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Analyse économique de prêt agricole sur l'àŪle d'Anjouan: cas de crédit stockage à  la Meck


par Mohamed Ramadhoine Fakih et Ben El-Habib Rachmi
Université des Comores  - DUT 2022
  

Disponible en mode multipage

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MINISTERE RECHERCHE

Présenté par

 

Département INSTITUT

UNION DES COMORES

Unité - solidarité - Développement

DE L'EDUCATION NATIONALE, DE L'ENSEIGEMENT, SCIENTIFIQUE, DE LA FORMATION ET DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE

UNIVERSITE DES COMORES

UNIVERSITAIRE DE TECHNOLOGIE (I.U.T)

: Gestion des Entreprises et des Administrations (G.E.A)

Projet de recherche :

DE LA

technique :

 
 

:

THEME :

ANALYSE ECONOMIQUE DE PRET AGRICOLE
SUR L'ILE D'ANJOUAN : CAS DE CREDIT
STOCKAGE AU NIVEAU DE LA MECK

Encadreur

FAKIH MOHAMED

&

RACHMI BEN

RAMADHOINE Mr AMIR YOUSSOUF

Encadreur pédagogique :

EL HABIB Dr ANOUAR

DJAFFAR

Promotion de l'année 2021-2022

 
 
 
 
 

I

II

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Superficie de chaque île 2

Figure 2 Répartition de la population en pourcentage par île 3

Figure 3: Carte géographique de l'île d'Anjouan 4

Figure 4: Nombre de la population par île 6

Figure 5: Caractérisation de la population 7

Figure 6 : Répartition de la population par résidence 7

Figure 7: Activités agricole de l'économie d'Anjouan 9

Figure 8 : Exploitation agricole dans les trois îles 10

Figure 9 : Répartition de prêt 12

Figure 10 : le processus de déroulement d'une opération de crédit stockage (warrantage) 25

III

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Superficie et la population des Comores 3

Tableau 2 : Répartition de la Population par sexe selon le milieu de résidence 6

Tableau 3 : : Répartition de prêt 12

Tableau 4: Frais de l'activité du CS 30

Tableau 5: Cadre logique de l'offre de crédit 44

Tableau 6: Désir de prendre part au crédit stockage 45

Tableau 7 : Institution financière ayant une bonne relation avec les paysans 46

Tableau 8: Matrice de l'analyse de l'environnement 51

Tableau 9: Chronogramme de mise en oeuvre du CS 52

Tableau 10 : tableau de bord pour le suivi des activités du CS 53

Tableau 11 : Estimation des charges liées aux activités de mise en place du CS 54

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES

IV

AFD: Agence Française du Développement

AG : Assemblée Générale

AGR : Activités Génératrices de Revenus

AIEB : Appui aux Initiatives Economiques de Base (du projet FIDA)

BAD: Banque Africaine de Développement

BCC: Banque Centrale des Comores

BDC: Banque de Développement des Comores

BFC : Banque Fédérale pour le Commerce

BIC-C: Banque de l'Industrie et du Commerce-Comores

BM : Banque Mondiale

CA: Conseil d'Administration

CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement

FIDA : Fond International pour le Développement Agricole

IMF : Institutions de micro finance

KMF: Francs Comorien

Meck: Mutuelle d'Epargne et de Crédit Ya Komor (des Comores)

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation des Producteurs

OPA : Organisation des Producteurs Agricoles

OPAA : Organisation des Producteurs Agricoles Anjouanais

PAFIC : Programme d'Appui à la Finance Inclusive aux Comores

PCE : Plan Comores Emergent

PIB: Produit Intérieur Brut

PIP: Programme d'investissement Public

PMEA : Petits et moyens exploitants agricoles

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PODV: Projet d'Organisation et de Développement Villageois

RGPH: Recensement général de la population et de l'habitat

RUM : Réseau de l'union des Meck

SANDUK : (Caisses Villageoises), crédit rural et Urbain des Comores.

SCA2D : Stratégie de croissance accélérée et de développement durable UM: Union des Meck

URSA : Union Régionale des Sanduk d'Anjouan

CS : Crédit Stockage

AVANT- PROPOS

V

Nous avons suivi un cursus de formation professionnel à l'institut universitaire de technologie (I.U.T) afin d'obtenir le diplôme universitaire de technologie, niveau Bac+2.

La réalisation d'un stage dans un projet pédagogique a du sens par rapport à ce projet.

Le stage est une période temporaire généralement d'un mois de mise en situation professionnel qui s'inscrit avec l'attribution de crédit dans le cadre de notre cursus pédagogique. C'est l'occasion de mettre en pratique des connaissances acquises lors de notre formation. Il peut aussi nous permettre d'acquérir des compétences professionnel nouvelles que nous pourrions valoriser dans notre future emploie.

En général le stage doit être effectué au milieu de notre cursus de formation (2éme année) et après la fin des examens partiels de deuxième semestre. Dans tous les cas, notre stage n'aurait pu avoir lieu sans appui non négligeable de l'I.U.T. Ledit stage en entreprise doit faire d'une restitution d'un rapport de stage ou d'un mémoire de fin d'étude, ou encore d'un projet de création devra être présenté et soutenue devant un jury de l'I.U.T.

Une fois notre projet de stage précisé nous avons trouvé un organisme d'accueil qui correspond à ce projet. Il s'agit de la société « MECK MUTSAMUDU ».

Avant de commencer nous avons pu négocier un double encadrement d'un enseignement réfèrent et d'un tuteur dans l'organisme et qui nous permet de définir au mieux notre missions et nos activités durant le stage, mais aussi permettre une acquisition de compétence en lien avec notre formation et le diplôme que nous préparons. Ces deux personnes, l'enseignant réfèrent et le tuteur de stage nous ont accompagné efficacement durant le stage et ont veillé à son bon déroulement.

VI

REMERCIEMENT

Ce document ne saurait était rédiger sans la collaboration, le soutient ou l'appui de nos familles respectives, de l'établissement d'accueil MECK MUTSAMUDU et du tuteur de stage, et l'établissement d'enseignement supérieur (I.U.T) et de l'enseignement réfèrent concernés par la réalisation de notre projet.

Parmi les personnes et organismes ayant participés activement à la rédaction, de notre mémoire de fin d'études, sont en particulier remerciés :

o Le Directeur de l'Université des Comores sous centre de Patsy, Dr Soiffouidine Sidi

o Le centre Universitaire de Patsy et son personnel est plus particulièrement, Mr Ibrahim Mahamoud, Chef de département de GEA (Gestion des Entreprises et des Administration).

o Dr Anouar Jaffar, Encadreur pédagogique

o Mr Amir Youssouf, Encadreur technique

o La société MECK MUTSAMUDU

o Nos chers parents et toute personne ayant contribué à la réalisation de ce mémoire.

Nous dédions ce document à nos chers parents et à toute personne ayant participé à la réalisation de ce travail.

1

INTRODUCTION GENERALE

Du fait de la globalisation économique, les petits et moyens exploitants agricoles (PMEA) sont confrontés à d'importants défis économiques aux Comores. Mais ils peuvent également profiter de grandes opportunités sur le marché financier. D'une part, la politique économique initiée par la SCA2D1 a permis depuis 2018 de réduire l'influence de certains groupes de pression et des exploitants agricoles. D'autre part, la libéralisation du commerce, dans le cadre de PCE2, a créé depuis 2021, à l'encontre de ces mêmes exploitants agricoles, une situation de plus grande concurrence sur les marchés intérieurs et d'exportation. Certains exploitants agricoles ont réagi à cette nouvelle donne en abandonnant progressivement leurs activités agricoles ou en s'orientant vers des activités non agricoles.

En effet, les paysans, favorables à une approche commerciale et possédant de petites et moyennes exploitations, ont l'intention et les capacités de poursuivre leurs activités agricoles. Pour cela, ils ont besoin d'investir régulièrement dans leurs actifs de production agricole et de diversifier leurs activités. Certains investissements agricoles (machines agricoles, systèmes d'irrigation, acquisition de terres, unités de transformation et de traitement de produits agricoles) demandent d'importants capitaux et des périodes d'amortissement s'étalant sur plusieurs années. Ces investissements à long terme excèdent souvent la capacité d'autofinancement des exploitants agricoles et nécessitent un financement à terme permettant de répartir les coûts entraînés sur plusieurs années. Ce type de financement peut être réalisé par le biais des différents instruments financiers, en mettant en place le système de Crédit Stockage (CS) pour favoriser la production locale des PMEA.

Aux Comores, les institutions de micro finance estiment que l'octroi de financements importants sur de longues périodes augmente la prise de risques et exige des compétences spécifiques permettant de gérer ces risques à un coût raisonnable. De ce fait, elles se montrent souvent réticente à fournir de tels financements. Alors qu'on assiste dans le pays à un boom d'activités de micro finance au début des années 2000, mais cette baisse de l'offre des produits de financement agricole à terme n'a toujours pas été compensée par l'arrivée à de nouveaux opérateurs des établissements financiers. Une réforme visant le développement des

1 Stratégie de croissance accélérée et de développement durable

2 Plan Comores Emergent

2

marchés financiers a été, certes, mise en place mais la prestation de financement à terme aux PMEA est restée extrêmement marginale, limitée et voire inexistante. En plus, une forte disparité de l'offre de financement sur les investissements agricoles est encore flagrante entre les îles, notamment entre la grande Comores et l'île d'Anjouan où s'effectue cette étude de recherches.

I - Etudes empiriques et prospectives des Comores

L'Union des Comores fait partie des Petits Etats Insulaires en Développement (PEID). Elle est située à l'entrée Nord du Canal de Mozambique entre l'Afrique orientale et le Nord-Ouest de Madagascar et elle couvre une superficie totale de 2.237 km2 répartie inégalement sur quatre îles : Ngazidja (Grande Comores : 1148 km2), Ndzouani (Anjouan : 424 km2), Mwali (Mohéli : 290 km2) et Maoré (Mayotte : 375 km2).

Superficie KM2

2 500 2 237

2 000

1 500

1 148

1 000

500 424 290 375

-

Ngazidja Anjouan Mohéli Mayotte Comores

Ngazidja Anjouan Mohéli Mayotte Comores

Source : impétrants

Figure 1 : Superficie de chaque île

Elle a une population totale de 813912 habitants (RGPH, 2017)3 dont 410 736 à Ngazidja, 341 539 à Anjouan et 53 878 à Mohéli. C'est un pays à une forte économie d'importation dont le taux de la population vivant sous le seuil de la pauvreté représente 44,8%. L'Union des Comores est soumise à une forte pression démographique qui entraîne une exploitation intense de ses produits agricoles, à la limite de leur capacité de support. Le taux annuel de

3 Recensement Général de la Population et de l'Habitat

3

croissance démographique est de 3 %4. Ainsi, le pays se classe parmi les nations à fort taux de croissance démographique dans les pays membres de la COI5 . Sachant que la population est en majoritairement rurale, à hauteur de 72%. L'Indice de Développement Humain classe le pays 169ème sur 197 pays, avec un taux de chômage de 38,4% en 2017 (Union des Comores 2017) pour des jeunes de 22 à 35 ans.

Tableau 1. Superficie et la population des Comores

Les îles

Superficie

Population

Km2

Pourcentage

Effectif

Pourcentage

Ngazidja

1148

51

410736

50,46

Anjouan

424

19

341539

41,96

Mohéli

290

13

53878

6,61

Mayotte

375

17

 
 

TOTAL

2237

100

813812

100

Source : impétrants

Population Pourcentage

120,00%

 
 
 
 
 
 
 
 

100,00%

100,00%

 
 
 
 
 
 
 

80,00%

 
 
 
 
 
 

60,00%

50,95%

 
 
 
 
 
 
 
 

42,37%

 
 
 
 
 

40,00%

 
 
 
 
 
 
 
 

20,00%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

6,68%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,00%

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

0,00%

 
 
 
 

Ngazidja Anjouan Mohéli

Mayotte

Comores

 

Ngazidja Anjouan Mohéli

Mayotte Comores

 

Source : impétrants

Figure 2 Répartition de la population en pourcentage par île

A - Description de l'île d'Anjouan

Anjouan est l'une des quatre îles qui constituent l'archipel des Comores, situé dans la partie nord du Canal de Mozambique, à mi-chemin de Madagascar et de la Côte orientale d'Afrique.

4 RGPH, 2017

5 Commission de l'Océan Indien

4

D'origine volcanique, au sol riche, mais au relief très tourmenté limitant sérieusement l'espace agricole, baignant dans un climat tropical, chaud et pluvieux, l'île d'Anjouan regorge une gamme de ressources végétales surtout tirées des arbres fruitiers notamment les mangues. Elle supporte aussi un éventail de cultures vivrières acclimatées par les habitants. Le relief ne permet pas l'existence de pâturages étendus et d'un élevage important, mais la mer est poissonneuse.

1 - Caractère physique

Deuxième île de l'Union des Comores par son extension et sa population, Anjouan s'étend sur une superficie de 424 km2 avec une croissance démographique la plus élevée du pays (soit 3,3% contre 2,7% par ou pour l'ensemble des trois îles). Anjouan est une île de peu d'étendue, qui garde le deuxième rang dans l'ordre d'importance du poids économique. Elle a la forme générale d'un triangle équilatéral. On y découvre un massif évidé en son centre et qui pousse des tentacules au Nord, au Sud et à l'Ouest. De son centre géométrique, on peut situer à peu près au sommet du mont N'Tringui, plus haut point de l'île culminant à 1595 mètres. Enfin, de Mutsamudu, chef-lieu de l'île situé au fond d'une baie entre les presqu'îles de Sima et de Jimilimé, à Domoni, deuxième ville d'Anjouan, qui s'élève sur la côte Est, la distance est de 18 kilomètres environ. On constate qu'à Anjouan les sols sont naturellement fragiles et sensibles à l'érosion en raison du relief accidenté. Cette sensibilité est fréquemment accrue par la déforestation.

Source : www.anjouan-online.com
Figure 3: Carte géographique de l'île d'Anjouan

2 - Situation climatique

Dans l'archipel la pluviométrie change sensiblement en fonction de l'altitude et de l'orientation par rapport au relief. L'île d'Anjouan présente un aspect montagneux et réduite en superficie. Le climat est de type tropical et humide insulaire à deux saisons, l'une sèche et « fraîche » (mai-octobre), l'autre humide et chaude (novembre-avril). Les températures fluctuent entre des minima de 15°C et des maximas de 33°C. Sur la côte, la température moyenne annuelle avoisine les 25°C. Elle diminue avec l'altitude. Dans l'île d'Anjouan la pluviométrie annuelle varie globalement entre 2000 mm et 4 000mm. Les précipitations varient entre 1371 mm à M'Ramani et plus de 3000 mm dans la zone centrale de l'île. L'humidité moyenne avoisine 85% et l'évaporation annuelle est comprise entre 600 mm et 800 mm en bordure de côte. Episodiquement, l'île d'Anjouan peut être traversée par des cyclones. La conjonction des différents facteurs (relief, couvert végétal, etc.) est favorable à la création de nombreux microclimats.

3 - Contexte démographique

Au dernier recensement général de la population et de l'habitat en 2017, Les Comores comptent 813912 habitants (RGPH, 2017)6 dont 410 736 à Ngazidja, 341 539 à Anjouan et 53 878 à Mohéli. L'Union des Comores est un pays à démographie explosive avec un taux moyen d'accroissement annuel de 2,7% entre 2015 et 2018. Le pays est surpeuplé avec une densité moyenne de 432,95 habitants/km2. L'île la plus dense est Anjouan avec 517 habitants/km2, puis grande Comores avec 240 habitants/km2 et enfin Mohéli avec 99 habitants/km2.

5

6 Recensement Général de la Population et de l'Habitat

Population Effectif

900

000

 
 
 

806

153

800

000

 
 
 
 
 

700

000

 
 
 
 
 

600

000

 
 
 
 
 

500

000

410 736

 
 
 
 

400

000

 
 

341 539

 
 
 
 
 

300

000

 
 
 
 
 
 
 
 
 

200

000

 
 
 
 
 
 
 
 
 

100

000

 
 
 
 

53 878

 
 
 
 
 
 

Ngazidja Anjouan Mohéli

Mayotte

Comores

Ngazidja Anjouan Mohéli Mayotte Comores

6

Source : impétrants

Figure 4: Nombre de la population par île

La structure démographique à Anjouan est marquée par le poids des jeunes qui représente en moyenne 46% des habitants pour les moins de 20 ans. Globalement, la proportion de cette structure se répartit de la manière suivante : 40,1% de 0 à 14 ans ; 56,01% de 15 à 64 ans et 3,89% de 65 et plus. Une telle structure par âge pose d'énormes défis à l'île, surtout dans la prise en charge de la jeunesse en matière d'éducation, de santé, de nutrition, d'emploi et de loisir. Les deux tiers de la population vit en milieu rural, mais l'urbanisation progresse au rythme de 6,5%.

Tableau 2 : Répartition de la Population par sexe selon le milieu de résidence

Milieu de résidence

Masculin

Féminin

Total

Pourcentage

Effectif

Total Comores

48%

52%

 
 

100

376.496

 
 
 

Urbain

86744,64

93973,44

48

180718

Rural

93973,36

101804,56

52

195778

Source : RGPH, 2017

L'espérance de vie à la naissance est de 64,2 ans. Les femmes représentent 52% de la population. Elles sont essentiellement concentrées en milieu rural à hauteur de 58%. Le rapport de dépendance global, défini comme étant l'ensemble des enfants de moins de 15 ans et des vieillards de plus de 64 ans rapportés à la population de 15-64 ans, est de 89% au

7

recensement de 2017 avec une différence notable entre le milieu urbain (62%) et le milieu rural (76%). La taille moyenne des ménages à Anjouan est de 6,3 personnes.

Répartition de la population par sexe selon le milieu de

résidence

180 718 195 778

250 000 200 000 150 000 100 000

86 745 93 973 101 805

93 973

50 000

-

Masculin Féminin Total

Urbain Rural

Source : impétrants

Figure 5: Caractérisation de la population

Une analyse du poids démographique des femmes par milieu de résidence confirme l'importance numérique de la population féminine surtout en milieu rural où on compte 101804,56 femmes contre 93973,36 hommes. En fait il a été montré que les disparités entre les sexes sont très faibles. Toutefois, quel que soit le milieu de résidence la proportion des femmes est légèrement supérieure à celle des hommes. La légère supériorité numérique des femmes en milieu rural serait la conséquence de l'exode rural qui touche les hommes plus que les femmes à la recherche de meilleurs revenus en milieu urbain.

Répartition de la population par sexe
selon le milieu de résidence

120%

100%

100%

 
 

80%

 

60% 48% 52%

 

40%

 
 
 
 
 

20%

 
 
 
 
 

0%

 
 
 
 
 
 

Urbain Rural Total general

Source : impétrants

Figure 6 : Répartition de la population par résidence B - Environnement économique de l'île d'Anjouan

8

1 - Analyse macroéconomique

Anjouan est une petite île, de l'Union des Comores, à faible revenu dont les ressources agricoles et les liens avec le reste du monde sont limités. La situation actuelle de développement du l'île est marquée par des faibles performances économiques, dues à des perturbations de la fourniture d'électricité et de la mise en oeuvre plus lente que prévu du programme d'investissement public au niveau national7. Durant ces trois dernières années, le taux d'exécution du programme d'investissements publics financé sur ressources extérieures n'était que de 67 %. L'ampleur des investissements financés sur ressources intérieures est inadéquate, dans la mesure où les dépenses obligatoires au titre des salaires et des traitements ainsi que du service de la dette absorbent l'essentiel des recettes intérieures. Par contre l'aide publique au développement qui finance la presque totalité de l'investissement public est passée entre 2015 à 2020 de 64 millions de dollars à 16 millions, une diminution beaucoup plus marquée et qui a contribué particulièrement à la contraction de l'activité économique de l'île d'Anjouan.

Le PIB/ habitant au niveau de l'île s'élève à 837 dollars avant 2018. Le PNB/habitant est estimé à 450 dollars à Anjouan. Cette faible croissance a entraîné longuement une dégradation du niveau de vie. Mais entre 2015 et 2018, l'île d'Anjouan a connu en moyenne une croissance annuelle de 2% due à la relance de la demande intérieure (consommation privée financée en partie par le transfert des fonds privés et les investissements publics). Toutefois, des défis considérables subsistent, notamment le niveau élevé de la pauvreté, l'insuffisance des infrastructures et les vulnérabilités caractéristiques des petites économies insulaires. Par ailleurs, l'inflation s'est établie à environ 14 % en moyenne entre 2018 et 2021. Sur le plan structurel, l'économie anjouanaise se caractérise par un dualisme entre :

- un secteur agricole essentiellement de subsistance et peu productif, représentant 40 à 44 % du PIB en moyenne bien qu'il occupe près des deux tiers des emplois - et un secteur tertiaire très développé, représentant 46 à 52% du PIB en moyenne, et désormais hypertrophié par le commerce d'importation.

Bien que les finances publiques soient caractérisées par un déficit budgétaire chronique, les importations anjouanaises continuent à augmenter aggravant une balance commerciale structurellement déficitaire. La faiblesse des ressources internes dans les trois îles est comblée principalement par le recours à l'aide public au développement d'une part et d'autre part aux transferts privés en provenance de la diaspora comorienne estimés entre 50 à 90 milliards

7 Rapport de la Banque Mondiale, 2020

9

KMF par an. Cette situation de déséquilibre économique et financier persistant aux Comores place l'île d'Anjouan dans une position de dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Le secteur secondaire reste marginal en termes de contribution au PIB avec seulement 8 à 12 % en moyenne. La presque totalité des exportations de l'île repose sur des produits agricoles limités essentiellement à trois cultures de rente (Vanille, Clous de girofle et Ylang-ylang) fortement tributaire des variations de leur cours sur le marché international et des avancées technologiques en matière de produit synthétique de substitution. L'économie anjouanaise souffre alors d'un manque de compétitivité, à cause notamment du coût élevé des facteurs de production, d'un manque de politique énergétique et de l'étroitesse du marché intérieur. Par ailleurs, l'île est très vulnérable aux catastrophes naturelles, notamment les éruptions volcaniques (en grande Comores présentant des répercussions néfastes à l'économie anjouanaise).

2 - Economie de base

L'agriculture demeure le secteur dominant de l'économie anjouanaise. Elle représente environ 44% du PIB. L'agriculture est essentiellement vivrière.

Marché de Mutsamudu

Figure 7: Activités agricole de l'économie d'Anjouan

Le secteur agricole occupe la très grande majorité de la population anjouanaise, contribue de manière significative aux revenus des ménages et fournit une grande part des produits consommés par la population, malgré l'importance des importations de produits alimentaires. On estime qu'environ 80 % de la production agricole est destinée essentiellement à l'autoconsommation. Les principales importations concernent le riz, la viande, la volaille et la

10

farine de blé. L'agriculture emploie près de 80 % de la population active et couvre près de 90% des recettes des exportations. Les produits de rente demeurent les principaux produits d'exportation agricole. Les résultats du recensement agricole, validé en 2015, ont donné 55.859 exploitations agricoles dans les trois îles constituant l'Union des Comores, dont 52 % sont localisées à Ngazidja, 44% à Ndzouani et 4% à Mwali.

Anjouan;

44,00%

Mohéli;

4,00%

Ngazidja;

52,00%

Source : Ministère de la production

Figure 8 : Exploitation agricole dans les trois îles

II - Cadre général de l'étude

Le sujet de ce travail de recherche porte sur : l'enjeu économique de Crédit Stockage à Anjouan. Ce contexte est particulièrement spécifique dans le secteur primaire. L'enjeu économique démontre que les investissements agricoles à terme sont réalisés pour des biens destinés à la production et utilisés sur plusieurs cycles de production pendant une période généralement pluriannuelle. Ces investissements sont caractérisés par une longue durée d'amortissement du capital investi ou par l'existence de longues périodes de gestation avant que ne soient générés des revenus. En effet, l'acquisition de matériel ou de machines agricoles contraint à effectuer un investissement initial d'une somme globale supérieure au flux de liquidités annuel généré par l'investissement réalisé et il est par conséquent nécessaire d'amortir le capital investi sur plusieurs années. Le développement de cultures pérennes demande plusieurs années avant de parvenir à maturité alors que les dépenses étalées dans le temps, indispensables à la préparation de la terre, au désherbage et à la fertilisation s'accumulent au cours de cette période. Voilà pourquoi cette pertinence d'analyser l'enjeu économique sur le financement inclusif de prêt agricole lié au de Crédit Stockage.

11

A - Contexte de l'étude

L'agriculture représente une part importante de l'économie d'Anjouan. Elle repose sur des cultures comme la banane, le manioc, le fruit à pain, les mangues, les oranges, etc. L'Anjouan est une île agricole centrée sur les cultures d'exportation et dont la richesse repose sur le girofle et l'ylang ylang. En 2021, l'agriculture employait 75 % de sa population active, ce qui représentait 44 % du PIB et générait environ 68 % du revenu des exportations. L'île d'Anjouan a la volonté de diversifier son agriculture. Cette diversification se traduit notamment par le développement des productions vivrières au même titre que les cultures de rente8. Les principales productions vivrières sont le manioc, la banane, les féculents, les tomates, les noix de coco, les mangues et les oranges.

Toutefois, le secteur agricole à Anjouan souffre des problèmes suivants : une population active agricole vieillissante ; des méthodes culturales précaires, une faible mécanisation, donc une faible productivité ; un faible encadrement agricole, une destruction des filières avec un faible intérêt pour l'agriculture vivrière et la production animale ; des problèmes fonciers récurrents.

Dans l'île d'Anjouan, nous pouvons classer la demande de financement agricole en fonction du type d'exploitation. Les trois types d'intervenants sont: les petits planteurs vivriers (formant l'essentiel de la population rurale); les planteurs privés de culture d'exportation; et certaines sociétés privées de culture d'exportation qui se spécialisent dans l'agro-industriel avec des méthodes culturales intensives

1 - Problématique

Bien que l'île d'Anjouan dispose l'un des systèmes bancaires les plus développés de l'Union des Comores, le marché du crédit qui se caractérise par une offre de prêt bancaire alloué à l'agriculture reste rare9 et non abordable et une grande majorité d'agriculteurs sont exclus du système classique.

Le tableau suivant explique la valeur liée à la répartition du prêt pour un montant de

1000 000 000 kmf accordés au niveau de l'ile d'Anjouan par le marché financier.

8 Les cultures de rente (le girofle et l'ylang ylang) qui peuvent générer des liquidités, sont souvent destinées à l'exportation, par opposition à la culture vivrière (fruits, légumes), destinée habituellement à la consommation locale

9 Le crédit bancaire est plutôt alloué aux opérations liées aux exportations

12

Tableau 3 : : Répartition de prêt

Prêt par secteur

Valeur en 2020

 

Valeur en 2021

 

Variation

Secteur primaire

123400000 kmf

 

89600000 kmf

 

-3,38%

 

(12,34%)

 

(8,96 %)

 
 

Secteur secondaire

341 600 000

kmf

360200000

kmf

+1,86%

 

(34,16%)

 

(36,02%)

 
 

Secteur tertiaire

535000000

kmf

550200000

kmf

+1,52%

 

(53,5%)

 

(55,02%)

 
 

Source : Banque Centrale des Comores

Cependant, malgré son importance, le secteur primaire est d'une manière générale sous-financé. Au niveau de l'île d'Anjouan, seulement 4 % des crédits déclarés à la centrale des risques des institutions de la micro finance10 sont orientés vers l'agriculture. Cette répartition est assez faible étant donné que l'agriculture contribue plus 44% du PIB, aux Comores. L'île d'Anjouan est d'ailleurs assez représentative car sur plus de 1. Milliards kmf de crédits alloués annuellement à l'économie de l'ile, l'offre de crédit octroyé au secteur agricole s'élève à 89600000 kmf, soit 8,96 % du total.

Répartition de pret

 

60,00%

53,50% 55,02%

 
 
 
 

50,00%

 
 
 
 
 

36,02%

 

40,00%

34,16%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

30,00%

 
 
 
 
 
 
 
 

20,00%

12,34%

 
 
 
 
 
 
 
 

8,96%

 
 
 
 
 

10,00%

 
 
 
 
 
 
 
 

0,00%

Valeur en 2020 Valeur en 2021

Secteur Primaire Secteur Secondaire Secteur Teritiaire

Source : impétrants

Figure 9 : Répartition de prêt

Nous constatons que le système de financement agricole d'Anjouan se caractérise par :

- la marginalisation d'une grande partie du monde agricole vis-à-vis du système

bancaire classique,

- un environnement jonché d'incertitudes concernant le marché agricole,

- une insécurité au niveau du recouvrement des crédits.

10 Rapport annuelle de la BCC, 2020

13

En ce qui concerne l'environnement agricole, des incertitudes sont constatées tant au niveau des compétences en gestion de nombreux agriculteurs qu'au niveau des risques non contrôlés par ceux-ci telle la sécheresse, le risque de décès de l'emprunteur. Pour ce qui est de la sécurisation des crédits, les banques sont confrontées au manque de fiabilité de la garantie foncière. D'une manière générale, les banques commerciales sont peu enclines à financer une majorité des unités de production qui sont exclues de facto du système de crédit faute de garanties solides. C'est dans ce contexte d'économie conjoncturelle que ce travail de recherche propose d'étudier l'enjeu économique d'un Crédit Stockage à Anjouan.

2 - Les questions de recherche

Au regard de l'intérêt que présente le financement dans le secteur agricole, la principale question est : Le crédit stockage peut-il être largement suffisant pour relancer les financements agricoles ?

Les questions spécifiques sont les suivantes .
·

1 - Le crédit stockage permettrait-il d'accroitre le montant du prêt agricole ?

2- Dans le système du crédit stockage, quel serait la garantie d'octroi du prêt et de réduire le risque de l'insolvabilité ?

Ce sont donc les différentes questions qui pourraient être éventuellement posées dans ce travail de recherche face au crédit stockage, un nouveau système de prêt à initier dans le marché financier d'Anjouan. En faveur des PMEA.

B - Les objectifs de l'étude :

1 - L'objectif général

L'objectif général de notre étude est d'analyser ce nouveau produit financier à mettre en place pour mieux répondre à la demande de financement agricole pour favoriser la consommation locale et stimuler la croissance économique

2 - Les objectifs spécifiques Il s'agit de :

1. Utiliser le crédit stockage comme un moyen pour accroître la part du prêt agricole.

2. Utiliser le crédit stockage comme un outil de gestion du risque pour le prêt agricole.

14

C - La démarche de l'étude

Afin de répondre à la problématique de base, cette étude sera réalisée selon la démarche suivante :

- En premier lieu, nous avons fait la revue de la littérature théorique et empirique afin de mieux contextualiser notre travail de recherche. Il s'agit essentiellement de présenter les travaux de recherche développés par certains auteurs, axés sur les différents investissements du secteur primaire et les solutions au problème de financement agricole particulièrement pour les petits producteurs agricoles.

-En second lieu, pour bien mener notre étude prospective, nous avons procédé à un travail de recherche opérationnelle axé particulièrement sur des entrevues avec les différentes parties prenantes. La méthode envisagée pour la collecte des données est portée sur les enquêtes auprès des institutions financières et aux clients. Elle est portée également sur le guide d'entretien. Le plan de la rédaction se base principalement sur deux grandes parties essentielles.

La première partie traite le principe sur théorisation conceptuelle de crédit-stockage. Cette partie contient deux chapitres distincts. Il s'agit de l'analyse théorique sur le crédit-stockage pour le premier chapitre. Le deuxième chapitre donne un cadrage global sur la conception et l'organisation théorique de crédit-stockage.

La deuxième partie porte sur l'analyse d'un projet de crédit-stockage à la Meck. Cette partie comporte deux chapitres, à savoir l'étude perspective d'un prêt agricole à la Meck et les études d'impacts du crédit-stockage

15

PREMIERE PARTIE

PRINCIPE SUR THEORISATION CONCEPTUELLE DE CREDIT-

STOCKAGE

16

Chapitre I : Analyse théorique sur le crédit-stockage

Ce chapitre est constitué de deux parties distinctes. Il s'agit de définir le concept de CS et d'expliquer son contexte pour bien appréhender le principe de ce type de financement agricole, notamment le risque de l'insolvabilité, la garantie du prêt, les coûts et les informations y afférentes. Ce principe détermine le choix de financement de la micro finance et la limite des risques qu'elle accorde.

I - Définition

1 - Production de stockage

Le crédit Stockage est défini comme un mécanisme capable de concilier la question de la sécurisation des stocks11 avec celle de l'accès au crédit. Il permet aux producteurs de stocker une partie de leur production dans un entrepôt fiable jusqu'au moment où les prix augmentent sur les marchés, et reçoivent en contrepartie un reçu certifiant le dépôt et indiquant les caractéristiques (volume, qualité, catégorie, etc.) des biens entreposés. Le reçu est ensuite utilisé comme garantie pour solliciter un prêt auprès d'une institution financière12. Le crédit Stockage est une technique de crédit de court terme, adaptée aux besoins de financement et aux capacités de garantie d'une certaine catégorie socio-professionnelle (les petits producteurs agricoles), garantie par un stock de produits agricoles (conservables, peu encombrants et susceptibles d'augmenter de la valeur) entreposés et pris en gage dans un magasin approprié et sécurisé13.

2 - Financement agricole

Le concept de crédit Stockage est considéré, dans le cadre de projet de développement, comme une très bonne technique prometteuse dans le domaine du financement et développement agricole. Les produits agricoles stockés dans ce principe sont essentiellement des produits conservables, qui ont un marché et qui connaissent une évolution des prix. Plus précisément, le crédit Stockage est un système de crédit rural et collectif associé au stockage des produits agricoles, lesquels servent de garanties. C'est un outil de gestion du risque agricole. Le paysan peut ainsi accéder à un crédit lui permettant de faire face à ses obligations financières à la récolte, et récupérer sa production après remboursement à une période de

11 Les produits agricoles stockés dans le cadre du warrantage sont essentiellement des produits conservables, qui ont un marché et qui connaissent une évolution des prix.

12 (Laura Pala, 2010).

13 Dao Seydou, GIZ/PDA, Juil. 2013

17

pénurie où les prix sont généralement hauts ; pour l'institution financière, la garantie est plus

fiable.

Nous distinguons généralement deux types de crédit stockage :

- Le warrantage communautaire (convention de nantissement);

- Le warrantage tierce détention (certificat de dépôt).

II - Le principe de l'opération et des risques

Une grande partie des produits agricoles doit être est mise au marché à la période de récolte où les besoins financiers sont plus importants (après la période de soudure c'est-à-dire les remboursements de dettes, frais de scolarité, cérémonies...) et période de présence de nombreux acheteurs sur le marché. La majorité des produits est mise sur le marché pendant cette période de récolte, ce qui entraîne une baisse des prix plus bas niveau. Nombreux sont, ainsi, les producteurs qui conservent leurs produits pour les vendre en période de soudure, lorsque les prix sont hauts (moindre disponibilité de produits) ou tout simplement pour auto-consommer au lieu de racheter leurs propres produits plus chers. Faces aux dépenses importantes qui sont incontournables en période de récolte, il est donc parfois difficile, pour certains, producteurs de garder ces produits. Par ailleurs, les producteurs qui peuvent stocker leurs productions, doivent pouvoir assumer des pertes liées au stockage qui peuvent être considérables en stockage individuel peu maîtrisé, ce qui freine leurs activités.

1 - Les risques du crédit-stockage

Le CS est un outil de gestion du risque et un moyen de garantir les stocks de produits agricoles pour l'obtention du financement. Le concept qui caractérise ce type de risque est largement développé par plusieurs théories de l'économie agricole. Bien qu'il existe une multitude de risques, ce concept est donc relativement apprécié par rapport à une culture, à un domaine d'activités et aux opérations réalisées. S'agissant, toutefois, de ce travail de recherche, il est évident que notre étude s'intéresse principalement aux risques inhérents à l'agriculture (risques agricoles) et celui lié au crédit nécessaire pour ledit financement (risque de prêt agricole).

2 - Les risques agricoles

Dans le secteur agricole, nous pouvons distinguer plusieurs risques aléatoires qui spécifiquement associés à l'agriculture, notamment :

- Le risque des aléas climatiques et biologiques (maladies nuisibles aux plantes) qui affectent le rendement agricole, la qualité des produits voire les flux de trésorerie ;

18

- Le risque des fluctuations des prix des produits et l'accès limité aux intrants et aux équipements agricoles ;

- La dégradation du sol.

D'autres types de risques non spécifiques affectent directement l'exploitation agricole. Il s'agit, entre autres :

- Du changement de la politique nationale sur l'agriculture ou de régulation qui affecte vigoureusement l'agriculture ;

- Du risque opérationnel (mauvaise gestion des produits stockés, déstructuration des outils de production, etc.).

III - L'approche théorique du marché financier

Cette approche se caractérise par une analyse de marché qui met en évidence la relation existante entre le préteur (établissement de crédit) et l'empereur (client). Et la gestion de ce marché financier est inéluctablement liée au risque de crédit qui est un élément fondamental de l'activité financière, notamment dans le marché de micro crédit. Il représente la probabilité de défaut de paiement pour un emprunteur qui ne peut pas régler les intérêts de l'emprunt et/ou rembourser le capital14. C'est la somme de deux risques à savoir le risque courant qui engendre des pertes qui peuvent être statistiquement anticipées par la banque et le risque exceptionnel dont les pertes ne peuvent être anticipées. Leur couverture nécessite une provision en capital c'est-à-dire des fonds propres. Le risque de crédit résulte de la théorie qui met en lumière les différentes relations possibles entre le prêteur et l'emprunteur. Ainsi, malgré leur entente, chacune des deux parties tenterait de minimiser son risque et/ou de maximiser ses propres bénéfices au détriment de ceux de l'autre partie15.

En matière de finance, le prêt ou le crédit agricole est défini comme étant une transaction de fonds entre deux entités légales et dans laquelle un prêteur (établissement financier) accepte de mettre temporairement un capital à la disposition d'un emprunteur (exploitant agricole) moyennant une rémunération. Il a été souligné dans l'introduction que le faible niveau de financement de l'agriculture par les institutions de micro finance (IMF) s'explique par le fait que les prêts aux producteurs agricoles particulièrement les petits exploitants sont caractérisés

14 Gestion des projets » de COULIBALY Sie Amara (2003-2004).

15 Stéphane BASSA Y (2009, Nov.).

19

par beaucoup d'incertitudes. Du fait de l'existence des coûts de transaction élevés et du problème d'asymétrie d'information lors de la transaction financière qui conduit à la sélection adverse des agriculteurs et à l'aléa moral, les IMF ont donc du mal à bien évaluer le risque avant la prise de décision de financer le producteur agricole.

1 - Les coûts de transaction

Les coûts de transaction recouvrent l'ensemble des coûts auxquels un agent économique doit faire face lors d'une transaction avec un autre agent16. On en distingue quatre types : les coûts de recherche d'un partenaire, les coûts d'information (de collecte et de confirmation de ces informations), les coûts de négociation d'un contrat, portant notamment sur les qualités ou quantités du produit concerné, et sur les garanties requises, et enfin les coûts de contrôle (surveillance) des activités convenues. En effet, nous avons les coûts de transaction : - de type ex ante. Ils correspondent à tous les frais engagés pour la recherche d'informations sur la qualité des biens ou services, les prix, les clients ou les fournisseurs. Pour notre étude, il s'agit des frais engagés pour la collecte d'informations sur le petit exploitant agricole. Il s'agit également de tous les coûts relatifs à la négociation, à la rédaction et à la signature du contrat liant les parties d'une transaction qu'elles soient de bonne foi ou non.

- de type ex post correspondant à tous les frais engagés pour le contrôle et l'application du contrat.

2 - L'asymétrie d'information

L'asymétrie d'information est une imperfection des informations relatives aux emprunteurs et aux projets à financer17. Elle peut se manifester avant comme pendant la transaction, enrichissant ainsi la théorie financière de deux concepts qui permettent d'approfondir la relation principal sur l'agent.

- D'une part, le problème de l'anti-sélection est qualifié de problème ex ante. Il survient avant la signature du contrat, quand le prêteur craint de ne pas détenir suffisamment d'informations pour décider d'octroyer ou non le prêt. Il s'agit de la difficulté ou de l'incapacité du principal à réunir une information exhaustive afin de choisir le bon agent. En matière de financement agricole, le problème d'anti-sélection représente un véritable défi : la quantité et la fiabilité des informations collectées ne permettent toujours pas de confirmer la solvabilité des

16 Martin YELKOUNI (2007).

17 18 Yves THEPAUT (2006).

20

agriculteurs sollicitant un prêt ni la régularité de leurs revenus qui serviront à rembourser le prêt demandé18. L'anti-sélection est alors beaucoup moins problématique pour les grandes exploitations agricoles. Par ailleurs, même si le prêteur a accepté d'octroyer le prêt, il peut faire face à une situation problématique provenant du comportement de l'emprunteur.

- D'autre part, ce problème d'information est ex post. Il est appelé aléa moral. Il résulte d'un changement de comportement ou du non-respect de l'entente par l'une des parties, généralement l'agent, suite à la signature d'un contrat. Cet opportunisme post-contractuel peut se traduire par la transmission d'informations erronées ou par des actions inefficaces dans le but d'atteindre seulement son propre intérêt. En effet, l'emprunteur peut par exemple être tenté de ne pas allouer la totalité des fonds prêtés à son exploitation agricole, contrairement à ce que stipule son contrat. De même, il peut faire des choix inefficaces (mauvais système d'irrigation, achat d'une quantité insuffisante d'engrais) en raison de son manque de compétences.

IV - Cadre général de financement agricole

1 - gestion des risques

Il a été disposé dans le marché financier et bancaire que les IMF doivent suffisamment se doter d'un bon système de gestion d'information très efficace et une bonne qualification des personnes ressources comme agents qui maitrisent le domaine de l'agriculture. Ceci pour bien gérer les risques de prêts agricoles. Ce qui n'est pas fréquemment le cas réel. Nos enquêtes révèlent que la gestion des risques sur financement agricole se base sur des méthodes d'incertitude et incohérentes, telles que :

- L'application d'un taux d'intérêts en fonction de l'estimation du risque sur le prêt ; - La souscription de l'emprunteur à une assurance vie ;

- L'apport personnel ;

- L'exigence d'une garantie à apporter.

Pour réduire le risque des coûts de transaction, il faut qu'une IMF soit de taille suffisante pour couvrir les zones rurales et avoir un large réseau professionnel d'où le recours de certaines institutions au refinancement c'est-à-dire à une alliance avec une IMF ou une coopérative puisqu'elles sont plus présentes dans les zones rurales et disposent d'une plus grande expérience. Il est important de souligner que pour lutter contre l'insolvabilité du crédit agricole, contrairement aux secteurs de l'industrie et du commerce, les recours sont rares et

18 Gestion des projets » de COULIBALY Sie Amara (2003-2004).

extrêmement compliqués. Il n'existe pas en effet de garanties fiables car les terres sont souvent détenues sans titre de propriétés complet.

2 - La garantie bancaire

La garantie bancaire constitue un acte préventif contre les risques des opérations de crédit. Elle est définie économiquement comme l'anticipation et la couverture d'une possible éventualité de risque de non remboursement du crédit. L'établissement financier doit se protéger des aléas qui l'entourent d'où les garanties. Elle constitue tous les moyens juridiques qui assurent une protection contre l'insolvabilité du débiteur et qui procurent au créancier une chance maximale de paiement19. Ainsi, on distingue :

- les garanties personnelles qui consistent à engager le patrimoine de l'emprunteur (la caution solidaire) ;

- les garanties réelles qui engagent un élément de son patrimoine (les hypothèques, les nantissements).

En effet, pour permettre aux institutions financières de se couvrir du non remboursement des prêts accordés aux petits exploitants agricoles, à défaut du titre foncier, le CS reste l'instrument le plus efficace de garantie. Le CS est une garantie sûre, liquide et réelle. Il permet de garantir les stocks de produits agricoles et donc de répondre en partie à l'inadaptation du système financier en milieu rural en cas de manque de garantie.

21

19 Cours en finance sur les garanties bancaires

22

CHAPITRE II : Conception et organisation de crédit stockage

Le crédit stockage est un système de crédit rural et collectif associé au stockage des produits agricoles, lesquels servent de garanties20.

Il s'agit ici de donner une clarté d'ensemble sur le processus et le fonctionnement du système CS en mettant en évidence ses avantages et ses limites. Pour cela, nous allons traiter les mécanismes du CS et les différents cas réels du CS.

I - Le processus de crédit-stockage

Le système du CS vise de manière générale deux objectifs principaux : - éviter aux petits producteurs de vendre leurs produits à perte juste après la période de soudure, lorsque les prix sont au plus bas.

- donner aux producteurs la possibilité d'accéder à un crédit aux IMF afin de renforcer ses activités d'exploitation : l'achat d'intrants ou du matériel agricole.

1 - L'approche théorique

Le CS peut avoir les différents types de forme suivante :

- CS à domicile : le producteur agricole est propriétaire du magasin agricole.

- La détention bancaire : l'institution financière est propriétaire de l'entrepôt.

- La tierce détention : le mécanisme de ce type de crédit consiste pour le producteur à déposer ses produits dans un entrepôt sécurisé et privé. Le propriétaire de l'entrepôt (entreprise classique) lui délivre un titre de récépissé, lui permettant de solliciter un emprunt auprès d'un établissement financier pour faire face à ses besoins financiers. Trois opérateurs économiques et financiers doivent en principe intervenir dans les opérations de ce type de crédit. Il y a, entre autres le producteur agricole, l'entreposeur privé et l'institution qui accorde le crédit agricole. Le facteur contraignant qui limite la pratique du CS c'est lorsqu'un seul producteur n'est pas en mesure de produire une quantité suffisante en stock pour donner un gage de garanti. Il est alors indispensable de mettre en place un cadre juridique qui réglemente toute la chaine de fonctionnement du mécanisme.

- La détention communautaire : c'est le CS communautaire pour l'Organisation des Producteurs Agricoles (OPA). L'entreposeur est une OP qui doit être juridiquement reconnu de manière officielle sur la base des dispositions règlementaires en vigueur. Le regroupement

20 Revu annuel d'action contre la faim (FAO, 2018)

23

des producteurs en OP donne un gage de crédibilité. Il permet de stocker une importante quantité de produits agricoles à garantir d'où le crédit stockage adapté21.

2 - La mise en place de crédit-stockage

Le fonctionnement de base du CS est l'accès au crédit contre la mise en garantie du stock22. Il s'agit d'un nantissement de stock23. Dans le cas du crédit aux petits producteurs, le stock doit être conservé dans un endroit sûr, dans lequel chacun s'assure que personne ne viendra retirer des sacs pour vendre en cas de nécessité. Le stock est donc placé dans un magasin qui doit être géré soit par la communauté (OP) et soit par l'institution financière avec trois cadenas, soit par un détenteur spécialisé qui loue une place dans son entrepôt comme souvent lorsque l'opération est à grande échelle (la tierce détention).

a - Cadre général pour le fonctionnement

Cette technique permet de distinguer deux types de fonctionnement pour le crédit-stockage24. - le fonctionnement technique du CS : il s'agit, dans ce cas, d'un système avec une banque ou une IMF destinées aux petits producteurs. Un stockeur (une entreprise classique ou une OP) et seulement deux phases d'ouverture du magasin : une pour stocker en début de saison (saison des récoltes) pour pouvoir obtenir le crédit, puis un déstockage pendant la période de soudure pour la vente.

- le fonctionnement économique : il est relatif à l'existence des prix saisonniers. La différence des prix des produits à la récolte (prix relativement faibles) et en période de soudure (prix en hausse) doit ainsi être au minimum suffisant pour couvrir les coûts du système c'est-à-dire les coûts de crédit et de stockage.

Une fois le stock vérifié (en quantité et qualité), l'institution financière accorde aux producteurs par l'intermédiaire de leur coopérative, un crédit de court terme (généralement environ six mois) correspondant au prix à la récolte du stock constitué. Pour limiter le risque de l'IMF, le crédit peut être limité à un certain pourcentage (80 ou 90 %) inférieur à la valeur du stock au moment de la récolte.

Dans le cas pratique, nous devons avoir deux processus de dénouement25 :

- le remboursement qui signifie qu'à l'échéance du prêt, les producteurs rembourseront le capital, les intérêts et les pénalités de retard éventuelles à l'institution financière.

21 Revu de la littérature.

22 Pour Jean Ndimubandi (2010),

23 Nantir quelqu'un est lui donner quelque chose pour qu'il consente à prêter.

24 24 Elodie Gouillat (2014)

25 Jonathan Coulter et Sani Mahamadou (2009)

24

- le déstockage : le comité de gestion de l'OP, en accord avec l'institution, permet aux producteurs de retirer leurs sacs de produits stockés. Ils sont libres d'utiliser les sacs récupérés comme bon leur semble. Les produits déstockés peuvent servir à la consommation familiale, ils peuvent être utilisés comme semences ou être vendus sur le marché à une période où les prix sont significativement plus intéressants en hausse qu'au moment de la récolte. En cas de non remboursement du prêt à l'échéance, les produits stockés qui servent de garantie seront vendus pour que l'institution financière soit totalement remboursée. S'il y a un reliquat sur la vente, il reviendra au producteur.

b - Les étapes de l'opération

Un projet d'investissement met en évidence la pratique du CS dans le cadre d'un OP. Le projet se met en place par la formation d'abord de l'OP et de l'institution qui va accorder le CS. A la suite de la formation, l'OP doit identifier ses besoins et planifier la mise en oeuvre de l'activité de CS tout en déclarant son intention auprès de l'institution de crédit. S'en suit, la préparation des magasins de stockage par l'OP, la collecte et la mise en stock des produits à stocker et la demande officielle du crédit auprès de l'institution de crédit qui donne son avis favorable du prêt agricole. La dernière étape consiste à distribuer le crédit aux membres de l'OP, au suivi, à l'entretien du magasin, au recouvrement, au remboursement du crédit et au déstockage des produits. Pour une réussite du système de CS, le projet indique que des règles internes doivent être élaborées au sein de l'OP. Ces règles consistent à :

- Disposer d'un magasin d'entreposage en bonne et due forme ;

- Mettre en place un comité de gestion au sein de l'OP ;

- Constituer le stock des produits (quantités et qualités) dans les meilleurs délais.

- Instituer une contribution des membres déposants au prorata des quantités déposées afin de permettre à l'OP de prendre en charge les frais y afférents (entretien du magasin et des stocks, formation, etc.) ;

- Limiter le crédit accordé à l'OP à 80% de la valeur du stock à la récolte afin d'assurer un remboursement total ;

- Faire le suivi régulier en concertation avec l'institution de crédit des prix des produits sur les marchés.

- Adopter une gestion rigoureuse des produits stockés ;

- Bonne utilisation du crédit obtenu (achat d'intrants ou dans la plupart des cas

Réalisés des activités génératrices de revenus permettant de rembourser le crédit)

- Ne pas octroyer ce type de crédit à une personne physique sans entreposeur agrée afin de limiter les risques.

25

Source : Economiste du Faso

Figure 10 : le processus de déroulement d'une opération de crédit stockage (warrantage)

II - les enjeux économiques et financiers

Bien qu'il soit un instrument avantageux pour répondre aux préoccupations du financement des agriculteurs, le CS est un outil important d'investissement mais présente aussi des insuffisances à remédier.

1 - Les avantages de crédit-stockage

Le CS constitue une source de financement pour renforcer la capacité agricole du secteur primaire. Il permet à un producteur d'avoir accès au crédit d'investissement, d'augmenter la capacité de financement de la campagne agricole et de mieux valoriser sa production26. C'est une auto garantie du stock qui donne l'opportunité pour mieux vendre sa production ; qui améliore la valorisation de l'utilisation des intrants sans altérer le maigre budget du ménage et qui permet l'augmentation des revenus grâce à la diversification des activités génératrices de revenus (AGR).

26 Sani Boubacar (2007) et Jean Ndimubandi (2010),

26

D'une part, le CS incite à produire des produits de bonne qualité et en quantité suffisante ; il assure la sécurité alimentaire pendant la période de soudure ; crée un marché de concurrence pure et parfaite avec une hypothèse de transparence des prix (équilibre de marché sur la négociation entre commerçants et agriculteurs)27.

D'autre part, le CS est un moyen pour les institutions financières de limiter le risque de non-paiement grâce à l'importance des quantités de produits agricoles stockés et la caution solidaire (regroupement des producteurs). Ce prêt agricole renforce la capacité de négociation des OP face aux commerçants. Quant à l'institution financière, l'utilisation des stocks de production comme garantie minimise le risque et lui donne accès à un nouveau segment de clientèle, d'ordinaire difficile à toucher. Cet instrument financier permet aussi à l'institution de micro crédit d'améliorer simultanément son encours de crédit, son taux de recouvrement et son taux de pénétration du marché.

En se basant théoriquement sur le fonctionnement technique et économique du CS, l'évidence de cette technique représente un grand avantage pour l'institution financière dans la mesure où elle va disposer d'une garantie sûre et liquide que contrairement aux propriétés foncières ou à d'autres formes de garanties, car le stock de produits agricoles nantis peut être rapidement converti en liquidités sur le marché. Ce qui est bénéfique pour l'institution financière qui rencontre fréquemment certaines difficultés à se faire rembourser. Ce prêt agricole, permet au client, c'est-à-dire l'agriculteur, d'avoir une rentabilité de son activité dans la mesure où il lui permet de profiter des grandes variations saisonnières des prix des produits. Il obtient également des liquidités au début de la récolte ce qui l'encourage à produire des produits de meilleure qualité pour les commerçants et les transformateurs. Ces hypothèses du marché de l'économie donnent une transparence des prix car les producteurs sont régulièrement informés de l'évolution des cours et contribuent à fixer les prix au lieu de les subir.

2 - Les limites de crédit-stockage

Au regard de la revue de littérature, dans nos pays en voie de développement, les limites du CS sont essentiellement liées à l'insuffisance :

- professionnelle des OP et des institutions financières,

- d'infrastructures de stockage

- du cadre juridique.

27 Anne Chetaille, Aurore Duffau, Guillaume Horréard .(2011)

27

D'autres limites se trouvent dans la nature des produits agricoles. En effet, La mise en oeuvre du système de crédit est limitée à des productions susceptibles d'être stockées sans dommage (notamment, les produits de rente) et dont les prix connaissent des fluctuations importantes et prévisibles au cours de l'année. Mais également, l'intérêt du crédit peut décroitre fortement si les prix agricoles se stabilisent ou si les fluctuations traditionnelles sont perturbées en cas d'importations massives d'aide alimentaire par exemple. La mise en oeuvre de ce type de crédit contraint les petits producteurs à supporter d'autres coûts autres que celui du crédit à savoir les coûts de stockage, d'entretien et de transport 28.

En effet, des coûts supplémentaires très élevés dissuadent les agriculteurs de stocker leur production. Une autre limite à Anjouan c'est que le CS peut éventuellement être pratiqué essentiellement en milieu rural par des acteurs et actrices en majorité peu alphabétisés et que les institutions financières sont souvent éloignées de ces lieux notamment les banques. Pour terminer, d'autres limites non négligeables sont les suivantes29 :

- Le contrôle des magasins de stockage par l'institution financière peut constituer une difficulté pour les zones assez reculées ;

- La question de l'assurance du magasin avec son contenu : les produits stockés et donnés en garantie, ne bénéficient en général d'aucune assurance (surtout pour le stock communautaire) ;

- La question de la règlementation du secteur agricole. Un mécanisme approprié de contrôle règlementaire est essentiel à la réussite d'un programme de ce type de crédit.

- Le risque de spéculation

Il est alors évident que le déroulement de la mise en oeuvre du CS demande sérieusement une certaine organisation et une maîtrise de rigueur sur la gestion des stocks. Bien que ce système connaisse des limites, il présente de nombreux avantages qui permettent de répondre au mieux aux préoccupations des petits producteurs.

III - Cas pratiques pour les petits producteurs d'Anjouan

À partir de la littérature de recherche, il s'agit ici de partager quelques cas d'expériences de la situation et des conditions de ce type de crédit développé en majorité dans les pays d'Afrique de l'Ouest afin de pouvoir initier le même projet dans l'île d'Anjouan. Au

28 Anne Chetaille, Aurore Duffau, Guillaume Horréard, (2011)

29 M. Matiéyédou Konlambigue, (2011) ; Dao Seydou, GIZ/PDA, (Juil. 2013) ; Karim Barlet (2001)

28

niveau de la CEDEAO30, les expériences les plus pertinentes ont été développées essentiellement au Ghana, au Togo, au Mali, au Niger et au Burkina Faso31.

Aux Comores, le principe de fonctionnement restera presque le même. Mais, dans chaque expérience, l'île d'Anjouan dispose des spécificités qui lui sont propres, en fonction de la justification, de la motivation des acteurs, des objectifs recherchés et le type de produits concernés par le stockage.

1. Contexte économique et financier

L'idée d'expérimentation du CS à Anjouan doit être prise dans la perspective de recherche de solutions aux problèmes d'accès aux intrants agricoles. En effet, malgré l'existence de banques commerciales et de quelques IMF à Anjouan, il y a une réticence généralisée au financement de l'agriculture parce qu'elle est considérée comme une activité très risquée.

Pour faire face aux dettes contractées afin d'assurer la production (emprunts pour lancer la campagne agricole : semences, engrais, autres intrants) et pour subvenir à leurs besoins financiers, Les paysans d'Anjouan, met en place un projet d'investissement appelé Projet d'Amélioration de la Productivité agricole et de la Sécurité Alimentaire (PAPSA). L'idée générale est d'expérimenter un système de financement des intrants agricoles basé sur le nantissement des récoltes. Le projet vise à prendre en compte ce nouveau mécanisme de financement qui aide les producteurs à accéder aux crédits, tout en sécurisant leurs productions. Pour ce faire, plusieurs producteurs anjouanais dans les zones rurales n'ont pas d'autres choix que de mettre leurs produits agricoles sur le marché en grande quantité dès la récolte. Ce qui entraîne une baisse du prix et les producteurs n'arrivent pas à tirer profit de leur production. Face à une telle situation, les partenaires au développement aux Comores peuvent décider de soutenir le développement du système du Crédit-Stockage. Un système qui porte essentiellement sur les produits vivriers et de rente, dans le but d'améliorer la commercialisation aux prix intéressants sur le marché32.

C'est, en effet, la mise en oeuvre du système du crédit à trois cadenas. Dans un cadre du PODV33, le projet est initié sur la promotion des techniques du CS pour les petits producteurs

30 Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest

31 M. Matiéyédou Konlambigue, (2011).

32 CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le développement)

33 Projet d'Organisation et de Développement Villageois

29

à Anjouan. Le but est de leur permettre d'obtenir de meilleurs prix pour leurs produits agricoles. Dans son expérience, le projet porte essentiellement sur cinq coopératives dans les cinq Régions du l'île. La technique est la même que celle de CS communautaire déjà développée plus haut. Ce projet aura également ces quatre objectifs suivants :

- la restauration des sols dégradés et la protection des ressources naturelles ;

- l'augmentation et la diversification des revenus des producteurs ;

- l'accès des petits producteurs au crédit à travers le système de CS

- la réduction de conflits liés à la tenue et à l'utilisation de la terre.

2 - Description technique

Avec la bonne gouvernance de l'Etat comorien et la dynamique de sa gestion en matière des finances publiques, le projet peut être financé par le FIDA34 et soutenu par le FAO. Les parties prenantes à cette expérience seraient les OP, les IMF (principalement la Meck qui dispose un produit de financement agricole), le distributeur d'intrants (la Direction Régionale de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche), le projet DAHARI et des structures d'encadrement et de facilitation. Les membres de la coopérative déposent leur stock de récolte au niveau du magasin de la coopérative contre un certificat de dépôt. Sur la base de ce stock, l'IMF (notamment les Meck de base) octroie un crédit correspondant à 75 (généralement pour les zones déficitaires) et 80% (pour les autres zones) de la valeur des marchandises stockées. Le magasin est alors fermé à triple cadenas, la clé d'un cadenas pour le projet, la seconde pour la Meck correspondante et la troisième clé pour groupement. Le processus se met en place avec l'accréditation de la BCC.

Ce système de CS développé à Anjouan doit présenter les particularités suivantes :

- Les magasins doivent être construits par le PODV avec la participation financière des producteurs ;

- Après la constitution du stock, le magasin doit être fermé par trois cadenas et les clés sont réparties entre le projet, l'IMF et le groupement.

- Le crédit est octroyé de manière collective à l'OP, qui ensuite le distribue aux paysans en fonction des produits stockées et du montant sollicité par chacun.

- Le crédit octroyé doit réparti en deux parties égales dont la première est remise en liquide aux producteurs pour subvenir à leurs besoins financiers et pour faire face aux besoins sociaux (consommation). La seconde partie sera octroyée en nature pour lancer la campagne agricole : semences, engrais, autres intrants.

34 Fonds International pour le Développement Agricole

30

- Le crédit s'obtient lors du stockage, avec un délai de deux semaines à un mois dans les cas les plus lents, et son remboursement est prévu avant l'ouverture de l'entrepôt, avec les revenus générés par les activités rentières réalisées durant les mois de stockage grâce au crédit35. Pour la conduite de ce système de crédit, le projet signe un protocole de collaboration avec la Meck qui doit conduire les opérations pilotes. Ce protocole doit permettre à la Meck, d'accorder des avantages préférentiels aux OP qui seront identifiées par le PAPSA (le taux d'intérêt mensuel négocié est de 1%). Les dépenses prises en charge par chaque producteur lors d'une opération de CS sont celles concernant le stockage des produits et les frais de l'institution financière. Quant à l'institution financière, pour se prémunir du risque de non remboursement, en plus de la garantie prise sur les stocks de produits36, il existe une épargne37 à constituer par l'OP. L'environnement institutionnel relatif au système de récépissé d'entreposage doit ainsi connaitre progressivement une évolution sensible avec la création à Anjouan un organe de régulation composé des acteurs du secteur privé et doté d'un personnel technique.

Tableau 4: Frais de l'activité du CS

Frais liés au stockage des produits

Type de frais

 

Coût

Acteurs assumant les frais

Frais de stockage

 

100 KMF/ mois et par sac

Paysans

Le prix du sac

 

varie de 200 KMF à 500 KMF
selon le type de sac

Paysans

Le coût du transport
jusqu'à l'entrepôt

 

Varie de 0 à 400 KMF, selon la
distance séparant le paysan de
l'entrepôt de stockage

Paysans

 

Frais de l'institution financière

Type de frais

 

Coût

Acteurs assumant les frais

Le taux d'intérêt

 

5 à 12% du crédit par an

Paysans

Frais de gestion

 

1% du crédit

Paysans

Frais de dossier

 

5000 KMF par OP

avancé par OP et remboursé
par chaque paysan à la fin de
l'opération.

Assurance

 

0,5% du crédit

OP

Frais de demande

 

500 KMF par OP

OP

Source : impétrants

Les filières choisies sont principalement celles de conservation facile, avec des hausses de
prix importantes et sûres entre la période de récolte et de soudure. Il y a principalement le

35 Elia Sanchez G. et Isabel Suarez S., 2015.

36 Afin de s'assurer que la vente des sacs va permette à l'institution de récupérer le capital investi, la valeur du crédit s'ajuste doublement grâce à deux mécanismes : Tout d'abord, la valeur donnée au sac est généralement inférieure au prix post-récolte. Ensuite, le crédit accordé ne dépasse pas 80 % de la valeur du sac.

37 Le taux d'épargne nantie à constituer varie de 5% à 10% du montant du crédit.

31

girofle et certains produits de légumes pour permettre les paysans d'obtenir des prêts à moyen terme auprès des Meck et de devenir plus solvables. La réussite de cette technique de crédit se concrétise sur la sécurité alimentaire. Elle peut motiver les agents économiques de l'île à l'instaurer comme un instrument de crédit rural.

32

DEUXIEME PARTIE

ANALYSE D'UN PROJET DE CREDIT-STOCKAGE A LA MECK.

33

Chapitre III : Etude analytique d'un prêt agricole à la Meck

Pour traiter ce troisième chapitre, il est important de mettre en évidence le cadre global de la méthodologie d'étude qui se base essentiellement sur nos différentes enquêtes de terrain et sur les entretiens effectués avec les parties prenantes afin d'avoir une clarté de nos résultats. Cela nous permettra de présenter l'IMF, la Meck de Mutsamudu, en mettant en exergue les différentes offres de crédit qu'elle propose sur le marché financier et surtout la politique correspondante dans sa gestion des risques de financement

I - La méthodologie de l'étude

Dans cette méthodologie de recherche, nous avons choisi une approche d'études qualitatives, exploratoires et explicatives afin de répondre à nos questions de recherches qui sont posées par rapport à la problématique du marché financier. Pour le traitement des donnée, nous avons collecté et analysé les données avec un choix d'approche qualitative puisque :

- la nature des données est quantitative;

- notre travaille porte exclusivement sur un projet d'offre d'un produit financier ;

- il y a une certaine subjectivité de part et d'autre, sur les enquêteurs et sur les clients de l'IMF Notre stratégie de recherche a suivi les étapes suivantes :

1. L'Etude préliminaire

Nous avons fait d'abord une revue de la littérature pour synthétiser et analyser les différents travaux existants dans le domaine du financement de l'agriculture, plus particulièrement dans les ouvrages qui concernent les prêts agricoles. Ensuite, nous avons procédé à des entretiens individuels auprès des personnes ressources relevant des domaines :

- de l'agriculture et du projet agricole notamment l'ONG DAHARI

- de la micro finance et du marché bancaire

- de la BCC

A l'issu de nos différents échanges avec ces personnes ressources, nous avons obtenu des informations pertinentes et utiles liées à la production agricole, à la conservation des produits, au fonctionnement du marché commercial de nos produits, au marché financier et bancaire par rapport à la valeur des produits et à l'offre financière que les établissement de crédit proposent.

2 - La recherche bibliographique et les entretiens

Cette étape nous amène à effectuer des recherches documentaires approfondies dans les institutions financières et de microcrédit, notamment à la Meck de Mutsamudu. C'est une

34

phase très importante qui nous permet de continuer, d'insister et d'approfondir davantage nos

entretiens avec toutes les parties prenantes. Les documents exploités sont, entre autre :

- les rapports d'activité des institutions financières durant les 5 dernières années,

- les documents sur les procédures d'octroi de crédit,

- les documents relatifs à la politique générale de crédit,

- les documents d'analyse et de gestion du risque de crédit.

Les entretiens qui ont lieu avec les agents de crédit de la Meck portaient essentiellement sur :

- le financement de l'agriculture par un mécanisme de prêt agricole

- le type de prêt accordé aux agriculteurs,

- la gestion de ce portefeuille

- l'appréhension du risque agricole

- leurs avis concernant les modalités de fonctionnement de crédit-stockage

Au sein de ces institutions financières, nous avons fait ces entretiens avec les chargés de portefeuille crédit encore appelés chargés de clientèle ou gestionnaires de compte, les agents du département d'analyse de risque, ainsi que les responsables de chaque institution financières avec laquelle nous avons eu des contacts. Dans certaines institutions, ces derniers sont chargés de la gestion de l'agence de manière générale mais aussi de la prospection de la clientèle et de la gestion du portefeuille crédit. Quant au département « analyse du risque de crédit » il intervient en seconde position pour donner son avis final dans l'analyse du risque de crédit après celle du chargé de portefeuille. L'entretien avec les agents de la banque s'est fait sur la base d'un guide spécifiquement approprié et adapté. La base de ce guide vise les objectifs de cette étude de recherche. Certains de nos entretiens ont été directs (face à face), d'autres sont effectués par voix téléphonique.

3 - Définition de la population et de l'échantillon

Pour mettre en place l'offre de crédit-stockage, nous avons préalablement procédé à des enquêtes préliminaires afin d'analyser et d'évaluer le besoin de financement. Cette enquête a commencé le 26 février 2022 et nous avons pu identifier la population à enquêter.

a- La population à enquêter

L'identification de la population a eu lieu du 12 au 20 février. Ainsi, nous avons pu définir les caractéristiques de la population cible. Elles sont les suivantes :

35

- Ces sont les organisations professionnelles agricoles et des organisations paysannes qui officient de manière formelle dans le secteur agricole. Elles doivent disposer officiellement un statut et un règlement intérieur légalisés par des autorités compétentes.

- Des OP dont les comités de gestion font preuve de bonne gestion coopérative

- Des OP ayant ou n'ayant pas encore connaissance du CS. Pour celles n'ayant pas encore d'expérience du CS, elles devront réunir les conditions préalables pour avoir d'un magasin approprié, disposé de fonds propres pour fonctionner.

Par rapport aux informations recueillies, et en considérant les caractéristiques préalablement établies, le projet doit retenir dans sa sélection une OPA pour chaque région, sur l'ensemble de l'île d'Anjouan. Nous aurons au total cinq OPA à Anjouan (OPAA).

b - La taille de l'échantillon retenu

L'échantillon retenu de façon aléatoire pour l'enquête a été de cinq représentants pour chaque région. L'ensemble des représentants totalise au final 56% des membres des OPAA.

4 - Choix de la population et de l'échantillon

La population d'étude a porté sur les représentants des OP sélectionnées par le Projet pour des raisons suivantes:

a- La pertinence du projet

Une des motivations à enquêter sur les OP sélectionnées est l'envergure du projet :

La mise en place du projet doit se concrétiser officiellement par un arrêté conjoint du ministre de la production et celui de finance. Cet appuie formel du gouvernement doit être soutenu par nos partenaires internationaux au développement tels que la banque Mondiale. L'administration générale du projet doit être gérée par une Coordination technique qui est accompagnée par des points focaux dans les 5 régions que constitue l'île d'Anjouan. Le projet

a intervient dans quatre sous-secteurs à savoir : l'agriculture, l'eau, l'environnement et les ressources animales. Son objectif de développement est d'améliorer la capacité des petits producteurs à accroître les productions vivrières et à assurer la disponibilité de ces produits sur les marchés ruraux toute l'année. La couverture régionale de ce projet constitue une opportunité importante pour les institutions financières dans la mesure où elles auront un grand choix dans le positionnement du produit.

b - L'accompagnement des OP

Le projet doit appuyer matériellement et techniquement les OP à travers:

- les formations dans les domaines de la gestion organisationnelle, de la technique de

production agricole et du CS;

- l'aide à la construction de magasins de stockage fiables;

36

- la disponibilité des techniciens du ministère de l'agriculture pour des appuis.

Cet accompagnement permet aux OP d'être plus crédibles devant les institutions financières et peut représenter un élément de réduction de l'asymétrie d'informations. Les structures organisationnelles du projet doivent effectivement jouer un rôle important dans la coordination des opérations de stockage et dans la négociation des conditions d'accès au crédit. Elles vont contribuer également à réduire les coûts de transaction de la banque.

Pour le bon fonctionnement de ce projet, ces structures organisationnelles doivent être composées de ces quatre organes suivants :

- le Conseil d'Administration, ayant pour rôle principal la gestion de l'organisation ;

- le Conseil de surveillance, qui sera en charge de la vérification du niveau d'avancement des activités du CS ainsi que l'assistance ;

- la Commission de Crédit, dont le rôle essentiel est d'accompagner les membres dans la négociation pour l'obtention des crédits auprès de l'institution financière ;

- la Commission de commercialisation, qui doit assister les membres dans la prospection des clients pour l'achat des stocks ainsi que dans l'évaluation des prix. 5 - La perspective de l'enquête

a- Le déroulement des entretiens

Les entretiens se sont déroulés du 26 février au 10 mars 2022. Chaque entretien a une durée de 30 mn. La majorité des questionnés ont accepté de prendre part à l'entretien dès notre premier appel.

b - La technique et les outils de recueil des données

Pour la collecte des données, nous avons élaboré deux guides d'entretien. Un guide d'entretien adressé aux représentants supposés des OPAA et un deuxième adressé aux institutions financières. Ce guide comporte essentiellement les points suivants :

- Identification des paysans;

- Informations des OP et leurs activités;

- Besoin de financement et accessibilités aux institutions financières;

- Avis sur les avantages, les limites et les attentes du système de CS.

Les autres outils utilisés sont le téléphone portable, notre bloc note et notre stylo pour reporter les informations obtenues. La méthode était la suivante : poser chronologiquement les questions figurant sur le guide d'entretien et chaque réponse de l'interlocuteur était immédiatement noté sur le bloc note pour être analysée par la suite. On a utilisé

37

principalement la langue comorienne durant toute la période de nos échanges. Le logiciel Word a été utilisé pour l'élaboration des deux guides d'entretien.

c - Le traitement et l'analyse des données

Apres la collecte des données, nous avons procédé immédiatement à leur traitement et analyse. Le traitement a consisté à la saisie de l'ensemble des informations recueillies point par point (c'est-à-dire chaque question et ses réponses) dans le logiciel Word. Ces informations ont par la suite été analysées de sorte à pouvoir déterminer s'il y a un réel besoin du produit en d'autres mots si ce produit permet de satisfaire les attentes des producteurs et si l'environnement était favorable pour lancer le produit. La rédaction a donc commencé à partir du 24 mars.

d - Les limites de l'enquête

- L'indisponibilité des représentants : la période de notre enquête a coïncidé avec la première phase des activités pour la récolte et la préparation de stockage des produits. Les représentants étaient très mobiles d'un village à un autre, qui est très distantes.

- Le fait que les entretiens se sont déroulés par voie téléphonique n'a pas permis de recueillir à 100% les informations souhaitées.

- La subjectivité de notre analyse n'est pas exclue vu que nous sommes dans une approche qualitative.

II - Le financement de la Meck

1 - Présentation de la Meck Mutsamudu

En vertu de la loi bancaire n°13-003/AU, La Meck Mutsamudu est une institution financière décentralisée et affiliée au réseau de l'Union des Meck (UM). Elle a été créée en 2004, avec l'appui du Fond International pour le Développement Agricole (FIDA). Elle a une double tutelle : l'UM et de la BCC. Sur le plan institutionnel, la Meck Mutsamudu, a initialement été créée sous forme de société à capital variable et à but non lucratif. Les dirigeants du réseau de l'UM ont amorcé des reformes suites à la promulgation de la loi bancaire n° 13-003/AU, règlement n°19-2015/BCC/DSBR du 30 novembre 2015 relatif à certains dispositions organisationnelles des institutions financières décentralisées. Ces réformes ont abouti à la modification de la forme sociale de la Meck Mutsamudu qui devient une société coopérative d'épargne et de crédit avec conseil d'administration à compter du 24 novembre 2017. Conformément à l'article 3 de ses statuts et dans le respect de sa zone d'intervention, la Meck Mutsamudu dispose, hors le siège social, d'un point de service exclusivement dédié à l'activité des transferts d'argent ainsi que le dépôt et le retrait.

a - La qualité des membres

La Meck Mutsamudu appartient à ses membres. Toute personne répondant aux critères d'adhésion définis à l'article 11 des statuts de la Meck Mutsamudu, peut devenir membre de ladite institution financière décentralisée et jouir des avantages liés à la qualité de membre, en respectant les règles y référant. La qualité du membre est constatée par l'inscription au registre des membres tenu au siège social de la Meck. Elle est signifiée par la création d'un compte de dépôt à vue au nom du membre, la délivrance d'un livret d'épargne et tout autre titre. Les membres coopérateurs disposent de manière démocratique du pouvoir dans la coopérative. Ils ont le droit de vote et de devenir dirigeant selon les termes et critères des conditions réglementaires et statut. La Meck Mutsamudu offre des services financiers et des crédits à ses membres.

b- Organigramme et fonctionnement de la Meck Mutsamudu

L'organigramme

GERANTE

CONTRELEUR
INTERNE

Adjoint
contreuleur
interne

SERVICE
COMPTABLE

(Comptable )

Caissier

Adjoint
Comptable

Caissier

Caissier

CAISSE

SERVICE CREDIT
(Chef de Service Crédit )

(Caissier PRINCIPAL

Agent de Credit et de

Recouvrement

Agent de Crédit et de

Recouvrement

Caissier

Caissier

Caissier

Caissier

Femme de ménage

SERVICE DE
SECURITE

(Chef de la sécurité )

Gardiens

( 02 )

Chauffeur

(02)

 

Agent de sécurité

Agent de sécurité

Agent de sécurité

38

Source : Meck Mutsamudu

39

Le Fonctionnement

La Meck Mutsamudu est destinée à toute personne, sans distinction de race, de politique ou de religion. Elle cible en particulier les populations à faible revenus n'ayant pas accès aux services financiers proposés par les banques classiques. Sa structure organisationnelle se compose essentiellement des organes suivants :

· L'assemblée Générale de la Meck Mutsamudu (AG)

L'AG est l'organe suprême de décision de la Meck Mutsamudu, elle se réunit une fois par an.

· Le Conseil d'Admiration de la Meck Mutsamudu (CA)

La Meck Mutsamudu est administré par un Conseil d'Administration. Il demeure un organe phare de la Meck. Il gère ladite institution en collaboration avec la gérante et, souvent comme cela est attesté par les PV des réunions du CA remis à la mission, assume la gestion quotidienne sans partage de pouvoirs et attributions.

· Les comités spécialisés

Le CA nomme en son sein des comités, dont l'un est destiné à superviser l'activité de crédit, et l'autre en charge de l'audit. Les membres de ces comités spécialisés se consacrent exclusivement aux travaux afférents à leurs comités, sans jamais (et ce, tout au long de leur mandats) prendre part aux travaux et/ou résolutions du Conseil d'Admiration.

· Le Comité de Contrôle

Ce comité de contrôle est composé de trois membres. Le comité est chargé de la surveillance de la régularité des opérations de la Meck et de contrôle de gestion. Il peut faire appel en tout temps aux services du contrôleur interne de la Meck et celui de la Direction Générale de l'Union afin d'effectuer une inspection de la Meck.

· Le Comité de Crédit

Le Comité de Crédit est le coeur de métier de la Meck. Le crédit constitue sa principale source de revenu. Il n'existe pas de procédure ou de charte sur le fonctionnent de ce comité.

· La Direction Exécutive

Le CA a la possibilité, après consultation du conseil de surveillance, de recruter et nommer, en dehors de ses membres, un directeur ou un directeur général qui doit être une personne physique. Sans limitation de mandat, la gérante assure la fonction exécutive depuis 2004. La direction est composé de :

Comptable

Il assure la gestion comptable, financière et budgétaire ainsi que le suivit du budget. Il assure le rapprochement bancaire. Il est directement rattaché à la gérante.

40

41

Caissier principal

Le caissier est chargé de superviser sous contrôle de la gérante les activités caissière. Il assiste les agents de crédit dans les décaissements de prêt. Il est chargé de la comptabilité de liquidité de sa caisse. Il est sous l'autorité de la gérante et assure son intérim en cas d'absence. Contrôleur permanent

Elle est sous la responsabilité hiérarchique du CA, à qui elle rend compte de ses activités. Il veille au respect de la disposition légale et règlementaire ainsi que des dispositifs et/ou politique de l'union des Meck et des partenaires.

2 - La mission

La mission de la Meck-Mutsamudu consiste à promouvoir des services financiers durables et accessibles à toutes les couches de la population, notamment les femmes et les jeunes. Cela en recevant leur épargne et en assurant la garde en vue de le faire fructifier ; en leur consentant du crédit dans les meilleures conditions ; en favorisant la solidarité et la coopération de ses membres. La vision de la Meck-Mutsamudu est d'être une organisation de proximité performante, socialement responsable, qui oeuvre pour un développement économique durable, en assurant l'inclusion financière de toutes les couches de la population afin de leur offrir de façon pérenne des services financiers inclusifs, diversifiés, modernes et de haute qualité.

3 - Les produits de la Meck Mutsamudu

La Meck Mutsamudu octroi des crédits aux personnes remplissant les conditions d'éligibilités. Ainsi, la première étape vers l'obtention d'un financement est la détention d'un compte au sein de l'institution depuis au moins trois mois pour tout type de prêt à l'exception des prêts sur gage qui peuvent être accordé immédiatement après l'ouverture du compte.

Toutefois, afin de financer les projets de ses membres, la Meck Mutsamudu accepte plusieurs types de garanties :

? L'épargne en or estimés à une valeur vénale en fonction de sa qualité

? Les hypothèques (à l'exception de la résidence principale)

? La caution solidaire.

La Meck Mutsamudu offre plusieurs types des prêts.

a- Le prêt Social

Comme son nom l'indique, le prêt social est un type d'emprunt destiné à aider les familles ou les personnes gagnant peu, que ce soit par un travail faiblement rémunéré ou par d'autres moyens, à réaliser des projets relatif à l'habitation, avec un taux fixe qui sera déterminé selon le revenu de chaque foyer. La Meck offre ce type de prêt à ses clients pour leur permettre de

construire, de renouveler ou bien d'agrandir leurs maisons. Il permet également à ses clients de financer les études de leurs enfants et aussi de répondre aux besoins personnels, familiaux ou communautaires. La rémunération du financement est fixée à un taux annuel de 10%.

b - Le prêt commercial

C'est un crédit commercial accordé à un commerce ou à une entreprise. C'est ce qui le différencie d'un crédit personnel, accordé aux particuliers. La Meck finance vos activités commerciales allant de 50000 à 30 millions KMF. Le taux annuel est de 10%. Le prêt sera disponible au plus tard 15 jours et remboursable entre 3 à 36 mois.

c - Le prêt sur gage

La Meck offre également de crédit sur gage. Le prêt sur gage est une forme alternative de prêt bancaire basée sur l'objet. Contre le dépôt d'un objet de valeur, un prêt est accordé immédiatement. En générale, l'or est le plus utilisé pour le prêt sur gage. Un financement de 300000 à 5 millions KMF est accordé le même jour en échange d'un objet de valeur.

d - Le prêt d'investissement

Le crédit à l'investissent est un crédit accordé par une banque à une entreprise, pour un usage bien défini. Il s'agit, pour l'entreprise, d'investir dans son outil de travail, par renouvellement du matériel destiné à ses lignes de production. Pour financer des investissements, la Meck Mutsamudu octroi du crédit de l'investissement de 50000 à 30 millions KMF. Plus tard 15 jours le prêt sera disponible. Le remboursement est à 3 à 60 mois avec un délai de grâce.

e - Le crédit agricole

Le crédit agricole est mise en place par la Meck Mutsamudu pour octroyer des prêts aux agriculteurs, éleveurs, bûcherons et globalement tous ceux produisant ou exploitant des matières premières agricoles. La Meck Mutsamudu donne à ses clients un montant de 50000 à 30 millions KMF. 15 jours plus tard, le prêt sera disponible. Ce type de prêt est utilisé pour l'achat des matérielles agricoles, des engrais, des insecticides, des semences ou bien l'achat d'un terrain destiné à l'agriculture. Pour bien mené son projet agricole à être rentable, on aura besoin d'un financement du crédit agricole : l'appui à l'agriculture notamment à la filière de girofle, l'appui aux entreprises agro-alimentaires et l'appui à la transformation et à la commercialisation de quelques cultures de rentes telles que (l'anacarde, le beurre de karité).

Les types de crédits que devrait octroyés par la Meck devraient être de deux ordres: le financement des besoins d'exploitation courante et le financement des besoins d'investissement.

42

Le financement des besoins d'exploitation courante

Ce type de crédit regroupe les crédits de trésorerie (facilités de caisse, découvert, etc.), les engagements par signatures (caution avance de démarrage, avals de traite, etc.), les crédits de campagne et les crédits de court terme pouvant aller jusqu'à trois ans.

Le financement des besoins d'investissement

Ce financement est relatif aux crédits à moyen et long terme pour l'investissement de biens productifs et durables. Ces crédits peuvent aller de trois (03) à dix (10) ans pour le moyen terme et plus de dix (10) ans pour le long terme.

III - Crédit - stockage et la gestion des risques

Pour gérer les risques de ce financement, la Meck doit utiliser principalement deux techniques : l'analyse de la demande de financement et le suivi des risques.

1 - L'analyse de la demande de financement

L'analyse de la demande de financement peut être différente selon le type de financement et selon les différents cas de figure (financement d'exploitation courante, crédit de campagne, financement d'investissement, etc.) mais, il existe une analyse commune basée sur les mêmes principes qui constituent un guide général.

Tout dossier doit débuter par une connaissance du client (le type d'organisation dont il s'agit, sa date de création, ses statuts de fonctionnement, l'objet social, les associés si c'est une société, etc.). Cette connaissance doit déboucher sur l'analyse du secteur d'activité: le poids de l'entreprise dans son secteur d'activité, dans l'activité économique du pays, de l'île, de la région ou de la ville, et ses perspectives de développement. Cette première analyse se termine en situant brièvement l'affaire dans le fonds de commerce de l'institution financière (importance de la relation soit par le niveau de concours, des commissions, des dépôts).

2 - L'analyse financière

Elle consiste à évaluer la solvabilité de l'entreprise (sa capacité à rembourser ses dettes et à supporter des pertes) et à apprécier sa rentabilité. L'analyse financière doit se baser principalement sur l'étude des états financiers récents. Pour être complète, l'analyse financière doit également faire l'examen des états prévisionnels (prévisions d'activité, projections financières).

a - L'analyse des engagements bancaires

Si le client a déjà bénéficié d'accompagnements financiers, une analyse des engagements bancaires doit être faite. Il faut indiquer le niveau d'autorisation et la nature des crédits dont

43

bénéficie le demandeur auprès des autres institutions financières, ainsi que la part du chiffre d'affaires confiée à la concurrence. La centrale des risques la plus récente doit être systématiquement consultée. Selon une règlementation de la BCC, la centrale des risques enregistre les prêts de toute nature octroyés dès lors que l'engagement dépasse un certain plafond défini par chaque IMF. A partir de ce seuil, les IMF peuvent connaître l'évolution de l'endettement global de leurs clients.

b - L'analyse des besoins réels du client

Cette analyse permet de rappeler dans le détail les raisons présidant à la présentation du dossier et qui expliquent le besoins de financement. S'il s'agit par exemple d'un financement à court terme, il doit pouvoir être appréciée en fonction du Chiffre d'Affaire, du besoin en fonds de roulement et du plan de trésorerie. S'il s'agit de financement d'investissement vérifié qu'il s'inscrit bien dans la logique du développement de l'entreprise.

44

Chapitre IV : Etudes perspectives sur l'offre de crédit-stockage

Notre étude vise à mettre en évidence les objectifs et les résultats escomptés. Ainsi, ce chapitre a pour but d'étudier la faisabilité du projet dans une approche analytique, et de présenter, en fin, les perspectives globales du projet.

I - La réalisation du projet

Le projet doit impérativement décliner ses aspects fondamentaux et définir le cadre logique pour qu'on puisse analyser les besoins réels de crédit-stockage.

1. Le cadre logique du projet

Notre projet vise à atteindre des objectifs essentiels et à réaliser des actions pour avoir les résultats escomptés. Le tableau suivant illustre le cadre logique du projet.

Tableau 5: Cadre logique de l'offre de crédit

Description

Résultats attendus

Indicateurs

L'objectif général

Mettre en place un système de CS à la Meck pour mieux

répondre à la demande de
financement

L'offre de crédit CS est

effective à Meck

-Les affiches publicitaires

-Nombre d'ouverture des
dossiers crédit

L'objectif spécifique 1

Utiliser le CS à la Meck

comme un moyen pour
accroître la part du crédit à l'agriculture

-Accroissement du volume de crédit agricole -Augmentation du nombre d'agriculteurs bénéficiaires du crédit à Meck

-Volume du crédit

durant la campagne de CS -Nombre d'agriculteurs bénéficiaires du crédit

L'objectif spécifique 2

Utiliser le CS à la Meck

comme un outil de gestion
du risque de crédit agricole

-Amélioration du taux de

remboursement

-Respect du délai exigé pour le remboursement

-Taux remboursement -Délai remboursement

Actions/Ressources

-Mise en place de l'équipe de coordination du CS -Déblocage des fonds pour l'octroi des prêts

-L'équipe est mise en place et les tâches bien spécifiées -Le déblocage des fonds est effectif

-Nombre total d'agents

mobilisés et les tâches
confiées par poste -Volume du crédit accordé

 

Source : impétrants

2. L'analyse de la demande

Elle va se faire à travers la présentation et l'interprétation des résultats de l'enquête. Ainsi, les résultats de l'enquête nous permettrons de déterminer le niveau d'attractivité du CS.

45

a - L'identification des OP

S'agissant de l'identification des OP, l'évaluation de la demande doit montrer clairement que le nombre des OP a nettement augmenté dans les cinq régions de l'île d'Anjouan. Les adhérant de ces OP doivent aussi augmenter de manière substantielle.

Cependant, ce qui est très intéressant à retenir est l'engouement pour ce CS. En effet, grâce à l'appui, les paysans, de toutes les régions, doivent bénéficier des différentes formations sur le CS, en matière de techniques agricoles et dans le domaine de la gestion. A l'issu de ces formations, ces paysans doivent disposer toutes les informations nécessaires sur la pratique du CS. C'est pour créer un climat de confiance, permettant la mise en place de nouvelles OP mais aussi une grande masse d'adhésion dans ces différentes OP.

b- Informations sur les OP et leurs activités

La Meck doit adopter une politique de proximité vigoureuse pour qu'elle soit sensiblement proche de ses clients potentiels. La distance ne doit pas constituer cependant pas un handicap pour ces derniers car ils trouvent que le CS est une solution de financement dans les investissements agricoles. Les clous de girofle sont les cultures produites les plus rentables et qui doivent être les plus utilisée dans le CS. Le prix de girofle lors de la campagne de stockage est à 2700 KMF le kilo gramme en juillet 2022. Il sera revendu lors du déstockage à 5500 KMF le kilo gramme.

Pour éviter toute formes des difficultés qui pourraient éventuellement surgir dans sa mise en oeuvre effective, le projet doit appuyer les paysans potentiels dans la construction des magasins en bonne et due forme afin d'éviter le déstockage prématuré. Les paysans doivent avoir des moyens de transport des produits jusqu'aux entrepôts. Ils doivent s'assurer de la disponibilité du matériel pour le pesage et le conditionnement des produits.

Tableau 6: Désir de prendre part au crédit stockage

Question

Réponses

Fréquence

Pourcentage

Prendriez-vous
part au système
du crédit
stockage(CS)?

Oui

21

84

Non

4

16

Total

25

100

Lors de nos enquêtes, sur 25 enquêtés, 21 soit 84% des paysans se sont prononcées pour prendre part au CS.

46

c- L'efficience de financement de la Meck

Nous avons effectué une enquête auprès des OP pour connaître l'institution financière le plus proche d'eux et ayant une bonne relation financière. Les résultats de cette enquête sont représentés dans le tableau ci-dessous

Tableau 7 : Institution financière ayant une bonne relation avec les paysans

Question

Réponse

Fréquence

Pourcentage

Selon vous quelle institution de micro finance est en relation financière avec vous?

Meck

19

76

Sanduk

6

24

Total

25

100

Source : impétrants

A l'issu des enquêtes effectués sur le terrain avec toutes les partie prenantes, il ressort que la Meck reste la principale institution financière avec laquelle les paysans ont toujours été en relation financière que ce soit dans le cadre du système de crédit, d'épargne ou de l'offre de produit supplémentaire notamment pour l'achat d'engrains. Mais dans une économie de marché, il est usuellement rentable de diversifier les partenaires financiers pour dynamiser la concurrence sur le marché des capitaux. Tant qu'une seule institution sera le seul partenaire financier dans la mise en oeuvre du CS, les OP peuvent être moins satisfaites des conditions tarifaires ainsi que de la qualité du service offert. Concernant les conditions tarifaires, l'insatisfaction réside particulièrement au niveau du montant des apports personnels à constituer (épargne nantie). En effet, pour les paysans potentiels, ce montant doit plutôt servir à diversifier des activités génératrices de revenu afin de diminuer le risque d'insolvabilité et d'augmenter la capacité de remboursement. Pour ce qui est de la qualité du service, le retard mis pour octroyer le crédit pourrait constituer une insatisfaction majeure.

Les enquêtes montrent que le montant du crédit sollicité par le secteur d'activité agricole varie généralement entre de 200 000 KMF et 6000 000 KMF. Ce montant dépend de la taille des activités et de la quantité des produits. Cependant, il arrive souvent que le crédit ne soit même pas accordé pour les raisons diversement appréciées. Compte tenu de l'engouement des paysans, les professionnels du secteur agricole interrogés estiment que la mise en place de ce type de crédit dans un cadre des OP pour accompagner les investissements agricoles serait

47

très satisfaisante même si l'institution est assez éloignée de la zone rurale. L'essentiel est qu'elle puisse répondre à leur besoin sans difficultés avec des conditions tarifaires plus avantageuses pour éviter les cas de surendettement, en sachant que le montant du crédit à solliciter auprès de l'institution ne peut cependant pas être précis car, il est fonction de la production récoltée et de la quantité à stockée.

d- L'utilité de crédit

Les résultats de l'enquête révèlent que les crédits accordés aux petits paysans (qui représentent 76% dans le secteur) ont toujours servis à entreprendre des activités génératrices de revenu. Les revenus issus de ces activités ont à leur tour servi au remboursement du crédit octroyé. Les AGR étant rentables, le taux de remboursement a toujours été de 100% avec une anticipation sur le délai de remboursement fixé. Dans le cas présent de notre étude, les résultats montrent que les recettes des ventes (lors du déstockage des produits agricoles) et une partie des revenus d'AGR n'ayant pas servi au remboursement seront utilisées pour préparer la nouvelle campagne pour l'achat des engrains, la location de tracteurs, l'achat de matériel de production et pour accroître la production. Une partie de l'excédent éventuellement restant, sera utilisé par les paysans pour les besoins de la famille et l'autre partie sera reversée dans un compte d'épargne.

e- L'impact du système de CS

Le crédit-stockage doit être très attractif car il pourra constituer une nette rentabilité pour les petits producteurs, en particulier. Par rapport à la fragilité de notre économie, due aux aléas climatiques, ce système montre qu'il peut répondre aux besoins des paysans tant sur l'amélioration de leurs revenus grâce aux AGR que sur l'amélioration de la production. Ces revenus ainsi que les recettes obtenues sur les ventes des produits de déstockage permettront l'achat des engrains, de louer ou d'acheter du matériel de production pour préparer la campagne à venir. Le fait même de pouvoir bénéficier de ce type de crédit encourage les producteurs à produire davantage pour pouvoir stocker. Les limites de ce système pourraient principalement situées sur l'insuffisance des magasins de stockage et sur l'insatisfaction par rapport au délai mis par l'institution financière pour verser les crédits. Pour l'efficacité de ce type de crédit, l'institution financière doit travailler sur un délai rapide dans le traitement des dossiers et de déblocage du crédit. Elle doit également fixer un montant symbolique pour l'apport personnel à constituer.

48

3 - L'analyse stratégique de l'environnement

L'analyse stratégique de l'environnement vise à analyser le paysage concurrentiel et à utiliser la méthode SWOT38 (Strenghs, Weaknesses, Opportunities, Threats) pour déterminer les forces et les faiblesses de l'institution financière à travers une analyse de l'environnement interne, les opportunités et les menaces pour l'institution et à travers une analyse de l'environnement externe.

a- L'analyse de la concurrence

Nous analysons les établissements financiers qui financent le CS de manière générale et de façon spécifique. Sur la base des informations contenues dans les documents exploités et obtenues lors des entretiens avec les personnes ressources, une première analyse du paysage concurrentiel à l'échelle régionale montre que les établissements financiers en concurrence sont au nombre de trois à savoir : la Meck, le SANDUK et l'Exim Bank. Une seconde analyse plus restrictive du paysage concurrentiel et portant principalement sur le choix de notre échantillon (les cinq régions choisies pour pratiquer le CS), montre que notre concurrent direct le plus compétitif est la Meck qui a un réseau d'agence très large couvrant toute l'île d'Anjouan avec 2/3 en milieu rural.

b. L'analyse de l'environnement interne

Pour la mise en place du projet de CS, nos entretiens avec certains agents des institutions financières (gestionnaires de compte, directeurs d'agence et agent de crédit) nous a permis de décliner les principales forces et faiblesses suivantes :

Les forces

Nous pouvons énumérer les forces suivantes :

- Une des premières forces que nous pouvons citer, est que la Meck ait une assise financière confortable. Elle dispose des fonds nécessaires pour le financement du CS. Le total de ses ressources financières augmente à un rythme annuel de 26% en moyenne. Le total des crédits octroyés augmente à un rythme annuel de 32% en moyenne.

- L'ouverture des différentes agences de service de la Meck dans les différentes régions de l'île d'Anjouan. Cette politique de proximité constitue un point positif pour un rapprochement progressif de la clientèle cible (les paysans).

38 La méthode SWOT est un outil de stratégie d'entreprise permettant de prendre des décisions d'une action future

49

- La Meck a une expérience avec les crédits octroyés aux paysans dans leurs petites exploitations quotidiennes d'agriculture. C'est un avantage dans la mesure où la Meck connait déjà comment ces individus s'organisent dans leurs structures individuelles de fonctionnement. Ce qui contribuera également à faciliter, les relations avec les OP lors de la mise en place du CS.

- Les conditions d'octroi de crédit au niveau de la Meck sont toujours les même : taux d'intérêt appliqué, apport personnel ou nantissement de l'épargne, caution solidaire, frais de dossiers, etc...

Les faiblesses

On peut citer :

- Le manque d'agents qualifiés dans le domaine agricole. il est ressorti de nos entretiens, que la Meck accordait des prêts aux petits exploitants agricoles, mais ces agents n'ont jamais reçu de formation dans le domaine agricole. Ces prêts sont analysés de façon ordinaire comme les prêts accordés au secteur des services et de l'industrie sans tenir compte de la particularité du secteur agricole.

- Le CS est une technique non connue par les agents de la Meck

- Le manque d'agences en milieu rural : la Meck a des agences dans les différentes régions mais reste encore éloignée des Paysans potentiels. En effet, ses différentes agences sont plutôt situées plus en villes qu'en milieu rural.

c. L'analyse de l'environnement externe

Ici, nous allons voir les opportunités et les menaces éventuellement possibles dans le cas du crédit-stockage.

Les opportunités

L'analyse de l'environnement externe permet de retenir plusieurs opportunités :

- Opportunité 1: les OP concernées par notre étude, pour la promotion du CS sont situées dans les cinq régions de l'île d'Anjouan39, ce qui nous donne un plus large choix pour le positionnement ;

- Opportunité 2: parmi les cinq régions choisies, trois régions sont des zones excédentaires. Elles sont favorables pour pratiquer le CS. Ces zones excédentaires permettent de récolter en abondance pour la constitution des stocks de girofle qui seront utilisés dans le CS.

39 Mutsamudu, Domoni, Ouani, Sima, Nioumakélé

50

- Opportunité 3: la mise en place des OP, avec des structures organisationnelles dans le mode fonctionnement, va faciliter la transparence des informations sur les OP et leurs membres. Elle va permettre aussi de réduire en quelque sorte les distances entre les OP demandeurs de financement et les institutions financières.

- Opportunité 4: le faite que les OP puissent bénéficier des formations pour l'institution financière ;

- Opportunité 5 : Il semble a priori que le CS est un produit attractif. Nous le déduisons à travers l'analyse des données sur l'évolution du CS au Burkina Faso mais, c'est l'analyse des résultats de l'enquête (analyse du besoin) qui va nous permettre davantage de le confirmer.

Les menaces

Concernant les menaces auxquelles on devra y faire face, nous avons :

- Menace 1 : C'est l'environnement concurrentiel, si d'autres institutions financières de sur place compte s'accaparer du marché et renforcer le financement du secteur agricole par le CS, même si la Meck capitalise une certaine expérience dans le financement du secteur agricole.

- Menaces 2 : un climat défavorable est une menace pour la réussite de ce projet. En effet, l'une des conditions pour réaliser le CS est la constitution des stocks de produits agricoles. Or, si nous avons une pluviométrie déficitaire, on aura moins de stocks, ce qui signifie moins de crédits à octroyer donc moins de produits bancaires à encaisser.

- Menaces 3 : l'insuffisance des magasins ou le manque de magasins appropriés.

- Les services d'assurance, pour couvrir éventuellement une perte de stock en cas de sinistres, sont quasiment inexistants dans l'île d'Anjouan.

Nous pouvons résumer notre analyse stratégique de l'environnement à travers la méthode SWOT dans le tableau suivant.

51

52

53

54

Tableau 8: Matrice de l'analyse de l'environnement

Les forces de la Meck

Les faiblesses de la Meck

-Bonne assise financière;

-Présence d'agence dans toute l'île d'Anjouan; -Expérience déjà acquise avec les Paysans dans le secteur de l'agriculture;

-Crédits octroyés pour le financement des AGR;

-Conditions d'octroi du crédit CS (sauf le nantissement des stocks des produits sont déjà

connues). Et le taux d'intérêt reste
pratiquement le même.

-non maîtrise du secteur agricole;

-CS non connu;

-Pas d'agences en milieu rural;

-Difficultés pour assurer le contrôle des magasins de stock (principe du triples cadenas).

Les opportunités

Les menaces

-L'échantillon d'étude choisi, nous donne un plus large choix pour le positionnement;

- Trois régions excédentaires favorables à la pratique du CS;

-La Meck dispose déjà une expérience dans le domaine de l'agriculture avec les paysans -le CS a priori est un produit attractif.

-D'autres institution financières, sont des concurrents directs de taille qui envisagent d'accroître sa part de marché;

-Les conditions climatiques;

-Le manque ou l'insuffisance de magasins; -Absence de produits d'assurance pour couvrir la perte des stocks en cas de sinistre

Source : impétrants

Après l'analyse stratégique de l'environnement pour la mise en place de notre projet, nous allons à présent passer aux aspects commerciaux, organisationnels et financiers du projet. 4. Les aspects commerciaux, organisationnels et financiers du projet a- La politique de ciblage

La population cible de notre étude est l'ensemble des paysans, structurés en OP. Cependant, pour une première expérience du CS, nous allons choisir une seule OP avec laquelle nous allons travailler. Ainsi, pour trois principales raisons que nous allons détailler ci-dessous, nous avons retenu l'OP de la région de Nioumakélé (RN) pour l'offre du crédit CS.

.

L'OP de la RN compte 114 membres producteurs. Les trois raisons qui nous ont incitées à retenir cette RN sont les suivantes :

- La RN est une zone excédentaire en produits de girofle.

- La RN est une zone très prisée pour l'achat de girofle selon les enquêtes effectuées. Du fait de la production en quantité et en qualité des produits de rente, cette zone attire beaucoup d'acheteurs venant de diverses régions des Comores. Cette forte demande représente donc un avantage pour le OP mais aussi pour l'institution financière dans la mesure où même en cas de non remboursement du crédit, la banque pourra se faire rapidement rembourser en revendant les stocks pris en garantie.

- L'OP de RN a une préférence pour le remboursement mensuel du crédit. En effet, dans la RN, les AGR sont diversifiées et très rentables pour les producteurs, ce qui leur permet d'avoir des revenus qui leur donne la possibilité de rembourser au fur et à mesure le crédit obtenu. Pour une première expérience il serait donc intéressant pour l'institution financière de se faire rembourser mensuellement et de minimiser le risque de défaut de paiement.

b- La politique du produit et du prix

Le lancement du produit

Nous avons lancé le produit et la campagne du CS en 2022, selon le chronogramme suivant:

Tableau 9: Chronogramme de mise en oeuvre du CS

Période

Activités

Janvier 2022

-Prise de contact avec le projet

Février 2022

Signature d'une convention avec l'institution financière pour la promotion du warrantage

Mars 2022

Organisation de deux rencontres avec le représentant de l'OP de la RN et les représentants des comités de gestion de chaque OP, pour une prise de contact des échanges sur la mise en place du CS

Mars jusqu'au mois de juin 2022

Campagne de communication, de sensibilisation et de formation sur le CS pour les pour les paysans

Octobre et Nombre 2022

Récoltes, stockage et expression du besoin de

financement au plus tard en mi-novembre

Mi-novembre, fin Nombre 2022

Analyse des dossiers pour le déblocage rapide des fonds.

Début décembre 2022

Déblocage des fonds

Janvier 2023 au Mai 2023

Suivi et vérification des stocks en magasins

Mai - Juin 2023

le dénouement de l'opération

Source : impétrants

Puisque la potentialité de la clientèle se trouve en milieu rural, la communication ne demande pas de grandes campagnes publicitaires (utilisation des grands médias comme la télé, etc.). Il va falloir tout simplement procéder à des animations commerciales, à la distribution de prospectus et d'offre de gadgets, au passage de spots publicitaires en utilisant la radio locale qui est la plus écoutée.

b- La politique de prix

Etant donné qu'il s'agit de signer une convention entre l'UOP40 et les Meck de base, le projet sera compétitif de revoir en baisse la grille tarifaire. Cependant, pour avoir un avantage sur les autres institutions financières concurrentes, le projet préconise de baisser le taux exigé pour l'apport personnel. Le taux retenu ne doit pas excéder 4% du crédit d'investissement.

40 Union des Organisation des Paysans

Les frais de gestion seront de 3500 KMF par OP. Les frais de demande seront gratuits, la première année du projet.

c- La coordination du crédit-stockage

Pour l'organisation et la coordination du CS dans les Meck, l'équipe de la coordination sera constituée par les agents de l'agence dont les tâches doivent être réparties comme suit : - La réception des dossiers de crédit et leur analyse seront assurées par le gérant d'agence. Il doit également travailler à ce que le crédit soit accordé dans les meilleurs.

- Quand le crédit sera accordé, le caissier doit procéder au paiement sur place.

- Pour le contrôle des magasins de stockage (selon le principe du triple cadenas qui veut que l'institution financière aille aussi une clé pour assurer le contrôle), un spécialiste dans le domaine sera recruté. Il aura donc pour obligation d'assumer cette tâche mais aussi de rendre compte au gérant d'agence à chaque contrôle. Un rapport de contrôle sera demandé ainsi que des prises de photo de l'intérieur des magasins.

- L'animation commerciale sera assurée par un agent recruté temporairement sur la période bien définie. L'animation sera organisée en langue comorienne et française sur les places choisies par les OP.

- En cas de non remboursement du crédit, afin de se faire rembourser sur la vente des produits stockés, le gérant d'agence, le caissier, le contrôleur des magasins et le représentant de l'UOP assumeront cette tâche.

d- La mise en place d'un système de contrôle

Pour permettre un meilleur contrôle et suivi des activités du CS, un tableau de bord sera mis en place pour permettre de faire des projections futures.

Tableau 10 : tableau de bord pour le suivi des activités du CS

Objectifs

Prévision

Réalisation

Ecart

Causes

Solutions

Délai pour accorder le crédit

Début Janvier

 
 
 
 

Montant minimum du crédit

500000 KMF

 
 
 
 

Taux de remboursement

100%

 
 
 
 

Respect du calendrier de Remboursement

Chaque le 25 du mois

 
 
 
 

Revenus sur les AGR menés par chaque paysan

Au moins égal

à 100% du
crédit obtenu

 
 
 
 

Marge bénéficiaire (produit net)

10% du total

 
 
 
 

e - Estimation des charges liées aux activités de lancement du produit

Les charges estimées pour les activités de lancement de l'offre du CS sont illustrées dans le tableau suivant :

Tableau 11 : Estimation des charges liées aux activités de mise en place du CS

Intitulés /charges

Quantités

Montants en KMF

Frais de fonctionnement

(déplacement, organisation rencontres, téléphone)

 

300000

Frais publicitaire

 
 

Confection gadgets

180

450 000

Spot publicitaire radio

20 fois

125 000

Charges personnelle

 
 

Rémunération animateur

4

120 000

Rémunération contrôleur magasins

 

170 000

Total charges

 

865 000

II - Les perspectives de l'offre du crédit-stockage

Cette partie de notre étude a pour but de mettre d'abord en exergue, les perspectives du CS pour les paysans. Ensuite, nous dégagerons son apport pour l'institution financière concernée par cette étude et enfin son apport au niveau national.

1 - Les perspectives pour les paysans

Le problème des agriculteurs demeure une préoccupation majeure dans l'île d'Anjouan

d'autant plus que son économie est considéré comme agricole. L'offre de CS octroyé par la

Meck doit donner aux agriculteurs les possibilités suivantes:

- une augmentation de l'offre de financement.

- une amélioration de la production des produits de rente en quantité et en qualité

- une amélioration de leurs revenus.

- un accès aux services des Meck : en ouvrant des comptes pour accéder au crédit, d'autres

services financiers pourront leur être proposés par la suite.

- le développement d'une culture de l'épargne: grâce à l'amélioration des revenus et

à l'ouverture des comptes, les agriculteurs vont de plus en plus apprendre à épargner.

- la possibilité d'étendre le CS à d'autres cultures si de nouvelles techniques de stockage sont

mises en place.

2 - Les perspectives pour la Meck

- Une amélioration du volume de crédit et des produits financier.

- Une opportunité pour la Meck de financer la production des cultures des rentes tout en réduisant le risque de non remboursement ainsi que les coûts de transactions.

- Une épargne rurale à capter : l'amélioration des revenus des paysans, est une opportunité pour la Meck de sensibiliser les paysans à épargner.

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- Une opportunité de développer de nouveaux services adaptés aux petits producteurs.

3 - Les perspectives au niveau national

Tout d'abord, l'offre du CS par les Meck de base (voire par l'ensemble des banques commerciales des Comores), pourrait impacté le gouvernement par le canal des indicateurs nationaux :

- Une augmentation du taux de bancarisation : l'offre de CS va contribuer à accroître le taux de bancarisation au niveau national car l'une des conditions d'octroi du crédit aux paysans est l'ouverture d'un compte dans la banque octroyant de prêt.

- Une réduction de la pauvreté : le CS va inciter les agriculteurs à accroître la production au niveau national ce qui va améliorer la sécurité alimentaire. D'autre part, les prêts obtenus des Meck vont beaucoup contribuer à les extirper du cercle vicieux économique en améliorant leurs revenus, donc à réduire la pauvreté au niveau rural ce qui sera bénéfique pour l'Etat.

- La baisse de l'exode rurale: en donnant la possibilité aux paysans d'accéder au crédit par le CS et de mener des AGR. Cela contribue à dissuader les jeunes d'aller chercher de l'emploi en ville.

- Une augmentation des recettes fiscales : le succès de la mise en oeuvre du CS par les Meck contribue à augmenter son produit net financier. Il en résultera donc des recettes fiscales pour le gouvernement.

Ensuite, pour les années à venir, l'intéressement des banques au système des CS, devra encourager le gouvernement à multiplier les initiatives pour trouver de nouveaux mécanismes de financement qui pourra toucher toutes les filières agricoles. Enfin, au lieu de créer une banque agricole, le gouvernement comorien, pourra encourager les banques commerciales qui ont un portefeuille diversifié (donc un risque de faillite moindre) à créer en leur sein des départements « projets agricoles ».

56

CONCLUSION GENERALE

L'objectif de ce travail de fin d'étude est d'analyser le financement agricole par l'offre de crédit-stockage dans les Mecks de base. L'idée principale est, plus précisément, de proposer un produit financier qui pourra permettre à la Meck de répondre au mieux à la demande de financement agricole tout en assurant une gestion optimale du risque de non remboursement.

Tout au long de cette étude, nous avons tenté de définir quelques concepts relatifs au CS et au risque agricole (chapitre I) et de présenter une revue de littérature théorique et empirique sur la pratique du CS (chapitre II). Au terme de cette première partie de notre étude, à travers la revue de la littérature théorique et empirique, nous avons appris que le CS est vu comme une solution au problème de financement des agriculteurs et particulièrement des petits agriculteurs qui sont d'ailleurs plus nombreux. Au Comores, le système du CS n'est jamais pratiqué. Certains prêts accordés par les institutions financières aux petits paysans restent très marginaux car le montant alloué reste marginal, à hauteur de 2% du total de leurs portefeuilles de crédit. Il serait donc intéressant que les institutions financières, à l'instar de la Meck, aient une assise financière plus importante dans leur engagement de financer les investissements agricoles. D'où l'intérêt de la deuxième partie de notre travail que nous avons eu à présenter.

Cette recherche consiste à présenter le projet d'étude sur l'offre de crédit-stockage à la Meck. A la fin de cette étude, les résultats de nos analyses révèlent, qu'en utilisant le système de CS, la Meck pourra améliorer son offre de financement agricole. Les perspectives montrent également que la Meck pourra capter une épargne rurale et développer de nouveaux produits adaptés aux paysans. Quant aux perspectives pour les paysans, nous retiendrons principalement l'amélioration de la production en quantité et en qualité, le développement de la culture de l'épargne, la possibilité pour les paysans de devenir de grands producteurs. Cependant, cet instrument financier présente des insuffisances à savoir que le CS reste un crédit de court terme; il exige des productions susceptibles d'être stockées sans dommage et des infrastructures de stockage en quantité et en qualité; il existe un risque de perte des stocks de marchandises gagées en cas de sinistre.

57

Au niveau des perspectives, nous avons aussi relevé que le gouvernement devrait être un catalyseur dans le développement des instruments financiers adaptés pour accompagner le secteur agricole. Ceci étant, au lieu de créer une banque agricole aux Comores, ne serait-il pas opportun pour le gouvernement de prendre plutôt des mesures incitatives pour que les banques classiques (qui ont un portefeuille largement diversifié) appuient le développement des filières agricoles ? Puisque une des causes de la fermeture des banques de développement agricole dans le passé a été qu'elles n'offraient principalement qu'un seul produit bancaire qui est le prêt agricole. Pour terminer la conclusion de notre étude, il convient d'évoquer qu'elle comporte quelques limites. D'abord, l'outil utilisé dans la collecte des données (le téléphone), ne nous a pas permis de recueillir 100% des informations souhaitées. Ensuite, le devoir de la confidentialité auquel nous sommes tenus, nous a limités dans la possibilité de présenter dans les détails les conditions tarifaires de la Meck afin de faire une comparaison approfondie entre les différents produits financiers existants.

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BIBLIOGRAPHIE

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GHAEL M, 2011 «Micro finance et système bancaire classique du prêt agricole», Tunis, 2011, Vol26,

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59

Plan Comores Emergent à l'horizon 2030

PNUD : Paragramme d'appui à la finance inclusive en Union des Comores

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www.banque-comores.km www.lamicrofinance.org www.u-meck.org www.theses.recherches.auf.mg www.km.undp.org.projects

60

ANNEXE

Annexe 1: Présentation d'un magasin de stockage vu de l'intérieur

61

ANNEXE 2: Tableau récapitulatif des critères d'identification des OP

Reconnue officiellement, avec un statut, un règlement intérieur. Ces documents font partie du dossier de demande de crédit;

Informée et formée sur les principes, les règles et la technique de crédit-stockage ;

A mesure de constituer un stock suffisant de produits agricoles, de posséder les bonnes techniques de conservation, de disposer de produits de bonne qualité dont le prix est à mesure d'augmenter avec le temps;

A mesure de prouver qu'elle dispose d'une capacité technique de traitement et d'entreposage des produits pour la conservation;

Capable de prouver qu'elle a une bonne connaissance des évolutions probables des prix des produits agricoles en toutes saisons;

A mesure de disposer d'un magasin approprié (sain et sûr) pour l'entreposage et la conservation du stock de garantie;

A mesure de disposer de capacités propres de financement et/ou est éligible à un financement d'une IMF et/ou d'une banque ;

A mesure de disposer d'une capacité de préparation et d'organisation pour prévenir l'IMF, 1 à 3 mois à l'avance, de son intention de demander un crédit-stockage;

A mesure de prouver qu'elle dispose d'une bonne cohésion sociale et qu'elle fait preuve de bonne gestion coopérative : cela peut être un atout améliorant la confiance de l'IMF vis-à-vis de l'OPA ;

A mesure de prouver l'existence d'un règlement intérieur sur le crédit-stockage, manuel de conduite opérationnelle du crédit-stockage;

A mesure d'attester qu'elle dispose d'une bonne culture de remboursement des crédits.

Il est à remarquer la prédominance des clous d girofle comme produits à stocker.

62

Tableau de matière

LISTE DES FIGURES II

LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES IV

AVANT- PROPOS V

REMERCIEMENT VI

INTRODUCTION GENERALE 1

I - Etudes empiriques et prospectives des Comores 2

A - Description de l'île d'Anjouan 3

1 - Caractère physique 4

2 - Situation climatique 5

3 - Contexte démographique 5

B - Environnement économique de l'île d'Anjouan 7

1 - Analyse macroéconomique 8

2 - Economie de base 9

II - Cadre général de l'étude 10

A - Contexte de l'étude 11

1 - Problématique 11

2 - Les questions de recherche 13

B - Les objectifs de l'étude : 13

1 - L'objectif général 13

2 - Les objectifs spécifiques 13

C - La démarche de l'étude 14

PREMIERE PARTIE 15

Chapitre I : Analyse théorique sur le crédit-stockage 16

I - Définition 16

1 - Production de stockage 16

2 - Financement agricole 16

II - Le principe de l'opération et des risques 17

63

1 - Les risques du crédit-stockage 17

2 - Les risques agricoles 17

III - L'approche théorique du marché financier 18

1 - Les coûts de transaction 19

2 - L'asymétrie d'information 19

IV - Cadre général de financement agricole 20

1 - gestion des risques 20

2 - La garantie bancaire 21

CHAPITRE II : Conception et organisation de crédit stockage 22

I - Le processus de crédit-stockage 22

1 - L'approche théorique 22

2 - La mise en place de crédit-stockage 23

a - Cadre général pour le fonctionnement 23

b - Les étapes de l'opération 24

II - les enjeux économiques et financiers 25

1 - Les avantages de crédit-stockage 25

2 - Les limites de crédit-stockage 26

III - Cas pratiques pour les petits producteurs d'Anjouan 27

1. Contexte économique et financier 28

2 - Description technique 29

DEUXIEME PARTIE 32

Chapitre III : Etude analytique d'un prêt agricole à la Meck 33

I - La méthodologie de l'étude 33

1. L'Etude préliminaire 33

2 - La recherche bibliographique et les entretiens 33

3 - Définition de la population et de l'échantillon 34

a- La population à enquêter 34

64

b - La taille de l'échantillon retenu 35

4 - Choix de la population et de l'échantillon 35

a- La pertinence du projet 35

b - L'accompagnement des OP 35

b- Organigramme et fonctionnement de la Meck Mutsamudu 38

2 - La mission 40

a- Le prêt Social 40

b - Le prêt commercial 41

c - Le prêt sur gage 41

d - Le prêt d'investissement 41

e - Le crédit agricole 41

III - Crédit - stockage et la gestion des risques 42

1 - L'analyse de la demande de financement 42

2 - L'analyse financière 42

a - L'analyse des engagements bancaires 42

b - L'analyse des besoins réels du client 43

Chapitre IV : Etudes perspectives sur l'offre de crédit-stockage 44

I - La réalisation du projet 44

1. Le cadre logique du projet 44

2. L'analyse de la demande 44

a - L'identification des OP 45

b- Informations sur les OP et leurs activités 45

c- L'efficience de financement de la Meck 46

d- L'utilité de crédit 47

e- L'impact du système de CS 47

3 - L'analyse stratégique de l'environnement 48

a- L'analyse de la concurrence 48

b.

65

L'analyse de l'environnement interne 48

c. L'analyse de l'environnement externe 49

4. Les aspects commerciaux, organisationnels et financiers du projet 51

a- La politique de ciblage 51

b- La politique du produit et du prix 52

b- La politique de prix 52

c- La coordination du crédit-stockage 53

d- La mise en place d'un système de contrôle 53

e - Estimation des charges liées aux activités de lancement du produit 53

II - Les perspectives de l'offre du crédit-stockage 54

1 - Les perspectives pour les paysans 54

2 - Les perspectives pour la Meck 54

3 - Les perspectives au niveau national 55

CONCLUSION GENERALE 56

BIBLIOGRAPHIE 58

ANNEXE 60

Tableau de matière 62






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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire