Problématique du leadership responsable de la classe politique congolaise. Regard sur l'administration publique de la troisième république.par Carlytho Nzazi Lengi Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en sciences politiques et administratives 2013 |
I.3.3. LES LEADERS DES CIRCONSTANCESLes leaders des circonstances sont des deux sortes, ceux fabriqués par les vrais politiciens (hommes d'Etat) et ceux d'improvisation, comme on en a connu l'occasion de la tenue de la conférence nationale souveraine (CNS), le dialogue inter-Congolais et lors des élections présidentielles et législatives de 2006 et de 2011.73(*) L'adoption dans le pays du multipartisme intégral a incité les professionnels de la politique à créer des partis complaisants en vue de constituer des cartels que l'on appelle, en RD Congo, « Plate forme » autour d'un parti pivot appelé à émerger sur le plan national grâce au relief que le parti de complaisance lui confère. Les leaders de ces petits partis sont souvent des ouvriers politiques chargés de la propagande au profit du parti-pivot, moyennant, naturellement, rémunération. Voilà pourquoi en RDC, ces partis sont qualifiés « d'alimentaires ». Car, ils n'ont pas d'idéal politique ni l'ambition de conquérir le pouvoir faute d'électorat, mais ce sont les moyens de survie pour leurs promoteurs. Aux côtés des ouvriers politiques, recrutés par les grands partis, il y a des leaders indépendants qui se sont improvisés « politiciens » pour marquer leurs noms dans l'histoire politique de la nation et surtout pour prendre part aux dividendes politiques distribués74(*). Ils n'ont aucune expérience politique, ils n'ont ni vocation ni vision pour réaliser l'intérêt général de la population ni moyens matériels pour s'assurer d'une certaine indépendance d'esprit. Pour avoir une tribune, ils sont obligés de marcher à la suite de grands partis en formant des cartels pour trouver à leur profit, une identité. Dans notre pays, la conférence Nationale Souveraine (CNS), le dialogue inter-congolais (DIC, et sous la troisième république, les élections de 2006 et celles de 2011, ont été une aubaine et pour les ouvriers politique et pour les leaders d'improvisation. Certains d'entre eux, aidés par la géopolitique à travers le jeu démocratique, se sont retrouvés comme dans un rêve dans les rouages des institutions importantes de la nation comme confirmation de leur qualité de leader pouvant apaiser leur conscience75(*). Tous ces tâtonnements nuisent beaucoup au confort de la démocratie et au développement du pays. Il sied de noter que les leaders des circonstances sont plus nombreux que l'ensemble de deux premières catégories des leaders. Sur la scène politique de la RDC, les leaders des circonstances n'ont ni base ni moyens d'actions, ils se font valoir sur la scène politique par des déclarations et prises de position intempestives, de nature à corrompre l'opinion et à semer la confusion dans les esprits. Ce qui signifie que la majorité des acteurs politiques en RDC sont des tricheurs que l'homme d'Etat Sénégalais Abdoulaye WADE qualifiait avec raison en 1991, « des leaders sans culture politique »76(*). La politique n'est pas un « job », c'est une mission de grande gravité. Malheureusement, nous avons à la tête de la RDC, des hommes politiques sans leadership, sans idéal quelconque et qui ont comme seul réflexe le pouvoir, le gain, la recherche des profits matériels. Nous avons des hommes d'affaires aux postes politiques. C'est notre nation qui est en péril, en voie de disparition. Notre comportement citoyen qui se manifeste depuis plus d'une décennie par l'absence de tout esprit civique, et de culture politique, relève une discordance dont nous souffrons déjà depuis longtemps sans pouvoir nous rendre compte exactement de sa nature et de ses causes. L'improvisation et l'impréparation des hommes politiques ne peuvent garantir un développement de notre pays. Il faut que notre pays s'en sorte, il se manifeste un sentiment extraordinaire de changement et de rénovation, une volonté de mettre en pratique le savoir accumulé, (savoir-faire). Il faut donc reconstruire la RD Congo, mais avec qui ? François Mitterrand disait : « ce n'est pas avec des marionnettes qu'une idée prend vie » comprenne que pourra77(*). * 73 MUPINGANAYI KADIAKUIDI Bruno., Op cit, p. 107. * 74 MBWEBWE KABUYA., op cit, p. 12. * 75 Idem * 76Abdoulaye WADE, Cité par KABUYA LUMUNA, Sociologie politique, cours Inédit, L2 SPA, UNIKIN, 2004-2005. * 77 BOYENGA BOFALA Fréderick., Au nom du Congo Zaïre et de son peuple, Paris, éd. Publisud, 2011, p. 44. |
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