B- Option plantation individuelle en propre compte :
Elle cible des parcelles non litigieuses dont la jouissance
est reconnue par la communauté pastorale à ceux qui les
exploitent. Cette démarche dite participative, consiste à fournir
aux agropasteurs les plants fourragers, ces derniers assurent la plantation et
son entretien. Cette opération permet l'implication des
agro-éleveurs dans la régénération et la
conservation des parcours dégradés. L'Atriplexe est la plante la
plus utilisée dans cette opération et surtout l'Atriplexe
halimus. Dans notre zone d'étude cette opération a touchée
une superficie de 268 ha réalisée par les
agro-éleveurs.
Les résultats de l'enquête menée dans la
commune de Zaafrane, ont montré que les projets en matière de
protection et d'amélioration des ressources fourragères ont eu
incontestablement un effet positif en l'occurrence pour les plantations
pastorales. La réalisation de ces derniers, qui ont comme objectif
principal d'augmenter la production fourragère en vue de
décongestionner les parcours de notre région d'étude par
la fourniture d'une alimentation de bétail qui est moins
dépendante des fluctuations pluviométriques tout en procurant une
biomasse sur pied régulière tout au long de l'année, a
provoqué une vraie révolution dans les attitudes des
éleveurs qui ont, en effet, accepté l'idée des techniques
d'aménagements basées sur les plantations pastorales. On note ici
que nos enquêtes été basées principalement sur les
périmètres communaux. L'analyse de ces dernières indique
que les éleveurs au travers de leurs expériences basées
sur l'observation et le savoir faire local, ont préféré
les arbustes fourragers suivants : l'Atriplexe canescens,l' Atriplexe
leucoclada, et le Medicago arborea.
En ce qui concerne l'exploitation des périmètres
aménagés à base de plantations pastorales, il ressort des
enquêtes et des entretiens avec les éleveurs de notre
région d'étude que les périodes d'exploitation des
plantations pastorales sont relativement connues. Mais il est toutefois a noter
que les niveaux d'informations sont différents concernant les
usagers.
De par leurs situations vis-à-vis de ces
périmètres aménagés, les éleveurs
habitués à la location et à l'utilisation des plantations
pastorales dans l'alimentation de leurs animaux, suivi des éleveurs
habitant à proximité et en fin les gardiens des
périmètres sont les plus informés des périodes
d'exploitation, mais surtout des procédures administratives
nécessaires pour la location. Cette catégorie d'éleveurs
représente seulement 6 % (3/50) de l'ensemble de notre
échantillon. La diminution des ressources fourragères
conjuguées à la montée de l'individualisme et à
l'analphabétisme, expliquent les différences qui existent entre
les éleveurs de la commune de Zaafrane en matière d'information
relative à l'exploitation des ressources. En effet, 94 % (47/50) des
enquêtés ont déclaré que l'absence de contrat entre
les autorités locales chargées de la location en l'occurrence
l'APC de la commune de notre région d'étude et les
éleveurs, semble constituer une contrainte majeure pour la diffusion de
l'information.
89
Encadré N° 02 : Mode d'exploitations des
périmètres fourragers
La procédure administrative pour la location des
périmètres aménagés est la suivante :
Les éleveurs de la commune font une demande
verbale au maire pour louer les périmètres aménagés
que ce soit plantation pastorale ou mise en défens. A son tour, le maire
fait une demande manuscrite pour l'ouverture à l'exploitation d'un
périmètre désignée au haut commissariat au
développement de la steppe.
Une équipe formée d'ingénieurs et
techniciens de différent organismes (HCDS, DSA et DGF) sera
appelée a faire un état du lieu concernant ce
périmètre qui a été demandé pour
l'exploitation. Les ingénieurs font un rapport détaillé
après un diagnostic de terrain : « un rapport d'évaluation
ou un procès verbal de constatation d'un périmètre
aménagé (voir annexe N° : 07) » qui englobe :
l'état du développement de la végétation dans ce
parcours, la capacité de charge qui peut supporter le parcours : «
nombre de tête par hectare selon l'unité fourragère qui
peut l'offrir le périmètre aménagé ». D'une
façon générale, le périmètre n'est pas
ouvert à l'exploitation tant qu'il n'a pas atteint les limites entre les
300 à 400 UF / ha ».
En se basant sur ce rapport, le haut commissaire au
développement de la steppe fait une demande d'ouverture à la
location de ce périmètre en question qui sera destinée au
wali. Ce dernier fait à son tour une décision d'ouverture d'un
périmètre aménagé (voir annexe N° : 08) qui
sera envoyée au haut commissaire au développement de la steppe et
au maire de la commune concernée par cette offre. Cette décision
sera affichée à la mairie, les éleveurs font une
deuxième demande mais cette fois a travers des imprimés pour
déterminer les superficies souhaitées à la location qui
sont fixées à un prix de 1000 Da /ha concernant les
périmètres mis en défens, et 2000 Da / ha concernant les
périmètres de plantation pastorales. Une fiche de paiement sera
remise à l'éleveur qui déterminera le montant à
payer.
L'éleveur se dirige accompagné de cette
fiche aux services du domaine pour réglé ce montant selon la loi
N° : 92 du code fiscal 1997 qui détermine les droits de service du
domaine ainsi que les autorités locales de la wilaya. Une copie du
reçu de paiement sera donnée au service de la mairie. Une liste
qui porte les noms des éleveurs qui ont payés le loyer et les
superficies demandées sera faite par ce dernier service.
Un rendez vous sera fixé sur terrain par un
représentant de la mairie, un ingénieur du haut commissariat au
développement de la steppe, un topographe et les éleveurs
concernés pour délimité la superficie louée de
chaque éleveur.
Cette procédure s'effectue deux fois par an :
la première fois en automne pour une durée de location de 3 mois
« septembre, octobre, novembre », et la deuxième fois en
printemps pour une durée de location de deux mois « avril et mai
» (nos enquêtes 2012)
90
Les éleveurs sédentaires appartenant à la
tribu autochtone de la commune de Zaafrane (la tribu d'Ouled si Ahmed),
réclament l'exclusivité concernant l'exploitation des
périmètres des plantations pastorales. Ils refusent
catégoriquement l'exploitation de ces ressources fourragères par
d'autres éleveurs appartenant à d'autres communautés.
Cette situation, et la faible disponibilité des superficies
aménagées au niveau de la commune génèrent souvent
des conflits sous deux formes différentes :
- Soit entre éleveurs : qui se manifestent surtout
entre les utilisateurs des plantations pastorales et la population qui habite
à proximité de ces derniers.
- Soit entre les autorités locales et les
éleveurs : ce genre de conflit se passe souvent entre les
autorités locales et les éleveurs qui ne
bénéficiant pas de location, ou ceux qui réclament leurs
droits de propriété sur les périmètres
aménagés. Cette constatation est un indicateur de
l'adhésion de la population locale à la politique
d'aménagements des parcours steppiques adopté par le haut
commissariat au développement de la steppe de la wilaya de Djelfa au
niveau de la commune de Zaafrane, étant donné que
l'éleveur reconnait aujourd'hui l'utilité de telles restaurations
des parcours.
Les éleveurs transhumants de notre région
d'étude ont d'autres contraintes vis-à-vis de l'exploitation des
plantations pastorales de la commune telles que : le prix des locations des
périmètres aménagés qui est selon eux très
élevé, car ils sont plutôt habitués à des
exploitations gratuites des ressources fourragères
particulièrement celles provenant des parcours communaux non
aménagés. La période d'exploitation qui coïncide
souvent avec leurs départs en transhumance est une autre forme
d'handicap vis-à-vis du profit de ces périmètres. Nos
enquêtés transhumants s'appuient sur leur expériences pour
choisir l'endroit pour lequel leur déplacement sera effectué, car
un mauvais choix peut conduire l'agent à perdre son cheptel. Dans le cas
où la concurrence est très forte sur un pâturage, la
durée de prise de décision pour la transhumance est comprise
entre une semaine et un mois, alors que la mauvaise qualité de
pâturage fait allonger cette durée pour atteindre dans certains
cas deux mois. Lorsqu'il s'agit d'un pâturage
rémunéré, le temps de la prise de décision pour la
transhumance s'étale d'une semaine jusqu'à 2 à 3 mois. Par
contre, si l'accès est gratuit l'agent économique transhumant ne
prend pas un temps pour réfléchir, son seul souci dans ce cas
sera d'arriver sur le pâturage le plutôt possible.
Selon la déclaration des responsables des
aménagements pastoraux de la commune de Zaafrane dans le haut
commissariat au développement de la steppe de la wilaya de Djelfa, lors
de la réalisation des entretiens avec eux, les parcours plantés
d'Atriplex dans notre région d'étude ont montré une nette
amélioration de la production passant de 60 UF/ha à plus de 600
UF/ha. La productivité d'un hectare d'Atriplex dans la commune de
Zaafrane qui est plantée à 625 arbustes par hectare et ayant une
productivité moyenne de 2 kg matière sèche consommable par
arbuste assurera 833 jours de pâturage, ce qui est l'équivalent de
2,3 brebis par hectare par an, ou 28 brebis par hectare durant un mois de
pâturage. En effet, la valeur fourragère du feuillage d'Atriplex
est en moyenne de 0,5 UF/ Kg de matière sèche et de 16 % de
protéines brutes très digestible. La productivité moyenne
dans notre zone d'étude est alors de 625 UF et 20 Kg de production brut
par hectare.
Sur la base de l'analyse des données de
l'enquête, 80 % (40/50) des éleveurs ont confirmé
l'amélioration des disponibilités fourragères dans notre
région d'étude particulièrement au moment de l'optimum de
la production des parcours de la commune et même pendant ses niveaux les
plus faibles de l'année, ce qui a mené selon eux à une
réduction des coûts de l'alimentation animale d'une façon
générale. Comparé aux dépenses due à la
supplémentation des animaux à base d'aliments concentrés
(orge, maïs, son), le coût de l'unité fourragère est
passé de 20 Da à 5 Da soit une réduction de 75 %, cela est
principalement dû à l'utilisation des parcours
aménagés d'Atriplex pendant la période des soudures.
Cependant, 20 % (10/50) des éleveurs
enquêtés ne sont pas convaincus de l'intérêt et du
rôle que les arbustes pourraient jouer au sein de leurs exploitations.
Cette attitude s'explique probablement par la courte durée
d'exploitation des parcours. Par contre, ils ont confirmé la diminution
des dépenses de production après l'utilisation de ces derniers,
car durant les deux dernières décennies l'alimentation des
troupeaux de la commune de Zaafrane était basée principalement
sur les aliments concentrés qui sont de ressources autoproduites et
achetées sur les marchés à des prix exorbitants, non
seulement pour les périodes de soudures mais aussi pour beaucoup d'entre
eux tout au long de l'année. L'augmentation des
91
prix des aliments de bétail a été la
conséquence de désengagement de l'Etat par la suppression des
subventions suite aux programmes d'ajustement structurel appliqués
à l'époque (voir figure N° : 17).
Figure N° 17 : Appréciation des
plantations pastorales par les éleveurs
enquêtés
L'analyse du calendrier fourrager avant l'aménagement
des parcours de notre zone d'étude et l'introduction des arbustes en
l'occurrence l'Atriplex révèle le rôle incontournable que
joue ce dernier dans l'alimentation du bétail. En effet, le tableau
N° : 41 montre clairement que la complémentation à base
d'orge ou un aliment concentré assure les besoins du cheptel des
éleveurs enquêtés durant la période de huit mois.
Pendant le reste de l'année, la couverture des besoins alimentaires est
assurée par la location des champs de céréales
sinistrés, les résidus de récolte de
céréales, ou les chaumes et les jachères. Cette situation
domine au niveau des zones steppiques algériennes où l'ampleur de
la dégradation des ressources naturelles et la rareté des
pâturages dû à l'augmentation de la population de
bétail expliquent le recours systémique à ce type
d'affouragement.
Tableau N° 41: Le calendrier fourrager des
éleveurs enquêtés avant les plantations
pastorales
Mois
|
sep
|
oct
|
nov
|
dec
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jan
|
fev
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ma
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avr
|
mai
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jui
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ju
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ao
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Parcours
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Concentré
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Résidus de récolte
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*
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Source : nos enquêtes (2012)
Après les plantations pastorales dans la commune de
Zaafrane, 80 % des éleveurs enquêtés montrent des signes de
satisfaction. L'analyse du tableau N° : 42, qui illustre le calendrier
fourrager des éleveurs
92
utilisateur des parcours aménagés au niveau de
notre échantillon révèle une nette amélioration des
apports fourragers. L'introduction de nouvelles ressources fourragères
dans notre zone d'étude s'est montrée comme une alternative
appropriée pour réduire la période de
complémentation ce qui influe positivement sur le coût de la
production.
Tableau N° 42 : Le calendrier fourrager des
éleveurs enquêtés après les plantations
pastorales
Mois
|
sep
|
oct
|
nov
|
dec
|
jan
|
fev
|
ma
|
avr
|
mai
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jui
|
ju
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ao
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Parcours
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Concentré
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Résidus de récolte
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Plantation pastorale
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*
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Source : nos enquêtes (2012)
En ce qui concerne la conduite des troupeaux après les
plantations pastorales dans la commune de Zaafrane, les résultats des
enquêtes menées au niveau de notre échantillon
révèlent que ce type d'aménagement ne semble pas
influencer la conduite des troupeaux. Le recrutement d'un berger en plus
pendant la période de location des parcours est pratiqué par
certains enquêtés en l'occurrence les sédentaires de la
région qui pratiquent ce type de gardiennage qui était dans le
passé en nature, mais qui de nos jours a évolué vers la
monétarisation. Le phénomène de la transhumance n'a pas
subi une grande régression (malgré que le programme de la
plantation pastorale vise essentiellement à construire une
réserve fourragère supplémentaire pour le cheptel de la
commune afin d'éviter « ou de diminuer » le
phénomène de la transhumance) dans notre zone d'étude
après la mise en place des plantations pastorales, cela peut être
expliqué par la sécheresse qui a sévi pendant les 05
dernières années dans la commune de Zaafrane et les faibles
disponibilités fourragères ainsi que l'augmentation non
négligeable au niveau de la population de bétail, toutes ces
conditions défavorables ont obligé les éleveurs à
rechercher d'autres sources alimentaires pour leurs animaux.
La création de 58 micros entreprises chargées
des productions de plantes pastorales dans toute la wilaya de Djelfa a
causé la baisse du taux de chômage au niveau de notre
région d'étude suite à la création d'emplois selon
l'analyse des informations collectées auprès des éleveurs
de notre échantillon, ainsi que les responsables de suivi des
aménagements pastoraux au niveau du haut commissariat au
développement de la steppe de la wilaya de Djelfa. Pour le cas de notre
zone d'étude, les déclarations des éleveurs
enquêtés qui ont été engagés dans les
chantiers afin d'assurer les plantations pastorales révèlent une
nette amélioration de leurs revenus durant la période de la
réalisation de ces derniers. Cet apport financier a permis aux plus
malins des éleveurs au niveau de notre échantillon de faire un
approvisionnement régulier en aliments de bétail comme forme de
prévision pour les périodes de sécheresse.
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