Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 1 sur 198
ESSEC EXECUTIVE EDUCATION
WIDERA Sophie
22 mai 2013
Directeur de Thèse : Patrice Pourchet
MASTERE SPECIALISE
International Purchasing Management
Thèse professionnelle
Stratégie achat basée sur le développement
de la consommation locale et les circuits-courts d'approvisionnement. Cas du
petit déjeuner dans l'hôtellerie
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TABLE DES MATIERES
RESUME / ABSTRACT
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5
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REMERCIEMENTS
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8
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INTRODUCTION
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9
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1. ANALYSE DE L'ENVIRONNEMENT
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13
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1.1. Le marché de l'hôtellerie en France
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13
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1.1.1. Poids du secteur dans l'économie française
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13
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1.1.2. Caractéristiques de la concurrence : concentration
et nouveaux entrants
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15
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1.1.3. Prise de conscience des enjeux du développement
durable
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19
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1.1.4. Tendances générales: nouveaux concepts et
diversification des services
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25
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Résumé
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28
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1. 2. Le petit déjeuner : un service stratégique et
rentable
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30
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1.2.1. Caractéristiques de la demande
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30
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1.2.1.1. Une prestation indispensable pour les clients
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30
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1.2.1.2. Association petit-déjeuner /moment plaisir
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31
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1.2.1.3. Attentes des clients sur le contenu de l'offre
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31
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1.2.2. Caractéristiques de l'offre hôtelière
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33
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1.2.2.1. Prolongement de l'hébergement
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33
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1.2.2.2. Une prestation rentable
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34
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1.2.2.3. Un outil de communication efficace
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36
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1.2.2.4. Diversification des offres PDJ dans l'hôtellerie
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39
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1.2.2.5. Concurrence et substituts
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40
|
Résumé
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41
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1. 3. Circuits-courts, proximité et produits locaux:
émergence d'une tendance
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43
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1.3.1. Définition, origine et développement
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43
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1. 3.2. Identification des facteurs de croissance de la
consommation locale et des circuits
courts 47
Résumé 57
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2. ELABORATION D'UNE STRATEGIE ACHAT EN PARTANT DE L'OFFRE
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61
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2.1. Comprendre les enjeux par le questionnement
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61
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2.2. Mettre en place une stratégie marketing
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62
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2.2.1. Définition et objectifs
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62
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2.2.2. Choix : laquelle, comment et pour quel résultat
attendu ?
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62
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2.3. Construction de l'offre
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66
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2.3.1. Positionnement
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66
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2.3.2. Contenu
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68
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Résumé
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71
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2.4. Contribution des Achats dans la stratégie
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72
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2.4.1. Analyse et expression des besoins
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72
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2.4.2. Analyse du marché fournisseur
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75
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2.4.2.1. Connaître l'offre en produits locaux
|
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75
|
2.4.2.2. Caractéristiques et contraintes du
marché fournisseur
|
|
77
|
Résumé
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91
|
|
2.4.3. Synthèse des risques et opportunités Achats
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94
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2. 5. Stratégie Achat
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95
|
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2.5.1. Contexte et enjeux
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95
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2.5.2. Perspectives et visions
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99
|
|
2.5.3. Formalisation
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101
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2.5.4. Etapes et leviers
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104
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2.5.5. Solutions et pistes retenues
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114
|
|
Résumé
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120
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3. APPROCHE PRATIQUE : ENTRETIENS AVEC DES PROFESSIONNELS DES
ACHATS ET DE
L'HOTELLERIE 122
3.1. Questionnement autour de l'offre PDJ 123
3.2. Questions orientées Achat 127
3.3. Une offre PDJ basée sur des produits locaux et
des approvisionnements en circuits
courts 131
4. RECOMMANDATIONS ET COMMENTAIRES 138
4.1. L'offre PDJ 139
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4.2. Sécurisation des approvisionnements 142
4.3. Maîtrise des coûts 143
4.4. Développer les compétences en interne et en
externe 145
4.5. Achats collaboratifs 146
4.6. Evaluer la performance 147
CONCLUSION 149
GLOSSAIRE 152
BIBLIOGRAPHIE 154
ANNEXE 1 161
ANNEXE 2 190
ANNEXE 3 192
ANNEXE 4 195
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RESUME / ABSTRACT
A l'heure où l'on résume encore souvent la
fonction achat à la simple maîtrise de leviers destinés
à réduire les coûts, cette thèse apporte des
éléments et des pistes de réflexion afin d'explorer
d'autres voies, en partant de l'élaboration d'un concept original de
petit-déjeuner pour la clientèle hôtelière 3 et 4
étoiles.
La première partie consiste en une analyse de
l'environnement, préalable indispensable à toute réflexion
stratégique. Les caractéristiques du secteur hôtelier, ses
évolutions et ses axes de développement y sont abordés.
Les attentes de la clientèle hôtelière concernant la
prestation du petit-déjeuner et les réponses actuellement
apportées sont ensuite analysées afin d'en d'identifier les
facteurs clefs de succès. Enfin, les récentes évolutions
des comportements alimentaires liés à de nouveaux modes de
consommation sont appréhendées afin de mesurer leur impact
éventuel sur une offre de restauration et d'estimer leurs perspectives
de croissance.
La deuxième partie aborde les questions liées
à la nécessité de mettre en place une nouvelle offre
petit-déjeuner et en définit le cadre. Un concept innovant
destiné à satisfaire les exigences de la clientèle en
termes de fraîcheur, de qualité gustative et de
traçabilité est élaboré. Ce petit-déjeuner,
intégrant des produits locaux issus des CC d'approvisionnement
répond également à certaines préoccupations des
consommateurs, liées au développement durable. Il constitue une
alternative au petit-déjeuner classique et standardisé dont les
clients se sont lassés et qu'ils trouvent en majorité d'un
rapport qualité prix médiocre. En fonction des contraintes et des
enjeux identifiés, de sa vision et de son analyse du contexte, la
fonction achat va s'efforcer d'apporter des réponses concrètes
pour contribuer efficacement à ce projet. La mise en place d'une
stratégie achat permettant de créer de la valeur est ensuite
déroulée étape par étape. Des propositions
adaptées aux caractéristiques d'un marché fournisseur
contraignant et aux objectifs de compétitivité et de
rentabilité de l'établissement sont appréhendées et
évaluées afin de définir la solution qui sera finalement
retenue et mise en place.
A la suite de cette approche théorique, la
stratégie est soumise aux professionnels du secteur de
l'hôtellerie et des achats sous forme d'entretiens semi-guidés. La
confrontation entre théorie et pratique permet d'apporter un regard
nouveau sur le projet et de l'enrichir au travers des expériences
diverses vécues sur le terrain.
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Les contraintes et les risques identifiés lors des
analyses réalisées au cours de l'étude, confirmées
par les professionnels du secteur font ensuite l'objet de recommandations
à la lumière des nouveaux éléments issus des
entretiens, permettant d'améliorer ou de réajuster la
stratégie achat.
Ainsi, il sera de nouveau question d'avantages
compétitifs, de sécurisation des approvisionnements et de
maîtrise des coûts, des leviers à mettre en oeuvre, et des
possibilités de nouveaux relais de croissance combinant marketing et
achats.
At a time when we still consider purchasing as the simple
mastery of cost reduction levers, this thesis provides some food for thought to
explore new ways to improve profitability, starting from the development of an
original concept of breakfast for hotel guests 3 and 4 stars.
The first part is an analysis of the environment, a
prerequisite for any strategic thinking. It highlights the characteristics of
the hotel industry, its developments and areas of development. Expectations of
hotel guests regarding breakfast services and current responses are then
analyzed in order to identify key success factors. Finally, recent developments
in food-related behaviors bringing up new consumption patterns are taken into
account in order to assess their potential impact on food supply and to
estimate their growth prospects.
The second part addresses issues related to the need to set up
a new breakfast offer and provides the framework. An innovative concept
designed to meet the customer requirements in terms of freshness, taste quality
and traceability is developed. This breakfast including local products in short
supply channels also responds to consumer concerns related to sustainable
development. It is a real alternative to the traditional and standardized
breakfast that customers are tired of and mostly consider as a poor value for
money. Depending on the constraints and challenges identified, its vision and
analysis of the context, the purchasing function will endeavor to provide
practical solutions to effectively contribute to the project. The
implementation of a purchasing strategy designed to create value is then
rolled-out step by step. Proposals tailored to the characteristics of a
challenging supplier market and to the objectives of competitiveness and
profitability of the business are apprehended and assessed to determine the
solution that will be selected and implemented in the end.
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Following this theoretical approach, the strategy is shared in
the form of semi-guided interviews with professionals of the hotel sector and
of procurement. This confrontation between theory and practice brings a new
perspective and enhances the project through various experiences in the
field.
Constraints and risks as well as opportunities and strengths
identified in the analyses conducted in the study, confirmed by professionals
are then the subject of recommendations in the light of new evidence from
interviews, to improve or adjust the purchase strategy.
Thus, once again it is a matter of competitive advantage,
security of supply and cost control levers to implement, as well as new growth
opportunities to take, combining marketing and purchasing.
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REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier sincèrement M. Patrice
Pourchet qui a accepté d'être mon Directeur de Thèse et
qui, tout au long de cette aventure, a su m'accompagner et m'encourager
à aller plus loin dans mes réflexions.
Une pensée particulière pour Françoise
Portier, ancienne Essec et Directrice Achat dans le secteur de
l'hôtellerie, pour son professionnalisme, son enthousiasme et ses
précieux conseils. Mes remerciements s'adressent également
à tous les professionnels de l'hôtellerie et des achats qui ont
pris le temps de me recevoir et de me faire partager leur expérience et
leur passion pour ce métier que je ne connaissais pas.
Un grand merci également à ma camarade de promo,
Monika Franz, dont j'ai pu apprécier la disponibilité et la
générosité à de nombreuses reprises au cours de
l'élaboration de cette thèse.
Enfin, pour son indéfectible soutien, sa patience et
son écoute, je remercie ma mère, devenue, à son corps
défendant, experte sur le petit-déjeuner hôtelier et les
circuits courts, mon unique sujet de conversation au cours de ces derniers
mois.
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INTRODUCTION
L'hôtellerie est un secteur très concurrentiel
où il est devenu indispensable de se différencier par une offre
attractive, dans laquelle les services et les produits annexes jouent un
rôle prépondérant. L'hôtel n'est plus un simple lieu
de passage où l'on dort et où l'on se repose mais un espace
où l'on va vivre une expérience différente, voire unique.
A travers des concepts alliant la détente à la découverte,
tout doit concourir à séduire une clientèle très
exigeante, qui détient désormais le pouvoir de faire et de
défaire des réputations en quelques clics.
Lors d'un séjour à l'hôtel, le
petit-déjeuner est important, parce que les clients y sont attentifs :
c'est l'un des derniers souvenirs de l'établissement que le client
emportera avec lui. Il constitue également un centre de profits pour
l'hôtel. Or, on sait que de plus en plus de clients ne prennent plus leur
petit-déjeuner à l'hôtel : les taux de captage sur cette
prestation s'effondrent. Parmi la clientèle prenant son
petit-déjeuner à l'hôtel, 52 % estiment le rapport
qualité/prix médiocre, voire très médiocre. Quant
au prix, il est généralement considéré trop cher
par 70% de la clientèle pour les 2, 3 et 4
étoiles1.
Grâce aux nombreuses campagnes d'informations sur le
sujet, les consommateurs ont pris conscience de l'impact de l'alimentation sur
la santé. Aussi, le souhait d'une nourriture plus saine et de repas plus
structurés est devenu prégnant. A ce titre, le
petit-déjeuner est de plus en plus considéré comme un
repas clef dans la journée, le simple café noir pris sur le pouce
ne faisant que 10% d'adeptes. Il revêt également un aspect plaisir
que l'on voit se développer autour de l'offre hôtelière
dont les buffets petit-déjeuner proposent des produits divers et
variés, qu'il est possible de consommer à volonté. Cette
évolution amène les consommateurs à rechercher des
produits frais et sains aux qualités gustatives
élevées.
Les produits locaux répondent à cette demande
car la proximité est à leurs yeux un gage de fraicheur et de
qualité. La traçabilité des produits et la connaissance
des producteurs « du coin » contribuent également à
rassurer des consommateurs, en perte de confiance face à la
multiplication des scandales qui ont touché l'industrie agro-alimentaire
ces dernières années.
1
http://www.hr-infos.fr/actualite/marche/etude/hotels-francais-sont-ils-devenus-trop-chers.html
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Une prise de conscience sociale est également en
marche. Dans un contexte économique dégradé, une
sensibilité à la préservation de l'emploi émerge.
Aussi, on assiste à une sorte de repli sur son environnement au sens
géographique du terme, qui conduit à privilégier les
produits cultivés ou fabriqués localement par opposition aux
circuits de distribution traditionnels.
Ces évolutions dans les habitudes de consommation sont
relayées par les pouvoirs publics, qui encouragent les agriculteurs
à pratiquer la vente directe de leurs produits. En effet, ce secteur,
impacté par les réformes de la politique agricole commune et par
la volatilité des prix sur le marché mondial, essaie de trouver
des solutions pour limiter ses risques et assurer son niveau de revenu. Ainsi,
dans de nombreux départements, la restauration collective publique est
incitée à favoriser les circuits courts de proximité en
s'approvisionnant auprès de d'exploitants ou de producteurs locaux.
Dans ce contexte, les hôteliers doivent se
préparer, anticiper, se montrer proactifs afin que ces mutations ne
soient pas subies. Elles doivent au contraire constituer des
opportunités pour innover, créer des avantages
compétitifs, se différencier.
Même si la réduction de l'impact environnemental
des activités hôtelières est devenue le nouveau
crédo du secteur, l'implication des structures demeure très
variable en fonction des marques, des propriétaires et de la taille des
établissements. Les grands groupes hôteliers ont pu largement
investir dans la mise en place de chartes environnementales, permettant de
disposer d'un outil de communication et de management efficace. En
général, cependant, l'accent est surtout mis sur les
économies d'énergie, d'eau et de traitement des déchets.
Le développement de filières achats responsables où le
choix des modes de production (intensif, raisonné, biologique ou encore
équitable) est pris en compte commencent à voir le jour,
très lentement. Le développement économique s'appuyant sur
des partenaires locaux et permettant le développement ou le maintien de
l'emploi de proximité, peut-être qualifié, quant à
lui, d'embryonnaire.
Quels sont les enjeux d'une stratégie achat dans ce
contexte ? La demande en produits locaux est émergente mais
réelle. Peu d'hôteliers ont franchi le pas. Cette démarche
est un élément de différenciation qui procure un avantage
compétitif certain. Elle permet d'anticiper les tendances du
marché en innovant et renvoie une image forte en termes de
responsabilité sociétale. Pour la clientèle, souvent mise
à contribution dans la politique de développement durable des
hôteliers, il est
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198
possible d'avoir un comportement responsable sans se priver
mais en prenant plaisir avec des produits frais et de qualité.
A partir de l'identification d'un problème concret dans
le secteur de l'hôtellerie 3 et 4 étoiles, l'objectif de cette
thèse est de trouver de nouveaux relais de croissance à travers
l'élaboration d'une stratégie achat basée sur une offre
petit-déjeuner innovante, intégrant des produits locaux issus des
circuits courts d'approvisionnement. Mêlant étroitement achat et
marketing, ce concept doit permettre à moyen terme d'augmenter les
performances sur cette prestation, mais aussi et surtout d'engager une
démarche créatrice de valeur, permettant de se
différencier en disposant d'avantages compétitifs pérennes
dans un secteur très concurrentiel.
A travers une analyse approfondie de l'environnement, la
première partie met en lumière les éléments
à l'origine de l'élaboration d'une telle stratégie, sous
la forme d'un questionnement : les circuits-courts de proximité vont-ils
s'inscrire dans la durée, la consommation de produits locaux actuelle
est-elle un simple effet de mode ou assistons-nous à une mutation
profonde de nos habitudes de consommation ? Quelles sont les
caractéristiques et les évolutions du secteur de
l'hôtellerie, à quelles problématiques est-il
confronté ? Sur quoi s'appuie sa stratégie de
développement ? Quel rôle joue le petit-déjeuner dans les
prestations hôtelières ? Quelles sont les attentes des clients par
rapport à ce service, en sont-ils satisfaits ?
Suite à cette analyse, la deuxième partie aborde
les enjeux de la différenciation et détaille les étapes
menant à l'élaboration d'un concept PDJ innovant,
intégrant des produits locaux issus des circuits courts
d'approvisionnement. C'est à partir de ces éléments que la
fonction achat va devoir ériger les bases de sa stratégie. Il
s'agira de mettre ses compétences au service d'un concept novateur et
audacieux afin de contribuer à la création de valeur tout en
répondant aux exigences de rentabilité économique. Les
actions et réflexions accompagnant sa mise en oeuvre seront ensuite
déroulées sous forme de propositions et de leviers puis
évaluées afin de définir les facteurs clefs de
succès de la stratégie finalement retenue.
En parallèle de l'approche théorique, une
troisième partie viendra valider certaines hypothèses et
informations, tout en apportant des pistes de réflexion
complémentaires grâce à des entretiens semi-guidés
réalisés avec des professionnels des achats et de
l'hôtellerie. Leur expérience dans ce secteur
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198
et dans la fonction achat pour une partie d'entre eux,
permettra d'avoir des témoignages et des analyses de situations
vécues sur le terrain.
Enfin, la quatrième partie proposera, sous forme de
recommandations et de commentaires, de compléter l'élaboration de
la stratégie achat, en s'appuyant sur les différentes
informations, observations, déductions et réflexions issues des
entretiens de la partie précédente.
Périmètre : la notion de local est
délimitée par les frontières administratives de la
région Ile de France. Ce choix relève d'un souhait personnel de
valoriser un terroir délaissé, en identifiant des
possibilités de développement pour l'économie locale, sur
un espace agricole qui représente près de la moitié de la
région IDF. En toute logique, le parc hôtelier concerné
correspond au même espace. Le définition du
périmètre se situe au niveau de la catégorie, les
hôtels 3 et 4 étoiles sur Paris, les plus représentatives
du parc hôtelier francilien et les plus concernées par le
problème de la prestation PDJ. En effet, « hormis dans le
haut-de-gamme, le taux de captage baisse à mesure que le prix
augmente. »
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1. ANALYSE DE L'ENVIRONNEMENT 1.1. Le marché de
l'hôtellerie en France 1.1.1. Poids du secteur dans l'économie
française
Avec ses 79 millions de visiteurs par an, la France est
considérée comme l'une des principales destinations touristiques
à l'échelle mondiale. Les retombées directes du tourisme
sont estimées à 7,1% du PIB2. Le
poids global, retombées indirectes comprises, dépasse les 9%.
En termes de production, le tourisme avec ses
82 milliards d'euros (soit 2,7% de la production totale française)
se situe devant l'automobile3 (68,8 Mds €),
l'agriculture (79,8 Mds €) ou des activités
récréatives, culturelles et sportives (77,1 Mds €). En ordre
de grandeur, la production touristique représente plus de la
moitié du secteur de l'énergie et près de la moitié
du secteur du bâtiment.
Plus de la moitié de cette
activité est représentée par la restauration
(45,3 Mds €), le reste se répartissant entre
l'hébergement (20,9 mds €), les activités
des agences de voyage et voyagistes (14,1 Mds €), les
téléphériques et remontées mécaniques (0,9
Md €) et les services d'entretien corporel (0,8 Md €).
Avec un taux d'occupation de 75% en 2012 4,
la région francilienne confirme sa forte
attractivité touristique et son statut de site privilégié
pour la tenue de foires et salons internationaux. Les
hôtels classés de l'Ile -de-France ont regroupé
plus du tiers des nuitées de l'hôtellerie française en
2010, loin devant les régions PACA (10,8%) et Rhône Alpes
(8,9%). C'est dans la région parisienne que le nombre de nuitées
a le plus augmenté en 20105 .
2 Le poids économique du tourisme en France,
Mémento du Tourisme, Direction Générale de la
compétitivité de l'industrie et des services, 2011
3 Rapport d'information fait sur l'action de l'Agence de
développement touristique Atout France et la promotion de la «
destination France » à l'étranger, Senat, André
Fernand et Michel Becot, n°684, session ordinaire de 2010-2011
4 Chiffres clefs du Tourisme Ile de France, Centre
régional d'Observation du Commerce, de l'Industrie et des Services,
2013
5 L'hôtellerie en France et en région, Analyse du
marché, Prévisions 2013, Forces en présence et axes de
développement, Xerfi, 2011
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 14 sur
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En Ile-de-France, les hôtels franciliens sont
plus souvent haut de gamme qu'en province : 45 % sont classés 3
étoiles ou plus contre 27 % en province. Ainsi, à Paris, ils
représentent 56 % des établissements. Les 17 hôtels
franciliens classés 5 étoiles se situent, d'ailleurs, tous dans
la capitale. Parmi eux se trouvent notamment le George V, le Plazza ou le
Bristol. L'hôtellerie économique (0 ou 1 étoile) est peu
présente sur Paris (9 %) en raison du coût du
foncier.6
Entre 2005 et 2012, le nombre de nuitées dans
les hôtels 3 et 4 étoiles sont ceux ayant connu le taux de
croissance le plus élevé, avec des hausses,
respectivement de 5,9% et de 20,3%. Dans la même période, les
nuitées passées dans les hôtels de catégories
inférieures ont reculé, touchées par l'intensification de
la concurrence d'autres formes d'hébergement comme l'hôtellerie de
plein air7.
Les statistiques du Ministère du Tourisme8
en 2011 révèlent que les Européens
représentent
l'essentiel de la clientèle hôtelière
à Paris avec 71% des nuitées, dont 37% sont
représentés par la
France :
- Clientèle française : 37%
- Clientèle européenne hors France :
34%
- Clientèle américaine (Canada, USA,
Amérique Centrale et du Sud) : 16%
- Continent Asie Océanie (Chine, Japon, Proche et Moyen
Orient, Australie, autres pays d'Asie : 11%
- Continent africain : 2%
6 L'hôtellerie francilienne : une offre importante mais
potentiellement insuffisante, Centre Régional d'Observation du commerce
de l'industrie et des services, n°153, février 2013
7 L'hôtellerie en France et en région, Analyse du
marché, Prévisions 2013, Forces en présence et axes de
développement, Xerfi, 2011
8 Tableaux statistiques hôtellerie de tourisme 2011,
Direction Générale de la Compétitivité de
l'Industrie et des Services
La clientèle de l'hôtellerie est à
majorité française et européenne. Parmi les pays
européens qui fréquentent le plus la capitale, par ordre
croissant, se trouvent le Royaume Uni, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne.
1.1.2. Caractéristiques de la concurrence :
concentration et nouveaux entrants
En 2012, la dégradation de l'environnement a
contribué à renforcer la concurrence dans le secteur. Le grand
nombre d'établissements, les faibles barrières à
l'entrée et la concurrence des offres alternatives aux chambres
d'hôtel sont autant de facteurs contribuant à son
élévation. Outre l'explosion des capacités
d'hébergements touristiques des résidences et meublés de
tourisme, les hôteliers doivent déjà faire face
à l'intérêt croissant des Français pour les
locations, les gîtes et les chambres d'hôtes. Alors que
ces modes d'hébergement représentaient à peine 35%
des nuitées marchandes des touristes résidents en 2005,
ils en totalisaient près de la moitié en
20109.
? Concentration
Aujourd'hui, les phénomènes de concentration
s'intensifient dans l'hôtellerie, comme dans les autres secteurs
d'activité économique. Les deux groupes hôteliers
leaders en France -- Accor et Louvre Hôtels -- contrôlent
près de 3/4 des hôtels affiliés à des chaînes
hôtelières intégrées, dont une domination
du groupe Accor, qui en fédère 47,5 %. Rien qu'en France, 36
enseignes de chaînes ont disparu en 15 ans en raison de
fusions-absorptions ou parfois de faillites, alors qu'il ne se crée
presque plus de réseaux nouveaux (sauf Kyriad en 2000 et All Seasons en
2007)10.
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198
9 L'hôtellerie en France et en région, Analyse du
marché, Prévisions 2013, Forces en présence et axes de
développement, Xerfi, 2011
10 L'Industrie Hôtelière Française en 2012,
35ème 2dition, KPMG, 2013
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198
Les hôtels indépendants
Ils représentent 48 % du nombre total d'hôtel de
tourisme homologués en France en 2008 (60% du nombre de chambres).
Ce sont des établissements familiaux, gérés par
leur propriétaire, qui ont conservé leur autonomie
juridique et financière
L'hôtelier n'appartient dans ce cas ni à un groupe,
ni à un réseau.
Les chaînes volontaires
Elles sont composées d'hôtels exploités
par des entreprises indépendantes désireuses de profiter
de la notoriété d'un label. Chaque hôtel conserve
ses propres spécificités et son nom est associé au label
du réseau ; les plus connues sont : «Logis», les «relais
du silence», les «relais et châteaux», «Best
Western»,...
Les objectifs des hôteliers adhérant à une
chaîne volontaire : développer son réseau commercial,
améliorer l'image de marque (logo sur toutes les prestations de la
chaîne), réduire les coûts (centrale d'achats de la
chaîne), augmenter l'occupation de l'hôtel et le chiffre
d'affaires.
Les chaînes intégrées
C'est une société qui gère un
certain nombre d'hôtels.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 17 sur
198
Cette société comprend des filiales
dont elle est propriétaire, des hôtels
gérés sous mandat de gestion ou encore des
franchisés.
Elles sont composées d'établissements portant la
même enseigne et standardisés. Le client est certain d'y
trouver, d'une région à une autre, des prestations semblables et
un même niveau d'équipement. Parmi elles, on trouve :
«Accor», «Etap Hôtel», «Mercure»...
De nombreux services sont regroupés au
siège de la chaîne : service financier, service
d'exploitation commerciale, centrale de réservation, centrale
d'achats, gestion du personnel...
Elles représentent 17% des hôtels de tourisme
homologués.
Aujourd'hui, si les 57 enseignes recensées
ne représentent que 17,5 % du nombre d'hôtels
classés français (soit 2.939 hôtels en filiales,
franchises et mandats de gestion), elles réunissent 40,1 % du nombre de
chambres et tout de même près de 54 % de parts de
marché. Autrement dit, plus d'une nuitée
hôtelière en France sur deux (dans l'hôtellerie
classée) se loge dans un hôtel de chaîne
intégrée. Cela s'explique par leur taux d'occupation
plus important que chez les indépendants -- grâce à l'effet
réseau et à la notoriété des marques --, et aussi
par la relativement grande capacité de leurs
hôtels.11
Répartition chaîne/indépendants en
région parisienne?
L'hôtellerie indépendante est majoritaire
à Paris. Elle représente 60%12 de la
capacité d'accueil mais la proportion est inversée sur la
région Ile de France (Paris inclus) où les indépendants
sont minoritaires et représentent 43,8% de la capacité d'accueil
de l'offre hôtelière régionale.
?Montée en puissance des substituts à
l'hôtellerie
Du fait de l'intensification de la concurrence pour la
profession, seules 18,2% des nuitées des Français (dans
le cadre des hébergements marchands) ont été
passées dans des hôtels en 2010, contre 27,6% en
200513.
11 S'affilier à une chaîne hôtelière
mode d'emploi, étude Coach Omnium, 2012
12 Paris : les hôteliers en forte concurrence sur le
secteur corporate, Thiphaine Beausseron, Headlight Consulting,
L'hôtellerie Restauration, 10 février 2010
13 L'hôtellerie en France et en région, Analyse du
marché, Prévisions 2013, Forces en présence et axes de
développement, Xerfi, 2011
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 18 sur
198
Les résidences de tourisme et
résidences urbaines : elles représentent des
substituts qui ont de plus en plus les faveurs de la clientèle et qui
constituent une réelle concurrence aux hôtels
concernés dans cette étude, à savoir les 3 et 4
étoiles. Selon la définition officielle, fixée par
l'arrêté du 14 février 1986 du Ministère du
Tourisme, article 2 « La résidence de tourisme est un
établissement commercial d'hébergement classé faisant
l'objet d'une exploitation permanente ou saisonnière. Elle est
constituée d'un ensemble homogène de chambres ou d'appartement
meublés, disposés en unités collectives ou pavillonnaires,
offerts en location pour une occupation à la journée, à la
semaine ou au mois à une clientèle touristique qui n'y
élit pas domicile. Elle est dotée d'un minimum
d'équipements et de services communs ... ». Ces
résidences permettent de concilier en un même lieu
l'hébergement, la restauration et les activités de
loisirs.
L'appellation commerciale des établissements
étant libre, on trouve sur le marché des Résidences de
Tourisme, des Résidences Hôtelières, des
Appart'hôtels...
Sérieux concurrent de l'hôtellerie car
elles fonctionnent en fait comme les hôtels (sans en avoir ni le statut,
ni les contraintes), les résidences hôtelières
présentent un parc moderne, répondant bien aux aspirations du
tourisme d'affaires ou de loisir pour des séjours prolongés en
site urbain ou de vacances. Son succès auprès des investisseurs
trouve son origine dans les possibilités de défiscalisation
avantageuses et l'assurance d'un taux de rentabilité
élevé.
Une montée en gamme s'est
opérée depuis plusieurs années, couplée à
une offre bien-être/loisirs, à travers des piscines, des espaces
fitness, des centres de thalassothérapie. « Les
résidences de tourisme en ville sont en général
plus compétitives (que l'hôtel), car plus vous
restez longtemps, moins vous
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 19 sur
198
payez. Et la présence d'une kitchenette permet de
limiter les frais de restauration", souligne Jean-François
Ramé, PDG du site de réservation spécialisé Cityzen
Booking. 14
La facture finale du séjour est en moyenne
inférieure de 20 à 40% à celle d'un
séjour avec hôtel et restaurant(s).
Entre 1995 et 2010, le nombre de
résidences de tourisme a gagné 1200 établissements soit un
bond de 179% en 15 ans.
Les chambres d'hôte :
elles correspondent à une demande particulière de la part d'une
clientèle qui souhaite une alternative à l'hôtellerie
traditionnelle. Cette clientèle est en quête
d'authenticité, de partage de liens et d'expériences avec ceux
qui les accueillent. Certains hôteliers, notamment ceux ayant des
établissements 1 et 2 étoiles se plaignent de ce qu'ils
considèrent comme une concurrence déloyale en s'appuyant sur
l'argument tarifaire qui, dans ce cas, ne joue aucun rôle.
Hébergement non marchand : sa
part a progressé de 6,2 points. Plus des deux tiers des nuitées
des Français en 2010 ont ainsi été passées chez la
famille, les amis ou dans des résidences secondaires ;
1.1.3. Prise de conscience des enjeux du
développement durable
? Le développement durable : levier de croissance
ou source de contraintes ?
Même si la clientèle manifeste encore peu
d'exigences à ce sujet, les démarches environnementales vont
s'imposer à moyen terme comme un facteur de
différenciation avant de devenir des attentes incontournables.
Cette tendance se traduira certainement par des contraintes
réglementaires supplémentaires pour les
hôteliers.
La prise de conscience est lente mais présente ainsi
qu'en témoigne une analyse de l'offre hôtelière éco
labellisée dans les grandes métropoles européennes
conduite par le cabinet Deloitte en 2009. Londres, Bruxelles, Vienne et
Amsterdam affichent 5 à 11% d'hôtels éco
labellisés. Par comparaison, 36% du parc hôtelier
de la région de Stockolm est
écolabellisé15. Même si cette proportion peut
paraître faible, les initiatives récentes menées à
Londres et à Bruxelles devraient avoir renforcé ces pourcentages
: dans le cadre du Green Tourism Business Scheme à Londres, les
établissements
14 En plein essor, le tourisme urbain fait les affaires des
résidences, l'Express, le 25/02/2012
15 Site internet des écolabels, Deloitte Conseil
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 20 sur
198
touristiques ont été fortement encouragés
à initier une démarche d'écolabellisation lors des Jeux
Olympiques en 2012. En Belgique, l'obtention du premier échelon de
l'écolabel « entreprise éco dynamique » est gratuit, ce
qui permet d'accélérer le mouvement16.
En revanche, les destinations du sud de l'Europe dont
l'Ile de France fait partie affichent des taux largement inférieurs
à 5%17.
Les principaux labels de développement durable dans
l'hôtellerie sont les suivants : Ecolabel européen, la Clef Verte
(international), Green Globe (international). Certains groupes hôteliers
ont développé leur propre label.
En Ile de France, en janvier 2013, 13 établissements
sont titulaires de l'Ecolabel européens (source :
http://www.ecolabels.fr),
24 hôtels 3 et 4 étoiles sont labellisés La Clef Verte
(source :
http://www.laclefverte.org),
le nombre d'hôtels éco labellisés Green Globe en
région parisienne n'est pas disponible sur le site de manière
précise mais les hôtels du Groupe Louvre Hôtel ont vu 11 de
leurs établissements certifiés en 201218.
Les grands chaînes telles Accor, Rezidor,
Concorde Hôtel, Mariott ont créé leur propre charte de
développement durable :
- en 1989, Rezidor (marque Radisson) a
été l'un des premiers groupes hôteliers à introduire
un programme de développement durable « Rezidor Responsible
Business » En 2001, un programme à
l'échelle du groupe a été introduit: la santé et la
sécurité des clients et employés, le respect des questions
sociales et éthiques au sein de la société, et une
empreinte environnementale réduite. « Think Planet »
lancé en août 2012 est la partie la plus récente du
programme. Elle a pour but de réduire de 25 % la consommation
d'énergie d'ici 2016 dans tous les hôtels Rezidor en
Europe, en Afrique et au Moyen Orient ;19
- en 1998, Accor a lancé la
première charte « La charte Environnement de l'hôtelier
» avec 15 actions de base à mettre en place. En 2006, un programme
baptisé « Earth Guest » est mis en place autour de 8
priorités d'actions. En 2012, Accor lance le programme Planet 21 qui
concerne l'ensemble des
16 Les tendances du tourisme et de l'hôtellerie 2010,
Sortir de la crise : construire une stratégie durable, Deloitte,
février 2010
17 Les tendances du tourisme et de l'hôtellerie 2010,
Sortir de la crise : construire une stratégie durable, Deloitte,
février 2010
18
http://pro.parisinfo.com/uploads/8e//dp-dossier-durable-2012.pdf
19
http://www.nouschrd.fr
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 21 sur
198
marques du Groupe et repose sur 21 engagements assortis
d'objectifs chiffrés que tous les hôtels devront atteindre d'ici
2015. Le programme comprend un volet d'information et de mobilisation
destiné à associer les clients et les
collaborateurs.20
- en 2010, le Groupe Concorde Hotels &
Resorts lance son programme intitulé : « Charte D'engagement
Developpement Durable Concorde Hotels & Resorts »
?Quels sont les freins au développement durable
dans l'hôtellerie ?
Les clients : sensibles au développement
durable, à leur confort, à moindre coût et sans
culpabiliser
La plupart des études réalisées à
ce sujet montrent que les clients sont généralement sensibles au
développement durable. 91% d'entre eux déclarent être
sensibles aux questions liées à l'environnement.
Lorsqu'on les confronte au choix suivant : à prestations
équivalentes, entre 2 hôtels dont l'un
serait engagé dans une démarche de développement durable,
lequel choisiriez-vous, 78% d'entre eux choisiraient celui
engagé dans le développement
durable21.
Cependant, lors du choix de leur hôtel, le
développement durable n'est un critère significatif que
pour un client sur 2 selon le Baromètre Accor publié en
juin 2011, Hôtellerie Durable, « Ready to check-in ».
20
http://www.rsenews.com
21 Les Habitudes, attentes et comportements d'achat des
clientèles hôtelières, Cahier Troisième, Les
Habitudes, attentes et comportements d'achat des clientèles
hôtelières, chapitre développement durable, études
marketing & économiques pour le tourisme et l'hôtellerie -
Coach Omnium, 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 22 sur
198
Baromètre « Ready to check in » ACCOR, 2011
Les clients apprécient les hôtels engagés
dans le développement durable à condition d'allier
harmonieusement durabilité et confort.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 23 sur
198
Il en va de même sur le plan financier : 37%
des clients faisant le choix d'un hôtel engagé
déclarent refuser un effort financier supplémentaire
et 46% sont prêts à accepter une hausse des tarifs de
5%.
De nombreux programmes associent leur clientèle
à leur programme de développement durable en faisant
d'eux de véritables « consom'acteurs ». Si certain
client sont prêts à jouer ce rôle en faisant preuve
de bonne volonté grâce à quelques éco-gestes,
les études révèlent qu'il est indispensable de
leur laisser le choix.
De même, la culpabilisation est mal
vécue. Dans une interview menée par le cabinet
Coach Omnium en 2009, la citation d'un client illustre parfaitement ce
constat : « Les hôtels où on vous invite à faire
attention à la lumière et aux serviettes de toilette, avec des
petites étiquettes collées partout, ça suffit on n'est
plus des gosses ».
Pour mener une politique de développement durable
pérenne, les hôteliers doivent innover, communiquer,
trouver des axes d'amélioration de manière à ce
que le client puisse se sentir acteur, à sa convenance, tout en
conservant le confort et le plaisir d'un séjour à
l'hôtel.
Les hôteliers : entre politiques à
échelle internationale et initiatives isolées
? Sources d'opportunités dans les grands
groupes
Grâce à leur taille et à leur
présence internationale, les grands groupes hôteliers ont
rapidement compris que les tendances s'exprimant à travers le
développement durable pouvaient être source d'opportunités
: économies d'énergie, outil marketing et de
management, etc. En intégrant le développement durable
comme un élément à part entière de leur
stratégie globale, ils bénéficient d'un outil de
communication efficace, anticipant la demande d'une clientèle
de plus en plus consciente des priorités en matière de
développement durable ainsi que les mesures réglementaires qui
tôt ou tard finiront par s'imposer.
L'obligation pour les groupes hôteliers cotés en
bourse d'émettre un rapport annuel sur leur politique de
développement durable a également accéléré
la mise en place de programmes à l'échelle des groupes ou par
enseigne.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 24 sur
198
Ainsi, grâce aux moyens dont bénéficient
ces groupes, des projets ambitieux et structurés
peuvent voir le jour dès la conception de l'hôtel :
bâtiments basse consommation, production d'énergie renouvelable,
etc.
En interne, des plans d'actions sont
élaborés, intégrant une vraie dimension RSE
(Responsabilité sociétale des entreprises : recrutement,
formation, promotion interne) dont le suivi est assuré de la même
manière que les performances commerciales ou de gestion.
Définition de la RSE
« Le ministère du travail défini la RSE
comme suit : « La responsabilité sociétale des entreprises
(RSE) - traduction française de « Corporate Social Responsability
» - est un concept qui désigne l'intégration volontaire des
préoccupations sociales et écologiques des entreprises à
leurs activités économiques et à leurs relations avec les
parties prenantes que sont les salariés, les actionnaires, les
fournisseurs, les sous-traitants, les consommateurs...
»
Dans les faits, la RSE regroupe donc de nombreuses
actions, dans les domaines sociaux, écologiques et
économiques. Plus loin qu'une simple prise en compte du
contexte et de l'environnement de l'entreprise, la RSE intègre
toutes les actions Humaines, sociales, Environnementales, qui sont à
identifier comme positives » et vertueuses.
La RSE est un outil, dont le but final est d'atteindre le
développement durable : satisfaire nos besoins présents tout en
permettant aux générations futures de satisfaire les leurs, en
conciliant trois mondes différents, celui de l'économie, celui de
l'écologie et celui du social. »
|
Source :
http://rse-pro.com
? Sources de contraintes pour l'hôtellerie
indépendante
Même si elle a conscience de
l'importance des enjeux incontournables liés au développement
durable, l'hôtellerie indépendante manque de moyens
financiers pour mettre en place une politique cohérente et en
assurer le suivi. Ce frein est cité par 59% des hôteliers
indépendants en Ile de France selon une étude du
CROCIS (Centre régional d'observation du commerce, de
l'industrie et des services) publiée en février 2009. Le manque
d'information (35% des réponses) et de temps (26%) sont également
mentionnés comme des freins par les professionnels du secteur.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 25 sur
198
Il faut cependant souligner les initiatives de
certains hôteliers indépendants qui font figure de moteur
sur la question. A l'origine de ces démarches, des acteurs dont la
conviction personnelle tient lieu de motivation principale. Au-delà de
moyens financiers pour mettre en oeuvre des politiques plus ambitieuses,
ils se heurtent à des difficultés pour trouver de
nouvelles idées d'actions de développement durable et pour
identifier des fournisseurs répondant à leurs
attentes.
La prise de conscience récente des enjeux liés
au développement durable semble donc être vécue par les
hôteliers indépendants comme des contraintes qu'ils ne peuvent
mettre en oeuvre, faute de moyens financiers.
1.1.4. Tendances générales: nouveaux
concepts et diversification des services
Les mouvements de concentration au sein de l'hôtellerie
ainsi que la concurrence d'hébergements alternatifs supposent une
capacité à se renouveler en permanence. La
clientèle est devenue très exigeante car elle voyage de plus en
plus et qu'elle a un accès à l'information qui lui permet de
comparer en très peu de temps de multiples offres. Enfin, il ne faut pas
oublier qu'en temps de crise économique, le rapport qualité prix
fait partie des principaux critères de choix.
? Nouveaux concepts
Ecouter et comprendre ses clients, c'est sur
ce postulat, en apparence très basique, que se sont basées les
« boutique hôtels » pour développer leur
stratégie.
Standardisation versus Personnalisation : le «
Boutique-Hôtel »
La fréquence des voyages rend les clients plus
sensibles aux services innovants, à des environnements variés et
inédits. Les clients veulent être étonnés,
charmés, évoluer dans des espaces chaleureux et conviviaux.
Blasés des produits trop standardisés, la
personnalisation de la prestation est un
élément de différenciation qu'ont su
intégrer et développer les « Boutiques Hôtels »
dès le début des années 90.
Les « Boutique Hôtel », structures à
taille « humaines », généralement
intégrées dans le paysage urbain, parfois dans des lieux un peu
décalés (comme le Mama Shelter situé dans le
20ème arrondissement de Paris) ou branchés ont pour
caractéristique principale d'être tous différents.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 26 sur
198
L'architecture et la décoration font
systématiquement l'objet d'un soin particulier, fruit de la
créativité d'un designer connu.
L'accueil y est très personnalisé afin que le
client se sente un peu comme un invité et toutes les
prestations relèvent du haut de gamme.22
Les nouveaux concepts versus chaînes
hôtelières
Le « Boutique-Hôtel )) a éveillé
l'intérêt des grandes chaînes hôtelières,
l'innovation étant indissociable de la stratégie de
différenciation. Cependant, le « Boutique-Hôtel )) est par
essence exclusif. L'adapter au modèle économique de
l'hôtellerie de chaîne est quasi impossible pour des
raisons d'organisation et de rentabilité.
Néanmoins, pour gagner des parts de marché, les
chaînes hôtelières ne peuvent pas ignorer les tendances de
fond des comportements de la clientèle. Ainsi, certaines adaptations et
la création de nouveaux services, ne mettant pas en péril la
pérennité des établissements ont été
réalisées.
Ces tendances, qui ont été dans un premier temps
assimilées à un effet de mode s'installent dans le temps car il
s'agit d'une nouvelle approche, radicalement novatrice dans la relation
client. On se soucie désormais de la manière dont il va
vivre son « expérience de séjour » dans
l'établissement. Véritable prolongement du voyage,
l'hôtel doit être synonyme d'une expérience nouvelle,
inédite tout en conservant un niveau de qualité
élevé dans les prestations fondamentales.
Paradoxalement, les clients ont envie de se sentir comme chez eux, en
retrouvant ce qui correspond à leur mode de vie, à leurs
goûts esthétiques et à des équipements
technologiques au moins équivalents à ce qu'ils possèdent
eux-mêmes.
Ainsi la décoration, le mobilier et les
éclairages ont été totalement repensés dans
l'hôtellerie haut de gamme afin de créer des
atmosphères particulières, propices au
bien-être et à la détente. Dans les gammes
d'hôtels plus moyennes, les efforts ont porté sur les parties
communes pour gagner en convivialité.
22 Les tendances du tourisme et de l'hôtellerie
2010, Sortir de la crise : construire une stratégie
durable, Deloitte, février 2010
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 27 sur
198
? Développement des services
Les équipements technologiques sont devenus
incontournables y compris dans les hôtels de gamme moyenne : le
wi-fi est accessible et gratuit, les chambres sont
équipées de TV à écran plat. Le
service supplémentaire apporté au client consiste à mettre
à sa disposition des équipements tels que des ordinateurs en
libre-service, des consoles de jeux et toute la connectique multimédia
nécessaire pour pouvoir utiliser son matériel23.
Se sentir chez soi passe aussi par le relationnel avec
le personnel de l'hôtel. Le sempiternel « Allez voir mon
collègue » est aux antipodes du service client tel qu'il est
développé au sein de ce concept. L'équipe de
l'hôtel n'est plus seulement présente
pour les démarches administratives telles que le
check-in/check-out mais pour accueillir, orienter, conseiller.
Cette personnalisation du service est en parfaite adéquation avec les
attentes des clients car elle instaure un climat plus
détendu. Elle permet également aux
hôteliers de vendre plus facilement leurs services annexes.
Parmi ces services, tout ce qui de près ou de loin
a un rapport avec le plaisir et le bien-être fait face à
une demande croissante de la clientèle hôtelière.
L'époque où l'hôtel était un lieu de passage pour
dormir est révolue.
La tendance des spas est
révélatrice de ce phénomène où l'on
séjourne à l'hôtel non plus seulement pour visiter une
région mais également pour profiter des équipements et des
services proposés pour prendre soin de soi. Actuellement, 1 hôtel
4 étoiles sur 6 est équipé d'un spa. Des forfaits autour
des soins liés au bien-être sont de plus en plus souvent
proposés pour les week-ends.
Le plaisir gastronomique étant un
élément incontournable du voyage, des efforts
considérables ont été entrepris au niveau de la
restauration afin de garder le client dans l'hôtel, du
petit-déjeuner au dîner : des cartes plus attractives
où la créativité se mêle à
l'authenticité de produits régionaux, bio et frais. Des menus
spéciaux sont également proposés, prenant en compte les
spécificités de certains clients français et
internationaux : menus spécial forme, végétariens,
ou uniquement à base de produits locaux pour faire
découvrir des produits de la région tout en prenant en
considération la sensibilité émergente d'une partie de la
clientèle au développement durable.
23 Nouveaux concepts hôteliers : Du « boutique
hôtel » à l'hôtel « lifestyle », Espace
Tourisme et Loisirs, novembre 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 28 sur
198
Résumé
Le secteur du tourisme en France représente entre
7 et 9% du PIB et se place en termes de production devant les
secteurs de l'automobile et de l'agriculture. 21% du chiffre d'affaires du
tourisme est réalisé par l'hébergement, réparti
très inégalement sur le territoire français. En effet, la
région parisienne se distingue par son dynamisme avec près d' 1/3
du nombre de nuitées sur le territoire national, contre 11% pour la
région PACA et 9% en Rhône Alpes.
Le marché de l'hôtellerie se divise en 3
types d'établissements :
- les hôtels indépendants
gérés par leur propriétaire et
représentant 48% du nombre d'hôtel en France - les
chaînes volontaires : elles sont exploitées par
des entreprises indépendantes souhaitant profiter de la
notoriété d'un label
- les chaînes intégrées
: il s'agit d'une société qui gère des
hôtels dont elle est propriétaire (filiale), sous mandat de
gestion ou encore en franchise. Ces chaînes sont composées
d'établissements portant tous la même enseigne et
proposant des prestations standardisées. Elles
représentent 17,5% du nombre d'hôtels classés en France,
40% du nombre de chambres et 54% de parts de
marché.
Parmi les plus connues, on retrouve le groupe
Accor, qui avec le groupe Louvre Hôtel
contrôlent les X des hôtels affiliés à une
chaîne.
A ce phénomène de concentration
du marché s'ajoute une intensification de la
concurrence, due en grande partie à la montée en
puissance des substituts à l'hôtellerie : les
résidences de tourisme et les chambres d'hôte.
Ainsi, de 27% en 2005, seules 18% des nuitées sont
passées dans un hôtel en France. Les
résidences de tourisme constituent un sérieux concurrent
à l'hôtellerie, bénéficiant d'un statut
particulier qui leur permet de fonctionner comme un hôtel sans en
avoir les contraintes. Depuis plusieurs années, on observe une
montée en gamme de ces résidences qui proposent de multiples
services.
Au sein du secteur hôtelier, des tendances et des
prises de conscience émergent. Parmi elles, le
développement durable semble faire son chemin,
lentement mais sûrement. Pour certains, surtout les grands groupes, il
est considéré comme une source
d'opportunités, avec à la clef d'importantes
économies d'énergie et un outil de communication
efficace. Pour les structures plus modestes, le
développement durable et ses contraintes réglementaires sont plus
souvent subis comme une obligation, à l'origine de
dépenses considérables. Il faut également
signaler que la sensibilité de la clientèle
hôtelière au développement durable n'incite pas le
secteur à progresser. Si elle est avérée, c'est sous
condition de ne pas nuire au confort et de ne pas entrainer de coûts
supplémentaires.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 29 sur
198
Aussi, face à une clientèle
exigeante et qui voyage de plus en plus, l'hôtellerie ne
ménage pas ses efforts pour se différencier.
Ainsi, le concept du « Boutique-Hôtel » est né,
résultat d'une stratégie de personnalisation.
Les « Boutiques-Hôtels » sont tous
différents, la décoration y est très
élaborée et le service doit donner l'impression au client qu'il
est un invité à part. On ne vient plus à
l'hôtel pour dormir mais pour vivre une expérience. Ce
concept repose sur des structures à taille humaine, situées dans
des quartiers urbains, plutôt branchés.
Ce modèle ne peut pas s'adapter à toutes les
catégories d'hôtels. Néanmoins, la tendance
à la personnalisation et à la multiplication des services s'est
largement développée ces dernières années
pour se différencier sur le marché. L'accent est mis sur le
relationnel avec la clientèle. L'équipe de
l'hôtel n'est plus seulement présente pour les formalités
administratives mais pour accueillir, orienter et conseiller. Quant aux
services proposés, ils sont multiples et concernent
tout autant les aspects de confort en termes de technologies (wifi,
écrans plats) que ceux liées au bien-être
(développement des spas). Bien-être et plaisir
sont justement devenus les leitmotivs des hôteliers pour garder
leur clientèle du petit-déjeuner au dîner. Ainsi des
efforts considérables ont été entrepris
au niveau de la restauration où les chefs s'efforcent
de satisfaire les souhaits de la clientèle en matière
gastronomique, tout en tenant compte des spécificités de chacun :
menus minceur, sans gluten, végétarien, bio, etc...
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 30 sur
198
1. 2. Le petit déjeuner : un service
stratégique et rentable 1.2.1. Caractéristiques de la
demande
1.2.1.1. Une prestation indispensable pour les
clients
Une étude menée par Coach Omnium pour le
Comité pour la Modernisation de l'Hôtellerie Française en
2009 classe les services périphériques les plus prisés par
la clientèle hôtelière. Le petit déjeuner est celui
qui remporte le plus gros score dans la mesure où il est le seul
à être jugé comme indispensable à 66%
et utile à 29% soit un service plébiscité par 95%
des clients.
Les clientèles hôtelières et
l'hôtellerie, Etude Coach Omnium, 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 31 sur
198
1.2.1.2. Association petit-déjeuner /moment
plaisir
A l'hôtel, le petit-déjeuner constitue la
première étape de la journée mais aussi
le dernier moment pour séduire la clientèle. Il
précède généralement le check-out. De plus en plus
considéré comme le prolongement du service
chambre, il laisse la dernière impression et
donne ou non envie de revenir. De la même façon qu'un accueil
aimable, une chambre et une literie confortables vont concourir à
fidéliser le client, le petit-déjeuner est le seul et l'ultime
moyen de conquérir sa gourmandise24.
Chez eux, 20 % des Français ne prennent pas le
temps de prendre un petit déjeuner, 10% se contentant d'une
boisson chaude25. A contrario, à l'hôtel, ce
comportement s'inverse, que ce soit dans le cadre de
déplacement professionnel ou privé. Le petit-déjeuner
à l'hôtel est jugé comme un vrai moment de plaisir
sans les contraintes que l'on rencontre chez soi : devoir acheter le
pain frais et/ou les croissants, mettre et débarrasser la table,
préparer la boisson chaude, toaster le pain26...
Consommé régulièrement par les trois quarts des clients
à l'hôtel, un contenu décevant ou un tarif trop
élevé s'avèrent rapidement dissuasif : certains
n'hésitent pas à aller le prendre ailleurs, s'en
passer, voire pire, à aller dormir dans un hôtel où
grâce aux témoignages récoltés sur
internet, ils sont sûrs de ne pas être
déçus.
1.2.1.3. Attentes des clients sur le contenu de
l'offre
?La variété
Les nombreuses composantes, salées ou sucrées
ainsi que le choix dans les pains (baguette, pain de mie entier ou pain aux
céréales à découper soi-même, scones,
muffins), les confitures, les oeufs, les charcuteries, les
céréales font de ce critère le plus important en ce qui
concerne la prestation du petit déjeuner à l'hôtel. C'est
aussi ce qui explique pourquoi plus de 8 clients sur 10 sont amateurs du buffet
(source : Coach Omnium).
24 Petit-déjeuner (bien) compris, L'Industrie
Hôtelière, 1er dec 2010
25
http://www.gerble.fr/mes-dossiers.php?lang=L0&color=0&clebesoin=111876076128&cle=126691413716
26 Répondre aux nouvelles attentes des clients,
L'Industrie Hôtelière, 1er juin
2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 32 sur
198
? La qualité
Des produits sains et frais, « faits maison
» ; santé et bien-être avec des offres
équilibrées, des produits bio. Le buffet
petit-déjeuner ne répond plus aujourd'hui à un
désir d'abondance. Les clients ne veulent pas manger plus mais mieux.
Source : coach Omnium, 2009
? La découverte
Dans ce moment plaisir du petit-déjeuner, le client a
envie d'être surpris, de découvrir de nouveaux produits, des
saveurs originales, qu'il n'a pas l'habitude de consommer au quotidien.
Plus d'un client sur deux aimerait trouver
des produits locaux et des spécialités régionales
au petit-déjeuner27. De nombreuses régions en
France disposent de produits de marque locale que les clients regrettent de ne
pas voir figurer au menu des buffets : kugelhofs en Alsace, fromage d'auvergne,
charcuteries corses, etc...
? La flexibilité des horaires
Aujourd'hui, les clients veulent se sentir de plus en plus
à l'aise à l'hôtel, avec la liberté de consommer
leur petit-déjeuner à l'heure qui leur convient : combien de
clients venus se détendre à l'hôtel sont-ils
27 Les Habitudes, attentes et comportements d'achat des
clientèles hôtelières, Cahier Troisième,
Petits-déjeuners, études marketing & économiques pour
le tourisme et l'hôtellerie - Coach Omnium, 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 33 sur
198
obligés de se présenter devant le buffet
avant 10 h ? Combien d'hommes d'affaires restent encore
frustrés d'un petit-déjeuner même simplifié avant 7
h du matin ?28
? Rapport qualité prix
Ce qui importe est évidemment un prix en
rapport avec la qualité des produits et du service ainsi que le
positionnement en gamme de l'hôtel. Cependant, même en
catégorie économique les produits de basse qualité sont
vivement critiqués par les clients : un prix modique
n'empêchera pas le client d'être déçu.
« Si un client sur trois pense que les chambres sont trop chères,
cette proportion s'élève à deux sur trois pour dire que le
petit-déjeuner est trop cher. Sans parler de qualité, ni de
présentation ou de service, quel est le prix que le client juge «
acceptable » selon la catégorie de l'hôtel ? Selon Mark
Watkins, Cabinet Coach Omnium, expert en hôtellerie, « Si un
client sur trois pense que les chambres sont trop chères, cette
proportion s'élève à deux sur trois pour dire que le PDJ
est trop cher. C'est bien la preuve qu'il existe un problème
spécifique sur cette prestation. Hormis dans le haut-de-gamme,
le taux de captage baisse à mesure que le prix augmente. A
13-15€ le PDJ dans un 3 étoiles, on augmente le prix du
séjour de près de 30€ si on est 2. La conséquence,
c'est un taux de captage qui baisse significativement. »
1.2.2. Caractéristiques de l'offre
hôtelière
1.2.2.1. Prolongement de l'hébergement
Aujourd'hui, toutes les catégories
d'hôtels, du 1* au 5*(selon nouveau classement en vigueur depuis
le 23 juillet 2012), quelle que soit leur capacité d'accueil,
offrent un service petit-déjeuner. Néanmoins les
variations concernant ce service sont nombreuses : nature,
variété et quantités de produits proposés,
horaires, prix, etc...
Quand on se penche sur le sujet des petits-déjeuners,
un premier constat émerge très rapidement : le buffet est
presque omniprésent. L'apparition des buffets date de la fin
des années 70 début années 80 lancée par le Club
Méditerranée. La notion de «tout à
volonté» a séduit une large clientèle». Peu
à peu, les hôteliers ont suivi le mouvement.
28 Répondre aux nouvelles attentes des clients,
L'Industrie Hôtelière, 1er juin
2009
1.2.2.2. Une prestation rentable
Chiffre d'affaire moyen du petit
déjeuner
|
5* supérieur
|
5* standard
|
4*
|
3*
|
1/2*
|
Prix moyen d'1 chambre en €
|
409,00
|
161,00
|
103,00
|
69,00
|
43,00
|
Prix moyen d'1 petit déjeuner en €
|
20,00
|
10,60
|
7,60
|
7,30
|
4,70
|
Part du CA petit déjeuner sur le prix moyen en %
|
4,9
|
6,6
|
7,4
|
10,6
|
10,9
|
Source : KPMG Industrie Hôtelière française
en 2012
? Toutes les catégories d'hôtel ne sont pas
égales devant le poids du petit-déjeuner :
- Il représente 11% du prix moyen sur un
1 ou 2* vendant sa chambre à 43€ et facturant la prestation
petit-déjeuner à 4,70€ euros (22% pour une double)
- Il représente 5% du prix moyen vendu
sur un 5* vendant sa chambre à 400 € et facturant son
petit-déjeuner 15 € (10% pour une double)29
Le petit-déjeuner sous forme de buffet
tel qu'il est servi dans la plupart des hôtels et
plébiscité par 80% des clients implique de
proposer des produits nombreux et variés. En effet,
dans un hôtel 4* par exemple, la boulangerie représente
entre 7 et 10 références, la crèmerie 9, l'épicerie
entre 12 et 20, la charcuterie entre 2 et 4. Enfin, entre boissons chaudes et
froides, pas moins de 9 références en moyenne sont
présentées à la clientèle.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 34 sur
198
29 L'Industrie Hôtelière Française en 2012,
35ème 2dition, KPMG, 2013
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 35 sur
198
Exemple du Petit-déjeuner Grand Régal de
l'hôtel Mercure :
Le principe du petit-déjeuner buffet consiste
à offrir au client la possibilité de profiter d'une grande
variété de produits et ce, à volonté.
Aussi, on peut aisément imaginer que le buffet est coûteux
en termes de consommation. Cependant, à l'exception des groupes
touristiques qui en profitent parfois pour s'approvisionner et
économiser le coût du déjeuner, le client individuel ne
consomme pas plus
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 36 sur
198
que de raison. De plus, une moyenne s'établit
assez rapidement entre les gros consommateurs et ceux qui pour le même
prix se contentent d'un café et d'un croissant. En outre, il
faut savoir que 15% des clients qui ont acheté un forfait
incluant un petit déjeuner ne le consommeront pas : train ou
avion très tôt le jour du check out, excursion ou rendez vous
d'affaire aux aurores, réveil tardif, etc.. Tandis que plus de 70% des
clients ayant acheté un tarif hors petit déjeuner choisiront de
prendre leur petit déjeuner sur place lorsqu'ils seront à
l'hôtel : plus pratique, rapide, proche, etc.30
Le gaspillage est limité car 70 à 90%
des produits sont récupérables lorsqu'ils sont
emballés, donc réutilisables le lendemain, y compris les produits
laitiers s'ils ont été maintenus dans la chaîne du froid.
Seules les viennoiseries sont perdues, ainsi que les préparations
à base d'oeufs, et souvent la charcuterie tranchée.
Le coût de main d'oeuvre est également
très réduit : une seule personne chargée
d'accueillir les clients, éventuellement de les aider à
s'installer et de leur servir une boisson chaude lorsque cela n'est pas
automatisé peut suffire pour cette prestation, en fonction de la taille
de l'établissement.
Les coûts des matières premières
représentent entre 25 à 30 % en moyenne une marge de 30
% est réaliste.
1.2.2.3. Un outil de communication efficace
La prestation « petit-déjeuner » contribue de
manière significative à la satisfaction d'une clientèle
exigeante même si son rôle peut varier en fonction de la typologie
de la clientèle.
En effet, le niveau de fidélisation à un
hôtel pour une clientèle de loisirs est faible, car elle
voyage peu comparée à la clientèle d'affaires. De plus,
elle ne séjourne que très rarement plus d'une fois au même
endroit. Néanmoins, en déposant ses avis sur des sites internet
dédiés, ce public dispose d'un pouvoir d'influence
considérable sur le taux de fréquentation d'un
hôtel. Selon une étude de Médiamétrie, 90%
des internautes se rendent sur internet pour choisir leur hôtel.
66% consultent des sites d'info médiation et 63% lisent des avis
clients.
30 Livre-conseil, Adaptez votre produit hôtelier à
votre clientèle, Le petit-déjeuner dans les hôtels de Mark
Watkins, Coach Omnium -2008
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 37 sur
198
? Témoignages extraits du site Trip Advisor
Grand Hotel de l'Opera : avis de voyageurs
1 place du Capitole, 31000 Toulouse, France
Excellent hôtel mais petit déjeuner
décevant» Avis écrit le 24 avril 2010
Cadre merveilleux, personnel prévenant.
Nous avons passé un excellent séjour. Nous avons
toutefois été déçus par le petit
déjeuner. Le rapport qualité prix n'y est pas du
tout. Nous avons eu le choix entre du pain moisi (énorme
tâche verte signalée à la serveuse sans que cela ne suscite
la moindre gêne de sa part) et pain rassis... les fruits étaient
également passés (nous avons tout testé : poires,
bananes...)
Ca ne devrait pourtant pas être si difficile d'avoir du
pain et des fruits frais dans un quartier aussi centre.
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187175-d198336-r62554191-Grand
Hotel de l Opera-Toulouse Haute Garonne Midi Pyrenees.html
«Très bien, sauf le petit déjeuner
vraiment très petit» Avis écrit le 24 août
2012
Rien à redire sur le personnel, l'accueil, la chambre
climatisée et insonorisé (des odeurs de cuisine des restaurants
de la rue), ainsi que sa situation dans le centre ville.
Mais le petit déjeuner est fait pour des personnes
ayant le ventre encore plein de la veille : famélique (1 mini pain au
chocolat, un croissant, un petit morceau de pain, et rien de plus à
manger, le "tout" pour 8€ !!!).
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187175-d238842-r138263537-Wilson_Square-Toulouse_Haute_Garonne_Midi_Pyrenees.html
«petit déjeuner»
Avis écrit le 15 juin 2011
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 38 sur
198
la prestation du matin (petit déjeuner),
n'était pas en adéquation avec la prestation de la
nuitée....
la majorité des produits délivrés sous vide
et sans saveur, seul le pain frais convenait... la chambre était quand
à elle très agréable
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187159-d233299-r113580005-Etap_Hotel_Limoges-Limoges_Haute_Vienne_Limousin.html
EXTRA !»
Avis écrit le 3 septembre 2012
séjour de 4 jours chez Magali et Etienne, endroit TRES
charmant, décoré avec beaucoup de goût et de soin -
très propre - excellent accueil - TRES bon petit déjeuner
(specialités locales préparées par Magali... avec
l'odeur des bons gâteaux au réveil .. confitures
délicieuses ... produits de qualité au petit
déjeuner ...). de loin la meilleure chambre d'hôtes que
nous ayons jamais faite !
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g2138373-d1929286-r139252522-LesChambresdhotesdeMagali-MontegrossoHauteCorseCorsica.html
«peut mieux faire»
Avis écrit le 23 juillet 2012
un hotel sans surprise (accor), bien placé (vue sur
lac) mais qui a besoin d'être relooké. Le restaurant
également ou l'on à plus le sentiment d'être à la
cantine que dans un restaurant plaisir. Le petit déjeuner est
fidèle à la tendance accor : jus d'orange industriel,
oeufs brouillés sans gout et sans nul doute "industriel", un café
infect. seul le prix est élevé, pas la qualité. A
éviter pour les gens souhaitant un vrai "continental
breakfast". L'inconvenient est que vous avez exactement le même
dans l'ensemble de la chaine Accor
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187159-d197088-r135140849-NovotelLimogesLeLac-LimogesHauteVienneLimousin.html
«BIEN DORMIR ET BIEN MANGER» Avis
écrit le 7 novembre 2011
nouveau séjour dans cet hôtel
-chambre très sobre avec grand confort, vue sur la
rivière, très calme, la literie toujours extra,TV écran
plat, wi-fi gratuit, air conditionné
salle de bain tout confort avec ample cabine de douche (nous
avions demandé, bain possible), WC dans la sdb
-petit-déjeuner à la française,
servi,avec baguette fraiche sortant d'un excellent boulanger local,croissant
frais, beurre d'Echiré, pain bio, coupe de fruits frais, jus de pomme
local (à la place du sempiternel jus d'orange industriel),le tout
à discrétion, bien sûr tous breuvages, fromage ou oeufs sur
demande (...)
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 39 sur
198
Le prix des chambres, du petit-déjeuner et des
repas correspond parfaitement à la prestation donnée.
http://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187169-d2186383-r120286888-GrandHoteldeCastres-CastresTarnMidiPyrenees.html
Les voyageurs d'affaires, corporate ou
indépendants font l'objet de programmes de fidélisation depuis
des années. En effet, ils sont amenés à renouveler leurs
séjours dans les mêmes régions de manière
régulière en fonction de l'organisation de leur
société (filiales, unités de production) ou de la
situation géographique de leurs clients ou de leurs fournisseurs. Si
pour 80% des voyageurs d'affaires, une Politique
Voyage des Entreprises (PVE) pour les hôtels leur est
imposée à travers un plafond de dépenses, avec
majoritairement une préconisation de gamme (le plus souvent moyen de
gamme), 2/3 des entreprises déclarent que le canal de
réservation est complètement libre. De ce fait, les
réservations en direct auprès de l'hôtel sont
privilégiées, surtout pour des raisons de
simplicité et de rapidité. Les accords hôteliers
passés avec l'entreprise n'interviennent que pour 1 entreprise sur 4
dans leur choix final, et seuls 10 % d'entre elles contraignent au
choix d'hôtels accessibles à la réservation via
l'agence.
1.2.2.4. Diversification des offres PDJ dans
l'hôtellerie
Le petit déjeuner est une prestation de service
à ne pas négliger de par sa place prépondérante
dans la restauration hôtelière et la vision qu'en conserve chaque
client cristallisant ainsi la prestation de l'hôtelier.
Aussi les hôtels diversifient de plus en plus leur offre
PDJ autour des préoccupations de santé, d'envie
d'authenticité et de
découverte.
? Santé, bien-être, bio
- En février 2011, les hôtels Mercure ont mis en
place une offre petit-déjeuner 100% bio sous forme de
buffet. Composée d'une douzaine de références
seulement et séparée dans un premier temps du buffet
traditionnel, elle a été réintégrée depuis,
mais les produits bio sont clairement signalés.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 40 sur
198
- Les hôtels Westin proposent depuis 2008 un
petit-déjeuner à base d'aliments riches en antioxydants
et phytonutriments. Ces petits-déjeuners ont été
conçus par la société SuperFoods Partners qui s'est
spécialisée dans la conception de repas bons pour la
santé à base de fruits et de légumes.
- Healthy Breakfast dans les hôtels Hyatt: il s'agit
d'un petit-déjeuner santé issu du programme Hyatt « Healthy
Living », qui offre un choix de produits donnant de
l'énergie tout en intégrant la notion de
plaisir. Conçue par le chef et par une
nutritionniste, cette formule est censée offrir un apport
nutritionnel équilibré pour débuter la journée.
? Découverte
- L'enseigne hôtelière Radisson Blu propose un
«Super Breakfast» sous forme d'un buffet complet composé d'une
sélection d'aliments parmi le meilleur des cuisines
continentale, européenne du nord et américaine.
- A l'Intercontinental Opéra, 1 « corner
» japonais et 1 PDJ chinois (offre mise en place en avril 2013)
complètent l'offre habituelle d'un buffet aux multiples
références, très apprécié pour sa
variété et la qualité de ses produits.
- Les Relais & Châteaux proposent en période
estivale «Les Déjeuners sur l'herbe» : les restaurateurs
proposent un panier pique-nique de plats et produits
sélectionnés, à consommer dans un lieu unique, en
partenariat avec les Champagnes Pommery.
1.2.2.5. Concurrence et substituts
Lorsque les clients ne sont pas satisfaits de la prestation
PDJ de l'hôtel, une multitude d'options s'offrent à eux :
- les cafés, bars, brasseries attenant aux hôtels et
proposant une offre petit-déjeuner
- les boulangeries de quartier d'affaires, qui, disposant des
ingrédients de base du petit-déjeuner continental à
moindre coût, offrent un PDJ basique mais avec des produits frais fait
maison
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 41 sur
198
- les chaînes de restauration à thème :
spécialisées autour des viennoiseries et des sandwichs type
« Brioche Dorée » (3 offres PDJ), autour du pain comme «
Au pain quotidien » (offre très large et complète, brunchs),
autour du café comme « Starbucks Café » (3 offres PDJ),
autour du thé avec « Tea by thé », autour du macaron
comme Pierre Hermé ou Ladurée
Enfin, il faut noter l'importance du brunch qui s'est
installé durablement le dimanche dans la plupart des restaurants de la
région parisienne. Ce jour-là, grâce à une offre
très large, constituée de produits de qualité, le brunch
et ses animations musicales ou dédiées aux enfants peut se
révéler être un concurrent redoutable pour les hôtels
qui investissent peu dans cette prestation.
Résumé
Le petit-déjeuner est une prestation
incontournable à l'hôtel étroitement lié
à l'hébergement. Ainsi, même quand un hôtel ne
dispose pas d'un restaurant, il propose toujours le
petit-déjeuner.
Parmi toutes les prestations d'un hôtel, c'est celle
que les clients jugent majoritairement comme indispensable. Pour eux, il s'agit
d'un moment plaisir. Alors qu'ils sont 20% à ne pas
prendre de petit déjeuner chez eux, la tendance s'inverse à
l'hôtel. Néanmoins, ils n'hésitent pas à s'en passer
en cas de tarif dissuasif ou de contenu décevant.
Les clients attendent de cette prestation des
produits de qualité, frais et sains. La
variété l'emporte sur la quantité. Les
clients ne veulent pas forcément manger plus mais manger mieux. Ils sont
enclins à découvrir des produits régionaux et
apprécient les recettes authentiques et le « fait maison
».
Le rapport qualité prix est une
donnée très importante pour la clientèle
hôtelière. 1 client sur 3 trouve le PDJ trop
cher. Hormis dans le très haut-de-gamme, le taux de
captage baisse à mesure que le prix du petit-déjeuner
augmente.
Pour l'hôtelier, le petit-déjeuner est une
prestation stratégique. Proposée sous forme de
buffet et contrairement à ce qu'on pourrait penser, le
petit-déjeuner est rentable. Ses coûts
matières ne dépassent pas 25%, les
coûts de main d'oeuvre sont limités (une seule personne pour le
buffet qui s'occupe de l'accueil et du réapprovisionnement), le
gaspillage réduit grâce aux portions individuelles. Enfin,
même si certains clients font leurs provisions au buffet avant de partir
en excursion, d'autres se contentent de ne prendre qu'un café et un
croissant.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 42 sur
198
De plus, le petit-déjeuner est un outil de
communication efficace. Il faut savoir que sur les 90% des personnes
qui réservent leurs hôtels sur internet, 63% lisent les avis
clients. Un petit-déjeuner médiocre ou au contraire d'excellente
qualité, signalé par les clients, constitue un
critère de choix. A prestation et situation
équivalentes, ce « détail » peut faire la
différence. Bien entendu, les clients ne vont pas à
l'hôtel uniquement pour le PDJ mais comme il s'agit d'une prestation de
service, une critique négative peut laisser à penser que
l'ensemble des prestations sera du même niveau.
Aussi, les hôtels ont compris l'importance de ce
service et rivalisent de créativité pour faire de ce moment un
vrai moment plaisir, celui qui laissera la dernière impression
juste avant le check-out. A l'extérieur de l'hôtel, pour
le client insatisfait, d'autres solutions existent et se développent
comme des substituts au PDJ hôtelier.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 43 sur
198
1. 3. Circuits-courts, proximité et produits
locaux: émergence d'une tendance
Depuis plusieurs années, les circuits courts
connaissent un succès croissant. S'agit-il d'un engouement passager ou
peut-on y voir l'amorce d'un changement profond des habitudes de consommation ?
La part de la vente directe dans la consommation globale reste marginale, mais
ce qui est nouveau, c'est la diversification des types de
vente. A côté des marchés de ville ou de village,
de nouvelles formes se développent : livraisons de paniers fermiers,
boutiques de producteurs, sites Internet, etc.
Ce phénomène étant encore très
récent, peu d'études et de données chiffrées sont
disponibles. Ainsi, les termes de circuits-courts, circuits de
proximité ou de consommation alimentaire locale font souvent l'objet
d'amalgames.
1.3.1. Définition, origine et
développement
Les circuits-courts et circuits de proximité font
référence à des formes de distribution
particulières, rattachés à la consommation alimentaire
locale.
Qu'est-ce qu'un circuit-court ? Un
circuit-court définit un mode de commercialisation de
produits alimentaires, qui s'exerce soit par la vente directe du
producteur au consommateur soit par la vente indirecte
à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire.
Cette définition a été actée par le
Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Pêche en
200931.
Les circuit-courts concernent autant des produits
frais ou bruts que des produits transformés sur l'exploitation
(conserves de légumes, fruits séchés, confitures,
découpes de viande, fabrication de fromages, production de vin,
etc.)32.
Il est à noter que cette définition n'inclut pas
de critère de distance. Elle peut donc concerner des
circuits où le consommateur achète à l'autre bout de la
France. En effet, sur internet, par exemple, il est tout à fait possible
d'acheter des produits alimentaires directement au producteur.
31
www.agriculture.gouv.fr/developper-les-circuits-courts
32 Les circuits courts alimentaires, Agence Régionale de
l'Environnement de Haute-Normandie, décembre 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 44 sur
198
En 2010, en France, les achats réalisés
grâce à un circuit court représentaient 6 à 7 % des
courses alimentaires. Les filières du miel et des légumes
représentent 50% dans ce mode de distribution, les fruits et le vin
(25%) et enfin des produits animaux (10%). 10 % d'entre elles sont converties
en bio contre 2 % en circuit long.
Les circuits de proximité en revanche,
ne tiennent pas compte du nombre d'intermédiaires mais
de la distance géographique entre le producteur et le
consommateur. La distance fixée est variable en fonction du type de
production concernée (d'environ 30 km pour des produits agricoles
simples comme les fruits et légumes, à 80 km pour ceux
nécessitant une transformation).
Dans un circuit de proximité (au sens
géographique du terme), il est bel et bien possible d'avoir autant
d'intermédiaires que sur certains produits importés. Dans ce cas,
on a affaire à un circuit... long !33
33 Le développement des circuits courts et l'agriculture
périurbaine: histoire, évolution en cours et questions actuelles,
Christine Aubry, Yuna Chiffoleau, INRA, Innovations Agronomiques (2009)
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 45 sur
198
Face à la demande de circuits de proximité, la
réalité économique est plus mitigée. Pour
hasardeuses qu'elles soient, les estimations des experts convergent vers le
chiffre de 1 à 3% du marché alimentaire total. L'institut Xerfi,
dans son étude de février 2012 sur les circuits courts,
évalue le marché à 2,5 Mds€, et à 2,8Mds
à l'horizon 2015 (pour la France). Chiffre de même ordre de
grandeur que celui du marché alimentaire bio (3,38 Mds en 2010, source
agence Bio).
Cette définition en termes de nombre
d'intermédiaires paraît incomplète pour les chercheurs et
organismes d'accompagnement agricole qui réintroduisent a minima la
notion de proximité géographique entre producteurs et
consommateurs. Ils proposent de parler de « circuits courts de
proximité », « circuits locaux » ou « circuits
territorialisés ».
La consommation alimentaire locale renvoie
quant à elle à la consommation de produits conçus
et transformés dans un espace géographique restreint.
Toutefois, aucune définition stricte n'existe concernant la distance qui
doit séparer les acteurs. En effet, la notion de
proximité est liée aux caractéristiques
géographiques d'un territoire donné34. Dans
la pratique un certain consensus semble vouloir s'établir autour de 100
miles dans les pays anglo-saxons soit 160 km. En France, des
distances de 80 à 100 km maximum sont souvent évoquées. Le
local peut également renvoyer à un territoire administratif tel
un département ou une région35.
Les acceptions du terme « local » varient
également en fonction des produits. Selon une étude
menée en Île-de-France (DRIAAF 2012), les responsables de 1 673
cantines franciliennes considèrent que le pain est « local »
s'il est acheté dans la commune ou l'arrondissement pour Paris, sans
référence à l'origine, régionale ou non, du
blé. Fruits et légumes sont « locaux »
s'ils proviennent d'exploitations situées à moins de 100
km et/ou en région Île-de-France et départements
limitrophes. Viande et poisson, notoirement moins
fréquents localement, voient leur rayon « local » largement
dépasser les frontières régionales
(Sorteix 2011 ; Ait Ahmed Si 2011).
Historiquement, le circuit court a représenté le
canal essentiel du commerce alimentaire, et le représente encore dans
encore bien des zones rurales de la planète.
Au début des années 50, en France et dans la
plupart des pays occidentaux, on prenait le lait et le fromage à la
ferme et on achetait les fruits et les légumes sur le marché.
L'arrivée de la grande distribution a permis aux agriculteurs de se
libérer des aspects liés à la vente pour se recentrer sur
la
34 Les circuits courts: définition(s) et enjeux, Les
carnets Pro de LiProCO, n°1, juin 2010
35
http://www.ecoacteurs.ademe.fr/lettre-N-15-Decembre-2011-1498/outil
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 46 sur
198
production. Ils ont vécu cela comme un soulagement.
Côté consommateurs, elle a rendu accessible qualité et
quantité à un prix plus abordable36.
Dans les années 70 et 80, les hypermarchés
contribuaient à la désinflation. Grâce à eux, des
ménages modestes ont pu s'acheter un téléviseur, un
aspirateur et, surtout, des produits alimentaires frais. La
distribution de masse, la sophistication des outils
logistiques afférents, les habitudes acquises de
variété et de régularité de l'approvisionnement
de la part des consommateurs ont conduit à la
quasi-disparition des circuits courts de proximité.
La vente en circuit court a subsisté néanmoins mais
de manière marginale et militante.
Aujourd'hui, les circuits courts demeurent minoritaires : en
2007, les ménages français ont réalisé 70 %
de leurs achats alimentaires dans des grandes surfaces, contre 6,5 % pour les
achats sur les marchés ou aux producteurs. Selon le
ministère de l'Agriculture, la vente directe représente 4 % des
achats de fruits et légumes, et les circuits courts 7 %.
Néanmoins c'est également en 2007
qu'apparaît le terme « locavores » pour
qualifier les consommateurs privilégiant l'achat de produits
alimentaires locaux, produits et distribués dans un rayon
géographique restreint. En 2010, ce terme entre dans le dictionnaire
français.
En France, 83% des consommateurs déclarent
privilégier la production locale et 94 % les produits de saison, au
moins occasionnellement. Par ailleurs, 91% des consommateurs de
produits issus de l'agriculture biologique seraient prêts à
augmenter leur consommation s'ils étaient d'origine régionale ou
locale.
A l'échelle internationale, ce phénomène
est également présent, il ne s'agit pas d'une
particularité française. Au Japon, les
CC représentent un mode de distribution très
développé. Aux Etats Unis, le nombre de
marchés de producteurs a plus que doublé entre 1994 et 2007. En
Andalousie, des supermarchés directement
gérés par des producteurs s'implantent peu à peu. Des
initiatives de développement de CC de proximité voient le jour un
peu partout en Europe (cf annexe 1).
En France, cette tendance pourrait se renforcer grâce
à l'apparition de produits « locaux » chez certaines
enseignes de la grande distribution. Ainsi, après une
année de test démarrée dans divers départements
français, les supermarchés Casino ont
installé des espaces permanents dédiés aux produits locaux
dans 50 magasins d'Ile de France en novembre 2012. 38 producteurs
franciliens
36 Les circuits courts alimentaires, Agence Régionale de
l'Environnement de Haute-Normandie, décembre 2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 47 sur
198
commercialisent sous leur nom 400 produits cultivés ou
fabriqué dans la région. Pour les clients,
l'espace est signalé et délimité par le
logo :
|
|
Malgré la forte croissance de ce marché, les
travaux marketing commencent tout juste à s'intéresser à
ce phénomène en France.
1. 3.2. Identification des facteurs de croissance de la
consommation locale et des circuits courts
Afin d'identifier l'impact présent et futur des
facteurs environnementaux sur l'évolution de la consommation locale et
des approvisionnements en circuits courts, une analyse PESTEL
a été réalisée.
Le PESTEL est un modèle d'analyse de
l'environnement externe. Chaque lettre du mot PESTEL correspond
à un champ d'analyse : Politique, Économique,
Socioculturel/démographique, Technologique, Écologique et
Législatif. L'attention est portée sur les évolutions
structurelles (tendances lourdes et durables), par opposition aux
événements conjoncturels.
Législatif
Réflexion européenne
pour
création d'un label
Initiative nationale dans
certains
pays européens
Initiative régionale en Ile de
France
pour création d'un label
déchets
Production moins intensive
Ecologie /
environnement
Publics
|
Politique
Réforme Politique agricole
commune
Loi de modernisation de
l'agriculture
Circuits courts de
proximité et
consommation locale
|
Modification du Code des
Marché
Technologique
Economique
Amélioration du niveau de
vie
des producteur grâce à
la
réduction du nombre
d'intermédiaires
Socio-culturel
Réduire les risques
sanitaires : origine
et traçabilité
Recherche de la qualité
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 48 sur
198
?Politique
Diminution des emballages et des
Réforme de la Politique Agricole
Européenne et loi d'orientation agricole:
Limitation du transport
Facilite ma mise en contact
entre
consommateurs et producteurs
Préoccupation sociale et
environnementale
Adoptée par les ministres de l'agriculture de l'Union
européenne le 26 juin 2003, la réforme de la
politique agricole commune (PAC) est entrée en vigueur en
France au 1er janvier 2006, faisant tendre
le secteur agricole vers un secteur économique banal,
ouvert à la concurrence :
- la plus grande partie des aides est
désormais versée indépendamment des
quantités produites
(« aides découplées »). L'octroi de ces
aides est subordonné au respect de normes favorables à
l'environnement, à la qualité et au bien-être
des animaux.
- suppression progressive des subventions à
l'exportation de produits agricoles européens à partir
de
2013.
- ouverture du marché agricole aux pays les moins
avancés (PMA), sans taxer les marchandises
importées et sans restriction de quantité.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 49 sur
198
Avec la libéralisation programmée des
échanges agricoles et l'apparition de nouveaux concurrents,
l'agriculture française est progressivement soumise aux règles du
marché. Ainsi, il apparaît essentiel de renforcer
l'organisation du secteur agricole.
C'est dans cet esprit qu'un plan d'actions en faveur
des circuits courts est mis en place par le Ministre de l'agriculture
et de la Pêche en 2009, Michel Barnier. Ce mode de commercialisation doit
permettre aux agriculteurs de mieux rémunérer leur acte
de production et de diversifier leurs cultures. Il s'inscrit
également dans les exigences de la réforme de la PAC et du
Grenelle de l'environnement pour une agriculture durable.
? Ce plan s'articule autour de 4 axes :
1) information des consommateurs et les
agriculteurs. Une rubrique consacrée aux circuits courts est
disponible sur le site du ministère. Ce premier axe vise
également à mobiliser les outils de recherche et de
développement sur ces démarches : un million d'euros est
alloué aux circuits courts pour l'appel à projet CASOAR 2010
(Compte d'affectation spécial pour le développement agricole et
rural).
2) formation des agriculteurs à ce
mode de commercialisation. En effet, ils doivent non seulement savoir produire,
mais aussi transformer et vendre.
3) aide à l'installation des agriculteurs en circuits
courts en les accompagnant tout au long de leur projet
4) organisation concrète des circuits courts
: l'intégration de cette thématique dans les plans
régionaux et la sensibilisation des collectivités locales
aux atouts que représente le développement des circuits
courts pour leur territoire sont des points-clefs de ce plan d'actions.
Loi de modernisation de l'agriculture et de la
pêche du 6 juillet 2010
Le 1er article du texte prévoit un
programme national pour l'alimentation avec des actions
à mettre en oeuvre. Parmi elles figurent « le développement
des circuits courts et l'encouragement de la
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 50 sur
198
proximité géographique entre producteurs et
transformateurs », ainsi que « l'approvisionnement en
produits agricoles locaux dans la restauration collective publique comme
privée ».
Sur ce dernier élément, la loi a pris en compte
les circuits courts en tant que mode d'organisation commerciale à part
entière. Elle fixe, en particulier, un objectif d'utilisation de
productions issues de circuits courts dans la restauration publique de l'Etat :
au moins 15% en 2010 et 20% en 201237 de produits faisant
l'objet de circuits courts de distribution.
Modification du Code des Marchés
Publics
Un décret du 25 août 2011 a
modifié le code des marchés publics pour inciter
l'approvisionnement de la restauration collective via les circuits
courts. Ainsi, les acheteurs publics peuvent donner la priorité
à ces produits dans la restauration collective ; une nouvelle mention
permet « de retenir, parmi les critères de choix
de l'offre économiquement la plus avantageuse, les performances en
matière de développement des approvisionnements directs
de produits de l'agriculture ». Le ministère de
l'Agriculture précise néanmoins que cette mesure ne concerne pas
la «préférence locale», ce qui serait
contraire aux règles européennes de la commande publique.
38
Cette mesure doit aider les producteurs commercialisant leurs
produits via les circuits courts, en limitant les intermédiaires.
Toutefois, les cantines peuvent choisir des producteurs d'autres régions
que la leur, parce que circuits courts et produits locaux ne sont pas
synonymes.
?Socioculturels
La tendance des consommateurs à valoriser les produits
locaux à travers les circuits courts a augmenté de manière
significative entre 2008 et 2010. 66% d'entre eux en effet seraient prêts
à considérer l'origine régionale comme critère de
choix lors de leurs achats de produits de consommation.
37
http://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-modernisation-agricole-adoption-10697.php4
38 « Approvisionnement des cantines : Le code des
marchés publics aide les circuits courts », 30/09/2011,
http://www.gers-chambagri.com
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 51 sur
198
Pourquoi acheter local ? Les motivations des
Français sont variées mais il est possible de les regrouper en 3
catégories : sécurité alimentaire, recherche de
qualité gustative, préoccupations sociales et
environnementales
Réduire les risques sanitaires : origine et
traçabilité
Un nouveau scandale touche l'industrie agroalimentaire : celui
de la viande de cheval, qui, une fois de plus met à mal la
confiance des consommateurs. Ces derniers découvrent,
ébahis, la complexité des circuits longs:
abattoirs en Roumanie, intermédiaires à Chypre, aux Pays Bas, au
Luxembourg, achats par une entreprise française pour un grossiste
français, tout cela pour une multinationale suédoise et revente
de ces produits trafiqués dans toute l'Europe.
Les crises alimentaires répétées
(maladie dite « de la vache folle », grippes aviaire ou
porcine, problèmes sanitaires récurrents liés à des
salmonelloses, à des listérioses, à la dioxine...) ne
cessent d'accroître les exigences des consommateurs
français en termes de traçabilité et
d'origine.
Cette crise de confiance risque de « doper » la vente
en circuit-court.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 52 sur
198
Déjà entre 2006 et 2009, le nombre de
consommateurs considérant la traçabilité des produits
alimentaire comme un gage de qualité avait considérablement
augmenté. Si l'on devait faire ce même sondage aujourd'hui, il y a
fort à parier que les résultats connaîtraient une hausse
significative.
Part des consommateurs pour lesquels la traçabilité
est un critère permettant de juger la qualité d'un produit
Source : Les carnets pro de liproco juin 2011
La qualité : goût et
fraîcheur
Pour expliquer ce qui les a décidés à
s'approvisionner en vente directe, les consommateurs font presque
systématiquement un parallèle avec les GMS.
En effet, l'un des reproches évoqué le plus
souvent par les consommateurs concernant les produits achetés en
GMS est l'absence de goût, voire la « falsification du goût
» en raison des additifs de toute sorte utilisés dans
l'alimentation industrielle (adjuvants, sucres, exhausteurs de goût...).
En vente directe, au contraire, la qualité
sensorielle des produits est un critère de choix essentiel. Une
distinction est à ce titre réalisée entre le goût
«réel» des produits locaux et celui des GMS produits de
manière intensive.
Deux critères principaux permettent d'expliquer ces
qualités gustatives supérieures : d'une part, une plus
grande fraîcheur grâce à la
proximité géographique et, d'autre part, des
modes de production respectant les cycles des saisons. La
réduction du nombre d'intermédiaires est aussi
un élément important car elle permet de limiter les manipulations
et les transports frigorifiques.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 53 sur
198
Préoccupations sociales et
environnementales
Consommer des produits venant de loin apparaît de plus
en plus comme un non-sens environnemental pour certains
consommateurs. Quand on interroge les consommateurs sur leur définition
d'un produit « responsable », c'est d'abord
le fait d'être fabriqué localement (51%) qui est
cité, avant le respect de l'environnement (34%), selon une étude
Ethicity publiée en 2011. Un an plus tard, la tendance se renforce
encore: 85% des Français (particulièrement les
professions intermédiaires) interrogés par Ethicity en 2012
déclarent privilégier les entreprises qui ont
préservé une implantation locale (34% « tout
à fait d'accord ») et 40% privilégient les produit à
km zéro.
Consommer local est considéré
comme un achat-geste qui permet de faire vivre l'économie locale
en apportant un soutien au pays et aux paysans qui sont près de
chez soi. Plusieurs facteurs conjoncturels peuvent expliquer cette motivation
solidaire, qu'ils soient liés à la montée du
chômage, à la recrudescence des faillites
d'agriculteurs mais aussi au développement de la
mondialisation et des délocalisations.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 54 sur
198
? Ecologie et environnement :
D'un point de vue écologique, les circuits-courts de
proximité limitent l'emballage et les déchets. Au niveau de la
production, ils favorisent des pratiques de production moins intensives ainsi
que la biodiversité.
Emballage et déchets
Les produits des filières courtes, qui n'ont pas
à subir de longs trajets, n'ont pas besoin d'un conditionnement
aussi performant que ceux qui vont parcourir des milliers de
kilomètres. De plus, la fonction communicative et publicitaire de
l'emballage n'a pas de sens lorsque producteurs et consommateurs sont en
présence.
Production
Influence des consommateurs grâce à une relation
de proximité : les producteurs en circuits courts font souvent le choix
de pratiques agricoles moins intensives, voire de
l'agriculture biologique, influencés par la demande des consommateurs.
En effet, la relation directe entre consommateurs et producteurs
permet à ces derniers de s'adapter rapidement aux attentes
exprimées en termes de choix de production, voire même de
produits.
Dans cette logique, les produits commercialisés en
circuits-courts sont généralement vendus bruts
ou assez peu transformés et respectent la
plupart du temps le cycle des saisons, réduisant ainsi
le recours à des méthodes de production très
énergivores (cultures sous-serres par exemple).
Enfin, la demande des consommateurs oriente également
les agriculteurs en circuits courts vers d'autres variétés de
produits que ceux promus par les circuits longs conventionnels,
favorisant la réintroduction d'espèces anciennes,
disparues ou rares. Ces espèces sont adaptées au terrain
et à leur environnement d'origine.
Le transport : un argument écologique à
nuancer
En effet, la distance parcourue n'est pas un
indicateur suffisant pour mesurer la consommation d'énergie
globale du transport; d'autres éléments jouent comme :
- le mode de transports (route, ferroviaire, maritime,
aérien)
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 55 sur
198
- le taux de remplissage du véhicule
- les trajets de transports à vide associés au
transport d'un produit
? Économique
Face à la réduction du soutien de l'Union
Européenne, les agriculteurs se retrouvent dans un contexte
mondialisé avec une forte volatilité des prix. De plus, la
concentration de la grande distribution rend difficile la négociation
pour l'obtention de prix corrects.
Les circuits courts se légitiment comme un moyen de se
réapproprier une plus value captée par les acteurs aval des
circuits longs. Des agriculteurs se sont engagés depuis plusieurs
années pour certains - ou envisagent de le faire - dans la
transformation et la vente en circuits courts de leurs produits
Circuit long de distribution de produits
agricoles
L'absence d'intermédiaire permet au producteur
d'accroître ses revenus tout en réduisant ses coûts
de transport. Il bénéficie aussi souvent de
délais de paiement plus courts voire lors de la vente
aux particuliers de paiements à l'avance (dans les cas des AMAP
notamment).
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 56 sur
198
Par ailleurs, l'activité des ces
exploitations fonctionnant en circuit-court, qui suit davantage les saisons,
est plus diversifiée que celles des exploitations
traditionnelles. Cela tend à les rendre moins vulnérables
aux aléas économiques et climatiques.
Les circuits courts favorisent le maintien des emplois en
milieux rural et seraient également créateurs d'emplois
(notamment au conjoint).
? Législatifs
Il existe une multitude de logos et de labels
alimentaires tant à l'échelle nationale qu'au niveau
européen, permettant de définir l'origine des produits et des
savoir-faire ainsi que les conditions dans lesquelles ont été
produites des denrées alimentaires. En France et en Europe, des
logos officiels permettent de reconnaître des produits qui
bénéficient d'un signe officiel de la qualité et de
l'origine. Parmi les plus connus : AOC, AOP, IGP, label rouge et AB (annexe
4).
Actuellement, en France, aucun logo officiel de l'Etat
n'existe pour attester de la production et de la commercialisation en
circuits-courts de proximité des produits alimentaires.
Au niveau européen, néanmoins, la
création d'un label pour les produits vendus en circuits-courts fait
l'objet d'une réflexion. L'Union européenne souhaite «
donner une importance aux circuits courts » et a lancé une
étude pour déterminer l'opportunité d'un label
européen pour désigner les produits vendus en circuits courts ou
« de proximité ». Elle s'interroge pour « savoir si un
système d'étiquetage pourrait représenter un
bénéfice pour l'agriculteur - et pas uniquement des coûts
administratifs supplémentaires - et pour le consommateur ». Les
résultats sont attendus pour 201339.
Parmi nos voisins européens, l'Italie a
déjà mis en place au niveau national un label
« Kilomètre 0 ». Depuis 2007, la
Confédération nationale des cultivateurs (Coldiretti) a
attribué ce label à un millier d'agriculteurs
qui effectuent la vente directe et à une
centaine de restaurants qui utilisent ces produits à
hauteur de 30% de leur approvisionnement et proposent un menu
100% « km0 ». Prochaine étape : la création dans toutes
les villes italiennes d'un « marché Km0 » entièrement
géré par les cultivateurs.
39
http://www.reussirfl.com/actualites/europe-les-circuits-courts-etiquetes&fldSearch=:5SQ7NKUN.html
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 57 sur
198
|
Le 19 février 2013, en France, un label
régional a vu le jour, mis en place par le CERVIA Paris
Ile-de-France (Centre Régional de Valorisation et d'Innovation Agricole
et Alimentaire). Il distingue les restaurateurs
d'île de France préparant leurs plats avec des produits
frais, de saison, provenant d'île de France : « Des produits
d'ici cuisinés ici ». 40
|
? Technologie
Internet favorise la vente en circuits-courts depuis plusieurs
années. Aujourd'hui, il est possible d'acheter des
spécialités régionales directement auprès des
producteurs. Il ne s'agit pas là de circuits-courts de proximité
cependant. Néanmoins, la possibilité pour les consommateurs de
trouver des informations sur les producteurs pratiquant ce type de vente
à proximité de chez eux est un accélérateur de
tendances. Les producteurs quant à eux peuvent obtenir des informations
en ce qui concerne les aides, les projets auxquels ils peuvent participer, des
informations légales, etc.
Résumé
Longtemps marginalisée face aux mastodontes de la
grande distribution, la commercialisation en circuits courts revient sur le
devant de la scène comme une réponse à un souhait de
consommer différemment.
Le circuit court est un mode de commercialisation
qui s'exerce soit par la vente directe aux consommateurs soit par la vente
indirecte aux professionnels, à condition qu'il n'y ait qu'un seul
intermédiaire (définition actée par le
Ministère de l'Agriculture en 2009). Cette définition n'inclut
pas
40
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie/Economie/Ce-monde-qui-cherche-a-consommer-autrement-_NG_-2009-02-13-531373
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 58 sur
198
de critère de distance. On parle également
de circuits de proximité mais cette notion ne comporte pas de
critère en ce qui concerne le nombre d'intermédiaires. Les
experts et chercheurs sur le sujet ont donc institué une nouvelle
dénomination qui prend en compte les 2 aspects des circuits courts. On
parle donc de circuits courts de proximité.
La notion de consommation locale renvoie quant
à elle à la consommation de produits cultivés ou
transformés dans un espace géographique restreint.
Là encore, aucune définition stricte et
officielle n'existe. L'espace géographique
conférant à un produit son origine locale n'est
pas défini. Un consensus semble vouloir
s'établir autour de 100 miles dans les pays anglo-saxons soit
environ 160 km en France. Dans une étude menée
en IDF sur l'introduction de produits locaux dans les cantines scolaires, la
notion de local s'étend de quelques km pour le pain, à
100 km pour les légumes et enfin à beaucoup plus loin pour la
viande et le poisson.
83% des consommateurs français déclarent
privilégier la production locale occasionnellement. La vente en
CC n'en reste pas moins encore actuellement assez marginale
: seuls 7% des achats alimentaires sont
réalisés directement auprès des producteurs. Toutefois, ce
pourcentage pourrait évoluer rapidement grâce à
l'apparition des produits locaux issus des CC d'approvisionnement dans
les rayons de la grande distribution alimentaire. En effet, de
nombreuses initiatives émergent, afin d'attirer ce nouveau segment de
clientèle, prêt à payer plus cher pour manger mieux tout en
participant à une consommation qu'il espère plus
raisonnée. Il est à noter que cet engouement pour les produits
issus des CC n'est pas une particularité franco-française. En
effet, des initiatives visant à développer ces circuits de
distribution sont lancés dans de nombreux pays occidentaux (cf
annexe1).
Les facteurs de croissance de la
consommation de produits locaux issus des CC sont assez nombreux. La
réforme de la politique agricole commune a
entrainé la suppression de nombreuses subventions et aides diverses aux
agriculteurs européens, provoquant des faillites chez les plus fragiles
d'entre eux et des baisses importantes de revenus chez d'autres. Afin de
stabiliser et de renforcer la position des agriculteurs sur un
marché désormais soumis aux règles mondiales de la
concurrence, un plan d'actions en faveur des circuits courts a
été mis en place par le Ministère de l'Agriculture en
2009. Ses principaux objectifs sont les suivants : mieux
rémunérer les actes de production et diversifier les cultures
afin de limiter les exploitations monocultures, synonymes de
dépendance économique. Des mesures ont également
été mises en oeuvre pour inciter les acheteurs publics
à s'approvisionner
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 59 sur
198
localement (Modification du Code
des Marchés Publics du 25 août 2011). Enfin des opérations
sont menées dans certains établissements scolaires pour
promouvoir les produits régionaux.
De leur côté, les consommateurs
français tendent à favoriser de plus en plus souvent les
produits locaux issus des CC. Leurs motivations peuvent
être regroupées en 3 catégories. La
première concerne la santé et les risques
sanitaires. Elle s'explique par les crises alimentaires successives
qui ont ébranlé leur confiance dans l'industrie agro-alimentaire
et les circuits de distribution traditionnels. Les CC permettent de
garantir plus facilement l'origine des produits. De plus, on a
tendance à accorder sa confiance aux produits de l'agriculteur du coin
plus facilement qu'à ceux qui sont passés par une multitude
d'intermédiaires avant d'atterrir dans notre assiette.
Le goût et la fraicheur sont
également évoqués comme des critères
influençant les choix des consommateurs vers les CC. Une plus grande
fraîcheur grâce à la proximité des
producteurs et plus de goût en opposition aux produits issus de
la grande distribution : l'absence de goût voire la «
falsification » du goût en raison des additifs alimentaires sont
souvent mentionnés.
Enfin, la 3ème catégorie de
motivation pour acheter en CC est d'ordre social et environnemental.
Consommer des produits qui ont parcouru des milliers de km apparaît de
plus en plus comme un non-sens. A cela s'ajoute un contexte de crise
économique dans lequel consommer local s'apparente à un
geste solidaire. Une étude d'Ethicity menée en 2011 et
en 2012 montre l'évolution rapide de cette tendance : alors que 51% des
Français définissaient un produit responsable par le fait qu'il
était fabriqué localement en 2011, 85% des
Français en 2012 déclarent privilégier les entreprises qui
ont conservé une implantation locale.
D'un point de vue écologique les
CC ont pour principal avantage de limiter l'emballage et les
déchets. Ils favorisent également les pratiques
agricoles moins intensives. En effet, la relation directe entre
consommateurs et producteurs incitent ces derniers à s'adapter à
la demande de produits issus d'une agriculture plus « durable ». Le
transport reste quant à lui un argument
écologique très discutable et très
discuté dans la mesure où la logistique dans les CC est encore
actuellement très peu organisée et optimisée. Des
études indiquent qu'à la tonne transportée, les CC
génèrent plus de GES (gaz à effet de serre) que les
circuits longs traditionnels.
Enfin, en ce qui concerne la législation,
la création d'un label pour les produits vendus en CC est
à l'étude au niveau européen. Parmi nos voisins,
on peut noter la création d'un label national
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 60 sur
198
« Kilomètre 0 » en
Italie, attribué aux agriculteurs qui effectuent la
vente directe ainsi qu'aux restaurants s'approvisionnant à hauteur de
30% en produits locaux. En France, c'est un label
régional qui a vu le jour en février 2013. Il distingue les
restaurateurs d'IDF préparant leurs plats avec
50% de produits issus de productions franciliennes en
CC.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 61 sur
198
2. ELABORATION D'UNE STRATEGIE ACHAT EN PARTANT DE
L'OFFRE
2.1. Comprendre les enjeux par le
questionnement
Avant de se lancer dans un nouveau projet, il est
indispensable de rappeler les éléments qui vont permettre aux
concepteurs de l'offre d'apporter des réponses adaptées.
1. Quel est l'enjeu ? A quel problème
répond l'offre PDJ ?
Enjeu : augmenter le chiffre d'affaires PDJ. Taux de captage
PDJ stagnant, voire en baisse.
2. Quelle est la situation actuelle et en quoi
est-elle insatisfaisante ?
Le taux de captage sur la prestation PDJ stagne. 70%
environ des clients prennent le PDJ à l'hôtel. Comme il
s'agit d'une prestation dont le taux de rentabilité est
élevé (entre 30 et 40%), le manque à gagner est
important.
3. Comment expliquer la situation actuelle
?
Les clients ont de nombreuses attentes sur
ce service, notamment en termes de qualité, de fraîcheur,
et de découverte. Ces critères ne sont pas toujours
remplis. A cela s'ajoute un rapport qualité prix jugé
élevé par une majorité de la clientèle.
L'insatisfaction des clients se traduit par un refus pur et
simple de prendre un PDJ mais il existe également des offres
alternatives à l'extérieur de l'hôtel : bars, brasseries,
boulangeries, etc...
4. Quelle est la finalité de ce projet
?
Ce projet a pour finalité de maintenir le taux
de captage actuel et de l'améliorer par une offre qui correspondrait aux
attentes des clients tant en termes de produits que de rapport
qualité prix.
Il a également pour but de se démarquer
de la concurrence en proposant une offre plus attractive, voire de se
positionner comme un précurseur.
Enfin, dans un environnement où les consommateurs sont
de plus en plus sensibles aux enjeux de la RSE, une offre
intégrant des éléments liés au développement
durable aurait un impact positif sur l'image de
l'hôtel.
6.Comment?
Elaborer une stratégie permettant de prendre en
compte tous ces critères.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 62 sur
198
2.2. Mettre en place une stratégie
marketing
2.2.1. Définition et objectifs
La stratégie consiste à
définir les objectifs fondamentaux de l'entreprise et à mettre en
oeuvre les moyens permettant de les atteindre.
Les objectifs d'une stratégie peuvent être
nombreux et variés : gagner des parts de marché en affaiblissant
la concurrence ou en lançant un produit innovant, améliorer sa
rentabilité, augmenter son chiffre d'affaire, etc
Objectifs de la stratégie à mettre en
place:
- augmenter les ventes (atteindre un taux de
captage de 90%)
- se démarquer de la concurrence en
proposant une offre plus attractive
- faire du PDJ un argument au service de l'image en
termes de RSE, être précurseur sur ce
créneau
Le point de départ de la stratégie est
représenté par le marché : il s'agit de déterminer
les demandes qu'on peut et qu'on veut satisfaire et développer les
moyens permettant de créer l'offre en adéquation avec cette
demande.
2.2.2. Choix : laquelle, comment et pour quel
résultat attendu ?
Les choix stratégiques concernent les décisions
qui vont orienter l'avenir de l'organisation et la manière dont elle
doit répondre aux nombreuses pressions identifiées dans la
première partie.
? Définitions des différents types de
stratégies à l'aide des 3 stratégies
génériques de Porter
Michael Porter distingue trois stratégies
génériques :
1) La domination par les coûts
2) La différenciation
3) La concentration ou focalisation
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 63 sur
198
D'après les 3 stratégies de Michael Porter, cours
de Management stratégique d'Olivier Fourcadet, professeur à
l'Essec, 2011
1) Stratégie de domination par les
coûts : il s'agit d'une stratégie consistant à
vouloir conquérir des parts de marché en réduisant
au maximum les coûts : coûts de production
mais également tous les autres coûts de la
chaîne de valeur. L'entreprise peut alors pratiquer des prix
plus bas que ceux de la concurrence pour gagner des parts de marché.
Ainsi, en réduisant les coûts et en augmentant les
quantités produites, on génère des
économies d'échelle et d'apprentissage
(effet d'expérience).
Avantages :
- augmenter le chiffre d'affaires -
augmenter sa part de marché
Risques:
-guerre des prix avec la concurrence,
- insuffisance de la demande
- moins d'investissements dans l'innovation, le marketing et la
promotion par souci d'économie
2) Stratégie de focalisation (ou de
niche) : les efforts et les ressources portent sur un
segment étroit et défini. On déploie tous
les moyens de conception, de production, de distribution et de promotion,
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 64 sur
198
non pas vers un marché de masse déjà
occupé par des concurrents importants mais vers une gamme de produits ou
services ou à destination d'un segment de clientèle
particulier et très restreint.
Avantages :
- pas de concurrence, marge bénéficiaire
très élevée - en meilleure connaissance des
attentes clients,
Risques :
- disparition de la spécificité du segment
visé
- si le segment est très rentable, il y aura rapidement de
nouveaux entrants
3) Stratégie de différenciation :
elle s'inscrit plutôt dans une logique de recherche
d'avantages compétitifs durables. Elle consiste
à mettre en oeuvre des moyens autres que le prix pour rendre un produit
difficilement comparable à celui des concurrents. Les sources de
différenciation sont multiples. Elles ne
résultent pas seulement des attributs du produit ou de la
politique commerciale, mais de l'ensemble des activités de la
chaîne de valeur, voire d'activités situées en
aval. Il ne faut donc pas faire de confusion avec la notion de qualité,
qui n'est qu'une composante de la différenciation.
On envisage une stratégie de ce type pour
entrer sur un marché concurrentiel ou mature, avec des
concurrents vendant quasiment le même produit aux mêmes clients
selon des techniques de commercialisation identiques.
? La différenciation peut porter sur plusieurs
aspects :
- caractéristique du produit (design, qualité,
fiabilité, technologie, innovation), service associé, conseil
personnalisé, la marque, l'image, le mode de distribution, le
conditionnement
? Les conditions de réussite de cette
stratégie :
- visibilité par les clients :
le client ne paie en effet que pour une valeur perçue.
Il peut même payer un surprix plus important pour une valeur plus
faible, si celle-ci est mieux signalée. La réussite
d'une
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 65 sur
198
telle stratégie dépend donc autant de
critères de signalisation (publicité, notoriété)
que de ceux d'utilisation (valeur réellement créée :
qualité du produit, délai de livraison...).
- l'offre doit correspondre à une demande réelle
Avantages :
- possibilité de se concentrer sur la valeur
en générant un prix et une marge plus
élevés - permet d'éviter une concurrence
directe avec d'autres offres
Risques :
- perte de l'avantage en étant copié rapidement
- confusion entre unicité de l'offre et valeur
créée
Absence de stratégie :
L'absence d'orientation stratégique claire dans l'une des
trois stratégies de base empêche l'entreprise de dégager
une forte rentabilité. Coûts pas assez maîtrisés /
image pas assez forte. On parle d'enlisement dans la voie médiane.
?Conclusion : la stratégie retenue
La stratégie de différenciation
est la plus adaptée sur ce marché déjà
mature et concurrentiel : en effet, il existe de nombreuses offres et des
substituts au PDJ, il ne s'agit pas d'un marché de niche. L'objectif ici
est de concevoir une offre PDJ qui conviendra à tous. Il s'agit de
conserver la clientèle qui prend déjà son PDJ à
l'hôtel et qui fait partie des 70% du taux de captage moyen afin
de maintenir ce
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 66 sur
198
taux. Il faut également construire une
offre susceptible de séduire les clients potentiels,
à savoir ceux qui optent pour l'hébergement, sans PDJ.
Une stratégie par les coûts n'est pas
envisageable car les clients de l'hôtellerie 3 et 4 étoiles
souhaitent obtenir des prestations correspondant à la gamme
d'hôtels qu'ils ont choisie. Même si le prix est un facteur de
choix non négligeable, le rapport qualité/prix
prédomine, on ne s'adresse pas à une clientèle
d'hôtel low cost. Si la valeur d'une offre le justifie, les clients sont
prêts à payer plus.
De plus, la tendance dans l'hôtellerie est à la
personnalisation des services, à la découverte
et au plaisir. On souhaite faire vivre une expérience
différente à la clientèle d'où des
efforts en termes de services, de décoration,
d'aménagements d'espaces conviviaux, d'accueil et de restauration.
En restauration justement, de nouvelles offres
axées sur le plaisir, la santé, les sens sont
développées pour séduire une clientèle qui voyage
de plus en plus.
Les clients des hôtels 3 et 4 étoiles veulent
être étonnés, avoir à disposition
des services et des produits auxquels ils n'ont pas forcément
accès chez eux.
Une stratégie de différenciation sur le service
PDJ permettant de répondre aux besoins de plaisir, de
découverte et de qualité de la clientèle, tout en
prenant en compte sa sensibilité pour le développement
durable va permettre d'augmenter la valeur perçue de
l'offre.
2.3. Construction de l'offre
2.3.1. Positionnement
On peut définir le positionnement comme un choix
stratégique qui cherche à donner à une offre une position
crédible, différente et attractive au sein d'un marché et
dans l'esprit des clients (Mercator, 8ème édition, 2006).
Cette définition souligne trois aspects d'un
positionnement :
1) le positionnement est la politique qui cherche à
influencer la perception qu'ont les clients d'un produit, d'un
service ou d'une marque ;
2)
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 67 sur
198
c'est un choix stratégique global en
matière d'offre : un positionnement se traduit dans la
communication ou la publicité, mais c'est dans l'ensemble des dimensions
d'une offre que perçoit le client (politique de produit, de prix, de
distribution...) qu'il doit s'exprimer ;
3) la finalité du positionnement est une finalité
de perception. L'offre doit être perçue comme
crédible, différente et attractive dans l'esprit des clients par
rapport aux concurrents.
? Offre PDJ intégrant des produits locaux issus
des circuits courts de distribution
Cette offre permet de se différencier de la
concurrence tout en apportant une réponse pertinente aux enjeux
identifiés précédemment:
- produits frais et sains car cultivés ou
fabriqués en région parisienne : réponse à une
demande de la clientèle hôtelière au niveau qualitatif et
aux exigences de traçabilité
- des produits de la région Ile de France,
généralement inconnues du grand public, ce qui correspond aux
attentes de diversité et de découverte de la clientèle
hôtelière
- produits s'intégrant dans une démarche
RSE : réponse à la sensibilité croissante des clients pour
les méthodes de production moins intensives et la préservation
des emplois de proximité
- démarche de différenciation par rapport
à la concurrence, d'améliorer son image et de se positionner
comme un précurseur
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 68 sur
198
2.3.2. Contenu
L'offre PDJ local sera élaborée à l'aide
d'un marketing-mix 4P.
Définition et enjeux :
Le marketing-mix désigne la combinaison de
paramètres tels que le produit, le prix, la promotion, le circuit de
distribution entrant en ligne de compte, dans un environnement
économique donné, pour assurer le succès de la
commercialisation d'un produit, d'un service ou d'une enseigne.
Dans son ouvrage Marketing Management (éditions
Pearson), Philip Kotler définit ainsi la notion de marketing-mix :
"Le marketing-mix comprend l'ensemble des outils dont l'entreprise dispose
pour atteindre ses objectifs auprès du marché visé
".
Mc Carthy a regroupé les composants du
mix sous l'appellation mnémotechnique des 4P
(désignant le produit, son prix, sa distribution et sa
promotion). Son objectif était de simplifier la prise de décision
marketing.
Les 4P du Marketing-Mix doivent permettre de combiner
ses moyens afin d'atteindre à moindre coût les objectifs
fixés.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 69 sur
198
? Le produit
Proposer pour chaque type de références tout
produit pouvant figurer sur un buffet de petit-déjeuner, cultivés
ou fabriqués en Ile de France.
Sur 70 références que comptent en moyenne un PDJ
buffet en 3 et 4 étoiles, afin que l'offre soit suffisamment
visible, il faudrait idéalement que chaque pôle propose au moins
un à deux produits locaux. Comme cela ne peut pas s'appliquer
à toutes les catégories faute d'offre (boissons chaudes par
exemple).
Conditionnement :
Pas d'emballage individuel pour identifier
plus rapidement le caractère « authentique »
des produits locaux par opposition aux produits plus industriels.
? Le prix
Le prix du petit-déjeuner ne peut pas
être augmenté sachant que 70% des clients le trouvent
déjà trop élevé et que 52% des clients estiment le
rapport qualité prix de cette prestation médiocre. L'objectif est
d'augmenter les ventes.
? La distribution
Circuits courts de proximité : les
produits doivent être cultivés ou fabriqués en
région Ile de France
? La promotion
Rendre l'offre visible depuis le site internet de
l'hôtel jusqu'à la table du petit déjeuner :
Sur le site internet de l'hôtel :
Ex : Offre Petit-déjeuner Hôtel des Grands Hommes
http://www.hotels-paris-rive-gauche.com/blog/2010/03/30/nouveau-petit-dejeuner-hotel-grands-hommes-paris/
Dans l'hôtel :
- livret d'accueil de la chambre : signaler l'offre en
mentionnant ses principales caractéristiques et les avantages pour le
client : produits fabriqués ou cultivés en Ile de
France, produits frais et sains, découverte de
produits issus d'un terroir encore peu connu, informations sur
la démarche de développement durable entreprise par l'hôtel
grâce aux filières d'achat responsable.
- Dans la salle de petit-déjeuner, un petit
dépliant sur chaque table : une photo des produits
locaux et un logo indiquant comment les identifier rapidement sur le buffet.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 70 sur
198
- Sur le buffet : logo sur les produits, très discret
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 71 sur
198
Exemple emprunté au groupe Starwood :
Résumé
Le questionnement réalisé au début de
cette partie met en évidence l'enjeu de la
stratégie : augmenter le chiffre d'affaires du PDJ. En
effet, le taux de captage de cette prestation n'est pas satisfaisant : 70% en
moyenne. Sur un service aussi rentable, il est possible d'accroître le CA
d'environ 20% (10% de la clientèle hôtelière ne prenant
quasiment jamais de PDJ).
A la lumière de l'analyse de marché
réalisée dans le chapitre précédent, il
apparaît que les attentes des clients sont nombreuses
sur cette prestation : produits frais et de qualité,
découvertes de produits régionaux, « fait-maison »,
etc. Le rapport qualité prix du PDJ est jugé comme
médiocre voire mauvais. Parallèlement, en observant les
tendances de la consommation, une augmentation de la demande pour les
produits locaux issus des CC d'approvisionnement est constatée.
Aussi, ces éléments vont être pris en compte pour
élaborer une stratégie marketing destinée à
attirer 20% de clientèle supplémentaire au PDJ
hôtelier.
Le choix de la stratégie se porte sur la
différenciation plutôt que sur une
stratégie de domination par les coûts. En effet, dans le contexte
d'hôtels 3 et 4*, une stratégie par les coûts n'aurait pas
vraiment de sens pour des clients qui attendent une prestation plutôt
moyen haut de gamme. Il s'agit donc là de se démarquer en
augmentant la valeur perçue.
Une offre PDJ intégrant des produits locaux
issus des CC d'approvisionnement sera mise en place. Elle
répond aux attentes identifiées des clients de cette
catégorie d'hôtels et correspond à une tendance
émergente détectée chez les consommateurs.
La stratégie est élaborée à
l'aide d'un marketing mix 4P qui pose les bases de l'offre.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 72 sur
198
2.4. Contribution des Achats dans la
stratégie
La politique de mix marketing venant d'être
présentée est susceptible d'évoluer en fonction des
capacités de la fonction achat à s'approprier cette offre.
Même si toutes les directions achats ne le pratiquent pas, le
fonctionnement en mode projet permet à la fonction
achat de contribuer à l'élaboration des offres clients. Ce
travail en mode collaboratif aide les acheteurs à bien cerner
les enjeux de la mise en place d'une nouvelle offre.
2.4.1. Analyse et expression des besoins
Même si le service marketing a exprimé ses
attentes sur le produit qui va constituer son offre, il est indispensable pour
le service achat d'obtenir de manière très précise toutes
les informations nécessaires avant d'entamer la moindre
démarche.
L'analyse des besoins est l'une des premières
étapes du déroulement d'un projet. La complexité de cette
méthode relève de leurs nombreuses facettes. Il existe des
besoins exprimés naturellement, des
besoins implicites (que le client interne trouvait pourtant
« évidents »), des besoins inavoués et
tout simplement des besoins dont les utilisateurs n'ont même pas
conscience.41
Il arrive également que le client interne soit
très directif et précis sur ce qu'il veut : « je
veux tel produit fabriqué par tel fournisseur. »
Le tableau ci-dessous reprend les
éléments du marketing 4P ainsi que des paramètres
n'ayant pas été précisés explicitement. Il les
classe en fonction de leur importance pour le projet. Les
notes vont de 0 à 3, indiquant un degré de flexibilité
croissant42 :
- 0 : flexibilité nulle, non
négociable donc impératif
- 1 : flexibilité faible, niveau peu
négociable
- 2 : flexibilité moyenne,
négociable
- 3 : flexibilité forte, totalement
négociable
41 « Réussir l'analyse des besoins » Paul-Hubert
des Mesnards - Eyrolles - 2008
42 « La boîte à outils de l'acheteur »
Stéphane Canonne et Philippe Petit - Dunod - 2010
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 73 sur
198
L'objectif de ce tableau est de quantifier et de
valoriser précisément les résultats attendus. Il
constitue également une aide précieuse dans la mesure où
il met en lumière des éléments à
préciser de la part du client interne et des parties prenantes
au projet.
Liste de critères relatifs au projet d'offre PDJ local
à partir des éléments figurant dans la stratégie
mix marketing 4P
|
Information communiquée
|
Information indispensable avant analyse du
marché
fournisseur
|
Importance du critère pour le projet
|
|
oui
|
non
|
oui
|
non
|
|
Origine locale
|
x
|
|
x
|
|
0
|
Distance géographique
|
x
|
|
x
|
|
1
|
Traçabilité pour les produits transformés
|
|
x
|
|
x
|
1
|
Origine locale des ingrédients pour les produits
transformés
|
|
x
|
x
|
|
1
|
Bio
|
|
x
|
|
x
|
2
|
Label (AOC, AOP), spécialité régionale
|
|
x
|
|
x
|
3
|
Présence d'une référence par type de
produit
|
|
x
|
|
x
|
3
|
Nombre de références sur la totalité de
l'offre PDJ
|
|
x
|
|
x
|
2
|
Conditionnement/emballage en vrac
|
x
|
|
x
|
|
2
|
Produits issus des circuits courts
|
x
|
|
x
|
|
0
|
Fournisseur engagé dans une démarche RSE
|
|
x
|
|
x
|
1
|
Impact coût d'achat sur prix de vente
|
x
|
|
|
x
|
1
|
Ce document qui peut s'assimiler à
l'ébauche d'un cahier des charges fonctionnel met en
évidence les critères essentiels à prendre en compte lors
de l'élaboration de la stratégie achat :
Critères impératifs ou peu
négociables :
- produits locaux, issus des circuits
courts de proximité, situés en région
parisienne, dont le coût d'achat impactera a minima
le prix de vente au client. Exigence forte en termes de
traçabilité. Le fournisseur doit être engagé dans
une démarche RSE : méthodes de production non intensives.
Cependant, certains critères peuvent se négocier
dans le temps. Par exemple, la démarche RSE peut-être
initiée progressivement par une volonté commune des achats et des
fournisseurs: cela peut constituer un axe d'amélioration
et s'intégrer dans un plan de progrès.
Attention : sur 12 critères, 7 sont
impératifs ou peu négociables ce qui laisse une marge de
manoeuvre étroite pour la fonction Achat.
Critères négociables :
- L'emballage, le nombre de références à
faire figurer dans l'offre, la certification bio
Cette flexibilité permet d'avoir une marge de
manoeuvre entre le client interne, la fonction Achat et le fournisseur
et sera très utile lors des négociations.
Si on prend l'exemple du nombre de références pour
le PDJ, on ne connaît pas encore l'offre disponible sur
le marché ni les prix de vente. Faire preuve de
flexibilité sur ce critère va permettre de faire
évoluer le projet en fonction des informations
récoltées lors de l'analyse du marché fournisseur. De la
même manière, en cas de coûts d'achat élevé
pour les produits locaux, il sera possible de faire varier le nombre de
référence sans que cela ne constitue un frein pour la mise en
place du PDJ local.
Critères fortement négociables
:
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 74 sur
198
- label AOP ou AOC et présence d'un produit local par type
de référence
Ce critère peut constituer un atout supplémentaire
surtout en termes de communication vis-à-vis de la clientèle
sensible au développement durable.
La présence d'un produit local par type de
référence laisse une marge de manoeuvre importante dans
la mesure où des produits précis composant l'offre PDJ
n'ont pas été spécifiés par les
parties prenantes et que la disponibilité de l'offre n'a pas encore
été étudiée.
2.4.2. Analyse du marché fournisseur
2.4.2.1. Connaître l'offre en produits
locaux
? Quels produits cultivés/transformés dans
la région francilienne peuvent être intégrés dans
l'offre PDJ local ?
En effet, les contraintes géographiques
dont dépend l'offre ne permettent pas, par exemple, de pouvoir
qualifier le beurre normand de local ou de proposer des confitures de
mirabelles locales car ces produits ne sont ni cultivés ni
transformés dans la zone géographique concernée.
Sources de documentation :
Cervia : Centre Régional de Valorisation et
d'Innovation Agricole et Alimentaire de Paris-Ile-de-France. Association loi
1901 créée en 2007. Il regroupe à la fois les missions
d'un Comité de Promotion des produits agricoles et alimentaires et
celles d'un Centre Régional d'Innovation et de Transfert de Technologies
(CRITT).
http://www.saveursparisidf.com/site-professionnel/accueil/
www.chambres-agriculture.fr
: site national des chambres d'agriculture sur tout le territoire national.
De nombreux liens existent pour aller sur les chambres régionales
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 75 sur
198
? Ainsi, les produits suivants peuvent être
intégrés à l'offre produits du PDJ local :
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 76 sur
198
- pain, viennoiseries
- fruits de saison : pommes, poires, cerises, fraises,
groseille, raisin, prunes, framboises
- jus de fruits
- oeufs
- fromages
- yaourts
- beurre
-charcuterie
- confitures
- miel
- une filière de production de lait est en cours de
construction en région Ile de France
Ces produits peuvent être classés en 2
catégories:
1. Les produits bruts
Ces produits sont achetés en l'état
directement au producteur ou au grossiste et mis à la
consommation sans aucune opération de transformation : fruits, lait,
oeufs
2. Les produits transformés
Ces produits ont fait l'objet d'une opération de
transformation à partir de produits bruts et selon des
techniques de fabrication précises : jus de fruits, beurre, charcuterie,
fromage, yaourts, miel, confiture.
Ces produits peuvent encore être classés en 2
sous-catégories selon leur mode et durée de
conservation:
- Produits transformés frais (faible durée de
conservation): beurre, charcuterie, fromage, yaourts, pain, viennoiseries
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 77 sur
198
- Produits transformés d'épicerie (longue
durée de conservation) : miel, confiture, jus de fruits
2.4.2.2. Caractéristiques et contraintes du
marché fournisseur
? Une offre peu visible
Le principal écueil d'une stratégie portant sur
une offre de produits dits « émergents » est de parvenir
à identifier des fournisseurs potentiels. Concernant les produits
locaux, ces fournisseurs ne sont pas très visibles pour
les professionnels. En effet, ils sont surtout investis dans la vente
directe auprès des consommateurs qui habitent à
proximité. Le bouche-a-oreille fait parti des principaux vecteurs
d'information sur leur existence.
L'identification des fournisseurs potentiels
implique donc un travail de « défrichage » fastidieux et
relativement coûteux. Pour mener à bien cette
tâche, les sources suivantes ont servi de point de départ :
Presse spécialisée et
généraliste: L'Hôtellerie-Restauration,
L'Industrie hôtelière, LSA, Points de Vente, Décision
Marketing, Fruits et Légumes Distribution Magazine, Capital, Le Monde
Economie, consultation papier et internet
Salons spécialisés dans
l'hôtellerie : Equip'Hôtel et Sirha
Sites professionnels de l'agriculture et de
l'alimentation :
- Cervia : Centre Régional de Valorisation et
d'Innovation Agricole et Alimentaire de Paris-Ile-de-France. Il regroupe
à la fois les missions d'un Comité de Promotion des produits
agricoles et alimentaires et celles d'un Centre Régional d'Innovation et
de Transfert de Technologies (CRITT).
http://www.saveursparisidf.com/site-professionnel/accueil/
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 78 sur
198
- Halles internationales de Rungis : Le "Carreau des
producteurs" en est un symbole. Ouvert en 2004, il regroupe, sur 2 200
mètres carrés, 82 producteurs de fruits et légumes
d'Ile-de-France qui viennent proposer directement leur offre.
http://www.rungisinternational.com
- Chambres d'agriculture régionale:
http://www.ile-de-france.chambagri.fr/,
Site de mise en relation producteur consommateur en
France :
http://www.reseau-fermier.com/,
http://www.delafermealassiette.com
? Une définition légale inexistante pour
l'appellation locale
A ce jour, comme pour le bio ou comme pour les produits
certifiés en AOC ou AOP, aucun cadre légal n'a été
donné à la définition d'un produit local.
Afin de pouvoir par la suite procéder à
l'identification des fournisseurs locaux, il est indispensable d'en donner
une définition dans le cadre de cette étude :
- produits cultivés et commercialisés
en circuits courts d'approvisionnement dans un espace
géographique limité (Ile de France)
- produits transformés dans la région
francilienne et commercialisés en CC. 50% au moins des
matières premières de ces produits doivent être issues de
la région Ile De France.
? Rappel de la définition d'un circuit court dans
le cadre de la vente à des professionnels
Mode de commercialisation de produits
alimentaires, qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au
consommateur soit par la vente indirecte à condition qu'il n'y
ait qu'un seul intermédiaire. Définition actée
par le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la
Pêche en 2009.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 79 sur
198
Résultats :
Ce premier travail de défrichage permet de remplir avec
certitudes 3 des critères peu ou non négociables de la
stratégie :
Liste de critères relatifs au projet d'offre PDJ local
à partir des éléments figurant dans la stratégie
mix marketing 4P
|
Importance du critère pour le projet
|
Objectifs atteints
|
Origine locale
|
0
|
X
|
Distance géographique
|
1
|
X
|
Traçabilité pour les produits transformés
|
1
|
?
|
Origine locale des ingrédients pour les produits
transformés
|
1
|
?
|
Produits issus des circuits courts
|
0
|
X
|
Fournisseur engagé dans une démarche RSE
|
1
|
?
|
Impact coût d'achat sur prix de vente
|
1
|
?
|
Il a en effet été possible d'identifier des
produits et des fournisseurs remplissant les critères d'origine
locale, de distance géographique et de circuits courts. Ces
critères sont suffisants pour poursuivre la démarche, les autres
pourront être vérifiés au cours des RFI ou mis en place
lors de plans de progrès avec les fournisseurs par la suite.
? Une offre structurellement limitée et une
demande en hausse
Une Surface Agricole Utile (SAU) dévolue aux
grandes cultures
Malgré une forte urbanisation, 48% des terres
franciliennes sont agricoles43. La région
compte près de 5000 exploitations soit environ
1% des exploitations à l'échelle nationale.
Sur ces 48%, seuls 1,5% de la surface
agricole utile (SAU) sont consacrés aux fruits et légumes, le
reste se répartissant les grandes cultures (céréales et
oléo-protéagineux), soit 82% de la SAU, les
plantes
43 Agreste, Statistiques agricoles annuelles, Ministère de
l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, 2010
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 80 sur
198
industrielles de transformation (7%), les cultures
fourragères (4%) et les terres en jachère (environ
5%).44 La marge de manoeuvre pour le développement de
l'agriculture en Ile de France est donc assez restreinte.
Ce pourcentage pourrait encore se réduire en raison de
la concurrence pour l'occupation des sols qui fait grimper le
prix des terres en Ile de France.
Actuellement, moins de 900 exploitations
d'Île-de-France, commercialisent une partie de leur production
alimentaire en circuit court45, soit 16% des exploitations
franciliennes (la moyenne en France métropolitaine est de 18.5%). Sur
ces 900 exploitations, 16% transforment des produits agricoles
à la ferme (jus, confitures, fromages, yaourts)46.
Cette commercialisation en circuits courts se répartit
entre les ventes directes à la ferme pour 50% des cas,
sur les marchés (26%), aux commerçants et
détaillants (5%), par le biais des paniers (5%). 47
44 Le nouveau visage de l'agriculture francilienne, La lettre
du préfet de la région d'Ile-de-France, préfet de Paris -
Dossier - N° 185
45 S'approvisionner local en Ile de France Intérêts
et limites 3ème Conférence régionale sur la
transition énergétique, Mardi 9 avril 2013, Hémicycle
Conseil régional d'Ile de France, Institut d'Aménagement et
d'urbanisme
46 Le nouveau visage de l'agriculture francilienne, La lettre
du préfet de la région d'Ile-de-France, préfet de Paris -
N° 185, 2ème trimestre 2012
47 Agreste, Données Ile de France, n°109, septembre
2011
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 81 sur
198
Une diversification coûteuse pour les producteurs :
Malgré le soutien du gouvernement pour valoriser la
diversification des filières présentant un intérêt
pour le bassin de consommation de la région Ile de France, les
producteurs mettent en avant comme principal frein l'importance des
investissements à réaliser :
- investissements liés à la
diversification : nouveau matériel agricole, transformation de
locaux pour la vente ou pour l'entreposage, achat d'un véhicule pour les
livraisons
- coûts induits par la vente en circuits courts au
quotidien : carburant pour les déplacements sur les
marchés, paiement des emplacements, des parkings, mises aux
normes sanitaires pour la vente aux professionnels
- coûts de main d'oeuvre plus
élevé : commercialiser en circuit court mobilise plus de
main-d'oeuvre quelle que soit la taille de l'exploitation et les produits
vendus. Il faut produire, vendre et dans certains cas
transformer, trois activités chronophages : en moyenne,
les exploitations vendant en circuit court mobilisent 2,2 unités
de travail annuel, les autres exploitations 1,4. 48
Diminution du nombre d'exploitations vendant en
circuits courts en 10 ans
Entre 2000 et 2010, 1 exploitation agricole sur 4 a disparu.
Sur la même période, les exploitations vendant en circuits
courts n'ont pas été épargnées avec une diminution
de 37 %. Elles représentaient 19 % des exploitations en 2000
contre 15% en 2011
Les hypothèses concernant cette baisse et non
vérifiées à ce jour, mettent en avant des modifications
dans les choix de cultures de la part des exploitants ou dans les modes de
commercialisation employés avec un recours accru aux circuits
longs.49
48 Un producteur sur cinq vend en circuit court, Agreste
Primeurs, Numéro 275 - janvier 2012
49 Recensement agricole 2010 : les
circuits-courts en Île-de-France, Agreste Ile de France, Numéro
117 février 2012
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 82 sur
198
? Augmentation de la demande :
Comme pour les produits bio il y a quelques années, la
demande en produits locaux ne cesse de croître. Il est
possible de cultiver ou fabriquer du bio partout dans le monde. Pour faire face
à la hausse de la demande, la grande distribution alimentaire a fini par
recourir à l'importation : 40% des produits bio présents
sur le marché français ne proviennent pas du territoire national,
faute de volume suffisant.50
Le produit local issu des circuits courts d'approvisionnement
est par essence cultivé et/ou transformé,
distribué et consommé dans un espace géographique
restreint.
Aussi, si cet engouement se poursuit, un scenario de
pénurie est tout à fait envisageable.
2 acteurs importants en termes de volumes se lancent
sur les approvisionnements de produits locaux en circuits courts : la
restauration collective publique et la grande distribution.
En restauration collective publique, les
approvisionnements locaux sont encouragés par des mesures
gouvernementales à destination des producteurs et des acheteurs
publics (cf partie 1.3.2. de la thèse) et soutenus par une campagne de
communication sur le site du Ministère de l'Agriculture de
l'Agroalimentaire et de la Forêt. L'information est relayée par
les conseils régionaux :
« Il faut structurer des circuits de distribution
locaux »
http://www.iledefrance.fr/les-dossiers/economie/agriculture-le-soutien-de-la-region/agriculture-les-axes-de-la-politique-regionale
-Promotion des producteurs locaux :
http://www.iledefrance.fr/les-dossiers/economie/agriculture-le-soutien-de-la-region/yaourts-du-petit-remy-la-creme-de-linnovation/
- Promotion des initiatives en faveur des circuits
courts et du bio:
http://www.iledefrance.fr/lactualite/environnement/agriculture/lecole-a-la-ferme/
http://www.iledefrance.fr/lactualite/environnement/agriculture/video-un-ex-top-chef-revisite-le-terroir-francilien
50 L'incroyable faillite du bio français, Le Point - le
21/05/2009
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 83 sur
198
La multiplication des initiatives dans la restauration
collective publique afin de s'approvisionner en circuits courts va provoquer
une augmentation considérable de la demande dans les
prochaines années. Si l'on se base uniquement sur les 40
millions de repas servis annuellement dans les lycées
franciliens51, on peut facilement évaluer l'importance du
phénomène décliné sur l'ensemble des autres
établissements publics : crèches, écoles maternelles,
élémentaire, collèges, universités, etc...
Dans la grande distribution, presque toutes
les enseignes sont en cours de réflexion pour le développement de
concepts orientés autour d'une offre locale. Certains
en sont au stade de la structuration de l'offre et de la logistique à
mettre en place tandis que d'autres comme le groupe Casino ont vu ce projet
aboutir. Avec son offre Le Meilleur d'ici, Casino est la première
enseigne à distribuer des produits locaux issus des circuits
courts d'approvisionnement en région parisienne et à Paris
intra-muros.
La demande est en forte hausse : de l'ordre
de 30 à 40 % entre 2011 et 2012.
Le volume de ces approvisionnements dépasse rarement 3%
des achats ou du chiffre d'affaires alimentaire mais ramené au volume
que la grande distribution représente, ces chiffres ne sont pas
négligeables.52
? Taille des fournisseurs ?
La taille des exploitations et des producteurs d'Ile
de France pratiquant la vente en circuits courts est très
variable. Il n'y a pas encore eu d'étude spécifique
à ce sujet ou de classement par typologie de producteurs fonctionnant en
circuits courts d'approvisionnement en Ile de France.
Néanmoins, une étude de 2007 de l'INRA sur les
maraîchers en circuits courts (Les Cahiers de l'Observatoire CROC
Coxinel, Diversité des producteurs en circuits courts) livre quelques
indications de la situation au niveau national : «
Les exploitations en circuits courts sont globalement de plus petite
taille que celles qui livrent au négoce, aux centrales ou
coopératives. La superficie moyenne de
51
http://www.iledefrance.fr/les-dossiers/environnement/semaine-de-la-reduction-des-dechets/en-finir-avec-le-gaspillage-dans-les-cantines-scolaires/
52 La distribution s'active sur les produits locaux, Dominique
Amirault, 12 juillet 2012,
http://www.lsa-conso.fr
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 84 sur
198
légumes dans les exploitations
spécialisées en circuits courts est deux fois plus petite que
pour l'ensemble.
Ces exploitations se caractérisent par une
moindre spécialisation de leur production. La gamme de
légumes est en général plus diversifiée même
si certaines se spécialisent sur une ou deux espèces. Les
producteurs de ces exploitations font dans l'ensemble moins souvent partie de
regroupements de producteurs. Seulement 6% disent appartenir à
une organisation de producteurs, contre 38% pour l'ensemble des producteurs de
légumes ».
Selon un avis de l'Agence de l'Environnement et de la
Maîtrise de l'Energie (ADEME) sur les circuits courts d'approvisionnement
publié en avril 2012 « la plupart des exploitations ayant
recours aux circuits courts sont de petites tailles et sont souvent
inscrites dans des logiques peu intensives, proches de l'agriculture
biologique ou labellisées bio ».
Existence de fournisseurs susceptible de produire en
volumes
Toutefois, si la grande distribution et la restauration
collective se sont lancées dans les circuits courts d'approvisionnement
afin de proposer des produits frais de proximité à leurs clients,
nul doute qu'il existe des exploitations ou des producteurs dont les
volumes produits et la structure permettent ce genre de projet.
D'ailleurs, en croisant les sources d'information, il est possible d'identifier
des fournisseurs travaillant déjà soit avec la restauration
commerciale ou collective ou encore avec la grande distribution.
Dans son enquête afin de lancer l'opération
« un fruit pour la récré » dans les
établissements scolaires d'IDF, la DRIAAF (Direction régionale et
interdépartementale de l'alimentation, de l'agriculture et de la
forêt) Ile De France a détecté en 2010 22
producteurs de pommes, poires et autres fruits en région IDF,
capables d'assurer des approvisionnements réguliers en grandes
quantités. Un certain nombre de ces producteurs transforment leurs
produits sur place en jus, confitures, gelées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 85 sur
198
Exemples :
Les Vergers de Molien, en Seine et Marne
:
Gelée de pommes, Gelée de poires, Gelée
de poires aux noix, Gelée de coings, Jus de pommes , Jus de poires, Jus
de pommes-poires, Jus de pommes-cerises, Jus de cerises, Nectar de cerises,
Pommes (25 variétés), Poires ( 7 variétés), Cerises
( 10 variétés)
Etablissements Vassout :
exploitation de 30 hectares dont 7 ha sur la commune de Gambais (78) et le
reste sur celle de Cheptainville (91).
Produits : 500 à 600 tonnes de poires par
an et trois cent tonnes de pommes.
7 personnes sont employées en permanence, 7 à 8
huit personnes la moitié de l'année, 7 personnes pour une
période de 3 mois et entre 30 et 40 personnes en plus pendant un mois
pour faire la cueillette. Sa production est commercialisée sur le
carreau des producteurs à Rungis en majeure partie.
Pour son projet d'intégrer des produits locaux pour ses
espaces Le Meilleur d'Ici, le groupe Casino a
publié dans son dossier de presse du 6 décembre
2012 la liste des exploitations / producteurs/artisans
sélectionnés. Parmi eux, des exploitations agricoles
d'assez grande taille comme la Fermes des 30 Arpents ainsi que des
sociétés comme les confitures Andresy, ayant une
expérience confirmée de la vente en BtoB.
La Ferme des 30 Arpents :
installée sur 1600 ha, l'exploitation transforme uniquement son lait.
Elle fabrique des fromages fermiers : brie de Meaux, brie de Melun, brie de
Favières, brillat-savarin et tome fermière, mais aussi du beurre
et de la crème fraîche. 70% de cette production est
écoulée au marché de Rungis. Le reste se répartit
entre la grande distribution et la vente directe sur place. 8 employés
fabriquent les fromages et un agent commercial est chargé de la vente de
la production.
Confitures Andresy, Maurepas (78) :
entreprise de moins de 50 salariés, qui a été
créée en 1950. Réputée pour ses confitures,
Andrésy Confitures est connu et reconnu pour son travail de confiturier
sur-mesure. Cet artisan s'efforce de fabriquer le plus souvent possible ses
produits avec les fruits des vergers environnants.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 86 sur
198
Attention néanmoins car ces exemples ont
été choisis afin de démontrer l'existence d'exploitations
et de producteurs dont la structure et les volumes en font des fournisseurs
idéaux en ce qui concerne les capacités de production et
l'expérience de la commercialisation. Ils ne représentent pas la
majorité des exploitants et des producteurs franciliens concernés
par cette étude sur les circuits courts.
? Logistique
Lors d'une étude menée sur le terrain en 2012,
on s'aperçoit que les exploitants franciliens s'efforcent de
limiter au maximum leurs déplacements pour la
commercialisation de leur production. 4% seulement de l'échantillon
interrogé se déplacent à Paris pour vendre ses
produits.
Malgré un intérêt confirmé pour les
restaurateurs parisiens qui représentent un débouché
profitable en termes de prix de vente, le temps de transport dans la
capitale et les coûts inhérents (carburant, péages
avant d'arriver sur Paris) constituent une véritable perte de
rentabilité pour les exploitants et les producteurs.
Même la vente sur les marchés connaît une
baisse : de 58% des circuits courts en 2000, elle ne représente plus que
28% en 2010.
Les livraisons ne sont rentables qu'à partir
d'une quantité significative qu'il est difficile d'atteindre, parfois de
part et d'autre.
32% de l'échantillon se
déplacent régulièrement dans un rayon de 20 à 50 km
pour la commercialisation de ses produits tandis que la
majorité se limite à 20 km autour de leur exploitation.
Actuellement, la demande étant soutenue, les
exploitants travaillent sur des circuits courts de très grande
proximité.
Néanmoins, le pouvoir d'achat des clients de
proximité étant variable en région IDF, certains
exploitants commencent à se tourner vers Paris et la Petite
Couronne53.
53 Rôle des circuits courts de proximité dans le
maintien et la valorisation d'une agriculture multifonctionnelle en
Ile-de-France, Laurène Jolly, 2012
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 87 sur
198
Problème d'optimisation du transport :
Contrairement aux approvisionnements en circuits longs
où l'expérience permet aujourd'hui d'optimiser le transport,
il n'est pas rare de voir des camionnettes de 3,5 à
moitié vides faire de multiples trajets entre les lieux de production et
de commercialisation. L'ADEME donne même l'alerte sur les
problèmes de pollution et de GES (gaz à effet de serre)
créés par les transports mal optimisés comparés aux
transports longue distance avec des poids lourds pouvant transporter 32T de
produits et dont les km à vide sont quasi-inexistants54.
? Prix, le local, plus ou moins cher ?
Il est extrêmement compliqué de définir si
ces achats vont être plus coûteux ou non sans effectuer une TCO
(Total Cost of Ownership ou coût total de possession). Cette analyse ne
pourra être réalisée seulement lorsque ce type d'achat aura
été effectué de manière récurrente.
Les éléments à prendre en
considération pour l'estimation des prix de vente des produits
locaux :
Les circuits courts d'approvisionnement impliquent la
suppression de 3 ou 4 intermédiaires par rapport aux circuits longs, ce
qui laisse à première vue supposer un gain pour le
producteur. Cela va lui permettre d'être mieux
rémunéré mais également plus
compétitif en répercutant une partie de ses gains
à sa clientèle.
La réalité est un peu différente. La
plupart des exploitations qui se sont lancées dans la diversification de
leur production et la commercialisation en circuits courts ont vu leurs
coûts augmenter comme expliqué plus haut (cf : Une offre
structurellement limitée et une demande en hausse).
De plus, afin de mieux répondre aux attentes des
consommateurs, les méthodes de production intensives sont
délaissées au profit d'une logique plus durable. Le nombre de
cultures différentes est favorisé afin de limiter les risques en
cas de mauvaise récolte sur un produit et répartir les ventes sur
l'année. Ainsi, les volumes vendus ne sont pas très
importants alors que les coûts fixes sont à la hausse.
54 Les circuits courts alimentaires de proximité, Les Avis
de l'ADEME, avril 2012
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 88 sur
198
Enfin, les exploitants ne se déplaçant que peu
ou n'étant pas suffisamment formés pour optimiser leurs
transports lorsqu'ils assurent eux-mêmes les livraisons,
le prix de vente peut-être lourdement impacté par les
surcoûts liés à la logistique.
Informations disponibles : études et retours
d'expérience
Il n'existe pas à l'heure actuelle d'études
à ce sujet ou plutôt, les données sont très
difficiles à obtenir en raison d'un manque de recul et de
pratique pour réaliser une étude précise et
complète. On suppose que le prix des produits locaux est plus
élevé que les produits en circuits longs mais on ne sait pas
encore en déterminer toutes les raisons, d'autant que les
approvisionnements en circuits courts s'adressent à des secteurs qui ont
chacun leurs contraintes. A l'intérieur même de ces
secteurs, les établissements ont encore, également, des
spécificités en termes d'organisation qui peuvent faire varier le
résultat des études.
Etude
Une étude réalisée en région
Rhône Alpes auprès de la restauration collective en 2011 par la
Chambre d'agriculture a essayé d'apporter des
réponses dans un travail intitulé « Approche
économique de l'approvisionnement local de la restauration collective en
Rhône-Alpes. » Cette synthèse présente,
à travers différentes fiches individuelles, l'analyse
économique par produit de l'approvisionnement local de la restauration
collective en Rhône-Alpes et essaie de répondre à la
question : le prix des produits locaux sont-ils plus
élevés ? L'approvisionnement local est-il plus cher ?
« Déroulement de cette étude et
limites
Nous voulions initialement comparer des
approvisionnements locaux et non locaux sur une même structure,
puisque les tarifs varient beaucoup selon la taille et éventuellement la
localisation de la structure. Nous avons eu des difficultés
à réaliser cette comparaison, car les exemples
d'approvisionnements locaux existant sont limités, en gamme et en
fréquence, et car il était parfois difficile d'obtenir deux prix
comparables, en local et non local.
Nous avons alors souhaité collecter les prix
d'achats de la restauration collective, pour ensuite comprendre quels
producteurs peuvent être adaptés à ce segment de
marché, et comment la commercialisation peut alors avoir lieu. Nous
avons donc cherché à connaitre sur chaque structure
enquêtée :
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 89 sur
198
La forme du produit acheté (brut ou non,
conditionnement, ...)
L'utilisation de ce produit
Les périodes de l'année auxquelles il est
acheté et la fréquence d'achat
Les volumes commandés par service Les volumes
achetés chaque année Le prix d'achat
La donnée prix est très difficile
à collecter car confidentielle, fortement
variable, et pas toujours archivée. Les prix
obtenus n'étaient pas toujours comparables : le produit peut
être légèrement différent par son
calibre, sa variété, son
conditionnement, d'éventuels éléments
qualitatifs, et si l'on compare bien le même produit, il faut
également le comparer à la même date.
[...]
Pour les produits laitiers, il faut
distinguer les fromages, dont la diversité est très
grande, et donc la diversité de prix et de pratiques d'achat
aussi, des yaourts et fromages blancs. Ces derniers ont des
prix beaucoup moins variables d'une structure à
l'autre, mais nous n'avons eu que des exemples d'approvisionnements
locaux avec un surcoût considérable. Nous n'avons pas approfondi
l'étude sur ces produits.
Pour avancer dans nos réflexions sur les fruits et
légumes et la viande, nous avons rencontré des fournisseurs de la
restauration collective. Nous avons cherché à comprendre le
surcoût des produits locaux constaté : s'explique-t-il par un
surcoût à la production ou bien par une gestion plus complexe ?
Nous avons également travaillé avec les plateformes de
groupements de producteurs fournissant la restauration collective, qui nous ont
aidés dans notre réflexion. Mais leur faible nombre ne
nous permet pas de conclure quant à nos questionnements.
»
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 90 sur
198
Retours d'expériences : restauration et grande
distribution
En 2008, à l'initiative du chef Jean-Luc Reymond, entre
autres, l'opération 100% local dans les restaurants
parisiens de la chaîne d'Hôtels de luxe Starwood a
été lancée. Le principe : un menu ou des plats à
base de produits venant d'exploitations situées dans un rayon de 200 km
autour de Paris. Lors de plusieurs interviews consacrées à cette
démarche, JL Reymond mentionne les surcoûts des matières
premières :
Une réussite avec Jean-Luc Reymond vers le "100 %
local"
« Lorsque l'on interroge Jean-Luc Reymond sur les
surcoûts éventuels, il apporte une double réponse : le
surcoût matières premières de 15 à 20 % est
compensé en partie par des coûts de transport moindres et le solde
est facilement intégrable dans la gamme de prix pratiqués par
l'hôtel. »
Source : site professionnel de L'Hôtellerie Restauration,
23 novembre 2010
Le Chef, le local et le maraîcher
« Quant au volet financier et les prix d'achat de ces
productions locales, Jean-Luc Reymond est catégorique : ils sont plus
chers au vue des volumes, qui ne représentent pour l'heure que
2% de notre approvisionnement en fruits et légumes, par
exemple. Nous, nous n'avons pas voulu nous battre sur les prix. Le
surcoût est de 15 à 20 % sur les prix habituels.
»
Source : FLD Magazine, Le magazine de la filière Fruits et
Légumes, supplément juillet-août 2010
Dans la grande distribution, le groupe Casino
mentionne également cet aspect ainsi que sa politique de prix de vente
pour les produits locaux issus des circuits courts :
Casino mise sur le local
« Et même si les prix de vente sont
plus élevés que pour des produits équivalent
importés ou fabriqués par l'industrie, l'enseigne assure qu'elle
a mis les moyens pour que ce décrochage ne soit pas rédhibitoire
pour les consommateurs. « Nous avons réduit nos marges
pour que ces produits soient proposés à un prix de vente
attractif. Mais notre objectif n'est pas de les brader. Nous voulons soutenir
ces entreprises et, même si leurs produits demeurent un peu plus
chers, le consommateur est prêt à payer davantage pour
s'offrir la qualité et la proximité. »
Source : FLD Magazine, Le magazine de la filière Fruits
et Légumes, 16 janvier 2013
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 91 sur
198
Ces interviews conduites dans deux secteurs très
différents donnent des indications clefs pour la mise en place d'une
stratégie basée sur les circuits courts d'approvisionnement en
produits locaux :
- les prix à l'achat sont plus
élevés
- le surcoût est en partie refacturé au
client final
- il est indolore dans la restauration
d'hôtellerie par rapport au volume d'achat global (2
à 3%) - il implique une réduction des marges
dans la grande distribution
?Organisation des structures limitée
Attention, certaines exploitations n'ont pas les ressources
nécessaires pour assurer toutes les démarches administratives
liées à la mise en place d'un courant d'affaires régulier
avec des professionnels.
« Jusqu'où faut-il contractualiser le
partenariat producteur-magasin ?
Paperasses à minima, prônent les directeurs
du Leclerc toulousain, il n'y a pas meilleur moyen de faire fuir un petit
producteur que de lui imposer 10 pages d'avenants I ». Les partenaires
s'en tiennent le plus souvent au simple contrat-cadre imposé pour tout
courant d'affaires, renouvelable par tacite reconduction tous les ans, sans
plus de précisions. Sauf en fruits et légumes exigeant un
engagement de volumes. Ce qui n'empêche nullement d'affiner un cahier des
charges comme celui du charolais label Rouge pour lequel Leclerc réserve
«des vaches de plus de 5 ans ayant vêlé au moins une fois, en
carcasses de 430 à 480 kg livrée entières ou par demies,
avec une viande maturée entre 5 et 10 jours ».
Source : Quand les producteurs s'invitent en magasin, LSA, 20
février 2013
Résumé
L'offre définie par le service marketing va servir
de base pour l'élaboration de la stratégie achat. Au
préalable, une analyse de l'expression des besoins des clients
internes et du marché fournisseur sont indispensables.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 92 sur
198
La première analyse révèle un
grand nombre de critères qui ont été classés dans
un premier temps comme étant impératifs ou faiblement
négociables. Ainsi l'offre PDJ doit comporter des produits
d'origine locale, issus des CC
d'approvisionnements, dans un espace délimité par les
frontières administratives de la région IDF. Les
produits transformés doivent également justifier d'une origine
locale et les ingrédients entrant dans leur composition doivent
être parfaitement traçables. Les fournisseurs sont tenus
être engagés dans une démarche durable, à savoir
dans des méthodes de production non intensives. Bien entendu, il
ne sera pas possible de répercuter les coûts
supplémentaires éventuels sur le prix de vente de la
prestation. Il faut donc limiter leur impact au maximum.
Sur le marché fournisseurs, un
premier obstacle de taille se dresse. Il s'agit d'un marché
nouveau, émergent, immature qui nécessite un travail de
« défrichage » considérable. Dans un premier temps, les
recherches se limitent à déterminer les produits
susceptibles d'entrer dans l'offre PDJ, dont l'existence en
région IDF peut être vérifiée. Ces produits sont
listés mais il est assez difficile d'évaluer leur
disponibilité dans les volumes nécessaires. Avant de
poursuivre l'analyse, les bases d'une définition des produits
locaux sont posées afin de faciliter l'orientation des
informations recherchées.
Tout d'abord, l'offre est
structurellement limitée. Les terres agricoles d'IDF
sont essentiellement consacrées aux grandes cultures. Sur les
5000 exploitations franciliennes, seules 900
commercialisent en CC. Ce chiffre est d'ailleurs en recul avec une
baisse de 37% entre 2000 et 2010. Malgré les incitations
gouvernementales, les initiatives de diversification
destinées à la vente en CC sont
ralenties. Les freins invoqués :
investissements trop lourds, manque de formation aux nouveaux
métiers qu'impliquent la commercialisation en CC, coûts de
main d'oeuvre plus élevé que dans les exploitations
monocultures. Parallèlement, la demande est en hausse et des
acteurs grands consommateurs de volumes entrent sur ce marché :
la restauration collective et la grande distribution.
Il n'y a pas de données disponibles pour
évaluer précisément la répartition par taille des
exploitations et producteurs vendant en CC en IDF. Toutefois, en
croisant des données au niveau national, on peut affirmer que ce
marché est caractérisé par une majorité de
fournisseurs de taille modeste. Des acteurs de plus grande taille ont
été identifiés mais il est difficile d'évaluer leur
nombre.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 93 sur
198
L'organisation logistique semble poser problème sur
ce marché. En effet, les exploitants et producteurs ne se
déplacent que peu ou rarement. La majorité de leurs
ventes sont faites en direct « à la ferme » aux particuliers
ou sur les marchés. Un intérêt pour développer
d'autres débouchés existe mais l'inexpérience de
l'organisation logistique constitue un frein. En effet, les
embouteillages en région parisienne et surtout dans Paris intra-muros
ainsi que le manque d'optimisation des livraisons peuvent impacter lourdement
le CA réalisé.
Enfin, un grand mystère plane sur le prix des
produits locaux : plus chers, moins cher, personne ne sait le dire avec
certitude à ce jour. On imagine en effet que la
réduction du nombre d'intermédiaires dans le
circuit court permet au producteur ou à l'exploitant d'être
mieux rémunéré. Dans cette logique, on
peut donc en déduire que ce gain réalisé par le
producteur/exploitant va être répercuté à
l'acheteur. En réalité, les volumes
vendus sont assez faibles (résultat de
méthodes de production non intensives) et les coûts de
main d'oeuvre assez élevés.
Afin de trouver des données un peu plus
précises, de nombreuses études ont été
consultées. Les conclusions sont similaires dans l'ensemble : « il
a été difficile d'obtenir des données, les
approvisionnements locaux existants étant encore très
limités. » Des articles de presse portant sur des
approvisionnements en CC dans les secteurs de la restauration et de la
grande distribution ont apporté un éclairage sur le
sujet : les prix des produits locaux sont plus chers. Dans les 2 cas,
les coûts sont répercutés au client final.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 94 sur
198
2.4.3. Synthèse des risques et opportunités
Achats
Afin de préparer le plan d'action, l'utilisation d'une
matrice SWOT permet de poser les informations clefs issues de l'analyse du
besoin, du marché et des coûts. La matrice met en évidence
les priorités stratégiques à partir
desquelles nous élaborerons une stratégie achat.
Signification des 4 lettres
Strenghts: forces de l'entreprise vis-à-vis du
marché fournisseur, à utiliser comme un avantage
compétitif
Weaknesses: faiblesses à minimiser en interne
Opportunities : opportunités nouvelles, situation
dont l'acheteur doit tirer profit
Threats : menaces, changements défavorables pour
les achats
Interne externe
|
Favorable +
|
|
Néfaste -
|
|
|
- Pas de prévision de ventes
|
|
|
- Besoin en quantité et nombre de
|
-Nouveau débouché commercial
|
|
références non fixés
|
- Image
|
|
|
|
|
- Marché émergent: pas d'expérience
|
- se faire connaître par clientèle
hôtelière moyen et haut de gamme
|
|
et peu de possibilité de benchmark
|
|
|
- Méconnaissance des prix, de la
|
- Revenus stables
|
|
structure des coûts fournisseur
|
S
|
W
|
|
O
|
T
|
|
- Nouveaux entrants : grossistes
|
|
- Déséquilibre offre/demande
|
|
|
- Capacités de production
|
|
|
- Transport
|
|
|
- Coûts de revient
|
|
|
- Investissements importants des fournisseurs en CC : risque
fragilité financière
|
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 95 sur
198
2. 5. Stratégie Achat
2.5.1. Contexte et enjeux
Définition: elle
consiste, en ligne avec la politique achat, à déterminer les
objectifs spécifiques sur une famille d'achats puis à choisir les
modes d'actions et d'allocation des ressources qui permettront d'atteindre ces
objectifs. C'est aussi répondre à la question : où aller
et comment y aller.55
Une stratégie marketing de différenciation
: plaisir et responsabilité dans un concept PDJ
Le PDJ est un service stratégique dans
l'hôtellerie : prolongement de l'offre hébergement, il est
rentable et véhicule l'image de l'établissement jusque sur
internet. Pour les clients, c'est un moment plaisir, auquel ils sont
très sensibles. Premier repas de la journée ou dernière
prestation avant de quitter l'hôtel, leurs attentes sont multiples.
Le taux de captage sur cette prestation est plutôt à la
baisse. Les clients se plaignent notamment du rapport qualité
prix, de produits d'aspect « industriels », d'un manque
d'authenticité et de saveur. Pour l'hôtel, cette baisse de
fréquentation représente un manque à gagner sur une
prestation où les coûts matières et de main d'oeuvre sont
réduits.
Le service marketing a donc été chargé de
contribuer à augmenter la valeur perçue des clients
sur cette offre afin d'améliorer le taux de captage et par
là-même, le CA du PDJ. Après une analyse de
l'environnement, des modes de consommation et de la clientèle
hôtelière, une tendance émergente a
été détectée : les consommateurs
s'intéressent de plus de plus aux produits locaux et aux CC
d'approvisionnement. Leurs motivations sont liées à
plusieurs facteurs. La recherche de produits frais,
authentiques et gustatifs constitue une première explication à ce
phénomène. Les récents scandales alimentaires qui ont
ébranlé la confiance des consommateurs sont également
à l'origine de cet intérêt pour les CC, synonymes de
traçabilité par opposition aux circuits longs et
opaques. D'ailleurs, le fait d'avoir dans son assiette des aliments qui ont
parcouru des milliers de km apparaît de plus en plus comme un non-sens
écologique. Enfin, dans un contexte de crise
économique, les CC et les produits
55 Management des Achats. Décisions stratégiques,
structurelles et opérationnelles, Olivier Bruel, Economica, 2007
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 96 sur
198
locaux répondent à une
préoccupation d'ordre sociétal, à savoir
la préservation des emplois de proximité. Cette
tendance, soutenue et encouragée par les pouvoirs publics permet
également de répondre à des problèmes profonds du
secteur agricole. C'est à la suite de ces observations qu'une offre PDJ
a été élaborée. Basée sur
l'intégration de produits d'origine locale issus des CC
d'approvisionnement, elle anticipe les tendances de fond du
marché et positionne l'hôtel comme
précurseur. De plus, elle repose sur un concept
innovant qui consiste à lier dans un même acte
plaisir et responsabilité sociale et environnementale. Le
client participe au développement durable en prenant son
petit-déjeuner avec des aliments frais, sains et de haute qualité
gustative. Cette caractéristique est à souligner car, comme nous
l'avons mentionné dans la première partie de cette thèse,
les programmes de développement durable dans les
hôtels, essentiellement axés sur les réductions de
consommation d'énergie, sollicitent particulièrement les clients.
Ces incitations à réduire en permanence ce qui peut être
considéré comme faisant partie d'un certain confort ne sont
pas toujours bien vécues par la clientèle qui se sent
parfois culpabilisée et qui se demande également à qui
profite vraiment ces économies d'énergie.
Un marché fournisseurs contraignant
La mise en place d'une stratégie s'appuyant sur une
offre de produits locaux implique pour les achats un certains nombre de
contraintes à considérer. En effet, dans notre étude,
l'analyse du marché fournisseurs met en évidence, certes,
l'existence d'une offre de produits PDJ en région IDF mais en fixe
rapidement les limites. Un déséquilibre entre l'offre et
la demande se dessine lentement mais sûrement. De
nombreux freins au développement de ce marché
peuvent être constatés: investissements pour la diversification
trop lourds pour les producteurs, terres agricoles peu disponibles, etc....
Parallèlement, la demande s'intensifie avec
l'apparition d'initiatives dans les secteurs de la grande distribution et de la
restauration collective, qui représentent de gros volumes. Enfin, il
faut noter que la grande majorité des ventes en CC de distribution se
font entre les producteurs et les particuliers, sous forme de vente
directe « à la ferme » ou encore sur les
marchés. En effet, cela évite les déplacements,
source de coûts potentiels importants dans la mesure où le
transport est généralement ni organisé, ni
optimisé. Aussi peu de fournisseurs potentiels sur ce
marché sont rompus au travail en BtoB et aux exigences qui en
découlent.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 97 sur
198
Focus transport : actuellement, c'est
l'un des freins principaux identifié dans la mise en place
d'approvisionnement en circuits courts. Dernièrement pointé du
doigt par l'ADEME pour les problèmes de pollution et de GES (gaz
à effet de serre), la logistique encore peu organisée des CC est
également remise en cause par les entreprises pour les coûts
supplémentaires qu'elle engendre.
De plus, un certain nombre de mesures pour réduire et
optimiser le trafic en France en en région parisienne risquent
d'impacter encore davantage le développement des CC si des solutions ne
sont pas rapidement trouvées :
Ecotaxe
L'écotaxe entre en vigueur le
1er octobre 2013. Elle s'appliquera à tous les
véhicules de transport de plus de 3,5 tonnes, circulant sur le
réseau national non payant, selon des barèmes
kilométriques. Cette nouvelle contrainte
risque d'encourager encore davantage les exploitants et producteurs
d'IDF à favoriser la vente directe aux particuliers, qui leur permet de
contourner ce qu'ils considèrent comme un obstacle à la
commercialisation de leurs produits. La mise en place de cette taxe pourrait
encore affecter leur rentabilité même si, sur le papier, elle est
censée être refacturée au chargeur (client).
Mise en place d'un péage aux portes de
Paris
Ce projet qui revient régulièrement sur le
devant de la scène, semble vouloir cette fois-ci se concrétiser,
sous la pression de la Mairie de Paris. Les mesures concerneraient dans un
premier temps les véhicules considérés comme polluants
mais cela plus loin : « Il s'agirait de mettre en place des
péages sur les autoroutes donnant accès à Paris et de
faire payer l'usager en fonction des kilomètres parcourus. Pour
éviter toute attente, serait envisagé un système de
portique permettant la lecture du badge au passage du véhicule. Quant au
tarif, il serait modulable selon différents critères:
journée de pollution, heures de pointe, véhicule
polluant... » Source : «
Delanoë veut un péage sur les autoroutes autour de Paris », Le
Figaro, 30.10.2012.
Bien entendu, les élections municipales pourraient
encore faire évoluer la situation de ce projet, sujet à multiples
débats depuis plus d'une décennie.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 98 sur
198
Développement durable et RSE : relais de
croissance potentiels peu pris en compte
Le secteur hôtelier encore peu engagé
Comme mentionné dans la première partie de
l'étude, la prise de conscience du développement durable
dans l'hôtellerie est lente et plus souvent subie que proactive.
Pourtant ces préoccupations constituent des relais de croissance
sur un marché très concentré où tous les
acteurs tentent de se démarquer en développant de
nouveaux concepts et de nouveaux services, parfois réellement
novateurs, parfois simples gadgets. Actuellement le secteur de
l'hôtellerie met en avant le manque d'intérêt de la
clientèle hôtelière pour le développement durable
afin de justifier son absence d'implication. Aussi, dans la plupart des cas,
seules les obligations légales sont
respectées.
Aujourd'hui, ce sont principalement les groupes
hôteliers côtés en bourse qui ont lancé les
premières initiatives en créant des chartes de
développement durable et en mettant en place des indicateurs permettant
d'évaluer la progression des actions engagées. L'une des plus
aboutie, Planet 21 du groupe Accor, par exemple, détermine 21
engagements assortis d'autant d'objectifs à l'horizon 2015 dans tous les
pays où sont implantés ses hôtels. Un programme
d'information et de mobilisation est également déployé
afin d'impliquer à la fois les clients et les collaborateurs. Cet
engagement dans le développement durable permet de se
différencier en prenant en compte les préoccupations
environnementales et sociale des consommateurs, de renforcer sa
position de leader en communiquant activement sur ses actions et ses
résultats et de disposer d'un outil de management qui
fédère les collaborateurs autour d'un projet commun.
Les circuits-courts de proximité : axe du
développement durable à organiser
En général, bien que mentionné dans la
plupart des chartes hôtelières de développement durable.
Le développement économique et social local au travers
d'achats de produits de proximité est en réalité absent
des initiatives entreprises dans ce contexte. Le local prend
généralement les dimensions d'un territoire national : aussi, les
approvisionnements issus du pays d'origine de l'hôtel sont
considérés comme locaux. Des partenariats sont parfois
évoqués mais aucune initiative n'est citée. Pourtant, les
consommateurs, donc clients potentiels de l'hôtellerie y sont de plus en
plus sensibles, comme en témoignent les récents sondages à
ce sujet. Un mouvement très net en faveur des entreprises locales et des
CC se fait sentir en France et dans de nombreux pays occidentaux (voir annexes
1, initiatives des circuits courts dans le monde) : « quand on interroge
les consommateurs sur leur définition d'un produit «
responsable », c'est d'abord le fait
d'être fabriqué localement (51%) qui
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 99 sur
198
est cité, avant le respect de l'environnement (34%),
selon une étude Ethicity publiée en 2011. Un an plus tard, la
tendance se renforce encore: 85% des Français
(particulièrement les professions intermédiaires)
interrogés par Ethicity déclarent privilégier les
entreprises qui ont préservé une implantation locale
(34% « tout à fait d'accord ») et 40%
privilégient les produit à km zéro. »
Cette demande d'une consommation plus responsable se heurte
cependant à un problème de taille : le Commissariat
général au développement durable (CGDD) remet en question
les bénéfices des CC
dans la commercialisation des produits alimentaires,
"davantage socio- économiques" qu'environnementaux.
La diminution des distances ne permet pas de réduire l'empreinte carbone
comme cela a longtemps été affirmé. C'est même le
contraire. L'organisation de la logistique paraît donc indispensable pour
accompagner le développement des CC56.
2.5.2. Perspectives et visions
1. Renforcement de la tendance au développement
des relations commerciales à échelle locale
Le développement des relations entre acteurs
économiques d'une même région devraient s'affirmer
dans les 5 prochaines années. Aussi, les entreprises
déconnectées de leur environnement local pourraient se voir
« boycotter » par les consommateurs. Bien entendu, il ne
s'agit pas de remplacer un système par un autre et de restreindre les
approvisionnements à une échelle locale. Ce ne serait d'ailleurs
pas viable. En effet, les ressources alimentaires franciliennes par
exemple ne couvrent que 10 à 20% des besoins des habitants de la
région57. Aussi, le recours aux importations et aux circuits
longs est indispensable, permettant d'assurer quantités et
diversité. Il s'agit simplement d'être capable de poser les
conditions nécessaires à la cohabitation des 2
systèmes d'approvisionnement. Les entreprises devront
pousser plus loin leur réflexion RSE sur la prise en
compte des ressources et compétences locales comme moteur de
développement économique. Un portefeuille fournisseurs devra
contenir un pourcentage de producteurs faisant partie du tissu
économique local. Cela implique un changement radical dans les
mentalités à l'heure de la rationalisation des panels
fournisseurs et de la chasse aux coûts, toujours fer de lance des
stratégies achat quoi qu'en dise la presse spécialisée.
Des mesures concrètes et facilement vérifiables (mise en
place de certification type ISO 26000) sur le
56 Alimentation : le bilan carbone des circuits courts
pointé par le CGDD, Actu-environnement, l'actualité des
professionnels du secteur de l'environnement, 5 avril 2013,
http://www.actu-environnement.com
57 S'approvisionner local en Ile-de-France,
Intérêts et limites, 3ème Conférence
régionale sur la transition énergétique, Christian
Thibault, IAU (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme) Ile-de-France, 9
avril 2013
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 100 sur
198
terrain seront les facteurs clefs de succès de cette
démarche. Actuellement incitatives vis-à-vis des acheteurs
publics, on peut imaginer que les pouvoirs publics mettent en place des mesures
similaires dans le secteur privé sous forme de prime pour le soutien
à l'économie locale et le maintien des emplois dans un contexte
de crise qui pourrait encore s'aggraver.
2. Engouement pour le local et absence de
réglementation
Actuellement, la croissance pour la consommation de produits
locaux issus des CC est en augmentation constante, relayée par les
médias et les pouvoirs publics. A l'origine de ce mouvement, la
montée en puissance du locavorisme, mouvement apparu sur la Côte
Ouest américaine, à San Francisco. « Ce terme,
utilisé pour la première fois en 2005, désigne une
personne consommant de la nourriture produite dans un rayon allant de 150
à 400 kilomètres autour de son domicile. Le locavore souhaite
limiter les émissions de CO2 issus de son alimentation. Il remet en
question la mondialisation, l'agriculture intensive, l'uniformisation de la
production ainsi que l'appauvrissement de l'économie locale et ce, dans
un souci de respect de l'environnement » Source : Ressources et
Environnement, l'actualité de l'environnement, de l'énergie et du
développement durable, Le locavorisme a la cote, 28.11.2011.
Ce nouveau mouvement, considéré comme un
possible relais de croissance pour l'industrie et la distribution alimentaire
attire les convoitises. Les difficultés liées à ce type
d'approvisionnements sont multiples mais n'empêchent pas certains acteurs
de lancer des initiatives afin de « surfer » sur cette nouvelle
tendance. Aussi la grande distribution souhaitant répondre à la
demande de sa clientèle ou la restauration collective sous l'impulsion
des pouvoirs publics ont commencé à investir le marché. La
disponibilité des volumes correspondant à la demande sont
limités. Mais qu'est-ce qu'un produit local ? Il n'y a pas de
définition officielle à ce jour. Aussi, en l'absence de
réglementation, le terme de local peut s'appliquer à des
produits cultivés ou transformés dans des espaces
géographiques très vastes. Le produit local
fabriqué en IDF peut également tirer son origine du
dernier acte de transformation subi. Par exemple, une
confiture à base d'ananas peut revendiquer une origine locale du
simple fait d'avoir été transformée dans la région
IDF. Les circuits courts ont eux une définition officielle,
datant de 2009 et limitant le nombre d'intermédiaire mais aucune notion
de proximité n'est mentionnée.
En théorie, beaucoup de produits pourront
attester d'une origine locale.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 101 sur
198
La valeur associée par les clients à
cette notion risque donc d'être largement diminuée par un
manque de visibilité et une perte de
crédibilité. Aussi, la stratégie consistant
à se différencier par une offre produits locaux issus des CC
d'approvisionnement pourra être facilement imitée
et perdra ainsi tout son sens.
Le premier scénario s'inscrit dans la
continuité des tendances actuelles et
correspond à ma vision de la situation et de sa probable
évolution. La réalisation du 2ème
dépendra de la capacité des pouvoirs publics
à encadrer efficacement la définition de
l'origine locale et à mettre en place une certification sous
forme de label. Il me semble souhaitable de prendre en compte autant que
possible ces scenarii dans la construction de la stratégie achat.
2.5.3. Formalisation
Objectif
L'objectif des achats dans ce contexte est de mettre en place
une stratégie innovante et pérenne au service de l'offre,
permettant de renforcer le positionnement de l'hôtel comme
précurseur en matière de développement économique
local, tout en répondant aux exigences de rentabilité. Cette
stratégie servira de base pour constituer un modèle susceptible
d'être décliné sur d'autres familles d'achat.
Plan d'actions
- Constituer une équipe chargée de la mise en place
du projet, de son suivi et de son contrôle
- Définir et évaluer les orientations
stratégiques du sourcing
- Mettre en place une démarche qualité axée
développement durable (14001) et RSE (type iso 26000)
- Construire un panel fournisseurs
référencés
- Identifier les leviers de maîtrise des coûts
- Créer des indicateurs de performance pertinents
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 102 sur
198
Stratégie
Notre stratégie s'appuie sur la
différenciation grâce à l'innovation. Dans cette
perspective, la fonction achat doit être capable de créer des
avantages compétitifs et de les maintenir dans le temps.
Renforcer notre efficacité
opérationnelle : définir un cadre de travail
efficace
Isaac Newton : "Les hommes construisent trop de murs et pas assez
de ponts"
Un fonctionnement en mode projet est indispensable pour
impliquer et fédérer les parties prenantes : achats, marketing,
finances, opérationnels de l'hôtel (chef, directeur de la
restauration).
Cette organisation permet également de
favoriser la confrontation, l'échange de méthodes,
d'idées et de concepts entre les membres d'une même
organisation ayant des intérêts parfois divergents. Il est
important d'assurer une pluridisciplinarité dans
l'équipe et de choisir des membres « experts » dans leur
domaine de compétences. Cela facilitera l'identification des
freins ou opportunités du projet, de sa conception à sa mise en
place sur le terrain.
Le mode projet fluidifie la communication en
améliorant la qualité et la rapidité des échanges
d'informations entre les différents services de l'entreprise,
permettant par là même d'accroître la
réactivité de la chaîne.
D'ailleurs, il est primordial de définir des
règles de fonctionnement favorisant la simplification des prises
de décisions avec les autres services afin de ne pas ralentir
la mise en place du projet. En effet, pour se positionner comme
précurseur, il est important de devancer la concurrence.
Il est également primordial de communiquer et
diffuser largement toutes les informations relatives à l'avancement du
projet au sein de l'entreprise. En effet, il engendrera des
changements qui se répercuteront sur les modes et
conditions de travail d'une majorité du personnel de l'entreprise.
Découverts tardivement, ces modifications peuvent occasionner de
multiples blocages. Chaque membre de l'équipe projet sera chargé
d'informer ses collaborateurs sous la forme de réunions
régulières.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 103 sur
198
Le mode projet doit permettre d'améliorer notre
efficacité opérationnelle en rendant notre chaîne plus
agile, qu'il s'agisse de la coordination du projet ou de ses
aspects plus opérationnels.
Développer des
compétences
Dans ce projet, afin d'améliorer notre
efficacité et nos performances, la formation des acheteurs est
nécessaire sur les dimensions sociales, environnementales et
juridiques.
Il faudra également former l'ensemble du personnel au
principe du développement durable en déclinant les
recommandations à la fonction ou par mission.
Connaissance approfondie du marché
fournisseurs
Le marché fournisseurs étant relativement
immature, il est important de procéder à un travail de
veille permanente afin de détecter les
nouvelles opportunités. En effet, il n'existe aujourd'hui en
IDF aucun groupement, aucune coopérative de producteurs locaux qui
permettrait de mutualiser les moyens de production et de commercialisation
comme cela est le cas sur le marché des produits bio. Aussi, comme il
s'agit d'un marché balbutiant et soutenu par les pouvoirs publics, il
est important de rester en éveil afin de suivre au plus
près toutes les évolutions. On peut imaginer que
l'entrée de nouveaux acteurs sur ce marché pourrait nous
permettre de créer des synergies, des partenariats, de mutualiser, de
pallier, le cas échéant, les défaillances de nos futurs
fournisseurs, dans un premier temps. De plus, il faut également
être capable d'anticiper l'entrée de concurrents
éventuels sur ce marché
Création d'un panel de fournisseurs
impliqués dans notre stratégie sur le long terme
Disposer de fournisseurs fiables et motivés pour nous
accompagner dans le développement de notre offre sur le long terme est
indispensable. Les fournisseurs constituent un élément clef de
notre stratégie.
Renforcer la différenciation par la
qualité, la légitimité et la visibilité des
produits
Le principe de différenciation consiste en l'origine
même des produits qui doivent être franciliens et issus des CC.
Néanmoins, pour améliorer la qualité de notre offre, il
est souhaitable cibler des produits dont les qualités gustatives
permettent vraiment de faire une différence avec les produits
conventionnels (issus des circuits de distribution traditionnels).
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 104 sur
198
La stratégie portera également sur tous les moyens
possibles pour mettre les critères d'origine en avant.
Identifier et maîtriser les inducteurs de
coûts
Améliorer l'image de l'entreprise
Mettre en place des systèmes d'évaluation de la
qualité et de démarche responsable.
2.5.4. Etapes et leviers
Cette partie reprend les étapes principales du projet
sur lesquelles les plus grandes contraintes et/ risques ont été
identifiés. Ils font l'objet de propositions en cohérence avec
les grandes lignes de la stratégie achat.
1. Poser les bases d'un sourcing efficace
Définition des besoins
Le service marketing souhaite la mise en place de 7 à 10
nouvelles références. Contraintes/
particularités du marché :
Inexpérience sur le fonctionnement de ce marché en
termes de disponibilité produits, gestion des approvisionnements, risque
fournisseurs, etc...
Proposition
Procéder à l'intégration progressive des
fournisseurs. Ainsi, nous pourrons faire jouer l'effet d'expérience pour
éviter de multiplier les problèmes par le nombre de fournisseurs
et de produits dès le début du projet
Actions à mettre en oeuvre :
Définir en collaboration avec le service marketing les
produits à intégrer en priorité : choix en fonction des
quantités, des caractéristiques des produits à
évaluer
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 105 sur
198
Ciblage
Contraintes/ particularités du marché :
1. Le marché fournisseur est opaque, ce qui va
nécessiter un travail de "défrichage" long et coûteux, peu
d'informations disponibles
2. Le marché potentiel est réduit
Propositions
1. Les acteurs publics sont actuellement très
impliqués dans la politique de développement des CC et il existe
des structures d'accompagnement pour encourager les mises en relation entre
producteurs locaux et entreprises publiques ou privées.
2. Afin d'élargir le marché potentiel, il faut
conserver les critères non négociables pour un premier temps. En
effet, certains critères peuvent faire l'objet de négociation ou
être inclus dans un plan de progrès.
Actions
1. Prendre contact avec le CERVIA (Centre Régional de
Valorisation et d'Innovation Agricole et Alimentaire), les chambres
d'agriculture et de commerce d'IDF
2. Définir les critères à conserver avec le
service marketing
Présélection et
évaluation
Contraintes/ particularités du marché :
Les exploitations ou producteurs commercialisant en CC le font
majoritairement directement auprès des consommateurs. Aussi, ils ne
disposent pas forcément des compétences en interne ou
l'expérience pour gérer ce type de démarche.
Propositions
Le formulaire de demande de renseignements (RFI : request for
information) qui sera diffusé devra être simplifié. Des
relances téléphoniques auprès des fournisseurs potentiels
seront réalisées afin d'encourager les réponses ou de
donner des informations complémentaires.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 106 sur
198
Un première visite, précédent la visite
d'audit fournisseur peut se faire dès la phase de
présélection dans la mesure grâce à la
proximité géographique. Ainsi, il sera possible de motiver les
réponses à la RFI et d'avoir un premier aperçu des
installations et des produits proposés.
Actions
Elaboration d'un formulaire de RFI simplifié qui
servira pour les prochaines sélections de fournisseurs locaux
? Tester son attractivité auprès des
fournisseurs
Dans la phase d'évaluation, il peut-être
intéressant d'estimer l'attractivité de son entreprise
vis-à-vis des fournisseurs. En effet, en fonction de cette
donnée, l'attitude commerciale du fournisseur peut ne pas
correspondre à nos attentes et aboutir à de multiples
conflits, qui remettraient en cause la pérennité des
approvisionnements et toute la stratégie mise en place autour du PDJ
local.
Il est indispensable de se poser la question de
l'intérêt qu'a un fournisseur de travailler avec
nous. Veut-il diversifier ses débouchés, faire
connaître ses produits auprès d'une clientèle plutôt
haut de gamme ? Améliorer son image ? Quelles sont les
opportunités que représente notre société pour le
fournisseur ? Quel serait la part de notre CA potentiel dans son portefeuille
client ?
En fonction de ses réponses, il est possible de se
situer sur la matrice d'attractivité fournisseurs :
Source : La boîte à outils de l'acheteur, Dunod
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 107 sur
198
La position de compte clef chez nos
fournisseurs pour ce projet est indispensable pour
sécuriser les approvisionnements et s'assurer d'avoir un
partenaire fiable, suffisamment motivé pour investir
les ressources nécessaires dans le projet et dans les différentes
démarches d'amélioration susceptibles d'être
impliquées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 108 sur
198
2. Sécuriser les approvisionnements
SECURISATION DES APPROVISIONNEMENTS
|
Contraintes et caractéristiques du marché à
l'achat
|
Propositions
|
Evaluation
|
Actions
|
Déséquilibre : hausse de la demande et offre
limitée
|
Contractualisation moyen terme
|
Limite le risque de rupture d'appro sur 1
marché fournisseur tendu Côté fournisseur,
engagement sur un volume = assurance de vendre sa
production
|
Travail commun entre acheteur et service juridique pour
identifier les clauses essentielles permettant de couvrir les risques et
adaptées à la situation.
|
Capacités de production
limitée, beaucoup de
producteurs de taille modeste sur ce marché
|
Un fournisseur ayant les capacités
de production nécessaires pour faire face aux volumes
exigés par référence
|
Av: interlocuteur unique,
simplification de la gestion du panel fournisseur, coûts de
gestion interne réduits
conditions économiques + intéressantes
grâce aux volumes / position de "client
préféré" chez le fournisseur
|
Définir de manière précise les besoins en
volume et en cadences de livraison par référence, obtenir des
prévisions
Faire chiffrer le risque
|
Inc: risque de dépendance
forte, réduction importante du nombre de fournisseurs
potentiels sur un marché déjà tendu
|
A évaluer lors de la RFI
|
2 fournisseurs pour assurer le volume
|
Av : risque de rupture réduit
Inc : pouvoir de négociation
limité sur les prix + travail multiplié par 2 au niveau
de la gestion du panel
|
|
Gérer la saisonnalité des produits
|
Fournisseur
proposant des fruits toutes les saisons
|
Permet de ne conserver qu'un fournisseur de fruits
sur une année
|
Critère à inclure lors de l'élaboration de
la RFI
|
Taille des producteurs et rentabilité : risque
financier et de dépendance
|
Vérification et suivi rigoureux
|
Indispensable pour tous les fournisseurs en
général, un suivi encore plus rigoureux s'impose dans
cette situation, surtout si on fait le choix d'un mono-sourcing
|
Veille active des indicateurs financier des fournisseurs ;
Travail à mener en collaboration avec la direction financière
|
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 109 sur
198
SECURISATION DES APPROVISIONNEMENTS
|
Contraintes et caractéristiques du marché à
l'achat
|
Propositions
|
Evaluation
|
Actions
|
Transport : service de livraison pas
toujours assuré
|
Ajouter la prestation comme critère de sélection
|
Inconvénient : diminution importante du nombre des
fournisseurs potentiels, moins de concurrence, moins de choix au niveau de la
qualité, moins de possibilité de négocier
|
Pondérer ce critère dans la RFI
|
Gérer soi-même le transport : société
de transport ou distributeur
|
Avantage : maîtrise du transport, des coûts de
transport et des risques, amélioration de la sécurisation des
approvisionnements
|
Se rapprocher de nos transporteurs/ distributeurs pour
obtenir une première évaluation des coûts
de transport
|
Inconvénient : gestion d' d'un risque
supplémentaire donc d'un coût supplémentaire.
|
Transport : service de livraison assuré mais peu
optimisé
|
Faire appel au transporteur habituel de l'hôtel
|
Voir pavé ci-dessus
|
|
Plan de développement fournisseur pour
minimiser le risque de rupture
|
Avantage : augmentation du taux de service
|
Communication afin de remporter l'adhésion de
toutes les parties prenantes au projet et de la direction
générale.
|
Inconvénient : retard dans mise en place projet PDJ
|
Le transport est l'élément qui
constitue actuellement l'un des freins principaux au
développement des circuits courts d'approvisionnement.
L'organisation logistique de la distribution en circuits longs
bénéficie, elle, d'un effet d'expérience et disposent
d'importants volumes qui lui permettent de rentabiliser ses coûts tout en
assurant une qualité de service élevée. A contrario,
l'offre en circuits courts est caractérisée par un marché
fournisseurs de petite taille avec de faibles volumes de production.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 110 sur
198
L'organisation et la maîtrise du transport sont
indispensables pour la sécurisation des approvisionnements.
A ce jour, peu, voire pas d'initiative de mutualisation des
moyens de transport et/ou de stockage n'a été mise en place par
les producteurs locaux en IDF.
A cela s'ajoute un problème de coût, qui constitue
le 2ème frein au développement des CC.
Une étude provisoire est en cours, portant sur une
comparaison des coûts de transport : il en résulte que la
massification est une des premières conditions pour diminuer le prix de
la tonne transportée :
Source : S'approvisionner local en Ile-de-France,
Intérêts et limites, Institut d'Aménagement et d'Urbanisme)
Ile-de-France, avril 2013
Aussi, la stratégie achat retenue devra
impérativement prendre en compte ce problème afin de
maîtriser les risques de rupture d'approvisionnement et d'augmentation
des coûts liés au transport.
Pistes envisagées :
Dans un premier temps et afin de ne pas retarder le projet, nous
demanderons à notre propre transporteur ou à un de nos
distributeurs d'assurer ce service.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 111 sur
198
Ensuite, ce problème fera l'objet de réflexions
dans le cadre d'un plan de développement fournisseurs afin de trouver
des solutions alternatives par la mutualisation avec les autres fournisseurs
locaux du projet ou extérieurs, présentant les mêmes
contraintes. Des groupements de producteurs bio existent en région
parisienne. Le but est d'optimiser le taux de service, en limitant les
coûts et les facteurs de pollution.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 112 sur
198
3. Maîtriser les coûts
MAITRISER LES COUTS
|
Leviers
|
Proposition
|
Evaluation
|
Actions
|
Améliorer sa capacité de négociation
par la connaissance des prix du marché
|
Obtenir les décompositions des prix
|
Sur un marché nouveau, permet de disposer de
leviers de négociation plus aboutis qu'une simple mise en
concurrence.
|
Visite chez le fournisseur. Intérêt
double: informations nécessaires à la décomposition des
prix + possibilité d'observer les process et mieux comprendre où
se trouvent les éventuels inducteurs de coûts
|
intensifier la concurrence en augmentant le nombre de
fournisseurs potentiels
|
retravailler sur l'expression des besoins et les
critères de sélection des couples produits
fournisseurs
|
peu de marge de manoeuvre car 7 des 11
critères sont obligatoires, les autres ne sont pas contraignants
|
|
Diminution quantités achetées
|
réduire le nombre de références
de l'offre
|
Possible sur 1 ou 2 références
mais pas plus sinon l'offre risque de perdre en
visibilité
|
Choix à faire en accord avec le service marketing:
réduction du produit en fonction de son vol ou de son coût
d'acquisition
|
travailler sur le gaspillage en aval
de la chaîne
|
Important pour les produits en vrac (voir chap
1.2.2.2) car non réutilisables
|
actions à mettre en place avec les opérationnels du
terrain et le service marketing : possibilité de réduire la
taille des contenants par ex et autres pistes à explorer
|
Effet prix volume
|
Réduire le nombre de
fournisseurs: 1 fournisseur pour les produits
laitiers : beurre, yaourts, fromage 1 fournisseur fruits de saison, jus et
confitures pour augmenter les volumes chez les fournisseurs
multi produits
|
Av :
Réduction prix d'achat
Optimisation des livraisons Diminution des coûts de gestion
fournisseurs
Inc : risque de dépendance
si on représente un trop gros CA chez le fournisseur
(marché composé de petites structures)
|
Identifier les exploitations et producteurs
multi
produits Vérifier le risque de
dépendance en fonction des volumes estimés vs capacités de
production et CA prévisionnel pour le fournisseur
|
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 113 sur
198
Le premier élément à appréhender est,
sans nul doute, la décomposition des prix des
fournisseurs. C'est la base préalable à toute
comparaison, négociation ou réflexion dans une démarche de
maîtrise des coûts.
On se trouve ici dans une situation de marché «
vendeur », à savoir un marché sur lequel les
fournisseurs détiennent un avantage de par leur faible
nombre.
Leur manque d'expérience à travailler avec les
acteurs professionnels contribue à diminuer encore le nombre de
candidats potentiels pour le projet PDJ local.
Le classique levier effet volume aura donc un
impact limité.
Néanmoins, d'autres leviers peuvent être
actionnés : augmenter le nombre de fournisseurs en
élargissant les critères de choix, diminuer le volume des
commandes en limitant le gaspillage, etc...
MAITRISER LES COUTS
|
Leviers
|
Proposition
|
Evaluation
|
Actions
|
Maîtrise des coûts de transport
|
travail d'organisation et d'optimisation à mettre en place
avec le fournisseur
|
Suite analyse marché
fournisseur, considéré comme inducteur de
coûts à maîtriser, donc à prendre en compte
absolument
|
Travail déjà mentionné dans le tableau
sécurisation des approvisionnements
|
Réduire les coûts liés au
conditionnement
|
favoriser le vrac et limiter les emballages car
peu de transport
|
Intéressant pour l'emballage, pas forcément pour le
vrac
Vrac = frais supplémentaires en aval de la chaîne.
Manutention supplémentaire
+ gaspillage: portions individuelles
réutilisées le lendemain, contrairement au vrac
|
Travail à effectuer en collaboration avec le fournisseur,
en fonction de l'existant
|
2.5.5. Solutions et pistes retenues
Après avoir mis en évidence les
différentes possibilités, solutions et leviers au service de la
stratégie achat définie précédemment, il faut
maintenant décider des opérations à dérouler et du
cadre.
Bien entendu, des réajustements seront sans doute
nécessaires en cours de projet.
1. Sourcing
? Intégration progressive des
références : privilégier l'effet d'expérience
? Ciblage élargi : on ne conserve que
les critères qui constituent l'essence même de l'offre afin
d'augmenter le nombre de fournisseurs potentiels.
? Groupement de certaines références
sur un seul fournisseur : dans l'offre PDJ, certains produits peuvent
être fabriquées et/ou transformés par un même
fournisseur. C'est applicable pour les produits laitiers par exemple
(beurre, yaourts, fromage), ou pour les produits liés aux fruits (fruits
de saison, jus et confitures).
Gestion administrative facilitée, volumes
significatifs chez les fournisseurs (peut constituer un levier
de négociation des prix), logistique optimisée (groupage
de plusieurs produits pour une même livraison).
2. Sécurisation des
approvisionnements
? Une source d'approvisionnement unique par
référence ou par groupe de références.
Cette décision peut paraître
risquée en période de crise mais les fournisseurs de ce
marché sont susceptibles de faire l'objet de plans de
développement afin d'adapter leur prestation à nos
besoins. Il sera donc nécessaire de prendre le temps d'assurer un suivi
régulier des actions à mener et de leurs résultats. Un
nombre trop important de dossiers risque d'altérer la qualité du
travail. Une analyse financière sera réalisée
avant tout référencement fournisseur et une veille devra
être effectuée régulièrement.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 114 sur
198
? Contractualisation systématique avec
engagement de quantité, prix, délais à moyen terme
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 115 sur
198
? Transport : société de transport
interne pour pouvoir lancer le projet rapidement. Construction d'une
stratégie avec les fournisseurs afin de les amener à assurer
eux-mêmes cette prestation par la suite
3. Maîtrise des coûts
? Maîtriser les coûts liés au
conditionnement des aliments : emballages individuels à
proscrire sauf quand cela n'est pas possible (pour les yaourts). Le vrac,
présentée dans les récipients sur le buffet PDJ donne un
aspect plus authentique et aide à rendre le local visible
Les emballages d'expédition, superflus sur de courtes
distances et impactant de près de 20% le prix d'un produit alimentaire,
seront réduits dans la mesure du possible.
? Maîtrise du gaspillage en aval :
mettre en place des mesures destinées à limiter les
quantités servies et non consommées, donc jetées car le
vrac ne permet pas de récupérer ce qui a été servi
(travail de communication avec les opérationnels de l'hôtel)
? Optimiser le transport par la
mutualisation des volumes et des moyens (plan de développement
fournisseurs)
4. Renforcer l'identité locale des
produits
Si aucune législation au niveau national n'existe pour
attester de l'origine locale d'un produit, un organisme régional, le
CERVIA (Centre Régional de Valorisation et d'Innovation Agricole et
Alimentaire) s'est engagé dans une démarche de
valorisation des produits locaux d'IDF en créant une marque
« Saveurs Paris Ile-de-France » pour les produits franciliens. Un
label destiné à la restauration a également vu le jour en
février 2013 afin d'assurer une visibilité et une
légitimité aux professionnels s'approvisionnant à hauteur
de 50% de produits issus des CC de la région IDF.
L'appui d'organismes publics dans cette démarche permet
de créer une sorte de « reconnaissance légale
» des qualités et de l'origine des produits, utiles pour
communiquer et vendre cette offre à la clientèle
hôtelière.
5. Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 116 sur
198
Engager une démarche qualité et
développement durable
Se positionner comme un précurseur sur le
marché de l'hôtellerie en élaborant une offre permettant de
lier plaisir et responsabilité sociétale suppose un engagement
déjà important dans cette voie. Aussi, il est pertinent
voire indispensable de mettre en place une
certification garantissant la satisfaction client au travers
de la qualité (ISO 9001) ainsi que la prise en compte de la gestion de
l'environnement (ISO 14001). Les procédures liées à la
certification sont souvent longues et couteuses mais présentent 2
avantages de taille dans notre stratégie.
Le premier consiste à renforcer la
cohérence du positionnement de l'offre PDJ par rapport à
l'image renvoyée par l'hôtel. En garantissant aux clients
l'engagement de l'hôtel dans une démarche qualité et
environnementale reconnue à l'échelle internationale, la
valeur perçue d'un PDJ alliant plaisir et responsabilité
sociétale sera décuplée. Même si une faible
part seulement de la clientèle hôtelière est sensible
à cette démarche, on note une augmentation en ce sens, surtout de
la part de la clientèle nord européenne. Aussi, effectuer
maintenant cette démarche de certification permet d'assurer un
lien logique entre l'offre et l'orientation responsable de
l'hôtel.
Ensuite, il faut revenir sur la notion d'avantage
concurrentiel. Notre offre ne se différencie pas
uniquement par son contenu mais également par toutes les
opérations qui ont conduit à sa création et à sa
commercialisation. Aussi un part importante de l'offre tient à
l'efficacité opérationnelle, à l'engagement dans une
relation responsable avec les fournisseurs, au développement des
compétences des collaborateurs. En ce sens, les normes iso 9001 et 14001
vont permettre à l'hôtel de disposer d'un cadre dans lequel poser
les bases d'une stratégie tournée vers
l'amélioration continue. La norme 14001 apporte une
pierre supplémentaire et indispensable à notre stratégie,
en reprenant les bases de la norme 9001 dans le domaine de la gestion
environnementale.
6. Gestion du panel fournisseurs, sur quelles bases
?
Le marché fournisseurs des produits locaux se
caractérise par une demande en augmentation, des
freins au développement de l'offre et, dans l'ensemble,
une immaturité de ses acteurs à travailler en
BtoB. Le modèle d'analyse de portefeuille dit matrice de Krajlic, permet
de distinguer les approches stratégiques spécifiques à
chaque famille d'achat. Dans le contexte du projet PDJ, la famille de produits
à intégrer est de nature stratégique, le
niveau d'engagement financier ainsi que la
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 117 sur
198
dépendance vis-à-vis des fournisseurs sont
élevés. Etablir des partenariats sur cette famille d'achat
constitue une réponse adaptée aux enjeux et aux contraintes du
projet.
Matrice de Krajlic revisitée par Van Weele (2004)
En effet, notre performance est étroitement liée
à celle de nos fournisseurs. Un travail collaboratif va permettre de
sortir de l'approche classique, presque essentiellement basée sur la
réduction des coûts, pour aller vers une démarche de
création de valeur. On passe de la logique des achats low cost à
celle des achats high value.
? Comment les achats collaboratifs répondent-ils
concrètement à notre stratégie ?
Une relation clients fournisseurs de type collaboratif va
contribuer à réduire le risque fournisseur,
sécuriser les approvisionnements et appréhender les inducteurs de
coûts sur lesquels des actions d'amélioration pourront
être mises en place.
a) « Fidéliser » les
fournisseurs
La collaboration est basée sur l'échange
d'informations, la transparence et la confiance entre clients et fournisseurs.
Le premier avantage d'un travail collaboratif réside dans la
création de liens à moyen
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 118 sur
198
et long terme sur un marché où l'offre est
réduite. Maintenir une relation à long terme et devenir
client « préféré » est donc
primordial, surtout si la hausse de la demande en produits locaux devait se
poursuivre. Autre avantage de la fidélisation à ne pas
négliger : la réduction des coûts liés au
sourcing et/ou au changement de fournisseurs.
b) Réduire le risque fournisseur
La transparence et la confiance induites par
les achats collaboratifs permettent d'optimiser les flux
informationnels et d`être plus réactif.
Ainsi, l'évolution de la situation financière
du fournisseur ou des problèmes qualité, par exemple, peuvent
être traitées rapidement afin d'éviter tout
dérapage. Il ne s'agit pas d'ingérence. Au contraire, on
implique les fournisseurs dans le management des risques, ce
qui favorise l'anticipation et la mise en place d'actions correctives.
c) Sécuriser les approvisionnements
Comme cela a été analysé plus tôt
dans cette thèse, la supply chain est soumise à 2 principaux
risques : l'incapacité ou la difficulté à assurer
des volumes à des cadences régulières ainsi qu'une
inexpérience de l'activité transport.
Collaborer pour améliorer la situation est ici
indispensable, tant la performance ou la nonperformance est
susceptible de peser lourdement sur le projet. Il faut impérativement
assurer la pérennité des approvisionnements en aidant les
fournisseurs à développer leurs compétences dans ce
domaine.
Le mode collaboratif peut alors même franchir une
étape supplémentaire par la mise en place d'un plan de
développement fournisseurs. Cette étape est l'une des
plus aboutie dans ce type de relation.
Ce plan consistera à définir, en accord avec les
fournisseurs, des objectifs en vue d'améliorer le taux de
service. Comme il s'agit d'une nouvelle relation, il
est assez difficile de fixer des objectifs mesurables.
Néanmoins, comme nous travaillons déjà avec des
fournisseurs dans l'alimentaire, il est possible de prendre leur taux de
service comme cible. Il est nécessaire d'inscrire ce plan dans une
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 119 sur
198
durée définie et de tenir les
délais car il faudra ensuite procéder à
l'intégration d'autres fournisseurs. La mise en place de la
stratégie ne doit pas durer plus d'un an.
Préalable à la mise en place d'un plan de
développement fournisseur :
- Il faut s'assurer de la motivation et du souhait
clairement exprimé du fournisseur de faire partie de ce type de
programme. En effet, un plan de développement exige un investissement
conséquent en ressources internes et en énergie, qui peut poser
problème à de petites structures.
- En interne, une équipe projet doit
être mise en place afin de définir, en accord avec les
fournisseurs, les actions à engager. Cette équipe sera
également chargée d'en assurer le suivi et d'en mesurer les
résultats.
- Les dirigeants doivent être impliqués
de part et d'autre. En effet, ce type de programme s'inscrit dans la
durée et implique un engagement absolu. Aussi, il doit s'inscrire dans
les orientations stratégiques du donneur d'ordre et du fournisseur.
Ces remarques sont d'ailleurs tout aussi valables dans le cadre
des achats collaboratifs
d) Maîtrise des coûts
Si l'on raisonne en coût global, les
économies générées par les achats collaboratifs se
retrouvent à tous les niveaux de la chaîne de valeurs
: fiabilité des fournisseurs (réduction du taux de non
qualité et de service), gestion des litiges facilitée,
systèmes de contrôle moins lourds, communication efficace
permettant une plus grande réactivité, meilleure coordination,
etc..
De plus, une connaissance plus précise de la
structure des coûts des fournisseurs peut
également permettre de détecter des points
d'amélioration : efficacité de l'outil de production, de
techniques de culture, de gestion de la main d'oeuvre, etc. Ces gains pourront
alors être partagés : une augmentation des marges du fournisseur
et une baisse du prix d'achat pour le donneur d'ordre.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 120 sur
198
e) Innovation
Bien entendu, nous ne raisonnons pas sur des produits
technologiques à forte valeur ajoutée. Néanmoins,
l'innovation peut parfaitement s'exprimer dans le cas des produits du
PDJ. Le boulanger Kayser, par exemple, développe des recettes
particulières à destination de sa clientèle
hôtelière. Aussi les achats collaboratifs constituent un terreau
idéal pour capter l'innovation. Les fournisseurs intégrés
en amont peuvent ainsi prendre part à la stratégie de
différenciation en créant de nouveaux produits ou de nouvelles
recettes.
? Les limites
Attention, tous les achats ne doivent pas faire l'objet d'une
telle démarche, qui s'applique essentiellement à des
catégories d'achats stratégiques.
Les investissements en ressources de toutes sortes sont autant
de freins à la mise en place des achats collaboratifs. Pourtant bon
nombre d'études montrent que ces investissements sont largement
compensés par des baisses de coûts liées à une
meilleure qualité, à une coordination efficace et à une
connaissance approfondie du potentiel de ses fournisseurs.
Résumé
Au terme d'un travail de réflexion s'appuyant sur
une analyse approfondie des tendances des marchés de la consommation et
d'études sectorielles sur l'hôtellerie, il a été
établi qu'une offre intégrant des produits locaux issus des CC
d'approvisionnement pouvait faire l'objet d'une stratégie de
différenciation. L'objectif de la mise en oeuvre de cette offre est
d'augmenter le taux de captage de la prestation PDJ et se positionner comme
précurseur dans une démarche de responsabilité
sociétale.
Le succès de cette démarche dépend
des capacités de la fonction achat à créer de la valeur. A
partir d'éléments d'information, de réflexion et de
connaissances techniques, une stratégie achat permettant de
répondre aux objectifs fixés a été
élaborée et un plan d'actions mis en place. Des leviers achats
ont été identifiés et évalués. Les bases
d'une solution susceptible d'être mise en oeuvre à très
court terme ont été formalisées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 121 sur
198
Même si cette étude et ces propositions ont
été réalisées sur la base d'éléments
issus de documents de recherche, de presse spécialisée, de sites
professionnels, il me semblait indispensable de les valider sur le terrain.
C'est pourquoi la troisième partie de cette étude est
consacrée à des interviews de professionnels des achats et de
l'hôtellerie. A la lumière de leurs réponses et de leur
regard sur cette offre de PDJ, de nouvelles pistes de réflexion tant sur
son contenu que sur la stratégie achat seront proposées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 122 sur
198
3. APPROCHE PRATIQUE : ENTRETIENS AVEC DES PROFESSIONNELS
DES ACHATS ET DE L'HOTELLERIE
Objectif :
Confronter la théorie à la pratique afin de
pouvoir procéder à des réajustements de la
stratégie si nécessaire, en se basant sur « l'expertise
» professionnelle d'interlocuteurs issus du secteur de l'hôtellerie,
ayant tous à effectuer des achats pour le petit-déjeuner de
leur(s) établissement(s).
Sous-objectifs :
- valider mes informations sur le caractère
stratégique du petit-déjeuner dans l'hôtellerie
- obtenir des informations sur leur stratégie PDJ le cas
échéant
- appréhender leur organisation achat
- recueillir des informations sur les fournisseurs du
petit-déjeuner dans l'hôtellerie
- obtenir leur avis sur les contraintes et les risques de la mise
en place d'une stratégie achat basée sur
les circuits courts d'approvisionnement
Méthodologie :
Entretiens semi-guidés conduits auprès
de professionnels des achats de l'hôtellerie et de directeurs
d'hôtels 3 et 4 étoiles à Paris sur leur lieu de travail.
Une liste de questions ouvertes a été
établie mais pas forcément suivie dans l'ordre afin de laisser
une part importante de spontanéité dans les entretiens. Ainsi,
aux réponses du questionnaire s'ajoutent des indications qualitatives
complémentaires sur les différentes priorités et
contraintes de la profession.
Cette approche a permis de comprendre les attentes des
différents interlocuteurs et d'analyser l'intérêt
porté à cette étude.
Une interview a été
volontairement menée en province pour mettre en
lumière le critère de la distance,
déterminant dans les approvisionnements en circuit court.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 123 sur
198
Une diversité au niveau de la taille et de la gamme des
établissements a permis de définir la pertinence de ces
critères dans la mise en place d'une telle stratégie.
Dans un souci de présentation, les retranscriptions
intégrales des interviews qui ont duré entre 1h et 1h30 se
trouvent en annexe 1. L'identité de tous mes interlocuteurs n'a pas pu
être citée pour des raisons de confidentialité.
Présentation des Etablissements et statut des
personnes interrogées
3.1. Questionnement autour de l'offre PDJ
Ces questions ont été posées non
seulement à des directeurs hôteliers et de la restauration qui
sont en contact avec la clientèle au quotidien mais également
à des acheteurs qui ne sont pas sur le terrain.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 124 sur
198
? Considérez-vous le PDJ comme un service
stratégique ?
La vision des différents acteurs interrogés
reste assez homogène dans l'ensemble : rentabilité,
image, satisfaction client, le petit-déjeuner est à
l'unanimité un service stratégique qu'il ne faut pas
négliger.
Les taux de captage ne sont pas très
élevés sauf dans les 2 hôtels situés dans le
Jura. Si la concurrence est moindre par comparaison aux hôtels
situés à Paris, elle est bien présente : un café
à proximité propose une offre PDJ, des commerces d'alimentation
générale et une boulangerie sont également
présents.
?Pouvez-vous me décrire votre offre PDJ
?
L'offre PDJ de l'Hôtel des 2 Forts et de la
Résidence Charles Sander a été complètement
retravaillée lors de l'arrivée du nouveau directeur
hôtelier à partir de 2009. Initialement continental avec peu de
produits, il se présente désormais sous forme d'un buffet.
Des produits locaux tels que pain, viennoiserie, charcuterie,
fromages sont mis en avant sur cette offre.
Le prix de vente a pu être augmenté
(de 6,50 à 10 €). Cela n'a posé aucun
problème à la clientèle car les 2 offres n'étaient
pas comparables. Les coûts matières ont
été réduits grâce à
l'approvisionnement en circuits courts sur une partie des
références.
Le taux de captage est passé de 25 à 95
%.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 125 sur
198
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 126 sur
198
? Qui est décisionnaire dans la politique produit
et prix du PDJ ?
Les services marketing et les opérationnels
rattachés à l'hôtel sont généralement
à l'origine de la définition des politiques produits et prix, la
fonction achat joue un rôle assez limité dans cette
étape.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 127 sur
198
3.2. Questions orientées Achat
? Organisation Achat
Dans les groupes comme Accor, le PDJ est une
prestation très normée. Toutefois dans les
hôtels en franchise, les gérants travaillent encore parfois avec
des fournisseurs non référencés. Accor ne
peut pas vraiment intervenir ou obliger les franchisés à renoncer
à travailler avec des fournisseurs qui leur sont propres, ce serait de
l'ingérence. Le groupe s'efforce néanmoins de réduire ce
pourcentage en menant des actions de communication régulièrement
sur le thème de la sécurité des approvisionnements.
Chez Lucien Barrière, la possibilité de travailler
avec d'autres fournisseurs que ceux référencés par le
groupe est considérée comme pouvant présenter un
intérêt dans les régions à spécialité
régionale. Exemple : les huîtres pour l'hôtel de
Dinard sont directement achetées sur place car Cancale est à
proximité.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 128 sur
198
?Fournisseurs du PDJ
Pour la plupart des hôtels, il n'est pas possible de ne
faire appel qu'à un seul type de fournisseurs.
Hôtel Charles Sander :
l'intérêt de travailler avec des producteurs locaux
S'approvisionner en circuits courts auprès de producteurs
et fabricants locaux représente plusieurs avantages en termes
d'approvisionnements :
- coûts de transport réduits à
0: producteurs/artisans situés entre 2,5 et 5 km de
l'hôtel. Ils effectuent les livraisons gratuitement
- coûts de stockage moindres : en raison
des faibles distances, les approvisionnements sont déclenchés
régulièrement le soir pour le lendemain matin
- fraîcheur des produits assurée
grâce au temps de transport et de stockage limités
Néanmoins, même si l'Hôtel souhaite
développer cette pratique dans une démarche de RSE et pour
assurer fraîcheur et qualité à ses clients, son
buffet PDJ ne peut pas être exclusivement local : thé,
café, chocolat et jus d'orange ne peuvent être produits dans le
Jura...
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 129 sur
198
De plus, il n'existe pas d'offre sur certains types de
produits en local : une solution pour les fruits est à
l'étude par exemple. Les oeufs bio sont achetés dans la
grande distribution (Biocoop) car à ce jour, aucun
producteur local n'est en mesure de le fournir régulièrement. La
situation pour les yaourts et les compotes est identique. Ces produits sont
donc achetés auprès de grossistes du type Metro ou Promocash.
Maîtrise des coûts matières
Même si une démarche pour privilégier les
produits locaux a été mise en place, il faut
également veiller à maîtriser les coûts.
Aussi, même si des producteurs locaux peuvent assurer un
approvisionnement pérenne, l'offre PDJ doit rester rentable.
Une AMAP devrait voir le jour prochainement non loin de l'hôtel.
Cette solution sera adoptée si son coût n'est pas supérieur
à l'approvisionnement actuel (Biocoop, grande distribution de produits
bio situé à 30km).
Groupe Accor : stratégie de
massification et de mutualisation des achats
Avec près de 2000 sites à livrer en France,
Accor travaille avec en direct avec l'industrie agro-alimentaire et avec des
distributeurs capables de couvrir le territoire national.
Pour avoir une idée des volumes, Accor sert 110
000 PDJ par jour dans ses hôtels
L'offre PDJ est très normée.
Extrait de l'entretien avec Stéphane Berne, Responsable
Délégué Achats et Services Clients :
« Accor travaille avec les industriels et
négocie en direct avec Danone, Nestlé, etc. Ensuite, il s'adresse
aux distributeurs. Transgourmet est le principal distributeur d'Accor
sur toute la partie crémerie et épicerie. Il
détient 13 entrepôts en France et couvre le territoire national.
Il distribue les produits négociés par Accor
auprès des industriels (ce qu'on appelle des produits
prestés) soit 650 références. Transgourmet va
également compléter la gamme de produits négociés
auprès des industriels à hauteur de 2000 à 2500 autres
produits de leur catalogue général. On arrive à construire
une offre qui
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 130 sur
198
fait plusieurs milliers de produits mais avec un coeur de
cible représentant 600 à 650 produits qu'on va mutualiser sur
plusieurs enseignes.
Sur les produits surgelés, il y a 2
fournisseurs pour couvrir tout le territoire national.
En ce qui concerne les produits frais, là encore,
un effort est fait pour en réduire le nombre et pour
trouver des interlocuteurs capables de livrer tous les sites Accor
sans risque de rupture d'approvisionnement. »
Maîtrise des prix des matières
« Des contrats sont conclus parfois sur
plusieurs années afin de mieux en maîtriser les
coûts. Pour le jus d'orange par exemple, Accor a obtenu
il y a quelques années des prix bloqués pendant 4
ans, ce qui leur a permis de passer à côté de la
flambée des prix. En échange, le fournisseur a obtenu une
exclusivité sur l'ensemble des hôtels Accor. »
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 131 sur
198
3.3. Une offre PDJ basée sur des produits locaux
et des approvisionnements en circuits courts
La question posée était introduite après
l'argumentaire suivant :
Je mène une réflexion sur les produits
locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus de
producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages,
viennoiseries, oeufs, yaourts
Mes conclusions montrent que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de produits frais, de
saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine des
produits, leur traçabilité. Souhait de consommer plus responsable
en préservant les emplois à côté de chez
eux.
?Que pensez-vous d'une telle offre, y a-t-il un
intérêt à la développer ?
Intercontinental Opéra Paris le
Grand :
La clientèle de cet hôtel est
à 70% étrangère. Selon la personne
interrogée lors de l'interview, pour les étrangers, manger du
pain et des viennoiseries, c'est déjà local. Une
préférence est donnée aux tendances déjà
fortes : la hausse dûment constatée de la
clientèle chinoise a conduit à l'élaboration d'un PDJ
complètement chinois. Mon interlocutrice me rappelle les risques
de s'appuyer sur une tendance émergente en se
rappelant la mise en place de produits bio dans le
petit-déjeuner il y a
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 132 sur
198
quelques années. Cette initiative (qui était la
sienne) avait entraîné une forte hausse des coûts
pour un résultat jugé insatisfaisant.
Groupe Lucien Barrière : un
seul de ses hôtels est situé à Paris. Bien que la
stratégie achat du groupe soit basée sur la massification, le
directeur des achats trouve une valeur ajoutée à la
présence de produits locaux dans une région à
spécialité. Aussi, trouver du kugelhof sur le buffet PDJ de
l'Hôtel Barrière de Ribeauvillé en Alsace est à ses
yeux un atout.
En revanche, pour la clientèle
étrangère arrivant à Paris, il n'en voit pas
l'intérêt. « Pour un Brésilien, le local,
c'est de la Norvège au Portugal ».
Pour lui, cette offre, comme toute offre peut
présenter une valeur ajoutée. Ce qui importe, c'est
d'être capable de la vendre au client, c'est de
savoir communiquer correctement, d'éduquer et
d'informer les clients sur la valeur de l'offre si celle-ci n'est pas
suffisamment visible.
Westin Paris Vendôme: oui car
dans une stratégie de différenciation, le groupe Starwood dont
fait partie le Westin, a lancé en 2008 l'initiative 100%
local sous la houlette du chef Jean-Luc Reymond. Ainsi, dans ses
restaurants figurent toujours une entrée, un plat et un dessert
à base de produits 100% local. L'objectif de Starwood dans
cette démarche était de lier un concept original, basé
à la fois sur le plaisir et la gastronomie en faisant appel à des
producteurs situés dans un rayon de 200 km autour de Paris.
Cette initiative avait eu pour origine la question
d'un client américain au chef Jean-Luc Reymond: « quelle
est la spécialité gastronomique de Paris »
?
Un « corner » PDJ à base de produits locaux
avait été mis en place mais il n'existe plus. En effet, il est
plus difficile à ce repas de communiquer sur l'offre. Lors du
dîner ou du déjeuner, le chef se déplace pour
« raconter » aux clients l'histoire du produit, de
ses origines, de son producteur.
? Qu'est-ce qu'évoque le développement
durable pour vous ? Voyez-vous un lien entre l'offre PDJ local un axe de
développement durable ?
Cette partie a recueilli des propos et des remarques trop
divers pour pouvoir être regroupés par catégorie. Aussi ils
seront traités au cas par cas.
Hôtel des 2 Forts : le
développement durable est associé à la
stratégie de développement de l'hôtel car la conviction
personnelle du propriétaire est que son activité doit
s'intégrer dans l'environnement naturel, économique et social de
sa région. Aussi, le PDJ à base de produits locaux issus
des CC présente pour lui un double intérêt car il permet de
soutenir l'activité économique de
proximité tout
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 133 sur
198
en permettant de proposer une offre qui
répond à la demande de sa clientèle en termes de
qualité et de fraîcheur. Son offre PDJ est également un
produit d'appel pour sa boutique de produits régionaux.
Hôtel Pas de Calais : le
développement durable est vécu comme une obligation
réglementaire. Les étiquettes invitant à
réduire sa consommation d'eau étaient indispensables pour obtenir
la nouvelle classification hôtelière (juillet 2012) par exemple.
La clientèle y est peu réceptive, surtout la
clientèle brésilienne. La propriétaire participe
déjà au soutien économique local dans la mesure où
elle travaille avec le boulanger d'à côté. Il ne s'agit pas
d'un choix réfléchi en ce sens mais une question de
praticité et d'un souhait de produits frais et
qualitatifs.
Groupe Accor : extrait de la
retranscription de l'interview à propos de l'intérêt du
« local ». La question ou plutôt ici la remarque faite à
mon interlocuteur est en gras.
« Accor fait figure de précurseur en
matière de développement durable et de RSE, le local, c'est aussi
la préservation de l'emploi, le développement économique
local
Oui, mais tout cela, c'est de la communication, c'est
du marketing. On dit aux gens d'acheter bio, de manger bio, de faire
du local. Le problème est qu'il n'y pas d'offre existante en
quantité suffisante. Alors faire venir des asperges du
Brésil, même bio, c'est pas très développement
durable. Il y a ce qu'on fait passer au grand public et il y a la
réalité.
Aujourd'hui, dans l'offre actuelle, le bio et le
local, c'est du saupoudrage. En revanche tous nos fournisseurs
répondent à un cahier des charges développement durable
dans le contrat cadre, à la législation, aux normes
européennes et françaises. »
Intercontinental Paris le Grand : le
développement durable a fait l'objet de l'élaboration d'une
charte et l'hôtel affiche le label La Clef Verte. Il est essentiellement
considéré sous l'angle de réduction des consommations
d'énergie, de la gestion de l'eau et du recyclage des déchets. Le
lien entre PDJ local et développement durable n'est absolument pas
évident. La demande en bio est déjà peu perceptible.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 134 sur
198
Groupe Lucien Barrière : extrait
de l'interview, les questions sont en gras. J'ai tenté de faire un
parallèle entre le local et le bio dans le cadre du développement
durable.
« Pensez-vous que cela pourrait constituer un
avantage concurrentiel ?
Franchement, le local n'est pas une préoccupation
aujourd'hui.
Vous disposez d'une offre en produits bios, quelles
ont été les difficultés ou les contraintes
rencontrées lors de sa mise en place ?
Disponibilité de l'offre ?
Il y a quelques années, oui. Maintenant, ce n'est plus le
cas. Enfin, bon, le bio, c'est pas forcément
qualitatif, pas forcément local et surtout pas développement
durable si on se penche sur l'empreinte carbone. Il y a vraiment une grande
confusion actuellement entre le bio, l'équitable, le local.
C'est pour cela qu'il faut faire très attention
à sa communication et dans l'éducation des clients.
»
Compléments d'informations à ces
remarques figurant sur le site du Groupe Lucien Barrière :
http://www.lucienbarriere.com/localized/fr/groupes/groupelucienbarriere/planete-barriere.htm
L'engagement dans le développement durable de
Lucien Barrière Hôtels et Casinos en chiffres
· 60 établissements Barrière normés
ISO 14001 (casinos, hôtels, golfs, tennis, laboratoire culinaire,
siège social).
· 18 285 670 kWh / an économisés =
l'équivalent de la consommation d'une ville de 20 000 habitants par
an.
· 32 tonnes de papier économisées soit
environ 400 arbres épargnés grâce à nos
réductions de papier par an.
· 100% des établissements trient leurs
déchets dangereux.
· 100% des établissements trient au moins 3
déchets.
· 100% des établissements ont participé
à l'opération Bouchons d'amour, et récolté 210
tonnes de bouchons, soit 42 000 euros pour cette association.
· 79% des cartes de nos restaurants prônent
le locavore, avec des produits locaux et
régionaux.
· 67% proposent des produits issus de l'agriculture
Biologique.
|
|
Groupe Starwood, Westin Paris
Vendôme : détenteur de la Clef Verte, impliqué
dans une démarche d'approvisionnement 100% local sur une infime partie
de l'offre restauration. Le lien est fait entre la proposition de PDJ local et
le développement durable même si dans leur cas, cette
démarche
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 135 sur
198
n'a pas été développée sous cette
approche. Le 100% local est un moyen de se démarquer en valorisant les
produits de la région et surtout les producteurs.
?Quelles sont les contraintes que vous identifiez
immédiatement par rapport à ce projet ?
Ainsi, pour la plupart des professionnels, les contraintes sont
présentes depuis la phase de sourcing jusqu'au suivi de la
qualité, en passant par l'approvisionnement et une hausse des
coûts.
Extraits d'interviews
Intercontinental Paris le Grand
« Il n'y a pas grand-chose en termes d'offre à
150 km de Paris. Je ne vois absolument pas quels produits pourraient être
intégrés dans l'offre PDJ. »
« Travailler avec des
fournisseurs locaux pose en tout premier lieu le problème des
quantités : comment assurer la pérennité des
approvisionnements, comment gérer le risque de rupture ? »
Groupe Accor
« Avant même le problème
d'approvisionnement, se pose le problème de coût.
Jamais, même en local, le boulanger du coin ne pourra s'aligner au niveau
des coûts par exemple. »
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 136 sur
198
« Pour nous, ce qui est important c'est de tenir
la promesse en terme de produits, c'est le basique pour l'ensemble des
marques. »
« C'est très
compliqué. Un groupe de notre taille ne
s'adressera jamais en direct à des petits producteurs. Nous
passerons forcément par un distributeur. Travailler avec des
producteurs locaux s'ils ne sont pas de taille assez importante multiplie le
nombre d'interlocuteurs. Rien qu'au niveau de la gestion
administrative, cela alourdit le travail et entraîne des coûts
supplémentaires. »
Groupe Lucien Barrière
« Le premier problème identifié
concerne la logistique. Je dois être capable de livrer
le même type de produit à Dinard, à Cannes et à
Paris. Je dois proposer des solutions pérennes.
»
« Le problème de l'hôtellerie, c'est
que nous avons une multitude de produits en petites quantités
à livrer à de multiples endroits. C'est la raison pour
laquelle on s'adresse à des distributeurs dont le métier est
justement de d'optimiser les flux. »
« Travailler avec un distributeur comme Transgourmet
permet de réduire le risque de rupture d'approvisionnement à 0.
»
Et en termes de coûts
?
« Tout dépend comment vous le vendez
au client. Il faut revenir au client. Si on est capable de le
vendre, on peut l'acheter plus cher. f...]. Si on veut conserver nos
marges, si on veut continuer à vivre, on est bien obligés
d'augmenter le prix de vente. »
Westin Paris Vendôme
« Le 100% local représente au maximum 2
à 3% des approvisionnements. ))
« Nous n'avons pas voulu nous battre sur les prix. Le
surcoût est de 15 à 20% par rapport aux produits
habituels mais cela n'engendre pas de gros surcoûts au niveau global dans
la mesure où nous sommes sur de petits volumes ))
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 137 sur
198
« Nous avons mis en place un partenariat avec nos
fournisseurs et nos distributeurs afin qu'ils
référencent nos produits 100% locaux et assurent leur livraison.
En s'appuyant sur leur logistique, nous restons dans notre cahier des charges
»
Conclusion : les acheteurs et directeurs
d'hôtels et de la restauration ont détecté les mêmes
risques et contraintes que dans la partie théorique de ce travail. Leur
expérience du secteur et des achats a permis d'apporter des
éclairages différents ou complémentaires sur la
manière de gérer la mise en place de cette offre, depuis la phase
de conception jusqu'à sa commercialisation. Ces nouveaux
éléments vont permettre d'en réévaluer la
pertinence en fonction des contextes, de formuler des recommandations
adaptées et d'apporter de nouvelles pistes de
réflexion.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 138 sur
198
4. RECOMMANDATIONS ET COMMENTAIRES
Quelques mots sur le déroulement de
l'enquête...
Le hasard m'a permis de rencontrer dès la
première interview un hôtelier qui avait mis en place une
offre PDJ intégrant des produits locaux issus des CC
d'approvisionnement. Outre la qualité intrinsèque de ses
produits, il mettait en avant leur fraîcheur et leur origine. Dans cette
approche s'exprimait une volonté de satisfaction de sa
clientèle tout en participant au développement et au
soutien de l'économie locale, dans une région
très touchée par le chômage. L'objectif
était atteint. Avec un taux de captage frôlant la
perfection (95%), une marge nette de 25%, un message apparemment bien
perçu par la clientèle, il démontrait qu'il était
possible de lier plaisir et responsabilité dans un
concept permettant d'améliorer sa
rentabilité.
Les interviews suivantes m'ont amenée à penser
que la situation géographique et elle seule
était à l'origine du succès rencontré par cet
hôtelier. En effet, il est important de préciser que cette
première interview s'est déroulée dans le
Jura. Au cours des interviews suivantes, toutes menées
dans des hôtels parisiens ou au sein des sièges sociaux de groupes
hôteliers en région parisienne, les avis ont été
presque unanimes : ce genre de démarche ne peut pas être
développée en IDF.
Malgré une étude approfondie de la question,
ces regards et ces avis de professionnels de l'hôtellerie et des achats
m'ont incitée à remettre en cause les fondements mêmes de
mon offre et de ma stratégie.
Ma dernière interview m'a apportée la preuve
qu'il était possible de mettre en place une offre locale
issue des CC d'approvisionnement en IDF. Est-ce que cette offre
était similaire en tous points à ce que j'avais proposé ?
Répondait-elle exactement à ma problématique ? Pas
forcément. D'ailleurs, je n'ai pas obtenu toutes les réponses
à mes questions au cours de cet entretien. Toutefois, j'ai acquis
la certitude qu'il existait une demande car depuis 2008, cette
offre était proposée et n'avait pas été remise en
question. Tendance légère? Pour l'instant, oui mais si elle
devait s'affirmer, l'hôtel avait déjà posé ses
jalons en créant des relations solides avec ses fournisseurs. En
attendant, cela lui assurait une position de précurseur et
différenciait son offre du restaurant concurrent. Pour la
clientèle sensible aux préoccupations environnementales, la
présence de produits labellisés 100% local
renforçait le positionnement et l'image d'une hôtellerie
durable.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 139 sur
198
4.1. L'offre PDJ
Remarques inhérentes à la pertinence de
l'offre recueillies sur le terrain :
« La clientèle étrangère
risque d'être insensible au concept »
Au cours des interviews, j'ai demandé si une offre
locale pouvait représenter un intérêt pour la
clientèle.
Parmi les réponses négatives ou dubitatives, il
a souvent été question des différentes
nationalités composant la clientèle et de sa
sensibilité aux produits locaux et au développement durable en
général.
Parmi les arguments avancés, certains
établissements ont indiqué que leur clientèle comprenait
70% d'étrangers pour lesquels les produits typiquement
français étaient déjà locaux. Ce type d'offre ne
représentait donc qu'un intérêt très
limité.
Visibilité et compréhension de
l'offre
Au cours des interviews, il a été souvent
question des difficultés à communiquer sur
l'offre, l'origine locale n'ayant, pas selon les interlocuteurs, la
même résonnance en région parisienne que dans les autres
régions françaises, où des spécialités
reconnues existent. De plus, les contours flous de la notion de local
rendent, à leur avis, la visibilité du concept,
difficile.
Etudier la composition de la
clientèle
Derrière les réponses des professionnels de
l'hôtellerie, le doute concerne l'intérêt de la
clientèle pour l'origine des produits et la démarche, ainsi que
la manière dont la stratégie présente le concept.
Pourquoi notre clientèle aurait-elle un intérêt
à consommer des produits locaux au petit-déjeuner ?
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 140 sur
198
Cette remarque est révélatrice des contours
flous de la notion de local mais met en lumière un aspect qui n'avait
pas été abordé lors de la stratégie. Il faut le
prendre en considération car il s'agit d'un facteur susceptible
d'influer sur les résultats.
Adapter l'offre en fonction de la
clientèle
Choix des produits
Il est nécessaire de réviser l'analyse
de l'expression des besoins en fonction de cette donnée.
Le sourcing devra prendre en compte des critères
supplémentaires et les moduler en fonction de la clientèle. En
effet, si elle est majoritairement étrangère, il faut
étudier le choix des produits avec soin. On sait par
exemple, que certaines spécialités fromagères
françaises sont plus ou moins appréciées par les touristes
étrangers. En revanche, d'autres produits typiquement français et
internationalement appréciés comme la baguette ou les croissants
peuvent être intégrés dans une offre locale.
Renforcer les qualités « universelles
»
Si la découverte de nouveaux produits, la notion de
traçabilité ou de responsabilité environnementale devaient
laisser une partie de la clientèle indifférente, d'autres
atouts liés à l'origine locale des produits peuvent
conduire ces mêmes clients à en favoriser la consommation.
Derrière le « local »,
ainsi que cela a été montré au cours de l'analyse
de l'environnement, se trouvent des éléments qui contribuent
à améliorer la valeur perçue du petit-déjeuner.
Grâce à des caractéristiques liées à leur
origine et aux CC d'approvisionnement, les produits locaux présentent
des qualités reconnues et appréciées par la
majorité des clients, et ce, de manière quasi
universelle. La fraîcheur et la saveur constituent en effet des
critères de choix décisifs pour les clients. Grâce
aux CC impliquant la diminution des distances et la durée du transport,
la fraîcheur des produits est quasiment garantie. De plus, grâce
à des méthodes de production moins intensives, leur
qualité gustative est mieux préservée et souvent
supérieure aux produits conventionnels, relativement
standardisés.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 141 sur
198
Assurer la fraîcheur et la qualité
gustative des produits
? Comment assurer la fraîcheur d'un produit
?
Il serait tentant d'avancer que le simple fait d'être
issu des CC constitue une garantie de fraîcheur. Ce mode
d'approvisionnement est un facteur favorisant mais il reste insuffisant pour
accroître le potentiel de différenciation des produits locaux.
Si les distances sont courtes et supposent une durée
de transport limitée, il faut également éviter au
maximum le stockage de toutes les denrées comme les fruits, les
yaourts et autres produits laitiers : la réfrigération
des fruits par exemple altère leur saveur. Elle provoque
également la perte des vitamines oxydables, en particulier de la
vitamine C.
Les achats doivent donc mettre en place un système de
gestion des approvisionnements en juste-à-temps afin de limiter
au maximum le stockage sur le lieu de consommation. Ce système
implique une importante capacité de réactivité de la part
de tous les acteurs de la chaîne, notamment des fournisseurs. Il faut
également veiller à ce que les produits n'aient pas
été stockés trop longtemps sur leurs lieux de
fabrication.
? Comment assurer la qualité gustative d'un
produit ?
La diminution ou l'élimination du stockage permet de
diminuer l'altération de la saveur des produits.
La qualité gustative des produits fabriqués par
de petits producteurs locaux peut se démarquer des produits
standardisés et représenter pour une partie de la
clientèle une forte valeur ajoutée.
Ce critère est à intégrer lors du
sourcing. Seuls les producteurs capables de se différencier par une
haute qualité gustative de leurs produits seront retenus.
L'avis des opérationnels comme le chef et le directeur
de la restauration sera décisif : des tests seront
organisés en interne puis confirmés par
les clients au cours d'opérations ponctuelles clairement
identifiées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 142 sur
198
Renforcer la visibilité de l'origine locale en
faisant certifier les produits
Bien entendu, un important travail de communication
est à réaliser. Afin de permettre une meilleure
identification des produits d'origine locale, les achats
peuvent intervenir auprès des fournisseurs en amont.
Un critère de choix pour les fournisseurs lors du
sourcing peut-être leur adhésion à la charte Saveurs
Paris Ile de France afin que leurs produits portent la marque
Ce logo pourra ainsi être utilisé dans les plans de
communication.
Une veille sera également mise en
place afin de connaître toutes les démarches de certification
permettant de renforcer les caractéristiques de l'origine
régionale des produits afin d'améliorer leur identification par
la clientèle.
4.2. Sécurisation des
approvisionnements
Les problèmes de volumes et de
disponibilité de l'offre font partie des principaux freins
identifiés au développement d'une offre locale issue des CC
d'approvisionnement. Ainsi que nous l'avons identifié lors de l'analyse
du marché fournisseurs, le risque lié au
déséquilibre entre l'offre et la demande est réel. Il se
double de la difficulté à organiser et optimiser le transport.
Aussi les éléments
énumérés dans la stratégie restent valables dans ce
contexte :
- identification d'un fournisseur capable d'assurer les
livraisons en respectant les délais
- mise en place de plans de développement fournisseurs
afin de les aider à s'organiser et à mutualiser
leurs besoins, à optimiser leur transport, donc leur taux
de service
- planification au plus juste des besoins : mode de gestion en
juste à temps
Nouvelles pistes de réflexion pour les groupes
hôteliers souhaitant s'approvisionner en local :
Augmenter les volumes disponibles
Le groupe Starwood (Westin) a élargi la notion de
local à un rayon de 200km de Paris afin de bénéficier d'un
choix plus large de produits. En l'absence d'une définition du
local autre que celle
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 143 sur
198
définie dans notre stratégie achat, une approche
similaire pourrait être envisagée si la capacité des
fournisseurs se trouvait trop limitées par rapport à la demande.
De plus, comme des hôtels de la région parisienne se situent en
périphérie d'autres régions, cette démarche
pourrait rester cohérente en permettant de
bénéficier de capacités de production
supplémentaires.
Travailler avec ses fournisseurs habituels
Ainsi que cela a été précisé par
la plupart des responsables achat des groupes hôteliers, la
gestion du transport ne relève pas du périmètre achat dans
l'hôtellerie. S'ils devaient mettre en place une offre PDJ
intégrant des produits locaux en CC, tous feraient appel à leurs
fournisseurs habituels. Les approvisionnements sont essentiellement
réalisés auprès de grossistes et de distributeurs qui
assurent la prestation de transport. Aussi quand le chef du Westin a mis en
place son offre 100% local, il s'est adressé à ses
fournisseurs habituels, grossistes sur le marché de Rungis.
D'ailleurs, l'un des plus importants distributeurs de l'hôtellerie et de
la restauration a entamé un développement de l'offre locale dans
6 régions françaises afin de répondre à la demande
en produits locaux en augmentation constante.
4.3. Maîtrise des coûts
Réfléchir à de nouveaux leviers
de négociation: au-delà de l'effet volume
Lors des entretiens, les principaux leviers de maîtrise
des coûts cités sont les suivants : massification et
mutualisation, rationalisation du panel fournisseurs. Travailler sur de petites
quantités avec plusieurs fournisseurs implique un levier volume
réduit.
- vendre l'image de marque pour obtenir de meilleures
conditions : ce levier peut être actionné par les
hôtels jouissant d'un certain prestige. Il permet aux fournisseurs de
disposer de références dans le cadre d'une stratégie de
développement dans le secteur de l'hôtellerie-restauration.
- recommander un fournisseur auprès
d'autres donneurs d'ordres est un levier qui peut également être
utilisé, son efficacité étant là encore
proportionnelle à la réputation de l'hôtel.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 144 sur
198
Initier de nouveaux leviers : au-delà de la
négociation
La majorité des leviers précités
relèvent de la négociation. Or, d'autres leviers sont
disponibles, à activer en interne, sur les produits et sur les
process.
Limiter le gaspillage
- améliorer les prévisions de vente
pour ajuster les quantités
- définir les produits sur lesquels la part de
gaspillage est la plus importante afin de limiter leur introduction en
nombre de références ou en quantités dans l'offre PDJ
local. Le pain et les viennoiseries par exemple ne peuvent absolument
pas être conservés.
- inciter les clients à ne pas se servir en
grande quantités car les produits locaux seront essentiellement
présentés en vrac : confiture, miel, fruit, fromage blanc, jus de
fruit, etc. La taille des récipients peut jouer un rôle
déterminant dans cette quête, tout comme celle des
couverts de service.
Réduire les coûts de stockage
La distribution des produits locaux en CC favorise
l'élimination du stockage, à condition de bien gérer et
optimiser les approvisionnements en ajustant les quantités au quotidien
(un système de prévision de vente efficace est indispensable).
Accroître la marge au bénéfice
des deux parties : partage de la valeur
En aidant les fournisseurs à réduire leurs
coûts, il est possible de partager les économies
générées. Bien entendu, il faut choisir les
fournisseurs et les produits sur lesquels la réduction des coûts
aura le plus d'impact et se mettre d'accord sur la manière dont
les économies seront évaluées et
réparties. Ex : aider le fournisseur à mieux
gérer ses achats en lui faisant profiter de notre
expérience ou en l'aidant à mutualiser avec d'autres
fournisseurs issus de notre panel. Ainsi, il serait possible, sur les
emballages notamment ou sur les ingrédients entrant dans la fabrication
des produits locaux d'améliorer la performance de nos fournisseurs et de
bénéficier des économies réalisées.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 145 sur
198
4.4. Développer les compétences en interne
et en externe
Au cours des entretiens menés auprès des
professionnels de l'hôtellerie, il a été question de
gestion de panels fournisseurs, de taux de service, d'entrée ou de
sortie de panel, de prix, de coûts, de négociations, de
massification, d'appels d'offres etc. Tous ces outils font partie de la
panoplie des acheteurs. Mais ils ne sont pas suffisants pour la mise en place
d'un projet stratégique tel qu'envisagé dans cette
thèse.
Développer de nouveaux « savoir-faire
» et « savoir-être »
Pour décliner la stratégie de l'entreprise au
niveau des achats, capter l'innovation, développer une vision et une
gestion stratégique des fournisseurs, être capable de
déployer une politique de RSE avec des partenaires internes et externes,
la fonction achat doit élargir son spectre de
compétences. Les connaissances traditionnelles (maîtrise
technique, organisation) liées au métier d'acheteur restent
indispensables. Néanmoins l'intégration de la dimension RSE dans
le cadre de notre stratégie achat nécessite la mise en place de
formations afin d'en maîtriser les grandes lignes. Le fonctionnement en
mode projet et les achats collaboratifs impliquent en interne et en externe la
multiplication d'interfaces avec lesquelles il faut apprendre à
fonctionner ainsi qu'un nouveau rôle de chef de projet qu'il faut savoir
appréhender. La fonction achat ne peut pas ici se limiter au
triptyque classique qualité, coûts, délais mais doit
désormais établir de nouvelles relations avec les parties
prenantes de la fonction, notamment les donneurs d'ordre internes qu'il s'agit
de challenger sur l'expression du besoin. Il faut également
sortir du sempiternel rapport de force avec les fournisseurs,
apprendre à les sélectionner sur de nouveaux critères et
les accompagner dans leur démarche de progrès. Aussi il est
essentiel de développer des compétences personnelles et
comportementales afin d'apprendre à communiquer
efficacement et à construire des relations solides avec les
partenaires internes et les fournisseurs.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 146 sur
198
Optimiser les performances de nos
fournisseurs
Dans le projet PDJ local, les fournisseurs
représentent un facteur clef de succès, ils sont
au coeur de la stratégie. Sélectionnés avec soin,
ils devront être capables d'accompagner nos projets, de contribuer
à l'innovation, de s'adapter rapidement aux modifications de leur
environnement, à l'optimisation des échanges et des flux, et se
positionner dans une optique d'amélioration constante de leur process
opérationnels. Le manque d'expérience des fournisseurs,
s'il n'est pas pris en charge, risque de peser lourdement sur le projet
en augmentant les coûts et en diminuant notre propre
performance. Aussi, il est indispensable de mettre en place des plans de
développement pour accroître leurs capacités à
accompagner nos projets sur le long terme.
4.5. Achats collaboratifs
Parmi les acheteurs rencontrés, les difficultés
liées à une demande forte pour un type de produits alimentaires
face à une offre faible sont très rares. Aussi cette
catégorie de produits n'est pas considérée comme un achat
stratégique. Pourtant, il y a quelques années, lors de
l'explosion de la demande en produits bio, les acheteurs ont été
confrontés à la rareté des ressources. Le recours aux
importations massives a permis de renverser la situation rapidement.
Le projet PDJ local implique une gestion différente
des relations fournisseurs comme ce qui a déjà été
développé dans la partie 2.5 Stratégie achat. Nous sommes
dans une situation qui exige de prendre en compte les
spécificités d'un marché fournisseurs contraignant pour
acquérir des produits qualifiés de
stratégiques, indispensables à notre projet.
Développer des partenariats avec les
fournisseurs
Les atouts principaux de ce type de relation
développés dans la stratégie achats seront donc
résumés dans cette partie :
- « fidéliser » les fournisseurs :
pérenniser la relation dans une situation où l'offre
risque de diminuer et de remettre en cause notre stratégie
- réduire le risque fournisseur :
transparence et confiance permettent de contrôler plus facilement les
risques en fluidifiant les informations
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 147 sur
198
- sécuriser les approvisionnements : en
aidant les fournisseurs à développer leurs compétences
- maîtriser les coûts : en optimisant les
flux informationnels et décisionnels et en améliorant la
qualité
- capter l'innovation : en travaillant plus en
amont lors de l'élaboration des projets
4.6. Evaluer la performance
Lorsque j'ai demandé aux acheteurs comment ils
évaluaient la performance de leurs fournisseurs et la leur, les
réponses ont été claires et brèves : le taux de
service pour les fournisseurs et les gains « savings »
réalisés par les achats. Il y en a certainement d'autres mais ce
sont les premiers qui ont été cités. Les fameux KPI
(Key Performance Indicators) ou Indicateurs de performance
achat sont des outils destinés à fixer des objectifs,
à les comparer les uns aux autres et à les faire
évoluer.
Les KPI financiers, liés directement ou
indirectement aux coûts restent actuellement les plus utilisés
par les Achats. Ils représentent souvent la majorité des
chiffres présents sur leurs tableaux de bord.
Créer des indicateurs de performance de la
fonction achat cohérents avec notre stratégie
Véritable outil de pilotage de la performance, les KPI
doivent accompagner la montée en maturité des achats.
En effet, dans notre projet, où innovation, achats
collaboratifs, développement durable et création de valeur
constituent la base de notre stratégie, il serait inconcevable
d'évaluer notre performance uniquement sur les gains
réalisés par rapport à l'année
précédente.
On ne peut pas résumer la contribution des achats
à la création de valeur aux seuls résultats
financiers.
Bien entendu, il ne s'agit pas de supprimer tous les
KPI « classiques » mais de limiter leur propension à
gouverner à eux seuls toute l'organisation de la fonction
achat.
L'objectif de la stratégie concernant l'augmentation
du taux de captage au PDJ, un indicateur relatif aux résultats sera mis
en place. Reflet du succès de la stratégie mise en place, il
concernera toutes les parties prenantes au projet, à savoir tous les
services de l'entreprise ainsi que les fournisseurs.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 148 sur
198
De nouveaux KPI permettant d'évaluer
les principaux éléments de notre stratégie doivent
être envisagés d'en piloter la progression : formation,
gestion des connaissances, innovation, veille concurrentielle,
développement durable, intégration et développement des
fournisseurs, collaboration interne, coordination de projets. Bien
entendu, il n'existe pas actuellement de référentiels de mesure
pour ces indicateurs. Tout ou presque est à créer.
Néanmoins, le développement de nouvelles
compétences, techniques, savoir-être, méthodes
d'organisation au cours de ce projet représentent un capital
précieux pour l'avenir de la fonction achat, qu'il est important de
pouvoir mesurer dans le temps.
Adapter les indicateurs de performance des nouveaux
fournisseurs
Les fournisseurs entrant dans notre panel à l'occasion
de la mise en place du projet PDJ sont pour la plupart peu rompus aux relations
en BtoB. Aussi, comme cela a été constaté, il est
quasiment indispensable de mettre en place des plans de développement
afin d'améliorer leur performance. Des indicateurs en
cohérence avec le niveau actuel des fournisseurs et des objectifs
réalistes seront mis en place.
Comme ces fournisseurs s'inscrivent dans une relation
stratégique et de partenariat à long terme, il
faudra réfléchir à créer des indicateurs permettant
d'évaluer leur potentiel à être force de
proposition, leur rapidité d'adaptation et leur capacité
d'innovation.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 149 sur
198
CONCLUSION
Quelles conclusions tirer de cette longue réflexion
autour de l'offre PDJ intégrant des produits locaux issus des CC
d'approvisionnement? Faut-il s'interroger sur les chances de succès de
cette offre auprès de la clientèle ? Faut-il se demander si les
enjeux liés à la prestation PDJ à l'hôtel
méritent une telle attention? Non. A travers cet exercice de
réflexion s'exprime le souhait de montrer qu'il existe pour la fonction
achat de nombreuses possibilité de créer de la valeur, à
condition d'accepter de remettre en cause un certain nombre d'idées et
de pratiques pour en réinventer de nouvelles, plus adaptées au
contexte actuel.
Dans cette thèse, on retrouve plusieurs
éléments caractéristiques des modifications affectant
l'environnement dans lequel les acheteurs ont évolué jusqu'alors.
Le contexte du marché aval tout d'abord, représenté ici
par l'hôtellerie 3 et 4 étoiles, doit faire face à une
clientèle très exigeante sur la qualité et la
personnalisation des services, ainsi qu'à une concurrence
exacerbée se traduisant par une forte concentration des
différents acteurs. Ces éléments expliquent la
nécessité de mettre en place une stratégie de
différenciation afin de se démarquer sur des prestations basiques
où les attentes sont fortes et le rapport qualité prix
déterminant. Le deuxième élément est
l'émergence d'un phénomène de raréfaction des
ressources, comme il en existe de plus en plus souvent. La stratégie de
différenciation basée sur un PDJ local s'appuie sur des produits
dont le développement risque d'être rapidement freiné,
laissant place à une situation de pénurie. Ces 2 facteurs
combinés ne permettent pas d'actionner les leviers habituels de
réduction des coûts, ou du moins, en amoindrissent
considérablement les effets.
Comment la fonction achat va aborder ces nouvelles
réalités ? Quelle valeur ajoutée peut-elle apporter dans
cette situation ? Quels nouveaux axes de développement pourraient
permettre de contribuer activement et efficacement à la croissance de
l'entreprise ?
Ce bouleversement est en réalité une
opportunité pour la fonction achat de démontrer sa
capacité à créer de la valeur. Dans un premier temps, les
achats doivent être capables de repenser entièrement leur mode de
fonctionnement, en se libérant de l'existant, comme ce qui a
été réalisé dans cette thèse. Aurais-je
été plus loin dans ce travail si j'avais réalisé
ces entretiens avant la mise en place de la stratégie ? Rien n'est moins
sûr.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 150 sur
198
D'ailleurs, il est à noter que la confrontation de la
théorie à la pratique a permis d'apporter de nouveaux
éléments mais n'a pas modifié fondamentalement la
stratégie élaborée en amont.
De la réflexion, une remise en cause mais il est aussi
primordial de développer des capacités d'analyse afin
d'appréhender l'entreprise de manière globale, de comprendre les
contraintes et spécificités liées à son
activité, à son environnement, à ses perspectives de
développement et à ses enjeux. C'est à cette seule
condition qu'il sera possible d'aligner correctement la stratégie achat
et permettre son intervention efficace sur l'ensemble de la chaîne de
valeurs.
A cette vision d'ensemble s'ajoute la nécessité
pour les achats de développer de nouveaux relais de croissance, via une
collaboration avec les autres services stratégiques afin d'être
impliqués au coeur des opérations. Le fonctionnement en mode
projet ainsi qu'il a été abordé dans cette thèse a
permis l'intégration des achats très en amont, dès la
phase de conception de l'offre client, lui permettant d'agir sur l'expression
des besoins des donneurs d'ordre internes. De nouvelles compétences de
communication doivent être développées par les acheteurs
afin de favoriser un rapprochement avec les autres services et pouvoir ainsi
saisir toutes les opportunités de contribution à la croissance de
l'entreprise.
Dans un contexte de raréfaction des ressources tel que
présenté ici, la fonction achat doit envisager de nouveaux modes
de fonctionnement avec ses fournisseurs. Les leviers prix/volume et la mise en
concurrence ne peuvent plus dans ce type de situation être
systématiquement actionnés. Il faut construire les bases de
relations plus équilibrées car le rapport de force en faveur des
acheteurs sur des marchés de plus en plus contraints tend à
s'amenuiser progressivement. Cette modification des tendances doit amener les
acheteurs à reconsidérer certains de leurs fournisseurs comme de
véritables partenaires, une partie essentielle de la valeur
proposée au client final étant généralement
créée chez eux. La mise en place de partenariats avec les
fournisseurs stratégiques constitue une source de création de
valeur. Elle permet en effet de réduire le risque fournisseurs,
d'améliorer la qualité et d'augmenter la création
d'avantages compétitifs divers. En outre, l'optimisation des flux
informationnels et décisionnels ainsi que la fiabilité des
fournisseurs sont autant de vecteurs de réductions de coûts.
Derrière ces nouvelles pratiques basées sur la
collaboration, le partage de valeurs, la mise en place de stratégies
intégrant des éléments de développement durable et
de RSE, un conflit existe entre le long
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 151 sur
198
terme nécessaire à leur mise en oeuvre et la
vision très court-termiste des actionnaires. C'est pour cette raison
qu'il faut réinventer des outils de mesure de la performance achat,
moins simplistes que ceux consistant à mesurer des gains d'une
année sur l'autre, peu représentatifs de la santé
financière d'une entreprise. Une nouvelle vision, de nouvelles pratiques
doivent s'accompagner d'outils de pilotage adaptés prenant en
considération les progrès réalisés plutôt que
la notion de « savings achats », de plus en plus
déconnectée de la réalité.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 152 sur
198
GLOSSAIRE
IDF : Ile-de-France PDJ : petit-déjeuner CA : chiffre
d'affaires
CC : Circuits courts
Nuitée : une unité de mesure utilisée dans
le monde de l'hôtellerie pour comptabiliser le
nombre de chambres consommées par une clientèle
dans un établissement.
Taux de captage : nombre de clients de l'hôtel qui prend
son PDJ à l'hôtel
Taux d'occupation : (dans un hôtel) s'obtient en divisant
le nombre de chambres occupées
par le nombre de chambres disponibles
AMAP : Association pour le Maintien d'une Agriculture
Paysanne
CCI : Chambre de Commerce et d'Industrie
KPI : Key performance Indicators
CERVIA : Centre Régional de Valorisation
et d'Innovation Agricole et Alimentaire
Le Centre Régional de Valorisation et d'Innovation
Agricole et Alimentaire de Paris-Ile-de-France, est
une association loi 1901 créée en 2007. Unique en
France, il regroupe à la fois les missions d'un
Comité de Promotion des produits agricoles et
alimentaires et celles d'un Centre Régional
d'Innovation et de Transfert de Technologies (CRITT).
RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises
CESER : Conseil Economique, Social et Environnemental
Régional
DRIAAF: Direction Régionale et Interdépartementale
de l'Alimentation, l'Agriculture et la
Forêt
GAB IdF: Groupement des Agriculteurs Biologiques
d'Île-de-France
GIE : Groupement d'Intérêt Economique
GMS: Grandes et Moyennes Surfaces
IAA: Industries Agroalimentaires
IAU-IdF : Institut d'Aménagement et d'Urbanisme
d'Ile-de-France
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 153 sur
198
INRA: Institut National de Recherche Agronomique
INSEE: Institut Nationale de la Statistique et des Etudes
Economiques
MAAF: Ministère de l'Agriculture, l'Agroalimentaire et
la Forêt
MIN: Marché d'Intérêt National
PAC : Politique Agricole Commune
SAU : Surface Agricole Utile
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L'hôtellerie francilienne : une offre
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d'Observation du commerce de l'industrie et des services, n°153,
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Les Habitudes, attentes et comportements d'achat des
clientèles hôtelières, Cahier Troisième,
Services hôteliers -- Fidélisation -- Labels & certifications
-- développement durable -- Petits-déjeuners -- Hôtellerie
de demain -- Seniors -- Prix, études marketing &
économiques pour le tourisme et l'hôtellerie - Coach Omnium,
2009
S'affilier à une chaîne
hôtelière mode d'emploi, étude Coach Omnium,
2012
?Presse générale et
spécialisée
En plein essor, le tourisme urbain fait les affaires des
résidences, l'Express, le 25/02/2012
Nouveaux concepts hôteliers : du « boutique
hôtel » à l'hôtel « lifestyle »,
Espace Tourisme et Loisirs, novembre 2009
Que veulent les clients aujourd'hui, que
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5 oct. 2012
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Le petit- déjeuner
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Les filières alimentaires de proximité
en Ile-de-France : potentialités de débouchés
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Rôle des circuits courts de proximité
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La restauration collective comme levier de maintien
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Caractérisation de la demande en produits de
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et d'État) en Île-de-France. Synthèse des débats du
colloque du2 février 2012, DRIAAF 2012.
Le développement des circuits courts et
l'agriculture périurbaine: histoire, évolution en cours et
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vous/apprendre experimenter/questions d actu/circuits courts
?Sites
http://liproco-circuits-courts.com/
Présentation du site : Li-Pro-Co - pour Lien-
PROducteurs - COnsommateurs - est un projet de recherche financé par le
programme PSDR (Le Programme Pour et Sur le développement
Régional). Objet : les circuits courts alimentaires. Objectifs :
identifier les facteurs d'émergence et de pérennité des
initiatives, qui mettent en avant les proximités entre producteurs et
consommateurs pour mieux valoriser les produits alimentaires.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 159 sur
198
http://inra.fr
Institut National de la recherche agronomique
Conférence sur le salon spécialisé de
l'hôtellerie, EquipHôtel en 2010 : « s'approvisionner
efficacement en produits locaux sur Daily Motion, en 2010
»,
http://www.dailymotion.com/video/xfzt8915-11-s-approvisionner-
efficacement webcam#.UWxtNaJlX o
La distribution s'active sur les produits
locaux, Dominique Amirault, LSA, 12 juillet 2012 Quand les
producteurs s'invitent en magasin, Daniel Bicard, LSA, 20
février 2013
Achat
?Ouvrages
Réussir l'analyse des besoins
Paul-Hubert des Mesnards - Eyrolles - 2008
La boîte à outils de l'acheteur,
Stéphane Canonne et Philippe Petit - Dunod - 2010
Marketing Achat, André Marchel, Ellipse,
2007
Management des achats, décisions
stratégiques, structurelles et opérationnelles, Olivier
Bruel,
Economica, 2007
?Articles
Développer des achats plus collaboratifs :
Pourquoi ? Comment ? Hugues Poissonnier Enseignant
chercheur à Grenoble Ecole de Management et Directeur de
la Recherche de l'IRIMA
Négociation : sortir du rapport de forces,
la Lettre des Achats, n°206, juin 2012
Les Achats collaboratifs, Profession Achat,
n°48, décembre 2012
L'évaluation des Achats à 360°,
Profession Achat, n°46, juin 2012
La Pertinence des Indicateurs de Performance
Achat, Profession Achat, n°44, décembre 2011
Développement durable
? Sites
http://www.developpement-durable.gouv.fr/
http://www.novethic.fr
http://www.rsenews.com
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 160 sur
198
http://www.actu-environnement.com
http://www.marriott.com/corporate-social-responsibility/corporate-environmental-responsibility.mi
http://www.accor.com/fr/developpement-durable/le-programme-planet-21.html
http://www.parkinn.fr/about/responsible
ANNEXE 1
RETRANSCRIPTION INTEGRALE DES ENTRETIENS Hôtel des 2
Forts & Résidence Charles Sander 3*
39110 Salins-les-Bains, Jura
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 161 sur
198
Interview réalisé le 27 janvier 2013 avec le
directeur des 2 hôtels depuis 2009 Ces 2 hôtels font partie du
réseau Logis de France, chaîne volontaire.
L'Hôtel des 2 Forts dispose de 23 chambres et
la Résidence Charles Sander de 14. Un restaurant, L'Or Blanc, est
installé dans les locaux de l'Hôtel des 2 Forts. Le chef travaille
en partenariat avec des producteurs locaux.
La Résidence Charles Sander propose 14
chambres dont 2 avec kitchenette ainsi qu'une boutique proposant des produits
régionaux. Des animations telles que des dégustations sont
régulièrement proposées.
Ces établissements sont situés à
2 pas des Anciennes Salines, (classées au Patrimoine de L''Unesco avec
les Salines d'Arc et Senans à 17km), du Casino et du Centre thermal et
de remise en forme.
Le taux d'occupation, si l'on compare à Paris
est relativement faible : 42% contre 71% en région parisienne et 59% en
France en moyenne.
Est-ce que le PDJ est considéré comme
un service stratégique ? Oui.
- outil de fidélisation sur la
clientèle d'affaire et de communication sur la
clientèle de tourisme. Certains VRP font des km supplémentaires
car à prestation égale, ces 2 hôtels se démarquent
en offrant un PDJ buffet, à base de produits régionaux, ce qui
est rare pour des établissements de cette taille.
- Prestation rentable : 35% de coûts
matières, 33% entre coûts de main d'oeuvre et charges fixes, marge
entre 25 et 30 %
Taux de captage
Avant la mise en place du PDJ buffet local,
taux de captage de 25%, beaucoup de remarques négatives
(1 à 2 par semaine). Le PDJ se présentait sous forme de menu avec
pain, 1 viennoiserie, 1 jus de fruits, 1 boisson chaude, beurre et confiture,
le tout pour 6,50€ (coûts matière de l'ordre de 45%)
Produits achetés dans la distribution : Metro, Promocash,
supermarchés
Actuellement, le taux de captage se situe autour de
95%.
Buffet à volonté avec boissons chaudes, jus de
fruits, charcuteries, fromages, yaourts, confitures, miel, oeufs bio, compotes
(supermarché), yaourts (supermarchés), fruits locaux et bio
(biocoop : à 30 km) : recherche de solution amap car ouverture à
proximité.
Clientèle extérieure
Non
Ressentez-vous une concurrence sur ce service
?
Oui, il y a un café à
proximité qui propose une prestation PDJ, une supérette à
proximité également. Comme la Résidence Charles Sander
propose des studios avec kitchenette, si le service n'est pas à la
hauteur, les clients peuvent se fournir ailleurs
Qui choisit les références figurant au
buffet ?
Le directeur ainsi que le cuisinier de l'Hôtel des 2 Forts
pour les 2 établissements
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 162 sur
198
Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères
? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité
prix
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 163 sur
198
En effet, le prix a été revu à la
hausse car il s'agit d'un buffet où les clients peuvent se
servir à volonté, les produits sont de qualité mais il ne
dépasse pas le seuil psychologique des 10 euros. Il fallait que cette
prestation permette de dégager 20 à 30 % de
marge. L'offre buffet constituée de quelques produits
locaux a permis d'augmenter la valeur perçue, condition
essentielle à l'augmentation du tarif. Plus de réclamation client
sur cette prestation, un taux de captage à la hausse, le directeur pense
que sa prestation est dans les prix habituels sinon la clientèle aurait
réagi.
Organisation des Achats
Achats réalisés par le directeur
Panel fournisseurs
Producteurs locaux, supermarchés bio (Biocoop), Metro et
Promocash
Identification et référencement des
fournisseurs :
Bouche à oreille essentiellement
Approvisionnements
Pour la majorité de ses produits frais, les
commandes sont effectuées la veille pour le lendemain
grâce à la proximité.
Le boulanger, le charcutier et le fromager sont situés
entre 2,5 et 5 km de l'hôtel. Aucun frais de livraison
n'est facturé. Un des employés habite à côté
de chez le fromager et apporte les commandes. Le charcutier livre 1 à 2
fois par semaine en format sous vide, prétranché.
Les pains de glace sont apportés par le chef de
cuisine, c'est sur sa route.
Les oeufs fruits et légumes sont achetés chez
Biocoop à une trentaine de km et « livrés »
gratuitement par un employé qui habite non loin : gain
important en coûts de transport car il y a 50 km entre Salins et Lons le
Saulnier (où se trouve Biocoop).
Les confitures d'Ô Jardin Sucré sont
situées plus loin, à Besançon, soit à 50 km et des
frais de livraison sont facturés. Il s'agit d'un produit phare du buffet
car et ses produits ont une excellente réputation et des saveurs
très originales (également fournisseur du Georges V à
Paris). Toutefois les recettes n'utilisent pas forcément que des fruits
locaux. Ces produits n'étant pas trop périssables sont
achetés
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 164 sur
198
lorsque le directeur se rend à sa banque à
Besançon. Il en profite également pour se rendre chez
Metro.
Je mène une réflexion sur les
produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits issus
de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie, fromages,
viennoiseries, oeufs, yaourts
Ma réflexion montre que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits
frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine
des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus
responsable en préservant les emplois à côté de chez
eux.
Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?
Oui, bien sûr.
Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage
concurrentiel ?
Oui, il y a une demande car la clientèle de tourisme
qui vient pour les cures thermales souhaite que l'aspect
bien-être et santé se retrouve également
dans son assiette.
La clientèle hôtelière qui
fréquente habituellement les chaînes est ravie de trouver
autre chose que des produits standardisés au PDJ. Le voyage est
aussi un moment de découverte qui ne se limite pas au
paysage mais intègre également la gastronomie.
D'autre part, dans une région durement
touchée par le chômage, préserver l'emploi local
est une démarche qui fait sens.
Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de
références ou pourcentage
Les thés sont achetés directement chez Damman,
une recherche de solution pour le café sous forme d'une machine est en
cours.
Sont achetés en supermarché type Metro ou
Promocash les jus de fruits, compotes, yaourts, lait, céréales,
beurre.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 165 sur
198
Chez Biocoop : on y achète des oeufs bio (pas
forcément de proximité), des fruits locaux et
bio. Pour les fruits, une recherche de solution en vente directe est
en cours. Une amap devrait bientôt voir le jour mais
rien n'est fait tant qu'on n'a pas connaissance des tarifs.
Aussi, les produits frais, plus susceptibles de
gaspillage et représentant les plus gros budgets
comme le pain, la viennoiserie, le fromage et la charcuterie
sont achetés en direct chez les producteurs, qui se
situent entre 3 et 5 km.
Voyez-vous un intérêt particulier
à travailler avec des fournisseurs locaux sur une plus grande partie de
votre offre ?
Peu de frais de stockage, meilleure
traçabilité des produits,
réduction des coûts grâce aux
circuits-courts, outil de communication efficace,
impact positif sur l'image des hôtels, avantage
concurrentiel permettant d'augmenter le taux de captage mais
aussi d'attirer les clients hésitant entre 2 hôtels,
diminution des déplacements (empreinte carbone
réduite). La proximité permet de travailler sans stock
et de pouvoir adapter ses besoins plus facilement :
cela limite le gaspillage.
Comment pensez-vous qu'il serait possible
d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes
identifiées :
La seule contrainte est l'offre de produits locaux et
sa situation géographique. En effet, aujourd'hui la plupart des
fournisseurs locaux se trouvent dans un rayon de 2 ou 5 km et des solutions
provisoires ont été trouvées pour limiter les coûts
de transport. Si la plupart des fournisseurs se trouvaient dans un rayon de
15-20 km, il faudrait mettre en place une vraie logistique, qui risquerait
d'augmenter les coûts.
Communiquez-vous sur l'offre PDJ ?
Non, pas énormément. Le restaurant L'Or Blanc
de l'Hôtel des 2 Forts communique beaucoup plus sur ses partenariats avec
les producteurs locaux. Il y a une photo sur le site de la Résidence
Charles Sander mais elle n'est pas très représentative.
Développement durable
Cette démarche n'est pas seulement à
visée commerciale, elle s'intègre dans un souhait de consommer et
de faire consommer plus responsable, de soutenir l'emploi local, d'être
en cohérence
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 166 sur
198
avec son environnement. Le directeur des 2 hôtels est
très engagé dans cette démarche qui correspond à
des convictions personnelles.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 167 sur
198
Hôtel Pas de Calais 3*
59, rue des Saints-Pères 75006 Paris, France
Interview réalisée le 13.03.2013 avec la
propriétaire.
Hôtel indépendant, 38 chambres
Dominique Teissèdre n'adhère à aucune
chaîne malgré de nombreuses propositions. Elle tient à
exercer son métier en toute indépendance.
Est-ce que le PDJ est considéré comme
un service stratégique ? Oui :
- produit d'accueil, produit
d'image, produit d'appel, est étroitement
associé à la prestation hébergement
- moment important pour le client et pour
l'hôtel: l'offre doit être constituée de produits de
qualité, le client doit prendre du
plaisir.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 168 sur
198
- rentable : non, aucune marge n'est
réalisée sur le prix du petit-déjeuner. En effet,
les achats représentent peu de volume, une personne en cuisine est
présente si les clients souhaitent des produits à la demande (les
oeufs en général) et la qualité des produits est
un critère non négociable. Taux de captage ?
Très élevé voire 100% avec la
clientèle d'affaire car le petit-déjeuner est inclus dans un
forfait. Entre 70 et 80% pour la clientèle de tourisme
: l'été, les clients préfèrent parfois
aller prendre leur petit-déjeuner plus tard, au cours de leur
excursion.
Clientèle extérieure
Le pourcentage de clientèle extérieure sur cette
prestation n'est pas significatif.
Concurrence
La propriétaire ne se considère pas menacée
par la concurrence de son environnement (cafés, bars brasseries ou
supérettes).
Qui choisit les références figurant au
buffet ?
La propriétaire choisit le nombre de
références figurant dans son offre. Elle a par ailleurs
opté pour un plateau PDJ plutôt qu'un buffet.
N'ayant pas un nombre de chambres suffisant pour faire du
volume, elle pense que cela évite le gaspillage et
limite les coûts. Boissons chaudes, jus de fruits frais, salades
de fruits frais, yaourt, fromage, viennoiserie, pain, beurre, confiture,
céréales, oeufs cuisinés à la demande.
Service en chambre ou dans le patio.
Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères
? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité prix
La directrice de l'hôtel l'a fixé de manière
à parvenir à un équilibre, sans réaliser de marge
sur ce service. Il représente entre 4 et 7% du prix d'une chambre. Le
prix couvre les coûts matières, de main d'oeuvre et coûts
fixes.
Qui sont les fournisseurs du PDJ
Pour le pain et la viennoiserie, l'hôtel achète
ses produits dans une boulangerie voisine, choisie dans un souci de
qualité, de fraîcheur et de proximité. Le reste est
réparti entre plusieurs grossistes :
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 169 sur
198
Lavazza (pour le thé, café et cacao), Bharlev
(jus de fruits frais et fruits frais haut de gamme) et Marly distribution pour
toutes les autres références : produits laitiers,
céréales, confitures...
Organisation des Achats
La directrice de l'hôtel gère elle-même ses
achats.
Sourcing et identification des fournisseurs :
Le sourcing se fait par le bouche à oreille dans la
profession, grâce à internet, par le biais de catalogues, sur les
salons.
Référencement des fournisseurs
:
Se fait en fonction des produits et des prix, de la
qualité du service. En cas de changement de fournisseur sur des produits
particuliers ou pour choisir une nouvelle référence, les clients
sont impliqués et les produits surtout testés par eux puisqu'ils
sont achetés à leur attention.
Dans l'ensemble, le portefeuille fournisseurs est relativement
stable.
Je mène une réflexion sur les
produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits
issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie,
fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts
Ma réflexion montre que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits
frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine
des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus
responsable en préservant les emplois à côté de chez
eux.
Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?
Pas spécialement mais ses clients apprécient de
savoir que le pain et les viennoiseries viennent du boulanger d'à
côté. Cela donne un côté frais, non industriel,
qualitatif.
Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage
concurrentiel ?
Pourquoi pas à condition de pouvoir maintenir un bon
rapport qualité/prix tout en maintenant les coûts car ne souhaite
pas augmenter le prix de sa prestation.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 170 sur
198
Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de
références ou pourcentage Uniquement pain et
viennoiseries mais il s'agit des produits de base de son offre.
Aimeriez-vous travailler avec des fournisseurs locaux
sur une plus grande partie de votre offre ? Pourquoi pas car
intéressée par les produits de qualité, les clients
aimeraient bien savoir que les produits ont été
récoltés juste à côté mais manque de temps,
n'a pas de personnel dédié aux achats. La gestion des achats et
approvisionnements au quotidien doit rester simple.
Comment pensez-vous qu'il serait possible
d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes
identifiées :
Gros travail supplémentaire que la structure
de l'hôtel ne pourrait pas se permettre. Il faudrait
rechercher l'information, identifier les fournisseurs
potentiels. Cela lui plairait d'aller sur le terrain tester
des produits ou discuter avec des producteurs. Au niveau
administratif, il faudrait mettre en place une organisation avec plus
de fournisseurs : ainsi la masse de travail serait multipliée
par le nombre de fournisseurs supplémentaires.
Un distributeur spécialisé ayant une
couverture nationale est rassurant car il a l'habitude d'organiser la
logistique, il y a moins de risques de rupture, l'offre est visible grâce
au catalogue et au site.
La directrice de l'hôtel pense que cela mènerait
à une forte hausse de ses coûts car achetant
déjà à quelques distributeurs de petits volumes, elle
n'est pas en situation de négocier. Répartir encore le
volume entre de petits producteurs risque de faire augmenter le prix d'achat de
son PDJ.
Pour elle, le prix de son PDJ est assez
élevé, elle ne pourrait pas répercuter une hausse
de ses coûts dans son prix de vente, elle ne souhaite vraiment pas le
faire.
Communiquez-vous sur l'offre PDJ ?
Oui, sur le site. En fait, la communication autour du PDJ est
faite par les commentaires, positifs des clients ayant témoigné
sur Trip Advisor.
Développement durable Comment
l'abordez-vous ?
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 171 sur
198
Obligation de respecter certaines normes afin d'obtenir la
nouvelle classification. Les étiquettes de prévention contre le
gaspillage de l'eau par exemples sont devenues obligatoires pour être
classé 3 étoiles.
La clientèle n'est pas encore très
réceptive, on est encore beaucoup dans la consommation. La
clientèle brésilienne y est très peu sensible par
exemple.
Justement, mon offre concernant les produits locaux
vous permettrait d'agir dans le cadre du développement durable en
achetant de manière plus responsable. Cela permettrait également
à vos clients de participer en se faisant plaisir avec des produits
frais, sains et de qualité
Réponse : si vous êtes capable de me proposer une
solution en respectant mes contraintes et en augmentant la qualité de
mon offre sans en augmenter les coûts, rappelez-moi.
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198
Intercontinental Paris le Grand 4*
2 rue Scribe,
75002 Paris, France
Interview réalisée le 13.03.2013 avec la
Responsable des Achats
Rapide présentation du groupe en quelques
chiffres clefs :
L'Intercontinental Paris L Grand appartient au Groupe IHG,
Intercontinental Hotels Group : avec 4600 hôtels répartis dans
plus de 100 pays soit l'équivalent de 676 000 chambres, ce groupe
britannique est le leader mondial de l'hôtellerie. Parmi ses 9 enseignes,
les plus connues sont : Intercontinental, Crowne Plaza, Holiday Inn.
L'Intercontinental Hôtel Grand Paris fait parti des 10
hôtels détenus à 100% par le groupe,
considéré comme une vitrine de la marque.
En France la présence d'IHG est faible : 3 Inter
continental, 4 Crowne Plaza, 33 Holiday Inn, 12 Holiday Inn Express et aucun
Indigo soit 52 hôtel contre plus de 1500 pour Accor par exemple.
Est-ce que le PDJ est considéré comme
un service stratégique ?
- C'est la première prestation de la journée
pour le client. Si le PDJ se passe mal, sa journée commence mal
- important pour l'image de l'hôtel : le PDJ doit
s'inscrire dans la continuité des autres prestations
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 173 sur
198
- rentable : les coûts matière
représentent 1/4 du prix de vente, il s'agit d'une prestation dont la
rentabilité varie également en fonction des taxes. Si le PDJ est
inclus dans un forfait chambre + PDJ, les taxes appliquées ne sont pas
les mêmes.
Taux de captage ?
70% environ
Clientèle extérieure
?
Elle existe mais elle n'est pas réellement
significative. Pour faire des prévisions la veille pour le lendemain, on
prend en compte la clientèle de l'hôtel comme base, les
écarts dû à la présence de clients venant de
l'extérieur n'est pas très important.
Ressentez-vous une concurrence sur ce service ?
Les clients se plaignent souvent du prix du PDJ,
d'autant que certains (les personnes originaires des pays latins notamment) ne
mangent pas beaucoup lors de ce premier repas.
Il y a de nombreuses brasseries et café autour
de votre établissement.
Non, la concurrence ne nous inquiète pas. Un petit
déjeuner plus léger a été mis en place pour cette
clientèle qui préfère un PDJ plus léger autour d'un
café et d'un croissant.
Qui choisit les références figurant
au buffet ?
Ce qui doit être cuisiné est choisi par le chef,
puis interviennent également les responsables de l'hôtel et enfin
le service achat.
Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels
critères ? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité
prix N'a pas de retour les remarques client à ce sujet. Pas
de réponse sur cette question.
Il représente 5 à 11% du prix d'une chambre.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 174 sur
198
Organisation des Achats
Organisation décentralisée, le service Achat se
compose de 2 personnes et un stagiaire pour couvrir toutes les familles d'achat
du seul Hôtel Intercontinental Paris le Grand soit un budget achat de 27
millions d'euros dont 1/4 est consacré à la restauration. Le
service achat est directement rattaché à la direction
financière.
Sur ces 27 millions, 1 million bénéficie d'accords
groupe.
Approvisionnements
Les livraisons interviennent tous les 2 jours, les
capacités de stockage sont très limitées.
Panel fournisseurs :
Le portefeuille fournisseurs se compose de grossistes
spécialisés par type de produits achetés : un fournisseur
crèmerie, un fournisseur fruits et légumes, un fournisseur pour
le pain et les viennoiseries. Au vue des quantités, on s'approvisionne
auprès de fournisseurs ayant les capacités correspondant aux
volumes importants que nous demandons. Au vue des quantités de pain
(commandé pour tous les repas servis à l'hôtel) et de
viennoiseries nécessaires à l'élaboration du buffet PDJ au
quotidien (1/2 millions d'euros par an) Bridor (1) est le principal
fournisseur.
(1) Bridor est spécialisée dans la fabrication
de pains artisanaux et de viennoiseries « haut de gamme ». Les
produits Bridor sont distribués dans plus de soixante pays, 1 milliard
de viennoiseries sont fabriquées dans son unité de production
située à Renne. Malgré des techniques dîtes
traditionnelles, Bridor ne peut pas s'appeler boulangerie. De nombreuses
machines remplacent les gestes de professionnels et à la fin de la
production, les produits sont surgelés. Il s'agit donc bien de produits
industriels.
Identification et référencement des
fournisseurs :
Sourcing : presse professionnelle, appels d'offre, salons
Le panel fournisseur est en constante évolution, de
nouveaux fournisseurs entrent tandis que d'autres sont
déférencés. L'exigence qualitative et de service est
très élevée.
Maîtrise des prix des matières
:
Le prix de ses fruits, des légumes et autres produits
comme la viande ne peuvent pas se négocier à l'année mais
selon les cours, au mois ou au trimestre. Les contrats d'approvisionnement
comportent donc des clauses avec des révisions de prix en fonction
d'indice liés au cours des prix du marché.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 175 sur
198
Je mène une réflexion sur les
produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits
issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie,
fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts
Ma réflexion montre que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits
frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine
des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus
responsable en préservant les emplois à côté de chez
eux.
Le ressentez-vous dans l'hôtellerie ?
Pas de demande en produits locaux donc pas de recherche de ce
côté-là. Les attentes se situent plutôt sur le bio et
encore, c'est léger. Pour la clientèle étrangère
qui constitue 70% de la clientèle de l'Intercontinental, le fait de
manger du pain et des viennoiseries, c'est français et pour eux,
déjà local.
Pensez-vous que cela pourrait constituer un
avantage concurrentiel ?
Non. Les efforts pour répondre à la demande
client ont plutôt porté sur l'élaboration d'un coin chinois
et d'un coin japonais. Pour la clientèle consommant du fromage ou de la
charcuterie le matin comme certains européens ou américains, ils
ont plutôt tendance à consommer des fromages au goût neutre
comme le cheddar par exemple.
En parlant de tendance, je peux vous donner un exemple
d'initiative qui avait été lancée il y a quelques
années afin de répondre à une demande émergente :
les produits bio. L'intégration de ces produits s'est
révélée couteuse et n'a pas remporté le
succès escompté.
Avez-vous pu identifier les raisons de cet
échec ?
Oui, problème de communication dû à
l'absence de l'adhésion de l'équipe commerciale. L'offre
n'était pas très visible sur la carte et le service commercial,
déjà débordé, n'a pas pu contribuer à son
développement.
Votre PDJ contient-il des produits locaux : nombre de
références ou pourcentage
Au niveau de la restauration, Intercontinental travaille
beaucoup avec des produits de saison. Un menu du marché dont la carte
change tous les 3 mois est proposé pour le déjeuner et le
dîner. En revanche, nous n'avons pas de référence que nous
pourrions identifier comme locale. Peut-être nos fournisseurs
travaillent-ils avec des producteurs locaux mais nous ne le savons pas
forcément.
Voyez-vous un intérêt particulier
à travailler avec des fournisseurs locaux sur une plus grande partie de
votre offre ?
Non, sans demande en ce sens, il n'y a pas de raison de
changer l'existant. De plus, l'expérience du bio ne nous incite pas
à renouveler ce genre d'expérience.
Comment pensez-vous qu'il serait possible
d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes
identifiées :
Il n'y a pas de demande suffisamment significative pour nous
engager dans une telle démarche.
Il n'y a pas grand-chose en termes d'offre à 150 km de
Paris. Ne voit absolument pas quels produits pourraient être
intégrés dans l'offre PDJ.
Travailler avec des fournisseurs locaux pose en tout premier
lieu le problème des quantités : comment assurer la
pérennité des approvisionnements, comment gérer le risque
de rupture ? Comment assurer une qualité suivie s'il faut s'adresser
à plusieurs petits fournisseurs. Sont-ils suffisamment structurés
pour répondre à des appels d'offre ? Comment gérer les
problèmes liés aux conditions climatiques qui peuvent largement
influer sur les quantités produites ? Peuvent-ils assurer
eux-mêmes leur logistique ?
Communiquez-vous sur l'offre PDJ ? Non,
pas vraiment.
Développement durable
Des actions sont engagées afin de réduire les
consommations d'eau et d'énergie, de limiter le gaspillage et de trier
les déchets.
Justement, mon offre concernant les produits
locaux vous permettrait d'agir dans le cadre du développement durable
en achetant de manière plus responsable. Cela permettrait
également à vos clients de participer en se faisant plaisir avec
des produits frais, sains et de qualité
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 176 sur
198
Pas de réponse à ce sujet.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 177 sur
198
Groupe Accor
2 avenue du Lac - Immeuble Atlantis Accueil 42 91080
Courcouronnes - Evry
Entretien le 15 mars 2013 avec le Responsable
Délégués Achats et Service Clients, Direction des
Achats France
Rapide présentation du groupe en quelques chiffres
clefs :
Accor, premier opérateur hôtelier en Europe
et 5ème au niveau mondial est présent dans
92 pays avec près de 3500 hôtels
et une capacité de 450 487 chambres. En France, Accor
détient 31% du parc hôtelier français (en nombre de
chambre) avec ses 1 515 hôtels.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 178 sur
198
Est-ce que le PDJ est considéré comme un
service stratégique ?
C'est le basique aujourd'hui dans l'hôtellerie, le service
que tout le monde donne. Il représente 1/3 du CA de la restauration.
C'est un produit rentable, au service de l'image
Taux de captage
L'objectif est dans un premier temps de le maintenir. On est
conscient de la baisse depuis plusieurs années sur ce service ainsi que
sur la restauration d'hôtellerie en général. Ensuite, il
faudra le faire évoluer
Comment pensez-vous y parvenir ?
L'équipe marketing travaille en permanence sur l'offre
PDJ , ce que veulent les clients, les goûts, les couleurs, etc...
Chaque année, une nouvelle offre est
élaborée : en général, il n'y a pas de changements
significatif sur les basiques mais 20% des produits sont renouvelés et
un nouveau cahier de référencement est édité.
Qui choisit les références figurant au
buffet ?
C'est le marketing mais d'autres acteurs, notamment les
responsables de marques (un responsable de marque par enseigne) peuvent donner
l'impulsion.
En fonction de la gamme d'hôtel, on trouve entre 20 et
70 références environ au PDJ. Chez certaines enseignes, comme
Ibis par exemple, 100% des références sont obligatoires.
Pouvez-vous me décrire le process de
référencement d'un nouveau produit PDJ ?
Le responsable marque ou le service marketing rédige
un cahier des charges. Notre rôle est de trouver des solutions. Les
acheteurs vont sourcer : à ce moment là, ils vont être
force de proposition. D'un autre côté, ils argumentent
également de manière économique. La fiche technique
produit sera accompagnée d'un raisonnement économique : avantages
et inconvénient d'une proposition, possibilité de négocier
ou de mutualiser le produit, de le massifier, de le distribuer à
plusieurs enseignes. Ensuite, on réunit tout le monde autour de la table
et on organise un panel dégustation. Y participent les gens du marketing
mais aussi et surtout les opérationnels : chefs de cuisine, responsable
restauration, directeurs. On leur diffuse aussi des informations. Il y a la
partie gustative mais en conclusion, il y aura la partie chiffrée. La
décision revient alors au responsable de marque lorsqu'il est à
l'origine de la demande ou au marketing.
Ex : le responsable marque Novotel trouvait que le jus
d'orange n'était pas assez haut de gamme. Le marketing, après
avoir rédigé le cahier des charges a obtenu de la part du service
achat plusieurs propositions. Le choix s'est porté sur une marque connue
en brique de 2L. Pour la marque Novotel, ce sont 2 millions d'euros
supplémentaires, qu'elle décide de prendre en charge pour des
raisons d'image et de satisfaction client.
Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères
? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité
prix
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 179 sur
198
C'est le marketing, c'est en fonction des différentes
gammes d'hôtels.
Organisation des Achats
La structure monde se compose de 180 personnes, dans tous les
pays où Accor est implanté. Les acheteurs hors France s'occupent
essentiellement de déployer des contrats internationaux pour des
produits qui vont être distribués dans le monde entier
En France, les achats sont centralisés et
représentent 45 personnes. Historiquement le service achat France est
à la base de la stratégie achats du Groupe Accor.
Il y a 3 équipes : une division alimentaire, 1 division
FFNI (tout ce qui est bureautique, informatique, copieur, achats de PC) et une
division services (sous-traitance, intérim, sécurité,
etc...). Chaque équipe est composée de 8 acheteurs + 1 chef de
groupe.
ex : les TV ont été achetés
auprès d'un fournisseur unique, capable d'équiper tous les
hôtels Accor à travers le monde
Budget Achat : 4 milliards d'euros par an pour le groupe dont
1,2 milliards pour la France
Sur ce budget, les référencements
représentent 780 millions d'euros, soit 800 fournisseurs
référencés toutes familles de produits confondues. La part
de l'alimentaire est de 280 millions. 90%-95% des achats alimentaires sont
référencés. Aujourd'hui du Formule 1 au Sofitel, on
satisfait les besoins en produits référencés à
90-95%.
La Direction Achats est rattachée à la Direction
Hôtellerie France, à l'opérationnel.
Panel fournisseurs
Accor travaille avec les industriels et négocie en
direct avec Danone, Nestlé, etc. Ensuite, il s'adresse aux
distributeurs. Transgourmet est le principal distributeur d'Accor sur toute la
partie crémerie et épicerie. Il détient 13 entrepôts
en France et couvre le territoire national. Il distribue les produits
négociés par Accor auprès des industriels (ce qu'on
appelle des produits prestés) soit 650 références.
Transgourmet va également compléter la gamme de produits
négociée auprès des industriels à hauteur de 2000
à 2500 autres produits de leur catalogue général. On
arrive à construire une offre qui fait plusieurs milliers de produits
mais avec un coeur de cible représentant 600 à 650 produits qu'on
va mutualiser sur plusieurs enseignes.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 180 sur
198
Sur les produits surgelés, il y a 2 fournisseurs pour
couvrir tout le territoire national.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 181 sur
198
En ce qui concerne les produits frais, là encore, un
effort est fait pour en réduire le nombre et pour trouver des
interlocuteurs capables de livrer tous les sites Accor sans risque de rupture
d'approvisionnement.
Approvisionnements
Il y a environ 2000 sites à livrer. L'objectif est
satisfaire des hôtels de 17 à 1000 chambres à
échelle nationale avec une gamme de produits définie par les
marques et être capable de les distribuer partout en 48/ 72 heures.
Des règles en fonction des marques ont
été mise en place : F1 et Etap Hôtel sont livrés
pour certains types de produits par Transgourmet avec des délais qui se
situent entre 7 et 15 jours, les hôtel Ibis 1 fois par semaine. Ensuite,
il s'agit d'hôtels ayant de plus gros volumes (Pullman par exemple) sur
lesquels on livre par palette plusieurs fois par semaine.
Evaluation des fournisseurs
Principal critère : taux de service. On incite les
établissements à utiliser une fiche litige qui est
remontée, comptabilisée, et vient en complément des
dossiers des acheteurs. Pour certains fournisseurs, ce taux de service est
suivi à la semaine. Un point hebdomadaire est fait entre le responsable
qualité Transgourmet et le responsable logistique Accor car sur 260
millions achats, ils représentent 1/3 du budget.
Maîtrise des prix des matières
Des contrats sont conclus parfois sur plusieurs années
afin de mieux en maîtriser les coûts. Pour le jus d'orange par
exemple, on a pu obtenir il y a quelques années des prix bloqués
pendant 4 ans, ce qui nous a permis de passer à côté de la
flambée des prix. En échange, le fournisseur a obtenu une
exclusivité sur l'ensemble des hôtels Accor.
Je mène une réflexion sur les
produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits
issus de producteurs locaux, en circuits courts
d'approvisionnement : confitures, miel, charcuterie, fromages,
viennoiseries, oeufs, yaourts
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 182 sur
198
Ma réflexion montre que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits
frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine
des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus
responsable en préservant les emplois à côté de chez
eux.
Le ressentez-vous dans l'hôtellerie
Le local effectivement revient sur le devant de la scène.
En fonction de l'actualité, il y a toujours une augmentation de la
demande sur certains produits.
Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage
concurrentiel ?
Ce n'est pas à moi de donner mon avis sur ce sujet
mais au marketing. Nous sommes au service de l'opérationnel.
Si on nous demande de faire étude à ce sujet,
on va faire une photographie de l'existant, prendre contact
avec nos fournisseurs avec le cahier des charges qui nous a été
confié. Un bilan des réponses sera fait, que nous allons livrer
au marketing. Nos conclusions vont permettre de dire si ce projet est
réalisable ou s'il faut encore attendre, dans 2 ans ou dans 5 ans et
surtout, savoir quel en sera le coût.
Accor fait figure de précurseur en
matière de développement durable et de RSE, le local, c'est aussi
la préservation de l'emploi, le développement économique
local
Oui, mais tout cela, c'est de la communication, c'est
du marketing. On dit aux gens d'acheter bio, de manger bio, de faire
du local. Le problème est qu'il n'y pas d'offre existante en
quantité suffisante. Alors faire venir des asperges du Brésil,
même bio, c'est pas très développement durable. Il y a ce
qu'on fait passer au grand public et il y a la réalité.
Aujourd'hui, dans l'offre actuelle, le bio et le local, c'est
du saupoudrage. En revanche tous nos fournisseurs répondent à un
cahier des charges développement durable dans le contrat cadre, à
la législation, aux normes européennes et françaises.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 183 sur
198
Comment pensez-vous qu'il serait possible
d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes
identifiées :
Avant même le problème d'approvisionnement, se
pose le problème de coût. Jamais, même en
local, le boulanger du coin ne pourra s'aligner au niveau des coûts par
exemple.
Ensuite les volumes. Accor, ça représente 140
000 chambres en France, ce qui implique 110 000 PDJ par 365
jours, ça donne une idée des volumes.
Pour nous, ce qui est important c'est de tenir la
promesse en terme de produits, c'est le basique pour l'ensemble des
marques.
Chez Mercure, par exemple, une offre bio a été
déployée il y a 2 ans. Pour mettre au menu un litre de lait bio
ou du jus de pomme bio ou des oeufs élevés en plain air, il faut
trouver le fournisseur qui va pouvoir livrer l'ensemble des sites.
Pourtant, vous l'avez fait. Si je vous dis faire du
local sur l'Ile de France ?
C'est très compliqué.
Un groupe de notre taille ne s'adressera jamais en direct à des
petits producteurs. Nous passerons forcément par un
distributeur. Travailler avec des producteurs locaux s'ils ne sont pas
de taille assez importante multiplie le nombre d'interlocuteurs. Rien
qu'au niveau de la gestion administrative, cela alourdit le travail et
entraîne des coûts supplémentaires.
Ensuite il faut définir si on remplace des
produits déjà existants par des produits locaux, ce qui peut se
révéler problématique contractuellement, avec les
fournisseurs référencés.
Même si un produit est beau, bon et qu'il satisfait la
demande de la clientèle, il faut pouvoir assurer des volumes
relativement importants.
Si nous déployons du local sur une seule
région, nous ne pouvons pas massifier et mutualiser, cela aura des
conséquences assez lourdes au niveau des coûts.
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 184 sur
198
35 boulevard des Capucines
75002 PARIS
Entretien le 26 mars 2013 avec le Directeur des Achats
et de la Logistique. Rapide présentation du groupe en
quelques chiffres clefs :
33 casinos en France, 3 en Suisse, 1 en Egypte
14** hôtels de luxe en France et 1 au Maroc
Près de 130 restaurants et bars (dont le
célèbre Fouquet's)
6777 machines à sous
414 tables de jeux
Plus de 2 900 animations et spectacles
3 Golfs (74 trous)
Lucien Barrière communique énormément sur
sa démarche RSE, c'est d'ailleurs le premier groupe hôtelier
à avoir décroché la certification ISO 14001.
Une démarche d'approvisionnement local
alimentaire semble être engagée comme en témoigne
cet extrait du site Lucien Barrière, Planète Barrière
http://www.lucienbarriere.com/localized/fr/groupes/groupelucienbarriere/planete-barriere.htm
L'engagement dans le développement durable de
Lucien Barrière Hôtels et Casinos en chiffres
· 60 établissements Barrière normés
ISO 14001 (casinos, hôtels, golfs, tennis, laboratoire culinaire,
siège social).
· 18 285 670 kWh / an économisés =
l'équivalent de la consommation d'une ville de 20 000 habitants par
an.
· 32 tonnes de papier économisées soit
environ 400 arbres épargnés grâce à nos
réductions de papier par an.
· 100% des établissements trient leurs
déchets dangereux.
· 100% des établissements trient au moins 3
déchets.
· 100% des établissements ont participé
à l'opération Bouchons d'amour, et récolté 210
tonnes de bouchons, soit 42 000 euros pour cette association.
· 79% des cartes de nos restaurants prônent
le locavore, avec des produits
locaux et régionaux.
· 67% proposent des produits issus de l'agriculture
Biologique.
Information obtenue au cours de
l'interview : 80% du chiffre d'affaire du groupe est
généré par les casinos, l'activité
hôtelière constitue surtout un atout en termes d'image.
Est-ce que le PDJ est considéré comme
un service stratégique ?
Oui, c'est une expérience qui se doit d'être
extraordinaire pour attirer les clients de l'hôtel vers le
déjeuner ou le dîner.
Rentable : coûts matière autour de 25%
Taux de captage
Ne sait pas. Pense que c'est 100%. Certains hôtels sont
relativement isolés, aller prendre son PDJ ailleurs n'est pas
forcément possible.
Qui choisit les références figurant au
buffet ?
La direction de la restauration (une personne issue de
l'école hôtelière) et le service achats, sur les
fondamentaux. Après, chaque hôtel peut ajouter des produits mais
cette prestations est relativement normée.
Prix du PDJ, qui le fixe, selon quels critères
? Les clients se plaignent souvent du rapport qualité
prix
Chaque directeur le fixe en cohérence avec la direction
de la restauration et en fonction du prix de la chambre : des tarifs
particuliers son appliqués dans les hôtels un peu hors normes
comme le Fouquet's à Paris ou le Majestic à Cannes.
Organisation des Achats
5 personnes, chargées des achats pour les hôtels,
les casinos.
Budget total achat : entre 250 et 300 millions dont
l'alimentaire représente 45 millions
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 185 sur
198
Panel fournisseurs
Produits d'épicerie : gros distributeurs
(Transgourmet). Il y a plusieurs gammes de produits chez Transgourmet dans
lesquelles les chefs peuvent se servir au choix. En revanche, ils n'ont pas le
choix du fournisseur. C'est le service Achat qui est décisionnaire
à ce niveau.
Pains viennoiseries : impossible, comment faire le jour de
fermeture du boulanger ? Comment faisait-on avant ? Il y a avait un chef
pâtissier dans les hôtels.
Taux de couverture sur le PDJ : 90%
Approvisionnements
Le problème de l'hôtellerie, c'est que nous
avons une multitude de produits en petites quantités à livrer
à de multiples endroits. C'est la raison pour laquelle on s'adresse
à des distributeurs dont le métier est justement de d'optimiser
les flux.
Part des coûts de transport dans vos achats :
très difficile à évaluer. C'est en fonction du volume, de
la nature du produit. Il faut compter environ 15%. Mais c'est très
approximatif.
Travailler avec un distributeur comme Transgourmet permet de
réduire le risque de rupture d'approvisionnement à 0. En effet,
les distributeurs ont développé des offres MDD. Donc, si une
référence venait à manquer, notre distributeur trouverait
immédiatement un produit de substitution.
Les directeurs d'hôtels sont challengés par rapport
au niveau du nombre de livraisons et des stocks.
Je mène une réflexion sur les
produits locaux, sur une offre PDJ dans laquelle il y aurait des produits
issus de producteurs locaux : confitures, miel, charcuterie,
fromages, viennoiseries, oeufs, yaourts
Ma réflexion montre que la demande de produits
alimentaires locaux (producteurs de proximité, circuits-courts) est
à la hausse. Pour les consommateurs, une envie de consommer des produits
frais, de saison, sains, d'être rassurés quant à l'origine
des produits, leur traçabilité. Envie de consommer plus
responsable en préservant les emplois à côté de chez
eux.
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198
Le ressentez-vous dans l'hôtellerie
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 187 sur
198
C'est une grande question mais avant tout, il faut
définir le local. N'imagine pas remplacer Transgourmet par un
épicier local. Au niveau des fruits et légumes, en revanche, on
commence à trouver des fournisseurs capables de garantir un
approvisionnement en produits situés à 10, 20, 30, 50 km.
Finalement, c'est quoi le local ? Vous pensez que les produits
fabriqués en Ile de France le sont avec des produits issus d'Ile de
France ?
Pensez-vous que cela pourrait constituer un avantage
concurrentiel ?
Franchement, le local n'est pas une préoccupation
aujourd'hui.
Vous disposez d'une offre en produits bios, quelles ont
été les difficultés ou les contraintes rencontrées
lors de sa mise en place ?
Disponibilité de l'offre ?
Il y a quelques années, oui. Maintenant, ce n'est plus
le cas. Enfin, bon, le bio, c'est pas forcément qualitatif, pas
forcément local et surtout pas développement durable si on se
penche sur l'empreinte carbone. Il y a vraiment une grande confusion
actuellement entre le bio, l'équitable, le local.
C'est pour cela qu'il faut faire très attention à
sa communication et dans l'éducation des clients.
Comment pensez-vous qu'il serait possible
d'intégrer des produits locaux, quels sont les freins / contraintes
identifiées :
Le premier problème identifié concerne la
logistique. Je dois être capable de livrer le même type de produit
à Dinard, à Cannes et à Paris. Je dois proposer des
solutions pérennes. En revanche, sur certains produits, les hôtels
ont des marges de manoeuvre. Ex : les huîtres de cancale. C'est sur que
notre hôtel situé en Alsace, il y a certainement du kugelhof sur
le buffet du petit-déjeuner.
Et en termes de coûts ? Quand vous avez mis
en place les produits bio, cela a-t-il entrainé une augmentation de vos
coûts d'achats ?
Bien sûr. Mais tout dépend comment vous
le vendez au client. Il faut revenir au client. Si on est
capable de le vendre, on peut l'acheter plus cher. Si on n'est pas
capable de le vendre plus cher, que
Thèse professionnelle Sophie Widera 2013 Page 188 sur
198
cela nous amène à réduire nos marges, ce
n'est justement pas du développement durable. Si on veut conserver nos
marges, si on veut continuer à vivre, on est bien obligés
d'augmenter le prix de vente.
Donc vous justifiez une augmentation du prix du PDJ
car vous y avez introduit quelques produits bio ?
Non, parce qu'on a retravaillé l'offre PDJ.
Justement, comment avez-vous communiqué ?
Pas forcément besoin de communiquer. Vous ne venez pas
à l'hôtel pour le PDJ. C'est en quelque sorte une vente
forcée.
Alors justement, que pensez-vous de la valeur
ajoutée d'une offre locale au niveau du PDJ ?
Pourquoi, vous mangez quoi au PDJ, vous ? Le café, c'est
local ? Le thé, c'est local ? Le jus d'oranges ?
Le lait ?
On a du lait bio pour le PDJ. Vous avez déjà
regardé une bouteille de lait vendue dans le commerce ? Regardez bien,
vous verrez qu'il y a beaucoup d'informations sauf celle de l'origine.
Le fromage ? Je sais pas.
Donc, pour vous, cette offre ne présente pas
de valeur ajoutée ?
Ce n'est pas le problème. C'est possible mais il faut
la vendre, il faut l'expliquer.
Par exemple, pendant des années, on a fait figurer au PDJ
du café commerce équitable. On n'a jamais communiqué
à ce sujet. C'est peut-être dommage. Maintenant le café
commerce équitable coûte X plus cher. Dans ce cas, on se dit que
c'est un engagement de la société dans de produits
éthiques. Tout le monde peut avoir de bonnes
idées. Par exemple, si vous voulez présenter un plateau
de fromages, le restauration va dire : il faut une pâte molle, une
pâte dure, un chèvre, etc...
Au niveau de la clientèle, sur certain hôtels,
nous avons une clientèle très internationale. Le client
brésilien, le local, c'est de la Suède au Portugal. Ce n'est pas
très simple.
En revanche, sur les appellations et dans les hôtels en
région, cela a un intérêt. Sur les huîtres de Dinard,
par exemple, on a tout intérêt à faire du local. Pour les
vins, c'est pareil, on a des habitudes régionales. Toutes la Côte
d'Azur, c'est 70% de Côte de Provence.
Ce n'est pas simple.
Les viennoiseries, ce n'est pas local. Bridor, ce n'est pas
local.
Le lait : ça peut être local mais c'est secondaire
dans le PDJ, réservé aux personnes qui prennent des
céréales. Le beurre d'Isigny, ce n'est pas local.
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Ce n'est pas simple votre question.
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ANNEXE 2
Initiatives circuits courts dans le monde
Source : Rapport du groupe de travail « circuits
courts de commercialisation », 2009
ETATS-UNIS :
Aux États-Unis, le nombre de marchés de
producteurs y est passé de 1785 en 1994 à 4500 en 2007 et les
ventes rapportent 1 milliard de dollars par an. En 2007, selon Alliance PEC, un
des réseaux coordinateurs français, près de 1700
exploitations et 500 000 consommateurs étaient concernées par ces
formes de commercialisation aux États-Unis.
JAPON :
Au Japon, du fait de la diversification de la demande des
consommateurs, des circuits alternatifs de commercialisation des produits
alimentaires se sont développés de manière importante
depuis quelques décennies. Les grossistes, qui distribuaient 82% des
fruits et légumes frais en 1990, n'en distribuaient ainsi plus que 65%
en 2005.
Les marchés de producteurs agricoles (points de vente
directe) sont devenus un circuit de distribution alimentaire important.
D'après le recensement agricole effectué par les pouvoirs publics
en 2005, il en existe 13 538 dans tout le Japon.
ESPAGNE :
Différentes initiatives « circuits courts » se
sont déjà concrétisées en Andalousie comme
l'ouverture de supermarchés de proximité gérés
directement par des producteurs, l'implantation de marchés ou petites
boutiques, ou encore l'approvisionnement du service de restauration d'un
hôpital à Grenade.
ALLEMAGNE :
Selon le Ministère fédéral de
l'agriculture, 30 000 à 40 000 agriculteurs vendent directement leurs
produits à la ferme, soit 6 à 8 % des exploitations.
PAYS BAS :
Il existe un site internet « Les Amis de la Campagne
», initiative soutenue par les organisations agricoles, sur lequel le
« plattelandsgids » (guide de la campagne) recense 1468 exploitations
agricoles actives dans les circuits courts, souvent en combinaison avec
d'autres activités. Les « Landwinkel » (magasins ruraux)
regroupent environ 70 exploitations équipées d'un magasin
à cette enseigne, et dispose d'un site internet
www.landwinkel.nl pour la
promotion des produits et pour que les consommateurs trouvent facilement les
magasins existant dans leur province.
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L'association « Van Eigen Erf » (« depuis la
cour de ferme ») a été créée en 2003 pour
promouvoir la vente directe à la ferme de produits biologiques aux
consommateurs locaux. Le site internet
www.vaneigenerf.nl permet de
repérer sur une carte de la région les exploitations biologiques
affiliées proposant des produits en direct, et les points de retrait de
produits biologiques commandés auprès de magasins en ligne. Un
lien permet d'accéder à une page d'information et au site
internet de chacune de ces exploitations, au total 50 aux Pays-Bas et 2 en
Belgique.
AUTRICHE :
Un cahier des charges a été élaboré
conjointement avec les associations de consommateurs et le Ministère de
l'agriculture. Il apporte aux consommateurs 6 garanties :
· d'origine : les produits sont issus de la ferme,
· de transformation à la ferme,
traçabilité,
· de savoir-faire : les agriculteurs ont reçu une
formation initiale et suivent une formation continue,
· sanitaire : respect de la réglementation,
· de qualité : grâce à un
système d'assurance qualité,
· de conseil : le producteur accorde également des
conseils à ses clients.
Les entreprises qui s'engagent dans cette démarche
peuvent apposer sur leurs produits le logo « Gutes vom Bauernhof »
(approximativement « les bons produits de la ferme »).
Il existe également une base de données
répertoriant les fermes, marchés fermiers et magasins fermiers
pratiquant la vente directe et souscrivant à cette démarche
qualité. Début 2009, on recense près de 1 700
exploitations agricoles, 376 marchés fermiers et 282 magasins de
produits fermiers dans cette base de données, répartis sur
l'ensemble du territoire autrichien. »
ANNEXE 3
Les labels hôteliers impliqués dans le
développement
durable
Participant au développement du tourisme responsable, les
labels hôteliers certifient des
hébergements touristiques soucieux de la protection de
l'environnement.
Ils récompensent les établissements les plus
dynamiques en matière de gestion environnementale (eau, énergie,
déchets) et de sensibilisation auprès de leurs clients. La
Clef verte est un label environnemental international ;
l'Eco-label européen est le signe de la qualité
environnementale à l'échelle européenne ; le Green
Globe est spécifiquement lié à l'univers
touristique.
De son côté, la marque Accor a
développé sa propre charte environnement, notamment en adoptant
des produits d'accueil distribués dans les chambres plus
écologiques et plus naturels, répondant à
l'Éco-label européen des produits cosmétiques (gel douche,
shampoing, savon) ou au label Écocert (pour les soins pour le corps).
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Eco-label européen La Clef verte Green Globe
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GreenGlobe
Green Globe est un label international pour le voyage et le
tourisme durable, qui récompense et accompagne toutes les organisations
touristiques ayant opté pour une démarche d'amélioration
de la gestion environnementale et sociale de leurs activités.
La Clef Verte
Le Label Clef Verte a été créé en
1994 au Danemark. Il récompense l'ensemble des établissements
touristiques pour leur dynamisme en matière de gestion environnementale.
Les principaux objectifs de ce label sont de sensibiliser les professionnels,
éduquer les touristes, diminuer l'impact de chaque nuitée sur
l'environnement et promouvoir des hébergements respectueux de
l'environnement.
Eco-label européen
Créé en 1992, l'Eco-Label Européen est le
seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les
pays membres de l'Union Européenne. Ses principales
caractéristiques sont la limitation de la consommation d'énergie
et d'eau, la réduction de la production de déchets, l'incitation
à l'utilisation des ressources renouvelables, ainsi que
l'amélioration de l'éducation environnementale et de la
communication.
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Normes ISO
ISO est la plus grande organisation de normalisation au monde.
Les hôtels certifiés ISO 9001 assurent une gestion de
qualité, renforcée par la norme ISO 14001 qui repose sur
l'amélioration continue des performances environnementales. Ces
établissements respectent les principes de la norme en matière de
management environnemental. Ils contribuent à réduire au minimum
les effets de leurs activités sur l'environnement et à
améliorer en permanence leur performance environnementale.
Autres démarches qualité
La démarche HQE à été mise en oeuvre
afin d'appliquer une politique environnementale à la construction d'un
bâtiment. Cette démarche vise à offrir des ouvrages sains
et confortables dont les impacts sur l'environnement sont les plus
maîtrisés possibles.
Planet21 : démarches qualité Accor
Alors que le groupe Accor entre dans une phase d'expansion
soutenue, il réaffirme sa conception d'un développement
responsable, qui génère de la valeur partagée par tous :
le nouveau programme PLANET 21 accélère et intensifie son
engagement dans le développement durable pour en faire un avantage
compétitif décisif pour Accor, ses marques et ses partenaires.
A la clé, 21 engagements assortis d'objectifs
chiffrés que tous les hôtels devront atteindre d'ici à
2015. Avec PLANET 21, Accor met l'hospitalité durable au centre de sa
stratégie, de son développement et de l'innovation du Groupe.
ANNEXE 4
LES LABELS ALIMENTAIRES
En France et en Europe, des logos officiels permettent de
reconnaître des produits qui bénéficient d'un signe
officiel de la qualité et de l'origine.
Les signes garants de l'origine
L'Appellation d'origine contrôlée
(AOC), désigne un produit dont toutes les étapes de
fabrication sont réalisées selon un savoir faire reconnu dans une
même zone géographique, qui donne ses caractéristiques au
produit.
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L'Appellation d'origine protégée (AOP)
est l'équivalent européen de l'AOC. Elle protège
le nom d'un produit dans tous les pays de l'UE.
L'Indication géographique protégée
(IGP) désigne un produit dont les caractéristiques sont
liées au lieu géographique dans lequel se déroule au moins
sa production ou sa transformation selon des conditions bien
déterminées. C'est un signe européen qui protège le
nom du produit dans toute l'UE.
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AOC / AOP : origine
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C'est par un décret-loi de 1935 relatif à la
défense du marché du vin que le gouvernement a créé
les vins d'appellation d'origine contrôlée et l'organisme
chargé de leur définition, de leur protection et de leur
contrôle. La politique française de valorisation des produits
agricoles a inspiré l'élaboration d'une réglementation
européenne. Celle-ci a pour objectif d'harmoniser les labels
régionaux : ainsi l'AOC a pour équivalent européen l'AOP.
Depuis le 1er mai 2009, l'AOP figure sur tous les produits européens
dont la production, la transformation et l'élaboration sont
réalisées dans une zone géographique
déterminée, selon un savoir-faire reconnu et un cahier des
charges particulier. Afin de clarifier l'offre au consommateur, depuis le 1er
janvier 2012, les produits concernés ne doivent porter que la mention
AOP, seuls les vins sont autorisés à porter l'appellation
d'origine contrôlée française (AOC).
IGP : origine
L'indication géographique protégée a
été créée en 1992 dans le cadre de la politique
européenne de qualité concernant les produits agricoles et
alimentaires. En France, la gestion de ce signe officiel (adoption des cahiers
des charges notamment) est confiée à l'Institut National de
l'Origine et de la Qualité (INAO).
Le signe garant d'une qualité supérieure
Le Label rouge désigne des produits qui, par leurs
conditions de production ou de fabrication, ont un niveau de qualité
supérieure par rapport aux autres produits similaires. C'est un signe
français.
Le signe garant d'une recette traditionnelle
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La spécialité traditionnelle garantie (STG)
protège une recette traditionnelle. C'est un signe européen. Il
ne fait pas référence à une origine mais a pour objet de
mettre en valeur une composition traditionnelle du produit ou un mode de
production traditionnel. Une fois la STG enregistrée, tous les
producteurs de l'Union européenne ou même d'un pays tiers, peuvent
produire la STG et utiliser le nom de la STG dans la mesure où ils
respectent le cahier des charges.
Le signe garant du respect de l'environnement
L'agriculture biologique (AB) garantit que le mode de production
est respectueux de l'environnement et d bien-être animal. Les
règles qui encadrent le mode de production biologique sont les
mêmes dans toute l'Europe, et les produits importés sont soumis
aux mêmes exigences.
Le logo européen : depuis le 1er juillet 2012,
après une période transitoire de deux ans, l'utilisation de ce
logo communautaire est devenue obligatoire pour les denrées
pré-emballées d'origine européenne remplissant les
conditions d'usage. Il reste facultatif pour les denrées alimentaires
importées. Ces deux logos répondent aux mêmes conditions
d'utilisation.
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LABEL « Saveurs Paris Ile de France »
Ce label de reconnaissance des produits fabriqués en
Ile de France constitue pour le consommateur un gage de qualité, un
repère. Ce label existe sous 3 déclinaisons, chacune étant
spécifiques au produit : un logo vert pour les produits agricoles
cultivés ou produits en Ile de France, un bleu pour les produits issus
de l'artisanat et un rouge et gris pour les produits élaborés en
Ile de France.
http://www.tout-paris.org/creation-label-saveurs-paris-ile-de-france-16796
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