La protection juridique des personnes vulnérables au Niger.par Taher ABDOU Université d'Abomey-Calavi /FADESP - Master II en droit et institutions judiciaires 2017 |
B - L'extensiondelacoordinationLa coordination désigne soit un ordonnancement préalable destiné à mettre en ordre des éléments complémentaires, soit un essai ou un effort d'harmonisation entre des éléments disparates. Fonction consistant à assurer la cohérence, par rapport à des objectifs communs, des actions décidées par des instances différentes301(*). La coordination est cruciale pour l'efficacité de la protection des personnes vulnérables au Niger. Il n'existe pas de mécanisme de coordination spécifique de protection des personnes vulnérables en général au Niger, mais une multitude d'acteurs traitent, dans leur mandat, de la protection de l'enfance302(*). En théorie, il existe donc de nombreux mécanismes de coordination entre les différents ministères ou entre les gouvernements et les acteurs de la société civile. Néanmoins, les défenseurs des droits de l'Homme considèrent que, ni la coordination interministérielle, ni le comité de la protection de l'enfance ne sont réellement effectifs303(*). C'est pourquoi, le Niger devrait songer à l'extension de sa coordination en matière de protection des personnes vulnérables, afin de la rendre opérationnelle304(*). Pour cela, des comités décentralisés devraient être crées305(*), dotés de statut officiel. Officialiser les statuts des comités villageois de protection de l'enfant et leur octroyer des financements. Ensuite plusieurs de ces mécanismes de coordination nouvellement crées devront se charger de mettre en oeuvre des politiques sectorielles à l'échelle nationale et de disposer d'antennes décentralisées, comme dans la lutte contre la traite306(*). De même chaque centre social de prévention, de promotion et de protection devrait disposer d'un service de coordination des politiques publiques relevant de la protection des personnes en situation de vulnérabilité307(*). Faciliter la coordination entre les comités locaux de protection des personnes vulnérables. A l'échelle internationale, enencourageantet en appuyant les actions coordonnées des organes appropriés de surveillance des droits de l'Homme et des représentants spéciaux, du secrétaire des Nations Unies, en vue de maintenir la visibilité de la Déclaration de Rio308(*). Le Niger pouvait s'inspirer de la stratégie de Lisbonne, où les États de l'Union européenne ont déployé des moyens de protection et d'aides sociales, en adoptant la méthode dite de « coordination ouverte ». Ces États fixèrent des objectifs généraux communs en matière de protection sociale et d'inclusion. Ils visèrent « la cohésion sociale, l'égalité entre hommes et femmes et l'égalité des chances pour tous grâce à des protections sociales et des politiques sociales d'inclusion adaptés, accessibles, financièrement variables, adaptables et efficaces ». Désormais, en Europe la protection sociale modernisée s'adresse prioritairement aux vulnérables, dans sa dimension assurantielle comme assistantielle309(*).Améliorer le quotidien des groupes vulnérables nécessite une redynamisation des moyens supposés les protéger. * 301GérardCORNU, Vocabulairejuridique, op, cit., p. 273. * 302 Voir rapport Global de Suivi, op, cit., p. 21. * 303 En réalité, la coordination entre la société civile et le gouvernement se fait de façons informelles et non à travers des canaux institutionnelles. * 304 En disposant de relais locaux au niveau régional, départemental et communal, chargés de mettre en oeuvre toute politique visant la protection des personnes vulnérables à leur niveau. * 305 Les principaux mécanismes de coordination de la protection de l'enfance sont les comités villageois de protection de l'enfant. Ces comités n'ont pas de statut officiel, sauf lorsqu'ils ont été expressément reconnus par une autorité compétente, d'où la nécessité d'en créer d'autres. * 306 Voir rapport Global de Suivi, op, cit., p. 23. * 307Idem. * 308 Voir rapport Global de Suivi, op, cit., p. 56. * 309Hélène THOMAS, Les vulnérables, la démocratie contre les pauvres, op, cit., p. 140. |
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