L'analyse et l'évaluation des impacts sont
groupées suivant les différents milieux : le milieu physique et
le milieu humain.
Elles consistent à montrer l'influence des
activités humaines sur les composantes environnementales :
Les impacts sur l'air sont ceux qui sont liés à
l'agriculture, à l'élevage et à l'exploitation des
ressources ligneuses. Ces activités sont responsables de la pollution de
l'air caractérisée par :
o la pollution de l'air ambiant issu des fumées de
feux de végétation, du rejet des substances dans
l'atmosphère par les agriculteurs au cours du traitement des plantes et
par aussi la poussière soulevée par les troupeaux de boeufs
pendant la transhumance ;
o la pollution sonore causée par les
crépitements des branches et feuilles pendant les feux de
végétation et par le bruit des tronçonneuses pendant les
coupes.
V' Impacts sur le sol
Les activités liées à l'agriculture,
à l'élevage et à l'exploitation sont celles qui impactent
le sol. L'action anthropique est le premier facteur qui met le sol en
péril : l'exploitation incontrôlée des ressources
forestières met le sol à nu et l'expose à la
rigueur du climat. Par exemple le lessivage par les pluies
non freinées par les végétations emporte l'humus et
découvre la roche-mère (Photo 9). L'utilisation des produits
chimiques par les agriculteurs et les techniques culturales (cultures
extensives et incinération) contribuent à l'appauvrissement du
sol. Ces pratiques participent de même à la réduction des
terres arables. C'est le cas de la chute des superficies des cultures d'igname
de 1996 à 1998 annoncée par les résultats du CeCPA-Nikki.
(Figure 6a).
On note également la dégradation du sol, issue
de l'entassement du sol par le piétinement des boeufs pendant la
transhumance et par le transport des produits forestiers vers les zones de
rapprochement. Ces facteurs empêchent l'infiltration des eaux des pluies
directement vers la nappe phréatique et favorisent le ruissellement des
eaux chargées des grains de sables ayant pour destination les
rivières de la localité : ce phénomène entraine
l'ensablement des cours d'eaux. L'utilisation des engrais contenant des
substances chimiques vendus par le CeCPA aux agriculteurs et la
mécanisation agricole (utilisation des machines agricoles afin
d'accroitre les productions) constituent des facteurs qui concourent à
la stérilité du sol. Sachant la particularité des cultures
de coton, de céréales (maïs, sorgho, mil, soja, Etc.) en
matière de fertilité du sol, on imagine les dommages sur le sol
du fait de l'utilisation d'intrants agricole afin d'obtenir de meilleures
productions (photo 8).
Photo 8 : Champs de Soja à Sakabansi
Prise de vue : Guidigbi, septembre 2013
Photo 9 : Dégradation du
sol(érosion) à Nikki
Prise de vue : Guidigbi, septembre 2013
35
années
COTON MAÏS LOCAL MAÏS AMELIORE SORGHO IGNAME
Superficies en hectares
20000
15000
10000
5000
0
1996 1997 1998 1999 2000
Figure 6a : Evolution des superficies des
principales cultures de 1996 à 2000 à Nikki
années
COTON MAÏS LOCAL MAÏS AMELIORE SORGHO IGNAME
Superficies en hectares (ha)
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
2001 2002 2003 2004 2005
Figure 6b : Evolution des superficies des
principales cultures de 2001 à 2005 à Nikki
années
Superficies en ha
20 000,00
15 000,00
10 000,00
5 000,00
0,00
25 000,00
COTON MAÏS LOCAL MAÏS AMELIORE SORGHO IGNAME
2006 2007 2008 2009
Figure 6c : Evolution des superficies des
principales cultures de 2006 à 2009 à Nikki Source
: CeCPA-Nikki
36
37
Les figures 6a, 6b et 6c montrent la variation des superficies
agricoles de quelques cultures dans la commune de Nikki de 1996 à 2009.
De l'analyse de ces figures, on note que l'importance des emblavures au niveau
de la culture du coton suivie de celle du maïs et de l'igname, constitue
un facteur de dégradation du sol. Le pic observé en 2000 au
niveau de la culture de l'igname (figure 6a) traduit approximativement le
degré d'exploitions des ressources forestières alors que sa chute
de 2001 à 2009 (figures 6b, 6c) justifie l'absence de terrains fertiles
pour sa culture. Ceci est conséquent de l'utilisation des intrants
chimique et des techniques de culture extensive. Donc pour de nouvelles
productions, les paysans sont prêts à déboiser de nouvelles
terres. L'importance des superficies du coton et du maïs, observée
de1996 à 2001 s'explique par la mécanisation des techniques
culturales suivie de l'utilisation des substances agricoles (engrais,
pesticides, etc.) pour accroitre les productions (figure 6a). Ceci participe
à la longue à l'appauvrissement du sol.
Le déboisement impacte également les sols,
rendant les terres improductives : les sols sans couverture
végétale, deviennent naturellement pauvres, car ils sont
exposés au vent, au soleil et à la pluie. Donc la couche arable
est rapidement remplacée par une croûte dure et improductive. Par
conséquent, l'infertilité du sol entraine le déplacement
des populations vers de nouvelles terres de cultures. Selon Kissira (2005),
l'augmentation sans cesse des besoins vitaux des paysans les a amenés
à la recherche de nouvelles terres pour l'habitation et la production
agricole. C'est le cas des habitants de Tasso, de Nikki-centre et de Sakabansi
dans la commune de Nikki : ils abandonnent les terres appauvries pour occuper
les galeries forestières (bordures des cours d'eaux) à la
recherche de nouvelles terres agricoles. Ce mouvement justifie la notion de
manque de terres arables : les terrains laissés en jachère
n'étant plus productifs, cela entraine ainsi la réduction
progressive des terres de culture.
i' Impacts sur la faune
La faune n'est pas épargnée par cette
dégradation. La faune du couvert végétal de la commune de
Nikki est extravertie vers la forêt de Kalalé et en majeure partie
à celle du Nigéria. L'agriculture, l'élevage, la chasse et
l'exploitation des ressources forestières
38
sont les différentes activités qui impactent la
faune de cette commune. Le défrichement des champs de culture, le
braconnage, la coupe anarchique du bois de service et de feu, l'installation
des peulhs un peu partout dans la commune avec leurs troupeaux transhumants et
les feux de végétation dépeuplent ce couvert des
espèces fauniques et favorisent la destruction des habitats fauniques ce
qui entraine l'éloignement des animaux et même leur disparition.
Parmi les espèces menacées de disparition, on peut citer :
Phacochoerus aethiopicus (phacochère), Céphalophus rufilatus
(céphalophe à flanc roux), Tragelaphus scriptus (Guib
harnaché), Kobus kob (Cobe de Buffon), Hippotragus equinus (Hippotrague
ou Antilope-cheval), Kobus defassa (Cob onctueux), Alcelaphus buselaphus major
(Bubale), Lepus crawshayi (lièvre à oreille de lapin), Thryonomys
swinderianus (Aulacode), Hystrix cristafa (porc-épic),...etc..
La faune de ce couvert végétal est presque
inexistante et n'habite que de petits animaux. Cette inexistence faunique se
remarque même dans les repas culinaires des ménages car les
populations sont soumises aux régimes des produits d'élevage
domestique.
i' Impacts sur la flore
Les impacts sur la flore sont ceux des activités
liées à l'exploitation des ressources forestières. Il
s'agit de l'agriculture, l'élevage, l'exploitation des ressources
naturelles, les travaux de construction des infrastructures routière,
scolaire et sanitaire. Ces activités influencent d'une manière ou
d'une autre la formation végétale et participent à
l'avancée du désert par l'action anthropique exercée sur
les espèces végétales. L'exploitation excessive des
espèces végétales constitue un handicap pour le cycle de
l'eau, ce qui explique la rareté et la réduction de la
quantité des précipitations. Les feux de végétation
précoces et répétés sont des facteurs de
destruction non négligeables du couvert végétal. Selon la
loi n°93-009 du Juillet 1993 du Régime forestier du Benin dans son
article 56 affirme que les feux de brousse et les incendies de plantation sont
ceux qui détruisent les formations végétales quelles que
soient leur ampleur et leur origine (photo10). Ces pratiques participent
à la destruction des milliers d'espèces et souvent
menacées de disparition. Tout ceci perturbe l'équilibre et
39
l'assemblage d'espèces par l'effet de l'agriculture,
l'urbanisation associée à la déforestation, la diminution
de la résilience écologique de la formation
végétale en place. Par conséquent, on assiste à la
perte de la biodiversité floristique des espèces à
l'âge d'exploitation par les exploitants, et la destruction des jeunes
espèces par les cultivateurs. Parmi les espèces menacée de
disparition, on peut citer : Khaya senegalensis (CaÏlcedrat),
Pterocarpus erinaceus (Veine), Afzelia africana (Haricot acaju), Parkia
biglobosa, Isoberlina doka (Gbaba en Bariba), Vitellaria paradoxa, ...etc.
Notons que l'extinction des Karités (Vitellaria paradoxa,)
résulte des faits naturels dont la compréhension
échappe parfaitement aux populations riveraines.
Photo 10 : Feux de végétation
dans la commune de Nikki Prise de vue : Guidigbi, octobre
2013
3.4.2.2 Analyse et évaluation des impacts du
milieu humain " Impacts positifs
Les impacts positifs sont ceux qui participent à
l'augmentation des revenus des différents acteurs, à la
multiplication de petits commerces des femmes et des jeunes chômeurs
autour des dépôts de vente des bois de feu et des lieux de
rapprochement des produits forestiers tels les madriers, le
développement local par le paiement des Taxes de Développement
Local (TDL) et redevances payées à la Mairie et dans les recettes
fiscales.
40
1' Impacts négatifs
Les impacts négatifs sont ceux qui découlent :
o des accidents des vieux véhicules de transports de
madriers et de bois de feu à cause de l'état de
dégradation des axes routiers ;
o des accidents survenus à cause de la mauvaise
qualité des conducteurs (sans permis de conduite) pour le transport des
produits forestiers ;
o des accidents survenus et les pertes en vie humaine
à cause de la mauvaise appréciation du sens de terrassement des
arbres au cours des activités de coupe ;
o de l'état de santé des principaux acteurs de
l'exploitation forestière (les exploitants forestiers, les chargeurs,
les producteurs du charbon de bois) souvent vulnérables aux conditions
climatiques (chaleur, fraicheur, vent) à la poussière et au
monoxyde de carbone (CO) que les producteurs respirent lors de la
carbonisation.
L'évaluation des impacts environnementaux
identifiés repose sur une approche méthodologique fondée
sur l'appréciation de l'intensité, de l'étendue et de la
durée de l'impact identifiés qu'il soit positif ou négatif
(tableau IX). Tableau IX: Synthèse de
l'évaluation des impacts environnementaux liés à
l'exploitation forestière
De l'analyse du tableau IX, il ressort que les
activités liées à l'exploitation forestière sont
celles qui affectent négativement l'environnement. Les impacts positifs
se limitent au reboisement caractérisé par la croissance des
espèces indigènes, l'équilibre de la diversité
biologique et de la régénération de certaines
espèces disparues. En ce qui concerne les composantes du milieu humain,
elles sont moins impactées. Les impacts positifs sont marqués par
les bénéfices individuels, la croissance des revenus de
l'activité, le développement local alors que les impacts
négatifs sont limités sur la santé des exploitants. Pour
éviter ces impacts négatifs, il faut définir des axes
stratégiques et plans de gestion durables des ressources
forestières du couvert végétal