CONCLUSION PARTIELLE
Les ressources forestières de la zone d'étude
n'ont pas cessé d'évoluer avec l'introduction de l'eucalyptus. Ce
dernier a pris une place importante dans la vie quotidienne des habitants et a
même transformé leur habitude. A cause de lui, est né
l'activité économique devenue phare dans la zone qu'est
l'exploitation forestière. Et ceci créa à son tour un
cycle tournant autour de l'agriculture- le foncier- l'exploitation
forestière et la pression démographie dont le résultat
final a été la dégradation forestière.
CONCLUSION GENERALE
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En général, la plupart des forêts
naturelles, tout particulièrement les forêts primaires anciennes,
sont à la fois résilientes et résistantes à
diverses sortes de changements. La perte de résilience peut être
causée par la perte de groupes fonctionnels résultant de
mutations environnementales tels qu'un changement climatique à grande
échelle, une mauvaise gestion forestière ou une altération
suffisamment vaste ou continue des régimes des perturbations naturelles.
(Folke et al., 2004). C'est le cas de Madagascar, plus particulièrement
de la zone d'étude. Une mauvaise gestion liée aux conditions
naturelles, sociales, économique, culturelle et même politique a
favorisé la perte de résilience et de résistance de la
forêt primaire au profit de la formation secondaire. La
dégradation des ressources forestières y est très
grave.
A partir de l'étude de l'occupation du sol, le rythme
de perte annuelle de la couverture végétale par fokontany
est établi. Une projection a ainsi pu être faite, et en voici
les conclusions :
La seule forêt naturelle encore existante est
localisée à Antsahambavy. Si le statut d'AP lui est
enlevé, elle sera à la merci des différents facteurs de
dégradation. Elle mettra seulement 25,14 ans pour disparaître. Son
stock en forêt de reboisement lui suffit à tenir 92 ans. Mais avec
les actions entreprises sur le lieu par divers ONG pour la préservation
de l'environnement, la professionnalisation des charbonniers, cette projection
n'est qu'une estimation négative. Il se peut que la superficie des zones
boisées va s'accroître avec la capacité de
régénération et d'auto dissémination de
l'eucalyptus.
Le fokontany de Lampahambana est le plus
vulnérable des trois. Sa réserve de bois, exprimée en
forêt de reboisement, lui suffit juste à tenir un an. Même
les savanes vont prochainement disparaître. Dans 4,5 ans la savane
arborée n'y sera plus contre 2,5 ans pour la savane herbeuse. Laissant
place à un paysage désolant caractérisé par
l'extension des sols nus. Une situation propice à la formation de
lavaka. Du fait de la dislocation du territoire du fokontany
d'Ankofika en faveur d'Antsahambavy, il n'a plus de
forêt naturelle. Il lui reste la zone boisée. Celle-ci par
projection mettra 24 ans avant d'être épuisée.
Les ressources forestières de la zone d'étude
ont atteint leur point de basculement ou seuil écologique. A ce stade,
l'écosystème perd sa capacité de
récupération suite à d'importantes perturbations. On ne
peut qu'assister impuissamment aux effets en cascade qui s'en découlent
à une vitesse fulgurante. En se référant aux projections
faites à partir de l'étude comparative de
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l'occupation du sol, la déforestation totale de la zone
est une possibilité à ne pas écarter. Cependant divers
facteurs peuvent entrer en jeu et changer la donne. La
multifonctionnalité de la forêt explique le mécanisme de
dégradation des ressources forestières. Le genre
d'éducation environnementale et de conservation devra alors être
adapté à cette situation afin d'en assurer son efficience.
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