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De l'importance de l'entrepreneuriat pour un futur prometteur.


par Jonathan MOKOBI
Institut supérieur de commerce/ Kinshasa - Licence en Sciences commerciales et financières 2018
  

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6.2.3 2.3. Types d'Entrepreneur

Nous pensons souvent à tort que tous les entrepreneurs se valent, du moment qu'ils sont à leur propre compte et qu'ils participent au développement de leur secteur d'activité, et, pour quelques-uns d'entre eux, de leur communauté. Mais en réalité, tel n'est pas le cas. Il y a différents types d'entrepreneurs. Et ce qui fait la différence entre les entrepreneurs n'est pas le fait que certains se définissent comme entrepreneurs sociaux, tandis que les autres optent plutôt pour l'entrepreneuriat classique où ce n'est que le profit qui compte. Non ! La véritable différence entre les entrepreneurs se trouve beaucoup plus loin. Joe Abraham, le fondateur de BosiDNA, dira que c'est dans leurs ADN. En effet, ça l'est. Mais au-delà de l'ADN, c'est dans leurs motivations que les entrepreneurs se distinguent. C'est la motivation qui détermine la vision de l'entrepreneur. Et une fois qu'on découvre la motivation d'un entrepreneur, on peut aisément le placer dans l'une des quatre catégories que je m'en vais présenter.

Qu'est-ce qui vous motive ? Voici la question à se poser :

Pourquoi voulez-vous entreprendre ? Est-ce pour être riche ? Est-ce pour valoriser votre personne ? Est-ce pour résoudre un problème dans votre communauté ? Ou est-ce plutôt parce que cela est la seule chose que vous puissiez faire ? A chaque motivation correspond un entrepreneur. On peut tricher en se faisant passer pour un entrepreneur social, alors qu'au fond on ne se soucie guère des autres ; mais on ne peut pas tricher avec sa motivation, car cette dernière est intrinsèque à notre personne. Les entrepreneurs sociaux ne choisissent pas d'être des entrepreneurs sociaux. Ils ne peuvent tout simplement pas se départir de cela. C'est plus fort qu'eux. Et chaque fois qu'ils se tournent vers l'entrepreneuriat classique, ils se sentent mal, et finissent par revenir à l'entrepreneuriat social. Il en est de même pour les entrepreneurs classiques pour lesquels seul le profit compte. Lorsque vous les entendez parler, vous notez aisément la différence entre eux. Cela pour dire qu'on ne peut pas tricher en se faisant passer pour l'un ou l'autre, car notre réelle motivation nous trahira tôt ou tard.

Etant un observateur avant tout, j'ai pris du plaisir à écouter avec toute l'attention possible chacun des entrepreneurs à être intervenu lors de cette réunion. Et en me basant sur leurs motivations - celles qui se dégageaient de leurs dires -, j'ai pu établir ces quatre types d'entrepreneurs que sont : les Bâtisseurs, les Opportunistes, les Spécialistes et les Innovateurs.

Ø LES BATISSEURS

Les bâtisseurs ne sont motivés que par une seule chose : le nombre. Pour eux, il faut créer un maximum d'entreprises possibles pour être considéré comme un entrepreneur. Ils passent donc d'entreprises à entreprises. Pour toutes leurs boîtes, ils utilisent la même stratégie qui a fait leur première réussite, et ça marche. Ce sont habituellement des conservateurs. Ils ne veulent rien changer à leur méthode tant que celle-ci leur réussit. Ils sont fiers de dire qu'ils comptent trois, quatre et même cinq entreprises créées. Lorsque vous voyez leur réussite, vous vous demandez : mais comment font-ils ? Et s'ils écrivaient un livre, vous vous hâterez de l'acheter, mais vous ne parviendrez pas à faire comme eux, ce qui est assez frustrant du reste. Ces gens-là mesurent le succès à la grandeur et au nombre d'infrastructures. Ils se vantent de la taille de leurs entreprises, de leur bureau, de leur voiture, et même de leur maison. Et ce qui est encore plus intéressant avec les bâtisseurs, c'est qu'ils sont capables d'attirer les investisseurs, les capitaux, les talents, avec une facilité déconcertante. C'est vraiment frustrant de ne pas être ces gens. Cependant, les bâtisseurs ont une faiblesse : ils utilisent et détruisent les gens comme s'ils étaient des outils. Ce ne sont donc clairement pas des entrepreneurs sociaux.

Ø LES OPPORTUNISTES

Les opportunistes, eux, ne sont motivés que par une seule chose : la réussite. Ceux-là voient l'entrepreneuriat comme un véhicule pouvant les conduire à une vie de nantis. Ils n'entreprennent que pour leur seul bien-être et, dans une certaine mesure, pour celui de leurs proches. Ce sont des gens qui sont prêts à donner le maximum d'eux-mêmes pour atteindre cet objectif. Et une fois celui-ci atteint, ils ne travaillent plus, ne font plus d'efforts. Ils vont se la couler douce sur une plage, ou profiter du maximum de filles ou d'hommes possibles. Etant des opportunistes, ils ne font ce qu'ils font que pour le luxe et la valorisation, et rien d'autre. Innover n'est pas leur souci. Résoudre un problème l'est encore moins. Ce sont aussi de très mauvais partenaires car, ils n'auront aucun état d'âme à vous quitter pour une affaire plus alléchante où ils auront la chance d'atteindre leur objectif. Ils sont toujours à la quête de la meilleure opportunité. Et la plupart du temps, ce sont de grands optimistes. Ils pourraient perdre des millions dans une affaire, et le lendemain vous appeler et dire : « Ok ! Je sais qu'on a perdu dans cette affaire-là, mais celle-ci, c'est sûr que ça va marcher. » Et ce genre de personnes sont toujours sur plusieurs projets en même temps.

Ø LES SPECIALISTES

Les spécialistes ne sont motivés que par une seule chose : la valorisation personnelle. Il s'agit de ces personnes qui sont allées apprendre de nombreuses choses, la plupart du temps à l'étranger, où ils ont également développé des compétences, et qui décident un beau jour de revenir chez eux avec l'idée d'entreprendre. Ils se considèrent déjà comme des experts, pouvant vous dire avec une quasi-certitude ce qui va marcher ce qui ne va pas marcher. Ces gens-là sont difficiles à conseiller car ils se considèrent eux-mêmes comme des conseillers. Habituellement, ils ne choisissent qu'une seule affaire, celle qu'à leurs yeux d'experts est sure de marcher, et ils y investissent aussi bien leur argent, leur temps que toute leur énergie. Mais en tant que spécialistes, avant de faire quoi que ce soit, de prendre la moindre décision, ils vont prendre le maximum de temps pour analyser, tourner et retourner l'affaire dans tous les sens, s'assurer d'avoir toute la paperasse afin de diminuer tous les risques possibles. Ces gens-là ont une limite, et lorsqu'ils l'atteignent, ils ne bougent plus, parce qu'ils ne mesurent pas le succès comme tous les autres entrepreneurs. Ils mesurent le succès à partir de leur apport personnel. Ils aiment les phrases du genre « j'ai fait ceci et cela », « grâce à ma vision... » etc... Et ce sont encore eux qui parleront de Business Plan, de Business Model, de Valo etc...

Ø LES INNOVATEURS

Les innovateurs ne sont motivés que par une seule chose : changer le monde. Ce sont des entrepreneurs accidentels. Tout ce qu'ils veulent, c'est faire ce qu'ils aiment. Quand vous leur parlez de business, ils vous répondent que ça ne les intéresse pas. Ils ne veulent juste que faire ce qu'ils aiment : créer, innover. L'argent n'est pas leur motivation. Ils sont motivés par leur passion. On a l'exemple de Mark Zuckerberg dans le film The Social Network, où l'on voit bien qu'il n'est pas intéressé par l'argent. Tout ce qu'il veut, c'est avoir un impact, changer le monde, faire quelque chose d'énorme, apporter un truc nouveau. Voilà pourquoi il dit dans le film que Facebook doit être un truc cool et pas payant. Pour les innovateurs, changer le monde et la vie des gens est une mission. Mais le problème avec les innovateurs, c'est qu'ils sont difficiles à trouver. Ils préfèrent la solitude de leur chambre aux objectifs des caméras et appareils photos. Ces gens-là, vous ne les entendrez jamais parler de business plan, ni utiliser ces autres termes techniques à l'instar des spécialistes. Les innovateurs se disent toujours qu'ils n'ont pas à faire les choses comme tout le monde. Ils veulent toujours se démarquer, faire ce qu'eux seuls peuvent faire. La plupart du temps, les opportunistes les traquent afin de transformer leur génie en argent. Les innovateurs sont plus enclins à l'entrepreneuriat social, lequel leur convient bien, car ils peuvent aussi bien innover que changer positivement la vie des gens.

Voici donc en somme les quatre types d'entrepreneurs que j'ai pu dégager. Vous vous rendrez compte que tous les entrepreneurs qui existent s'inscrivent dans l'une de ces catégories. Il suffit de connaître leur motivation, non pas celle qu'ils disent, mais celle qui se dégagent de leurs dires et comportements.24(*)

* 24 Marcus DAWRITTER, Réunion des jeunes entrepreneurs africains, Douala, le 14Juillet 2014

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