Université Cheikh Anta Diop de Dakar
Faculté des lettres et sciences
humaines
Département de géographie
Master II : Espaces,
Sociétés et Développement (ESD)
Parcours :
Aménagement et Gestion Urbaine en Afrique (AGUA)
Mémoire de recherche
Thème : TIC et gouvernance
locale
Sujet : TIC et territoire : analyse
des usages des Technologies de l'information et de la communication (TIC) dans
la gestion de la commune de Kolda
Présenté par :
Mamadou Mounirou Diallo
Sous la direction de
Ndiacé Diop : Chargé d'enseignements au
département de géographie/UCAD
Ibrahima Sylla : Enseignant chercheur au département de
géographie/UCAD
Année universitaire 2013-2014
1
2
AVANT PROPOS
La géographie des Technologies de l'Information et de
la Communication est une piste quasiment inexploitée au
Sénégal. Ainsi, entreprendre un travail de mémoire sur le
thème des TIC en rapport avec le territoire semble, dès l'abord,
être une tache difficile. Conscient que le chemin sera parsemé
d'embûches j'ai entrepris cas même le projet. Il est vrai que la
recherche du savoir n'est jamais facile, mais quand on est averti que «
Toutes conquêtes, chaque pas en avant dans le domaine de la
connaissance a son origine dans le courage, dans la dureté à
l'égard de soi-même, dans la propreté vis-à-vis de
soi-même », on fait preuve d'abnégation pour tenter de
lever un coin du voile sur un sujet et laisser une empreinte dans notre
domaine. Seul ! Je ne saurai le dire car de part et d'autre des personnes m'ont
apporté leur soutien. Sur le plan pédagogique mon encadreur m'a
été d'une utilité capitale, de par ses critiques et
conseils monsieur Ibrahima Sylla m'a aidé à accomplir cette
mission. Par là, je remercie mon encadreur et l'ensemble du personnel et
du corps professoral du département de géographie de l'UCAD.
« Quelque soit la valeur du présent fait
à un homme il n'y a qu'un seul mot pour témoigner sa
reconnaissance inspirée par la liberté, et ce mot c'est merci.
» Sur ce, je m'incline devant mon père et ma mère, qui
n'ont ménagé aucun effort pour ma réussite. Papa, Maman
veuillez trouver ici toute ma très profonde gratitude.
Je remercie ma grande soeur Issaga (néné Badou
et Woury paykoun) ainsi que son mari keynan Amadou, sachez que votre soutien
matériel, financier et moral m'a permis de toujours viser plus loin.
À monsieur Ibrahima Diallo, sa femme que tous appellent né Mari
et son aimable famille, veuillez trouvez ici l'expression de mes remerciements
les plus sincères, car sans vous ce pallier n'aurait certainement pas
été franchi. Également, je remercie mes ami(es), il me
sera très difficile de vous citer nommément mais sachez qu'au
moment de la rédaction de cette partie mon esprit parcourt vos noms un
à un.
Je remercie très sincèrement monsieur Ibrahima
Sané, de l'inspection de Kolda, qui n'a cessé de m'encourager et
de me soutenir sur tous les plans. Je ne saurai terminer sans remercier la
population de la commune de Kolda et le personnel de la mairie de la commune de
Kolda qui ont pu trouver un moment pour m'accorder une attention, ce
malgré leurs occupations. Enfin je dis merci à mes frères,
soeurs, nièces, neveux, « fils et filles » que ce
travail soit un exemple mais surtout un défi.
Dédicace à mon papa et à ma
maman.
3
SOMMAIRE
SIGLES ET ACRONYMES ..5
INTRODUCTION GENERALE 6
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
9
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE .11
I- Contexte et justification 11
II- Analyse des concept 14
III- Formulation du problème 17
1- Objectifs ..21
2- Hypothèses 21
CHAPITRE 2 : CADRE METHOLOGIQUE .22
I- Recherche documentaire ...22
II- Instruments de collecte de données
25
1- L'enquête quantitative .26
2- L'enquête qualitative 27
3- Le traitement et l'analyse des données
27
4- Les contraintes rencontrées 27
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE ET DES STRATEGIES
DE
DEVELOPPEMENT DES TIC ...29
CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA COMMUNE 31
I- Localisation 31
II- Dynamique spatiale et démographique
31
III- Aperçu de la situation économique de la
commune 35
CHAPITRE 2 : STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT DES TIC
.37
I- Politiques nationales de TIC ..37
1- Politiques de promotion de la gouvernance technologique
.39
II- Stratégies locales de développement
technologique ..40
1- Kolda à l'ère du numérique :
évolution, niveau de communication et politiques de
TIC ..40
2- Forces et faiblesses de l'usage des TIC dans la commune
...45
TROISIEME PARTIE : TIC ET GOUVERNANCE LOCALE
....48
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE DE LA GESTION LOCALE
50
I- L'État civil, une équation pour la population
50
II- Problèmes de gestion de l'information et de la
création du cyberespace .....55
CHAPITRE 2 : TIC, CLEF DE RÉUSSITE DE LA
DÉCENTRALISATION 58
I- TIC, outils de participation citoyenne 58
1- Dispositions pour un usage profitable des TIC
....62
II- TIC, outils fédérateur et de marketing
territorial ....63
CONCLUSION GÉNÉRALE ....66
BIBLIOGRAPHIE ..68
LISTE DES CARTES 72
LISTE DES GRAPHIQUES 72
LES ENCADRÉS 72
LISTE DES PHOTOS 72
LES TABLEAUX 72
LE SCHÉMA ...73
L'ANNEXE ....73
4
Sigles et Acronymes
DIE : Agence de l'Informatique de
l'État
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de
la Démographie
ARTP : Autorité de Régulation des
Télécommunications et des Postes
BM : Banque Mondiale
CDU : Centre de Documentation de l'Urbanisme
CESTI : Centre d'Études des Sciences
et Techniques de l'Information
CL : Collectivités locales
CNI : Comité Nationale de
l'Informatique
DAF : Direction de l'Autonomisation des
Fichiers
DIE : Direction de l'Informatique de
l'État FMI : Fonds Monétaire International
GAINDE : Gestion Automatisée des
Informations Douanières et des Échanges
GPS : Global Position System
IAD : Institut Africain pour la
Démocratie IAN : Indice D'Accès
Numérique
IC4D : Information and communications for
development
OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Économique
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONG : Organisation Non
Gouvernementale ONU : Organisation des
Nations Unies
OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes
d'Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal
PIC : Plan d'Investissement Communal
PMSIA : Projet de Modernisation des
Systèmes d'Information de
l'Administration
PNBG : Programme Nationale de Bonne
Gouvernance
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
SCA : Stratégies de Croissance
Accélérée
SIG : Système d'Information
Géographique
SIP : Système d'Information Populaire
SMSI : Sommet Mondial sur la
Société de l'Information
SODEFITEX : Société de
Développement de Fibres Textiles
SONATEL : Société Nationale de
Télécommunications
TIC : Technologies de l'Information et de la
Communication
UIT : Union Internationale des
Télécommunications
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la Science et la Culture
UNRISD : Institut de Recherche des Nations Unies
pour le Développement Social
URID : Unités Régionales
Informatiques de Développement
5
6
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le monde, longtemps dominé par l'agriculture puis par
l'industrie, a connu un tournant décisif dans son fonctionnement avec la
naissance et le développement des Technologies de l'Information et de la
communication (TIC). Les TIC regroupent les domaines des
télécommunications, de l'audiovisuel, de l'informatique, du
multimédia et des réseaux tels que les satellites et les
câbles 1; ces outils ont connu un développement sans
précédent et ont donné naissance à une
société de l'information2. Cette dernière,
faisant l'objet de deux sommets mondiaux3, peut se définir
comme « une société dans laquelle l'information est
indépendamment du canal, intensivement partagé pour le
bien-être social, politique, économique et financière des
êtres humains » (Kiyindou, 2009). Depuis leur avènement,
les TIC ont joué un rôle aussi important que les matières
premières telles que le charbon ou le pétrole. Ces outils ont
fortement contribué à la réorganisation des rapports
temps/distance et local/global suscitant
l'inquiétude chez les géographes, après la
prédiction par certains penseurs, tels que Frédéric
Lasserre4, de « la fin de la géographie ».
Présentement, la forte extension des TIC est une possibilité
offerte à la fois aux citoyens européens, africains,
américains, asiatiques et océaniques de voir et de savoir chacun
ce qui se passe chez les autres. Cela permet une meilleure compréhension
des autres, qui ne peut qu'aider le rapprochement entre les peuples. Ainsi les
peuples sont devenus si proches que l'on parle de « village
planétaire »5.
Le rapport distance et temps a certes subi une très
profonde mutation mais n'entraine en aucun cas la disparition de la question
métrique, par conséquent la géographie subsiste. La
géographie est « l'une des sciences qui étudient les
phénomènes de l'espace »6, or un
phénomène qu'il soit physique, biologique ou humain n'est
apprécié correctement que lorsqu'il est placé dans les
dimensions fondamentales qui l'encadrent : dimensions spatiales et
1 Hermani Kargne, « TIC,
décentralisation administrative et bonne gouvernance », juin 2004.
[En ligne] :
http://www.francophonie-durable.org/documents/colloque-ouaga-a4-kargne.pdf
2 Expression utilisée pour la
première fois par l'Organisation de Coopération et de
Développement économiques (OCDE), pour désigner la
croissance fulgurante de l'information dans les pays industrialisés.
(Balle, 2006)
3 2003 à Genève et 2005 à
Tunis
4 Dans son article « Internet : la fin de la
géographie », l'auteur explique que le développement massif
de l'Internet a donné naissance à une « nouvelle
économie » qui entraine la disparition de la géographie.
5 McLuhan Marshall « The Gutenberg
Galaxy», Toronto 1962; trad. Fr., La galaxie Gutenberg face à
l'ère de
L'électronique, Tours, Mame, 1972.
6 Dans les mots de la géographie :
dictionnaire critique, Reclus- la documentation française, 2006.
518 pages
7
durée (Cholley, 1967). Toutefois il convient de
reconnaitre que les technologies modernes ont, grâce à leur
capacité de diffusion de l'information à grande échelle,
entrainé une reconsidération des notions de temps et d'espace.
Grâce à leur capacité d'innovation, les
TIC ont intégré toutes les activités humaines et elles
donnent des possibilités d'accès à l'éducation
à distance et à la formation continue, à la valorisation
des services et produits commercialisés, à l'accès
à des services de santé à distance, à la
participation effective à la vie politique et aux prises de
décisions (Enda tiers-monde, 2004). Cette insertion des TIC dans presque
tous les secteurs de la vie est censée améliorer leur
qualité, corriger les disparités spatiales et
socio-économiques et promouvoir la participation politique7.
Toutefois l'avènement des TIC dans le système monde a
confirmé les écarts de développement, en accentuant les
inégalités entre pays développés et pays
sous-développés. Ainsi, en plus du fossé économique
dont souffrent les rapports Nord/Sud s'ajoute le fossé numérique.
Du fait de leur importance et des inégalités qu'elles
intensifient, les TIC sont au coeur des préoccupations des Nations Unies
qui cherchent à réduire la fracture numérique, à
travers le Sommet Mondial sur la Société de l'Information
(SMSI).
A l'instar des autres continents, beaucoup de pays africains
se sont dotés de plans et de stratégies pour le
déploiement des TIC au niveau national. Il en est ainsi pour le
Sénégal qui, pendant les années 1990, a inscrit dans son
IXe plan de développement économique et social (1996-2001) de
nouvelles stratégies pour renforcer et faciliter l'accès à
l'information (Sagna, 2001). Mieux, le pays engage une gouvernance par les TIC,
par l'inauguration du serveur Web du gouvernement le 20 Février
19978. Ainsi, force est de reconnaitre que les TIC sont une
nécessité absolue pour une gestion judicieuse du territoire.
De plus en plus, les collectivités locales prennent
conscience de l'importance des TIC, même si l'utilisation des outils
numériques dans la gestion est encore faible. La commune de Kolda
n'échappe pas à cette réalité, dans la mesure
où on note une forte utilisation des TIC, avec une appropriation faible.
En effet, la population et l'administration utilisent les TIC mais à des
fins limitées, car l'utilisation est surtout liée à la
correspondance.
7 Déclaration finale du premier sommet
mondial de la société de l'information du 10 au 12
Décembre 2003 à Genève
8 La mise place de serveur s'est fait dans le cadre
de la francophonie avec l'appui de l'Agence Canadienne de Développement
International (ACDI) et l'Agence de la Francophonie, dans le cadre du projet
@frinet (Sagna, 2001).
Ce travail ambitionne d'abord de faire un constat sur le
niveau d'utilisation des TIC. Ensuite, il s'agit de monter les enjeux des
outils numériques dans la gouvernance locale, et enfin d'analyser la
manière dont les TIC sont instrumentalisées au service du
développement local.
Ce mémoire est structuré autour de trois parties
constituées de deux chapitres chacune.
La première partie titrée « cadre
théorique et méthodologique » est le lieu où l'on
tente de soulever le problème de recherche en précisant le
contexte et la justification du sujet, le cadre conceptuel ainsi que les
objectifs et les hypothèses. Cette partie consiste également
à établir les bases théoriques et méthodologiques
de notre mémoire de recherche. Elle prend en compte les
thématiques qui reposent sur les TIC, leur rapport avec le territoire et
leur usage dans la gestion des collectivités locales. En cette partie,
nous avons non seulement listé l'ensemble des outils et techniques
auxquels nous avons fait appel pour la concrétisation de notre projet
d'étude mais aussi les contraintes auxquelles nous étions
confrontées au cours de l'étude.
La deuxième partie intitulée «
Présentation de la commune et des Stratégies de
développement des TIC » est organisée autour de deux
chapitres. Le premier fait une brève présentation de la commune
et le second prend en charge les aspects liés aux politiques nationales
et locales dans le domaine des TIC. Cette partie indique également les
forces et faiblesses de l'usage des TIC dans la commune de Kolda.
La troisième partie titrée « TIC et
gouvernance locale » est composée également de deux
chapitres. D'une part, cette partie évoque les problèmes de
gestion locale et d'autre part, elle montre comment les TIC peuvent être
un outil incontournable pour une meilleure gouvernance locale.
8
Première partie : Cadre théorique et
méthodologique
9
Introduction de la première partie
L'ascension fulgurante des TIC a suscité moult
réflexions de la part des spécialistes des sciences sociales. En
effet, ces outils ont fini par transformer non seulement les relations entre
les hommes et entre les hommes et leurs territoires, mais aussi du rapport
entre la distance et le temps. Cette situation a donné naissance
à une polémique autour du maintien du territoire.
Également, le développement des TIC a entrainé un
changement entre les acteurs chargés de gérer le territoire.
Par conséquent, cette partie pose la
problématique de l'usage des TIC dans la gestion
en général et dans la gouvernance locale en
particulier. Il est aussi question d'expliquer la méthodologie
adoptée pour la concrétisation de la recherche.
10
11
CHAPITRE 1 : CADRE THÉORIQUE
La problématique est fondamentale dans notre travail de
mémoire car elle « est l'ensemble construit autour d'une
question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse
qui permettrons de traiter le sujet choisi »9.
Le développement des TIC n'épargne aucune
société et la gérance des effets des outils
numériques est devenue une préoccupation pour tous les dirigeants
du monde. Ainsi de nombreuses réflexions se sont
développées autour de la société de l'information,
mais notre recherche est fondée sur le thème qui porte sur le
cardan entre TIC et gouvernance locale. Aujourd'hui, dans le nouveau
système mondial qui est dominé par des forces
politico-économiques transnationales, quels sont les enjeux de l'usage
des TIC dans la gestion de la commune de Kolda ? La réponse à
cette question est l'objet de ce travail.
I. Contexte et justification
Le développement des TIC a entrainé un
bouleversement dans le fonctionnement du monde à cause de
l'avènement de la société de l'information. Cette
dernière, fondée sur la connaissance et le savoir, impose
l'intégration des TIC dans tous les secteurs d'activités. Au
milieu des années quatre-vingt les pays développés ont
utilisé les technologies modernes pour soutenir la révolution
industrielle, en les appliquant à plusieurs domaines. Ainsi
l'application des TIC dans la gouvernance renferme d'importantes
potentialités, en offrant beaucoup d'avantages pour la prestation des
services publics, en permettant de réduire les coûts des
transactions et même en augmentant les revenus du gouvernement. Ce qui
explique l'importance du « e-gouvernement »
généralement appelé « e-gov »,
c'est-à-dire l'usage des TIC dans le secteur public afin d'offrir de
meilleurs services aux citoyens et de favoriser la bonne gouvernance. Le
financement du « e-gouvernement » est important par rapport à
d'autres secteurs publics, aussi bien dans les pays développés
que dans ceux en développement, comme il en est le cas en
Inde10.
Compte tenu des opportunités offertes par les TIC, les
pays sous-développés, notamment ceux de l'Afrique voient les
technologies modernes comme le fer de lance d'un développement
économique et social (Ba, 2003). En effet, ces pays souffrent d'une
situation économique et sociale dégradée conjuguée
à des difficultés dans le fonctionnement de
9 Michel Beaud « l'art de la thèse »,
la découverte, 2003, 104 pages.
10 Information et communication pour le
développement (IC4D) Rapport du groupe Banque Mondiale sur diffusion et
l'impact des TIC, volume 2, 2009.
http://worldbank.org/ic4d
12
l'administration dues à un manque d'assiduité
récurent de son personnel, à la faible réactivité
de l'administration mais aussi et surtout à la corruption et au
non-respect des procédures. La Banque Mondiale soutient à cet
effet que « l'Afrique doit surfer à la grande vague de la
révolution technologique sinon elle sera encore plus marginalisée
que jamais »11. Par conséquent, plusieurs
initiatives ont été lancées par des organisations
internationales de développement, par des ONG, et par des responsables
politiques nationaux en vue de mettre les TIC au service du
développement durable.
Convaincus des vertus salvatrices des TIC, les pays
sous-développés, entre autres ceux de l'Afrique
considèrent les technologies de l'information comme un moyen pour
accéder plus rapidement au développement, à travers le
« leap-frog » ou théorie du saut
technologique12. Le Sénégal s'est engagé dans
les années 1990, à travers des réformes
politico-économiques et juridiques, à emprunter les «
autoroutes de l'information » qui sont de nouveaux médias
au sens d'infrastructures de communication électronique13.
Dorénavant le « e » signe de modernité devient
le préfixe de la quasi-totalité des activités sociales
traditionnelles (Gabas, 2005). Depuis 2000, le Sénégal tente
d'implanter la transparence dans la gouvernance à travers le Programme
National de Bonne Gouvernance (PNBG). Dans ce programme, l'introduction des TIC
dans l'administration a été inscrite parmi les priorités.
À cet effet, plusieurs dispositions ont été prises comme
la mise en place de portails internet dont celui de la
décentralisation14 et celui des démarches
gouvernementales15 ou l'installation du système GAINDE
(Gestion Automatisée des Informations Douanières et des
Échanges). Récemment, la direction générale des
impôts a conçu « e-tax », une plateforme de
télé procédures pour permettre aux contribuables de
s'acquitter de leurs obligations fiscales en
11 Chenau-Loquay, entre local et global, quel
rôle de l'État africain face au déploiement des
réseaux de télécommunications ? Exemple du Mali et du
Sénégal. Afrique contemporain, numéro spécial, 199,
juillet-septembre 2001, p36-46
12 Théorie selon laquelle l'utilisation des
technologies permet de brûler les étapes pour accéder au
développement et à la société de l'information.
Cheneau-Loquay, les territoires de la téléphonie mobile en
Afrique. NETCOM, vol. 15 n°1-2, sept.2001.
13 Elles sont constituées des réseaux
de toute nature (câbles, fibres optiques, satellites, liaisons
hertzienne), qui devraient permettre grâce à leur large
capacité et aux techniques de compressions la transmission quasi infini
des données, voix, images sous forme de bits numériques
(Lamouline, C. 1997).
14
www.sendeveloppementlocal.com
15
www.servicepublic.gouv.sn
13
ligne. On assiste alors à l'avènement de la
vision « e-Sénégal »16 avec un
important financement dans le Projet de Modernisation des Systèmes
d'Information de l'Administration (PMSIA)17. Cette vision constitue
le point de départ vers une administration électronique. Cette
dernière envisage le passage du gouvernement au «
e-gouvernement », du citoyen au « e-citoyen ».
Il s'agit d'une manière de mettre fin aux soucis de transparence,
d'améliorer les services offerts aux citoyens et d'augmenter les
recettes. Pour y arriver, des mesures telles que la libéralisation et le
fonds de solidarité numérique18 ont été
prises, pour rendre l'accès aux télécommunications plus
faciles et pour réduire la fracture numérique. Mieux
l'inauguration de l'intranet gouvernemental témoigne de la
volonté de mettre les TIC au service de l'administration publique. A
cette occasion, certaines collectivités locales de la capitale ont
tenté l'expérience de « l'internet citoyen
»19. Aujourd'hui, la question des TIC n'est pas seulement une
affaire des dirigeants politiques mais elle occupe également une place
importante dans le quotidien des citoyens, qui cherchent de plus en plus
à les utiliser comme outil de contrôle des affaires publiques.
C'est dans ce contexte que s'inscrit ce travail qui se veut alors une
contribution à l'analyser de l'usage des Technologies de l'information
et de la communication (TIC) dans la gestion de la commune de Kolda.
Située au Sud du Sénégal, en haute Casamance, la commune
de Kolda fut créée par arrêté général
n°7562 du 1er décembre 1952.
Le choix du sujet se justifie d'abord par le fait que la
population de Kolda s'intéresse de plus en plus aux TIC. Ensuite, par le
fait qu'il y'a une faible interaction entre les administrateurs et les
administrés sur la gestion de la commune. Enfin, le choix est
légitimé
16 La vision e-Sénégal vise à mettre le
citoyen et l'entreprise au sein des préoccupations du gouvernement,
à permettre l'accès de tous les citoyens à l'information,
à répondre aux besoins de performance de l'État et aux
besoins d'informations décisionnelles des dirigeants.
http://www.adie.sn/index.php/e-gouvernement/e-gov
17
http://www.adie.sn/index.php/realisations/intranet-gouvernemental
18 Ce projet est proposé
par Abdoulaye Wade alors président du Sénégal, lors du
sommet des Nations Unies sur la fracture numérique à
Genève, 2009. Le projet est approuvé par Communauté
Internationale et parrainé par les villes de Genève et de Lyon
(Sagna, 2006).
19 Lire à ce propos
Ibrahima Sylla, « L'Internet citoyen au Sénégal : enjeux et
scénarii », Cybergeo : European Journal of Geography [En
ligne], Science et Toile, document 610, mis en ligne le 12 juillet 2012,
consulté le 08 mai 2015. URL :
http://cybergeo.revues.org/25408
; DOI : 10.4000/cybergeo.25408
14
par le fait qu'il n'y a pas d'étude portant sur les TIC
à Kolda alors qu'aujourd'hui le rythme de croissance des TIC y est
soutenable.
Du point de vue scientifique cette étude contribuera
à enrichir les recherches sur les modalités d'appropriation des
TIC et les mutations qu'elles ont entrainées dans la zone, à
renforcer l'analyse géographique de la fracture numérique, et
à voir de près l'importance de l'usage des TIC dans la
gouvernance locale.
II. Analyse des concepts
La géographie, s'est toujours intéressée
aux phénomènes terrestres notamment aux réseaux de
transports et à leurs impacts sur le territoire tout en laissant de
côté les TIC. Ces outils ayant pourtant servi à la
géographie de moyens d'étude, vont créer le trouble au
sein de la discipline. Au cours du XXIe siècle, l'espace
géographique tel qu'il était conçu c'est-à-dire
conditionné par la distance (kilométrique, temps, coût) a
subi beaucoup de changements. Ces modifications de cet espace dues à
l'impulsion des TIC qui, en intégrant de nouvelles dimensions et de
nouveaux attributs, ont rendu l'espace plus complexe. Cette situation a fait
naitre un mythe qui repose sur l'indifférenciation de l'espace
géographique grâce à la réduction du temps de
parcours des flux. L'idée du « village planétaire
» de Marshall McLuhan se fiant sur une indifférenciation
territoriale a donné naissance à la prédiction de «
la fin de la géographie ». Cette idée sur la
disparition du territoire et par conséquent de la géographie est
une erreur de jugement que les géographes ont tenté de rectifier,
à travers des études qui portent sur une géographie de la
société de l'information. Pour définir les TIC, il importe
de décortiquer son paradigme. Les technologies de l'information et de la
communication est un ensemble constitué de trois termes. Il y'a d'abord
la technologie qui fait référence aux techniques utilisées
dans l'entreprise pour produire de l'électricité, et des gaz au
sens large et celles utilisées dans la distribution et la gestion.
Ensuite, l'information, renvoie à tout ce que l'outil informatique peut
numériser et traiter. Elle est produite, communiquée, puis elle
est recherchée et archivée sous forme traditionnelle ou
numérique. Enfin, la communication qui est l'ensemble des techniques
permettant l'émission et la réception quasi immédiate de
l'information. Les TIC désignent ainsi l'ensemble des outils et
équipement intervenant à toutes les étapes de la gestion
de l'information, de sa collecte à sa diffusion à grande
échelle, passant par son traitement et son stockage. Elles concernent
principalement l'informatique, l'internet et les
télécommunications. Selon Emanuel Eveno les TIC sont «
un ensemble extrêmement disparate qui va des techniques rudimentaires
d'alerte à
15
acheminement du courrier par voie terrestre ou par
réseaux électriques ou électroniques
»20. Ces outils ont fini par transformer les rapports
sociaux et les relations entre l'homme et son territoire. En effet les TIC ont
favorisé l'évolution d'un monde dans lequel les villes sont
connectées à de grands réseaux. Le monde en réseaux
se caractérise par une recomposition des sociétés en
relation avec leurs territoires en général et ceux urbains en
particulier (Eveno, 1997). Ce « nouveau monde »
communément appelé société de l'information est
définie comme « une société dans laquelle
l'information est utilisée intensivement en tant qu'aspect de la vie
économique, sociale, culturelle et politique »21.
Certes, les hommes ont tout le temps communiqué par des moyens divers et
variés tels le tam-tam, le nuage de fumée (Sylla, 2009), mais
l'avènement des technologies de l'information a amélioré
cette communication. Ces outils permettent non seulement de recueillir des
sons, des images et des vidéos mais aussi de les diffusés
à grande échelle et en un temps record. Les TIC sont
désormais des outils facilitateurs de la communication.
Le développement des outils numériques a
suscité chez l'homme une très grande euphorie et a fini par
amener certains penseurs à déclarer la fin des territoires. Le
territoire tel qu'il est conçu ne se limite pas seulement à
l'aspect physique, il est un espace géré par un groupe d'individu
qui y construit une identité. Autrement dit, le territoire est un espace
approprié sur lequel se projettent des structures spécifiques
d'un groupe humain22. Comme le constate Bernard Debarbieux, «
le territoire est un agencement de ressources matérielles et
symboliques capables de structurer les conditions pratiques de l'existence d'un
individu ou d'un collectif social et d'informer en retour cet individu et ce
collectif social sur sa propre identité »23. Ainsi
chaque territoire présente des particularités qui
résultent de plusieurs facteurs dont sa fonction. Concernant la commune,
elle est une entité humaine intégrée ayant une certaine
singularité. Elle est dotée d'une personnalité juridique
et d'une certaine autonomie financière, politique, et administrative. Au
Sénégal, la définition de la commune prend,
d'emblée, en compte les questions démographiques et
financières24. La commune est, en dehors de l'aspect
politique, le résultat de la volonté de vivre ensemble. Elle est
en réalité
20Les pouvoirs urbains face aux technologies de
l'information et de la communication, E. Eveno 1997
21 A. Kiyindou, 2009, p 292.
22 R. Brunet et al.les mots de la géographie,
dictionnaire critique. Reclus, la documentation française. 1993.
23 Dictionnaire de la géographie et de l'espace
des sociétés. Berlin 2003.
24 Article 3 de la loi n° 66-64 du 30 juin
1996 portant Code de l'administration communale, définit une commune
comme « toute localité dont la population est au moins
égale à 1 000 habitants et ayant atteint un niveau de
développement lui permettant d'avoir des ressources propres à
l'équilibre de son budget ».
16
un regroupement d'habitant solidaire sur un
périmètre unique, pour protéger leurs
intérêts25. Certes, les flux d'informations traversent
incessamment les différentes limites des territoires mais n'occasionnent
pas leur disparition. En réalité les TIC ont une forte influence
sur l'espace réel en créant un espace virtuel où
l'ubiquité est prônée, et, partant, elles ont fait fleurir
l'idée de la substitution des transports par les
télécommunications. A cet effet, Michael Savy soutient une
idée contraire dans son article « TIC et territoire : le paradoxe
de la localisation ». Il affirme que les TIC n'ont fait que créer
la complémentarité entre transports et
télécommunications. L'humanité s'attendait à une
réduction des déplacements mais le présent a
démontré le contraire. Certes, l'homme ne voyage plus dans
l'incertitude comme ce fût le cas des caravaniers ou des explorateurs
mais il est de plus en plus animé par le désir de
découvrir des univers qu'il connait pourtant, virtuellement. La
question serait donc de savoir si les TIC ne sont pas à l'origine de la
complexité et de la multiplicité des flux des transports.
Force est de reconnaitre, pourtant, que les TIC ont
entrainé la recomposition de l'espace à travers la
délocalisation et la relocalisation des entreprises et des industries
qui s'approprient des outils technologiques. Même si elles n'ont pas
d'effets structurants mesurables sur le territoire, soutient Savy,
l'homogénéité de celui-ci s'obtient plus rapidement avec
les TIC qu'avec les transports. Dans une position similaire Alain Loukou
considère que les TIC permettent plus d'attractivité et plus de
dynamisme du territoire, grâce à la reconfiguration des
activités socioéconomiques26.
La gestion du territoire est aujourd'hui un défi
majeur, car elle implique plusieurs facteurs constituant la notion de
gouvernance. En effet, le concept de gouvernance fut utilisé dans les
années 1930 par les économistes afin de désigner le mode
de fonctionnement des entreprises27. Ce n'est qu'en 1980 que le
concept a transité du champ économique vers le champ politique.
De ce fait, les institutions internationales se sont approprié le
concept avec l'émergence du modèle de « bonne
gouvernance mondiale ». Cette bonne gouvernance annoncée
devait s'appuyer sur les droits de l'homme, la liberté d'entreprendre et
la démocratie, pour accompagner la mondialisation libérale. De
gouvernance « mondiale » à celle essentiellement
« locale » dans les années 1990, la notion de
gouvernance passe ainsi
25 Article 77 de la loi 96-06 du 22mars 1996 portant
code des collectivités locales.
26
http://www.tic.ird.fr/spip.php?article321
27 Dans son ouvrage « the nature of the
firme », l'économiste américain Ronald Coase parle de
« coporate governance » ou « gouvernance
d'entreprise » pour désigner les stratégies la
stratégie de gestion des grandes sociétés industrielles et
commerciales.
17
d'une « technique de gestion à une gestion de
régime »28. A cette échelle, la gouvernance
est un moyen de régulation du territoire29. Ainsi, Babacar
Sine définit la gouvernance comme « l'éthique de gestion
de l'État et des ressources matérielles, humaines,
écologiques reposant sur des principes et des normes dont les exigences
: de transparence, de responsabilité, de communication, de participation
citoyenne, de l'indépendance de la justice, etc. », (IAD,
1997). La gouvernance locale doit obéir à une logique «
participative » qui constitue une alternative à celle dite
« représentative ». Par conséquent, la
gouvernance apparait comme « la somme des différentes
façons dont les individus et les institutions publique et
privées, gèrent les affaires communes »30.
Pour parvenir à une meilleure gestion des affaires publique, un
rapprochement gouvernants/gouvernés en considérant tous les
acteurs, un renforcement de la démocratie et une éradication des
inégalités spatiales, les pays africains se penchent sur la
décentralisation pour atteindre ces objectifs de la bonne gouvernance.
Les collectivités locales qui résultent de ce processus de
décentralisation sont confrontées à un certain nombre de
faiblesses structurelles dont le manque de personnel qualifié et
l'insuffisance des ressources financières. Mieux, elles doivent faire
face au défi de création d'un environnement propice à la
bonne gouvernance et la promotion de la participation citoyenne. Dans ce
contexte, les TIC peuvent être un outil pertinent pour parvenir à
la gouvernance vertueuse qui est la condition sine qua non d'un
développement humain durable et soutenable31. Le
développement fulgurant des TIC permet d'influencer la gouvernance
conçue préalablement comme une gestion basée sur une prise
de décision des représentants. Au fur et à mesure, la
gouvernance tend à changer pour devenir un système d'organisation
et de prise de décisions concertée prenant en compte les
dimensions socioéconomiques et culturelles des acteurs qui font la vie
du territoire. Mais les outils technologiques sont faiblement associés
au processus de décentralisation (Sylla, 2009).
III. Formulation du problème
La décentralisation menée par le
Sénégal a connu deux grandes phases qui se sont effectuées
dans un cadre assez particulier. Dans les années 1970, le pays à
connu une crise du monde rural ayant conduit à la première phase
de décentralisation, avec la création des communautés
rurales. Quant à la deuxième phase, appelée
régionalisation, elle a était exécuté
28 Discours du Président Abdou Diouf dans
« Bonne gouvernance et développement en Afrique », IAD,
1997
29 Jacques Maby, Pr. De géographie
université d'Avignon
30 http.//
www.sauvonsluniversite.com/spip.php?rubrique2
31 Hermani. Kargne, « TIC,
décentralisation administrative et bonne gouvernance », juin
2004.
18
sous le poids de l'échec des politiques d'ajustement
structurel des années 1980. A l'issue de ce processus, plusieurs
collectivités locales sont nées et elles sont confrontées
à de nombreux problèmes liés notamment à la
dépendance et à la gestion des affaires locales. Pour pallier
cette situation, l'acte III de la décentralisation est proposé
depuis 2012, tel un moyen pour corriger l'incohérence territoriale et
pour remplacer le mode gestion par une gouvernance participative. Face au
développement de la société de l'information, la
réussite de la décentralisation est proportionnelle à la
satisfaction des besoins de communication entre les acteurs. Le contexte de
développement de la société de l'information fait
apparaitre la communication comme une nouvelle « panacée
sociale »32. En effet, le développement sans
précédant des TIC tend à changer les relations entre les
hommes d'une part, et d'autre part entre les hommes et leurs territoires. En
fait, les TIC créent une société en réseaux
où les relations sociales sont modifiées. Conséquemment,
Manuel Castells affirme que « la société en
réseaux arrache les relations sociales au concret et invente une culture
de la virtualité réelle »33. S'il
est vrai que les TIC sont capables de transformer les rapports sociaux, elles
entrainent également une reconsidération des rapports entre les
acteurs au sein d'un pays ou d'une collectivité locale. Les outils
numériques sont capables de bonifier les performances organisationnelles
de l'administration et de susciter l'implication sociale des citoyens. En plus,
les TIC peuvent être un outil d'une importance cruciale pour
l'amélioration et la réduction du délai et du coût
des services. De ce fait, les technologies de l'information apparaissent comme
une force de renouveau de la citoyenneté.
Paradoxalement, les politiques en matière des TIC de la
plupart des collectivités locales ne semblent pas suivre le rythme des
politiques de l'État et des organisations internationales. Mieux, les
collectivités locales bénéficient d'une faible assistance
visant à leur faire prendre conscience de la nécessité
d'intégrer les TIC dans leurs politiques34. Tout de
même, il faut noter que l'utilisation des TIC dans la gestion locale
requiert une certaine disposition liée non seulement à la
question financière mais aussi à la question de
compétences. Les collectivités locales sont-elles prêtes
à adopter les innovations technologiques ?
32 I. Sylla, 2009, p. 91.
33 Manuel Castells, la société de
l'information. L'ère de l'information, Paris, Fayard, 2001 (2001a).
34 Collectif eAtlas F.A.O. 2012,
Société africaine de l'information, Vol.2, recherche et
action en Afrique de l'Ouest francophone. Octobre 2012.
Recherches et actions en Afrique de l'Ouest Francophone.
Publication du collectif eAtlas F.A.O préparée pour
AFRICITÉS 2012 ? Dakar
19
Le développement véloce des TIC permet un
accès assez important des populations aux outils numériques. Si
l'utilisation des TIC est devenue prégnante dans tous les domaines de la
vie sociale, le domaine des politiques publiques ne fait pas l'exception. Cette
situation se confirme surtout avec l'émergence de nouveaux dispositifs
comme le web 2.0, où les réseaux sociaux connaissent de plus en
plus la présence de personnages politiques. Les réseaux sociaux
apparaissent comme un recours pour les populations afin de s'exprimer sur
divers sujets. Ainsi, un environnement de dialogue se dessine, même si
l'utilisation des TIC au service de la démocratie participative
évolue lentement. Toutefois, de nombreuses réflexions sont
développées en vue de mettre en oeuvre l'idéal d'une
participation citoyenne et d'un développement local. Comment les
collectivités locales parviendront-elles à utiliser les TIC pour
la démocratisation de la gouvernance locale ?
Bien qu'elles soient en marge des politiques d'appropriation
en matière des TIC, certaines des collectivités locales, comme
les communes d'arrondissement de Yoff et Médina Gounass, ont connu un
succès avec la mise en place des Systèmes d'Information Populaire
(SIP), en 1997. Mais leur réussite n'a pas duré longtemps
à cause des incohérences multiples liées à
l'absence de mises à jour continues, du manque d'interactivité et
des difficultés organisationnelles (Sylla, 2012). Compte tenu de cette
situation, il convient de s'interroger sur les défis a relevés
pour parvenir à une plus grande appropriation des TIC à
l'échelle des mairies.
Dans le contexte de la gouvernance technologique, des
expériences telles que l'installation des sites d'information municipale
ont été tentés dans la capitale sénégalaise.
En plus, la vision « e-Sénégal »35
envisage la mise en place à la fois d'infrastructures de communication
reliant l'ensemble des services de l'administration et d'un système
d'information gouvernemental intégrant les différentes sources
d'information de l'administration36. Cette vision pouvait
occasionner davantage de connexion pour les collectivités locales, mais
la zone Sud notamment la commune de Kolda présente une connexion faible.
En effet cette région dite souvent enclavée semble
également subir un enclavement technologique. Le taux de
connectivité de la région de Kolda représente 2% des
35 La vision « e-Sénégal »
vise à mettre le citoyen et l'entreprise au sein des
préoccupations du gouvernement, à permettre l'accès de
tous les citoyens à l'information, à répondre aux besoins
de performance de l'État et aux besoins d'informations
décisionnelles des dirigeants.
36
http://www.adie.sn/index.php/e-gouvernement/e-gov
20
points de connexions publiques à internet à
l'échelle nationale. En termes d'équipement en ordinateurs son
taux de 2,75%, dans les différents points de connexion, est resté
suffisamment inférieur à la moyenne de 7,21% (Guignard,
2004)37. Les téléphones portables ont certes connu un
développement considérable, mais la région est toujours en
marge de la frénésie des technologies de l'information par
rapport à la capitale et au reste du pays. Néanmoins, Kolda a
été choisi pour servir de phase test pour l'usage du
téléphone portable pour la déclaration des
naissances38. En plus, à travers un atelier de mise à
niveau sur la surveillance citoyenne des responsabilités, des
élus et des décideurs locaux, les acteurs des médias et de
la société civile se sont fixé des objectifs visant
à renforcer la politique de la bonne gouvernance grâce aux
TIC39. Mais ces actions n'ont pas été poursuivies
à cause de nombreuses incohérences notamment dans la
première, par le manque d'information. Ces initiatives ont-elles
inspiré la population où les autorités pour un usage des
TIC sur la gestion de la commune de Kolda ? L'émergence de la
gouvernance technologique au niveau locale doit en partie être prise en
charge par les institutions locales. Ces dernières doivent, à
travers des financements et des coopérations, favoriser la promotion de
l'usage technologique au plus bas niveau. Il est possible que les TIC soient
rentables dans la gestion des collectivités locales, pourvu que les
populations aient le niveau minimum requis pour les utiliser à bon
escient. Dès lors, il convient de se demander quelles sont les forces et
les faiblesses de l'usage des TIC dans la commune ?
Un bref survol du thème laisse apparaître une
multitude de questions dont chacune pourrait faire l'objet d'un projet de
recherche. Mais, pour apprécier correctement les enjeux de l'utilisation
des TIC dans les collectivités locales sénégalaises, il
est nécessaire de circonscrire le sujet pour dégager à la
fin les enjeux de l'usage des TIC dans la gestion de la commune de Kolda.
37 À défaut d'obtenir des
données récentes auprès de l'ANSD et de l'ARTP, nous avons
été contraints d'utiliser des données de 2004, pour
illustrer nos propos.
38 Cette phase test était faite par l'ONG
Aide et Action en collaboration avec l'État du Sénégal et
du groupe orange. Source : le Soleil, 21 Novembre 2011.
39 Une initiative de l'institut Panos/Afrique de
l'Ouest avec l'Agence catalane de coopération au développement
(ACCD). Atelier tenu du 30 juillet au 1 Août 2008. Source : Sud
quotidien, 4 Août 2008.
21
1. Objectifs
L'emploi des TIC par l'exécutif local permet d'offrir
plusieurs possibilités aussi bien pour les gouvernants que pour les
gouvernés. En plus les TIC permettent d'impliquer des acteurs
extérieurs dans la gouvernance locale. Ainsi, cette étude cherche
principalement à analyser les enjeux de l'usage des TIC dans la gestion
de la commune de Kolda.
Au lendemain de l'indépendance, le
Sénégal a entamé un processus pour moderniser et
développer l'usage des TIC. Les collectivités locales ne se sont
pas inscrites dans cette lancée jusqu'à ce qu'elles soient
envahies par les TIC. Il en est ainsi pour la commune de Kolda. L'étude
consiste, à cet effet, à faire un état des lieux sur les
stratégies locales de promotion des TIC. Ces stratégies
impliquent à la fois des opportunités et des défauts. Par
conséquent, l'étude cherche également à faire un
diagnostic sur l'utilisation des TIC dans la commune de Kolda afin d'en
évaluer les forces et les faiblesses.
2. Hypothèses
L'utilisation des technologies de l'information dans la
gestion territoriale suppose une reconsidération des rapports
hommes/territoires, gouvernants/gouvernés. Ainsi cette recherche est
fondée sur deux principales hypothèses. D'une part, si la commune
de Kolda parvient à faire face aux contraintes financières et
celles liées au manque de compétences pour utiliser les TIC dans
sa gestion, les outils numériques peuvent être un moyen efficace
de « désenclavement » et de réussite de la
décentralisation. D'autre part, si la population s'approprie d'avantage
les TIC, elles peuvent donner de nouvelles de bases d'un développement
local.
Conclusion
La construction de cette problématique s'est
fondée sur le développement des TIC. Ces dernières sont
présentes dans tous les domaines de la vie. Ainsi, le domaine de la
gestion du territoire n'est pas à l'égard de l'avancée
technologique. Par conséquent, plusieurs interrogations ont vu le jour
pour mettre les TIC au service du développement. Toutefois, il convient
de circonscrire le sujet pour mieux apprécier l'impact des TIC sur le
territoire. C'est ainsi qu'il faut définir une méthodologie pour
poser les différents procédés de recherche.
22
CHAPITRE 2 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
La concrétisation de ce projet de recherche a
nécessité l'élaboration d'une méthodologie nous
permettant de répondre aux questions posées afin d'atteindre les
objectifs fixés. Cette méthodologie s'articule autour des axes
suivants : la recherche documentaire, l'enquête sur le terrain et le
traitement et l'analyse des données.
I. Recherche documentaire
La recherche documentaire nous a permis d'avoir de nouvelles
approches et de faire un état des lieux de la connaissance scientifique
par rapport au thème de recherche, grâce à des documents de
nature et de qualité différente. Pour cela nous avons fait une
recherche bibliographique au niveau de plusieurs centres de documentation que
sont :
- la bibliothèque centrale de l'université Cheikh
Anta Diop de Dakar,
- la bibliothèque du département de
géographie de l'UCAD,
- l'Agence Nationale de la Statistique et de la
Démographie (ANSD),
- la bibliothèque du Centre d'Études des Sciences
et Techniques de l'Information
(CESTI).
Cette démarche nous a donné la
possibilité de faire la revue des documents scientifiques traitant le
thème de recherche. Bien que les travaux portant sur notre zone
d'étude soit très rare, la recherche documentaire a
été utile dans la quête d'idées et d'orientations en
rapport avec le sujet. Il s'agit d'ouvrages généraux de
géographie humaine, d'ouvrages, d'articles, de thèses et de
rapports d'études spécifiques à la question des TIC, il
s'agit également d'internet qui a été un support
intéressant.
Cet exercice de recherche de documents nous a permis de
découvrir des travaux de plusieurs auteurs, sur des sujets liés
à la géographie, les TIC et la gouvernance. Ainsi, Henry Bakis,
dans « la géographie des technologies de l'information et de la
communication : perspectives », publié 1984, précise que
parmi les spécialistes de TIC des sciences sociales, les
géographes font partie des premiers à s'intéresser
à l'importance des outils technologiques. De ce fait, les travaux
d'Emanuel Eveno nous ont apporté une contribution d'une importance
capitale. Son article « La géographie de la société
de l'information : entre abîmes et sommets » (2004) nous a permis de
suivre l'itinéraire de la géographie de la société
de l'information. Valentin Jérémie tente, dans « une
géographie 2.0 ? », un rapprochement entre
23
web 2.040 et une géographie qu'il dit «
géographie 2.0 ». L'auteur explique, qu'en sus de la
géographie essentiellement physique d'alors, il ya la géographie
humaine soumise à une mise à jour des différents axes.
Aujourd'hui la discipline est marquée par les innovations techniques
(les nouvelles méthodes de cartographie, l'augmentation de la vitesse
des transports, l'émergence et le développement des TIC). En
plus, en 1997, à travers son livre Les pouvoirs publics face aux
technologies de l'information et de la communication, Eveno montre les
mutations que les TIC ont entrainées dans les villes et l'importance de
ces outils dans la vie politique. Le développement des TIC a
occasionné plusieurs changements au niveau du territoire et Michael Savy
nous fait comprendre le rapport TIC/territoire en se référant aux
transports. En effet dans l'article « TIC et territoire : le paradoxe de
localisation » (1998) Savy lève le voile sur l'idée selon
laquelle les transports peuvent être substitué par les
télécommunications. Il montre qu'il y'a une
complémentarité entre transports et
télécommunications.
Pour le cas du Sénégal, Olivier Sagna retrace en
2001 l'historique de l'avènement des TIC dans son livre Les
technologies de l'information et de la communication et le développement
social au Sénégal : un état des lieux. Il montre
d'une part le rôle que la SONATEL a joué dans la diffusion des
outils numériques et d'autre part la manière dont
l'administration, la société, et les entreprises se sont
appropriées les TIC. Également, il évoque les
inégalités sociales de l'accès et de l'appropriation des
TIC qui reflètent généralement l'état de l'ordre
social existant. En plus de l'aspect social, les outils numériques ont
très tôt influencés la sphère politique. Ainsi,
Sagna comme Momar Coumba Diop41 renseignent sur le rôle des
technologies de l'information dans l'accélération du processus
démocratique au Sénégal. Mieux M. C. Diop précise
le contexte économique et social assez difficile dans lequel se sont
développé les TIC. En même temps le livre d'Oumar Kane,
l'organisation des télécommunications au
Sénégal : entre gouvernance et régulation (2010),
apporte des éclaircissements sur la dynamique des réformes en
matière des télécommunications, à travers une
analyse de l'organisation de celles-ci. Ce, à partir de facteurs
technologiques et économiques qui ont présidé leur
implantation pendant la période coloniale. Kane évoque
également les contraintes qui pèsent sur les États dans la
mise en
40 C'est une version du web où les mises
à jour du système se fait d'une part grâce aux
échanges entre les machines et d'autre part par les échanges
entre les utilisateurs. Les exemples les plus connus sont les sites dits
communautaires d'échanges de contenus comme MySpace, FaceBook, YouTube,
etc.
41 Auteur du livre le Sénégal
à l'heure de l'information : technologies et société
publié en 2003.
24
oeuvre des politiques des télécommunications, en
mettant non seulement en évidence l'articulation entre local et global
mais aussi la marge de manoeuvre que ces États disposent. Le
Sénégal a pu construire une régulation du domaine des
télécommunications afin de promouvoir leur expansion dans
l'ensemble du territoire. Mais, l'article de Thomas Guignard « Les
accès publics à internet au Sénégal : une
émergence paradoxale»42, met l'accent sur
l'inégale répartition des TIC au Sénégal, à
travers une analyse des accès publics à internet dans le pays.
Pourtant, de nombreuses réformes politiques et de programmes ont
été menés par les États africains notamment par
l'État sénégalais pour encadrer le développement
des TIC. En 2005, le livre Société numérique et
développement en Afrique : usages et politiques publiques
publié sous la direction de Jean J. Gabas nous a permis d'avoir un
aperçu du bilan de ces politiques. De plus en plus la question des
autoroutes de l'information s'inscrit dans les discours, cette importance
à l'égard des TIC s'explique par leurs réels enjeux
stratégiques, politiques, économiques, et sociaux. Ainsi, Victor
Sandoval dans son ouvrage de 1995, Les autoroutes de l'information : mythes
et réalités, nous a permis de comprendre l'historique de
l'expression « autoroutes de l'information » et de tous les
polémiques qu'elles ont suscité aux États-Unis et dans
l'union européenne dans leur processus de développement. Mieux
Sandoval évoque l'évolution de l'internet tout en magnifiant les
services offerts par ce réseau qui a colonisé le monde.
Néanmoins, il n'a pas manqué de montrer les limites de l'internet
en soutenant que « ce réseau est en quelque sorte victime de
son succès ». Tout de même, l'Afrique porte un grand
espoir sur les TIC notamment l'internet, pour que ces outils soient le fer de
lance d'un développement économique et social comme l'indique
Abdoul Ba dans l'ouvrage Internet, cyberespace et usages en Afrique
(2003). A cet effet, plusieurs projets tels que Villes Internet Afrique
ont été lancés, mais l'article de Ibrahima Sylla «
l'internet citoyen au Sénégal : enjeux et scénarii »,
affiche les raisons de leurs échecs.
Le livre de Djibril Diop, décentralisation et
gouvernance locale au Sénégal, quelle pertinence pour le
développement locale (2006), apporte des précisions sur le
processus de décentralisation au Sénégal. L'auteur montre
aussi bien les raisons que l'ensemble des facteurs qui encadrent ce processus.
Il aborde les difficultés multiples auxquelles les collectivités
locales doivent faire face dans la gouvernance pour parvenir à un
développement local. Gouvernance et développement, deux concepts
liés dont l'appréhension est rendu simple dans l'ouvrage
bonne gouvernance et développement en Afrique de l'IAD (1997).
Ce
42 Article publié dans l'ouvrage
Technologies de la communication et mondialisation en Afrique, Annie
Cheneau-Loquay, (dir), Paris, Karthala MSHA Août 2004.
25
livre nous a permis de comprendre la notion de gouvernance et
de sa relation avec le développement. Pour sa part le livre, Des
autoroutes de l'information à la démocratisation
électronique : de l'impact sur nos libertés (1997) de C.
Lamouline et d'Yves Poullet, affiche, d'une part, la capacité des TIC
à favoriser la participation citoyenne, et d'autre part, leur
capacité à entraver la liberté. John C. Thomas revient
lui, en 2000, sur les enjeux de la participation citoyenne à travers son
livre ACTION PUBLIQUE ET PARTICIPATION DES CITOYENS, pour une gestion
démocratique revitalisée. Le Plan Investissement Communal
de Kolda de 2012, nous a permis de comprendre le fonctionnement de la
commune grâce à une présentation marquante tant sur le plan
socioéconomique que politique.
La question de la gouvernance et celle des TIC dans leur
insertion dans toutes les activités sont largement pris en compte dans
ces ouvrages et ont, à un moment donné, intéressé
les géographes, notamment les français dans les années
1980. En Afrique occidentale, la géographie des TIC et de leur
importance dans l'aménagement restent une piste quasiment
inexploitée, le cas du Sénégal illustre cette
insuffisance. Hormis les travaux du géographe Ibrahima Sylla, notamment
sa thèse Les collectivités locales face au défi du
numérique. Le cas des communes d'arrondissement de
l'agglomération dakaroise (2009), les géographes
sénégalais se sont peu intéressés aux TIC en tant
qu'objet d'études ; or que celles-ci ne doivent pas les laisser
indifférent. Ces travaux de Sylla qui ne se limitent qu'à
l'agglomération dakaroise nécessitent d'être élargis
dans ce contexte de décentralisation et de gouvernance locale. Il
convient dès lors de s'interroger sur les autres parties du
Sénégal, en particulier sur la commune de Kolda où les
outils numériques intéressent de plus en plus la population. En
même temps, l'information sur la gestion des affaires publiques et
l'interaction gouvernants/gouvernés sont faibles. Mieux les
stratégies de développement menées ne semblent toujours
pas répondre aux attentes alors que les TIC offrent plus
d'opportunités en matière de gouvernance et de
développement. Ainsi, notre étude consistera d'abord, à
faire un état des lieux, ensuite, à mettre en évidence les
avantages des TIC dans la gouvernance, enfin, à ouvrir les perspectives
pour la définition de nouvelles stratégies de
développement local grâce aux TIC.
II. Instruments de collecte de données :
Les instruments de collecte de données sont
constitués d'une enquête qualitative (guide d'entretien) et d'une
enquête quantitative (questionnaire) effectuée sur la base de la
construction de l'échantillon.
26
1. L'enquête quantitative
Cette enquête est réalisée à l'aide
d'un questionnaire adressé à une population tirée au sort
par échantillonnage afin de collecter des données.
L'exécution de ce questionnaire est faite sur la base de la formule
d'échantillonnage de Bernouilli avec une marge d'erreur de 5%.
L'application de cette formule a permis de trouver un échantillon de
1504,42 individus sur une population mère de 71719. Mais par manque de
temps et de moyen, nous avons était contraint d'interroger que les 10%
de cet échantillon. De ce fait, 150 questionnaires ont été
destinés de façon aléatoire à une population ayant
un rapport avec la mairie. L'enquête a été effectuée
au cours du mois de décembre 2014, dans les principaux quartiers et sous
quartiers de la commune. L'enquête dans les quartiers s'est fait en
fonction du poids démographique. Ainsi, nous avons eu la
possibilité de connaitre le niveau d'appropriation en matière des
TIC et les avis sur la question de l'utilisation des
télécommunications dans la gouvernance locale.
Tableau 1 : Répartition des questionnaires selon
les quartiers
Quartiers
|
Nombre de questionnaires
|
Fréquence
|
Sikilo
|
24
|
16
|
Doumassou
|
20
|
13,33
|
Saré Moussa
|
10
|
6,66
|
Bantaguel
|
10
|
6,66
|
Bouna Kane
|
10
|
6,66
|
Médina Chérif
|
7
|
4,66
|
Saré Kémo
|
10
|
6,66
|
Sinthian Idrissa
|
5
|
3,33
|
Sinthian Tountourou
|
5
|
3,33
|
Château d'eau
|
10
|
6,66
|
Sikilo Nord
|
7
|
4,66
|
Hillèle
|
7
|
4,66
|
Ndiobène
|
10
|
6,66
|
Bel Air
|
5
|
3,33
|
Escale
|
10
|
6,66
|
TOTAL
|
150
|
100
|
27
1. L'enquête qualitative
Cette enquête a consisté à interroger des
personnes susceptibles de nous fournir des informations complémentaires
par rapport à notre thématique. Ainsi un guide d'entretien est
élaboré et est destiné au maire, au secrétaire
municipal, à l'équipe municipale, aux conseillers, aux
délégués de quartiers et aux acteurs de la
société civile pour recueillir les avis sur l'usage des TIC dans
la gestion locale. Cette étape nous a permis d'avoir un regard sur ce
qui existe en termes de projet et les facteurs de blocage.
2. Le traitement et l'analyse des données :
Après la collecte des données nous avons
procédé, au traitement, au dépouillement et à
l'analyse des données recueillies. Ainsi les données
alphanumériques sont traitées par des applications comme Word et
des logiciels informatiques comme Sphinx. Le traitement de ces données
recueillies durant la phase d'enquête et d'entretien (auprès des
services, des institutions et de la population de la commune de Kolda), a
permis de faire des graphiques et des tableaux pour bien appréhender la
problématique de la gouvernance locale notamment l'application des TIC
dans ce domaine. Pour ce faire, l'application Word a servi à la saisie
du texte, l'application Excel et le logiciel Sphinx ont permis de faire des
graphiques pour illustrer nos propos. Également, les données
recueillies à partir des l'enquêtes sont cartographiées
pour une meilleure visibilité du niveau d'utilisation des TIC et les
distances entre la mairie et les différents quartiers de la commune.
Pour ce faire, nous avons utilisé le logiciel Quantum GIS qui constitue
de nos jours un outil indispensable dans le traitement des données
spatiales à l'aide des Systèmes d'Information Géographique
(SIG). Ainsi les informations collectées seront
matérialisées par des cartes rendant plus lisibles les
informations.
3. Les contraintes rencontrées
Au cours de la rédaction de ce mémoire, nous
avons rencontré deux contraintes majeures. D'une part, il y'a les
difficultés liées à l'obtention de données. En
fait, la bibliothèque universitaire ne nous permet pas d'avoir tous les
livres nécessaires. Mieux, les documents sur la zone d'étude sont
presque inexistants. En plus, les agences comme l'ARTP et la SONATEL n'ont pas
répondu à notre demande relative à l'acquisition de
données. D'autre part nous avons été confrontés
à la réticence des autorités locales sur certaines
questions et de la population surtout âgée. Au cours de
l'enquête de terrain nous étions
obligés d'interroger les jeunes, qui sont souvent
désignés comme étant ceux qui sont capables de
répondre à des questions en rapport avec les TIC.
Aujourd'hui, l'implication des TIC dans presque tous les
domaines offre plusieurs opportunités de recherche pour les
spécialistes des sciences sociales, notamment les géographes. Ce,
à cause surtout des différentes transformations sociales
occasionnées par les outils numériques.
Conclusion partielle
La problématique des TIC en général et de
leurs rapports avec la gouvernance en particulier nécessite une
réflexion profonde. Les TIC, en colonisant le monde, ont confirmé
les écarts entre les pays du Nord et du Sud. Toutefois, elles continuent
d'offrir des opportunités aux pays du Sud. En même temps, les
populations s'intéressent de plus en plus aux outils numériques.
Ce qui fait qu'aujourd'hui, plusieurs discours sont prononcés en faveur
des TIC. Dès lors, il convient de voir dans la partie ci-dessous les
stratégies menées par le Sénégal pour favoriser une
meilleure utilisation des TIC.
28
Deuxième partie : Présentation de la commune et
des
Stratégies de développement des TIC
29
Introduction de la deuxième partie
30
« Depuis la vague de libéralisation du secteur
des télécommunications entraînant la fin des monopoles et
la privatisation des opérateurs historiques, tous les pays sont
confrontés à la même problématique : Comment mieux
gérer les flux informationnels et les communications de l'État ?
»43
Les TIC ont intégré tous les secteurs et sont
devenues une préoccupation majeure pour tous les dirigeants à
travers la volonté de maitriser l'information et la communication. De ce
fait, la question des technologies de l'information s'invite à tous les
discours des décideurs et des mesures sont souvent prises pour favoriser
le déploiement de ces outils. Il en est de même pour le
Sénégal qui a très tôt entreprit une série de
réformes pour profiter des avantages qu'offrent les TIC. Toutefois, des
collectivités locales à l'image de Kolda éprouvent des
difficultés dans la mise en oeuvre de moyens pour une gestion
technologique.
Ainsi, cette partie tente dans son premier chapitre de faire
une brève présentation de la
commune et dans le second de présenter les
stratégies nationales et locales pour l'élargissement de l'usage
des TIC.
43 Abdoulaye Wade ancien Président de la République
du Sénégal, discours inaugural sur l'Intranet Gouvernemental le
15 mars 2005.
31
CHAPITRE 1 : PRÉSENTATION DE LA COMMUNE
La vague de décentralisation menée par le
Sénégal a conduit à l'augmentation des compétences
des communes en 1996. Avec les compétences qui leurs sont
conférées, les collectivités locales continuent
d'accueillir des populations rurales. La commune de Kolda n'échappe pas
à cette réalité. La population de la commune a fortement
augmenté, c'est ce qui est à l'origine des difficultés
liées à l'occupation de l'espace. Ce chapitre prend en compte la
carte d'identité de la commune de Kolda. Il fait, au-delà de la
localisation, une description spatio-économique et démographique
de la commune.
I. Localisation
La commune de Kolda se situe à
l'extrémité Sud de la région du même nom, en haute
Casamance, entre 12°53 de latitude Nord et 14°57 de longitude Ouest.
Distante de la capitale Dakar de 465 kilomètre, la région fut
créée par un arrêté général du
1er décembre 1952. Kolda est érigée en
région, dans le cadre du processus de décentralisation
engagé par le Sénégal, par la loi 84-22 du 22
février 1984. Mais, elle ne deviendra une commune en plein exercice
qu'en 1996, pour être chef lieu de département et acquérir
un nouveau rôle administratif, comme capitale régionale. La
commune est limitée à l'Est par le carrefour de Djoulacolon,
à l'Ouest par le village de Saré Bidji, au Nord par Tamasanka et
au Sud par Saré Keita.
Carte 1 : Carte de localisation de la commune de Kolda
|
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Source : PIC Kolda, 2012
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32
II. Dynamique spatiale et démographique
La commune de Kolda a été créée
par un arrêté général n°7562 du 1er
décembre 1952. L'arrêté n°886 APA du 06 février
1952 a fixé la superficie de la commune à 9km carré. Avec
la forte urbanisation, la superficie communale a beaucoup évolué
au cours du temps. Sous l'effet de l'exode rural, la commune regroupe 49,2% de
la population de la région44. Cette forte urbanisation a
conduit à l'étalement de la commune vers la
périphérie qui servait de zones agricoles. Au fur et à
mesure, les périphéries sont devenues des zones d'habitations
importantes et commencent à accueillir des équipements tels que
les marchés. De ce fait, la commune ne cesse de s'étirer vers son
hinterland avec l'émergence de nouveaux quartiers : zone lycée,
Sinthian Idrissa, Sinthian Samba Coulibaly, Afia, Bel Air.
Carte 2 : Processus d'occupation de l'espace de la commune
de Kolda
44 Résultats RGPH II et III
33
Le processus d'occupation spatiale a connu trois (03) phases :
La phase coloniale : pendant cette
période Kolda était un village qui servait de résidence
pour le Fouladou, le Diattacounda et le Bantacounda. L'autonomie est obtenue
grâce à la faible navigabilité entre la capitale
Sédhiou et Kolda. En 1906, le pont45 fut construit pour
assurer la liaison entre Bantaguel et Escale. Dès 1907, les premiers
équipements ont vu le jour à travers la construction du tribunal
local, du camp militaire de Doumassou, de l'école et de l'église
à Bantaguel, du bureau de l'administration et de la poste à
l'escale. Pendant cette période, les habitations étaient
localisées autour des équipements. En 1960 déjà,
Kolda comptait les quartiers Escale, Ndiobène, Sikilo, Doumassou,
Saré Moussa.
De 1960 à 1970 : cette phase est
marquée par les premiers lotissements à Ndiobène, Sikilo,
Doumassou, Saré Moussa et Bouna Kane. Ainsi, la demande en espace
à urbaniser est devenue plus forte et la ville tendait à se
développer vers le Nord (Sikilo et Doumassou).
De 1976 à nos jours : c'est la
période pendant laquelle la commune a connu un fort étirement de
sa superficie. Cette situation va conduire au projet de définition d'un
nouveau périmètre communal. Ce projet en cours d'instruction
cherche à porter la superficie à 45.584ha, pour couvrir les
besoins d'extension46. La répartition se fera comme suite
:
? 7km du pont Abdoul Diallo vers la route de Ziguinchor ? 5.2km
du pont Abdoul Diallo vers la route de Vélingara ? 5.35km du carrefour
de l'hôtel de ville vers Diana Malary ? 4.3km du carrefour de
l'hôtel de ville vers l'aérodrome
L'idée d'augmenter la superficie est influencée
par la forte croissance démographique. Cette croissance est
causée à la fois par un taux accroissement naturel
élevé et par les flux de migrants venus des deux Guinées
et de la Gambie. Les refugiés ayant fui le conflit en Casamance ne sont
pas en reste dans l'agrandissement de la population koldoise. D'une population
estimée à 1000habitants en 1930, la commune de Kolda a atteint
71719habitants en 2013. La commune présente la particularité
d'être dominée par les jeunes entre 16 et 34 ans, qui
représentent 50% de la population.
45 Appelé pont Abdoul Diallo, maire de la
commune de Kolda entre 1955 et 1958
46 PIC Kolda, 2012
34
Tableau 2 : Accroissement de la population de la commune
de Kolda de 1930 à 2013
Années
|
1930
|
1955
|
1960
|
1976
|
1988
|
2002
|
2013
|
Population
|
1000
|
4000
|
6050
|
18951
|
34618
|
53921
|
71719
|
Source : PIK Kolda, 2012
Le taux de croissance moyen dans la commune de Kolda est de
5,9%, et entre 2002 et 2013 la population a augmenté de 17798.
Simultanément, les besoins en espace ont augmenté.
L'étirement de la commune de Kolda fait qu'aujourd'hui les habitations
se trouvent de plus en plus loin des institutions.
Carte 3 : Carte de localisation des habitations par
rapport à la mairie
La localisation de certains sous quartiers tels que Bel Air,
Sinthian Tountourou, Sithian Idrissa, Zone lycée (derrière
Château d'eau), Usine et Afia (après Saré Moussa) est un
handicap pour les populations. Celles-ci parcourent de longues distances pour
rejoindre le centre où est installée la majeure partie des
services. À cause de la faiblesse du transport urbain beaucoup de
personnes se déplacent à vélo et récemment à
moto, avec le développement du taxi moto (jakarta).
35
III. Aperçu de la situation économique de
la commune
La commune de Kolda a bien une vocation urbaine mais reste
dominer par l'activité primaire. Les services sont peu
développés et sont surtout marqués par l'implantation de
banques et des structures de transferts d'argent. En effet, la population
maintien son attachement à l'agriculture et à l'élevage
souvent utilisés pour satisfaire les besoins nutritionnels.
L'agriculture urbaine est confrontée aujourd'hui à
l'étalement des habitations qui entraine la disparition progressive des
surfaces cultivables. Quant à l'élevage, même s'il est
pratiqué par la quasi-totalité de la population et
encouragé par l'installation de huit (08) unités de
transformations dédiées à la production du lait, le
secteur connait des difficultés. L'une des contraintes majeures de la
filière est l'insuffisance de moyens financiers et logistiques qui
réduisent les possibilités d'écouler les
produits47.
L'artisanat est inscrit dans le secteur informel, toutefois,
il joue un rôle important dans le tissu économique de la ville. Le
secteur rencontre des difficultés liées aux manques de mesures
d'accompagnement, de formation et d'équipement. Il est
représenté par les métiers de textile et de couture,
l'alimentation, la mécanique, le bâtiment, l'art, la forge et les
réparations diverses. En même temps, la Société de
Développement de Fibres Textiles (SODEFITEX)48 la seule usine
représente un acteur important dans le développement
économique et social. En dehors des quelques emplois qu'elle octroi, la
SODEFITEX participe à l'encadrement et à la formation des femmes
à travers les groupements.
Le commerce est basé sur l'écoulement des
produits agricole et est dominé par l'informel. La proximité du
marché hebdomadaire de Diaobé est un atout pour la commune. Le
secteur renferme 18% des emplois urbains49. Le secteur du transport
urbain n'est pas développé et les tarifs des taxis urbains sont
souvent jugés chers ce qui à favoriser la prolifération
des taxis moto appelés « jakarta ». Compte tenu, de
l'inexistence d'un système de transport urbain collectif, les
contraintes du transport urbain sont conséquentes.
Quant au tourisme, il est saisonnier et ne dure que six (06)
mois. Les touristes qui arrivent sont souvent intéressé par la
chasse.
47 Néné Dia, « Commerce et logiques d'acteurs
dans la région de Kolda au Sénégal »,
EchoGéo mis en ligne le
25 mars 2009, consulté le 22 mars 2013. URL :
http://echogeo.revues.org/11048
; DOI : 10.4000/echogeo.11048
48 Usine de d'égrenage du coton.
49 PIC Kolda, 2012
Conclusion
La commune de Kolda rencontre un certains nombre de
difficultés liées notamment à l'étalement urbain
conjugué aux manques d'équipements et d'un système de
transport urbain performant. Également, la situation économique
de la commune est dominée par les activités primaires et
informelles. La faiblesse de la formation limite les opportunités
d'utilisation des TIC. A cet effet il est important de voir les mesures
à prendre pour permettre une plus large utilisation des TIC.
36
CHAPITRE 2 : STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT
DES TIC
Le Sénégal, parmi ses héritages
coloniales, il y'a les infrastructures de télécommunications, qui
devaient être rénovées. Ainsi, le pays s'est engagé
à la fois à la modernisation de ses infrastructures et de son
administration à partir de l'an 2000. Cependant, il existe une
disparité entre la capitale et le reste du pays. Dans la commune de
Kolda, un certain nombre d'opportunités ont favorisé
l'évolution de l'usage des TIC, mais il y'a encore des obstacles
à surmonter pour une meilleure utilisation de celles-ci. Dans ce
chapitre, on tente de retracer l'historique des politiques nationales dans le
domaine des TIC et dans le domaine de la gouvernance technologique. Ce chapitre
montre également l'évolution des stratégies de
communication et les forces et faiblesses de l'usage des TIC dans la commune de
Kolda.
I. Politiques nationales des TIC
Au lendemain de l'accession à son indépendance,
le Sénégal a hérité d'infrastructures de
télécommunications en état de délabrement
avancé. A cet effet l'une des premières mesures consistait
à réhabiliter les dispositifs de
télécommunications, à travers six points majeurs que sont
:
· construire de nouveaux immeubles,
· moderniser les infrastructures postales,
· développer le réseau
téléphonique,
· améliorer le réseau
télégraphique,
· promouvoir la radiodiffusion,
· desservir les zones enclavées.
37
38
Graphique 1 : Répartition des points
d'accès publics à internet en 2004
8%
1% 2%
4%
13%
2% 2%
4% 3% Dakar
61%
Thiès Kaolack Fatick Louga Saint-Louis Diourbel Kolda
Ziguinchor Tambacounda
Néanmoins ce programme était peu suivi d'actions
concrètes, car les infrastructures sont restées dans les zones
d'exploitation coloniale, c'est-à-dire les zones à forte
présence de ressources. Cette configuration a occasionné un
déséquilibre des télécommunications entre les
régions, en fonction de la disponibilité de leurs ressources. La
région de Dakar regroupe 61% de point de connexions publics à
internet alors qu'elle ne représente que 0,3% du territoire et un quart
de la population (Guignard, 2004). Les IVe et Ve plans quadriennaux
élaborés respectivement entre 1973 à 1977 et entre 1978
à 1981 devaient impulser de nouvelles dynamiques en vue de moderniser
les infrastructures de télécommunications. En 1972, la mise en
place du Comité Nationale de l'Informatique (CNI) est la marque d'une
véritable politique informatique. Son rôle était d'assurer
la coordination entre les différentes stratégies et actions de
développement de l'informatique dans le territoire national, (Sylla,
2009). Pourtant, ces plans ne sont pas parvenus à modifier la
disposition des structures des télécommunications, marquée
par la concentration des infrastructures à la capitale où la
clientèle est plus importante.
En réalité, les politiques et les
stratégies de promotion des technologies de l'information ont
été enclenchées dans les années 1980. Ce, lorsque
les TIC ont été reconnues comme une grande source de revenu, par
les organisations internationales, surtout pour les pays sous
développés. Le Sénégal, confronté à
une forte baisse de son économie et faisant
39
face aux politiques d'ajustement structurel, entame une
ouverture de son marché des télécommunications. Dans les
années 1997, le pays s'engage auprès de l'Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) pour une ouverture du marché qui sera encadré
par une structure de régulation indépendante et neutre. Cette
politique de libéralisation avait pour but de favoriser la
compétition dans le marché des télécommunications,
afin d'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs infrastructures.
C'est ainsi que la SONATEL fut privatisée en 1997. L'ensemble des
stratégies ont été comblées par un cadre juridique
permettant de régenter l'usage des TIC. La décennie 1990 est
marquée par l'élaboration d'une série de lois et de textes
juridiques portant sur les télécommunications, qui ont permis
l'instauration d'un cadre réglementaire et une tentative d'adaptation
à la réalité du marché mondial. Ce qui abouti
à la promulgation de la loi n° 2001-15 du 27 décembre 2001
du nouveau code des télécommunications portant création de
l'Autorité de Régulation des Télécommunications et
des Postes (ARTP). Cet organe intervient dans tous les domaines en vue d'une
organisation réglementaire du secteur des TIC aussi bien au niveau sous
régional qu'au niveau international.
Manifestement, les politiques et les stratégies
adoptées par le Sénégal peuvent se résumer en trois
grands groupes de réformes. Il s'agit d'abord de la réforme de
1983 qui a jeté les bases pour la promotion et le fonctionnement des
télécommunications. A travers cette réforme, l'État
cherchait à rendre performent les équipements. Ensuite vient la
réforme de 1996 marquée par la loi 96-03 du 22 février
portant code des télécommunications, qui donne le droit de
concession aux opérateurs. Cette réforme est également
marquée par la privatisation de la SONATEL. Enfin, le rôle
important qu'ont joué les TIC pendant l'élection
présidentielle de 2000, amène les nouvelles autorités
gouvernementales à intégrer les TIC au coeur de leurs
préoccupations. Cela s'est illustré d'une part par la
création en février 2001 d'un ministère de la
communication et des technologies de l'information, d'autre part par la
création de l'ARTP et de la Direction de l'Informatique de l'État
(DIE) qui deviendra en 2004 l'Agence de l'Informatique de l'État
(ADIE).
1. Politiques de promotion de la gouvernance
technologique
L'information et le fonctionnement de l'État sont
étroitement liés et les TIC sont des outils dont l'impact peut
être considérable dans la gestion. En début 2000, le
Sénégal a mis en place le PNBG pour tenter d'implanter la
transparence dans les pratiques institutionnelles. Ce programme, par
l'introduction des TIC dans l'administration en général et
surtout à l'échelle
40
multisectorielle (économique, politique, judiciaire,
éducative etc.), a obtenu un financement de cinq (05) milliards de
francs cfa venu des différents partenaires. Ainsi, plusieurs initiatives
ont été prises au sein du gouvernement pour changer et moderniser
l'administration publique50. L'État a envisagé deux
mesures majeures, par la mise en oeuvre d'un réseau intranet
gouvernemental et un centre de ressource (Sylla, 2009). La première
consistait à doter l'État d'une infrastructure moderne et
performante de communication et la seconde à héberger les grandes
applications (réseaux locaux dans les ministères ou le
système GAINDE par exemple). Au fur et à mesure, des
ministères ont obtenu des sites web et des systèmes de
modernisation de leur gestion dont l'un des plus marquants est celui du
ministère de l'intérieur avec la Direction de l'Autonomisation
des Fichiers(DAF). L'an 2008 est marqué par la décision
d'élargir l'intranet pour faciliter l'interconnexion des capitales
régionales51.
Dans le cadre de la déconcentration, des Unités
Régionales Informatiques de Développement (URID) ont
été élaborées pour doter des préfectures de
matériels et des outils spécifiques pour une meilleure gestion.
Les URID peuvent appuyer le développement de bases de données
socioéconomiques pour parvenir à la bonne gouvernance. Ces
mesures d'informatisation n'épargnent pas la décentralisation.
Récemment, les collectivités locales sont appelées
à envoyer toutes les passations de marchés sur le portail des
marchés publics52. Cette mesure entre dans le cadre de la
promotion de la transparence à travers la
dématérialisation des procédures.
II. Stratégies locales de développement
technologique
1. Kolda à l'ère du numérique :
évolution, niveau de communication et politiques liées aux
TIC
Depuis la création de la commune de Kolda en 1952, les
autorités locales ont utilisé les vecteurs traditionnels
d'information dont le plus connu était le griot. Ce dernier était
équipé d'un tam-tam et parfois d'un sifflet et se
déplaçait dans les quartiers pour faire passer le message de
l'autorité. Mais cette action avait des limites car la voix du griot ne
pouvait pas atteindre tous les endroits malgré le fait qu'il se
déplaçait, en plus il ne faisait qu'un seul passage et
communiquait le plus souvent en Peulh et en Manding. Même si se sont les
deux
50 O. Kane, l'organisation des
télécommunications au Sénégal : entre gouvernance
et régulation, 2010.
51 Ce projet d'extension était
géré par l'ADIE en partenariat avec Huawai.
52
www.marchepulics.sn
41
langues dominantes, la communication est limitée. À
côté il y'a l'action des délégués de
quartiers qui se chargent également de transmettre les messages.
population. Par exemple, depuis hier j'informe sur
l'inscription sur les listes pour le payement de la bourse de
sécurité familiale. Nous livrons l'information à la
mosquée et parfois nous nous déplaçons ou nous appelons
les personnes concernées auxquelles nous avons les coordonnées.
Se déplacer ou appeler nous cause d'énormes difficultés,
car nous sommes âgés et nous avons plus la force physique, en plus
les moyens nous manquent. Aujourd'hui nous comptons surtout sur la
solidarité de la population. Vous savez ici c'est comme au village,
quand il y'a une information la population se la partage.
Encadré 1 : Extrait d'entretien avec le
délégué de quartier Sikilo M. Mamadou Dianfo
Quand il y'a une information, la mairie nous contacte et
nous donne l'information en question. Le genre donné est surtout
lié à des choses qui intéressent directement la
Le travail des délégués est
jusqu'à présent maintenu contrairement à celui des griots.
Cependant, les délégués sont souvent confrontés
à des contraintes dans leur mission car ils sont obligés de se
déplacer maison par maison. De nos jours certains d'entre eux utilisent
le téléphone portable pour appeler, à défaut
d'avoir les contacts, la question du crédit se pose. Le contenu des
informations était souvent lié aux problèmes de
cohésion entre éleveurs et agriculteurs, à la
sensibilisation pour faciliter des actions de vaccination ou de recensement,
à des annonces de l'arrivée d'un hôte et au payement des
bourses de sécurité familiale.
Durant cette dernière décennie, plusieurs
progrès ont été notés dans le domaine de
l'information. L'avènement de la première station de radio, Kolda
fm, en 2000 a été une évolution majeure dans la gestion de
l'information locale. Ainsi, la radio a fait perdre au griot ses fonctions
puisqu'elle détient des moyens qui permettent désormais une
diffusion plus large de l'information. Successivement, la commune accueille la
radio Dunya et la radio Nafooré. En 2014, la participation aux
élections locales de ces organes de presse était remarquable
étant donné qu'elles publiaient les résultats en direct.
Toutefois, notons que la relation la plus proche entre la radio et la
population est la lecture nécrologique, les appels pour demander une
dédicace ou les appels pour donner son avis sur des faits sociaux. Cela
se reflète sur les émissions les plus écoutées.
42
Graphique 2 : Répartition des émissions en
fonction de leur importance
Politiques
5%
Information
8%
Comiques
5%
Sportifs
3%
Autre
17%
Sensibilisation
22%
Musicales
40%
Souvent, les informations locales fournies sont jugées
peu riches par la population. En même temps, la politique locale est
très peu traitée par ces radios, même si des changements
sont notés récemment. De ce fait, la population se consacre
souvent aux émissions musicales et celles liées à la
sensibilisation (sur la scolarité des filles, les mariages
précoces, les maladies, etc.). Dans la commune les médias sont en
« maturité inachevée »53. La radio
à surtout servit à l'autorité comme moyen de propagande
politique et de limitation de conflits sociaux.
Comme partout ailleurs la commune a connu l'emprise des TIC
ces dernières années. Mais le téléphone portable
reste l'outil le mieux partagé, à l'instar du taux national de
pénétration du téléphone portable estimé
à 106,24%54, 95,3% des personnes interrogées
détiennent des téléphones portables contre 29,3% seulement
des personnes ayant des ordinateurs. Pour l'administration locale, les TIC
servent à la communication avec l'extérieur elles sont rarement
utilisées pour la gestion locale. Cependant, le développement et
l'usage de l'outil internet a entrainé des changements dans le
traitement de l'information. La population ne se limite plus seulement à
recevoir l'information mais elle la commente et échange des
53 M. Taureg (sous dir.), 2005.
54 Rapport trimestriel sur le marché des
télécommunications au 30 septembre 2014.
43
pensées avec des koldois de l'intérieur et de
l'extérieur. Le site d'information Koldanews55 est un facteur
majeur dans la procédure de production de l'information locale. Ce site
est un moyen pour les habitants de Kolda de connaitre ce qui se passe dans leur
zone où qu'ils soient.
Encadré 2 : A propos de
Koldanews.com
Koldanews.com est
d'abord un site régional d'informations locales concernant toute la
région de Kolda, à visée clairement sous-régionale,
plus spécifiquement des pays limitrophes de la Casamance. Le site est
mis en ligne le 22 juillet 2009 (soit depuis 4ans), puis en février
2010,
koldanews.com est devenu
un Groupement d'Intérêt Économique (GIE),
immatriculé à la chambre de commerce et d'industrie de Kolda sous
le numéro
SN-KLD-2010-C-52.
Koldanews.com est ainsi donc un partenaire dans tout projet de
développement de la région de Kolda.
Koldanews.com est
né de la volonté de jeunes koldois, qui se sont dit qu'il fallait
à la région de Kolda, un site communautaire, simplement pour
partager les informations de Kolda. Il s'agit au départ des fondateurs :
Mahamadou BALDE (Administrateur et concepteur du site) et de Abdoulaye DIEDHIOU
(Journaliste).
Très vite l'équipe s'est agrandie avec :
Abdou DIAO - Ismael MANSALY - Abdoulaye DIALLO - Alpha Sadou GANO - Babacar
DIOUF - Elhadj Lonka SABALY- Moussa Sibo MBALLO - Bocar KANDE - Souleymane
SALL.
Très vite le site a connu le salut et la
reconnaissance des koldois, puis qu'enfin, d'où qu'ils soient, ils ont
eu accès aux informations de leur région avec une mise à
jour quotidienne des
articles.
Source :
http://www.koldanews.com/qui-sommes-nous?
A plus de quatre milles trois cents (4300) mentions j'aime
sur Facebook, cela témoigne de l'importance que les koldois accordent
à ce site. Ce dernier, bien qu'il soit privé et
générateur de revenu, est d'une importance capitale dans la
gestion de l'information. En effet, la presse écrite par exemple, de la
manière dont elle est abondante dans la Capitale, c'est ainsi qu'elle
est rare à Kolda. Aujourd'hui,
Koldanews.com joue la liaison entre
Dakar et Kolda, dans la livraison de l'information. Par conséquent, le
site permet d'effacer progressivement les disparités dans la diffusion
de l'information. En même temps, le site jette les bases de la
création d'une conscience collective en sensibilisant sur l'importance
des ressources. Mieux, il permet de faire la promotion de la zone auprès
des autres territoires et entreprises, ce qui peut renforcer les
possibilités de coopération.
55
www.koldanews.com
Étant donné que l'information est
devenue une inquiétude pour tous, les gouvernants doivent être en
mesure d'encourager de telles initiatives, en même temps
génératrices d'emploi. Mais il semble que la mairie
s'intéresse peu au site. Pourtant, il a permis à la population de
prendre de plus en plus conscience de l'importance de l'information et de
devenir de plus en plus exigeantes dans le domaine. Malgré cette
situation, la population interrogée pense dans sa majorité que
les informations données par la mairie sont affichées à
l'hôtel de ville et rarement communiquées par la radio ou par
internet, et quelles ne concernent que des notes de services.
De nos jours, la situation sur la gestion
technologique tend à s'améliorer car les nouvelles
autorités locales se tournent de plus en plus vers les TIC. L'entretien
avec le secrétaire municipal a permis d'avoir l'aperçu des
élus locaux sur les outils technologiques et leur projet dans le
domaine.
Encadré 3 : Extraits de l'entretien avec M. Diao
Secrétaire municipal de la commune de
Kolda, 2014
Nous avons constaté que l'on gagnera
à informatiser l'État civil, il s'agit non seulement d'un gain de
temps mais aussi de fiabilité des fichiers. Notre équipe a
apporté des innovations en dotant les bureaux d'ordinateurs,
d'imprimantes et de photocopieuses.
|
Nous envisageons d'apporter plus de changement,
car au moment où nous sommes il n'est pas acceptable de faire 24h, 48h
ou plus pour avoir ses pièces d'État civil. Il faut offrir aux
koldois la possibilité d'avoir leurs pièces partout où ils
sont. ( ) Les technologies de
|
l'information et de la communication sont des
outils incontournables. Notre budget est saisi
|
et imprimé ( ) en même temps nous
sommes obligés de nous connecter souvent pour
|
s'informer. Vous m'avez trouvé en train
d'envoyer un document sur le portail des marchés publics. Nous assistons
aujourd'hui au processus de dématérialisation des
procédures, pour plus de transparence. (...) Les technologies de
l'information sont importantes mais très couteuses. L'informatisation de
l'État civil va nous revenir à près de quarante millions
et le téléphone vers les six cents mille francs.
La population de Kolda est maintenant très
informée et par conséquent très exigeante dans le domaine
de la gestion. C'est pour cette raison que nous sommes tenus d'afficher les
procès verbaux.
|
|
44
45
Au niveau local, plusieurs stratégies sont en projet
pour l'amélioration de l'utilisation des technologies de l'information.
Selon le deuxième adjoint au maire, des mesures sont en train
d'être mise en oeuvre pour faciliter l'intercommunication entre les
maires. Tout de même un projet d'informatisation de l'État civil
et celui de la construction de portail web est en cours, selon les
autorités locales. Pour ce faire, un appel d'offre est
déjà lancé pour l'exécution de ce projet. Il
s'agit, pour les autorités, une manière de faire face aux
difficultés dans l'offre des services à la population. «
La mairie, soutient le secrétaire municipal, doit renforcer sa
connectivité c'est pour cette raison que l'équipe municipale
envisage également d'installer un puissant modem wifi. Ce qui permettra
à tous de se connecter sans grande difficulté ». Dans
cette perspective qui consiste à connecter la mairie, un dispositif est
présent dans la quasi-totalité des bureaux. Toutefois, on peut
noter une faible utilisation de ce matériel. Certes, il est important de
donner à l'administration du matériel mais il faut contribuer
d'avance à la formation des agents et de la population. Ainsi, la
collectivité locale doit promouvoir les TIC dans les écoles et
renforcer la connexion publique.
2. Forces et faiblesses de l'usage des TIC dans la
commune
La commune de Kolda est couverte par les trois (03)
opérateurs de téléphonie mobile. Le
téléphone portable n'est plus considéré comme un
signe d'évolution ou de modernité mais comme une
nécessité. De ce fait, il est rare de trouver une maison sans
aucun téléphone portable. En même temps, le réseau
internet a connu une ampleur considérable, avec un coût de
connexion des cybers qui passe de 3000 à 300 francs l'heure entre 1999
et 2014. L'augmentation du niveau de connexion est également
favorisé par la multiplication des wifi non sécurisés de
certaines ONG et de maisons d'une part et de l'élargissement du
réseau 3G d'autre part. De ce fait, plusieurs personnes se connectent
sur des réseaux publics, soit plus de 50% des personnes
interrogés. Sur le plan de la gestion, les dirigeants locaux prennent de
plus en plus conscience de l'importance des outils numériques. Dans tous
leurs discours les TIC occupent une place de choix. Mieux l'internet en
général et les réseaux sociaux en particulier sont, pour
la plupart des acteurs locaux, un moyen de communication efficace surtout pour
atteindre la jeunesse qui représente plus de la moitié de la
population.
Cependant, l'accès et la maitrise des technologies
restent un problème à cause de quelques principaux facteurs que
sont la faiblesse de la formation, la faiblesse des revenus des habitants et la
discontinuité dans la distribution de l'électricité. En
effet, certains sous quartiers ne sont pas totalement
électrifiés, il s'agit notamment de Bel aire, Afia. Même si
les
46
64,7% des personnes enquêtées se connectent sur
internet, ce sont souvent des jeunes sans emploi qui gèrent leur finance
parfois au jour le jour.
Graphique 3 : Répartition de l'utilisation de
l'internet selon l'âge
30-35ans
15%
25-30ans
11%
35-40ans
1%
40ans et plus
8%
20-25ans
40%
15-20ans
25%
La connexion internet est dominée par les jeunes entre
15 et 25 ans alors qu'ils ne représentent que 6.8% de ceux qui ont des
revenus réguliers. De ce fait, le coût de la connexion est
jugé cher par la plupart des internautes. Du fait de la rareté
des cybers, les jeunes se connectent souvent sur les réseaux des
voisins, des ONG ou des services non loin de leurs domiciles. Dans ces
endroits, les personnes sont parfois obligées d'attendre la nuit pour se
connecter en plus elles restent parfois debout plusieurs minutes voire des
heures pour consulter leurs boites.
En ce qui concerne le personnel de la maire, le manque de
compétences en informatiques fait que la plupart d'entre eux craignent
la perte de leur emploi une fois le fichier informatisé. Ainsi, un agent
municipal se confie en disant « Moi, par exemple, et comme la plupart
d'entre nous n'ont pas de connaissances en informatique. Et si jamais
l'État civil est informatisé, la mairie sera obligé de
chercher des personnes compétentes à notre place ».
À cela s'ajoute le manque de moyens financiers décrié
par la commune. Selon le secrétaire municipal, la mairie n'a pas
suffisamment de moyens pour utiliser comme il le faut les TIC. Il poursuit en
disant « il nous a arrivé plusieurs fois que le
téléphone soit coupé faute de payement ». De ce
fait, la question des moyens financiers des collectivités locales semble
être l'un des plus grands facteurs de blocage dans l'utilisation locale
des TIC.
Les stratégies de développement des TIC
menées par le Sénégal sont marquées par des
réformes politiques, économiques et juridiques. Ces
réformes ont permis d'encourager la pénétration des TIC
sur l'ensemble du territoire, même si des efforts restent à faire
pour diminuer les disparités au niveau national. Dans la commune de
Kolda, il y'a eu certes une évolution dans le domaine, mais les
autorités tardent à mettre en avant les TIC dans la gestion.
Conclusion partielle
Le processus de décentralisation au
Sénégal est surtout marqué par l'augmentation des charges
des collectivités locales. La commune de Kolda dominée par des
jeunes hommes connait un étalement important qui exige l'augmentation
des moyens de communication entre les acteurs. Seulement, les
télécommunications étaient considérées comme
une affaire exclusive de l'État. Ce n'est que dans les années
1990 que ce monopole fut ébranlé. Ainsi, par rapport au rythme de
croissance de la promotion nationale des technologies, la commune est à
la traine. Pourtant durant ces dernières décennies, des
progrès sont notés dans des domaines tels que la
téléphonie, l'internet et la radio, ce malgré la faiblesse
du niveau d'information.
47
Troisième Chapitre : TIC et gouvernance
locale
48
Introduction de la troisième partie
Le Sénégal a engagé, dès son
accès à l'indépendance, un processus de
décentralisation visant une meilleure gestion des territoires. Le but
principal de la décentralisation est de faciliter le rapprochement entre
les acteurs des collectivités locales afin de favoriser leur
développement. Ce processus est, en effet, une manière de
satisfaire les attentes des populations plus rapidement et plus efficacement.
Mais, parfois il existe un décalage entre les attentes des habitants et
les pratiques des communes. Cette situation reflète le plus souvent les
faiblesses des collectivités locales à faire face aux
défis liés aux compétences qui leurs sont
conférées.
Étant donné cette situation notée
ci-dessus, cette partie est composée de deux grands chapitres. Le
premier intitulé « problématique de la gestion locale
», prend en charge les problèmes rencontrés au service de
l'État civil et dans la gestion de l'information. Le deuxième
dont le titre est « TIC, clef de réussite de la
décentralisation » évoque les questions de participation
citoyenne et de l'articulation entre TIC, identité et
développement local.
49
CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUES DE LA GESTION
LOCALE
Depuis sa création, la commune a connu une
augmentation importante de sa population et de sa superficie. Par
conséquent, cette situation implique la nécessité de se
doter de moyens performants pour gérer les demandes de la population.
Mieux, la commune doit faciliter la diffusion de l'information pour faciliter
l'intervention des différents acteurs. Partant, ce chapitre prend en
compte la problématique de la gestion au niveau local. Ce, à
travers le problème de la gestion du service de l'État civil et
celui de la gestion de l'information.
I. L'État civil, une équation pour la
population
L'État civil est un service public chargé de
tenir dans chaque commune le registre officiel des mariages, des naissances et
des décès. Dans l'offre de services, celui de la commune de Kolda
est jugé peu satisfait par la plupart de la population
interrogée. Selon l'enquête, 58,7% jugent la durée et la
qualité des services peu satisfaisantes. Même si les
dépôts sont fixés à 15heures et les retraits
à 16heures le lendemain, les personnes sont contraintes de faire
plusieurs allées et retours entre leurs lieux habitations et la mairie.
Avec le processus d'étirement de la commune, 57,7% parcours une distance
longue pour se rendre au centre d'État civil, certains quartiers sont
situés en moyenne à plus de 3km de l'hôtel de ville.
Les koldois de l'extérieur ne sont pas
épargnés des conséquences de la lenteur des
procédures. Ils dépensent beaucoup sur le plan financier dans la
mesure où ils utilisent du crédit pour coordonner avec leur
correspondant local et payent le transport du document. Sachant que le
transport du document coûte en moyenne mille francs cfa et que la
durée moyenne du transport est de vingt quatre heures beaucoup de
koldois éprouvent de la peine pour déposer à temps des
dossiers de concours ou d'emploi.
50
51
Photo 1 : Attente devant le guichet de retrait des
pièces d'État civil
La population de la commune a très fortement
augmenté ces dernières décennies. Avec un taux
d'accroissement moyen annuel de 8,4%, la population est passée de 59076
en 2005 à 74458 habitants en 201456. En plus avec les
sensibilisations menées par les ONG pour l'inscription des enfants
à l'école française, la population tient à
l'obtention, surtout, d'actes de naissance. Ainsi les demandes se sont de plus
en plus multipliées. Bien que les services demandés soient
variés, le seul centre d'État civil de la commune reçoit
des dizaines voire des centaines de demande par catégorie. Compte tenu
de cette situation, les 13 agents ont souvent des difficultés à
respecter leur engagement. La population interrogée affirme qu'il n'est
pas rare de voir des erreurs de correspondance sur les documents rendus aux
demandeurs. Les demandes les plus fréquentes sont les transcriptions,
les déclarations de naissance et les certificats de non
inscriptions57. Par crainte de la récurrence des
désagréments, les agents sont souvent obligés de ramener
chez eux une pile de demandes. De ce fait, ils travaillent jusque tard dans la
nuit et arrivent souvent en retard le matin. La cause du retard de satisfaction
des demandes est surtout liée à la recherche de documents et
à la signature du l'autorité compétente. Souvent, les
personnes essayent de corrompre les agents de la mairie. L'enquête
56 Estimation de la population du
Sénégal de 2005 à 2015, ANSD, 2006
57 Les agents en charge de ces demandes ne
connaissent pas leur nombre exact par jour, semaine ou par mois.
révèle que 57,1% pensent qu'il est possible de
réduit les longs délais par le fait de connaitre le personnel
surtout mais aussi par un payement supplémentaire.
Graphique 4 : Les moyens de réduction de la
durée des services
payement
supplémentaire
29%
négociation
3%
pression
2%
connaissance
66%
Cette situation a conduit à un problème majeur
lié à la question d'attribution de faux numéros de
registres à des personnes. Souvent, des agents sont payés pour
faire de faux extraits de naissance à des personnes. Cela entraine
l'attribution d'un numéro à deux ou plusieurs individus, qui sont
souvent contraints de refaire tous les dossiers obtenus auparavant. La cause
principale de ce facteur est l'immigration. En réalité, ceux qui
arrivent dans la commune choisissent souvent de payer une personne pour obtenir
un papier donné, sans passer par la procédure normale.
Concernant la recherche de document, le seul agent en charge
de cette tâche éprouve
des difficultés pour satisfaire les demandes. Au cas
où cet agent est débordé les transcripteurs prennent le
relai.
52
Photo 2 : Agent en charge de la recherche
documentaire
Pour la gestion des documents, les agents affirment rencontrer
beaucoup de difficultés dans ce domaine. Un agent se confie en ces
termes « Kolda n'est plus dans les années 1960 où il n'y
avait qu'une petite pile de documents. Aujourd'hui, notre souci majeur est la
conservation en toute sécurité des documents à la mairie,
car la plupart sont détruits. D'ailleurs les documents datant
de certaines années comme 1970, même s'ils existent toujours, ils
sont très difficiles à retrouver. Même si le classement est
fait par années les documents sont poussiéreux,
déchirés et parfois éparpillés à
même le sol. L'une des causes de destruction des document est
l'humidité ».
53
Photos 3, 4, 5, 6, 7 et 8: Images prises dans la
pièces à archives
Photo 3 Photo 4
Photos 5 Photo 6
Photos 7 Photo 8
54
55
A l'État civil beaucoup de documents sont
menacés de destruction mais aussi de disparition, compte tenu de la
situation à laquelle ils sont conservés. Au cas où les
pièces demandées ne sont plus retrouvées, les agents de
l'État civil aident le demandeur à formuler une demande
auprès de la justice pour l'obtention d'une attestation de
destruction.
Pendant les années 1990, la plupart des certificats
ont été faits sous forme de volet et plusieurs d'entre eux sont
détruits. Par conséquent, l'intéressé est
invité à se rendre à la gendarmerie pour avoir une copie.
En 2008, la mairie a utilisé la même technique, en enregistrant
les certificats d'administration sous forme de volet et aujourd'hui le risque
de perdre ces documents est énorme. Selon un ancien agent du service,
« l'État civil de Kolda souffre des mêmes
problèmes et la principale cause est surtout le manque de volonté
des dirigeants ». Durant l'entretien, cet agent soulève la
question liée à la déconcentration du service. En effet,
les agents ont formulé plusieurs fois des demandes pour que
l'État civil soit délocalisé vers le centre hospitalier
régional de Kolda et vers le poste de santé de Sikilo. Mais leurs
demandes sont restées sans suite malgré les changements à
la tête de la mairie.
II. Problèmes de gestion de l'information et de
la création d'un
cyberespace
La commune de Kolda rencontre un problème particulier
qui est le manque d'information. Les radios, le moyen d'information le plus
accessible pour la population, offre des journaux en synchronisation avec leurs
stations mères basées à Dakar. Cette situation rend faible
l'accès à l'information locale malgré la présence
de
Koldanews.com qui n'est accessible
que par internet et en français. Ceci, constitue une limite pour une
population faiblement scolarisée. Or, la gouvernance doit remplir une
exigence primaire qui est la disponibilité de l'information. En
réponse à la question liée à l'existence d'une
commission d'information, seul 14% pense qu'elle existe, sur papier, pour la
plupart d'entre eux. Pourtant, une commission en charge de l'information peut
faciliter l'interaction entre les acteurs et fournir à la population les
informations nécessaires. Elle est le point de départ de la
construction d'un système d'information conçu dans la
définition commune comme un ensemble de moyens humains et
matériels destinés pour la collecte, le traitement et la
diffusion de l'information. Toutefois, la mise en place d'un système
d'information nécessite avant tout l'existence de données. Dans
un cadre plus restreint, le système d'information est un ensemble
organisé de ressources matériels, de logiciels, de personnel, de
données et de procédures permettant d'acquérir, de
traiter, de stocker et de diffuser des données sous forme
56
d'images, de textes, de sons, etc. Un système
d'information est la condition même pour la maîtrise du territoire
et de ses ressources. En effet, la procuration d'une information fiable peut
être une opportunité dans la prise de décision.
L'utilisation des TIC dans la conception du système d'information permet
aux différents acteurs de communiquer et de coordonner leurs actions
dans un espace de dialogue permanant, le cyberespace. Ce dernier favorise la
création de nouveaux liens sociaux à travers la construction
d'une intelligence collective58. La construction de la «
commune virtuelle » aide les autorités à recueillir
des informations plus facilement, d'autant plus que les finances des
collectivités locales sont souvent considérées comme
faibles. Le cyberespace doit obéir à trois principes fondamentaux
:
? L'articulation et la mise en place d'un flux d'information
entre les autorités locales, les services techniques, les associations
de population et le secteur privé.
? La définition d'un cadre d'analyse et de recherche
populaire (pratique des acteurs sur la gestion urbaine et le dialogue entre
société civile et autorités locale)
? L'identification des problèmes et des
éléments de lutte contre la pauvreté et de mesure du
progrès accompli pour un changement social significatif.
Le seul objectif d'un cyberespace serait la création
d'un espace de rencontre et de dialogue, afin de renforcer la cohésion
des actions entre les acteurs, gage d'une réussite de la
décentralisation.
Cependant, la conception d'un cyberespace doit se faire dans
« une co-évolution systémique entre les hommes, le
territoire et les technologies, basé sur l'idée d'un espace de
coopération »59. Ainsi, la responsabilité de
la collectivité locale est d'encourager l'usage des outils informatiques
en général et de l'internet en particulier. Et pour assurer la
viabilité du système il faut « la vérité
de l'information » c'est-à-dire l'octroi de la bonne
information de façon régulière.
Conclusion
Les populations se plaignent souvent des services de
l'État civil. Du fait des incohérences mais surtout du retard
dans la délivrance des documents, il est fréquent de voir la
population essayer d'influencer ou de s'en prendre aux agents municipaux
concernés. A cela s'ajoute la difficulté d'informer autour de
l'essentiel afin d'avantager la coexistence entre
58 Pierre Levy « Villes, territoires et
cyberespaces : quelle articulation ? »
59 Serge Sudoplatoff « Information territoriale
et complexité pour une symbolique du territoire ».
les acteurs. Ainsi, il convient de se demander comment mettre
les TIC en service pour réussir la décentralisation.
57
58
CHAPITRE 2 : TIC, CLEF DE RÉUSSITE DE LA
DÉCENTRALISATION
Au lendemain de son indépendance, le
Sénégal a entamé un long processus de
décentralisation. De l'acte I au III, le but de ce processus est de
doter les territoires de capacités pour mieux servir la population et
mieux rapprocher les gouvernants aux gouvernés. Compte tenu de certains
nombres de facteurs liés à la gestion et à l'information,
d'une part et d'autre part de la capacité des TIC à faciliter la
gestion, les outils numériques apparaissent comme un moyen pour
réussir la décentralisation. Ainsi, dans ce chapitre il est
question du rapport entre les TIC et la participation citoyenne dans la
première partie et dans la deuxième partie du rapport entre les
outils numériques et la construction du développement.
I. TIC, outils de participation citoyenne
La participation et la concertation sont une forme
représentative de la démocratie locale. En effet, la vie
politique et administrative est faite d'échanges quotidiens, dynamiques
et exigeants entre les élus et les administrés. En France, les
collectivités locales publient et diffusent aujourd'hui des journaux
d'information sur leurs actions et sur leurs projets entre autres (Diallo,
2007). Pourtant, le Sénégal a voulu instaurer les mêmes
dispositifs à travers la réforme de 1996 qui cherche à
renforcé le droit des citoyens en matières de gestion locale.
L'article 3 du code des collectivités locales stipule que «
Toute personne physique ou morale peut faire au président du conseil
régional, au maire et au président du conseil rural, toutes
propositions relatives à l'impulsion du développement
économique et social de la collectivité locale concernée
et à l'amélioration du fonctionnement des
institutions».60 L'effectivité de cet article n'est
pas visible dans la commune de Kolda où les 92% interrogés
affirment ne jamais avoir les échos de la tenue des assemblées,
diffusés par les radios locales. En effet, les radios ne consacrent
pratiquement pas de temps à la gestion locale, dans la mesure où
la quasi-totalité des journaux sont synchronisés et ont un
caractère national, et les émissions les plus importantes ont
trait à la sensibilisation. Ainsi, seul les 24% sont au courant qu'ils
peuvent participer à la prise de décision locale. En plus,
l'enquête révèle que 89,3% de la population
enquêtée n'ont aucune information sur le budget ou sur les
procès verbaux. Or, l'article 3 poursuit que « Tout habitant ou
contribuable a le droit de demander à ses frais communication, de
prendre copie totale ou partielle des procès-verbaux du conseil
régional, du conseil municipal ou du conseil rural, des budgets et des
comptes, des arrêtés ». La
60 Loi n° 96-06du 22 mars 1996 portant code des
collectivités locales
désinformation de la population est la raison
principale de la faible voire de la non participation à la prise de
décision. La population s'intéresse très peu à la
gestion locale, les rares interventions sont souvent inefficaces soit elles
sont basées sur l'affection politique soit elles ne sont pas pris en
considération par les décideurs.
L'utilisation des TIC peut favoriser la gestion de
proximité prônée par la décentralisation. Les
technologies permettent une présence permanente du maire à
côté de sa population surtout quand il est jugé absent par
84,6% des personnes interrogées. Aujourd'hui, l'idéal veut que
les contacts et les échanges s'organisent au gré des traditions
et des volontés locales61. La participation citoyenne est un
caractère représentatif de la démocratie locale. Les
outils numériques ont beaucoup évolué, les dispositifs
tels les web 2.0, notamment Facebook, permet une interaction permanente entre
élus et électeurs. Les réseaux sociaux peuvent apparaitre
comme un lieu pour recueillir les informations et les avis de la population sur
l'ensemble des sujets en rapport avec la gouvernance locale. De ce fait, ces
réseaux sont capables d'accommoder voir d'enrichir les divers formes de
prises en compte direct des souhaits des citoyens en dehors de la campagne
électorale. Dans un entretien avec le deuxième adjoint au maire,
celui-ci affirme avoir reçu une bonne idée d'un inconnu physique
sur Facebook, concernant la gestion des ordures dans la commune. Les TIC en
général et les réseaux sociaux en particulier sont des
outils capables d'obtenir l'acceptation de tous afin d'éviter les
conflits.
61 I. Diallo, 2007
59
60
Photo 9 : Page Facebook de l'actuel maire Abdoulaye
Bibi Baldé au 20 Janvier 2015
Le maire bien qu'il soit sur Facebook, il fait peu de
publications sur la page. À l'espace de deux (02) mois ses publications
et même ses informations personnelles n'ont pas changé. Or, il est
passé du ministère l'agriculture en 2012 au ministère de
l'environnement en 2015, passant pas celui du plan. Parmi ceux qui sont
interrogés seuls 13,8% sont au courant de la présence du maire
sur le réseau social. Sachant que les 64,7% se connectent et regardant
la page Facebook du maire, la déduction la plus probable est que les
élus locaux accordent peu d'intérêt au réseau
social. D'ailleurs, le secrétaire municipal affirme n'avoir pas le temps
de se connecter sur ces réseaux. Or, le web 2.0 est un excellant outil
de marketing de l'élu, à travers la valorisation de son image et
de ses actions. Les TIC sont un élément de démocratie
61
du public, où est établie une relation de
confiance entre l'élu et son électorat. Mais l'efficacité
des outils numériques parait mal maitrisée62.
Schéma 1 : Description de la démocratie
électronique
Renforcer les interactions et
multiplier les informations
nécessaires au
fonctionnement
Adapter les services
en fonction des
attentes des
populations
Population
Conseillers
Autres
acteurs
Faciliter la
communication et renforcer la proximité et le partenariat
entre les acteurs
Personnel
municipal
Assurer la présence permane nte de l'élu
Maire
? Gérer selon les principes de la bonne gouvernance en
renforçant le dialogue
? Offrir des services publics de qualité
? Renforcer la proximité avec la population
? Assurer le marketing de l'élu et du territoire
? Dématérialiser les procédures et
numériser l'accès au service de l'administration
locale
on » PUF 1998
Réalisation : Mamadou Mounirou Diallo, 2014
Actuellement, le succès de la décentralisation
est lié aux nouvelles conceptions qui accordent plus de place aux
acteurs des territoires, il s'agit de la gouvernance territoriale. En effet, ce
mode gouvernance nécessite l'implication de tous les acteurs, surtout
sans clivage politique ou ethnique, afin de rendre plus efficace les
interventions. En réalité, la gouvernance territoriale est la
capacité des acteurs de discuter sur le fonctionnement du territoire, ce
qui est possible grâce à l'utilisation des TIC. Celles-ci
conduisent à la démocratie électronique, qui peut se
définir comme l'utilisation des TIC en général et
d'internet en particulier pour aider et favoriser la relation entre le citoyen
et l'administration de la collectivité.
62
Ce schéma essaie de décrire la démocratie
électronique. Cette dernière permet la diffusion des informations
détenues par le secteur public et par conséquent un accès
aux documents administratifs. Les TIC sont un instrument qui permet d'instaurer
la transparence et la gestion participative à travers la mise en place
d'un dialogue interactif entre les administrateurs et les différents
acteurs du territoire. Ces outils sont capables d'enrichir et de
compléter la démocratie délégataire. En même
temps ils renforcent le lien entre citoyens, agents et élus, il s'agit
d'un moyen pour donner une explication et un sens à toutes les actions
prises par le maire et les élus. Mais cela n'exclu pas la mise en place
d'un dispositif de contrôle pour une rentabilité de l'usage des
TIC.
1. Dispositions pour un usage profitable des TIC
L'absence ou l'ignorance de l'importance des TIC peut avoir
des effets néfastes sur l'image de l'élu. En effet, les
usagés des outils numériques peuvent manipuler les informations
et induire à des réfutations qui peuvent aller, à la
limite, jusqu'à la question de la légitimité de
l'élu ou de ces actions. Une telle situation peut-être
prévisible dans la commune de Kolda où la population est
très peu informée des actions du maire.
L'histoire a montré combien les TIC sont capables
d'entrainer des mutations en matière de gouvernance. Pendant la
période coloniale, la radio a servi à la naissance et à
l'établissement de mouvements nationalistes63. En 2000, le
téléphone portable à fortement contribué au
processus démocratique du Sénégal, en favorisant la
publication en direct les résultats issus des bureaux de vote.
Récemment, en 2012 notamment, les réseaux sociaux ont
favorisé la destitution de nombreux pouvoirs politiques dont la plus
importante s'est fait dans le monde arabe. En tout état de cause, la
disposition d'une commission en charge de l'information est une
nécessité fondamentale pour la surveillance des débats sur
internet en général et sur les réseaux sociaux en
particulier. La négligence de ce qui peut se passer sur internet est
capable de donner naissance à des courants de contre-pouvoir qui ne
peuvent ni être contrôlés, ni être influencés.
C'est pourquoi il est nécessaire que l'utilisation des TIC dans la
gouvernance soit accompagnée de mesures d'observations.
63 M. Taureg (sous dir.), entre tradition orale et
nouvelles technologies, où vont les mass médias au
Sénégal ? ENDA, 2005
63
Selon Emanuel Eveno64 les TIC sont à la fois
un atout et un inconvénient pour les administrateurs. En effet, Eveno
précise que les TIC sont, d'une part, un avantage pour les gouvernants
dans la mesure où elles disposent d'une capacité de
contrôle social, de propagande, de manipulation et de négociation.
D'autre part, les TIC sont une contrainte pour les administrateurs car elles
peuvent conduire à la déstabilisation du pouvoir. Partant, ce
« quatrième pouvoir » doit faire l'objet de
contrôle pour qu'il ne serve pas de contre-pouvoir.
Il faut noter que l'usage des TIC comme outils de gestion
dans les collectivités locales nécessite également la
détention de l'intelligence technologique, c'est-à-dire une
ressource humaine apte à les utiliser. C'est ainsi seulement qu'on peut
prétendre accroitre les capacités d'échanges et de
contrôle des programmes.
II. TIC, outil fédérateur et de
marketing territorial
Les disparités territoriales au Sénégal
sont causées par la colonisation, et les politiques persistent dans
cette lancée. Malgré la décentralisation
enclenchée, les collectivités locales peinent toujours à
assurer la construction d'un développement local. Parfois, les
régions dites les plus pauvres regorgent en réalité
d'énormes potentialités. Il en est ainsi pour la commune de Kolda
dont les ressources pastorales, agricoles et forestières sont
énormes, mais qui est toujours classée dans le lot des zones les
plus pauvres du Sénégal. Aujourd'hui, le développement
local dépend non seulement du degré de solidarité mais
aussi de la capacité des personnes à « vendre
» leurs localités vers l'extérieur.
La question du développement local est inscrite dans
un élément central qui est le territoire avec ses valeurs
socioculturelles qu'il regroupe. Ces valeurs doivent être mises en avant
partout et tout le temps pour renforcer la notion de solidarité
bâti sur une identité collective. La construction d'un tel
paramètre est « le fruit d'une histoire commune, d'une
réalité et d'un avenir commun. Ce qui fait que les habitants d'un
même territoire vivent ensemble les mêmes difficultés, et
donc, peuvent se donner la main pour s'en sortir »65.
À cet effet, les TIC apparaissent comme un outil
fédérateur autour de l'essentiel, le territoire. Toutes les
populations sont attentives quand le nom de leurs lieux d'origine
apparaît à la radio, la télévision ou sur Internet
et les koldois ne font pas l'exception, cela se confirme à
64 Dans son livre « Les pouvoirs urbains
face aux technologies de l'information et de la communication » paru
en 1997.
65 Djibril Diop Décentralisation et
gouvernance locale au Sénégal, quelle pertinence pour le
développement local. L'harmattan 2006.
64
travers l'entretien avec une conseillère municipale.
Elle dit « quand je vois ou j'entends le nom de Kolda quelque part,
c'est comme s'il y'avait une force qui me retient pour regarder ou
écouter. Parfois, je vois des publications de jeunes sur
Facebook dans lesquelles ils écrivent : si tu aimes Kolda clique sur
j'aime, je le fais automatiquement sans même regarder qui en est l'auteur
».Dans ce cas, les technologies de l'information sont capables d'unir
les populations sans distinction. Également, elles permettent de
valoriser les ressources et de magnifier une zone pour qu'elle reçoive
l'affection et l'appui de sa population interne et externe. Les TIC peuvent
également favoriser la pérennité des ressources gage d'un
développement local durable. La globalisation a permis
l'émergence et l'accentuation des puissances politiques,
économiques, sociales et culturelles transnationales. Ces puissances ont
influencé des sociétés qui perdent leur fixation aux
valeurs locales sans atteindre les réalités globales. De ce fait,
il importe de reconstruire et de valoriser les cultures pour promouvoir
l'identité territoriale facteur de développement. Le
développement n'est pas seulement l'abondance de moyens financiers ou de
ressources, il est également construit autour d'un triptyque territoire,
acteurs et institutions. La réussite d'un dialogue tripartite de cette
envergure doit avoir un outil de communication libre et puissant que seul les
TIC peuvent fournir. Il faut noter que la dynamique associative favorise, dans
une certaine mesure, la construction d'un bien-être social et
économique.
La commune de Kolda, marquée par la faiblesse
économique, le chômage, le manque d'infrastructures et
d'équipements, a éventuellement des chances de dépasser
cette situation grâce à la coopération. Selon la Banque
Mondiale, la construction du développement économique et social
obéit au principe 3D66. Les 3D sont : la Densité
(les zones économiquement fortes sont densément
peuplées), la Distance (la construction d'infrastructure
réduit la distance économique), et la Division (il faut
réduire la division à travers l'intercommunalité et la
coopération économique entre les zones pour un
développement de qualité). Étant donné que la
commune de Kolda est considérée comme enclavée à
cause de la faiblesse des infrastructures de transport et qu'elle dispose une
population peu formée, également passible à l'exode et
à l'émigration, l'un des soubassements pour construire le
développement est la réduction de la division. Pour ce faire, il
faut parvenir à s'ouvrir au local (national) et au global à
travers un véritable marketing des ressources et des projets de la
commune. Ce marketing territorial permettra de hausser à la
66 Rapport de la Banque Mondiale sur la
géographie économique, 2009
65
fois le niveau de coopération et de favoriser
l'intercommunalité67. Ainsi la commune doit produire son
information territoriale et parvenir à la faire valoir. Dans ce cas
l'usage des TIC sonne comme un recours pour le développement multi
acteurs.
Face au manque de renseignements dont dispose la population,
elle intervient peu dans la gestion de la commune. Or, les TIC, avec les
nouveaux dispositifs tels que le web 2.0, facilitent l'intervention des
gouvernés auprès des gouvernants. Curieusement, les
autorités locales utilisent peu ces outils pour la gestion. En
même, temps ces outils permettent la construction de nouvelles bases de
développement.
Conclusion partielle
La question du service de l'État civil soulève
d'importants débats dans la commune. En effet, le service regorge
d'énormes problèmes qui entrainent parfois des différends
entre agents et population. Bien que la population soit peu formée dans
le domaine des technologies, la faible abondance et la restriction de
l'information limitent les débats entre les acteurs. Ce fait entrave la
bonne gouvernance et par conséquent le développement local.
67 C'est quand deux ou plusieurs collectivités
locales unissent leurs forces pour réaliser des projets. Ce
système est promu dans l'acte III de la décentralisation.
66
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le développement des TIC n'épargne aucun pays,
même si les opportunités offertes par ces outils semblent plus
profitables aux pays développés que les pays en
développement. Tout de même, les pays africains continuent de
porter un grand espoir à l'égard des TIC en général
et de l'internet en particulier (Ba, 2003). Ces espoirs se lisent à
travers tous les discours, mais aussi à travers la part importante que
les TIC occupent dans le PIB de ces pays. L'envahissement par les technologies
de la quasi-totalité des sociétés postindustrielles fait
émerger la réflexion et des stratégies pour mieux
gérer les flux qu'elles créent. Dès le lendemain de son
indépendance, le Sénégal a pris en considération
des enjeux que comportent les télécommunications. Après
une série de réformes, le pays tente toujours de mettre les TIC
au service de la gouvernance. Parallèlement, les collectivités
locales sont confrontées à des enjeux communs, liés
à la communication entre les acteurs. Ainsi, la nécessité
de disposer de l'information est devenue un besoin fondamental aussi bien pour
les gouvernants que pour les gouvernés. Cela justifie l'engouement de la
commune de Kolda pour les TIC, la conduisant à l'abandon progressif des
méthodes traditionnelles de communications. Toutefois, il n'est pas
aisé de parler d'une véritable politique dans le domaine, surtout
au regard des contraintes notées dans le service de l'État de
civil. En effet, la population de Kolda rencontre de nombreuses
difficultés liées au déplacement et au coût pour
l'obtention de ses pièces d'État civil dont la plupart ont
disparu ou sont détruit. Pourtant, les TIC offrent plusieurs
opportunités susceptibles d'octroyer de meilleurs services à la
population. Même si de part et d'autre les TIC sont perçues comme
une alternative crédible pour améliorer les conditions de vie,
les outils numériques apparaissent peu dans la gestion. Il faut noter
que la réalité du processus d'insertion de ces outils et leur
impact en particulier sur la reconfiguration du pouvoir et des territoires sont
encore mal connu68.
Cette recherche reposait sur les hypothèses selon
lesquelles les TIC peuvent être une solution au «
désenclavement » et qu'elles sont capables d'implanter de
nouveaux dispositifs pour la réussite de la décentralisation. Il
est vrai que les TIC sont magnifiées partout et tout le temps, mais
elles ne peuvent avoir un apport considérable que quand leur utilisation
sera faite à bon escient. De même, il faut une population
prête à accueillir les TIC dans toute leur
68 Chenau-Loquay, entre local et global, quel
rôle de l'État africain face au déploiement des
réseaux de télécommunications ? Exemple du Mali et du
Sénégal. Afrique contemporain, numéro spécial, 199,
juillet-septembre 2001, p36-46
diversité, ce qui leur permettra de construire un
développement local. Face à la lenteur des attentes de la
décentralisation, les TIC peuvent apparaitre comme une clef de
réussite de ce processus, tout en étant un facteur
d'intégration. La faible utilisation des TIC semble, aujourd'hui,
entrainer l'amplification de nombreux problèmes de gestion. Or, cette
situation pouvait de loin être dépassée. L'utilisation des
outils numériques dans les différentes phases de la gouvernance
locale doit être pour toutes les collectivités locales un
défi comparable à celui de la distribution de l'eau, des services
ou de l'électricité.
Malgré la prise de conscience du pouvoir
étatique à l'aube de l'indépendance, il y'a toujours une
discontinuité dans les politiques de l'État dans le domaine. La
fracture numérique est une réalité qui s'ajoute à
la liste des intermittences économiques, démographiques et
sociales de la capitale vers l'intérieur du pays.
L'optimisme des gouvernants à l'égard des TIC
est grand et continue d'inspirer les sociétés, même si
elles sont souvent caractérisées par la faiblesse de la formation
de leurs populations. Ce qui semble le plus important pour le moment c'est
l'aide des dirigeants qui doit être apportée aux populations des
pays en développement, afin qu'elles puissent maitriser les TIC. C'est
ainsi seulement qu'elles comprendront que les outils numériques sont des
atouts additionnels pour les territoires.
67
68
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5. Communications et discours
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· Journal Sud quotidien du 04 Août 2008
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gouvernemental le 15 mars 2005
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www.adie.sn
· Le site de l'ARTP :
www.artp.sn
· Le site
www.cybergeo.presse.fr
· Le Blog de H. Bakis :
hbgeo.over-blog.com
· Le site
www.memoireonline.com
· Le site OSIRIS :
www.osiris.sn
· Le site
www.sauvonsluniversite.com
· Le site du PNUD :
www.undp.org
·
72
Le site du groupe Banque Mondiale sur la diffusion des TIC :
www.worldbank.org/ic4d.
· LISTES DES CARTES
Carte 1 : Carte de localisation de la commune
de Kolda - 31
Carte 2 : Processus d'occupation de l'espace de
la commune de Kolda - 32 Carte 3 : Carte de localisation des
habitations par rapport à la mairie - 34
· LISTES DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Répartition des points
d'accès publics à internet - 38 Graphique 2 :
Répartition des émissions en fonction de leur importance
- 42 Graphique 3 : Répartition de l'utilisation de
l'internet selon l'âge - 46 Graphique 4 : Les moyens de
réduction de la durée des services - 52
· LISTE DES ENCADRÉS
Encadré 1 : Extrait d'entretien avec le
délégué de quartier Sikilo M. Mamadou
Dianfo-
41
Encadré 2 : A propos de
Koldanews.com -43
Encadré 3 : Extraits de l'entretien avec
M. Diao Secrétaire municipal de la commune de Kolda, 2014 -
44
· LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Attente devant le guichet de retrait
des pièces de l'État civil - 51
Photo 2 : Agent en charge de la recherche
documentaire - 53
Photo 3, 4, 5, 6, 7, 8 : Images prises dans la
pièce à archives - 54
Photo 9 : Page Facebook de l'actuel maire
Abdoulaye Bibi Baldé au 20 janvier 2015 - 59
· LISTE DES TABLEAUX
73
Tableau 1 : Répartition des
questionnaires selon les quartiers - 26
Tableau 1 : Accroissement de la population de la
commune de 1930 à 2013 - 34 ? LE
SCHÉMA
Schéma 1 : Description de la
démocratie électronique - 61
L'ANNEXE
Questionnaire principal
ENQUÊTE AUPRÈS DE LA POPULATION SUR L'UTILISATION
DES TIC DANS LA GESTION DE LA COMMUNE DE KOLDA
Cette enquête est effectuée dans le cadre d'un
travail de mémoire portant sur l'analyse de l'usage des Technologies de
l'Information et de la Communication (TIC) dans la gestion de la commune de
Kolda. Les résultats obtenus seront strictement réservés
à des fins scientifiques et ne seront pas destinés à la
vente. Merci d'avance de votre collaboration.
Mamadou Mounirou Diallo
Géographie/UCAD
2013/2014
I. FONCTIONNEMENT DES SERVICES A LA MAIRIE ET GESTION
ELECTRONIQUE
1. Comment jugez-vous les horaires d'ouverture ?
|__|1. Très favorable |__| 2. Favorable |__| 3. Peu
favorable |__| 4. Pas du tout favorable
2. Comment jugez-vous la durée et la qualité des
services à la mairie ?
|__|1. Pas du tout satisfaisantes |__|2. Peu satisfaisantes
|__|3. Satisfaisantes |__|4.
Très satisfaisantes
3. Avez-vous la possibilité de réduire les
délais des services à la mairie ?
|__|1. Oui |__|2. Non
Aller à '4-Comment réduire' si Réduction
de délai = "Non"
4.
Si oui comment ?
5. La mairie utilise t-elle les TIC ?
|__|1. Oui |__|2. Non |__|3. Ne sais pas
Aller à '6-Appréciation de l'usage' si TIC
à la mairie = "Oui"
6. Si oui comment appréciez-vous le niveau
d'utilisation des TIC à la maire ?
|__|1. Très Important |__|2. Important |__|3. Faible
|__|4. Très faible
7. Connaissez-vous des politiques dans le domaine des TIC
menées par la mairie ?
|__|1. Oui |__|2. Non
Aller à '8-Quelles politiques' si Politiques TIC =
"Oui"
8. Si oui lesquelles ?
9. Quelles sont les contraintes liées au
développement des TIC dans la commune ?
|__|1. Organisationnelles |__|2. Financières |__|3. De
Compétences |__|4.
Politiques |__|5. Juridiques |__|6. Autre
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
10.Si 'Autre', précisez :
II. NIVEAU D'UTILISATION DES TIC
11.
74
Avez-vous un téléphone portable ?
|__|1. Oui |__|2. Non
12. Avez-vous un ordinateur ?
|__|1. Oui |__|2. Non
13. Vous connectez-vous sur internet ?
|__|1. Oui |__|2. Non
Aller à '14-centres d'intérêt' si
internet = "Oui"
75
Aller à '16-Connexion lieu' si internet = "Oui" Aller
à '17-Coût/connexion' si internet = "Oui"
14. Quels sont vos principaux centres d'intérêt
?
|__|1. Communication |__|2. Jeux |__|3. Travail |__|4.
Études |__|5.
Forums |__|6. Informations |__|7. Autre
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
15.
Si 'Autre', précisez :
16. Quel est votre lieu de connexion ?
|__|1. A domicile |__|2. Lieu de travail |__|3. Lieu public
|__|4. Portable
|__|5. Cyber
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
17. Comment jugez-vous le coût de la connexion ?
|__|1. Très abordable |__|2. Abordable |__|3. Très
cher |__|4. Cher
18. Comment contactez-vous la mairie en cas de besoin ?
|__|1. Par téléphone |__|2. Par mail |__|3. Par
déplacement |__|4. Par le
chef de quartier
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
Aller à '19-distance' si Besoin à la mairie =
"Par déplacement"
19. Comment jugez-vous la distance entre votre domicile et la
mairie ?
|__|1. Très longue |__|2. Longue |__|3. Acceptable
20. Le maire est-il sur les réseaux sociaux ?
|__|1. Oui |__|2. Non |__|3. Ne sais pas
Aller à '21-RS interventions' si RS du maire =
"Oui"
21. Si oui quelles sont ses principales interventions ?
22. Que pensez-vous de l'usage des TIC à la mairie ?
76
III. NIVEAU D'INFORMATION ET DE PARTICIPATION DE LA POPULATION
23. Quel est le mode de communication de la mairie ?
|__|1. Affiches à la mairie |__|2. Affiches à
l'extérieur de la mairie |__|3. Distribution
d'annonce à la rue |__|4. Les chefs de quartiers |__|5.
Communiqué de presse
|__|6. Internet |__|7. Griot |__|8. Autre
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
24.
Si 'Autre', précisez :
25. Avez-vous eu une information sur une possibilité
d'enregistrer les naissances via le téléphone portable ?
|__|1. Oui |__|2. Non
26. Savez-vous que vous pouvez participer aux
assemblées des conseillers ?
|__|1. Oui |__|2. Non
Aller à '27-Participation à
l'assemblée' si Assemblée = "Oui"
27. Avez-vous une fois participé à une
assemblée ?
|__|1. Oui |__|2. Non
28. Les radios locales vous informent-elles de la tenue des
assemblées ?
|__|1. Oui |__|2. Non
29. La mairie recueille t-elle les avis des populations ?
|__|1. Oui |__|2. Non |__|3. Ne sais pas
30. Le maire reçoit-il ?
|__|1. Pas du tout |__|2. Tous les jours |__|3. Uniquement sur
rendez-vous
|__|4. Rarement |__|5. Autre
31.Si 'Autre', précisez :
32.
77
La mairie publie t-elle le budget ?
|__|1. Oui |__|2. Non |__|3. Ne sais pas
33. Combien de chaines de radios peut-on avoir dans la
commune ?
| | | | | | | | | | |
34. Quelles types d'émission écoutez-vous le
plus ?
|__|1. Musicales |__|2. Sensibilisation |__|3. Sportifs
|__|4. Comiques
|__|5. Politiques |__|6. Information |__|7. Autre
Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au
maximum).
35.
Si 'Autre', précisez :
36. La mairie a t-elle une commission en charge de
l'information ?
|__|1. Oui |__|2. Non |__|3. Ne sais pas
IV. IDENTIFICATION
37. Genre ?
|__|1. Masculin |__|2. Féminin
38. Quel est votre tranche d'âge ?
|__|1. 15-20ans |__|2. 20-25ans |__|3. 25-30ans |__|4.
30-35ans |__|5.
35-40ans |__|6. 40ans et plus
39. Quel est votre niveau d'étude le plus
élevé ?
|__|1. Non instruit |__|2. Primaire |__|3. Moyen |__|5.
Universitaire
40. Êtes-vous salarié ?
|__|1. Oui |__|2. Non