WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Structure administrative et gestion de la population dans le département du Mbéré de 1983 à  2018


par Léandre TASSONA
Université de Ngaoundéré - Master 2 Histoire 2019
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

LABORATOIRE HOMME ET SOCIÉTÉ

STRUCTURES ADMINISTRATIVES ET GESTION DE LA POPULATION DANS LE DÉPARTEMENT DU MBÉRÉ DE 1983 À 2018

LABORATORY MAN AND SOCIETY

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master Recherche en Histoire

Par

TASSONA Léandre (13A020LF)

Titulaire d'une licence en Histoire

Sous la direction de

Dr Hamoua Dalaïlou

Chargé de Cours

Sous la supervision de

Pr Mbenguè Nguimè Martin

Maître de Conférences

Année académique 2017/2018

Dédicace

À 

- la mémoire de ma défunte mère, Aïssatou ;

- ma grand-mère, Assouma Angèle ;

-mes tantes et oncle, Wanga Aminatou, Alarba Dissatou et Hamadou Stéphane ;

-mes frères, cousins et cousines.

Remerciements

Il est souvent dit que le mémoire est une échappée solitaire. Cependant, il ne fait aucun doute que ce travail n'aurait pu aboutir sans l'aide et le soutien bienveillant d'un certain nombre de personnes.

Mes sincères remerciements s'adressent particulièrement à nos directeurs de mémoire, le professeur Mbenguè Nguimè Martin et le docteur Hamoua Dalailou, pour leurs précieux conseils, disponibilité, patience et sens de l'écoute.

Je tiens également à remercier ma famille et mes amis pour leur présence, leurs encouragements et leurs prières au quotidien.

Que tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin, m'ont accordé leur temps, m'ont aidé aussi bien matériellement que financièrement, ont pensé à moi, m'ont donné leur travail, ont contribué d'une manière ou d'une autre à la finalisation de ce mémoire, trouvent ici l'expression de mes vifs et infinis remerciements.

Je n'ose citer personne nommément de peur d'en oublier.

Profonde gratitude !

Sommaire

Dédicace i

Remerciements ii

Sommaire iii

Liste des sigles, acronymes et abréviations iv

Liste des cartes v

Signification en français des vocables ou termes propres aux langues nationales ou étrangères utilisés dans le texte vi

Résumé vii

Abstract viii

Introduction générale 1

Chapitre I : Composition ethnique et poids politique des divisions territoriales du Département du Mbéré depuis 1983 22

Chapitre II : Déficit d'encadrement des localités isolées dans les unités territoriales hôtes depuis 1983 54

Chapitre III : Doléances/revendications des populations isolées et les nouveaux défis de l'administration camerounaise 85

Conclusion 99

Sources et références bibliographiques 103

Annexes 115

Table des matières 131

Liste des sigles, acronymes et abréviations

1- Sigles

CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée

DEA : Diplôme d'Études Approfondies

HCR : Haut-Commissariat des Réfugiés

IAEB : Inspection d'Arrondissement de l'Éducation de Base

INC : Institut National de la Cartographie

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCC : Parti Communiste Chinois

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PV : Procès-verbal

RCA : République Centrafricaine

RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais

SA : Sans Auteur

SDN : Société Des Nations

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée

UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès

USB : Universal Several Bus

2- Acronymes

ANY : Archives Nationales de Yaoundé

BUCREP : Bureaux Central de Recensement de la Population

BUNEC : Bureaux National d'État Civil

CAPS : Centre Africain de Partage du Savoir

FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines

MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et de la Décentralisation

MINDAF : Ministère du Domaine et des Affaires Foncières

MINEPAT : Ministère de l'Économie, de Planification et de l'Aménagement Territorial

MOINAM : Mouvement d'Investissement et d'Assistance Mutuelle

ONAREST : Office National de la Recherche Scientifique et Technique

ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer

3- Abréviations

Ibid : ibidem

N° : numéro

Liste des cartes

Carte 1 : Localisation du Département du Mbéré Erreur ! Signet non défini.

Carte 2 : carte administrative de l'Arrondissement de Meiganga 25

Carte 3: carte administrative de l'Arrondissement de Djohong 28

Carte 4: carte administrative de l'Arrondissement de Ngaoui 32

Carte 5: carte administrative de l'Arrondissement de Dir 35

Signification en français des vocables ou termes propres aux langues nationales ou étrangères utilisés dans le texte

Ardo : chef traditionnel de 3e degré

Auto-khthôn : autochtone

Djaoro: chef du quartier

Gestio : gestion

Populus : peuple

Struere : structure

Résumé

Depuis la création de l'État moderne, l'administration est le canal par lequel il assure son omniprésence. Pour se faire, il se déploie à travers un système de quadrillage de l'espace via les unités administratives afin de mieux se rapprocher des administrés. Cependant, dans le Département du Mbéré, certains villages proches ou du moins géographiquement avalés par une unité administrative se trouvent sous l'autorité d'une autre unité de commandement bien éloignée. Cette situation pose un problème de la mauvaise démarcation des limites des unités administratives, et donc de manque d'une administration de proximité efficace. Dès lors, qu'est-ce qui explique que, dans ce Département, des localités situées dans un arrondissement se trouvent piloter par un autre arrondissement ? Pour répondre à cette problématique, nombre de sources a été exploité. Il s'agit notamment des sources écrites, des témoignages oraux, des données électroniques. La combinaison, l'analyse et l'interprétation de ces sources ont permis de comprendre que dans le Département du Mbéré, la délimitation des unités administratives répond à des terminologies sociohistoriques et politiques. Par conséquent, cette construction politico-historique a fait émerger des localités isolées au sein des divisions territoriales et entrave, de ce fait, la meilleure administration de ces dernières.

Mots clés : structure administrative, gestion de la population, Département du Mbéré

Abstract

Since the creation of the modern State, the administration is the channel by which it ensures its omnipresence. To be done, it is spread through a system of squaring of space via the administrative units to better approach managed. However, in the Department of Mbéré, certain close villages or at least geographically swallowed by an administrative unit are under the authority of another quite distant unit of command. This situation poses a problem of delimitation of the administrative units and thus of lack of an effective administration of proximity. Consequently, that explains that, in this Department, of the localities located in a district are controlled by another district? To answer these problems, many sources were exploited. They arethe written sources, oral testimonies, and the electronic data. The combination, the analysis and the interpretation of these sources make it possible to understand that in the Department of Mbéré, the demarcation of the administrative unit's answers terminologies sociohistorical and political. Consequently, this construction politico-history made emerge localities isolated within territorial divisions and obstacle, so the best administration of these last.

Keywords: administrative structure, management of the population, Department of Mbéré

Introduction générale

I- Présentation du sujet

Aristote dans la Politique, défini l'Homme comme un animal politique, il est par nature sociable1(*).Très mal présentée. Est-ce un ouvrage, un article, un chapitre d'ouvrage ? À revoir. C'est ainsi qu'il a mis en place un système de régulation et d'hiérarchisation qui régente en permanence la société. Dans ce concert, son épanouissement se décline par l'établissement de certains principes de bases qui se rapportent aux codes et interdits pilotés par une instance spécialisée de direction2(*)Revoir la date. C'est pas 1999, . Cette instance est régie par un certain nombre d'attributions qui s'exprime essentiellement par la satisfaction de l'intérêt général. Il s'agit entre autres de préserver en toute circonstance la paix sociale, de promouvoir le développement économique et de garantir le bien-être de tous. Pour mener à bien cette mission, elle est dotée d'un moyen de pression afin de maitriser l'équilibre sociétale. Cet état de chose s'apparente à coup sûr à la mosaïque de l'État, groupement de domination institutionnalisée en ce sens qu'il réclame avec soif le monopole de la violence3(*). Donc considéré comme tel, l'État doit se mouvoir en différentes structures spécialisées pour son rôle régalien. Compte tenu de la complexité de couvrir tout son champ d'action, il a besoin des intermédiaires pour assurer son omniprésence. Il s'agit de l'administration qui représente le prolongement ou la continuité de l'État chargée de veiller à l'application des lois, des décrets, et des jugements4(*). Pour que son autorité puisse s'exercer effectivement, l'administration est tenue de mettre en place un dispositif de quadrillage de l'espace social.

Par ailleurs, la manière dont les administrations s'organisent et organisent la société est très différente selon les pays. Au Cameroun, la politique de découpage administratif n'épouse pas les déploiements sociologiques afin d'assoir l'intégration nationale tant cruciale à l'épanouissement de tous et de chacun. Le brassage des populations à travers les dix régions se poursuit, en dépit de quelques réactions de rejet de l'autre, observables de temps en temps. Pays pluriethnique et multiculturel, le Cameroun est un véritable patchwork de populations. Raison pour laquelle il faut inlassablement faire la promotion des valeurs telles que la paix et la tolérance pour une cohabitation toujours pacifique, afin de consolider l'unité nationale, de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre-ensemble des populations.

C'est dans cette veine que l'évolution de l'organisation administrative du territoire national suit une constante, celle de se superposer aux encadrements politiques traditionnels. Dans la partie septentrionale du Cameroun, elle a d'abord entériné les grands ensembles, sultanats et lamidats, puis les découpages administratifs ont repris des principautés musulmanes secondaires ou des sous-groupes ethniques. Jusqu'à nos jours, même en les morcelant pour mieux les contrôler, le découpage administratif s'est déterminé en fonction des chefferies traditionnelles ou des entités ethniques. Ainsi, les chefferies ont perduré et subsistent aux côtés des rouages de l'administration ; mieux, elles en sont les rouages ultimes, les relais en direction des populations5(*).

Dans cette entreprise, les réalités des limites administratives sont rarement prises en compte. Or, comme le relève Antony Asiwaju, les problèmes posés sur les frontières internationales en Afrique Noire, sont les conséquences des dysfonctionnements internes à ces pays. Parmi ces problèmes de gestion interne, figurent les politiques d'aménagement du territoire6(*). C'est compte tenu de tous cela, que cette étude historique de l'organisation administrative s'inscrit dans un cadre bien précis, à travers ce mémoire intitulé : « structures administratives et gestion de la population dans le Département du Mbéré de 1983 à 2018 ».

II- Motivation du choix du sujet et intérêts

La réalisation de ce travail n'est pas un fruit du hasard. En effet, les travaux sur l'administration dans le département du Mbéré ne sont pas assez nombreux voire quasi inexistants. Suite à ce constat fait sur la production des écrits scientifiques historiques sur ce thème, nous avons le souci de contribuer à l'historiographie du Nord Cameroun en étudiant la structure et la gestion des populations dans le Mbéré.

En faisant le choix de ce sujet, l'intérêt se situe à trois niveaux :

- sur le plan scientifique, il est indispensable d'étudier méthodiquement le problème du découpage territorial en vue de constituer une banque des données et des réponses utilisables en vue de résoudre les éventuels problèmes pouvant surgir à la suite d'un découpage. Par cette modeste érudition, nous avons dû nous atteler à étudier les problèmes que pourrait poser l'installation des entités administratives sur un espace bien déterminé.

- sur le plan sociétaire, en notre qualité d'homme de science et en tant qu'historien concerné par ce découpage, nous avons abordé ce sujet pour nous atteler à la tâche prospective d'essayer de comprendre et de déceler les problèmes que pourraient générer le découpage territorial sur le fonctionnement harmonieux du Département du Mbéré.C'est pourquoi, nous nous sommes sentis attirer par ce sujet.

-sur le plan personnel, nous avons été attirés par ce sujet car le découpage territorial qui a pour but de rapprocher l'administration des administrés peut déboucher sur une mauvaise administration ou sur la paralysie des services publics si une bonne coordination n'était pas mise en place en vue de régulariser les relations entre les gouvernants et les gouvernés.

Par ailleurs, en s'intéressant à l'histoire des découpages administratifs, cette étude a, dans une approche pluridisciplinaire, un intérêt pratique local et national. Sur le plan local, en s'intéressant aux perceptions que les populations ont des découpages et en analysant des difficultés qui s'en dégagent, elle peut aider l'autorité dans la définition d'une meilleure politique de quadrillage territorial ; dans la mesure où l'administration doit toujours se rapprocher davantage des administrés. Sur le plan national, cette étude de cas intervient dans un contexte sécessionniste où les camerounais anglophones se plaignent d'une attention insuffisante de la part de l'administration publique du Cameroun. De ce fait, notre travailpeut servir de base pour une approche institutionnelle des limites. Ainsi, nous osons croire que notre travail, fruit d'un long processus d'instruction, d'apprentissage et de recherche personnelle peut constituer une source potentielle pouvant contribuer au développement de notre système administratif.

Sur ce, nous avons donc essayé d'apporter notre modeste contribution dans cette étude en vue de l'obtention du diplôme de Master en « Histoire, option Histoire Politique et des Relations Internationales».

III- Cadre conceptuel et théorique

Il s'agit de clarifier les différents concepts clés de notre sujet d'étude. Ensuite, on va faire ressortir les différentes théories établissant les rapports entre administration et administrés.

1. Cadre conceptuel

Ce sujet s'inscrit dans le cadre de l'histoire politique et administrative et s'intéresse à toutes les questions qui tournent autour de l'organisation administrative. Ainsi, la compréhension de notre étude passe nécessairement par la définition des concepts tangibles et intangibles y afférents. Elle porte principalement sur les notions d'administration, de gestion et de la population.

Étymologiquement, le mot structure vient du latin structura ou struere7(*), qui signifie construire. La structure peut être définie comme la manière dont un corps est constitué. En sciences et techniques, une structure ou ossature est un système permettant le transfert des différentes forces appliquées au bâtiment jusqu'au sol où elles s'équilibrent. Elle permet d'assurer à la construction son indéformabilité, donc sa solidité et sa stabilité. En entreprises, la structure est l'agencement rationnel de tous les éléments essentiels pour que l'entreprise fonctionne avec efficacité.Enfin en management, « la structure organisationnelle ou structure d'une entreprise est la façon dont elle découpée ».8(*)La structure, généralement d'un système, est la façon dont ses éléments sont reliés ou interagissent entre eux. En effet, un phénomène est dit structurel s'il est dû à la structure du système, par exemple d'une société. Et c'est cette dimension qui intéresse la présente étude.Établissez d'abord le rapport entre structure et administration avant de procéder à la définition du concept d'administration. Soucis de cohérence. En plus que doit-on retenir de ce mot ici ? Il faut préciser la définition qu'on doit retenir de chaque concept.

Quant à l'administration, il faut dire qu'administrer, c'est assurer l'application des lois, veiller aux rapports des citoyens avec l'administration et de diverses administrations entre elles. L'administration est une tâche quotidienne qui descend jusqu'aux actes les plus humbles telle la distribution du courrier par le postier. Elle est sur le plan matériel, le fait de gérer une activité ou une affaire9(*). Au sens organique, l'administration est l'organe qui exerce l'activité de la structure. Le mot s'emploie aussi bien dans les affaires publiques que privée10(*). L'administration au sens de l'État vise l'intérêt public, l'intérêt général ou commun par opposition à l'intérêt privé, le bénéfice ou le gain11(*)Voir précédent commentaire. De ce fait, l'action administrative au sein de l'État repose donc sur la notion de puissance publique. Par puissance, il faut entendre l'ensemble des prérogatives accordés à l'administration pour lui permettre de prévaloir l'intérêt général12(*). Voir précédent commentaireL'administration fait usage des règles particulières exorbitantes de droit commun. L'administration est donc chargée de préparer les décisions du pouvoir politique, d'exécuter les décisions du pouvoir politique, et de maintenir l'ordre sur l'autorité du pouvoir politique. Ainsi, la définition des grandes orientations de la vie de l'État relève de la politique par exemple déclarer une guerre, définir un plan pour l'éducation, la santé, etc. La mise en oeuvre des grandes orientations politiques, la gestion des affaires courantes sont de la compétence de l'administration13(*).

En effet, l'administration est considérée comme un système de gestion de l'État qui marque son omnipotence dans tout le champ social pour que l'ordre et la sérénité règne sur l'ensemble territorial14(*). Charles Debbach pense que ce terme à lui seul est synonyme de gestion15(*). De ce fait, chaque régime politique conditionne le système d'administration mis en place par la tutelle étatique afin de canaliser l'esprit des citoyens. L'effectivité de l'autorité de l'État n'est applicable lorsque l'administration agit pour la gestion de l'espace social. Cette démarche strictement politique est incontournable dans le quadrillage territorial. Elle marque la présence étatique par une délimitation pure et simple du foncier territorial qui permet ainsi à l'autorité centrale de contrôler du centre vers la périphérie et de la périphérie vers le centre.

L'administration se déploie donc dans l'espace géographique constitué d'unités administratives chargées de mettre en place et de gérer les espaces locaux et les populations afin de concentrer leurs intérêts tout en prenant en compte les sensibilités politique, économique et socioculturelle des habitants16(*). À travers cette fonction administrative, l'administration en fonction de bras séculier de l'État joue ainsi un rôle complexe qui est à la fois instrumental du fait qu'elle régule les tensions sociales et la fonction des politiques émises par le pouvoir central.

Par ailleurs, l'administration dégage deux terminologies : l'administration centrale qui siège dans la capitale politique et qui est chargée de donner l'impulsion sous réserve du phénomène dit de délocalisation administrative (lorsque les services centraux se trouvent hors de la capitale politique), et l'administration territoriale ou locale quant à elle comprend les services extérieurs des ministères, des circonscriptions administratives et les collectivités territoriales décentralisées. Et c'est cette dernière terminologie apparait opportun pour impulser des réflexions plus aiguisées à cette étude.Établissez d'abord le rapport entre administration et gestion.

Structure administrative quant à elle, renvoie à la configuration des entités territoriales. Ainsi dans le cadre de cette étude, elle se réfère aux contours des arrondissements que regorge le Département du Mbéré.

Du latin gestio, le concept de gestion se réfère à l'action et à l'effet de gérer ou d'administrer. Gérer, c'est prendre des mesures conduisant à la réalisation d'une affaire ou d'un souhait quelconque. Pour mieux saisir ce concept, il faut l'assimiler à administrer, qui renvoi à gouverner, diriger, ordonner ou organiser17(*). Cependant, c'estla gestion sociétale qui interpelle cette étude, en ce sens qu'elle consiste à construire divers espaces d'interaction.Très très reductrice cette difinition. Il faut revoir.

Le concept Quel lien entre population et gestion ?de population provient du terme latin populus et désigne le peuple18(*). C'est l'ensemble des individus qui habite un espace, un lieu (la terre, une région, un pays, une ville, un village)19(*). Elle peut-être dans son acception, considérée d'une part, du point de vue démographique. C'est-à-dire la prise en compte des données quantitatives de cette population. D'autre part, elle est considérée du point de vue non démographique. C'est-à-dire les qualités ou les caractéristiques de la population étudiée. A l'instar de la langue, le physique, la psychologie, la morale etc. Dans son usage plus habituel, le mot désigne l'ensemble de personnes habitant sur la Terre ou n'importe quelle division géographique de celle-ci20(*). Il permet aussi de désigner l'ensemble de bâtiments et d'espaces d'une ville et le rapport action / effet de peupler. En écologie, la population est un ensemble d'individus de la même espèce occupant la même zone géographique21(*). En sociologie, par contre, il s'agit d'un ensemble d'individus ou de choses soumis(es) à une évaluation statistique par le biais de la réalisation d'un sondage22(*). La branche qui étudie les populations humaines est la démographie. Dans le cadre de cette étude, l'accent sera mis sur « les populations locales ». C'est-à-dire les personnes qui résident dans la zone de l'étude. Il s'agit en fait des populations qui sont établies de manière habituelle ou permanente dans le Département du Mbéré.

Le Département du Mbéré est une circonscription administrative qui compte quatre sous-préfectures et communes réparties sur une superficie de 17000km² soit 25% du territoire de l'Adamaoua ou alors les 3,5% du territoire national, pour une population estimée en 2008 à 172000 habitants, donnant une densité de 10,1 habitants au Km². Il est coincé au nord par le Département de la vina, à l'est par la République centrafricaine, à l'ouest par le Département du Djerem et au sud par le Département de Lom et Djerem.

2. Cadre théorique

Le débat autour de l'administration a fait objet de plusieurs théorisations. Il est question dans cette partie de faire ressortir les différentes approches qui ont servi de base aux études antérieures pour pouvoir sortir une approche dans laquelle s'inscrit cette étude.

La théorie de la frontière administrative, qui dans un contexte africain, s'impose aux populations qui n'ont pas le droit de remettre ces frontières en cause. En effet, les politiciens définissent ces limites sans prendre en compte le consentement de la population, mais plutôt en fonction des intérêts de l'administration.Ainsi, le territoire est défini en se concentrant sur les rapports de pouvoir et leurs transcriptions dans l'espace23(*). Une partie de la définition de Marie-Christine Jaillet peut servir à illustrer l'acception de la notion en géographie politique : « [...] le territoire désigne à la fois une circonscription politique et l'espace de vie d'un groupe [... qui] cherche à en maîtriser l'usage à son seul avantage [...] ». Il s'agit d'une sorte de territorialité humaine qui constitue une stratégie de contrôle des individus à travers la constructiond'une organisation spatiale afin conforter le pouvoir de l'administration.Ceci implique que cettedernière doit mettre en place un espace borné et reconnu, autant par la population résidente que par les autres circonscriptions administratives.Pour se faire, le marquage se fait sans se focaliser sur sa dimension culturelle et sa dimension identitaire dans son rapport à l'espace. Autrement dit, le territoire n'est pas lié à l'identité culturelle des populations l'habitant et ayant une emprise sur sa gestion ou encore aux représentations que l'on s'en fait.

Par rebond, la population se trouve dans ce que John Agnew appelle le piège territorial « territorial trap »24(*)Mal citée. Revoir. EST6CE UN CHAPITRE D'OUVRAGE ?pour désigner le fait que l'État via l'administration est vu, de manière éternelle, comme garant du pouvoir dans le monde moderne. Trois suppositions invariables créent ce piège territorial. La première est que la souveraineté étatique moderne a besoin d'espaces territoriaux clairement limités. La deuxième supposition est que les États modernes sont constamment en opposition les uns aux autres parce que leur bien-être augmente forcément aux dépens des autres. Il n'y aurait donc de civilisation qu'au sein de son territoire bien délimité. Troisièmement, les États territoriaux sont vus comme le contenant géographique de la société moderne.25(*)

Dans ce sens apparait également la théorie de la contrainte administrative26(*). En effet, un acte administratif est une norme juridique, source de droits et/ou d'obligations pour l'administré. C'est la dimension « obligation » qui est essentiel puisque celle-ci implique une contrainte particulière pour le débiteur de ladite obligation. La norme se fait donc prescriptive sur un mode impératif et impose donc une obligation de faire ou de ne pas faire à son destinataire. C'est en ce sens que l'on doit entendre le terme « exécutoire » classiquement accolé à celui de « décision » et qui signifie que l'acte administratif est porteur d'une norme qui, en tant que telle, (parce qu'elle est émise par voie d'autorité par l'administration), possède une force contraignante la conduisant à s'exécuter en dehors de toute intervention extérieure27(*). Elle nous intéresse dans la mesure où cet acte administratif de quadrillage de ce territoire fut imposé à la population en place.Ainsi, le fait que la norme ait été édictée oblige son destinataire à s'y soumettre. La particularité des voies d'exécution réside dans une banalisation voire une privatisation des rapports administré/administration. L'acte administratif impose une obligation, certes de nature administrative, mais qui, par l'effet d'une action judiciaire par laquelle l'autorité administrative est demanderesse à l'instance, se trouve commuée en obligation quasi civile. La puissance publique se transformant créancière de cette obligation et l'administré en devenant le débiteur. Cette théorie n'exclut pas également la théorie de la remise en question de la décision administrative à travers laquelle la population peut par voix de pétition, ou encore saisir la justice pour contester la décision de l'administration. Cela peut se manifester par voix verbale, écrite ou sous forme de négociation, mémorandum, de marche pour mettre en relief un malaise, se faire comprendre par l'administration, afin d'en trouver un compromis.

La théorie de l'administration d'Henri Fayol28(*) est également une pensée explicative à cette thématique. Qu'est-ce qu'administrer selon Fayol ? C'est prévoir, « organiser », au sens fort du terme, « constituer » l'organisme ; c'est commander, permettre au personnel de remplir ses fonctions en lui donnant des ordres ; c'est aussi coordonner, harmoniser les efforts et les travaux de chacun dans un ensemble ; c'est enfin contrôler, veiller au respect des ordres et des règles établis. Telles sont les cinq fonctions administratives, étant entendu qu'il ne faut pas confondre « gouverner », qui est assurer le meilleur fonctionnement de l'organisation dans les opérations essentielles précédemment mentionner, et « administrer » qui correspond plus spécifiquement à la dernière de celles-ci. Il revient à Fayol d'avoir insisté sur la nécessité dans laquelle se trouvent les responsables d'organisation d'acquérir une formation administrative29(*). Cette théorie traite de l'organisation humaine, qui a plus pour seule fin le meilleur fonctionnement global de la société, et qui par conséquent, concerne davantage les dirigeants que les exécutants30(*). Il s'agit d'effectuer la rationalisation d'un tel ensemble. À cette fin, il est essentiel de dresser des « tableaux d'organisation » qui permettent de saisir d'un coup d'oeil l'ensemble de l'organisme, les services, les structures et la filière hiérarchique. C'est par l'étude minutieuse de ces tableaux, ancêtres de ce qu'on appelle l'organigramme, qu'on découvrira tous les défauts d'organisation, ou qu'on décèlera d'unité dans le commandement, qui constitue la faute la plus grave aux yeux de Fayol. Ce dernier a dégagé quatorze principes de l'administration31(*). Parmi les plus significatifs, le principe d'autorité est posé comme « le droit de commander et le pouvoir de se faire obéir ». Cette théorie se rapporte à notre sujet en ce sens qu'elle met à nu la part de l'administration, qui nous permettra de mieux saisir le rapport qu'il entretient avec les administrés.

IV- Délimitation du sujet

1. Cadre géographique et humain

L'orthodoxie scientifique oblige, certes, de conférer à ce travail une limite spatio-temporelle. Et que, la connaissance et l'étude d'un peuple passe par une maitrise de sa situation géographique. L'investigation menée, s'inscrit dans les terres de la région de l'Adamaoua. Tout comme les bornes chronologiques de cette étude, le cadre spatial est fermé et statique ; compte tenu de l'orientation de la problématique de ce mémoire.Sources ?

Créé par décret n°83/390 du 22 août 1983, le Département du Mbéré32(*) est limité au Nord par l'Arrondissement de Touboro ; au Nord-ouest par l'Arrondissement de Belel (Département de la Vina) ; à l'Ouest par l'Arrondissement de Nyambaka (Département de la Vina); au Sud par l'Arrondissement de Garoua-Boulai (Région de l'Est) ; au Sud-ouest par l'Arrondissement de Ngaoundal (Département du Djerem) ; àl'Est par la République Centrafricaine33(*). Les principaux groupes ethniques sont les Gbaya et les Peul (les Foulbé et les Mbororo) considérés comme des groupes ethniques majoritaires34(*); les Haoussa, les Bamiléké, les Mboum et les Mbéré, considérés comme des groupes ethniques minoritaires.

Dans le Département du Mbéré, trois religions sont dominantes : le catholicisme, le protestantisme et l'Islam. Plusieurs autres religions se retrouvent à cause du vent de démocratisation des années 90, les témoins de Jéhovah, la mission du plein évangile etc. Le caractère rural de la population contraint cette dernière aux activités du secteur primaire35(*). Elles occupent la majeure partie de la population active en milieu rural, plus de 90% d'hommes et de femmes36(*). Il s'agit de l'agriculture baséeessentiellement sur les cultures vivrières.

L'élevage est encore de type traditionnel, extensif marqué des phénomènes de transhumance et de nomadisme. La pêche se pratique le long des fleuves Lom, Mbéré et Djerem. La chasse se matérialise par un braconnage intensif. L'exploitation forestière se réduit principalement à la collecte du bois de chauffage.

À cette population, il faut ajouter la présence de 80 000 réfugiés centrafricains repartis principalement dans deux sites : Borgop dans la Commune de Djohong et Ngam dans la Commune de Meiganga37(*). Sur le plan traditionnel, le Département du Mbéré compte sept grandes chefferies, une de premier degré à Meiganga, cinq de deuxième degré à Djohong, Lokoti, Dir, Kalaldi et Bagodo et un canton autonome à Mboula. Le Département du Mbéré est découpé en 4 arrondissements ou communes : Dir, Djohong, Meiganga, Ngaoui.

Carte 1: Localisation du Département du Mbéré

Votre texte ici

2. Cadre temporel

L'étude ainsi conduite s'inscrit dans une durée bien précise. Celle-ci est, en effet, importante pour ressortir les permanences et les mutations de l'objet étudié. L'analyse menée des organisations administratives dans le cadre de ce travail, couvre la période allant de 1983 à 2018.

La borne inférieure correspond à l'année de l'adoption du décret n°83/390 du 22 août 1983, portant surla réorganisation administrative du Cameroun qui a parmi tant d'autres modifié l'ancienne Région du Nord Cameroun, en la subdivisant en trois provinces : l'Extrême-nord, le Nord et l'Adamaoua. De ce fait, le Département du Mbéré est né de l'éclatement en 1983 de l'ancien Département de l'Adamaoua en cinq nouveaux départements : le Djerem, le Faro et Déo, le mayo Banyo et le Mbéré38(*). Tandis que la borne supérieure, qui s'inscrit à 2018, traduit notre volonté de comprendre les réalités actuelles de cette ossature administrative, est la limite supérieure de cette étude. Ce découpage est, néanmoins, beaucoup plus méthodologique car, dans la compréhension des enjeux multiples et des implications nombreuses des mutations des limites, nous remontons souvent au- delà de cette fourchette chronologique.

V- Revue de la littérature

La revue de la littérature permet de faire plus d'ample connaissance des méthodes utilisées par les autres, de cerner leurs insuffisances et leurs pertinences par rapport à la question de recherche posée. Plusieurs travaux antérieurs au notre ont eu pour objet d'étude des thématiques liées au rapport entre administration et administrés. L'ensemble de ces publications qui constituent un vaste champ de recherche a été une source d'inspiration pour notre étude. Ainsi pour une meilleure compréhension de la thématique de la structure administrative et la gestion des populations dans le Département du Mbéré, nous avons pu exploiter un certain nombre d'ouvrages,de thèses, de mémoires et articles. Ceci dans la mesure où la conduite d'une telle étude nécessite une lecture plurielle et critique des documents qu'il importe de classer en répertoire.

Dans la majorité des rares travaux qu'on a eu à consulter, la question des découpages territoriaux, s'est faite à travers la compréhension du système d'administration du Cameroun en général, et de sa partie septentrionale en particulier. Mais à fortiori, c'est l'approche structurelle de l'institution administrative qui y est privilégiée et relève beaucoup plus du terrain prolifique des juristes39(*). Il s'agit d'André Brockel, pionnier dans l'analyse du système administratif camerounais40(*), et de Roger Gabriel Nlep41(*). De plus, l'ouvrage de André Marie Tientcheu Njiako, nous a permis de comprendre les modalités judiciaires de délimitation et de démarcation des limites foncières en général, et des frontières administratives en particulier42(*). À côté des écrits des juristes ou des politistes pures, des productions historiennes s'inscrivent, plus ou moins, dans le champ temporel, thématique et géographique de ce travail. L'évolution des frontières précoloniales de la Région du Nord Cameroun face à l'imposition coloniale des limites linéaires ou astronomiques a été mieux appréhendée43(*).

Les travaux de Jean-François Bayart sont par ailleurs incontournables dans la compréhension des tenants et des aboutissants des mouvements politiques et administratifs des États africains francophones en général et du Cameroun en particulier44(*). Aussi l'article de Pierre Soumille met en exergue les enjeux majeurs, les méthodes et l'impact du partage colonial des abords méridionaux du lac Tchad nous a été d'une grande utilité45(*).Cependant, certains travaux d'universitaires camerounais touchent, de près ou de loin, la question des découpages territoriaux. Dans leur analyse, c'est beaucoup plus une démarche organisationnelle ou historico-administrative qui est privilégiée. Il en est ainsi des thèses de Robert Nkili ou de Daniel Abwa. Abdouraman Halirou dans sa thèseanalyse à travers un prisme diachronique les fondements multiples, qui sont à la base des modifications des limites territoriales dans le grandNord-Cameroun et ses conséquences.Ango Mengue étudie l'évolution administrative du Cameroun à travers une approche géographique.

Akona Avele dans son mémoire, analyse les enjeux de nomination et de révocation des élites administratives dans l'Extrême-Nord du Cameroun de 1959 à 201146(*). En dressant le catalogue des chefs de circonscriptions administratives de la Région de l'Extrême-nord Cameroun, il étudie des mobiles stratégique, géopolitique et sociologique qui soutendent leurs nominations et révocations dans cette partie du pays. Bien plus, Bemadji Namarde Semplice quant à lui,retrace l'histoire de découpage territorial et des conflits intercommunautaires au Tchad47(*). Il s'inscrit dans le champ de l'histoire politico-administrative et s'intéresse à la dynamique des découpages territoriaux et des conflits intercommunautaires.

Par ailleurs les travaux portant sur le Cameroun en général, ne consacrent que peu de lignes à l'organisation administrative. Il s'agit principalement de Victor Julius Ngoh et Engelbert Mveng, qui ont tenté de récapituler l'histoire du Cameroun dans la longue durée. Le premier a eu le mérite d'avoir consacré un chapitre de son ouvrage aux antagonismes entre Gbaya marginalisé et Français conquérant. Le second quant à lui se contente d'une présentation de la diversité ethnique et religieuse au Cameroun.

En général, les documents énumérés présentent des informations certes intéressantes, mais qui ne prennent en compte qu'une partie de notre travail. Raison pour laquelle nous avons eu recours aux données de notre travail de terrain pour habiller notre étude. Par ailleurs, aucune recherche n'a été menée sur l'état des lieux de l'administration dans le Mbéré. C'est donc à partir de ce niveau que cette analyse présente l'originalité de notre investigation.

Toutes ces productions nous ont initié aux concepts, aux théories, aux débats et, bref, aux écoles de pensée sur l'administration. C'est donc à partir des particularités de ces travaux, et surtout de leurs manquements que nous avons développé notre étude. Celle-ci se base sur une problématique précise qu'il importe de présenter.

VI- Problématique

Le principe de la création des unités administratives est de faciliter l'accès des administrés aux services de l'administration ou de permettre à cette dernière d'assurer davantage l'épanouissement de la population. Paradoxalement, dans le Département du Mbéré, ce principe reste une vue de l'esprit. Certains villages proches d'une unité administrative ou considérés comme une « langue dans la bouche » de celle-ci se trouvent gérer par une autre unité de commandement bien éloignée. La situation ainsi relevée pose le problème de la mauvaise démarcation des limites des unités administratives ; et donc du manque d'une administration de proximité efficace. Aussi, la question principale qui retient l'attention ici est la suivante : qu'est-ce qui expliqueque dans le Département du Mbéré, des localités situées dans le territoire d'un arrondissement se trouvent sous le commandement d'un autre arrondissement ?De cette question centrale découlent des préoccupations secondaires : quelle est la composition ethnique et sociopolitique des divisions territoriales du Département du Mbéré ? Quels sont les obstacles à la meilleure administration des localités isolées et le nouveau challenge du gouvernement camerounais en matière de découpage administratif ?

VII- Objectifs de la recherche

L'objectif principal est de mettre en relief les problèmes qui caractérisent la vie des localités isolées à la suite du découpage administratif du Département du Mbéré survenu depuis 1983. Plusieurs sous objectifs sous-tendent ce travail. Il s'agit de :

- présenter la composition ethnique et le poids politique des unités administratives du Département du Mbéré ;

- faire ressortir les difficultés que rencontrent, sur le plan administratif, les populations des localités isolées dans les divisions territoriales hôtes ;

- relever les nouveaux challenges de l'administration territoriale du Cameroun après avoir insisté sur les doléances exprimées par les populations « isolées » dans le cadre de la lutte contre le déficit de leur encadrement administratif.

VIII- Méthodologie

La réalisation de cette entreprise est le fruit d'une méthodologie rigoureuse qu'il importe de présenter. Pour l'élaboration du travail, nous avons appliqué une recherche minutieuse des sources pouvant crédibiliser notre analyse. Nous avons eu recours essentiellement aux sources écrites, électroniques et orales. En fonction du temps qui nous est imparti, nous avons élaboré avant tout, un chronogramme de travail.

Les sources écrites concernant la réalisation de notre sujet sont constituées des textes officiels qui régissent l'administration. Ces textes sont constitués des décrets, des lois, des arrêtés, des ordonnances, des notes, des circulaires entre autres. Ils sont localisés dans l'Archive Nationale de Yaoundé (ANY), aux archives du ministère de l'administration territoriale, aux archives régionales de l'Adamaoua.Nous avons consulté pour la grande partie, les ouvrages, les dictionnaires, les mémoires de master et de maitrise, des thèses et des D. E. A. dans labibliothèque centrale de l'Université de Ngaoundéré, etde la FALSH, ainsi que le Centre Africain de Partage de savoir (CAPS). La consultation des journaux et revues nous a été d'un apport non négligeable. Dans cette quête des idées, nous étions toujours attachés à lire tous les documents susceptibles de renfermer une notion importante pour l'élaboration de notre travail. À ce titre, tous les écrits relatifs à Meiganga, Djohong, Dir, Ngaoui et au Département du Mbéré ont attiré notre attention pour être lus. Une fois, fait, nous avions commencé à lire les écrits relatifs au Cameroun, à l'Afrique et à l'histoire générale susceptibles non pas seulement de nous donner des idées sur notre sujet, mais aussi de nous donner des pistes de réflexions pour mieux aborder notre sujet. Pour cela, nous étions munies d'un format A4 divisé en deux parties, sur lequel nous relevions toutes les données utiles en précisant leurs pages après avoir relevé les références de la première découverture (titre de l'ouvrage, auteur, année, ville, maison d'édition, volume ou numéro). Pour, les mémoires, projets des thèses et de DEA, nous notons l'auteur, année de soutenance, titre, nature du travail universitaire et l'université d'attache, susceptibles de nous donner certaines assertions pour illustrer notre argumentation.

Lors de l'enquête sur le terrain, nous avons également visité les lieux des documents de premières mains. C'est ainsi que nous étions rendus dans les archives des mairies et des arrondissements de Meiganga, de Djohong, de Dir, de Ngaoui et de la préfecture du Département du Mbéré. Nous avions également visité les archives de la délégation régionale du domaine et des cadastres de l'Adamaoua. Même si, certains centres ne nous ont rien fourni, du moins, quelques-uns nous ont servi et nous avions recueillis les données trouvées en les photocopiant et dont certaines sont insérées en annexe.

Ensuite, parlant des sources wébographiques, tous les documents relatifs à notre zone géographique d'étude, tous les documents relatifs aux mots « structure », « administration », « gestion », « population », et « département du Mbéré » étaient consultés et copiés parfois dans le téléphone, parfois dans l'ordinateur et parfois dans la clé USB. Avant de cliquer sur « rechercher », nous nous assurions d'abord de la mise du thème entre guillemets. Cependant, la première des choses que nous faisions était le copiage du site où se trouve l'information, suivi de la date et l'heure où ce site a été consulté avant l'enregistrement de tout document.

Nous avons mené cette étude en se focalisant également sur des sources orales. Car la compréhension véritable des structures administratives ne peut être atteinte sans l'association des témoignages oraux aux données écrites. Ce d'autant plus que des pans importants de l'Histoire du Nord-Cameroun sommeillent encore dans les mémoires. C'est pourquoi des enquêtes orales ont été menées auprès d'un certain nombre d'informateurs dans le cadre spatial de cette étude et dans des différentes couches sociales.De ce fait, nous avons d'abord élaboré le questionnaire afin de faire des entrevues avec les informateurs. Après une version préliminaire dont nous avions fait, nous étions concentrés sur les contenus en jetant un regard critique sur la formulation et l'ordre des questions pour vérifier si ce questionnaire nous permettra de nous donner des renseignements répondants à nos objectifs. Après l'administration du questionnaire, nous avons essayé de voir quel informateur à choisir concernant telle question. C'est ainsi que nous avons trouvé les vieillards, les membres des chefferies, les populations victimes de l'isolement administratif, les administrateurs modernes, les autorités traditionnelles et certains adolescents instruits comme des ressources importantes.

Pendant l'entrevue, nous nous montrions modestes en face de l'informateur et pour recueillir les données, un ami était à mon aide pour enregistrer les conversations tandis que, moi je relevais certaines informations sur un bloc-notes. Il arrivait souvent que l'informateur nous induit à poser des questions qui ne nous ont attirés l'attention au cours de l'élaboration de notre questionnaire. Une fois la conversation terminée avec chaque informateur, nous procédions à son identification, nom et prénoms, lieu, date, heure de rencontre, sexe, métier, âge et religion.

Une fois la collecte des donnéesfinie, nous avions procédé à les confronter entre elles et avec les réalités du terrain, les analyser et à les interpréter par rapport au fait dont nous voulons remonter à travers notre entreprise. Les qualités gardées étaient au cours de ce travail, celles d'une personne impartiale, attentive et donnante dans la plupart des cas, raisons aux informations endémiques. Après cette phase, nous avions procédé à l'élaboration du plan de rédaction d'abord, ensuite à la rédaction proprement dite. Pendant cette phase nous insérions souvent certaines idées obtenues nouvellement et gardant une forte prudence pour éviter les fautes de grammaire, d'orthographes et de styles dans notre essai. C'est ainsi que nous avions faits des relectures après la rédaction finale et avions soumis le travail aux appréciations de noscamarades de promotion, amis et connaissance avec qui nous travaillions en entraide même si cette symbiose ne nous écartera des difficultés fatales.

XI- Les difficultés rencontrées

Toute recherche scientifique sur le terrain présente des difficultés qu'il faut surmonter pour pouvoir continuer. Comme dans toute oeuvre humaine, des difficultés ont été rencontrées à plusieurs étapes de cette recherche. Durant le terrain que j'ai effectué, il est à noter qu'il s'est déroulé sans souci majeur, quelques petits imprévus ou incommodités sont venues importuner ces journées de « labeur ». Nous n'entrons pas dans les détails. Mais les difficultés majeures qui méritent d'être soulignées sont celles relatives à l'insuffisance des sources documentaires et des moyens financiers et matériels.

La première difficulté majeure est l'insuffisance de documentation sur les difficultés que rencontrent les étudiants dans l'élaboration de leur mémoire. Cette étude n'est pas encore faite dans ledit département et les sources dont on dispose n'abordent pas de façon spécifique le problème. Ceci pourrait être à la base de certaines insuffisances dans l'inventaire documentaire critique.

C'est à l'occasion de la collecte des données que la difficulté majeure a été rencontrée. En dehors des différentes sous-préfectures (où on note une absence voire l'inexistence des services d'archivages) du Département du Mbéré où on a collecté quelques données monographiques, les recherches dans les archives de la préfecture (extrêmement délabrées et non opérationnelles) n'ont pas permis d'avoir des données exploitables malgré la volonté froissée du personnel de ces structures. Une autre difficulté, la perte des fichiers de la préfecture même due à une panne grave intervenue sur l'unité centrale du secrétariat particulier. Malgré toutes les interventions la récupération des fichiers n'a pas été possible. Toutefois, les solutions alternatives n'ont pas été trouvées pour avoir les informations nécessaires. Les données relatives à l'aspect de sécurité n'ont pas été accessibles du fait de la rétention d'informations enregistrée au niveau des agents abordés.

Sur le terrain d'enquête, la tâche n'a pas été du tout aisée, nous avons eu des difficultés pour rencontrer les chefs de services qui sont aussi pris pour éventuellement des devoirs sur table. Raison pour laquelle nous n'avons pu faire l'entretien qu'avec certains administrateurs.

X- Plan du travail

L'atteinte aux objectifs précités doit passer par un plan à trois niveaux d'étude dont on peut l'organiser comme suit :

D'abord le chapitre I traitera de la présentation de la composition ethnique et du poids politique des divisions territoriales du Département du Mbéré depuis 1983.

Ensuite, le chapitre II est une analyse des déficitsd'encadrement des localités isolées dans les unités territoriales hôtes depuis 1983.

En outre, le chapitre III s'attachera à l'étude des doléances/revendications des populations isolées et les nouveaux défis de l'administration camerounais

Chapitre I : Composition ethnique et poids politique des divisions territoriales du Département du Mbéré depuis 1983

Aborder la question des divisions territoriales, c'est aborder un pan de la réflexion sur les rapports entre l'État et ses parties. Toute organisation politico-territoriale sur une base étendue doit, en effet, répondre à une double nécessité ; découper le tout en parties, « diviser pour gérer... et régner »48(*); rassembler des parties pour créer un tout, coordonner d'authentiques forces territoriales pour construire l'entité d'un État durable. De cette dialectique émerge un équilibre dynamique qui assoit la base spatiale de l'État, avec un partage des compétences et des pouvoirs entre chaque niveau. Ainsi dans le Département du Mbéré, le maillage administratif est révélateur d'une combinaison des influences culturelleset politiques.

I- Présentation des différentes unités administratives du Département du Mbéré

L'histoire du Département du Mbéré, c'est l'histoire de toute une aventure migratoire que connait le monde. Des sédentaires mboum aux pasteurs peuls en passant par les chasseurs gbayas, cet espace de vie s'est forgé au fil du temps une identité toute singulière. Cependant, la problématique du maillage administratif dans le Mbéré se définit pour l'essentiel en terme progressif. En effet, il faut attendre 1927 pour que cette communauté « fleurte » avec l'expérience administrative, de par son érection en unité administrative49(*). D'abord en Arrondissement de Meiganga qui va d'ailleurs connaître plusieurs mutations. L'éclatement de cette circonscription mère en 1974 aboutit à la création du District de Djohong, puis sa transformation en Département du Mbéré en 1983 lors de la création de la Province de l'Adamaoua. L'ancien Arrondissement de Meiganga conservera donc sa dénomination à côté de Djohong devenu à son tour Arrondissement. En 1992, en faveur de la modification de la carte administrative du Cameroun, cet Arrondissement sera à nouveau reconfiguré et son morcèlement donnera naissance au district de Dir et celui de Ngaoui, quideviendrontplus tard des arrondissements en 2008.

A- Arrondissement de Meiganga

Meiganga est le chef-lieu du Département du Mbéré dont le nom provient d'une rivière dans la localité, le Mbéré, affluent du Logone50(*). Cette circonscription administrative se prête au jeu des mutations successives depuis son érection en unité administrative en 1927 par l'administration française exerçant à cette époque la gestion du Cameroun sous mandat de la Société des Nations (SDN). La première mutation intervient en 1960 avec la création de la Commune de Meiganga. En 1974, c'est la deuxième mutation avec la scissiparité de la circonscription de Meiganga et la création du District de Djohong. La troisième mutation s'est effectuée en 1983 avec la transformation de cette unité en Département du Mbéré lors de la création de la Province de l'Adamaoua. La dernière mutation significative interviendra avec la modification de la carte administrative du Cameroun par le chef de l'État en 1992.

1. Localisation

L'Arrondissement de Meiganga est situé à 6.51° de latitude Nord et 14.28° de longitude Est. Dans ses limites issues de la réorganisation administrative de 1992, cette unité administrative couvre une superficie de 8500 Km². Il est limité au Nord et au Nord-est par les Arrondissements de Nyambaka, de Bélel et de Djohong, à l'Est par l'Arrondissement de Ngaoui et la RCA, au Sud-est par l'Arrondissement de Garoua-Boulaï, au Sud-ouest par l'Arrondissement de Bétaré-Oya dans la Région de l'Est et à l'Ouest par l'Arrondissement de Dir51(*).

Carte 2:carte administrative de l'Arrondissement de Meiganga

2. Villages de l'Arrondissement de Meiganga

Le découpage administratif a attribué nombre de villages à l'autorité territoriale de Meiganga.Il s'agit des villages :Ardo-bouba,Babongo, Banam, Bariki, Batoua, Bounou,Djalingo,Dodo,Dozi, Fada, Ganghi,Garga Linbona, Gbawar, Guigo, Gunbela,Horé-Kouni, Kombo-Laka,Kpama, Mbafouck, Hosséré, Mbakoungué, Mboula, Mboulaï, Gboutou, Meidougou, Monne,Nandéké, Ngam, Ngazi, Ngolori, Yafounou, Zaoro-Doua, Baïna, Mbou, Batoua-Godolé, Béka, Guiwang, Bembarang, Boua, Dana, Dankali, Dir-Pétel, Djouzami, Dobezo, Gangkombol, Gazi, Gbata,Gbaten, Ka'aka, Kamboul, Kombo-Laka, Kpama, Laka-Petel, Lawan,Lokoti, Mama-wassandé, Mbalé, Mbarang, Mbéré, Mbondo-Lom, Ndongué, Ndoyong, Ngazi-tina, Ngolori, Sabongari-mborguéné, Salao-Gbaguete, Tapawa-mbalé, Tokda, Wantamo, Yendé52(*).

En effet, l'appartenance de ces différents villages à l'Arrondissement de Meiganga se justifie par le fait que les correspondances administratives en provenance de ces localités sont acheminées à l'endroit des autorités de Meiganga. Il s'agit d'emblée des rapports de certains centres d'états civilsadressés à la Commune de Meiganga pour faire l'état des lieux de la croissance démographique dans ces zones. Bien plus, le PV d'Elections Cameroon relatif à la répartition des différents bureaux de votes fait mention de l'appartenance de ces villages à la tutelle de Meiganga.Également, les rapports annuels de fin d'année des divers établissements primaires dans ces localités se rapportent à l'IAEB de Meiganga. De plus, les arrêtés préfectoraux liés à l'intronisation deces chefs de villages(3e degré)mettent en exergue la compétence du sous-préfet de Meiganga. De même, cesvillages figurent dans le programme de la tournée de prise de contactdu sous-préfet de l'arrondissementhôte.En outre, une correspondance du MINATD relative au projet d'immatriculation des centres d'état civilen les répertoriant à leur attachement territorial, rattache certains de ces villages à la Commune de Meiganga. Enfin, toujours une note du MINATDà l'attention aux différents chefs des divisionsterritoriales portant ultimes vérifications de la nomenclature consolidée des chefferies traditionnelles de troisième degré par unité administrative confirme également l'appartenance des villages cités ci-haut à l'Arrondissement de Meiganga.

3. Entités rurales sous la tutelle de Djohong et de Dir dans l'Arrondissement de Meiganga

La démarcation de l'Arrondissement de Meiganga affecte certaines localités se trouvant géographiquement en son sein à la tutelle de Djohong ou àcelle de Dir. Il s'agit d'embléede Gandinang, Beka Petel, Gari.Ces villages aussi bien près de la capitale administrative de l'Arrondissement de Meiganga ne répondent certainement pas de celle-ci ni ne bénéficient de tous ses services. En effet, ces villages sont soumis à l'autorité territoriale de Djohong tel qu'inscritdans le décret de création de cet Arrondissement. À cet effet, des correspondances administratives aussi diverses que variées témoignent de l'appartenance de ces localités au ressort territorial de Djohong. Il s'agit des rapports des différents centres d'état civil,des écoles primaires destinées respectivement à leurs services hiérarchiques siégeant à Djohong. Aussi faut-il rappeler l'existence des conseillers municipaux de la Commune de Djohong dans ces villages.

Concernant les zones de compétence de Dir, on relève le cas de Samaki et Kalaldi qui se trouvent dans le ressort territorial de Meiganga. Ces deux villages répondent de Dir en ce sens que tous ses rapports d'activités dans divers secteurs sont coordonnés par les autorités de cet Arrondissement.

B- Arrondissement de Djohong

1- Situation géographique

L'Arrondissement de Djohong est situé dans le Département du Mbéré dans la Région de l'Adamaoua à 6, 83° de latitude Nord et 14,69 ° de longitude Est53(*). Il a été créé par le décret présidentiel d'abord comme District en 1974 puis comme Arrondissement en 1983. Il occupe tout l'espace de l'arrondissement éponyme. C'est-à-dire 2653 km². L'Arrondissement de Djohong est limité : au Nord par l'Arrondissement de Touboro ; au Nord-ouest par l'Arrondissement de Bélel; à l'Ouest et au Sud-ouest par l'Arrondissement de Meiganga ; au Sud par l'Arrondissement de Ngaoui ; à l'Est par la République Centrafricaine54(*).

Carte 3: carte administrative de l'Arrondissement de Djohong

2- Zones d'influence de l'Arrondissement de Djohong

La réorganisationadministrative de 1992 a rétréci le ressort territorial de l'Arrondissement de Djohong. De ce fait,il compte une trentaine de villages :Bandai, Batouré Djibo, Batouré-Zim, Béka Pétél, Borogop,Damissa, Dadzer, Daré,Dibori, Djaoro-Moné, Gangdinang, Dompta,Gari, Gbabiri, Gbaboua, Gbatoua-Banam,Jakong, Lamou,Laïndé-Mami, Mbella-Ngou, Mbéwé, Mbondo, Mandip, Nabémo,Nazareth, Ndawé, Ouro Addé,Wangou, Yamba, Yarmbang.55(*)

Ces villages sont sous la tutelle de Djohong dans la mesure où certains services de la chaîne administrative de l'Arrondissement de Djohong,y exerceleur autorité. En effet, l'IAEB de l'Arrondissement de Djohong coordonne les activités éducatives de ces villages, et reçoit également de ceux-ci des rapports de différentes activités menées aucours d'une année au regard des résultats enregistrés dans les différents domaines :le taux de réussite et de fréquentation des élèves, le taux de couverture des programmes, le taux de couverture des heures d'enseignement etc. Bien plus, dans un rapport de la Commune de Djohong adressé au BUNEC, figurent nombre de ces villages comme dépendant de Djohong. Dans le programme de tournée du n° 1 de cet Arrondissement y figurent tous les villages cités ci-haut, confirmant ainsi l'appartenance de ces localités à Djohong.

3- Hameaux de l'administration de Meiganga et de Ngaoui dans la circonscription administrative de Djohong

La configuration de cette unité administrative confère la gestion de nombre de villages qu'elle regorge du moins géographiquement à l'autorité de Meiganga ou à celle de Ngaoui.S'agissant des villages du ressort territorial de Meiganga dans l'Arrondissement de Djohong, nous avonsDjaoro Doua, Ngam, Fada et Yafounou. Un tableau récapitulatif des chefferies de 3e degré de la Région de l'Adamaoua, réparti par arrondissement, confie la tutelle de ces localités à l'autorité de Meiganga. Aussi, les écoles primaires de ces villages répondent de l'inspection de Meiganga.

Parlant des zones d'influences de Ngaoui à l'intérieur de l'Arrondissement de Djohong, il faut mettre en exergue Garga Pella et Ngolo, du fait que l'antenne communale d'Elections Cameroon de Ngaoui a coordonné le déroulement des élections dans ces contrées. De plus, le centre d'état civil de Garga-pella répond de la commune de Ngaoui.

C- Arrondissement de Ngaoui

L'histoire de l'Arrondissement de Ngaoui est liée à celle de la famille royale actuelle. Elle commence dans les années 1920 avec l'installation dans la région de Bouba, un Mbororo Djafoun en provenance de Lompta. Bouba est consacré Ardoquelques années après son implantation par le Lamido Alim qui régnait sur Ngaoundéré à l'époque56(*). À partir de ce moment, ArdoBouba est assisté de ses deux frères Oumarou et Adamou Nyaka, la cour royale est réorganisée sur la base de nouvelles structures, l'ancienne étant des campements saisonniers de transhumance. Suite à un pèlerinage à la Mecque ArdoBouba décline le pouvoir et confie le trône à Mohamadou Labi le plus jeune des princes57(*). Dès son accession au trône, la préoccupation première de ce dernier fut d'étendre davantage le village de Ngaoui. Pour cela, il facilite l'installation des populations étrangères dans la région. Le changement au trône de Ngaoui occasionne le retour des groupes qui s'étaient enfuient sous le règne du précédent Ardo. Les rumeurs de festivités qui sont organisées tous les vendredis entrainent l'afflux de nouveaux habitants qui s'implantent à Ngaoui en y construisant des maisons d'habitation. L'arrivée des Gbaya de la RCA dans la région contribue à l'extension de Ngaoui. Les tous premiers quartiers de la localité se forment. Il s'agit des quartiers Lamorde et Fadisonka pour les populations Peuls et Camp Kare pour les étrangers.

1. Cadre géographique

L'Arrondissement de Ngaoui est situé dans le Nord-est du Département du Mbéré, Région de l'Adamaoua. Il est limité au Nord-ouest par l'Arrondissement de Djohong, à l'Est par la RCA, au Sud et Sud-est par l'Arrondissement de Meiganga. Il a été créé comme District par décret présidentiel N° 92/187 du 1er septembre 199258(*). Puis Arrondissement en 2008.

Ngaoui (montagne de la femme en Mboum et montagne de l'eau en Mbéré), chef-lieu de l'Arrondissement est une localité située dans le Nord-est du Département du Mbéré, entre 14° de longitude Est et 6° de latitude Nord. Elle tire son nom de la montagne au pied de laquelle elle s'étend. Cette ville est située à 160 Km de route de Meiganga. La superficie de la Commune de Ngaoui est de 2 307Km².

Carte 4: carte administrative de l'Arrondissement de Ngaoui

2. Campagnes de l'arrondissement de référence

La démarcation territoriale intervenue en 1992 rattache une vingtaine de villages à la circonscription administrative de Ngaoui. En effet, elle est formée de 28 villages. Il s'agit d'Alhamdou, Bafouck, Bawaka Koe, Bawaka Oumarou, Dagzer, Damabia, Diel, Djabori, Dolé, Dompta Petel, Garga Pella, Gbadounda, Gbago, Gbanga Salao, Gbatoua Petel, Kakofia, Laba, Mayo lebbou, Mbedoum, Mindal, Ngolo, Ngouroa, Sabongari, Soba, So'o, Touraké, Wandandéré, Wandé.59(*)

En effet, l'analysedescriptive des différentes correspondances administratives en provenance des différentes localités citées ci-haut démontre effectivementl'implicationdes autorités de l'Arrondissement de Ngaoui. Il s'agit : des rapports des centres d'états civils, le procès-verbal d'Elections Cameroon antenne communale de Ngaoui, les rapports annuels de fin d'année des divers écoles primaires de ces localités, arrêtés préfectoraux relatifsà l'intronisation de ces chefs de villages (3e degré). C'est pourquoi, ces villages figurent dans le programme de tournée de prise de contact du sous-préfet dudit arrondissement.

3. Localités sous l'autorité de Djohong dans le ressort territorial de Ngaoui

Au sein de la division territoriale de Ngaoui se trouvent des villages qui répondent administrativement de l'Arrondissement de Djohong.Il s'agit ici de Dadzer et de Lamou. En effet, dans le rapport du BUCREP, organisme qui s'occupe de l'organisation du recensement général de la population, fait état de l'appartenance de ces villages à la tutelle deDjohong. En outre, dans ces localités sont fixées des plaques de la Commune de Djohong comme marque de leur appartenance.

D- Arrondissement de Dir

Dir signifie en langue Gbaya « profondeur »60(*). Cette unité administrative a été créée par le décret présidentiel N° 92/187 du 1erseptembre 1992 regroupant les cantons Dir, Kalaldi et Bagodo.

1- Position ou limites spatiales

L'Arrondissement de Dir est situé dans la Région de l'Adamaoua, Département du Mbéré et a une superficie de 4300 km². Il est limité à : l'Est par l'Arrondissement de Meiganga (Département du Mbéré) ; l'Ouest par l'Arrondissement de Ngaoundal (Département du Djerem) ; au Nord par l'Arrondissement de Nyambaka (Département de la Vina) ; au Sud par l'Arrondissement de Betare Oya (Région de l'Est)61(*). Toutefois, l'Arrondissement de Dir est ouvert aux autres arrondissements et la distance qui le sépare de certaines villes qui l'entourent est telle que : Meiganga 117 km, Ngaoundéré 272 km, Ngaoundal 40 km62(*)

Carte 5: carte administrative de l'Arrondissement de Dir

2- Espaces ruraux sous la tutelle de Dir

La réorganistion administrative de 1992 confie 44 villages à l'Arrondissement de Dir63(*). Il s'agit de:Beyala,Dobiri, Kela-Sami, Raouzanam, Batoua-Pangar, Boforo, Guizoré, Malingara, Kalaldi, Tomedo, Gbema, Bagodo, Bindiba, Lamou, Sourma, Beka-Ziki, Doua, Goro, Koundé, Pangara4, Waah, Mbin-Mbappè, Boy Baya, Djerem Kabawa, Gbazer, Moinam, Mbigoro 1, Mbigoro 2, Gazagazade, Gao, Wendoka, Simi 1, Simi 2, Badi, Salo, Matoko, Pangara 3, Gbago, Samaki, Bezah, Kofa, Gbinako, Mbella.

L'appartenance de ces différents villages à la tutelle de Dir est justifiée par l'autorité que cette dernière exerce sur ces derniers ; ceci par le fait que les notes administratives provenant de ces localités sont toujours portées à l'attention des autorités de Dir. Ainsi, certains centres d'états civils adressent leurs rapports à la Commune de Dir. Ajouter à cela, le PV d'Elections Cameroon antenne communale de Dir, y figurent des bureaux de votes dans ces villages, faisant mention de leur appartenance à la Commune de Dir. Bien plus, l'IAEB de Dir reçoit des rapports annuels de fin d'année de diverses écoles primaires de ces localités. Enfin, une correspondance du MINATD à l'attention aux différents chefs des divisions territoriales portant ultimes vérifications de la nomenclature consolidée des chefferies traditionnelles de troisième degré par unité administrative confirme également l'appartenance des villagessuscités à l'Arrondissement de Dir.

3- Village du ressort territorial de Meiganga dans l'Arrondissement de Dir

Cette partie met en exergue le village de Mboula. La note du MINADT portant vérification des chefferies traditionnelles définie ce village comme l'unique chefferie autonome de 3e degrédans l'Arrondissement de Meiganga. De ce fait, divers services de cette entité territoriale manifestent leur attention à l'endroit de cette localité dont ils ont la charge.Ainsi, nombre d'acte administratif sous-tendent cette vérité.On peut énumérer : le centre d'état civil pilote qui répond de Meiganga, l'autorité de l'IAEB de Meiganga sur l'école primaire de Mboula.

De tout ce qui précède, nous constatons quele maillage administratif du Département du Mbéré est singulier en ce sens que la configuration des divisions territoriales présente des formes irrégulières. Ainsi, qu'en est-il de ses groupes sociaux ?

II- Composition ethnique des unités administratives du Département du Mbéré

Tout découpage administratif est par nature attributif ou privatif d'identité. Le droit international l'a reconnu, et recommande aux États la plus juste conciliation entre le découpage territorial retenu et la réalité historique et humaine des populations concernées.En effet, il est dans la nature d'un découpage territorial de reconnaître ou d'occulter l'identité réellement vécue par les individus. Dans la situation qui est la nôtre, la configuration des unités administratives génère la reconnaissance de la réalité historico-culturelle du Département du Mbéré.

A- Principaux groupes sociaux de l'Arrondissement de Meiganga

La population de l'Arrondissement de Meiganga est estimée à 159 884 habitants en 2017. Elle évolue sur une superficie de 8500km² ; soit, une densité de 18,5 habitants par Km². L'on note une forte concentration de populations dans la ville de Meiganga (plus de 80 000 habitants) et dans certaines grandes agglomérations rurales telles que Batoua-Godolé, Meidougou, Lokoti, Gunbela, Mbarang, Mboula, Beka, Fada, Kombo-Laka et Djalingo64(*). Ces populations viennent d'horizons divers et sont composées de plusieurs ethnies65(*).

1- Ethnie majoritaire de l'arrondissement de référence

Par majorité ethnique, l'on met ici en évidence le groupe qui dans un espace donné se démarque par leur supériorité numérique. Alors dans l'Arrondissement de Meiganga,les Gbayarépondent fort bien à cette précision. En effet, réputés être les anciens occupants de la région, ils représentent environ 46% de la population. Ce sont les agriculteurs et chasseurs qui ont maintenu des modes de vie archaïques consistant à vivre de manière rudimentaire et indigente dans les forêts galeries66(*). Une grande partie a adopté la religion musulmane et beaucoup sont également chrétiens. Ce qui fait la particularité des Gbaya de l'Arrondissement de Meiganga est leur origine migratoire. Ils ont quitté la vallée de Lom pour se sédentariser le long de la route, sous la pression de l'administration coloniale ; permettant à celle-ci de mieux recouvrir les impôts67(*).

2- Appartenance ethnique des habitants des villages isolés

La quasi-totalité des localités isolées est sans nul doute l'apanage des communautés Gbaya. En effet, un document acquis dans les archives du ministère de l'Administration territorialeportant recensement des chefferies traditionnelles de 3edegré, rapporte que les chefs des localités isolées dans l'Arrondissement de Meiganga sont d'ethnie gbaya à l'exception de Fada dont le chef est foulbé et Mboula avec un chef mboum.Et donc l'appartenance ethnique de ces communautés sinistrées est gbaya cartraditionnellement ne peut régner sur une majorité un individu issu d'une minorité ethnique.Ainsi par affinité clanique, les villages Gbaya du Département du Mbéré ayant un passé lié à Lom,s'identifient au grand souverain de Meiganga.

3- Groupes ethniques complémentaires / supplémentaires

SelonJoseph Sumpf et Michel Hugues, une minorité est un groupe ethnique qui se trouve dans la dépendance d'un autre groupe ethnique plus puissant soit du point de vue politique, soit du point de vue économique, etc.68(*) Mais ici le seul critère numérique est suffisant pour définir une minorité tant il est vrai que le phénomène de minorités dominantes est bien connu. Il s'agit :

- des Peuls, principalement des foulbé dont sensiblement 30% de la population. Ils sont dans l'ensemble islamisés et pratiquent les activités économiques telles que le commerce, l'élevage du gros bétail et accessoirement l'agriculture69(*).

- des Mbororo représentent 16%. Ils vivent de l'élevage du gros bétail. Nomades, certains d'entre eux ont perdu leurs cheptels bovins et se sont retrouvés dans l'obligation de se sédentariser70(*). Ils pratiquent aujourd'hui l'agriculture.

- des Mboum et des Mbéré, populations très minoritaires, environ 10%, elles sont réputées être les premiers occupants de la zone71(*). On les retrouve dans les localités de Mboula pour les premiers et Horé-Koni, Dakkéré et Mbéré (dans le canton de Lokoti) pour les seconds.

À côté de ces populations « autochtones » se retrouvent les autres groupes ethniques : Arabe choa, Bamiléké, Béti, Douala, Maka, etc. Les étrangers constitués en majorité des Centrafricains, les uns en émigration forcée suite à l'instabilité politique et à l'insécurité en RCA et les autres en émigration clandestine depuis plusieurs décennies. Au 31 octobre 2017, le HCR a dénombré 23.763 réfugiés centrafricains dans l'Arrondissement avec notamment 4330 dans l'espace urbain de Meiganga. Leur afflux a été accentué avec la crise politique de 2013. Ils sont enrôlés et encadrés par le HCR pour la plupart. Les plus désoeuvrés contribuent à alimenter la petite criminalité urbaine. D'autres étrangers notamment les maliens, tchadiens, nigérians et nigériens vivent et mènent leurs activités à Meiganga72(*).

On note, par ailleurs, une présence remarquable des expatriés chinois venus dans le cadre de l'exploitation minière d'or dans les localités de Kombo-Laka, Fel, Mborguéné, Mbalé et Nandéké. S'agissant des occidentaux, l'on retrouve à Meiganga des Français, Américains, Norvégiens dont la présence se situe surtout dans le cadre des missions d'évangélisation de l'Église Évangélique Luthérienne du Cameroun, soit dans le cadre des activités des ONG (Organisations Non Gouvernementales) de développement avec l'implantation du HCR et des ONG partenaires et/ou sous-traitantes73(*).

B- Grands groupes sociaux de l'Arrondissement de Djohong

Les populations de Djohong ont d'abord occupé la vallée du Mbéré avant de se déplacer sur le site actuel. Le site qu'ils occupaient portait le nom de Zong. C'est de ce nom que vient le nom actuel qui est Djohong. Les résultats du 4e recensement général de la population de novembre 2005 estiment la population de l'Arrondissement de Djohong à 20300 habitants74(*). Les principales ethnies présentes dans la Commune sont les Gbaya, les Foulbés, les MBororo, les Mboum-Pana75(*).

1- Ethnie dominante de l'arrondissement de référence

Les habitants de Djohong qui sont du groupe ethnique Gbaya sont réputés être des grands chasseurs. Ils représentent 49% de la population de l'arrondissementet sont reparti dans les quatre coins de cette division territoriale. La particularité des gbayas de Djohong se définie par son courant migratoire. En effet,ce groupe gbaya est parti de la vallée du mbéré qui fut un foyer prospère ayant impulsé leur sédentarisation le long de l'axe routier reliant Meiganga à Bocarnga.

2- Identité ethnique des populations des zones enclavées

La quasi-totalité des villages administrativement isolés du ressort territorial de Djohongest culturellement identifié au Gbaya. En effet, ces localités sont fortement ou du moins exclusivement marquées par une prégnance de la communauté gbaya, avec à leur tête des souverains Gbaya. Le contenu d'un document portant recensement des chefferies traditionnelles de 3e degré acquis dans les archives du ministère de l'administration territoriale, illustre fort bien nos propos.De ce fait, la dispersion des entitésgbaya de la vallée du mbéré dans le Département se réfère à Djohong76(*).

3- Groupes sociaux minoritaires

En général, les minorités sont caractérisées par l'accumulation de certains traits pas assez imposants. Elles sont numériquement moins présentes de la communauté plus large qui les entoure et vivent cela en la ressentant d'une manière particulière. Il transparaît de cette définition que les minorités dont il s'agit sont d'abord des minorités ethniques, entendues comme les ethnies numériquement inférieures à d'autres ethnies qu'elles côtoient.

À côté des Gbayas, groupe majoritaire, se trouvent des nomades Mbororos éleveurs qui se sont sédentarisés progressivement. Ces deux peuples sont progressivement rejoints par les Panas et les Mboum qui se retrouvent en très faible nombre dans la population. Au début du 20e siècle, cette population va faire face à la poussée hégémonique des foulbés qui contrôlent déjà la quasi-totalité de l'organisation politico-traditionnelle des autres peuples du grand Nord. Dès lors, on assiste à un très grand brassage ethnique qui explique la mixité Gbaya-Foulbé de la population

C- Différents groupes humains de l'Arrondissement de Ngaoui

Il ressort des différents diagnostics participatifs que la population de la Commune de Ngaoui est estimée à environ 33 768 personnes, pour 9 440 hommes, 11 889 femmes et 12 498 jeunes de moins de 16 ans. Ces données traduisent une augmentation de 1 528 par an comparativement aux données du recensement générale de la population et de l'habitat de 2005 qui estimaient la population de Ngaoui à 24 196 personnes77(*).

Les principales ethnies sont les Gbaya, les Mbéré, les Peuls, les Pana, les Mbororo, les Laka, les Karé, les arabes-choa et les Kotoko. Les religions pratiquées sont l'islam et le christianisme.

1- Ethnie imposante dans l'Arrondissement de Ngaoui

Une ethnie dominante est un groupe (voire plusieurs groupes sociaux) qui dispose d'une position ou d'une influence politique, économique et/ou culturelle prédominante, en rapport à son poids démographique dans une population ou un territoire. Le terme est couramment utilisé pour désigner un groupe ethnique défini par un pouvoir disproportionné dans un peuplement. En effet, dans l'Arrondissement de Ngaoui, le groupe pouvant répondre à cette explication est l'ethnie peule considérée comme le pionnier de la localité. Il représente 51% de la population,et pratique relativement les activités de commerce et l'élevage des bovins.

2- Caractère ethnique des occupants des localités sinistrées

Le document portant recensement des chefferies traditionnelles de 3e degré dans les archives du ministère de l'administration territoriale démontre que l'appartenance ethnique des milieux isolés dans l'Arrondissement de Ngaouiestpartagée entre dignitaires peul et gbaya. De ce fait, toutes ces communautés sinistrées sont caractérisées par une forte communauté soit peul, soit gbaya.

3- Autres ethnies présentes

Il y a des groupes minoritaires, caractérisés par une identité propre, culturelle et souvent linguistique et religieuse. De manière générale, les scientifiques s'accordent pour distinguer plusieurs types de minorités : Les minorités historiques sont installées sur le territoire de l'État dès avant sa constitution. On parle également de peuples autochtones (étymologiquement du grec auto-khthôn, " celui qui est né de la terre même "), pour désigner les premiers habitants d'un territoire. Cependant, ce qui nous importe c'estl'importance numérique du groupe ethnique par rapport aux autres groupes de la communauté. Alors dans le cadre de cette étude, les minorités présentent dans l'Arrondissement de Ngaoui sont les Gbayas (en provenance de la RCA), les Mboum, les Mbororo, les Kotoko.

D- Différents groupes ethniques de l'Arrondissement de Dir

L'histoire du peuplement de l'Arrondissement de Dir est propre à chaque communauté. Une analyse historique des différents villages composant cet Arrondissement révèle que l'installation des différents peuples est très ancienne. La genèse des différents villages et installation des peuples, ont été plus ou moins influencées par le tracé de la route transafricaine allant de Ngaoundal vers Garoua Boulai. La taille de la population est estimée à 50287 habitants pour une densité de 12 habitants au Km². Le taux de natalité quant à lui est de 2,40%. L'espérance de vie est plus longue chez la femme soit 65 ans et courte chez l'homme soit 55ans. Toutefois la moyenne d'âge de la population de l'Arrondissement de Dir est estimée à 35 ans78(*).

1- Ethnie fortement présente

L'ethnie majoritaire dans un espace donné, est celle qui évidemment se constate par leur nombre supérieur. La population de cet arrondissement est composée en grande partie de l'ethnie Gbaya. Elle représente environ 48% de la population. Les principales activités sont l'agriculture et la chasse traditionnelle. Comme religion, un grand nombre pratique le christianisme et beaucoup sont musulmans.

2- Disposition ethnique des administrés isolés

L'ensemble les milieux isolés sont sans doute l'apanage des communautés Gbayas. En effet, le document portant recensement des chefferies traditionnelles de 3e degré dans les archives du ministère de l'administration territoriale atteste que les chefs des milieux isolés dans l'Arrondissement de Dir sont des Gbayas.

3- Groupes humains supplémentaires

Une minorité est un groupe ethnique qui se trouve dans la dépendance d'un groupe ethnique plus puissant soit du point de vue politique, soit du point de vue économique79(*), etc. Mais ici le seul critère numérique est suffisant pour définir une minorité tant il est vrai que le phénomène de minorités dominantes est bien connu. Ainsi, en dehors des Gbaya, on retrouve d'autres ethnies à l'instar : des Mbororos, des Mboum, des Peuls et autres.

Pour tout dire, l'analyse de disposition des groupes sociaux dans le Département du Mbéré a permis de comprendre les liens qui existent entre les grandes chefferies et les principautés secondaires, incarnées généralement par les Gbaya (ethnie majoritaire). En effet, ces peuples venus d'une part de la vallée de lom, et d'autre part de la vallée du mbéré; se sont sédentariser de manière dispersée le long de la route sous la pression de l'administration coloniale afin de mieux recouvrir l'impôt. Et donc une fois installés sur les sites actuels, tous les Gbaya qui ont une histoire liée à lom, s'identifient au grand souverain de Meiganga ou à celui de Lokoti; et ceux ayant un passé avec mbéré, se réfèrent au dignitaire de Djohong. C'est ainsi qu'il y'a eu engrenage des zones d'influences entre chefferies traditionnelles. Par conséquent, les unités administratives sont donc venues épouser la configuration de ces chefferies traditionnelles sans mener au préalable une étude de faisabilité, permettant de rapprocher davantage l'administration des administrés.

III-Réalités sociopolitiques du Département du Mbéré depuis 1983

A- Liens sociopolitiques des militants du RDPC dans les divisions administratives de l'unité de commandement du Département du Mbéré de 1983 à 2018

L'ancrage politique du parti au pouvoir dans le Département du Mbéré a progressivement été opéré suite aux velléités ethniques,qui ont ainsi influencéle comportement politique au niveau local.

1- Gage de consolation des non musulmansde 1985 à 1992

L'expérience africaine peut nous apprendre quelque chose, c'est bien l'identité ethnique. En effet, le multipartisme est perçu dans le Mbéré comme un vecteur de libération de l'emprise culturelle des Foulbé, permettant d'établir l'équité dans la répartition des politiques administratifs80(*), en consacrant la laïcité de l'État camerounais. Le régime Ahidjoa longtemps consolidé l'hégémonie des Foulbé sur les autres ethnies et partant sur les Gbaya, les Mboum etc. Cette hégémonie foulbé, consacré par le djihad se matérialisait à travers la domination multisectorielle des Foulbé sur les autres groupes sociaux nonmusulman. À contrario, la démission du président Ahidjo et l'avènement de M. Biya en 1982, qui se conjuguent avec la dynamique de la restauration du multipartisme vont consacrer la détente de la domination foulbé sur les non musulmans. Cette décompression de l'hégémonie foulbé n'est pas absolue. Elle est forte dans les domaines politico-administratifs, religieux et culturels, mais relative dans le domaine économique. Ainsi, l'identité culturelle définie les représentations sociales développésprincipalement par les Gbaya et les Foulbé autour du multipartisme. C'est ce qui explique le remodelage des instruments de quête hégémonique locale autour des partis politiques.

Le rapport des militants du RDPC dans le Mbéré s'est singularisé d'une gamme très large d'adhésions identitaires multiples dont l'activation est liée à la fois à la configuration propre des enjeux sociaux du moment, à l'efficacité comparée des différentes formes d'action et de mobilisation sociales disponibles et aux options des porteurs des discours incarnés par les gbayas, ethnie majoritaire81(*).

Pour marquer et réveiller la conscience historique du peuple gbaya, le RDPC est présenté comme un parti de libération.Cette ethnie est devenue à terme un précarré de soutien au parti du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) du Président Biya, et participe à la survie de son régime depuis 1'avènement du multipartisme. Celle-ci considère le parti comme une expression des attitudes des groupes d'appartenance des individus, et à la classe sociale à laquelle appartient les militants. L'on peut appuyer ce propospar le militantisme ouvert de certains membres du MOINAM (Mouvement d'investissement et d'assistance mutuelle), association des Gbaya du Cameroun, qui a pour objectifs de favoriser l'entraide, la solidarité et l'épargne des membres, ressusciter, entretenir et promouvoir leurs cultures, sans distinction d'âge de sexe, de religion ou d'idéologie ; mais qui s'est éloigné de ces objectifs pour embrasser la politique, donnant des consignes de vote, en faveur du RDPC en période électorale82(*). C'est ce qui justifie la popularité du RDPC dans le Mbéré qui est le département d'origine des communautés gbaya.

2- Identité culturelle de 1992 à 2002

Les deux conflits interethniques de 1991 et de 1992 à Meiganga, ont amené beaucoup de Gbaya à se reconvertir dans le RDPC, notammentles gbayas musulmans, qui militaient pour l'UNDP. En effet, pendant le déroulement de ces conflits, la tactique des Foulbé consistait à cibler et à détruire la maison des Gbaya nantis. Curieusement, les premières maisons qui étaient ciblées appartenaient aux Gbaya musulmans, militants de l'UNDP. Ceux-là mêmes qui prétendaient être proches des Foulbé83(*). Par conséquent, ces Gbaya ont renoncé à l'islam, ils se sont reconvertis dans le christianisme. Ils ont replié dans le RDPC, l'offre politique dans lequel leurs confrères s'identifiaient84(*).

3- Cohabitation institutionnelle et adhésion massive des foulbé au sein du RDPC de 2002 à nos jours

La cohabitation institutionnelle et le partage du pouvoir local entre les Gbaya et les Foulbé traduit également la volonté des Gbaya de se conformer aux dispositions textuelles édictées par le pouvoir central dans la mesure où les Gbaya constituent l'ethnie dominante sur le plan numérique et démographique. Il n'est pas sans intérêt de rappeler que le contexte de démocratie le poids numérique représente une ressource de conquête de pouvoir. Cet arrangement politique a étérétabli beaucoup plus à la législature 2007. Cette période se caractérise par le repli considérable des Foulbé dans le RDPC. L'arrangement politique ne se limite pas seulement au niveau des fonctions législatives. Il s'observe également au niveau des fonctions municipales. Au niveau de l'exécutif municipal, nous constatons également qu'un arrangement politique a été fait entre les Gbaya et lesPeul85(*). Dans la réalité, nous constatons que sur les 4 communes du Département du Mbéré, 3 sont gérées par les Gbaya (Meiganga, Dir, Djohong) et celle des Ngaoui par les Mbororo. L'arrangement politique ne se fait pas de manière arbitraire, il prend en compte le poids démographique de chaque communauté. C'estd'ailleurs pour cette raison que les Gbaya ont à leur actif 3 communes. La Commune de Ngaoui revient aux Mbororo parce qu'ils sont numériquement plus importants que les autres communautés dans ladite zone. Au niveau du conseil municipal, nous remarquons que le nombre de conseillers municipaux est aussi proportionnel au poids numérique de chaque communauté. Au niveau des organes de base, la répartition des postes tient également compte du poids démographique de chaque communauté.

La présidence des sections et des sous-sections revient aux communautésnumériquement importantes. La présidence de la section RDPC de Meiganga, Dir, et Djohong est dirigé par les Gbaya. Alors que celle de Ngaoui revient aux Mbororo. Ainsi, au regard du poids numérique et démographique de l'ethnie Gbaya, elle peut constituer une liste composée exclusivement des Gbaya et remporter les Électionslégislatives et municipales86(*). Comme ce fut le cas en 2002 où tous les députés du RDPC étaient Gbaya (Baoro Théophile, YayaDoumba Marius et Ousmanou Pitang.) La volonté des Gbaya de copartager le pouvoir localest plus manifeste lors des échéanceslégislatives 2007. Le député Ousmanou Pitang a étésanctionné moins par l'électorat peul que par l'électorat gbaya au profit de Hallia Mufta d'origine ethnique Foulbé. Le repli massif des foulbés du Département du Mbéré dans le RDPC a fortement été influencé par le soutien qu'accorde l'UNDP au RDPC lors des précédentes présidentielles.

B- Principaux partis politiques dans les espaces d'administration régulière du Département du Mbéré de 1985 à 2018

Dans le Département du Mbéré, plusieurs groupes ethniques enveloppés de deux tendances islamo-chrétiennes'affrontaient par le biais des partis politiques différents, en occurrence l'UNDP pour les Foulbé et le RDPC pour les Gbaya. Toutefois, avec la fragilisation de l'opposition qui se conjugue à la routinisation du multipartisme, il y aura des mutations au niveau des représentations sociales et des stratégies mises en oeuvre pour capitaliser le multipartisme.

1- RDPC

LeRDPC a un fort ancrage dans le Département du Mbéré. L'un des facteurs d'affection de la population vis-à-vis de la politique est dû à la perception d'une connexion des partis politiques des réalités sociales87(*). En effet, le RDPC a tissé des liens étroits avec des segments de la population qui constituent ses groupes cibles de premier choix. Cela peut se traduire par le fait que les intérêts et les besoins de ces groupes sont ceux qui sont prioritairement défendus par le parti. Cela peut aussi signifier qu'il existe une collaboration réelle et effective entre ce parti et ces groupes sur des questions aussi bien politiques que sociales88(*).Le RDPC est bien ancré dans le Département du Mbéré dans la mesure où il dispose de partenaires véritables dans les organisations ou regroupements dans lesquelles se retrouve son électorat de choix ; il regroupe en son sein des représentant/es des différentes couches de la société ; aussi il dispose des relais effectifs au sein de cette population et une capacité de mobilisation forte et effective grâce à ces populations cibles qui constituent son électorat ou sa « clientèle »89(*).

Ce département estdevenu un domaine territorial d'influence du RDPC. C'est une partie du territoire acquise au parti car il a une emprise lui permettant de gagner des victoires électorales90(*). Il a été l'apanage des non musulmans au lendemain de la démocratisation avec en son sein des représentant/es des diverses couches de la population,augmentant son potentiel de mobilisation des différents segments de l'électorat. Mais aujourd'hui il a conquis la totalité du département du Mbéré surtout marqué par le repli en son sein des foulbé et aussi couronné par l'alliance entre le RDPC et L'UNDP. Par conséquent, le parti du renouveau totalise 100% de siège au municipal et au législatif dans le Mbéré.

2- UNDP

Dans la perspective de perpétuer leurs anciennes positions de dominateurs, les Foulbé vont s'orienter naturellement vers l'UNDP, considéré comme le parti des héritiers d'Ahidjo91(*).L'assimilation délibérée de l'UNDP àl'Islam est une stratégie développée par les entrepreneurs politiques foulbé pour créer et entretenir la confusion dans l'univers mental de la masse foulbé, qui est en mal de perception des enjeux réels du multipartisme92(*). En effet, le militantisme et surtout le vote des candidats investis par l'UNDP aux élections (municipales, législatives et présidentielles) étaientprésenté comme l'expression du loyalisme envers la communauté foulbé et surtout l'Islam93(*). La cohabitation institutionnelle intercommunautaire entre les Gbaya et les Foulbédans le cadre des partis politiques est également la traduction de la routinisation du multipartisme. En effet, le désir de cohabitation s'observe après les années 1992, notamment auxlégislatives de 1992. L'UNDP était sortie sans contesté vainqueur des urnes dans les trois régions septentrionales du Cameroun en remportant tous les neufs sièges de l'Adamaoua, les douze du Nord et une percée de l'Extrême-nord avec douze députés sur les trente en compétition. Pendant ce temps, le RDPC et le MDR se contentaient de douze et six sièges respectivement gagnés à l'Extrême-Nord comme l'illustrent ces tableaux synoptiques94(*). Pour ce qui est du Département du Mbéré, nous constatons que sur les trois députés issus de l'UNDP, deux étaient Gbaya (Moussa Nganda et Abbo Théodore). Même si l'unanimité n'est pas totale, nous constatons que les Foulbé ont manifesté la volonté de cohabiter et surtout de partager le pouvoir avec le peuple gbaya. Cette volonté de copartage des fonctions législatives était en phase avec la politique de l'UNDP àl'époque à savoir : promouvoir les autochtones dans chaque région comme tête de liste. Un arrangement politique non tacite a été fait entre les Gbaya et les Foulbé pour que deux députés soient Gbaya et un Foulbé. Cet arrangement politique a été pertinent depuis la restauration du multipartisme mais rompu à la législature 2002, caractérisée par l'enlisement de l'opposition en général et de L'UNDP en particulier.

C- Influences politiques dans les localités victimes de l'administration à distance de 1992 à 2018

Nombre de facteurs influence d'une manière ou d'une autre le paysage politique des localités isolées dans le Département du Mbéré.

1- Marquage chefferial

L'usage politique des chefs traditionnels permet également aux entrepreneurs politiques locaux d'assurer la victoire électorale locale du parti au pouvoir. Les chefs traditionnels de par leur statut constituent des causes acquises au RDPC. En tant qu'ils incarnent le sacré, ils influencent d'une manière ou d'une autre le comportement électoral de leurs sujets. Ceux-ci constituent les forces sociales de proximité et de liaison sociale95(*). Incarnant les valeurs traditionnelles et garant de la vie communautaire/villageoise, les chefs traditionnels seront progressivement amenés à embrasser le RDPC, et par le même fait serviront de courroie de transmission de l'idéologie du partiauprès des populations locales.

Dans le Département du Mbéré, nous constatons que tous les lamibés du premier, deuxième et troisièmedegré respectivement à Meiganga, Kalaldi, Dir, Djohong, Lokoti, et Bagodo sont les adeptes du RDPC96(*). De plus, les informations et la formation politique sont généralement moins accessibles à cette population. Ainsi, les populations des villages administrativement isolées épousent fatalement le militantisme politique des cantons, à qui elles ont prêté allégeance.

2- Influence des centres administratifs

Les centres administratifs constituent le « centre » dont dépend la « périphérie », constituée des territoires ruraux. Ils rythment la vie politique surtout en contexte électoral de l'ensemble des territoires qui leur sont rattachés97(*). Ces centressont par essence cosmopolites accueillent des populations venant des coins et recoins de leur territoires. Tout évènement d'importance qui se produit dans ces centres connait plus ou moins, à travers les populations diverses qui y vivent, des répercussions dans l'ensemble de l'arrière-territoire.Autant ces centres sont stratégiques, autant ils assurent un ancrage dans les grands bassins des populations des zones ruralesisolées98(*), surtout pour le RDPC qui ne défendent forcement pasles intérêts de ces populations. De ce fait, ces zones rurales « oubliées » constituent donc le fief du RDPC dans la mesure où ce parti a conquis le reste du territoire même les tutelles administratives de ces zones isolées.

De la même manière que les élites urbaines, les partis politiques sont contraints de faire état de leurs réalisations à côté de celles de leurs leaders pour s'attirer une clientèle politique. C'est ainsi que par les enquêtes de terrain, on a pu recouper grâce aux professions de foi du parti en présence les actes posés ou les promesses de réalisation. Les professions de foi permettent de comprendre l'enjeu de la redistribution au village.À titre individuel, les élites urbaines du RDPC ont réalisénombre d'investissements. Dans cet ordre d'idées, le RDPC a offert des lits en plus des latrines au Centre de Santé de Gandinang grâce aux fonds des microprojets parlementaires de ses députés. Ce bloc est peint aux couleurs bleues-blanches de ce parti. Des dons de tables-bancs ont également été faits aussi bienaux diverses écoles primaires par les militants les plus nantis de ce parti depuis que le RDPC a remporté les législatives dans le Mbéré en 2002.

3- Ancrage institutionnel

Il est important pour un parti politique ayant l'ambition de prendre le pouvoir de connaître le rôle et le fonctionnement des institutions ; d'avoir des soutiens au sein des institutions qui constituent les piliers clés du pouvoir politique central et des informations sur la situation réelle du pays ainsi que les principaux dossiers ; de connaître les rouages de l'appareil de l'Étatet des acteurs en son sein et d'intégrer ses membres au sein de certains organismes étatiques aux enjeux politiques indubitables (organe en charge des élections par exemple) ; d'encourager au sein des institutions universitaires des travaux de recherche qui analysent et diffusent les idées défendues par le parti99(*). Source

La politique évoquée ci-dessus est mêmela stratégie utiliséepar le RDPC dans le Département, à travers laquelle ce parti politique marque son omniprésence via l'administration dans les villages enclavés.À cet effet,le président de la République a reconnu lors du congrès extraordinaire du parti en juillet 2006 que le parti se confond souvent avec l'État. Il affirma que « la distinction entre l'administration, et le parti n'est pas évidente pour tous»100(*). La réalité des zones sinistrées du Département du Mbéré confirme cette théorie. Comme pour le Parti communiste chinois (PCC), chaque poste de responsabilité dans le secteur public ou parapublic (directeur d'entreprise, des grandes écoles publiques, recteur et doyen d'Université, juges, maires de grande ville, patron de police, d'audiovisuel, et de l'armée, administrateurs etc.) au Cameroun est doublé d'un poste politique du parti101(*). Ainsi, lors des élections ou autres évènements du parti, on compte beaucoup de véhicules administratifs, dans ces zones ruralesisolées pour la cause du RDPC.

Comme à l'ère du Parti unique, c'est tout l'appareil de l'État personnalisé qui fait le parti. D'où le parti-État. La majorité incarnée par le RDPC au Cameroun est devenue l'instrument par lequel le président de la République, chef de l'État, assoit son hégémonie au sein des institutions de l'État. Cela était vrai sous le règne du parti unique qui se confondait pratiquement avec l'État et dont le chef de l'État était le maître incontesté. Cela l'est également en cette période de balbutiements du « multipartisme administratif » au Cameroun102(*).

Pour le dire autrement, l'administration publique camerounaise est partiale, et apparaît comme l'une des plus importantes limites au rééquilibrage des rapports institutionnels entre l'opposition et la majorité au pouvoir.

Par ailleurs l'administration inféodée au RDPC prépare et conduit les opérations quel que soit le type d'élection considérée, dans le sens où les membres de l'administration malgré leur descente rarissime dans ces zones isolées « représentent » le parti au pouvoir. L'administration publique constitue ainsi, au sens de Roger Gabriel Nlep,

Le premier parti politique du pays » tant au plan qualitatif que quantitatif. RDPC et administration semblent ainsi se confondre dans la poursuite d'un but avéré : le maintien, voire le renforcement de l'hégémonie de la majorité constituée autour de l'ex-parti unique devenu aujourd'hui parti dominant. Les moyens humains, matériels et financiers de l'État, qu'il s'agisse de l'administration publique ou encore des entreprises publiques et parapubliques, sont systématiquement mis à contribution au cours des campagnes électorales du parti au pouvoir d'où le recours aux notions de «parti-État», « parti administratif » ou encore de « multipartisme administratif »103(*).

En d'autres termes, l'administration publique emploie ses moyens logistiques pour défendre à priori l'intérêt du parti au pouvoir que celui de l'État.

Ainsi, cette dernière partie montre que des villages isolés sont rattachés à leurs communautés culturelles ayant en partage certaines valeurs ou intérêts voire les mêmes convictions politiques, afin de consolider le poids électoral.

En un mot comme en mille, les découpages administratifs dans le Département du Mbéré ont été opéré avec beaucoup de subjectivité pour conforter non seulement une nostalgie sociologique, mais aussi et surtout d'assoir l'ancrage politique du régime en place.En effet, des ethnies qui à un moment de leur existence, vivaient ensemble, se sont sédentarisées de manière dispersée le long de la route sous la pression de l'administration coloniale afin de faciliter la collecte d'impôts. De ce fait, la répartition territorialea concilié ces ethnies, qui quel quesoit leur distance ou encore leurs emplacements, dans une même communauté d'intérêt.Bien plus,le découpage des divisions territoriales de ce départementest une stratégie politique qui a permis au régime en place de jouir d'une solide représentation locale.Il s'agit là d'une « politisation » du découpage des circonscriptions administratives ou d'un découpage administratif intéressé. C'est dire que la configuration de ces unités administratives a profondément déséquilibré l'UNDP qui avait un fort ancrage dans le Département du Mbéré.En effet, suite au conflit ethnique(Gbaya/foulbé)de Meiganga, il s'est créé un véritable repli identitaire autour des partis politiques. Les gbayas(ethnie majoritaire)militants de l'UNDP et d'autres groupes non musulmans ont déserté ce parti considéré comme propre aux Foulbé. Ainsi,l'État a divisé ces circonscriptions dans l'optique de réunir une population éparpillée géographiquement en vue de faire de ce groupe une majorité dans chacune des circonscriptions.Cependant,cette construction politico-historiqueentraveénormément le déploiement de l'administration ainsi que l'accès des citoyens aux services administratifs.

Chapitre II : Déficit d'encadrement des localitésisolées dans les unités territoriales hôtes depuis 1983

L'État n'a de sens, et sa construction politique n'est durable que si son « utilité sociale » est établie104(*). Dans ce concert, le développement de services publics répondant aux besoins et aspirations des populations est à la fois un impératif et un sacerdoce pour la puissance publique105(*). La délivrance de services publics doit être perçue comme une mission régalienne de l'État qui seul, est en mesure de garantir l'équité et la justice dans l'accès des populations au bienêtre social. C'est donc à l'aune de sa capacité à prendre en charge les besoins incompressibles des citoyens, à travers le service public, que se mesurent la crédibilité et la viabilité d'un État. De la même manière, l'accès des populations aux services socio-économiques de base est une exigence morale, un droit, et une nécessité pour les populations qui aspirent naturellement à un développement harmonieux. Il constitue une question vitale pour les sociétés elles-mêmes, tant il est vrai que le « vivre ensemble » repose largement sur les avantages qui y sont attachés pour toute la communauté, et pour chaque citoyen. La satisfaction des besoins sociaux participe naturellement de la cohésion et de la stabilité des nations, de l'épanouissement individuel et de la prospérité collective des sociétés humaines. Dans ce sens, le service public est un élément fondamental de régulation sociopolitique, surtout dans un contexte de grande pauvreté.

Cependant, dans le Département du Mbéré le rapport administration/administrés semble ignorer l'importance capitale de la proximité entre l'État et le citoyen. Par conséquent, le fonctionnement de l'administration dans ce grand ensemble départemental s'accompagne des « grincements de dents » du côté des administrés que des administrateurs.

I- Accès limité des administrés isolés aux services administratifs

La digestion de cette partie passera par la convocation du concept d'isolement, qui en géographie, s'entend donc comme la description d'une situation dans laquelle un territoire et/ou une population est séparée du reste de son environnement par un ensemble de facteurs géographiques, économiques, politiques ou sociaux106(*). Au regard des critères définis, certaines zones des subdivisions du Département du Mbéré apparaissent comme un territoire isolé en raison de sa situation géographique, et de ses caractéristiques politico-administratives.

Une partie des territoires ruraux cumule différents handicaps qui se sont cristallisés au fil du temps. Il est possible de parler à leur endroit de véritables territoires de relégation107(*). En effet, la plupart de sa population est isolée, que cet isolement soit physique ou qu'il relève de blocages à la mobilité d'ordre administratif108(*). Il s'agit de mettre en évidence l'accès au service administratif. Une approche transversale est en effet nécessaire au niveau local, les espaces ruraux souffrent de l'attention limitée portée aux effets sociaux des politiques d'investissements notables109(*). Il est significatif que les données statistiques sur ces domaines, pourtant existantes, fassent rarement l'objet d'une présentation selon la variable spatiale. Cette attention insuffisante prêtée aux difficultés rurales, en s'accumulant et en se combinant avec des crises affectant l'épanouissement de ces espaces, finit par cristalliser des problèmes graves sur des « territoires de relégation » dans ces circonscriptions.

En effet, l'administration offre en général dans sa mission régalienne à la population, un cadre d'épanouissement qui se décline en deux : d'un côté, les services accessibles à tout citoyen quel que soit son appartenance administrative ; et de l'autre côté les services exclusivement réservés aux citoyens sous l'autorité de l'administration territorialement compétente. Ce dernier concerne les services comme l'établissement des actes de naissances, l'autorisation de manifestation publique, l'établissement du titre foncier etc. De ce fait, pour avoir accès à ces services, il faut se référer à l'administration territorialement compétente110(*). Ainsi, ce dernier aspect entrave énormément la communion entre l'administration et son sujetdans le Département du Mbéré.

A- Éloignement des centres d'état civil

Les communes de Meiganga, Djohong et Ngaoui comptent des milliers d'habitants. Selon un sondage récemment mené dans les centres de santé, les chefferies et les Services départementaux de l'éducation de base et secondaire, environ 25% des populations de ces communes ne disposent pas d'acte de naissance111(*), ce qui constitue une situation préoccupante pour les maires. Selon l'étude diagnostic par la suite menée, ce déficit est dû à l'insuffisance de moyens financiers, des techniques opérationnelles et à l'enclavement de nombre de villages112(*).

1- Coût du déplacement des populations des villages isolés vers les centres d'état civil

L'établissement d'actes de naissance au Cameroun est régi par l'ordonnance 81/02 du 29 juin 1981. Cette ordonnance précise que la mère, le père de l'enfant ou toute autre personne ayant assisté à la naissance peut déclarer la naissance de l'enfant, dans la mairie territorialement compétente. La déclaration doit se faire dans les 30 jours suivant la naissance. L'enregistrement des naissances obéit aux conditions suivantes : l'existence d'un centre d'état civil ; la présence d'un officier ou d'un agent d'état civil ; le bulletin de naissance établi par un personnel de santé du centre hospitalier où est né l'enfant113(*). De ce fait, les populations victimes de l'isolement administratif sont contraintes de parcourir une bonne dose de distance pour déclarer la naissance. Rappelons que quoiqu'un acte de naissance soit gratuit pour un enfant de moins de 3 mois, l'enclavement des villages occasionne des coûts de déplacement pour les parents qui doivent se rendre dans un centre d'état civil territorialement compétent pour l'établissement de ces actes de naissance. D'autre part, pour les enfants de 3 à 6 mois, les coûts s'élèvent à environ 2500 francs voire au-delà, à travers la procédure de jugement supplétif ; coûts de composition du dossier, déplacements, certification des papiers auprès des autorités, prise en charge des témoins aux audiences, etc., s'élèvent à au moins 30 000 francs CFA.

Seulement, selon Aboubakar Adamou chef de service de l'état civil à la Commune de Ngaoui, les déclarations se font après les délais et les actes s'établissent hors délais. Car sur 100 actes de naissance établis par cette Commune, plus de 85 le sont en marge des délais. « Il y a des parents qui arrivent lorsque l'enfant a atteint l'âge de l'école. Or, conformément à la loi, la mairie n'est plus compétente pour ce type de déclaration »114(*), affirme Aboubakar Adamou. Il fait observer que ces parents le font non seulement par ignorance mais aussi par le coût de la distance par rapport au centre d'état civil, puisque, poursuit-il, « lorsque nous leur demandons d'aller au tribunal pour obtenir un jugement supplétif pour leur enfant, ils considèrent que nous les envoyons en enfer, nous sommes obligés de les satisfaire et de les sensibiliser pour les prochaines naissances »115(*). Le secrétaire d'état civil le fait, pense-t-il, pour donner aux enfants relevant du territoire de la mairie de Ngaoui la chance d'avoir un acte de naissance. Car l'enregistrement des enfants à l'état civil leur permet de bénéficier d'un certain nombre de droits. La possession d'un acte de naissance offre à l'enfant la protection de la loi contre toutes formes d'abus et d'exploitation. Ainsi, le fait qu'un acte d'état civil ne soit transcrit dans les registres (non-enregistrement des naissances, des mariages et des décès) pose de nombreux problèmes116(*). Les enfants non-déclarés sont exclus du système institutionnel, ont un accès limité à l'éducation puisqu'il est nécessaire de posséder un acte de naissance pour s'inscrire à l'école ou pour passer l'examen du premier niveau. La possession d'un acte de naissance est aussi nécessaire pour officialiser une union à la mairie, trouver un emploi, prouver sa nationalité, son âge, faire valoir ses droits de succession, participer à la vie politique et exercer ses droits de citoyens (voter, se présenter aux élections)117(*). Au niveau étatique, les enfants non déclarés et sans acte de naissance n'ont pas une existence légale au regard de la loi. Ils ne jouissent pas d'une protection juridique et sont vulnérables à toutes formes d'injustice, d'abus et d'exploitation, trafic, exploitation sexuelle, etc.118(*) Ne pas déclarer un enfant à sa naissance ne permet pas aux autorités de déterminer le nombre exact des habitants vivant sur le territoire, et d'établir des politiques efficaces en matière de développement économique, de planification familiale, de politique sanitaire et éducative, d'urbanisation, etc.119(*)

Par ailleurs, des délais qu'on souhaite respecter scrupuleusement, relève Aboubakar Adamou, que les parents, malgré les efforts de certains centres de santés, ne se présentent pas à temps pour la déclaration de naissance. Oumarou Bouba qui a déclaré la naissance de son enfant quatre ans plus tard, accuse les méthodes du découpage administratif qui refuse de prendre en compte la proximité entre centres administratifs et périphériques. Ce qui rend complexe la délivrance de certains papiers. « Il m'a été demandé de parcourir 50 km pour faire établir l'acte de naissance de mon fils alors qu'il y a un centre d'état civil à moins de 3 km de mon village »120(*), affirme-t-il.

Au bout de cette aventure, ces populations isolées se heurtent inéluctablement aux difficultés de déclaration de naissance.

2- Difficultés de déclaration de naissance

La lenteur dans le processus d'enregistrement des naissances entraîne parfois le découragement de certains parents, et facilite également l'abandon. D'après la loi et les instructions relatives à l'état civil camerounais, l'acte de naissance établi sur le champ, après lecture faite et aussi signé par le déclarant, lui est immédiatement remis121(*). En temps normal, lorsque toutes les étapes du processus sont respectées et les dysfonctionnements limités, le déclarant peut entrer en possession de l'acte de naissance en 2 semaines122(*). Or, la pratique de terrain montre que l'établissement de l'acte de naissance ne peut se faire sur le champ. En général, le temps qui s'écoule entre l'accouchement et l'obtention de l'acte de naissance est relativement long. Un parent peut avoir à patienter entre 2 et 6 mois pour l'obtention de l'acte de naissance123(*). Or, des attentes relativement longues sont susceptibles de mener le déclarant de naissance à des frustrations et au découragement, permettant ainsi l'accroissement des enfants non déclarés. Les lourdeurs administratives, les difficultés d'accès aux services administratifs sont parfois dues à la mauvaise foi de certains agents qui pratiquent une rétention des actes d'état civil pour les revendre aux parents ignorant les textes sur la gratuité des actes et ceci dans le seul but d'enrichissement personnel124(*). Vu de la sorte, ces populations isolées ont donc du mal avec leur enclavement à consacrer autant de temps à ces procédures étourdissantes construites par certains agents dans un but purement lucratif.

Par ailleurs, l'un des éléments entraînant la lourdeur dans l'établissement des actes de naissances est le problème lié à l'établissement des bulletins de naissances dans les centres sanitaires, et à sa transmission dans les centres d'état civil125(*). Or, généralement ce sont les parents qui sont chargés d'acheminer les bulletins de naissances des centres sanitaires aux services d'état civil. Compte tenu des problèmes rencontrés par des parents au niveau de centres hospitaliers pour le retrait des bulletins de naissances, il est difficile que cette opération soit effectuée à temps, ce qui conduit le parent soit à une déclaration tardive soit à un abandon. Si le bulletin était transmis directement des centres sanitaires au service d'état civil, cela réduirait les coûts et augmenterait le nombre des enfants inscrits dans des centres d'état civil.

Certes voici présenter le désagrément lié à l'établissement de l'acte de naissance.Qu'en est-il de l'obtention d'autorisation de manifestation publique ?

B- Exigences de l'obtention d'une autorisation de manifestation publique

En abordant les difficultés à accomplir des démarches administratives, les problèmes rencontrés et leurs issues, l'enquête « Accès aux services » permet de caractériser de façon large les relations qu'entretiennent les personnes des localités isolées avec les services publics ou les administrations. Elle donne à voir le parcours de l'usager dans sa démarche d'accès aux services. À l'occasion d'une demande particulière, l'enquête a cherché à mettre en exergue le degré d'aisance des personnes sinistrées dans l'accomplissement de leurs démarches administratives (isolement géographique) et si, en cas de besoin, ces dernières ne sont susceptibles de bénéficier d'un soutien dans leur entourage pour les accomplir : le plus évident est d'emblée, l'autorisation de manifestation publique.

Le droit de manifester est un droit fondamental des pays démocratiques, garanti par la constitution. À ce titre le régime des manifestations au Cameroun demeure libéral. Les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 prévoient que :« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi. »126(*), et donc « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi »127(*). En effet, la manifestation est une réunion organisée dans l'espace public dans le but d'exprimer une conviction collective128(*). On parle alors de manifestation à caractère revendicatif, sportif, festif, qui n'exprime une opinion ou une revendication. Elle peut demeurer fixe ou se déplacer en cortège. Cependant, l'ironie du sort exprime les conditions défavorables des populations « sinistrées » à accéder au centre administratif compétent pour suivre les procédures régulières afin de répondre à cet acte et devoir citoyen.

1- Le poids fatidique de la composition du dossier

Au Cameroun, le régime des manifestations est libéral ; néanmoins, la loi réglemente les manifestations de façon à prévenir les troubles à l'ordre public129(*). Dans cette logique, toute manifestation est soumise à une déclaration préalable. Les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux sont dispensées de cette déclaration130(*). Sont visées notamment les processions religieuses. Les manifestations « sportives, récréatives ou culturelles » sont soumises à déclaration préalable à la sous-préfecture de l'arrondissement compétent selon divers critères : la déclaration de manifestation doit être établie par 3 responsables de l'organisation de l'événement, domiciliés dans la circonscription territorialement compétente, qui devront se munir d'une pièce d'identité lors de la déclaration de la manifestation131(*). L'objectif de cette déclaration est de traiter les demandes d'organisation de « manifestations publiques », au sens de l'Ordonnance générale de police, telles que l'organisation de fêtes de quartier/de village, kermesses, manifestations scolaires, stages, manifestations sportives, bals publics....132(*) De ce fait, les populations administrativement « sinistrées » sont donc contraintes d'ignorer le centre administratif le plus proche, pour parcourir de longue distance afin de déposer d'emblée la demande pour d'éventuel traitement. À titre illustratif, vu la proximité avec Djohong, un habitant de Yafounou s'est vu refuser la délivrance d'une autorisation de manifestation publique par le sous-préfet de Djohong pour la simple et unique raison que ce village n'est pas de son ressort territorial133(*).

2- La durée du traitement

Il doit permettre de vérifier de manière détaillée si l'ensemble des autorités publiques compétentes ont bien été consultées et si l'ensemble des mesures organisationnelles, de sécurité et de police administrative ont été planifiées. C'est ainsi donc qu'il est impératif pour tout citoyen de procéder à des déclarations et de demander des autorisations aux autorités administratives qui peuvent varier en fonction des infrastructures prévues (buvette, musique...), du nombre de personnes attendues et du lieu. L'on doit déclarer la manifestation 3 jours au moins et 15 jours au plus avant la date de la manifestationSource ?.

L'enquête met en évidence qu'une large majorité de la population éprouve de difficultés à accomplir ces démarches administratives courantes. Plus d'une personne sur cinq déclare cependant des difficultés et cela recouvre un public particulier.Ainsi, satisfaire ses besoins d'accessibilité est devenu coûteux. Offrir un service de transport efficace et l'autonomie inhérente est difficile, au point que l'absence de voiture peut être ressentie et vécue comme un facteur d'isolement social. En effet, la mobilité est un élément d'accessibilité prépondérant et par conséquent d'intégration, et ce, d'autant plus dans un contexte d'éloignement des équipements et services. L'absence de mobilité est facteur d'exclusion ou de frein à la participation à la vie en société.

C- Conditions difficiles de l'établissement d'un titre foncier

Le titre foncier est un document qui garantit, sécurise et protège le droit du propriétaire. Le détenteur du titre foncier est considéré comme l'unique et le véritable propriétaire du terrain concerné. Le titre foncier a en principe un caractère définitif, irrévocable et inattaquable. Le Cameroun, à l'instar de la plupart des pays qui ont adopté le système Torrens, a opté pour le régime foncier de l'immatriculation, qui se traduit par l'inscription des droits réels sur un Livre foncier134(*). L'inscription de ces droits réels sur le livre foncier, n'intervient qu'à l'issue d'une procédure destinée à révéler tous les droits réels attachés à un espace. Lorsque, aucune opposition ne s'est manifestée lors de cette procédure, le titre foncier obtenu devient inattaquable, intangible et définitif135(*).Qui en est l'auteur ?. Est-ce un article, une archive ?

Mais toujours est-il que les habitants des villages isolés misent en exergue dans cette étude se trouvent désaxer par la réalité distancielle et des caprices procéduraux, qui les conduisent inéluctablement à l'abandon de ces services administratifs.

1- Distanceentre les villages isolés et leurs centres administratifs

Le requérant va tout d'abord retirer l'imprimé de la demande d'immatriculation à la sous-préfecture ou au bureau de service départemental des affaires foncières et domanial. Cette demande d'immatriculation est signée en quatre exemplaires (04), dont l'original timbré, doit porter les mentions suivantes :

Nom, Prénom, Filiation, Domicile, Profession, Régime matrimonial et Description détaillée de l'immeuble à immatriculer136(*).

2- Tournure dans le traitement de la demande du titre foncier

Cette demande minutieusement remplie est déposée au service de la sous-préfecture et on attendra par la suite un délai de trois (03) jours pour réclamer le récépissé. Dans un délai de huit (08) jours l'autorité transmettra le dossier au service départemental des affaires foncières137(*). Quinze (15) jours plus tard, le chef de service départemental des affaires foncières fait publier un extrait de la demande déposée au service du sous-préfet138(*). C'est alors que la date de la descente de la commission consultative sur le terrain pour constater l'effectivité de la mise en valeur du terrain est fixée. Après le bornage effectué au cours de la descente sur le terrain, le requérant va auprès du receveur départemental des domaines pour payer les frais de bornage, contre quittance. Trente (30) jours après ce payement, le délégué départemental du MINDAF transmet le dossier complet au délégué régional des affaires foncières qui l'inscrit dans le registre régional de suivi des réquisitions d'immatriculation139(*). Il lui affecte un numéro, examine sa régularité, vise le cas échéant et établie un avis de clôture de bornage qui est publié par le délégué régional dans le bulletin régional des avis domaniaux et fonciers. Dès lors le dossier est transmis au conservateur foncier du lieu de situation de la parcelle concerné.

3- Délivrance de l'attestation et déplacement

Enfin après trente jours (30) jours de la publication de l'avis de clôture de bornage de ladite parcelle, et surtout en absence de toute opposition ou tout litige sur le terrain, le conservateur foncier du ressort territorial procède à l'immatriculation dans le livre foncier et vous délivre une copie de titre foncier(duplicatum), après le paiement de la redevance foncière auprès du receveur, ainsi que les timbres y afférents. C'est après la traversée de cette étape que vous allez attendre six (06) mois pour entrer en possession de votre titre foncier140(*).

En milieu rural, cette problématique d'accessibilité est renforcée par l'aspect géographique qui fait l'apanage de ces zones « sinistrées », à savoir l'étendue des distances à parcourir pour atteindre un centre d'intérêt. Par conséquent, effectuer ces démarches administratives, peut prendre une éternité entière pour des personnes sans véhicule personnel et donc tributaires des transports en commun. L'autonomie de ces personnes est profondément entravée si bien qu'elles ne peuvent vaquer à leurs occupations comme elles le souhaiteraient. C'est pourquoi, elles préfèrent s'abstenir de cette norme citoyenne.

II- Les conditions difficiles d'intervention des administrateurs dans les territoires de commandement éloignés

En Afrique, plus de cinquante ans après les indépendances, le constat global qui s'impose est que la fourniture de services publics a fatalement suivi la courbe de décrépitude de l'État postcolonial141(*). Mal citée. Qui est l'auteur ? La date de publication ?Avec une conception patrimoniale du pouvoir, la perpétuation d'une administration coloniale, le manque de vision et de projet commun, les mauvais choix de priorité dans les dépenses publiques, le clientélisme, la corruption et le favoritisme ethnico-clanique, ou encore la faible valorisation des compétences et des ressources en tous genres ; la fourniture de services publics est aujourd'hui caractérisée par des insuffisances chroniques et des déséquilibres sociaux et territoriaux sans cesse grandissants142(*). Or, « si le défi majeur du développement est le bien-être des populations, l'une des réponses à ce défi consistera dans la capacité des pouvoirs publics à offrir aux populations des services publics de base, en quantité et en qualité satisfaisantes »143(*).

En interrogeant à la fois les orientations politiques, les configurations institutionnelles ainsi que les pratiques des institutions et des Hommes au niveau de ce Département, la gouvernance est un concept opératoire. Elle est une pratique concrète qui ne peut se satisfaire simplement de considérations globales. Elle ne vaut que par ses applications concrètes. Ainsi, elle a été appréhendée sur la base de recueil d'expériences des acteurs, d'analyses croisées, de mise en débat, et d'élaboration de propositions.

Un État légitime, c'est un projet de société qui offre de bonnes conditions de vie aux citoyens144(*). Or, le niveau de satisfaction des besoins économiques, sociaux et culturels est étroitement lié à la qualité des services auxquels l'ensemble de la population peut effectivement accéder, sans exclusive. Sous ce rapport, la délivrance de services publics est une quête permanente en réponse à la crise multiforme que vit l'Afrique. Naturellement, les populations africaines en générale et celles du Département du Mbéré en particulier aspirent à une meilleure existence. Elles réclament des services publics, une administration qui fonctionne, et des dirigeants exemplaires. BrefÉvitez ce genre de terme dans ce travail, elles ont besoin d'une administration véritable. Pourtant, malgré diverses initiatives à toutes les échelles, et de tous les acteurs, la pauvreté en Afrique subsaharienne, est devenue endémique et continue de saper la légitimité de l'État. Paradoxalement, l'engagement par tous et partout est sans précédent, pour assurer une vie décente à chaque être humain. C'est que dans le fond, les modes de régulation de la délivrance de services publics sont inadaptés.

A- Insuffisance du contenu de l'enveloppe budgétaire des communes

Au Cameroun les règles régissant l'administration publique sont consacrées par la Constitution en tant que loi fondamentale de l'État, et définissent la République du Cameroun comme « un État unitaire décentralisé »145(*).La décentralisation suppose l'autonomie administrative et financière, et par là le transfert non seulement de compétences, mais aussi de moyens dans la vue de permettre aux administrations locales de pouvoir subvenir au développement local et à l'amélioration des conditions de vie des populations. La décentralisation donne donc naissance aux collectivités locales ou collectivités territoriales décentralisées qui ont la lourde tâche de réaliser le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de la collectivité territoriale146(*).Pour mieux fonctionner, ces collectivités locales ont besoin des ressources pour pouvoir financer le développement sus visé. L'autonomie proclamée leur donne le droit d'avoir un budget. Celui-ci regroupe l'ensemble des ressources et des charges de la collectivité en question, équilibré en recettes et en dépenses pour un exercice donné.

Cependant dans le cadre de l'autonomie financière, les collectivités territoriales décentralisées du Département du Mbéré ont un budget ne leur permettant pas de pouvoir subvenir à leur besoin de développement et d'assurer leurs prégnances dans les territoires administrativement enclavés. Ce budget comme celui de l'État est équilibré en recettes et en dépenses147(*). La gestion des ressources pour ce qui concerne cette étude ne nécessite pas des moyens pour les rendre optimales pour une plus grande rentabilité dans le financement du budget. En effet, la structure de la fiscalité locale se caractérise par la dualité : impôts d'État affectés et impôts locaux148(*). L'économie de l'ensemble de ces communes est principalement agricole mais surtout informelle, d'où un système fiscal peu performant ; les industries sont rares et les autres activités (le tourisme, l'artisanat, les services, etc.) ne sont pas développées. Cette structure implique que l'État détienne seul le pouvoir de légiférer en matière fiscale. La fiscalité locale est caractérisée par sa faible productivité, les impôts d'État transférés constituant l'essentiel des ressources fiscales locales. Le produit de la TVA connaît un rythme de progression plus rapide que celui de la croissance du rendement de la fiscalité locale149(*). Ce déficit de performances provient d'une insuffisante optimisation du potentiel fiscal géré directement par l'État. Les ressources nécessaires à l'exercice par les collectivités territoriales de leurs compétences, leur sont dévolues soit par transfert de fiscalité, soit par dotations, soit par les deux à la fois150(*). Mais de façon générale, ces communes comme toute CTD, a pour mission de promouvoir le développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de ces collectivités. À ce titre, son champ de compétence est relativement vaste, enchevêtré et couvre des domaines variés tels que : l'équipement et les infrastructures d'intérêt communautaire, l'approvisionnement en eau potable, le transport, les places et édifices publics, l'hygiène et la salubrité au sein de la commune151(*).

Il convient de noter que les budgets alloués aux CTD du Département du Mbéré fixées par la loi ne leur permettent pas d'intervenir de façon significative dans le développement économique, car les missions sus évoquées ne présentent qu'un impact indirect sur le développement économique. Aussi le plan stratégique de développement de ces communes ne présente pas les conditions nécessaires pour améliorer la compétitivité en vue de relancer la dynamique des activités formelles. Car l'on note aussi la prégnance du problème de civisme fiscal. On entend par civisme fiscal l'accomplissement volontaire de ses obligations fiscales (déclaratives et de paiement) par le contribuable. Il est reconnu que l'administration exerce, par son comportement, son accessibilité, sa performance, un effet déterminant sur le civisme fiscal. Or, rigidité et manque de communication sont souvent reprochés à l'administration fiscale. Le sentiment d'injustice, la complexité et le manque de lisibilité du système fiscal sont les raisons de l'incivisme les plus fréquemment évoquées. Il est difficile pour un contribuable de payer spontanément et à temps ses impôts et taxes sans que n'intervienne les agents de la commune. Ainsi, l'incivisme fiscal des contribuables affecte le rendement des impôts, droit et taxes, et même la logique de la budgétisation par programme ou de la gouvernance des collectivités locales152(*). Car les ressources prévues ne seront recouvrées à temps pour financer les programmes définis selon un chronogramme bien précis. Le fait est que dans la procédure, lorsque le contribuable ne paye pas à temps ou ne paye pas du tout, certains agents sont laxistes quant à la procédure contentieuse, et du coup certaines recettes sont abandonnées entre les mains des contribuables.

La division territoriale du Département du Mbéré représente un obstacle dans le sens où les communes n'ont pas une meilleure connaissance de la plupart de leur population. Cela complique d'une part une aide sociale plus rapide (les situations difficiles ne peuvent rapidement être rapportées aux intéressés et la procédure d'aide ainsi enclenchée), et d'autre part une certaine liberté dans la marge de manoeuvre de l'application de la loi dans la mesure où les allocataires entrent dans un canevas strict, et donc l'aide ne peut être adaptée de manière singulière. Cela ne permet pas une identification aisée, une prise de contact rapide et la mise en place d'un partenariat plus efficace.Il est important que chaque commune connaisse la composition et les besoins de sa population afin de pouvoir y répondre de la manière la plus adéquate.

En bref, cette partie a mis en exergue l'inefficacité de la politique de financement de collectivités territoriales décentralisées, car elle s'appuie sur des ressources fiscales difficilement recouvrables dans certaines communes du fait de leur faible niveau économique et sur la faible rentabilité des ressources propres locales.

B- Exigences budgétaires de l'administration des contrées enclavées

Les moyens financiers sont très importants pour garantir la structuration du pays puisqu'ils permettent aux divisions territoriales de manifester l'omniprésence du pouvoir central. D'ailleurs, c'est grâce à cela, qu'incombe à l'administration le rôle délicat de la mise en place et du fonctionnement des mécanismes de participation de la population à la vie de l'État ainsi que dans la communication entre gouvernants et gouvernés153(*). Il convient même de souligner le rôle décisif du budget sans lequel les attributions des chefs des circonscriptions administratives, ne seront que des slogans creux. À ce titre, celui-ci garanti les conditions nécessaires au chef de circonscription administrative, qui sert d'intermédiaire entre le pouvoir central et les administrés, plus particulièrement les élus.

Cependant, les budgets standards alloués au fonctionnement des unités administratives laissent matière à réflexion dans le Département du Mbéré. En effet dans ce département aux divisions territoriales dont les zones d'influences s'entremêlent exige une forte dotation budgétaire aux différentes administrations locales pour assurer convenablement la couverture des ressorts territoriaux respectifs. Or dans le contexte actuel où le fonctionnement du Département du Mbéré est considéré comme celui d'une administration aux contours normaux, ne peut permettre de suivre permanemment la gestion des localités victimes d'un mauvais découpage territorial. Par conséquent, l'administration devient inefficace dû à l'insuffisance des moyens ; qui bafoue son rôle de principal agent d'information du gouvernement qu'il tient au courant de tout ce qui se passe dans sa circonscription, spécialement les mouvements d'opinion154(*).Cette référence n'est pas bien citée

Dans le même ordre d'idées, les administrateurs ont des difficultés à communiquer aux différentes autorités locales (en particulier les chefs traditionnels des zones administrativement isolées) des intentions du gouvernement. Aussi les autorités de l'administration hôte par défaut de moyen conséquent, n'interviennent pas de façon décisive dans l'encadrement politique et administratif des citoyens isolés ; à travers le rôle régalien de maintien de l'ordre public, de protéger les populations, de répondre à leurs besoins matériels et culturels, de les faire participer au développement du pays en leur fournissant une aide technique adaptée. C'est au regard de ce désagrément que l'État concours plus ou moins à l'exclusion de ces camerounais de leur commandement territorial.

C- Lourdes dépenses pour la couverture sécuritaire des espaces de vie humaine extra-communaux

Les services de maintien de l'ordre ont pour mission générale de favoriser ou de renforcer le « bien vivre ensemble »155(*). Or, la politique de prévention locale intégrale n'oeuvre pas de façon systématique, cohérente et durable à augmenter la sécurité, la qualité de vie et le bien-être au niveau local, et ne prend également pas compte des besoins ou des nécessités des villages éloignés. Les forces de maintien de l'ordre visent uniquement les incidents visibles, et certainement pas des problèmes des contrées éloignées, à savoir les multiples causalités et expressions de la criminalité et de l'insécurité. On parle de Prévention partielle, car elle ne vise pas tous les aspects sociaux complexes en relation causale avec la criminalité. Cela résulte d'une insuffisance de moyens afin de mettre en place des partenariats constructifs avec tous les acteurs de la chaîne de sécurité.

Cependant, l'implémentation d'une politique raisonnable pour mieux assurer la couverture sécuritaire exige une forte investigation budgétaire afin de combiner l'expertise des différentes forces de sécurité. Les communes doivent répondre présents en prêtant main forte aux forces de police et de gendarmerie afin de donner satisfaction aux préoccupations des citoyens. Pour s'y prendre véritablement, une approche orientée vers les problèmes d'insécurité ou d'incivilité, implique de ne pas réagir uniquement aux incidents et aux symptômes d'en face mais surtout tenter de déterminer les origines de ces problèmes, les aborder dans des villages isolés afin de les prévenir, les résoudre ou en contrôler les conséquences, à court, moyen et long terme.

Bien que la description mentionnée ci-dessus comprend tous les éléments d'une approche orientée vers la résolution de problèmes, il est cependant indiqué de l'étudier plus en profondeur parce que dans la pratique, il s'avère qu'une approche axée sur le concours de la police, de la gendarmerie et d'une force municipale constitué des agents locaux qui maitrisent mieux ce découpage au contours flou, n'est pas garantie. De ce fait, la réalisation de cette investigation demande énormément de moyens financiers que matériels, car chaque organe a un rôle bien spécifique mais complémentaire.

1- Policeet périmètre d'action réduit

La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique. Cette force publique est représentée d'une part par la police156(*). De ce fait, ce cadre d'emploi de la fonction publique territoriale, sont constamment présents sur le terrain afin d'assurer leur mission tant d'ordre administratif que judiciaire, autrement dit d'ordre préventif et répressif157(*). En ce qui concerne cette étude, l'accent est mis sur l'inaccessibilité de la police dans des campagnes administrativement « isolées » du Département du Mbéré. Il s'agit dans ces territoires d'une police de « seconde ligne » par excellence. Cette police, présente au coeur des collectivités locales a toujours été au service des citoyens depuis toujours, mais encore moins dans ces zones enchevêtrées, elle ne peut se soucier de remplir une fonction de première ligne. Le déficit de proximité entrave des multiples tâches quotidiennes qu'elle assumerait au profit de la collectivité.

En effet, les commissariats de police se situent dans les villes de plus de 5 000 habitants et leur compétence s'exerce sur l'agglomération et la banlieue158(*). Alors la configuration de ces divisions territoriales qui ignore la question de proximité entre les centres administratifs et leurs zones d'influences, réduit considérablement le périmètre de compétence de la police. Par conséquent, cela limite l'action de la police investie d'une mission préventive et de maintien de l'ordre c'est-à-dire de surveillance et de contrôle. Mission qu'elle est spécialement à même de remplir grâce à sa présence quasi constante sur le territoire placé sous sa compétence. Malheureusement, ces villages sinistrés sont de ce fait privés par la présence policière ; ce qui les rendre encore plus vulnérable.Sources ?

2- Gendarmerieet difficulté de déploiement

La Gendarmerie Nationale exécute les missions de police administrative et de police judiciaire, dans les conditions fixées par les textes en vigueur. Ses missions particulières portent sur : la défense nationale, le maintien de la Sûreté intérieure de l'État et les missions de police militaire et de police judiciaire159(*). C'est dans ce sens que Monsieur Meloupou Jean-Pierre souligne que la Gendarmerie camerounaise reste essentiellement une force de police judiciaire et militaire160(*).

Le décret N° 60/280 du 31 Décembre 1960 qui l'institut précise que la Gendarmerie nationale est une force militaire chargée, sous la direction des autorités administratives et judiciaires de veiller à la Sûreté publique, d'assurer le maintien de l'ordre et l'exécution des lois. Il n'est pas vain de faire intervenir à ce niveau la distinction faite par Meloupou, entre « l'acte de défense Nationale » de celui « du maintien de l'ordre public ». En effet, il précise que dans le concept de défense nationale, on peut relever qu'il y a un patrimoine, au moins un territoire et des valeurs collectives communs à défendre. C'est ce patrimoine qui fait l'adhésion de l'ensemble de la collectivité à l'effort de défense. C'est ici qu'intervient la démarcation entre la défense nationale et le maintien de l'ordre. L'ingérence étrangère directe ou indirecte sépare la défense nationale des moyens policiers et pénaux répressifs dans un pays pour faire régner l'ordre et la paix sociale menacée de l'intérieur. Dans cette mesure, les officiers de la Gendarmerie nationale sont donc appelés : « officiers de police judiciaire militaire ».En effet, la Gendarmerie suit le découpage administratif. Une brigade par arrondissement, une compagnie par département et une légion par région. La brigade territoriale est un élément clé dans l'organisation de la gendarmerie. Elle fait le lien entre la population et les élus en milieu rural. Le maillage des brigades territoriales montre que leur activité se situe à 80 % en milieu rural.Attention au plagiat. Indiquez les sources

Cependant, dans le Département du Mbéré aux divisions territoriales irrégulières, il est bien entendu que le véhicule de service sera utilisé pour le déplacement pour optimiser le temps d'emploi,ce qui privilégiera le contact avec les administrés. En effet, lorsque la sécurité est menacée dans ces villages administrativement sinistrés, l'unité de gendarmerie la plus proche ne peut intervenir de manière décisive, mais ne peut que réagir de façon préventive. Car la pleine intervention revient à l'unité de gendarmerie de la division territoriale administrativement compétente. De ce fait, le paramètre de distance laisse largement de temps aux malfrats d'y opérer et prendre le large. Aussi, la plupart des unités de gendarmerie de ces entités territoriales (arrondissements), ne dispose chacune que d'un véhicule pour la couverture de leurs territoires respectifs. Avec ces conditions, les éléments de la gendarmerie ne peuvent impérativement prendre connaissance, et ce de façon journalière, des événements survenus sur leur territoire de commandement mais surtout ils ne peuvent être au parfum de tout ce qui se passe dans leur zone.Par ailleurs, le quadrillage de la zone par des patrouilles pourrait suffire car la simple présence quotidienne permet aussi de dissuader certains malfaiteurs. De plus,le temps de présence dans l'affectation, la connaissance de la circonscription et de la population, le contact avec les habitants sont des critères très importants pour le gendarme dans son travail au quotidien161(*). Cela représente un gain de temps pour limiter le temps d'intervention, une sécurité dans l'approche d'un délinquant local et dans sa recherche du renseignement sur le terrain. Il y'a une difficulté dans l'abordage de la circonscription, de la population. Un gendarme doit nécessairement comprendre l'environnement dans lequel il travaille (situation culturelle, économique, sociale, historique, politique) afin d'interpréter au plus juste le comportement des usagers162(*).C'est érronée Il doit s'adapter pour intervenir de manière efficiente.

 Sans contact avec la population, c'est-à-dire sans disponibilité permanente et intérêt porté aux habitants des territoires dont les gendarmes ont la responsabilité, la réussite du métier de gendarme ne serait possible. Cette proximité est le socle sur lequel tout se construit. La raison en est simple. On protège mieux une population que l'on connaît. On sert mieux une population qui nous connaît. C'est le sens même de son engagement.

Cependant, la brigade de gendarmerie doit prendre en compte la réalité du maillage administratif et social du territoire tout en favorisant une relation de proximité avec les usagers163(*). Outil de l'instauration d'une confiance entre le citoyen et la gendarmerie, il doit s'adapter à la nécessité de concentrer les efforts sur les points de vulnérabilité du territoire, pour répondre efficacement aux enjeux de sécurité et aux légitimes attentes de la population, sans renier un droit inaliénable à la sécurité de zones de moindre pression.

3- Police municipale

Selon la loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les règles applicables aux communes et qui, en son article 87, concède aux mairies et aux délégués du gouvernement la possibilité de création de la police municipale164(*). À travers ce texte, « les magistrats municipaux sont autorisés à créer par voie de délibération du conseil municipal, des polices municipales au sein de leur collectivité ». Comme dans le Département du Mbéré, la plupart des mairies et autres communautés urbaines ont créé ces unités dans l'optique plus globale d'assurer le bon ordre, la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publique dans la commune. L'alinéa 1 de l'article ci-dessus cité précise que «la police municipale a pour objet, sous réserve des dispositions de l'article 92, d'assurer le bon ordre, la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques »165(*).

La Police municipale veille à l'exécution des mesures relevant du pouvoir de police du maire en matière de sûreté, de salubrité et de tranquillité publiques. En cas de crime ou de flagrant délit, le personnel de la Police municipale est tenu d'appréhender l'auteur et de le conduire devant l'officier de police judiciaire territorialement compétent. Sauf que la réalité sur le terrain est tout autre, nous confie Oumarou Issama, le Maire de la Commune de Djohong. À Djohong par exemple, et dans bien de collectivités locales décentralisées dans le Département du Mbéré, on observe l'absence criarde des « policiers municipaux » dans le déploiement communal ; absents dans l'orientation des commerçants dans les marchés ou pour réguler le problème de divagation des bêtes domestiques166(*). Ceci provient du fait que non seulement d'un manque de moyen pour une couverture efficace mais aussi et surtout de l'enchevêtrement des zones d'influences entre plusieurs communes. Car il est inconcevable que le maire n'ait pas autorité sur le village d'à côté, mais doit malencontreusement traverser et parcourir nombre de kilomètres et villages pour exercer son autorité167(*). L'un des points de l'alinéa 2 de l'article 87 précise que la police municipale doit « assurer les mesures nécessaires contre les aliénés, dont l'État pourrait compromettre la sécurité des personnes ».

Or cette investigation demande assez de moyens, mais reste incontournable afin de prêter main forte aux forces de police et de gendarmerie surtout grâce à leur maitrise de terrain. La police municipale balbutie pour le moment et cherche toujours son point d'ancrage dans l'appareil sécuritaire de ce département. Sa place y est indéniable en raison des nombreux défis que les forces de sécurité classiques ont à relever. Son implantation dans ces périmètres ruraux peut permettre aux autres forces de police et de gendarmerie de se consacrer davantage à la lutte contre les nombreux fléaux que sont notamment : le grand banditisme, la criminalité transfrontalière168(*). Cependant, l'État doit encourager non seulement les différentes communes du Département du Mbéré à implanter leurs polices mais encore à les soutenir financièrement et matériellement. En matière de sécurité chacun doit agir selon ses capacités. L'important est d'y veiller et de prendre les mesures qui s'imposent.

III- Signes du malaise social

Depuis l'époque coloniale, plusieurs réformes administratives ont été réalisées au Cameroun. En effet, depuis le premier découpage administratif intervenu, plusieurs décrets, lois et ordonnances sont intervenus pour en modifier l'organisation. Toutes ces réformes ont principalement porté sur le nombre des entités territoriales, sur leur statut juridique, et très souvent, sur leurs appellations respectives mais, elles n'ont presque jamais été motivées par le souci d'en modifier le contenu et de faire des entités territoriales des vrais acteurs de développement. De façon générale, « l'objectif de ces réformes demeure confus, hésitant entre amélioration technique de la production et de la rentabilité administratives, et transformation radicale et globale de l'organisation politique et sociale de l'État »169(*).

Le Département du Mbéré connaît une sous-administration devenue chronique et pathologique. Celle-ci est la conséquence de l'éloignement de l'administration par rapport aux administrés ainsi que d'une mauvaise répartition géographique. En effet, la décentralisation territoriale et administrative demeure une éternelle discussion au Cameroun. Ce débat se trouve exacerbé par l'immensité de son territoire face à l'archaïsme de ses voies de communication entraînant un enclavement qui ne saurait favoriser le développement durable. D'ailleurs plusieurs échecs enregistrés sur le plan de la gestion de l'État ont été souvent justifiés dans l'opinion, par l'éloignement de l'administration par rapport aux administrés170(*). Il convient de reconnaître qu'une administration locale doit se traduire par une proximité vis-à-vis de la population. Mais, dans le Département du Mbéré la situation est loin d'être enviable car, en dépit de plusieurs réformes administratives entreprises, cette entité territoriale reste largement sous-administrée. La structure administrative territoriale issue de la réforme de 1992 est marquée par le souci de mettre sur pied une entité territoriale décentralisée, efficace et dynamique.

On peut aussi regretter la timidité du gouvernement camerounais à organiser une véritable décentralisation octroyant aux collectivités locales une large autonomie organique et financière. De la sorte, « la collectivité aurait pu être dotée de véritables pouvoirs et des ressources réelles pour participer d'une manière responsable au développement »171(*). La sous-administration territoriale « n'est pas seulement fonction de la maîtrise de la gestion de l'espace (une bonne organisation territoriale), mais aussi de la gestion rationnelle et dynamique de la Fonction publique »172(*), c'est-à-dire de l'ensemble des personnes oeuvrant au sein des administrations publiques. C'est ce qui a poussé Ibula à écrire que le niveau d'efficacité de la Fonction publique sur le terrain conditionne les chances de réussite et le bon aboutissement de toute réforme administrative173(*). Comme nous l'avons dit précédemment, une administration dite locale doit se traduire par sa proximité vis-à-vis de la population. Ainsi, en tenant compte de la superficie de ces entités décentralisées, nous pouvons affirmer sans risque d'être contredit que le Département du Mbéré souffre d'un sous-développement administratif qui se manifeste entre autres par l'éloignement de l'administration par rapport aux administrés. Et cet éloignement produit des effets néfastes qui se seront développés dans la suite de ce chapitre.

A- Abus d'autorité des chefs locaux

La prégnance de l'autorité traditionnelle survenue dans les territoires isolés du Département du Mbéré peut s'expliquer par le fait qu'on enregistre un manque d'attention de l'administration hôte qui laisse libre cours à une forte imposition du pouvoir traditionnel. Et donc cela conduit parfois à d'abus divers perpétrés par certains chefsdans la mesure où ces derniers ont eux-mêmes développés, une "norme pratique" en contradiction avec les normes officielles qui régissent le fonctionnement d'un État de droit. Les prébendes, avantages de fonctions excessifs, abus de biens sociaux, usages privatifs de fonds secrets, pratiques corrompues, commissions indues et autres prélèvements illicites.

1- Fixation des prix sur les produits locaux

L'hostilité d'un chef de village peut rendre la vie difficile, et ses administrés ne se permettent guère de l'affronter directement. Les chefs traditionnels sont donc respectés de tous. Leur influence est décisive dans l'organisation de leur territoire174(*). À cet effet, le chef entretient tout un réseau de clientèle, dont il est très difficile d'évaluer les flux économiques et monétaires qu'il engendre175(*). Ils ont souvent d'importantes ressources propres, soit en raison de la constitution d'un patrimoine foncier important (accumulé ou accaparé par la chefferie au fil des années) soit parce que, en général à travers leurs familles, ils sont impliqués dans le commerce, à une échelle parfois importante176(*). De ce fait, avec l'absence des pouvoirs publics, ces chefs se donnent tous les privilèges possibles. Ces gardiens absolus des traditions s'occupent des questions économiques et fixent avec précision au cours de ses séances les prix de tous les produits locaux et du bétail.

Les chefs ont un pouvoir énorme sur les populations qui leurs sont soumises. Il prévoit généralement des peines tellement lourdes, pour le cas où des gens s'aviseraient à se montrer récalcitrants, que finalement toutes ses décisions sont respectées à la lettre. Le cas de Lamou illustre fort bien ces propos où le chef demeure un véritable régulateur des prix sur le marché177(*).

2- Spoliation des terres

La terre fait depuis des décennies l'objet des plusieurs discordes entre les différents membres de la communauté du fait que ces terres sont régies par la coutume et usages locaux. Le chef doit se « débrouiller » pour trouver les ressources qui lui sont nécessaires, et celles?ci lui permettront indissociablement et simultanément d'assurer les charges liées à sa fonction, de maintenir ou d'accroître son prestige, et d'augmenter son patrimoine personnel178(*). La vénalité des Chefs coutumiers, le conduit assez souvent à des spoliations des terres paysannes au profit des bourgeoisies nanties, lesquelles entretiennent des rapports de complicité avec des autorités. De ce fait, se considérant en tant que chef de terre, certainsArdo/Djaoro arrachent souvent des terres aux propriétaires jouisseurs, et les vendent en contrepartie d'une somme d'argent.

En effet,les populations des villages isolés dans le Département du Mbéré, sont parfois indignées face à une vaste campagne d'accaparement des terres dont ils sont victimes. « Nous sommes sous la menace tous les jours des individus qui font irruption sur nos terres en nous disant qu'ils sont des envoyés du Djaoro. Les levées se font nuitamment sans aucune commission. Nous sommes dépossédés de nos terres au profit des nantis »179(*), s'indigne Sodéa. De ce fait, des opérations de déguerpissement sont menées par des individus qui disent être envoyés par le Djaoro. Conséquence directe, nombre de personnes sont dépossédées de leurs terres. « Nous sommes sans voix, nous ne savons pas vers qui nous tourner. Et à chaque fois que nous voulons nous plaindre, l'administration n'est toujours pas là et nul ne peut se prévaloir d'être propriétaire, s'il n'a pas les documents officiels délivrés par les autorités compétentes »180(*). Il faut dire que dans la plupart des cas, les victimes ont hérité ces terres de leurs parents, qui ne possédaient en réalité, aucun document officiel. Mais pour les populations, il s'agit d'une injustice sociale orchestrée par les djaoros. Iya, un cultivateur, souligne :

Nous sommes dépassés par cette situation déplorable. Nos maisons et nos champs sont arrachés et lorsque nous essayons de tenir tête à ses envahisseurs, on est réprimé. Il faut que le Gouvernement intervienne, sinon ça va dégénérer car nous avons tous le droit de jouir de nos biens en tant qu'honnêtes citoyens181(*).

Et donc cette spéculation foncière perpétrée de manière récurrente, laisse transparaître une guerre froide entre souverain et sujet.Cet état de chose, qui est sans doute débordant, provoque le mécontentement social.

B- Mécontentement social

Fort malheureusement, dans le Département du Mbéré, la sous-administration fait que l'État ne soit tout simplement pas présente sur tout le territoire. Et cette situation a des conséquences fâcheuses sur les relations avec les administrés. Ces conséquences sont notamment l'éloignement entre fonctionnaires et usagers, la non implication des administrés à la gestion de leurs entités, la méfiance et les relations souvent conflictuelles.

1- Éloignement entre fonctionnaires et usagers

L'éloignement de la population par rapport à l'administration est un handicap réel pour le développement et la promotion du bien-être dans le milieu paysan. Du fait de la centralisation de la gestion, les fonctionnaires sont affectés, mutés ou permutés dans des territoires souvent autres que leur région d'origine. Le fonctionnaire (instituteurs) considéré comme « étranger » dans une entité locale (surtout dans ces milieux ruraux sinistrés) recourt généralement à la langue officielle182(*). Or, l'utilisation de la langue française dans l'administration locale semble maintenir toujours constante la distance entre l'administration et les usagers non instruits, ce qui risque de compromettre la participation des citoyens de n'importe quel lieu à la gestion des affaires qui les concernent le plus directement. Or,

Dans une administration participative et de proximité, il faut que les administrés et les administrateurs soient, dans l'ensemble, identiques par leur structure mentale. Ils doivent avoir les mêmes intérêts et une tendance à réagir de la même façon à leurs problèmes et à arriver aux mêmes conclusions183(*).

C'est-à-dire qu'une société est mieux dirigée par quelqu'un qui maitrise largement les réalités de celle-ci. Pour cela, les qualités requises sont communion, symbiose et conviction partagée entre gouvernants et gouvernés.

Par ailleurs, les quelques agents mis à la disposition des territoires par le ministère de la fonction publique et de la réforme administrative éprouvent d'énormes difficultés pour servir leurs territoires eu égard à l'immensité de la superficie de ces entités. Aussi assiste-t-on à un vide administratif, l'État étant tout simplement absent dans certains endroits. En effet, l'État à travers l'administration publique, doit être présent et vivant en chaque parcelle de l'étendue du territoire national en y assurant effectivement l'exercice du pouvoir politique, et corollairement, en y établissant et en y assurant ordre, liberté et sécurité, et « en y créant ou en y favorisant les conditions indispensables au développement, et donc à l'épanouissement tant économique et social que culturel et politique, pour tous, nationaux et étrangers »184(*).

2- Non implication des administrés à la gestion de leurs entités

Les administrés doivent parcourir de longues distances pour avoir accès à certains documents administratifs ou services publics. Ainsi, par exemple pour enregistrer un mariage, un couple peut parcourir plus de 70 Km jusqu'au chef-lieu du territoire, et quand on connaît l'état des routes et autres pistes, on ne s'étonne pas que certains administrés se limitent au mariage coutumier et ne s'intéressent pas au mariage civil, en dépit de toutes les garanties et protections juridiques qu'offre le mariage civil185(*).

3- Méfiance et relations souvent conflictuelles

En outre, la sous-administration, mieux l'absence de l'État, pousse les administrés à s'organiser par eux-mêmes. En effet, le vide administratif est comblé par la solidarité de type clanique, coutumier ou religieux186(*). C'est ce qui explique que dans certains coins du département, la coutume fait office de loi. Dans d'autres coins par contre, ce sont des « hommes de Dieu » qui règnent en maîtres, appliquent le règlement de la religion et posent même certains actes administratifs (comme la délivrance de certains documents administratifs ...) en lieu et place des fonctionnaires de l'État absents187(*). L'incapacité de l'État traditionnel de fournir des services de qualité et en quantité suffisante à tous les citoyens a pour conséquence une perte de crédibilité et de légitimité auprès de ces derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, ont recours à d'autres acteurs du système social (ONG, associations communautaires)188(*).

Cette incapacité se manifeste non seulement dans la fourniture des services essentiels, mais aussi dans l'exercice de ses fonctions régaliennes de puissance publique. Faute de moyens, l'État est incapable de faire respecter les lois et les règlements qu'il édicte et n'est pas en mesure d'assurer la protection des biens et des personnes. Il est incapable de réguler l'action de certains groupes sur le territoire qui se comportent comme de petits États dans l'État.

C- Insécurité dans des zones isolées

Si l'on devait chercher une convergence entre les événements de natures bien différentes qui secouent permanemment les zones isolées du Département du Mbéré, la question de l'insécurité figure sans doute en bonne place. En effet, le Maintien de l'ordre préventif encore appelé « maintien de l'ordre en temps normal », il est essentiellement basé sur la surveillance et le renseignement, qui constituent en effet une mission permanente pour les forces de maintien de l'ordre. Le maintien de l'ordre actif intervient en cas de troubles ou menaces de trouble. Ici, la situation sans constituer une crise sérieuse, peut dégénérer à tout moment et se généraliser.Au cours du terrain effectué dans cette zone d'étude, il nous a été possible d'observer un certain nombre de phénomènes liés à l'insécurité. Aussi, d'après les témoignages recueillis auprès des autorités locales, se tissent un maillage très complexe entre les routes, les pistes carrossables et les pistes piétonnes ou pour motocyclettes à travers les broussailles, et les lits des rivières saisonnières. Ainsi, la topographie de ces régions apparaît globalement propice à des cachettes à partir desquelles des attaques peuvent être déclenchées,

1- Phénomène de coupeur de route de 1983 à 2005

Plusieurs années durant, ces bourgades oubliées ont sombré dans une profonde léthargie devenant ainsi le bastion des coupeurs de routes. Au fil du temps, la situation ne s'est pas considérablement améliorée et la population y est abandonnée à son triste sort. Le nom de certains de ces villages donne froid dans le dos. Le souvenir de ces espaces-là, témoigne l'apogée de la « folie humaine »189(*). Des personnes aveuglées par une idéologie matérialiste, tuent, saccagent, terrorisent. D'autres gens innocents, emmurés dans leur profonde peur, une mort gratuite et absurde leur était réservée190(*).

L'insécurité y règne. Les semeurs de la mort rôdent toujours dans ces zones hautement stratégiques. L'insécurité atteint des propensions intolérables191(*).En gros, voyager sur les routes des villages isolés est devenu une entreprise périlleuse en raison de l'insécurité rampante. Face à l'ampleur du mal, l'action des pouvoirs publics est amorphe. En effet, des unités de gendarmerie n'ont pas été créées dans ces zones criminogènes ; aussi des patrouilles militaires permanentes n'ont pas été instituées sur certains axes dangereux192(*). Par conséquent, il existe dans ces localités une forme de criminalité rurale qui se caractérise par le mode opératoire des malfaiteurs qui, pour avoir les victimes à leur merci, entravent leur libre circulation en érigeant sur leurs passages des barricades à l'aide de troncs d'arbres ou de grosses pierres (d'où le terme couper la route)193(*). Ces assaillants procèdent par une embuscade tendue aux usagers d'une voie de passage qui peut être un axe routier moderne, une piste rurale, une piste pour motocycle ou simplement pour piétons.

Les personnes qui tombent dans cette embuscade sont dépouillées de leurs biens par les malfrats généralement armés et/ou cagoulés qui n'hésitent pas à exercer des violences de toutes sortes sur leurs victimes194(*).Cette forme de banditisme prend pour cible des commerçants en partance ou de retour des marchés, surtout dans les centres administratifs, étant entendu que le transport d'argent en numéraire est fortement ancré dans les habitudes séculaires de ces populations.

2- Phénomène de prise d'otage de 2005 à 2018

Ce phénomène s'apparente à une mini-guérilla où les coupeurs de route ne se sentaient plus en sécurité. Mais plutôt que d'abdiquer, ils ont abandonné les routes pour se replier dans les villages en changeant leur mode opératoire. Désormais, ils enlèvent des personnes et exigent pour leur libération de fortes sommes d'argent. Les victimes enlevées sont choisies dans les familles des éleveurs dont la taille du troupeau peut permettre de réunir facilement d'importantes sommes d'argent195(*). Le non-paiement de la rançon expose les otages au risque d'une exécution sommaire. En effet, il devient hasardeux de prévoir le lieu où l'heure à laquelle les malfaiteurs peuvent frapper alors que naguère les routes constituaient leur unique théâtre d'opérations196(*). S'agissant d'une criminalité qui sévit essentiellement en zone rurale, elle relève de la compétence naturelle de la gendarmerie qui, avec le temps et aussi avec le poids d'un découpage compliqué, s'est révélée incapable de faire, seule, face au phénomène.

À tout prendre, l'offre de services et l'État sont à toutes fins pratiques absents dans les localités administrativement isolées du Département du Mbéré, principal fléau qui assaille la grande majorité de ces populations. Cette défaillancede l'administration se manifeste non seulement dans la fourniture des services essentiels, mais aussi dans l'exercice de ses fonctions régaliennes de puissance publique.L'incapacité de l'administration à fournir des services de qualité et en quantité suffisante à tous les citoyens a pour conséquence une perte de crédibilité et de légitimité auprès de ces derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, se replient sur eux-mêmes. Faute à un mauvais découpage territorial, l'administration est incapable de faire respecter les lois et les règlements qu'elle édicte et n'est pas en mesure d'assurer la protection des biens et des personnes. Face à l'ampleur du mal,ces populations administrativement désavantagées ne tardent pas à manifester leur frustration à travers nombre revendications.

Chapitre III : Doléances/revendications des populations isolées et les nouveaux défis de l'administration camerounaise

La raison d'être de l'administration publique dans tous les pays est d'assurer la gestion du service public et de veiller à l'intérêt général. C'est dans cette perspective, qu'il est impératif de mettre en place un plan d'ancrage territorial cohérent, efficace, transparente et compétente, capable d'offrir des services publics de qualité et d'appuyer l'épanouissement des administrés. Cependant, la démarcation des unités administratives dans le Département du Mbéré présente des formes irrégulières, déconnectant certaines localités de la chose administrative. Cette faillite est particulièrement visible dans le domaine de cohésion sociopolitique où l'offre de services du secteur public est fortement déficiente. L'administration est incapable de faire respecter les lois et les règlements qu'il édicte et n'est pas en mesure d'assurer la protection des biens et des personnes. De ce fait, la colère des habitants des localités isolées ne tardera pas à noircir les pages des cahiers de doléances.

I- Conditions de vie des sinistrés de l'administration civile

A- Dépouillement permanent des populations sur le plan financier

La sous-administration territoriale fait que le plus souvent, les agents de l'État ne viennent que quand il faut réprimer et rançonner les populations197(*). Elle favorise de ce fait une administration publique où prédominent les fonctions de répression et de tracasserie. Par conséquent, il se crée entre les administrés frustrés et la lointaine administration un climat de méfiance et des relations « conflictuelles », car celle-ci se comporte comme une administration de type colonial, c'est-à-dire une administration de domination.

La sous-administration fait donc que l'administration est perçue comme une organisation qui n'a que des droits (taxes et autres redevances à percevoir, prélèvements sur la production, ...) mais aucune obligation vis-à-vis des administrés, qui ne font que subir la loi du plus fort. Ainsi, les contrôles des agents de l'État sont souvent mal vécus par la population, car elles signifient pour elle, le plus souvent, répression, rançonnement et tracasserie de tout genre.

C'est ce qui explique que dans certaines parties du département, les populations s'organisent pour s'opposer à des visites d'inspection et autres « descentes des fonctionnaires ». Cette opposition peut dans certains cas être organisée et encadrée par des organisations de la société civile (associations des paysans) et devenir hostile voire violente198(*).

B- Pauvreté des sinistrés

Malgré sa simplicité apparente, la littérature s'entend à peine quant à la définition de la pauvreté et parfois, le même auteur en propose plus d'une définition. Par exemple, selon Hagenaars, être pauvre c'est : manquer de biens essentiels à la vie ; avoir moins que les autres ; et sentir de ne pas avoir suffisamment pour se débrouiller199(*). Il faut revoir cette referenceSelon Townsend la pauvreté s'interprète sous un autre angle ainsi : les individus, les familles et les groupes peuvent être considérés en état de pauvreté lorsqu'ils manquent de ressources pour obtenir le régime alimentaire, pour participer aux activités et aux conditions de vie qui sont coutumières ou largement encouragées ou approuvées dans la société à laquelle ils appartiennent200(*).

Au-delà de cette esquisse des différentes approches de la pauvreté, les travaux du Sommet Social de Copenhague ont tenté de clarifier et d'unifier le concept de pauvreté. Il est retenu que la pauvreté est multidimensionnelle.

La pauvreté se manifeste sous diverses formes : absence de revenu et de ressources productives suffisantes pour assurer des moyens d'existence viables. Faim et malnutrition, mauvaise santé, morbidité et mortalité accrues du fait des maladies, absence ou insuffisance de logements, environnement insalubre, discrimination sociale et exclusion ; une autre caractéristique est que les pauvres ne participent pas à la prise de décision dans la vie civile, sociale et culturelle201(*).

Cette définition permet de lire la pauvreté dans un cadre général touchant à la fois l'aspect politique, économique et social.

La notion de pauvreté humaine élaborée par le PNUD s'appuie donc sur les acquis des définitions antérieures, en reprend les éléments fondamentaux et enrichit ce processus en basant plus particulièrement son analyse sur la privation des capacités.

En règle générale, pour la plupart des pays africains, la pauvreté est généralement abordée en fonction des trois grandes préoccupations du PNUD : pauvreté monétaire et croissance économique, satisfaction des besoins essentiels et participation aux prises des décisions.

Les résultats de la dernière enquête sur la pauvreté dévoilent la persistance des couches de pauvreté dans le Département du Mbéré et plus singulièrement dans les localités souffrantes d'un manque d'attention du pouvoir public. L'ampleur prise par ce fléau ne s'est pas vraiment atténuée. Ces zones vulnérables restent un espace où la proportion de pauvres est importante comparativement aux autres localités du Département. Les indicateurs de vulnérabilité qui prennent en considération le risque de tomber dans la trappe de la pauvreté quand survient un choc défavorable montrent que ces populations restent sensiblement exposées. Les indices de développement humain et de développement social élaborés récemment pour mieux cibler les populations à risque, ne sont pas non plus très favorables dans ces zones.

1- Pauvreté sociale

La pauvreté, frappe durement l'ensemble du Département, mais le monde rural administrativement sinistré est le plus étranglé par la détérioration des conditions de vie. On n'est point pauvre parce qu'on n'a pas ou parce qu'on a peu d'argent ; on est démuni de ressources ou de revenus, parce que, « faute de santé, d'occupation rémunératrice, d'instruction, de relations, de capital négociable, ou intransmissible, on ne peut faire valoir des droits sur autrui, sur le travail des autres »202(*).

La pauvreté est un phénomène multidimensionnel, caractérisé à la fois par une faible consommation de biens, mais aussi par la malnutrition, la maladie, une faible scolarisation, ou par un accès difficile aux services sociaux de base. Ces différents aspects de la pauvreté sont souvent combinés et interagissent, et ainsi, isolent ces villages sinistrés, dans une pauvreté persistante. Les populations rurales isolées, déjà défavorisées par le manque d'infrastructures se trouvent, du fait de leur incapacité économique, davantage marginalisées.

L'insalubrité du milieu qui, par exemple, caractérise plus ces campagnes, est, à l'évidence, en bonne partie responsable pour une bonne part des mauvaises conditions de vie de ces populations. D'autre part, ces populations ne bénéficient pas d'un point l'approvisionnement en eau potable. Alors que l'eau potable est l'un des besoins les plus élémentaires pour l'homme et qu'elle doit faire l'objet des nombreux programmes d'investissements, elle reste encore une préoccupation pour plus de 40% de ces populations sinistrées. Ce qui peut exposer les populations non axées à des risques considérables à plusieurs maladies liées à la consommation de l'eau insalubre. Bon nombre de familles rurales sont, de ce fait, contraintes de parcourir quotidiennement des distances plus ou moins longues pour s'approvisionner en eau. Cette tâche ardue, qui revient le plus souvent aux femmes est de nature à consommer leur énergie, aggraver leur vulnérabilité et fragiliser davantage leur état de santé étant donné les multiples charges qu'elles sont tenues d'assumer en plus (maternité, éducation des enfants, travaux ménagers, corvée de l'eau, etc...)203(*).

L'entassement, l'inconfort, le manque d'hygiène et l'absence des services essentiels sont d'autres conditions désavantageuses pour la santé des hommes, des femmes et des enfants.

2- Pauvreté politique

La pauvreté porte aussi atteinte à la citoyenneté des personnes. Dans le Département du Mbéré, les populations sinistrées ne sont pas seulement privées de ressources économiques, ils exercent aussi peu d'influence sur le pouvoir politique et leur respectabilité correspond généralement à leur position sociale « vulnérable ». Ces espaces ruraux souffrent d'une attention limitée des pouvoirs publics. Dans l'Observatoire des inégalités, Magali Reghezza-Zitt souligne l'inefficience des politiques de réduction des inégalités dans certaines zones rurales.

Pour réduire les inégalités, les pouvoirs publics ont mis en place un ensemble de politiques publiques à travers les services publics du logement, de l'éducation et de la santé, qui contribuent à la réduction des inégalités. Leur disparition dans les zones rurales en déprise tend aussi à creuser des inégalités fortes à des échelles infra départementales204(*).

Autrement-dit ces villages sinistrés souffrent de l'attention des politiques publiques en termes d'investissement. En effet, leurs centres administratifs ne se préoccupent beaucoup plus que des villages qui leur sont contigus ; et pensent difficilement aux populations sinistrées.On peut soutenir l'idée qu'une des causes de leur marginalisation est la sous-représentation des populations rurales isolées au sein des grands corps du pouvoir qu'ils soient politiques, économiques ou sociaux. La représentativité des campagnes dans ces groupes est souvent confondue avec le village d'origine de leurs membres. Or, ces derniers résident principalement dans les centres administratifs, loin des contraintes des campagnes isolées et perçoivent les problèmes de développement à travers la lorgnette du développement urbain205(*).

3- Pauvreté sanitaire

Les populations rurales sinistrées ne se font pas beaucoup plus consulter dans les centres de santé formels par rapport aux centres informels. Le recours à un guérisseur/marabout est également observé dans une moindre mesure, surtout en milieu rural. Cette faible fréquentation des centres de santé est principalement due au coût de la consultation mais aussi du fait de l'éloignement des centres de santé pour la majorité des populations surtout rurales. Les consultations sont informelles lorsqu'elles sont faites par les tradipraticiens, les vendeurs informels de médicaments et les autres traitants non agréés. Les centres formels accueillent plus de personnes non pauvres, alors que les centres informels accueillent un peu plus de personnes pauvres. Les choix semblent donc guidés par le niveau de revenus ; ces pauvres choisissent le secteur informel à cause de son coût moins élevé. La part des consultations adressées au secteur informel est cependant particulièrement élevée dans ces zones.L'examen de l'accessibilité aux services de santé mesurée par la distance moyenne à parcourir et le temps moyen mis pour effectuer le trajet révèle qu'en moyenne dans ces milieux ruraux, le centre de santé le plus proche se trouve à environ 35 Km du domicile des ménages et que le temps moyen mis pour effectuer le trajet est à plus de 1 h. Selon le statut de pauvreté, les membres des ménages pauvres parcourent une distance moyenne plus longue et mettent plus de temps à effectuer les trajets de leurs domiciles aux centres de santé le plus proche206(*). Par conséquent, ces populations sont vulnérables à toute sorte de maladie.

C- Vie et survie hors de l'État de droit positif

Quoi qu'il en soit, l'une des causes principales du développement des différentes formes de délinquance, c'est l'anomie dans laquelle semble évoluer et se complaire une société exempte des législateurs. En effet, l'absence de règles ou de normes sociales, leur affaiblissement ou leur caractère contradictoire, de sorte que les acteurs sociaux ne savent plus comment diriger leurs conduites, ce qui est juste ou injuste, ce qui est permis ou interdit. Le développement anarchique des ces villages « sinistrés », l'occupation incongrue de ces espaces, participent de cette anomie qui a pour corollaires l'impunité et l'incivisme. Mr Issa Bago relève : « Il y a un malaise, nous vivons dans un système où les valeurs sont en crise. Et cette crise est entretenue par l'absence criarde de l'État. Il y a une complicité du pouvoir dans l'insécurité »207(*).

L'expression vivante des contraintes culturelles de l'enclavement des zones rurales est la mentalité des populations qui y vivent. Elles développent très souvent des complexes par rapport aux autres peuples avoisinants208(*). Cela s'affirme davantage dans le cas des contrées qui finissent par se considérer comme les « oubliés de la nation ». Lorsqu'une règle édictée par l'autorité étatique reste sans effet dans une société, c'est une branche d'où se retire la sève ; elle se dessèche. En effet, une bonne marge de population interrogée rapporte que jamais le sous-préfet ne vient suivre les fêtes traditionnelles chez eux puisqu'il se contente de se rendre dans les villages facilement accessibles. D'autre part, le fait que dans ces zones parviennent difficilement les ondes radio, télé et le réseau de téléphonie, il est quasi impossible aux populations de s'informer sur l'actualité de leur pays209(*). Ils ont une faible capacité à s'informer, voir et entendre ce qui se passe autour d'eux et à saisir les opportunités de changement qui peuvent être à leur portée.

II- Plaintes et voeux administratifs des populations en difficultés

Le fonctionnement de l'administration dans ces villages enclavés ne pouvait continuer son cours sans susciter la réaction des populations victimes. En effet, ces populations ne manquent pas de se plaindre dès que l'occasion se présente.

A- Besoin d'une administration efficace

L'établissement d'un acte d'état civil est le problème le plus cité, rapporté par près de huit personnes sur dix (80 %) ayant rencontré des difficultés dans ces zones enchevêtrées. Toutefois, l'administration territorialement compétente n'attache pas une attention particulière aux publics en situation d'éloignement des centres de prises de décisions. Ces publics sont particulièrement concernés par les différentes prestations géographiques, du point de vue des conditions raisonnables comme des besoins particuliers qui peuvent marquer certains moments de l'existence. De ce fait, ils pensent que les personnes en situation de précarité administrative sont donc susceptibles que les autres d'entamer des démarches auprès des services publics ou administrations et, par extension, sont plus exposées à des difficultés et des blocages potentiels210(*).

De plus, ils réitèrent que leur éloignement est caractérisé par une moindre maîtrise des rouages administratifs, la non maitrise de la langue administrative et l'éloignement social et géographique par rapport aux administrations peuvent alourdir leurs difficultés, d'autant qu'ils subissent aussi plus fortement les effets de certaines évolutions du service public, comme le recul des services publics sur le territoire. Ainsi de par leurs conditions de vie et du fait des difficultés spécifiques qui peuvent caractériser leurs parcours administratifs, ces populations en situation de précarité constituent donc un public particulier auquel l'administration devrait prêter une attention renforcée. C'est pourquoi, ils recommandent à l'administration de briser des facteurs d'inégalité déjà existants, afin d'évacuer cette forme d'exclusion liée à la situation de précarité sociale et/ou géographique.

B- Revendication de rattachement à la division territoriale la plus proche

Les populations des villages enclavés dans le Département du Mbéré déplorent le calvaire dans lequel elles sont à cause de l'enclavement de leurs localités. Ces contrées tiennent toujours à alerter l'État sur la situation déplorable dans laquelle ils vivent. Selon eux, il est temps que le gouvernement se penche sur des politiques pouvant sortir leur localité de l'ornière sans quoi, les populations et les originaires de ces hameaux, qui commencent à rouspéter pourraient passer à une autre étape.

Ces habitants fustigent aussi le découpage territorial qui les fait trimer pour obtenir des documents administratifs puisqu'ils sont obligés de rallier un centre administratif, loin d'au moins 50 kilomètres pour les obtenir. Ce qui, beaucoup plus en saison des pluies, leur cause énormément de difficultés. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'ils réclament que leur contrée soit rattachée au chef-lieu de l'unité la plus proche d'autant plus que leur proximité avec certaine capitale administrative, faciliterait la procédure. De ce fait, les membres de certaines communautés administrativement sinistrées refusent de faire partie de leur unité de commandement. Ils se plaignent constamment de leur situation à travers des actes forts qui tombent malheureusement aux oreilles des sourds. En effet, une grande partie de la population de Yafounou désertent très souvent leur représentativité à Meiganga lors de la fête nationale211(*). Cette dernière s'organise en groupe pour aller plutôt fêter à la capitale administrative contigüe (Djohong) ; ce qui traduit un sentiment de désistement à leur division territoriale hôte. Pour eux, Djohong est plus proche de leur village à 10 kilomètres que de Meiganga à 80 kilomètres. Pour se faire, lors des visites de prise de contact du sous-préfet de Meiganga, très souvent les portes parole du village attirent l'attention de ce dernier sur leur situation212(*). De cette manière, ils espèrent trouver gain de cause auprès du sous-préfet dans l'espoir que celui en tant représentant du gouvernement, achemine leur doléance auprès des décideurs centraux. Mansourou de conclure : « en tant que camerounais, nous voudrions que la situation se décante. Nous ne sommes derrière personne. Nous nous adressons à l'État et nous aimerions qu'il fasse quelque chose pour qu'il nous donne ce dont nous avons droit »213(*).

C- Réclamation d'érection de certaines zones sinistrées en unités administratives

Les revendications des populations isolées créent en droit international un problème unique où entre en jeu le concept de « souveraineté » au sein d'un État souverain. En effet, ces revendications sont fondées sur le peu d'attention du fief des collectivités décentralisées que déconcentrées à l'endroit des localités administrativement sinistrées. Une tranche des populations soit les 1/5e réclame l'érection de leur localité en unités administratives comportant des services à caractère éducatif, social et économique ou touchant la santé. Partie du fondement juridique de l'État, ces populations réitèrent à l'endroit de l'administration que l'État comporte les éléments suivants : en plus de posséder un territoire, une population et un gouvernement, l'administration publique doit se définir par une politique de proximité possible et vouloir survivre en tant que telle214(*).Le gouvernement doit refléter la volonté du peuple et doit agir ainsi en excluant toute domination « intérieure » ; de ce fait, tout citoyen quel que soit sa position géographique, doit avoir la capacité de poursuivre librement son développement économique social et culturel, et jouir de ses droits fondamentaux sans discrimination.

De plus, le droit international stipule que le peuple soit gouverné selon sa volonté, ses moeurs et ses valeurs et qu'il soit représenté dans les institutions politiques215(*). En tant que population permanente d'un territoire étatique, elle souhaite avoir une unité de commandement officiel géographiquement séparé et culturellement distinct de la collectivité territoriale qui l'administre.Car les différentes situations dans lesquelles se trouvent ces populations administrativement sinistrées, s'inscrivent dans un contexte où il est politiquement difficile de reconnaître leur citoyenneté au même titre que les autres. Elles veulent l'établissement de leur propre point administratif, devant leur fournir des moyens de financement adéquats pour leur permettre d'atteindre leurs buts selon leurs priorités. Autrement dit, leur revendication définit la mise en place d'une structure qui doit refléter réellement la nature et les besoins de la collectivité dont elle émane. Cette exigence veut qu'on rende aux populations isolées, au moins, un territoire défini, et la compétence nécessaire à tirer un revenu de ce territoire et à assurer la préservation de leur culture.

III- Accélération de la marche à l'inclusion sociale et à l'administration de proximité

Le programme de lutte contre l'exclusion sociale dans le Département du Mbéré concerne les villages isolés de leurs capitales administratives. Ces villages présentent des indicateurs d'exclusion sociale liés principalement à la pauvreté qui affecte considérablement leur épanouissement.

A- Administration de proximité plus adéquate

Très dépendante de la mobilité des individus, la proximité d'un service en milieu rural est avant tout liée à sa fréquence d'utilisation. Elle varie aussi en fonction des besoins à satisfaire. Les individus, les familles que l'on retrouve en milieu rural répondent à une hiérarchie de besoins (allant des plus fréquents aux plus occasionnels) qui dicte leurs circuits de déplacement et encourage certains modes de consommation et de relation216(*). Ainsi, selon Gumuchian, la proximité est à la fois une notion géographique et relationnelle. Dans le premier cas, le service est localisé le plus près possible des personnes et adapté pour répondre à leurs besoins. Dans le deuxième, il est dispensé dans le but de favoriser un dialogue entre les individus et la collectivité217(*).

La proximité d'un service fait également intervenir la notion d'accessibilité, un concept incontournable en analyse spatiale. Dès lors, les services de proximité se caractérisent par une accessibilité rapide au plan géographique ainsi que par un rapport personnalisé de la relation agent/usager. Ils visent à répondre à des besoins individuels et/ou collectifs à caractère physique, social, économique ou culturel. Il s'agit de mettre l'accent sur des services de désenclavement du territoire : les services garantissant les conditions matérielles de base et le maintien de la vie des individus ; les services répondant à des nécessités sociales ; les services contribuant à la qualité de vie etc.

B- Décentralisation totale et effective

L'espace politique local doit gagner en pouvoir et en autonomie et encourager par le processus de décentralisation du pouvoir, permettant aux collectivités territoriales d'affirmer progressivement leur identité locale à travers le sentiment (ou la volonté) d'appartenance locale de leurs populations, et une politique de communication volontariste qui met en avant, parfois en les construisant de toute pièce, des spécificités territoriales218(*). L'État doit se transformer au point de constituer des espaces suffisamment autonomes et centrés autour d'enjeux suffisamment spécifiques propres à chacun des territoires, ou encore proprement locaux, c'est à dire spécifiques à l'aspect local de tous les territoires infranationaux pour que l'on puisse parler d'émergence d'un « champ » politique local. Cette politique relève d'un enjeu pratique dont les conséquences non négligeables sur la compréhension des enjeux politiques locaux et sur l'interprétation de l'inflation du recours à la « participation » des citoyens pour justifier l'accroissement du pouvoir des élus locaux219(*). En outre, la décentralisation doit avoir des conséquences politiques et institutionnelles déterminantes : les niveaux territoriaux de décision doivent se multipliés; les règles électorales favorisant la concentration du pouvoir local sur une élite politique et sociale permettant d'attirer le plus de richesses sur un territoire.

Il faut percevoir, à travers les règles de représentation qui sont au fondement de la démocratie au Cameroun, les premières raisons d'un attachement du pouvoir au territoire, par le biais de la dépendance des représentants du pouvoir à ceux qui habitent le territoire, qui y vivent ou du moins qui y sont rattachés sur le plan administratif en tant qu'électeurs potentiels220(*). En conservant la même structure politique et administrative quel que soit le nombre d'habitants dans la commune, le processus de décentralisation au Cameroun doit suivre une autre voie que dans la plupart des autres pays européens, à l'image des collectivités autonomes britanniques et italiennes221(*). Ainsi, chacune des communes du Département du Mbéré doit disposer d'un conseil municipal qui élit un maire ; celui-ci doit se doter d'adjoints et organiser le travail des élus sous la forme de commissions thématiques qui élaborent et discutent les projets soumis en dernier ressort à la décision du conseil.

Cependant, tout au long du processus de décentralisation, il faut éviter que les élus locaux gagnent en pouvoir, en indemnités potentielles, en compétences et en responsabilités. Intéressons-nous à trois conséquences particulièrement importantes des modifications. La première est que l'essentiel du pouvoir local ne doit pas se concentrer sur quelques personnes seulement. Il faut écarter le « scrutin de liste bloquée », qui a pour effet de concentrer le pouvoir sur la tête de liste, tant avant les élections au moment de la composition de la liste que pendant celles-ci où l'image du futur maire potentiel incarne littéralement toute la liste, à tel point que l'on croit élire un maire et non des conseillers municipaux, et surtout après les élections, pendant toute la durée du mandat, où le maire et sa garde rapprochée (quelques adjoints et « hauts fonctionnaires locaux » de confiance) pourront régner222(*). Soutenus par une majorité silencieuse d'autant plus confortable qu'est attribuée, avant l'application de la règle proportionnelle, une « prime au vainqueur » de 50% des sièges, une règle qui réduit généralement les vaincus dans une opposition d'autant plus virulente qu'inefficace et sans autre pouvoir que celui apporté de temps à autre par des minorités locales, soucieuses de ne pas paraître trop chevillés au pouvoir en place. Par conséquent, la concentration du pouvoir sur le maire est telle que, même dans sa propre majorité, les voix dissonantes ne peuvent en pratique jamais s'exprimer : tous les colistiers sont aux ordres, parce que tous, en acceptant de mettre leur nom sur la liste, ont en quelque sorte fait voeu d'allégeance à leur tête de liste223(*).

C- Mettre en place un projet de réforme sur d'échanges entre unités administratives des villages enclavés

Il faut mettre en place une réforme territoriale qui vise à faire passer les villages enclavés sous la coupe des divisions territoriales les plus contigües, imposant en effet que les communautés de communes respectent la « continuité territoriale »224(*). Cette politique doit préconiser la primauté des critères de cohérence avancés à l'argument géographique de « continuité-territoriale », sur des questions d'appartenance historique, culturelle ou identitaire. Elle doit rappeler que le but du législateur est d'affirmer une cohérence territoriale qui soit le support pertinent de projets volontaires portés par une dynamique locale ; et non envisagé de créer des situations qui bouleverseraient l'organisation des territoires225(*). Dans ces conditions très spéciales, doivent venir des réponses, cohérentes et humaines, qui consentiront à l'expression légitime des populations locales et de leurs élus. Même si des politiques qui relèvent de considérations historiques et humaines s'imposent bien évidemment aux considérations géographiques, la continuité physique doit être appréciée avec discernement, terme au combien important. L'objectif ici est la suppression des enclaves et des discontinuités territoriales affectant l'épanouissement des populations victimes226(*).La situation est désormais assez complexe pour procéder à une recomposition territoriale qui se sont constituées il y a plusieurs années sur des périmètres parfois incohérents et peu propices à la mise en oeuvre de compétences intégrées. Il faut, en effet, souligner que la suppression des discontinuités territoriales est liée à l'exercice de compétences qui ne pourraient être mises en oeuvre avec efficacité sur un territoire discontinu.Cela étant précisé, les solidarités historiques peuvent aussi s'exprimer autrement que par l'existence des mouvements associatifs.

En conclusion, après étude des conditions de vies dans des localités administrativement isolées, force est de reconnaitre que le problème de la population est réel. De ce fait, inquiétude et colère noircissent les pages de doléances. Elles couchent sur le papier des revendications pêle-mêle et beaucoup de leur frustration, en s'adressant indirectement à l'administration centrale via les administrateurs locaux. Ainsi, la nécessité de rapprocher davantage l'administration publique des citoyens appelle des transformations dans le fonctionnement de l'appareil administratif existant. C'est dans ce contexte qu'une exigence prioritaire s'impose par les défis à relever pour instaurer une dynamique administrative qui offre des services plus accessibles et mieux adaptés aux besoins et aux réalités des citoyens.

Conclusion

Tout compte fait, il était question dans ce travail de montrer pourquoi dans le Département du Mbéré, des localités situées dans un arrondissement se trouvent sous le commandement d'un autre arrondissement bien éloigné. Il ressort de notre étude que les contours des divisions territoriales de ce Département déclinent des formes irrégulières, qui d'emblée trouvent d'explication dans l'aspect est historico-culturel. Il s'agit du tracé de la route Meiganga-Yamba connectant le Cameroun à la RCA. Pour l'administration, tout le monde allait se regrouper le long de la route pour faciliter le recouvrement de l'impôt. La vallée du Mbéré et celle de Lom étaient respectivement des entités prospères avec des structures bien organisées et fidèles à leurs souverains. Ainsi, ces vallées constituaient donc les principaux foyers de migrations qui ont impulsé la sédentarisation anarchique des différents groupes humains le long de la route. Des sites des groupes venants du Lom d'une part et de Mbéré(vallée) d'autre part, se chevauchaient le long de la route. C'est ainsi qu'une fois établis, ces différents groupes, par affinité clanique ou culturelle, réclamaient la tutelle de leur « royaume » de départ. D'où l'engrainage des zones d'influences entre différentes entités traditionnelles et même entre diverses unités administratives.

En outre,l'analyse sociopolitique démontre que ce découpage des divisions territoriales aux contours flous dans ce Département a permis au régime en place de jouir d'une solide représentation locale. Il s'agit là d'une « politisation » du découpage des circonscriptions administratives ou d'un découpage administratif intéressé. C'est dire que la configuration de ces unités administratives a profondément déséquilibré l'UNDP qui avait un fort ancrage dans le Département du Mbéré. En effet, suite conflit ethnique(Gbaya/foulbé) de Meiganga, il s'est créé un véritable repli identitaire autour des partis politiques. Les gbayas (ethnie majoritaire) militants de l'UNDP et d'autres groupes non musulmans ont déserté ce parti considéré comme propre aux Foulbé. Ainsi, l'État a divisé ces circonscriptions dans l'optique de réunir une population éparpillée géographiquement en vue de faire de ce groupe une majorité dans chacune des circonscriptions. Et donc, les villages administrativement enclavés sont rattachés à leur communauté culturelle ayant en partage certaines valeurs ou intérêts voire les mêmes convictions politiques, afin de consolider le poids électoral.

De ce fait, le fonctionnement de l'administration dans le Département du Mbéré s'accompagne des « grincements de dents » du côté des administrés que des administrateurs. Du côté de la population, l'administration offre en général dans sa mission régalienne un cadre d'épanouissement qui se décline en deux : d'un côté, les services accessibles à tout citoyen quel que soit son appartenance administrative ; et de l'autre côté les services exclusivement réservés aux citoyens sous l'autorité del'administration territorialement compétente. Ce dernier concerne les services comme l'établissement des actes de naissances, l'obtention du titre foncier, l'autorisation de manifestation publique. Alors, pour avoir accès à ces services, il faut se référer à l'administration territorialement compétente. Ainsi, ce dernier aspect entrave énormément la communion entre l'administration et son sujet.

Aussi, l'administration est incapable à fournir des services de qualité et en quantité suffisante à tous les citoyens avec pour conséquence une perte de crédibilité et de légitimité auprès de ces derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, se replient sur eux-mêmes. On note également le problème de gestion administrative des personnes et des biens. En cas de litiges fonciers dans cette contrée avec tant d'engrainage des zones d'influences, entre deux villages appartenant à deux unités distinctes ; les administrateurs locaux se sentent impuissantes pour trancher ce litige. Seul le préfet est habilité pour y ramener de l'ordre. Bien plus, lorsque la sécurité est menacée dans un village qui est loin de sa capitale administrative et proche d'une autre unité administrative. L'unité la plus proche ne peut pas intervenir de manière efficace mais plutôt elle peut déployer ses troupes à titre préventif. De même, l'administration centrale semble ignorer le chevauchement des zones d'influences entre ces unités administratives dans le Département du Mbéré. En effet, lorsqu'un village est proche de la capitale d'une entité administrative, par confusion l'administration centrale confie son encadrement à l'autorité administrative contigüe. Or qu'en réalité, ce village est plutôt sous la tutelle de l'autre unité administrative dont la distance est forte considérable. Ce qui crée donc un amalgame dans les budgets respectivement affectés aux fonctionnements de ces différentes circonscriptions administratives. En outre, cet amalgame s'observe aussi chez certains organismes qui effectuent des recherches dans ces circonscriptions. Ces organismes par question de bon sens, associent par ignorance des villages proches comme partie intégrante de l'entité territoriale qui fait l'objet de leur étude. Par conséquent, cela fausse les données dans la mesure où certains de ces villages étudiés dépendent plutôt de la circonscription voisine.

Par ailleurs, les conséquences qui se dégagent de ces découpages se résument en la perte de légitimité et de crédibilité de l'État. En effet, les administrateurs ne sont pas fort présents dans les villages victimes d'une « injustice de division administrative ». En effet, certains représentants de l'État dans l'exercice de leur fonction n'ont jamais mis pieds dans ces zones. Par conséquent, ces populations se sentent abandonner à eux et n'en font qu'à leur tête. Et fatalement, ces villages sont devenus des foyers d'insécurité grandissante. Aussi, cette distance fait que ces populations ne bénéficient de l'attention de la tutelle en termes d'investissements. Fort de cet état de chose, ces populations expriment donc leur mécontentement à travers des doléances adressées à l'endroit des autorités administratives lors de leurs différentes tournées. Les nouveaux challenges de l'administration camerounaise pour un meilleur découpagesontdonc de prendre en compte la politique d'une administration de proximité.

Sources et références bibliographiques

I- Sources orales

Noms et prénoms

Âges

Sexe

Statut matrimonial

Profession

Religion

Lieu d'entretien

01

Aba Emmanuel

43

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Gari

02

Abou Marie Joséphine

51

F

Mariée

Ménagère

Chrétienne

Fada

03

Aboubakar Adamou

27

M

Célibataire

Secrétaire d'état civil

Musulman

Ngaoui

04

Bakari Mathieu

69

M

Marié

2e adjoint au maire de la commune de Ngaoui

Musulman

Ngaoui

05

Bentou Béatrice

23

F

Mariée

Ménagère

Chrétienne

Lamou

06

Beuboum Roger

38

M

Marié

SG de la commune de Ngaoui

Chrétien

Ngaoui

07

Bouba

32

M

Marié

Chef de village Yafounou

Chrétien

Yafounou

08

Daouda Issa Bago

54

M

Marié

Administrateur retraité

Chrétien

Laïdé-mami

09

Djibrilla Hamissou

45

M

Marié

Chef de village de Fada

Musulman

Fada

10

Daodou Pierre

84

M

Marié

Commerçant

Animiste

Dadzer

11

Djidéré Gilbert

49

M

Marié

Secrétaire d'administration

Chrétien

Ngaoui

12

Ehadi Léopold

44

M

Marié

Secrétaire d'administration principal

Chrétien

Djohong

13

Garba Roger

35

M

Marié

Agent administratif S/P Dir

Chrétien

Dir

14

Hamadou Jean

32

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Lamou

15

Hamadou Saliou Iya

87

M

Marié

Commerçant

Musulman

Gandinang

16

Hamidou Bagari

32

M

Marié

Professeur et étudiant

Chrétien

Dadzer

17

Kondja Sodéa

57

M

Marié

Cultivateur

Chrétien

Ngolo

18

Koulagna Alain

74

M

Marié

Enseignant et étudiant

Musulman

Yafounou

19

Madihna

32

F

Mariée

Ménagère

Animiste

Mboula

20

Maloum Issa

53

M

Marié

Chef de village

Djaoro-doua

Musulman

Djaoro-doua

21

Mansourou

82

M

Marié

Enseignant retraité

Musulman

Garga-pella

22

Moussa Sabo

58

M

Marié

Sénateur et lamido de Meiganga

Musulman

Meiganga

23

Mvogo Sylyac Marie

43

M

Marié

Administrateur Civil Principal

Chrétien

Meiganga

24

Oumarou Issama

59

M

Marié

Maire de commune de Djohong

Chrétien

Djohong

25

Oumarou Bouba

50

M

Marié

Chef de village de Ngolo

Musulman

Ngolo

26

Salé Abou

57

M

Marié

Chef de village

Ngam

Musulman

Ngam

27

Satou Odile

42

F

Mariée

Institutrice

Chrétienne

Gandinang

28

Ten Edouard

25

M

Célibataire

Étudiant

Chrétien

Ngam

29

Yaya Doumba Marius

60

M

Marié

Lamido de Djohong

Musulman

Djohong

II- Sources écrites

A- Les documents d'archives

Arrêté préfectoral n°083/AP/H.51/SAAJP, portant homologation de la désignation du chef de 3e degré du village Yafounou, Arrondissement de Meiganga.

Article 1 alinéa 2 de loi constitutionnelle du 18 janvier 1996

Décret n° 95/082 du 24 avril 1995, portant création des communes rurales.

Discours du porte-parole de la population de Gbatoua lors de la tournée économique de la délégation préfectorale du Mbéré le 18 mars 16

Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009, portant fiscalité locale

Décision n°2125/M-F/MINADT/DAP/SDAA, René Emmanuel Sadi, 16 juillet 2012, Enrichissement du projet d'immatriculation des centres d'états civils.

Décision n°00000085/L/MINADT/SG, René Emmanuel Sadi, 12 janvier 2015, Achèvement du recensement des chefferies traditionnelles de 3ème degré.

Procès-verbal de passation de service entre le sous-préfet entrant et le sous-préfet sortant du 22 avril 2017.

Procès-verbaux des antennes communales d'ELECAM des quatre arrondissements du département du Mbéré relatifs à la répartition des bureaux des votes lors du présidentiel 2018.

Programme de la tournée de prise de contact de monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Djohong.

Rapports annuels des IAEB de Djohong, de Meiganga, de Ngaoui, et de Dir

B- Sources sonores

Oumarou Issama, Interviewé le 20 décembre 2016, YouTube, Djohong la belle.

Yaya Doumba Marius, Interviewé le 20 décembre 2016, YouTube, Djohong la belle.

C- Ouvrages

Agnew J., 2003, Territorial trap, Geopolitics: re-visioning world politics, London, Routledge.

AJDA, 1989, La notion de sincérité des évaluations budgétaires, Paris, sirey.

Auby J.B, 1990, Droit des collectivités locales, Paris : PUF, Thémis.

Aziz M., 2008, Le système d'État civil en Afrique Subsaharienne, Paris, Réseau européen des villes Numérique.

Berthoud A., 2002, Essais de philosophie économique, Lille, Presses Universitaire du Septentrion.

Brockel A., 1971, L'administration camerounaise, Paris, B.-Levrault.

BrunetR., 2005. Les Mots de la géographie, Paris, La documentation française, coll. « Dynamiques ».

Bryden A. et N'Diaye B., 1997, Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l'Ouest francophone : bilan et perspectives, Genève, DCAF.

Carles J., 1990, Les collectivités locales et leur financement, Paris, la revue "Banque".

Chevallier J. et Loshas Y., 1964, Introduction à la science administrative, Paris, Dalloz.

Chirishungu, C.D., 1993, Organisation politico-administrative et développement, Bukavu, éd. Bushiru.

Choplin A. et Redon M., 1989, Gendarmes, policiers : quelles pratiques spatiales ?, Paris, EchoGéo.

Debbach C., 1972, institutions administratives, Paris, LGDJ,

Douffissa A., 1993,L'élevage bovin dans le Mbéré (Adamaoua camerounais), Études et thèses, ORSTOM.

Gaschet R., 1999, Le management socio-économique des collectivités territoriales, Paris, La lettre du cadre territorial.

Gaxie D., 2000, La démocratie représentative, Paris, Montchrestien (3e éd.).

Hagenaars A. J. M., 1986, The Perception of Poverty, Center of Research in Public Economics, Leyden University.

Harouna R., 2009, Comprendre la crise du système d'état civil au Cameroun : le cas de la fraude, Yaoundé, IFORD.

Honoré M., 2009, Analyse du processus d'enregistrement des naissances, Yaoundé, IFORD.

Ibula, M.K., 2012, La consolidation du management public au Zaïre, Kinshasa, PUZ.

Jaglin S. et Dubresson A., 1998, Pouvoirs et cités d'Afrique noire, décentralisation en question, Paris, éd. Karthala.

Labbens J., 1978, Sociologie de la pauvreté. Le tiers-monde et le quart-monde, Paris, Gallimard.

Lauzel P., 1994, Contrôle de gestion et budgets, Paris, Sirey.

Lévy J.et Lussault M., 1982, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin.

Mokondzhy L. S. P., 2009, La gratuité dans l'enregistrement des naissances à l'état civil congolais : pratique et réalité de terrain, Yaoundé, IFORD.

Njiako A. T., 2003, Droits fonciers urbains au Cameroun, Yaoundé, PUA.

Nlep R. G., 1986, L'administration publique camerounaise : contribution à l'étude des systèmes africains d'administration publique, Paris, FNSP.

Ondoua M., 2010, L'administration publique camerounaise à l'heure des reformes, Paris, L'Harmattan.

Owona J., 2011, la décentralisation Camerounaise, Paris, L'Harmattan.

Samuel K., 2007, Comment améliorer les déclarations des faits d'état civil en milieu rural Camerounais : stratégies innovatrices pour l'enseignement des naissances, 5e conférence de l'UAPS, Arusha.

Sardan J. P. O., 1998, Chefs et Projets au Village (Niger), Nyamé, Bulletin de l'APAD.

Stéphane R., 2003, Géographie politique et géopolitique. Une grammaire de l'espace politique. Paris, Ellipses.

Stiftung F. E., 2014, Manuel de structuration d'un parti politique, Yaoundé, Presses Universitaires d'Afrique.

Tankeu M., 2013, Enquête au coeur du phénomène des coupeurs de route, Paris, l'Harmattan.

Townsend P., 1979, Poverty in the United Kingdom: A Survey of Household Resources and Standards of Living, University of California Press. Berkeley and Los Angeles.

Weber M., 1971, Économie et société, Paris, Plon, cité par J. Chevallier, 1986, Science administrative, Paris, PUF,

Wilabele, M., 2005, Regard sur le conflit Gbaya-Foulbé de Meiganga Cameroun, Yaoundé, CIPAD.

Winter M., 1967, Le niveau de vie des populations de l'Adamaoua, Paris, Orstom.

Chapitres d'ouvrages

Bourdieu F., 2001,« Quelques propriétés des champs », in Questions de sociologie, Paris, Minuit, 1984 pp. 113-120.

Burnham P., 1973, « Note on Gbaya history », In T. Christensen, contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, Vol I, Colloque Internationaux des CNRS, Dallas, Draftind old rootstock, pp.11-19.

Cassesse A., 1981, «The Self-Determination of Peoples », in L. Henkin (dir.), The International Bill of Rights, the Covenant on Civil and Political Rights, pp.92-106.

Mbembe A., 1993, « Crise de légitimité, restauration autoritaire et déliquescence de l'État », in Itinéraires d'accumulation au Cameroun, Paris, Karthala.pp. 116-125.

Sokeng L. D., 1999, « État, autoritarisme et droits de l'homme : la problématique de l'ajustement libéral » in L. Sindjoun (Dir.), La révolution passive au Cameroun : État, société et changement, Série des livres du Codesria, Dakar, CODESRIA, pp.26-37.

Soumille P., 2000, « La délimitation des frontières entre Cameroun allemand et Congo français », in Dubois, Michel et Soumille, eds, pp.177-185.

D- Thèses et mémoires

Abdouraman H., 2008, « Découpages territoriaux et gestion administrative et politique du Nord-Cameroun de 1916 à nos jours », thèse de doctorat PhD, Université de Ngaoundéré.

Akona A., 2011, « Enjeux de nomination et de révocation des élites administratives dans l'extrême-Nord du Cameroun de 1959 à 2011 », Mémoire de master Recherches, Université de Ngaoundéré.

Assana, 2008. « Multipartisme, ethnicité et recherche hégémonique locale au Cameroun : le cas des Gbaya et des Foulbé dans le département du Mbéré », mémoire de DEA, université de Yaoundé.

Bemadji N. S., 2013, « Découpage territorial et des conflits intercommunautaires au Tchad : le cas du conflit Gossop-Zone-Baté », Mémoire de Master Recherches, Université de Ngaoundéré.

Djida N. R. R., 1998 « Dynamique des marchés à la frontière Cameroun-RCA : le cas du marché de Ngaoui dans le Mbéré. (Adamaoua Nord Cameroun) », Mémoire de maîtrise, Université de Ngaoundéré.

Kouomegne N. H., 2012, « Décentralisation et centralisation au Cameroun. L'exemple de la répartition des compétences entre l'État et les collectivités locales", Thèse, Paris 1.

Mouanjo E. G., 2014, « Budget-programme et gestion des ressources locales » Mémoire de Master professionnel, Université de Douala.

Nanako C., 2016, « la libre administration des collectivités territoriales au Bénin et au Niger », thèse pour le doctorat en droit, Université d'Abomey

Rinaudo C., 1998, « la construction sociale de l'ethnicité en milieu urbain Production et usages des catégories ethniques dans le cadre d'un quartier « sensible » », Thèse de Nouveau Doctorat de Sociologie,Université de Nice.

E- Articles de revue

Chambas G. et Kerhuel A., 1998, « La réforme de l'État : implications des Cadres stratégiques de réduction de la pauvreté », Afrique contemporaine, (200107/09) n0199, pp.78-88.

Darbon D., 2003, « Réformer ou reformer les Administrations projetées des Afriques ? Entre routine anti politique et ingénierie politique contextuelle », Revue française d'Administration publique, n° 105/106, p. 136. Denat F., 2002, « Prévention... Le rôle de la police », Éthique publique, vol. 4, n° 2, pp.15-26.

Galba A., 2010, « Gouvernance et services publics, Pour ne pas renoncer au rêve du développement », Cahier de propositions, n°2010-05, p.07-16.

Gauthier F., 1967, « Centralisation ou décentralisation. Les contraintes de la politique économique »,Cahiers de l'Institut Social Populaire, n° 8, pp. 13-17.

Koebel M., 2008, « Les élections municipales sont-elles politiques ? Enjeux locaux, enjeux nationaux », Revue Savoir/Agir, n°3, p. 103-111.

Koebel M., 2008, « Les élections municipales sont-elles politiques ? Enjeux locaux, enjeux nationaux », Revue Savoir/Agir, n°3, p. 103-112.

Milhat C., 2009 « Entre contraintes et interdits : l'administration et l'exécution de ses actes », Droit et cultures, n°08, p.118-126.

Mouiche I., 2002, « Ethnicité et multipartisme au Nord-Cameroun », Revue africaine des sciences politiques, vol 5, N°1, p.76-85.

Mpessa A., 2004, « Le titre foncier devant le juge administratif camerounais », les difficultés d'adaptation du système Torrens au Cameroun, volume 34, numéro 4, p.11-22.

Revue générale de droit, le décret n° 97-367/PRN/MAG/EL du 2 octobre 1997 déterminant les modalités d'inscription des droits fonciers au Dossier Rural précise la procédure d'instruction des demandes d'inscription des droits au Dossier rural, p.13-25.

Rosenbaum A., 1998, « Gouvernance et décentralisation, leçon de l'expérience », Revue française d'administration publique, n° 88, pp. 510-511.

Rouban L., 2002, « La réforme de l'État », Regards sur l'actualité, n°277, pp.11-21.

F- Articles d'internet

Damart S., 2018, « Principe d'administration selon Fayol », https://www.observatoire-management.org/single-post/2017/04/26/Principes-dadministration-selon-Henri-Fayol-1841-1925 Consulté le 10 juin 2018.

Lévy J. et Lussault M.,1996,« Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés », Paris : Belin, https://fr.wikipedia.org/wiki/pdm, consulté le 04 septembre 2018.

Hahonou E. K., 2007, « Autorités traditionnelles et institutions coutumières », http://journals.openedition.org/apad/141. Consulté le 13 septembre 2018.

Nounkeu B., 2018, « Cameroun : réunions et manifestations publiques, l'ordre public fait désordre », http://www.camer.be/51028/6:1/cameroun-reunions-et-manifestations-publiques-lordre-public-fait-desordre-cameroon.html. Consulté le 16 décembre 2018.

Magali R. Z., 2013, « Le défi des inégalités » http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=1877&id_rubrique=110&id_mot=74, consulté le 11 octobre 2018.

Matras J. J. et Chapoutier G., 1981, « wikitionnaire », https : // fr.m.wikipedia.org/wiki/Structure. Consulté le 07 juin 2018.

Rey V., 1984, « La longue histoire des découpages territoriaux », https://www.fichier-pdf.fr/2015/07/20/Rey-V-la-longue-histoire-des-découpages-territoriaux/, consulté le 07 octobre 2018.

Seignobos C. et Mandjek O. I., 2005, « Atlas de la province Extrême-nord Cameroun », books.openedition.org /irdeditions/11540. Consulté le 05 juin 2018.

Sumpf J. et Hugues M., 1997, « une minorité dominante », Paris, ed puff, www.academia.edu<Sumpf_Hugues, consulté le 20 août 2018.

Tchatseu L., 2011, « administration territoriale au Cameroun », http://www.camer.be/59020/11:1/cameroun-administration-territoriale-cameroon.html. Consulté le 03 septembre 2018.

Vieillard T., 1995, « population », https://fr.wikipedia.org/wiki, consulté le 16 août 2018.

Yaya O., 1998, « L'ordre public : mission principale de la Gendarmerie nationale (Cameroun) », https://livre.fnac.com/a903692/O-Yaya-L-ordre-public-mission-principale-de-la-Gendarmerie-nationale-Cameroun. Consulté le 25 septembre 2018.

H-Dictionnaireset autres travaux

-Dictionnaires

Alembert J. L. R., 1751, encyclopedie, Paris, Le Breton.

Capul J. Y. et al., 2002, Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Paris, Hatier.

Hachette L., 1826, Dictionnaire Hachette de la langue française, Paris, 43 quai de Grenelle.

Larousse P., 1852, Larousse, Paris, Lagardère.

Robert P. et al., 1951, Le Robert, Paris, dictionnaire Le Robert.

Vieillard T., 1995, dictionnaire universel, Paris, Edicef.

-Autres travaux

ACAGER, 2016, Plan communal de développement de Meiganga.

Anonyme, 2010, Monographie de la Commune de Meiganga.

Anonyme, 2015, Rapport d'activité de l'UNHCR.

BUCREP, 2005, Répertoire actualisé des villages au Cameroun.

Code Général des Impôts 2014.

Comptes rendus administratifs, 2010, 2011, 2012. Commune de Dir.

Comptes rendus administratifs, 2010, 2011, 2012. Commune de Meiganga.

Discours de Paul Biya lors du Congrès extraordinaire du RDPC, Yaoundé, juillet 2006.

Le JO Sénat du 02/06/2011.

Le Robert dictionnaire de français.

MINEPAT, 2010, « Rapport de présentation du 3ème recensement général de la population et de l'habitat de 2005 », document publié par le BUCREP.

MINEPAT, 2010. Rapport de présentation du 3ème recensement général de la population et de l'habitat de 2005, BUCREP.

PNDP, 2009, Plan communal de développement de Djohong.

PNDP, 2016, Plan communal de développement de Dir.

PNDP, 2016, Plan communal de développement de Ngaoui.

III- Les bases de données

Microsoft Encarta 2009 [CD], Microsoft Corporation.

Dictionnaire Wikitionnaire.

Encyclopedias Universalis 2011.

Annexes

Annexe 1 : décret de création du Département du Mbréré

Annexe 2 : décret de création del'Arrondissement de Djohong

Annexe 3 : achèvement du recensement des chefferies du 3e degré du Département du Mbéré

Annexe 4 : document portant immatriculation des centres d'états civils de la région de l'Adamaoua

Annexe5 : programme de la tournée de prise de contact de monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Djohong

Annexe6 : décret de création de la commune de Ngaoui

Annexe 7 : arrêté préfectoral portant homologation de la désignation du chef de 3e degré du village Yafounou

Table des matières

Dédicace i

Remerciements ii

Sommaire iii

Liste des sigles, acronymes et abréviations iv

1- Sigles iv

2- Acronymes iv

3- Abréviations iv

Liste des cartes v

Signification en français des vocables ou termes propres aux langues nationales ou étrangères utilisés dans le texte vi

Résumé vii

Abstract viii

Introduction générale 1

I- Présentation du sujet 2

II- Motivation du choix du sujet et intérêts 3

III- Cadre conceptuel et théorique 5

1. Cadre conceptuel 5

2. Cadre théorique 8

IV- Délimitation du sujet 11

1. Cadre géographique et humain 11

2. Cadre temporel 14

V- Revue de la littérature 14

VI- Problématique 17

VII- Objectifs de la recherche 17

VIII- Méthodologie 17

XI- Les difficultés rencontrées 20

X- Plan du travail 21

Chapitre I : Composition ethnique et poids politique des divisions territoriales du Département du Mbéré depuis 1983 22

I- Présentation des différentes unités administratives du Département du Mbéré 23

A- Arrondissement de Meiganga 24

1. Localisation 24

2. Villages de l'Arrondissement de Meiganga 26

3. Entités rurales sous la tutelle de Djohong et de Dir dans l'Arrondissement de Meiganga 27

B- Arrondissement de Djohong 27

1- Situation géographique 27

2- Zones d'influence de l'Arrondissement de Djohong 29

3- Hameaux de l'administration de Meiganga et de Ngaoui dans la circonscription administrative de Djohong 29

C- Arrondissement de Ngaoui 30

1. Cadre géographique 30

2. Campagnes de l'arrondissement de référence 33

3. Localités sous l'autorité de Djohong dans le ressort territorial de Ngaoui....... 33

D- Arrondissement de Dir 33

1- Position ou limites spatiales 34

2- Espaces ruraux sous la tutelle de Dir 36

3- Village du ressort territorial de Meiganga dans l'Arrondissement de Dir............ 36

II- Composition ethnique des unités administratives du département du Mbéré.. 37

A- Principaux groupes sociaux de l'arrondissement de Meiganga 37

1- Ethnie majoritaire de l'arrondissement de référence 37

2- Appartenance ethnique des habitants des villages isolés 38

3- Groupes ethniques complémentaires / supplémentaires 38

B- Grands groupes sociaux de l'Arrondissement de Djohong 40

1- Ethnie dominante de l'Arrondissement de référence 40

2- Identité ethnique des populations des zones enclavées 40

3- Groupes sociaux minoritaires 40

C- Différents groupes humains de l'Arrondissement de Ngaoui 41

1- Ethnie imposante dans l'Arrondissement de Ngaoui 41

2- Caractère ethnique des occupants des localités sinistrées 42

3- Autres ethnies présentes 42

D- Différents groupes ethniques de l'Arrondissement de Dir 42

1- Ethnie fortement présente 43

2- Disposition ethnique des administrés isolés 43

3- Groupes humains supplémentaires 43

III- Réalités sociopolitiques du département du Mbéré depuis 1983 44

A- Liens sociopolitiques des militants du RDPC dans les divisions administratives de l'unité de commandement du Mbéré de 1983 à 2018 44

1- Gage de consolation des non musulmans de 1985 à 1992 44

2- Identité culturelle de 1992 à 2002 45

3- Cohabitation institutionnelle et adhésion massive des foulbé au sein du RDPC de 2002 à nos jours 45

B- Principaux partis politiques dans les espaces d'administration régulière du Département du Mbéré de 1985 à 2018 47

1- RDPC 47

2- UNDP 48

C- Influences politiques dans les localités victimes de l'administration à distance de 1992 à 2018 49

1- Marquage chefferial 49

2- Influence des centres administratifs 49

3- Ancrage institutionnel 50

Chapitre II : Déficit d'encadrement des localités isolées dans les unités territoriales hôtes depuis 1983 54

I- Accès limité des administrés isolés aux services administratifs 55

A- Éloignement des centres d'état civil 56

1- Coût du déplacement des populations des villages isolés vers les centres d'état civil 57

2- Difficultés de déclaration de naissance 59

B- Exigences de l'obtention d'une autorisation de manifestation publique...... 60

1- Le poids fatidique de la composition du dossier 61

2- La durée du traitement 62

C- Conditions difficiles de l'établissement d'un titre foncier 62

1- Distanceentre les villages isolés et leurs centres administratifs 63

2- Tournure dans le traitement de la demande du titre foncier 63

3- Délivrance de l'attestation et déplacement 64

II- Les conditions difficiles d'intervention des administrateurs dans les territoires de commandement éloignés 65

A- Insuffisance du contenu de l'enveloppe budgétaire des communes 66

B- Exigences budgétaires de l'administration des contrées enclavées 69

C- Lourdes dépenses pour la couverture sécuritaire des espaces de vie humaine extra-communaux 70

1- Police et périmètre d'action réduit 71

2- Gendarmerie et difficulté de déploiement 72

3- Police municipale 74

III- Signes du malaise social 75

A- Abus d'autorité des chefs locaux 77

1- Fixation des prix sur les produits locaux 77

2- Spoliation des terres 78

B- Mécontentement social 79

1- Éloignement entre fonctionnaires et usagers 79

2- Non implication des administrés à la gestion de leurs entités 80

3- Méfiance et relations souvent conflictuelles 81

C- Insécurité dans des zones isolées 81

1- Phénomène de coupeur de route de 1983 à 2005 82

2- Phénomène de prise d'otage de 2005 à 2018 83

Chapitre III : Doléances/revendications des populations isolées et les nouveaux défis de l'administration camerounaise 85

I- Conditions de vie des sinistrés de l'administration civile 86

A- Dépouillement permanent des populations sur le plan financier 86

B- Pauvreté des sinistrés 87

1- Pauvreté sociale 88

2- Pauvreté politique 89

3- Pauvreté sanitaire 90

C- Vie et survie hors de l'État de droit positif 91

II- Plaintes et voeux administratifs des populations en difficultés 92

A- Besoin d'une administration efficace 92

B- Revendication de rattachement à la division territoriale la plus proche........ 92

C- Réclamation d'érection de certaines zones sinistrées en unités administratives 94

III- Accélération de la marche à l'inclusion sociale et à l'administration de proximité.... 95

A- Administration de proximité plus adéquate 95

B- Décentralisation totale et effective 96

C- Mettre en place un projet de réforme sur d'échanges entre unités administratives des villages enclavés 97

Conclusion 99

Sources et références bibliographiques 103

I- Sources orales 104

II- Sources écrites 105

A- Les documents d'archives 105

B- Sources sonores 106

C- Ouvrages 106

D- Chapitres d'ouvrages 109

E- Thèses et mémoires 110

F- Articles de revue 111

G- Articles d'internet 112

H-Dictionnaire, journaux et autres travaux 113

III- Sources électroniques 114

A- Pages web 114

B- Les bases de données 114

Annexes 115

Annexe 1 : décret de création du Département du Mbréré 116

Annexe 2 : décret de création des arrondissements de Djohong et de Meiganga 118

Annexe 3 : achèvement du recensement des chefferies du 3e degré du département du Mbéré 121

Annexe 4 : document portant immatriculation des centres d'états civils de la région de l'Adamaoua 124

Annexe5 : programme de la tournée de prise de contact de monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Djohong 126

Annexe 6 : décret de création de la commune de Ngaoui 128

Annexe 7 : arrêté préfectoral portant homologation de la désignation du chef de 3e degré du village Yafounou 130

Table des matières 131

* 1 A. Berthoud, 2002, Essais de philosophie économique, Lille, Presses Universitaire du Septentrion,p.22.

* 2 H. Abdouraman, 2008, « Frontières et découpages territoriaux dans l'Extrême-Nord du Cameroun : enjeux et implications (XIVème-XXème siècle)», Thèse de doctorat PhD, Université de Ngaoundéré, p.2.

* 3 Ibid.

* 4 M. Weber, 1971, Économie et société, Paris, Plon, cité par J. Chevallier, 1986, Science administrative, Paris, PUF, p. 105.

* 5C. Seignobos et O. I. Mandjek, 2005, « Atlas de la province Extrême-nord Cameroun », books.openedition.org /irdeditions/11540. Consulté le 05 juin 2018.

* 6 A. Asiwaju cité par Abdouraman,2008, « Frontières et découpages territoriaux dans l'Extrême-Nord du Cameroun : enjeux et implications (XIVème-XXème siècle) » Thèse de doctorat PhD, Université de Ngaoundéré,p.2.

* 7J. J. Matras et G. Chapoutier, 1981, « wikitionnaire », https : // fr.m.wikipedia.org/wiki/Structure. Consulté le 07 juin 2018.

* 8 Ibid.

* 9Matras et Chapoutier, 1981.

* 10 L. Hachette, 1826,Dictionnaire Hachette de la langue française, Paris, 43 quai de Grenelle, p.542.

* 11P. Robert et al., 1951,Le Robert,Paris, dictionnaire Le Robert.

* 12J. Y. Capul et al., 2002, Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Paris, Hatier.

* 13 Ibid.

* 14 J. L. R. Alembert, 1751,encyclopédie, Paris, Le Breton.

* 15 C. Debbach, 1972, Institutions administratives, Paris, LGDJ, p.149.

* 16 Ibid.

* 17J. L. R. Alembert, 1751, encyclopedie, Paris, Le Breton.

* 18 T Vieillard, 1995, dictionnaire universel, Paris, Edicef.

* 19SA, 1989,« Population », in Grand Robert de la langue française, [CD], Mirosoft Corporation.

* 20P. Larousse, 1852, Larousse, Paris, Lagardère.

* 21 Ibid.

* 22 Ibid.

* 23J. Lévy et M. Lussault, 1982, Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin, p. 912.

* 24J. Agnew, 2003, Territorial trap, Geopolitics: re-visioning world politics, London, Routledge, p 54.

* 25 Ibid.

* 26C. Milhat, 2009 « Entre contraintes et interdits : l'administration et l'exécution de ses actes », Droit et cultures, n°08, p.118.

* 27Milhat, 2009, p.118.

* 28 S. Damart, 2018, « Principe d'administration selon Fayol »,https://www.observatoire-management.org/single-post/2017/04/26/Principes-dadministration-selon-Henri-Fayol-1841-1925 Consulté le 10 juin 2018.

* 29 Ibid.

* 30 Damart, 2018.

* 31 Ibid.

* 32L. Tchatseu, 2011, « administration territoriale au Cameroun »,http://www.camer.be/59020/11:1/cameroun-administration-territoriale-cameroon.html. Consulté le 03 septembre 2018.

* 33SA, 2016, Rapport d'activité de fin d'année 2016, in Document inédit, p.3.

* 34 P. Burnham, 1973, « Note on Gbaya history », In T. Christensen, contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, Vol I, Colloque Internationaux des CNRS, Dallas, Draftind old rootstock, p.11

* 35 Ibid.

* 36 Ibid.

* 37Anonyme, 2015, Rapport d'activité de l'UNHCR, p.02

* 38 SA, Procès-verbal de passation de service entre le sous-préfet sortant et celui entrant de Meiganga du 22 avril 2017, in document inédit.

* 39Abdouraman, 2008, p.15.

* 40 A. Brockel, 1971, L'administration camerounaise, Paris, B.-Levrault, p.19.

* 41 R. G. Nlep, 1986, L'administration publique camerounaise : contribution à l'étude des systèmes africains d'administration publique, Paris, FNSP. p.32.

* 42 A. T. Njiako, 2003, Droits fonciers urbains au Cameroun, Yaoundé, PUA, p.62.

* 43 Abdouraman, 2008,p.15.

* 44 Ibid.

* 45 P. Soumille, 2000, « La délimitation des frontières entre Cameroun allemand et Congo français », in Dubois, Michel et Soumille, eds, pp.177-208.

* 46 A. Avele, 2011, « Enjeux de nomination et de révocation des élites administratives dans l'extrême-Nord du Cameroun de 1959 à 2011 », Mémoire de master Recherches, Université de Ngaoundéré.

* 47B. N. Semplice, 2013, « Découpage territorial et conflits intercommunautaires au Tchad : le cas du conflit Kossop- Zone -Baté (1922-2013) », Mémoire de master Recherches, Université de Ngaoundéré.

* 48V. Rey, 1984, « Lalongue histoire des découpages territoriaux », Géoscopie de la France, Paris, Minard, p. 241.

* 49SA, Procès-verbal de passation de service entre le sous-préfet entrant et le sous-préfet sortant du 22 avril 2017, Meiganga,in document inédit, p.1. 

* 50 SA, 2010, Monographie de la Commune de Meiganga,in document inédit, pp. 5-6.

* 51SA, 2016, Plan communal de développement de Meiganga,in ACAGER, p.33.

* 52SA, 2005,Répertoire actualisé des villages au Cameroun, in BUCREP, p.23.

* 53SA, 2009, Plan communal de développement de Djohong, in PNDP,p.34.

* 54 Ibid. p.44.

* 55 BUCREP, 2005, p.22.

* 56R. R. D. Ndanga, 1998, « Dynamique des marchés à la frontière Cameroun-RCA : le cas du marché de Ngaoui dans le Mbéré. (Adamaoua Nord Cameroun) », Mémoire de maîtrise, Université de Ngaoundéré, p.37.

* 57 Ibid.

* 58SA, 2016, Plan communal de développement de Ngaoui, in PNDP, p.23.

* 59SA, 2016, Plan communal de développement de Ngaoui, in PNDP, p.23.

* 60SA, 2016, Plan communal de développement de Dir, in PNDP, p.23

* 61 SA, 2016, Plan communal de développement de Dir, in PNDP, p.23

* 62 Ibid.

* 63PNDP, 2016, p.29.

* 64SA, 2010. Rapport de présentation du 3ème recensement général de la population et de l'habitat de 2005, in BUCREP/MINEPAT, p.68.

* 65Assana, 2008. « Multipartisme, ethnicité et recherche hégémonique locale au Cameroun : le cas des Gbaya et des Foulbé dans le Département du Mbéré », Mémoire de DEA de Science Politique, université de Yaoundé, p.11.

* 66 Burnham, 1973, p. 75.

* 67Entretien avec Yaya Doumba Marius,Djohong, le 19 août 2018.

* 68J. Sumpf et M. Hugues, 1997, « une minorité dominante », Paris, ed puff, www.academia.edu<Sumpf_Hugues, consulté le 20 août 2018.

* 69M.Wilabele, 2005, Regard sur le conflit Gbaya-Foulbé de Meiganga Cameroun, Yaoundé, CIPAD, p.44.

* 70M. Winter, 1967, Le niveau de vie des populations de l'Adamaoua, Paris, Orstom, p.201.

* 71A.Douffissa, 1993, L'élevage bovin dans le Mbéré (Adamaoua camerounais), Études et thèses, ORSTOM, p.281.

* 72SA, 2016, Plan communal de développement de Meiganga, in ACAGER, p.55.

* 73Ibid.

* 74SA, 2010,« Rapport de présentation du 3ème recensement général de la population et de l'habitat de 2005 », document publié par le BUCREP/MINEPAT, p. 68.

* 75SA, 2012, Compterendu administratif 2012 de la Commune de Meiganga, in document inédit, p.58.

* 76 Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.

* 77SA, 2010,« Rapport de présentation du 3ème recensement général de la population et de l'habitat de 2005 », document publié par le BUCREP/MINEPAT, p.44.

* 78SA, Compterendu administratif 2011de la Commune de Dir, in document inédit, p. 39

* 79 Sumpf et Hugues, 1997.

* 80 Assana, 2008, p.65.

* 81 Assana, 2008, p.65.

* 82 I. Mouiche, 2002, « Ethnicité et multipartisme au Nord-Cameroun », Revue africaine des sciences politiques, vol 5, N°1, p.76.

* 83 Entretien avec Daouda Issa Bago, Meiganga, le 14 août 2018.

* 84 Assana, 2008, p.70.

* 85 Assana, 2008, p.70.

* 86 Ibid.

* 87 Entretien avec Sabo Moussa, Meiganga, le 14 août 2018.

* 88Entretien avec Sabo Moussa, Meiganga, le 14 août 2018.

* 89Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.

* 90Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.

* 91 Assana, 2008, p.49.

* 92 Ibid.

* 93 Ibid.

* 94 Mouiche, 1997, p.21.

* 95 Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.

* 96 Entretien avec Yaya Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.

* 97 Entretien avec Mvogo Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018.

* 98 Entretien avec Mvogo Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018.

* 99F. E. Stiftung,2014,Manuel de structuration d'un parti politique, Yaoundé, Presses Universitaires d'Afrique, p.31

* 100 Discours de Paul Biya lors du Congrès extraordinaire du RDPC, Yaoundé, juillet 2006

* 101 Ibid.

* 102L. D. Sokeng, 1999, « État, autoritarisme et droits de l'homme : la problématique de l'ajustement libéral » in L. Sindjoun (Dir.), La révolution passive au Cameroun : État, société et changement, Série des livres du Codesria, Dakar, CODESRIA, p.26.

* 103R. G. Nlep, 1986, L'administration publique camerounaise : contribution à l'étude des systèmes africains d'administration publique, Paris, FNSP, p.35.

* 104R. Stéphane, 2003, Géographie politique et géopolitique,Une grammaire de l'espace politique. Paris, Ellipses, p.29.

* 105 Ibid.

* 106Ibid.

* 107R.Brunet, 2005. Les Mots de la géographie, Paris, La documentation française, coll. « Dynamiques », p.518.

* 108Entretien avec M Sylliac,Meiganga, le 14 août 2018.

* 109 Entretien avec Aba Emmanuel, Gari, le 16 août 2018.

* 110 Entretien avec Djidéré Gilbert, Ngaoui, le 20 août 2018.

* 111 Entretien avec Djidéré Gilbert, Ngaoui, le 20 août 2018.

* 112 Entretien avec Oumarou Issama, Djohong,le 22 août 2018.

* 113 M. Honoré 2009, Analyse du processus d'enregistrement des naissances, Yaoundé, IFORD, p.18.

* 114Entretien avec Aboubakar Adamou, Ngaoui, le20 août 2018.

* 115Entretien avec Aboubakar Adamou, Ngaoui, le20 août 2018.

* 116M. Aziz, 2008, Le système d'État civil en Afrique Subsaharienne, Paris, Réseau européen des villes Numérique, p.11.

* 117 Ibid.

* 118 Ibid.

* 119 K. Samuel, 2007, Comment améliorer les déclarations des faits d'état civil en milieu rural Camerounais : stratégies innovatrices pour l'enseignement des naissances, 5e conférence de l'UAPS, Arusha, p.15.

* 120Entretien avec Oumarou Bouba,Ngolo,le 16 août 2018.

* 121 H. Roger 2009,Comprendre la crise du système d'état civil au Cameroun : le cas de la fraude, Yaoundé, IFORD,p.46.

* 122Ibid.

* 123 Entretien avec Kondja, Garga Pella, le 15 août 2018.

* 124 Entretien avec Kondja, Ngolo, le 16 août 2018.

* 125 L. S. P. Mokondzhy, 2009,La gratuité dans l'enregistrement des naissances à l'état civil congolais : pratique et réalité de terrain, Yaoundé, IFORD, p.28.

* 126 L'article 10 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

* 127 L'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

* 128 B. Nounkeu, 2018, « Cameroun : réunions et manifestations publiques, l'ordre public fait désordre », http://www.camer.be/51028/6:1/cameroun-reunions-et-manifestations-publiques-lordre-public-fait-desordre-cameroon.html. Consulté le 16 décembre 2018.

* 129Entretien avec Mvogo Marie Syllac, Meiganga,le 14 août 2018.

* 130Entretien avec Mvogo Marie Syllac, Meiganga,le 14 août 2018.

* 131 Entretien avec Djidéré Gilbert,Ngaoui, le 20 août 2018.

* 132 Entretien avec Djidéré Gilbert,Ngaoui, le 20 août 2018.

* 133Entretien avec Ehadi Léopold, Djohong, le 22 août 2018.

* 134A. Mpessa, 2004, « Le titre foncier devant le juge administratif camerounais », les difficultés d'adaptation du système Torrens au Cameroun, volume 34, numéro 4, p.11.

* 135Revue générale de droit, le décret n° 97-367/PRN/MAG/EL du 2 octobre 1997 déterminant les modalités d'inscription des droits fonciers au Dossier Rural précise la procédure d'instruction des demandes d'inscription des droits au Dossier rural, p.13.

* 136 Entretien avec Mvogo Sylliac, Meiganga, le 14 août 2018.

* 137 G. Bahang, 2014, « Procédure d'acquisition d'un titre foncier au Cameroun », http://georgesbakang.over-blog.com/2014/02/procédure-d-acquisition-d-un-titre-foncier-au-cameroun.html. Consulté le 21 septembre 2018.

* 138Bahang, 2014.

* 139Ibid.

* 140 Ibid.

* 141A. Galba, 2010, « Gouvernance et services publics, Pour ne pas renoncer au rêve du développement »,Cahier de propositions, n°2010-05, p.07.

* 142L. Rouban, 2002,« La réforme de l'État »,Regards sur l'actualité, n°277, p.11.

* 143J. Chevallier et Y. Loshas, 1964,Introduction à la science administrative, Paris, Dalloz, p.49.

* 144Chevallier et Loshas, 1964.

* 145Article 1 alinéa 2 de loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.

* 146G. M. Eyei, 2014, « Budget-programme et gestion des ressources locales », Mémoire de Master professionnel, Université de Douala, p.119.

* 147Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009, portant fiscalité locale.

* 148Code Général des Impôts 2014.

* 149A. Rosenbaum, 1998, « Gouvernance et décentralisation, leçon de l'expérience », Revue française d'administration publique, n° 88, pp. 510 et 511.

* 150 J. B. Auby, 1990, Droit des collectivités locales, Paris, PUF, Thémis ; p. 311.

* 151P.Lauzel, 1994, Contrôle de gestion et budgets, Paris, Sirey, p. 395.

* 152R. Gaschet, 1999, Le management socio-économique des collectivités territoriales, Paris, La lettre du cadre territorial, p.380.

* 153J. Carles, 1990, Les collectivités locales et leur financement, Paris, la revue "Banque", p.374.

* 154AJDA, 1989, La notion de sincérité des évaluations budgétaires, Paris, sirey, p.164.

* 155 A. Bryden et B. N'Diaye, 1997, Gouvernance du secteur de la sécurité en Afrique de l'Ouest francophone : bilan et perspectives, Genève, DCAF, p.15.

* 156 F. Denat, 2002, « Prévention... Le rôle de la police », Éthique publique, vol. 4, n° 2, p.15.

* 157 Ibid.

* 158 Ibid.

* 159 O. Yaya, 1998, « L'ordre public : mission principale de la Gendarmerie nationale (Cameroun) », https://livre.fnac.com/a903692/O-Yaya-L-ordre-public-mission-principale-de-la-Gendarmerie-nationale-Cameroun. Consulté le 25 septembre 2018.

* 160 Ibid.

* 161A. Choplin et M. Redon, 1989, Gendarmes, policiers : quelles pratiques spatiales ?, Paris, EchoGéo, p.11.

* 162 Ibid.

* 163 Choplin et Redon, 1989, p.21.

* 164N. H. Kouomegne, 2012, « Décentralisation et centralisation au Cameroun. L'exemple de la répartition des compétences entre l'État et les collectivités locales », Thèse, Paris 1, p.29.

* 165 Ibid.

* 166Entretien avec Oumarou Issama, Djohong, le 22 août 2018.

* 167Entretien avec Oumarou Issama, Djohong, le 22 août 2018.

* 168Entretien avec Oumarou Issama, Djohong, le 22 août 2018.

* 169D. Darbon, 2003, « Réformer ou reformer les Administrations projetées des Afriques ? Entre routine anti politique et ingénierie politique contextuelle », Revue française d'Administration publique, n° 105/106, p. 136.

* 170Ibid.

* 171 S. Jaglin et A. Dubresson, 1998,Pouvoirs et cités d'Afrique noire, décentralisation en question, Paris, Karthala, p. 23.

* 172Jaglin et Dubresson, 1998.

* 173M. K. Ibula, 1987, La consolidation du management public au Zaïre, Kinshasa, PUZ, p. 8.

* 174 J. P. O. de Sardan, 1998, Chefs et Projets au Village (Niger), Nyamé, Bulletin de l'APAD, p.15.

* 175 Ibid.

* 176 E. K. Hahonou, 2007, « Autorités traditionnelles et institutions coutumières », http://journals.openedition.org/apad/141. Consulté le 13 septembre 2018.

* 177Entretien avec Hamadou Jean, Lamou, le 18 août 2018.

* 178Entretien avec Koulagna Alain, Yafounou, le 15 août 2018.

* 179Entretien avec Kondja Sodéa, Ngolo, le 16 août 2018.

* 180Entretien avec Kondja Sodéa, Ngolo, le 16 août 2018.

* 181Entretien avec Hamidou Salihou Iya, Gandinang, le 17 août 2018.

* 182 Entretien avec Aba Emmanuel, Gari,le 18 août 2018.

* 183F. Gauthier, 1967, « Centralisation ou décentralisation. Les contraintes de la politique économique », Cahiers de l'Institut Social Populaire, n° 8, p. 13.

* 184C.D. Chirishungu, 1993, Organisation politico-administrative et développement, Bukavu, Bushiru, p. 83.

* 185Entretien avec Aba Emmanuel, Gari, le 18 août 2018.

* 186Entretien avec Bakari Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.

* 187Entretien avec Bakari Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.

* 188Entretien avec Bakari Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.

* 189Entretien avec Abou Marie Joséphine, Fada, le 17 août 2018.

* 190Entretien avec Abou Marie Joséphine, Fada, le 17 août 2018.

* 191Entretien avec Daouda Issa, Fada, le 17 août 2018.

* 192Entretien avec Daouda Issa, Fada, le 17 août 2018.

* 193 M. Tankeu, 2013, Enquête au coeur du phénomène des coupeurs de route, Paris, l'Harmattan, p.11

* 194 Ibid.

* 195Entretien avec Djibrilla Hamissou, Mboula,le 23 août 2018.

* 196Entretien avec Djibrilla Hamissou, Mboula,le 23 août 2018.

* 197 Entretien avec Daodou Pierre, Dadzer, le 19 août 2018.

* 198Entretien avec Daodou Pierre, Dadzer, le 19 août 2018.

* 199A.J.M. Hagenaars, 1986, The Perception of Poverty, Center of Research in Public Economics, Leyden University, P.12.

* 200 P. Townsend, 1979, Poverty in the United Kingdom: A Survey of Household Resources and Standards of Living, University of California Press. Berkeley and Los Angeles, p.24.

* 201 G. Chambas et A. Kerhuel, 1998, « La réforme de l'État : implications des Cadres stratégiques de réduction de la pauvreté », Afrique contemporaine, (200107/09) n0199, p.78.

* 202J. Labbens, 1978, Sociologie de la pauvreté. Le tiers-monde et le quart-monde, Paris, Gallimard, p.98.

* 203Entretien avec Hamidou Bagari, Dadzer,le 19 août 2018.

* 204 R. Z. Magali, 2013, « «Le défi des inégalités» Observatoire des inégalités » http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=1877&id_rubrique=110&id_mot=74, consulté le 11 octobre 2018.

* 205 Entretien avec Mansourou, Garga Pella,le 15 août 2018.

* 206 PNDP, 2016, Plan communal de développement de Ngaoui, p.25.

* 207Entretien avec Issa Bago, Laïde Mami,le 08 août 2018.

* 208Entretien avec Koulagna Alain, Yafounou,le 11 août 2018.

* 209Entretien avec Oumarou Bouba, Gandinang,le 17 août 2018.

* 210Entretien avec Aba Emmanuel, Gari, le 18 août 2018.

* 211Entretien avec Ten Edouard, Ngam,le 17 août 2018.

* 212Entretien avec Ten Edouard, Ngam,le 17 août 2018.

* 213Entretien Mansourou, Garga-pella, le 18 août 2018.

* 214 Discours du porte-parole de la population de Gbatoua lors de la tournée économique de la délégation préfectorale du Mbéré le 18 mars 2016.

* 215 A. Cassesse, 1981, «The Self-Determination of Peoples », in L. Henkin (dir.), The International Bill of Rights, the Covenant on Civil and Political Rights, p.92.

* 216 Rosenbaum,1998, p.15.

* 217Ibid.

* 218 J. Owona, 2011, la décentralisation Camerounaise, Paris, L'Harmattan, p.23.

* 219Bourdieu, 1984, « Quelques propriétés des champs », in Questions de sociologie, Paris, Minuit, p. 113.

* 220 M. Ondoua, 2010, l'administration publique camerounaise à l'heure des reformes, Paris, L'Harmattan, p.16.

* 221Ibid.

* 222D. Gaxie, 2000, La démocratie représentative, Paris, Montchrestien (3e éd.), p.23.

* 223M. Koebel, 2008, « Les élections municipales sont-elles politiques ? Enjeux locaux, enjeux nationaux »,Revue Savoir/Agir, n°3, p. 103.

* 224 Le JO Sénat du 02/06/2011, pp.14-19.

* 225Le JO Sénat du 02/06/2011, pp.14-19.

* 226Ibid.






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite