2-2-3 Théorie du capital humain en agriculture
Plusieurs théories en lien avec les déterminants
humains de production et la productivité agricole ont été
développées. Le capital humain se définit en effet comme
l'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par
l'accumulation de connaissances générales ou spécifiques,
de savoir-faire (Canals et al., 2016).
Pour Becker, le capital humain peut être définit
comme : le stock de ressources productives incorporées aux individus
eux-mêmes, constitué d'éléments aussi divers que le
niveau d'éducation, de formation et d'expérience professionnelle,
l'état de la santé ou la connaissance
p. 22
Utilisation des substances psychotropes dans
l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences
agricoles
du système économique (Becker, 1967). Cette
traditionnelle définition du capital humain à motivé de
nombreuses études sur le capital humain sous plusieurs aspects :
éducation, flux migratoire, immigration, rareté de la main
d'oeuvre, l'expérience, etc., dans le secteur agricole. Ainsi par
exemple, concernant l'éducation ; l'hypothèse fondamentale de
cette théorie est que l'éducation représente un
investissement qui permet l'accroissement de la productivité de ceux qui
en bénéficient. Elle implique aussi une augmentation de leurs
rémunérations. La première relation causale stipule que la
formation (sous sa forme générale ou spécifique) affecte
de manière positive la productivité des individus (Becker, 1964).
L'accès à l'éducation et aux connaissances a
été retenu dans le calcul de l'IDH du fait de son impact positif
dans les domaines économique, social, politique, et démographique
(Guerid and Abdallah, 2019).
Dans le secteur agricole, certains auteurs défendent
que les ménages les plus éduqués réduisent la part
de l'agriculture dans leur activité, sans doute pour se concentrer sur
des emplois plus rémunérateurs ou plus prestigieux. Hopcraft et
Mook trouvent que l'éducation formelle (la scolarisation) n'a pas
d'effet ou a un effet significativement négatif sur l'efficacité
technique. Ainsi, comme le montrent les données, l'éducation
entraîne-t-elle souvent une diminution de la production agricole totale
(Gurgand, 1993). Sans remettre en question son effet sur le
développement en général, il convient donc de souligner
qu'en Afrique subsaharienne l'éducation ne vaut pas par son effet sur
l'agriculture (Gurgand, 1993).
Selon les récents travaux contribuant au ce
débat, les résultats montrent que le niveau éducatif de
l'agriculteur affecte positivement et significativement sa productivité.
En outre, si l'agriculteur éduqué bénéficie d'un
encadrement agricole, sa productivité augmente davantage
(YAKETE-WETONNOUBENA and MBETID-BESSANE, 2019). En effet, le niveau du capital
humain détermine la capacité d'utiliser une technologie ou la
capacité d'innovation (Khadimallah and Akrout, 2017).
Lorsque le capital humain devient rare, il agit comme facteur
de chute (de la production) en ce sens que la rareté de la main-d'oeuvre
agricole a conduit à sa cherté et n'est pratiquement plus
accessible aux petits producteurs (Alokpaï et al., 2018).
Quoi qu'il en soit, il est admis comme vérité
que : la qualité du capital humain exerce un effet
accélérateur de la valeur ajoutée agricole. L'analyse de
la contribution des déterminants de production (capital physique,
capital humain et travail) à la croissance de l'agriculture a
montré que le capital humain y contribue largement à hauteur de
75,8%, plus que le capital physique qui y contribue pour 2,5% et la
main-d'oeuvre qui a une part de 3,2% (HODONOU, 2008).
p. 23
Utilisation des substances psychotropes dans
l'agriculture au Nord Bénin: acteurs, mécanisme et incidences
agricoles
Toutefois, le capital humain est un facteur qui joue en
défaveur du développement de l'agriculture (Teno et al., 2018).
D'après la littérature, le capital humain du secteur agricole est
généralement plus faible comparativement aux autres secteurs de
production, ce qui est encore plus prononcé dans les pays en
développement [(Gollin et al., 2014), (Teno et al., 2018)].
Au-delà des, des nombreux résultats approuvés et
indispensables au développement agricole en lien avec le capital humain,
il faut noter que très peu d'études ont orienté leur
recherche sur le capital humain et l'usage des substances psychotropes en
agriculture.
Notre contribution théorique permettra donc comprendre
comment, la variable « déviance sociale » dont la
nature est l'usage de substances psychotropes pourrait en affectant le capital
humain, jouer en défaveur ou non, sur les performances agricoles,
à la suite des autres grandes variables comme l'éducation, la
disponibilité de la main-d'oeuvre, l'expérience etc.
|