III.4- Canal de l'inflation
Selon Carton (2005), le différentiel d'inflation entre
le pays en déficit et ses partenaires de la zone euro dégrade sa
compétitivité. À plus long terme, celle-ci doit se
rétablir, ce qui passe par une activité moins dynamique dans le
pays que dans le reste de la zone euro. Taylor (2007), dans sa théorie
explique que les autorités monétaires ne prennent pas
explicitement en compte le comportement des autorités budgétaires
ou même la situation des finances publiques. Il montre l'existence d'un
écart monétaire qui nait souvent entre la valeur observée
du taux de croissance tendanciel de la masse monétaire et sa valeur de
référence compatible avec le taux d'inflation. Le recours au
modèle NIGEM21 dans le cas de l'union monétaire
aboutit au résultat suivant : l'existence de la monnaie unique renforce
l'efficacité immédiate d'une politique budgétaire
expansionniste menée dans un pays, mais au prix d'un impact
négatif notable sur les partenaires de la zone euro à moyen
terme.
Dans la zone UEMOA, la transmission de l'inflation entre les
pays du noyau dur de l'UEMOA22 et les pays les plus pauvres d'une
part, et d'autre part entre les pays de la zone Franc et la France a
été étudiée par Honohan (1992) ; Boccara et
Devarajan (1993). Ils concluent à l'existence d'un noyau commun du taux
d'inflation qui tourne autour de celui de la France, mais rejettent la
cointégration des séries de taux d'inflation dans la zone UEMOA.
Une hausse des dépenses publiques peut accroître l'inflation
nationale et l'inflation moyenne de l'Union. Si la banque centrale commune de
l'Union réagit par une politique monétaire restrictive, cela peut
affecter négativement l'activité de tous les pays membres de
21 NIGEM est un modèle
macro-économétrique multinational permettant de stimuler les
effets sur les principales variables macroéconomiques (prix, production,
emploi, taux d'intérêt, taux de change, balance courante...) d'un
grand nombre de pays (OCDE, émergents, NEM...) des politiques
macroéconomiques (fiscales, budgétaires et monétaires) ou
d'événements économiques divers (changement de taux
d'épargne, prix immobilier, prix du pétrole...)
22 Le noyeau dur de l'UEMOA c'est la Côte d'Ivoire et le
Sénégal
91
l'Union. Une hausse de l'endettement consécutive
à une politique budgétaire expansionniste peut affecter les taux
longs à l'intérieur de l'union, Sarr (2006).
L'argument justifiant une discipline budgétaire au sein
d'une union monétaire est l'existence d'externalités induises par
les politiques budgétaires ; à cela s'ajoute
l'interdépendance croissante des économies. Pour remédier
à cette situation, une coordination des politiques économiques
est mieux pour stabiliser les chocs asymétriques et rendre plus efficace
l'action budgétaire dans l'union.
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