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Analyse de la structure spatiale de l’occupation du sol de la ville de Bukavu.


par Biringanine Mugisho
Université Catholique de Bukavu - Graduat en Sciences de l'environnement 2019
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU

Falcuté des Sciences

Département des Sciences de l'envioronnement

Année académique 2018 - 2019

B.P : 285 Bukavu

Analyse de la structure spatiale de l'occupation du sol de
la ville de Bukavu

Travail de Fin de Cycle présenté en vue de l'obtention du diplôme de graduat en Sciences de l'Environnement

Présenté par MUGISHO BIRINGANINE David

I

EPIGRAHE

«J'ai encore vu, sous le soleil, que la course n'est pas réservée aux plus
rapides, ni la guerre aux vaillants, ni même le pain aux sages, la richesse
aux intelligents ou la faveur à ceux qui ont de la connaissance.

En effet, ils dépendent tous des circonstances, favorables ou non».

ECCLESIASTE 9: 11

II

Remerciements

Le fruit de ce travail est l'émanation de plusieurs « planteurs de l'esprit » qui ont labouré l'imagination pour faire germer les épis des sciences naturelles, humaines et sociales. C'est l'occasion, pour nous, de saluer leur persévérance à apporter des sésames de clarté à certaines zones d'ombre.

A ce terme, nous rendons grâce au bon Dieu qui nous a éclairé et conduit durant l'élaboration de ce modeste travail.

Nos remerciements et gratitudes sont adressés à l'assistant Msc Aloïse BITAGIRWA qui a fait preuve d'une grande bravoure et détermination de par ses suggestions, conseils et remarques qui ont permis à ce travail de voir le jour. A tous les membres du corps administratif et enseignant du département de l'Environnement. Particulièrement au professeur Fils MAKANZU, titulaire du cours de Système d'Information Géographique (SIG) et initiation à la télédétection.

Nous ne pouvons toutefois oublier les personnes qui ont forgé notre personnalité morale, scientifique et spirituelle afin que nous puissions être sur cette voie lumineuse donnant ainsi un plus dans la recherche des solutions aux problèmes environnementaux. C'est ainsi que nous exprimons, avec un coeur sincère, notre gratitude envers toute la famille BIRINGANINE. A vous très chers parents, Vincent BIRINGANINE et Esperance KITOGA, pour la détermination et soutient dans notre cursus universitaire. A vous mes frères, soeurs et amis, pour les conseils et prières : Yvette BIRINGANINE, Fidèle BIRINGANINE, Noëlla BIRINGANINE, Victor BIRINGANINE, Déogratias BIRINGANINE, Claudine BIRINGANINE, Daniella BIRINGANINE, Benjamin BIRINGANINE, Marcellin AMPIRE, Daniel NSHOKANO, Antony LUKANGA et Justin MURHULA.

III

Résumé

L'expansion croissante des zones urbaines influencée par une pression démographique se manifeste de plus en plus dans les pays en voie développement. Ce phénomène entraine une dégradation prononcée du couvert végétal suite à une demande foncière spectaculaire. La ville de Bukavu, site de la présente étude, n'est pas exemptée de ce constat funeste, qui subit chaque année un important flux migratoire. C'est dans ce cadre que notre étude s'est fixée comme objectif d'analyser la structure spatiale de la ville de Bukavu afin d'avoir une meilleure connaissance de son occupation du sol. La télédétection, le système d'information géographique et l'écologie du paysage ont été utilisés comme outils principaux pour réaliser cette étude. A l'aide de la matrice de confusion, la classification a été jugée fiable à 78,89% (coefficient kappa). Quatre classes pertinentes d'occupation du sol ont été retenues, notamment le sol nu et les bâtis, les savanes (boisée, arborée, et arbustive), les savanes herbeuses et les forêts. Il ressort que le sol nu et les bâtis occupent 54,74% de la surface totale de la zone d'étude qui est suivi par les savanes occupant 19,25%, par les savanes herbeuses occupant 15,11% et enfin par les forêts occupant 10,92% de la superficie totale de la zone d'étude. Ceci confirme l'intensification des activités anthropiques dans cette zone d'étude qui modifie petit à petit les milieux naturels. Cette situation peut être inversée en adoptant une meilleure politique d'urbanisation tout en y intégrant la notion de restauration et protection du couvert végétal, notamment la création des réseaux écologiques qui relient les parcelles d'habitats le long du gradient urbain rural, la restauration des espaces verts publics et la mise en place de toits verts et de murs végétaux.

Mot clés : Urbanisation, télédétection, SIG, ville de Bukavu, écologie du paysage, dégradation du couvert végétal.

IV

Abstract

The increasing expansion of urban areas influenced by demographic pressure is increasingly evident in developing countries. This situation leads to a marked degradation of vegetation cover as a result of spectacular land demand. The city of Bukavu, site of this study, is not excluded from this fatal finding, which undergoes a large migratory flow each year. Thus, our study set itself the objective of analyzing the spatial structure of the city of Bukavu in order to have a better knowledge of its land use. Remote sensing, geographic information system and landscape ecology were used as the main tools to carry out this study. Using the confusion matrix, the classification was deemed reliable at 78.89% (kappa coefficient). Four relevant land use classes were selected, including bare soil and beds, savannas (wooded, shrubby), grassy savannas and forests. It appears that bare soil and beds occupy 54.74% of the total area of study which is followed by savannas occupying 19.25%, grassy savannas occupying 15.11% and finally by forests occupying 10.92% of the total area of the study area. This confirms the intensification of anthropogenic activities in this study area, which is gradually altering natural environments. This situation can be reversed by adopting the best urbanization policy while integrating the notion of restoration and protection of vegetation cover, including the creation of ecological networks that connect habitat patches along the rural urban gradient, restoration public green spaces and the installation of green roofs and green walls.

Key words : Urbanization, remote sensing, GIS, Bukavu city, landscape ecology, degradation of vegetation cover.

V

Table des matières

EPIGRAHE I

Remerciements II

Résumé III

Abstract IV

Table des matières V

Liste des tableaux et figures VI

Introduction 1

Chapitre 1 . Revue de la littérature 4

1.1. Croissance urbaine et ses conséquences 4

1.2. La télédétection comme outils d'analyse du paysage 8

1.3 Principaux concepts de l'écologie du paysage 15

Chapitre 2 Milieu, matériels et méthodes 20

2.1. Milieu d'étude 20

2.2. Démarche méthodologique : outils et méthodes d'analyse du paysage 22

Chapitre 3 . Résultats 29

3.1 . Composition colorée 29

3.2 Classifications et cartographie de l'occupation du sol 31

3.3 . Ecologie du paysage 37

Chapitre 4 . Discussion 39

4.1 . Démarche méthodologique 39

4.2 . Analyse de la structure spatiale 41

Conclusion et perspectives 42

Références bibliographiques 44

VI

Liste des tableaux et figures

Tableau 1.1. Quatre types d'images satellitaires et leurs caractéristiques spécifiques (CCT,

1995). 12

Tableau 2.1. Données de la station météorologique de Bukavu (1478 m d'altitude). 21

Tableau 2.2. Caractéristiques du satellite d'observation de la terre Landsat 5

( https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Programme_Landsat) 23

Tableau 3.1. Présentation des résultats de calcul de la matrice de confusion réalisée dans le

logiciel Envi4.7. 34

Tableau 3.2 Présentation des résultats des indices de structure de paysage 37

Figure 1.1. Population urbaine et rurale dans le monde, 1950-2050 (UN, 2014) 5

Figure 1.2. L'évolution de la population de Bukavu de 1958 à 1976 (Chamaa et al., 1981) 6

Figure 1.3.Schéma général de fonctionnement (source Manuel TELCAN, 2013) 8

Figure 1.4. Pourcentage du rayonnement absorbé par l'atmosphère (source Manuel TELCAN,

2013). 10

Figure 1.5. La signature spectrale de quatre surfaces source Manuel (TELCAN, 2013). 11
Figure 1.6. Les positions spatiales et les valeurs de niveau de gris dans une image satellitaire. Le niveau de gris d'un pixel est une grandeur proportionnelle à l'intensité du signal réfléchi par

ce pixel lorsqu'il est radié notamment par une onde électromagnétique. 11

Figure 1.7. Illustration d'une classification et analyse des images 14

Figure 1.8. Le paysage, niveau d'organisation des systèmes écologiques situés au-dessus de l'écosystème, mais en dessous de la région et du continent (Forman, 1995 dans Burel et Baudry,

1999). 16
Figure 1.9. Eléments de base d'une structure paysagère formant le paysage à savoir les taches,

les corridors et la matrice (Burel et Baudry, 2003). 17
Figure 1.10. Eléments clés d'un système écologique applicable à chaque échelle spatio-temporelle: la structure du paysage, la composition et les fonctions présentes dans le paysage

(Noon et al.,1997 in Bogaert et al., 2005). 18
Figure 2.1. Localisation de la ville de Bukavu dans la province du Sud Kivu en République

Démocratique du Congo. 20
Figure 2.2. Etapes principales pour la classification de l'image, depuis le choix de l'image

jusqu'à la classification acceptable. 26
Figure 3.1. Composition colorée en fausse couleurs de l'image TM de Landsat 5 de la zone

d'étude réalisée par la combinaison de bandes du rouge, du bleu et du proche Infrarouge 30

VII

Figure 3.2. Classification non supervisée de l'occupation du sol de Bukavu ayant 100 classes à

fusionner. 32
Figure 3.3. Regroupement des valeurs radiométriques des classes d'occupation du sol dans les canaux du Rouge et Proche-Infrarouge (PIR). Les traits horizontaux et verticaux représentent

les écarts-types des différentes classes autour de la moyenne. 33

Figure 3.4. Carte de l'occupation du sol dans la ville de Bukavu donnant quatre classes. 36

Figure 3.5. Distribution des différentes classes de l'occupation du sol dans la ville de Bukavu.

38

VIII

Sigles et abréviations

SIG : Système d'Information Géographique

PIR : Proche Infrarouge

NDVI : Indice par Différence Normalisée de la Végétation

K : Coefficient Kappa

GPS : Global Positioning System

TM : Thematic Mapper

1

Introduction

L'étude de l'occupation du sol est une entrée privilégiée dans l'évaluation des interactions entre l'Homme et son milieu (Kpedenou et al., 2018). Avec le temps, ces interactions qui jadis se limitaient à une simple satisfaction des besoins élémentaires sans avoir d'impacts majeurs sur l'environnement, ont actuellement pris une tournure de plus en plus dévastatrice s'accompagnant non seulement par des répercussions directes sur la nature entre autres l'érosion des sols, la perturbation de tout le cycle de l'eau, l'émission de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à l'échelle planétaire que l'industrie des transports (Vink, 1983), mais éventuellement, la perte définitive de certains avantages pour les êtres humains (Ramsar, 2014). Sur le plan international, la thématique liée aux problèmes environnementaux et ses conséquences préjudiciables à la survie des êtres vivants fait couler beaucoup d'encres. Un véritable monde des catastrophes naturelles s'est constitué au niveau international et s'est peu à peu institutionnalisé (Environnement Canada, 2018). Selon les statistiques de 2015, entre 1994 et 2015 plus de 8600 catastrophes naturelles ont fait plus de 1,5 millions de morts sur l'ensemble de la planète, soit près de 76000 victimes par an et généralement localisés dans des milieux urbains (CRED, 2015). La communauté scientifique chargée de l'évaluation d'impacts environnementaux pointe du doigt le souci de l'homme de modifier le plus possible la nature pour ses fins diverses (Seto et al., 2011). Aujourd'hui l'humanité connait une expansion croissante des zones urbaines qui se prononce par une artificialisation des milieux naturels (Ferland, 2015). Cette tendance aboutit à la conversion des zones de végétation naturelle en zone de cultures ou la conversion des zones de cultures en zone d'habitation (Ferland, 2015).

Dans le pays en voie de développement, notamment ceux de l'Afrique, l'urbanisation rapide a commencé à se manifester depuis les années 1950. Cette période correspond à la naissance mais surtout l'expansion des grandes villes situées sur les zones littorales. Cette situation est née de la concentration dans les centres urbains des services administratifs, des entreprises et des marchés. Elle a entraîné d'importants flux migratoires et a abouti à une macrocéphalie du tissu urbain (Vennetier, 1991 cité dans Diop, 2006).

En République Démocratique du Congo, on constate un déséquilibre entre les villes et les milieux ruraux dans les différentes provinces. Les villes sont généralement très peuplées subissant chaque année un important flux migratoire (Chamaa et al., 1981). Certaines villes situées dans les zones littorales, notamment la ville Bukavu, ne sont pas exemptées de ces

2

phénomènes alarmants et incontrôlés. La ville a assisté à une augmentation spectaculaire de sa population de 79,8 % entre 1972 et 1974. Durant cette période, la ville a accueilli des flux de 30000 personnes par an (Chamaa et al., 1981). Avec un taux de croissance annuel de 4 %, la demande foncière devient insoutenable : 1000 nouveaux arrivants chaque année, soit une demande 1000 nouvelles parcelles (ONU-Habitat, 2014). A cela s'ajoute, la construction des infrastructures issues de la demande sociale (écoles, réseau d'adduction d'eau, hôpital, marché, station d'épuration des eaux et routes) (Ferland, 2015). Avec cette demande, les autorités urbaines ne sont plus à mesure de distinguer les sites propres aux habitations et ceux impropres (terrains à fortes pentes, c'est-à-dire dépassant 30° des terrains constitués des sols fragiles et des espaces verts) (Sherula, 2017). La ville a connu dès lors, une augmentation spectaculaire des catastrophes naturelles et qui se répercutent sur le paysage de la ville, jadis appelée Bukavu la verte, et les valeurs socio-économiques de la population (Ndyanabo et al., 2010). Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (2016), entre 2014 et 2015, les catastrophes naturelles ont causé 195 morts dans cette ville soit une moyenne de 4 personnes par mois. Plus de 24700 personnes ont été directement affectées (destruction des maisons, inondations des routes,...) par ce fléau. Pourtant, le couvert végétal joue un rôle essentiel dans l'espace urbain. Son existence est nécessaire à la production de l'oxygène et au recyclage des rejets gazeux afin d'assurer un équilibre écologique (Grimm et al., 2008). Il est d'autant plus efficace qu'il absorbe l'énergie cinétique des gouttes de pluie pour arrêter l'érosion et maintient une bonne porosité à la surface du sol (Ferland, 2015).Cependant, il est ainsi donc nécessaire de se rendre compte de la situation de l'utilisation du sol dans la ville de Bukavu au regard de ces observations funestes.

A cet effet, les informations issues de l'analyse de l'occupation du sol sont toujours utiles dans l'identification des stratégies appropriées pour mieux gérer l'état de l'utilisation des terres enfin de promouvoir le développement durable (Mas, 2000 ; Lu et al., 2004). Il requiert donc de se poser la question de savoir quel est l'état actuel de l'occupation du sol dans la ville de Bukavu ?

A la lumière de cette question, ce travail examine l'hypothèse selon laquelle dans cette ville où l'explosion démographique bat son plein avec une densité de 13 449 hab. /km2 en 2012 (Godding, 2013), il existerait un nombre élevé de petites taches de savane herbeuse et que la classe sol nu et les bâtis constituerait la classe dominante dans ce paysage. Duvigneaud (1958), Bizangi (1983), Mbenza (1994) avaient signalé déjà que les migrations ethniques intra et extra régionales au cours des dernières décennies étaient la cause de la dévastation des vastes étendues de forêt dans la ville de Lubumbashi.

3

La présente étude a pour objectif global de contribuer à une meilleure connaissance de l'occupation du sol de la ville de Bukavu. Spécifiquement, il cherche à analyser la structure spatiale de la ville de Bukavu à partir de données de télédétection, du système d'information géographique et d'outils d'analyse de l'écologie du paysage.

C'est dans ce cadre que la présente étude engagera comme objectifs opérationnels de :

? réaliser une composition colorée permettant de rehausser les valeurs radiométriques afin d'analyser efficacement l'occupation du sol et en particulier la végétation ;

? réaliser une classification non supervisée et une cartographie de l'occupation du sol reprenant les classes : Forêt, Savane, Savane herbeuse, et Sol nu et bâtis ;

? valider la classification non supervisée à partir de la matrice de confusion ;

? quantifier la structure spatiale des différentes classes à partir des indices de structure spatiale.

Hormis l'introduction et la conclusion, le travail est subdivisé en 4 chapitres. Le chapitre premier fait une synthèse bibliographique sur la télédétection et la dégradation du couvert végétal. Le chapitre deuxième contextualise le cadre d'étude et présente les matériels utilisés ainsi que les méthodes suivies. Dans le troisième chapitre, les principaux résultats cartographiques et de la classification sont présentés et interprétés. Enfin, le quatrième chapitre discute la méthodologie utilisée et les principaux résultats obtenus.

4

Chapitre 1 . Revue de la littérature

1.1. Croissance urbaine et ses conséquences

L'urbanisation est un phénomène universel et a connu une accélération particulière en Afrique subsaharienne. Cette croissance forte s'est faite dans un contexte économique particulier marqué par des politiques de rigueur (Philippe, 1997). Il existe maintenant 28 mégapoles à travers le monde qui accueillent plus de 10 millions d'habitants (UN, 2014). Tokyo est la plus grande de ces mégapoles avec une population qui s'élève à environ 40 millions de personnes. De plus, les continents qui s'urbanisent ne sont plus les mêmes qu'autrefois. C'est présentement certaines régions de l'Afrique et de l'Asie qui subissent les plus fortes croissances urbaines au monde (SCBD, 2012; UN, 2014). Dans certaines villes d'Afrique centrale, la situation devient de plus en plus alarmante.

La ville de Bukavu est particulièrement sujette aux mouvements gravitaires et les versants affectés sont parmi les plus peuplés de la ville (Birembano, 2012).

Il est question dans ce point de dresser un portrait plus détaillé des grandes tendances d'urbanisation mondiale en générale et en particulier celles de la zone d'étude.

1.1.1. Les tendances d'urbanisation dans le monde

C'est en 2007 que la population urbaine a dépassé la population rurale et que l'homme est devenu pour la première fois de son histoire une espèce urbaine (figure 1.1) (UN, 2014). Ceci est le résultat du phénomène d'urbanisation qui a eu lieu au cours des six dernières décennies. Aujourd'hui, près de 3,9 milliards d'êtres humains vivent en milieu urbain, soit 54% de la population humaine. Si les tendances se maintiennent, ce chiffre atteindra 6,3 milliards en 2050 et représentera 66% de la population mondiale. Cette croissance urbaine se produira dans les villes de petite et moyenne taille, et non pas dans les mégapoles (UN, 2014).

Il va sans dire que cette augmentation de la population urbaine sera accompagnée d'une expansion des zones urbaines. Les tendances actuelles démontrent que les surfaces artificialisées, soit les infrastructures, les immeubles, les pelouses ou les parcs, se développement plus rapidement que les populations urbaines. En effet, le total de ces surfaces augmente en moyenne deux fois plus rapidement que les populations urbaines. Cela suggère un développement urbain plus étalé qu'autrefois (Seto et al., 2011).

5

Figure 1.1. Population urbaine et rurale dans le monde, 1950-2050 (UN, 2014).

1.1.2. Situation de la ville de Bukavu

La géographie de Bukavu, se caractérise par des terrains fragiles à cause des failles (cassures) qui apparaissent en surface à plusieurs endroits. Les couches qui constituent les terrains comportent des roches d'origine volcanique (basaltes et trachytes surtout) fortement altérées, décomposées et pourries responsable de la formation des sols argileux très bien connus à Bukavu (Birembano, 2012). A plusieurs endroits, ces couches de roches volcaniques sont séparées entre elles par des dépôts d'argiles rouges appelées « lits argileux rouges ». C'est au niveau de ces lits argileux rouges qu'apparaissent souvent à Bukavu les sources d'eaux. Au contact avec l'eau les lits argileux rouges sont glissant et se comportent donc comme couches-savons, ce qui facilite le glissement des terrains superficiels qu'ils supportent, surtout quand ces derniers sont gorgés d'eau et qu'ils se trouvent sur une pente. Ce processus géologique explique en partie les érosions et notamment les déplacements auxquels les habitants de Bukavu ont souvent été soumis, déplacements qui surviennent le plus souvent après des catastrophes (Ndyanabo, et al., 2010). En plus, la ville n'est pas exemptée de toute forme de pression anthropique. Elle subit depuis quelques années une forte croissance démographique (Birembano, 2012).

Avec une population qui s'accroit d'année en année, la densité de la ville de Bukavu est estimée à 13 449 habitants /km2 (Godding, 2013). Cette croissance a été plus spectaculaire après l'indépendance (Figure1.2). La population de Bukavu était estimée en 1935 à 2 050 habitants dont 450 Européens. Elle est passée à 2 501 habitants en 1939, à 15 865

6

habitants en 1944, et à 27 087 habitants en 1950 avec un taux annuel de croissement de 8,21 % (Chamaa et al., 1981).

Figure 1.2. L'évolution de la population de Bukavu de 1958 à 1976 (Chamaa et al., 1981).

Cette croissance démographique résulte de plusieurs facteurs, notamment (Chamaa et al., 1981) :

a. L'exode rural : la croissance démographique de la ville Bukavu connaissait une augmentation lente assise sur une politique administrative sérieusement contrôlée. Toute personne désireuse de se rendre en ville devait d'abord obtenir de l'administration du territoire une feuille de route et demander un permis de séjour à son arrivée. L'octroi de ce permis pour une durée très longue ne pouvait se justifier que par un emploi. Après un certain temps le contrôle fut complétement relâché et ce qui a conduit à déséquilibre total.

b. Les facteurs répulsifs : L'hinterland de Bukavu a une très forte densité
moyenne par rapport au reste du pays. En effet, dans les zones de Kabare et de Walungu fortement peuplées, l'insuffisance des terres cultivables accentuée par le régime foncier de type féodal, entraîne le départ des ruraux vers Bukavu à la recherche d'autres moyens de survie. Mais aussi la population vit dans un climat d'insécurité qui occasionne un départ en milieu urbain pour assurer leur survie.

7

c. Les facteurs attractifs : A la recherche d'une ample aisance, la population rurale a

fini par abandonner son quotidien artisanal et laisser place aux activités étrangères.

1.1.3. Les conséquences de l'urbanisation

L'expansion des zones urbaines et le développement d'infrastructure, telles que les logements, les bâtiments industriels et les réseaux de transports, contribuent directement à plusieurs types de perturbations, notamment (Ferland, 2015) :

a. La perte et fragmentation des milieux naturels

Ces changements au niveau de l'utilisation du sol demeurent la première cause du déclin de la biodiversité à l'échelle mondiale (SCDB, 2014). Selon Seto et al. (2012), l'expansion urbaine devrait tripler entre 2000 et 2030, ce qui entraînerait une perte additionnelle de 1 500 000 km2 d'habitats naturels. Comme il a été mentionné précédemment, cette perte sera particulièrement importante dans les zones riches en biodiversité, telles que les points chauds de la biodiversité et les zones côtières. Dans certaines parties du monde, les aires protégées se verront aussi perturbées par l'urbanisation, car elles sont trouveront de plus en plus proches des villes (Ferland, 2015).

b. La pollution

La pollution dégrade les écosystèmes et crée un environnement toxique pour l'ensemble des espèces ou certaines d'entre elles. De nombreuses activités urbaines polluent l'air, l'eau et les sols sur lesquels la biodiversité dépend pour survivre (Ferland, 2015).

c. Les espèces exotiques envahissantes

L'urbanisation favorise l'établissement de ces espèces pour deux principales raisons. La première est en lien avec l'introduction croissante des espèces non indigènes dans les milieux urbains (McKinney, 2006). Ces espèces peuvent être introduites de manière accidentelle par tout moyen de transport associé avec l'expansion du commerce et des déplacements humains. Elles peuvent aussi être importées de manière intentionnelle pour son utilisation dans plusieurs domaines, tels que l'agriculture, l'horticulture, le commerce d'animaux de compagnie et la recherche scientifique (McKinney, 2006).

Figure 1.3. Schéma général de fonctionnement (Manuel TELCAN, 2013).

8

d. La surexploitation des ressources naturelles

En raison de la croissance urbaine, une part importante de la production biologique et des ressources non renouvelables de la planète est consacrée à combler les besoins de la population urbaine. Ces besoins nécessitent de grandes quantités de ressources à l'échelle globale, particulièrement en eau, en énergie, en produits agricoles et en matériaux de construction (Ferland, 2015).

e. Les changements climatiques

Les villes sont des zones concentrées en activités humaines, ce qui fait d'elles des sources importantes de CO2 et d'autres gaz à effet de serre (GES) (Grimm et al., 2008).

1.2. La télédétection comme outils d'analyse du paysage

La télédétection spatiale est une discipline scientifique qui intègre un large éventail de compétences et de technologies utilisés pour l'observation, l'analyse et l'interprétation des phénomènes terrestres et atmosphériques. Ses principales sources sont les mesures et les images obtenues à l'aide de plates-formes aériennes et spatiales. Comme son nom même l'indique, la télédétection est l'acquisition de l'information à distance, sans contact direct avec l'objet étudié (CCT, 2004).

1.2.1 Fonctionnement des systèmes de télédétection

La figure 1.3 ci-dessous illustre le processus de télédétection spatiale.

9

Le rayonnement émis par une source d'énergie parcourt une certaine distance et interagit avec l'atmosphère avant d'atteindre la cible. L'énergie interagit avec la surface de la cible, en fonction des caractéristiques du rayonnement et des propriétés de la surface. Le rayonnement est réfléchi ou diffusé vers le capteur, qui l'enregistre et peut ensuite transmettre l'énergie par des moyens électroniques à une station de réception où l'information est transformée en images (numériques ou photographiques). Une interprétation visuelle et/ou numérique de l'image est ensuite nécessaire pour extraire l'information que l'on désire obtenir sur la cible. La dernière étape du processus consiste à utiliser l'information extraite de l'image pour mieux comprendre la cible, pour nous en faire découvrir de nouveaux aspects ou pour aider à résoudre un problème particulier. D'après C.C.T. (2009) modifié.

1.2.2 Régions spectrales utilisées pour l'observation à distance de la terre

? Spectre visible (0,4-0,7 um) : C'est la gamme de fréquence que peut supporter l'oeil humain. Elle est Subdivisée en trois groupes : Red (rouge), Green (vert), Blue (bleu).

? Infrarouge proche (0,7-1,1 um) : Appelé JR réfléchi, il renseigne sur l'énergie solaire des corps réfléchissants, ce spectre est utilisé en télédétection de la même façon que le rayonnement visible.

? Infrarouge moyen (1,1 -8 um) : C'est un mélange de rayonnement solaire et d'émission, il affecte de manière significative l'atmosphère et employé pour mesurer les concentrations de vapeur d'eau, ozone, aérosols, etc.

? Infrarouge thermique (8-14 um) : Rayonnement émis par les organismes eux-mêmes, il permet de déterminer la température d'un corps (JR thermique) et les images peuvent être disponibles à tout moment de la journée.

? Micro-ondes (1um-1m) : Cette bande présente un intérêt croissant dans la télédétection du fait de sa faible interaction avec l'atmosphère et sa transparence pour les nuages. Les capteurs actifs sont généralement utilisés dans cette bande.

1.2.3 Interactions atmosphériques

L'atmosphère est un mélange de gaz, elle est divisée en plusieurs couches, les 80 premiers kilomètres contiennent plus de 99% de la masse totale de l'atmosphère de la Terre. Lorsque le rayonnement EM traverse l'atmosphère (figure 1.4), il peut être absorbé ou diffusé par les particules de l'atmosphère et elle émet également JR thermique.

10

Figure 1.4. Pourcentage du rayonnement absorbé par l'atmosphère (Manuel TELCAN, 2013).

1.2.4. Réflectivité spectrale

La réflectance, également nommée facteur de réflexion, est la proportion de la lumière réfléchie par la surface d'un matériau (Figure 1.5). Elle est donc un rapport entre le flux lumineux réfléchi et incident. La réflectance d'une surface varie en fonction de la longueur des ondes qui la frappent et s'exprime généralement comme un pourcentage. Ainsi, tout corps réel a une émissivité et une réflectivité qui varient avec la longueur d'onde (signature spectrale).

11

Figure 1.5. La signature spectrale de quatre surfaces source Manuel (TELCAN, 2013).

1.2.5. Images satellitaires

L'image est définie comme un signal bidimensionnel, une application d'un sous-ensemble M x N de R x R vers l'ensemble des réels R, qui, à chaque couple de réels (x, y) associe le réel f(x, y) tel que f : (M x N) ? R et (x, y) ? f(x, y). Le sous-ensemble ((M x N) est constitué de couples d'entiers (x, y) tels que x ° {0, 1, 2, 3,...NC}, et y ° {0, 1, 2, 3,...NL}. Elle est constituée d'un ensemble de points élémentaires appelés pixels.

Le couple réels (x, y) représente la position spatiale d'un pixel et la valeur f(x, y) représente le niveau de gris d'un pixel (figure 1.6) (CCT, 1995).

Figure 1.6. Les positions spatiales et les valeurs de niveau de gris dans une image satellitaire. Le niveau de gris d'un pixel est une grandeur proportionnelle à l'intensité du signal réfléchi par ce pixel lorsqu'il est radié notamment par une onde électromagnétique.

12

1.2.6. Résolution d'images

On distingue quatre types de résolution d'images :

- La résolution spatiale : permet d'apercevoir le détail sur une image (Martin et al., 1998).

- La résolution spectrale : représente l'aptitude d'un capteur à employer de petites fenêtres de longueurs d'onde (Lee et al., 1990).

- La résolution temporelle : est le temps que prend un satellite pour réaliser un cycle orbital complet (Bonn & al., 1992).

- La résolution radiométrique : est la sensibilité à l'intensité de l'énergie électromagnétique à chaque fois qu'une image est captée par une pellicule ou un capteur (CCT, 1995).

1.2.7. Types d'images satellitaires

Il existe plusieurs types d'images satellitaires en télédétection (tableau 1).

Tableau 1.1. Quatre types d'images satellitaires et leurs caractéristiques spécifiques (CCT, 1995).

Types

Système de caméras et bandes

Application

Landsat

- Multi Spectral Scanner (MSS) Chaque

La gestion des

 

bande possède une résolution spatiale de 60

ressources, la

 

sur 80 mètres, et une résolution

cartographie, la

 

radiométrique de 6 octets, ou de 64 valeurs

surveillance de

 

numériques. - Thematic Mapper (TM) La

l'environnement et la

 

résolution spatiale de 30 m pour toutes les

détection du changement

 

bandes, sauf l'infrarouge thermique qui est de

(par exemple, la

 

120 m. Toutes les bandes sont enregistrées

surveillance des coupes à

 

sur une étendue de 256 valeurs numériques (8 octets). - Return Beam Vidicon (RBV)

blanc) etc.

SPOT

- Haute Résolution Visible (HRV) Peut

SPOT est utile pour les

 

capter en mode panchromatique (une seule

applications qui

 

bande) et offre une excellente limite de

requièrent une excellente

 

13

 

résolution spatiale de 10 m. Ils peuvent aussi

résolution spatiale

 

capter en mode multibande (MLA) (trois

(comme la cartographie

 

bandes) qui offre une résolution spatiale de

urbaine), la foresterie et

 

20 m. Le système SPOT présente plusieurs avantages par rapport aux autres capteurs spatiaux. Sa limite de résolution fine et le dépointage des capteurs sont les principales raisons de sa popularité.

l'agriculture.

IRS

Combine les caractéristiques des capteurs de

La discrimination de la

 

Landsat MSS et TM et du capteur HRV de

végétation, la

 

SPOT

cartographie terrestre, et

pour la gestion des
ressources naturelles.

Quickbird

la résolution panchromatique passe de 80

les bâtiments, les

 

centimètres à 61 centimètres et les

voitures et même de

 

résolutions multispectrales de 4 à 2,44

grands arbres individuels

 

mètres.

peuvent être reconnus.

 

1.2.8. Classification et analyse d'images

Les opérations de classification et d'analyse d'image sont utilisées pour identifier et classifier numériquement des pixels sur une image. La classification numérique des images utilise l'information spectrale contenue dans les valeurs d'une ou de plusieurs bandes spectrales pour classifier chaque pixel individuellement. Ce type de classification est appelé reconnaissance de regroupements spectraux. Les deux façons de procéder (manuelle ou automatique) ont pour but d'assigner une classe particulière ou thème (par exemple : eau, forêt de conifères, maïs, blé, etc.) à chacun des pixels d'une image. La "nouvelle" image qui représente la classification est composée d'une mosaïque de pixels qui appartiennent chacun à un thème particulier. Cette image est essentiellement une représentation thématique de l'image originale.

14

Figure 1.7. Illustration d'une classification et analyse des images

Les méthodes de classification les plus communes peuvent être séparées en deux grandes catégories : les méthodes de classification supervisée et les méthodes de classification non supervisée.

1.2.8.1 Distinction entre la classification non supervisée et supervisée

Lors de l'utilisation d'une méthode de classification supervisée, l'analyste identifie des échantillons assez homogènes de l'image qui sont représentatifs de différents types de surfaces (classes d'information). Ces échantillons forment un ensemble de données-tests. La sélection de ces données-tests est basée sur les connaissances de l'analyste, sa familiarité avec les régions géographiques et les types de surfaces présents dans l'image. L'analyste supervise donc la classification d'un ensemble spécifique de classes. Les informations numériques pour chacune des bandes et pour chaque pixel de ces ensembles sont utilisées pour que l'ordinateur puisse définir les classes et ensuite reconnaître des régions aux propriétés similaires à chaque classe.

La classification non supervisée procède de la façon contraire. Les classes spectrales sont formées en premier, basées sur l'information numérique des données seulement. Ces classes sont ensuite associées, par un analyste, à des classes d'information utile (si possible). Des programmes appelés algorithmes de classification sont utilisés pour déterminer les groupes statistiques naturels ou les structures des données. Des informations plus détaillées se trouvent sur le site https://www.rncan.gc.ca/sciences-terre/geomatique/imagerie-satellitaire-photos-aeriennes/imagerie-satellitaire-produits/ressources-educatives/9362

15

1.3 Principaux concepts de l'écologie du paysage

L'expression « écologie du paysage » daterait de 1939. Elle faisait alors écho à une théorie émergeante (Lands cape Ecology pour les anglais, Landschaftsökologie ou Geoökologie pour les allemands, Landschapecologie pour les néerlandais), proche de la biogéographie, mais s'intéressant plus spécifiquement aux échelles dites « paysagères » ou « écopaysagères » (Burel et al., 2003).

Les méthodes scientifiques de cette nouvelle science sont, la cartographie, la télédétection, les systèmes d'informations géographiques, les méthodes statistiques et la modélisation (John et al., 2002).

L'écologie s'intéresse à la dynamique de la biodiversité, à toutes les échelles spatiales et temporelles (Ramade, 2003), alors que l'écologie du paysage s'intéresse particulièrement à l'échelle intégratrice du paysage, des continents et de la planète, et à l'évolution du paysage sous l'effet des intégrations complexes entre processus écologiques et organisation des structures spatiales (Burel et al., 2003).

1.3.1 Notion du paysage

Avant d'être l'objet d'étude en écologie, le paysage a été repris dans de nombreuses disciplines comme la peinture, l'architecture, la littérature, et la géographie (Berdoulay et al., 1985 dans Burel et al., 1999). Plusieurs définitions du terme paysage ont été proposées, parmi lesquelles nous optons pour les deux suivantes en rapport avec l'hétérogénéité spatiale:

? comme une portion de territoire hétérogène composée d'un ensemble d'écosystèmes en interaction qui se répètent de façon similaire dans l'espace (Forman et Godron, 1986).

? un niveau d'organisation des systèmes écologiques supérieurs à l'écosystème ; il se caractérise essentiellement par son hétérogénéité et par sa dynamique gouvernée en partie par les activités humaines. Il existe indépendamment de la perception (Burel et al., 1999).

De par sa nature globalisante, on reproche souvent un caractère « fourre-tout » à la notion du paysage (Baudat ,2003). D'une manière générale, le paysage se réfère à une aire relativement large de quelques hectares à quelques centaines de km2 (Forman et al., 1986 dans Burel et al., 1999 ). La constatation que la taille des paysages puisse varier amène les problèmes de

hiérarchie et

16

d'échelles (Figure 1.3. & Figure 1.4.) dans la réflexion écologique (Meentemeyer et al.,1987 dans Burel et al., 1999). Au coeur de la démarche de télédétection en vue des applications, il y'a la notion du paysage, une notion à la fois qualitative, quantitative et esthétique qui fusionne un ensemble de perceptions et des concepts comme l'échelle, le relief, la couverture végétale et l'occupation humaine (Bonn, 1996).

1.3.2 Echelle spatiale

L'échelle est la dimension spatiale ou temporelle d'un objet ou d'un processus, elle est caractérisée par le grain et l'étendue (Turner et al. 2001). Si on se place dans la perspective d'un organisme, le grain est la dimension spatiale la plus réduite à laquelle un organisme perçoit un paysage (Iorgulescu & al., 2002). L'étendue est la largeur de l'aire d'étude, les limites d'une carte par exemple (Figure 1.8) (Milne, 1990). L'information spatiale de base sur le paysage consiste en une carte de pixels. Le paysage est ainsi découpé, selon une grille régulière, en éléments supposés uniformes (les pixels), ayant chacun une valeur qui le caractérise (Schermann et al., 2002).

Figure 1.8. Le paysage, niveau d'organisation des systèmes écologiques situés au-dessus de l'écosystème, mais en dessous de la région et du continent (Forman, 1995 dans Burel et Baudry, 1999).

1.3.3 Eléments du paysage

Une structure paysagère est caractérisée par trois éléments essentiels (Figure 1.9) basés sur la configuration spatiale des unités paysagères (Forman, 1995 dans Burel et Baudry, 1999): les taches, les corridors et la matrice.

17

Tache

Matrice

Corridor

Figure 1.9. Eléments de base d'une structure paysagère formant le paysage à savoir les taches, les corridors et la matrice (Burel et al., 2003).

Les taches sont des mosaïques d'unités fonctionnelles, des surfaces qui diffèrent par leur apparence et leur composition de ce qui les entourent (la matrice). Ces unités représentent des conditions environnementales homogènes et leurs frontières se distinguent par des discontinuités dans les variables d'état d'une magnitude (amplitude) qui est significatif pour le processus écologique ou l'organisme considéré (Bogaert et al., 2005). Elles peuvent donc largement varier en taille, type, hétérogénéité et/ou en caractéristiques des frontières. L'ensemble des unités fonctionnelles ayant des caractéristiques similaires pour le processus considéré forme un type ou une classe (Iorgulescu et al., 2002).

Les corridors sont des unités ayant une forme linéaire caractéristique et remplissant des fonctions écologiques de conduite (passage), filtre ou barrière. Ils sont souvent présents dans un paysage en forme d'un réseau (Munyemba, 2007).

La matrice désigne généralement l'élément dominant d'un paysage homogène, observé à la fois en tant que support et produit de la biodiversité. Elle constitue donc l'élément englobant le plus extensif et le plus connecté. C'est le type le plus répandu et le moins fragmenté soulignent Iorgulescu et al. (2002) ainsi que Bogaert et al. (2005). Ce type peut également être considéré comme l'arrière-plan du paysage, dans lequel se situent les autres éléments. Ces différents éléments d'une matrice éco paysagère s'interconnectent de manière complexe. Notons que la subdivision du paysage en ces trois éléments à savoir taches, corridors et matrices est connu comme modèle « patch - corridors - matrix » (Forman et al., 1981; Forman et al., 1986;

18

Forman, 1997 in Bogaert et al., 2005). Et ce modèle sert souvent de base de référence pour les mesures de configuration spatiale.

1.3.4 Structure spatiale et processus écologiques

L'importance de la structure spatiale des écosystèmes paysagers pour éclairer les processus écologiques est reconnue par le système écologique. Il est caractérisé par une interdépendance de trois éléments clés: sa configuration, sa composition et son fonctionnement (Bamba, 2006 ; Iorgulescu et al., 2002). Un changement d'un des éléments aura des répercussions sur les deux autres. Et si la structure spatiale d'une composante paysagère change, par exemple suite à la fragmentation d'une zone forestière, les processus de migration des populations qui utilisent cette forêt changeront également. En plus, si l'écosystème considéré est fragmenté, la composition du paysage connaîtra une dynamique, car les zones initialement couvertes par la forêt seront remplacées par une autre classe d'occupation du sol. Ce principe justifie l'importance donnée en écologie du paysage à l'étude des structures spatiales des paysages (Bogaert et al., 2005). Les éléments clés d'un système écologique sont repris dans la Figure 1.10 ci-dessous :

Figure 1.10. Eléments clés d'un système écologique applicable à chaque échelle spatio-temporelle: la structure du paysage, la composition et les fonctions présentes dans le paysage (Noon et al.,1997 in Bogaert et al., 2005).

1.3.5 Indices de structures spatiales

Pour étudier les rapports entre la configuration du paysage et les processus écologiques, il est utile de décrire ces structures en termes quantifiables. Ceci explique le développement d'une série d'indices « landscape metrics » (Hargis et al., 1997 dans Bogaert et al., sous presse). Ces mesures sont souvent un indicateur de l'impact humain sur la morphologie

19

du paysage (Krummel et al. 1987 dans Burel et al., 2003). Puisque aucune mesure ne peut résumer à elle seule toute la complexité de l'arrangement spatial des taches, un ensemble de mesures doit généralement être effectué (Dale et al., 1994 dans Bogaert et al., sous presse) ; cette idée est à la base de l'existence d'une abondance d'indices. Certains d'entre eux interviennent dans la composition du paysage (proportion, richesse, équitabilité, dominance), pendant que quelques-uns sont appliqués à la mesure de la configuration spatiale (mesurant la géométrie des taches et leur répartition spatiale) (McGarigal & al., 1995 ; Gustafson, 1998; BotequilhaLeitão & al., 2002 ; Bogaert & al., 2005).

20

Chapitre 2 Milieu, matériels et méthodes

2.1. Milieu d'étude

2.1.1. Situation géographique

Située à l'Est de la République Démocratique du Congo dans la province du Sud-Kivu, notre zone d'Etude est localisée entre 2°30'55» de latitude Sud et 28°50'42» de longitude Est, plus précisément dans le bassin appelé Eastern Valley Grabben (région des grands-lacs). La ville Bukavu présente une superficie de 6000 ha et est subdivisée en trois communes (figure 2.1): commune de Kadutu, commune d'Ibanda et commune de Bagira (Rapport annuel de la mairie de Bukavu, 2013).

Figure 2.1. Localisation de la ville de Bukavu dans la province du Sud Kivu en République Démocratique du Congo.

21

2.1.2. Caractéristiques biophysiques

a. Climat

Avec une altitude comprise entre 1500m (à l'emplacement de la Société Nationale des Chemins de fer Congolais, SNCC, où la rivière Kahwa rencontre le lac Kivu) et 2194m (sur le Mont Mbogwe dans le quartier Kasha en commune de Bagira), la ville de Bukavu a un climat se rapprochant de celui subéquatorial ou tropical humide (de courte durée) avec l'influence du climat d'altitude de 1500 à 2000m. Elle connait deux saisons à savoir : la saison pluvieuse (s'échelonnant sur plus ou moins 8 mois de septembre à mi-mai) et la saison sèche (CAID, 2015). La ville de Bukavu enregistre une température moyenne de 20°C tout au long de la cote et tempérée dû à la présence du lac-Kivu. La station d'observation météorologique de Muhungu dans le Quartier Ndendere (à 1,670m d'altitude) renseigne que les précipitations oscillent entre 1000mm et 2500mm avec une moyenne annuelle de 1320mm (CAID, 2015). Le tableau 2.1 ci-dessous montre les données de la station météorologique de Bukavu située à 1478m d'altitude.

Tableau 2.1. Données de la station météorologique de Bukavu (1478 m d'altitude).

Mois J F M A M Jn Jt At S O N D Année

20.

20

17.

19.

20

19.

21.

20.

20.8

20.

19.8

19.5

20

 

2

 

8

5

 

5

9

6

 

4

 
 
 

Pm

128

144

168

142

82

27.

13.

40.

109.

134

176.

156.

1324.

m

.5

.8

.8

.1

 

7

9

8

5

 

5

2

8

 

b. La végétation

La végétation dominante de la Ville de Bukavu se rapproche à celle du type savane africaine. Elle est parsemée d'arbustes et des herbes sauvages à savoir : le Tithonia trifolia (Bilula), Lantanotrifolia sp. (Kashukanshuha), Veronia amygdalina (Mubirizi), Chiendents sp. (Mushindangombe). Sur les sols moins fertiles et les collines, on retrouve le Galinsango pawiflora (Ragala) et le Commelina diffusa (Mudege). Notons cependant que les espaces verts ayant échappé aux constructions anarchiques sont boisés d'Eucalyptus sp., Grevelia sp., Markamia sp., etc.

Le sol et le substratum basaltique privilégient Bukavu d'être relativement fertile. Le sol de Bukavu n'est pas complètement argileux car est beaucoup plus compact et mois imperméable.

c. Le Sol

22

Il est aussi moins poreux car à la moindre sècheresse, l'eau arriverait à manquer. Le sous-sol de Bukavu est réputé mal connu. On y exploite cependant des carrières à moellons dans chaque commune (Ndyanabo et al., 2010).

d. L'Hydrographie

La cote littorale du lac Kivu (étendue sur une distance de #177;10km) est l'un des aspects importants du tourisme de la Ville de Bukavu. Les rivières Kawa, Wesha, Chula, Mugaba et Nyaciduduma sont les plus importantes de la Ville et constituent les affluents du Lac Kivu tandis que la rivière Ruzizi, frontière de la RDC avec le Rwanda et le Burundi, déverse les eaux du lac Kivu dans le lac Tanganyika à l'extrême Sud de la Ville (CAID, 2015).

2.2. Démarche méthodologique : outils et méthodes d'analyse du paysage

2.2.1. Données

L'image Landsat 5 du capteur TM de 2017 fournie par le laboratoire Géographie et Gestion de l'Environnement de l'Institut Supérieur Pédagogique de Bukavu a été utilisée pour analyser la structure spatiale de la ville de Bukavu.

Les caractéristiques de cette image sont représentées dans le tableau 2.2 ci-dessous.

23

Tableau 2.2. Caractéristiques du satellite d'observation de la terre Landsat 5 ( https://fr.m.wikipedia.org/wiki/ProgrammeLandsat)

Satellite et capteur

Dimension d'une

scène

Résolution spectrales (Bandes spectrales)

Résolution radiométrique (Longueurs d'onde)

Résolution spatiale

Résolution
temporelle
(Date de prise de
vue)

Landsat 5 TM

185 x 185 km

Bande 1 - Bleu

0, 45, 0,52 um

30 m

13 mars 2017

 

0,52-0,60 um

 

0,63-0,69 um

 

0,76-0,90 um

 

1,55-1,75 um

 

10,4-12,5 um

120 m

 

2,08-2,35 um

30 m

 

L'algorithme paramétrique choisi est la méthode « unsupervised K-Means » qui a subdivisé l'image en 100 classes d'occupation du sol. La carte a été améliorée en fusionnant certaines

24

2.2.2. Logiciels utilisés

Le choix a porté sur des logiciels libres :

? Envi 4.7 : pour la visualisation, le traitement de l'image satellitaire utilisée et la vectorisation et la cartographie de la classification supervisée validée. Ce logiciel grâce à sa complexité nous a permis de faire une classification non supervisée qui a été un élément important dans l'élaboration et la validation de l'occupation du sol de notre zone d'étude.

? ArcMap 10.1 : pour le traitement des données vectorielles

? Excel 2013 : pour la production des graphiques et tableaux, ainsi que les calculs des indices de structure spatiale.

Le Global Positioning System (GPS) de marque Garmin 60s a été utilisé pour le prélèvement des coordonnées géographiques de vérité de terrain.

2.2.3. Traitement numérique de l'image satellitaire

2.2.3.1. Isolation de la zone d'étude

Trois bandes spectrales de l'image satellitaire Landsat 5 (bande 2, bande 3 et bande 4) ont été projetées suivant une projection cartographique à la zone UTM 35S /WGS-84 dans le logiciel ArcMap 10.1. Ceci a permis de les superposer sur le shapefile de la limite de la ville de Bukavu afin de circonscrire notre zone d'étude grâce au module « Analysis Tools ».

2.2.3.2. Composition colorée

La composition colorée qui a été privilégiée pour la détermination des unités d'occupation du sol est celle réalisée en fausse couleur standard. Elle combine les bandes du proche infrarouge, du rouge et du vert du capteur respectivement dans les canaux d'affichage rouge, vert et bleu de la fenêtre « Available Bands List » du logiciel Envi 4.7.

2.2.3.3. Classification de l'image satellitaire

2.2.3.3.1. La classification non supervisée, supervisée et signature spectrale

25

classes pertinentes en s'appuyant sur la composition colorée et l'Indice par Différence Normalisée de la Végétation (NDVI) pour permettre la discrimination de la végétation. Ceci a abouti à la création de quatre classes d'occupation du sol dans la zone d'étude. Il s'agit des classes Forêt, Savane herbeuse, Savane et Sol nu et Bâtis. Cette élaboration s'est basée sur la fusion des classes redondantes de la classification non supervisée afin de maintenir quatre classes d'occupation du sol dans la zone d'étude. Notamment :

? le sol nu et bâtis : ce complexe montre toutes les surfaces occupées par les bâtiments, les routes, le sol nu. C'est ce que Forman (1995) appelle des espaces fortement anthropisés ;

? savane herbeuse : cette classe représente toutes les surfaces couvertes par une végétation d'une herbe abondante. Par exemple, les champs.

? Savane : regroupe toutes les surfaces couvertes par une végétation dépourvue des grands arbres. Elle peut être une savane arborée, boisée mais autre que la savane herbeuse;

? la Forêt : cette classe regroupe toutes les surfaces couvertes de bois, de nombreux arbres proches.

La procédure à suivre dans le traitement des données afin de réaliser une classification acceptable est reprise dans la figure 2.2 ci-dessous.

26

Figure 2.2. Etapes principales pour la classification de l'image, depuis le choix de l'image jusqu'à la classification acceptable.

Les statistiques radiométriques de ces classes ont été extraites d'une part des bandes spectrales du rouge (0,62-0,69ìm) et du proche-infrarouge (0,76-0,90ìm) et projetées sur des axes orthonormés où l'axe des Y indique les valeurs du niveau de gris dans le rouge et l'axe des X indique les valeurs du niveau de gris dans le proche infrarouge, afin de regrouper les classes radio-métriquement proches.

2.2.3.3.2. Evaluation de la qualité de la classification supervisée

Le coefficient Kappa a été généré (équation 1) dans la matrice de confusion calculée à partir du logiciel Envi 4.7 en confrontant les données de vérité de terrain dont les coordonnées géographiques prélevées à l'aide du GPS Garmin 60s avec les résultats de la classification supervisée. Les coefficients suivants également ont été générés : La précision totale qui est le nombre de pixels bien classés divisé par le nombre total d'individus, l'erreur d'omission et l'erreur de commission.

27

 

(Equation 1)

 

Dans l'équation (1), r est le nombre de rangées dans la matrice de confusion, xii est le nombre d'observation dans la rangée i et la colonne i sur la diagonale, x1+ représente le total des observations dans la rangée i et x+1 est le total des observations dans la colonne i. N est le total des observations dans la matrice.

A partir de cette matrice, la précision globale de la classification est donnée par la moyenne des pourcentages des pixels correctement classés (MPPCC ) dans l'équation (2)

 

(Equation 2)

 

 

(3)

 

2.2.3.4. Vectorisation et exportation de l'image classifiée dans ArcMap 10.1

La vectorisation de la classification supervisée validée a été réalisée dans le logiciel Envi 4.7.Le fichier vectoriel généré a été exporté en format shapefile pour être utilisable dans le logiciel ArcMap 10.1. Le fichier ainsi obtenu a servi à calculer les indices de structures spatiales.

2.2.4. Calcul des indices de structure spatiale

a. Nombre de taches par classe

Le nombre de taches par classe (nj) est très important, car il nous situe sur l'état de fragmentation d'une classe à une période. Il s'obtient par la somme de différentes taches présentes dans une classe à partir des tables d'attributs (Davidson, 1998).

c. L'aire totale atj : c'est la superficie totale occupée par une classe j donnée. Elle s'exprime en unité de mesure et se calcule comme suit :

28

aij est l'aire de la i -ième tache de la classe j et nj est le nombre des taches de la classe j.

c. L'aire moyenne aj: elle indique la valeur moyenne de l'aire des taches de la classe j et a été calculée selon la formule suivante :

?j = atj / nj (4)

d. La dominance Dj (a) : elle indique la proportion d'aires occupées par la tache dominante dans la classe j, plus la valeur de la dominance est grande moins la classe est fragmentée (Mouhamadou, 2012).

(5)

Dj (a) = amaxj / atj x 100.

Ou amaxj est l'aire totale (atj) occupée par la plus grande tahce de la classe j

e. Le périmètre total du paysage : c'est la somme des périmètres totaux pt, des classes et est :

 

(6)

f.

 

(8)

 

at, est l'aire totale de la classe et pt, , son périmètre total.

Densité : La densité de taches renseigne sur le nombre de taches de la classe j par unité

de surface occupé par cette classe. Elle est calculée par : D= nj/ atj

g. L'indice de forme

(7)

L'indice des formes est basé sur un principe de rapport de l'aire sur le périmètre. La forme est un élément difficile à quantifier et qui peut donner libre cours à différentes interprétations (Ducrot, 2005). Elle peut être liée à des degrés d'artificialisation : exemple, les terres agricoles sont très polygonales alors que les formations naturelles, telles que les forêts ont souvent un contour plus complexe. Plus cette valeur est faible plus la classe aura une forme complexe (Bogaert et al., 2000).

29

Chapitre 3 . Résultats

3.1 . Composition colorée

Sur la figure 3.1 ci-dessous, les composantes forestières sont caractérisées en teinte rouge. Elles se concentrent sur la partie Sud-Ouest de la zone d'étude où la teinte est la plus vive et tend à s'atténuer en s'approchant progressivement du centre de la zone d'étude. Dans cette zone, nous pouvons remarquer quelques taches de forêts dans la commune de Bagira, notamment à Bwindi, dans la commune de Kadutu, notamment au lycée Wima et dans la commune d'Ibanda, notamment à l'Université Evangélique en Afrique. Les savanes arborées et herbeuses sont caractérisées par une atténuation progressive de la teinte rouge. Les champs et les zones de jachères sont caractérisés par une teinte chocolat, moins vive, beaucoup plus remarquable le long des routes et aux bordures des forêts. Les savanes arborées présentent une teinte plus vive que celle des savanes herbeuses. Le sol nu et bâtis est caractérisé par des teintes variables (bleu ciel et blanche), blanche plus remarquable sur les zones d'habitations et bleu ciel à côté des taches de savanes ou des forêts.

30

Système de Projection : WGS-84 / UTM Zone 35S

Figure 3.1. Composition colorée en fausse couleurs de l'image TM de Landsat 5 de la zone d'étude réalisée par la combinaison de bandes du rouge, du bleu et du proche Infrarouge.

31

3.2 Classifications et cartographie de l'occupation du sol

3.2.1 Classification non supervisée

La classification non supervisée réalisée à partir de la composition colorée fausse couleur de l'image satellitaire de la zone d'étude Landsat 5 de 2017 a permis de caractériser 100 classes d'occupation du sol. Elle fournit une segmentation trop détaillée, contenant des classes redondantes. Compte tenu du nombre élevé de classes, nous avons observé plusieurs variantes de teintes au sein d'une même classe d'occupation du sol. A titre indicatif, le sol nu et bâtis représenté en teintes bleu ciel au centre dans la composition colorée, ont été segmentées en plusieurs teintes dans la classification non supervisée.

En effet, cette classification non supervisée obtenue a été d'une grande importance. Elle a permis d'amorcer la procédure d'identification d'objets dans la zone d'étude

32

Système de Projection : WGS-84 / UTM Zone 35S

Légende :

Figure 3.2. Classification non supervisée de l'occupation du sol de Bukavu ayant 100 classes à fusionner.

33

3.2.2 Cartographie de l'occupation du sol

3.2.2.1 Signatures spectrales

La figure 3.3 ci-dessous présente les signatures spectrales de quatre classes d'occupation du sol retenues dans la zone d'étude.

350

Forêt

Savane Savane herbeuse

Sol nu et bâtis

0 20 40 60 80 100 120 140 160

300

250

200

150

100

50

Niveau de gris dans le canal du Rouge

0

-50

Niveau de gris dans le canal du PIR

Figure 3.3. Regroupement des valeurs radiométriques des classes d'occupation du sol dans les canaux du Rouge et Proche-Infrarouge (PIR). Les traits horizontaux et verticaux représentent les écarts-types des différentes classes autour de la moyenne.

Les classes présentent des comportements spectraux très différents les uns des autres sur les bandes spectrales considérées, le proche infrarouge (0,76-0,90 um) et le rouge (0,63-0,69um). Les classes de végétation présentent des valeurs de niveau de gris plus élevées dans la bande spectrale du rouge et faibles dans le canal du proche infrarouge. La classe forêt se distingue des autres avec une valeur du niveau de gris très élevée dans le canal du Rouge, suivie de la savane et de la savane herbeuse. Contrairement à la classe anthropique (sol nu et bâtis), le niveau de gris est trop faible dans le canal du rouge et très élevé dans le canal du proche infrarouge. Ces variations très significatives nous ont permis de faire une différence entre les différentes classes de végétation et mieux encore de sol non couvert.

34

3.2.2.2 Matrice de confusion

La matrice de confusion de la classification a été calculée par la confrontation des résultats de la classification non supervisée et des données de contrôle de terrain. La matrice de confusion obtenue est représentée par le tableau 3.1 ci-dessous. Il indique un coefficient Kappa de 78,89%, traduisant le pourcentage de réussite de la classification supervisée, avec une précision globale de 84,16%.

Tableau 3.1. Présentation des résultats de calcul de la matrice de confusion réalisée dans le logiciel Envi4.7.

Classes

Vérité de Terrain

Savane

Forêt

Savane herbeuse

Sol nu et bâtis

Total

Erreur de commission

Savane

20

1

2

0

23

3

Forêt

3

28

0

0

31

3

Savane herbeuse

4

1

25

2

32

7

Sol nu et bâtis

3

0

3

28

34

6

Total

30

30

30

30

120

 

Erreur d'omission

10

2

5

2

 
 

Précision globale

84,16%

Kappa (%)

78,89%

On constate également les confusions spectrales entre les différentes classes. Les faibles erreurs d'omission suggèrent de manière successive que les zones d'entrainement de sol nu et bâtis, de Forêt, de savane herbeuse et de Savane sont les mieux affectées. Cela se traduit par un pourcentage élevé de précision pour le réalisateur, soit 93,3% pour le sol nu et bâtis et la classe forêt, soit 83,3% pour la Savane herbeuse et 66,6% pour la Savane. Les erreurs de commission indiquent les nombres de pixels d'une classe affectés à une autre classe. Elles suggèrent que les

35

classes ont été plus ou moins mieux classées. Successivement, il s'agit des classes de la Forêt (90,93%), Savane (86,95%), Sol nu et bâtis (82,35%), et Savane herbeuse (78,12%). En abrégé, les erreurs les plus remarquables ont été observées dans les classes Savane (33,33% d'erreurs d'omission), Savane herbeuse (21,18% d'erreurs de commission et 16,6% d'erreur d'omission) et Sol nu et bâtis (17,64% d'erreurs d'commissions).

3.2.2.3 Cartographie de l'occupation du sol

A l'issu de ces résultats (figure 3.4), nous pouvons constater une prédominance de la classe Sol nu et bâtis dans la zone d'étude. Cette classe est plus localisée au centre de la zone d'étude où les activités anthropiques sont plus prononcées. Les classes de végétation (Forêt, savane herbeuse et Savane) sont plus localisées dans la partie sud-ouest de la zone d'étude, et où on trouve moins d'activités anthropiques. Ceci s'explique par une grande concentration de la population dans le centre-ville et qui dégrade au jour le jour le peu du couvert végétal qu'on retrouve dans cette zone.

36

 
 
 
 
 
 

Légende :

 
 
 

Système de Projection : WGS-84 / UTM Zone 35S

 
 

Figure 3.4. Carte de l'occupation du sol dans la ville de Bukavu donnant quatre classes.

37

3.3 . Ecologie du paysage

Tableau 3.2 Présentation des résultats des indices de structure de paysage.

Indices CLASSE

nj

atj (km2)

Pt (km)

aj (km2)

Dj

If

Densité

S Savane

734

8,3358

501,06

0,011356676

16,56229756

3,3202.10-5

88,05393603

Forêt

414

4,7295

236,52

0,011423913

20,83729781

8,4543.10-5

87,5356803

Sol nu et bâtis

596

23,6997

668,76

0,039764597

76,13260927

5,2991. 10-5

25,14799765

Savane herbeuse

1482

6,5448

552,96

0,004416194

2,227722772

2,1405. 10-6

226,4393106

Légende :

? nj : nombre de taches de la classe j; atj : aire totale de la tache j; aj : aire moyenne de la tache j; Dj : Dominance de la tache j; Hj : Indice de Shannon de la tache j; Ptj : Périmètre total de la classe j.

Ces indices reposant sur l'analyse de la structure spatiale nous ont permis d'agréger à différentes échelles, l'information pertinente sur la structure de l'occupation du sol de la zone d'étude. De manière globale, on observe beaucoup de taches au niveau de différentes classes ce qui nous situe sur l'état de fragmentation. La classe savane herbeuse (1482) compte le plus grand nombre des taches suivies des classes savane (734), sol nu et bâtis (596) et enfin la classe forêt (414). A cet effet, le rapport entre le nombre de taches et l'aire totale indique une très grande quantité des taches de la classe savane herbeuse (226,4393106) pour une très petite superficie. Ceci indique que cette classe présente un nombre élevé des petites taches sur des surfaces très réduites. Par contre, la classe sol nu et bâtis présente une petite quantité de taches pour une très grande surface (25,14799765). Ceci indique que cette classe présente des très grandes taches sur des surfaces très élargies. Les valeurs des aires moyennes varient proportionnellement à l'augmentation de nombres de taches. Les valeurs de cet indice varient de 0,039764597 km2 pour la classe sol nu et bâtis avec une dominance (Dj) de 76,13% ; 0,011423913 km2 pour la classe Forêt avec une dominance (Dj) de 20,83% ; 0,011356676 km2 pour la classe savane avec une dominance (Dj) de 16,56% et 0,004416194 km2 pour la classe savane herbeuse avec une dominance (Dj) de 2,23%. La tache la plus dominante est dans la classe sol nu et bâtis et représente 76,13%.

38

Les valeurs de l'indice de de forme varient de 8,45.10-5 pour la classe forêt ; 5,3.10-5 pour la classe sol nu et bâtis ; 3,32.10-5 la classe savane et 2,14.10-6 pour la classe savane herbeuse. Cette valeur de l'indice de forme plus au moins élevée de la classe forêt laisse croire un effet des perturbations sur la forme des taches des forêts dans cette zone. Ceci témoigne l'empreinte de l'homme sur la modification de la structure de l'occupation du sol dans cette zone. Quant à la distribution des aires totales de taches, le sol nu et bâtis occupe l'aire la plus grande de la zone d'étude. Cette classe occupe 23,6997 km2 soit 54,72% de la surface totale de la zone d'étude. Elle est suivi par les savanes qui occupent 8,3358 km2 représentant 19,25% de la surface totale, par les savanes herbeuses avec 6,54 km2 soit 15,11% ; et enfin par les Forêts avec 4,7295 km2 soit 10,92% de la superficie totale.

En somme, 2/4 de la superficie du paysage est occupé par la classes anthropique (sol nu et bâtis) et 2/4 par la végétation, avec environ 1/4 pour la forêt et savane herbeuse et 1/4 pour la savane (figure 3. 5).

Savane herbeuse

15%

Savane

19%

Forêt

11%

Sol nu et batis

55%

Figure 3.6. Distribution des différentes classes de l'occupation du sol dans la ville de Bukavu.

39

Chapitre 4 . Discussion

4.1 . Démarche méthodologique

En dépit des inconvénients que présente la télédétection en termes de résolution spatiale et interaction des données avec l'atmosphère, elle nous offre aujourd'hui un panorama radicalement différent de celui de ses origines. Ainsi elle a connu un développement spectaculaire jusqu'à la sophistication moderne des capteurs embarqués à bord des satellites autour de la terre qui échantillonnent presque toutes les régions du spectre électromagnétique possibles. De cette façon, la télédétection spatiale permet actuellement l'étude de notre planète car elle nous offre une vision synoptique et répétitive qui facilite l'obtention de données dans une courte période du temps (Derdjini,2017).

Depuis quelques années, l'imagerie satellitaire multi-bandes s'est progressivement affirmée comme une source de données primordiales face à l'impact des problèmes environnementaux sur le futur des humains. Elle possède une périodicité des prises de vue et des résolutions spatiales de plus en plus performante. Les résolutions spatiale et temporelle jouent un rôle très important dans l'identification et le suivi des dynamiques paysagères. Ainsi, la télédétection multi-spectrale offre la capacité d'identification et de mesure des caractéristiques biophysiques du paysage qui autrement ne pourraient pas être faites si l'on utilisait seulement qu'une seule bande spectrale. Pour les études portant sur des grandes études comme le souligne UMR TETIS (2005), les images Landsat sont préconisées malgré leur résolution grossière ; elles permettent d'avoir une vision globale de tout le paysage. L'image Landsat 5 TM de 2017 de la ville de Bukavu nous a permis de ressortir une carte d'occupation du sol de la zone en question. Comme le souligne Derdjini (2017), une modification considérable de l'occupation s'observe généralement sur un intervalle de 5 ans ou plus selon le type de pression ou actions que subissent ces ressources. La date d'acquisition de cette image s'est faite dans une période où on a un meilleur contraste entre la végétation et les sols nus.

A cet effet, une composition colorée fausse couleur a été réalisée, dans le logiciel Envi 4.7, en combinant les bandes du proche infrarouge, du rouge et du vert du capteur respectivement dans les canaux d'affichage Rouge, Vert et Bleu de la fenêtre de visualisation du logiciel Envi 4.7. Cette composition est très efficace pour analyser la végétation, et elle présente l'avantage pour l'interprète d'avoir pratiquement les mêmes propriétés que les photographies infrarouges en couleur utilisées depuis longtemps par les photo-interprètes, comme le souligne Kerle (2001).

40

Les classifications numériques permettent de rassembler des pixels en classes susceptibles de contenir les objets recherchés. Dans l'analyse synchronique de l'occupation du sol, la classification permet de mettre en évidence une structure spatiale cartographique pour une analyse de l'hétérogénéité. Nous avons tenu compte de la classification non supervisée avec un algorithme de classification K-means qui offre une segmentation de l'image en grands thèmes d'occupation du sol (Wolff, 2005). En tenant compte des classes moins significatives, le logiciel a donné cent classes d'occupation du sol qui nous ont permis de ressortir quatre classes d'occupation du sol.

Lors de la campagne sur terrain, nous avons identifié des sites témoins servant à la validation des résultats. Dans la matrice de confusion calculée, la précision globale de la classification est bonne et est de 84,16%. Le coefficient Kappa qui est de 78,89% indique que globalement, la classification réalisée est satisfaisante (Rosenfield et al., 1986). La matrice de confusion permet de vérifier la qualité de l'apprentissage et donne une estimation de la validité de la classification (Mouhamadou, 2012). Les principales sources d'erreurs découlent du fait que certaines classes possèdent des caractéristiques radiométriques similaires et que rien ne permet de les nuancer si ce n'est qu'une vérification sur terrain (Renard, 1997). Sachant la complexité de l'occupation du sol, les résultats ainsi obtenus permettent de constater que le taux de réussite global ne dépasse pas celui suggéré par Anderson et al. (1976) qui est de 85% et plus.

Ainsi pour analyser la structure spatiale de l'occupation du sol à travers les mesures de la configuration et de la composition, ces mesures sont décrites en termes quantifiables. Ce qui explique le développement d'une série d'indice (Hargis et al., 1997 dans Bogaert et Mahamane sous presse). Il faut chercher à savoir quelles mesures expriment mieux tels phénomènes ou tels autres. Le nombre des taches, l'aire, le périmètre, la dominance et l'indice de forme ont été les indices choisis pour mieux expliquer les phénomènes écologiques qui se déroulent dans la ville de Bukavu. Puisque aucune mesure ne peut résumer à elle seule toute la complexité de l'arrangement spatial des taches, un ensemble de mesures doit généralement être effectué (Dale et al.,1994 dans Bogaert et al., sous presse).

41

4.2 . Analyse de la structure spatiale

Sachant que certains éléments varient d'une étude à l'autre (nombre et type de taxons, milieu traité, thématique abordée, échelle cartographique, images utilisées).Il ressort des résultats obtenus que les indices utilisés ont fournis le maximum d'informations utiles sur l'interprétation de la structure spatiale. Lorsqu'on observe le rapport entre le nombre de taches et l'aire totale, on constate que la classe savane herbeuse présente un grand nombre de petites taches sur des surfaces très réduites. Ceci renseigne sur la tendance de fragmentation de cette classe-(Davidson,1998). Quant à la répartition de différentes classes d'occupation du sol, on constate avec amertume que la classe anthropique occupe la quasi-totalité de la superficie de la zone d'étude. Le Sol nu et les bâtis occupent à eux seuls 54,74% de la superficie totale de la zone d'étude. Ceci s'explique par une intensification de la dégradation du couvert végétal qui s'observe de manière exponentielle et qui conduit à une modification irréversible du sol. Selon les recommandations de plusieurs auteurs (Andrén, 1994; Beninde et al., 2015; Radford et al., 2005), il est de préférence de maintenir l'équivalent de 40 à 50% d'une superficie en habitats naturels, à l'intérieur d'un paysage fragmenté. En dessous de ce seuil, il pourrait y avoir un déclin rapide de la richesse spécifique en raison d'un effet synergique entre la perte et la fragmentation d'habitats (Radford et al., 2005). Même si ce seuil n'a pas été identifié spécifiquement pour les milieux urbains, il serait prudent d'encourager son utilisation dans les villes. C'est pourquoi il est suggéré de conserver un couvert végétal d'au moins 40 %. Pour ce faire, les villes peuvent préférablement protéger les milieux naturels existants ou augmenter la superficie des espaces verts sur leur territoire.

? créer un réseau écologique qui relie les parcelles d'habitats le long du gradient urbain rural : Un réseau écologique regroupe un ensemble de parcelles d'habitats et

42

Conclusion et perspectives

Ce travail s'inscrivant dans le cadre de l'application des techniques d'écologie du paysage et les outils du Système d'Information Géographique, avait pour objectif d'analyser la structure de l'occupation de la ville de Bukavu à partir de données de télédétection, du SIG et d'outils d'analyse de l'écologie du paysage.

Il ressort de cette analyse que la structure spatiale de l'occupation du sol de la ville de Bukavu est déjà profondément anthropisée et que la végétation naturelle se détériore considérablement. Les résultats obtenus montrent que les Sols nus et bâtis occupent 54,72% de la surface totale suivie par les Savanes avec une proportion de 19,25%, par les Savanes herbeuses 15,11% et par les Forêts 10,92%. Et donc, la classe anthropique représente (Sols nus et bâtis) déjà environ le 1/2 de la superficie du paysage, sans compter la proportion occupé par la végétation anthropisée (Savanes herbeuses et Savanes).

Compte tenu de ces situations qui sévissent, des mesures de protection des paysages dans milieux urbains doivent être prises dans l'ensemble du pays avant qu'il ne soit trop tard. Une meilleure planification conciliant le développement urbain au maintien de la biodiversité doit être entreprise. Notamment :

? augmenter ou maintenir une superficie relative du couvert végétal d'au moins 30% : les efforts de verdissement peuvent se concentrer sur les milieux naturels dégradés, tels que les milieux humides, les habitats côtiers et les bandes riveraines. Ils peuvent également viser à réduire les surfaces imperméables sur le bord des routes, dans les parcs, les espaces publiques et les stationnements. Les villes peuvent également inciter tous types de propriétaire à verdir leurs propriétés par la mise en place de toits verts, de murs végétaux ou de potagers.

? restaurer la qualité des parcelles d'habitats existants en encourageant une gestion écologique des espaces verts : un moyen efficace pour augmenter la qualité des parcelles d'habitats en milieu urbain est la conservation de la diversité structurelle de la végétation.

43

les corridors qui les relient (CRECQ, 2014). En milieu urbain, il est recommandé de créer un réseau écologique à l'échelle du gradient urbain-rural (Noss, 2004). Ce dernier est relié à un réseau encore plus large qui se retrouve à l'extérieur des milieux urbains et qui comprend de très grandes zones de végétation naturelle et une meilleure connectivité globale.

La présente étude n'est pas un produit fini. Elle comporte certainement des imperfections et des inconnues qui limitent encore notre compréhension du phénomène de l'anthropisation du paysage. Cependant, elle demeure le début d'un cheminement de recherche qui devrait s'étendre en étudiant la dynamique spatiotemporelle. Il conviendrait de disposer d'images satellitaires à intervalles de dix ans afin de mieux caractériser l'anthropisation du paysage à Bukavu et ses périphéries. Ainsi, nous pouvons chercher à améliorer ou créer d'autres indicateurs paysagers afin d'aboutir à une catégorisation de l'anthropisation (faible, moyenne, élevée, très élevée) des paysages, proposer une démarche à caractère pragmatique qui cherche à utiliser les possibilités offerte par la géomatique, l'écologie du paysage et les données de terrain avec les populations locales pour apporter une contribution à la compréhension de la dynamique paysagère, alimenter une base de données nationales concernant l'identification des milieux urbains à haut risque d'anthropisation. Ces actions pourraient probablement enrichir les réflexions d'une population en pleine mutations socio-économiques qui s'interroge déjà sur le devenir des générations futures sur le choix des politiques de planification spatiale.

44

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore