La pauvreté, la situation politique et
économique des années 70, l'exigüité des parcelles
à cultiver accompagné d'un faible rendement agricole ont
poussé une partie de la population de la commune rurale d'Ambohibary
et de Ranovao à pénétrer un peu plus dans la
forêt naturelle pour subvenir à leur besoin. Durant la crise
politique des années 70, la population malgache a mal vécu la
pénurie en PPN surtout en approvisionnement du riz. Ce manque
pousse la population à trouver d'autres alternatives. Pour les habitants
de la commune rurale d'Ambohibary et de Ranovao, leur
réponse est l'extension de la surface cultivable à
l'intérieur de la forêt naturelle. D'ailleurs le sol y est
adéquat à l'agriculture. (cf. ANNEXE XII) Il y a eu une course
à l'appropriation des terres afin aussi de répondre à la
pression démographique existante. Pour le cas du fokontany de
Lampahambana et d'Ankofika, à la recherche d'essaims
et d'orchidées au coeur de la forêt naturelle, les paysans ont
découvert dans les années 70 des bas-fonds inexploités
qu'ils ont ensuite aménagé. Et ont décidé de s'y
implanter saisonnièrement pour la riziculture sachant que le rendement
serait élevé15 par rapport au reste de la commune. En
même temps, pour marquer leur territoire ils ont défriché
les forêts naturelles des environs pour les remplacer par des
eucalyptus
14 Croquis : REPARTITION DE LA POPULATION
15 Peut atteindre plus de 3t/ha contre 1,4t/ha pour le reste de
la commune.
19
robustas. Les habitants qui ont choisi de vivre à
l'intérieur de la forêt naturelle sont parfois issus d'une
même famille, leur nombre est par conséquent plus
contrôlé.
Cliché 04: Un
exemple du
marquage de territoire
Un bas-fond
transformé en rizières
Une habitation entourée de plantation d'eucalyptus
Source :
L'auteur, 2015
Il en est de même pour Antsahambavy au
départ. Une timide migration faite par une poignée d'habitants
d'Ankofika en 1978 vers une migration de masse de la population
à partir des années 80 (cf. Graphe 02). Les originaires de la
commune de Ranovao sont aussi venus s'installer à
l'intérieur du territoire de la commune d'Ambohibary, dans la
forêt naturelle. Le nombre de la population d'Antsahambavy n'a
cessé d'accroître. En l'espace de 37 ans, de 1978 à 2015,
leur nombre est passé de 40 à 797. Cette ascension fulgurante
commence en 1980 avec un pic en 2013 puis une sorte de stabilité ces
deux dernières années. Les habitants qui composent le nouveau
village au coeur de la forêt provenaient en majeure partie des
fokontany de Ranovao, d'Ambohimiadana,
d'Ambohimihaza, d'Ambohimirary, d'Ankeramadinika.
Ces derniers constituent la commune rurale de Ranovao. A cette
époque, Antsahambavy faisait encore partie intégrante du
fokontany d'Ankofika de la commune rurale
d'Ambohibary. Avec le temps, ils ont fini par accaparer une bonne
partie du fokontany d'Ankofika. Les habitants de ce dernier y sont
minoritaires. A partir de 1985, un litige s'est créé entre les
deux communes, quand Ranovao a demandé d'inclure
Antsahambavy dans leur territoire administratif. Ce litige dura une
dizaine d'années. Aujourd'hui Antsahambavy appartient à
la commune rurale de Ranovao en tant que nouveau fokontany
causant la réduction de la superficie du fokontany
d'Ankofika.
20
Graphe 02: Evolution de la population
d'Antsahambavy
Nombre de population
900
800
400
700
600
500
300
200
100
0
1978 1979 1980 2000 2013 2014
2015
population
Source : Données communales de Ranovao,
2015