A- La pratique céréalière :
Dans notre zone d'étude, tous les éleveurs
enquêtés pratiquent la céréaliculture. Le choix des
espèces cultivées varie selon l'année et selon l'objectif
de l'agropasteur. La plupart des gros agropasteurs privilégient la
culture de l'orge pour couvrir les besoins du troupeau et ce, quelle que soit
l'année. D'autres privilégient la culture du blé dur les
bonnes années, et achètent l'orge généralement
moins chère. Les petits agropasteurs cultivent les deux
céréales, pour couvrir les besoins alimentaires du ménage
et les besoins fourragers de leur petit troupeau.
Toutes les exploitations (ou unités de production)
d'élevage enquêtées pratiquent la
céréaliculture fourragère, et toutes complètent
l'alimentation de leurs troupeaux avec les céréales ainsi
produites et le cas échéant avec des céréales ou
d'autres aliments achetés. A proprement parler, les exploitations
d'élevage de la steppe, sont donc aujourd'hui des exploitations de
céréaliculture fourragère et d'élevage, ou
exploitations agropastorales, et les éleveurs ou pasteurs sont des
cultivateurs-éleveurs, ou des agropasteurs. La plupart des petits
cultivateurs éleveurs ne possèdent ni tracteur pour cultiver les
céréales, ni camionnette ou camion pour transporter les aliments
du bétail et les animaux. Ils louent ces matériels aux
cultivateurs-éleveurs (moyens et grands) qui en possèdent La
céréaliculture fourragère (essentiellement de l'orge) est
prédominante. Elle est destinée, la plupart du temps, à
l'alimentation des animaux de l'exploitation et occasionnellement à la
vente. La culture des céréales (l'orge en général),
pratiquées autrefois à l'araire et récoltées
à la faucille dans les zones propices à cette activité,
s'est étendue aux parcours et elle est pratiquée au tracteur,
avec récolte à la moissonneuse-batteuse. Aujourd'hui, toutes les
unités pratiquant l'élevage ovin enquêtées
pratiquent la céréaliculture. Toutes utilisent des tracteurs, des
moissonneuses-batteuses et des camions qu'elles possèdent ou louent
à l'occasion à d'autres unités de production. Toutes
pratiquent donc un système de production céréalier et
pastoral motorisé. Du fait de la faible pluviométrie, et de la
non-utilisation d'engrais et de produits de traitements, les rendements de
céréales dans notre zone d'étude sont modestes, ces
rendements varient de 03 à 05 qx/ha en mauvaise année et de 08
à 12 qx/ha en bonne année, en passant par 05 à 08 qx en
année moyenne.
B- 82
La pratique de la jachère :
La jachère est en quelque sorte la mise en repos d'une
terre agricole pendant un certain temps. Cette stratégie présente
deux avantages majeurs ; elle permet en premier lieu la reconstitution des
réserves du sol qui est mis en repos, tout en participant à
l'alimentation du cheptel par les végétaux spontanés.
Néanmoins, avec l'augmentation de la pression sur les ressources
naturelles au niveau de notre zone d'étude, cette pratique tend à
disparaitre. Ceux qui continuent à la pratiquer sont
généralement contraints de le faire par défaut des moyens
financiers.
La superficie totale laissée en jachère chaque
année par les éleveurs de notre échantillon,
estimée à 535 ha, représente seulement 13,75 % de la
superficie agricole utile totale. En ce qui concerne les causes
évoquées pour justifier cette pratique, le dépouillement
des questionnaires nous a permis d'identifier trois principales causes qui se
repartissent comme suit :
- Ceux qui laissent la terre en jachère pour le
pâturage du cheptel, sont les enquêtés qui possèdent
des exploitations de grandes tailles et qui sont les dominants dans cette
classe.
- Les enquêtés qui possèdent des
exploitations de tailles moyennes au niveau de notre échantillon
pratiquent la technique de jachère pour laisser leur terre se
reposer.
- Enfin, ceux qui ont évoqué le manque de moyens
financiers sont représentés par les enquêtés qui
possèdent des exploitations de petites tailles.
C- Les cultures en irrigué :
La généralisation de l'irrigation dans la
commune de Zaafrane à souvent pour conséquence la salinisation ou
l'alcalinisation des périmètres irrigués, à cause
du manque de drainage associer à un excès d'arrosage. Les
réponses données sont représentées dans le tableau
N° 39 (voir figure N° : 15).
Il existe une catégorie de petits
éleveurs-cultivateurs familiaux qui appartienne à la
catégorie des sédentaires (souvent salariés dans les
villes), qui sont à la fois céréaliers, maraîchers,
arboriculteurs et éleveurs d'ovins-caprins disposant de peu d'animaux
(moins de 250 tètes ) et de terrain (moins de 50 hectares), travaillant
surtout pour l'autoconsommation et la vente des produits transformés
(fromages, beurre clarifié ou non, peaux tannées, tapis...).
Cette catégorie souvent très proche des centres urbains, est
difficile à repérer et à étudier dans le contexte
actuel de notre travail, elle mérite cependant une étude
approfondie de plusieurs années (très difficile en raison de la
diversité des activités de production et de transformations
pratiquées) que nous n'avons malheureusement pas pu réaliser.
Cela fera l'objet de prochaines études. Il existe aussi des
systèmes d'élevage agro-sylvo-pastoraux, combinant des
activités de culture, d'élevage (ovin-caprin et parfois bovin) et
des travaux sylvicoles. Utilisant des parcours forestiers, des
céréales achetées ou produites sur place, les
éleveurs peu nombreux pratiquant ces systèmes mériteraient
aussi une étude à part.
D- La culture fourragère :
Parmi les espèces fourragères cultivé
dans la commune de Zaafrane : le trèfle d'Alexandrie ou bersim
(Trifolium alexandrinum L). Peu connu, ce trèfle a le double
avantage d'être pâturable sur pied, sans risque de
météorisation et d'être bien adapté à la
sécheresse. Il peut être cultivé seul en sec, ou en
association avec des céréales. Par contre le trèfle craint
le gel. Dans la steppe en général, et plus
particulièrement dans les endroits où il gèle, des
expériences doivent être tentées avec différentes
périodes de semi et différentes variétés (peu de
variétés sont actuellement vendues en Algérie). Selon
certains spécialistes ayant expérimenté cette plante dans
la région (Merabet et Bassaid, 2005 ; Laumont, 1951 ; Ameziane, 1975 et
1987 et Bounejmate, 1997), qui préconisent des semis entre juillet et
septembre, il serait également intéressant de tester des semis
avec irrigation en vue d'effectuer des coupes avant l'arrivée du gel en
particulier avec le cultivar Bigbee.Suttie (2004) indique dans
"Conservation du foin et de la paille pour les petits paysans et pour les
pasteurs", que le Bigbee donne une bonne coupe automnale, s'il est
semé précocement, et qu'il se développe sur une large
gamme de sols, en tolérant des
concentrations relativement élevées de sel. Le
même auteur montre aussi les conditions de croissance du trèfle et
la spécificité du cultivar Bigbee, en citant les travaux de
Fairbrother (1991) et Knight (1985). Selon le premier de ces auteurs la limite
habituelle aux Etats-Unis est une température hivernale de - 6°C.
Selon le deuxième, le cultivar Bigbee sélectionné à
partir du Sacramonte Italien peut survivre à des hivers de -15°C
à -18°C. A côté du trèfle d'Alexandrie,
d'autres plantes fourragères comme les luzernes (Medicago falcata,
Medicago sativa) et le sorgho (Sorghum bicolor) sont aussi
à promouvoir. La récolte de semences d'espèces locales de
bonne valeur pastorale ayant de bonnes performances de germination et de
croissance et leur multiplication peut aussi être très utile pour
développer les cultures fourragères. Des études en cours
ont déjà montré (tests de germination et de croissance)
que certaines espèces locales offraient une très bonne production
dans des conditions optimales. Selon le guide, déjà ancien, mais
intéressant, des travaux de recherche sur la mise en valeur des
régions arides de l'UNESCO (1957), « La constitution de
réserves de fourrages est un élément très important
d'une organisation rationnelle de l'élevage dans les terres semi arides,
parce qu'elle a le double avantage de fournir une base alimentaire plus
sûre et plus uniforme et d'offrir un certain repos à la couverture
végétale naturelle ». Les réserves locales qu'on peut
constituer peuvent être des céréales fourragères,
des fourrages en verts à pâturer ou à récolter et
stocker (foin, ensilage), des parcours mis en défens, des plantations
d'arbres et d'arbustes fourragers, ou bien des aliments composés
à partir des sous-produits agricoles. L'importance de ces stocks
fourragers a été signalée par les spécialistes
depuis longtemps ; elle a été rappelée dans le rapport de
la FAO (1954) qui rapporte l'expérience des centres
d'amélioration du bétail en Algérie : pendant le rude
hiver de 1953-1954, les pertes de troupeaux appartenant aux centres de stockage
de fourrage ont été réduites à 3%, celles des
troupeaux privés liés à ces centres ont été
de 5%, tandis que les pertes des troupeaux non liés à ces centres
atteignaient 40% pour les adultes et jusqu'à 80% pour les agneaux. Le
développement de la production fourragère et la constitution de
réserves locales, peuvent être assurées par des centres de
productions fourragères là ou l'eau et le sol cultivable sont
disponibles. Ils auront comme tâche le stockage en sec ou en ensilage des
fourrages qui seront consommés localement en cas de besoin. D'où
la nécessité de répartir ces centres et de les construire
autant que possible à côté des zones de concentration des
troupeaux.
Tableau N°39 : Cultures pratiquées en
cas de disposition des terres irrigués
Types de cultures
|
Maraichage
|
Arboriculture
|
Fourrage vert
|
Céréales
|
Pourcentage
|
61
|
21
|
17
|
1
|
Source : nos enquêtes (2012)
Figure N° 15 : Les types de cultures
pratiquées en irrigué
83
84
03-1-2- Le rendement agricole :
Les cultures pratiquées par les agro-éleveurs
enquêtés sont essentiellement le blé dur et l'orge. La
culture fourragère occupe la deuxième place car elle est
utilisé dans l'alimentation du cheptel, par contre les cultures en
irriguées qui sont représentées par le maraichage et
l'arboriculture viens en dernière place. Pour l'ensemble des
enquêtés, le rendement agricole en sec dans l'année 2011
est nul (0 Qx/ha). L'ensemble des enquêtés ont
déclaré que le rendement agricole en irrigué a
diminué par rapport aux 15 dernières années. Cette
diminution du rendement agricole est due selon eux aux causes suivantes : 90 %
(45/50) des enquêtés expliquent cette diminution par la
sécheresse. Tandis que le reste des enquêtés qui
représente une infime partie qui est 10 % (5/50) seulement l'expliquent
par la sécheresse et la dégradation des ressources en sol.
Tableau N° 40 : Répartition des
rendements agricoles dans les terres irriguées
Spéculation
|
Maraichages
|
Arboriculture
|
Céréaliculture
|
Pomme de
terre
|
Tomate
|
Abricot
|
Pomme
|
Blé dure
|
Blé tendre
|
Orge
|
Superficie en hectare
|
21
|
1
|
9
|
10
|
10
|
5
|
26
|
Rendement moyen (Qx/ha)
|
6.135
|
10
|
3.856
|
1.723
|
17
|
620
|
2.855
|
Source : nos enquêtes (2012)
|