LABORATOIRE HOMME ET SOCIÉTÉ
STRUCTURES ADMINISTRATIVES ET GESTION DE LA POPULATION
DANS LE DÉPARTEMENT DU MBÉRÉ DE 1983 À
2018
LABORATORY MAN AND SOCIETY
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Master Recherche en Histoire
Par
TASSONA Léandre (13A020LF)
Titulaire d'une licence en Histoire
Sous la direction de
Dr Hamoua Dalaïlou
Chargé de Cours
Sous la supervision de
Pr Mbenguè Nguimè Martin
Maître de Conférences
Année académique 2017/2018
Dédicace
À
- la mémoire de ma défunte mère,
Aïssatou ;
- ma grand-mère, Assouma Angèle ;
-mes tantes et oncle, Wanga Aminatou, Alarba Dissatou et
Hamadou Stéphane ;
-mes frères, cousins et cousines.
Remerciements
Il est souvent dit que le mémoire est une
échappée solitaire. Cependant, il ne fait aucun doute que ce
travail n'aurait pu aboutir sans l'aide et le soutien bienveillant d'un certain
nombre de personnes.
Mes sincères remerciements s'adressent
particulièrement à nos directeurs de mémoire, le
professeur Mbenguè Nguimè Martin et le docteur Hamoua Dalailou,
pour leurs précieux conseils, disponibilité, patience et sens de
l'écoute.
Je tiens également à remercier ma famille et mes
amis pour leur présence, leurs encouragements et leurs prières au
quotidien.
Que tous ceux et toutes celles qui, de près ou de loin,
m'ont accordé leur temps, m'ont aidé aussi bien
matériellement que financièrement, ont pensé à moi,
m'ont donné leur travail, ont contribué d'une manière ou
d'une autre à la finalisation de ce mémoire, trouvent ici
l'expression de mes vifs et infinis remerciements.
Je n'ose citer personne nommément de peur d'en oublier.
Profonde gratitude !
Sommaire
Dédicace
i
Remerciements
ii
Sommaire
iii
Liste des sigles, acronymes et
abréviations
iv
Liste des cartes
v
Signification en français des vocables ou
termes propres aux langues nationales ou étrangères
utilisés dans le texte
vi
Résumé
vii
Abstract
viii
Introduction générale
1
Chapitre I : Composition ethnique et poids
politique des divisions territoriales du Département du
Mbéré depuis 1983
22
Chapitre II : Déficit d'encadrement des
localités isolées dans les unités territoriales
hôtes depuis 1983
54
Chapitre III : Doléances/revendications des
populations isolées et les nouveaux défis de l'administration
camerounaise
85
Conclusion
99
Sources et références
bibliographiques
103
Annexes
115
Table des matières
131
Liste des sigles, acronymes et
abréviations
1-
Sigles
CTD : Collectivité Territoriale
Décentralisée
DEA : Diplôme d'Études Approfondies
HCR : Haut-Commissariat des Réfugiés
IAEB : Inspection d'Arrondissement de l'Éducation
de Base
INC : Institut National de la Cartographie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PCC : Parti Communiste Chinois
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PV : Procès-verbal
RCA : République Centrafricaine
RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais
SA : Sans Auteur
SDN : Société Des Nations
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le
Progrès
USB : Universal Several Bus
2-
Acronymes
ANY : Archives Nationales de Yaoundé
BUCREP : Bureaux Central de Recensement de la Population
BUNEC : Bureaux National d'État Civil
CAPS : Centre Africain de Partage du Savoir
FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences
Humaines
MINATD : Ministère de l'Administration Territoriale et
de la Décentralisation
MINDAF : Ministère du Domaine et des Affaires
Foncières
MINEPAT : Ministère de l'Économie, de
Planification et de l'Aménagement Territorial
MOINAM : Mouvement d'Investissement et d'Assistance
Mutuelle
ONAREST : Office National de la Recherche Scientifique et
Technique
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique
Outre-Mer
3-
Abréviations
Ibid : ibidem
N° : numéro
Liste des cartes
Carte
1 : Localisation du Département du
Mbéré
Erreur ! Signet non
défini.
Carte 2 : carte
administrative de l'Arrondissement de Meiganga
25
Carte 3: carte
administrative de l'Arrondissement de Djohong
28
Carte 4: carte
administrative de l'Arrondissement de Ngaoui
32
Carte 5: carte
administrative de l'Arrondissement de Dir
35
Signification en français des vocables ou termes propres
aux langues nationales ou étrangères utilisés dans le
texte
Ardo : chef traditionnel de 3e
degré
Auto-khthôn : autochtone
Djaoro: chef du quartier
Gestio : gestion
Populus : peuple
Struere : structure
Résumé
Depuis la création de
l'État moderne, l'administration est le canal par lequel il assure son
omniprésence. Pour se faire, il se déploie à travers un
système de quadrillage de l'espace via les unités administratives
afin de mieux se rapprocher des administrés. Cependant, dans le
Département du Mbéré, certains villages proches ou du
moins géographiquement avalés par une unité administrative
se trouvent sous l'autorité d'une autre unité de commandement
bien éloignée. Cette situation pose un problème de la
mauvaise démarcation des limites des unités administratives, et
donc de manque d'une administration de proximité efficace. Dès
lors, qu'est-ce qui explique que, dans ce Département, des
localités situées dans un arrondissement se trouvent piloter par
un autre arrondissement ? Pour répondre à cette
problématique, nombre de sources a été exploité. Il
s'agit notamment des sources écrites, des témoignages oraux, des
données électroniques. La combinaison, l'analyse et
l'interprétation de ces sources ont permis de comprendre que dans le
Département du Mbéré, la délimitation des
unités administratives répond à des terminologies
sociohistoriques et politiques. Par conséquent, cette construction
politico-historique a fait émerger des localités isolées
au sein des divisions territoriales et entrave, de ce fait, la meilleure
administration de ces dernières.
Mots clés : structure administrative,
gestion de la population, Département du Mbéré
Abstract
Since the creation of the modern State, the administration
is the channel by which it ensures its omnipresence. To be done, it is spread
through a system of squaring of space via the administrative units to better
approach managed. However, in the Department of Mbéré, certain
close villages or at least geographically swallowed by an administrative unit
are under the authority of another quite distant unit of command. This
situation poses a problem of delimitation of the administrative units and thus
of lack of an effective administration of proximity. Consequently, that
explains that, in this Department, of the localities located in a district are
controlled by another district? To answer these problems, many sources were
exploited. They arethe written sources, oral testimonies, and the electronic
data. The combination, the analysis and the interpretation of these sources
make it possible to understand that in the Department of Mbéré,
the demarcation of the administrative unit's answers terminologies
sociohistorical and political. Consequently, this construction politico-history
made emerge localities isolated within territorial divisions and obstacle, so
the best administration of these last.
Keywords: administrative
structure, management of the population, Department of
Mbéré
Introduction
générale
I- Présentation du
sujet
Aristote dans la Politique, défini l'Homme comme un
animal politique, il est par nature sociable1(*).Très mal présentée. Est-ce un
ouvrage, un article, un chapitre d'ouvrage ? À revoir. C'est ainsi
qu'il a mis en place un système de régulation et
d'hiérarchisation qui régente en permanence la
société. Dans ce concert, son épanouissement se
décline par l'établissement de certains principes de bases qui se
rapportent aux codes et interdits pilotés par une instance
spécialisée de direction2(*)Revoir la date. C'est pas 1999, . Cette instance est
régie par un certain nombre d'attributions qui s'exprime essentiellement
par la satisfaction de l'intérêt général. Il s'agit
entre autres de préserver en toute circonstance la paix sociale, de
promouvoir le développement économique et de garantir le
bien-être de tous. Pour mener à bien cette mission, elle est
dotée d'un moyen de pression afin de maitriser l'équilibre
sociétale. Cet état de chose s'apparente à coup sûr
à la mosaïque de l'État, groupement de domination
institutionnalisée en ce sens qu'il réclame avec soif le monopole
de la violence3(*). Donc
considéré comme tel, l'État doit se mouvoir en
différentes structures spécialisées pour son rôle
régalien. Compte tenu de la complexité de couvrir tout son champ
d'action, il a besoin des intermédiaires pour assurer son
omniprésence. Il s'agit de l'administration qui représente le
prolongement ou la continuité de l'État chargée de veiller
à l'application des lois, des décrets, et des jugements4(*). Pour que son autorité
puisse s'exercer effectivement, l'administration est tenue de mettre en place
un dispositif de quadrillage de l'espace social.
Par ailleurs, la manière dont les administrations
s'organisent et organisent la société est très
différente selon les pays. Au Cameroun, la politique de découpage
administratif n'épouse pas les déploiements sociologiques afin
d'assoir l'intégration nationale tant cruciale à
l'épanouissement de tous et de chacun. Le brassage des populations
à travers les dix régions se poursuit, en dépit de
quelques réactions de rejet de l'autre, observables de temps en temps.
Pays pluriethnique et multiculturel, le Cameroun est un véritable
patchwork de populations. Raison pour laquelle il faut inlassablement faire la
promotion des valeurs telles que la paix et la tolérance pour une
cohabitation toujours pacifique, afin de consolider l'unité nationale,
de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre-ensemble des
populations.
C'est dans cette veine que l'évolution de
l'organisation administrative du territoire national suit une constante, celle
de se superposer aux encadrements politiques traditionnels. Dans la partie
septentrionale du Cameroun, elle a d'abord entériné les grands
ensembles, sultanats et lamidats, puis les découpages administratifs ont
repris des principautés musulmanes secondaires ou des sous-groupes
ethniques. Jusqu'à nos jours, même en les morcelant pour mieux les
contrôler, le découpage administratif s'est
déterminé en fonction des chefferies traditionnelles ou des
entités ethniques. Ainsi, les chefferies ont perduré et
subsistent aux côtés des rouages de l'administration ; mieux,
elles en sont les rouages ultimes, les relais en direction des
populations5(*).
Dans cette entreprise, les réalités des limites
administratives sont rarement prises en compte. Or, comme le relève
Antony Asiwaju, les problèmes posés sur les frontières
internationales en Afrique Noire, sont les conséquences des
dysfonctionnements internes à ces pays. Parmi ces problèmes de
gestion interne, figurent les politiques d'aménagement du
territoire6(*). C'est compte
tenu de tous cela, que cette étude historique de l'organisation
administrative s'inscrit dans un cadre bien précis, à travers ce
mémoire intitulé : « structures administratives et
gestion de la population dans le Département du Mbéré de
1983 à 2018 ».
II- Motivation du choix du sujet
et intérêts
La réalisation de ce travail n'est pas un fruit du
hasard. En effet, les travaux sur l'administration dans le département
du Mbéré ne sont pas assez nombreux voire quasi inexistants.
Suite à ce constat fait sur la production des écrits
scientifiques historiques sur ce thème, nous avons le souci de
contribuer à l'historiographie du Nord Cameroun en étudiant la
structure et la gestion des populations dans le Mbéré.
En faisant le choix de ce sujet, l'intérêt se
situe à trois niveaux :
- sur le plan scientifique, il est indispensable
d'étudier méthodiquement le problème du découpage
territorial en vue de constituer une banque des données et des
réponses utilisables en vue de résoudre les éventuels
problèmes pouvant surgir à la suite d'un découpage. Par
cette modeste érudition, nous avons dû nous atteler à
étudier les problèmes que pourrait poser l'installation des
entités administratives sur un espace bien déterminé.
- sur le plan sociétaire, en notre qualité
d'homme de science et en tant qu'historien concerné par ce
découpage, nous avons abordé ce sujet pour nous atteler à
la tâche prospective d'essayer de comprendre et de déceler les
problèmes que pourraient générer le découpage
territorial sur le fonctionnement harmonieux du Département du
Mbéré.C'est pourquoi, nous nous sommes sentis attirer par ce
sujet.
-sur le plan personnel, nous avons été
attirés par ce sujet car le découpage territorial qui a pour but
de rapprocher l'administration des administrés peut déboucher sur
une mauvaise administration ou sur la paralysie des services publics si une
bonne coordination n'était pas mise en place en vue de
régulariser les relations entre les gouvernants et les
gouvernés.
Par ailleurs, en s'intéressant à l'histoire des
découpages administratifs, cette étude a, dans une approche
pluridisciplinaire, un intérêt pratique local et national. Sur le
plan local, en s'intéressant aux perceptions que les populations ont des
découpages et en analysant des difficultés qui s'en
dégagent, elle peut aider l'autorité dans la définition
d'une meilleure politique de quadrillage territorial ; dans la mesure où
l'administration doit toujours se rapprocher davantage des administrés.
Sur le plan national, cette étude de cas intervient dans un contexte
sécessionniste où les camerounais anglophones se plaignent d'une
attention insuffisante de la part de l'administration publique du Cameroun. De
ce fait, notre travailpeut servir de base pour une approche institutionnelle
des limites. Ainsi, nous osons croire que notre travail, fruit d'un long
processus d'instruction, d'apprentissage et de recherche personnelle peut
constituer une source potentielle pouvant contribuer au développement de
notre système administratif.
Sur ce, nous avons donc essayé d'apporter notre modeste
contribution dans cette étude en vue de l'obtention du diplôme de
Master en « Histoire, option Histoire Politique et des Relations
Internationales».
III- Cadre conceptuel et
théorique
Il s'agit de clarifier les différents concepts
clés de notre sujet d'étude. Ensuite, on va faire ressortir les
différentes théories établissant les rapports entre
administration et administrés.
1. Cadre conceptuel
Ce sujet s'inscrit dans le cadre de l'histoire politique et
administrative et s'intéresse à toutes les questions qui tournent
autour de l'organisation administrative. Ainsi, la compréhension de
notre étude passe nécessairement par la définition des
concepts tangibles et intangibles y afférents. Elle porte principalement
sur les notions d'administration, de gestion et de la population.
Étymologiquement, le mot structure vient du latin
structura ou struere7(*), qui signifie construire. La structure peut
être définie comme la manière dont un corps est
constitué. En sciences et techniques, une structure ou ossature est un
système permettant le transfert des différentes forces
appliquées au bâtiment jusqu'au sol où elles
s'équilibrent. Elle permet d'assurer à la construction son
indéformabilité, donc sa solidité et sa stabilité.
En entreprises, la structure est l'agencement rationnel de tous les
éléments essentiels pour que l'entreprise fonctionne avec
efficacité.Enfin en management, « la structure
organisationnelle ou structure d'une entreprise est la façon dont elle
découpée ».8(*)La structure, généralement d'un
système, est la façon dont ses éléments sont
reliés ou interagissent entre eux. En effet, un phénomène
est dit structurel s'il est dû à la structure du système,
par exemple d'une société. Et c'est cette dimension qui
intéresse la présente étude.Établissez d'abord le
rapport entre structure et administration avant de procéder à la
définition du concept d'administration. Soucis de cohérence. En
plus que doit-on retenir de ce mot ici ? Il faut préciser la
définition qu'on doit retenir de chaque concept.
Quant à l'administration, il faut dire qu'administrer,
c'est assurer l'application des lois, veiller aux rapports des citoyens avec
l'administration et de diverses administrations entre elles. L'administration
est une tâche quotidienne qui descend jusqu'aux actes les plus humbles
telle la distribution du courrier par le postier. Elle est sur le plan
matériel, le fait de gérer une activité ou une
affaire9(*). Au sens
organique, l'administration est l'organe qui exerce l'activité de la
structure. Le mot s'emploie aussi bien dans les affaires publiques que
privée10(*).
L'administration au sens de l'État vise l'intérêt public,
l'intérêt général ou commun par opposition à
l'intérêt privé, le bénéfice ou le
gain11(*)Voir
précédent commentaire. De ce fait, l'action administrative au
sein de l'État repose donc sur la notion de puissance publique. Par
puissance, il faut entendre l'ensemble des prérogatives accordés
à l'administration pour lui permettre de prévaloir
l'intérêt général12(*). Voir précédent
commentaireL'administration fait usage des règles particulières
exorbitantes de droit commun. L'administration est donc chargée de
préparer les décisions du pouvoir politique, d'exécuter
les décisions du pouvoir politique, et de maintenir l'ordre sur
l'autorité du pouvoir politique. Ainsi, la définition des grandes
orientations de la vie de l'État relève de la politique par
exemple déclarer une guerre, définir un plan pour
l'éducation, la santé, etc. La mise en oeuvre des grandes
orientations politiques, la gestion des affaires courantes sont de la
compétence de l'administration13(*).
En effet, l'administration est considérée comme
un système de gestion de l'État qui marque son omnipotence dans
tout le champ social pour que l'ordre et la sérénité
règne sur l'ensemble territorial14(*). Charles Debbach pense que ce terme à lui seul
est synonyme de gestion15(*). De ce fait, chaque régime politique
conditionne le système d'administration mis en place par la tutelle
étatique afin de canaliser l'esprit des citoyens. L'effectivité
de l'autorité de l'État n'est applicable lorsque l'administration
agit pour la gestion de l'espace social. Cette démarche strictement
politique est incontournable dans le quadrillage territorial. Elle marque la
présence étatique par une délimitation pure et simple du
foncier territorial qui permet ainsi à l'autorité centrale de
contrôler du centre vers la périphérie et de la
périphérie vers le centre.
L'administration se déploie donc dans l'espace
géographique constitué d'unités administratives
chargées de mettre en place et de gérer les espaces locaux et les
populations afin de concentrer leurs intérêts tout en prenant en
compte les sensibilités politique, économique et socioculturelle
des habitants16(*).
À travers cette fonction administrative, l'administration en fonction de
bras séculier de l'État joue ainsi un rôle complexe qui est
à la fois instrumental du fait qu'elle régule les tensions
sociales et la fonction des politiques émises par le pouvoir central.
Par ailleurs, l'administration dégage deux
terminologies : l'administration centrale qui siège dans la
capitale politique et qui est chargée de donner l'impulsion sous
réserve du phénomène dit de délocalisation
administrative (lorsque les services centraux se trouvent hors de la capitale
politique), et l'administration territoriale ou locale quant à elle
comprend les services extérieurs des ministères, des
circonscriptions administratives et les collectivités territoriales
décentralisées. Et c'est cette dernière terminologie
apparait opportun pour impulser des réflexions plus aiguisées
à cette étude.Établissez d'abord le rapport entre
administration et gestion.
Structure administrative quant à elle, renvoie à
la configuration des entités territoriales. Ainsi dans le cadre de cette
étude, elle se réfère aux contours des arrondissements que
regorge le Département du Mbéré.
Du latin gestio, le concept de gestion se
réfère à l'action et à l'effet de gérer ou
d'administrer. Gérer, c'est prendre des mesures conduisant à la
réalisation d'une affaire ou d'un souhait quelconque. Pour mieux saisir
ce concept, il faut l'assimiler à administrer, qui renvoi à
gouverner, diriger, ordonner ou organiser17(*). Cependant, c'estla gestion sociétale qui
interpelle cette étude, en ce sens qu'elle consiste à construire
divers espaces d'interaction.Très très reductrice cette
difinition. Il faut revoir.
Le concept Quel lien entre population et gestion ?de
population provient du terme latin populus et désigne le
peuple18(*). C'est
l'ensemble des individus qui habite un espace, un lieu (la terre, une
région, un pays, une ville, un village)19(*). Elle peut-être dans son acception,
considérée d'une part, du point de vue démographique.
C'est-à-dire la prise en compte des données quantitatives de
cette population. D'autre part, elle est considérée du point de
vue non démographique. C'est-à-dire les qualités ou les
caractéristiques de la population étudiée. A l'instar de
la langue, le physique, la psychologie, la morale etc. Dans son usage plus
habituel, le mot désigne l'ensemble de personnes habitant sur la Terre
ou n'importe quelle division géographique de celle-ci20(*). Il permet aussi de
désigner l'ensemble de bâtiments et d'espaces d'une ville et le
rapport action / effet de peupler. En écologie, la population est un
ensemble d'individus de la même espèce occupant la même zone
géographique21(*).
En sociologie, par contre, il s'agit d'un ensemble d'individus ou de choses
soumis(es) à une évaluation statistique par le biais de la
réalisation d'un sondage22(*). La branche qui étudie les populations
humaines est la démographie. Dans le cadre de cette étude,
l'accent sera mis sur « les populations locales ».
C'est-à-dire les personnes qui résident dans la zone de
l'étude. Il s'agit en fait des populations qui sont établies de
manière habituelle ou permanente dans le Département du
Mbéré.
Le Département du Mbéré est une
circonscription administrative qui compte quatre sous-préfectures et
communes réparties sur une superficie de 17000km² soit 25% du
territoire de l'Adamaoua ou alors les 3,5% du territoire national, pour une
population estimée en 2008 à 172000 habitants, donnant une
densité de 10,1 habitants au Km². Il est coincé au nord par
le Département de la vina, à l'est par la République
centrafricaine, à l'ouest par le Département du Djerem et au sud
par le Département de Lom et Djerem.
2. Cadre théorique
Le débat autour de l'administration a fait objet de
plusieurs théorisations. Il est question dans cette partie de faire
ressortir les différentes approches qui ont servi de base aux
études antérieures pour pouvoir sortir une approche dans laquelle
s'inscrit cette étude.
La théorie de la frontière administrative, qui
dans un contexte africain, s'impose aux populations qui n'ont pas le droit de
remettre ces frontières en cause. En effet, les politiciens
définissent ces limites sans prendre en compte le consentement de la
population, mais plutôt en fonction des intérêts de
l'administration.Ainsi, le territoire est défini en se concentrant sur
les rapports de pouvoir et leurs transcriptions dans l'espace23(*). Une partie de la
définition de Marie-Christine Jaillet peut servir à illustrer
l'acception de la notion en géographie politique : « [...] le
territoire désigne à la fois une circonscription politique et
l'espace de vie d'un groupe [... qui] cherche à en maîtriser
l'usage à son seul avantage [...] ». Il s'agit d'une sorte de
territorialité humaine qui constitue une stratégie de
contrôle des individus à travers la constructiond'une organisation
spatiale afin conforter le pouvoir de l'administration.Ceci implique que
cettedernière doit mettre en place un espace borné et reconnu,
autant par la population résidente que par les autres circonscriptions
administratives.Pour se faire, le marquage se fait sans se focaliser sur sa
dimension culturelle et sa dimension identitaire dans son rapport à
l'espace. Autrement dit, le territoire n'est pas lié à
l'identité culturelle des populations l'habitant et ayant une emprise
sur sa gestion ou encore aux représentations que l'on s'en fait.
Par rebond, la population se trouve dans ce que John Agnew
appelle le piège territorial « territorial
trap »24(*)Mal citée. Revoir. EST6CE UN CHAPITRE
D'OUVRAGE ?pour désigner le fait que l'État via
l'administration est vu, de manière éternelle, comme garant du
pouvoir dans le monde moderne. Trois suppositions invariables créent ce
piège territorial. La première est que la souveraineté
étatique moderne a besoin d'espaces territoriaux clairement
limités. La deuxième supposition est que les États
modernes sont constamment en opposition les uns aux autres parce que leur
bien-être augmente forcément aux dépens des autres. Il n'y
aurait donc de civilisation qu'au sein de son territoire bien
délimité. Troisièmement, les États territoriaux
sont vus comme le contenant géographique de la société
moderne.25(*)
Dans ce sens apparait également la théorie de la
contrainte administrative26(*). En effet, un acte administratif est une norme
juridique, source de droits et/ou d'obligations pour l'administré. C'est
la dimension « obligation » qui est essentiel puisque celle-ci
implique une contrainte particulière pour le débiteur de ladite
obligation. La norme se fait donc prescriptive sur un mode impératif et
impose donc une obligation de faire ou de ne pas faire à son
destinataire. C'est en ce sens que l'on doit entendre le terme «
exécutoire » classiquement accolé à celui de «
décision » et qui signifie que l'acte administratif est porteur
d'une norme qui, en tant que telle, (parce qu'elle est émise par voie
d'autorité par l'administration), possède une force contraignante
la conduisant à s'exécuter en dehors de toute intervention
extérieure27(*).
Elle nous intéresse dans la mesure où cet acte administratif de
quadrillage de ce territoire fut imposé à la population en
place.Ainsi, le fait que la norme ait été édictée
oblige son destinataire à s'y soumettre. La particularité des
voies d'exécution réside dans une banalisation voire une
privatisation des rapports administré/administration. L'acte
administratif impose une obligation, certes de nature administrative, mais qui,
par l'effet d'une action judiciaire par laquelle l'autorité
administrative est demanderesse à l'instance, se trouve commuée
en obligation quasi civile. La puissance publique se transformant
créancière de cette obligation et l'administré en devenant
le débiteur. Cette théorie n'exclut pas également la
théorie de la remise en question de la décision administrative
à travers laquelle la population peut par voix de pétition, ou
encore saisir la justice pour contester la décision de l'administration.
Cela peut se manifester par voix verbale, écrite ou sous forme de
négociation, mémorandum, de marche pour mettre en relief un
malaise, se faire comprendre par l'administration, afin d'en trouver un
compromis.
La théorie de l'administration d'Henri Fayol28(*) est également une
pensée explicative à cette thématique. Qu'est-ce
qu'administrer selon Fayol ? C'est
prévoir, « organiser », au sens fort du
terme, « constituer » l'organisme ; c'est
commander, permettre au personnel de remplir ses fonctions en lui donnant des
ordres ; c'est aussi coordonner, harmoniser les efforts et les travaux de
chacun dans un ensemble ; c'est enfin contrôler, veiller au respect
des ordres et des règles établis. Telles sont les cinq fonctions
administratives, étant entendu qu'il ne faut pas
confondre « gouverner », qui est assurer le meilleur
fonctionnement de l'organisation dans les opérations essentielles
précédemment mentionner, et « administrer »
qui correspond plus spécifiquement à la dernière de
celles-ci. Il revient à Fayol d'avoir insisté sur la
nécessité dans laquelle se trouvent les responsables
d'organisation d'acquérir une formation administrative29(*). Cette théorie traite
de l'organisation humaine, qui a plus pour seule fin le meilleur fonctionnement
global de la société, et qui par conséquent, concerne
davantage les dirigeants que les exécutants30(*). Il s'agit d'effectuer la
rationalisation d'un tel ensemble. À cette fin, il est essentiel de
dresser des « tableaux d'organisation » qui permettent
de saisir d'un coup d'oeil l'ensemble de l'organisme, les services, les
structures et la filière hiérarchique. C'est par l'étude
minutieuse de ces tableaux, ancêtres de ce qu'on appelle l'organigramme,
qu'on découvrira tous les défauts d'organisation, ou qu'on
décèlera d'unité dans le commandement, qui constitue la
faute la plus grave aux yeux de Fayol. Ce dernier a dégagé
quatorze principes de l'administration31(*). Parmi les plus significatifs, le principe
d'autorité est posé comme « le droit de commander
et le pouvoir de se faire obéir ». Cette théorie se
rapporte à notre sujet en ce sens qu'elle met à nu la part de
l'administration, qui nous permettra de mieux saisir le rapport qu'il
entretient avec les administrés.
IV- Délimitation du
sujet
1. Cadre géographique et humain
L'orthodoxie scientifique oblige, certes, de conférer
à ce travail une limite spatio-temporelle. Et que, la connaissance et
l'étude d'un peuple passe par une maitrise de sa situation
géographique. L'investigation menée, s'inscrit dans les terres de
la région de l'Adamaoua. Tout comme les bornes chronologiques de cette
étude, le cadre spatial est fermé et statique ; compte tenu de
l'orientation de la problématique de ce mémoire.Sources ?
Créé par décret n°83/390 du 22
août 1983, le Département du Mbéré32(*) est limité au Nord par
l'Arrondissement de Touboro ; au Nord-ouest par l'Arrondissement de Belel
(Département de la Vina) ; à l'Ouest par l'Arrondissement de
Nyambaka (Département de la Vina); au Sud par l'Arrondissement de
Garoua-Boulai (Région de l'Est) ; au Sud-ouest par l'Arrondissement de
Ngaoundal (Département du Djerem) ; àl'Est par la
République Centrafricaine33(*). Les principaux groupes ethniques sont les Gbaya et
les Peul (les Foulbé et les Mbororo) considérés comme des
groupes ethniques majoritaires34(*); les Haoussa, les Bamiléké, les Mboum
et les Mbéré, considérés comme des groupes
ethniques minoritaires.
Dans le Département du Mbéré, trois
religions sont dominantes : le catholicisme, le protestantisme et l'Islam.
Plusieurs autres religions se retrouvent à cause du vent de
démocratisation des années 90, les témoins de
Jéhovah, la mission du plein évangile etc. Le caractère
rural de la population contraint cette dernière aux activités du
secteur primaire35(*).
Elles occupent la majeure partie de la population active en milieu rural, plus
de 90% d'hommes et de femmes36(*). Il s'agit de l'agriculture
baséeessentiellement sur les cultures vivrières.
L'élevage est encore de type traditionnel, extensif
marqué des phénomènes de transhumance et de nomadisme. La
pêche se pratique le long des fleuves Lom, Mbéré et Djerem.
La chasse se matérialise par un braconnage intensif. L'exploitation
forestière se réduit principalement à la collecte du bois
de chauffage.
À cette population, il faut ajouter la présence
de 80 000 réfugiés centrafricains repartis principalement dans
deux sites : Borgop dans la Commune de Djohong et Ngam dans la Commune de
Meiganga37(*). Sur le plan
traditionnel, le Département du Mbéré compte sept grandes
chefferies, une de premier degré à Meiganga, cinq de
deuxième degré à Djohong, Lokoti, Dir, Kalaldi et Bagodo
et un canton autonome à Mboula. Le Département du
Mbéré est découpé en 4 arrondissements ou communes
: Dir, Djohong, Meiganga, Ngaoui.
Carte 1: Localisation du Département
du Mbéré
Votre texte ici
2. Cadre temporel
L'étude ainsi conduite s'inscrit dans une durée
bien précise. Celle-ci est, en effet, importante pour ressortir les
permanences et les mutations de l'objet étudié. L'analyse
menée des organisations administratives dans le cadre de ce travail,
couvre la période allant de 1983 à 2018.
La borne inférieure correspond à l'année
de l'adoption du décret n°83/390 du 22 août 1983, portant
surla réorganisation administrative du Cameroun qui a parmi tant
d'autres modifié l'ancienne Région du Nord Cameroun, en la
subdivisant en trois provinces : l'Extrême-nord, le Nord et l'Adamaoua.
De ce fait, le Département du Mbéré est né de
l'éclatement en 1983 de l'ancien Département de l'Adamaoua en
cinq nouveaux départements : le Djerem, le Faro et Déo, le mayo
Banyo et le Mbéré38(*). Tandis que la borne supérieure, qui s'inscrit
à 2018, traduit notre volonté de comprendre les
réalités actuelles de cette ossature administrative, est la
limite supérieure de cette étude. Ce découpage est,
néanmoins, beaucoup plus méthodologique car, dans la
compréhension des enjeux multiples et des implications nombreuses des
mutations des limites, nous remontons souvent au- delà de cette
fourchette chronologique.
V- Revue de la
littérature
La revue de la littérature permet de faire plus d'ample
connaissance des méthodes utilisées par les autres, de cerner
leurs insuffisances et leurs pertinences par rapport à la question de
recherche posée. Plusieurs travaux antérieurs au notre ont eu
pour objet d'étude des thématiques liées au rapport entre
administration et administrés. L'ensemble de ces publications qui
constituent un vaste champ de recherche a été une source
d'inspiration pour notre étude. Ainsi pour une meilleure
compréhension de la thématique de la structure administrative et
la gestion des populations dans le Département du Mbéré,
nous avons pu exploiter un certain nombre d'ouvrages,de thèses, de
mémoires et articles. Ceci dans la mesure où la conduite d'une
telle étude nécessite une lecture plurielle et critique des
documents qu'il importe de classer en répertoire.
Dans la majorité des rares travaux qu'on a eu à
consulter, la question des découpages territoriaux, s'est faite à
travers la compréhension du système d'administration du Cameroun
en général, et de sa partie septentrionale en particulier. Mais
à fortiori, c'est l'approche structurelle de l'institution
administrative qui y est privilégiée et relève beaucoup
plus du terrain prolifique des juristes39(*). Il s'agit d'André Brockel, pionnier dans
l'analyse du système administratif camerounais40(*), et de Roger Gabriel
Nlep41(*). De plus,
l'ouvrage de André Marie Tientcheu Njiako, nous a permis de comprendre
les modalités judiciaires de délimitation et de
démarcation des limites foncières en général, et
des frontières administratives en particulier42(*). À côté
des écrits des juristes ou des politistes pures, des productions
historiennes s'inscrivent, plus ou moins, dans le champ temporel,
thématique et géographique de ce travail. L'évolution des
frontières précoloniales de la Région du Nord Cameroun
face à l'imposition coloniale des limites linéaires ou
astronomiques a été mieux appréhendée43(*).
Les travaux de Jean-François Bayart sont par ailleurs
incontournables dans la compréhension des tenants et des aboutissants
des mouvements politiques et administratifs des États africains
francophones en général et du Cameroun en particulier44(*). Aussi l'article de Pierre
Soumille met en exergue les enjeux majeurs, les méthodes et l'impact du
partage colonial des abords méridionaux du lac Tchad nous a
été d'une grande utilité45(*).Cependant, certains travaux d'universitaires
camerounais touchent, de près ou de loin, la question des
découpages territoriaux. Dans leur analyse, c'est beaucoup plus une
démarche organisationnelle ou historico-administrative qui est
privilégiée. Il en est ainsi des thèses de Robert Nkili ou
de Daniel Abwa. Abdouraman Halirou dans sa thèseanalyse à travers
un prisme diachronique les fondements multiples, qui sont à la base des
modifications des limites territoriales dans le grandNord-Cameroun et ses
conséquences.Ango Mengue étudie l'évolution administrative
du Cameroun à travers une approche géographique.
Akona Avele dans son
mémoire, analyse les enjeux de nomination et de révocation des
élites administratives dans l'Extrême-Nord du Cameroun de 1959
à 201146(*). En
dressant le catalogue des chefs de circonscriptions administratives de la
Région de l'Extrême-nord Cameroun, il étudie des mobiles
stratégique, géopolitique et sociologique qui soutendent leurs
nominations et révocations dans cette partie du pays. Bien plus, Bemadji Namarde Semplice quant à lui,retrace
l'histoire de découpage territorial et des conflits intercommunautaires
au Tchad47(*). Il
s'inscrit dans le champ de l'histoire politico-administrative et
s'intéresse à la dynamique des découpages territoriaux et
des conflits intercommunautaires.
Par ailleurs les travaux portant sur le Cameroun en
général, ne consacrent que peu de lignes à l'organisation
administrative. Il s'agit principalement de Victor Julius Ngoh et Engelbert
Mveng, qui ont tenté de récapituler l'histoire du Cameroun dans
la longue durée. Le premier a eu le mérite d'avoir
consacré un chapitre de son ouvrage aux antagonismes entre Gbaya
marginalisé et Français conquérant. Le second quant
à lui se contente d'une présentation de la diversité
ethnique et religieuse au Cameroun.
En général, les documents
énumérés présentent des informations certes
intéressantes, mais qui ne prennent en compte qu'une partie de notre
travail. Raison pour laquelle nous avons eu recours aux données de notre
travail de terrain pour habiller notre étude. Par ailleurs, aucune
recherche n'a été menée sur l'état des lieux de
l'administration dans le Mbéré. C'est donc à partir de ce
niveau que cette analyse présente l'originalité de notre
investigation.
Toutes ces productions nous ont initié aux concepts,
aux théories, aux débats et, bref, aux écoles de
pensée sur l'administration. C'est donc à partir des
particularités de ces travaux, et surtout de leurs manquements que nous
avons développé notre étude. Celle-ci se base sur une
problématique précise qu'il importe de présenter.
VI- Problématique
Le principe de la création des unités
administratives est de faciliter l'accès des administrés aux
services de l'administration ou de permettre à cette dernière
d'assurer davantage l'épanouissement de la population. Paradoxalement,
dans le Département du Mbéré, ce principe reste une vue de
l'esprit. Certains villages proches d'une unité administrative ou
considérés comme une « langue dans la
bouche » de celle-ci se trouvent gérer par une autre
unité de commandement bien éloignée. La situation ainsi
relevée pose le problème de la mauvaise démarcation des
limites des unités administratives ; et donc du manque d'une
administration de proximité efficace. Aussi, la question principale qui
retient l'attention ici est la suivante :
qu'est-ce qui expliqueque dans le Département du Mbéré,
des localités situées dans le territoire d'un arrondissement se
trouvent sous le commandement d'un autre arrondissement ?De cette question
centrale découlent des préoccupations secondaires : quelle
est la composition ethnique et sociopolitique des divisions territoriales du
Département du Mbéré ? Quels sont les obstacles
à la meilleure administration des localités isolées et le
nouveau challenge du gouvernement camerounais en matière de
découpage administratif ?
VII- Objectifs de la recherche
L'objectif principal est de mettre en relief les
problèmes qui caractérisent la vie des localités
isolées à la suite du découpage administratif du
Département du Mbéré survenu depuis 1983. Plusieurs sous
objectifs sous-tendent ce travail. Il s'agit de :
- présenter la composition ethnique et le poids
politique des unités administratives du Département du
Mbéré ;
- faire ressortir les difficultés que rencontrent, sur
le plan administratif, les populations des localités isolées dans
les divisions territoriales hôtes ;
- relever les nouveaux challenges de l'administration
territoriale du Cameroun après avoir insisté sur les
doléances exprimées par les populations
« isolées » dans le cadre de la lutte contre le
déficit de leur encadrement administratif.
VIII- Méthodologie
La réalisation de cette entreprise est le fruit d'une
méthodologie rigoureuse qu'il importe de présenter. Pour
l'élaboration du travail, nous avons appliqué une recherche
minutieuse des sources pouvant crédibiliser notre analyse. Nous avons eu
recours essentiellement aux sources écrites, électroniques et
orales. En fonction du temps qui nous est imparti, nous avons
élaboré avant tout, un chronogramme de travail.
Les sources écrites concernant la réalisation de
notre sujet sont constituées des textes officiels qui régissent
l'administration. Ces textes sont constitués des décrets, des
lois, des arrêtés, des ordonnances, des notes, des circulaires
entre autres. Ils sont localisés dans l'Archive Nationale de
Yaoundé (ANY), aux archives du ministère de l'administration
territoriale, aux archives régionales de l'Adamaoua.Nous avons
consulté pour la grande partie, les ouvrages, les dictionnaires, les
mémoires de master et de maitrise, des thèses et des D. E. A.
dans labibliothèque centrale de l'Université de
Ngaoundéré, etde la FALSH, ainsi que le Centre Africain de
Partage de savoir (CAPS). La consultation des journaux et revues nous a
été d'un apport non négligeable. Dans cette quête
des idées, nous étions toujours attachés à lire
tous les documents susceptibles de renfermer une notion importante pour
l'élaboration de notre travail. À ce titre, tous les
écrits relatifs à Meiganga, Djohong, Dir, Ngaoui et au
Département du Mbéré ont attiré notre attention
pour être lus. Une fois, fait, nous avions commencé à lire
les écrits relatifs au Cameroun, à l'Afrique et à
l'histoire générale susceptibles non pas seulement de nous donner
des idées sur notre sujet, mais aussi de nous donner des pistes de
réflexions pour mieux aborder notre sujet. Pour cela, nous étions
munies d'un format A4 divisé en deux parties, sur lequel nous relevions
toutes les données utiles en précisant leurs pages après
avoir relevé les références de la première
découverture (titre de l'ouvrage, auteur, année, ville, maison
d'édition, volume ou numéro). Pour, les mémoires, projets
des thèses et de DEA, nous notons l'auteur, année de soutenance,
titre, nature du travail universitaire et l'université d'attache,
susceptibles de nous donner certaines assertions pour illustrer notre
argumentation.
Lors de l'enquête sur le terrain, nous avons
également visité les lieux des documents de premières
mains. C'est ainsi que nous étions rendus dans les archives des mairies
et des arrondissements de Meiganga, de Djohong, de Dir, de Ngaoui et de la
préfecture du Département du Mbéré. Nous avions
également visité les archives de la délégation
régionale du domaine et des cadastres de l'Adamaoua. Même si,
certains centres ne nous ont rien fourni, du moins, quelques-uns nous ont servi
et nous avions recueillis les données trouvées en les
photocopiant et dont certaines sont insérées en annexe.
Ensuite, parlant des sources wébographiques, tous les
documents relatifs à notre zone géographique d'étude, tous
les documents relatifs aux mots « structure », « administration
», « gestion », « population », et «
département du Mbéré » étaient
consultés et copiés parfois dans le téléphone,
parfois dans l'ordinateur et parfois dans la clé USB. Avant de cliquer
sur « rechercher », nous nous assurions d'abord de la mise du
thème entre guillemets. Cependant, la première des choses que
nous faisions était le copiage du site où se trouve
l'information, suivi de la date et l'heure où ce site a
été consulté avant l'enregistrement de tout document.
Nous avons mené cette étude en se focalisant
également sur des sources orales. Car la compréhension
véritable des structures administratives ne peut être atteinte
sans l'association des témoignages oraux aux données
écrites. Ce d'autant plus que des pans importants de l'Histoire du
Nord-Cameroun sommeillent encore dans les mémoires. C'est pourquoi des
enquêtes orales ont été menées auprès d'un
certain nombre d'informateurs dans le cadre spatial de cette étude et
dans des différentes couches sociales.De ce fait, nous avons d'abord
élaboré le questionnaire afin de faire des entrevues avec les
informateurs. Après une version préliminaire dont nous avions
fait, nous étions concentrés sur les contenus en jetant un regard
critique sur la formulation et l'ordre des questions pour vérifier si ce
questionnaire nous permettra de nous donner des renseignements
répondants à nos objectifs. Après l'administration du
questionnaire, nous avons essayé de voir quel informateur à
choisir concernant telle question. C'est ainsi que nous avons trouvé les
vieillards, les membres des chefferies, les populations victimes de l'isolement
administratif, les administrateurs modernes, les autorités
traditionnelles et certains adolescents instruits comme des ressources
importantes.
Pendant l'entrevue, nous nous montrions modestes en face de
l'informateur et pour recueillir les données, un ami était
à mon aide pour enregistrer les conversations tandis que, moi je
relevais certaines informations sur un bloc-notes. Il arrivait souvent que
l'informateur nous induit à poser des questions qui ne nous ont
attirés l'attention au cours de l'élaboration de notre
questionnaire. Une fois la conversation terminée avec chaque
informateur, nous procédions à son identification, nom et
prénoms, lieu, date, heure de rencontre, sexe, métier, âge
et religion.
Une fois la collecte des donnéesfinie, nous avions
procédé à les confronter entre elles et avec les
réalités du terrain, les analyser et à les
interpréter par rapport au fait dont nous voulons remonter à
travers notre entreprise. Les qualités gardées étaient au
cours de ce travail, celles d'une personne impartiale, attentive et donnante
dans la plupart des cas, raisons aux informations endémiques.
Après cette phase, nous avions procédé à
l'élaboration du plan de rédaction d'abord, ensuite à la
rédaction proprement dite. Pendant cette phase nous insérions
souvent certaines idées obtenues nouvellement et gardant une forte
prudence pour éviter les fautes de grammaire, d'orthographes et de
styles dans notre essai. C'est ainsi que nous avions faits des relectures
après la rédaction finale et avions soumis le travail aux
appréciations de noscamarades de promotion, amis et connaissance avec
qui nous travaillions en entraide même si cette symbiose ne nous
écartera des difficultés fatales.
XI- Les difficultés
rencontrées
Toute recherche scientifique sur le terrain présente
des difficultés qu'il faut surmonter pour pouvoir continuer. Comme dans
toute oeuvre humaine, des difficultés ont été
rencontrées à plusieurs étapes de cette recherche. Durant
le terrain que j'ai effectué, il est à noter qu'il s'est
déroulé sans souci majeur, quelques petits imprévus ou
incommodités sont venues importuner ces journées de « labeur
». Nous n'entrons pas dans les détails. Mais les difficultés
majeures qui méritent d'être soulignées sont celles
relatives à l'insuffisance des sources documentaires et des moyens
financiers et matériels.
La première difficulté majeure est
l'insuffisance de documentation sur les difficultés que rencontrent les
étudiants dans l'élaboration de leur mémoire. Cette
étude n'est pas encore faite dans ledit département et les
sources dont on dispose n'abordent pas de façon spécifique le
problème. Ceci pourrait être à la base de certaines
insuffisances dans l'inventaire documentaire critique.
C'est à l'occasion de la collecte des données
que la difficulté majeure a été rencontrée. En
dehors des différentes sous-préfectures (où on note une
absence voire l'inexistence des services d'archivages) du Département du
Mbéré où on a collecté quelques données
monographiques, les recherches dans les archives de la préfecture
(extrêmement délabrées et non opérationnelles) n'ont
pas permis d'avoir des données exploitables malgré la
volonté froissée du personnel de ces structures. Une autre
difficulté, la perte des fichiers de la préfecture même due
à une panne grave intervenue sur l'unité centrale du
secrétariat particulier. Malgré toutes les interventions la
récupération des fichiers n'a pas été possible.
Toutefois, les solutions alternatives n'ont pas été
trouvées pour avoir les informations nécessaires. Les
données relatives à l'aspect de sécurité n'ont pas
été accessibles du fait de la rétention d'informations
enregistrée au niveau des agents abordés.
Sur le terrain d'enquête, la tâche n'a pas
été du tout aisée, nous avons eu des difficultés
pour rencontrer les chefs de services qui sont aussi pris pour
éventuellement des devoirs sur table. Raison pour laquelle nous n'avons
pu faire l'entretien qu'avec certains administrateurs.
X- Plan du travail
L'atteinte aux objectifs précités doit passer
par un plan à trois niveaux d'étude dont on peut l'organiser
comme suit :
D'abord le chapitre I traitera de la présentation de la
composition ethnique et du poids politique des divisions territoriales du
Département du Mbéré depuis 1983.
Ensuite, le chapitre II est une analyse des
déficitsd'encadrement des localités isolées dans les
unités territoriales hôtes depuis 1983.
En outre, le chapitre III s'attachera à l'étude
des doléances/revendications des populations isolées et les
nouveaux défis de l'administration camerounais
Chapitre I : Composition ethnique
et poids politique des divisions territoriales du Département du
Mbéré depuis 1983
Aborder la question des divisions
territoriales, c'est aborder un pan de la réflexion sur les rapports
entre l'État et ses parties. Toute organisation politico-territoriale
sur une base étendue doit, en effet, répondre à une double
nécessité ; découper le tout en parties, « diviser
pour gérer... et régner »48(*); rassembler des parties pour créer un tout,
coordonner d'authentiques forces territoriales pour construire l'entité
d'un État durable. De cette dialectique émerge un
équilibre dynamique qui assoit la base spatiale de l'État, avec
un partage des compétences et des pouvoirs entre chaque niveau. Ainsi
dans le Département du Mbéré, le maillage administratif
est révélateur d'une combinaison des influences culturelleset
politiques.
I- Présentation des
différentes unités administratives du Département du
Mbéré
L'histoire du Département du Mbéré, c'est
l'histoire de toute une aventure migratoire que connait le monde. Des
sédentaires mboum aux pasteurs peuls en passant par les chasseurs
gbayas, cet espace de vie s'est forgé au fil du temps une
identité toute singulière. Cependant, la problématique du
maillage administratif dans le Mbéré se définit pour
l'essentiel en terme progressif. En effet, il faut attendre 1927 pour que cette
communauté « fleurte » avec l'expérience
administrative, de par son érection en unité
administrative49(*).
D'abord en Arrondissement de Meiganga qui va d'ailleurs connaître
plusieurs mutations. L'éclatement de cette circonscription mère
en 1974 aboutit à la création du District de Djohong, puis sa
transformation en Département du Mbéré en 1983 lors de la
création de la Province de l'Adamaoua. L'ancien Arrondissement de
Meiganga conservera donc sa dénomination à côté de
Djohong devenu à son tour Arrondissement. En 1992, en faveur de la
modification de la carte administrative du Cameroun, cet Arrondissement sera
à nouveau reconfiguré et son morcèlement donnera naissance
au district de Dir et celui de Ngaoui, quideviendrontplus tard des
arrondissements en 2008.
A- Arrondissement de Meiganga
Meiganga est le chef-lieu du Département du
Mbéré dont le nom provient d'une rivière dans la
localité, le Mbéré, affluent du Logone50(*). Cette circonscription
administrative se prête au jeu des mutations successives depuis son
érection en unité administrative en 1927 par l'administration
française exerçant à cette époque la gestion du
Cameroun sous mandat de la Société des Nations (SDN). La
première mutation intervient en 1960 avec la création de la
Commune de Meiganga. En 1974, c'est la deuxième mutation avec la
scissiparité de la circonscription de Meiganga et la création du
District de Djohong. La troisième mutation s'est effectuée en
1983 avec la transformation de cette unité en Département du
Mbéré lors de la création de la Province de l'Adamaoua. La
dernière mutation significative interviendra avec la modification de la
carte administrative du Cameroun par le chef de l'État en 1992.
1. Localisation
L'Arrondissement de Meiganga est situé à
6.51° de latitude Nord et 14.28° de longitude Est. Dans ses limites
issues de la réorganisation administrative de 1992, cette unité
administrative couvre une superficie de 8500 Km². Il est limité au
Nord et au Nord-est par les Arrondissements de Nyambaka, de Bélel et de
Djohong, à l'Est par l'Arrondissement de Ngaoui et la RCA, au Sud-est
par l'Arrondissement de Garoua-Boulaï, au Sud-ouest par l'Arrondissement
de Bétaré-Oya dans la Région de l'Est et à l'Ouest
par l'Arrondissement de Dir51(*).
Carte 2:carte administrative de
l'Arrondissement de Meiganga
2. Villages de l'Arrondissement de
Meiganga
Le découpage administratif a attribué nombre de
villages à l'autorité territoriale de Meiganga.Il s'agit des
villages :Ardo-bouba,Babongo, Banam, Bariki, Batoua,
Bounou,Djalingo,Dodo,Dozi, Fada, Ganghi,Garga Linbona, Gbawar, Guigo,
Gunbela,Horé-Kouni, Kombo-Laka,Kpama, Mbafouck, Hosséré,
Mbakoungué, Mboula, Mboulaï, Gboutou, Meidougou,
Monne,Nandéké, Ngam, Ngazi, Ngolori, Yafounou, Zaoro-Doua,
Baïna, Mbou, Batoua-Godolé, Béka, Guiwang, Bembarang, Boua,
Dana, Dankali, Dir-Pétel, Djouzami, Dobezo, Gangkombol, Gazi,
Gbata,Gbaten, Ka'aka, Kamboul, Kombo-Laka, Kpama, Laka-Petel, Lawan,Lokoti,
Mama-wassandé, Mbalé, Mbarang, Mbéré, Mbondo-Lom,
Ndongué, Ndoyong, Ngazi-tina, Ngolori,
Sabongari-mborguéné, Salao-Gbaguete, Tapawa-mbalé, Tokda,
Wantamo, Yendé52(*).
En effet, l'appartenance de ces différents villages
à l'Arrondissement de Meiganga se justifie par le fait que les
correspondances administratives en provenance de ces localités sont
acheminées à l'endroit des autorités de Meiganga. Il
s'agit d'emblée des rapports de certains centres d'états
civilsadressés à la Commune de Meiganga pour faire l'état
des lieux de la croissance démographique dans ces zones. Bien plus, le
PV d'Elections Cameroon relatif à la répartition des
différents bureaux de votes fait mention de l'appartenance de ces
villages à la tutelle de Meiganga.Également, les rapports annuels
de fin d'année des divers établissements primaires dans ces
localités se rapportent à l'IAEB de Meiganga. De plus, les
arrêtés préfectoraux liés à l'intronisation
deces chefs de villages(3e degré)mettent en exergue la
compétence du sous-préfet de Meiganga. De même, cesvillages
figurent dans le programme de la tournée de prise de contactdu
sous-préfet de l'arrondissementhôte.En outre, une correspondance
du MINATD relative au projet d'immatriculation des centres d'état
civilen les répertoriant à leur attachement territorial, rattache
certains de ces villages à la Commune de Meiganga. Enfin, toujours une
note du MINATDà l'attention aux différents chefs des
divisionsterritoriales portant ultimes vérifications de la nomenclature
consolidée des chefferies traditionnelles de troisième
degré par unité administrative confirme également
l'appartenance des villages cités ci-haut à l'Arrondissement de
Meiganga.
3. Entités rurales sous la tutelle
de Djohong et de Dir dans l'Arrondissement de Meiganga
La démarcation de l'Arrondissement de Meiganga affecte
certaines localités se trouvant géographiquement en son sein
à la tutelle de Djohong ou àcelle de Dir. Il s'agit
d'embléede Gandinang, Beka Petel, Gari.Ces villages aussi bien
près de la capitale administrative de l'Arrondissement de Meiganga ne
répondent certainement pas de celle-ci ni ne bénéficient
de tous ses services. En effet, ces villages sont soumis à
l'autorité territoriale de Djohong tel qu'inscritdans le décret
de création de cet Arrondissement. À cet effet, des
correspondances administratives aussi diverses que variées
témoignent de l'appartenance de ces localités au ressort
territorial de Djohong. Il s'agit des rapports des différents centres
d'état civil,des écoles primaires destinées respectivement
à leurs services hiérarchiques siégeant à Djohong.
Aussi faut-il rappeler l'existence des conseillers municipaux de la Commune de
Djohong dans ces villages.
Concernant les zones de compétence de Dir, on
relève le cas de Samaki et Kalaldi qui se trouvent dans le ressort
territorial de Meiganga. Ces deux villages répondent de Dir en ce sens
que tous ses rapports d'activités dans divers secteurs sont
coordonnés par les autorités de cet Arrondissement.
B- Arrondissement de Djohong
1- Situation géographique
L'Arrondissement de Djohong est situé dans le
Département du Mbéré dans la Région de l'Adamaoua
à 6, 83° de latitude Nord et 14,69 ° de longitude Est53(*). Il a été
créé par le décret présidentiel d'abord comme
District en 1974 puis comme Arrondissement en 1983. Il occupe tout l'espace de
l'arrondissement éponyme. C'est-à-dire 2653 km².
L'Arrondissement de Djohong est limité : au Nord par l'Arrondissement de
Touboro ; au Nord-ouest par l'Arrondissement de Bélel; à l'Ouest
et au Sud-ouest par l'Arrondissement de Meiganga ; au Sud par l'Arrondissement
de Ngaoui ; à l'Est par la République Centrafricaine54(*).
Carte 3: carte
administrative de l'Arrondissement de Djohong
2- Zones d'influence
de l'Arrondissement de Djohong
La réorganisationadministrative de 1992 a
rétréci le ressort territorial de l'Arrondissement de Djohong. De
ce fait,il compte une trentaine de villages :Bandai, Batouré Djibo,
Batouré-Zim, Béka Pétél, Borogop,Damissa, Dadzer,
Daré,Dibori, Djaoro-Moné, Gangdinang, Dompta,Gari, Gbabiri,
Gbaboua, Gbatoua-Banam,Jakong, Lamou,Laïndé-Mami, Mbella-Ngou,
Mbéwé, Mbondo, Mandip, Nabémo,Nazareth, Ndawé, Ouro
Addé,Wangou, Yamba, Yarmbang.55(*)
Ces villages sont sous la tutelle de Djohong dans la mesure
où certains services de la chaîne administrative de
l'Arrondissement de Djohong,y exerceleur autorité. En effet, l'IAEB de
l'Arrondissement de Djohong coordonne les activités éducatives de
ces villages, et reçoit également de ceux-ci des rapports de
différentes activités menées aucours d'une année au
regard des résultats enregistrés dans les différents
domaines :le taux de réussite et de fréquentation des
élèves, le taux de couverture des programmes, le taux de
couverture des heures d'enseignement etc. Bien plus, dans un rapport de la
Commune de Djohong adressé au BUNEC, figurent nombre de ces villages
comme dépendant de Djohong. Dans le programme de tournée du
n° 1 de cet Arrondissement y figurent tous les villages cités
ci-haut, confirmant ainsi l'appartenance de ces localités à
Djohong.
3- Hameaux de l'administration de Meiganga
et de Ngaoui dans la circonscription administrative de Djohong
La configuration de cette unité administrative
confère la gestion de nombre de villages qu'elle regorge du moins
géographiquement à l'autorité de Meiganga ou à
celle de Ngaoui.S'agissant des villages du ressort territorial de Meiganga dans
l'Arrondissement de Djohong, nous avonsDjaoro Doua, Ngam, Fada et Yafounou. Un
tableau récapitulatif des chefferies de 3e degré de la
Région de l'Adamaoua, réparti par arrondissement, confie la
tutelle de ces localités à l'autorité de Meiganga. Aussi,
les écoles primaires de ces villages répondent de l'inspection de
Meiganga.
Parlant des zones d'influences de Ngaoui à
l'intérieur de l'Arrondissement de Djohong, il faut mettre en exergue
Garga Pella et Ngolo, du fait que l'antenne communale d'Elections Cameroon de
Ngaoui a coordonné le déroulement des élections dans ces
contrées. De plus, le centre d'état civil de Garga-pella
répond de la commune de Ngaoui.
C- Arrondissement de Ngaoui
L'histoire de l'Arrondissement de Ngaoui est liée
à celle de la famille royale actuelle. Elle commence dans les
années 1920 avec l'installation dans la région de Bouba, un
Mbororo Djafoun en provenance de Lompta. Bouba est consacré
Ardoquelques années après son implantation par le Lamido
Alim qui régnait sur Ngaoundéré à
l'époque56(*).
À partir de ce moment, ArdoBouba est assisté de ses deux
frères Oumarou et Adamou Nyaka, la cour royale est
réorganisée sur la base de nouvelles structures, l'ancienne
étant des campements saisonniers de transhumance. Suite à un
pèlerinage à la Mecque ArdoBouba décline le
pouvoir et confie le trône à Mohamadou Labi le plus jeune des
princes57(*). Dès
son accession au trône, la préoccupation première de ce
dernier fut d'étendre davantage le village de Ngaoui. Pour cela, il
facilite l'installation des populations étrangères dans la
région. Le changement au trône de Ngaoui occasionne le retour des
groupes qui s'étaient enfuient sous le règne du
précédent Ardo. Les rumeurs de festivités qui
sont organisées tous les vendredis entrainent l'afflux de nouveaux
habitants qui s'implantent à Ngaoui en y construisant des maisons
d'habitation. L'arrivée des Gbaya de la RCA dans la région
contribue à l'extension de Ngaoui. Les tous premiers quartiers de la
localité se forment. Il s'agit des quartiers Lamorde et Fadisonka pour
les populations Peuls et Camp Kare pour les étrangers.
1. Cadre géographique
L'Arrondissement de Ngaoui est situé dans le Nord-est
du Département du Mbéré, Région de l'Adamaoua. Il
est limité au Nord-ouest par l'Arrondissement de Djohong, à l'Est
par la RCA, au Sud et Sud-est par l'Arrondissement de Meiganga. Il a
été créé comme District par décret
présidentiel N° 92/187 du 1er septembre 199258(*). Puis Arrondissement en
2008.
Ngaoui (montagne de la femme en Mboum et montagne de l'eau en
Mbéré), chef-lieu de l'Arrondissement est une localité
située dans le Nord-est du Département du Mbéré,
entre 14° de longitude Est et 6° de latitude Nord. Elle tire son nom
de la montagne au pied de laquelle elle s'étend. Cette ville est
située à 160 Km de route de Meiganga. La superficie de la
Commune de Ngaoui est de 2 307Km².
Carte 4: carte
administrative de l'Arrondissement de Ngaoui
2. Campagnes de
l'arrondissement de référence
La démarcation territoriale intervenue en 1992 rattache
une vingtaine de villages à la circonscription administrative de Ngaoui.
En effet, elle est formée de 28 villages. Il s'agit d'Alhamdou, Bafouck,
Bawaka Koe, Bawaka Oumarou, Dagzer, Damabia, Diel, Djabori, Dolé, Dompta
Petel, Garga Pella, Gbadounda, Gbago, Gbanga Salao, Gbatoua Petel, Kakofia,
Laba, Mayo lebbou, Mbedoum, Mindal, Ngolo, Ngouroa, Sabongari, Soba, So'o,
Touraké, Wandandéré, Wandé.59(*)
En effet, l'analysedescriptive des différentes
correspondances administratives en provenance des différentes
localités citées ci-haut démontre
effectivementl'implicationdes autorités de l'Arrondissement de Ngaoui.
Il s'agit : des rapports des centres d'états civils, le
procès-verbal d'Elections Cameroon antenne communale de Ngaoui, les
rapports annuels de fin d'année des divers écoles primaires de
ces localités, arrêtés préfectoraux relatifsà
l'intronisation de ces chefs de villages (3e degré). C'est pourquoi, ces
villages figurent dans le programme de tournée de prise de contact du
sous-préfet dudit arrondissement.
3. Localités sous l'autorité
de Djohong dans le ressort territorial de Ngaoui
Au sein de la division territoriale de Ngaoui se trouvent des
villages qui répondent administrativement de l'Arrondissement de
Djohong.Il s'agit ici de Dadzer et de Lamou. En effet, dans le rapport du
BUCREP, organisme qui s'occupe de l'organisation du recensement
général de la population, fait état de l'appartenance de
ces villages à la tutelle deDjohong. En outre, dans ces localités
sont fixées des plaques de la Commune de Djohong comme marque de leur
appartenance.
D- Arrondissement de Dir
Dir signifie en langue
Gbaya « profondeur »60(*). Cette unité administrative a
été créée par le décret présidentiel
N° 92/187 du 1erseptembre 1992 regroupant les cantons Dir,
Kalaldi et Bagodo.
1- Position ou limites spatiales
L'Arrondissement de Dir est situé dans la Région
de l'Adamaoua, Département du Mbéré et a une superficie de
4300 km². Il est limité à : l'Est par l'Arrondissement
de Meiganga (Département du Mbéré) ; l'Ouest par
l'Arrondissement de Ngaoundal (Département du Djerem) ; au Nord par
l'Arrondissement de Nyambaka (Département de la Vina) ; au Sud par
l'Arrondissement de Betare Oya (Région de l'Est)61(*). Toutefois, l'Arrondissement
de Dir est ouvert aux autres arrondissements et la distance qui le
sépare de certaines villes qui l'entourent est telle que :
Meiganga 117 km, Ngaoundéré 272 km, Ngaoundal 40 km62(*)
Carte 5: carte
administrative de l'Arrondissement de Dir
2- Espaces ruraux sous la tutelle de
Dir
La réorganistion administrative de 1992 confie 44
villages à l'Arrondissement de Dir63(*). Il s'agit de:Beyala,Dobiri, Kela-Sami, Raouzanam,
Batoua-Pangar, Boforo, Guizoré, Malingara, Kalaldi, Tomedo, Gbema,
Bagodo, Bindiba, Lamou, Sourma, Beka-Ziki, Doua, Goro, Koundé, Pangara4,
Waah, Mbin-Mbappè, Boy Baya, Djerem Kabawa, Gbazer, Moinam, Mbigoro 1,
Mbigoro 2, Gazagazade, Gao, Wendoka, Simi 1, Simi 2, Badi, Salo, Matoko,
Pangara 3, Gbago, Samaki, Bezah, Kofa, Gbinako, Mbella.
L'appartenance de ces différents villages à la
tutelle de Dir est justifiée par l'autorité que cette
dernière exerce sur ces derniers ; ceci par le fait que les notes
administratives provenant de ces localités sont toujours portées
à l'attention des autorités de Dir. Ainsi, certains centres
d'états civils adressent leurs rapports à la Commune de Dir.
Ajouter à cela, le PV d'Elections Cameroon antenne communale de Dir, y
figurent des bureaux de votes dans ces villages, faisant mention de leur
appartenance à la Commune de Dir. Bien plus, l'IAEB de Dir reçoit
des rapports annuels de fin d'année de diverses écoles primaires
de ces localités. Enfin, une correspondance du MINATD à
l'attention aux différents chefs des divisions territoriales portant
ultimes vérifications de la nomenclature consolidée des
chefferies traditionnelles de troisième degré par unité
administrative confirme également l'appartenance des
villagessuscités à l'Arrondissement de Dir.
3- Village du ressort territorial de
Meiganga dans l'Arrondissement de Dir
Cette partie met en exergue le village de Mboula. La note du
MINADT portant vérification des chefferies traditionnelles
définie ce village comme l'unique chefferie autonome de 3e
degrédans l'Arrondissement de Meiganga. De ce fait, divers services de
cette entité territoriale manifestent leur attention à l'endroit
de cette localité dont ils ont la charge.Ainsi, nombre d'acte
administratif sous-tendent cette vérité.On peut
énumérer : le centre d'état civil pilote qui
répond de Meiganga, l'autorité de l'IAEB de Meiganga sur
l'école primaire de Mboula.
De tout ce qui précède, nous constatons quele
maillage administratif du Département du Mbéré est
singulier en ce sens que la configuration des divisions territoriales
présente des formes irrégulières. Ainsi, qu'en est-il de
ses groupes sociaux ?
II-
Composition ethnique des unités administratives du Département du
Mbéré
Tout découpage administratif est par nature attributif
ou privatif d'identité. Le droit international l'a reconnu, et
recommande aux États la plus juste conciliation entre le
découpage territorial retenu et la réalité historique et
humaine des populations concernées.En effet, il est dans la nature d'un
découpage territorial de reconnaître ou d'occulter
l'identité réellement vécue par les individus. Dans la
situation qui est la nôtre, la configuration des unités
administratives génère la reconnaissance de la
réalité historico-culturelle du Département du
Mbéré.
A- Principaux groupes sociaux de
l'Arrondissement de Meiganga
La population de l'Arrondissement de Meiganga est
estimée à 159 884 habitants en 2017. Elle évolue sur une
superficie de 8500km² ; soit, une densité de 18,5 habitants par
Km². L'on note une forte concentration de populations dans la ville de
Meiganga (plus de 80 000 habitants) et dans certaines grandes
agglomérations rurales telles que Batoua-Godolé, Meidougou,
Lokoti, Gunbela, Mbarang, Mboula, Beka, Fada, Kombo-Laka et Djalingo64(*). Ces populations viennent
d'horizons divers et sont composées de plusieurs ethnies65(*).
1- Ethnie majoritaire de
l'arrondissement de référence
Par majorité ethnique, l'on met ici en évidence
le groupe qui dans un espace donné se démarque par leur
supériorité numérique. Alors dans l'Arrondissement de
Meiganga,les Gbayarépondent fort bien à cette précision.
En effet, réputés être les anciens occupants de la
région, ils représentent environ 46% de la population. Ce sont
les agriculteurs et chasseurs qui ont maintenu des modes de vie archaïques
consistant à vivre de manière rudimentaire et indigente dans les
forêts galeries66(*). Une grande partie a adopté la religion
musulmane et beaucoup sont également chrétiens. Ce qui fait la
particularité des Gbaya de l'Arrondissement de Meiganga est leur origine
migratoire. Ils ont quitté la vallée de Lom pour se
sédentariser le long de la route, sous la pression de l'administration
coloniale ; permettant à celle-ci de mieux recouvrir les
impôts67(*).
2- Appartenance ethnique des habitants
des villages isolés
La quasi-totalité des localités isolées
est sans nul doute l'apanage des communautés Gbaya. En effet, un
document acquis dans les archives du ministère de l'Administration
territorialeportant recensement des chefferies traditionnelles de
3edegré, rapporte que les chefs des localités
isolées dans l'Arrondissement de Meiganga sont d'ethnie gbaya à
l'exception de Fada dont le chef est foulbé et Mboula avec un chef
mboum.Et donc l'appartenance ethnique de ces communautés
sinistrées est gbaya cartraditionnellement ne peut régner sur une
majorité un individu issu d'une minorité ethnique.Ainsi par
affinité clanique, les villages Gbaya du Département du
Mbéré ayant un passé lié à Lom,s'identifient
au grand souverain de Meiganga.
3- Groupes ethniques
complémentaires / supplémentaires
SelonJoseph Sumpf et Michel Hugues, une minorité est un
groupe ethnique qui se trouve dans la dépendance d'un autre groupe
ethnique plus puissant soit du point de vue politique, soit du point de vue
économique, etc.68(*) Mais ici le seul critère numérique est
suffisant pour définir une minorité tant il est vrai que le
phénomène de minorités dominantes est bien connu. Il
s'agit :
- des Peuls, principalement des foulbé dont
sensiblement 30% de la population. Ils sont dans l'ensemble islamisés et
pratiquent les activités économiques telles que le commerce,
l'élevage du gros bétail et accessoirement l'agriculture69(*).
- des Mbororo représentent 16%. Ils vivent de
l'élevage du gros bétail. Nomades, certains d'entre eux ont perdu
leurs cheptels bovins et se sont retrouvés dans l'obligation de se
sédentariser70(*).
Ils pratiquent aujourd'hui l'agriculture.
- des Mboum et des Mbéré, populations
très minoritaires, environ 10%, elles sont réputées
être les premiers occupants de la zone71(*). On les retrouve dans les localités de Mboula
pour les premiers et Horé-Koni, Dakkéré et
Mbéré (dans le canton de Lokoti) pour les seconds.
À côté de ces populations «
autochtones » se retrouvent les autres groupes ethniques : Arabe choa,
Bamiléké, Béti, Douala, Maka, etc. Les étrangers
constitués en majorité des Centrafricains, les uns en
émigration forcée suite à l'instabilité politique
et à l'insécurité en RCA et les autres en
émigration clandestine depuis plusieurs décennies. Au 31 octobre
2017, le HCR a dénombré 23.763 réfugiés
centrafricains dans l'Arrondissement avec notamment 4330 dans l'espace urbain
de Meiganga. Leur afflux a été accentué avec la crise
politique de 2013. Ils sont enrôlés et encadrés par le HCR
pour la plupart. Les plus désoeuvrés contribuent à
alimenter la petite criminalité urbaine. D'autres étrangers
notamment les maliens, tchadiens, nigérians et nigériens vivent
et mènent leurs activités à Meiganga72(*).
On note, par ailleurs, une présence remarquable des
expatriés chinois venus dans le cadre de l'exploitation minière
d'or dans les localités de Kombo-Laka, Fel, Mborguéné,
Mbalé et Nandéké. S'agissant des occidentaux, l'on
retrouve à Meiganga des Français, Américains,
Norvégiens dont la présence se situe surtout dans le cadre des
missions d'évangélisation de l'Église
Évangélique Luthérienne du Cameroun, soit dans le cadre
des activités des ONG (Organisations Non Gouvernementales) de
développement avec l'implantation du HCR et des ONG partenaires et/ou
sous-traitantes73(*).
B- Grands groupes sociaux de
l'Arrondissement de Djohong
Les populations de Djohong ont d'abord occupé la
vallée du Mbéré avant de se déplacer sur le site
actuel. Le site qu'ils occupaient portait le nom de Zong. C'est de ce nom que
vient le nom actuel qui est Djohong. Les résultats du 4e
recensement général de la population de novembre 2005 estiment la
population de l'Arrondissement de Djohong à 20300 habitants74(*). Les principales ethnies
présentes dans la Commune sont les Gbaya, les Foulbés, les
MBororo, les Mboum-Pana75(*).
1- Ethnie dominante de l'arrondissement
de référence
Les habitants de Djohong qui sont du groupe ethnique Gbaya
sont réputés être des grands chasseurs. Ils
représentent 49% de la population de l'arrondissementet sont reparti
dans les quatre coins de cette division territoriale. La particularité
des gbayas de Djohong se définie par son courant migratoire. En effet,ce
groupe gbaya est parti de la vallée du mbéré qui fut un
foyer prospère ayant impulsé leur sédentarisation le long
de l'axe routier reliant Meiganga à Bocarnga.
2- Identité ethnique des
populations des zones enclavées
La quasi-totalité des villages administrativement
isolés du ressort territorial de Djohongest culturellement
identifié au Gbaya. En effet, ces localités sont fortement ou du
moins exclusivement marquées par une prégnance de la
communauté gbaya, avec à leur tête des souverains Gbaya. Le
contenu d'un document portant recensement des chefferies traditionnelles de 3e
degré acquis dans les archives du ministère de l'administration
territoriale, illustre fort bien nos propos.De ce fait, la dispersion des
entitésgbaya de la vallée du mbéré dans le
Département se réfère à Djohong76(*).
3- Groupes sociaux minoritaires
En général, les minorités sont
caractérisées par l'accumulation de certains traits pas assez
imposants. Elles sont numériquement moins présentes de la
communauté plus large qui les entoure et vivent cela en la ressentant
d'une manière particulière. Il transparaît de cette
définition que les minorités dont il s'agit sont d'abord des
minorités ethniques, entendues comme les ethnies numériquement
inférieures à d'autres ethnies qu'elles côtoient.
À côté des Gbayas, groupe majoritaire, se
trouvent des nomades Mbororos éleveurs qui se sont
sédentarisés progressivement. Ces deux peuples sont
progressivement rejoints par les Panas et les Mboum qui se retrouvent en
très faible nombre dans la population. Au début du 20e
siècle, cette population va faire face à la poussée
hégémonique des foulbés qui contrôlent
déjà la quasi-totalité de l'organisation
politico-traditionnelle des autres peuples du grand Nord. Dès lors, on
assiste à un très grand brassage ethnique qui explique la
mixité Gbaya-Foulbé de la population
C- Différents groupes humains de
l'Arrondissement de Ngaoui
Il ressort des différents diagnostics participatifs que
la population de la Commune de Ngaoui est estimée à environ 33
768 personnes, pour 9 440 hommes, 11 889 femmes et 12 498 jeunes de moins de 16
ans. Ces données traduisent une augmentation de 1 528 par an
comparativement aux données du recensement générale de la
population et de l'habitat de 2005 qui estimaient la population de Ngaoui
à 24 196 personnes77(*).
Les principales ethnies sont les Gbaya, les
Mbéré, les Peuls, les Pana, les Mbororo, les Laka, les
Karé, les arabes-choa et les Kotoko. Les religions pratiquées
sont l'islam et le christianisme.
1- Ethnie imposante dans
l'Arrondissement de Ngaoui
Une ethnie dominante est un groupe (voire plusieurs groupes
sociaux) qui dispose d'une position ou d'une influence politique,
économique et/ou culturelle prédominante, en rapport à son
poids démographique dans une population ou un territoire. Le terme est
couramment utilisé pour désigner un groupe ethnique défini
par un pouvoir disproportionné dans un peuplement. En effet, dans
l'Arrondissement de Ngaoui, le groupe pouvant répondre à cette
explication est l'ethnie peule considérée comme le pionnier de la
localité. Il représente 51% de la population,et pratique
relativement les activités de commerce et l'élevage des
bovins.
2- Caractère ethnique des
occupants des localités sinistrées
Le document portant recensement des chefferies traditionnelles
de 3e degré dans les archives du ministère de
l'administration territoriale démontre que l'appartenance ethnique des
milieux isolés dans l'Arrondissement de Ngaouiestpartagée entre
dignitaires peul et gbaya. De ce fait, toutes ces communautés
sinistrées sont caractérisées par une forte
communauté soit peul, soit gbaya.
3- Autres ethnies présentes
Il y a des groupes minoritaires, caractérisés
par une identité propre, culturelle et souvent linguistique et
religieuse. De manière générale, les scientifiques
s'accordent pour distinguer plusieurs types de minorités : Les
minorités historiques sont installées sur le territoire de
l'État dès avant sa constitution. On parle également de
peuples autochtones (étymologiquement du grec
auto-khthôn, " celui qui est né de la terre même
"), pour désigner les premiers habitants d'un territoire. Cependant, ce
qui nous importe c'estl'importance numérique du groupe ethnique par
rapport aux autres groupes de la communauté. Alors dans le cadre de
cette étude, les minorités présentent dans
l'Arrondissement de Ngaoui sont les Gbayas (en provenance de la RCA), les
Mboum, les Mbororo, les Kotoko.
D- Différents groupes ethniques
de l'Arrondissement de Dir
L'histoire du peuplement de l'Arrondissement de Dir est propre
à chaque communauté. Une analyse historique des différents
villages composant cet Arrondissement révèle que l'installation
des différents peuples est très ancienne. La genèse des
différents villages et installation des peuples, ont été
plus ou moins influencées par le tracé de la route transafricaine
allant de Ngaoundal vers Garoua Boulai. La taille de la population est
estimée à 50287 habitants pour une densité de 12 habitants
au Km². Le taux de natalité quant à lui est de 2,40%.
L'espérance de vie est plus longue chez la femme soit 65 ans et courte
chez l'homme soit 55ans. Toutefois la moyenne d'âge de la population de
l'Arrondissement de Dir est estimée à 35 ans78(*).
1- Ethnie fortement présente
L'ethnie majoritaire dans un espace donné, est celle
qui évidemment se constate par leur nombre supérieur. La
population de cet arrondissement est composée en grande partie de
l'ethnie Gbaya. Elle représente environ 48% de la population. Les
principales activités sont l'agriculture et la chasse traditionnelle.
Comme religion, un grand nombre pratique le christianisme et beaucoup sont
musulmans.
2- Disposition ethnique des
administrés isolés
L'ensemble les milieux isolés sont sans doute l'apanage
des communautés Gbayas. En effet, le document portant recensement des
chefferies traditionnelles de 3e degré dans les archives du
ministère de l'administration territoriale atteste que les chefs des
milieux isolés dans l'Arrondissement de Dir sont des Gbayas.
3- Groupes humains
supplémentaires
Une minorité est un groupe ethnique qui se trouve dans
la dépendance d'un groupe ethnique plus puissant soit du point de vue
politique, soit du point de vue économique79(*), etc. Mais ici le seul
critère numérique est suffisant pour définir une
minorité tant il est vrai que le phénomène de
minorités dominantes est bien connu. Ainsi, en dehors des Gbaya, on
retrouve d'autres ethnies à l'instar : des Mbororos, des Mboum, des
Peuls et autres.
Pour tout dire, l'analyse de disposition des groupes sociaux
dans le Département du Mbéré a permis de comprendre les
liens qui existent entre les grandes chefferies et les principautés
secondaires, incarnées généralement par les Gbaya (ethnie
majoritaire). En effet, ces peuples venus d'une part de la vallée de
lom, et d'autre part de la vallée du mbéré; se sont
sédentariser de manière dispersée le long de la route sous
la pression de l'administration coloniale afin de mieux recouvrir
l'impôt. Et donc une fois installés sur les sites actuels, tous
les Gbaya qui ont une histoire liée à lom, s'identifient au grand
souverain de Meiganga ou à celui de Lokoti; et ceux ayant un
passé avec mbéré, se réfèrent au dignitaire
de Djohong. C'est ainsi qu'il y'a eu engrenage des zones d'influences entre
chefferies traditionnelles. Par conséquent, les unités
administratives sont donc venues épouser la configuration de ces
chefferies traditionnelles sans mener au préalable une étude de
faisabilité, permettant de rapprocher davantage l'administration des
administrés.
III-Réalités
sociopolitiques du Département du Mbéré depuis 1983
A- Liens sociopolitiques des militants
du RDPC dans les divisions administratives de l'unité de commandement du
Département du Mbéré de 1983 à 2018
L'ancrage politique du parti au pouvoir dans le
Département du Mbéré a progressivement été
opéré suite aux velléités ethniques,qui ont ainsi
influencéle comportement politique au niveau local.
1- Gage de consolation des non
musulmansde 1985 à 1992
L'expérience africaine peut nous apprendre quelque
chose, c'est bien l'identité ethnique. En
effet, le multipartisme est perçu dans le Mbéré comme un
vecteur de libération de l'emprise culturelle des Foulbé,
permettant d'établir l'équité dans la répartition
des politiques administratifs80(*), en consacrant la laïcité de
l'État camerounais. Le régime Ahidjoa longtemps consolidé
l'hégémonie des Foulbé sur les autres ethnies et partant
sur les Gbaya, les Mboum etc. Cette hégémonie foulbé,
consacré par le djihad se matérialisait à travers la
domination multisectorielle des Foulbé sur les autres groupes sociaux
nonmusulman. À contrario, la démission du président Ahidjo
et l'avènement de M. Biya en 1982, qui se conjuguent avec la dynamique
de la restauration du multipartisme vont consacrer la détente de la
domination foulbé sur les non musulmans. Cette décompression de
l'hégémonie foulbé n'est pas absolue. Elle est forte dans
les domaines politico-administratifs, religieux et culturels, mais relative
dans le domaine économique. Ainsi, l'identité culturelle
définie les représentations sociales
développésprincipalement par les Gbaya et les Foulbé
autour du multipartisme. C'est ce qui explique le remodelage des instruments de
quête hégémonique locale autour des partis politiques.
Le rapport des militants du RDPC dans le Mbéré
s'est singularisé d'une gamme très large d'adhésions
identitaires multiples dont l'activation est liée à la fois
à la configuration propre des enjeux sociaux du moment, à
l'efficacité comparée des différentes formes d'action et
de mobilisation sociales disponibles et aux options des porteurs des discours
incarnés par les gbayas, ethnie majoritaire81(*).
Pour marquer et réveiller la conscience historique du
peuple gbaya, le RDPC est présenté comme un parti de
libération.Cette ethnie est devenue à terme un
précarré de soutien au parti du RDPC (Rassemblement
démocratique du peuple camerounais) du Président Biya, et
participe à la survie de son régime depuis 1'avènement du
multipartisme. Celle-ci considère le parti comme une expression des
attitudes des groupes d'appartenance des individus, et à la classe
sociale à laquelle appartient les militants. L'on peut appuyer ce
propospar le militantisme ouvert de certains membres du MOINAM (Mouvement
d'investissement et d'assistance mutuelle), association des Gbaya du Cameroun,
qui a pour objectifs de favoriser l'entraide, la solidarité et
l'épargne des membres, ressusciter, entretenir et promouvoir leurs
cultures, sans distinction d'âge de sexe, de religion ou
d'idéologie ; mais qui s'est éloigné de ces objectifs
pour embrasser la politique, donnant des consignes de vote, en faveur du RDPC
en période électorale82(*). C'est ce qui justifie la popularité du RDPC
dans le Mbéré qui est le département d'origine des
communautés gbaya.
2- Identité culturelle de 1992
à 2002
Les deux conflits interethniques de 1991 et de 1992 à
Meiganga, ont amené beaucoup de Gbaya à se reconvertir dans le
RDPC, notammentles gbayas musulmans, qui militaient pour l'UNDP. En effet,
pendant le déroulement de ces conflits, la tactique des Foulbé
consistait à cibler et à détruire la maison des Gbaya
nantis. Curieusement, les premières maisons qui étaient
ciblées appartenaient aux Gbaya musulmans, militants de l'UNDP.
Ceux-là mêmes qui prétendaient être proches des
Foulbé83(*). Par
conséquent, ces Gbaya ont renoncé à l'islam, ils se sont
reconvertis dans le christianisme. Ils ont replié dans le RDPC, l'offre
politique dans lequel leurs confrères s'identifiaient84(*).
3- Cohabitation institutionnelle et
adhésion massive des foulbé au sein du RDPC de 2002 à nos
jours
La cohabitation institutionnelle et le partage du pouvoir
local entre les Gbaya et les Foulbé traduit également la
volonté des Gbaya de se conformer aux dispositions textuelles
édictées par le pouvoir central dans la mesure où les
Gbaya constituent l'ethnie dominante sur le plan numérique et
démographique. Il n'est pas sans intérêt de rappeler que le
contexte de démocratie le poids numérique représente une
ressource de conquête de pouvoir. Cet arrangement politique a
étérétabli beaucoup plus à la législature
2007. Cette période se caractérise par le repli
considérable des Foulbé dans le RDPC. L'arrangement politique ne
se limite pas seulement au niveau des fonctions législatives. Il
s'observe également au niveau des fonctions municipales. Au niveau de
l'exécutif municipal, nous constatons également qu'un arrangement
politique a été fait entre les Gbaya et lesPeul85(*). Dans la
réalité, nous constatons que sur les 4 communes du
Département du Mbéré, 3 sont gérées par les
Gbaya (Meiganga, Dir, Djohong) et celle des Ngaoui par les Mbororo.
L'arrangement politique ne se fait pas de manière arbitraire, il prend
en compte le poids démographique de chaque communauté.
C'estd'ailleurs pour cette raison que les Gbaya ont à leur actif 3
communes. La Commune de Ngaoui revient aux Mbororo parce qu'ils sont
numériquement plus importants que les autres communautés dans
ladite zone. Au niveau du conseil municipal, nous remarquons que le nombre de
conseillers municipaux est aussi proportionnel au poids numérique de
chaque communauté. Au niveau des organes de base, la répartition
des postes tient également compte du poids démographique de
chaque communauté.
La présidence des sections et des sous-sections revient
aux communautésnumériquement importantes. La présidence
de la section RDPC de Meiganga, Dir, et Djohong est dirigé par les
Gbaya. Alors que celle de Ngaoui revient aux Mbororo. Ainsi, au regard du poids
numérique et démographique de l'ethnie Gbaya, elle peut
constituer une liste composée exclusivement des Gbaya et remporter les
Électionslégislatives et municipales86(*). Comme ce fut le cas en 2002
où tous les députés du RDPC étaient Gbaya (Baoro
Théophile, YayaDoumba Marius et Ousmanou Pitang.) La volonté des
Gbaya de copartager le pouvoir localest plus manifeste lors des
échéanceslégislatives 2007. Le député
Ousmanou Pitang a étésanctionné moins par
l'électorat peul que par l'électorat gbaya au profit de Hallia
Mufta d'origine ethnique Foulbé. Le repli massif des foulbés du
Département du Mbéré dans le RDPC a fortement
été influencé par le soutien qu'accorde l'UNDP au RDPC
lors des précédentes présidentielles.
B- Principaux partis politiques dans les
espaces d'administration régulière du Département du
Mbéré de 1985 à 2018
Dans le Département du Mbéré, plusieurs
groupes ethniques enveloppés de deux tendances
islamo-chrétiennes'affrontaient par le biais des partis politiques
différents, en occurrence l'UNDP pour les Foulbé et le RDPC pour
les Gbaya. Toutefois, avec la fragilisation de l'opposition qui se conjugue
à la routinisation du multipartisme, il y aura des mutations au niveau
des représentations sociales et des stratégies mises en oeuvre
pour capitaliser le multipartisme.
1- RDPC
LeRDPC a un fort ancrage dans le Département du
Mbéré. L'un des facteurs d'affection de la population
vis-à-vis de la politique est dû à la perception d'une
connexion des partis politiques des réalités sociales87(*). En effet, le RDPC a
tissé des liens étroits avec des segments de la population qui
constituent ses groupes cibles de premier choix. Cela peut se traduire par le
fait que les intérêts et les besoins de ces groupes sont ceux qui
sont prioritairement défendus par le parti. Cela peut aussi signifier
qu'il existe une collaboration réelle et effective entre ce parti et ces
groupes sur des questions aussi bien politiques que sociales88(*).Le RDPC est bien ancré
dans le Département du Mbéré dans la mesure où il
dispose de partenaires véritables dans les organisations ou
regroupements dans lesquelles se retrouve son électorat de choix ; il
regroupe en son sein des représentant/es des différentes couches
de la société ; aussi il dispose des relais effectifs au sein de
cette population et une capacité de mobilisation forte et effective
grâce à ces populations cibles qui constituent son
électorat ou sa « clientèle »89(*).
Ce département estdevenu un domaine territorial
d'influence du RDPC. C'est une partie du territoire acquise au parti car il a
une emprise lui permettant de gagner des victoires électorales90(*). Il a été
l'apanage des non musulmans au lendemain de la démocratisation avec en
son sein des représentant/es des diverses couches de la
population,augmentant son potentiel de mobilisation des différents
segments de l'électorat. Mais aujourd'hui il a conquis la
totalité du département du Mbéré surtout
marqué par le repli en son sein des foulbé et aussi
couronné par l'alliance entre le RDPC et L'UNDP. Par conséquent,
le parti du renouveau totalise 100% de siège au municipal et au
législatif dans le Mbéré.
2- UNDP
Dans la perspective de perpétuer leurs anciennes
positions de dominateurs, les Foulbé vont s'orienter naturellement vers
l'UNDP, considéré comme le parti des héritiers
d'Ahidjo91(*).L'assimilation délibérée de
l'UNDP àl'Islam est une stratégie développée par
les entrepreneurs politiques foulbé pour créer et entretenir la
confusion dans l'univers mental de la masse foulbé, qui est en mal de
perception des enjeux réels du multipartisme92(*). En effet, le militantisme et
surtout le vote des candidats investis par l'UNDP aux élections
(municipales, législatives et présidentielles)
étaientprésenté comme l'expression du loyalisme envers
la communauté foulbé et surtout l'Islam93(*). La cohabitation
institutionnelle intercommunautaire entre les Gbaya et les Foulbédans le
cadre des partis politiques est également la traduction de la
routinisation du multipartisme. En effet, le désir de cohabitation
s'observe après les années 1992, notamment auxlégislatives
de 1992. L'UNDP était sortie sans contesté vainqueur des urnes
dans les trois régions septentrionales du Cameroun en remportant tous
les neufs sièges de l'Adamaoua, les douze du Nord et une percée
de l'Extrême-nord avec douze députés sur les trente en
compétition. Pendant ce temps, le RDPC et le MDR se contentaient de
douze et six sièges respectivement gagnés à
l'Extrême-Nord comme l'illustrent ces tableaux synoptiques94(*). Pour ce qui est du
Département du Mbéré, nous constatons que sur les trois
députés issus de l'UNDP, deux étaient Gbaya (Moussa Nganda
et Abbo Théodore). Même si l'unanimité n'est pas totale,
nous constatons que les Foulbé ont manifesté la volonté de
cohabiter et surtout de partager le pouvoir avec le peuple gbaya. Cette
volonté de copartage des fonctions législatives était en
phase avec la politique de l'UNDP àl'époque à savoir :
promouvoir les autochtones dans chaque région comme tête de liste.
Un arrangement politique non tacite a été fait entre les Gbaya et
les Foulbé pour que deux députés soient Gbaya et un
Foulbé. Cet arrangement politique a été pertinent depuis
la restauration du multipartisme mais rompu à la législature
2002, caractérisée par l'enlisement de l'opposition en
général et de L'UNDP en particulier.
C- Influences
politiques dans les localités victimes de l'administration à
distance de 1992 à 2018
Nombre
de facteurs influence d'une manière ou d'une autre le paysage politique
des localités isolées dans le Département du
Mbéré.
1- Marquage chefferial
L'usage politique des chefs traditionnels permet
également aux entrepreneurs politiques locaux d'assurer la victoire
électorale locale du parti au pouvoir. Les chefs traditionnels de par
leur statut constituent des causes acquises au RDPC. En tant qu'ils incarnent
le sacré, ils influencent d'une manière ou d'une autre le
comportement électoral de leurs sujets. Ceux-ci constituent les forces
sociales de proximité et de liaison sociale95(*). Incarnant les valeurs
traditionnelles et garant de la vie communautaire/villageoise, les chefs
traditionnels seront progressivement amenés à embrasser le RDPC,
et par le même fait serviront de courroie de transmission de
l'idéologie du partiauprès des populations locales.
Dans le Département du Mbéré, nous
constatons que tous les lamibés du premier, deuxième et
troisièmedegré respectivement à Meiganga, Kalaldi, Dir,
Djohong, Lokoti, et Bagodo sont les adeptes du RDPC96(*). De plus, les informations et
la formation politique sont généralement moins accessibles
à cette population. Ainsi, les populations des villages
administrativement isolées épousent fatalement le militantisme
politique des cantons, à qui elles ont prêté
allégeance.
2- Influence des centres
administratifs
Les centres administratifs constituent le « centre »
dont dépend la « périphérie », constituée
des territoires ruraux. Ils rythment la vie politique surtout en contexte
électoral de l'ensemble des territoires qui leur sont
rattachés97(*). Ces
centressont par essence cosmopolites accueillent des populations venant des
coins et recoins de leur territoires. Tout évènement d'importance
qui se produit dans ces centres connait plus ou moins, à travers les
populations diverses qui y vivent, des répercussions dans l'ensemble de
l'arrière-territoire.Autant ces centres sont stratégiques, autant
ils assurent un ancrage dans les grands bassins des populations des zones
ruralesisolées98(*), surtout pour le RDPC qui ne défendent
forcement pasles intérêts de ces populations. De ce fait, ces
zones rurales « oubliées » constituent donc le fief
du RDPC dans la mesure où ce parti a conquis le reste du territoire
même les tutelles administratives de ces zones isolées.
De la même manière que les élites
urbaines, les partis politiques sont contraints de faire état de leurs
réalisations à côté de celles de leurs leaders pour
s'attirer une clientèle politique. C'est ainsi que par les
enquêtes de terrain, on a pu recouper grâce aux professions de foi
du parti en présence les actes posés ou les promesses de
réalisation. Les professions de foi permettent de comprendre l'enjeu de
la redistribution au village.À titre individuel, les élites
urbaines du RDPC ont réalisénombre d'investissements. Dans cet
ordre d'idées, le RDPC a offert des lits en plus des latrines au Centre
de Santé de Gandinang grâce aux fonds des microprojets
parlementaires de ses députés. Ce bloc est peint aux couleurs
bleues-blanches de ce parti. Des dons de tables-bancs ont également
été faits aussi bienaux diverses écoles primaires par les
militants les plus nantis de ce parti depuis que le RDPC a remporté les
législatives dans le Mbéré en 2002.
3- Ancrage institutionnel
Il est important pour un parti politique ayant l'ambition de
prendre le pouvoir de connaître le rôle et le fonctionnement des
institutions ; d'avoir des soutiens au sein des institutions qui constituent
les piliers clés du pouvoir politique central et des informations sur la
situation réelle du pays ainsi que les principaux dossiers ; de
connaître les rouages de l'appareil de l'Étatet des acteurs en son
sein et d'intégrer ses membres au sein de certains organismes
étatiques aux enjeux politiques indubitables (organe en charge des
élections par exemple) ; d'encourager au sein des institutions
universitaires des travaux de recherche qui analysent et diffusent les
idées défendues par le parti99(*). Source
La politique évoquée ci-dessus est mêmela
stratégie utiliséepar le RDPC dans le Département,
à travers laquelle ce parti politique marque son omniprésence via
l'administration dans les villages enclavés.À cet effet,le
président de la République a reconnu lors du congrès
extraordinaire du parti en juillet 2006 que le parti se confond souvent avec
l'État. Il affirma que « la distinction entre l'administration, et
le parti n'est pas évidente pour tous»100(*). La réalité
des zones sinistrées du Département du Mbéré
confirme cette théorie. Comme pour le Parti communiste chinois (PCC),
chaque poste de responsabilité dans le secteur public ou parapublic
(directeur d'entreprise, des grandes écoles publiques, recteur et doyen
d'Université, juges, maires de grande ville, patron de police,
d'audiovisuel, et de l'armée, administrateurs etc.) au Cameroun est
doublé d'un poste politique du parti101(*). Ainsi, lors des élections ou autres
évènements du parti, on compte beaucoup de véhicules
administratifs, dans ces zones ruralesisolées pour la cause du RDPC.
Comme à l'ère du Parti unique, c'est tout
l'appareil de l'État personnalisé qui fait le parti. D'où
le parti-État. La majorité incarnée par le RDPC au
Cameroun est devenue l'instrument par lequel le président de la
République, chef de l'État, assoit son hégémonie au
sein des institutions de l'État. Cela était vrai sous le
règne du parti unique qui se confondait pratiquement avec l'État
et dont le chef de l'État était le maître
incontesté. Cela l'est également en cette période de
balbutiements du « multipartisme administratif » au
Cameroun102(*).
Pour le dire autrement, l'administration publique camerounaise
est partiale, et apparaît comme l'une des plus importantes limites au
rééquilibrage des rapports institutionnels entre l'opposition et
la majorité au pouvoir.
Par ailleurs l'administration inféodée au RDPC
prépare et conduit les opérations quel que soit le type
d'élection considérée, dans le sens où les membres
de l'administration malgré leur descente rarissime dans ces zones
isolées « représentent » le parti au pouvoir.
L'administration publique constitue ainsi, au sens de Roger Gabriel Nlep,
Le premier parti politique du pays » tant au plan
qualitatif que quantitatif. RDPC et administration semblent ainsi se confondre
dans la poursuite d'un but avéré : le maintien, voire le
renforcement de l'hégémonie de la majorité
constituée autour de l'ex-parti unique devenu aujourd'hui parti
dominant. Les moyens humains, matériels et financiers de l'État,
qu'il s'agisse de l'administration publique ou encore des entreprises publiques
et parapubliques, sont systématiquement mis à contribution au
cours des campagnes électorales du parti au pouvoir d'où le
recours aux notions de «parti-État», « parti
administratif » ou encore de « multipartisme administratif
»103(*).
En d'autres termes, l'administration publique emploie ses
moyens logistiques pour défendre à priori l'intérêt
du parti au pouvoir que celui de l'État.
Ainsi, cette dernière partie montre que des villages
isolés sont rattachés à leurs communautés
culturelles ayant en partage certaines valeurs ou intérêts voire
les mêmes convictions politiques, afin de consolider le poids
électoral.
En un mot comme en mille, les découpages administratifs
dans le Département du Mbéré ont été
opéré avec beaucoup de subjectivité pour conforter non
seulement une nostalgie sociologique, mais aussi et surtout d'assoir l'ancrage
politique du régime en place.En effet, des ethnies qui à un
moment de leur existence, vivaient ensemble, se sont
sédentarisées de manière dispersée le long de la
route sous la pression de l'administration coloniale afin de faciliter la
collecte d'impôts. De ce fait, la répartition territorialea
concilié ces ethnies, qui quel quesoit leur distance ou encore leurs
emplacements, dans une même communauté d'intérêt.Bien plus,le découpage des divisions
territoriales de ce départementest une stratégie politique qui a
permis au régime en place de jouir d'une solide représentation
locale.Il s'agit là d'une « politisation » du découpage
des circonscriptions administratives ou d'un découpage administratif
intéressé. C'est dire que la configuration de ces unités
administratives a profondément déséquilibré l'UNDP
qui avait un fort ancrage dans le Département du Mbéré.En
effet, suite au conflit ethnique(Gbaya/foulbé)de Meiganga, il s'est
créé un véritable repli identitaire autour des partis
politiques. Les gbayas(ethnie majoritaire)militants de l'UNDP et d'autres
groupes non musulmans ont déserté ce parti
considéré comme propre aux Foulbé. Ainsi,l'État a
divisé ces circonscriptions dans l'optique de réunir une
population éparpillée géographiquement en vue de faire de
ce groupe une majorité dans chacune des circonscriptions.Cependant,cette
construction politico-historiqueentraveénormément le
déploiement de l'administration ainsi que l'accès des citoyens
aux services administratifs.
Chapitre II : Déficit d'encadrement des
localitésisolées dans les unités territoriales hôtes
depuis 1983
L'État n'a de sens, et sa construction politique n'est
durable que si son « utilité sociale » est
établie104(*).
Dans ce concert, le développement de services publics répondant
aux besoins et aspirations des populations est à la fois un
impératif et un sacerdoce pour la puissance publique105(*). La délivrance de
services publics doit être perçue comme une mission
régalienne de l'État qui seul, est en mesure de garantir
l'équité et la justice dans l'accès des populations au
bienêtre social. C'est donc à l'aune de sa capacité
à prendre en charge les besoins incompressibles des citoyens, à
travers le service public, que se mesurent la crédibilité et la
viabilité d'un État. De la même manière,
l'accès des populations aux services socio-économiques de base
est une exigence morale, un droit, et une nécessité pour les
populations qui aspirent naturellement à un développement
harmonieux. Il constitue une question vitale pour les sociétés
elles-mêmes, tant il est vrai que le « vivre ensemble » repose
largement sur les avantages qui y sont attachés pour toute la
communauté, et pour chaque citoyen. La satisfaction des besoins sociaux
participe naturellement de la cohésion et de la stabilité des
nations, de l'épanouissement individuel et de la
prospérité collective des sociétés humaines. Dans
ce sens, le service public est un élément fondamental de
régulation sociopolitique, surtout dans un contexte de grande
pauvreté.
Cependant, dans le Département du Mbéré
le rapport administration/administrés semble ignorer l'importance
capitale de la proximité entre l'État et le citoyen. Par
conséquent, le fonctionnement de l'administration dans ce grand ensemble
départemental s'accompagne des « grincements de dents » du
côté des administrés que des administrateurs.
I- Accès limité des administrés
isolés aux services administratifs
La digestion de cette partie passera par la convocation du
concept d'isolement, qui en géographie, s'entend donc comme la
description d'une situation dans laquelle un territoire et/ou une population
est séparée du reste de son environnement par un ensemble de
facteurs géographiques, économiques, politiques ou
sociaux106(*). Au regard
des critères définis, certaines zones des subdivisions du
Département du Mbéré apparaissent comme un territoire
isolé en raison de sa situation géographique, et de ses
caractéristiques politico-administratives.
Une partie des territoires ruraux cumule différents
handicaps qui se sont cristallisés au fil du temps. Il est possible de
parler à leur endroit de véritables territoires de
relégation107(*).
En effet, la plupart de sa population est isolée, que cet isolement soit
physique ou qu'il relève de blocages à la mobilité d'ordre
administratif108(*). Il
s'agit de mettre en évidence l'accès au service administratif.
Une approche transversale est en effet nécessaire au niveau local, les
espaces ruraux souffrent de l'attention limitée portée aux effets
sociaux des politiques d'investissements notables109(*). Il est significatif que les
données statistiques sur ces domaines, pourtant existantes, fassent
rarement l'objet d'une présentation selon la variable spatiale. Cette
attention insuffisante prêtée aux difficultés rurales, en
s'accumulant et en se combinant avec des crises affectant
l'épanouissement de ces espaces, finit par cristalliser des
problèmes graves sur des « territoires de relégation »
dans ces circonscriptions.
En effet, l'administration offre en général dans
sa mission régalienne à la population, un cadre
d'épanouissement qui se décline en deux : d'un côté,
les services accessibles à tout citoyen quel que soit son appartenance
administrative ; et de l'autre côté les services exclusivement
réservés aux citoyens sous l'autorité de l'administration
territorialement compétente. Ce dernier concerne les services comme
l'établissement des actes de naissances, l'autorisation de manifestation
publique, l'établissement du titre foncier etc. De ce fait, pour avoir
accès à ces services, il faut se référer à
l'administration territorialement compétente110(*). Ainsi, ce dernier aspect
entrave énormément la communion entre l'administration et son
sujetdans le Département du Mbéré.
A- Éloignement des
centres d'état civil
Les communes de Meiganga, Djohong et Ngaoui comptent des
milliers d'habitants. Selon un sondage récemment mené dans les
centres de santé, les chefferies et les Services départementaux
de l'éducation de base et secondaire, environ 25% des populations de ces
communes ne disposent pas d'acte de naissance111(*), ce qui constitue une situation préoccupante
pour les maires. Selon l'étude diagnostic par la suite menée, ce
déficit est dû à l'insuffisance de moyens financiers, des
techniques opérationnelles et à l'enclavement de nombre de
villages112(*).
1- Coût du déplacement des
populations des villages isolés vers les centres d'état civil
L'établissement d'actes de naissance au Cameroun est
régi par l'ordonnance 81/02 du 29 juin 1981. Cette ordonnance
précise que la mère, le père de l'enfant ou toute autre
personne ayant assisté à la naissance peut déclarer la
naissance de l'enfant, dans la mairie territorialement compétente. La
déclaration doit se faire dans les 30 jours suivant la naissance.
L'enregistrement des naissances obéit aux conditions suivantes :
l'existence d'un centre d'état civil ; la présence d'un officier
ou d'un agent d'état civil ; le bulletin de naissance établi par
un personnel de santé du centre hospitalier où est né
l'enfant113(*). De ce
fait, les populations victimes de l'isolement administratif sont contraintes de
parcourir une bonne dose de distance pour déclarer la naissance.
Rappelons que quoiqu'un acte de naissance soit gratuit pour un enfant de moins
de 3 mois, l'enclavement des villages occasionne des coûts de
déplacement pour les parents qui doivent se rendre dans un centre
d'état civil territorialement compétent pour
l'établissement de ces actes de naissance. D'autre part, pour les
enfants de 3 à 6 mois, les coûts s'élèvent à
environ 2500 francs voire au-delà, à travers la procédure
de jugement supplétif ; coûts de composition du dossier,
déplacements, certification des papiers auprès des
autorités, prise en charge des témoins aux audiences, etc.,
s'élèvent à au moins 30 000 francs CFA.
Seulement, selon Aboubakar Adamou chef de service de
l'état civil à la Commune de Ngaoui, les déclarations se
font après les délais et les actes s'établissent hors
délais. Car sur 100 actes de naissance établis par cette Commune,
plus de 85 le sont en marge des délais. « Il y a des parents qui
arrivent lorsque l'enfant a atteint l'âge de l'école. Or,
conformément à la loi, la mairie n'est plus compétente
pour ce type de déclaration »114(*), affirme Aboubakar Adamou. Il fait observer que ces
parents le font non seulement par ignorance mais aussi par le coût de la
distance par rapport au centre d'état civil, puisque, poursuit-il,
« lorsque nous leur demandons d'aller au tribunal pour obtenir un jugement
supplétif pour leur enfant, ils considèrent que nous les envoyons
en enfer, nous sommes obligés de les satisfaire et de les sensibiliser
pour les prochaines naissances »115(*). Le secrétaire d'état civil le fait,
pense-t-il, pour donner aux enfants relevant du territoire de la mairie de
Ngaoui la chance d'avoir un acte de naissance. Car l'enregistrement des enfants
à l'état civil leur permet de bénéficier d'un
certain nombre de droits. La possession d'un acte de naissance offre à
l'enfant la protection de la loi contre toutes formes d'abus et d'exploitation.
Ainsi, le fait qu'un acte d'état civil ne soit transcrit dans les
registres (non-enregistrement des naissances, des mariages et des
décès) pose de nombreux problèmes116(*). Les enfants
non-déclarés sont exclus du système institutionnel, ont un
accès limité à l'éducation puisqu'il est
nécessaire de posséder un acte de naissance pour s'inscrire
à l'école ou pour passer l'examen du premier niveau. La
possession d'un acte de naissance est aussi nécessaire pour officialiser
une union à la mairie, trouver un emploi, prouver sa nationalité,
son âge, faire valoir ses droits de succession, participer à la
vie politique et exercer ses droits de citoyens (voter, se présenter aux
élections)117(*).
Au niveau étatique, les enfants non déclarés et sans acte
de naissance n'ont pas une existence légale au regard de la loi. Ils ne
jouissent pas d'une protection juridique et sont vulnérables à
toutes formes d'injustice, d'abus et d'exploitation, trafic, exploitation
sexuelle, etc.118(*) Ne
pas déclarer un enfant à sa naissance ne permet pas aux
autorités de déterminer le nombre exact des habitants vivant sur
le territoire, et d'établir des politiques efficaces en matière
de développement économique, de planification familiale, de
politique sanitaire et éducative, d'urbanisation, etc.119(*)
Par ailleurs, des délais qu'on souhaite respecter
scrupuleusement, relève Aboubakar Adamou, que les parents, malgré
les efforts de certains centres de santés, ne se présentent pas
à temps pour la déclaration de naissance. Oumarou Bouba qui a
déclaré la naissance de son enfant quatre ans plus tard, accuse
les méthodes du découpage administratif qui refuse de prendre en
compte la proximité entre centres administratifs et
périphériques. Ce qui rend complexe la délivrance de
certains papiers. « Il m'a été demandé de parcourir
50 km pour faire établir l'acte de naissance de mon fils alors qu'il y a
un centre d'état civil à moins de 3 km de mon village
»120(*),
affirme-t-il.
Au bout de cette aventure, ces populations isolées se
heurtent inéluctablement aux difficultés de déclaration de
naissance.
2- Difficultés de
déclaration de naissance
La lenteur dans le processus d'enregistrement des naissances
entraîne parfois le découragement de certains parents, et facilite
également l'abandon. D'après la loi et les instructions relatives
à l'état civil camerounais, l'acte de naissance établi sur
le champ, après lecture faite et aussi signé par le
déclarant, lui est immédiatement remis121(*). En temps normal, lorsque
toutes les étapes du processus sont respectées et les
dysfonctionnements limités, le déclarant peut entrer en
possession de l'acte de naissance en 2 semaines122(*). Or, la pratique de terrain
montre que l'établissement de l'acte de naissance ne peut se faire sur
le champ. En général, le temps qui s'écoule entre
l'accouchement et l'obtention de l'acte de naissance est relativement long. Un
parent peut avoir à patienter entre 2 et 6 mois pour l'obtention de
l'acte de naissance123(*). Or, des attentes relativement longues sont
susceptibles de mener le déclarant de naissance à des
frustrations et au découragement, permettant ainsi l'accroissement des
enfants non déclarés. Les lourdeurs administratives, les
difficultés d'accès aux services administratifs sont parfois dues
à la mauvaise foi de certains agents qui pratiquent une rétention
des actes d'état civil pour les revendre aux parents ignorant les textes
sur la gratuité des actes et ceci dans le seul but d'enrichissement
personnel124(*). Vu de
la sorte, ces populations isolées ont donc du mal avec leur enclavement
à consacrer autant de temps à ces procédures
étourdissantes construites par certains agents dans un but purement
lucratif.
Par ailleurs, l'un des éléments entraînant
la lourdeur dans l'établissement des actes de naissances est le
problème lié à l'établissement des bulletins de
naissances dans les centres sanitaires, et à sa transmission dans les
centres d'état civil125(*). Or, généralement ce sont les parents
qui sont chargés d'acheminer les bulletins de naissances des centres
sanitaires aux services d'état civil. Compte tenu des problèmes
rencontrés par des parents au niveau de centres hospitaliers pour le
retrait des bulletins de naissances, il est difficile que cette
opération soit effectuée à temps, ce qui conduit le parent
soit à une déclaration tardive soit à un abandon. Si le
bulletin était transmis directement des centres sanitaires au service
d'état civil, cela réduirait les coûts et augmenterait le
nombre des enfants inscrits dans des centres d'état civil.
Certes voici présenter le désagrément
lié à l'établissement de l'acte de naissance.Qu'en est-il
de l'obtention d'autorisation de manifestation publique ?
B- Exigences de
l'obtention d'une autorisation de manifestation publique
En abordant les difficultés à accomplir des
démarches administratives, les problèmes rencontrés et
leurs issues, l'enquête « Accès aux services »
permet de caractériser de façon large les relations
qu'entretiennent les personnes des localités isolées avec les
services publics ou les administrations. Elle donne à voir le parcours
de l'usager dans sa démarche d'accès aux services. À
l'occasion d'une demande particulière, l'enquête a cherché
à mettre en exergue le degré d'aisance des personnes
sinistrées dans l'accomplissement de leurs démarches
administratives (isolement géographique) et si, en cas de besoin, ces
dernières ne sont susceptibles de bénéficier d'un soutien
dans leur entourage pour les accomplir : le plus évident est
d'emblée, l'autorisation de manifestation publique.
Le droit de manifester est un droit fondamental des pays
démocratiques, garanti par la constitution. À ce titre le
régime des manifestations au Cameroun demeure libéral. Les articles 10 et 11 de la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 prévoient que :« Nul
ne doit être inquiété pour ses opinions, même
religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public
établi par la Loi. »126(*), et donc « La libre communication des
pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de
l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement,
sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas
déterminés par la Loi »127(*). En effet, la manifestation est une réunion
organisée dans l'espace public dans le but d'exprimer une conviction
collective128(*). On
parle alors de manifestation à caractère revendicatif, sportif,
festif, qui n'exprime une opinion ou une revendication. Elle peut demeurer fixe
ou se déplacer en cortège. Cependant, l'ironie du sort exprime
les conditions défavorables des populations
« sinistrées » à accéder au centre
administratif compétent pour suivre les procédures
régulières afin de répondre à cet acte et devoir
citoyen.
1- Le poids fatidique de la composition du dossier
Au Cameroun, le régime des manifestations est
libéral ; néanmoins, la loi réglemente les manifestations
de façon à prévenir les troubles à l'ordre
public129(*). Dans cette
logique, toute manifestation est soumise à une déclaration
préalable. Les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux
sont dispensées de cette déclaration130(*). Sont visées
notamment les processions religieuses. Les manifestations « sportives,
récréatives ou culturelles » sont soumises à
déclaration préalable à la sous-préfecture de
l'arrondissement compétent selon divers critères : la
déclaration de manifestation doit être établie par 3
responsables de l'organisation de l'événement, domiciliés
dans la circonscription territorialement compétente, qui devront se
munir d'une pièce d'identité lors de la déclaration de la
manifestation131(*).
L'objectif de cette déclaration est de traiter les demandes
d'organisation de « manifestations publiques », au sens de
l'Ordonnance générale de police, telles que l'organisation de
fêtes de quartier/de village, kermesses, manifestations scolaires,
stages, manifestations sportives, bals publics....132(*) De ce fait, les populations
administrativement « sinistrées » sont donc
contraintes d'ignorer le centre administratif le plus proche, pour parcourir de
longue distance afin de déposer d'emblée la demande pour
d'éventuel traitement. À titre illustratif, vu la
proximité avec Djohong, un habitant de Yafounou s'est vu refuser la
délivrance d'une autorisation de manifestation publique par le
sous-préfet de Djohong pour la simple et unique raison que ce village
n'est pas de son ressort territorial133(*).
2- La durée du
traitement
Il doit permettre de vérifier de manière
détaillée si l'ensemble des autorités publiques
compétentes ont bien été consultées et si
l'ensemble des mesures organisationnelles, de sécurité et de
police administrative ont été planifiées. C'est ainsi donc
qu'il est impératif pour tout citoyen de procéder à des
déclarations et de demander des autorisations aux autorités
administratives qui peuvent varier en fonction des infrastructures
prévues (buvette, musique...), du nombre de personnes attendues et du
lieu. L'on doit déclarer la manifestation 3 jours au moins et 15 jours
au plus avant la date de la manifestationSource ?.
L'enquête met en évidence qu'une large
majorité de la population éprouve de difficultés à
accomplir ces démarches administratives courantes. Plus d'une personne
sur cinq déclare cependant des difficultés et cela recouvre un
public particulier.Ainsi, satisfaire ses besoins d'accessibilité est
devenu coûteux. Offrir un service de transport efficace et l'autonomie
inhérente est difficile, au point que l'absence de voiture peut
être ressentie et vécue comme un facteur d'isolement social. En
effet, la mobilité est un élément d'accessibilité
prépondérant et par conséquent d'intégration, et
ce, d'autant plus dans un contexte d'éloignement des équipements
et services. L'absence de mobilité est facteur d'exclusion ou de frein
à la participation à la vie en société.
C- Conditions difficiles
de l'établissement d'un titre foncier
Le titre foncier est un document qui garantit, sécurise
et protège le droit du propriétaire. Le détenteur du titre
foncier est considéré comme l'unique et le véritable
propriétaire du terrain concerné. Le titre foncier a en principe
un caractère définitif, irrévocable et inattaquable. Le
Cameroun, à l'instar de la plupart des pays qui ont adopté le
système Torrens, a opté pour le régime foncier de
l'immatriculation, qui se traduit par l'inscription des droits réels sur
un Livre foncier134(*).
L'inscription de ces droits réels sur le livre foncier, n'intervient
qu'à l'issue d'une procédure destinée à
révéler tous les droits réels attachés à un
espace. Lorsque, aucune opposition ne s'est manifestée lors de cette
procédure, le titre foncier obtenu devient inattaquable, intangible et
définitif135(*).Qui en est l'auteur ?. Est-ce un article, une
archive ?
Mais toujours est-il que les habitants des villages
isolés misent en exergue dans cette étude se trouvent
désaxer par la réalité distancielle et des caprices
procéduraux, qui les conduisent inéluctablement à
l'abandon de ces services administratifs.
1- Distanceentre les
villages isolés et leurs centres administratifs
Le requérant va tout d'abord retirer l'imprimé
de la demande d'immatriculation à la sous-préfecture ou au bureau
de service départemental des affaires foncières et domanial.
Cette demande d'immatriculation est signée en quatre exemplaires (04),
dont l'original timbré, doit porter les mentions suivantes :
Nom, Prénom, Filiation, Domicile, Profession,
Régime matrimonial et Description détaillée de l'immeuble
à immatriculer136(*).
2- Tournure dans le
traitement de la demande du titre foncier
Cette demande minutieusement remplie est déposée
au service de la sous-préfecture et on attendra par la suite un
délai de trois (03) jours pour réclamer le
récépissé. Dans un délai de huit (08) jours
l'autorité transmettra le dossier au service départemental des
affaires foncières137(*). Quinze (15) jours plus tard, le chef de service
départemental des affaires foncières fait publier un extrait de
la demande déposée au service du sous-préfet138(*). C'est alors que la date de
la descente de la commission consultative sur le terrain pour constater
l'effectivité de la mise en valeur du terrain est fixée.
Après le bornage effectué au cours de la descente sur le terrain,
le requérant va auprès du receveur départemental des
domaines pour payer les frais de bornage, contre quittance. Trente (30) jours
après ce payement, le délégué départemental
du MINDAF transmet le dossier complet au délégué
régional des affaires foncières qui l'inscrit dans le registre
régional de suivi des réquisitions d'immatriculation139(*). Il lui affecte un
numéro, examine sa régularité, vise le cas
échéant et établie un avis de clôture de bornage qui
est publié par le délégué régional dans le
bulletin régional des avis domaniaux et fonciers. Dès lors le
dossier est transmis au conservateur foncier du lieu de situation de la
parcelle concerné.
3- Délivrance de
l'attestation et déplacement
Enfin après trente jours (30) jours de la publication
de l'avis de clôture de bornage de ladite parcelle, et surtout en absence
de toute opposition ou tout litige sur le terrain, le conservateur foncier du
ressort territorial procède à l'immatriculation dans le livre
foncier et vous délivre une copie de titre foncier(duplicatum),
après le paiement de la redevance foncière auprès du
receveur, ainsi que les timbres y afférents. C'est après la
traversée de cette étape que vous allez attendre six (06) mois
pour entrer en possession de votre titre foncier140(*).
En milieu rural, cette problématique
d'accessibilité est renforcée par l'aspect géographique
qui fait l'apanage de ces zones « sinistrées »,
à savoir l'étendue des distances à parcourir pour
atteindre un centre d'intérêt. Par conséquent, effectuer
ces démarches administratives, peut prendre une éternité
entière pour des personnes sans véhicule personnel et donc
tributaires des transports en commun. L'autonomie de ces personnes est
profondément entravée si bien qu'elles ne peuvent vaquer à
leurs occupations comme elles le souhaiteraient. C'est pourquoi, elles
préfèrent s'abstenir de cette norme citoyenne.
II- Les conditions difficiles d'intervention des
administrateurs dans les territoires de commandement
éloignés
En Afrique, plus de cinquante ans après les
indépendances, le constat global qui s'impose est que la fourniture de
services publics a fatalement suivi la courbe de décrépitude de
l'État postcolonial141(*). Mal citée. Qui est l'auteur ? La date
de publication ?Avec une conception patrimoniale du pouvoir, la
perpétuation d'une administration coloniale, le manque de vision et de
projet commun, les mauvais choix de priorité dans les dépenses
publiques, le clientélisme, la corruption et le favoritisme
ethnico-clanique, ou encore la faible valorisation des compétences et
des ressources en tous genres ; la fourniture de services publics est
aujourd'hui caractérisée par des insuffisances chroniques et des
déséquilibres sociaux et territoriaux sans cesse
grandissants142(*). Or,
« si le défi majeur du développement est le
bien-être des populations, l'une des réponses à ce
défi consistera dans la capacité des pouvoirs publics à
offrir aux populations des services publics de base, en quantité et en
qualité satisfaisantes »143(*).
En interrogeant à la fois les orientations politiques,
les configurations institutionnelles ainsi que les pratiques des institutions
et des Hommes au niveau de ce Département, la gouvernance est un concept
opératoire. Elle est une pratique concrète qui ne peut se
satisfaire simplement de considérations globales. Elle ne vaut que par
ses applications concrètes. Ainsi, elle a été
appréhendée sur la base de recueil d'expériences des
acteurs, d'analyses croisées, de mise en débat, et
d'élaboration de propositions.
Un État légitime, c'est un projet de
société qui offre de bonnes conditions de vie aux
citoyens144(*). Or, le
niveau de satisfaction des besoins économiques, sociaux et culturels est
étroitement lié à la qualité des services auxquels
l'ensemble de la population peut effectivement accéder, sans exclusive.
Sous ce rapport, la délivrance de services publics est une quête
permanente en réponse à la crise multiforme que vit l'Afrique.
Naturellement, les populations africaines en générale et celles
du Département du Mbéré en particulier aspirent à
une meilleure existence. Elles réclament des services publics, une
administration qui fonctionne, et des dirigeants exemplaires. BrefÉvitez
ce genre de terme dans ce travail, elles ont besoin d'une administration
véritable. Pourtant, malgré diverses initiatives à toutes
les échelles, et de tous les acteurs, la pauvreté en Afrique
subsaharienne, est devenue endémique et continue de saper la
légitimité de l'État. Paradoxalement, l'engagement par
tous et partout est sans précédent, pour assurer une vie
décente à chaque être humain. C'est que dans le fond, les
modes de régulation de la délivrance de services publics sont
inadaptés.
A- Insuffisance du contenu
de l'enveloppe budgétaire des communes
Au Cameroun les règles régissant
l'administration publique sont consacrées par la Constitution en tant
que loi fondamentale de l'État, et définissent la
République du Cameroun comme « un État unitaire
décentralisé »145(*).La décentralisation suppose l'autonomie
administrative et financière, et par là le transfert non
seulement de compétences, mais aussi de moyens dans la vue de permettre
aux administrations locales de pouvoir subvenir au développement local
et à l'amélioration des conditions de vie des populations. La
décentralisation donne donc naissance aux collectivités locales
ou collectivités territoriales décentralisées qui ont la
lourde tâche de réaliser le développement
économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif de
la collectivité territoriale146(*).Pour mieux fonctionner, ces collectivités
locales ont besoin des ressources pour pouvoir financer le développement
sus visé. L'autonomie proclamée leur donne le droit d'avoir un
budget. Celui-ci regroupe l'ensemble des ressources et des charges de la
collectivité en question, équilibré en recettes et en
dépenses pour un exercice donné.
Cependant dans le cadre de l'autonomie financière, les
collectivités territoriales décentralisées du
Département du Mbéré ont un budget ne leur permettant pas
de pouvoir subvenir à leur besoin de développement et d'assurer
leurs prégnances dans les territoires administrativement
enclavés. Ce budget comme celui de l'État est
équilibré en recettes et en dépenses147(*). La gestion des ressources
pour ce qui concerne cette étude ne nécessite pas des moyens pour
les rendre optimales pour une plus grande rentabilité dans le
financement du budget. En effet, la structure de la fiscalité locale se
caractérise par la dualité : impôts d'État
affectés et impôts locaux148(*). L'économie de l'ensemble de ces communes est
principalement agricole mais surtout informelle, d'où un système
fiscal peu performant ; les industries sont rares et les autres
activités (le tourisme, l'artisanat, les services, etc.) ne sont pas
développées. Cette structure implique que l'État
détienne seul le pouvoir de légiférer en matière
fiscale. La fiscalité locale est caractérisée par sa
faible productivité, les impôts d'État
transférés constituant l'essentiel des ressources fiscales
locales. Le produit de la TVA connaît un rythme de progression plus
rapide que celui de la croissance du rendement de la fiscalité
locale149(*). Ce
déficit de performances provient d'une insuffisante optimisation du
potentiel fiscal géré directement par l'État. Les
ressources nécessaires à l'exercice par les collectivités
territoriales de leurs compétences, leur sont dévolues soit par
transfert de fiscalité, soit par dotations, soit par les deux à
la fois150(*). Mais de
façon générale, ces communes comme toute CTD, a pour
mission de promouvoir le développement économique, social,
sanitaire, éducatif, culturel et sportif de ces collectivités.
À ce titre, son champ de compétence est relativement vaste,
enchevêtré et couvre des domaines variés tels que :
l'équipement et les infrastructures d'intérêt
communautaire, l'approvisionnement en eau potable, le transport, les places et
édifices publics, l'hygiène et la salubrité au sein de la
commune151(*).
Il convient de noter que les budgets alloués aux CTD du
Département du Mbéré fixées par la loi ne leur
permettent pas d'intervenir de façon significative dans le
développement économique, car les missions sus
évoquées ne présentent qu'un impact indirect sur le
développement économique. Aussi le plan stratégique de
développement de ces communes ne présente pas les conditions
nécessaires pour améliorer la compétitivité en vue
de relancer la dynamique des activités formelles. Car l'on note aussi
la prégnance du problème de civisme fiscal. On entend par civisme
fiscal l'accomplissement volontaire de ses obligations fiscales
(déclaratives et de paiement) par le contribuable. Il est reconnu que
l'administration exerce, par son comportement, son accessibilité, sa
performance, un effet déterminant sur le civisme fiscal. Or,
rigidité et manque de communication sont souvent reprochés
à l'administration fiscale. Le sentiment d'injustice, la
complexité et le manque de lisibilité du système fiscal
sont les raisons de l'incivisme les plus fréquemment
évoquées. Il est difficile pour un contribuable de payer
spontanément et à temps ses impôts et taxes sans que
n'intervienne les agents de la commune. Ainsi, l'incivisme fiscal des
contribuables affecte le rendement des impôts, droit et taxes, et
même la logique de la budgétisation par programme ou de la
gouvernance des collectivités locales152(*). Car les ressources prévues ne seront
recouvrées à temps pour financer les programmes définis
selon un chronogramme bien précis. Le fait est que dans la
procédure, lorsque le contribuable ne paye pas à temps ou ne paye
pas du tout, certains agents sont laxistes quant à la procédure
contentieuse, et du coup certaines recettes sont abandonnées entre les
mains des contribuables.
La division territoriale du Département du
Mbéré représente un obstacle dans le sens où les
communes n'ont pas une meilleure connaissance de la plupart de leur population.
Cela complique d'une part une aide sociale plus rapide (les situations
difficiles ne peuvent rapidement être rapportées aux
intéressés et la procédure d'aide ainsi
enclenchée), et d'autre part une certaine liberté dans la marge
de manoeuvre de l'application de la loi dans la mesure où les
allocataires entrent dans un canevas strict, et donc l'aide ne peut être
adaptée de manière singulière. Cela ne permet pas une
identification aisée, une prise de contact rapide et la mise en place
d'un partenariat plus efficace.Il est important que chaque commune connaisse la
composition et les besoins de sa population afin de pouvoir y répondre
de la manière la plus adéquate.
En bref, cette partie a mis en exergue l'inefficacité
de la politique de financement de collectivités territoriales
décentralisées, car elle s'appuie sur des ressources fiscales
difficilement recouvrables dans certaines communes du fait de leur faible
niveau économique et sur la faible rentabilité des ressources
propres locales.
B- Exigences
budgétaires de l'administration des contrées
enclavées
Les moyens financiers sont très importants pour
garantir la structuration du pays puisqu'ils permettent aux divisions
territoriales de manifester l'omniprésence du pouvoir central.
D'ailleurs, c'est grâce à cela, qu'incombe à
l'administration le rôle délicat de la mise en place et du
fonctionnement des mécanismes de participation de la population à
la vie de l'État ainsi que dans la communication entre gouvernants et
gouvernés153(*).
Il convient même de souligner le rôle décisif du budget sans
lequel les attributions des chefs des circonscriptions administratives, ne
seront que des slogans creux. À ce titre, celui-ci garanti les
conditions nécessaires au chef de circonscription administrative, qui
sert d'intermédiaire entre le pouvoir central et les administrés,
plus particulièrement les élus.
Cependant, les budgets standards alloués au
fonctionnement des unités administratives laissent matière
à réflexion dans le Département du Mbéré. En
effet dans ce département aux divisions territoriales dont les zones
d'influences s'entremêlent exige une forte dotation budgétaire aux
différentes administrations locales pour assurer convenablement la
couverture des ressorts territoriaux respectifs. Or dans le contexte actuel
où le fonctionnement du Département du Mbéré est
considéré comme celui d'une administration aux contours normaux,
ne peut permettre de suivre permanemment la gestion des localités
victimes d'un mauvais découpage territorial. Par conséquent,
l'administration devient inefficace dû à l'insuffisance des
moyens ; qui bafoue son rôle de principal agent d'information du
gouvernement qu'il tient au courant de tout ce qui se passe dans sa
circonscription, spécialement les mouvements d'opinion154(*).Cette
référence n'est pas bien citée
Dans le même ordre d'idées, les administrateurs
ont des difficultés à communiquer aux différentes
autorités locales (en particulier les chefs traditionnels des zones
administrativement isolées) des intentions du gouvernement. Aussi les
autorités de l'administration hôte par défaut de moyen
conséquent, n'interviennent pas de façon décisive dans
l'encadrement politique et administratif des citoyens isolés ; à
travers le rôle régalien de maintien de l'ordre public, de
protéger les populations, de répondre à leurs besoins
matériels et culturels, de les faire participer au développement
du pays en leur fournissant une aide technique adaptée. C'est au regard
de ce désagrément que l'État concours plus ou moins
à l'exclusion de ces camerounais de leur commandement territorial.
C- Lourdes dépenses
pour la couverture sécuritaire des espaces de vie humaine
extra-communaux
Les services de maintien de l'ordre ont pour mission
générale de favoriser ou de renforcer le « bien vivre
ensemble »155(*).
Or, la politique de prévention locale intégrale n'oeuvre pas de
façon systématique, cohérente et durable à
augmenter la sécurité, la qualité de vie et le
bien-être au niveau local, et ne prend également pas compte des
besoins ou des nécessités des villages éloignés.
Les forces de maintien de l'ordre visent uniquement les incidents visibles, et
certainement pas des problèmes des contrées
éloignées, à savoir les multiples causalités et
expressions de la criminalité et de l'insécurité. On parle
de Prévention partielle, car elle ne vise pas tous les aspects sociaux
complexes en relation causale avec la criminalité. Cela résulte
d'une insuffisance de moyens afin de mettre en place des partenariats
constructifs avec tous les acteurs de la chaîne de
sécurité.
Cependant, l'implémentation d'une politique raisonnable
pour mieux assurer la couverture sécuritaire exige une forte
investigation budgétaire afin de combiner l'expertise des
différentes forces de sécurité. Les communes doivent
répondre présents en prêtant main forte aux forces de
police et de gendarmerie afin de donner satisfaction aux préoccupations
des citoyens. Pour s'y prendre véritablement, une approche
orientée vers les problèmes d'insécurité ou
d'incivilité, implique de ne pas réagir uniquement aux incidents
et aux symptômes d'en face mais surtout tenter de déterminer les
origines de ces problèmes, les aborder dans des villages isolés
afin de les prévenir, les résoudre ou en contrôler les
conséquences, à court, moyen et long terme.
Bien que la description mentionnée ci-dessus comprend
tous les éléments d'une approche orientée vers la
résolution de problèmes, il est cependant indiqué de
l'étudier plus en profondeur parce que dans la pratique, il
s'avère qu'une approche axée sur le concours de la police, de la
gendarmerie et d'une force municipale constitué des agents locaux qui
maitrisent mieux ce découpage au contours flou, n'est pas garantie. De
ce fait, la réalisation de cette investigation demande
énormément de moyens financiers que matériels, car chaque
organe a un rôle bien spécifique mais complémentaire.
1- Policeet
périmètre d'action réduit
La garantie des droits de l'homme et du citoyen
nécessite une force publique. Cette force publique est
représentée d'une part par la police156(*). De ce fait, ce cadre
d'emploi de la fonction publique territoriale, sont constamment présents
sur le terrain afin d'assurer leur mission tant d'ordre administratif que
judiciaire, autrement dit d'ordre préventif et
répressif157(*).
En ce qui concerne cette étude, l'accent est mis sur
l'inaccessibilité de la police dans des campagnes administrativement
« isolées » du Département du Mbéré. Il
s'agit dans ces territoires d'une police de « seconde
ligne » par excellence. Cette police, présente au coeur des
collectivités locales a toujours été au service des
citoyens depuis toujours, mais encore moins dans ces zones
enchevêtrées, elle ne peut se soucier de remplir une fonction de
première ligne. Le déficit de proximité entrave des
multiples tâches quotidiennes qu'elle assumerait au profit de la
collectivité.
En effet, les commissariats de police se situent dans les
villes de plus de 5 000 habitants et leur compétence s'exerce sur
l'agglomération et la banlieue158(*). Alors la configuration de ces divisions
territoriales qui ignore la question de proximité entre les centres
administratifs et leurs zones d'influences, réduit
considérablement le périmètre de compétence de la
police. Par conséquent, cela limite l'action de la police investie d'une
mission préventive et de maintien de l'ordre c'est-à-dire de
surveillance et de contrôle. Mission qu'elle est spécialement
à même de remplir grâce à sa présence quasi
constante sur le territoire placé sous sa compétence.
Malheureusement, ces villages sinistrés sont de ce fait privés
par la présence policière ; ce qui les rendre encore plus
vulnérable.Sources ?
2- Gendarmerieet
difficulté de déploiement
La Gendarmerie Nationale exécute les missions de police
administrative et de police judiciaire, dans les conditions fixées par
les textes en vigueur. Ses missions particulières portent sur : la
défense nationale, le maintien de la Sûreté
intérieure de l'État et les missions de police militaire et de
police judiciaire159(*).
C'est dans ce sens que Monsieur Meloupou Jean-Pierre souligne que la
Gendarmerie camerounaise reste essentiellement une force de police judiciaire
et militaire160(*).
Le décret N° 60/280 du 31 Décembre 1960 qui
l'institut précise que la Gendarmerie nationale est une force militaire
chargée, sous la direction des autorités administratives et
judiciaires de veiller à la Sûreté publique, d'assurer le
maintien de l'ordre et l'exécution des lois. Il n'est pas vain de faire
intervenir à ce niveau la distinction faite par Meloupou, entre «
l'acte de défense Nationale » de celui « du maintien de
l'ordre public ». En effet, il précise que dans le concept de
défense nationale, on peut relever qu'il y a un patrimoine, au moins un
territoire et des valeurs collectives communs à défendre. C'est
ce patrimoine qui fait l'adhésion de l'ensemble de la
collectivité à l'effort de défense. C'est ici
qu'intervient la démarcation entre la défense nationale et le
maintien de l'ordre. L'ingérence étrangère directe ou
indirecte sépare la défense nationale des moyens policiers et
pénaux répressifs dans un pays pour faire régner l'ordre
et la paix sociale menacée de l'intérieur. Dans cette mesure, les
officiers de la Gendarmerie nationale sont donc appelés : «
officiers de police judiciaire militaire ».En effet, la Gendarmerie suit
le découpage administratif. Une brigade par arrondissement, une
compagnie par département et une légion par région. La
brigade territoriale est un élément clé dans
l'organisation de la gendarmerie. Elle fait le lien entre la population et les
élus en milieu rural. Le maillage des brigades territoriales montre que
leur activité se situe à 80 % en milieu rural.Attention au
plagiat. Indiquez les sources
Cependant, dans le Département du Mbéré
aux divisions territoriales irrégulières, il est bien entendu que
le véhicule de service sera utilisé pour le déplacement
pour optimiser le temps d'emploi,ce qui privilégiera le contact avec les
administrés. En effet, lorsque la sécurité est
menacée dans ces villages administrativement sinistrés,
l'unité de gendarmerie la plus proche ne peut intervenir de
manière décisive, mais ne peut que réagir de façon
préventive. Car la pleine intervention revient à l'unité
de gendarmerie de la division territoriale administrativement
compétente. De ce fait, le paramètre de distance laisse largement
de temps aux malfrats d'y opérer et prendre le large. Aussi, la plupart
des unités de gendarmerie de ces entités territoriales
(arrondissements), ne dispose chacune que d'un véhicule pour la
couverture de leurs territoires respectifs. Avec ces conditions, les
éléments de la gendarmerie ne peuvent impérativement
prendre connaissance, et ce de façon journalière, des
événements survenus sur leur territoire de commandement mais
surtout ils ne peuvent être au parfum de tout ce qui se passe dans leur
zone.Par ailleurs, le quadrillage de la zone par des patrouilles pourrait
suffire car la simple présence quotidienne permet aussi de dissuader
certains malfaiteurs. De plus,le temps de présence dans l'affectation,
la connaissance de la circonscription et de la population, le contact avec les
habitants sont des critères très importants pour le gendarme dans
son travail au quotidien161(*). Cela représente un gain de temps pour
limiter le temps d'intervention, une sécurité dans l'approche
d'un délinquant local et dans sa recherche du renseignement sur le
terrain. Il y'a une difficulté dans l'abordage de la circonscription, de
la population. Un gendarme doit nécessairement comprendre
l'environnement dans lequel il travaille (situation culturelle,
économique, sociale, historique, politique) afin d'interpréter au
plus juste le comportement des usagers162(*).C'est érronée Il doit s'adapter pour
intervenir de manière efficiente.
Sans contact avec la population, c'est-à-dire
sans disponibilité permanente et intérêt porté aux
habitants des territoires dont les gendarmes ont la responsabilité, la
réussite du métier de gendarme ne serait possible. Cette
proximité est le socle sur lequel tout se construit. La raison en est
simple. On protège mieux une population que l'on connaît. On sert
mieux une population qui nous connaît. C'est le sens même de son
engagement.
Cependant, la brigade de gendarmerie doit prendre en compte la
réalité du maillage administratif et social du territoire tout en
favorisant une relation de proximité avec les usagers163(*). Outil de l'instauration
d'une confiance entre le citoyen et la gendarmerie, il doit s'adapter à
la nécessité de concentrer les efforts sur les points de
vulnérabilité du territoire, pour répondre efficacement
aux enjeux de sécurité et aux légitimes attentes de la
population, sans renier un droit inaliénable à la
sécurité de zones de moindre pression.
3- Police
municipale
Selon la loi n°2004/018 du 22 juillet 2004 fixant les
règles applicables aux communes et qui, en son article 87,
concède aux mairies et aux délégués du gouvernement
la possibilité de création de la police municipale164(*). À travers ce texte,
« les magistrats municipaux sont autorisés à créer
par voie de délibération du conseil municipal, des polices
municipales au sein de leur collectivité ». Comme dans le
Département du Mbéré, la plupart des mairies et autres
communautés urbaines ont créé ces unités dans
l'optique plus globale d'assurer le bon ordre, la sûreté, la
tranquillité, la sécurité et la salubrité publique
dans la commune. L'alinéa 1 de l'article ci-dessus cité
précise que «la police municipale a pour objet, sous réserve
des dispositions de l'article 92, d'assurer le bon ordre, la
sûreté, la tranquillité, la sécurité et la
salubrité publiques »165(*).
La Police municipale veille à l'exécution des
mesures relevant du pouvoir de police du maire en matière de
sûreté, de salubrité et de tranquillité publiques.
En cas de crime ou de flagrant délit, le personnel de la Police
municipale est tenu d'appréhender l'auteur et de le conduire devant
l'officier de police judiciaire territorialement compétent. Sauf que la
réalité sur le terrain est tout autre, nous confie Oumarou
Issama, le Maire de la Commune de Djohong. À Djohong par exemple, et
dans bien de collectivités locales décentralisées dans le
Département du Mbéré, on observe l'absence criarde des
« policiers municipaux » dans le déploiement communal ;
absents dans l'orientation des commerçants dans les marchés ou
pour réguler le problème de divagation des bêtes
domestiques166(*). Ceci
provient du fait que non seulement d'un manque de moyen pour une couverture
efficace mais aussi et surtout de l'enchevêtrement des zones d'influences
entre plusieurs communes. Car il est inconcevable que le maire n'ait pas
autorité sur le village d'à côté, mais doit
malencontreusement traverser et parcourir nombre de kilomètres et
villages pour exercer son autorité167(*). L'un des points de l'alinéa 2 de l'article
87 précise que la police municipale doit « assurer les mesures
nécessaires contre les aliénés, dont l'État
pourrait compromettre la sécurité des personnes ».
Or cette investigation demande assez de moyens, mais reste
incontournable afin de prêter main forte aux forces de police et de
gendarmerie surtout grâce à leur maitrise de terrain. La police
municipale balbutie pour le moment et cherche toujours son point d'ancrage dans
l'appareil sécuritaire de ce département. Sa place y est
indéniable en raison des nombreux défis que les forces de
sécurité classiques ont à relever. Son implantation dans
ces périmètres ruraux peut permettre aux autres forces de police
et de gendarmerie de se consacrer davantage à la lutte contre les
nombreux fléaux que sont notamment : le grand banditisme, la
criminalité transfrontalière168(*). Cependant, l'État doit encourager non
seulement les différentes communes du Département du
Mbéré à implanter leurs polices mais encore à les
soutenir financièrement et matériellement. En matière de
sécurité chacun doit agir selon ses capacités. L'important
est d'y veiller et de prendre les mesures qui s'imposent.
III- Signes du malaise social
Depuis l'époque coloniale, plusieurs réformes
administratives ont été réalisées au Cameroun. En
effet, depuis le premier découpage administratif intervenu, plusieurs
décrets, lois et ordonnances sont intervenus pour en modifier
l'organisation. Toutes ces réformes ont principalement porté sur
le nombre des entités territoriales, sur leur statut juridique, et
très souvent, sur leurs appellations respectives mais, elles n'ont
presque jamais été motivées par le souci d'en modifier le
contenu et de faire des entités territoriales des vrais acteurs de
développement. De façon générale,
« l'objectif de ces réformes demeure confus, hésitant
entre amélioration technique de la production et de la
rentabilité administratives, et transformation radicale et globale de
l'organisation politique et sociale de l'État »169(*).
Le Département du Mbéré connaît une
sous-administration devenue chronique et pathologique. Celle-ci est la
conséquence de l'éloignement de l'administration par rapport aux
administrés ainsi que d'une mauvaise répartition
géographique. En effet, la décentralisation territoriale et
administrative demeure une éternelle discussion au Cameroun. Ce
débat se trouve exacerbé par l'immensité de son territoire
face à l'archaïsme de ses voies de communication entraînant
un enclavement qui ne saurait favoriser le développement durable.
D'ailleurs plusieurs échecs enregistrés sur le plan de la gestion
de l'État ont été souvent justifiés dans l'opinion,
par l'éloignement de l'administration par rapport aux
administrés170(*). Il convient de reconnaître qu'une
administration locale doit se traduire par une proximité
vis-à-vis de la population. Mais, dans le Département du
Mbéré la situation est loin d'être enviable car, en
dépit de plusieurs réformes administratives entreprises, cette
entité territoriale reste largement sous-administrée. La
structure administrative territoriale issue de la réforme de 1992 est
marquée par le souci de mettre sur pied une entité territoriale
décentralisée, efficace et dynamique.
On peut aussi regretter la timidité du gouvernement
camerounais à organiser une véritable décentralisation
octroyant aux collectivités locales une large autonomie organique et
financière. De la sorte, « la collectivité aurait pu
être dotée de véritables pouvoirs et des ressources
réelles pour participer d'une manière responsable au
développement »171(*). La sous-administration territoriale
« n'est pas seulement fonction de la maîtrise de la gestion de
l'espace (une bonne organisation territoriale), mais aussi de la gestion
rationnelle et dynamique de la Fonction publique »172(*), c'est-à-dire de
l'ensemble des personnes oeuvrant au sein des administrations publiques. C'est
ce qui a poussé Ibula à écrire que le niveau
d'efficacité de la Fonction publique sur le terrain conditionne les
chances de réussite et le bon aboutissement de toute réforme
administrative173(*).
Comme nous l'avons dit précédemment, une administration dite
locale doit se traduire par sa proximité vis-à-vis de la
population. Ainsi, en tenant compte de la superficie de ces entités
décentralisées, nous pouvons affirmer sans risque d'être
contredit que le Département du Mbéré souffre d'un
sous-développement administratif qui se manifeste entre autres par
l'éloignement de l'administration par rapport aux administrés. Et
cet éloignement produit des effets néfastes qui se seront
développés dans la suite de ce chapitre.
A- Abus d'autorité
des chefs locaux
La prégnance de l'autorité traditionnelle
survenue dans les territoires isolés du Département du
Mbéré peut s'expliquer par le fait qu'on enregistre un manque
d'attention de l'administration hôte qui laisse libre cours à une
forte imposition du pouvoir traditionnel. Et donc cela conduit parfois à
d'abus divers perpétrés par certains chefsdans la mesure
où ces derniers ont eux-mêmes développés, une "norme
pratique" en contradiction avec les normes officielles qui régissent le
fonctionnement d'un État de droit. Les prébendes, avantages de
fonctions excessifs, abus de biens sociaux, usages privatifs de fonds secrets,
pratiques corrompues, commissions indues et autres prélèvements
illicites.
1- Fixation des prix sur
les produits locaux
L'hostilité d'un chef de village peut rendre la vie
difficile, et ses administrés ne se permettent guère de
l'affronter directement. Les chefs traditionnels sont donc respectés de
tous. Leur influence est décisive dans l'organisation de leur
territoire174(*).
À cet effet, le chef entretient tout un réseau de
clientèle, dont il est très difficile d'évaluer les flux
économiques et monétaires qu'il engendre175(*). Ils ont souvent
d'importantes ressources propres, soit en raison de la constitution d'un
patrimoine foncier important (accumulé ou accaparé par la
chefferie au fil des années) soit parce que, en général
à travers leurs familles, ils sont impliqués dans le commerce,
à une échelle parfois importante176(*). De ce fait, avec l'absence
des pouvoirs publics, ces chefs se donnent tous les privilèges
possibles. Ces gardiens absolus des traditions s'occupent des questions
économiques et fixent avec précision au cours de ses
séances les prix de tous les produits locaux et du bétail.
Les chefs ont un pouvoir énorme sur les populations qui
leurs sont soumises. Il prévoit généralement des peines
tellement lourdes, pour le cas où des gens s'aviseraient à se
montrer récalcitrants, que finalement toutes ses décisions sont
respectées à la lettre. Le cas de Lamou illustre fort bien ces
propos où le chef demeure un véritable régulateur des prix
sur le marché177(*).
2- Spoliation des
terres
La terre fait depuis des décennies l'objet des
plusieurs discordes entre les différents membres de la communauté
du fait que ces terres sont régies par la coutume et usages locaux. Le
chef doit se « débrouiller » pour trouver les
ressources qui lui sont nécessaires, et celles?ci lui permettront
indissociablement et simultanément d'assurer les charges liées
à sa fonction, de maintenir ou d'accroître son prestige, et
d'augmenter son patrimoine personnel178(*). La vénalité des Chefs coutumiers, le
conduit assez souvent à des spoliations des terres paysannes au profit
des bourgeoisies nanties, lesquelles entretiennent des rapports de
complicité avec des autorités. De ce fait, se considérant
en tant que chef de terre, certainsArdo/Djaoro arrachent souvent des
terres aux propriétaires jouisseurs, et les vendent en contrepartie
d'une somme d'argent.
En effet,les populations des villages isolés dans le
Département du Mbéré, sont parfois indignées face
à une vaste campagne d'accaparement des terres dont ils sont victimes.
« Nous sommes sous la menace tous les jours des individus qui font
irruption sur nos terres en nous disant qu'ils sont des envoyés du
Djaoro. Les levées se font nuitamment sans aucune commission.
Nous sommes dépossédés de nos terres au profit des nantis
»179(*), s'indigne
Sodéa. De ce fait, des opérations de déguerpissement sont
menées par des individus qui disent être envoyés par le
Djaoro. Conséquence directe, nombre de personnes sont
dépossédées de leurs terres. « Nous sommes sans voix,
nous ne savons pas vers qui nous tourner. Et à chaque fois que nous
voulons nous plaindre, l'administration n'est toujours pas là et nul ne
peut se prévaloir d'être propriétaire, s'il n'a pas les
documents officiels délivrés par les autorités
compétentes »180(*). Il faut dire que dans la plupart des cas, les
victimes ont hérité ces terres de leurs parents, qui ne
possédaient en réalité, aucun document officiel. Mais pour
les populations, il s'agit d'une injustice sociale orchestrée par les
djaoros. Iya, un cultivateur, souligne :
Nous sommes dépassés par cette situation
déplorable. Nos maisons et nos champs sont arrachés et lorsque
nous essayons de tenir tête à ses envahisseurs, on est
réprimé. Il faut que le Gouvernement intervienne, sinon ça
va dégénérer car nous avons tous le droit de jouir de nos
biens en tant qu'honnêtes citoyens181(*).
Et donc cette spéculation foncière
perpétrée de manière récurrente, laisse
transparaître une guerre froide entre souverain et sujet.Cet état
de chose, qui est sans doute débordant, provoque le
mécontentement social.
B- Mécontentement
social
Fort malheureusement, dans le Département du
Mbéré, la sous-administration fait que l'État ne soit tout
simplement pas présente sur tout le territoire. Et cette situation a des
conséquences fâcheuses sur les relations avec les
administrés. Ces conséquences sont notamment l'éloignement
entre fonctionnaires et usagers, la non implication
des administrés à la gestion de leurs entités, la
méfiance et les relations souvent conflictuelles.
1- Éloignement
entre fonctionnaires et usagers
L'éloignement de la population par rapport à
l'administration est un handicap réel pour le développement et la
promotion du bien-être dans le milieu paysan. Du fait de la
centralisation de la gestion, les fonctionnaires sont affectés,
mutés ou permutés dans des territoires souvent autres que leur
région d'origine. Le fonctionnaire (instituteurs)
considéré comme « étranger » dans une
entité locale (surtout dans ces milieux ruraux sinistrés) recourt
généralement à la langue officielle182(*). Or, l'utilisation de la
langue française dans l'administration locale semble maintenir toujours
constante la distance entre l'administration et les usagers non instruits, ce
qui risque de compromettre la participation des citoyens de n'importe quel lieu
à la gestion des affaires qui les concernent le plus directement. Or,
Dans une administration participative et de proximité,
il faut que les administrés et les administrateurs soient, dans
l'ensemble, identiques par leur structure mentale. Ils doivent avoir les
mêmes intérêts et une tendance à réagir de la
même façon à leurs problèmes et à arriver aux
mêmes conclusions183(*).
C'est-à-dire qu'une société est mieux
dirigée par quelqu'un qui maitrise largement les réalités
de celle-ci. Pour cela, les qualités requises sont communion, symbiose
et conviction partagée entre gouvernants et gouvernés.
Par ailleurs, les quelques agents mis à la disposition
des territoires par le ministère de la fonction publique et de la
réforme administrative éprouvent d'énormes
difficultés pour servir leurs territoires eu égard à
l'immensité de la superficie de ces entités. Aussi assiste-t-on
à un vide administratif, l'État étant tout simplement
absent dans certains endroits. En effet, l'État à travers
l'administration publique, doit être présent et vivant en chaque
parcelle de l'étendue du territoire national en y assurant effectivement
l'exercice du pouvoir politique, et corollairement, en y établissant et
en y assurant ordre, liberté et sécurité, et
« en y créant ou en y favorisant les conditions indispensables
au développement, et donc à l'épanouissement tant
économique et social que culturel et politique, pour tous, nationaux et
étrangers »184(*).
2- Non implication des
administrés à la gestion de leurs entités
Les administrés doivent parcourir de longues distances
pour avoir accès à certains documents administratifs ou services
publics. Ainsi, par exemple pour enregistrer un mariage, un couple peut
parcourir plus de 70 Km jusqu'au chef-lieu du territoire, et quand on
connaît l'état des routes et autres pistes, on ne s'étonne
pas que certains administrés se limitent au mariage coutumier et ne
s'intéressent pas au mariage civil, en dépit de toutes les
garanties et protections juridiques qu'offre le mariage civil185(*).
3- Méfiance et
relations souvent conflictuelles
En outre, la sous-administration, mieux l'absence de
l'État, pousse les administrés à s'organiser par
eux-mêmes. En effet, le vide administratif est comblé par la
solidarité de type clanique, coutumier ou religieux186(*). C'est ce qui explique que
dans certains coins du département, la coutume fait office de loi. Dans
d'autres coins par contre, ce sont des « hommes de Dieu » qui
règnent en maîtres, appliquent le règlement de la religion
et posent même certains actes administratifs (comme la délivrance
de certains documents administratifs ...) en lieu et place des fonctionnaires
de l'État absents187(*). L'incapacité de l'État traditionnel
de fournir des services de qualité et en quantité suffisante
à tous les citoyens a pour conséquence une perte de
crédibilité et de légitimité auprès de ces
derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, ont recours à
d'autres acteurs du système social (ONG, associations
communautaires)188(*).
Cette incapacité se manifeste non seulement dans la
fourniture des services essentiels, mais aussi dans l'exercice de ses fonctions
régaliennes de puissance publique. Faute de moyens, l'État est
incapable de faire respecter les lois et les règlements qu'il
édicte et n'est pas en mesure d'assurer la protection des biens et des
personnes. Il est incapable de réguler l'action de certains groupes sur
le territoire qui se comportent comme de petits États dans
l'État.
C-
Insécurité dans des zones isolées
Si l'on devait chercher une convergence entre les
événements de natures bien différentes qui secouent
permanemment les zones isolées du Département du
Mbéré, la question de l'insécurité figure sans
doute en bonne place. En effet, le Maintien de l'ordre préventif encore
appelé « maintien de l'ordre en temps normal », il est
essentiellement basé sur la surveillance et le renseignement, qui
constituent en effet une mission permanente pour les forces de maintien de
l'ordre. Le maintien de l'ordre actif intervient en cas de troubles ou menaces
de trouble. Ici, la situation sans constituer une crise sérieuse, peut
dégénérer à tout moment et se
généraliser.Au cours du terrain effectué dans cette zone
d'étude, il nous a été possible d'observer un certain
nombre de phénomènes liés à
l'insécurité. Aussi, d'après les témoignages
recueillis auprès des autorités locales, se tissent un maillage
très complexe entre les routes, les pistes carrossables et les pistes
piétonnes ou pour motocyclettes à travers les broussailles, et
les lits des rivières saisonnières. Ainsi, la topographie de ces
régions apparaît globalement propice à des cachettes
à partir desquelles des attaques peuvent être
déclenchées,
1- Phénomène
de coupeur de route de 1983 à 2005
Plusieurs années durant, ces bourgades oubliées
ont sombré dans une profonde léthargie devenant ainsi le bastion
des coupeurs de routes. Au fil du temps, la situation ne s'est pas
considérablement améliorée et la population y est
abandonnée à son triste sort. Le nom de certains de ces villages
donne froid dans le dos. Le souvenir de ces espaces-là, témoigne
l'apogée de la « folie humaine »189(*). Des personnes
aveuglées par une idéologie matérialiste, tuent,
saccagent, terrorisent. D'autres gens innocents, emmurés dans leur
profonde peur, une mort gratuite et absurde leur était
réservée190(*).
L'insécurité y règne. Les semeurs de la
mort rôdent toujours dans ces zones hautement stratégiques.
L'insécurité atteint des propensions
intolérables191(*).En gros, voyager sur les routes des villages
isolés est devenu une entreprise périlleuse en raison de
l'insécurité rampante. Face à l'ampleur du mal, l'action
des pouvoirs publics est amorphe. En effet, des unités de gendarmerie
n'ont pas été créées dans ces zones
criminogènes ; aussi des patrouilles militaires permanentes n'ont
pas été instituées sur certains axes dangereux192(*). Par conséquent, il
existe dans ces localités une forme de criminalité rurale qui se
caractérise par le mode opératoire des malfaiteurs qui, pour
avoir les victimes à leur merci, entravent leur libre circulation en
érigeant sur leurs passages des barricades à l'aide de troncs
d'arbres ou de grosses pierres (d'où le terme couper la route)193(*). Ces assaillants
procèdent par une embuscade tendue aux usagers d'une voie de passage qui
peut être un axe routier moderne, une piste rurale, une piste pour
motocycle ou simplement pour piétons.
Les personnes qui tombent dans cette embuscade sont
dépouillées de leurs biens par les malfrats
généralement armés et/ou cagoulés qui
n'hésitent pas à exercer des violences de toutes sortes sur leurs
victimes194(*).Cette
forme de banditisme prend pour cible des commerçants en partance ou de
retour des marchés, surtout dans les centres administratifs,
étant entendu que le transport d'argent en numéraire est
fortement ancré dans les habitudes séculaires de ces
populations.
2- Phénomène
de prise d'otage de 2005 à 2018
Ce phénomène s'apparente à une
mini-guérilla où les coupeurs de route ne se sentaient plus en
sécurité. Mais plutôt que d'abdiquer, ils ont
abandonné les routes pour se replier dans les villages en changeant leur
mode opératoire. Désormais, ils enlèvent des personnes et
exigent pour leur libération de fortes sommes d'argent. Les victimes
enlevées sont choisies dans les familles des éleveurs dont la
taille du troupeau peut permettre de réunir facilement d'importantes
sommes d'argent195(*).
Le non-paiement de la rançon expose les otages au risque d'une
exécution sommaire. En effet, il devient hasardeux de prévoir le
lieu où l'heure à laquelle les malfaiteurs peuvent frapper alors
que naguère les routes constituaient leur unique théâtre
d'opérations196(*). S'agissant d'une criminalité qui
sévit essentiellement en zone rurale, elle relève de la
compétence naturelle de la gendarmerie qui, avec le temps et aussi avec
le poids d'un découpage compliqué, s'est
révélée incapable de faire, seule, face au
phénomène.
À tout prendre, l'offre de services et l'État
sont à toutes fins pratiques absents dans les localités
administrativement isolées du Département du Mbéré,
principal fléau qui assaille la grande majorité de ces
populations. Cette défaillancede l'administration se manifeste non
seulement dans la fourniture des services essentiels, mais aussi dans
l'exercice de ses fonctions régaliennes de puissance publique.L'incapacité de l'administration à
fournir des services de qualité et en quantité suffisante
à tous les citoyens a pour conséquence une perte de
crédibilité et de légitimité auprès de ces
derniers qui, pour satisfaire leurs besoins essentiels, se replient sur
eux-mêmes. Faute à un mauvais découpage territorial,
l'administration est incapable de faire respecter les lois et les
règlements qu'elle édicte et n'est pas en mesure d'assurer la
protection des biens et des personnes. Face à l'ampleur du mal,ces
populations administrativement désavantagées ne tardent pas
à manifester leur frustration à travers nombre revendications.
Chapitre III :
Doléances/revendications des populations isolées et les nouveaux
défis de l'administration camerounaise
La raison d'être de l'administration publique dans tous
les pays est d'assurer la gestion du service public et de veiller à
l'intérêt général. C'est dans cette perspective,
qu'il est impératif de mettre en place un plan d'ancrage territorial
cohérent, efficace, transparente et compétente, capable d'offrir
des services publics de qualité et d'appuyer l'épanouissement des
administrés. Cependant, la démarcation des unités
administratives dans le Département du Mbéré
présente des formes irrégulières, déconnectant
certaines localités de la chose administrative. Cette faillite est
particulièrement visible dans le domaine de cohésion
sociopolitique où l'offre de services du secteur public est fortement
déficiente. L'administration est incapable de faire respecter les lois
et les règlements qu'il édicte et n'est pas en mesure d'assurer
la protection des biens et des personnes. De ce fait, la colère des
habitants des localités isolées ne tardera pas à noircir
les pages des cahiers de doléances.
I- Conditions de vie des sinistrés de
l'administration civile
A- Dépouillement
permanent des populations sur le plan financier
La sous-administration territoriale fait que le plus souvent,
les agents de l'État ne viennent que quand il faut réprimer et
rançonner les populations197(*). Elle favorise de ce fait une administration
publique où prédominent les fonctions de répression et de
tracasserie. Par conséquent, il se crée entre les
administrés frustrés et la lointaine administration un climat de
méfiance et des relations « conflictuelles », car
celle-ci se comporte comme une administration de type colonial,
c'est-à-dire une administration de domination.
La sous-administration fait donc que l'administration est
perçue comme une organisation qui n'a que des droits (taxes et autres
redevances à percevoir, prélèvements sur la production,
...) mais aucune obligation vis-à-vis des administrés, qui ne
font que subir la loi du plus fort. Ainsi, les contrôles des agents de
l'État sont souvent mal vécus par la population, car elles
signifient pour elle, le plus souvent, répression, rançonnement
et tracasserie de tout genre.
C'est ce qui explique que dans certaines parties du
département, les populations s'organisent pour s'opposer à des
visites d'inspection et autres « descentes des fonctionnaires ».
Cette opposition peut dans certains cas être organisée et
encadrée par des organisations de la société civile
(associations des paysans) et devenir hostile voire violente198(*).
B- Pauvreté des
sinistrés
Malgré sa simplicité apparente, la
littérature s'entend à peine quant à la définition
de la pauvreté et parfois, le même auteur en propose plus d'une
définition. Par exemple, selon Hagenaars, être pauvre c'est :
manquer de biens essentiels à la vie ; avoir moins que les autres ; et
sentir de ne pas avoir suffisamment pour se débrouiller199(*). Il faut revoir cette
referenceSelon Townsend la pauvreté s'interprète sous un autre
angle ainsi : les individus, les familles et les groupes peuvent
être considérés en état de pauvreté
lorsqu'ils manquent de ressources pour obtenir le régime alimentaire,
pour participer aux activités et aux conditions de vie qui sont
coutumières ou largement encouragées ou approuvées dans la
société à laquelle ils appartiennent200(*).
Au-delà de cette esquisse des différentes
approches de la pauvreté, les travaux du Sommet Social de Copenhague ont
tenté de clarifier et d'unifier le concept de pauvreté. Il est
retenu que la pauvreté est multidimensionnelle.
La pauvreté se manifeste sous diverses formes : absence
de revenu et de ressources productives suffisantes pour assurer des moyens
d'existence viables. Faim et malnutrition, mauvaise santé,
morbidité et mortalité accrues du fait des maladies, absence ou
insuffisance de logements, environnement insalubre, discrimination sociale et
exclusion ; une autre caractéristique est que les pauvres ne
participent pas à la prise de décision dans la vie civile,
sociale et culturelle201(*).
Cette définition permet de lire la pauvreté dans
un cadre général touchant à la fois l'aspect politique,
économique et social.
La notion de pauvreté humaine élaborée
par le PNUD s'appuie donc sur les acquis des définitions
antérieures, en reprend les éléments fondamentaux et
enrichit ce processus en basant plus particulièrement son analyse sur la
privation des capacités.
En règle générale, pour la plupart des
pays africains, la pauvreté est généralement
abordée en fonction des trois grandes préoccupations du PNUD :
pauvreté monétaire et croissance économique, satisfaction
des besoins essentiels et participation aux prises des décisions.
Les résultats de la dernière enquête sur
la pauvreté dévoilent la persistance des couches de
pauvreté dans le Département du Mbéré et plus
singulièrement dans les localités souffrantes d'un manque
d'attention du pouvoir public. L'ampleur prise par ce fléau ne s'est pas
vraiment atténuée. Ces zones vulnérables restent un espace
où la proportion de pauvres est importante comparativement aux autres
localités du Département. Les indicateurs de
vulnérabilité qui prennent en considération le risque de
tomber dans la trappe de la pauvreté quand survient un choc
défavorable montrent que ces populations restent sensiblement
exposées. Les indices de développement humain et de
développement social élaborés récemment pour mieux
cibler les populations à risque, ne sont pas non plus très
favorables dans ces zones.
1- Pauvreté
sociale
La pauvreté, frappe durement l'ensemble du
Département, mais le monde rural administrativement sinistré est
le plus étranglé par la détérioration des
conditions de vie. On n'est point pauvre parce qu'on n'a pas ou parce qu'on a
peu d'argent ; on est démuni de ressources ou de revenus, parce que,
« faute de santé, d'occupation rémunératrice,
d'instruction, de relations, de capital négociable, ou intransmissible,
on ne peut faire valoir des droits sur autrui, sur le travail des
autres »202(*).
La pauvreté est un phénomène
multidimensionnel, caractérisé à la fois par une faible
consommation de biens, mais aussi par la malnutrition, la maladie, une faible
scolarisation, ou par un accès difficile aux services sociaux de base.
Ces différents aspects de la pauvreté sont souvent
combinés et interagissent, et ainsi, isolent ces villages
sinistrés, dans une pauvreté persistante. Les populations rurales
isolées, déjà défavorisées par le manque
d'infrastructures se trouvent, du fait de leur incapacité
économique, davantage marginalisées.
L'insalubrité du milieu qui, par exemple,
caractérise plus ces campagnes, est, à l'évidence, en
bonne partie responsable pour une bonne part des mauvaises conditions de vie de
ces populations. D'autre part, ces populations ne bénéficient pas
d'un point l'approvisionnement en eau potable. Alors que l'eau potable est l'un
des besoins les plus élémentaires pour l'homme et qu'elle doit
faire l'objet des nombreux programmes d'investissements, elle reste encore une
préoccupation pour plus de 40% de ces populations sinistrées. Ce
qui peut exposer les populations non axées à des risques
considérables à plusieurs maladies liées à la
consommation de l'eau insalubre. Bon nombre de familles rurales sont, de ce
fait, contraintes de parcourir quotidiennement des distances plus ou moins
longues pour s'approvisionner en eau. Cette tâche ardue, qui revient le
plus souvent aux femmes est de nature à consommer leur énergie,
aggraver leur vulnérabilité et fragiliser davantage leur
état de santé étant donné les multiples charges
qu'elles sont tenues d'assumer en plus (maternité, éducation des
enfants, travaux ménagers, corvée de l'eau, etc...)203(*).
L'entassement, l'inconfort, le manque d'hygiène et
l'absence des services essentiels sont d'autres conditions
désavantageuses pour la santé des hommes, des femmes et des
enfants.
2- Pauvreté
politique
La pauvreté porte aussi atteinte à la
citoyenneté des personnes. Dans le Département du
Mbéré, les populations sinistrées ne sont pas seulement
privées de ressources économiques, ils exercent aussi peu
d'influence sur le pouvoir politique et leur respectabilité correspond
généralement à leur position sociale
« vulnérable ». Ces espaces ruraux souffrent d'une
attention limitée des pouvoirs publics. Dans l'Observatoire des
inégalités, Magali Reghezza-Zitt souligne l'inefficience des
politiques de réduction des inégalités dans certaines
zones rurales.
Pour réduire les inégalités, les pouvoirs
publics ont mis en place un ensemble de politiques publiques à travers
les services publics du logement, de l'éducation et de la santé,
qui contribuent à la réduction des inégalités. Leur
disparition dans les zones rurales en déprise tend aussi à
creuser des inégalités fortes à des échelles infra
départementales204(*).
Autrement-dit ces villages sinistrés souffrent de
l'attention des politiques publiques en termes d'investissement. En effet,
leurs centres administratifs ne se préoccupent beaucoup plus que des
villages qui leur sont contigus ; et pensent difficilement aux populations
sinistrées.On peut soutenir l'idée qu'une des causes de leur
marginalisation est la sous-représentation des populations rurales
isolées au sein des grands corps du pouvoir qu'ils soient politiques,
économiques ou sociaux. La représentativité des campagnes
dans ces groupes est souvent confondue avec le village d'origine de leurs
membres. Or, ces derniers résident principalement dans les centres
administratifs, loin des contraintes des campagnes isolées et
perçoivent les problèmes de développement à travers
la lorgnette du développement urbain205(*).
3- Pauvreté
sanitaire
Les populations rurales sinistrées ne se font pas
beaucoup plus consulter dans les centres de santé formels par rapport
aux centres informels. Le recours à un guérisseur/marabout est
également observé dans une moindre mesure, surtout en milieu
rural. Cette faible fréquentation des centres de santé est
principalement due au coût de la consultation mais aussi du fait de
l'éloignement des centres de santé pour la majorité des
populations surtout rurales. Les consultations sont informelles lorsqu'elles
sont faites par les tradipraticiens, les vendeurs informels de
médicaments et les autres traitants non agréés. Les
centres formels accueillent plus de personnes non pauvres, alors que les
centres informels accueillent un peu plus de personnes pauvres. Les choix
semblent donc guidés par le niveau de revenus ; ces pauvres choisissent
le secteur informel à cause de son coût moins élevé.
La part des consultations adressées au secteur informel est cependant
particulièrement élevée dans ces zones.L'examen de
l'accessibilité aux services de santé mesurée par la
distance moyenne à parcourir et le temps moyen mis pour effectuer le
trajet révèle qu'en moyenne dans ces milieux ruraux, le centre de
santé le plus proche se trouve à environ 35 Km du domicile des
ménages et que le temps moyen mis pour effectuer le trajet est à
plus de 1 h. Selon le statut de pauvreté, les membres des ménages
pauvres parcourent une distance moyenne plus longue et mettent plus de temps
à effectuer les trajets de leurs domiciles aux centres de santé
le plus proche206(*).
Par conséquent, ces populations sont vulnérables à toute
sorte de maladie.
C- Vie et survie hors de
l'État de droit positif
Quoi qu'il en soit, l'une des causes principales du
développement des différentes formes de délinquance, c'est
l'anomie dans laquelle semble évoluer et se complaire une
société exempte des législateurs. En effet, l'absence de
règles ou de normes sociales, leur affaiblissement ou leur
caractère contradictoire, de sorte que les acteurs sociaux ne savent
plus comment diriger leurs conduites, ce qui est juste ou injuste, ce qui est
permis ou interdit. Le développement anarchique des ces villages
« sinistrés », l'occupation incongrue de ces
espaces, participent de cette anomie qui a pour corollaires l'impunité
et l'incivisme. Mr Issa Bago relève : « Il y a un malaise,
nous vivons dans un système où les valeurs sont en crise. Et
cette crise est entretenue par l'absence criarde de l'État. Il y a une
complicité du pouvoir dans
l'insécurité »207(*).
L'expression vivante des contraintes culturelles de
l'enclavement des zones rurales est la mentalité des populations qui y
vivent. Elles développent très souvent des complexes par rapport
aux autres peuples avoisinants208(*). Cela s'affirme davantage dans le cas des
contrées qui finissent par se considérer comme les
« oubliés de la nation ». Lorsqu'une règle
édictée par l'autorité étatique reste sans effet
dans une société, c'est une branche d'où se retire la
sève ; elle se dessèche. En effet, une bonne marge de population
interrogée rapporte que jamais le sous-préfet ne vient suivre les
fêtes traditionnelles chez eux puisqu'il se contente de se rendre dans
les villages facilement accessibles. D'autre part, le fait que dans ces zones
parviennent difficilement les ondes radio, télé et le
réseau de téléphonie, il est quasi impossible aux
populations de s'informer sur l'actualité de leur pays209(*). Ils ont une faible
capacité à s'informer, voir et entendre ce qui se passe autour
d'eux et à saisir les opportunités de changement qui peuvent
être à leur portée.
II- Plaintes et voeux administratifs des populations
en difficultés
Le fonctionnement de l'administration dans ces villages
enclavés ne pouvait continuer son cours sans susciter la réaction
des populations victimes. En effet, ces populations ne manquent pas de se
plaindre dès que l'occasion se présente.
A- Besoin d'une
administration efficace
L'établissement d'un acte d'état civil est le
problème le plus cité, rapporté par près de huit
personnes sur dix (80 %) ayant rencontré des difficultés dans ces
zones enchevêtrées. Toutefois, l'administration territorialement
compétente n'attache pas une attention particulière aux publics
en situation d'éloignement des centres de prises de décisions.
Ces publics sont particulièrement concernés par les
différentes prestations géographiques, du point de vue des
conditions raisonnables comme des besoins particuliers qui peuvent marquer
certains moments de l'existence. De ce fait, ils pensent que les personnes en
situation de précarité administrative sont donc susceptibles que
les autres d'entamer des démarches auprès des services publics ou
administrations et, par extension, sont plus exposées à des
difficultés et des blocages potentiels210(*).
De plus, ils réitèrent que leur
éloignement est caractérisé par une moindre maîtrise
des rouages administratifs, la non maitrise de la langue administrative et
l'éloignement social et géographique par rapport aux
administrations peuvent alourdir leurs difficultés, d'autant qu'ils
subissent aussi plus fortement les effets de certaines évolutions du
service public, comme le recul des services publics sur le territoire. Ainsi de
par leurs conditions de vie et du fait des difficultés
spécifiques qui peuvent caractériser leurs parcours
administratifs, ces populations en situation de précarité
constituent donc un public particulier auquel l'administration devrait
prêter une attention renforcée. C'est pourquoi, ils recommandent
à l'administration de briser des facteurs d'inégalité
déjà existants, afin d'évacuer cette forme d'exclusion
liée à la situation de précarité sociale et/ou
géographique.
B- Revendication de
rattachement à la division territoriale la plus proche
Les populations des villages enclavés dans le
Département du Mbéré déplorent le calvaire dans
lequel elles sont à cause de l'enclavement de leurs localités.
Ces contrées tiennent toujours à alerter l'État sur la
situation déplorable dans laquelle ils vivent. Selon eux, il est temps
que le gouvernement se penche sur des politiques pouvant sortir leur
localité de l'ornière sans quoi, les populations et les
originaires de ces hameaux, qui commencent à rouspéter pourraient
passer à une autre étape.
Ces habitants fustigent aussi le découpage territorial
qui les fait trimer pour obtenir des documents administratifs puisqu'ils sont
obligés de rallier un centre administratif, loin d'au moins 50
kilomètres pour les obtenir. Ce qui, beaucoup plus en saison des pluies,
leur cause énormément de difficultés. C'est d'ailleurs
dans ce sens qu'ils réclament que leur contrée soit
rattachée au chef-lieu de l'unité la plus proche d'autant plus
que leur proximité avec certaine capitale administrative, faciliterait
la procédure. De ce fait, les membres de certaines communautés
administrativement sinistrées refusent de faire partie de leur
unité de commandement. Ils se plaignent constamment de leur situation
à travers des actes forts qui tombent malheureusement aux oreilles des
sourds. En effet, une grande partie de la population de Yafounou
désertent très souvent leur représentativité
à Meiganga lors de la fête nationale211(*). Cette dernière
s'organise en groupe pour aller plutôt fêter à la capitale
administrative contigüe (Djohong) ; ce qui traduit un sentiment de
désistement à leur division territoriale hôte. Pour eux,
Djohong est plus proche de leur village à 10 kilomètres que de
Meiganga à 80 kilomètres. Pour se faire, lors des visites de
prise de contact du sous-préfet de Meiganga, très souvent les
portes parole du village attirent l'attention de ce dernier sur leur
situation212(*). De
cette manière, ils espèrent trouver gain de cause auprès
du sous-préfet dans l'espoir que celui en tant représentant du
gouvernement, achemine leur doléance auprès des décideurs
centraux. Mansourou de conclure : « en tant que camerounais, nous
voudrions que la situation se décante. Nous ne sommes derrière
personne. Nous nous adressons à l'État et nous aimerions qu'il
fasse quelque chose pour qu'il nous donne ce dont nous avons droit
»213(*).
C- Réclamation
d'érection de certaines zones sinistrées en unités
administratives
Les revendications des populations isolées
créent en droit international un problème unique où entre
en jeu le concept de « souveraineté » au sein d'un État
souverain. En effet, ces revendications sont fondées sur le peu
d'attention du fief des collectivités décentralisées que
déconcentrées à l'endroit des localités
administrativement sinistrées. Une tranche des populations soit les
1/5e réclame l'érection de leur localité en
unités administratives comportant des services à caractère
éducatif, social et économique ou touchant la santé.
Partie du fondement juridique de l'État, ces populations
réitèrent à l'endroit de l'administration que
l'État comporte les éléments suivants : en plus de
posséder un territoire, une population et un gouvernement,
l'administration publique doit se définir par une politique de
proximité possible et vouloir survivre en tant que telle214(*).Le gouvernement doit
refléter la volonté du peuple et doit agir ainsi en excluant
toute domination « intérieure » ; de ce fait, tout
citoyen quel que soit sa position géographique, doit avoir la
capacité de poursuivre librement son développement
économique social et culturel, et jouir de ses droits fondamentaux sans
discrimination.
De plus, le droit international stipule que le peuple soit
gouverné selon sa volonté, ses moeurs et ses valeurs et qu'il
soit représenté dans les institutions politiques215(*). En tant que population
permanente d'un territoire étatique, elle souhaite avoir une
unité de commandement officiel géographiquement
séparé et culturellement distinct de la collectivité
territoriale qui l'administre.Car les différentes situations dans
lesquelles se trouvent ces populations administrativement sinistrées,
s'inscrivent dans un contexte où il est politiquement difficile de
reconnaître leur citoyenneté au même titre que les autres.
Elles veulent l'établissement de leur propre point administratif, devant
leur fournir des moyens de financement adéquats pour leur permettre
d'atteindre leurs buts selon leurs priorités. Autrement dit, leur
revendication définit la mise en place d'une structure qui doit
refléter réellement la nature et les besoins de la
collectivité dont elle émane. Cette exigence veut qu'on rende aux
populations isolées, au moins, un territoire défini, et la
compétence nécessaire à tirer un revenu de ce territoire
et à assurer la préservation de leur culture.
III- Accélération de la marche à
l'inclusion sociale et à l'administration de
proximité
Le programme de lutte contre l'exclusion sociale dans le
Département du Mbéré concerne les villages isolés
de leurs capitales administratives. Ces villages présentent des
indicateurs d'exclusion sociale liés principalement à la
pauvreté qui affecte considérablement leur
épanouissement.
A- Administration de
proximité plus adéquate
Très dépendante de la mobilité des
individus, la proximité d'un service en milieu rural est avant tout
liée à sa fréquence d'utilisation. Elle varie aussi en
fonction des besoins à satisfaire. Les individus, les familles que l'on
retrouve en milieu rural répondent à une hiérarchie de
besoins (allant des plus fréquents aux plus occasionnels) qui dicte
leurs circuits de déplacement et encourage certains modes de
consommation et de relation216(*). Ainsi, selon Gumuchian, la proximité est
à la fois une notion géographique et relationnelle. Dans le
premier cas, le service est localisé le plus près possible des
personnes et adapté pour répondre à leurs besoins. Dans le
deuxième, il est dispensé dans le but de favoriser un dialogue
entre les individus et la collectivité217(*).
La proximité d'un service fait également
intervenir la notion d'accessibilité, un concept incontournable en
analyse spatiale. Dès lors, les services de proximité se
caractérisent par une accessibilité rapide au plan
géographique ainsi que par un rapport personnalisé de la relation
agent/usager. Ils visent à répondre à des besoins
individuels et/ou collectifs à caractère physique, social,
économique ou culturel. Il s'agit de mettre l'accent sur des services de
désenclavement du territoire : les services garantissant les conditions
matérielles de base et le maintien de la vie des individus ; les
services répondant à des nécessités sociales ;
les services contribuant à la qualité de vie etc.
B- Décentralisation
totale et effective
L'espace politique local doit gagner en pouvoir et en
autonomie et encourager par le processus de décentralisation du pouvoir,
permettant aux collectivités territoriales d'affirmer progressivement
leur identité locale à travers le sentiment (ou la
volonté) d'appartenance locale de leurs populations, et une politique de
communication volontariste qui met en avant, parfois en les construisant de
toute pièce, des spécificités territoriales218(*). L'État doit se
transformer au point de constituer des espaces suffisamment autonomes et
centrés autour d'enjeux suffisamment spécifiques propres à
chacun des territoires, ou encore proprement locaux, c'est à dire
spécifiques à l'aspect local de tous les territoires
infranationaux pour que l'on puisse parler d'émergence d'un « champ
» politique local. Cette politique relève d'un enjeu pratique dont
les conséquences non négligeables sur la compréhension des
enjeux politiques locaux et sur l'interprétation de l'inflation du
recours à la « participation » des citoyens pour justifier
l'accroissement du pouvoir des élus locaux219(*). En outre, la
décentralisation doit avoir des conséquences politiques et
institutionnelles déterminantes : les niveaux territoriaux de
décision doivent se multipliés; les règles
électorales favorisant la concentration du pouvoir local sur une
élite politique et sociale permettant d'attirer le plus de richesses sur
un territoire.
Il faut percevoir, à travers les règles de
représentation qui sont au fondement de la démocratie au
Cameroun, les premières raisons d'un attachement du pouvoir au
territoire, par le biais de la dépendance des représentants du
pouvoir à ceux qui habitent le territoire, qui y vivent ou du moins qui
y sont rattachés sur le plan administratif en tant qu'électeurs
potentiels220(*). En
conservant la même structure politique et administrative quel que soit le
nombre d'habitants dans la commune, le processus de décentralisation au
Cameroun doit suivre une autre voie que dans la plupart des autres pays
européens, à l'image des collectivités autonomes
britanniques et italiennes221(*). Ainsi, chacune des communes du Département
du Mbéré doit disposer d'un conseil municipal qui élit un
maire ; celui-ci doit se doter d'adjoints et organiser le travail des
élus sous la forme de commissions thématiques qui
élaborent et discutent les projets soumis en dernier ressort à la
décision du conseil.
Cependant, tout au long du processus de
décentralisation, il faut éviter que les élus locaux
gagnent en pouvoir, en indemnités potentielles, en compétences et
en responsabilités. Intéressons-nous à trois
conséquences particulièrement importantes des modifications. La
première est que l'essentiel du pouvoir local ne doit pas se concentrer
sur quelques personnes seulement. Il faut écarter le « scrutin de
liste bloquée », qui a pour effet de concentrer le pouvoir sur la
tête de liste, tant avant les élections au moment de la
composition de la liste que pendant celles-ci où l'image du futur maire
potentiel incarne littéralement toute la liste, à tel point que
l'on croit élire un maire et non des conseillers municipaux, et surtout
après les élections, pendant toute la durée du mandat,
où le maire et sa garde rapprochée (quelques adjoints et «
hauts fonctionnaires locaux » de confiance) pourront
régner222(*).
Soutenus par une majorité silencieuse d'autant plus confortable qu'est
attribuée, avant l'application de la règle proportionnelle, une
« prime au vainqueur » de 50% des sièges, une règle qui
réduit généralement les vaincus dans une opposition
d'autant plus virulente qu'inefficace et sans autre pouvoir que celui
apporté de temps à autre par des minorités locales,
soucieuses de ne pas paraître trop chevillés au pouvoir en place.
Par conséquent, la concentration du pouvoir sur le maire est telle que,
même dans sa propre majorité, les voix dissonantes ne peuvent en
pratique jamais s'exprimer : tous les colistiers sont aux ordres, parce que
tous, en acceptant de mettre leur nom sur la liste, ont en quelque sorte fait
voeu d'allégeance à leur tête de liste223(*).
C- Mettre en place
un projet de réforme sur d'échanges entre unités
administratives des villages enclavés
Il faut mettre en place une réforme territoriale qui
vise à faire passer les villages enclavés sous la coupe des
divisions territoriales les plus contigües, imposant en effet que les
communautés de communes respectent la « continuité
territoriale »224(*). Cette politique doit préconiser la
primauté des critères de cohérence avancés à
l'argument géographique de
« continuité-territoriale », sur des questions
d'appartenance historique, culturelle ou identitaire. Elle doit rappeler que
le but du législateur est d'affirmer une cohérence territoriale
qui soit le support pertinent de projets volontaires portés par une
dynamique locale ; et non envisagé de créer des situations
qui bouleverseraient l'organisation des territoires225(*). Dans ces conditions
très spéciales, doivent venir des réponses,
cohérentes et humaines, qui consentiront à l'expression
légitime des populations locales et de leurs élus. Même si
des politiques qui relèvent de considérations historiques et
humaines s'imposent bien évidemment aux considérations
géographiques, la continuité physique doit être
appréciée avec discernement, terme au combien important.
L'objectif ici est la suppression des enclaves et des discontinuités
territoriales affectant l'épanouissement des populations
victimes226(*).La
situation est désormais assez complexe pour procéder à une
recomposition territoriale qui se sont constituées il y a plusieurs
années sur des périmètres parfois incohérents et
peu propices à la mise en oeuvre de compétences
intégrées. Il faut, en effet, souligner que la suppression des
discontinuités territoriales est liée à l'exercice de
compétences qui ne pourraient être mises en oeuvre avec
efficacité sur un territoire discontinu.Cela étant
précisé, les solidarités historiques peuvent aussi
s'exprimer autrement que par l'existence des mouvements associatifs.
En conclusion, après étude des conditions de
vies dans des localités administrativement isolées, force est de
reconnaitre que le problème de la population est réel. De ce
fait, inquiétude et colère noircissent les pages de
doléances. Elles couchent sur le papier des revendications
pêle-mêle et beaucoup de leur frustration, en s'adressant
indirectement à l'administration centrale via les administrateurs
locaux. Ainsi, la nécessité de rapprocher davantage
l'administration publique des citoyens appelle des transformations dans le
fonctionnement de l'appareil administratif existant. C'est dans ce contexte
qu'une exigence prioritaire s'impose par les défis à relever pour
instaurer une dynamique administrative qui offre des services plus accessibles
et mieux adaptés aux besoins et aux réalités des
citoyens.
Conclusion
Tout compte fait, il était question dans ce travail de
montrer pourquoi dans le Département du Mbéré, des
localités situées dans un arrondissement se trouvent sous le
commandement d'un autre arrondissement bien éloigné. Il ressort
de notre étude que les contours des divisions territoriales de ce
Département déclinent des formes irrégulières, qui
d'emblée trouvent d'explication dans
l'aspect est historico-culturel. Il s'agit du tracé de la route
Meiganga-Yamba connectant le Cameroun à la RCA. Pour l'administration,
tout le monde allait se regrouper le long de la route pour faciliter le
recouvrement de l'impôt. La vallée du Mbéré et celle
de Lom étaient respectivement des entités prospères avec
des structures bien organisées et fidèles à leurs
souverains. Ainsi, ces vallées constituaient donc les principaux foyers
de migrations qui ont impulsé la sédentarisation anarchique des
différents groupes humains le long de la route. Des sites des groupes
venants du Lom d'une part et de Mbéré(vallée) d'autre
part, se chevauchaient le long de la route. C'est ainsi qu'une fois
établis, ces différents groupes, par affinité clanique ou
culturelle, réclamaient la tutelle de leur « royaume » de
départ. D'où l'engrainage des zones d'influences entre
différentes entités traditionnelles et même entre diverses
unités administratives.
En outre,l'analyse sociopolitique démontre que ce
découpage des divisions territoriales aux contours flous dans ce
Département a permis au régime en place de jouir d'une solide
représentation locale. Il s'agit là d'une « politisation
» du découpage des circonscriptions administratives ou d'un
découpage administratif intéressé. C'est dire que la
configuration de ces unités administratives a profondément
déséquilibré l'UNDP qui avait un fort ancrage dans le
Département du Mbéré. En effet, suite conflit
ethnique(Gbaya/foulbé) de Meiganga, il s'est créé un
véritable repli identitaire autour des partis politiques. Les gbayas
(ethnie majoritaire) militants de l'UNDP et d'autres groupes non musulmans ont
déserté ce parti considéré comme propre aux
Foulbé. Ainsi, l'État a divisé ces circonscriptions dans
l'optique de réunir une population éparpillée
géographiquement en vue de faire de ce groupe une majorité dans
chacune des circonscriptions. Et donc, les villages administrativement
enclavés sont rattachés à leur communauté
culturelle ayant en partage certaines valeurs ou intérêts voire
les mêmes convictions politiques, afin de consolider le poids
électoral.
De ce fait, le fonctionnement de l'administration dans le
Département du Mbéré s'accompagne des « grincements
de dents » du côté des administrés que des
administrateurs. Du côté de la population, l'administration offre
en général dans sa mission régalienne un cadre
d'épanouissement qui se décline en deux : d'un côté,
les services accessibles à tout citoyen quel que soit son appartenance
administrative ; et de l'autre côté les services exclusivement
réservés aux citoyens sous l'autorité del'administration
territorialement compétente. Ce dernier concerne les services comme
l'établissement des actes de naissances, l'obtention du titre foncier,
l'autorisation de manifestation publique. Alors, pour avoir accès
à ces services, il faut se référer à
l'administration territorialement compétente. Ainsi, ce dernier aspect
entrave énormément la communion entre l'administration et son
sujet.
Aussi, l'administration est incapable à fournir des
services de qualité et en quantité suffisante à tous les
citoyens avec pour conséquence une perte de crédibilité et
de légitimité auprès de ces derniers qui, pour satisfaire
leurs besoins essentiels, se replient sur eux-mêmes. On note
également le problème de gestion administrative des personnes et
des biens. En cas de litiges fonciers dans cette contrée avec tant
d'engrainage des zones d'influences, entre deux villages appartenant à
deux unités distinctes ; les administrateurs locaux se sentent
impuissantes pour trancher ce litige. Seul le préfet est habilité
pour y ramener de l'ordre. Bien plus, lorsque la sécurité est
menacée dans un village qui est loin de sa capitale administrative et
proche d'une autre unité administrative. L'unité la plus proche
ne peut pas intervenir de manière efficace mais plutôt elle peut
déployer ses troupes à titre préventif. De même,
l'administration centrale semble ignorer le chevauchement des zones
d'influences entre ces unités administratives dans le Département
du Mbéré. En effet, lorsqu'un village est proche de la capitale
d'une entité administrative, par confusion l'administration centrale
confie son encadrement à l'autorité administrative contigüe.
Or qu'en réalité, ce village est plutôt sous la tutelle de
l'autre unité administrative dont la distance est forte
considérable. Ce qui crée donc un amalgame dans les budgets
respectivement affectés aux fonctionnements de ces différentes
circonscriptions administratives. En outre, cet amalgame s'observe aussi chez
certains organismes qui effectuent des recherches dans ces circonscriptions.
Ces organismes par question de bon sens, associent par ignorance des villages
proches comme partie intégrante de l'entité territoriale qui fait
l'objet de leur étude. Par conséquent, cela fausse les
données dans la mesure où certains de ces villages
étudiés dépendent plutôt de la circonscription
voisine.
Par ailleurs, les conséquences qui se dégagent
de ces découpages se résument en la perte de
légitimité et de crédibilité de l'État. En
effet, les administrateurs ne sont pas fort présents dans les villages
victimes d'une « injustice de division administrative ». En effet,
certains représentants de l'État dans l'exercice de leur fonction
n'ont jamais mis pieds dans ces zones. Par conséquent, ces populations
se sentent abandonner à eux et n'en font qu'à leur tête. Et
fatalement, ces villages sont devenus des foyers d'insécurité
grandissante. Aussi, cette distance fait que ces populations ne
bénéficient de l'attention de la tutelle en termes
d'investissements. Fort de cet état de chose, ces populations expriment
donc leur mécontentement à travers des doléances
adressées à l'endroit des autorités administratives lors
de leurs différentes tournées. Les nouveaux challenges de
l'administration camerounaise pour un meilleur découpagesontdonc de
prendre en compte la politique d'une administration de proximité.
Sources et
références bibliographiques
I- Sources
orales
N°
|
Noms et prénoms
|
Âges
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Profession
|
Religion
|
Lieu d'entretien
|
01
|
Aba Emmanuel
|
43
|
M
|
Marié
|
Cultivateur
|
Chrétien
|
Gari
|
02
|
Abou Marie Joséphine
|
51
|
F
|
Mariée
|
Ménagère
|
Chrétienne
|
Fada
|
03
|
Aboubakar Adamou
|
27
|
M
|
Célibataire
|
Secrétaire d'état civil
|
Musulman
|
Ngaoui
|
04
|
Bakari Mathieu
|
69
|
M
|
Marié
|
2e adjoint au maire de la commune de Ngaoui
|
Musulman
|
Ngaoui
|
05
|
Bentou Béatrice
|
23
|
F
|
Mariée
|
Ménagère
|
Chrétienne
|
Lamou
|
06
|
Beuboum Roger
|
38
|
M
|
Marié
|
SG de la commune de Ngaoui
|
Chrétien
|
Ngaoui
|
07
|
Bouba
|
32
|
M
|
Marié
|
Chef de village Yafounou
|
Chrétien
|
Yafounou
|
08
|
Daouda Issa Bago
|
54
|
M
|
Marié
|
Administrateur retraité
|
Chrétien
|
Laïdé-mami
|
09
|
Djibrilla Hamissou
|
45
|
M
|
Marié
|
Chef de village de Fada
|
Musulman
|
Fada
|
10
|
Daodou Pierre
|
84
|
M
|
Marié
|
Commerçant
|
Animiste
|
Dadzer
|
11
|
Djidéré Gilbert
|
49
|
M
|
Marié
|
Secrétaire d'administration
|
Chrétien
|
Ngaoui
|
12
|
Ehadi Léopold
|
44
|
M
|
Marié
|
Secrétaire d'administration principal
|
Chrétien
|
Djohong
|
13
|
Garba Roger
|
35
|
M
|
Marié
|
Agent administratif S/P Dir
|
Chrétien
|
Dir
|
14
|
Hamadou Jean
|
32
|
M
|
Marié
|
Cultivateur
|
Chrétien
|
Lamou
|
15
|
Hamadou Saliou Iya
|
87
|
M
|
Marié
|
Commerçant
|
Musulman
|
Gandinang
|
16
|
Hamidou Bagari
|
32
|
M
|
Marié
|
Professeur et étudiant
|
Chrétien
|
Dadzer
|
17
|
Kondja Sodéa
|
57
|
M
|
Marié
|
Cultivateur
|
Chrétien
|
Ngolo
|
18
|
Koulagna Alain
|
74
|
M
|
Marié
|
Enseignant et étudiant
|
Musulman
|
Yafounou
|
19
|
Madihna
|
32
|
F
|
Mariée
|
Ménagère
|
Animiste
|
Mboula
|
20
|
Maloum Issa
|
53
|
M
|
Marié
|
Chef de village
Djaoro-doua
|
Musulman
|
Djaoro-doua
|
21
|
Mansourou
|
82
|
M
|
Marié
|
Enseignant retraité
|
Musulman
|
Garga-pella
|
22
|
Moussa Sabo
|
58
|
M
|
Marié
|
Sénateur et lamido de Meiganga
|
Musulman
|
Meiganga
|
23
|
Mvogo Sylyac Marie
|
43
|
M
|
Marié
|
Administrateur Civil Principal
|
Chrétien
|
Meiganga
|
24
|
Oumarou Issama
|
59
|
M
|
Marié
|
Maire de commune de Djohong
|
Chrétien
|
Djohong
|
25
|
Oumarou Bouba
|
50
|
M
|
Marié
|
Chef de village de Ngolo
|
Musulman
|
Ngolo
|
26
|
Salé Abou
|
57
|
M
|
Marié
|
Chef de village
Ngam
|
Musulman
|
Ngam
|
27
|
Satou Odile
|
42
|
F
|
Mariée
|
Institutrice
|
Chrétienne
|
Gandinang
|
28
|
Ten Edouard
|
25
|
M
|
Célibataire
|
Étudiant
|
Chrétien
|
Ngam
|
29
|
Yaya Doumba Marius
|
60
|
M
|
Marié
|
Lamido de Djohong
|
Musulman
|
Djohong
|
II- Sources écrites
A- Les documents d'archives
Arrêté préfectoral
n°083/AP/H.51/SAAJP, portant homologation de la désignation du chef
de 3e degré du village Yafounou, Arrondissement de
Meiganga.
Article 1 alinéa 2 de loi constitutionnelle du 18
janvier 1996
Décret n° 95/082 du 24 avril 1995, portant
création des communes rurales.
Discours du porte-parole de la population de Gbatoua lors de
la tournée économique de la délégation
préfectorale du Mbéré le 18 mars 16
Loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009, portant
fiscalité locale
Décision n°2125/M-F/MINADT/DAP/SDAA, René
Emmanuel Sadi, 16 juillet 2012, Enrichissement du projet d'immatriculation des
centres d'états civils.
Décision n°00000085/L/MINADT/SG, René Emmanuel Sadi, 12 janvier 2015,
Achèvement du recensement des chefferies traditionnelles de
3ème degré.
Procès-verbal de passation de service entre le
sous-préfet entrant et le sous-préfet sortant du 22 avril 2017.
Procès-verbaux des antennes communales d'ELECAM des
quatre arrondissements du département du Mbéré relatifs
à la répartition des bureaux des votes lors du
présidentiel 2018.
Programme de la tournée de prise de contact de monsieur
le sous-préfet de l'arrondissement de Djohong.
Rapports annuels des IAEB de Djohong, de Meiganga, de Ngaoui,
et de Dir
B- Sources sonores
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YouTube, Djohong la belle.
Yaya Doumba Marius,
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H-Dictionnaireset autres travaux
-Dictionnaires
Alembert J. L. R., 1751, encyclopedie, Paris, Le Breton.
Capul J. Y. et al., 2002, Dictionnaire d'économie et de
sciences sociales, Paris, Hatier.
Hachette L., 1826, Dictionnaire Hachette de la langue
française, Paris, 43 quai de Grenelle.
Larousse P., 1852, Larousse, Paris, Lagardère.
Robert P. et al., 1951, Le Robert, Paris, dictionnaire Le
Robert.
Vieillard T., 1995, dictionnaire universel, Paris, Edicef.
-Autres travaux
ACAGER, 2016, Plan communal de développement de
Meiganga.
Anonyme, 2010, Monographie de la Commune de Meiganga.
Anonyme, 2015, Rapport d'activité de l'UNHCR.
BUCREP, 2005, Répertoire actualisé des villages
au Cameroun.
Code Général des Impôts 2014.
Comptes rendus administratifs, 2010, 2011, 2012. Commune de
Dir.
Comptes rendus administratifs, 2010, 2011, 2012. Commune de
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RDPC, Yaoundé, juillet 2006.
Le JO Sénat du 02/06/2011.
Le Robert dictionnaire de français.
MINEPAT, 2010, « Rapport de présentation du
3ème recensement général de la population et de l'habitat
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MINEPAT, 2010. Rapport de présentation du 3ème
recensement général de la population et de l'habitat de 2005,
BUCREP.
PNDP, 2009, Plan communal de développement de
Djohong.
PNDP, 2016, Plan communal de développement de Dir.
PNDP, 2016, Plan communal de développement de
Ngaoui.
III- Les bases de
données
Microsoft Encarta 2009 [CD], Microsoft Corporation.
Dictionnaire Wikitionnaire.
Encyclopedias Universalis 2011.
Annexes
Annexe 1 : décret de création du
Département du Mbréré
Annexe 2 : décret de création
del'Arrondissement de Djohong
Annexe 3 : achèvement du recensement des
chefferies du 3e degré du Département du Mbéré
Annexe 4 : document portant immatriculation des centres
d'états civils de la région de l'Adamaoua
Annexe5 : programme
de la tournée de prise de contact de monsieur le sous-préfet de
l'arrondissement de Djohong
Annexe6 : décret de création de la commune
de Ngaoui
Annexe 7 : arrêté préfectoral
portant homologation de la désignation du chef de 3e degré du
village Yafounou
Table des
matières
Dédicace
i
Remerciements
ii
Sommaire
iii
Liste des sigles, acronymes et
abréviations
iv
1- Sigles
iv
2- Acronymes
iv
3- Abréviations
iv
Liste des cartes
v
Signification en français des vocables ou
termes propres aux langues nationales ou étrangères
utilisés dans le texte
vi
Résumé
vii
Abstract
viii
Introduction générale
1
I- Présentation du sujet
2
II- Motivation du choix du sujet et
intérêts
3
III- Cadre conceptuel et théorique
5
1. Cadre conceptuel
5
2. Cadre théorique
8
IV- Délimitation du sujet
11
1. Cadre géographique et humain
11
2. Cadre temporel
14
V- Revue de la littérature
14
VI- Problématique
17
VII- Objectifs de la recherche
17
VIII- Méthodologie
17
XI- Les difficultés rencontrées
20
X- Plan du travail
21
Chapitre I : Composition ethnique et poids
politique des divisions territoriales du Département du
Mbéré depuis 1983
22
I- Présentation des différentes
unités administratives du Département du
Mbéré
23
A- Arrondissement de Meiganga
24
1. Localisation
24
2. Villages de l'Arrondissement de
Meiganga
26
3. Entités rurales sous la tutelle de
Djohong et de Dir dans l'Arrondissement de Meiganga
27
B- Arrondissement de Djohong
27
1- Situation géographique
27
2- Zones d'influence de l'Arrondissement de
Djohong
29
3- Hameaux de l'administration de Meiganga
et de Ngaoui dans la circonscription administrative de Djohong
29
C- Arrondissement de Ngaoui
30
1. Cadre géographique
30
2. Campagnes de l'arrondissement de
référence
33
3. Localités sous l'autorité
de Djohong dans le ressort territorial de Ngaoui.......
33
D- Arrondissement de Dir
33
1- Position ou limites spatiales
34
2- Espaces ruraux sous la tutelle de Dir
36
3- Village du ressort territorial de
Meiganga dans l'Arrondissement de Dir............
36
II- Composition ethnique des unités
administratives du département du Mbéré..
37
A- Principaux groupes sociaux de
l'arrondissement de Meiganga
37
1- Ethnie majoritaire de l'arrondissement de
référence
37
2- Appartenance ethnique des habitants des
villages isolés
38
3- Groupes ethniques complémentaires
/ supplémentaires
38
B- Grands groupes sociaux de
l'Arrondissement de Djohong
40
1- Ethnie dominante de l'Arrondissement de
référence
40
2- Identité ethnique des populations
des zones enclavées
40
3- Groupes sociaux minoritaires
40
C- Différents groupes humains de
l'Arrondissement de Ngaoui
41
1- Ethnie imposante dans l'Arrondissement de
Ngaoui
41
2- Caractère ethnique des occupants
des localités sinistrées
42
3- Autres ethnies présentes
42
D- Différents groupes ethniques de
l'Arrondissement de Dir
42
1- Ethnie fortement présente
43
2- Disposition ethnique des
administrés isolés
43
3- Groupes humains
supplémentaires
43
III- Réalités sociopolitiques du
département du Mbéré depuis 1983
44
A- Liens sociopolitiques des militants du
RDPC dans les divisions administratives de l'unité de commandement du
Mbéré de 1983 à 2018
44
1- Gage de consolation des non musulmans de
1985 à 1992
44
2- Identité culturelle de 1992
à 2002
45
3- Cohabitation institutionnelle et
adhésion massive des foulbé au sein du RDPC de 2002 à nos
jours
45
B- Principaux partis politiques dans les
espaces d'administration régulière du Département du
Mbéré de 1985 à 2018
47
1- RDPC
47
2- UNDP
48
C- Influences politiques dans les
localités victimes de l'administration à distance de 1992
à 2018
49
1- Marquage chefferial
49
2- Influence des centres administratifs
49
3- Ancrage institutionnel
50
Chapitre II : Déficit d'encadrement des
localités isolées dans les unités territoriales
hôtes depuis 1983
54
I- Accès
limité des administrés isolés aux services
administratifs
55
A- Éloignement des centres
d'état civil
56
1- Coût du déplacement des
populations des villages isolés vers les centres d'état civil
57
2- Difficultés de déclaration
de naissance
59
B- Exigences de l'obtention d'une
autorisation de manifestation publique......
60
1- Le poids fatidique de la composition du
dossier
61
2- La durée du traitement
62
C- Conditions difficiles de
l'établissement d'un titre foncier
62
1- Distanceentre les villages isolés
et leurs centres administratifs
63
2- Tournure dans le traitement de la demande
du titre foncier
63
3- Délivrance de l'attestation et
déplacement
64
II- Les conditions
difficiles d'intervention des administrateurs dans les territoires de
commandement éloignés
65
A- Insuffisance du contenu de l'enveloppe
budgétaire des communes
66
B- Exigences budgétaires de
l'administration des contrées enclavées
69
C- Lourdes dépenses pour la
couverture sécuritaire des espaces de vie humaine extra-communaux
70
1- Police et périmètre
d'action réduit
71
2- Gendarmerie et difficulté de
déploiement
72
3- Police municipale
74
III- Signes du malaise
social
75
A- Abus d'autorité des chefs
locaux
77
1- Fixation des prix sur les produits
locaux
77
2- Spoliation des terres
78
B- Mécontentement social
79
1- Éloignement entre fonctionnaires
et usagers
79
2- Non implication des administrés
à la gestion de leurs entités
80
3- Méfiance et relations souvent
conflictuelles
81
C- Insécurité dans des
zones isolées
81
1- Phénomène de coupeur de
route de 1983 à 2005
82
2- Phénomène de prise d'otage
de 2005 à 2018
83
Chapitre III : Doléances/revendications des
populations isolées et les nouveaux défis de l'administration
camerounaise
85
I- Conditions de vie des
sinistrés de l'administration civile
86
A- Dépouillement permanent des
populations sur le plan financier
86
B- Pauvreté des sinistrés
87
1- Pauvreté sociale
88
2- Pauvreté politique
89
3- Pauvreté sanitaire
90
C- Vie et survie hors de l'État de
droit positif
91
II- Plaintes et voeux
administratifs des populations en difficultés
92
A- Besoin d'une administration efficace
92
B- Revendication de rattachement à la
division territoriale la plus proche........
92
C- Réclamation d'érection de
certaines zones sinistrées en unités administratives
94
III-
Accélération de la marche à l'inclusion
sociale et à l'administration de proximité....
95
A- Administration de proximité plus
adéquate
95
B- Décentralisation totale et
effective
96
C- Mettre en place un projet de
réforme sur d'échanges entre unités administratives des
villages enclavés
97
Conclusion
99
Sources et références
bibliographiques
103
I- Sources
orales
104
II- Sources
écrites
105
A- Les documents d'archives
105
B- Sources sonores
106
C- Ouvrages
106
D- Chapitres d'ouvrages
109
E- Thèses et mémoires
110
F- Articles de revue
111
G- Articles d'internet
112
H-Dictionnaire, journaux et autres travaux
113
III- Sources électroniques
114
A- Pages web
114
B- Les bases de données
114
Annexes
115
Annexe 1 : décret de création du
Département du Mbréré
116
Annexe 2 : décret de création
des arrondissements de Djohong et de Meiganga
118
Annexe 3 : achèvement du recensement
des chefferies du 3e degré du département du
Mbéré
121
Annexe 4 : document portant immatriculation
des centres d'états civils de la région de l'Adamaoua
124
Annexe5 :
programme de la tournée de prise de contact de monsieur le
sous-préfet de l'arrondissement de Djohong
126
Annexe 6 : décret de création de
la commune de Ngaoui
128
Annexe 7 : arrêté
préfectoral portant homologation de la désignation du chef de
3e degré du village Yafounou
130
Table des matières
131
* 1 A. Berthoud, 2002,
Essais de philosophie économique, Lille, Presses Universitaire
du Septentrion,p.22.
* 2 H. Abdouraman, 2008,
« Frontières et découpages territoriaux dans
l'Extrême-Nord du Cameroun : enjeux et implications
(XIVème-XXème siècle)», Thèse de doctorat PhD,
Université de Ngaoundéré, p.2.
* 3 Ibid.
* 4 M. Weber, 1971,
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J. Chevallier, 1986, Science administrative, Paris, PUF, p. 105.
* 5C. Seignobos et O. I.
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Cameroun », books.openedition.org /irdeditions/11540.
Consulté le 05 juin 2018.
* 6 A. Asiwaju cité
par Abdouraman,2008, « Frontières et découpages territoriaux
dans l'Extrême-Nord du Cameroun : enjeux et implications
(XIVème-XXème siècle) » Thèse de doctorat PhD,
Université de Ngaoundéré,p.2.
* 7J. J. Matras et G.
Chapoutier, 1981, « wikitionnaire », https : //
fr.m.wikipedia.org/wiki/Structure. Consulté le 07 juin 2018.
* 8 Ibid.
* 9Matras et Chapoutier,
1981.
* 10 L. Hachette,
1826,Dictionnaire Hachette de la langue française, Paris, 43
quai de Grenelle, p.542.
* 11P. Robert et al.,
1951,Le Robert,Paris, dictionnaire Le Robert.
* 12J. Y. Capul et al.,
2002, Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Paris,
Hatier.
* 13 Ibid.
* 14 J. L. R. Alembert,
1751,encyclopédie, Paris, Le Breton.
* 15 C. Debbach, 1972,
Institutions administratives, Paris, LGDJ, p.149.
* 16 Ibid.
* 17J. L. R. Alembert, 1751,
encyclopedie, Paris, Le Breton.
* 18 T Vieillard, 1995,
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* 19SA,
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française, [CD], Mirosoft Corporation.
* 20P. Larousse, 1852,
Larousse, Paris, Lagardère.
* 21 Ibid.
* 22 Ibid.
* 23J. Lévy et M.
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sociétés, Paris, Belin, p. 912.
* 24J. Agnew, 2003,
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* 25 Ibid.
* 26C. Milhat, 2009 « Entre contraintes et interdits
: l'administration et l'exécution de ses actes », Droit et
cultures, n°08, p.118.
* 27Milhat, 2009, p.118.
* 28 S. Damart, 2018, « Principe
d'administration selon
Fayol »,https://www.observatoire-management.org/single-post/2017/04/26/Principes-dadministration-selon-Henri-Fayol-1841-1925
Consulté le 10 juin 2018.
* 29 Ibid.
* 30 Damart, 2018.
* 31 Ibid.
* 32L. Tchatseu, 2011,
« administration territoriale au
Cameroun »,http://www.camer.be/59020/11:1/cameroun-administration-territoriale-cameroon.html.
Consulté le 03 septembre 2018.
* 33SA, 2016, Rapport
d'activité de fin d'année 2016, in Document inédit,
p.3.
* 34 P. Burnham, 1973,
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contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des
civilisations du Cameroun, Vol I, Colloque Internationaux des CNRS,
Dallas, Draftind old rootstock, p.11
* 35 Ibid.
* 36 Ibid.
* 37Anonyme, 2015, Rapport
d'activité de l'UNHCR, p.02
* 38 SA,
Procès-verbal de passation de service entre le sous-préfet
sortant et celui entrant de Meiganga du 22 avril 2017, in document
inédit.
* 39Abdouraman, 2008,
p.15.
* 40 A. Brockel, 1971,
L'administration camerounaise, Paris, B.-Levrault, p.19.
* 41 R. G. Nlep, 1986,
L'administration publique camerounaise : contribution à
l'étude des systèmes africains d'administration publique,
Paris, FNSP. p.32.
* 42 A. T. Njiako, 2003,
Droits fonciers urbains au Cameroun, Yaoundé, PUA, p.62.
* 43 Abdouraman,
2008,p.15.
* 44 Ibid.
* 45 P. Soumille, 2000,
« La délimitation des frontières entre Cameroun allemand et
Congo français », in Dubois, Michel et Soumille, eds,
pp.177-208.
* 46 A. Avele, 2011,
« Enjeux de nomination et de révocation des élites
administratives dans l'extrême-Nord du Cameroun de 1959 à
2011 », Mémoire de master Recherches, Université de
Ngaoundéré.
* 47B. N. Semplice, 2013,
« Découpage territorial et conflits intercommunautaires au
Tchad : le cas du conflit Kossop- Zone -Baté (1922-2013) »,
Mémoire de master Recherches, Université de
Ngaoundéré.
* 48V. Rey, 1984, «
Lalongue histoire des découpages territoriaux »,
Géoscopie de la France, Paris, Minard, p. 241.
* 49SA, Procès-verbal
de passation de service entre le sous-préfet entrant et le
sous-préfet sortant du 22 avril 2017, Meiganga,in document
inédit, p.1.
* 50 SA, 2010, Monographie
de la Commune de Meiganga,in document inédit, pp. 5-6.
* 51SA, 2016, Plan communal
de développement de Meiganga,in ACAGER, p.33.
* 52SA,
2005,Répertoire actualisé des villages au Cameroun, in
BUCREP, p.23.
* 53SA, 2009, Plan communal
de développement de Djohong, in PNDP,p.34.
* 54 Ibid. p.44.
* 55 BUCREP, 2005, p.22.
* 56R. R. D. Ndanga, 1998,
« Dynamique des marchés à la frontière Cameroun-RCA :
le cas du marché de Ngaoui dans le Mbéré. (Adamaoua Nord
Cameroun) », Mémoire de maîtrise, Université de
Ngaoundéré, p.37.
* 57 Ibid.
* 58SA, 2016, Plan communal
de développement de Ngaoui, in PNDP, p.23.
* 59SA, 2016, Plan communal
de développement de Ngaoui, in PNDP, p.23.
* 60SA, 2016, Plan communal de développement de
Dir, in PNDP, p.23
* 61 SA, 2016, Plan communal
de développement de Dir, in PNDP, p.23
* 62 Ibid.
* 63PNDP, 2016, p.29.
* 64SA, 2010. Rapport de
présentation du 3ème recensement général de la
population et de l'habitat de 2005, in BUCREP/MINEPAT, p.68.
* 65Assana, 2008. «
Multipartisme, ethnicité et recherche hégémonique locale
au Cameroun : le cas des Gbaya et des Foulbé dans le Département
du Mbéré », Mémoire de DEA de Science Politique,
université de Yaoundé, p.11.
* 66 Burnham, 1973, p.
75.
* 67Entretien avec Yaya
Doumba Marius,Djohong, le 19 août 2018.
* 68J. Sumpf et M. Hugues,
1997, « une minorité dominante », Paris, ed
puff, www.academia.edu<Sumpf_Hugues, consulté le 20 août
2018.
* 69M.Wilabele, 2005,
Regard sur le conflit Gbaya-Foulbé de Meiganga Cameroun,
Yaoundé, CIPAD, p.44.
* 70M. Winter, 1967, Le
niveau de vie des populations de l'Adamaoua, Paris, Orstom, p.201.
* 71A.Douffissa, 1993,
L'élevage bovin dans le Mbéré (Adamaoua
camerounais), Études et thèses, ORSTOM, p.281.
* 72SA, 2016, Plan communal
de développement de Meiganga, in ACAGER, p.55.
* 73Ibid.
* 74SA,
2010,« Rapport de présentation du 3ème recensement
général de la population et de l'habitat de 2005 »,
document publié par le BUCREP/MINEPAT, p. 68.
* 75SA, 2012, Compterendu administratif 2012 de la Commune
de Meiganga, in document inédit, p.58.
* 76 Entretien avec Yaya
Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.
* 77SA,
2010,« Rapport de présentation du 3ème recensement
général de la population et de l'habitat de 2005 »,
document publié par le BUCREP/MINEPAT, p.44.
* 78SA, Compterendu
administratif 2011de la Commune de Dir, in document inédit, p. 39
* 79 Sumpf et Hugues,
1997.
* 80 Assana, 2008, p.65.
* 81 Assana, 2008, p.65.
* 82 I. Mouiche, 2002,
« Ethnicité et multipartisme au Nord-Cameroun »,
Revue africaine des sciences politiques, vol 5, N°1, p.76.
* 83 Entretien avec Daouda
Issa Bago, Meiganga, le 14 août 2018.
* 84 Assana, 2008, p.70.
* 85 Assana, 2008, p.70.
* 86 Ibid.
* 87 Entretien avec Sabo
Moussa, Meiganga, le 14 août 2018.
* 88Entretien avec Sabo
Moussa, Meiganga, le 14 août 2018.
* 89Entretien avec Yaya
Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.
* 90Entretien avec Yaya
Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.
* 91 Assana, 2008, p.49.
* 92 Ibid.
* 93 Ibid.
* 94 Mouiche, 1997, p.21.
* 95 Entretien avec Yaya
Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.
* 96 Entretien avec Yaya
Doumba Marius, Djohong,le 19 août 2018.
* 97 Entretien avec Mvogo
Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018.
* 98 Entretien avec Mvogo
Marie Sylliac, Meiganga,le 14 août 2018.
* 99F. E. Stiftung,2014,Manuel de structuration d'un
parti politique, Yaoundé, Presses Universitaires d'Afrique, p.31
* 100 Discours de Paul
Biya lors du Congrès extraordinaire du RDPC, Yaoundé, juillet
2006
* 101 Ibid.
* 102L. D. Sokeng, 1999,
« État, autoritarisme et droits de l'homme : la
problématique de l'ajustement libéral » in L. Sindjoun
(Dir.), La révolution passive au Cameroun : État,
société et changement, Série des livres du Codesria,
Dakar, CODESRIA, p.26.
* 103R. G. Nlep, 1986,
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l'étude des systèmes africains d'administration publique,
Paris, FNSP, p.35.
* 104R. Stéphane,
2003, Géographie politique et géopolitique,Une
grammaire de l'espace politique. Paris, Ellipses, p.29.
* 105 Ibid.
* 106Ibid.
* 107R.Brunet, 2005.
Les Mots de la géographie, Paris, La documentation
française, coll. « Dynamiques », p.518.
* 108Entretien avec M
Sylliac,Meiganga, le 14 août 2018.
* 109 Entretien avec Aba
Emmanuel, Gari, le 16 août 2018.
* 110 Entretien avec
Djidéré Gilbert, Ngaoui, le 20 août 2018.
* 111 Entretien avec
Djidéré Gilbert, Ngaoui, le 20 août 2018.
* 112 Entretien avec
Oumarou Issama, Djohong,le 22 août 2018.
* 113 M. Honoré
2009, Analyse du processus d'enregistrement des naissances,
Yaoundé, IFORD, p.18.
* 114Entretien avec
Aboubakar Adamou, Ngaoui, le20 août 2018.
* 115Entretien avec
Aboubakar Adamou, Ngaoui, le20 août 2018.
* 116M. Aziz, 2008, Le
système d'État civil en Afrique Subsaharienne, Paris,
Réseau européen des villes Numérique, p.11.
* 117 Ibid.
* 118 Ibid.
* 119 K. Samuel, 2007,
Comment améliorer les déclarations des faits d'état
civil en milieu rural Camerounais : stratégies innovatrices pour
l'enseignement des naissances, 5e conférence de l'UAPS, Arusha,
p.15.
* 120Entretien avec Oumarou
Bouba,Ngolo,le 16 août 2018.
* 121 H. Roger
2009,Comprendre la crise du système d'état civil au Cameroun
: le cas de la fraude, Yaoundé, IFORD,p.46.
* 122Ibid.
* 123 Entretien avec
Kondja, Garga Pella, le 15 août 2018.
* 124 Entretien avec
Kondja, Ngolo, le 16 août 2018.
* 125 L. S. P. Mokondzhy,
2009,La gratuité dans l'enregistrement des naissances à
l'état civil congolais : pratique et réalité de
terrain, Yaoundé, IFORD, p.28.
* 126 L'article 10 de la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
* 127 L'article 11 de la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
* 128 B. Nounkeu, 2018,
« Cameroun : réunions et manifestations publiques,
l'ordre public fait désordre »,
http://www.camer.be/51028/6:1/cameroun-reunions-et-manifestations-publiques-lordre-public-fait-desordre-cameroon.html.
Consulté le 16 décembre 2018.
* 129Entretien avec Mvogo
Marie Syllac, Meiganga,le 14 août 2018.
* 130Entretien avec Mvogo
Marie Syllac, Meiganga,le 14 août 2018.
* 131 Entretien avec
Djidéré Gilbert,Ngaoui, le 20 août 2018.
* 132 Entretien avec
Djidéré Gilbert,Ngaoui, le 20 août 2018.
* 133Entretien avec Ehadi
Léopold, Djohong, le 22 août 2018.
* 134A. Mpessa, 2004,
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camerounais », les difficultés d'adaptation du
système Torrens au Cameroun, volume 34, numéro 4, p.11.
* 135Revue
générale de droit, le décret n° 97-367/PRN/MAG/EL du
2 octobre 1997 déterminant les modalités d'inscription des droits
fonciers au Dossier Rural précise la procédure d'instruction des
demandes d'inscription des droits au Dossier rural, p.13.
* 136 Entretien avec Mvogo
Sylliac, Meiganga, le 14 août 2018.
* 137 G. Bahang, 2014,
« Procédure d'acquisition d'un titre foncier au
Cameroun »,
http://georgesbakang.over-blog.com/2014/02/procédure-d-acquisition-d-un-titre-foncier-au-cameroun.html.
Consulté le 21 septembre 2018.
* 138Bahang, 2014.
* 139Ibid.
* 140 Ibid.
* 141A. Galba,
2010, « Gouvernance et services publics, Pour ne pas renoncer au
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* 142L. Rouban,
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l'actualité, n°277, p.11.
* 143J. Chevallier et Y.
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* 144Chevallier et Loshas,
1964.
* 145Article 1
alinéa 2 de loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
* 146G. M. Eyei, 2014,
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* 147Loi n° 2009/019
du 15 décembre 2009, portant fiscalité locale.
* 148Code
Général des Impôts 2014.
* 149A. Rosenbaum, 1998,
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publique, n° 88, pp. 510 et 511.
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* 151P.Lauzel, 1994,
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* 152R. Gaschet, 1999,
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* 153J. Carles, 1990,
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* 154AJDA, 1989, La
notion de sincérité des évaluations
budgétaires, Paris, sirey, p.164.
* 155 A. Bryden et B.
N'Diaye, 1997, Gouvernance du secteur de la sécurité en
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* 156 F. Denat, 2002,
« Prévention... Le rôle de la police »,
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* 157 Ibid.
* 158 Ibid.
* 159 O. Yaya, 1998,
« L'ordre public : mission principale de la Gendarmerie
nationale (Cameroun) »,
https://livre.fnac.com/a903692/O-Yaya-L-ordre-public-mission-principale-de-la-Gendarmerie-nationale-Cameroun.
Consulté le 25 septembre 2018.
* 160 Ibid.
* 161A. Choplin et M.
Redon, 1989, Gendarmes, policiers : quelles pratiques spatiales ?,
Paris, EchoGéo, p.11.
* 162 Ibid.
* 163 Choplin et Redon,
1989, p.21.
* 164N. H. Kouomegne, 2012,
« Décentralisation et centralisation au Cameroun. L'exemple de la
répartition des compétences entre l'État et les
collectivités locales », Thèse, Paris 1, p.29.
* 165 Ibid.
* 166Entretien avec Oumarou
Issama, Djohong, le 22 août 2018.
* 167Entretien avec Oumarou
Issama, Djohong, le 22 août 2018.
* 168Entretien avec Oumarou
Issama, Djohong, le 22 août 2018.
* 169D. Darbon, 2003,
« Réformer ou reformer les Administrations projetées
des Afriques ? Entre routine anti politique et ingénierie politique
contextuelle », Revue française d'Administration publique,
n° 105/106, p. 136.
* 170Ibid.
* 171 S. Jaglin et A. Dubresson, 1998,Pouvoirs et
cités d'Afrique noire, décentralisation en question, Paris,
Karthala, p. 23.
* 172Jaglin et Dubresson,
1998.
* 173M. K. Ibula, 1987,
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8.
* 174 J. P. O. de Sardan,
1998, Chefs et Projets au Village (Niger), Nyamé, Bulletin de
l'APAD, p.15.
* 175 Ibid.
* 176 E. K. Hahonou, 2007,
« Autorités traditionnelles et institutions
coutumières », http://journals.openedition.org/apad/141.
Consulté le 13 septembre 2018.
* 177Entretien avec Hamadou
Jean, Lamou, le 18 août 2018.
* 178Entretien avec
Koulagna Alain, Yafounou, le 15 août 2018.
* 179Entretien avec Kondja
Sodéa, Ngolo, le 16 août 2018.
* 180Entretien avec Kondja Sodéa, Ngolo, le
16 août 2018.
* 181Entretien avec Hamidou
Salihou Iya, Gandinang, le 17 août 2018.
* 182 Entretien avec Aba
Emmanuel, Gari,le 18 août 2018.
* 183F. Gauthier, 1967,
« Centralisation ou décentralisation. Les contraintes de la
politique économique », Cahiers de l'Institut Social
Populaire, n° 8, p. 13.
* 184C.D. Chirishungu,
1993, Organisation politico-administrative et développement,
Bukavu, Bushiru, p. 83.
* 185Entretien avec Aba
Emmanuel, Gari, le 18 août 2018.
* 186Entretien avec Bakari
Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.
* 187Entretien avec Bakari
Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.
* 188Entretien avec Bakari
Mathieu, Ngaoui, le 20 août 2018.
* 189Entretien avec Abou
Marie Joséphine, Fada, le 17 août 2018.
* 190Entretien avec Abou
Marie Joséphine, Fada, le 17 août 2018.
* 191Entretien avec Daouda
Issa, Fada, le 17 août 2018.
* 192Entretien avec Daouda
Issa, Fada, le 17 août 2018.
* 193 M. Tankeu, 2013,
Enquête au coeur du phénomène des coupeurs de
route, Paris, l'Harmattan, p.11
* 194 Ibid.
* 195Entretien avec
Djibrilla Hamissou, Mboula,le 23 août 2018.
* 196Entretien avec
Djibrilla Hamissou, Mboula,le 23 août 2018.
* 197 Entretien avec Daodou
Pierre, Dadzer, le 19 août 2018.
* 198Entretien avec Daodou
Pierre, Dadzer, le 19 août 2018.
* 199A.J.M. Hagenaars,
1986, The Perception of Poverty, Center of Research in Public
Economics, Leyden University, P.12.
* 200 P. Townsend, 1979,
Poverty in the United Kingdom: A Survey of Household Resources and
Standards of Living, University of California Press. Berkeley and Los
Angeles, p.24.
* 201 G. Chambas et A.
Kerhuel, 1998, « La réforme de l'État : implications
des Cadres stratégiques de réduction de la
pauvreté », Afrique contemporaine, (200107/09) n0199,
p.78.
* 202J. Labbens, 1978,
Sociologie de la pauvreté. Le tiers-monde et le quart-monde,
Paris, Gallimard, p.98.
* 203Entretien avec Hamidou
Bagari, Dadzer,le 19 août 2018.
* 204 R. Z. Magali, 2013,
« «Le défi des inégalités»
Observatoire des inégalités »
http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=1877&id_rubrique=110&id_mot=74,
consulté le 11 octobre 2018.
* 205 Entretien avec
Mansourou, Garga Pella,le 15 août 2018.
* 206 PNDP, 2016, Plan
communal de développement de Ngaoui, p.25.
* 207Entretien avec Issa
Bago, Laïde Mami,le 08 août 2018.
* 208Entretien avec
Koulagna Alain, Yafounou,le 11 août 2018.
* 209Entretien avec Oumarou
Bouba, Gandinang,le 17 août 2018.
* 210Entretien avec Aba
Emmanuel, Gari, le 18 août 2018.
* 211Entretien avec Ten
Edouard, Ngam,le 17 août 2018.
* 212Entretien avec Ten
Edouard, Ngam,le 17 août 2018.
* 213Entretien Mansourou,
Garga-pella, le 18 août 2018.
* 214 Discours du
porte-parole de la population de Gbatoua lors de la tournée
économique de la délégation préfectorale du
Mbéré le 18 mars 2016.
* 215 A. Cassesse, 1981,
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International Bill of Rights, the Covenant on Civil and Political Rights,
p.92.
* 216 Rosenbaum,1998,
p.15.
* 217Ibid.
* 218 J. Owona, 2011,
la décentralisation Camerounaise, Paris, L'Harmattan, p.23.
* 219Bourdieu, 1984,
« Quelques propriétés des champs », in
Questions de sociologie, Paris, Minuit, p. 113.
* 220 M. Ondoua, 2010,
l'administration publique camerounaise à l'heure des reformes,
Paris, L'Harmattan, p.16.
* 221Ibid.
* 222D. Gaxie, 2000, La
démocratie représentative, Paris, Montchrestien (3e
éd.), p.23.
* 223M. Koebel, 2008,
« Les élections municipales sont-elles politiques ? Enjeux
locaux, enjeux nationaux »,Revue Savoir/Agir, n°3, p.
103.
* 224 Le JO Sénat du
02/06/2011, pp.14-19.
* 225Le JO Sénat du
02/06/2011, pp.14-19.
* 226Ibid.
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