1
INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS
Theologicum
Faculté de Théologie et de Sciences
religieuses
INSTITUT SUPÉRIEUR DE LITURGIE
LA PRIERE DE LA VIA LUCIS :
Une pédagogie de la foi
Patricia NOËL-PALLUEL
Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme de
l'Institut Supérieur de Liturgie

Directeur de mémoire : Père Jean-Claude REICHERT
Second lecteur : Père Gilles DROUIN
2
« Avec le Christ, l'avenir est toujours ouvert »
Père Hugues de Woillemont
« Fais donc confiance au temps. Le temps, c'est de la
musique ; et le domaine d'où elle émane, c'est l'avenir. Mesure
après mesure, la symphonie s'engendre d'elle-même, naissant
miraculeusement d'une réserve de durée inépuisable
».
Hans Urs von Balthasar, Le Coeur du monde, 1953
REMERCIEMENTS
A mes parents
Au Père Jean-Claude Reichert, professeur au
Theologicum de l'Institut Catholique de Paris
Au Père Gilles Drouin, directeur de l'Institut
Supérieur de Liturgie à l'Institut Catholique de Paris
A Hélène Bricout, directrice adjointe de l'Institut
Supérieur de Liturgie
Au Père Hugues de Woillemont, secrétaire
général de la Conférence des évêques de
France, porte-parole des Evêques de France
3
A mon époux
4
Je dédie ce travail à ma fille, Claire
5
SOMMAIRE
INTRODUCTION ET PRESENTATION DU MEMOIRE
PREMIERE PARTIE : LA VIA LUCIS, PRIERE DE
L'EGLISE
1. UN REGARD SUR L'OBJET « VIA LUCIS
» 18
1.1. Le nom de « VIA LUCIS »
1.2. La Via Lucis et Sa Sainteté
Jean-Paul II
1.3. La Via Lucis et l'apostolat des
laïcs
2. VIA PULCHRITUDINIS - VIA LUCIS : UNE VOIE DE
LA BEAUTE 23
2.1. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE
D'ITALIE
2.1.1. La Via Lucis de la basilique de Don
Bosco à Turin
2.1.2. La Via Lucis du Sanctuaire Pontifical de
Pompéi
2.1.3. La Via Lucis du Sanctuaire San
Callisto à Rome
2.1.4. La Via Lucis de la basilique Santi
Ambrogio de Rome
2.2. LA VIA LUCIS DU SANCTUAIRE DE FATIMA AU
PORTUGAL
2.3. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE DE FRANCE
32
2.3.1. Le Chemin de lumière de
Molines-en-Queyras
2.3.2. La prière de la Via Lucis au
Sacré-Coeur de Montmartre
2.3.3. La Via Lucis, une liturgie familiale du
Temps pascal 2020
2.4. AUX PHILIPPINES, LA VIA LUCIS du
National Youth Day
2.5. LE CHEMIN DE LUMIERE DE JOHANNESBOURG
36
3. QUELQUES ELEMENTS DE DISCERNEMENT 3.1. LE MYSTERE
PASCAL
3.2. LA SAINTE LITURGIE ET LES PIEUX EXERCICES
39
6
DEUXIEME PARTIE : LA CELEBRATION DE LA VIA
LUCIS
1. LA MISE EN OEUVRE DE LA VIA LUCIS
42
1.1. DANS L'EGLISE ITALIENNE
1.2. DANS L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAINE
1.3. LES INDICATIONS DE MISE EN OEUVRE
1.3.1. Instructions in Le Chemin de Lumière
au-delà de la Croix
1.3.2. Instructions in Pèlerins en
prière
1.4. DE LA VIA CRUCIS A LA VIA LUCIS,
LA VOIE DU SALUT 47
2. LA VIA LUCIS, UNE PEDAGOGIE DE LA FOI
51
2.1. LA VIA LUCIS ET LE LECTIONNAIRE DU TEMPS
PASCAL
2.1.1. VIGILE PASCALE ET OCTAVE DE PÂQUES
57
2.1.2. TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES
2.1.3. SOLENNITE DE L'ASCENSION 75
2.1.4. SEPTIEME
DIMANCHE DE PÂQUES
2.1.5. DIMANCHE DE LA SOLENNITE DE PENTECÔTE
82
3. L'UNITE DE LA VIA LUCIS 84
3.1. UNE HISTOIRE
3.1.1. Le monde de l'au-delà
3.1.2. Des femmes
3.1.3. Des hommes
3.1.4. Une communauté, une mission
3.1.5. Chronos, Kairos, Eschaton
CONCLUSION 90
BIBLIOGRAPHIE Annexes
7
INTRODUCTION
« Comment Dieu peut-il être trois personnes ?
», telle fut la question que je posai à la dame chez qui j'allais
réciter mes leçons de catéchisme. Sa réponse m'est
restée en mémoire : « C'est un mystère ». Bien
que je n'eusse pas vraiment reçu d'explication, à l'époque
cette réponse me satisfit. Je fis ma communion solennelle en mai 1968.
Pour les filles, il y avait les aubes qu'on louait et les robes en dentelle qui
étaient achetées. Cela marquait la différence entre les
familles riches et les familles pauvres. En mai 68, mon père occupait
l'usine où il travaillait. Je lui rends ici hommage pour m'avoir permis
de suivre le catéchisme et de faire tout le parcours de l'Initiation
chrétienne bien que cela ne correspondît pas avec ses convictions.
A l'époque, après la Communion solennelle, était
en place ce qui portait le nom de Persévérance et
consistait en réunions de prière avec les religieuses de la
paroisse. Je me souviens d'avoir prié avec elles pour les âmes du
Purgatoire.
Aujourd'hui, les soeurs qui donnaient des soins infirmiers ne
sont plus dans la paroisse Notre-Dame du Sacré-Coeur de Maisons-Alfort
et le catéchisme ne s'apprend plus par coeur. Le discours sur les
eschata, avec la notion de Purgatoire, a complètement disparu
du discours homilétique. Les fins dernières sont désormais
un sujet qui relève de la Pastorale des Funérailles. Pour les
fidèles baptisés de longue date, le Symbole des Apôtres
récité par coeur lors des célébrations
eucharistiques dominicales est-il encore une vraie profession de foi en Dieu
Père, Fils et Esprit Saint, de foi en la Résurrection du Christ
et en l'attente de sa Parousie ? Croyons-nous vraiment à la
résurrection de la chair et à la vie éternelle ?
Qu'est-ce qui est plus incompréhensible que l'assertion
que Dieu est à la fois Un et Trine ? Qu'est-ce qui est plus incroyable
que la résurrection des morts ? Si l'acte de croire demande une
intellection du contenu de la foi par la pensée discursive, il est aussi
soumis à l'expérience subjective initiale de saut dans le vide,
saut dans l'acceptation de croire l'incroyable, d'imaginer l'impensable,
d'admettre l'invraisemblable. Le contenu de la foi chrétienne peut-il
être vraiment et totalement intelligible et donc transmissible ?
Où en sont les adultes qui sont censés transmettre la foi par
rapport à leur propre foi en la Résurrection
8
du Christ ? Faut-il toujours faire appel à la Foi de
l'Eglise pour subvenir à la nôtre ? Comment aujourd'hui peut-on
arriver à parler de la Résurrection du Christ1?
La Sainte Liturgie célèbre les mystères
du Christ et de l'Eglise selon le trésor du dépôt de la
Parole de Dieu, selon les dogmes de la Tradition et selon les enseignements du
Magistère. La pastorale catéchétique déroule le
parcours de l'Initiation chrétienne en cohérence avec le
calendrier liturgique et selon le calendrier scolaire, lequel s'inscrit dans le
calendrier annuel grégorien. Dans quel temps nous situons-nous quand
nous sommes à l'église lors d'une célébration
eucharistique ? Dans quel temps nous situons-nous quand nous sommes avec des
enfants en catéchèse en paroisse ? Et s'il s'agit de
catéchumènes adultes, dans quel temps nous situons-nous pour
parler ensemble de la Résurrection du Christ ?
Lors d'une Semaine d'études liturgiques
organisée par l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge,
alors que nous avions un déjeuner sur le site même de la basilique
du Sacré-Coeur de Montmartre, j'entendis un interprète orthodoxe
russe dire que l'adoration eucharistique était un vestige du
XIXème siècle, comme l'était aussi la dévotion au
Coeur de Jésus. Comme il disait qu'il était certainement
impossible de trouver quelqu'un qui s'intéressât à la
théologie et à la dévotion au Coeur de Jésus et
qu'il était assis à côté de moi, je me sentis
l'obligation de répondre : « Moi - dis-je - je fais des
études de théologie et je m'intéresse à la
dévotion au Coeur de Jésus ». Nous étions une grande
tablée, avec des conférenciers et des théologiens dont je
connaissais les noms en tant qu'auteurs. Je m'étais mise toute seule sur
le gril. Il me mit au défi de lui dire quel était le rapport
entre l'adoration eucharistique et le Coeur de Jésus.
Fût-ce à cause de l'ambiance spirituelle de la
basilique où le Saint Sacrement est exposé de façon
permanente pour l'Adoration, ou bien parce que je venais de participer à
la célébration eucharistique, heureusement reçus-je une
inspiration. Je répondis alors : « Dieu est Amour... Le Coeur de
Jésus, c'est le Coeur de Dieu. L'Eucharistie, c'est l'Amour qui se donne
». Mon voisin et moi poursuivîmes la conversation sur le Coeur
Sacré de Jésus. Je dis que le Coeur de Jésus est
montré comme un coeur de chair pour que nous comprenions que ce coeur
est constitué comme le nôtre, c'est-à-dire qu'il peut aimer
et souffrir, et pour nous faire savoir que Jésus désire ardemment
notre amour.
1 M. DENEKEN, La Foi pascale, Rendre compte de la
Résurrection de Jésus aujourd'hui, « Théologies
», Paris, Cerf, 1997.
9
Il me répondit que ce que j'exprimais lui semblait
être d'ordre affectif et que les Orthodoxes ne peuvent pas méditer
sur un symbole mais seulement sur une personne. Je répondis qu'il
existait effectivement une voie théologique affective dans la ligne de
saint François de Sales et de saint Alphonse de Liguori, une voie que
j'appréciais particulièrement. Je m'abstins alors de dire que la
dévotion au Coeur Sacré de Jésus concerne la Personne du
Ressuscité car j'eus, à ce moment, le sentiment d'en avoir assez
dit.
Cherchons-nous à comprendre avec notre cortex
cérébral préfrontal ou avec notre coeur ? C'est dans le
coeur que se joue le salut et c'est selon l'amour que nous serons jugés
(Mt 25,34-36). « M'aimes-tu ? » demande Jésus à
Simon-Pierre (Jn 21,15-17).
« Vous pouvez toujours méditer sur le tombeau
ouvert » me dit un jour le Père Hugues, alors curé de la
Paroisse Notre-Dame de Lourdes à Chaville, qui me faisait
l'accompagnement spirituel. Je venais de lui raconter une
expérience que j'eus, étant enfant et en la circonstance
alitée, à la lecture d'un petit livre du Chemin de la
Croix. Avant cela, je ne savais pas encore quelle avait été
la mort de Jésus. Comme beaucoup de foyers à cette époque
nous n'avions ni télévision, ni téléphone et
Internet n'existait pas. Notre éducation nous préservait de
tout contact avec l'information sur la violence du monde et nous gardait dans
une relative innocence. Ce jour-là, quand je vis l'image de la
crucifixion, la croix de Jésus s'est plantée dans mon coeur
d'enfant.
Je lui répondis alors que cette station du Chemin de
croix, le tombeau vide ou ouvert, n'existait pas auparavant et que cela avait
été ajouté. Après un court silence et avec son
grand sourire, il me dit quelque chose comme : « C'est extraordinaire !
».
Entendis-je « Vous pouvez toujours méditer sur le
tombeau vide » ou bien « Vous pouvez toujours méditer
sur le tombeau ouvert » ? Cela paraissant objectivement
identique, sur le plan subjectif ces deux phrases n'ont pas la même
résonnance. Cela dépend de la perspective qu'a l'observateur car
de l'extérieur, on peut voir un lieu sombre et vide. Par contre, si l'on
s'imagine être à l'intérieur du tombeau, ce que l'on voit
est un cercle de lumière et l'horizon qui s'ouvre. Le choix de la
proposition de méditer sur le tombeau ouvert fait écho
à autre phrase reçue du Père Hugues que j'ai gardée
précieusement : « Avec le Christ, l'avenir est toujours ouvert
». Quant à la méditation sur ce que, théologiquement,
il convient d'appeler le Mystère pascal, je peux dire aujourd'hui que,
relativement au conseil
10
spirituel d'une toujours possible méditation
sur le tombeau ouvert, la vingtaine d'années qui s'est
écoulée depuis cet événement a également
donné du relief au mot « toujours ».
Alors que je faisais des investigations sur l'origine de la
Quinzième station du Chemin de croix, je découvris sur le site
web de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, une prière au
nom mystérieux qui commence justement par la Station du tombeau ouvert :
c'est la prière de la Via Lucis qui est ainsi
présentée2 : « Après la prière du
Chemin de Croix pendant le temps du Carême (Via Crucis), la
liturgie de l'Église propose pendant le temps pascal la prière de
la « Voie de lumière » (Via lucis), ponctuée
par les rencontres du Christ ressuscité entre Pâques et
l'Ascension, et une méditation du chapelet de la Miséricorde.
»
Le Temps pascal est le temps liturgique de cinquante jours qui
s'étend du Dimanche de Pâques au dimanche de la solennité
de la Pentecôte. Le texte de la prière de la Via Lucis
est constitué de péricopes néotestamentaires sur la
Résurrection du Christ : du temps liturgique de la Vigile pascale
à la solennité de l'Ascension, ce sont des péricopes
issues des récits évangéliques de la découverte du
tombeau vide et des apparitions du Ressuscité ; de l'Ascension au
dimanche de la solennité de Pentecôte, ce sont des
péricopes issues des Actes des Apôtres.
Quant aux illustrations de la prière de la Via
Lucis, ce sont des oeuvres d'art sacré car elles sont
destinées à être installées dans des lieux
consacrés tels qu'une église, une basilique, un sanctuaire et se
présentent sous la forme de représentations imprimées ou
de tableaux sculptés, peints ou composés de mosaïque.
Lorsqu'une Via Lucis est installée dans un lieu
consacré, l'oeuvre d'art reçoit une bénédiction et
la célébration d'inauguration a lieu généralement
le même jour, si ce jour correspond à la liturgie du Temps pascal.
Lors de l'inauguration, la Via Lucis devient un vrai chemin parcouru
intérieurement et communautairement. Le cheminement tout au long de la
Via Lucis invite à ce que se reproduise peut-être
l'expérience pascale expérimentée par les disciples de
Jésus d'être guidés à la fois individuellement et
ecclésialement, jusqu'à l'envoi en mission aux
extrémités de la terre.
2
http://www.sacre-coeur-montmartre.com/francais/formations-retraites-pelerinages/archives-et-publications/annee-2017-2018/article/via-lucis
(13/04/2020)
11
C'est la création d'un projet de vie fondé
anthropologiquement sur la joie pascale qui détermina les Testimoni
del Risorto, les Témoins du Ressuscité de la Famille
Salésienne de Don Bosco, inspirés par la prière en commun
et la lectio divina autour d'un prêtre de la Congrégation
des Salésiens de Don Bosco, Don Sabino Palumbieri, à s'engager
dans des missions humanitaires. C'est dans ce cadre qu'est née la
prière de la Via Lucis.
12
PRESENTATION DU MEMOIRE
METHODES DE TRAVAIL
Je me suis procuré les seules sources
éditées à ce jour de la prière de la Via
Lucis: Pilgrim prayers, The official Vatican Prayerbook for the
Jubilee Year 20003 ; Via lucis, Per celebrare Gesù
risorto4, de Don Sabino Palumbieri ; Le Chemin de
Lumière au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques
à la Pentecôte5 du père François
Dufour. Puis j'ai trouvé la version française de Pilgrim
Prayers : Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de
l'Année Sainte 2000, du Comité Pontifical du Grand
Jubilé de l'An 2000.
Comparant les trois sources entre elles, j'ai tout de suite
constaté des variantes dans la sélection des péricopes
pour une même station de la Via Lucis, sans que j'aie a
priori d'explication sur l'origine des différences entre les
sources. Pour exposer le contenu scripturaire de la prière de la Via
Lucis, il me fallait choisir une source prioritaire. D'abord, la Source
Via lucis, Per celebrare Gesù risorto fut
déterminée comme source prioritaire pour la raison qu'il s'agit
d'un « rituel » de célébration de la Via
Lucis. Mais je fus dans l'impossibilité de l'utiliser parce qu'il
n'en existe pas de traduction française autorisée. La
prière de la Via Lucis fait l'objet de nombreuses publications
par Don Sabino Palumbieri en langue italienne mais ces ouvrages ne sont pas
traduits en français. Comme texte de la prière de la Via
Lucis en langue française, j'ai donc sélectionné :
Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année
sainte 2000, du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An
2000.
Dans un deuxième temps, j'ai comparé le contenu
scripturaire de la prière de la Via Lucis selon mes trois
sources avec les lectures du Lectionnaire des dimanches et fêtes du
Temps pascal. La comparaison entre les lectures des « huit dimanches
du Temps pascal6 » et la Via Lucis m'a permis de
comprendre la raison des variantes entre les sources : la prière de la
Via Lucis a été conçue pour être en
harmonie avec la liturgie de la Parole du Temps
3 COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000,
Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année
Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti,
1999, Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame ;
Pilgrim prayers, The official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year
2000, version internationale en langue anglaise.
4 PALUMBIERI S., Via lucis, Per celebrare Gesù
risorto, « Ascoltare, Celebrare, Vivere », Sussidi mini
12, Padova, Edizioni Messaggero Padova, 2005.
5 DUFOUR F., P. SDB, Le Chemin de Lumière
au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la
Pentecôte, Paris, Téqui, 2002. 6
https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19692-evangiles-huit-dimanches/
(29/04/2021)
13
pascal et les variations entre les sources correspondent aux
variations du Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal
selon l'année liturgique.
En vue de l'analyse du contenu scripturaire de la
prière de la Via Lucis et pour explorer l'articulation
Bible-liturgie, j'ai constitué un outil de travail qui est le «
Tableau synoptique du Lectionnaire du Temps pascal et des trois sources de
la prière de la Via Lucis ». Ensuite, afin de bien
montrer l'articulation de la prière de la Via Lucis avec les
huit dimanches du Temps pascal, j'ai disposé le texte de la
prière par station selon les correspondances scripturaires avec le
Lectionnaire du Temps pascal depuis la Vigile pascale jusqu'au
dimanche de la Pentecôte, selon l'année liturgique.
Pour étayer ma recherche sur le plan de l'articulation
Bible, liturgie et catéchèse, je me suis appuyée sur
l'affirmation du Directoire sur la piété populaire et la
Liturgie, Principes et Orientations (153) : « ...il est vrai que la
Via lucis peut en outre devenir une excellente pédagogie de la
foi » et j'ai relié l'expérience catéchétique
inédite en France de la prière de la Via Lucis avec la
grande impulsion de renouveau de la catéchèse du début du
troisième millénaire. Cette entreprise de renouveau de la
démarche catéchétique, issue de la demande des
Evêques de France7, fut formulée sous le titre de :
« Aller au coeur de la foi 8».
7 Assemblée plénière des Evêques de
France, « Aller au coeur de la foi, Lettre à l'ensemble du
peuple de Dieu », Lourdes, 2002.
8 COMMISSION EPISCOPALE DE LA CATECHESE ET DU CATECHUMENAT,
« Aller au coeur de la foi, Questions d'avenir pour la
catéchèse », Lourdes, 2002.
14
PRESENTATION DES SOURCES
COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000,
Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année
Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti, 1999
; Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame.
Pèlerins en prière est vendu en coffret
avec Pèlerins à Rome. Le texte original de
Pèlerins en prière, en langue italienne, a
été traduit par les Editions Vaticanes et publié en France
par les Editions Fleurus-Mame, avec les éditions Cerf et Centurion.
Les « Célébrations et prières
» de Pèlerins en prière dont fait partie la
prière de la Via Lucis ont été publiées
sous la direction de Corrado Maggioni, Attaché à la
Congrégation pour le Culte Divin. Pour la présentation
scripturaire de la prière de la Via Lucis, nous avons
sélectionné cette source, parce qu'elle est en langue
française, que les péricopes sont déterminées -
c'est-à-dire non optionnelles entre longues et courtes comme dans le
« rituel » en italien Via lucis, Per celebrare
Gesù risorto - et courtes.
La version internationale de ce livre de prières est en
anglais, Pilgrim Prayers, The official Vatican Prayerbook for the Jubilee
Year 2000. C'est dans une note en bas de page sur un article en anglais
concernant « the Way of Light » aux Etats-Unis, dans
l'Archidiocèse de Détroit, que nous avons trouvé la
référence de « Pilgrim Prayers ». Nous n'avons
pas tout de suite trouvé la version française de ce livre dont le
titre est littéralement traduisible par « Les Prières du
pèlerin ». Or, Pèlerins en prière est
vendu en coffret avec Pèlerins à Rome, Pour le Jubilé
de l'Année sainte 2000, qui donna son titre au coffret.
DUFOUR F., P. SDB, Le Chemin de Lumière
au-delà de la Croix, Quatorze stations de Pâques à la
Pentecôte, Paris, Téqui, 2002.
La première édition de cet ouvrage a
été réalisée par l'équipe d'animation de la
Pastorale des Jeunes du Bosco Youth Center, en langue anglaise. Les
illustrations de ce livre sont des photographies du Chemin de
Lumière réalisé par le Père de la Croix, en
tableaux de mosaïques. Ce livre, publié en 2002, constitue la toute
première édition française de la prière de la
Via Lucis. Une image en est reproduite dans notre
présentation9.
9 « Le Chemin de Lumière de Johannesbourg
», 40-41.
PALUMBIERI S., Via lucis, Per celebrare Gesù
risorto, « Ascoltare, Celebrare, Vivere », Sussidi mini
12, Padova, Edizioni Messaggero Padova, 2005.
Ce livret a reçu l'imprimatur du Vicaire
général de Padoue, le Père Danilo Serena. Une «
Ritornelli per la Via lucis » est placée à la fin,
avec musique et chant10. L'auteur est le père Don Sabino
Palumbieri, prêtre Salésien de Don Bosco, fondateur du Mouvement
des Témoins du Ressuscité de la Famille Salésienne de Don
Bosco d'où est issue la prière de la Via Lucis. Il
s'agit d'un livret pour la célébration de la prière de la
Via Lucis en Italie. Il n'en existe cependant pas de traduction en
langue française.
15
10 «Ritornelli per la Via lucis» -
« Ritournelle pour la Via lucis », (45-46).
16
ANNONCE DU PLAN
PREMIERE PARTIE : LA VIA LUCIS, UNE PRIERE DE L'EGLISE
Dans la première partie, nous montrerons l'existence de
la prière de la Via Lucis, d'abord telle qu'elle est née
dans le cadre de la famille spirituelle des Salésiens de Don Bosco avec
le père salésien Don Sabino Palumbieri et les Témoins du
Ressuscité. Ensuite nous ferons état de mises en oeuvre de la
prière de la Via Lucis dans toute l'Eglise d'Italie, puis dans
l'Eglise du Portugal, dans l'Eglise de France, des Philippines et d'Afrique du
Sud. A part en France, dans un but d'évangélisation, la
célébration de la Via Lucis est toujours liée
à la présence des Salésiens de Don Bosco.
La première partie de cette présentation livre
donc les résultats de l'enquête sur l'existence ecclésiale
de l'objet Via Lucis, résulats qui seront donnés de
façon descriptive car il était nécessaire de prouver la
pertinence du choix de la prière de la Via Lucis dans le cadre
d'un mémoire de Liturgie et Théologie sacramentaire. Cette
enquête comportera aussi un volet iconographique car la Via Lucis
est très rapidement devenue un sujet d'inspiration pour des
artistes se consacrant à l'art sacré. Ainsi des
représentations artistiques de la Via Lucis ont-elles
été installées dans des églises, des basiliques,
des sanctuaires tels que le Sanctuaire des Catacombes de Saint Calixte, le
Sanctuaire Pontifical de Pompéi ou le Sanctuaire de Fatima. Nous avons
donc relié la Via Lucis à une Via Pulchritudinis,
une Voie de la Beauté.
DEUXIEME PARTIE : LA CELEBRATION DE LA VIA LUCIS
Dans la deuxième partie, nous utiliserons les
instructions présentes dans nos sources pour décrire une
célébration de la prière de la Via Lucis en
France. Nous comparerons point à point forme et contenu des deux
prières de la Via Crucis et de la Via Lucis pour en
montrer l'intérêt dans une approche de la Rédemption.
Nous analyserons ensuite le contenu scripturaire de la
prière de la Via Lucis en le comparant avec les lectures du
Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal. Cette
correspondance entre la prière de la Via Lucis et les lectures
du Lectionnaire du Temps pascal sollicitera davantage
l'exégèse en raison de la nature scripturaire des stations de la
prière.
17
Le chemin de la Via Lucis semble relativement
désorganisé par rapport à l'ordre des lectures du
Lectionnaire du Temps pascal selon le calendrier liturgique, mais
l'ordre inhérent à la prière de la Via Lucis a
révélé une unité non seulement mystérique
entre Pâques et la Pentecôte mais également une unité
liturgique entre le Deuxième dimanche de Pâques des années
A, B et C et le Dimanche de la Pentecôte des années A.
Après cette confrontation entre Via Lucis et Lectionnaire
du temps pascal nous chercherons l'unité de la Via Lucis
dans l'ordre où elle est écrite.
Nous présenterons enfin la prière de la Via
Lucis avec son potentiel de « pédagogie de la foi » qui
fut pressenti par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline
des Sacrements, en montrant qu'elle peut être la réalisation d'une
catéchèse communautaire articulée au Temps pascal, en
réponse à la demande formulée par la Conférence
épiscopale française dans son Texte pour l'orientation de la
catéchèse en France11. Nous présentons donc la
prière de la Via Lucis comme un cas de figure original et
suggestif d'une articulation entre Bible, liturgie et
catéchèse.
11 EVÊQUES DE FRANCE, Texte National pour
l'Orientation de la Catéchèse en France (TNOC),
Lourdes, 2006,
https://catechese.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/15/2018/04/texte-national-pour-l-orientation-de-la-catechese-en-france.pdf
(12/05/2021)
18
PREMIERE PARTIE
LA VIA LUCIS, UNE PRIERE DE L'EGLISE
1. UN REGARD SUR L'OBJET « VIA LUCIS »
1.1. LE NOM DE « VIA LUCIS »
« Fiat lux ! » : « Et Dieu dit : `Que la
lumière soit !' Et la lumière fut » (Gn 1,3). Lux
est la lumière qui surgit des ténèbres, la
lumière divine qui illumine le monde. La Lumière est une
Personne : « Le Christ est la lumière des peuples... clarté
du Christ qui resplendit sur le visage de l'Eglise » (LG 1).
« Via lucis » est un groupe nominal
composé de deux noms latins : « via » et «
lux ». Le premier mot « via » est un nom qui
signifie « voie, route, chemin, rue12» ; « via
correspond aussi à `chemin parcouru', `marche, voyage'. Le mot
signifie au figuré `chemin à suivre'13» : donc
« Via » est un chemin déjà parcouru et un
chemin encore à suivre.
Le second mot est « lucis »,
complément du nom « via ». Lucis est la
déclinaison au génitif de « lux » qui signifie
« lumière ». Il existe un autre nom latin qui
désigne la lumière, c'est lumen. Toutefois, le nom
français de lumière ne dérive d'aucun des deux
noms du latin classique, lux et lumen, mais il est issu
(1080) de luminaria, neutre pluriel de luminare, nom et
adjectif dérivé de lumen et qui a donné «
luminaire ».
« `Luminaria', d'abord employé pour les
cierges, les flambeaux et les astres, est devenu féminin singulier en
latin populaire et en latin d'Eglise au sens d'`éclairage,
illumination', spécialement `cierge' et, au figuré,
`étoile, guide'. Il a alors supplanté lux et lumen
dont il a repris les sens : le premier, lux, nom racine de genre
animé, désignait la lumière en tant que force agissante,
parfois divinisée, notamment la lumière du jour... Le second,
lumen, ... devait d'abord désigner une lumière
d'éclairage, et au pluriel des lumières... son pluriel
lumina désignait particulièrement les yeux (qui nous
éclairent)14».
12 REY A. Dir., Dictionnaire historique de la langue
française, Tome 3, Pr-Z, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992,
1998, « VOIE », 4104.
13 Ib.
14 Ib.
19
Le nom latin de Via Lucis peut être
rapproché de celui de Via Crucis pour plusieurs raisons. En
dehors du rapprochement des objets qu'ils désignent, le rapprochement
des noms montre que le groupe nominal « Via Crucis » est
construit comme celui de « Via Lucis », avec « crux
» au génitif en complément du nom « via
». Les deux groupes nominaux Via Crucis et Via Lucis
ont en commun le nom Via, la Voie ou le
Chemin.
« La Voie » fait référence
à une manière de désigner le Mystère
chrétien dans l'Antiquité relativement aux mystères
païens. Les noms de « Voie », « Chemin
», « Lumière » font écho à
des paroles de Jésus dans l'Evangile selon Saint Jean : « Moi, je
suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le
Père sans passer par moi (Jn 14,6) » ; « Je suis la
lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans
les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la
vie (Jn 8,12) ».
La pertinence de ce rapprochement est que les noms «
Via Crucis » et « Via Lucis » désignent
deux objets de même nature : des exercices dévotionnels que la
Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements
reconnaît comme de « pieux exercices ». La Via
Crucis et la Via Lucis sont deux prières de nature
processionnelle et de forme stationnale avec pour chacune un parcours
composé de quatorze stations. Pour ces deux prières, on peut
déterminer une analogie de rapport ou analogie de
proportionnalité : la prière de la Via Lucis est au
Temps pascal ce que la prière du Chemin de Croix est au temps du
Carême, ces deux temps étant constitutifs du Cycle pascal dans sa
totalité liturgique.
La fixation du nombre des stations à quatorze est une
tradition de l'Exercice de la Via Crucis, tradition d'usage qui s'est
fixée à la fin du XVIIème siècle. Aucune des deux
prières n'est normée et n'a donc de rituel officiel
applicable pour l'Eglise universelle. Il existe cependant pour la Via Lucis
un livret de célébration pastorale édité par
la presse italienne à l'usage du célébrant, avec un
imprimatur du Vicaire général de Padoue. Nous le
présentons dans nos Sources.
En pays francophones, le nom de « Chemin de
lumière » ou « Chemin de Lumière »
pour désigner la « Via Lucis » semble être le
plus fréquemment adopté. En pays anglophones, cette prière
porte le nom de « Way of Light ».
1.2. LA VIA LUCIS ET SA SAINTETE JEAN-PAUL II
La prière de la Via Lucis a vu le jour vers la
fin des années 1970, dans un groupe de laïcs réuni autour du
Père Don Sabino Palumbieri, prêtre de la Congrégation des
Salésiens de Don Bosco et professeur d'Anthropologie philosophique
à l'Université Pontificale Salésienne de Rome. L'objectif
premier de ce groupe était la pratique régulière de la
lectio divina avec des réflexions sur la Parole de Dieu et de
la prière en commun. L'objectif second était d'arriver à
formuler un projet de vie dont le point de départ serait la joie
pascale. Le 8 décembre 1984, le Progetto Pasquale prend forme.
Le groupe prend alors le nom de Testimoni del Risorto in cammino verso il
Duemila, noté TR2000.
En 1986, le « Mouvement des Témoins du
Ressuscité en chemin vers l'An 2000 » fut officiellement
structuré en association au sein de la Famille Salésienne de Don
Bosco, le Père Don Sabino Palumbieri en étant le fondateur. La
prière de la Via Lucis fut inscrite dans les Statuts de
l'Association TR2000. En 1989, la prière de la Via Lucis fut
présentée au Recteur Majeur des Salésiens de Don Bosco, le
Père Egidio Vigano, Septième Successeur de Don Bosco, qui nomma
une commission théologique afin que soient étudiés les
critères de la prière et qu'en soient établis divers
formulaires à l'intention des Congrégations, des Associations
diocésaines, ainsi que pour les enfants et les malades. Ensuite les
Evêques italiens s'engagèrent à promouvoir la prière
de la Via Lucis dans leurs diocèses respectifs. Le Père
Recteur Don Egidio Vigano eut la joie de présenter en personne la
Via Lucis à Sa Sainteté Jean-Paul II15.
20
15
http://www.vialucis.org/index.php/fr/historie
(16/03/2021)
21
En avril 1990, A l'occasion de la réunion du Chapitre
Général des Salésiens, la toute première
célébration officielle de la Via Lucis,
présidée par le Père Egidio Vigano, eut lieu à
Rome sur le chemin des Catacombes de Saint Calixte. En septembre 1992, lors du
pèlerinage du Mouvement TR2000 à Jérusalem, une
célébration de la Via Lucis eut lieu en la basilique du
Saint Sépulcre, dans la chapelle de Sainte Hélène, sous le
rocher du Calvaire.
En septembre 1999, le pèlerinage annuel des
Témoins du Ressuscité à Jérusalem avait eu
pour objectif la participation à la préparation du Jubilé
de l'An 2000, si bien que la Via Lucis fut incluse dans les
prières du Grand Jubilé de l'An 2000 à Rome, recevant de
cette initiative une première forme de reconnaissance officielle,
au-delà des seuls cercles Salésiens au coeur desquels elle
était née. La prière de la Via Lucis figure dans
le Livre de prières édité par le Comité Pontifical
du Grand Jubilé de l'An 2000, Pèlerins en prière, pour
le Jubilé de l'Année sainte 200016, dans la
rubrique « Célébrations, Prières et Chants
» entre la prière de la Via Crucis et les
Mystères du Rosaire.
La prière de la Via Lucis s'inscrit dans le
prolongement de la prière de la Via Crucis en tant que
méditation sur les mystères du Christ et de l'Eglise en proposant
aux fidèles une lectio divina sur la deuxième face du
Mystère pascal : la Résurrection de Jésus, Seigneur. Le
cheminement de la foi chrétienne en Occident a longtemps mis l'accent
sur les souffrances de la Passion et de la mort du Sauveur. A présent,
le peuple - et spécialement les jeunes - apprécie de
méditer sur la résurrection glorieuse du Rédempteur, dans
une proposition pastorale qui correspond à la liturgie de la Parole du
Temps pascal.
1.3. LA VIA LUCIS ET L'APOSTOLAT DES LAÏCS
L'apostolat des laïcs, hommes et femmes, adultes et
jeunes, engagés dans la Mission de l'Eglise peut donner beaucoup de
fruits17. C'est la dynamique de la joie de Pâques qui a
insufflé aux Témoins du Ressuscité de la Famille
Salésienne de Don Bosco le courage d'entreprendre des missions au
service des jeunes et des pauvres dans leur milieu de vie,
16 COMITE PONTIFICAL DU GRAND JUBILE DE L'AN 2000,
Pèlerins en prière, pour le Jubilé de l'Année
Sainte 2000, Original italien, Milan, Arnoldo Mondadori, Fabio Ratti, 1999
; Traduction française, Vérone, 1999, Fleurus-Mame, 2000, «
Célébrations, Prières et Chants », « Via
Lucis », (208-215).
17 CONCILE OECUMENIQUE VATICAN II, Décret
sur l'apostolat des laïcs « Apostolicam actuositatem »
(AL), 1965, (1-4. 28-33) ; Décret sur l'activité missionnaire de
l'Eglise « Ad Gentes divinitus » (AM), 1965, (4-5. 9-14.
21).
22
particulièrement en Italie du Sud, ou dans les pays de
mission de l'Eglise, encadrés par la Congrégation des
Salésiens de Don Bosco.
La Via Lucis est la prière identitaire du
Mouvement Testimoni del Risorto. La promotion de la prière de
la Via lucis est inhérente au statut de membre du Mouvement des
Témoins du Ressuscité. L'icône des pèlerins
d'Emmaüs est le logo du Mouvement. Cette image est à la
fois « le contenu de spiritualité et le projet d'action » des
Témoins du Ressuscité18, un
projet de vie pascale qui consiste à témoigner de la foi
en Christ ressuscité, à vivre de la joie pascale dans toutes les
dimensions de l'existence et à porter cette joie aux « derniers
» de la société. Les membres du Mouvement Testimoni
del Risorto de la Famille Salésienne de Don Bosco reçoivent
une formation biblique et théologique qui leur permet de faire la
catéchèse du Mystère pascal. La prière de la
Via Lucis est un support de catéchisation et
d'évangélisation ou de nouvelle évangélisation. La
spiritualité et l'éthique des Témoins du
Ressuscité de la Famille Salésienne de Don Bosco participent
de l'apostolat des laïcs dans le cadre de la Mission Ad Gentes de
l'Eglise : catéchiser, évangéliser et communiquer la
charité jusqu'aux extrémités de la terre.
« Témoins de Jésus
Ressuscité, espoir du monde »
Le document préparatoire de la IVème Convention
ecclésiale italienne qui allait se tenir à Vérone du 16 au
20 octobre 2006, établi par le Comité préparatoire de la
IVème Convention ecclésiale nationale, dont Diognini Tettamanzi
était le président, avait pour titre « Témoins de
Jésus Ressuscité, espoir du monde19». La
formulation du thème désigné par le titre «
Témoins de Jésus Ressuscité, espoir du monde
» voulait réaffirmer « le rôle des chrétiens
dans le contexte de la réalité historique dans laquelle ils
vivent et travaillent.
Ce thème voulait surtout souligner « l'engagement
des fidèles chrétiens, en particulier des laïcs, à
être des témoins crédibles du Ressuscité à
travers une vie renouvelée capable de changer l'histoire ». Le
document « Testimoni di Gesù Risorto, speranza del mondo
» se situe dans la première décennie du
troisième millénaire, dans l'élan missionnaire issu du
Grand Jubilé et met l'accent sur des points anthropologiques cruciaux :
l'importance de cultiver la vertu théologale de l'espérance, la
participation des laïcs à la Mission de l'Eglise, l'importance de
l'engagement des laïcs dans le témoignage chrétien de la foi
en la Résurrection du Christ.
18
http://www.testimonidelrisorto.it/index.php/it/chi-siamo/storia
19
https://www.toscanaoggi.it/Documenti/Chiesa-italiana/Testimoni-di-Gesu-Risorto-speranza-del-mondo
23
2. VIA PULCHRITUDINIS - VIA LUCIS : UNE VOIE DE LA
BEAUTE
Reprenant les termes de la Lettre aux artistes (11.)
du pape Paul VI qui clôtura le Concile Vatican II en décembre
1965, Sa Sainteté Jean-Paul II écrivit une Lettre aux
artistes en 199920 :
« 11. Ce monde dans lequel nous vivons a besoin de
beauté pour ne pas sombrer dans la désespérance. La
beauté, comme la vérité, c'est ce qui met la joie au coeur
des hommes, c'est ce fruit précieux qui résiste à l'usure
du temps, qui unit les générations et les fait communier dans
l'admiration.
12. Pour transmettre le message que le Christ lui a
confié, l'Église a besoin de l'art. Elle doit en effet rendre
perceptible et même, autant que possible, fascinant le monde de l'esprit,
de l'invisible, de Dieu. Elle doit donc traduire en formules significatives ce
qui, en soi, est ineffable. Or, l'art a une capacité qui lui est tout
à fait propre de saisir l'un ou l'autre aspect du message et de le
traduire en couleurs, en formes ou en sons qui renforcent l'intuition de celui
qui regarde ou qui écoute. Et cela, sans priver le message
lui-même de sa valeur transcendantale ni de son auréole de
mystère. L'Église a besoin, en particulier, de ceux qui sont en
mesure de réaliser tout cela sur le plan littéraire et figuratif,
en utilisant les infinies possibilités des images et de leur valeur
symbolique. Dans sa prédication, le Christ lui- même a fait
largement appel aux images, en pleine harmonie avec le choix de devenir
lui-même, par l'Incarnation, icône du Dieu invisible. »
2.1. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE D'ITALIE
2.1.1. La Via Lucis de la basilique de Don Bosco
à Turin
Dans l'année 1992, suite à l'inspiration qui
donna naissance à la prière de la Via Lucis, le docteur
en Art sacré, le professeur Giovanni Dragoni de Rome réalisa une
Via Lucis en quatorze panneaux sculptés dans du bois de
tilleul. La Via Lucis du maître sculpteur Giovanni Dragoni est
installée dans la basilique de Don Bosco, sur la Colle don
Bosco, en bas-relief dans les allées latérales de la partie
inférieure de la nef. Dans la partie supérieure de la basilique
se trouve la statue du Christ ressuscité Rédempteur du sculpteur
Corrado
20
http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/letters/1999/documents/hf_jp-ii_let_23041999_artists.pdf
(21/05/2021).
24
Piazza. La célébration d'inauguration et de
bénédiction de la Via Lucis du professeur Giovanni
Dragoni eut lieu le Dimanche de Pâques 1994.

Quatorzième station : « Le
Ressuscité envoie l'Esprit Saint »
Pour la Quatorzième station de la Via Lucis,
le professeur Dragoni a représenté l'effusion de l'Esprit Saint
sur toute l'Eglise réunie autour de Marie. On peut compter onze
apôtres autour de la Très Sainte Mère du Seigneur est dans
la position de l'orante, les bras étendus. Elle est assise alors que les
apôtres sont debout ou agenouillés. Le siège sur lequel
elle est assise est surélevé, comme sur un piédestal. La
forme du siège et la position des bras de Marie évoquent la
croix. L'Esprit Saint est représenté par deux symboles : une
colombe et des langues de feu qui recouvrent tout l'espace en hauteur.
2.1.2. La Via Lucis du Sanctuaire Pontifical de
Pompéi
En 1997, dans le Sanctuaire Pontifical de Pompéi,
ancien sanctuaire romain, quatorze panneaux de bronze illustrant la Via
Lucis, créés par le maître sculpteur Giovanni Dragoni,
ont été installés sur la Piazzale Beato Giovanni XXIII.
25
Le site web du sanctuaire définit ainsi son action de
promotion de la prière de la Via Lucis21 : «
[le Sanctuaire pontifical de Pompéi] s'est engagé à
promouvoir et à diffuser l'exercice pieux de la Via lucis qui
renouvelle la mémoire de l'événement de la
résurrection et de l'expérience postpascale des apôtres
ainsi que de la première communauté de croyants. L'exercice pieux
de la Via lucis peut avoir lieu à la fois pendant la
période de Pâques, ou à d'autres moments de l'année.
Il convient de l'insérer à la fin du pèlerinage,
après la célébration de l'Eucharistie, pour souligner que
le chrétien, renouvelé dans la vie, quitte le sanctuaire sur les
traces du Seigneur ressuscité ».
2.1.3. La Via Lucis du Sanctuaire San Callisto à
Rome
Une Via Lucis en bronze du maître sculpteur
Giovanni Dragoni fut installée sur le chemin des Catacombes de San
Callisto à Rome. Le 30 avril 2016, à l'occasion du
Jubilé de la Miséricorde, une célébration de la
Via Lucis22 y fut présidée par Don Karim
Madjid, prêtre Salésien de Don Bosco, Vicaire de l'Observatoire
Salésien de l'Italie Centrale. Les jeunes participants firent un
accompagnement musical de la Via Lucis. Après la
réflexion finale du célébrant clôturant la
célébration, l'assemblée chanta le Regina
Coeli.
2.1.4. La Via Lucis du Lycée artistique Via di
Rippetta de Rome
L'oeuvre du professeur Giovanni Dragoni a inspiré une
classe d'étudiants du Lycée artistique Via di Ripetta de
Rome. Avec la collaboration de l'Archiconfrérie de Santi Carlo e
Ambrogio della Nazionale Lombarda, la Via Lucis
réalisée par la classe d'étudiants en Art
sacré du Lycée artistique Via di Ripetta fut
installée dans la basilique de Santi Ambrogio e Carlo al Corso
de Rome le samedi 5 mai 2018. Le docteur Roberto Dottori,
élève du professeur Giovanni Dragoni, guida la classe
d'étudiants du Lycée Via di Ripetta dont il est le
professeur pour la réalisation des tableaux de la Via Lucis.
L'épouse du maestro Giovanni Dragoni, la
professora Marilla Dragoni, était présente pour
l'inauguration de la Via lucis de la basilique de Santi Ambrogio e
Carlo al Corso de
21
http://www.santuario.it/santuario81/preghiere-pü-esercizi-e-devozioni96/via-crucis-e-via-lucis106.html
(traduction française Google corrigée par mes soins),
(06/04/2020). 22
http://www.vialucis.org/index.php/fr/dans-le-monde/via-lucis-alle-catacombe-di-s-callisto-per-il-giubileo-della-misericordia-del-tr
(30/03/2021)
26
Rome et y fit une allocution où elle félicita
les artistes étudiants de leur interprétation personnelle de la
Via Lucis. Puis elle souligna « l'efficacité de cette
dévotion pour traduire en notre temps le message de l'Evangile et
exprimer avec un langage nouveau l'immortel message d'espérance de
Jésus23 ». Ci-dessous, des photographies d'une des
quatorze sculptures sur terre qui représentent la Via Lucis des
étudiants en Art sacré du Lycée artistique Via di
Ripetta, :

Treizième station : « Avec Marie, dans
l'attente de l'Esprit Saint »
L'expression qui ressort de cette oeuvre est une joie immense
intériorisée. Les yeux révulsés vers le haut
indiquent un état extatique. La position du bras et le
dévoilement du côté gauche du buste représentent
l'accueil infini des dons de Dieu et l'ouverture du coeur. Nous avons voulu
montrer l'oeuvre dans l'état de la terre avant cuisson, telle qu'elle
est sortie des mains du sculpteur, représentant la Très Sainte
Mère du Seigneur, la Vierge Marie, celle dont le pape François
dit « Tu es la Toute Belle, Ô Marie ! » 24 :
« ... Tu es la Toute Belle, ô Marie ! En toi se trouve
la joie parfaite de la vie bienheureuse avec Dieu.
Fais que nous ne perdions pas le sens de notre chemin sur la
terre : que la douce
23
http://www.testimonidelrisorto.it/files/admin/TRNews/2018/TRNews_2018_2.pdf
(22-23), Article en langue originale italienne, traduit par mes soins,
(02/04/2020).
24
https://site-catholique.fr/index.php?post/PRIERE-du-Pape-Francois-Tu-es-la-Toute-Belle-O-Marie
27
lumière de la foi éclaire nos journées, que
la force consolante de l'espérance oriente
nos pas, que la chaleur contagieuse de l'amour anime notre coeur,
que nos yeux à tous restent bien fixés là, en Dieu,
où se trouve la vraie joie.
Tu es la Toute Belle, ô Marie ! Écoute notre
prière
Exauce notre supplication : que la beauté de l'amour
miséricordieux de Dieu en Jésus soit en nous, que cette
beauté divine nous sauve, sauve notre ville, sauve le monde entier. Amen
».

L'exposition de l'oeuvre d'art sacré est ici une action
culturelle destinée au grand public. Cette action montre un exemple de
ce que le Conseil Pontifical de la Culture formule sous la dénomination
de la Via Pulcritudinis25, la Voie de la Beauté qui
est perçue comme un « chemin privilégié
d'évangélisation et de dialogue ».
Ainsi, la Via Pulchritudinis, en lien avec la Via
Lucis, se révèle-t-elle être une Voie de la
Beauté particulièrement adéquate pour établir un
pont entre culture et culte chrétien.
25 Conseil Pontifical de la Culture, « La Via
Puchritudinis, chemin privilégié d'évangélisation
et de dialogue », Document de l'Assemblée
plénière 2006,
http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/cultr/documents/rc_pc_cultr_doc_06121999_docume
nts_fr.html (21/05/2021)
28
2.2. LA VIA LUCIS DU SANCTUAIRE DE FATIMA AU PORTUGAL
Le 2 juin 2008, après la célébration de
la messe dans la basilique du Sanctuaire de Fatima, présidée par
Monseigneur Antonio Marto, Evêque de Leiria-Fatima, eut lieu la
cérémonie d'inauguration de la Via Lucis
créée par l'Artiste peintre italien Vanni Rinaldi
installée dans la Chapelle de la Résurrection de Jésus
dans l'Eglise de la Très-Sainte-Trinité. Monseigneur Antonio
Marto remercia le Père Sabino Palumbieri, fondateur du Mouvement des
Témoins du Ressuscité, d'avoir offert au Sanctuaire de Fatima les
quatorze tableaux de la Via Lucis réalisés par le
maestro Vanni Rinaldi qui était présent à la
cérémonie26.
Par la superposition des plans, l'artiste a voulu montrer la
juxtaposition des époques de l'Histoire de l'Eglise, depuis les premiers
disciples de Jésus, pêcheurs en Galilée, puis
pêcheurs d'hommes après l'Ascension du Seigneur (Mt 4,18-19)
jusqu'à nous qui regardons aujourd'hui le tableau de la Neuvième
station de la Via Lucis du Sanctuaire de Fatima.

Neuvième station : « Le
Ressuscité se manifeste au bord du lac de Tibériade
»
Sur les tableaux des Dixième et Onzième
stations, on peut reconnaître le dôme de la basilique Saint Pierre
de Rome. Les bras étendus du Ressuscité rappellent la Croix tout
en signifiant l'envoi en mission universelle. Les personnages apparaissant dans
le cercle qui
26
https://vannirinaldi.com/2015/12/21/via-lucis/
(02/04/2020)
https://www.fatima.pt/en/news/way-of-light-inaugurated-in-fatima
(13/04/2020)
29
représente la planète sont vus comme à
travers une loupe. Ce sont les plus anciens disciples de Jésus qu'on
voit le plus nettement. Jésus traverse les temps et nous regarde. Par
notre baptême, nous sommes tous en charge de mission
d'évangéliser.

Dixième station : « Le
Ressuscité fait de Pierre le pasteur de l'Eglise
»,

Onzième station : « Le
Ressuscité envoie les disciples dans le monde »
30
2.3. LA VIA LUCIS DANS L'EGLISE DE FRANCE
2.3.1. Le Chemin de lumière de l'église
Saint Romain de Molines-en-Queyras
L'église Saint Romain de Molines en Queyras,
classée monument historique, est romane, probablement de la fin du
XVème siècle. L'abside et la voûte sont de style baroque et
ont été restaurés27. Dans l'église Saint
Romain de Molines en Queyras, du diocèse de Gap et d'Embrun, est
installé le Chemin de lumière de Monsieur René
Eyméoud, une oeuvre sculptée dans le bois en quatorze tableaux.
L'artiste sculpteur, un paroissien agriculteur retraité, a voulu donner
un style queyrassien à son oeuvre avec pour chaque station un effet toit
de chapelle, une croix et un entourage avec des volutes. Il s'est
inspiré des photographies de la Via Lucis du professeur
Giovanni Dragoni installée dans la basilique de Don Bosco qu'avait
rapportées d'une retraite sacerdotale le Père curé
Jean-Luc Grizolle, en 2010.

Vue du portail ouest avec la rosace de la Vierge
immaculée
Un Chemin de Croix moderne, stylisé, peint par
André Massard, se trouve sous les quatorze stations du Chemin de
lumière.
27 Détails architecturaux et photographie :
http://sylviedamagnez.canalblog.com/archives/2014/10/22/30782286.html
(19/05/2021)
31
Monsieur René Eyméoud a compté
près de mille heures de travail avec une concentration extrême,
pendant trois hivers, et il dit avec une grande simplicité : «
sculpter pour l'église de Molines, c'est ma façon de prier
». Le Chemin de lumière a été béni le
jour de la fête patronale de l'église Saint Romain, le mardi 18
novembre 2014, par l'Evêque du lieu28. Il n'y a pas à
cette occasion d'inauguration du Chemin de lumière avec la
pratique de la prière de la Via Lucis, parce que la date de la
bénédiction de l'oeuvre ne correspond pas au Temps pascal.

L'église est orientée vers l'est. La
bénédiction des quatorze tableaux est réalisée au
moyen du rite d'aspersion, dans le sens nord-sud, la Première station
« Jésus ressuscite d'entre les morts » se trouvant
près de l'autel sur la façade nord.

Première et Septième stations du
Chemin de lumière de Molines-en-Queyras
28
https://www.diocesedegap.fr/presentation-de-la-via-lucis-de-molines-en-queyras/
(19/05/2021)
32
2.3.2. A la basilique du Sacré-Coeur de
Montmartre29
Les archives du site web de la basilique du Sacré-Coeur
de Montmartre affichent avoir reçu, dans les pèlerinages des
années 2015-2016, « 40 pèlerins africains `Via
lucis' ». Depuis l'année liturgique 2015-2016, la basilique du
Sacré-Coeur de Montmartre fait la proposition pastorale de la
prière de la Via Lucis pendant le Temps pascal. Le samedi 14
mai 2016, pendant la retraite de Pentecôte30, le Père
Dominic Schubert donna un enseignement introductif sur la prière de la
Via Lucis.
Dans l'année liturgique 2017-2018, la prière de
la Via Lucis était proposée ainsi : « tous les
vendredis du Temps pascal après la messe de 15h, la prière du
`chemin de lumière' avec le Ressuscité (Via lucis)
». Avant la fermeture des portes de la basilique pour cause de
confinement, nous avions pu avoir la confirmation par Monseigneur Jean
Laverton, Recteur la basilique, que le Sacré-Coeur faisait la
proposition de la Via Lucis tous les ans pendant le Temps pascal et
l'information que les Soeurs bénédictines du Sacré-Coeur
de Montmartre s'occupaient de la préparation matérielle de la
Via Lucis.
La photographie ci-dessous montre la célébration
de la Via Lucis à la basilique du Sacré-Coeur de
Montmartre dans l'année liturgique 2017-2018 :

Quatrième et Cinquième stations : «
Le Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs »,
«
Le Ressuscité est reconnu à la fraction du pain
»
29
http://www.sacre-coeur-montmartre.com/francais/formations-retraites-pelerinages/archives-et-publications/annee-2017-2018/article/via-lucis
(30/05/2021)
30
https://www.paris.catholique.fr/retraite-de-la-pentecote.html
(30/05/2021)
33
On peut voir que le grand cierge pascal est allumé
ainsi que six cierges dans l'abside qui est garnie de bouquets de fleurs
blanches. Les stations de la Via Lucis sont illustrées par des
images polychromes représentées sur de grands panneaux en bois
léger installés dans l'allée centrale. Au premier plan se
trouve l'illustration31 de deux péricopes de l'Evangile
selon Saint Luc : l'apparition aux disciples d'Emmaüs et le repas
avec la fraction du pain par le Ressuscité (Lc 24,13-35).
Au centre de la nef se trouve un prêtre habillé
tout en blanc dont on peut supposer qu'il anime la prière. D'autres
prêtres revêtus d'une chape blanche sur les épaules sont
également dans l'allée centrale. Les Soeurs
bénédictines du Sacré-Coeur de Montmartre sont dans
l'assemblée avec les fidèles qui ont à leur disposition
des feuillets. Certains sont assis et d'autres sont debout. Il est probable que
les fidèles participent à la dimension processionnelle de la
Via Lucis par les mouvements de s'asseoir et de se relever.
2.3.3. La Via Lucis, une liturgie familiale du Temps
pascal 2020
Le site web du diocèse de Strasbourg a diffusé
des propositions de « liturgie familiale » pour le Temps pascal 2020,
à cause de la fermeture des lieux de culte liée à la
pandémie de Covid-19. Ces propositions « Pour une liturgie
familiale au temps du Coronavirus » furent déclinées
selon plusieurs formules : « Vivre un Chemin de lumière pour
les dimanches du Temps pascal », « Vivre un Chemin de
lumière pendant l'Octave de Pâques », ou une liturgie
par dimanche de Pâques. Le site web Liturgie et Sacrements,
édité par le Service national de la pastorale liturgique et
sacramentelle de la Conférence des évêques de France, a
relayé cette information avec la possibilité de
télécharger le « Livret de la Via Lucis » du
Service liturgie du diocèse de Strasbourg :
« Le service liturgie du diocèse de Strasbourg
propose une liturgie familiale adaptée à ce temps du coronavirus
: le Chemin de Lumière. Si pendant le Carême, le Chemin de Croix
est l'exercice de piété qui permet de s'unir aux souffrances et
à la passion du Christ, sans négliger l'annonce de la
Résurrection et l'espérance du Royaume, le Directoire sur la
pitié populaire et la Liturgie suggère pour le Temps pascal
une Via lucis, un Chemin de Lumière, faisant parcourir dans la
prière un itinéraire passant par
31 Les illustrations de la Via Lucis sont multiples
et notre propos n'est pas spécifiquement l'iconographie. Par
conséquent, nous n'avons pas étendu nos recherches à
trouver l'origine de ces tableaux.
34
les différentes apparitions du Christ
ressuscité, du matin de Pâques à la Pentecôte (Voir
Directoire page 127 et 128)32 ».
Faut-il développer l'attention sur le texte du jour et
donc sur le contenu de telle station de la Via Lucis ? Ou faut-il
considérer lors de chaque dimanche du Temps pascal l'ensemble du
parcours de la Via Lucis, en quatorze stations ? Le Service liturgie
du diocèse de Strasbourg propose tout le parcours de la Via Lucis
pour les dimanches du Temps pascal33, ainsi que pour l'Octave
de Pâques34. Pour tel dimanche, il est proposé la
liturgie du dimanche considéré35.
2.4. AUX PHILIPPINES, LA VIA LUCIS LORS DU NATIONAL YOUTH
DAY
Le 26 avril 2019, Vendredi dans l'Octave de Pâques 2019,
à Cebu aux Philippines, lors du National Youth Day (NYD), la
Journée Nationale de la Jeunesse, la Messe d'ouverture était
présidée par l'Archevêque José Palma, de Cebu, qui
souligna que Jésus marche toujours aux côtés de la
jeunesse. La messe fut suivie d'une procession de quatre cents
délégués de trois provinces du Mouvement de la Jeunesse
des Philippiens Salésiens. C'était pour la Famille
Salésienne de Don Bosco la première célébration
nationale de la Via Lucis. Lors de cette journée du NYD 2019,
à l'île de Cebu, quatre cents Salésiens de tous les
Instituts étaient présents (SDB, FMA) et auront renouvelé
leurs voeux vocationnels et de ministère au service de la Jeunesse, et
tout spécialement dans la perspective des cinq cents ans
d'évangélisation des Philippines (1521-2021).
Quinze mille jeunes ont participé à cette
journée. Un des jeunes participants partagea ses impressions
après la Via Lucis :
« Souvenons-nous qu'à travers cette
dévotion nous ne renierons jamais la Croix - dont nous savons tous
qu'elle est le symbole de l'amour du Christ pour l'humanité. Au
contraire, nous accroissons toujours notre foi et notre connaissance de ce
qu'elle est vraiment : le symbole de ce que nous sommes tous embrassés
et aimés par Jésus ; un
32
https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/le-dimanche/303182-liturgie-familiale-temps-pascal-vivre-chemin-de-lumiere/
(11/05/2021) 33
https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/04/Liturgie-domestique-Chemin-de-lumiere-pour-dimanches-du-Temps-pascal.pdf
34
https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/04/Liturgie-domestique-Chemin-de-lumiere-pour-octave-de-Paques.pdf
(11/05/2021) 35
https://www.alsace.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/14/2020/05/Liturgiedomestique7eme-dim-de-Paques-A-24-mai-2020.pdf
(17/05/2021)
35
don du Père des cieux qui permit que Son Fils
mourût pour nos péchés ; et en ceux qui souffrent, servent
et restent dans le Seigneur, l'envahissement par la puissance de l'Esprit
Saint. Un jour, comme Marie, ceux qui ont été appelés
à partager la Passion et la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ
seront aussi appelés à participer à Sa Résurrection
et à la plénitude de Sa Gloire 36».
Ci-dessous, sur la photographie, on peut voir le
célébrant allumer un cierge au cierge pascal. Un écran
géant montre une scène cinématographique
représentant Jésus ressuscité avec les disciples
d'Emmaüs lors du repas.

« Cinquième lumière :
Le Seigneur ressuscité est reconnu à la fraction du pain
»

On peut voir que les participants tiennent un cierge
allumé et regardent un feuillet.
36
https://www.bosco.link/webzine/47304
(28/03/2021), Texte en anglais traduit par mes soins.
36
2.5. LE CHEMIN DE LUMIERE DE JOHANNESBOURG
Le 16 avril 2017, Dimanche de Pâques 2017, dans le cadre
de la Visite Extraordinaire à la Vice province de l'Afrique
Méridionale (AFM), le Père Américo Chaquisse, Conseiller
pour la Région Afrique-Madagascar, a présidé la
célébration de la Via Lucis. Les divers
représentants de la Famille Salésienne de Johannesburg
participèrent à la célébration37.
La photographie ci-dessous permet de voir le
déroulement de la célébration en extérieur au Bosco
Youth Center, près de Johannesbourg, un centre salésien qui
accueille quotidiennement des groupes de jeunes pour des retraites
spirituelles. Cette célébration eut lieu le Dimanche de
Pâques 2017. On peut voir qu'en ce jour la célébration fut
accompagnée musicalement à la guitare. La station du Chemin
de Lumière où est arrêtée l'assemblée
est une mosaïque entourée de briques.

Nous avons modifié l'éclairage de la
photographie pour que l'image de la station du Chemin de Lumière
soit plus visible mais elle reste néanmoins assez indistincte. Si
on connaît le parcours de la Via Lucis, on peut penser qu'il
s'agit de l'apparition au lac de Tibériade et imaginer au premier plan
le Seigneur Jésus ressuscité vêtu de blanc et, en
arrière-plan, la forme d'une barque. Sur Agenzia Info Salesiana
(ANS), la photographie est plus grande et un peu plus
claire38.
37
https://www.infoans.org/fr/sections/photos-nouvelles/item/3105-afrique-du-sud-le-p-chaquisse-preside-la-via-lucis
(22/05/2021)
38 Ib.
37
Nous avons reconnu dans la photographie page
précédente, prise en 2017, l'oeuvre d'art sacré qui est
représentée dans notre source Le Chemin de lumière
au-delà de la Croix, les Quatorze stations de Pâques à la
Pentecôte39 : c'est le Chemin de Lumière
du Père Pierre de la Croix, missionnaire d'Afrique, composé
de quatorze tableaux de mosaïque, qui a été inauguré
lors du Dimanche de la Pentecôte 1998, à Johannesbourg. Ci-dessous
est copiée la photographie de la mosaïque qui représente la
pêche miraculeuse. C'est cette image que nous avons reconnue dans la
photographie page précédente. Dans le livre du Père
François Dufour, c'est la Neuvième station du Chemin de
Lumière et le titre en est : « Jésus
apparaît au bord du lac de Tibériade ».

39 Le Chemin de Lumière au-delà de la Croix,
Quatorze stations de Pâques à la Pentecôte du
Père François Dufour, Salésien de Don Bosco, 24.41.
38
3. QUELQUES ELEMENTS DE DISCERNEMENT
3.1. LE MYSTERE PASCAL
La constitution Sacrosanctum Concilium sur la Sainte
Liturgie du Concile oecuménique Vatican II, publiée en 1963,
désigna comme accomplie « l'oeuvre de la rédemption des
hommes et de la parfaite glorification de Dieu » par le «
mystère pascal de la bienheureuse passion, de la résurrection du
séjour des morts et de la glorieuse ascension » du Christ Seigneur
qui « en mourant a détruit notre mort et en ressuscitant a
restauré la vie » (SC 5).
L'Eglise institutionnelle à la fois collégiale
et hiérarchique est le Corps visible de l'Eglise invisible dont le
Christ est Grand Prêtre de la Liturgie céleste et source
vivifiante des Sacrements de l'Eglise et des actions de ses ministres. Le
mystère de l'Eglise est né de l'eau et du sang sortis du
côté ouvert du Christ à la Croix après qu'il
eût dit « Voici ton fils » et « Voici ta mère
» et remis l'esprit (Jn 19,26-27.30.34.37). Depuis lors, tous les
chrétiens sont les disciples bien aimés du Christ et les enfants
de la Très Sainte Mère et tous sont héritiers du Testament
du Fils et ont le droit d'appeler Dieu « Abba »,
Père.
Dans la Sainte Liturgie exercée par les ministres
ordonnés de l'Eglise se poursuit l'oeuvre du Christ Jésus,
Tête du Corps qui est l'Eglise, jusqu'à ce que son Corps Mystique
ait atteint la plénitude de sa taille dans sa marche sur terre. La
« participation active, pieuse et consciente » des fidèles
à la vie liturgique que les Pères conciliaires ont appelée
de leurs voeux (SC 14. 48) consiste non seulement en une participation active
à la liturgie dominicale mais surtout en la compréhension du
Mystère pascal dont la célébration liturgique est le
mémorial (SC 47).
La Liturgie de l'Eglise inscrit le mémorial du
Mystère pascal comme le fondement du temps eschatologique - qui a fait
irruption dans l'Histoire au moment de l'Incarnation - qui prend place
continûment dans la durée du temps de l'attente du dernier
avènement du Seigneur Jésus, Roi de l'Univers. Le temps
linéaire de l'Histoire est dévoré par le temps
eschatologique du salut, jusqu'à la fin des temps, jusqu'à
déboucher sur l'éternité. La Sainte Liturgie permet
l'installation du temps eschatologique dans l'Histoire à chaque fois
qu'elle présente à nouveau le mémorial des gestes et des
paroles du Seigneur Jésus lors de la dernière Cène, bien
que l'institution de l'Eucharistie reste un événement unique. De
même, les événements de la Passion et de la mort du
Seigneur ont été accomplis une fois pour toutes
39
mais, en traversant la mort, Christ a rompu les
barrières du temps et de l'espace auxquels sont soumis les hommes dans
leur condition mortelle.
La Liturgie de l'Eglise inscrit le mémorial du
Mystère pascal comme le fondement du temps eschatologique, temps qui a
fait irruption dans l'histoire au moment de l'Incarnation et qui prend place
continûment dans la durée du temps de l'attente du dernier
avènement du Seigneur Jésus, Roi de l'Univers. La prière
de la Via Lucis n'a pas cette efficacité de la liturgie. Elle
peut en revanche constituer une catéchèse du Mystère
pascal. Elle offre en effet les contours d'une catéchèse
communautaire destinée au grand public des fidèles et
articulée à la liturgie du Temps pascal. Cette
catéchèse intergénérationnelle peut s'adresser
à un public chrétien mixte composé de fidèles
baptisés de longue date et de néophytes. Elle peut aussi
constituer un outil de seconde évangélisation ou « seconde
première annonce40», ainsi que de la nouvelle
évangélisation.
3.2. LA SAINTE LITURGIE ET LES PIEUX EXERCICES
La Source magistérielle qui donne à la
prière de la Via Lucis une reconnaissance officielle est le
Directoire sur la piété populaire et la Liturgie,
Principes et Orientations41, promulgué par la
Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements en
décembre 2001. La prière de la Via Lucis y est
indiquée par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline
des Sacrements comme prière du Temps pascal. Cependant, il n'est pas
expressément prescrit que la Via Lucis doive être
célébrée pendant le Temps pascal. Par conséquent,
il n'est ni obligatoire que la Via Lucis soit
célébrée pendant le Temps pascal, ni exclu qu'elle puisse
être célébrée à un autre moment du calendrier
liturgique, sous réserve des conditions relatives à
l'harmonisation avec la Sainte Liturgie qui s'appliquent à tous les
pieux exercices et qui garantissent à la Sainte Liturgie sa
préséance (70-75).
Dans la deuxième partie du Directoire,
intitulée « Orientations en vue de l'harmonisation de la
piété populaire avec la Liturgie » (93-287), la Via
lucis (153) est située dans le chapitre « Année
liturgique et piété populaire » (94-182) et dans la
rubrique
40 A. F.-X. AMHERDT, citant Enzo Biemmi de l'Instituto
catechetico de Verona, Session SNCC, « Le Mystère pascal au
coeur de l'Initiation », CEF, « Pour une pastorale du
mystère pascal, forme essentielle de l'existence chrétienne :
approches bibliques, patristiques et catéchétiques »,
Paris, 2018, 2.
41 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES
SACREMENTS, Directoire sur
la piété populaire et la Liturgie, Principes et
Orientations, Cité du Vatican, 2001, (70-75 ; 131-156).
40
« Le temps pascal » (152-156). «
Le temps pascal » comprend : « La
bénédiction annuelle des familles dans leurs maisons »
(152) ; « La `Via Lucis' » (153) ; « La
dévotion à la divine miséricorde » (154) ;
« La neuvaine de la Pentecôte » (155).
Le début de l'article qui définit la
prière de la Via Lucis dans le Directoire (153) passe
rapidement sur les origines de la prière, constatant simplement
l'expansion de sa pratique « dans certaines régions » :
« 153. À une époque récente, un
pieux exercice, dénommé Via lucis, s'est répandu
dans certaines régions. En prenant modèle sur la Via
Crucis, les fidèles, pendant la Via lucis, sont
invités à parcourir un itinéraire en considérant
successivement les différentes apparitions, qui permirent à
Jésus - depuis sa Résurrection jusqu'à son Ascension, et
dans la perspective de la Parousie - de manifester sa gloire à ses
disciples, en attendant qu'ils reçoivent l'Esprit Saint qu'il leur avait
promis (cf. Jn 14, 26 ; 16, 13-15 ; Lc 24, 29), de conforter leur foi, de
porter à leur accomplissement ses nombreux enseignements sur le Royaume
et enfin, de définir la structure sacramentelle et hiérarchique
de l'Église. Le pieux exercice de la Via lucis permet aux
fidèles d'évoquer l'événement central de la foi -
la Résurrection du Christ - et leur condition de disciples, que le
sacrement pascal du baptême a fait passer des ténèbres du
péché à la lumière de la grâce (cf. Col 1,13
; Ep 5, 8).
Pendant des siècles, la Via Crucis, en
permettant aux fidèles de participer à l'événement
initial du mystère pascal, la Passion, a contribué à fixer
les divers aspects de son contenu dans la conscience du peuple. À notre
époque, d'une manière équivalente, la Via lucis
peut permettre de rendre présent auprès des fidèles
le second moment si vital de la Pâque du Seigneur, la
Résurrection, à condition que ce pieux exercice se déroule
dans une grande fidélité par rapport au texte
évangélique. On dit communément : « per crucem ad
lucem » ; il est vrai que la Via lucis peut en outre devenir
une excellente pédagogie de la foi.
De fait, la Via lucis, avec la métaphore du
chemin à parcourir, permet aux fidèles de mieux comprendre
l'itinéraire spirituel, qui part de la constatation de la
réalité de la souffrance qui, selon le dessein de Dieu, ne
constitue pas le point d'ancrage définitif de la vie humaine, et aboutit
à l'espérance de rejoindre le vrai but poursuivi par chaque homme
: la libération, la joie, la paix, qui sont des valeurs essentiellement
pascales. Enfin, dans une société souvent marquée par
l'angoisse et le néant, qui caractérisent la
41
« culture de la mort », la Via lucis
constitue au contraire un stimulant efficace permettant d'instaurer une
« culture de la vie », c'est-à dire une culture ouverte aux
attentes de l'espérance et aux certitudes de la foi42
».
En se fondant sur des considérations à la fois
théologiques et anthropologiques, la Congrégation pour le Culte
Divin et la Discipline des Sacrements préconise, expressément
mais de façon non contraignante, la pratique de la prière de la
Via Lucis car cette prière met en avant la deuxième face
du Mystère pascal : la Résurrection du Seigneur Jésus et
ses manifestations à ses disciples proches depuis l'aube de Pâques
jusqu'à l'Ascension et le don de l'Esprit Saint à toute l'Eglise
réunie à la Pentecôte.
La prière de la Via Lucis est construite
à partir des lectures dominicales de toute la durée liturgique du
Temps pascal. La Parole proclamée qui nous interpelle dans les
célébrations eucharistiques devient à nos oreilles la voix
du Crucifié Ressuscité, entendue comme la parole vivante du Verbe
qui vient nous chercher, un par un en nous appelant par notre petit nom et qui
nous invite à le suivre vers le Père. La prière de la
Via Lucis, comme tous les pieux exercices, est par nature
subordonnée à la Sainte Liturgie dont elle reçoit, en tant
que lectio divina, son efficacité.
42 CONGREGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES
SACREMENTS, Directoire sur la piété populaire et la
Discipline des Sacrements », Vatican, décembre 2001,
Deuxième partie, « Orientations en vue de l'harmonisation de la
piété populaire avec la Liturgie » (93-287),
42
DEUXIEME PARTIE
LA CELEBRATION DE LA VIA LUCIS
1. LA MISE EN OEUVRE DE LA VIA LUCIS
1.1. DANS L'EGLISE ITALIENNE
Depuis 2002, la Conférence Episcopale Italienne donne
accès à deux formulaires d'aide à la
célébration de la prière de la Via Lucis, l'un
à l'intention du prêtre et l'autre à l'intention des
fidèles : « Via lucis, Sussidio per il sacerdote »,
« Via lucis, Sussidio per l'Assemblea
»43.
Via Lucis, Per celebrare Gesù
risorto
On doit au Père Don Sabino Palumbieri, professeur
d'Anthropologie philosophique à l'Institut Pontifical Salésien de
Rome, l'édition en 2005 du premier livret officiel du déroulement
de la célébration de la Via Lucis. Ce livret, vendu
seulement en librairie italienne, intitulé Via lucis, Per celebrare
Gesù risorto44, a reçu l'imprimatur
du Vicaire général de Padoue, le Père Danilo Serena.
Une « Ritornelli per la Via lucis » se trouve à la
fin du livret, avec musique et chant45. Dans l'Eglise Italienne, le
livret de célébration publié par Don Sabino Palumbieri a
valeur d'aide à la célébration de la prière de la
Via Lucis46.
« Portate a tutti la gioia del Risorto
»
Dans le cadre de la Pastorale des jeunes, la Conférence
Episcopale Italienne inscrivit la prière de la Via Lucis dans
les Orientations pastorales de la Décennie 2000 à 2010.
En atteste le document intitulé « Portate a tutti la gioia del
Risorto47, Sussidio Liturgico-
43 Dal Sussidio CEI "Chi ha sete venga a me e beva",
A. D. 2002, « Via lucis, Sussidio per il sacerdote », «
Via lucis, Sussidio per l'Assemblea »,
http://www.sangb.org/public/doc_cate/VIA_LUCIS_-_Sussidio_per_l_assemblea.pdf
(16/04/2020)
44 S. PALUMBIERI, Via lucis, Per celebrare
Gesù risorto44, « Ascoltare,
Celebrare, Vivere », Sussidi mini 12, Padova,
Edizioni Messaggero Padova, 2005.
45 Ibid, «Ritornelli per la Via lucis»
- « Ritournelle pour la Via lucis », (45-46).
46« Sussidi mini » : « petite aide
»
47 UFFICI E ORGANISMI DELLA CONFERENZA EPISCOPALE
ITALIANA, Servizio Nazionale per la Pastorale Giovanile, Sussidio
Liturgico-Pastorale Quaresima-Pasqua, 2006, « Portate a tutti la
gioia del Risorto », « Via Lucis », (98-115),
http://www.progettoculturale.it/cci
new/documenti cei/2006-02/28-9/Sussidio pasqua2006.pdf
43
Pastorale Quaresima-Pasqua 2006 » avec le
déploiement sur dix-sept pages de la prière de la Via Lucis
dont la prière conclusive est le renouvellement des promesses
baptismales48. Pendant la Vigile pascale, les
fidèles renouvellent leurs promesses baptismales, la renonciation au mal
et la profession de foi, en même temps que les appelés
font leur profession de foi solennelle.
Après que les nouveaux baptisés ont
reçu l'ultime rite baptismal, le rite de la lumière, sous le
signe d'un cierge allumé au feu du cierge pascal, le prêtre qui
préside la célébration dit à toute
l'assemblée : « Portate a tutti la gioia del Risorto !
», « Va porter à tous la joie du Ressuscité !
». Les nouveaux baptisés devenus néophytes vont
alors porter à leurs frères et soeurs dans l'assemblée la
flamme de leur cierge baptismal, le feu nouveau de la nuit de Pâques. Et
tous partagent la lumière, signe visible de la lumière glorieuse
du Christ ressuscité.
Ainsi les néophytes qui viennent de faire leur
profession de foi solennelle et les fidèles qui, avec eux, viennent de
renouveler leurs promesses baptismales deviennent-ils dans l'assemblée
des porteurs de la lumière du Christ jusqu'à ce qu'ils en soient
revêtus et deviennent le levain lumineux de la communion
ecclésiale. De même, la communauté chrétienne
est-elle appelée à devenir le levain lumineux de la
société.
Préalablement, à la fin de la Vigile pascale,
tous ensemble néophytes et fidèles auront dû déposer
pour les uns le vêtement blanc, pour les autres l'écharpe blanche
et revêtir des vêtements de la vie quotidienne.
Les néophytes porteront l'écharpe blanche
pendant tout le temps de la mystagogie, durant les messes des
néophytes qui se tiennent pendant les sept semaines du Temps
pascal. Certains diocèses célèbrent les confirmations
à la Pentecôte.
La prière de la Via Lucis dont les stations
correspondent avec le Lectionnaire du Temps pascal,
c'est-à-dire avec tout le temps que durent les messes des
néophytes, pourrait peut-être devenir un outil de l'accompagnement
catéchuménal depuis la Vigile pascale jusqu'à la
Pentecôte ?
48 Conclusion de la prière de la Via Lucis avec
le renouvellement des promesses baptismales en Annexe, 109.
44
1.2. DANS L'EGLISE CATHOLIQUE ROMAINE
Lorsque Sa Sainteté Jean-Paul II inclut la
prière de la Via Lucis dans le livre de prières officiel
du Grand Jubilé de l'An 2000 dont les célébrations eurent
lieu à Rome, il signifia que cette prière avait une vocation
universelle. La preuve en est qu'il existe de ce livre une version
internationale en anglais : Pilgrims in Rome, The Official Vatican Guide
for the Jubilee Year 2000, du Vatican Central Committee for the
Jubilee. La version anglaise de Pèlerins en prière, Pour
le Jubilé de l'Année Sainte 2000, est à
l'intérieur du coffret Pilgrims in Rome et porte le titre
de Pilgrim Prayers, The Official Vatican Prayerbook for the Jubilee Year
2000.
Sa Sainteté Jean-Paul II, en incluant la prière
de la Via Lucis dans livre de prières du Grand Jubilé de
l'An 2000, signifia que la Via Lucis est une prière qui n'est
pas seulement une prière de l'Eglise Italienne de la fin du
deuxième millénaire mais qu'elle est pressentie par le
Magistère comme étant une prière de l'Eglise catholique
romaine pour le troisième millénaire. La preuve en est qu'en
2002, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des
Sacrements a confirmé ce pressentiment de Sa Sainteté Jean-Paul
II, relativement à la prière de la Via Lucis, dans les
Orientations du Directoire sur la piété populaire et la
Liturgie, Principes et Orientations (153).
1.3. LES INDICATIONS DE MISE EN OEUVRE
Nous prendrons d'abord en considération les
instructions pour la mise en oeuvre de la prière de la Via Lucis
qui figurent dans Le Chemin de Lumière au-delà de la
Croix, Les quatorze stations de Pâques à la Pentecôte,
parce que c'est la seule source éditée qui donne des indications
sur le mode célébratoire de la prière.
Ensuite, nous présenterons la mise en oeuvre de la
prière selon Pèlerins en prière, Pour le Jubilé
de l'Année sainte 2000, en analysant le texte de la Via Lucis
tel qu'il est dans le livre de prières du Comité Pontifical
du Grand Jubilé de l'An 2000.
De plus, des instructions précises de premier ordre
figurent sur le site salésien vialucis.org49, dans la
rubrique Liturgie qui comprend deux onglets :
Communauté, Jeunes.
49
http://vialucis.org/index.php/it/comunita
(26/05/2021)
45
1.3.1. Instructions in Le Chemin de lumière
au-delà de la Croix, Les quatorze stations
1. L'évènement est annoncé par le
titre de chaque station.
2. Un court refrain chanté :
L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te
bénissons » ;
R. « Parce que, par ta résurrection, tu nous remplis
d'espérance et de joie, Alleluia ! »
3. Le court passage d'Ecriture Sainte est lu par un
lecteur.
4. A l'invitation "Prions" : la
prière est récitée à haute voix, tous ensemble.
5. L'assemblée chante l'hymne proposée, ou
toute autre qui convienne.
6. Chant, exemple :
« Gloire à toi qui étais mort, gloire à
toi, Jésus ! Gloire à toi qui es vivant, gloire à toi !
Gloire à toi, ressuscité, viens revivre en nous
Aujourd'hui et jusqu'au dernier jour.50»
Dix-neuf chants dont la liste se trouve à la fin de
l'ouvrage sont proposés pour les différentes stations de la
prière de la Via Lucis.
50 « A Toi la gloire, ô Ressuscité
», adaptation P. Gouzes, id. n°105, Bayard Presse liturgie.
46
1.3.2. Instructions in Pèlerins en
prière, Pour le Jubilé de l'Année sainte 2000
Les instructions ci-dessous figurent dans le livre de
prières du Comité Pontifical du Grand Jubilé de l'An 2000,
Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année
sainte 2000, vendu en coffret avec Pèlerins à Rome,
un guide touristique de Rome, qui donne son titre au coffret.
Dans ce livre, la prière de la Via Lucis fait
suite à la prière de la Via Crucis. Nous allons comparer
point à point le chant d'ouverture de la prière de la Via
Crucis avec le chant d'ouverture de la prière de la Via Lucis
:
Via Crucis, répons
|
Via Lucis, répons
|
L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te
bénissons. »
R. « Car tu as racheté le monde par ta croix.
»
|
L. « Nous t'adorons, ô Christ, et nous te
bénissons. »
R. « Car tu as racheté le monde par ta
Pâque. »
|
La louange invocatoire chantée par le lecteur est la
même dans les deux prières, sous la forme de deux vers de douze
pieds. Le Répons par l'assemblée est semblable dans les
deux prières. La seule différence consiste en un mot : le
répons de la louange invocatoire du chant d'introduction de la
prière de la Via Crucis se termine par le mot « croix
» et celui de la prière de la Via Lucis se termine
par le mot « Pâque ».
Via Crucis, prière de
clôture
|
Via Lucis, répons et prière de
clôture
|
« O sainte Mère, daigne donc graver les
|
L. « Par la résurrection du Christ. »
|
plaies du Crucifié profondément dans mon
|
R. « Garde-nous dans la lumière, ô mère
du
|
coeur. »
|
Sauveur. »
|
|
« Dieu qui as donné la joie au monde en
ressuscitant Jésus, ton Fils, accorde-nous, par sa Mère, la
Vierge Marie, de parvenir au bonheur de la vie éternelle.
|
|
Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. »
|
|
R. : « Amen ».
|
47
La supplication de clôture de la prière de la
Via Crucis et celle de la prière de la Via Lucis sont
des prières d'intercession. La prière de clôture de la
Via Crucis s'adresse à Marie qui est appelée «
sainte Mère ». C'est une prière individuelle où
chacun exprime le désir de ressentir en son coeur les souffrances du
Crucifié51. La souffrance est valorisée comme telle,
à l'imitation du Christ crucifié. La prière de
clôture de la Via Lucis est une prière communautaire
adressée à Dieu le Père, une prière qui demande au
Nom de Jésus, Christ et Seigneur, l'intercession de la Vierge Marie et
qui met l'accent sur la lumière de gloire dans laquelle le Christ
ressuscité Rédempteur introduit la communauté
ecclésiale. La Via Lucis désigne Marie comme «
mère du Sauveur ». C'est une prière de demande de la
béatitude éternelle.
Ces deux prières ont leur raison d'être en
fonction du temps liturgique : la prière du Chemin de Croix s'articule
au temps du Carême, et plus particulièrement au Triduum pascal
dans la Semaine Sainte et se situe comme proposition sacramentale
le Vendredi Saint, après le rite de la
Vénération-adoration de la Croix. La prière de la Via
Lucis n'est pas nouvelle quant à son contenu scripturaire qui
s'articule aux lectures du Lectionnaire du Temps pascal pour : la
Vigile pascale, le Dimanche de Pâques, les Deuxième et
Troisième dimanches de Pâques, la solennité de l'Ascension
et le dimanche de la Pentecôte. La prière de la Via Lucis
n'est pas nouvelle quant à sa forme qui est conforme à
celle, traditionnelle, de la prière du Chemin de Croix.
1.4. DE LA VIA CRUCIS A LA VIA LUCIS, LA VOIE DU SALUT EN
DEUX VOLETS
On saisit bien ainsi, en les comparant point à point,
la continuité entre la prière de la Via Crucis et la
prière de la Via Lucis tant par la contigüité des
deux prières dans Pèlerins en prière, Pour le
Jubilé de l'Année sainte 2000, que par la similarité
de forme des deux prières : les deux prières sont
processionnelles et comportent quatorze stations.
La méthode pour la pratique des deux prières est
similaire, c'est une méthode en quatre points : lectio,
contemplatio, oratio, meditatio. La lectio divina est la
lecture-écoute
51 Cela correspond à la théologie du
Coeur Sacré de Jésus et de la demande de réparation
adressée par le Ressuscité aux âmes saintes pour les
outrages que le Seigneur subit dans le Sacrement de son Amour, la Sainte
Eucharistie. Ce sont les révélations privées dont parla
sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690).
48
priante, en Eglise, des Saintes Ecritures. La contemplatio
est l'état de résonnance que produit l'Ecriture devenue
Parole proclamée en Eglise, alors que chacun médite en silence
dans son for intérieur. Oratio est la prière en commun
des participants. Meditatio est la réflexion intellectuelle,
guidée par le célébrant, sur le sens de l'Ecriture ainsi
qu'une réflexion sur la manière dont cette Parole peut se
répercuter sur la vie communautaire. Quant aux Salésiens de Don
Bosco, ils ajoutent un cinquième point à la lectio divina
: actio, l'action charitable.
La prière de la Via Crucis est une
méditation sur les récits de la Passion et de la crucifixion de
Jésus de Nazareth, méditation dont la forme traditionnelle
comporte un héritage légendaire, telle la rencontre avec
Véronique, ou un héritage de dévotions anciennes telles
que la dévotion aux « chutes de la Passion » ou aux «
chutes sous la croix52». La Via Crucis traditionnelle
n'a pas dans son contenu uniquement des textes néotestamentaires mais
peut comporter aussi des textes vétérotestamentaires, tel que le
Serviteur souffrant d'Isaïe (1, 5-6 ; 53, 5-6). La place
significative donnée aux femmes valorise leur nature empathique et
secourable avec l'histoire du voile de Véronique et la parole de
Jésus aux filles de Jérusalem (Lc 23,28-31).
Avec une différence d'un seul mot entre le
Répons d'ouverture de la prière de la Via Crucis
« Car tu as racheté le monde par ta croix » et
celui de la Via Lucis « Car tu as racheté le monde par
ta Pâque53 », nous abordons la question
théologique de la Rédemption : est-ce la Croix du Christ qui a
sauvé le monde, ou est-ce sa Pâque ? Que signifie « racheter
le monde » et que signifie exactement « ta Pâque » ?
Dans le premier cas - « tu as racheté le monde par
ta croix » - ce sont les souffrances de la Passion et de la mort du Christ
qui sont la cause de la Rédemption de l'humanité. « Ne le
savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été
unis au Christ Jésus, c'est à sa mort que nous avons
été unis par le baptême » (Rm 6,3). C'est dans la mort
du Christ que nous avons été baptisés. Si c'est
l'Incarnation qui est rédemptrice, nous sommes
d'ores-et-déjà définitivement sauvés et nous
n'avons pas à participer à notre salut qui est pure
grâce.
Dans le second cas - « tu as racheté le monde par
ta Pâque » - c'est la mort et Résurrection du Christ
qui sont à l'origine de notre rédemption. Si nous sommes
baptisés, la Résurrection du Christ nous introduit dans la vie
éternelle. Le champ lexical de la rédemption
52
https://www.narthex.fr/reflexions/le-sens-des-images/la-passion-du-christ-en-images-les-representations-du-chemin-de-croix-une-histoire-aux-sources-multiples
(21/03/2021)
53 Ci-dessus, 48.
49
par le Mystère pascal est celui de la
miséricorde, de la communion et reprend les thèmes pauliniens de
mort au péché et de vie dans le Christ.
Cependant, la descente du Christ aux enfers est passée
sous silence. Cela correspond à une disparition presque totale de la
perspective de l'au-delà dans nos catégories mentales
modelées par le matérialisme et l'athéisme. Nous avons
relégué, en toute bonne conscience, les questions sur les fins
dernières au grenier du dix-neuvième siècle. Dans
Christ, Notre Pâque, François-Xavier Durrwell souligne la
nécessité théologique de creuser la question de la
descente du Christ aux enfers. C'est une des voies que que tenta d'explorer le
cardinal Hans Urs von Balthasar avec l'aide de la théologienne mystique
Adrienne von Speyr.
Deux perspectives théologiques coexistent donc, l'une
plus ancienne, tombée en désuétude mais qui reste
persistante dans notre inconscient collectif, est la théologie dite de
la Substitution ou de la substitution pénale ou
vicaire54. Cette théorie de la
Rédemption a un champ lexical de type juridique :
péché, faute, dette,
châtiment, rançon, rachat,
satisfaction, justice, sacrifice, expiation. Le
terme-même de « rédemption », en anglais «
redeeming », évoque le « rachat » par
peine satisfactoire. La thèse en est que Dieu aurait dû,
à cause du péché du monde et par amour pour
l'humanité, sacrifier son Fils unique pour racheter la dette exigible
à sa Sainteté de Justice. Dieu aurait ainsi payé le prix
de la négligence qui l'aurait conduit à nous
concéder le libre-arbitre dont les débordements nous eussent
autrement conduits en enfer. Le sens qui était anciennement donné
au nom de Pâques, dans l'Eglise d'Occident, était rattaché
aux événements de la Passion et aux souffrances de
Jésus55, plutôt qu'à sa Résurrection.
Jésus, chargé du poids extrême du
péché de tous les hommes de tous les temps, aurait-il pu
être abandonné par le Père Très Saint qui
exècre le péché ? Y aurait-il eu rupture entre Dieu le
Père et Dieu le Fils, rupture au sein de la Très Sainte
Trinité ? Peut-il y avoir une rupture en Dieu qui Trine et Un, en Dieu
qui est Un ? Peut-il y avoir une rupture entre Dieu et Dieu ? La position de
Hans Urs von Balthasar sur cette question a été, selon notre
point de vue, exagérément durcie car le théologien suisse
ne parle pas d'abandon par le Père mais il explore la perception
extrême du sentiment d'abandon qui a pu être celle du Fils sur
la
54 F.-X. DURRWELL, Christ, Notre Pâque, «
Racines », Paris, Nouvelle Cité, 2001, note 67 : «
Nous appellerons donc cette théorie la théologie de la
substitution », cf. « Jésus a non seulement
payé pour l'humanité pécheresse, il a été
substitué à elle, soit par décret divin, soit du fait
même de son incarnation dans l'humanité pécheresse »,
63.
55 R. CANTALAMESSA, Le Mystère Pascal, dans
l'histoire, dans la liturgie, dans la vie, Paris, Salvator, 1985, 1999,
2000.
50
croix avant qu'il ne pousse son cri de
déréliction (Mt 27,46 // Mc 15,34). Selon Balthasar, c'est ce
sentiment extrêmement douloureux d'abandon qui aurait pu être
la dynamique de la descente aux enfers, une descente au fin
fond de la liberté de l'homme qui ne concernait pas le Fils car il
n'était que porteur mais non auteur du
péché de l'homme, mais descente qui était
nécessaire à cause du dessein salvifique du Père de
libérer les esprits en prison.
C'est ainsi que l'on pourrait entendre dans le
Répons de la louange invocatoire de la Via Crucis -
« Car tu as racheté le monde par ta croix » - comme la
réponse à la question que le Ressuscité pose aux
pèlerins d'Emmaüs, dans la Quatrième station de la Via
Lucis : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît
tout cela avant d'entrer dans sa gloire ? Et, en partant de Moïse et de
tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le
concernait » (Lc 24,26-27). La question est rhétorique mais le
Ressuscité laisse aux disciples le temps de la réflexion. Dans le
discours du Ressuscité aux Onze (Lc 24,44), les Psaumes sont
ajoutés aux livres de la Loi et des Prophètes. Ainsi se
précise l'idée que ce qui a été exigé par
Dieu dans la Loi de Moïse, annoncé et promis par
l'intermédiaire des Prophètes et dont le sens a été
ouvert par la nature poétique des Psaumes de David est
profondément lié avec la figure du Ressuscité qui est
Prophète et Messie ? Etant fils de David, Jésus est Roi. Etant
Fils de Dieu, Jésus est Christ et Seigneur.
La théorie de la rédemption par le
Mystère pascal met l'accent sur l'indissociabilité de la mort et
de la Résurrection du Christ. C'est la porte orientale d'entrée
dans le mystère de la Rédemption. A Pâques, les
chrétiens orientaux se saluent en disant : « Christ est
ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! ». La foi en la
Résurrection du Christ est la clef du Royaume. Dans cette perspective
théologique, nous sommes sauvés car ce qui est advenu au Fils
était non seulement nécessaire pour l'humanité, mais aussi
anticipé par le Père de toute éternité dans le but
de sauver l'homme et la femme et toute la Création.
L'icône que les Chrétiens orientaux vénèrent
à Pâques est l'Anastasis ou l'icône du
Relèvement.
La Résurrection de Jésus nous donne, d'une part
la certitude que la béatitude de la vie éternelle est dès
aujourd'hui préparée et, d'autre part la certitude que la
Création sera sauvée. Il nous reste à marcher notre vie de
chrétiens dans le temps de l'Eglise avec la conscience d'être
sauvés en espérance (Rm 8,18-25). La Résurrection
et l'Ascension du Seigneur procèdent de la même dynamique divine
d'exaltation. La Résurrection est une lumière de gloire
visible pour nous entre deux gloires en plénitude : la Transfiguration
et la Parousie. Il faut que nos yeux s'accoutument à voir la
lumière en face.
51
2. LA VIA LUCIS, UNE PEDAGOGIE DE LA FOI
Le parcours de l'Initiation chrétienne se
déroule selon le modèle d'une catéchèse de
cheminement, d'étape en étape, sur un itinéraire
balisé par des rites de purification et d'illumination, jusqu'à
l'ultime passage du baptême lors de la Vigile pascale. Se tenir debout,
avancer, stationner et accepter de se laisser déplacer, telle est la
dynamique du cheminement. Mais dans quel sens faut-il avancer ? La voie est
indiquée par le Ressuscité : il s'agit de passer des
ténèbres à la lumière. Christ est la Voie (Jn
14,6).
Ainsi, la prière de la Via Lucis pourrait
peut-être servir à souligner l'itinéraire parcouru par les
catéchumènes devenus néophytes pendant le temps de la
mystagogie consécutive aux célébrations des sacrements
reçus pendant la Vigile pascale, c'est-à-dire pendant les sept
semaines du Temps pascal. Les messes des dimanches du Temps pascal sont dites
« messes pour les néophytes » (RICA 239). Le chemin de la
Via Lucis est un chemin progressif de conversion, c'est un chemin
d'entrée dans la nouveauté extraordinaire de la foi en la
Résurrection du Christ. La Via Lucis est un chemin vers Dieu
où l'on est guidé depuis le matin de Pâques, cinquante
jours durant, par le Ressuscité.
Lors de la Vigile pascale, avant qu'ils ne reçoivent
les sacrements de l'Illumination, les catéchumènes adolescents et
adultes passent par des étapes de purification avec des scrutins et
éventuellement un exorcisme. Or, le rite conclusif d'une
célébration de la Via Lucis, dans la forme
complète de la prière, comprend la Renonciation et la
profession de foi56 qui correspond à des rites de la
seule nuit pascale. Les nouveaux baptisés sont baptisés au Nom du
Père et du Fils et du Saint Esprit (Mt 28,19). (Mt 28, 19-20) est la
Onzième station de la prière de la Via Lucis. En grec, être
baptisé « au nom de » se dit « eis to onoma
», c'est-à-dire non pas « de la part de » mais
« vers le Nom de »57. Le baptême au Nom de
la Très Sainte Trinité ouvre une Voie : il ouvre un chemin et un
sens.
Après avoir été plongés dans l'eau
baptismale, les baptisés sont marqués au front du signe de la
Croix par le célébrant au moyen d'une onction de
saint-chrême consacrée à Pâques, puis ils
reçoivent le vêtement blanc et ensuite un cierge allumé au
cierge pascal, lequel a été allumé au feu nouveau lors de
la liturgie de la lumière (RICA 221-227).
56 La Renonciation et la profession de foi est le
rite conclusif de la prière de la Via Lucis : en Annexe, 105.
http://vialucis.org/index.php/it/conclusione-13
(25/05/2021)
57 J.-N. BEZANCON, Un chemin pour aller ensemble au coeur de
la foi.
52
L'onction préfigure la célébration de la
confirmation qui est la mise en oeuvre de la deuxième étape du
sacrement du baptême. « Le dernier rite du baptême, la remise
de la lumière, dit bien que le chemin est un chemin
éclairé par le Christ, mais aussi que le baptisé est
lui-même lumière (vêtement blanc) et que c'est bien de son
propre chemin qu'il s'agit, pas d'un chemin tracé
d'avance58».
L'Eglise italienne a intégré la prière de
la Via Lucis dans la liturgie baptismale et donc dans les rites de
l'Initiation chrétienne de la Vigile pascale pour toute la
communauté réunie, les catéchumènes
appelés qui vont être baptisés et les fidèles.
Ainsi, c'est l'ensemble de la communauté réunie qui vit pendant
cette nuit pour les appelés la profession de foi solennelle, pour les
fidèles le renouvellement des promesses baptismales : « je
renonce », « je crois ».
La prière de la Via Lucis pourrait
peut-être constituer un support de catéchèse
consécutive à la réception des sacrements de l'Initiation
chrétienne durant les sept dimanches des messes des
néophytes. La mise en oeuvre de la mystagogie qui suit la
célébration des sacrements n'est pas destinée aux seuls
néophytes mais à tous les membres de la
communauté59 pendant le Temps pascal. Avec la prière
de la Via Lucis comme outil catéchétique, la
catéchèse communautaire pourrait être l'occasion d'une
mystagogie des sacrements de l'Initiation, non seulement entre néophytes
mais aussi dans un échange intergénérationnel avec la
communauté des fidèles. C'est aussi le rôle de la
communauté paroissiale que d'être « catéchisée
et catéchisante 60».
« Le fait de célébrer les sacrements de
l'initiation dans la nuit de Pâques traduit en effet d'une façon
particulière que ces sacrements associent au Christ et à son
passage de la mort à la résurrection, qu'ils font en fait vivre
un nouveau départ.
Mais ce caractère pascal du catéchuménat
ne se limite pas à la Veillée pascale comme moment indiqué
de la célébration des sacrements de l'initiation. Il embrasse
aussi le Carême, temps fort de préparation de l'Église aux
fêtes pascales, et, pour les
58 R. LACROIX, « La Vigile pascale, point d'orgue de
l'Initiation chrétienne »,
https://liturgie.catholique.fr/accueil/initiation-chretienne/le-bapteme/temps-et-lieux/13040-la-vigile-pascale-point-dorgue-de-linitiation-chretienne/
(22/05/2021)
59
http://marly-catholique78.fr/wp/wp-content/uploads/2020/04/Livret-Temps-Pascal.pdf
(25/05/2021)
60 A. FOSSION, Nouvelle Revue Théologique, «
Vers des communautés catéchisées et
catéchisantes, Une reconstruction de la catéchèse en un
temps de crise », 2004,
https://doi.org/10.3917/nrt.264.0598
(13/05/2021)
53
catéchumènes, d'ouverture du coeur à la
réception des dons du Seigneur. La célébration de «
l'appel décisif » des catéchumènes, au début
de ce temps, met de l'avant que Dieu fait les premiers pas vers eux, par
l'intermédiaire de son Église, et que leur démarche est
essentiellement de l'ordre de la réponse au Seigneur qui s'invite dans
leur vie. Les « scrutins » interviennent aussi durant le Carême
: ils assurent les catéchumènes de la miséricorde du
Seigneur à leur endroit.
Le caractère pascal du catéchuménat
s'étend encore au temps de la mystagogie, qui coïncide avec le
temps pascal des cinquante jours après Pâques et met l'accent sur
l'approfondissement des sacrements reçus. Dans plusieurs
diocèses, l'évêque opte pour la confirmation
célébrée au terme de cette initiation postbaptismale,
à la Pentecôte. Histoire de permettre à l'initiation de se
prolonger afin d'aider la foi à s'enraciner et de rendre explicite que,
s'achevant en présence de l'évêque, cette initiation
comporte une dimension supralocale de rattachement à l'Église.
Heureuse Église qui, du début du Carême
à la Pentecôte, accompagne vers les sacrements de l'initiation et
les célèbre ! Heureuses et heureux catéchumènes et
néophytes qui, pendant ce temps, vivent l'expérience pascale de
structuration de leur foi et de leur vie de disciples du Seigneur ! 61»
2.1. LA PRIERE DE LA VIA LUCIS ET LE LECTIONNAIRE DU TEMPS
PASCAL
La prière de la Via Lucis a un contenu
biblique qui fait parcourir le chemin vécu par les disciples de
Jésus depuis l'aube de Pâques jusqu'à l'effusion de
l'Esprit Saint sur la première Eglise du Christ. Le noyau scripturaire
de la prière de la Via Lucis comprend les récits de
découverte du tombeau vide de Matthieu et Luc - pas celui de Marc - et
les récits d'apparition du Ressuscité, apparitions individuelles
(Jean, Luc) et apparitions collectives (Matthieu) ; ainsi que les récits
qui concernent l'Eglise primitive depuis l'Ascension du Seigneur jusqu'à
l'effusion de l'Esprit-Saint (Jean) à la Pentecôte qui figurent
dans les Actes des Apôtres (Luc).
61 P. G. DROUIN, Office de Catéchèse du
Québec, « Les catéchumènes sont baptisés
lors de la Vigile pascale, pourquoi ? »,
https://www.officedecatechese.qc.ca/formation/catechumenat/chronique/2017/201711_Drouin.
html (22/05/2021)
54
Dans quel but faire le chemin de la Via Lucis ? Le
but pastoral est que les fidèles découvrent l'unité du
Temps pascal dans les sept semaines de Pâques à la
Pentecôte, qu'ils s'intéressent à la lectio divina
et qu'ils entrent davantage dans l'intelligence du mystère pascal
avec les nouveaux baptisés, les néophytes qu'il faut
intégrer dans la communauté.
Voir Jésus ressuscité et le
reconnaître en tant qu'il est bien le Crucifié, le
Maître, le Messie, le Seigneur, tel est l'enjeu des récits des
Evangiles de la Résurrection proclamés durant le Temps pascal.
C'est aussi ce qui constitue la trame scripturaire de la prière de la
Via Lucis. Les récits de la Résurrection du Christ
peuvent être sériés en deux sortes de récits : d'une
part les récits du tombeau vide, d'autre part les récits
d'apparitions du Ressuscité. Quant aux récits d'apparitions, ils
peuvent également être sériés en deux
catégories : les récits d'apparition à une personne
particulière et les récits d'apparition à la
communauté.
Toujours première est la Parole, toujours nous
précédant est le Verbe, le Logos, la Parole est
puissante et créatrice (Gn 1,3) et nous accompagne jusqu'à la fin
des temps comme les enseignements de Jésus (Mt 28,20). La Parole de Dieu
appelle à l'écoute dans le silence. Lors de la Transfiguration,
sur le mont Thabor, la voix divine dit : « Celui-ci est mon Fils, ...
Ecoutez-le !62».
Qu'ils écoutent, entendent et comprennent, tel est bien
l'enjeu majeur de l'attente de Jésus ressuscité vis-à-vis
de ses disciples, tout comme cela l'avait déjà été
du temps de son ministère public mais il s'agit maintenant de former des
apôtres croyants fermement en Christ ressuscité qui soient en
mesure de porter témoignage de la réalité de la
Résurrection du Seigneur, de la réalité de la
résurrection des morts et de la vie éternelle. Le
Ressuscité est venu former un collège apostolique capable de
pouvoir témoigner jusqu'aux extrémités de la terre avoir
vu, parlé, mangé et bu avec le Ressuscité, capable
d'expliquer le dessein eschatologique de Dieu pour l'humanité
révélé dans les Saintes Ecritures du peuple juif et
accompli en Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur.
62 L. DEISS, Synopse de Matthieu, Marc et Luc, avec les
parallèles de Jean, Paris, Desclée de Brouwer, 1963, 1975,
(Mt 17,5 // Mc 9,7 // Lc 9,35), 121.
55
TABLEAU SYNOPTIQUE
LECTIONNAIRE DU TEMPS
PASCAL63 / 3 sources de la prière de la
VIA LUCIS
|
CALENDRIER LITURGIQUE
Temps pascal / Stations
VIA LUCIS
|
LECTIONNAIRE DES DIMANCHES ET
FÊTES DU TEMPS PASCAL64
|
VIA LUCIS PER CELEBRARE GESU RISORTO,
SUSSIDI MINI, RITUEL
|
PELERINS EN
PRIERE
POUR LE JUBILE DE L'ANNEE SAINTE
2000
|
LE CHEMIN DE LUMIERE
AU- DELA DE LA CROIX, 14 STATIONS
DE PÄQUES A LA PENTECÔTE
|
VIGILE PASCALE
|
A
|
Mt 28,1-10
|
Mt 28,1-7 / 5-6 (1ère)
|
Mt 28,5-6 (1ère)
|
|
B
|
Mc 16,1-7
|
|
|
|
C
|
Lc 24,1-12
|
|
|
Lc 24,1-9 (1ère)
|
On peut constater dans le tableau ci-dessus que la
prière de la Via Lucis est bien articulée au
Lectionnaire du Temps pascal, selon l'année liturgique. On
pourrait même dire que la Via Lucis est enracinée dans le
Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal, en fonction
du calendrier liturgique par année A, B ou C. Lors de l'année
liturgique A, il est proclamé l'Evangile selon Saint Matthieu ; lors de
l'année B, c'est de l'Evangile selon Saint Marc dont il est fait lecture
lors de la liturgie de la Parole et, lors de l'année C, c'est de
l'Evangile selon Saint Luc. Dans notre source Le Chemin de lumière
au-delà de la Croix, Les quatorze stations de Pâques à la
Pentecôte du Père François Dufour, Salésien de
Don Bosco, le texte scripturaire de la Première station est (Lc 24,1-9).
Nous n'avons pas trouvé tout de suite pourquoi seule cette source avait
la péricope de Luc, alors que les deux autres avaient Mattieu (Mt
28,5-6).
Nous avions l'intuition que les variations textuelles entre
les sources étaient dues aux déclinaisons scripturaires du
Lectionnaire des dimanches est fêtes du Temps pascal en fonction
des années liturgiques mais nous en avions cherché en vain la
vérification par rapport aux années d'édition des
différentes sources. C'est après avoir fait le rapprochement
entre la photographie de 2017 à Johannesbourg et notre source Le
Chemin de Lumière au-
63
https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2018/10/Calendrier_liturgique_2019.pdf
C (31/05/2021)
https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2019/09/Calendrier_liturgique_2020_3.pdf
A (31/05/2021)
https://www.prionseneglise.fr/wp-content/uploads/2020/09/Calendrier-litrugique2021.pdf
B (31/05/2021)
56
delà de la Croix, puis après avoir
trouvé que l'inauguration du Chemin de Lumière du Père de
la Croix avait eu lieu en 1998, que nous pouvons confirmer cette
hypothèse :
L'année liturgique 1997-1998 était une
année C, Luc. A la Vigile pascale était lu (Lc 24,1-12). C'est la
raison pour laquelle (Lc 24,1-12) est indiquée comme péricope de
la Première station dans le livre Le Chemin de Lumière
au-delà de la Croix, relativement aux deux autres sources qui
donnent pour la même station la péricope (Mt 28,5-6) ou, pour le
livret de célébration Via lucis, Per celebrare Gesù
risorto, également la même péricope élargie
à (Mt 28,1-7). Ce qui nous conduit à conclure que la
prière de la Via Lucis a été conçue pour
être en harmonie avec le Lectionnaire du Temps pascal, en
fonction des années liturgiques A, B et C ; et qu'elle constitue un
support de catéchèse communautaire pendant le Temps pascal.
Il y est déjà possible d'observer dans ce
tableau que la prière de la Via Lucis a davantage de
correspondances avec le Lectionnaire du Temps pascal des années
A qu'avec celui des années B ou C. Ceci est nettement confirmé
par l'observation du « Tableau synoptique du Lectionnaire du Temps
pascal et des trois sources de la prière de la Via Lucis » qui
se trouve en annexe (105-106) : c'est avec les lectures du Lectionnaire du
Temps pascal des années A que la prière de la Via Lucis
a le plus de correspondances. Les années liturgiques A sont dites
avoir « une connotation davantage baptismale65 », à
cause notamment de la lecture semi-continue de la Première Lettre de
Pierre qui est considérée comme une catéchèse
baptismale66. La prière de la Via Lucis, en harmonie
avec les lectures du Lectionnaire du Temps pascal des trois
années liturgiques, est spécialement en harmonie avec les
années A dont la connotation est baptismale.
La prière de la Via Lucis pourrait dont
peut-être devenir en France le support d'une catéchèse
communautaire dominicale pendant le Temps pascal67, en-dehors des
horaires des célébrations eucharistiques. On pourrait imaginer
ces rencontres où la communauté serait à la fois «
catéchisée et catéchisante » le dimanche
après-midi pendant la période des huit dimanches du Temps
pascal68.
65 Id. P. G. DROUIN, « Les Evangiles des huit
dimanches du Temps pascal ».
66
https://www.diocese-annecy.fr/diocese/2019-2020-annee-du-bapteme/boite-a-outils/6-la-1ere-lettre-de-pierre.pdf
(31/05/2021)
67 Selon les Principes et Orientations du Directoire
sur la piété populaire et la Liturgie (153).
68
https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19692-evangiles-huit-dimanches/
(07/04/2021)
57
2.1.1. VIGILE PASCALE ET OCTAVE DE PÂQUES
VIGILE PASCALE ET (Mt 28,1-10/Lc24, 1-9) ET
1ère STATION : « Jésus triomphe de la mort
» (Mt 28,1-7 / 5-6)
« Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié.
Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez voir
où il reposait » (Mt 28,5-6).
Pâques est le temps des ouvertures : du tombeau, du sens
des Ecritures, des yeux des pèlerins d'Emmaüs, de l'entendement des
disciples, du coeur de Pierre. L'important n'est pas que le tombeau soit ouvert
mais c'est que la porte soit ouverte. Le Ressuscité est l'Ouverture, la
« porte ouverte que nul ne peut fermer » (Ap 3,8). «
Moi, je suis la porte. Si quelqu'un entre en passant par moi, il sera
sauvé » (Jn 10,9).
Les trois évangiles synoptiques comportent le
déchirement du voile du sanctuaire au moment de la mort de Jésus
(Mt 27,51a // Mc 15,38 // Lc 23,47-49), mais Matthieu est le seul à
faire le récit d'une théophanie avec un tremblement de terre,
l'ouverture des tombeaux et la résurrection des « saints endormis
» qui « entrèrent dans la Ville Sainte » et qui «
apparurent à beaucoup » (27,51b).
Chez Matthieu, au moment de la mort de Jésus, les
femmes regardaient de loin : ce sont « Marie la Magdalène et Marie,
mère de Jacques et de Joseph et la mère des fils de
Zébédée » (Mt 27,55-56). Chez Marc, ce sont «
Marie la Magdalène et Marie, mère de Jacques le Petit et de
Joset, et Salomé » (Mc 15,40-41). Après le départ des
femmes, les gardes rapportèrent aux autorités religieuses les
événements dont ils furent témoins et leur
déconvenue. C'est en voulant user d'un stratagème que les chefs
des prêtres et les Pharisiens annoncèrent eux-mêmes de
façon indirecte et négative, sous forme de prolepse, le
kérygme : « Il est ressuscité d'entre les morts
» (Mt 27,64). Matthieu souligne également par ce détour
que le fait que le tombeau soit vide ne peut pas constituer une preuve
suffisante de la résurrection de Jésus. En Mt 28,4, ce sont les
gardes qui « devinrent comme morts ».
L'annonce positive du kérygme par Matthieu dans notre
péricope courte de la Première station de la Via Lucis
(Mt 28,5-6)69 comporte par conséquent, au-delà de
l'angélophanie, la puissance de la théophanie commencée au
moment de la mort de Jésus. Ce sont les femmes disciples de Jésus
qui sont les premiers témoins de cette théophanie et qui sont les
personnages de la transition entre les récits de la découverte du
tombeau vide et
69 Texte Source : Pèlerins en prière, Pour le
Jubilé de l'Année Sainte 2000.
58
les récits d'apparition du Ressuscité. Chez Luc,
ce sont « des femmes qui l'avaient suivi depuis la Galilée »
(Lc 23,49). Le nom des femmes n'apparaît chez Luc, dans le récit
de la découverte du tombeau vide, que lorsqu'elles reviennent porter
leur témoignage « aux Onze et à tous les autres » : ce
sont « Marie la Magdalène, et Jeanne, et Marie, la (mère) de
Jacques. Et les autres (qui étaient) avec elles... » (Lc 24,10).
DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,1-9) ET
2ème STATION : « Les disciples trouvent le tombeau
vide » (Jn 20,1-9 / 6-8)
« Alors entra l'autre disciple, lui qui était
arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jn 20,8).
Le découpage de la péricope est très
court. Le contenu informatif de cette phrase convoque deux personnes, deux
disciples dont il est clair que l'un est un homme, qui viennent sur le
lieu où se trouve un tombeau. Nous savons qu'il s'agit du tombeau de
Jésus et que des femmes sont venues voir ce tombeau
précédemment. On peut penser logiquement qu'il s'agit de deux
hommes. Celui qui est arrivé en premier entre après l'autre et
marque ainsi une déférence et probablement un respect de
préséance.
Puisque ce sont des disciples de Jésus qui viennent
voir le tombeau, ils doivent avoir en mémoire ce qu'avait dit le
Maître, leur Rabbi. « Il vit et il crut ». L'autre
disciple croit instantanément en voyant le tombeau vide que
Jésus est ressuscité et donc qu'il est vivant. Mais que signifie
: « il est ressuscité » ? Qu'avait dit le Maître au
sujet de la résurrection, de sa résurrection ? Qu'est-ce que la
résurrection ? Que pensait-on à cette époque, en milieu
juif, à propos de la résurrection ? Tout le monde était-il
d'accord à ce sujet ? Visiblement, cela pose des problèmes de
compréhension et des difficultés d'adhésion de la foi.
L'ange a dit aux femmes de venir voir l'endroit où reposait le corps de
Jésus le crucifié. Il a montré le tombeau vide
comme étant la conséquence du fait que Jésus est
ressuscité.
Ce n'est pas parce que le tombeau est vide que Jésus
est ressuscité mais c'est parce que Jésus est ressuscité
que le tombeau est vide : « Il n'est pas ici car il est
ressuscité ». Le tombeau vide n'est pas une preuve de la
résurrection, sinon cela ne poserait de problème à
personne de croire que Jésus est ressuscité, une fois le tombeau
trouvé vide. Jésus s'est-il réveillé par ses forces
propres alors qu'il était endormi du sommeil de la mort ? Le texte ne
dit pas « il a ressuscité » mais « il est
ressuscité », le verbe étant au passif - en
exégèse, on utilise le terme de passif divin - indique que
l'action vient de Dieu.
59
MARDI DE L'OCTAVE DE PÂQUES (Jn
20,11-18) ET 3ème STATION : « Le Ressuscité
se manifeste à Marie de Magdala » (Jn 20,11-18 /
16-18)
« Jésus lui dit : `Marie !' Elle se tourne vers
lui et dit : `Rabbouni !' ce qui veut dire : `Maître' » (Jn
20,16)70.
Nous avons de nouveau ici une péricope de l'Evangile
selon Saint Jean. La péricope correspondante dans la TOB porte
la précision que Rabbouni est un mot hébreu : «
Jésus lui dit : `Marie.' Elle se retourna et lui dit en hébreu :
`Rabbouni', ce qui signifie maître » (Jn 20,16).
L'évangéliste donne le texte du dialogue le plus près
possible de la langue parlée par Jésus et ajoute un commentaire
pour que les destinataires du récit, en l'occurrence nous, comprennent
le sens de ce dialogue. Donc, il y a un changement de culture entre le milieu
d'origine et de langue de Jésus et les destinataires de l'Evangile selon
Saint Jean. La réception de Jean n'a pas lieu en milieu juif, ou alors
est-ce dans une population mixte judéo-chrétiens en milieu
hellénistique, avec une minorité de juifs ce qui expliquerait que
le rédacteur final conserve un mot hébreu (ou araméen).
Ayons en mémoire que le Nouveau Testament a été
rédigé en grec. La langue parlée communément dans
tout le pourtour méditerranéen aux premiers siècles de
l'ère chrétienne était le grec, la
koinè.
La péricope de la Troisième station de la
Via Lucis est un récit johannique d'apparition de Jésus
ressuscité à une femme, Marie. Le titre de la station nous dit
qu'il s'agit de Marie de Magdala, Marie-Madeleine. Jésus l'appelle
« Marie », de manière familière. Quant à la
réponse de celle-ci, « Rabbouni », il s'agit d'une
manière affectueuse de donner au Maître le titre de Rabbi.
Cette façon de parler exprime de la part de Marie-Madeleine
à la fois un profond respect pour le Maître et un grand
attachement à la personne de Jésus.
Cependant, si l'on veut découvrir le texte
au-delà de cette péricope très courte, on apprend qu'avant
que le Ressuscité ne prononçât son nom, Marie-Madeleine ne
l'avait pas reconnu. Alors que manifestement il existait une relation
particulière entre Marie-Madeleine et le Maître, lorsqu'il se
présenta à elle ressuscité, elle ne le reconnut pas. Mieux
encore, la péricope (20,13-15) dit qu'elle l'avait pris pour le
jardinier, la TOB dit « le gardien du jardin »71.
N'est-pas une référence au jardin d'Eden (Gn 2,15) ? Voyons le
récit de la chute d'Adam et Eve, dans la Genèse : « Ayant
chassé l'homme, il posta les chérubins à l'orient du
jardin d'Eden avec la flamme de l'épée foudroyante pour garder le
chemin de l'arbre de vie » (Gn 3,24). L'épée foudroyante
n'est-elle pas le symbole du Verbe de Dieu (He 4,12-
70
https://cours.cath.ch/cours-1-apparition-de-jesus-a-marie-madeleine-jn-20-11-18/
71 TOB, 2622.
60
13) ? Dans le Symbole des Apôtres, nous professons notre
foi en Jésus, Juge souverain lors du Jugement dernier : « Il est
assis à la droite de Dieu, le Père Tout-Puissant d'où il
viendra juger les vivants et les morts ». Comment Jésus-Christ
viendra-t-il nous juger puisqu'il est venu nous sauver ? Ne sommes-nous pas
déjà sauvés par sa mort ? C'est le Verbe de Dieu, la
flamme de l'épée foudroyante, qui garde le jardin d'Eden
où se trouve l'arbre de vie éternelle. Le Verbe incarné
est venu nous porter la Parole de Vie : « Moi, la lumière, je suis
venu dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les
ténèbres. Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde pas, ce
n'est pas moi qui le juge : car je ne suis pas venu juger le monde, je suis
venu sauver le monde. Qui me rejette et ne reçoit pas mes paroles a son
juge : la parole que j'ai dite le jugera au dernier jour » (Jn
12,46-48).
L'apparition à Marie-Madeleine, indépendamment
du groupe des femmes, est propre à Jean. Pourquoi Jésus
ressuscité est-il apparu en premier, du moins explicitement dans
l'évangile, à Marie-Madeleine ? Peut-être est-ce à
cause de l'affection qu'elle lui portait ? Matthieu et Marc citent
nommément Marie la Magdalène dans le groupe des femmes
présentes au moment de la mort de Jésus et qui le suivaient
depuis la Galilée (Mt 27,56 // Mc 15,40). Luc nomme Marie la
Magdalène dans le groupe des femmes venues faire des soins mortuaires
qui reviennent vers les Onze et tous les autres pour leur annoncer la
bonne nouvelle de la résurrection du Seigneur (Lc 24,1-12). Le verset
12, qui fait la narration du départ précipité de Pierre
(seul) vers le tombeau n'est pas présent dans tous les
témoins anciens72. Ce verset dit que Pierre, se penchant
au-dessus du tombeau, ne vit que les bandelettes et qu'il s'en retourna avec
étonnement. C'est en entendant le Seigneur prononcer son nom que
Marie-Madeleine fit l'expérience de la conversion. Pour l'autre
disciple, c'est en voyant le tombeau vide qu'il crut à la
résurrection du Seigneur.
Au moment de sa résurrection, Jésus fait de
Marie-Madeleine une femme apôtre qui doit convaincre les disciples de
Jésus qu'il est ressuscité et leur transmettre ses paroles :
« Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon
Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu »
(Jn 20,17b). La Croix a acquis aux hommes la filiation divine. Cependant, le
chemin vers Dieu passe par une mission qui est de témoigner aux
frères de Jésus de sa Résurrection et de leur faire savoir
qu'il les a établis dans l'héritage du Royaume, ainsi qu'il l'a
fait sur la Croix pour le disciple bien-aimé (Jn 19,26-27).
72 TOB, note z), 2550.
61
Ce récit d'apparition du Ressuscité constitue la
Troisième station de la prière de la Via Lucis. Ce
récit met en relief la relation qui existe entre Jésus et une
femme appartenant au groupe de celles qui sont présentes à la
Croix (19,25). C'est en interpellant Marie-Madeleine par son nom - d'une
manière qui rappelle la manière dont est appelé Saül
sur le chemin de Damas (Ac 22,7) - que Jésus ressuscité se fait
reconnaître d'elle ; ce à quoi elle répond par un vocatif
à la fois révérencieux et marquant un fort attachement,
« Rabbouni 73», ce que la TOB dit signifier
« maître » (Jn 20,16). La conversion spirituelle de
Marie-Madeleine consiste à renoncer à ses affects douloureux
liés à un attachement à l'apparence physique de
Jésus et à voir le Ressuscité tel qu'il est
réellement devenu.
Lc 24,1-12 est la lecture de la Vigile pascale des
années C. Le récit se situe « le premier jour de la semaine,
de grand matin ». Il y a trois femmes dont Marie-Madeleine, leur nom est
cité en fin de récit (v. 10). Le propos des femmes
rapporté aux apôtres leur semble être du délire.
La présence de Marie-Madeleine dans le groupe des
femmes préposées aux soins du corps du Seigneur est
évoquée en (Mc 16,1-7)74, dans la lecture de
l'année liturgique B. Cependant, ce récit ne donne pas lieu
à un dialogue particulier entre Marie de Magdala et le
Ressuscité, ainsi qu'il est rapporté dans le récit de (Jn
20,11-18). Et la péricope (Mc 16,1-7) ne figure pas dans la
prière de la Via Lucis. Dans la prière de la Via
Lucis, les femmes sont missionnées pour parler et elles parlent.
DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET
7ème STATION : « Le Ressuscité donne le
pouvoir de remettre le péché » (Jn 20,19-23 / 19-22
et Jn 20,24-29 / 27-29)
« Il répandit sur eux son souffle et leur dit :
`Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses
péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).
Le Seigneur ressuscité et exalté dans la gloire
insuffle l'Esprit Saint à ses disciples et leur confère le
pouvoir de pardonner les péchés. L'expression remettre les
péchés s'apparente à celle de remettre les
dettes, c'est-à-dire que l'épuration du passif spirituel
serait
73 TOB, (Mc 11,51), « Rabbouni »,
j) : « Titre respectueux, comme Rabbi, marquant un
attachement plus fort. Mt et Lc ont rendu ce mot par Seigneur. »,
2439. « Rabbi » : cf. (Mc 9,5), a) :
« Par ce titre respectueux, mon Seigneur (de rab :
grand), on s'adressait aux docteurs de la loi mais aussi à d'autres
personnages. Adressé à Jésus, ce titre est rendu par
Maître en Jn 1,38 (gr. didascale). Vers la fin du Ier
siècle le mot perdit sa valeur de vocatif et désigna les docteurs
de la loi (de là l'emploi encore actuel du mot rabbin). »,
2434.
74 L. DEISS, C. S. Sp., Synopse de Matthieu, Marc et Luc,
avec les parallèles de Jean, Nouvelle édition, Paris,
Desclée de Brouwer, 1963-1964, 1975, 233-234.
62
analogue à l'apurement du passif d'un compte financier.
Le concept de rémission des péchés se rattache
à la doctrine de la rétribution et à une théologie
juridique de la Rédemption sous le mode de la substitution ou
satisfaction vicaire. Selon cette théologie, adoptée par
saint Thomas d'Aquin, le Christ a pris sur lui tout le péché du
monde afin de nous éviter la peine du dam éternel. Son sacrifice
serait expiatoire et satisfactoire de la Justice divine, de façon
vicaire c'est-à-dire que la peine est supportée sans être
méritée. Selon Jean, Jésus est mort non « pour nos
péchés » mais pour nous sauver et il est ressuscité
pour nous introduire dans la vie éternelle.
De Moïse à Jésus il y a changement
d'Alliance avec un culte nouveau et un sacrifice nouveau. Jésus n'est
pas le bouc émissaire envoyé au désert pour prendre sur
lui tout le péché du peuple. Ce n'est plus par le sang des boucs
et des taureaux que le grand prêtre offre à Dieu un sacrifice
expiatoire pour le peuple et pour lui-même une fois l'an (He 9,19-22),
mais par son propre Sang que Christ « grand prêtre des biens
à venir » s'offre lui-même en tant que victime innocente et
pure pour le sacrifice libératoire définitif de notre conscience
(He 9,11-14). L'expression biblique qui correspond à remettre
ou ne pas remettre les péchés est celle de
délier et lier.
Le pouvoir de lier et délier sur la terre
comme aux cieux est conféré à Simon fils de
Yonas75 en même temps qu'il se voit donner le nom nouveau de
Pierre, les clefs du Royaume et celles des portes de l'Hadès (Mt
16,13-20). Le pouvoir de lier est l'institution de l'Alliance entre
Dieu et les hommes. Relativement aux péchés, le pouvoir de
délier et lier est l'institution du sacrement de
pénitence-Réconciliation. Ce pouvoir a été
donné à l'Eglise sur laquelle Pierre a été
établi le chef avant la mort de Jésus. Cependant, la puissance de
ce pouvoir a été conquise par le Christ vainqueur des puissances
du mal dans le séjour des morts, arraché à la mort par
l'Esprit Saint et exalté dans la gloire par le Père. C'est ainsi
que ce pouvoir a été conféré dans la puissance aux
apôtres par le Ressuscité après qu'il fut entré dans
sa gloire.
Pour Jean l'évangéliste, à la Croix tout
est accompli et Jésus remet l'esprit avec son dernier souffle (Jn
19,28.30). Comment le Seigneur ressuscité peut-il encore insuffler
l'Esprit-Saint dans une apparition postpascale alors qu'il a remis l'esprit au
Père avant de mourir ? C'est parce que c'est dans la gloire que
Jésus est mort : Jésus, Fils de Dieu entré dans la gloire
et devenu Seigneur, a été ressuscité par le Père
dans l'Esprit-Saint. C'est de
75 Les Evangiles, Textes et commentaires, (169-170)
63
l'Esprit-Saint que Jésus Fils de Dieu a
été conçu, de Marie, et c'est de l'Esprit-Saint que
Jésus, Christ de Dieu et Seigneur, a été ressuscité
de l'Esprit-Saint dans la puissance76. C'est par son souffle de
Rédempteur que le Seigneur répand sur ses disciples la puissance
de Miséricorde de l'Esprit Saint (Jn 20,22).
L'expression pardonner les péchés ne
porte pas de connotation rétributive des oeuvres bonnes et mauvaises. Le
pardon efface jusqu'à la mémoire de la faute et fait appel
à l'amour, la charité, la miséricorde. Le pardon de
l'Eglise est un sacrement qui ressort de la Miséricorde divine et de
l'exercice du ministère sacerdotal. Le pénitent qui a entrepris
un chemin de conversion, qui a reconnu ses fautes comme étant des
fautes, est par le sacrement de toute l'Eglise donné par son ministre
réconcilié avec Dieu et avec la communauté
ecclésiale. Quant au pouvoir qui permet de pardonner les
péchés, il est conféré aux ministres de
l'Eglise dans la puissance de l'Esprit Saint par le Seigneur ressuscité
qui s'est rendu vainqueur des forces du mal et qui a conquis les clefs de la
mort et de l'Hadès (Ap 1,18).
Chez Jean, l'institution de l'Eucharistie est
précédée par le rite du lavement des pieds où le
Maître s'est montré le serviteur de tous en accomplissant une
tâche réservée habituellement aux esclaves (Jn 13,4-17). Le
lavement des pieds peut, sur le plan symbolique, se référer au
pardon des péchés. Le fait de se laver les pieds les uns aux
autres, comme Jésus demande de le faire au verset 17, peut signifier le
pardon mutuel. Le sacrement de Réconciliation ne doit pas nous faire
oublier que nous avons nous aussi à demander pardon à ceux
à qui nous avons fait tort soit par nos manquements, soit par nos
fautes. La prière du Pater nous rappelle que nous devons
pardonner ainsi que Dieu nous pardonne, c'est-à-dire avec une infinie
miséricorde et une infinie patience.
2EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 20,19-31) ET
8ème STATION : « Le Ressuscité confirme la
foi de Thomas » (Jn 20,24-29 / 27-29)
« Jésus dit à Thomas : `Avance ton doigt
ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté :
cesse d'être incrédule, sois croyant'. Thomas lui dit alors : `Mon
Seigneur et mon Dieu !' » (Jn 20,27-28).
Qu'on vive cette pratique pastorale sur un chemin de
pèlerinage ou bien dans une église, à chaque nouvelle
station de la prière de la Via Lucis, il est possible d'allumer
un cierge. La Lumière du Christ va venir nous éclairer par sa
Parole sur le sens des Ecritures.
64
Pour que la raison consente à adhérer à
cette nouvelle incroyable de la Résurrection du Christ, il faut soit
expérimenter personnellement la présence réelle du
Seigneur Jésus ressuscité, soit donner l'adhésion de la
foi au témoignage de ceux qui l'ont vu. Les premiers disciples
sont des témoins oculaires du Seigneur ressuscité et ils ont
transmis leur témoignage pour que nous, nous puissions croire à
la résurrection des morts - dont la nôtre - sans voir le
Ressuscité et pour qu'à notre tour nous devenions témoins
de la foi en la Résurrection du Christ.
Le Seigneur Jésus n'est pas parmi les morts mais il est
parmi les vivants et désormais il ne pourra plus jamais être mort.
Le problème principal de ce mystère est bien notre
compréhension car notre raisonnement doit trouver des
éclaircissements inhabituels, des sources de lumière
surnaturelles. C'est la raison pour laquelle il y eut, lors des visites des
femmes au tombeau, des angélophanies (Mt 28,5-7 ; Mc 16,5-7 ; Lc
24,4-7). De plus, chez Matthieu un tremblement de terre théophanique
traverse le temps depuis la mort de Jésus jusqu'à sa
Résurrection (Mt 27,51b - 53 ; 28,2-4).
Arrivés à la Huitième station de la
Via Lucis, nous entendons la lectio divina du récit de
l'apparition du Ressuscité au groupe des Onze qu'a rejoint Thomas (Jn
20,27-28). Or Thomas ne croit que ce qu'il peut voir et toucher et donc ne fait
confiance qu'à ses perceptions sensorielles. Les perceptions
sensorielles et la capacité mentale ou intellectuelle sont les seuls
référents d'une approche primaire de connaissance du monde sans
réflexion critique et sans référence à une sagesse
supérieure. C'est a priori le sens du récit. En fait, il
s'agissait là pour Thomas, puisqu'il était absent lors de
l'apparition précédente de prêter foi au témoignage
apostolique (Jn 20,22-23) et non à ses perceptions sensorielles : les
dix disciples lui dirent avoir vu le Seigneur ressuscité. Il eut fallu
que Thomas leur fît confiance et donc qu'il prêtât foi
à leur témoignage, ce à quoi il ne pût se
résoudre. Quant à nous, nous sommes comme Thomas, ceux qui
doivent croire sans avoir vu le Seigneur ressuscité et nous apprenons
grâce à lui que de croire sans voir est un macarisme : «
Jésus lui dit : `Parce que tu m'as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui,
sans avoir vu, ont cru' » (Jn 20,29)77.
77 VARONE M.-C., Cours biblique en ligne, « La
Résurrection », « L'apparition à Thomas, Jn
20,24-29 »,
https://cours.cath.ch/cours-4-7-apparition-a-thomas-jn-20-24-29/
(23/03/2021)
65
2.1.2. TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES
TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,13-35) ET
4ème STATION : « Le Ressuscité sur le chemin
d'Emmaüs » (Lc 24,13-19. 25-27 / 13-15.
25-27)
« `Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout
cela pour entrer dans sa gloire ?' Et, en partant de Moïse et de tous les
Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait
» (Lc 24,26-27).
« Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout
cela pour entrer dans sa gloire ? ». Avec le verset 26 de cette
péricope courte de l'apparition aux disciples d'Emmaüs dans
l'Evangile selon Saint Luc, nous entrons de plain-pied dans la théologie
de la Rédemption. Il s'agit là d'une question rhétorique
destinée à faire réfléchir les disciples de
Jésus sur le sens véritable du messianisme de Jésus, sur
le sens des événements qui viennent d'avoir lieu et plus
globalement sur la Révélation de Dieu dans l'Histoire ainsi que
sur le dessein salvifique de Dieu pour l'humanité. Jésus
ressuscité s'affirme comme étant le Messie que le peuple
d'Israël attendait, non pour la gloire du monde mais pour la gloire de
Dieu. La souffrance qu'il a vécue semble être le chemin de cette
gloire, mais en est-ce la cause ? L'accès à la gloire doit-il
nécessairement passer par la souffrance ? La souffrance est-elle une
condition sine qua none à la gloire ?
La traduction influence évidemment la
compréhension. La TOB traduit : « Ne fallait-il pas que le
Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire ? ». Le
fait de ne pas dire souffrir pour entrer dans sa gloire mais
souffrir et entrer dans sa gloire permet d'éviter le double
écueil de la compréhension doloriste du Mystère pascal et
de celui de la compréhension juridique de la théologie de la
Rédemption qui fait porter au fils le poids de la Justice de Dieu
exigée en substitution de la peine du péché de tous les
hommes. La souffrance de la Passion du Christ est liée au
péché des hommes et non à la Justice de Dieu. La mort du
Christ, Seigneur, descendu aux enfers, a sauvé chacun d'entre nous de la
mort éternelle par le don de son Précieux Sang (He 10, 29 ;
13,12.20). C'est la Résurrection du Christ, Seigneur et
Rédempteur qui nous a introduits sur le chemin de la vie
éternelle qui est le chemin de la sainteté. Il est cependant
nécessaire que nous adhérions au salut par la foi en la
Résurrection et que nous collaborions à la plénitude de
notre salut en suivant le chemin de la sainteté avec le Christ qui nous
accompagne tous les jours jusqu'à la fin des temps (Mt 28,19-20). Mais
n'anticipons pas sur ce qui sera la Onzième station de la Via
Lucis.
La TOB donne à la place du nom de Messie
le nom de Christ. Messie vient de l'hébreu
massiah qui signifie « l'oint de Dieu », le consacré
par Dieu. Dans la tradition juive, on
66
oignait les rois et les prophètes. Le peuple
d'Israël, à l'époque de Jésus, attendait alors -
selon la promesse de Dieu à David donnée par
l'intermédiaire du prophète Nathan (2 S 7,14), un messie qui le
libérerait de l'occupant romain. Christ vient - via le
latin Christus - du grec Kristos qui a la même
signification que Messie.
Cette péricope qui représente ici la
Quatrième station de la prière de la Via Lucis est celui
de Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de
l'Année Sainte 2000, en adéquation avec le lectionnaire
liturgique78. La traduction liturgique du Nouveau Testament est
ce qui convient pour la prière de la Via Lucis car cette
prière s'inscrit dans une perspective pastorale dont le
déroulement de la proposition se déploie entre la Vigile pascale
et le dimanche de la Pentecôte. Les péricopes de la prière
de la Via Lucis sont en correspondance avec les lectures du
Lectionnaire des dimanches et fêtes du Temps pascal. Nous
développerons cette comparaison en détail dans la
Troisième Partie de notre présentation.
Le voyageur inconnu dont nous savons qu'il s'agit du
Ressuscité rejoint sur la route d'Emmaüs deux disciples de
Jésus qui tournaient le dos à Jérusalem. Comme ils
étaient dans des ressassements morbides, il leur fit une
interprétation christologique des Ecritures, la Loi et les
Prophètes. Pour Luc, la Ville sainte de Jérusalem est le lieu du
salut79. L'inconnu dit clairement que Jésus de Nazareth
était le Messie d'Israël et dévoile aux disciples
d'Emmaüs le sens de l'intervention de Dieu dans l'Histoire à partir
des Ecritures dont il leur la clef interprétative à partir de la
personne de ce prophète. Nous dirions aujourd'hui que, dans ce
récit, le Ressuscité donna une leçon
d'exégèse en utilisant la méthode typologique, la personne
de Jésus étant l'antitype de la figure de Moïse et les
événements de la Pâque l'accomplissement du dessein
eschatologique de Dieu. La question « Ne fallait-il pas ? »
introduit l'idée de force majeure. La tournure interro-négative
ajoute simplement une note rhétorique à la question.
3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,13-35) ET
5ème STATION : « Le
Ressuscité est reconnu à la fraction du pain » (Lc
24,28-35 / 30-31)
« Quand il fut à table avec eux, il prit le pain,
dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux
s'ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,30-31).
78 P. GRUSON, Dir. Les Evangiles, Textes et
commentaires, Service Biblique Evangile et Vie, Paris, Bayard, 2001,
« Note sur la traduction des Evangiles », 9.
79
https://cours.cath.ch/cours-2-7-emmaus-lc-24-13-35/
(14/03/2021)
67
Les disciples d'Emmaüs ont invité
l'étranger qui était devenu leur compagnon de chemin à
demeurer avec eux pour la nuit et ils partagent le repas avec lui. C'est le
Ressuscité, dont nous nous demandons peut-être s'il va enfin
être reconnu, qui préside le repas et dit la
bénédiction qui revient traditionnellement au maître de
maison. Le Seigneur ressuscité fait quatre actions qui sont de prendre
le pain, dire la bénédiction, rompre le pain et le donner. C'est
à ce moment-là que leurs yeux s'ouvrirent et qu'ils le
reconnurent, à la fraction du pain. Le terme n'est pas
donné à ce moment-là du récit mais un peu plus
loin, lorsque les deux disciples reviennent à Jérusalem pour
raconter aux Onze ce qui leur était arrivé (Lc 24,35).
Il s'agit de la bénédiction traditionnelle qui
est donnée lors d'un repas juif de fête. L'homme qui
préside le rite adresse une louange à Dieu pour le don de la
nourriture et c'est seulement après cette bénédiction du
Seigneur Dieu que le pain peut être partagé entre les convives. Il
n'y a pas ici de bénédiction à propos de la coupe comme
dans les récits de l'institution de l'eucharistie, ni de paroles de
consécration qui instituent les espèces eucharistiques comme
étant le Corps du Christ et le Sang de l'Alliance (Mt 26,26-29 // Mc
14,22-25 // Lc 22, 15-20 // 1 Co 11,23b-26).
Chez Luc, il y a deux coupes dans le récit
d'institution de l'eucharistie, une au début et une à la fin du
repas (vv.17.20). On ne peut donc pas parler ici, dans le cadre du récit
du repas à Emmaüs, d'Eucharistie dans le sens du sacrement de
l'Eglise institué par Jésus lors de la dernière
Cène car ce sont les paroles particulières de Jésus sur le
pain et sur la coupe qui confèrent à la bénédiction
traditionnelle son caractère de consécration eucharistique. Il y
a néanmoins eucharistie au sens propre car la louange à
Dieu à propos du don du pain est une action de grâces.
Luc attend le retour des deux disciples vers les Onze à
Jérusalem pour donner à l'eucharistie le nom de fraction du
pain qui était le rite identitaire que partageaient les disciples
de Jésus dans les maisons, le dimanche. Lors du retour des disciples
d'Emmaüs à Jérusalem et de leur réunion aux Onze, il
se produit un renversement de situation. Ce sont les Onze et leurs compagnons
qui annoncent que le Seigneur est ressuscité et qu'il est apparu
à Simon (Lc 24,34). Cette apparition privée n'est pas
narrée en détails en Luc. C'est seulement après cette
annonce que les disciples d'Emmaüs racontent leur expérience sur la
route et comment ils ont reconnu le Seigneur ressuscité à la
fraction du pain.
68
Le récit de l'apparition aux disciples d'Emmaüs
est paradigmatique de la dynamique de la vie chrétienne. Dans les
célébrations eucharistiques, la Parole de Dieu vient nous
rejoindre dans la Personne du Verbe, incarnée par la proclamation dans
la chair ecclésiale qui est le Corps mystique du Christ et
interprétée pour notre intelligence par le prêtre qui
préside la célébration liturgique et qui exerce son
ministère sacerdotal à la manière de Jésus grand
prêtre pour l'éternité (He 7,17.21) ; et ce sont les
Paroles du Christ qui viennent consacrer les matières eucharistiques et
les changer, dans l'Esprit Saint, en le Corps et le Précieux Sang de
Notre-Seigneur. La Parole de Dieu demande à être partagée,
expliquée, commentée et de nouveau partagée en
église, communautairement afin de pouvoir devenir nourriture et pain de
vie. La Parole de Dieu doit être reçue en communion en
église, comme le pain de l'Eucharistie. Dans le grand récit
d'Emmaüs (Lc 24,13-35), la pleine réalisation de
l'expérience de l'apparition du Seigneur ressuscité est
vécue en église, dans la communauté de Jérusalem
une fois tous les disciples réunis partageant chacun son histoire avec
les autres. La Parole de Dieu doit être communiée, comme le pain
de l'eucharistie, afin de devenir nourriture de vie spirituelle et
témoignage de foi.
3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Lc 24,35-48) et
6e STATION : « Le Ressuscité se manifeste aux
disciples » (Lc 24,36-43 / 36-39)
« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et
pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes
pieds : c'est bien moi » (Lc 24,38-39)80.
Chez Luc, dans le prolongement du récit de l'apparition
aux pèlerins d'Emmaüs et de la reconnaissance du Seigneur à
la fraction du pain se trouve le récit de la christophanie aux disciples
réunis au Cénacle, en l'absence de Thomas. Les Onze et leurs
compagnons viennent de témoigner de l'apparition du Seigneur
ressuscité à Simon, alors qu'ils furent rejoints par les deux
disciples d'Emmaüs qui eux-mêmes racontèrent leur rencontre
avec le Ressuscité. Et il est là, au milieu d'eux, et il leur
donne une parole de paix, deux fois. Le Seigneur ressuscité communique
à ses disciples la paix messianique, la paix plénière de
Dieu (Lc 24,36). Cette péricope courte est le début de la finale
de l'Evangile selon Saint Luc qui s'achève à Jérusalem, au
Temple, dans une plénitude de joie (24,36-53).
80
https://cours.cath.ch/cours-3-7-apparition-aux-disciples-lc-24-36-49/
69
Pour se faire reconnaître de ses proches disciples,
Jésus ressuscité doit d'abord leur ôter la peur car ils
croient avoir à faire à un fantôme81. Pourquoi
Jésus ressuscité porte-t-il toujours les plaies du crucifiement ?
Le corps glorifié du Seigneur a atteint son ultime perfection et devrait
être intact des atteintes subies lors de sa Passion. Or, les plaies du
Crucifié sont des plaies glorieuses car sa souffrance et son
obéissance jusqu'à la mort par amour du Père et des hommes
sont devenues les signes mêmes de sa gloire. Afin de lever tout à
fait les craintes des disciples qu'il ne soit un esprit errant, le
Ressuscité doit recourir à plusieurs ressources : montrer ses
plaies, les offrir à toucher, et manger du poisson grillé. Pierre
en témoigne : « Dieu l'a ressuscité le
troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à
tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis
d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa
résurrection d'entre les morts » (Ac 10,40-41).
Quelle est la matérialité du corps du Christ
ressuscité ? Le nom grec de « poisson » est «
ICHTUS ». Il s'agit de l'anagramme de Ièsous
CHristous, Theou Uios Sôter, Jésus-Christ, Fils de Dieu,
Sauveur. Les poissons sont un signe de reconnaissance entre chrétiens en
Christ à l'époque des persécutions des premiers
siècles. Paul dit que le corps du Ressuscité est un corps
spirituel (1 Co 15,44), c'est-à-dire un corps fait de la substance
de l'Esprit informé - qui a pris forme - dans un corps humain.
Luc insiste sur le fait que les disciples doivent accéder à la
reconnaissance du Crucifié ressuscité et sur le fait qu'ils
doivent croire à la réalité concrète de son corps
physique. Les sentiments des disciples sont un mélange de peur, de
doute, d'étonnement et de joie et ils ont une très grande
difficulté à accueillir pleinement la bonne nouvelle de la
Résurrection, ce qui paraît anachronique avec l'épisode du
retour des pèlerins d'Emmaüs au Cénacle et l'annonce par les
Onze de l'apparition à Simon (24,33-35).
Peut-être y eut-il, relativement à
l'épisode du retour des pèlerins d'Emmaüs au Cénacle,
un ajout rédactionnel ? Cependant, le but de la christophanie n'est pas
seulement l'édification des disciples sur la résurrection de
Jésus mais l'envoi en mission des disciples « à toutes les
nations, en commençant par Jérusalem » (Lc 24,47). Pour
cela, la mémoire de l'enseignement de Jésus dans son
ministère public doit être réveillée chez les
disciples afin qu'ils envisagent la perspective du dessein eschatologique de
Dieu dans l'histoire.
81 Pour les juifs, le corps et l'âme ou
l'esprit sont indissociables et la présence d'un esprit errant est
inconcevable, sinon d'une nature démoniaque.
70
Donc, le Seigneur ressuscité opère l'ouverture
de l'esprit des disciples à l'intelligence des Ecritures, relativement
aux trois parties de l'Ancien Testament qui étaient
rédigées à l'époque de Jésus : la Loi de
Moïse, les Prophètes et les Psaumes de David (24,44-45). C'est
alors que se produit une leçon d'exégèse et de
théologie de la Rédemption donnée par le Ressuscité
en personne : les souffrances du Messie et sa résurrection des morts -
le troisième jour - ont pour but le pardon des
péchés de toute l'humanité, par la proclamation de la
conversion en son Nom (24,46-47). C'est ainsi que de disciples, les Onze
devinrent Apôtres du Christ et témoins de sa Résurrection.
Mais avant de partir aux extrémités de la terre, il leur fallait
d'abord recevoir une puissance, « une force venue d'en-haut » (24,49)
qui n'est pas nommée en tant que l'Esprit Saint dans l'Evangile selon
Saint Luc mais qui le sera comme tel dans les Actes des Apôtres (Ac 1,8).
L'Evangile selon Saint Luc s'arrête là, juste avant l'Ascension du
Seigneur et c'est ainsi, lorsque les disciples de Jésus deviennent les
témoins du Ressuscité et qu'ils sont envoyés en mission
pour prêcher la conversion par toute la terre, que commencent les Actes
des Apôtres.
.
3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 21,1-19) ET
9ème STATION : « Le Ressuscité se manifeste
près du lac de Tibériade » (Jn 21,1-9.13 /
4-6)
« Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre
: `C'est le Seigneur !' Jésus s'approche, prend le pain et le leur donne
» (Jn 21,7.13).
Le cadre narratif des repas où apparaît le
Ressuscité est soit le lieu-même du Cénacle à
Jérusalem, soit un autre endroit tel que la maison des disciples
d'Emmaüs ou le rivage du lac de Tibériade. Le lac de
Tibériade se trouve en Galilée, on l'appelle parfois la mer de
Galilée à cause de ses courants. Certains des récits
d'apparition du Ressuscité sont situés en Galilée ou font
référence à la Galilée qui est la région
d'origine des Apôtres et le lieu de la première prédication
de Jésus, avec des histoires de sortie en mer et de pêche.
Le schéma Galilée rattache les manifestations
pascales à la vie historique de Jésus de Nazareth pour qu'il soit
reconnu que le Ressuscité est le Crucifié. D'autres récits
d'apparition se situent à Jérusalem car Jérusalem est la
Ville sainte, la ville du Temple qui est sur la montagne sainte de Sion. Marc
et Matthieu se rattachent à la tradition des récits d'apparition
en Galilée, chronologiquement antérieurs aux récits de
type Jérusalem. Luc et Jean se rattachent à la tradition des
récits d'apparition à Jérusalem. Les deux traditions ont
coexisté un temps, cependant la tradition des apparitions à
Jérusalem a fini par dominer avec pour raison ou conséquence la
tradition du culte au Saint Sépulcre.
71
Le schéma Jérusalem rattache les apparitions
pascales à l'eschatologie : la Résurrection anticipe la
Parousie82. Dans les deux schémas il y a le préalable
d'une approche par le Ressuscité, la non reconnaissance initiale, la
Parole du Ressuscité qui appelle à croire, puis la reconnaissance
comme réponse de foi et l'envoi en mission : [Approche
- non reconnaissance - Parole du
Ressuscité - Reconnaissance -
Envoi].
Ceci constitue une structure en chiasme avec un centre qui est
la Parole du Ressuscité. La structure du récit d'apparition est
similaire à celle des récits de vocation dans l'Ancien Testament
: [Appel à l'initiative de Dieu - Accueil
avec résistance / sans résistance -
Envoi]. Ainsi, le Ressuscité se manifeste-t-il
selon le mode théophanique propre à l'Ancien Testament, avec la
même structure dialogique que dans les récits de vocation et avec
la même inclusion : [Appel -
Envoi].
Chez Luc et Jean, les récits d'apparitions du
Ressuscité sont à plusieurs reprises la narration d'un partage de
repas ou bien sont situés dans le cadre du Cénacle où fut
célébrée l'institution de l'Eucharistie (Lc 24,13-35 ;
36-49 ; Jn 20,24-29 ; Jn 21,7-15). De ces récits d'apparitions lors de
repas postpascals, sont issues les péricopes de cinq stations de la
prière de la Via Lucis : les Cinquième (Lc 24,30-31),
Sixième (Lc 24,38-39), Septième (Jn 20,2223), Huitième (Jn
20,27-28) et Neuvième (Jn 21,7.13) stations. Dans les repas postpascals,
il est question de pain et de poissons. De pêcheurs, les Galiléens
sont appelés à devenir des pêcheurs d'hommes (Mt 4,18-22 //
Mc 1,16-20).
C'est ainsi que l'appel de Simon-Pierre en tant que disciple
de Jésus, au moment de la constitution du groupe des Douze, rejoint la
confirmation de son appel par le Ressuscité pour être le chef du
collège apostolique. La pêche miraculeuse provoquée par la
présence du Seigneur ressuscité se mesure au nombre de cent
cinquante-trois poissons qui est certainement un chiffre symbolique dans la
tradition johannique qui est mêlée de culture hellénistique
et de gnose (Jn 21,1-14). Lors des repas postpascals, en même temps qu'il
conduit ses disciples à croire avec certitude qu'il est bien le
Crucifié, le Seigneur ressuscité rappelle à ses disciples
l'institution de l'Eucharistie lors de la dernière Cène. Il faut
que nous comprenions bien que nous ne communions pas au corps de Jésus
dans sa mort, mais au pain de Vie, au Dieu vivant. Nous avons été
baptisés dans sa mort mais nous communions au Seigneur
ressuscité.
82 M. DENEKEN, La Foi pascale, Rendre compte de la
Résurrection de Jésus aujourd'hui, Paris, Cerf, 1996
72
La Passion et la mort de Jésus de Nazareth doivent
être interprétés à la lumière de
l'Exaltation du Seigneur Jésus à la Résurrection.
Pour Luc, c'est la résurrection qui est l'entrée dans la gloire
et l'Ascension du Seigneur participe du même mouvement d'Exaltation
du Fils par le Père à sa droite dans les cieux. Jésus
Seigneur est deux fois glorifié : « Je l'ai glorifié et je
le glorifierai encore ». De qui parle la voix de Dieu qui fait écho
aux paroles de Jésus : « Père, glorifie ton nom !
» (Jn 12,28) ? Cette voix divine de qui parle-t-elle ? De quel Nom
parle-t-elle ? Est-ce le nom du Père que le Père veut glorifier
deux fois ? Quel est le Nom au-dessus de tout nom qui doit être deux fois
glorifié (Ph 2,9) ? C'est à celui qui s'est abaissé
jusqu'à la condition d'esclave en lavant les pieds de ses disciples,
à celui qui s'est abaissé à une condition similaire
à celle des malfaiteurs en étant pendu avec eux au bois de la
croix, à celui qui est descendu dans les régions souterraines
infernales où séjournent les morts et qui là - pour nous -
« a arrangé les choses83» que Dieu a donné
le Nom qui surpasse tous les autres : c'est à Jésus qu'a
été donné le Nom imprononçable de SEIGNEUR,
KURIOS. Ce Nom correspond non seulement à un titre mais
à une dignité insurpassable84.
Dans la chronologie lucanienne, les apparitions du
Ressuscité pendant une période de quarante jours à partir
de la Pâque constituent la totalité de la manifestation
postpascale et la plénitude de la révélation sur la
résurrection du Christ. Le Ressuscité s'est manifesté
à différentes personnes particulières, des individus
(Marie-Madeleine, les disciples d'Emmaüs, Thomas, Simon), ou des groupes
(les Onze, les Sept), en différents endroits (près du tombeau
à l'extérieur de Jérusalem, au Cénacle à
Jérusalem, au lac de Tibériade en Galilée, sur une
montagne), à différents moments (le matin de la Pâque, le
soir du même jour) et parfois à différents endroits en
même temps (à Emmaüs et à Jérusalem).
Le chiffre lucanien de quarante jours d'apparitions
postpascales avant l'effusion de l'Esprit Saint sur l'Eglise (Ac 2,1-4) peut
être mis en inclusion avec le chiffre des quarante jours qui
précèdent le début du ministère public de
Jésus en Galilée, où Jésus est poussé au
désert par l'Esprit Saint (Lc 4,1-13), ce que nous pouvons
schématiser de cette manière :
[(ES, 40 jours,
Ministère public) - (Passion-mort
- Exaltation, 40 jours, ES)].
83 J. GALOT, S. J., La descente du Christ aux enfers, Nouvelle
Revue Théologique, 83, N° 5, 1961, « Il s'agit de la 4e
formule de Sirmium (Mansi, Concil., III, 265). Elle porte la mention : «
il est descendu aux enfers (littéralement : aux
régions en-dessous de la terre) et là il a
arrangé les choses »
https://www.nrt.be/en/articles/la-descente-du-christ-aux-enfers-1822
(25/03/2021)
84 TOB, Ph 2,9, note u), 2860.
73
Dans cette structure en chiasme, l'action de l'Esprit-Saint au
moment de l'Incarnation constitue une inclusion avec l'action de l'Esprit-Saint
au moment de la Pentecôte ; les quarante jours au désert avant le
début du ministère public de Jésus sont parallèles
avec les quarante jours d'apparitions du Ressuscité ; la partie centrale
est composée par le Ministère public en vis-à-vis avec la
Passion, la mort et la Résurrection-Ascension ou Exaltation du
Seigneur.
Ainsi, Luc met-il en évidence que la
Résurrection est la partie finale du ministère public de
Jésus et que ce ministère n'est accompli totalement que lorsque
les jours de la Résurrection sont achevés et que l'Eglise est
constituée. Cette structure met également en avant que l'acte de
création de l'Eglise, en tant que Corps mystique du Christ, émane
de l'effusion de l'Esprit Saint. Ainsi que le corps de chair du Fils a
été conçu de l'Esprit Saint et de Marie, le Corps du
Christ qui est l'Eglise a été conçu de l'Esprit Saint.
En ressuscitant, le Seigneur accomplit son ministère en
plénitude, dans la puissance de l'Esprit Saint. Pour Luc - qui est issu
du paganisme - dont les références narratives dans les Actes des
Apôtres sont les fêtes juives de la Pâque et de la
Pentecôte, ou fête des Tentes, la totalité du mystère
pascal se déploie sur cinquante jours. La fête de
Pentecôte est par définition le cinquantième
jour après la fête de la Pâque juive. C'est l'horizon
eschatologique de la Pâque dans la perspective lucanienne. Nous avons
conservé, dans le culte chrétien, cette temporalité de
cinquante jours entre le Dimanche de Pâques et le dimanche de la
solennité de Pentecôte : c'est la période liturgique du
Temps pascal.
Ce qui est demandé d'abord aux disciples de
Jésus, c'est qu'ils reconnaissent leur Maître en la personne du
Ressuscité. Le message que le Ressuscité tente de faire passer
aux disciples tout en se référant aux Ecritures, est un message
christologique : Jésus Christ est le centre de l'Histoire et sa venue
est l'accomplissement eschatologique du salut qui inaugure la fin des temps.
Faire de ses disciples de véritables apôtres qui soient des
témoins du Ressuscité dans une Eglise ordonnée et
hiérarchisée, tel est l'aboutissement postpascal de la mission
terrestre du Christ Seigneur. La mission universelle qu'il leur a
confiée au-delà du terme de sa vie terrestre85 ne
pourra être accomplie qu'après l'effusion de l'Esprit Saint qui
eut lieu selon Saint Jean à la Résurrection et selon l'Auteur des
Actes à la Pentecôte.
85
https://cours.cath.ch/cours-6-7-ascension-lc-2450-53-et-ac-12-9-11/
(24/03/2021)
74
3EME DIMANCHE DE PÂQUES (Jn 21,1-19) ET
10ème STATION : « Le Ressuscité fait de
Pierre le pasteur de l'Eglise » (Jn 21,15-17 / 17)
« Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il
lui répond : `Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais.' Jésus lui
dit : `Sois le berger de mes agneaux' » (Jn 21,15).
Aux apôtres du Christ sont confiés les pouvoirs
de pardonner les péchés ou de ne pas les pardonner, au nom de
l'Eglise (Jn 20,22-23) et c'est Simon-Pierre qui est responsable du
collège apostolique. Son service de pasteur du troupeau du Christ
repose-t-il sur une condition unique préalable qui serait d'aimer
Jésus ? La question de l'Amour semble bien être au centre des
récits de la Résurrection. « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu
? » (Jn 21,1518). En (Jn 21,15-17), Jésus ressuscité appelle
par trois fois « Simon, fils de Jean » pour lui demander quel
degré d'amour il lui porte, entre philéa et
agapê. C'est dans le Lectionnaire du Temps pascal de
l'année C que la Liturgie de la Parole offre ce récit, propre
à Jean, de l'apparition du Ressuscité au bord du lac de
Tibériade (Jn 21,1-19).
La question de l'amour porté à Jésus sera
posée à Simon par trois fois avant que ne lui soit confiée
la mission de conduire le troupeau des brebis du Seigneur. Est-ce dans une
apparition postpascale que se fait le transfert d'autorité du
Maître sur le groupe des Onze vers Simon-Pierre sur le collège
apostolique qui va devenir l'Eglise de Jérusalem ? Lorsque, dans
l'Evangile selon Saint Jean, le Seigneur ressuscité pose à trois
reprises la question « M'aimes-tu ? » à Pierre, il le
fait en lui donnant son nom d'origine, Simon Bar Yona, ou Simon fils
de Jonas-Jean. Il ne l'appelle plus Pierre, alors que Pierre était le
nom nouveau que Jésus lui avait décerné lors de l'appel
initial pour la constitution du groupe des Douze. Selon Jean, c'est au moment
de l'appel que Simon reçoit le nom de Pierre ou Céphas
en grec. Céphas signifie en grec la tête.
Chez Jean, Simon-Pierre fait partie avec son frère André du
premier binôme de disciples appelés (Jn 1,40-42). Le nom de
disciple que Jésus attribue à Simon a, en grec, la signification
de chef. En langue française, le nom de Pierre fait davantage
penser à la dalle de fondation d'une maison qu'à la tête
d'un corps, image à laquelle renvoie le nom de Képha ou
Céphas.
Jésus résidait à Capharnaüm chez la
belle-mère de Simon-Pierre qu'il soigna lorsqu'elle fut malade (Mt 8,14
// Mc 1,29 // Lc 4,38). Chez Matthieu, Simon Bar Jona se vit
décerner le nom nouveau de Pierre et la promesse qu'il sera la pierre de
fondation de l'Eglise après qu'il eût confessé sa foi en
Jésus, Christ et Fils du Dieu vivant (Mt 16,16-19). Dans les versets 18
et 19, Matthieu associe la fondation de l'Eglise terrestre sur la personne de
Pierre avec la remise des clefs du Royaume et de celles des portes des prisons
de l'Hadès.
75
C'est au nom de l'Eglise dont Pierre sera le chef sur la terre
que les péchés seront soit pardonnés, soit maintenus.
Pourquoi l'amour du Seigneur est-il nécessaire pour
conduire le troupeau de ses brebis à paître ? Le Seigneur
Jésus est un pasteur d'âmes, le bon berger qui va chercher la
brebis égarée (Lc 15,3-7) et tel doit être le Pasteur de
l'Eglise qui doit en même temps prendre soin du troupeau entier et de
chacune de ses brebis. Comment cela serait-il possible sinon en
hiérarchisant et en organisant la communauté des disciples ? La
responsabilité de paître les brebis du Seigneur consistera pour
Simon-Pierre à conduire le troupeau à travers les chemins des
montagnes terrestres jusqu'à sa destination finale, les verts
pâturages du Royaume, et de veiller ainsi que le faisait Jésus et
ainsi qu'il a veillé à ce que cela soit fait jusqu'après
sa mort à ce qu'aucune d'elles ne se perde en route. La question par
trois fois itérée à propos de l'amour de Simon envers
Jésus peut être mise en parallèle avec le triple reniement
au moment de l'arrestation de Jésus (Mt 26,33-35 // Mc 14,29-31 // Lc
22,33-34). En Luc, au moment où il lui prédit son apostasie,
Jésus dit à Pierre qu'il a particulièrement prié
pour lui afin qu'il affermisse ses frères dans la foi (Lc 22,31-34).
Pourquoi les femmes furent-elles les premières à
bénéficier des apparitions du Ressuscité ? C'est parce que
l'amour fait intrinsèquement partie de la nature constitutive de la
femme, à la fois en sa fibre amoureuse et en sa fibre maternelle. Quand
commence l'Eglise ? Est-ce au pied de la Croix glorieuse que naît
l'Eglise, quand Jésus confie à sa Très Sainte Mère
le disciple bien-aimé pour qu'elle devienne sa mère et devienne
ainsi la Mère de tous les disciples bien-aimés, la Mère de
l'Eglise ? Est-ce à la Croix que, Jésus ayant remis l'esprit,
l'Eglise mariale et filiale fut baptisée dans l'Esprit Saint jailli de
son côté ouvert ? Ou est-ce à la Pentecôte, cinquante
jours et quelques années après la Pâque de Jésus,
que la Pâque juive trouva son accomplissement en la fête
chrétienne de Pâques ?
2.1.3. SOLENNITE DE L'ASCENSION
SOLENNITE DE L'ASCENSION (Mt 28,16-20 / Lc 24,46-53)
ET 11ème STATION : « Le Ressuscité envoie les
disciples dans le monde » (Mt 28,16-20 / 18-20)
« Allez donc ! De toutes les nations faites des
disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et
moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt
28,19-20).
76
Ces paroles de Jésus sont les derniers logion
de Jésus dans l'Evangile selon Saint Matthieu. Elles ont donc la
valeur testamentaire des paroles de quelqu'un qui va mourir. Ces ultimes
paroles du Ressuscité sont les derniers impératifs de mission,
dont l'envoi à partir de la Galilée des nations est
à portée universelle, que reçoivent les disciples. C'est
aux nations païennes que désormais sera annoncée la Bonne
Nouvelle du salut en Jésus-Christ et c'est au nom de la Sainte
Trinité - Père, Fils et Esprit-Saint - que sera
conféré le baptême. Il n'y a pas trois noms pour les trois
hypostases, non pas trois noms différents mais le Nom unique, ineffable
et imprononçable, de Dieu qui est Un et Trine, Trine et Un, étant
à la fois et Père et Fils et Esprit Saint.
La formule baptismale au nom de la Trinité Sainte qui
est présente en (Mt 18,19) est une formulation tardive du rite du
baptême, probablement dans la période qui se situe juste avant la
constitution du canon du Nouveau Testament. A l'époque de Jésus,
on baptisait au nom de Jésus. Au verset 20, l'ultime et dernière
parole du Ressuscité « Et moi, je suis avec vous »
rappelle le nom d'Emmanuel, qui signifie en hébreu Dieu
avec nous, lequel nom est apposé au nom de Jésus au
début de Matthieu en (Mt 1,21-23). En araméen, la signification
du nom de Yeshoua est Dieu sauve et l'attribution du nom de
Jésus à l'Enfant conçu de l'Esprit Saint et de Marie dont
Joseph, fils de David, sera le père est une prolepse de la justification
du peuple d'Israël par Jésus son Sauveur (v. 21). Ainsi, le nom
d'Emmanuel fait-il inclusion entre la généalogie de
Jésus-Christ, fils de David, au tout début de l'Evangile selon
Saint Matthieu avec les ultimes paroles du Seigneur ressuscité dans la
finale de l'Evangile. Quatorze générations furent d'Abraham
à David, quatorze de David à la déportation babylonienne
et quatorze de la déportation babylonienne au Christ (Mt 1,17).
L'Evangile de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham (Mt 1,1)
commence en Galilée et s'achève en Galilée. Le nom
d'Emmanuel et la Galilée forment inclusion entre le début et la
fin de Matthieu86.
Au nombre de quatorze sont les stations de la prière du
Chemin de Croix. Les stations de la prière de la Via Lucis sont
également au nombre de quatorze. Pourquoi retenir le chiffre de quatorze
? Le nombre de quatorze est égal à deux fois le chiffre sept,
lequel symboliserait la plénitude87. Sept est le nombre de
l'achèvement de la Création du ciel et de la terre en six
86 M.-C. VARONE, Cours de Bible en ligne, La
Résurrection, « Apparition en Galilée et envoi en
mission, Matthieu (Mt 28,16-20) »
https://cours.cath.ch/cours-5-7-apparition-en-galilee-et-envoi-en-mission-mt-2816-20/
(29/03/2021)
87 F. BOVON, « Des noms et des nombres dans le
Christianisme primitif », Etudes Théologiques et religieuses,
2007/3, trad. Camila Gross, note 22, 340.
77
jours plus le jour du repos de Dieu (Gn 1,1-3). Avec deux fois
le nombre sept, la Création est renouvelée, conduite à
l'achèvement de son accomplissement en l'homme Jésus (Jn
19,5.30). Le chiffre deux symbolise la dualité, le mensonge, et
représente le diviseur, l'accusateur. La Croix est la victoire sur les
forces du péché, du mal et de la mort, la victoire de la foi
du Christ Jésus, Fils de l'homme (Jn 3,13) et Fils de Dieu. Ce
n'est pas notre foi qui nous sauve, c'est celle du Christ et notre
agrégation au Christ par le baptême dans sa foi en Dieu
Père, Fils et Esprit Saint. Le Ressuscité est venu nous
communiquer sa foi en la Sainte Trinité Une et glorieuse et nous donner
la preuve que c'est la Sainte Trinité qui est Rédemptrice.
La fête de l'Ascension n'apparut dans l'Eglise
qu'à partir du IVème siècle. A ce moment, la Pâque
juive était bien dissociée de la Pâque chrétienne.
Néanmoins, il fallait probablement harmoniser la catéchèse
pour des communautés mixtes de pagano-chrétiens et de
judéo-chrétiens. Le Jour de Pâques fut entouré en
amont par la Semaine Sainte dont le triduum pascal
célébra la mémoire relativement aux
événements historiques de la vie de Jésus - l'institution
de l'Eucharistie le Jeudi-Saint, la Passion le Vendredi-Saint - et en aval par
l'Octave de Pâques qui célébra la Résurrection du
Seigneur.
Puis fut développé le « Cycle pascal
» avec le temps de Carême d'une durée de quarante jours
correspondant au Temps pascal d'une quarantaine de jours de Pâques
à l'Ascension ; de cinquante jours de Pâques à la
fête de Pentecôte : [Carême : 40 jours
- Veillée pascale et Pâques - 40 jours
: Ascension] ; ou cinquante jours de Pâques à la
Pentecôte88, soit sept fois sept semaines plus un Jour.
Le Jour où est communiquée l'effusion de
l'Esprit Saint sur l'Eglise est le Jour du Seigneur - pour Jean à la
Croix et le Huitième jour de la Pâque, pour Luc à la
Pentecôte - c'est-à-dire le Jour eschatologique où les
cieux descendent sur la terre et l'inondent de joie dans un embrasement
d'Amour.
SOLENNITE DE L'ASCENSION (Ac 1,1-11) ET
12ème STATION : « Le Ressuscité monte au ciel
» (Ac 1,6-11 / 9)
« Galiléens, pourquoi restez-vous là
à regarder le ciel ? Jésus, qui a été enlevé
du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu
s'en aller vers le ciel » (Ac 1,11).
https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2007-3-page-337.htm
(29/03/2021) 88 R. CANTALAMESSA, Le Mystère Pascal, Paris,
Salvator, 2000, 82.
78
Au temps de Jésus, la Pâque en tant que
fête religieuse juive célébrait la libération par
Dieu des fils d'Israël, son peuple, sous la conduite de Moïse (Ex 3),
libération de leur esclavage en Egypte. La Pentecôte, ou
fête des Tentes, célébrait alors le don de la Loi, la
Torah, transmise par Dieu à Moïse pour le peuple sur le
mont Sinaï (Ex 20,1-17). C'est le don de l'Alliance entre Dieu et les
hommes dont il est fait mémoire pour les Juifs à la
Pentecôte, cinquante jours après la Pâque. Entre la
libération d'Egypte et le don de l'Alliance avec la Loi, le peuple des
fils d'Israël était en exode au désert. Moïse,
après avoir été le berger qui conduisait le troupeau de
son beau-père (Ex 3,1), reçut la révélation du nom
divin sur le mont Horeb (Ex 3,14) et reçut de Dieu le bâton qui
lui ferait ouvrir la mer Rouge pour que le peuple des fils d'Israël
traverse à pied sec alors que les Egyptiens se faisaient engloutir (Ex
4,17 ; 14,16)89.
L'Ascension du Seigneur, chez Luc l'évangéliste,
se produit en un seul jour, le jour de la Résurrection. Luc étale
les événements du jour de la Pâque de la « pointe de
l'aurore » pour la découverte du tombeau vide (Lc 24,1) à la
« tombée du jour » pour les apparitions aux disciples
d'Emmaüs (24,28. 33. 36). De la pointe de l'aurore à la
tombée du jour, alors que les limites de la nuit et du jour se
frôlent et se confondent presque, depuis la découverte du tombeau
vide jusqu'à la fin des apparitions postpascales aux disciples proches,
c'est le jour et la lumière qui sont le cadre des
événements de Pâques.
Il faut arriver aux Actes des Apôtres (Ac 1,3) pour
découvrir une chronologie lucanienne qui étale les apparitions
sur quarante jours. Le nombre quarante définit un temps
plein90, comme les quarante ans de l'Exode des fils d'Israël au
désert ou les quarante jours où Jésus fut poussé au
désert par l'Esprit Saint (Mt 4, 1-2 // Mc 1,12-13 // Lc 4,1-2). Afin de
faire comprendre aux catéchumènes quel est le rôle de
l'Esprit Saint dans le mystère pascal, l'auteur des Actes
décompose l'exaltation du Fils par le Père en deux phases, la
résurrection et l'Ascension du Seigneur, le jour de la Pâque.
C'est dans la même dynamique ascendante d'Exaltation que Dieu arrache son
Fils à la mort par la Résurrection et lui confère la
gloire en le faisant revenir vers lui, à sa droite91, dans
l'Ascension.
89 A. WENIN, Websérie « Le Livre de l'Exode »,
Dominicains de Belgique, « La vocation de Moïse »,
« La traversée de la mer Rouge », « La nuit
du passage »
https://www.youtube.com/watch?v=WBFg4BWGMVA
https://www.youtube.com/watch?v=IySylqERpI8
https://www.youtube.com/watch?v=K7MJbS3e1I4
(30/03/2021)
90
https://cours.cath.ch/cours-6-7-ascension-lc-2450-53-et-ac-12-9-11/
(20/03/2011)
91 Cf. Symbole des Apôtres, « Je crois
...en Jésus-Christ, le troisième jour est ressuscité des
morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le
Père tout-puissant... ».
79
Chez Luc, l'Esprit Saint préside à l'Incarnation
(Lc 1,35) ; l'Esprit Saint préside au baptême de Jésus (Lc
3,22 ; Ps 2,7) ; l'Esprit Saint préside à la mission de
Jésus (Lc 4,1) ; et l'Esprit Saint du Père préside
à la Résurrection-Ascension du Fils (Ac 2,33). Pour les
apôtres qui deviendront témoins (Ac 2,32) et pour leurs
compagnons, c'est l'Esprit Saint du Père et du Fils réunis sur le
Trône (Lc 20,42-43 ; Ac 2,34) qui donnera le baptême à
l'Eglise de Jérusalem, le jour de la fête de la Pentecôte
(Ac 2,1-6). Le don de l'Esprit Saint qui se fait comprendre dans toutes les
langues signifie l'union d'une communauté multiculturelle. Dans cette
polyphonie des langues, l'Esprit vient apporter son harmonie transcendante et
unitive.
En situant le don de l'Esprit Saint à Jérusalem
le jour de la fête de la Pentecôte, Luc réunit les
judéo-chrétiens et les pagano-chrétiens et il montre ainsi
que Jésus est la nouvelle figure de Moïse, figure tutélaire
pour les Juifs en tant que libérateur et médiateur de l'Alliance
avec Dieu. On voit se profiler la théologie paulinienne qui fait de
Jésus le guide (Ga 3,19) et le médiateur de l'Alliance nouvelle
et éternelle (He 8,6. 9. 15 ; 12,24) car « Dieu est unique »,
dit Paul et « unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes,
le Christ Jésus » (1 Tm 2, 5 ; cf. Gal 3, 19-20)92.
L'ancienne Alliance annonçait la nouvelle Alliance et Moïse
annonçait Jésus. « Dieu fera se lever un prophète
comme moi » (Dt 18,15-20)93.
Le ciel est-il en haut ? Tel est le sens de la question des
envoyés célestes en vêtements de lumière,
eux-mêmes étant ici-bas des messagers de Dieu, aux disciples de
Jésus qu'ils appellent Galiléens (Ac 1,11). De quel ciel
parle-t-on dans le Pater en disant « Notre Père qui es aux
cieux » ? Est-ce la Parousie qui inaugurera la fin du monde ou est-ce la
fin du monde qui inaugurera la Parousie94 ? Que devons-nous faire
dans l'attente du retour en gloire du Seigneur ? Nous avons à vivre une
vie de chrétiens dans l'observance des Commandements (Mt 5,21-48 ; Jn
13,34-35). La résurrection qui aura lieu à la fin des temps sera
générale et définitive, pour certains vers la vie
éternelle, pour d'autres vers la seconde mort ou la mort
éternelle (1 Th 4,13-18)95.
92 BENOIT XVI,
http://www.vatican.va/content/benedict-
xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130116.html
(30/03/2021)
93 (Dt 18,15-20), 1ère lecture du 4ème dimanche,
année B.
94 F. BREYNAERT, Préparer dès maintenant le
Retour glorieux du Christ, D'après les écrits de Luisa
Piccarreta, Paris, Téqui, 2018.
95 M.-L. ROCHETTE, J.-L. SOULETIE, La résurrection
de la chair, « Dieu descendra du ciel et les morts se
lèveront », « Le regard fixé sur la venue du
Christ à la fin des temps », Paris,
Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/CECC, 1998, Le Sénevé/ISPC, Paris,
2011.
80
2.1.4. SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES
SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES (Ac 1,12-14) ET
13ème STATION : « Avec Marie dans l'attente de
l'Esprit-Saint » (Ac 1,12-14)
« D'un seul coeur, les Apôtres participaient
fidèlement à la prière avec quelques femmes dont Marie, la
mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1,14).
On retrouve ici la mention du coeur en tant qu'entité
collective de l'Eglise unie dans la prière, « d'un seul coeur
», comme dans le récit des disciples d'Emmaüs
après qu'ils eurent reconnu le Seigneur Jésus ressuscité
à la fraction du pain : « Notre coeur n'était-il
pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route et
qu'il nous faisait comprendre les Ecritures ? » (Lc 24,32). Prier
fidèlement en Eglise et tous ensemble, avec Marie, former un seul
coeur. S'il est quelqu'un qui fait confiance à Dieu, c'est bien
Marie dont le « Fiat » de l'Annonciation n'a jamais
été contredit, ni même à la croix lorsque
Jésus lui donne le disciple bien-aimé pour fils et qu'il la
confie à lui. La fidélité de Marie à la
volonté du Seigneur et à celle de son Fils a fait d'elle le
centre de la communauté ecclésiale de Jérusalem,
après la mort du Maître.
Alors qu'auparavant, les femmes et les hommes disciples de
Jésus étaient toujours situés dans des groupes
séparés, leur réunion dans cette péricope montre
que l'Esprit à l'oeuvre est un Esprit d'unité et que
l'indifférenciation des genres - qui sera visible au ciel selon Paul -
est le résultat de la communion au Christ (Ga 3,28).
Le principe marial de l'Eglise qui est la
pénétration du Mystère pascal par la connaissance intime
du Coeur de Jésus vient compléter le principe pétrinien de
l'Eglise qui fonde la visibilité du Corps du Christ qui est l'Eglise.
Les Pères conciliaires de Vatican II voulurent inscrire les
mystères de la Bienheureuse Vierge Marie dans les mystères du
Christ et de l'Eglise (LG 8) et le pape Paul VI lui attribua dès
l'ouverture du Concile, en rapport avec le titre de Mère de Dieu, le
titre de Mère de l'Eglise96. Depuis la Croix (Jn 19,26-27),
la fécondité de l'Eglise pour engendrer des disciples du Christ
est liée l'intercession de la Vierge Marie, Mère du
Rédempteur.
96
http://www.vatican.va/content/paul-vi/fr/audiences/1968/documents/hf_p-vi_aud_19680529.html
(08/04/2021)
81
LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL/ 3 SOURCES de la
prière de la VIA LUCIS
|
CALENDRIER TEMPS PASCAL / STATIONS DE
LA VIA LUCIS
|
LECTIONNAIRE DU
TEMPS PASCAL97
|
VIA LUCIS PER CELEBRARE GESU
RISORTO, SUSSIDI MINI, RITUEL
|
PELERINS EN PRIERE POUR LE JUBILE DE
L'ANNEE SAINTE 2000
|
LE CHEMIN DE LUMIERE
AU- DELA DE LA CROIX, 14 STATIONS
DE PÄQUES A LA PENTECÔTE
|
2ème
DIMANCHE DE PÂQUES
|
A
|
1P 1,3-9 Jn 20,19-31
|
Jn 20,19-23 / 19-22 (7ème)
Jn 20,24-29 /
27-29 (8ème)
|
Jn 20,22-23 (7ème)
Jn 20,27-28) (8ème)
|
Jn 20,21-23 (7ème) Jn 20,24-29
(8ème)
|
B
|
Jn 20,19-31
|
Jn 20,19-23 /
19-22 (7ème)
Jn 20,24-29 /
27-29 (8ème)
|
Jn 20,22-23 (7ème)
Jn 20,27-28 (8ème)
|
Jn 20,21-23 (7ème) Jn 20,24-29
(8ème)
|
C
|
Jn 20,19-31
|
Jn 20,19-23 /
19-22 (7ème)
Jn 20,24-29 /
27-29 (8ème)
|
Jn 20,22-23 (7ème)
Jn 20,27-28 (8ème)
|
Jn 20,21-23 (7ème) Jn 20,24-29
(8ème)
|
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE
|
A
|
Ac 2, 1-11 ; Jn 20, 19-23
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
Jn 20,19-23 /
19-22 (7ème)
|
Jn 20,22-23 (7ème)
|
Jn 20,21-23 (7ème)
|
B
|
Ac 2, 1-11 ; Jn 15, 26-27 ;
16, 12-15
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
|
Ac 2,2-4 (14ème)
|
Ac 2,1-4 (14ème)
|
C
|
Ac 2, 1-11 ; Jn 14, 15-16. 23b-26
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
|
Ac 2,2-4 ; Jn 14,16
(14ème)
|
Ac 2,1-4 (14ème)
|
.
82
2.1.5. DIMANCHE DE LA PENTECÔTE
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (Jn 20, 19-23) et
7ème STATION : « Le Ressuscité donne le
pouvoir de remettre le péché » (Jn 20,19-23 /
19-22)
« Il répandit sur eux son souffle et leur dit :
`Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses
péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).
La lecture d'Evangile du Dimanche de la Pentecôte de
l'année A est (Jn 20, 19-23), ce qui correspond à la
Septième station de la prière de la Via Lucis. Le
Lectionnaire du Temps pascal donne aux fidèles à
entendre deux fois cette péricope : le Deuxième dimanche de
Pâques des années A, B et C et le Dimanche de la Pentecôte
des années A. Pour le Deuxième dimanche de Pâques, la
péricope est plus longue (Jn 20,19-31). Ainsi, le don de l'Esprit Saint
aux disciples dans l'Evangile selon Saint Jean, le Huitième jour de la
Pâque du Seigneur, est-il rapproché du don de l'Esprit Saint
à l'Eglise à la Pentecôte dans les Actes des
Apôtres.
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE (Ac 2, 1-11) ET
14ème STATION : « Le Ressuscité envoie
l'Esprit Saint » (Ac 2,1-6 / Ac 2)
« Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui
d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se trouvaient en fut
remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu, qui se partageait
en langues. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint » (Ac
2,2-4).
L'envoi de l'Esprit Saint parachève la mission de
Jésus sur la terre. Le Fils de Dieu, Verbe en Personne, est venu parmi
les hommes en prenant la condition de fils d'homme humble parmi les humbles, a
enseigné les merveilles du Royaume de Dieu et est mort dans la condition
la plus basse de l'esclave jusqu'à rejoindre les réprouvés
de la terre au séjour des morts. Est-il venu chercher les justes ? Il
est venu chercher les pécheurs, guérir les malades, sauver ceux
qui se perdent, récupérer ceux qui sont dans l'esclavage du
péché et de la mort. Dieu est le Jardinier du jardin d'Eden, le
Bon Berger qui prend soin de tout son troupeau, y compris de la petite brebis
égarée qu'il va chercher pour la reconduire au bercail car le
troupeau n'ira pas au vert pâturage sans elle.
Dieu a besoin des hommes pour prendre soin des brebis et
Jésus doit constituer et hiérarchiser son Eglise pour que se
poursuive son oeuvre au-delà du temps de la vie terrestre du Fils Unique
qu'il nous a donné pour nous guider. Pierre est choisi pour être
le conducteur
83
du troupeau. Néanmoins, d'autres sont choisis pour
d'autres raisons : la Mère, le disciple bien-aimé, celle qui aime
sans mesure, ceux qui doivent enseigner et baptiser.
Et tous doivent pardonner et se pardonner mutuellement car
Dieu est Miséricorde. Nous sommes précédés par
l'Amour, approchés par l'Amour, enveloppés par les paroles de
l'Amour. L'Amour nous demande de l'aimer et de nous aimer les uns les autres
comme il nous aime.
3. L'UNITE DE LA VIA LUCIS
3.1. UNE HISTOIRE
L'ordre de la narration suit le rythme du temps cyclique : de
l'aube du jour de la Pâque du Christ jusqu'à la tombée de
la nuit. Les personnages sont le Ressuscité, les anges, Marie,
mère de Jésus, des femmes, des disciples de Jésus. Le
cadre narratif est le tombeau vide hors les murs de Jérusalem, le
Cénacle, le lac de Tibériade, une montagne, Jérusalem. Le
champ lexical est sapientiel : les Ecritures, le sens des Ecritures,
l'intelligence des Ecritures, les yeux, voir, reconnaître Jésus,
le reconnaître Maître, Messie, Seigneur et Dieu,
évangéliser. Il est question des pensées et des sentiments
des disciples : l'effroi sacré, le doute, la joie. Le champ lexical est
aussi liturgique : la fraction du pain, remettre les péchés,
baptiser, prier.
Les trois premières stations de la Via Lucis
ont pour thème la découverte du tombeau vide avec comme
cadre narratif l'extérieur de l'enceinte fortifiée de la ville de
Jérusalem, sur le mont Golgotha. La Première station met en
présence, à l'aube, les Saintes femmes et un ange (Mt 28,5-6) ou
deux (Lc 24,1-9). A la Deuxième station, ce sont Simon et l'autre
disciple qui vont voir le sépulcre (Jn 20,3-9). A la
Troisième station, le Ressuscité apparaît à Marie de
Magdala (Jn 20,11-18). Les Quatrième et Cinquième stations
concernent la rencontre des disciples d'Emmaüs avec le Ressuscité,
d'abord sur la route qui vient de Jérusalem à Emmaüs puis,
le soir venu, dans une maison jusqu'à ce qu'ils le reconnaissent
à la fraction du pain (Lc 24,13-27. 28-35).
Les Sixième (Lc 24,36-43), Septième (Jn
20,21-23) et Huitième (Jn 20,24-29) stations se déroulent dans le
cadre du Cénacle. A la Sixième station, le Crucifié
ressuscité
84
dût prouver à ses disciples de plusieurs
manières la réalité de sa corporéité : en
montrant ses plaies et en leur proposant même de les toucher, puis en
leur demandant à manger du poisson grillé. A la Septième
station, le Ressuscité communique la paix messianique en insufflant aux
apôtres la puissance miséricordieuse de l'Esprit Saint pour qu'ils
puissent, en Eglise, pardonner les péchés. A la Huitième
station, de nouveau le Ressuscité se montre comme le Crucifié
pour Thomas qui avait des difficultés à croire sur le
témoignage des apôtres. Finalement, Thomas s'écrie : «
Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28). Ce témoignage de foi,
à titre individuel, est la première reconnaissance par un
disciple de la divinité de Jésus. Thomas proclame que
Jésus ressuscité est le Seigneur-Dieu et qu'il est son Seigneur
et qu'il est son Dieu. Auparavant, il y avait eu la profession de foi de
Simon-Pierre qui avait proclamé que Jésus était « le
Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16,15-19). C'est à ce
moment-là que Jésus avait dit à Pierre qu'il serait la
pierre de fondation de l'Eglise, qu'il aurait le pouvoir de lier et
délier sur la terre et que cela serait de même
lié ou délié dans le Royaume des Cieux
dont il aurait les clefs.
La Neuvième station est l'apparition au bord du lac de
Tibériade avec la pêche miraculeuse. Le disciple que
Jésus aimait s'écrie spontanément : « C'est le
Seigneur ! ». A la Dixième station (Jn 21,15-17), le
Ressuscité fait la triple demande à Simon sur l'amour qu'il lui
porte : « M'aimes-tu ? ». Aux deux premières formulations de
la même question (15-16), le verbe aimer est en grec
?ãáðáù et la réponse est faite
par le verbe öéëåù. A la
troisième demande, la question est formulée avec le verbe
öéëåù (17)98car Simon ne
semble pas pouvoir accéder au degré d'amour auquel correspond
öéëåù et le Seigneur ne demande pas plus
que ce que Simon peut donner. Cette triple demande d'amour correspond-elle
simplement au triple reniement de Pierre, ou bien est-ce que le degré
d'amour que Simon peut porter au Seigneur Jésus est en relation avec la
mission qui va lui être confiée de paître le troupeau du
Seigneur ?
L'amour porté à Jésus semble avoir une
très grande importance dans cette histoire : il y a le disciple que
Jésus aimait qui reconnaît immédiatement le Seigneur
et il y a Pierre à qui le Seigneur ressuscité doit frapper trois
fois à la porte du coeur et encore, sans tout-à-fait pouvoir
l'ouvrir. Et il y a Marie de Magdala à qui le Maître est apparu en
premier et qui doit la repousser parce qu'elle veut se jeter à ses
pieds. A la Onzième station, le Ressuscité envoie
98 SOEUR JEANNE D'ARC, Evangile selon Jean,
« Les Evangiles », Paris, Les Belles Lettres, 1990, 139.
85
les apôtres, qui sont désormais en collège
hiérarchisé, dans le monde pour évangéliser et
baptiser « au Nom du Père et du Fils et de l'Esprit Saint »
(Mt 28,19-20 ; Mc 16,15-18).
La Douzième station est l'Ascension du Seigneur. La
Treizième station est le temps de l'attente de l'Esprit Saint pour
l'Eglise de Jérusalem réunie dans la prière, hommes et
femmes disciples de Jésus autour de Marie, sa mère. C'est le
temps de l'Histoire de l'Eglise qui commence avec les Actes des Apôtres.
Le commentaire qui est donné de la Quatorzième station dans
Pèlerins en prière, Pour le Jubilé de l'Année
sainte 2000 est celui-ci : « Dans la salle où ils
étaient réunis le jour de la Pentecôte, passe le vent de
l'Esprit, qui est le souffle divin qui se répand sur les disciples du
Christ ressuscité. S'allume aussi le feu de l'amour, qui
réchauffe le coeur des croyants et les conduit dans le monde pour
témoigner de la vie, de la lumière et de l'amour de Dieu. En
mille langues, dans la diversité des cultures et des nations, l'Eglise a
ses racines à Jérusalem et sa source dans l'Esprit
Saint99 ».
Comme les pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin
d'entendre les Ecritures proclamées en Eglise pour qu'elles deviennent
Parole vivante du Ressuscité à nos oreilles. Comme les
pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin d'explications pour comprendre
le sens des Ecritures, pour qu'elles s'inscrivent dans une intelligence de la
Révélation de Dieu dans l'Histoire de l'Eglise.
Comme les pèlerins d'Emmaüs, nous avons besoin
d'un prêtre pour que, dans la liturgie eucharistique, les espèces
consacrées deviennent le signe de la présence sacramentelle du
Crucifié Ressuscité. C'est à la veille de sa Pâque
que Jésus a institué le sacrement de l'Eucharistie. C'est dans un
repas postpascal que le Ressuscité a rappelé à ses
disciples la fraction du pain. La prière de la Via Lucis
fait une très grande place aux repas avec le Ressuscité :
les Cinquième, Sixième, Septième, Huitième et
Neuvième stations. Trois stations sont situées au Cénacle,
le lieu où les disciples se réunissent le dimanche pour la
fraction du pain.
Notre Seigneur Jésus-Christ est le Grand Prêtre
au ciel qui est la Source de l'efficacité des sacrements de l'Eglise et
en premier lieu de l'Eucharistie. Le baptême est la porte d'entrée
du ciel sur la terre. La célébration eucharistique est l'acte de
rendre grâces à Dieu pour tous les biens et les bienfaits dont il
nous comble et pour le Sacrifice que son Fils
99 Pèlerins en prière, Pour le
Jubilé de l'Année sainte 2000, 215.
86
Unique bien-aimé a librement consenti, ainsi que la
communion à la Table du Seigneur pour toute l'assemblée des
fidèles, communion offerte ecclésialement à tous et
à chacun, communion à la fois à la Parole de Dieu et au
Pain de Vie. Nous sommes conviés tous les dimanches à l'unique
Table de la Parole et du Pain, en agapes du festin céleste.
3.1.1. Le monde de l'au-delà
Chez Matthieu, la mort-résurrection du Seigneur
Jésus s'accompagne d'une théophanie de tremblement de terre, de
déchirement du voile du Temple et d'ouverture des tombeaux. Pour la
Pâque du Christ, le ciel est descendu sur la terre : les anges viennent
pour annoncer le kérygme et les femmes en sont les premiers
témoins. Le Seigneur Jésus a été relevé des
morts et vient se donner à voir à ses disciples proches. Il se
manifeste à plusieurs reprises, donne à manger, donne des
instructions pour la fondation de l'Eglise. Puis il est enlevé au
ciel et les anges sont encore sur terre pour expliquer ce qui se passe et
annoncer qu'il viendra de nouveau. Tout est sens dessus dessous.
3.1.2. Des femmes
La prière de la Via Lucis commence par la
présence des femmes au tombeau et se termine par la présence des
disciples réunis dans la prière autour de Marie, Mère du
Seigneur, dans l'attente du don de l'Esprit Saint. La prière de la
Via Lucis fait une belle place aux femmes avec quatre stations sur
quatorze qui mettent en scène la présence des femmes disciples de
Jésus ou sa Très Sainte Mère, selon des récits
néotestamentaires : les Première, Troisième,
Treizième et Quatorzième stations.
La toute première annonce traditionnelle du
kérygme est faite par Paul dans la Première Lettre aux
Corinthiens : « ll est apparu à Céphas, puis aux douze.
Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la
fois [...] ; ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les
apôtres. En tout dernier lieu, il m'est aussi apparu, à moi
l'avorton » (1 Co 15,3-8). Nous constatons qu'il existe une liste
officielle d'apparitions qui passe à la tradition, et d'autre part qu'il
existe des récits évangéliques d'apparitions qui ne
figurent pas dans cette liste : l'apparition aux femmes (Mt 28,8-15),
l'apparition à Marie-Madeleine (Jn 20,1-2. 11-18), l'apparition aux
disciples d'Emmaüs (Lc 24,13-35).
3.1.3. Des hommes
Le parcours de la Via Lucis nous a conduits dans une
marche en avant qui inclut la mémoire du passé, relativement aux
paroles et aux gestes de Jésus. La mémoire du passé
87
n'est pas le retour en arrière : le sang de
Jésus a été versé définitivement. Lorsque le
Seigneur Jésus se relève des morts, il est toujours
lui-même mais il est présent d'une manière
différente et il se manifeste à qui il veut. Le but des
apparitions du Ressuscité semble bien être sa reconnaissance par
ses disciples proches. Toutes preuves sont données pour que les
disciples soient convaincus de la réalité matérielle,
concrète de la corporéité de Jésus
ressuscité. Le nouvel état d'être du Ressuscité est
qu'il est glorifié. Thomas reconnaît la divinité du Christ
ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28).
Néanmoins, l'édification des disciples ne semble pas être
la seule raison des manifestations du Ressuscité. Les disciples de
Jésus doivent se remémorer l'institution de l'Eucharistie et voir
dans ce sacrement la communion au Dieu vivant.
Dans cette première moitié de la prière
de la Via Lucis un autre sacrement de l'Eglise a été
évoqué : la Réconciliation. Le Seigneur ressuscité
vient faire le don de la paix messianique, il confère le don de l'Esprit
Saint et communique à ses disciples, en puissance, le pouvoir divin de
pardonner - de remettre les péchés. Ainsi le
Ressuscité, une fois entré dans la plénitude de sa
puissance et de sa gloire, vient-il confirmer de façon absolue tout ce
qu'il a dit à ses disciples et tout ce qu'il a fait devant eux de son
vivant.
3.1.4. Une communauté, une mission
Après qu'il eût affermi la foi de ses disciples
et constitué un collège apostolique de témoins de sa
Résurrection, le Seigneur ordonna hiérarchiquement la
communauté ecclésiale de Jérusalem en confiant à
Simon la responsabilité d'être le chef du troupeau de ses brebis.
Aux apôtres est confiée l'Eglise institutionnelle, selon ce qu'il
est convenu d'appeler le principe pétrinien de l'Eglise : la
hiérarchie des ministères sacerdotaux, l'enseignement
apostolique, la garde du trésor de l'Ecriture Sainte, le pouvoir
sacramentel et la transmission de la Tradition dogmatique dans l'inspiration de
l'Esprit Saint.
Avant de passer de ce monde au Père, Christ
ressuscité donne une mission universelle à ses disciples qui est
d'évangéliser les nations, de faire des frères et de
baptiser au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint. Tous les
sacrements de l'Initiation chrétienne sont évoqués dans la
prière de la Via Lucis : le pardon des péchés, le
baptême et l'Eucharistie. Le sacrement de l'Eucharistie est
évoqué à plusieurs reprises dans le cadre narratif des
récits de résurrection où le Ressuscité partage un
repas postpascal avec ses disciples. L'Eucharistie est le partage du pain de
Vie, la communion à la coupe du Précieux Sang du Seigneur
88
ressuscité et vivant pour toujours. Les marques de la
Passion sont les signes de la gloire du Crucifié ressuscité.
La prière de la Via Lucis fait parcourir aux
fidèles un chemin de crête dans une réalité entre le
visible et l'invisible, entre le temps et l'éternité. En tant que
prière, la Via Lucis est une proposition pastorale de
catéchèse communautaire articulée au Temps pascal, de
Pâques à l'Ascension ou de Pâques à la
Pentecôte. La spécificité de la pratique de la
prière de la Via Lucis est la méthode de la lectio
divina, la lecture-écoute priante de la Bible en église. Le
contenu scripturaire de la Via Lucis invite à une approche
personnelle de la Bible : l'Ancien Testament est l'écrin
panoramique dans lequel s'insère le joyau qu'est le Nouveau
Testament et les deux Alliances s'éclairent l'une l'autre. Les
Ecritures du peuple juif sont celles de Jésus : la Loi de Moïse,
les Prophètes et les Psaumes de David.
Afin que nous puissions entrer dans la compréhension du
Mystère pascal, la prière de la Via Lucis nous renvoie
à la totalité des Saintes Ecritures. Le parcours de la Via
Lucis est un parcours initiatique de pénétration dans le
Nouveau Testament par la lecture-écoute priante de la Parole de
Dieu, proclamée en Eglise. A partir de la découverte du tombeau
vide, comme les disciples directs de Jésus, nous sommes invités
à comprendre le sens de la Passion et de la mort de Jésus dans le
cadre du dessein eschatologique de Dieu de salut de l'humanité. Nous
sommes invités à accueillir favorablement les témoignages
apostoliques concernant les apparitions du Ressuscité et à
devenir nous-mêmes un témoin du Ressuscité.
3.1.5. Chronos, Kairos et Eschaton
Le Jour où est communiquée l'effusion de
l'Esprit Saint sur l'Eglise est le Jour du Seigneur. Le temps de Dieu est le
temps eschatologique. L'éternité, c'est le temps sans le temps.
Le temps liturgique, c'est le temps sans le temps dans le temps : « ...
à Dieu tout est possible » (Mc 10,27 ; Mt 19,26). La question du
temps se noue et se dénoue entre Chronos, le temps des hommes,
le temps de l'Eglise, et Kairos le temps de l'irruption de
l'éternité dans l'Histoire.
La Sainte Liturgie met les chrétiens dans une situation
supra-temporelle où Kairos rencontre Chronos dans la
personne vivante du Christ, Verbe de Dieu incarné, mort et
ressuscité, qui se donne à manger dans le Saint Sacrement d'Amour
pour que les hommes participent à la gloire de la Très Sainte
Trinité. Les chrétiens sont en tension entre la perspective
johannique du temps eschatologique, vertical, mystérique et la
perspective
lucanienne du temps chronologique, linéaire, de
l'histoire du Salut. Kairos est chronophage jusqu'au moment de la fin
des temps où le temps eschatologique débouchera sur
l'éternité.
Christ est l'Alpha et l'Ôméga :
Proton et Eschaton, l'origine et la fin de toutes choses. Le
but de la vie humaine est de rejoindre le Ressuscité ou de se laisser
rejoindre par Lui. Le Paradis, c'est d'être avec le Christ, le Paradis
c'est le Christ. Christ est l'Eschaton100. Le Paradis n'est
plus un lieu, c'est une Personne. Devenus fils de Dieu, nous ressusciterons en
Christ (GS 39).
L'éternité est le temps sans le temps : pour
nous laisser la possibilité d'évoluer, la possibilité non
seulement d'être chrétien mais de devenir
chrétien, Dieu fait des boucles à l'éternité.
Ainsi, voit-on se réenrouler la boucle temporelle dans laquelle l'Eglise
terrestre marche vers la Jérusalem céleste. Nous sommes dans le
« déjà-là » de la
Révélation, dans le « déjà-là
» de la Victoire du Christ sur la mort éternelle. Et nous
sommes dans le « pas encore advenu » de la bienheureuse
espérance de la Parousie du Seigneur, de la béatitude de la
Vision en plénitude face-à-face, dans le « pas
tout-à-fait advenu » de la communion des saints en Dieu. Dans
cette attente il faut vivre en enfants de lumière (Ep 5,8) et
gagner des âmes à Dieu, ce qui était le but de
saint Ignace de Loyola, de saint François de Sales et de saint Jean
Bosco. La prière de la Via Lucis est à saint Jean Bosco
et aux Salésiens de Don Bosco ce que fut la prière des
Quarante-Heures à saint François de Sales : une prière de
conversion ou de reconversion à l'Eglise Catholique.
89
100 Thèse « Eschatologie »,
www.theologie.fr
90
CONCLUSION
La christologie johannique est descendante : c'est
l'Incarnation qui est rédemptrice. La voie johannique est spirituelle et
mystique et met l'accent sur le mystère du Christ. La christologie
lucanienne est ascendante : le Seigneur est deux fois exalté, à
la résurrection et à l'Ascension. La Rédemption par la
voie ascendante réclame notre participation au salut par la foi et par
une vie chrétienne. Le chemin indiqué par Luc dans les Actes est
une voie morale, une éthique du salut pour vivre communautairement la
foi au Christ mort pour nos péchés et ressuscité pour nous
introduire dans la vie éternelle. La voie d'inspiration lucanienne et
paulinienne est spirituelle et morale et met l'accent sur le mystère de
l'Eglise. Au premier siècle, la Parousie à la fin du monde est
attendue avec hâte et enthousiasme. Dans les siècles suivants, il
faut organiser l'Eglise pour le temps d'une attente indéfinie de la
Parousie.
La kénose du Fils a été assumée
jusque dans la descente aux enfers où la seconde mort fut vaincue et
où les âmes prisonnières (1 P 3,19) qui accueillirent le
Christ furent délivrées de l'esclavage du péché.
C'est le Précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui ferme
définitivement la porte de l'Enfer. L'Enfer est-il désormais vide
? François-Xavier Durrwell désigne comme piste de recherche
théologique - non encore explorée à la date de la
publication de son dernier et ultime ouvrage - la question de la descente du
Christ aux enfers et il souligne l'importance de cette recherche « pour
éclairer le mystère de la mort 101». La Via
Crucis est l'échelle de la kénose de Dieu des cieux jusque
dans les enfers. La Via Lucis est la même échelle qui
fait remonter l'humanité perdue avec le Christ Seigneur, depuis les
enfers jusqu'aux cieux. Les deux chemins sont des chemins de foi où il
faut voir le Seigneur Jésus, le voir souffrant, le voir au séjour
des morts et le voir debout, vivant et nous montrant la Voie : le chemin vers
Dieu.
La prière de la Via Lucis, comme la
prière de la Via Crucis, nous parle de la Rédemption par
la Passion et la mort du Seigneur Jésus mais la prière de la
Via Lucis, au lieu de s'achever sur la descente de croix et la mise au
tombeau, s'ouvre pour chacun de nous sur l'éternité du chemin
avec le Ressuscité et sur le quotidien d'une vie en communion
fraternelle dans la paix messianique. La prière de la Via Lucis
nous invite à imiter Jésus dans
101 F.-X. DURRWELL, Christ, Notre Pâque, Paris,
Cerf, 2000, note 143, 125.
91
le don de soi par amour et à le suivre, toujours en
avant, des ténèbres vers la lumière. La Via Lucis
souligne l'importance de voir les plaies du Ressuscité :
afin que nous arrivions à sortir de l'indifférence
générale et des considérations communes, nous sommes
nommément appelés par le Seigneur Jésus relevé des
morts à prêter attention aux plaies des autres. Chacun, comme
Thomas, est individuellement appelé à faire foi au
témoignage apostolique transmis par l'Eglise jusqu'à ce que notre
coeur s'écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».
Croire est un acte de courage car la foi nécessite la
force du coeur. Il est probable que ce que vit Thomas lorsque le Seigneur lui
proposa de mettre la main dans son côté (Jn 20,27), c'est
le Coeur de Jésus. L'Evangile ne dit pas que Thomas toucha le
côté du Ressuscité : cela ne fut certainement pas
nécessaire car, à cet instant précis, il fut converti
(28). Dans La petite philocalie de la prière du coeur102,
le pèlerin russe cherche une prière à réciter
comme une litanie, de façon répétitive. Il trouva la
« prière du coeur », dite aussi « prière de
Jésus » : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie
pitié de moi, pécheur ». Cette prière est
répétée tout en marchant, sur le rythme de la respiration.
Marcher, prier, respirer, marcher, prier le Seigneur, marcher avec le Seigneur.
« Vous m'appelez `Maître' et `Seigneur', et vous avez raison, car
vraiment je le suis » (Jn 13,13). La profession de foi de Thomas pourrait
peut-être répétée comme la prière de la
tradition hésychaste, dans une méditation silencieuse et
dynamique, rythmée sur le souffle. La Via Lucis est une
prière.
La prière de la Via Lucis lisse le temps du
Mystère pascal de la Passion jusqu'à la Parousie, ce qui induit
d'y inclure l'Incarnation. La notion de Mystère pascal peut
s'élargir de l'Incarnation à la Parousie, « ce que le
Père Pierre-Marie Gy appelle `l'unitotalité du mystère
pascal'103 ». Alors, l'Ôméga rejoint l'Alpha (Ap
22,13). La Via Lucis nous parle de la Divine Miséricorde et du
pardon de l'Eglise : nous sommes invités à nous laver les pieds
les uns des autres, c'est-à-dire à nous pardonner mutuellement
nos fautes. La Via Lucis nous appelle à écouter la
Parole de Dieu interprétée en Eglise, à la goûter
tous ensemble et à pouvoir partager entre nous notre expérience
de la lectio divina.
Lors de la dernière Cène, Jésus est le
prêtre qui offre le sacrifice de l'Agneau pascal et, par anticipation, il
s'offre lui-même en sacrifice pour sceller la Nouvelle Alliance entre
102 J. GOUILLARD Trad., La petite philocalie de la
prière du coeur, « Points Sagesse », Paris, Seuil,
1979.
103 F.-X. AMHERDT, Université de Fribourg, Faculté
de Théologie, Session SNCC « Le Mystère pascal au coeur de
l'Initiation », CEF, Paris, 23-24 Janvier 2018, « Pour une
pastorale du Mystère pascal, forme essentielle de l'existence
chrétienne : Approches bibliques, patristiques et
catéchétiques »,
https://catechese.catholique.fr/outils/conference-contribution/260-pour-une-pastorale-du-mystere-pascal-forme-essentielle-de-lexistence-chretienne/
(13/05/2021)
92
Dieu et les hommes. C'est entre le Jeudi Saint et le Vendredi
Saint que la Pâque juive devient la Pâque chrétienne.
L'immolation de Jésus sur la croix, véritable Agneau de Dieu, est
l'unique Sacrifice accompli une fois pour toutes. Pour Saint Paul, le
sabbat représente le sommeil de la mort et la Pâque du
Christ représente le réveil de la résurrection. Christ
ressuscité est prémices du peuple des rachetés (1 Co
15,20) mais il appartient à l'Eglise de célébrer toujours
à nouveau ce sacrifice d'action de grâces à Dieu et de
présenter toujours à nouveau le mémorial de la Passion
pour que les bienfaits de la mort-Résurrection du Christ puissent
atteindre le peuple de Dieu.
Dans les deux événements fondateurs de
l'histoire du Salut, l'Incarnation et la Résurrection, l'Esprit Saint
est proche de la Vierge Marie. L'Incarnation est la kénose de Dieu dans
la chair de la Vierge. De l'Incarnation jusqu'au don de l'Esprit Saint à
la Résurrection et à la Pentecôte, le Mystère pascal
est pneumatologique. L'acte par lequel Dieu a relevé son Fils d'entre
les morts est similaire à l'acte créateur de séparer la
lumière des ténèbres (Gn 1,2-4).
Le Père n'a pas abandonné le Fils parce qu'il
s'est substitué aux hommes pour porter le poids de leur
péché. Le Fils a été ressuscité Seigneur
dans l'Esprit Saint par le Père. La Résurrection du Christ est la
confirmation par le Père de la réussite de la mission
rédemptrice du Fils et l'affirmation pour nous de sa divinité. Le
Mystère pascal est le mystère de l'indissociabilité de la
Sainte Trinité. Pour Luc, la Résurrection et l'Ascension du
Seigneur procèdent de la même dynamique d'exaltation glorieuse du
Fils par le Père dans l'Esprit, en un double mouvement de glorification.
Luc présente dans les Actes des Apôtres une
catéchèse de l'Exaltation et décompose le schéma
résurrection-Ascension-glorification en deux temps : Résurrection
le jour de la Pâque du Christ et Ascension du Seigneur en
apothéose quarante jours plus tard, puis le don de l'Esprit Saint
à la Pentecôte, le cinquantième jour après la
Pâque.
La prière de la Via Lucis peut constituer un
support de catéchèse biblique communautaire dans le but de
favoriser un partage intergénérationnel de parole sur la Parole
pendant les huit dimanches du Temps pascal. La prière de la Via
Lucis est une méditation sur la joie de la découverte que
Christ est ressuscité et la communication joyeuse du kérygme dans
la communauté. La forme de la prière de la Via Lucis, en
quatorze stations, s'apparente à la forme de la prière du Chemin
de Croix déjà familière aux fidèles. La
nouveauté du contenu dans une forme de prière traditionnelle peut
étonner les fidèles et les conduire à
93
s'intéresser davantage à la Parole de Dieu dans
la liturgie dominicale. En tant que catéchèse communautaire, la
prière de la Via Lucis peut raviver l'intérêt pour
le Mystère chrétien chez les fidèles et semer des graines
de curiosité théologique. Chez certains, cette curiosité
peut générer un intérêt plus prononcé soit
pour la pastorale liturgique et sacramentelle, soit pour
l'exégèse ou la théologie, un intérêt dont
les fruits se révèleront à l'âge de la retraite et
génèreront peut-être à leur tour, le moment venu, de
nouvelles demandes de catéchuménat des adultes.
La prière de la Via Lucis est un vecteur de la
nouvelle évangélisation, nous en avons vu un exemple
avec le Mouvement des Témoins du Ressuscité de la Famille
Salésienne de Don Bosco. La prière de la Via Lucis a
fait naître des vocations missionnaires chez des laïcs et
particulièrement chez des jeunes pour participer à la Mission de
l'Eglise : évangéliser et communiquer la charité. Nous
pensions que les Salésiens voulaient faire la promotion la prière
de la Via Lucis mais c'est une erreur : les Salésiens ne
célèbrent pas la Via Lucis car leur temps est
consacré à relever les pauvres, les laissés pour compte de
la société, les jeunes en perdition. La Famille Salésienne
de Don Bosco a un charisme spirituel de soins aux pauvres, un charisme de
service et d'éducation des jeunes. Les laïcs consacrés ont
le charisme de la Famille Salésienne et le charisme propre à
chaque Groupe salésien. Partager le pain est ce que montre le
Ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs dans la Cinquième
station de la Via Lucis. La charité est la vocation
première d'un membre de la Famille Salésienne.
La prière de la Via Lucis s'est aussi
révélée particulièrement bien adaptée et
bienvenue pour la liturgie familiale du Temps pascal lorsque les conditions
sanitaires ne permirent pas de se rendre à l'église. Le Temps
pascal est le temps de la mystagogie qui achève pour les
néophytes le temps de l'Initiation chrétienne en les introduisant
plus profondément dans l'intelligence du Mystère pascal. Le
catéchuménat des adultes est le modèle de la «
catéchèse de cheminement » qui peut accompagner chaque
personne sur le chemin de son existence jusqu'à la pleine
réalisation de son identité chrétienne. La prière
de la Via Lucis, par sa méthode de lectio divina, son
enracinement scripturaire dans le Lectionnaire du Temps pascal et par
son style de catéchèse de cheminement pourrait peut-être
être considérée comme un outil pour la
catéchèse mystagogique des sacrements de l'Initiation
chrétienne.
94
L'Eglise est en marche la Voie de la Jérusalem
céleste, dans l'attente « de la bienheureuse espérance
» de la venue du Seigneur (Tt 2,13). L'Eglise est Mère et Fils,
hiérarchique et collégiale, institutionnelle et spirituelle,
Occidentale et Orientale, terrestre et céleste, pétrinienne et
mariale, masculine et féminine. C'est ecclésialement, ministres
de l'Eglise, religieuses, personnes consacrées et laïcs,
catéchumènes, néophytes et fidèles, hommes, femmes
et jeunes que nous devons faire ensemble le chemin d'aller au coeur de la
foi.
La prière de la Via Lucis pourrait être
un outil catéchétique pour une catéchèse
articulée à la liturgie de la Parole du Temps pascal. La
prière de la Via Lucis s'articule avec toutes les
déclinaisons de lectures du Lectionnaire des dimanches et
fêtes du Temps pascal, en fonction des années liturgiques A,
B ou C. La prière de la Via Lucis a davantage de
correspondances avec les lectures des années A qu'avec celles des
années B et C. La prière de la Via Lucis est une
prière baptismale. L'Eglise italienne en fait déjà usage
dans la liturgie baptismale. Les lectures du Carême et du Temps pascal
donnent aux années A une « connotation baptismale
104» (RICA 239). Par conséquent, la prière de la
Via Lucis trouverait peut-être sa place dans la mystagogie des
sacrements de l'Initiation chrétienne, lors des années A.
La prière de la Via Lucis peut constituer
l'occasion d'une catéchèse sur l'ordonnancement du calendrier
liturgique. Le cycle pascal représente un quart de l'année
liturgique du Mercredi des Cendres jusqu'au Dimanche de la
Pentecôte105 inclus. La notion de l'unité du Temps
pascal est difficile à percevoir entre Pâques et la
Pentecôte comme le temps liturgique qui célèbre le second
volet du Mystère pascal : le mystère du Christ Seigneur et le
mystère de l'Eglise dont les temps apostoliques commencent avec l'envoi
de l'Esprit Saint. La nouvelle périodicité du Temps pascal avec
l'Octave de Pâques étendu à une octave de dimanches permet
d'envisager sur une période longue de cinquante jours une
catéchèse communautaire intergénérationnelle
à la fois biblique et liturgique.
La Résurrection ouvre le sens de la Croix. La
prière de la Via Lucis est une catéchèse
d'initiation au Mystère pascal, une catéchèse de
cheminement dans la vie chrétienne en
104 Id., P. G. DROUIN, « Les évangiles des
huit dimanches du Temps pascal ».
105 B. DUCATEL, « Du Mercredi des Cendres au feu de la
Pentecôte »,
https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/le-temps-pascal/19687-cendres-feu-de-pentecote/
(13/05/2021)
95
communauté et une catéchèse
d'engendrement au sens de la mission chrétienne : faire des
frères. La prière de la Via Lucis est un
itinéraire de type catéchuménal qui prend en compte la
personne dans son intégrité d'adulte et de chrétien en
devenir. Qu'il s'agisse d'un enfant, d'un adolescent ou d'un adulte, la
personne est toujours un adulte en devenir et un chrétien en voie de
revêtir le Christ (Ga 3,27). Le chemin donne le temps de cheminer, chacun
à son rythme et tous ensemble avec le Ressuscité qui nous
accompagne jusqu'à la fin des temps. La proposition
catéchétique de la prière de la Via Lucis aurait
pu, si elle avait été connue à cette époque en
France, être une réponse à l'appel lancé par la
Commission épiscopale de la catéchèse et du
catéchuménat dans l'article « Aller au coeur de la foi,
Questions d'avenir pour la catéchèse », à
Lourdes en 2002. Aujourd'hui est advenu le temps de l'avenir d'hier et nous
sommes toujours dans l'Aujourd'hui de Dieu. Peut-être est-il
encore temps ?
La Résurrection du Seigneur Jésus n'est pas un
sujet de méditation nouveau pour notre époque postmoderne
désenchantée mais cet événement demeure d'une
nouveauté inouïe en tant qu'il est le premier surgissement d'un
mort à la vie. C'est comme lorsque le premier poisson s'est mis à
voler et qu'il y eut ensuite une multitude de poissons volants. Le message de
la Résurrection du Christ est d'une absolue nouveauté pour ceux
qui, ne connaissant pas encore l'histoire de Notre Seigneur
Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur, ne savent pas encore qu'il est
possible de voler et pour ceux qui, soit l'ont oublié, soit ne l'ont
pas encore tout-à-fait complètement
réalisé.
La foi est un saut dans le vide, mais ce n'est pas comme un
saut à l'élastique avec la terreur de mourir. La foi est un saut
dans l'apesanteur avec l'espoir de vivre toujours avec le Seigneur
Jésus. La foi est un saut dans le ciel. Le ciel, c'est le Christ. La foi
est un saut dans le Christ.
96
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l'Initiation, CEF, Paris, 23-24 Janvier 2018, « Pour une
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chrétienne : Approches bibliques,
patristiques et catéchétiques
»,
https://catechese.catholique.fr/outils/conference-
contribution/260-pour-une-pastorale-du-mystere-pascal-forme-essentielle-de-lexistence-chretienne/
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99
THEOLOGIE
BALTHASAR von H.U., SPEYR von A., Au coeur du
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DENEKEN M., La Foi pascale, Rendre compte de la
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Parole et Silence,
2012. www.theologie.fr
Thèse « Christologie et sotériologie
», Thèse « Eschatologie
».
100
VIA LUCIS PER CELEBRARE GESU RISORTO,
RITUEL
|
STATION
|
TITRE DE LA STATION
|
PERICOPE
|
PERICOPE COURTE
|
1ère
|
Gesù risorge dalle morte
|
(Mt 28,1-7)
|
(Mt 28,5-6)
|
2ème
|
I discepoli trovano il sepolcro
vuoto
|
(Ac 2,1-6)
|
(Ac 2,2)
|
3ème
|
Il Risorto si manifesta
alla Maddalena
|
(Jn 20,11-18)
|
(Jn 20,16.18)
|
4ème
|
Il Risorto sulla strada
di Emmaus
|
(Lc 24,13-19.25-27)
|
(Lc 24,13-15.25-27)
|
5ème
|
Il Risorto si manifesta allo spezzare del
pane
|
(Lc 24,28-35)
|
(Lc 24,30-31)
|
6ème
|
Il Risorto si mostra vivo
ai discepoli
|
(Lc 24,36-43)
|
(Lc 24,36-39)
|
7ème
|
Il Risorto da il potere di rimettere i
peccati
|
(Jn 20,19-23)
|
(Jn 20,19-22)
|
8ème
|
Il Risorto conferma la fede di
Tommaso
|
(Jn 20,24-29)
|
(Jn 20,27-29)
|
9ème
|
Il Risorto si incontra con i suoi al lago di
Tiberiade
|
(Jn 21,1-9.13)
|
(Jn 21,4-6)
|
10ème
|
Il Risorto conferisce il primato a
Pietro
|
(Jn 21,15-17)
|
(Jn 21,17)
|
11ème
|
Il Risorto affida ai discepoli la
missione unviversale
|
(Mt 28,16-20)
|
(Mt 28,18-20)
|
12ème
|
Il Risorto sale in cielo
|
(Ac 1,6-11)
|
(Ac 1,9)
|
13ème
|
Con Maria, in attesa
dello Risorto
|
(Ac 1,12-14)
|
(Ac 1,12-14)
|
14ème
|
Il Risorto manda ai discepoli lo
spirito promesso
|
(Ac 2,1-6)
|
(Ac 2,2)
|
Pèlerins en prière, Pour le
Jubilé de l'Année Sainte 2000
/ Association Episcopale Liturgique
pour les pays Francophones
|
1
|
JESUS
TRIOMPHE DE LA MORT
|
« Je sais que vous cherchez Jésus le
Crucifié. Il n'est pas ici car il est ressuscité, comme il
l'avait dit. Venez voir où il reposait » (Mt 28,5-6).
|
05 L'ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous,
soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le
Crucifié.
06 Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il
l'avait dit. Venez voir l'endroit où il reposait. »
|
2
|
LES DISCIPLES TROUVENT LE TOMBEAU
VIDE
|
« Alors entra l'autre disciple, lui qui était
arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » (Jn 20,8).
|
08 C'est alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était
arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
|
3
|
LE RESSUSCITE SE MANIFESTE A MARIE
DE MAGDALA
|
« Jésus lui dit : `Marie !' Elle se tourne vers
lui et dit : `Rabbouni !' ce qui veut dire : `Maître' » (Jn
20,16).
|
16 Jésus lui dit alors : « Marie ! »
S'étant retournée, elle lui dit en hébreu : «
Rabbouni ! », c'est-à-dire : Maître.
|
4
|
LE RESSUSCITE SUR
LE CHEMIN D'EMMAÜS
|
« `Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout
cela pour entrer dans sa gloire ?' Et, en partant de Moïse et de tous les
Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Ecriture, ce qui le concernait
» (Lc 24,26-27).
|
26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour
entrer dans sa gloire ? »
27 Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes,
il leur interpréta, dans toute l'Écriture, ce qui le
concernait.
|
5
LE RESSUSCITE SE DEVOILE A LA FRACTION DU
PAIN
LE RESSUSCITE SE MANIFESTE AUX
DISCIPLES
|
« Quand il fut à table avec eux, il prit le pain,
dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux
s'ouvrirent et ils le reconnurent » (Lc 24,30-31).
« Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et
pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? Voyez mes mains et mes
pieds : c'est bien moi » (Lc 24,38-39).
30 Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain,
il prononça la bénédiction et, l'ayant rompu, il le leur
donna.
6
7
8
31 Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais
il disparut à leurs regards.
38 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous
bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre
coeur ?
39 Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi !
Touchez-moi, regardez : un esprit n'a pas de chair ni d'os comme vous constatez
que j'en ai. »
LE RESSUSCITE
DONNE LE
POUVOIR DE
REMETTRE
LE
PECHE
LE RESSUSCITE CONFIRME LA FOI
DE THOMAS
|
« Il répandit sur eux son souffle et leur dit :
`Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses
péchés, ils lui seront remis' » (Jn 20,22-23).
« Jésus dit à Thomas : `Avance ton doigt
ici, et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté :
cesse d'être incrédule, sois croyant'. Thomas lui dit alors : `Mon
Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,27-28).
22 Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit
: « Recevez l'Esprit Saint.
101
23 À qui vous remettrez ses péchés, ils
seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils
seront maintenus. »
27 Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici,
et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d'être incrédule, sois croyant. »
28 Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu !
»
|
102
9
|
LE RESSUSCITE SE MANIFESTE PRES DU LAC DE
TIBERIADE
|
« Le disciple que Jésus aimait dit à Pierre
: `C'est le Seigneur ! » Jésus s'approche, prend le pain et le leur
donne » (Jn 21,7.13).
|
07 Alors, le disciple que Jésus aimait dit à
Pierre : « C'est le Seigneur ! » Quand
Simon-Pierre entendit que c'était le Seigneur, il
passa un vêtement, car il n'avait rien sur lui, et il se jeta à
l'eau. 13 Jésus s'approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de
même pour le poisson.
|
10
|
LE RESSUSCITE FAIT DE PIERRE LE PASTEUR DE
L'EGLISE
|
« `Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? Il
lui répond : `Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais.' Jésus lui
dit : `Sois le berger de mes agneaux' » (Jn 21,15).
|
15 Quand ils eurent mangé, Jésus dit à
Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu vraiment, plus que
ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais
: je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes
agneaux. »
|
11
|
LE RESSUSCITE ENVOIE LES DISCIPLES DANS
LE MONDE
|
« Allez donc ! De toutes les nations faites des
disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint- Esprit.
Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde »
(Mt 28,19-20).
|
19 Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai
commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin
du monde. »
|
12
|
LE RESSUSCITE MONTE AU CIEL
|
« Galiléens, pourquoi restez-vous là
à regarder le ciel ? Jésus, qui a été enlevé
du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu
s'en aller vers le ciel » (Ac 1,11).
|
11 qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi
restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a
été enlevé au ciel d'auprès de vous, viendra de la
même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel. »
|
13
|
AVEC MARIE DANS L'ATTENTE DE L'ESPRIT
SAINT
|
« D'un seul coeur, les Apôtres
participaient fidèlement à la prière avec
quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus, et avec ses
frères » (Ac 1,14).
|
14 Tous, d'un même coeur, étaient
assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie
la mère de Jésus, et avec ses frères.
|
14
|
LE RESSUSCITE ENVOIE
L'ESPRIT SAINT
|
« Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui
d'un violent coup de vent : toute la maison où ils se trouvaient en fut
remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu, qui se partageait
en langues. Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint » (Ac
2,2-4).
|
02 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de
vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout
entière.03 Alors leur apparurent des langues qu'on aurait dites de feu,
qui se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux.
04 Tous furent remplis d'Esprit Saint : ils se mirent à
parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.
|
103
Tableau synoptique du LECTIONNAIRE DU TEMPS
PASCAL
et des 3 sources de la prière de la VIA
LUCIS
|
LECTIONNAIRE DU TEMPS PASCAL
|
VIA LUCIS PER CELEBRARE GESU
RISORTO, SUSSIDI MINI, RITUEL
|
PELERINS EN PRIERE POUR LE JUBILE
DE L'ANNEE SAINTE 2000
|
LE CHEMIN DE LUMIERE
AU- DELA DE LA CROIX, LES 14
STATIONS
|
|
A
|
Mt 28,1-10
|
Mt 28,1-7 / 5-6 (1ère)
|
Mt 28,5-6 (1ère)
|
|
VIGILE
|
|
|
|
|
|
PASCALE
|
B
|
Mc 16,1-7
|
|
|
|
|
C
|
Lc 24,1-12
|
|
|
Lc 24,1-9 (1ère)
|
|
A
|
Jn 20,1-9
|
Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)
|
Jn 20,8 (2ème)
|
Jn 20,3-9 (2ème)
|
DIMANCHE
|
|
|
|
|
|
DE PÂQUES
|
B
|
Jn 20,1-9
|
Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)
|
Jn 20,8 (2ème)
|
Jn 20,3-9 (2ème)
|
Solennité
|
|
|
|
|
|
|
C
|
Jn 20,1-9
|
Jn 20,1-9 / 6-8 (2ème)
|
Jn 20,8 (2ème)
|
Jn 20,3-9 (2ème)
|
|
|
|
Jn 20,19-23 /
|
Jn 20,22-23 (7ème)
|
Jn 20,21-23
|
|
|
|
19-22 (7ème)
|
|
(7ème)
|
|
A
|
Jn 20,19-31
|
|
|
|
|
|
|
Jn 20,24-29 / 27-29
|
Jn 20,27-28) (8ème)
|
Jn 20,24-29
|
|
|
|
(8ème)
|
|
(8ème)
|
2ème
|
|
|
Jn 20,19-23 / 19-22
|
Jn 20,22-23 (7ème)
|
Jn 20,21-23
|
DIMANCHE
|
|
|
(7ème)
|
|
(7ème)
|
DE PÂQUES
|
B
|
Jn 20,19-31
|
|
|
|
|
|
|
Jn 20,24-29 / 27-29
|
Jn 20,27-28 (8ème)
|
Jn 20,24-29
|
|
|
|
(8ème)
|
|
(8ème)
|
|
|
|
Jn 20,19-23 / 19-22
|
Jn 20,22-23 (7ème)
|
Jn 20,21-23
|
|
C
|
Jn 20,19-31
|
(7ème)
|
|
(7ème)
|
|
|
|
Jn 20,24-29 / 27-29
|
Jn 20,27-28 (8ème)
|
Jn 20,24-29
|
|
|
|
(8ème)
|
|
(8ème)
|
104
Tableau synoptique du
LECTIONNAIRE DU TEMPS
PASCAL
et des 3 sources de la prière de la
VIA LUCIS
(suite)
|
Via Lucis,
Per celebrare Gesù risorto
RITUEL
|
Pèlerins en prière Pour le
Jubilé de l'Année sainte 2000
|
Le Chemin de Lumière au-delà de
la Croix
|
|
|
|
Lc 24,13-19. 25-27 /
|
Lc 24,26-27 (4ème)
|
Lc 24,13-27
|
|
A
|
Lc 24,13-35
|
13-15. 25-27 (4ème)
|
Lc 24,30-31 (5ème)
|
(4ème)
|
|
|
|
Lc 24,28-35 / 30-31
|
|
Lc 24,28-35
|
|
|
|
(5ème)
|
|
(5ème)
|
3ème
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
DIMANCHE
|
|
|
|
|
|
DE PÂQUES
|
B
|
Lc 24,35-48
|
Lc 24,36-43 / 36-39
|
Lc 24,38-39 (6ème)
|
Lc 24,36-43
|
|
|
|
(6ème)
|
|
(6ème)
|
|
|
|
Jn 21,1-9.13 / 4-6
|
|
Résumé de
|
|
C
|
Jn 21,1-19
|
(9ème)
|
Jn 21,7.13 (9ème)
|
Jn 21,1-19
|
|
|
|
Jn 21,15-17 / 17
|
Jn 21,15 (10ème)
|
(9ème
-10ème)
|
|
|
|
(10ème)
|
|
|
|
A
|
Ac 1,1-11 ;
|
Ac 1,6-11 /9 (12ème)
|
Ac 1,11 (12ème)
|
Ac 1,9-11 (12ème)
|
|
|
Mt 28,16-20
|
Mt 28,16-20 /
|
Mt 28,19-20
|
|
|
|
|
18-20 (11ème)
|
(11ème)
|
|
ASCENSION
|
|
|
|
|
|
Solennité
|
B
|
Ac 1,1-11 ;
|
Ac 1,6-11 / 9 (12ème)
|
Ac 1,11 (12ème)
|
Ac 1,9-11 (12ème)
|
|
|
Mc 16, 15-20
|
|
|
|
|
C
|
Ac 1,1-11 ;
|
Ac 1,6-11 / 9 (12ème)
|
Ac 1,11 (12ème)
|
Ac 1,9 11 (12ème)
|
|
|
Lc 24,46-53
|
|
|
Lc 24,50-52
|
|
|
|
|
|
(11ème)
|
|
A
|
Ac 1,12-14 ;
|
Ac 1,12-14 (13ème)
|
Ac 1,14 (13ème)
|
Ac 1,12-14
|
|
|
Jn 17, 1b-11
|
|
|
(13ème)
|
7ème
|
|
|
|
|
|
DIMANCHE
|
|
Ac 1,15-17.
|
|
|
|
DE PÂQUES
|
B
|
20a.20c-26 ;
|
|
|
|
|
|
Jn 17,11b-19
|
|
|
|
|
C
|
Jn 17,20-26
|
|
|
|
|
|
Ac 2, 1-11 ;
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
|
|
|
|
A
|
Jn 20, 19-23
|
Jn 20,19-23 / 19-22
|
Jn 20,22-23 (7ème)
|
Jn 20,21-23
|
|
|
|
(7ème)
|
|
(7ème)
|
DIMANCHE
|
|
|
|
|
|
DE LA
|
|
|
|
|
|
PENTECÔTE
|
|
Ac 2, 1-11 ;
|
|
|
|
Solennité
|
B
|
Jn 15, 26-27;
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
|
Ac 2,2-4 (14ème)
|
Ac 2,1-4 (14ème)
|
|
|
16, 12-15
|
|
|
|
|
|
Ac 2, 1-11 ;
|
|
Ac 2,2-4 ;
|
|
|
C
|
Jn 14, 15-16.
|
Ac 2,1-6 / 2 (14ème)
|
Jn 14,16 (14ème)
|
Ac 2,1-4 (14ème)
|
|
|
23b-26
|
|
|
|
105
Ordo Lectionum Missae Lectionnaire des dimanches
et fêtes du Temps pascal
|
Via Lucis
|
VIGILE PASCALE ANNEE A, C
|
1ère Station : « Jésus triomphe de
la mort »
|
DIMANCHE DE PÂQUES ANNEES A, B, C
|
2ème Station : « Les disciples trouvent
le tombeau vide »
|
DEUXIEME DIMANCHE DE PÂQUES ANNEES A, B,
C
|
7ème Station : « Le Ressuscité
donne le pouvoir de remettre le péché »
8ème Station : « Le Ressuscité
confirme la foi de Thomas »
|
TROISIEME DIMANCHE DE PÂQUES
ANNEE A
ANNEE B
ANNEE C
|
4ème Station : « Le Ressuscité sur
le chemin d'Emmaüs »
5ème Station : « Le Ressuscité est
reconnu à la fraction du pain » 6ème Station :
« Le Ressuscité se manifeste aux disciples
»
9ème Station : « Le Ressuscité se
manifeste près du lac de Tibériade »
10ème Station : « Le Ressuscité fait de Pierre
le pasteur de l'Eglise »
|
SOLENNITE DE L'ASCENSION ANNEE A, C
ANNEE A, B, C
|
11ème Station : « Le Ressuscité
envoie les disciples dans le monde »
12ème Station : « Le Ressuscité
monte au ciel »
|
SEPTIEME DIMANCHE DE PÂQUES ANNEE A
|
13ème Station : « Avec
Marie dans l'attente de l'Esprit-Saint »
|
DIMANCHE DE LA PENTECÔTE ANNEE A
ANNEES A, B, C
|
7ème Station : « Le Ressuscité
donne le pouvoir de remettre le péché »
14ème Station : « Le Ressuscité
envoie l'Esprit Saint »
|
106
Conclusion de la prière de la Via Lucis106
Le célébrant peut inviter les participants, munis
d'un cierge, à l'allumer au cierge pascal, tandis que lui, faisant cette
traditio lucis, dit à chacun (ou à la communauté,
en utilisant la formule) :
"Va et porte la lumière du Christ ressuscité aux
frères que tu rencontres." Tous répondent : "Amen".
Puis on renouvelle l'alliance fondamentale du baptême.
P Le baptême est la Pâque du
ressuscité associé à l'homme. Concluons notre
itinéraire en renouvelant les promesses baptismales, reconnaissants au
Père qui continue de nous appeler des ténèbres à la
lumière de son Règne.
Mes Frères, si vous voulez suivre le Christ
ressuscité sur les routes du monde :
P Renoncez-vous au péché, pour
vivre dans la liberté des fils de Dieu ? T J'y
renonce.
P Renoncez-vous aux séductions du mal,
pour ne pas vous laisser dominer par le péché ? T J'y
renonce.
P Renoncez-vous à Satan et à
toutes ses oeuvres ? T J'y renonce.
P Croyez-vous en Dieu le Père
tout-puissant, créateur du ciel et de la terre? T Je
crois.
P Croyez-vous en Jésus Christ son Fils
unique, notre Seigneur qui est né de la Vierge Marie, qui est mort et a
été enseveli, est ressuscité des morts et est assis
à la droite de Dieu le Père?
T Je crois.
P Croyez-vous au Saint Esprit, à la
Sainte Eglise Catholique, à la communion des saints, à la
rémission des péchés, à la résurrection de
la chair et à la vie éternelle ?
T Je crois.
P Dieu tout-puissant, Père de notre
Seigneur Jésus Christ, qui nous a libérés du
péché et qui nous a fait renaître de l'eau et de l'Esprit
Saint, tu nous gardes dans la grâce du Christ Jésus,
ressuscité de la mort, pour la vie éternelle.
T Amen.
Chant
106 Avec quelques corrections de traduction et d'orthographe en
langue française par mes soins,
http://vialucis.org/index.php/it/conclusione-13
(25/05/2021)
Bénédiction
solennelle107
C. Que Dieu, source de chaque lumière,
qui a envoyé sur les disciples de Jésus l'Esprit consolateur,
vous bénisse et vous comble de ses dons.
T. Amen.
C. Que le Seigneur Ressuscité vous donne
le feu de son Esprit et vous illumine avec sa sagesse.
T. Amen.
C. Que le Saint-Esprit, qui a réuni de
différents peuples en une seule église, vous rende
persévérants dans la foi, joyeux dans l'espérance
jusqu'à la vision bienheureuse du ciel. T. Amen.
C. Que la bénédiction de Dieu tout
puissant, Père et Fils et Esprit-Saint, descende en vous et qu'elle y
demeure toujours.
107
107
http://vialucis.org/index.php/it/giovani
(29/05/2021)
La Via Lucis en images

108
http://imagessaintes.canalblog.com/archives/2019/04/21/37275745.html