4-2. Dispositions institutionnelles et implications le
secteur agricole
Les résultats de cette analyse montrent qu'il existe
deux catégories d'acteurs agissant dans la régulation des
substances psychotropes au Bénin. Il s'agit des acteurs formels ou
publics, exerçant un contrôle plus strict sur la base des lois,
ordonnances et décrets définis par les institutions de
l'État et des acteurs informels ou privés, plus autonome agissant
à travers actions plus souples et négociateurs pour la prise de
conscience et le changement social de comportement des usagers. Ainsi donc deux
types de régulations sont exercés suivants chaque acteur : une
régulation de contrôles basée sur des règles
légitimes et un contrôle autonome basé sur des efforts de
dialogue, de communication et de négociation. Cela correspond la
théorie de la régulation sociale de De Tersac (2012), pour qui la
régulation du contrôle social passe par un mode de coordination
d'une régulation de contrôle et une régulation autonome (De
Terssac, 2012).
Il existe par ailleurs plus d'acteurs formels que d'acteurs
informels dans la régulation des psychotropes. Cette
inégalité en nombre d'acteurs de régulation à la
faveur de l'Etat, permet de faire ressortir une des fonctions essentielles de
l'État en tant qu'instance préposée au maintien de la
cohésion sociale, l'État apparaissant comme un principe d'ordre,
dont l'intervention permet de faire tenir ensemble les divers
éléments constitutifs de la société, en leur
imposant la discipline d'un projet collectif (Chevallier, 2004). Dans le
contexte de notre étude, cette fonction de l'État tiendrait ainsi
tout son sens dans l'efficacité de ses interventions.
L'analyse macrosociologique nous indique que 61% des acteurs
informels et 39% des acteurs formels sont les plus actifs. Les actions de
prévention à travers les sensibilisations sociales, les campagnes
médiatiques, les activités ludiques etc., sont
développées à 93% au détriment de la
p. 50
Utilisation des substances psychotropes dans
l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences
agricoles
prise en charge (3%) et la répression (4%). La synergie
d'action entre les acteurs formels est bien plus importante que chez les
acteurs informels. La synergie d'action entre acteurs formels et informels est
très faible pour ce qui concerne les interventions sur la
régulation des produits psychotropes. Les institutions agricoles aussi
bien formelles (des CARDER au DDAEP et ATDA, en passant par les institutions
sous tutelle), qu'informelles (OPA, GV, etc.) n'interviennent pas du tout dans
la régulation des produits psychotropes. Cette discordance en termes
d'interventions et de synergies d'actions pour ce qui concerne essentiellement
les psychotropes sociaux, dénote d'une faible considération pour
le facteur humain de production agricole, alors même que Lafleur and
Allard (2006) affirme que la personne humaine est la pierre angulaire de tout
développement durable dans le domaine de l'agriculture.
Les mesures de régulation des substances psychotropes
chez les agriculteurs au Nord Bénin sont donc véritablement
souples pour ce qui est des psychotropes sociaux (café, thé,
tabac, etc.). Malgré l'existence d'un nombre important d'acteurs,
l'efficacité et l'efficience de leurs interventions sont limitées
par la faiblesse des synergies d'actions intra et inter-acteurs
publics/privés et par l'absence d'un système de surveillance ou
de vigilance permanent comme observée dans les pays comme la France et
les Etats Unies.
Cette situation est davantage renforcée par l'absence
des projets programmes, et l'insuffisance d'investissements et technologies en
matière de régulation des psychotropes au profit des populations
en général et des agriculteurs en particulier. Autant
d'éléments traduisant le délaissement du secteur et plus
encore de l'agriculteur, facteur humain de production sans qui ; on ne peut
aspirer à une agriculture durable.
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