A - Contexte de l'étude
L'agriculture représente une part importante de
l'économie d'Anjouan. Elle repose sur des cultures comme la banane, le
manioc, le fruit à pain, les mangues, les oranges, etc. L'Anjouan est
une île agricole centrée sur les cultures d'exportation et dont la
richesse repose sur le girofle et l'ylang ylang. En 2021, l'agriculture
employait 75 % de sa population active, ce qui représentait 44 % du PIB
et générait environ 68 % du revenu des exportations. L'île
d'Anjouan a la volonté de diversifier son agriculture. Cette
diversification se traduit notamment par le développement des
productions vivrières au même titre que les cultures de
rente8. Les principales productions vivrières sont le manioc,
la banane, les féculents, les tomates, les noix de coco, les mangues et
les oranges.
Toutefois, le secteur agricole à Anjouan souffre des
problèmes suivants : une population active agricole vieillissante ; des
méthodes culturales précaires, une faible mécanisation,
donc une faible productivité ; un faible encadrement agricole, une
destruction des filières avec un faible intérêt pour
l'agriculture vivrière et la production animale ; des problèmes
fonciers récurrents.
Dans l'île d'Anjouan, nous pouvons classer la demande de
financement agricole en fonction du type d'exploitation. Les trois types
d'intervenants sont: les petits planteurs vivriers (formant l'essentiel de la
population rurale); les planteurs privés de culture d'exportation; et
certaines sociétés privées de culture d'exportation qui se
spécialisent dans l'agro-industriel avec des méthodes culturales
intensives
1 - Problématique
Bien que l'île d'Anjouan dispose l'un des
systèmes bancaires les plus développés de l'Union des
Comores, le marché du crédit qui se caractérise par une
offre de prêt bancaire alloué à l'agriculture reste
rare9 et non abordable et une grande majorité d'agriculteurs
sont exclus du système classique.
Le tableau suivant explique la valeur liée à la
répartition du prêt pour un montant de
1000 000 000 kmf accordés au niveau de l'ile d'Anjouan par
le marché financier.
8 Les cultures de rente (le girofle et l'ylang
ylang) qui peuvent générer des liquidités, sont souvent
destinées à l'exportation, par opposition à la culture
vivrière (fruits, légumes), destinée habituellement
à la consommation locale
9 Le crédit bancaire est plutôt alloué aux
opérations liées aux exportations
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Tableau 3 : : Répartition de
prêt
Prêt par secteur
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Valeur en 2020
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Valeur en 2021
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Variation
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Secteur primaire
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123400000 kmf
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89600000 kmf
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-3,38%
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(12,34%)
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(8,96 %)
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Secteur secondaire
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341 600 000
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kmf
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360200000
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kmf
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+1,86%
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(34,16%)
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(36,02%)
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Secteur tertiaire
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535000000
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kmf
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550200000
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kmf
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+1,52%
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(53,5%)
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(55,02%)
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Source : Banque Centrale des Comores
Cependant, malgré son importance, le secteur primaire
est d'une manière générale sous-financé. Au niveau
de l'île d'Anjouan, seulement 4 % des crédits
déclarés à la centrale des risques des institutions de la
micro finance10 sont orientés vers l'agriculture. Cette
répartition est assez faible étant donné que l'agriculture
contribue plus 44% du PIB, aux Comores. L'île d'Anjouan est d'ailleurs
assez représentative car sur plus de 1. Milliards kmf de crédits
alloués annuellement à l'économie de l'ile, l'offre de
crédit octroyé au secteur agricole s'élève à
89600000 kmf, soit 8,96 % du total.
Répartition de pret
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60,00%
53,50% 55,02%
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50,00%
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36,02%
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40,00%
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34,16%
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30,00%
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20,00%
12,34%
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8,96%
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10,00%
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0,00%
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Valeur en 2020 Valeur en 2021
Secteur Primaire Secteur Secondaire Secteur Teritiaire
Source : impétrants
Figure 9 : Répartition de prêt
Nous constatons que le système de financement agricole
d'Anjouan se caractérise par :
- la marginalisation d'une grande partie du monde agricole
vis-à-vis du système
bancaire classique,
- un environnement jonché d'incertitudes concernant le
marché agricole,
- une insécurité au niveau du recouvrement des
crédits.
10 Rapport annuelle de la BCC, 2020
13
En ce qui concerne l'environnement agricole, des incertitudes
sont constatées tant au niveau des compétences en gestion de
nombreux agriculteurs qu'au niveau des risques non contrôlés par
ceux-ci telle la sécheresse, le risque de décès de
l'emprunteur. Pour ce qui est de la sécurisation des crédits, les
banques sont confrontées au manque de fiabilité de la garantie
foncière. D'une manière générale, les banques
commerciales sont peu enclines à financer une majorité des
unités de production qui sont exclues de facto du système de
crédit faute de garanties solides. C'est dans ce contexte
d'économie conjoncturelle que ce travail de recherche propose
d'étudier l'enjeu économique d'un Crédit Stockage à
Anjouan.
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