité. Socrate
«demandait qu'on (...) enseigne (aux condamnés) surtout comment ne
plus commettre d'infraction en leur donnant l'instruction et la formation qui
leur font défaut»71, et Platon parlait
«d'une peine orientée vers le futur (Protagoras),
éliminatoire pour les criminels incorrigibles et véritable
médecine de l'âme pour les amendables»72.
Elle se retrouve dans la pensée chrétienne avec
l'idée de peine perfectionnelle «qui n'est qu'un moyen de corriger
et d'améliorer le criminel»73. Le châtiment doit
alors permettre au pêcheur de se redresser psychologiquement et de
«se convertir à la vie sociale»74.
Ces tentatives pour assurer la resocialisation des
délinquants ont pour objectif d'éviter que ces derniers ne
récidivent en sortant de la prison. Il est temps de s'attarder sur
l'impact de la prison dans une société et dans la vie des
délinquants.
La peine de prison joue également un grand rôle
intimidant sur la psychologie de l'auteur de l'acte incriminé, mais,
aussi et surtout sur celui de toute la communauté dans son ensemble.
Paragraphe 3 : Fonction intimidatrice (Personnel et
Collectif)
Comme de coutume, la peine a pour fonction
d'empêcher celui à qui elle est appliquée de
recommencer75. A ce stade, il est maintenant question de parler
sur la fonction d'une peine d'emprisonnement dans la vie personnelle du
délinquant (A) et la fonction de la peine dans la vie collective de la
société(B).
70 Raymond Gassin, cité par Valérie
LANCIER, op.cit., p.21.
71 Idem
72 Idem.
73 Ibidem, P.22.
74 Ibidem.
75 NYABIRUNGU mwene NSONGA, Op.cit., p.345.
24
A. La fonction d'une peine d'emprisonnement dans la vie
personnelle du délinquant
Le professeur NYABIRUNGU pense à ce sujet qu'on
espère que le délinquant qui a déjà subi une peine
en a pris la mesure. Il connait les désagréments qu'elle comporte
et doit autant que possible éviter de les subir de nouveau. C'est la
fonction utilitaire au sens benthamien : l'agent doit avoir
plus d'intérêt à respecter la loi qu'à la
violer.
Il souligne cependant que, pour que la fonction d'intimidation
individuelle soit exercée, il faut que des conditions favorables au
calcul soient remplies : de personnalités bien définies et
stables, des modes de vie définis, des terrains
déterminés... c'est pourquoi la fonction d'intimidation par la
peine n'est pas remplie auprès des catégories de personnes et de
situations suivantes :
w' Les psychopathes, qui sont, par définition,
caractérisés par un
déséquilibre entre l'intelligence et le jugement
; w' Les professionnels du crime, pour qui la peine fait partie des
« risques du métier » ;
w' Les crimes passionnels ;
w' Les incriminations mal définies ou dont la
publicité a été insuffisante pour qu'on sache à
quoi on s'expose en adoptant telle conduite76.
En tout état de cause, l'intimidation se veut un rappel
à l'ordre par l'exemple77.
B. La fonction de la peine dans la vie collective de la
société.
La peine infligée au délinquant constitue un
avertissement, une mise en garde adressée à tous les citoyens qui
seraient tentés de limiter le délinquant condamné. Cette
fonction de la peine est appelée « intimidation collective
»78.
76 NYABIRUNGU mwene NSONGA, Op.cit., p.346.
77 Georges KELLENS, cité par NYABIRUNGU mwene
NSONGA, Ibidem, p. 346.
78 Irénée MVAKA NGUMBU ange, Notes de
cours de Droit pénal général destinées aux
étudiants de deuxièmes année Droit, URKIM, 2016-2017,
p.100.
25
D'ailleurs, c'est en vue de réaliser cette fonction
d'intimidation collective que les jugements sont publiquement rendus ou que,
dans certains cas, ils sont publiés. Il en est de même de
l'exécution de la peine capitale79.
L'on constate à ce sujet que la peine joue un
rôle pédagogique et préventif, en mettant en garde les
autres membres de la société de pouvoir observer un comportement
conforme aux prescrits légaux.
Paragraphe 4 : Fonction d'amendement
La peine peut retenir l'ancien délinquant dans la bonne
voie en lui inspirant des attitudes honnêtes vis-à-vis de la
société80.
NIETSCHE a exprimé l'idée que « le
châtiment apprivoise l'homme, et ne le rend pas meilleur ; il lui apprend
non pas à bien faire, mais à se méfier et ne plus se faire
prendre »81. On espère surtout que, par les peines
privatives de liberté, on peut soumettre le détenu à un
traitement de resocialisation et de relèvement. Cette fonction est
jusqu'à ce jour considérée comme la plus importante de la
peine.
C'est ainsi que le droit pénal post-moderne met
beaucoup plus l'accent sur les deux dernières fonctions sus
analysées. A ces jours la peine ne se résume plus à
l'idée de la souffrance du délinquant, mais plutôt, elle
doit aider celui-ci au relèvement, à l'amendement et à la
resocialisation qui demeure à nos jours l'objectif la plus
affirmé du droit pénal post-moderne. Car 90% des
délinquants emprisonnés finissent par regagner la
société des hommes libres. Et, pour atteindre cet objectif, une
politique de réinsertion adéquate demeure nécessaire.
Le comble est que le résultat escompté n'est pas
toujours au rendez-vous des attentes de toute la communauté.
Voilà pourquoi, il est impérieux de cogiter sur les causes de cet
échec ainsi que sur ses conséquences avant de proposer des pistes
de solutions éventuelles.
79 NYABIRUNGU mwene NSONGA, Op. Cit., p.347.
80 Idem.
81 Georges KELLENS, cité par NYABIRUNGU mwene
NSONGA, Op.cit., p.346.
26
CHAPITRE II : CAUSES D'ECHEC DE LA PRISON ;
CONSEQUENCES ET PERSPECTIVES
Ce chapitre comporte trois sections ; la première porte
sur les causes d'échec de la prison (section 1), la deuxième
porte sur les conséquences (section 2) et la troisième planche
sur les perspectives d'avenir de la prison.
SECTION 1 : CAUSES D'ECHEC DE LA PRISON
Les causes d'échec de la prison sont nombreuses mais
dans cette section nous analysons trois paragraphes : L'inapplicabilité
des lois régissant la prison et la surpopulation carcérale
(Paragraphe 1), le deuxième est consacrée à la
vetristé des bâtiments carcéraux en général
et de la prison centrale de MAKALA en particulier (Paragraphe 2) et en fin
Absence de politique de redressement (Paragraphe 3).
Paragraphe 1 : L'inapplicabilité des lois
régissant la prison et la surpopulation carcérale
A ce niveau, il importe de spécifier ce contenu dans
deux points ; l'inapplicabilité des lois régissant la prison (A)
et la surpopulation carcérale (B).
A. L'inapplication des lois régissant la
prison
Il est vrai que la République Démocratique du
Congo qui fait l'objet de la limite territoriale de notre recherche a des lois
régissant la prison. En effet, la prison en R.D.C est régie par
l'ordonnance loi N°344 du 17 septembre 1965 portant régime
pénitentiaire. Une loi qui prévoit plusieurs droits et devoirs
des délinquants mais aussi des personnes chargées à la
bonne administration de la justice en prison.
Mais cette loi souffre de son application comme d'ailleurs
beaucoup de lois en R.D.C. Par exemple lorsque la loi prévoit que les
détenus doivent être pris en charge par l'État, notamment
sur leurs mangé, leurs santé, ... (Les droits des détenus
ne sont pas observés comme le prévoit la loi). Voilà
pourquoi vous allez constater les morts d'homme en prison comme s'ils
étaient le plus mauvais et doivent à tout prix subir le sort
l'amenant jusqu'à la mort.
27
Il faut donc comprendre que le comité des ministres du
conseil de l'Europe avait adopté les règles pénitentiaires
le 11 janvier 2006. D'où, « il faut traduire dans notre droit
positif des règles pénitentiaires européennes
»82. Plusieurs règles sont à l'initiative de
l'administration pénitentiaire parmi lesquelles nous retenons 14
règles :
Règle1 : les personnes privées de liberté
doivent être traitées dans le respect des droits de l'homme.
Règle2 : les personnes privées de liberté
conservent tous les droits qui leur n'ont pas été retirés
selon la loi par la décision les condamnant à une peine
d'emprisonnement ou les plaçant en détention provisoire.
Règle3 : les restrictions imposées aux personnes
privées de liberté doivent être réduites au strict
nécessaire et doivent être proportionnelles aux objectifs
légitimes pour lesquelles elles ont été
imposées.
Règle4 : le manque de ressources ne saurait justifier
des conditions de détention violant les droits de l'homme.
Règle5 : la vie en prison est alignée aussi
étroitement que possible sur les aspects positifs de la vie à
l'intérieur de la prison.
Regle6 : chaque détention est gérée de
manière à faciliter la réintégration dans la
société libre des personnes privées de liberté.
Règle7 : la coopération avec les services
sociaux externes et, autant que possible, la participation d la
société civile à la vie pénitentiaire doivent
être encouragées.
Règle8 : le personnel pénitentiaire
exécute une importante mission de service public et son recrutement, sa
formation et ses conditions de travail doivent lui permettre de fournir un haut
niveau de prise en charge des détenus.
82 Pierre V. Tournier, loi pénitentiaire
contexte et enjeux ; éd. L'harmattan, paris, 2007, p.9.
28
Règle9 : Toutes les prisons doivent faire l'objet d'une
inspection gouvernementale régulière ainsi que le contrôle
d'une autorité indépendante.
Règle10 : les conditions de détention et la
manière dont les détenus sont traités doivent être
contrôlées par un ou des organes indépendants dont les
conclusions doivent être rendues publiques.
Règle11 : Dans la mesure du possible les détenus
doivent être consultés concernant les répartitions
initiales et concernant chaque transfèrement ultérieur d'une
prison à une autre.
Règle12 : Les détenus doivent être
autorisés à communiquer aussi fréquemment que possible -
par lettre, par internet, par téléphone ou par d'autres moyens de
communication avec leurs familles, des tiers et des représentants
d'organismes extérieurs, ainsi qu'à recevoir des visites des
dites personnes. Ils doivent avoir accès aux livres, journaux et autres
moyens d'informations.
Règle 13 : les détenus doivent être
autorisés à communiquer avec les médias que des raisons
impératives ne s'opposent au nom de la sécurité et de la
sureté, de l'intérêt public ou de la protection des
victimes, des autres détenus et du personnel.
Règle 14 : chaque détenu doit en principe
être logé pendant la nuit dans une cellule individuelle, sauf
lorsqu'il est considéré comme préférable pour lui
qu'il cohabite avec d'autres détenus.
Le placement des détenus dans la prison doit tenir
compte de la nécessité de séparer :
? Les prévenus des détenus condamnés ;
? Les détenus de sexe masculin des détenus de sexe
féminin ; ? Les jeunes détenus des adultes plus âgés
;
? Des délinquants primaires aux
récidivistes83.
Malheureusement aucune observation de ces règles n'est
faite dans la pratique carcérale congolaise.
83 Pierre V. TOURNIER, Op.cit., p.66-67.
29
De manière générale, les lois en R.D.C
souffrent de la désuétude sans pareille. Ce qui
caractérise la persistance ou le maintien de système
archaïque dans le traitement du délinquant. A lorsque ce n'est pas
la persistance des pratiques anciennes qui doit être
considérée comme cause de l'abrogation de la loi. Nous appelons
les autorités chargées d'appliquer les lois à beaucoup
plus de rigueur, en vue de leurs assurer une plaine existence.
B. La surpopulation carcérale
Dans sa loi pénitentiaire, Pierre V. Tournier utilise
le terme du surnombre carcéral ou surpeuplement parce qu'il peut y avoir
un établissement pénitentiaire administrativement pour recevoir
50557 personnes mais là on y trouve 61810 personnes « surpeuplement
de 6181050557 = 11253 personnes »84.
A ce sens, la surpopulation carcérale peut être
comprise dans deux manières : au sens général « il y
a trop de détenus » sans que l'on précise sur quels
critères on se base pour affirmer le diagnostic.
Au sens plus précis qui se réfère
à la capacité d'accueil des établissements
pénitentiaires notamment sur le surnombre de personnes détenues
prévu dans chaque établissement.
En effet ; la prison centrale de MAKALA était
créée pour une capacité d'accueil de 1500 prisonniers.
Elle est à ces jours hyper débordée. Elle compte dans les
3 fois la capacité d'accueil. Dans une telle situation, c'est la vie des
prisonniers qui se trouve en péril.
La surpopulation pénale est l'un des freins à la
réinsertion sociale des détenues souvent évoqué par
les surveillants. Elle constitue un obstacle majeur à la mise en place
du suivi personnalisé des détenus « la contamination et la
corruption des détenus »85. Dans ces conditions, la
peine privative de liberté redeviendrait l'Ultima ratio qu'elle aurait
dû être toujours « pas plus qu'il est juste, pas plus qu'il
n'est utile »86.
84 Pierre V. TOURNIER, Op.cit., p.21.
85 Paul MBANZOULOU, la réinsertion sociale
des détenues, éd. L'harmattan, paris, 2000, p.202.
86 Idem, p.203.
30
Paragraphe 2 : le traitement inhumain des
délinquants dans la prison et la non préparation à la
réinsertion sociale.
Les personnes placées en état de
détention ou de condamnation sont dans plusieurs cas victimes des
traitements inhumains réservés aux détenus au risque
même de perdre leur vie. Aussi, la prison actuelle ne prépare
même pas les détenus à réintégrer la
société comme l'a été assignées ces missions
lors de sa création dans la société.
Les traitements réservés aux détenus sont
cruels dans tous égards : la restauration ne respectant pas les
règles nutritionnelles. Les prisonniers et les détenus mangent
une nourriture appelée vulgairement « VUNGULÉ » et cela
une fois la journée dans une très petite quantité ne
représentant pas même un petit déjeuner.
Le logement des détenus est très mauvais du
monde. Il faut observer comment est-ce qu'ils passent la nuit, comme des
poissons de mer contenus dans un carton. Dans cette condition, les
détenus envient même les enfants de la rue qui passent la nuit
à la belle étoile.
Les détenus sont soumis aux travaux forcés
très insalubrés. Ils vident les fausse septiques aux mains sans
aucune protection hygiénique. Tous les détenus sont
obligés de le faire, surtout ceux du pavillon 4. Ils sont à cet
effet, exposés à la merci des maladies de tout genre. Aucun
traitement adéquat n'est réservé à ces derniers,
puisque le dispensaire de la prison est dégarni des
médicaments.
Cette pratique va à l'encontre de l'art. 16 et 61 de la
constitution de la R.D.C.
C'est ainsi, que plusieurs doctrines proposent le changement
ou la suppléance de cette peine de prison en d'autre peine « le
travail pour l'intérêt général » parce que
celle-ci n'arrive pas à accomplir ces fonctions assignées.
31
Paragraphe 3 : absence de politique de redressement.
Comme dit précédemment, la prison en R.D.C
souffre de la problématique de l'application des lois la
régissant.
Il ne suffit pas seulement de relever à ce sujet la
problématique de l'application des différentes lois mais aussi et
surtout l'absence d'un politique de redressement des délinquants pendant
l'incarcération.
Avant les années auxquelles nous nous limitons pour les
recherches, le pavillon 11 de la prison centrale de MAKALA était
destiné à l'apprentissage des différents métiers.
Qui aidait les détenus à la sortie de la prison de s'adapter
à la société moyennant les métiers et connaissances
apprise dans la prison à l'occasion de leur détention.
Fort est malheureusement un regret pour nous, la prison
actuelle n'a plus ces initiatives. Au contraire ce pavillon est
transformé en cellule surpeuplé des détenus.
Il y'est de signaler à ce sujet l'absence de politique
de redressement, qu'est sous d'autres cieux il existe des méthodes et
techniques adapté au milieu carcéral voire pour la
prévention de la délinquance.
Nous pouvons affirmer qu'à ces jours, en droit positif
congolais, qu'il existe aucune politique de réinsertion du
délinquant qui soit envisagée. L'on doit admettre, dès
lorsqu'il y a condamnation pénale, l'on doit immédiatement
envisager son retour dans la société ; pour mieux réussir
ce retour, il faut rendre la prison utile et bénéfique aussi bien
pour le délinquant que pour la société ; par
l'apprentissage des métiers et service aux délinquants.
L'absence de cette politique de réinsertion sociale des
délinquants cause d'énormes dégâts au sein de la
société, dans l'enracinement de la délinquance et la
persistance de la criminalité.
32
Section 2 : LES CONSEQUENCES DE L'ECHEC DE LA
PRISON
Ils découlent logiquement des causes d'échec de
la prison, manifestement sur le taux de récidive (paragraphe 1), la
délinquance d'habitude (paragraphe 2) ainsi que la stigmatisation et
l'étiquetage (paragraphe 3).
Paragraphe 1 : Taux de récidive
La récidive nous renvoi tout droit à
l'échec de la prison. En d'autres termes, si l'on parle de la
récidive, cela veut dire que la première condamnation
pénale n'a pas été efficace pour dissuader le
délinquant ; l'enseigner à ne plus tomber dans l'infraction.
Après l'analyse de la pluralité des fonctions de
la peine privative de liberté, il y a lieu de retenir que le but
essentiel des peines privative de liberté selon le code de
procédure pénale qui consacra le principe aux services public
pénitentiaire « favoriser la réinsertion sociale » des
détenus. C'est l'idée notamment de la doctrine de la
défense sociale nouvelle avec Marc ANCEL « L'exécution des
peines favorise, dans le respect des intérêts de la
société et des droits des victimes, l'insertion ou la
réinsertion des condamnés ainsi que la prévention de la
récidive »87.
La récidive est un fait très important,
oscillant entre 30 et 50 %88. C'est ainsi que, la prison se voit
attribuer un effet bénéfique sur le condamné qui
justifierait sa supériorité sur toutes les autres peines «
il se produirait, lors de l'enfermement, quelque chose, que ce soit le choc, la
souffrance, la crainte, le repentir, un traitement, des apprentissages, ... qui
ferait que l'individu, une fois libéré, ne commettrait plus
d'illégalismes susceptibles d'entrainer une nouvelle intervention
légale »89.
La commission pour la prévention de la récidive
des criminels précisée par M.E. Cartier, a choisi de concilier
les deux catégories d'objectifs et d'admettre d'une part que « la
prison demeure le seul moyen
87 Jean LARGUIER, criminologie et science
pénitentiaire, 10e-éd. Dalloz, paris, 2005,
p.116.
88 Jean PRADEL, Droit pénal
comparé, 2e-éd. DALLOZ, Paris, 2002, p.751.
89 Paul MBANZOULOU, Op.cit., p.45.
33
de mettre à l'écart les individus dangereux et
conserver sa valeur au plan de l'exemplarité et de la rétribution
». D'autre part, « le temps passé en prison ne doit pas
être un temps perdu mais mis au service d'une politique de
prévention de la récidive »90.
Il est constaté que l'efficacité de la peine de
prison est le plus souvent réduite à celle de la récidive.
La peine privative de liberté a pour fonction principale de
réinsérer les détenus une fois leurs peines purgées
; cette peine pourra être considérée meilleure, lorsqu'elle
est capable de ramener ou réadapter le délinquant venant de la
prison dans la société.
A ce sens 70% des hommes incarcérés
récidivent et 30% des femmes récidivent. Ces pourcentages varient
selon l'âge, les rands sociaux qu'occupe le délinquant sortant
dans la société et le métier ou les fonctions
jouées par celui-ci.
Paragraphe 2 : la délinquance d'habitude
Il existe des malfaiteurs qui ont pu ne commettre qu'une seule
infraction et qui ne sont donc pas forcement en situation de cumul réel
ou en état de récidive, et qui pourtant peuvent être
très dangereux91.
Il devait être la meilleure qu'on en dise à ces
mots, avant de parler de la délinquance d'habitude ; Il est clair que
celui-ci «l e délinquant » doit passer d'abord par briser
l'étape de la récidive.
Le plus souvent, il est à dire avec beaucoup moins
d'expertise qu'il revient à l'administration la faute de ne pas
s'assumer sur des telles personnes au travers ces fonctionnaires travaillant
dans les offices de la justice.
Le délinquant d'habitude est une catégorie
très dangereuse des délinquants. Il est donc un habitué de
la prison. L'on peut affirmer que la délinquance d'habitude existe
lorsque dans une période de dix ans le
90 Idem.
91 Jean PRADEL, Op.cit. p.803.
34
délinquant a commis trois infractions ayant
donné lieu chacune à une condamnation de servitude pénale
d'au moins dix mois92.
Donc cette deuxième catégorie de
délinquant démontre l'inefficacité ou du moins
l'échec de la prison. Car ; lorsque l'individu s'habitue avec le
caractère nocif de la prison, c'est très dangereux parce qu'il
sera considéré comme inamendable.
La délinquance d'habitude, est aujourd'hui une
panacée au centre de l'échec de la prison et d'autres peines.
Elle est constatée notamment par l'insécurité actuelle de
plusieurs communes sur la ville de Kinshasa par les personnes
dénommées les KULUNA et des chégués (des
extorqueurs, voleurs...).
Paragraphe 3 : La stigmatisation et l'étiquetage
La stigmatisation c'est le rejet par les membres de la
société du délinquant après avoir purgé sa
peine. Celui-ci n'a plus sa place dans la société. Car, il est
considéré comme très très dangereux. Il est
quelqu'un que l'on doit éviter.
La stigmatisation est loin d'être qualifié comme
une conséquence logique de la prison. Mais, est-il que la prison
dissocie le délinquant dans la société pour une
durée établie par la loi tout en respectant la
proportionnalité du fait pour lequel il est reproché ; la prison
crée un rejet des délinquants après la prison. La
population ne reçoit pas facilement un délinquant sortant de la
prison quel que soit son amendement ou changement.
A la lumière des fonctions multiple de la peine de
prison, il se pose le problème des réactions de l'opinion fasse
à un détenu sortant ; le rejet populaire ou le manque d'affection
populaire à l'égard de celui-ci a comme conséquence
l'enracinement à la délinquance de ce dernier.
92 C.P, décret loi du 30 janvier 1940 tel que
modifié et complété à ce jour, Art.14d.
35
Que faire pour lutter contre la désocialisation des
détenus après la prison ? Le dit Paul, l'entrée en prison
provoque souvent un traumatisme dont les effets plus au moins durables sont
renforcés par l'isolement affectif et sociale propre à cet
univers carcéral dont le nouvel entrant ne maitrise ni le sens, ni la
pratique93.
Voilà pourquoi il propose qu'il soit rattaché ou
institué au sein de chaque établissement pénitentiaire un
service socio-éducatif composé des assistants sociaux et des
agents d'insertion et de probation pour participer à la
prévention des effets désocialisant de l'emprisonnement et de
favoriser le maintien de leurs liens sociaux et familiaux mais surtout de les
aider à préparer leur réadaptation
sociale94.
La problématique la plus grave est celle de
l'étiquetage. A la lumière de la définition fournie
précédemment du terme, les délinquants sortant de la
prison se prévalent de leurs qualités de criminel surtout si la
prison n'a pas réussi à les éduquer. D'ailleurs ils se
vantent de fréquenter plusieurs fois la prison et en profite pour
récommettre les manquements à l'égard de la
société. Mais aussi en retour, la société
considère apparemment la prison comme un lieu habituel pour eux. Et la
société les considère comme tel quel que soit
l'amendement.
Par conséquent, la prison est considérée
pour les uns comme un lieu d'apprentissage du métier criminel, puisqu'on
y entre délinquant primaire et on y sort délinquant aguerri
à cause de la promiscuité des délinquants et de la
contamination criminelle. Les délinquants se prévalent de
l'étiquetage à cause également de la stigmatisation. Dans
ce cas, ils acceptent cette nouvelle qualification et s'associent entre eux
pour essayer de forme leur société des hors la loi.
93 Paul MBANZOULOU, Op.cit., p.256.
94 Idem.
36
Section 3 : PERSPECTIVES SUR LA PRISON
Les raisons pour lesquelles la peine de prison (servitude
pénale) s'avère inefficace concernant la réinsertion des
délinquants peuvent être regroupé en quatre
catégories : celles qui tiennent aux conditions de détention,
celles qui concernent les réalités des moyens mis en oeuvre pour
préparer à la réinsertion des détenus ; celles qui
résultent des problèmes liés à la situation du
détenu à sa sortie de prison ; et celles qui sont à
chercher dans les structures même de l'institution carcérale.
C'est ainsi qu'au cours de cette section, nous aurons à
proposer quelques pistes de solution en vue de réduire l'écart
entre les fonctions d'intimidation et de réinsertion sociale de la
prison et la pratique sur terrain.
Paragraphe 1 : Diminuer la surpopulation
carcérale
Faut-il construire pour diminuer la surpopulation
carcérale ? La question suivante nous pousses à dire directement
que la surpopulation carcérale entraine d'office les résultats
inattendus de la prison actuelle en R.D.C (la récidive et la
délinquance d'habite des détenus sortant de la prison, constat
fait sur le phénomène kuluna à Kinshasa la capitale) de la
R.D.C.
Il y' a lieu de dire à ce sujet que la R.D.C connait ce
problème de surpopularité carcérale à la prison
centrale de Makala. Les causes sont innombrables ramenant cette dernière
à cette surpopulation.
Il faut déduire qu'à la surpopularité il
y'a les évidences résultats de la non prise en charge de ces
détenus et même manque des politiques de
réintégration. Cette surpopularité à la prison
centrale de Makala est due sur le fait qu'on y trouve (mette) les
détenus préventifs et les condamnés définitifs.
Pour y remédier, la construction des différents
lieux de détention s'avère importante et urgente. Voilà
pourquoi nous proposons la construction des plusieurs prisons, cachots, amigos,
EG et autres lieux sur la ville de KINSHASA dans toutes les communes ainsi que
sur toute l'étendue de la R.D.C pouvant servir à la
détention de ces malades sociales afin de
37
leurs aider à une bonne prise en charge et à
faciliter l'application effective de la prison pour entrainer leurs amendements
escomptés.
D'où, s'il faut répondre par oui ou non pour
répondre à la question de la surpopularité il faut
construire plusieurs lieux de détention, nous répondons avec
énergie que oui.
Paragraphe 2 : Application effective de la peine de la
prison
La sanction d'emprisonnement doit à tout prix
respecté les règles appropriées de la prison tout en
éclaircissant que ces règles doivent répondre au
développement de la personnalité du délinquant et au
respect de la dignité de la personne.
A ce niveau, il est nécessaire de développer les
aptitudes intellectuelles, psychologiques, physiques des détenus.
C'est-à-dire, les détenus peuvent bénéficier des
activités socio-culturelles au sein de la prison et dans leurs cellules
; par exemple : avoir des bibliothèques, de la radio, de la
télévision afin de ne pas perdre le contact avec le monde
extérieur95 et surtout faciliter l'éducation que
propose ces programmes.
Les détenus doivent bénéficier toutefois
de certaines activités comme le sport, la diffusion des spectacles et de
tous leurs droits en prison ; sauf la liberté qui leur est
confisquée pour l'intérêt de la société.
Nous suggérons surtout que l'application de la peine de
servitude pénale tienne compte de la personnalité de chaque
délinquant, mais également de la dangerosité de chacun
d'eux. C'est ainsi que la répartition dans les cellules doit
également en tenir compte.
Aussi nous souhaitons la création des programmes
d'éducation dans la prison comme l'existe ailleurs. Par exemple : il
existe un programme dénommé changement précoce dans la
prison de Darrington comité de douglas. À travers de
témoignage des TATA, TONYA, ASIA, ARON, TYANNA...
95 Jean LARGUIER, Op.cit., P155.
38
des adolescents transformés par l'occasion de visiter
la prison et l'incarcération de quelques personnes parmi le
témoignant96.
Il est donc souhaitable aux juges d'appliquer pour les
délinquants primaires la sanction d'emprisonnement avec sursis pour une
meilleure prévention individuelle et doit être motivée
spécialement un emprisonnement sans sursis97. Mais aussi, le
centre pour la justice et la réconciliation propose 10 clés pour
l'amélioration des conditions dans les prisons surpeuplées. Il
s'agit donc de :
1. Réduire la l'oisiveté ;
2. Classifier les prisonniers ;
3. Améliorer l'hygiène 98;
4. Cultiver des aliments ;
5. Utiliser les bénévoles ;
6. Former le personnel ;
7. Réviser les cas des prisonniers non condamnés
;
8. Accélérer la libération99
;
9. Augmenter les alternatives100 ;
10. Utiliser les libertés provisoires101.
Paragraphe 3 : Effectivité d'une politique de
réinsertion sociale.
Que faire pour que la prison réintègre vraiment
les délinquants Après l'incarcération ?
Philippe COMBESSIE pense qu'il faut deux politiques techniques
pour répondre à cette question :
1. Les politiques pénitentiaires qui concernent les
modalités d'enferment ;
96 Crime District, information
télévisée « Ados sous levé vous »,
comité de douglas, programme du changement précoce, le
08/07/2018, de 12h 15' à 13h 10'
97 Jean LARGUIER, Op.cit., p.117.
98 http://www.google.com/
m.france24.com / la surpopulation et
l'insalubrité dans les prisons de France.
99 http://www.justice-en-ligne.be/ les
conditions de vie en prison
100 http://www.google.com/ restorativejusice.org/ pour
améliorer des conditions dans la prison.
101 http://www.sautiyacongo.org/ les conditions de vie
inhumains à la prison Angenga
39
2. Les politiques pénales qui analysent la place de la
prison dans différents dispositifs de régulation judiciaire des
sociétés démocratiques102.
1. Politiques pénitentiaires
La politique pénitentiaire doit être comprise comme
étant :
A. Une prison rédemptrice : les philanthropes
voulaient en faire un instrument propre à transformer les criminels en
homme nouveau. Voilà pourquoi l'arrêté du 25
Décembre 1819 en France organise le traitement que doit subir les
prisonniers pour sortir changé.
La rédemption comme l'une des politiques
pénitentiaires utilise les instruments suivant pour atteindre ces
objectifs :
? Conduire le délinquant à la solitude qui doit
l'amener à réfléchir sur son crime ;
? Il recommande des cellules au confort sain ;
? Recommande du travail (avoir un travail
rémunérateur) et apprentissage des métiers et arts pouvant
servir à celui-ci à avoir un emploi pendant ou après la
prison ;
? Une médiation religieuse et d'autres politiques
savamment organisées pour le conduire à une personne respectueuse
des règles auxquelles il est soumis.
Il faut donc signaler que la peine ou le châtiment
proposé par les philanthropes est moral par ce que la peine est à
la fois douce ; plus douce que les châtiments corporels et cela pour
modifier le comportement des prisonniers de façon radicale « il
faut agir sur leur âme ».
B. Le détenu est un malade social : pour le
guérir il faut privilégier un traitement individuel et de lui
faire sortir plus tôt pour le mettre sous contrôle judiciaire
(libération conditionnelle) mais aussi et surtout envisager l'apport de
certaines personnes comme les prêtres, les médecins, les
psychologues, les travailleurs sociaux pour faire comprendre consciencieusement
au détenu de sa responsabilité
102 Philippe COMBESSIE, sociologie de la prison, éd. La
découverte, PARIS, 2004, p.53.
40
dans l'acte qui a entrainé la condamnation pour l'amener
à mieux vivre ou se conduire en suite dans la société.
2. Politiques pénales
La doctrine de la défense sociale propose un changement
de perspective dans l'approche des criminels « elle s'intéresse
plus à leur responsabilité mais surtout à leurs
dangerosité ». L'objectif principal est de protéger la
société et l'ordre social. D'où, il faut établir un
diagnostic de sa dangerosité et de lui prescrire un traitement
avéreux à sa dangerosité. C'est ainsi qu'on aura
l'individu reconnu très dangereux même faiblement coupable
(celui-ci bénéficiera la neutralité) et on aura de l'autre
côté l'individu qui n'est pas dangereux (celui-ci
bénéficiera de l'enfermement très rapidement
interrompu)103.
L'objectivité dans ces deux techniques est de
facilité la vraie réintégration des détenus.
En d'autres termes, l'on doit rendre utile la prison. Certes,
la commission d'une des infractions prévues par les lois pénales
appelle la réponse pénale ; cette répression doit se
situer au milieu. En tenant compte des intérêts de la
société dans le rétablissement de l'ordre social
troublé. Mais, aussi des intérêts du délinquant dans
le souci de son relèvement. Il faut donc rendre la prison utile pour le
délinquant. Car, dans la plus part de cas, 90% des condamnés en
servitude finissent toujours par regagner la société ou finissent
par être libérés. Dans ce cas, tout le temps passé
en prison doit être mis à profit pour éviter la
récidive et la délinquance d'habitude Par l'apprentissage de
métiers et services.
Cependant, avant tout, l'accent doit être mis plus dans
la politique de prévention. L'on doit prévenir les crimes, car
leur répression nécessite d'énormes fortunes à
l'État ; et, il n'est pas toujours aisé que le délinquant
serait arrêté. Et, même si c'est le cas, il faut tenir un
compte les erreurs judiciaires qui peuvent acquitter le vrai coupable.
103 Philippe COMBESSIE, Op.cit., p.54-55.
41
CONCLUSION
Toute chose ayant un début et une fin, quoi de plus
normal pour nous de clore notre travail en ces mots :
Nous avons développé tout au long de notre
travail deux chapitres hormis l'introduction et la conclusion. La question
principale qui était au centre de notre dissertation est que pourquoi la
peine de servitude pénale ne répond pas à ces missions et
aux principes le régissant parmi lesquels :
V' L'amendement ;
V' L'intimidation ;
V' La resocialisation des délinquants.
C'est ce qui nous a poussés d'analyser les causes de
l'échec de la prison dans l'amendement, l'intimidation et la
resocialisation du délinquant.
Pour y arriver, nous nous sommes servis de la méthode
juridique ou normative, la quelle est soutenue par deux approches :
? Sociologique ; ? Comparative.
En effet, des termes comme la récidive, la
délinquance d'habitude, l'étiquetage et même la
stigmatisation nous on permit de comprendre les caractères nocifs de nos
prisons.
La Prison Centrale de Makala qui était créer
pour une capacité d'accueille de 1500 détenus, elle est
aujourd'hui débordée. Par exemple le pavillon 11 qui était
réservé d'accueillir 150 détenus compte aujourd'hui 285
détenus. Cette situation fait figure dans presque tous les pavillons
à la prison centrale de Makala. Et, du reste c'est le sort du
détenu qui est mis en cause.
Cette promiscuité a comme conséquence la
récidive de certains délinquants et même la
délinquance d'habitude et l'étiquetage des autres
délinquants dans la mesure où la répartition des
délinquants dans des pavillons de fois ne tienne pas compte des casiers
judiciaires des délinquants.
42
Il faut également noter que malgré toutes les
propositions faites à l'issue de ce travail, on ne mettra pas fin
à la délinquance parce que, la délinquance rime avec la
société et elle est considérée comme un facteur de
la santé publique.
C'est ainsi, pour résoudre cette problématique
plusieurs propositions ont été faites par exemple :
· La création de plusieurs établissements
ou lieu de détention (prison, cachot, amigo...) ;
· Créer des méthodes et des programmes de
vrai rééducation au sein de la prison ;
· Séparer les délinquants primaires et les
récidivistes ;
· Recourir seulement à l'emprisonnement en cas de
dangerosité et crainte de fuite du délinquant ;
· Donner la possibilité de la libération
conditionnelle ;
· Rendre utile la prison c'est-à-dire apprendre
aux détenus les métiers et services pour éviter la
stigmatisation.
C'est ainsi qu'on pourra réduire le taux de la
récidive et de la délinquance d'habitude dans la
société congolaise.
43
BIBLIOGAPHIE
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présomption d'innocence en Droit Positif congolais, U.L.K,
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prison, Université de Bourgogne, 2000-2001.
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« Ados sous levé vous », comité de douglas, programme
du changement précoce, le 08/07/2018, de 12h 15' à 13h 10'
2. Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft
Corporation. Tous droits réservés.
3. http://www.google.com/
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10. htpp://prison2france.skurock.cobi
V. INTERVIEW
1. Guey MASAMBA NZEZA, interview, Kinshasa, URKIM, 2017,
assistant dans la faculté de droit, département du Droit
pénale et criminologie.
45
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 1
PROBLÉMATIQUE 1
HYPOTHÈSE DU TRAVAIL 3
INTÉRÊT DU SUJET 5
DÉLIMITATION DU TRAVAIL 6
MÉTHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE 7
MÉTHODE 7
TECHNIQUE DE RECHERCHE 8
PLAN DU TRAVAIL 8
CHAPITRE 1 : ECONOMIE GENERALE DE LA PRISON 9
SECTION 1 : NOTIONS DE LA PRISON 9
PARAGRAPHE 1 : Définition des quelques concepts 9
Peine 9
Prison 11
Rétribution 11
Resocialisation 11
Amendement 12
Servitude pénale 12
Réintégration 12
Récidive 12
Délinquant 13
Délinquant d'habitude 13
Stigmatisons 13
Étiquetage 13
PARAGRAPHE 2 : Typologie des peines de prison 14
PARAGRAPHE 3 : Historique et Fondements de la prison 15
Historique de la peine de prison 15
Fondement de la prison 17
SECTION 2 : MISSIONS OU FONCTIONS DE LA PRISON 18
PARAGRAPHE 1 : Les fonctions tournées vers les
passé « rétributive » 19
PARAGRAPHE 2 : Les fonctions tournée vers l'avenir «
réintégration sociale » 22
PARAGRAPHE 3 : Fonction intimidatrice (Personnel et Collectif)
23
La fonction de la prison dans la vie personnelle du
délinquant 24
La fonction de la prison dans la vie collective de la
société 24
PARAGRAPHE 4 : Fonction d'amendement 25
CHAPITRE 2 : CAUSES D'ECHEC DE LA PRISON ; CONSEQUENCES
ET PERSPECTIVE 26
SECTION 1 : CAUSES D'ECHEC DE LA PRISON 26 PARAGRAPHE 1 :
L'inapplicabilité des lois régissant la prison et la
surpopulation
carcérale 26
L'inapplicabilité des lois régissant la prison
26
La surpopulation carcérale 29
PARAGRAPHE 2 : Le traitement inhumain des délinquants dans
la prison et le non
préparation à la réinsertion sociale 30
46
PARAGRAPHE 3 : Absence de politique de redressement 31
SECTION 2 : LES CONSEQUENCES DE L'ECHEC DE LA PRISON 32
PARAGRAPHE 1 : Taux de récidive 32
PARAGRAPHE 2 : La délinquance d'habitude 33
PARAGRAPHE 3 : La stigmatisation et l'étiquetage 34
SECTION 3 : PERSPECTIVES SUR LA PRISON 36
PARAGRAPHE 1 : Diminuer la population carcérale 36
PARAGRAPHE 2 : Application effective de la peine de prison
37
PARAGRAPHE 3 : Effectivité d'une politique de
réinsertion sociale 38
Politiques pénitentiaires 39
Politiques pénale 40
CONLUSION 41
BIBLIOGRAPHIE 43
TABLE DES MATIÈRES 45
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