


.61441111111
Christopher
Rodriguez
DPUPHINE
UNIVERSITÉ PARIS
41/4kA,
1
|
|
|
BLOCKCHAIN, U\ DR\GER POUR
1:I\DUSTRfE 3AtCRfRE ET LA
3A\QUE PRfVEE ?
|
.71 t , ta
r
7 f'
--1
IEEt
TI

ler 261 GESTION DE PATPMCiNE ETEAN611 E

Anr 6-2O17
1
2
Clause déontologique
Je certifie sur l'honneur que le présent mémoire
est le fruit d'un travail personnel et que toute référence
directe ou indirecte aux travaux de tiers est expressément
indiquée. Je demeure seul responsable des analyses et opinions
exprimées dans ce document : l'Université Paris Dauphine n'entend
y donner aucune approbation ni improbation.
3
Remerciements
En préambule à ce mémoire, je souhaite
adresser mes plus sincères remerciements aux personnes qui m'ont
apporté leur concours tout au long de ce projet.
D'une certaine manière, vous avez contribué
à l'élaboration de ce mémoire universitaire, qui vient
parachever deux années d'enseignement.
Je tiens à remercier tout particulièrement
Monsieur Jacques Amar, qui, en tant que Directeur de mémoire, s'est
toujours montré disponible et bienveillant à mon égard.
En effet, j'ai pu compter sur son aide et sur son oeil
critique à chaque fois que j'en ai eu besoin ce qui fut très
agréable.
Mes remerciements s'adressent également aux enseignants
de l'université de Paris Dauphine, qui nous ont transmis avec passion,
professionnalisme et pédagogie un peu de leur savoir.
Enfin, j'adresse mes remerciements à l'institut
Louis-Bachelier et à la Fédération Française
Bancaire de m'avoir permis d'assister à de nombreuses tables rondes aux
côtés de grands professionnels du secteur.
4
Table des matières
Clause déontologique 2
Remerciements 3
Introduction 5
I. Principes généraux 8
A. Qu'est-ce que la Blockchain ? 8
B. Construction et fonctionnement d'une blockchain 10
C. Blockchains privées 13
II. Vers une remise en question du modèle bancaire
15
A. La révolution de la confiance 15
B. Ubérisation et économies, des enjeux de
taille pour les marchés financiers 18
C. La riposte des banques - naissance du consortium R3 20
III. Blockchain et Industrie Bancaire, conséquences
pratiques 24
A. Tour d'horizon des applications possibles et des travaux
en cours 24
B. Régulation, écologie, faire face à de
nouvelles contraintes 28
C. Les données personnelles : le nerf de la guerre
33
IV. Conclusion 38
V. Annexes 42
VI. Extensions (work-in-progress) 56
VII. Conclusion 56
Appendix 57
A. QED 57
5
Introduction
Nous sommes en Avril 2016, je suis en première
année de Master à l'Université de Paris Dauphine en
partenariat avec Société Générale Securities
Services, l'entité post-marché du Groupe. Alors que je
m'apprête à rejoindre mon poste de travail, je suis
entrainé par l'ensemble du plateau qui se dirige comme un seul homme
vers l'immense salle de conférence du bâtiment.
Je n'ai aucune idée du thème qui sera
abordé, mais à en juger par l'entrain de mes collègues,
j'imagine qu'il ne s'agit pas d'une énième conférence sur
l'application des nouvelles réglementations Internationales ou
Européennes.
C'est en entrant dans la salle de conférence que je
découvre la raison d'un tel engouement : « Enjeux
métiers : Blockchain, tout savoir sur la révolution de demain
»
En tant que passionné d'innovation et de nouvelles
technologies, j'essaye de suivre au maximum l'actualité de l'univers
digital, et c'est à ce titre qu'à de multiples reprises, j'ai vu
ce terme apparaitre dans le fil d'actualité des applications Facebook,
Twitter ou encore LinkedIn que j'utilise quasi quotidiennement.
De nature curieuse, j'ai donc cliqué sur des liens que
vous connaissez sans doute, à savoir: « La Blockchain pour les nuls
», « Comprendre la Blockchain en 1 minute » ou encore «
Épatez vos amis en parlant de la Blockchain ».
Le résultat de ces tentatives d'auto-formation
était limpide, je demeurais incapable de dire ce qu'était une
Blockchain et j'étais dans l'impossibilité d'imaginer en quoi
cette technologie pouvait être révolutionnaire.
J'ai donc pris place au premier rang de la salle, bien
décidé à ne pas louper une miette du discours du Chief
Digital Officer du Groupe, venu accompagné de la responsable innovation
& développement de la partie corporate, mais aussi d'un
expert Blockchain venu présenté un projet concret.
Dans l'assistance, des responsables informatiques en charge du
Big Data aux responsables conformités en passant par les sales, les
questions fusent.
Là encore personne n'est certain de comprendre ce
qu'est une blockchain, comment elle fonctionne, comment elle se
présente, mais force est de constater que chaque auditeur imagine d'ores
et déjà les multiples impacts que cette technologie pourrait
avoir sur leurs activités.
À l'issue de cette conférence, une seule certitude,
je tenais là, le sujet de mon mémoire.
6
À partir de ce moment, j'ai pris la décision
d'entamer une veille sur cette révolution qui s'annonçait,
l'objectif étant alors pour moi d'abord de collecter un maximum
d'informations générales dans un premier temps puis des
informations relatives à des applications directement liées aux
métiers de la Banque.
Plus j'avançais et plus les choses
s'éclaircissaient dans mon esprit à mon sens, il était
évident que la Blockchain s'apprêtait bel et bien à
révolutionner le monde de demain et l'industrie Bancaire par la
même occasion.
Comment ? C'est ce que je vais essayer de vous expliquer au
travers de ce mémoire.
Ensemble, nous allons découvrir comment fonctionne une
Blockchain d'une manière générale, puis nous tenterons
d'imaginer l'impact que cette technologie pourrait avoir sur le modèle
bancaire et nous verrons de quelle manière les banques organisent leur
riposte.
Pour finir, au regard des applications qui sont possibles,
nous découvrirons les conséquences pratiques qu'entraine
l'utilisation de la technologie Blockchain pour les banques.
Ce n'est qu'une fois ce travail terminé que nous
pourrons imaginer la réponse à la question : « Blockchain,
un danger pour l'industrie Bancaire ? »
I. Principes généraux
8
A. Qu'est-ce que la Blockchain ?
L'objectif de cette première partie est de vous
présenter de la manière la plus simple possible ce qu'est une
blockchain et comment elle fonctionne. Pour l'heure il m'est impossible de vous
parler de la Blockchain1 sans parler du Bitcoin, les deux
étant intimement liés.
Revenons ensemble sur la genèse de cette technologie.
Nous sommes en 2008, le 15 septembre pour être exact.
Lehman Brothers, poids lourd de l'industrie bancaire américaine fait
faillite, plongeant le monde entier dans une énième crise. Cette
crise ébranle la confiance des investisseurs et des citoyens, un seul
mot d'ordre : régulation.
Le nerf de la guerre ? La monnaie et la confiance.
En effet, de tout temps qu'il s'agisse de monnaie primitive,
fiduciaire ou encore scripturale les instruments de transaction
financière reposent tous sur la confiance. Confiance que les agents
économiques attribuent à la monnaie en tant qu'unité de
compte, moyen d'échange et réserve de valeur.
Cette confiance est nécessairement garantie par une
institution, agissant de manière centralisée. Il peut s'agir
alors d'une Banque Centrale ou d'un État.
Comment faire si les agents économiques n'ont plus
confiance dans ces institutions ?
Le 1er novembre, 2008, un dénommé Satoshi
Nakamoto tente d'apporter une solution alternative à cette
problématique de confiance par le biais de la publication d'un manifeste
intitulé : « Bitcoin : A Peer-to-Peer Electronic Cash System
»2 via une liste de distribution à destination de
passionnés de cryptographie.
Dans cette publication, l'auteur propose une nouvelle monnaie
100% digitale : le Bitcoin.
1 Blockchain avec une majuscule signifiera que nous
parlons de technologie en générale, il en ira de même pour
Bitcoin.
2
https://bitcoin.org/bitcoin.pdf
9
Cette crypto-monnaie ne dépendrait d'aucune
entité ou institution centralisés mais elle s'appuierait sur un
nouveau protocole d'échange d'informations fonctionnant en pair à
pair, s'affranchissant donc d'une autorité centrale. C'est la naissance
de la Blockchain.
Ce protocole fonctionnerait comme un registre
électronique distribué à tous les ordinateurs du
réseau appelés : « noeuds ».
Sur ce registre, tous les échanges et/ou transactions
entre membres du dis réseau sont horodatés puis notifiés
aux autres noeuds, les informations sont alors inscrites dans un bloc et
chainés aux blocs d'informations précédents.
Ainsi, à tout moment, tout le monde peut consulter
l'historique des échanges inscrits dans le registre sans pour autant
avoir la possibilité de supprimer un bloc ou d'y apporter une
modification.
À l'heure actuelle, nous ne savons toujours pas qui se
cache derrière le nom de Satoshi Nakamoto, s'agit-il d'un individu
agissant seul ou bien d'un groupe d'individus ? Peu importe.
Nous comprenons bien qu'en tentant d'apporter une solution
à un problème donné, l'auteur du manifeste dresse les
contours d'une technologie capable d'apporter des réponses à des
questions qui n'ont pas encore été posées.
10
B. Construction et fonctionnement d'une blockchain
Il existe deux types de blockchain, une publique et une
privée3.
Une blockchain est considérée comme publique
dès lors que le registre ou le grand livre des comptes est ouvert
à tout le monde et que chacun peut participer au consensus qui permettra
d'inscrire de nouvelles informations dans la chaîne.
Alors comment garantir la sécurité d'une
blockchain, comment peut-on écrire des informations dans un bloc et qui
sont les acteurs de la vie d'une blockchain, je vais essayer de vous apporter
quelques précisions sur ces sujets en vous parlant de la plus
célèbre des blockchain... Bitcoin.
La vie d'une blockchain ne dépend que de deux
étapes qui se répètent à l'infini. a) Etape 1 :
Vérification et transmission des informations
Lorsqu'une ligne d'écriture est créée et
qu'elle est transmise à un noeud du réseau, celui-ci va s'assurer
qu'il n'y a pas de doublon d'une part, que la structure de la ligne est
correcte et enfin que l'information est cohérente.
Dans le cas d'une transaction de bitcoins par exemple, le
rôle du noeud va être de vérifier que des transactions
antérieures ont bien alimentés le compte de l'émetteur de
la nouvelle transaction et que celui-ci est bien autorisé à
posséder ces bitcoins.
Si le noeud ne détecte rien d'anormal, alors
l'information est diffusée via une liste locale aux autres membres du
réseau et mise en attente. Dans le cas où le noeud détecte
une anomalie alors la transaction est refusée.
Tous les noeuds qui recevront l'information vont tour à
tour vérifier la validité de la transaction au regard des
informations dont ils disposent. Pourquoi ?
C'est un des principes de la Blockchain, un utilisateur peut
avoir fait défaut, un autre peut avoir des intentions malveillantes, le
système est conçu de manière à ce que les
informations soient systématiquement vérifiées de
manière indépendante par chaque noeud.
Une fois que les noeuds du réseau ont validé les
informations, elles se retrouvent donc copiées dans tous les ordinateurs
du réseau4.
3
https://blockchainfrance.net/tag/la-blockchain-pour-les-nuls/
4
www.finyear.com/attachment/648901/
11
b) Etape 2 : Miner un bloc
Pour avoir le droit de « miner » un bloc
c'est-à-dire pouvoir y écrire des informations à
l'intérieur, deux solutions possibles.
Solution numéro 1 :
Le recours à une « proof of stake », c'est la
preuve de la détention d'un actif qui a été
déterminé par le consensus. Ainsi, seul les membres
détenant l'actif en question seront autorisés à
écrire dans un bloc.
Solution numéro 2 :
La sécurité est ici garantie par le biais du
recours à une « proof of work », autrement dit une preuve de
travail.
L'utilisateur ou l'ordinateur qui construit un bloc est
appelé « mineur ». Pour avoir le droit d'écrire ou
« miner » dans un bloc, les utilisateurs doivent se livrer à
une dépense d'énergie et de temps considérable. Miner un
bloc est donc coûteux pour un mineur. Dès lors, il est de
l'intérêt de tous que le réseau garde sa valeur et continu
de fonctionner de manière organisée.
Comment les mineurs peuvent-ils avoir le droit d'écrire
dans un bloc ?
Satoshi Nakamoto a imaginé un petit jeu coûteux.
Pour pouvoir miner un bloc, les mineurs doivent trouver un nombre X
calculé à partir du contenu des anciens blocs. Trouver ce nombre
à soixante-dix-huit chiffres5 requiert une certaine puissance
de calcul. Dans le cas de Bitcoin, la plus célèbre des
blockchains publique les utilisateurs doivent répéter les calculs
plusieurs centaines de milliards de fois avant de résoudre
l'énigme.
En revanche, une fois ce « code » trouvé, il
est très facile pour les autres membres de s'assurer qu'il s'agit bien
du bon code.
Vous l'avez donc compris, résoudre cette énigme
coûte cher, un mineur doit avoir accès à une ressource
informatique performante. C'est ce qui explique la formation de « pool
», nous pouvons comparer cela à une coopérative.
Aujourd'hui dans le cas de Bitcoin, nous recensons treize pool
de mineurs, ce qui représente 95% de la capacité totale de calcul
du réseau. Ces mineurs mutualisent non seulement leur puissance de
calcul mais aussi leurs gains, car cela rapporte de miner.
En effet, pour motiver la création de blocs, les
mineurs doivent être rémunérés. Ainsi, une ligne de
rémunération va être créée dans chaque bloc,
à l'intention du mineur (pool de mineurs en l'occurrence).
5
https://www.contrepoints.org/2016/10/02/267509-la-blockchain-pour-les-nuls
12
Si ce bloc est choisi par le consensus comme étant
celui qui est correctement formé avec la bonne clé de cryptage et
que d'autres blocs s'y rattachent alors les bitcoins sont créés
et les mineurs sont donc récompensés.
Pour vous donner un ordre d'idée, miner un bloc
rapporte 12.5 bitcoins aux mineurs6 soit 28 966 euros à se
partager entre les membres du pool.
Une transaction est validée au bout de six blocs en
moyenne, soit dix minutes de travail pour un coût en
électricité de 15 euros.
Nous recensons près de trois cent mille transactions
par jour sur le réseau Bitcoin, soit mille fois moins que sur le
réseau Visa, mais ce chiffre ne cesse de progresser et n'oubliez pas que
le réseau Visa est colossal. Vous savez maintenant que la
fiabilité du réseau dépend de la puissance de calculs de
celui-ci.
Balaji Srinivasan7, patron de la start-up 21 Inc
estime que le réseau Bitcoin dispose de la plus grande puissance de
calcul du monde. Elle serait cent fois supérieure à celle de
Google et cinq mille cinq cent fois plus puissante que la puissance de calcul
des réseaux bancaires.
Mais qui dit informatique dit piratage. Cependant, pirater une
blockchain est extrêmement compliqué.
D'abord, le coût d'un tel piratage est colossal. Il est
en effet estimé à cinq milliards de dollars8 pour une
intrusion de 10 minutes, selon les experts, une telle intrusion aurait pour
unique but de bloquer les transactions, faisant alors chuter le cours de la
monnaie.
Ensuite, pour réussir une éventuelle intrusion,
le ou les pirates devraient cependant réussir à disposer de 51%
de la puissance totale de calcul du réseau9, vous l'avez
compris, ce n'est pas une mince affaire.
De plus quel serait l'intérêt de bloquer des
transactions ? D'une part les bitcoins seraient inutilisable pour le pirate
puisque tout le monde pourrait retracer leur provenance et d'autre part cette
action malveillante amènerait de facto à faire chuter le
cours du bitcoin.
Or, ce sont les utilisateurs de la blockchain qui
possèdent en majorité des bitcoins, il est donc de
l'intérêt de tous que cette monnaie ne se déprécie
pas.
6
https://bitcoin.fr/minage/
7
https://www.cryptocoinsnews.com/bitcoin-100-times-powerful-google/
8
http://www.zonebourse.com/KEYRUS-5206/actualite/Blockchain-concepts-et-applications-24468771/
9
http://blogchaincafe.com/combien-ca-couterait-une-attaque-51
13
C. Blockchains privées
Nous venons de voir le fonctionnement d'une blockchain
publique, intéressons-nous maintenant à la Blockchain
privée ?
Nous avons parlé plus haut de registre
distribué, consultable par tous où chacun peut sous
réserve d'apporter une preuve de travail ou une preuve par l'actif,
participer au consensus, cela vaut pour une blockchain publique.
Dans une blockchain privée, les étapes menant au
consensus ne peuvent être réalisé que par un nombre
limité d'intervenant ayant été autorisé à
participer au consensus par une entité clairement identifiable ou une
organisation, le grand livre de comptes est donc fermé au public.
Pourquoi avoir recours à une blockchain privée ?
En passant par une chaîne privée, vous pouvez
choisir qui sont vos interlocuteurs, ce que vous partagez avec eux, mais aussi
ce que vous désirez rendre visible dans un bloc. Cela peut
s'avérer être particulièrement utile dans une relation
tripartite par exemple, nous y reviendrons ultérieurement.
Qu'échange-t-on dans une blockchain privée au
juste ? Les transferts de fonds se font-ils nécessairement en bitcoins
ou autre crypto-monnaie ?
La réponse est simple, vous avez la possibilité
dans une chaîne privée de choisir le « token »
c'est-à-dire le sous-jacent que vous voulez.
Ainsi, vous pouvez choisir de vous échanger des maisons,
des carottes, des heures et... Des euros.
Les banques n'ont d'autre choix que de réagir et de
s'approprier cette technologie afin de ne pas se retrouver distancé par
des concurrents toujours plus inventifs qui entendent bien venir chambouler le
système bancaire traditionnel. De quelle manière ? Comment les
banques organisent leurs ripostes ?
C'est ce que nous allons découvrir ensemble dans le
chapitre qui suit.
Vers une remise n question du
modèle bancaire
|
15
II. Vers une remise en question du modèle
bancaire
A. La révolution de la confiance
Comme vu précédemment, le réseau bitcoin
peut aujourd'hui se targuer de ses trois cent mille transactions
quotidiennes10 pour prouver à ceux qui en doutaient, le fait
que des tiers qui ne se connaissent pas, peuvent réaliser des
transactions de manière organisées, et sans qu'aucune
intervention d'un tiers de confiance, jouant le rôle d'autorité
centrale ne soit nécessaire.
La technologie Blockchain n'a qu'une vocation, qu'une
ambition, celle de « disrupter » la confiance. Les idées
nouvelles jaillissent aux quatre coins du globe, les levées de fonds se
multiplient et de nouvelles applications voient le jour.
Voyons ensemble certaines de ces applications qui promettent
de révolutionner et ou remettre en question le modèle
bancaire.
a) Smart contracts
En 2015 une compagnie fondée par un Russe de 19 ans
parvient à récolter 12.7 millions de dollars. Son projet
Ethereum11 s'appuie sur la technologie Blockchain et y apporte une
toute nouvelle dimension.
En plus de permettre un échange de données et de
garantir la sécurité des transactions, cette application permet
d'exécuter des lignes de codes. Ces lignes de codes, sont en
réalité des algorithmes auto-exécutables et autonomes.
Ces algorithmes sont ensuite présentés sous
forme d'applications, elles sont créées et diffusées par
des tiers sur le réseau permettent ainsi, la création de
véritables places de marché.
Plus connues sous le nom de « smart contracts »
ces contrats dit « intelligents » offrent la possibilité
d'intégrer un contrat dans chaque transaction, mais aussi d'en
exécuter les termes, c'est en ce sens que cette application
intéresse tout particulièrement le secteur des Banques &
Assurances.
Les smart contacts permettraient de satisfaire les conditions
contractuelles négociées par les parties. Ces conditions peuvent
être par exemple : les termes du paiement, les termes d'une livraison,
les obligations de confidentialité, mais aussi l'exécution des
obligations réciproques.
10
https://blockchain.info/fr/charts/n-transactions
11 https://www.ethereum.org/
16
Imaginons par exemple deux entités :
- Un exploitant agricole situé au sud de l'Espagne et une
Banque-Assurance à Madrid.
Les deux parties s'entendent sur un contrat d'assurance,
visant à protéger l'exploitant contre tout risque de
sècheresses, intempéries, incendies, etc... L'avènement
des nouvelles technologies offre la possibilité à un agriculteur
de suivre en temps réel les données vitales de son exploitation,
taux d'hygrométrie, température, etc. Une blockchain
privée permettrait alors à l'agriculteur de transmettre ces
informations en temps réel à sa banque & assurance. Si une
sécheresse venait à frapper le sud de l'Espagne, les
données seraient immédiatement transmises via une blockchain et
l'agriculteur est dédommagé instantanément.
Autre possibilité, le secteur du leasing, celui-ci est
plein boom et l'introduction en bourse de la filiale de la
Société Générale, ALD automotive le prouve. Un
smart contract pourrait, via une application installée dans le
véhicule, permettre à une banque de prendre le contrôle du
véhicule en cas de défaut de paiement de la part du client.
Enfin, au mois de juin 2017 le géant Américain
AIG annonce sa collaboration avec IBM en vue de lancer un projet visant
à gérer efficacement les polices d'assurance à
l'internationales. Lors de cette annonce, Carol Barton, présidente d'AIG
a indiqué que la blockchain permettait de centraliser les
échanges d'informations entre la maison-mère, ses filiales et ses
assurés12.
Cet ultime exemple prouve que les smart contracts ont bel et
bien piqué la curiosité des grands groupes internationaux. En
revanche, d'aucuns s'interrogent sur la validité de ces contrats
à l'avenir. Répondent-ils à définition de «
contrat » au sens juridique du terme ?
Selon Eric A. Caprioli, Docteur en droit, et avocat à
la Cour de Paris, légiférer trop tôt, c'est-à-dire
avant que le marché n'existe vraiment serait totalement
inapproprié, car la fonction du droit consiste à réguler
les abus, et non pas à en anticiper les usages.
b) Initial Coin Offering
Initial Coin Offering, plus connu sous l'acronyme : « ICO
», est une offre initiale de jetons. Cela vous rappel sans doute
un autre acronyme n'est-ce pas ? Cela est normal, car tout comme dans une IPO
ou Initial Public Offering, l'objectif d'une ICO est de lever des fonds.
À une différence près, dans une ICO, les start-ups peuvent
tout à fait se passer du concours des banques, c'est ainsi qu'Ethereum a
pu lever 12.7 millions de dollars comme je vous l'ai indiqué
précédemment.
Comment cela est-il possible ? En guise de « roadshow
», une start-up ayant besoin de lever des fonds va faire une annonce
sur un forum spécialisé en publiant un « executive
summary ». Ainsi, il va y avoir un retour de la part des membres de
la communauté.
12
http://www.reuters.com/article/us-aig-blockchain-insurance-idUSKBN1953CD
17
Suite à ces échanges, si la publication suscite
un engouement, la start-up va formaliser son projet par le biais d'un
« white paper » pouvant s'apparenter à un «
business plan »13. Ce document va permettre aux
investisseurs d'avoir des précisions sur les fondateurs du projet, mais
aussi sur le projet en lui-même. Les modalités de paiement futures
seront définies tout comme l'affectation des fonds qui seront
destinés à faire éclore le projet.
Si l'intérêt pour le projet se confirme les
investisseurs seront invités à passer par une plateforme telle
que
smithandcrown.com. Ils seront
redirigés vers l'adresse publique du smart contract et les euros,
dollars, yens, yuans envoyés seront convertis en jetons.
Les fondateurs du projet pourront définir des seuils
minimums et maximums d'investissement, dans le cas où le financement
n'atteint pas le seuil minimum défini alors les contributeurs seront
remboursés et le projet sera mis aux oubliettes. À l'inverse, une
fois que le seuil maximum est atteint, plus aucun investissement n'est
possible.
Les jetons reçus sont comparables à des coupons
ou à des dividendes et non à des titres de
propriété, car ces investisseurs ne recevront aucun titre de
capital en échange. En revanche tout comme pour les actions, il existe
un marché secondaire pour les jetons, une fois la levée de fonds
terminé les investisseurs pourront allez vendre ces titres
Une fois la levée des fonds terminés, il est
possible d'échanger les jetons reçus via un marché
secondaire organisé sur des plateformes spécialisées tels
que yobit14 ou encore poloniex15. Ces
plateformes font office de place de trading de cryptomonnaies et permettent
à des investisseurs de différents projets de s'échanger
leurs jetons.
Enfin, contrairement à une levée de fonds
traditionnelle, les émetteurs de jetons ne sont soumis à aucune
règle de « due dilligence ». Ainsi, ils ne sont pas
tenus de vérifier les informations concernant les investisseurs
(pièces justificatives d'identité et de domicile) et ne sont pas
non plus obligés de se renseigner sur la provenance des fonds
reçus ce qui implicitement pourrait faciliter des manoeuvres de
blanchiment de fonds.
Tout comme pour les « smart contracts » il n'existe
actuellement aucun cadre réglementaire. Pour se protéger, les
investisseurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes, les
régulateurs n'ayant pour l'heure aucun contrôle sur les ICO.
Nous verrons toutefois que certaines caractéristiques
de l'ICO pourraient permettre à la SEC et à l'AMF de se
déclarer compétentes pour venir réguler ces
opérations.
13
http://www.finyear.com/Initial-Coin-Offering-ICO-et-Regime-des-Offres-au-public-de-titres_a38645.html
14
https://yobit.net/en/
15 https://poloniex.com/
18
B. Ubérisation et économies, des enjeux de
taille pour les marchés financiers
En introduction de ce mémoire, je vous ai parlé
de mon expérience au sein de Société
Générale Sécurities Services et de la conférence
qui m'avais incité à écrire ce mémoire.
Après avoir assisté à cette
conférence, j'avais été impressionné par
l'envergure du processus d'évangélisation entamé par la
banque, et cela m'avait laissé songeur.
J'avais donc profité de mon retour à
l'Université pour demander à mes collègues qui
travaillaient pour de grands groupes bancaires et dans des secteurs très
variés s'ils avaient entendu parlé en interne de cette
technologie. La réponse était négative.
Pourquoi un tel déploiement et pourquoi plus
particulièrement au sein de SGSS ? Pour répondre à cette
question, je me dois de vous expliquer brièvement ce qu'est le
post-marché.
Des centaines de milliers d'opérations
financières sont initiées sur les marchés financiers
quotidiennement. L'offre et la demande se confrontent, certains
achètent, d'autres vendent. Le rôle des entités
post-marché est de matérialiser ces échanges et d'assurer
la bonne fin de toutes les opérations.
Première étape : La compensation, un organisme
comme LCH ou Clearstream va définir les soldes nets de titres à
livrer pour ce faire, la chambre va se substituer au vendeur et à
l'acheteur en procédant à des appels de marges et à des
dépôts de garantie afin de se prémunir d'un éventuel
risque de défaillance des deux côtés. Elle transmettra ce
solde net au conservateur.
Seconde étape : Le règlement-livraison, cette
fois les dépositaires et les dépositaires centraux sont à
l'oeuvre. Il s'agit là, de la matérialisation d'un échange
titres versus cash. Les dépositaires ont pratiquement un rôle de
notaire. Ils sont le lien entre les émetteurs de titres financiers et
les conservateurs qui gardent les titres pour le compte d'investisseurs.
Les conservateurs et les sous-conservateurs vont quant
à eux se charger de conserver les titres et des opérations
impactant les portefeuilles tel que les versements de dividendes,
intérêts ou toutes autres opérations sur titres.
Les activités post-marchés sont régis par
des directives, des règlements internationaux et/ou européens et
de nombreux acteurs sont à l'oeuvre, cela concerne des centaines de
milliers d'emplois à travers le monde, des centaines de milliards
d'euros d'actifs sous conservation en Europe.
19
Les acteurs sont :
· Les chambres de compensations
· Les dépositaires centraux
· Les teneurs de comptes-conservateurs
· Les services aux émetteurs
· Les services à la gestion d'actifs
· Les support aux salles des marchés
Tous ces intervenants sont aujourd'hui menacés. Nous
l'avons vue ensemble, la Blockchain permet d'une part le transfert de
propriété de manière instantané et elle permet en
plus la sécurisation des transactions, garantissant de fait, la bonne
fin des opérations supprimant au passage, tout risque de contrepartie.
Le recours à une chambre de compensation pourrait donc être
évité.
Concernant l'étape de règlement-livraison, idem,
la Blockchain apporte une solution avec la possibilité d'effectuer des
transactions de manière bien plus rapide. Le rôle des
dépositaires pourrait également être remis en question
puisque la Blockchain permet la tenue d'un registre partagé. Nous avons
donc une nouvelle alternative à portée de mains.
La Blockchain permettrait donc aux titres financiers de
circuler à travers le monde de manière sécurisé,
rapide, tout en assurant leur traçabilité, réduisant au
passage les risques de fraudes. Implicitement, nous pensons aux
réductions du reporting réglementaire inhérent à la
profession, lequel représente un poste majeur de dépense dans les
métiers titres.
Pour ce qui est des banques d'investissement, le cabinet
d'audit Accenture évalue que la Blockchain pourrait faire
économiser 12.5 milliards d'euros par an aux banques à l'horizon
2025. Soit une économie des coûts d'infrastructures de l'ordre de
30%.
Toutefois David Treat, responsable blockchain
d'Accenture16, nuance ces chiffres arguant que ces économies
ne seront réalisables qu'avec un cadre réglementaire propice. Il
ajoute : "Après la crise du crédit de 2008, les
régulateurs hésiteront sans doute à réduire
sensiblement le rôle d'infrastructures de compensation et de
règlement nouvellement créé et renforcées (...)
sans être tout à fait certains que les réseaux blockchain
représentent une alternative sûre et solide".
La blockchain peut-elle créer un climat de confiance
suffisant qui inciterait les régulateurs à voter des lois, alors
même que cette technologie ne s'appuie sur autorité centrale ?
16
https://www.challenges.fr/high-tech/blockchain-source-de-12-milliards-de-dollars-d-economies-par-an-pour-les-bfi_448521
20
C. La riposte des banques - naissance du consortium R3
La Blockchain est arrivée avec la promesse de
créer un environnement sécurisé, où
décentralisation et désintermédiation seraient les
maîtres mots.
Le monde de la finance a tendu l'oreille et l'industrie
bancaire n'a pas tarder à s'intéresser à cette technologie
puisque les banques ont été parmi les premières, et de
loin, à tenter de comprendre le fonctionnement de la Blockchain et
à imaginer comment tirer profit de son utilisation. Les perspectives
d'économies qu'a laissé entrevoir la Blockchain ont fini par
convaincre les banques de la nécessité de sauter le pas et de
commencer à travailler sur des applications concrètes. L'objectif
étant de ne pas se laisser dépasser par d'éventuels
concurrents qui viendraient uberiser des pans entiers de leur modèle
économique, mettant par la même occasion en péril de
nombreux métiers du secteur.
Lorsqu'il s'agit de nouvelles technologies, il est primordial
d'avancer vite et de naviguer dans la bonne direction afin de pouvoir surfer
sur la vague. Pour ce faire, les banques ont décidé de travailler
ensemble, main dans la main en se réunissant au sein d'une seule et
même structure.
Nous sommes en 2015 et le monde apprend la naissance d'un
consortium nommé R317 lancé par la start-up
américaine du même nom et son président-directeur
général David E Rutter. Dès sa création,
l'entreprise séduit neuf poids lourds du secteur financier : Barclays,
BBVA, Commonwealth Bank of Australia, Credit Suisse, Goldman Sachs, JP Morgan,
Royal Bank of Scotland, State Street et UBS.
R3 permet aux membres de mutualiser compétences et
savoirs, tout en assurant une veille concurrentielle commune. De plus, la
présence des organes de directions des grands groupes financiers autour
de la table du consortium permet des prises de contact et des rapprochements,
créant de facto des opportunités de business futurs.
Ensemble, les membres du consortium étudient plusieurs pistes de
réflexions, ils listent et examinent tous les prérequis
nécessaires à l'implémentation de la technologie
Blockchain dans le secteur bancaire. Un laboratoire et un centre de recherche
technologique développent des applications qui seront testées
dans un écosystème favorable, leur permettant de tester la
technologie sans avoir à se préoccuper de la
sécurité ou autres contraintes réglementaires.
17 https://www.r3.com/
21
La présence de la start-up américaine au sein du
consortium offre aux membres de « l'association » son expertise et
fait office de juge de paix. Frédéric Dalibard, directeur digital
chez Natixis déclare : "Avoir les équipes de R3 au milieu du
consortium est un avantage, car c'est un acteur neutre qui est là pour
aiguillonner tout le monde. Cela évite d'avoir une gouvernance
molle"18.
Cette gouvernance dynamique et le principe de consortium
convainquent, puisque R3 compte dans ses rangs 80 des plus importantes
institutions financières mondiales. Le groupe fourmille d'idées,
le lab ayant ainsi déjà produit 20 applications. Il en auraient
quarante en cours de développement.
Le 31 octobre 2016 Goldman Sachs, un des fondateurs du
consortium laisse expirer son statut de membre, suivrons : Banco Santander,
JPMorgan Chase, Morgan Stanley et enfin State Street19. Un
problème de structure serait à l'origine de toutes ces
défections selon Bloomberg. En effet, Goldman Sachs aurait jugé
trop élevé le prix d'un siège au conseil d'administration
de la start-up. Le porte-parole du consortium répondra : «
Développer des technologies de ce type requiert du dévouement et
des ressources significatives. Nos membres ont tous des capacités
différentes qui changent naturellement avec le temps ».
Charley Cooper20, le directeur général de R3
renchéri alors : « Nous nous sommes toujours attendus à ce
que la composition du consortium change avec le temps ».
En mai 2017 dans un communiqué de presse R3 annonce
avoir levé 107 millions de dollars en deux-temps auprès de
quarante de ses quatre-vingts partenaires, une troisième
opération est envisagée afin de lever en tout 150 millions de
dollars, et ce, en vue de développer une plateforme appelée
« CORDA »22.
Une sorte d'application sous-jacente au bitcoin ayant pour
but de simplifier et accélérer les accords financiers entres
institutions. Frédéric Dalibard commente : « Il faut
voir Corda comme un Androïd ou iOS du monde financier. A terme, elle
permettra aux acteurs d'échanger entre eux et de déployer des
applications qui communiqueront entre elles via le réseau mis en place
par R3. Il faut donc continuer à faire partie de ce consortium »
Il faut donc continuer à faire partie du consortium...
Si au départ de nombreuse institutions
financières ont rejoint le consortium pour tenter d'appréhender
cette nouvelle technologie à plusieurs, il est aujourd'hui clair que de
nombreux établissements sont à même d'avancer seul comme
nous allons le voir, de nombreuses banques et des régulateurs ont
lancés des applications concrètes et ont d'ores et
déjà débuté des phases de test.
18
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1196309-r3-le-consortium-blockchain-qui-divise-les-banques/
19
http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20161122/plus-gros-consortium-blockchain-se-fissure-204510
20
http://cio.economictimes.indiatimes.com/news/strategy-and-management/we-always-expected-the-consortiums-make-up-to-change-over-time-blockchain-group-r3s-charley-cooper/58569090
22
http://www.agefi.fr/fintech/actualites/quotidien/20170523/consortium-blockchain-r3-leve-107-millions-dollars-219148v
22
23

24
III. Blockchain et Industrie Bancaire,
conséquences pratiques
A. Tour d'horizon des applications possibles et des
travaux en cours
Les banques démontrent un réel engouement
vis-à-vis de la technologie Blockchain. Ces motivations, sont
provoquées par des perspectives de réduction des coûts du
risque et des coûts opérationnels, réductions des risques
de fraudes, réduction des frais et du temps consacré au reporting
réglementaire, une vitesse de réconciliation
considérablement augmentée, et enfin une
traçabilité des échanges accrus. Elles ont donc
décidé de s'unir comme nous l'avons vue en formant des
consortiums, ce qui a permis de faire jaillir de nombreuses idées et des
applications concrètes que nous allons découvrir ensemble.
a) Votes électroniques aux assemblés
La première utilisation concrète par un acteur
du secteur financier remonte à fin 2015. C'est par le biais d'une
application interne appelé : « Linq »23 que le
Nasdaq enregistre l'émission d'action de la compagnie
chain.com au profit d'un investisseur
privé. Le système permet de garantir l'authenticité des
documents et d'assurer leurs conservations.
En 2015 toujours, fort de ce premier succès, le Nasdaq
secoue l'univers financier en annonçant son envie de développer
une plateforme de vote électronique sur la place boursière de
Taillin en Estonie, le Tallinn Stock Exchange24.
En Estonie ? Serait-ce un hasard ? Probablement, pas, ouvrons un
petit aparté.
L'Estonie a été le premier Etat à
utiliser la technologie Blockchain. Elle offre la possibilité à
quiconque le souhaite de devenir e-résident25 Estonien et
d'utiliser ce statut sur la plateforme Bitnation, autrement dit, la nation
numérique Estonienne. L'Etat Estonien vérifie les
antécédents et l'identité du demandeur avant de valider la
demande. Pour Kaspar Korjus Directeur du programme e-residency, cela permet de
: « Bénéficier de services
dématérialisés en ligne : signature numérique,
opérations bancaires, relation avec les administrations, l'objectif
étant d'attirer les investissements étrangers dans le pays en
permettant d'ouvrir un compte en banque, de créer une entreprise en
23
http://ir.nasdaq.com/releasedetail.cfm?releaseid=948326
24
http://www.itespresso.fr/nasdaq-experimente-blockchain-procuration-113700.html?inf_by=59930d15671db839648b46f4
25
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1176465-estonie-blockchain/
25
quelques clics et de la gérer en ligne depuis
l'étranger. »26 Cela permet également à
l'utilisateur de référencer sur la plateforme des contrats
commerciaux passés avec des entreprises locales, ces contrats ayant bien
entendu une valeur légale devant un tribunal.
Le service permet également d'enregistrer les contrats
de mariage, actes de naissance sur « Public Notary ». En Estonie, il
est désormais possible voter aux élections et de payer ses
impôts sur « Bitnation ».
Le Nasdaq souhaite donc tirer profit du système de
e-résident Estonien en le reliant à sa technologie Linq. Les
actionnaires vont pouvoir exercer leurs droits sur le Tallinn Stock Exchange.
« En combinant e-Residency avec notre technologie blockchain, nous
pourrons enregistrer les votes des actionnaires rapidement et en toute
sécurité », a déclaré le Nasdaq.
Nous pouvons imaginer que le Tallinn Stock Exchange est une
sorte de laboratoire d'expérimentation miniature pour le Nasdaq avec
pour ambition de déployer cette application sur des plus gros
marchés financiers.
b) Facilitation des opérations financières pour
les sociétés non-cotées
En 2016, BNP PARIBAS SECURITIES SERVICES filiale de BNP
PARIBAS spécialisé dans les métiers titres s'associe
à SmartAngels, une plateforme de crowdfunding qui permet aux
investisseurs particuliers et professionnels de financer des startups et des
PME27.
Il s'agit là de la toute première utilisation
d'une application reposant sur technologie Blockchain par un
établissement bancaire Français. Les deux compagnies souhaitent
faciliter la digitalisation des titres financiers tels que des actions ou des
obligations ainsi que la gestion de l'actionnariat par le biais d'un registre
décentralisé tout en garantissant la confidentialité des
opérations.
L'objectif étant également d'offrir la
possibilité aux investisseurs qui le souhaitent d'avoir accès
à un marché secondaire. Ils pourront ainsi acheter et vendre des
titres de start-up, ce qui n'était pas possible auparavant. Lorsqu'une
société va lever des fonds et émettre des titres, ceux-ci
seront comptabilisés dans un registre via sur une blockchain
privée. "La blockchain permet d'intégrer
l'intégralité de la chaîne de valeurs, de l'émission
de titres jusqu'au marché secondaire. Nous allons matérialiser le
consensus et la sécurité de la blockchain sur une application
bancaire classique, avec une traçabilité parfaite pour l'ensemble
des acteurs."28 explique Marc Younes, responsable du
développement produit chez BNPSS.
26
http://convention-s.fr/wp-content/uploads/2016/12/EN-ESTONIE-_-BLOCKCHAIN-EN-PASSE-DE-REMPLACER-LES-NOTAIRES-_.pdf
27
http://www.agefi.fr/financements-marches/actualites/quotidien/20160405/smartangels-bnp-paribas-experimentent-blockchain-178430
28
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1176215-bnp-paribas-blockchain/
26
Lors d'une levée de fonds classique, les
échanges flux financiers versus cash se faisait encore de «
manière artisanale », nécessitant l'intervention d'avocats
ou d'autres intermédiaires, les frais de tenues de comptes et autres
services dépositaires tels que la convocation aux assemblées ou
encore les opérations sur titres auxquels ont recours les grands groupes
sont beaucoup trop lourd pour des start-up.
Enfin, ces sociétés sont dans
l'incapacité de mettre en place un service dédié aux
relations investisseurs dès le début les coûts
engendrés pourraient en effet être beaucoup trop lourd. La
Blockchain apporte donc une réponse à des besoins non
comblés.
L'utilisation de la Blockchain pour participer au financement
de société non-cotée semble être une
expérimentation, un test en vue de lancer l'application sur de plus gros
marchés.
En effet, les volumes sur le marché du
non-cotés sont infiniment plus faible que ceux sur les marchés
cotés, c'est donc l'opportunité parfaite pour faire des tests
à petite échelle et contourner les problèmes de
scalabilité inhérent à la technologie Blockchain. Philippe
Ruault, chef de produit BNPSS déclare par ailleurs : "C'est un moyen
pour BNP Paribas Securities Services de tester ce qui pourrait s'appliquer
demain sur les marchés cotés de plus, nous n'avons pas encore
d'outil pour le marché des sociétés non cotées
alors que beaucoup d'entreprises moyennes ont des problématiques de
gouvernance d'entreprises similaires. C'est peut-être une
opportunité pour attaquer un nouveau marché..."29
Le 5 juillet 2017 lors d'une conférence de presse
BNPSS et Smartangels annoncent avoir testé avec succès
l'application en enregistrant les registres de cinq compagnies, notamment ceux
de la société Française Sigfox, spécialiste de
l'objet connecté. Les deux partenaires indiquent également avoir
utilisé le protocole lors de l'augmentation de capital de quatre
start-ups.
Ce succès démontre une fois de plus en quoi la
technologie Blockchain est capable de révolutionner à elle seule
certains secteurs permettant aux banques de se tourner vers de nouveaux
marchés qui leurs étaient jusqu'alors inaccessible en raison.
L'annonce de BNP PARIBAS a poussé le géant
Américain : Depository Trust & Clearing Corporation (DTCC) a
expérimenté lui aussi la blockchain pour ses activités de
post-marché. Ce sont pour l'heure spécialement les crédits
default swaps plus connus sous l'acronyme de CDS qui sont visés, ce qui
représente tout de même un marché de 11 000 milliards de
dollars30.
C'est via une blockchain privé que DTCC envisage de
rendre disponible aux seuls acteurs de ce marché les informations
liées à ces contrats optionnels.
29
http://www.goodmorningcrowdfunding.com/interview-premiere-utilisation-de-blockchain-france-service-crowdfunding-bnp-paribas-securities-services-smartangels-02050416/
30
https://www.lesechos.fr/11/01/2017/LesEchos/22359-129-ECH_la-blockchain-s-invite-sur-le-marche-des-derives-de-credit.htm
27
L'entreprise a prévue de lancer ce système en
2018 après plusieurs phases de tests notamment sur le marché
américain avant d'élargir cette application au monde entier. Elle
pourrait également être utilisé sur d'autres types
d'opérations de post-marché comme le règlement-livraison
sur tous les types d'actifs.
c) Les paiements inter-entreprises
En Octobre 2016 Reuters nous apprend qu'une livraison de
coton via cargo entre la Chine et les Etats-Unis venait d'être
réalisée. L'opération e été aonclu par Wells
Fargo et la Commonwealth Bank of Australia via une blockchain privé. Een
revanche, les deux établissements n'ont pas souhaité donner plus
de détails sur les modalités de cet
échange31.
Galvaniser par la réussite de son projet le Groupe BNP
a poursuivi ses efforts en imaginant de nouvelles applications en utilisant la
Blockchain. Cette fois, c'est le département Corporate and Instituionnal
Banking de la banque qui est aux commandes, le but étant de tenter
d'accélérer les délais nécessaires à une
transaction financière entre deux groupes
internationaux32.
Nous vivons dans un monde globalisé ou tout doit
toujours allez plus vite, les entreprises se trouvent être
connectées aux quatre coins du globe et les transactions fusent,
d'aucuns regrettent alors le fait qu'un simple échange de flux financier
nécessite un délai de deux jours en moyenne pour se
matérialiser.
BNP imagine donc tester la technologie Blockchain afin de
réaliser des paiements transfrontaliers, et ce, en temps réel.
L'opération se révèle être un succès puisque
le groupe annonce en décembre 2016 avoir procédé à
des échanges financiers pour le compte de deux de ses clients
internationaux.
Ces échanges ont eu lieu entre les groupes Australien
et Italien : Amcor et Panini. En l'espace de quelques minutes BNP a assurer le
règlement et la compensation, et ce, en plusieurs devises pour des
comptes bancaires situés en Allemagne, Grande-Bretagne et Pays-Bas.
Cette opération pourrait révolutionner la
gestion de trésorerie et BNP ne s'y trompe pas, le responsable
transaction du Groupe déclare : « Cette opération
témoigne du potentiel de la Blockchain qui élimine les
délais, les frais imprévus et les erreurs de traitement, ouvrant
ainsi la voie à une gestion de trésorerie en temps réel
».
31
http://fortune.com/2016/10/24/commonwealth-bank-well-fargo-blockchain/
32
https://www.soluxions-magazine.com/amcor-panini-blockchain-bnp-paribas/
28
Enfin, en assistant à une conférence,
organisé le 27 juin par la Fédération Bancaire
Française ou était présente Geneviève Douhet,
responsable innovation du Groupe Société Générale
j'ai pu découvrir un nouveau projet baptisé « Easy Trade
Connect »33.
L'application a été présentée
pour la première fois au Salon de l'exploitation offshore du
pétrole et du gaz de Londres en février 2017. La
Société Générale et son partenaire ING ont
présenté un cas concret d'utilisation de la Blockchain. Les
partenaires ont réussi à faire des transactions pour le compte du
négociant Mercuria Energy Group dans une relation tripartite.
En résumé, Mercuria passe un accord avec un
acheteur de pétrole type Air France. Mercuria va demander au donneur
d'ordre d'ouvrir un crédit documentaire auprès de sa banque. Via
une blockchain privé les banques vont avoir accès à cette
lettre de crédit et suivre pas à pas les étapes de la
négociation et avoir accès aux documents utiles types : factures,
preuve de transport, assurance, signatures, lettre de change, etc. Grâce
à cette lettre de crédit, les deux établissements
bancaires vont pouvoir s'assurer que les deux parties ont bien
exécutés leurs obligations et une fois toutes ces
vérifications faites, elles vont pouvoir procéder à
l'échange de flux financiers.
B. Régulation, écologie, faire face
à de nouvelles contraintes
Au cours des deux dernières années, de
nombreuses initiatives ont été prises par les banques. Avec pour
double objectif, de tirer profit de la technologie Blockchain et de prendre
l'ascendant sur leurs concurrents. Elles ont donc multiplié les projets
et les applications, entrainants au passage de nombreuses réactions.
Certains projets couronnés de succès ont
suscité l'admiration du monde financier dans son ensemble, laissant
entrevoir des perspectives d'avenir radieux et ouvrant de nouveaux
marchés aux banques tout en leur permettant de faire de belles
économies. L 'Etat du Vermont à même publié le 15
janvier 2016 une étude recensant les risques et opportunités que
pourrait offrit la Blockchain.
D'autres annonces ont quant à elles soulevés de
nombreuses questions sur diverses problématiques d'ordre
réglementaires ou encore écologiques. Les régulateurs ont
donc été amenés à réfléchir sur la
nécessité d'une adaptation des textes pour tenter de
définir un cadre réglementaire stricte.
33
https://www.ing.com/Newsroom/All-news/Easy-Trading-Connect-on-the-verge-of-digitalising-an-age-old-sector.htm
29
a) Régulation
En juin 2016, suite à la réussite des projets
menés par le Nasdaq, BNP et Smartangels, l'autorité
européenne des valeurs mobilières (ESMA) publie un rapport
révélant qu'un acteur du post-marché qui utiliserait la
Blockchain à l'heure actuelle tomberait sous le coup d'un statut
réglementé34.
Devant l'ampleur du chantier Paris Europlace, organisation en
charge du développement de la place financière de Paris a
décidé de prendre les devants en soutenant Euroclear, Euronext,
la Caisse des Dépôts, BNP Paribas Securities Services, S2iEM et
Société Générale dans la signature d'un nouveau
protocole visant à étudier en groupe des solutions de financement
de PME à l'échelle européenne. Les partenaires ont
déclaré « Nous avons souhaité unir nos forces dans le
cadre d'une démarche collaborative d'innovation pour jouer un rôle
moteur dans la transformation de l'environnement post-marché. Nous
misons sur des solutions nouvelles de nature à faciliter l'accès
au financement pour les petites et moyennes entreprises, acteurs clés
pour la croissance en Europe. Avec ce projet, nous nous donnons les moyens de
saisir les opportunités que la technologie blockchain peut apporter :
rapidité d'exécution, faible coût et sécurité
des transactions. »35
Le cabinet d'avocat Kramer Levin dans son étude «
Gouvernance de la Blockchain » publié en 201636 propose
au gouvernement français de reconnaître la technologie Blockchain
et les transactions boursières négociés sur un
marché de gré à gré comme une preuve
d'authenticité en bonne et due forme. En adoptant une mesure
législative qui serait intégrée dans le code
monétaire et financier, toutes les transactions effectuées via
une blockchain auraient alors les caractéristiques d'un acte authentique
à savoir : une date certaine, un contenu garanti via le registre
décentralisé et distribué, l'acte à force probante
et enfin l'acte à force exécutoire. Cela permettrait comme nous
l'avons également vue de faciliter l'arrivé de nouveaux acteurs
sur le marché des smart contracts.
Pour l'heure, même s'il n'existe aucun standard en ce
qui concerne la tenue de registre des sociétés non-cotées.
Nous pouvons saluer une initiative prise par Bercy. Le ministère a en
effet annoncé par l'ordonnance n° 2016-520 du 28 avril 2016
relative aux bons de caisse, la création de « mini-bonds » et
une augmentation du seuil du financement participatif de 1 à 2.5
millions d'euros. L'ordonnance permet aux émetteurs de minibons de
recourir à la technologie Blockchain pour l'émission et la
cession de ces titres37.
34
https://www.esma.europa.eu/press-news/esma-news/esma-assesses-usefulness-distributed-ledger-technologies
35
http://www.businesswire.com/news/home/20160621006307/fr/
36
http://www.croissanceplus.com/wp-content/uploads/2016/04/Note-de-position-Blockchain-CroissancePlus-PMEFinance-DEF_28-mars-2016.pdf
37
http://www.revue-banque.fr/banque-investissement-marches-gestion-actifs/chronique/quand-legislateur-interesse-blockchain-pour-l#desc-puce-nbp-5
30
Depuis cette ordonnance, un nouvel article L.223-12 du Code
monétaire et financier dispose que « l'émission et la
cession de minibons peuvent également être inscrites dans un
dispositif d'enregistrement électronique partagé permettant
l'authentification de ces opérations dans des conditions, notamment de
sécurité, définies par décret en Conseil d'Etat.
».
Le 6 juillet 2016, Manuel Valls alors Premier ministre
déclare lors des rencontres financières Paris Europlace : «
C'est en droit français que, pour la première fois en Europe,
nous allons fixer les conditions juridiques et de sécurité dans
laquelle on pourra réaliser les transactions financières
décentralisées sur Internet, ce qu'on appelle la Blockchain.
»38.
Il existe également un projet d'amendement
gouvernemental dans le cadre de la loi Sapin 2 permettant d'utiliser la
Blockchain dans des opérations sur des titres non cotés. Le 24
mars 2017 Bercy ouvre alors une consultation39, elle comporte vingt
questions avec pour objectif de définir le «
périmètre, les principes et le niveau de réglementation
à retenir dans le cadre de cette réforme. ».
L'Etat Français semble donc avoir pris la pleine
mesure des enjeux auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés et tente
d'apporter des solutions concrètes à de nouvelles
problématiques.
En juin 2016, l'autorité des Marchés Financiers
annonce la création d'une cellule « Fintech », terme englobant
également la technologie Blockchain. Franck Guiader, directeur FinTech,
Innovation et Compétitivité à l'AMF déclare :
« La blockchain pourrait remettre en cause des modèles
économiques, mais aussi des modèles de régulation. (...)
Nous sommes pour une blockchain réglementée : on garde un
modèle ouvert et il faut créer des noeuds d'accès
»40.
Il est important de mentionner que la Banque de France est
aujourd'hui la seule Banque Centrale à avoir un projet en cours sur le
sujet. Celui-ci a pour but sécuriser les places boursières ayant
recours à une blockchain privée ou publique en créant une
clé numérique unique, permettant d'identifier de manière
certaine chaque intervenant. La Banque de France souhaite faire émerger
des standards et se focalise sur l'élaboration d'un cadre
réglementaire et des applications, là où l'AMF
s'intéresse plus particulièrement comme son nom l'indique aux
marchés.
Dernière annonce, en juin 2017, la Banque de France
ouvre son propre lab41, réunissant autour d'elle des acteurs
de l'innovation, start-ups et fintechs, mais aussi des universitaires ou
d'autres acteurs institutionnels en vue de faire émerger de nouvelles
règles communes.
38
https://bitcoin.fr/la-france-veut-etre-la-premiere-a-reglementer-la-blockchain-en-europe-par-michelle-abraham/
39
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/File/434688
40
http://www.frenchweb.fr/pour-lamf-lavenir-est-dans-la-blockchain-reglementee/254912
41
http://www.usinenouvelle.com/editorial/la-banque-de-france-lance-son-espace-d-open-innovation.N558708
31
Nous venons de le voir, la France ne ménage pas ses
efforts en matière de réglementation et de projets en cours. En
revanche, il est impératif que l'Etat Français poursuive dans
cette voie et ne relâche pas la cadence, nous devons en effet encourager
les initiatives publiques et privées afin de tirer un avantage de cette
avance sur nos voisins.
b) Écologie
La Blockchain soulève des tonnes de questions. Je me
suis documenté pour faire ce mémoire, je n'ai pas
hésité à interroger certains professionnels sur le sujet,
il y en a une question qui ne vient pas spontanément lorsque l'on parle
Blockchain, un sujet fondamental qui n'est pratiquement jamais abordé.
Il s'agit de l'écologie. Quid de l'impact écologique de la
Blockchain et du bitcoin sur la planète ?
Le 22 avril 201642, le monde assiste à la
ratification des accords de Paris en vue de maintenir le réchauffement
climatique sous la barre des 2° à horizon 2100. Cent quarente cinq
Etats responsables de 83.54 % des émissions mondiales s'engagent
à lutter ensemble pour le bien de la planète. Le symbole est
fort. Parmi les partenaires de la COP 21, nous retrouvons de nombreuses
banques, les campagnes de communications se multiplient afin de faire savoir au
monde entier que les banques sont engagées dans cette lutte pour
l'avenir de notre planète.
En 2008 déjà dans son rapport «
Technologies de l'Information et de la Communication et Développement
durable »43 le ministère de l'Écologie, de
l'Énergie, du Développement Durable et de l'Aménagement du
Territoire nous apprend que le numérique absorbe 15 % de la consommation
électrique du pays à l'échelle globale ce qui
équivaut à la consommation de l'aviation.
Oui, mais voilà, en 2008 la Blockchain était
totalement inconnue des pouvoirs publics, et même du grand public.
À l'heure actuelle, nous savons que valider un bloc prend 10 minutes et
coûte 14 euros d'électricité en moyenne. Au 30 juin 2017,
la taille du registre distribué est de 132 gigaoctets44 qu'il
faut copier sur plusieurs millions d'ordinateurs à travers le monde et
comme nous l'avons vu ces chiffres ne cesseront de croître.
Certains considèrent d'ores et déjà la
Blockchain comme un « gouffre énergétique » qualifiant
la technologie de « boulet climatique » au regard d'une étude
publiée par deux chercheurs Irlandais révélant que Bitcoin
consommait à lui seul entre 0.1 et 10 gigawatt de puissance
électrique mettant en perspective le fait que l'Irlande toute
entière ne consommait à elle seule que 3
gigawatt45.
42
http://www.lemonde.fr/cop21/article/2016/04/22/a-new-york-171-pays-reunis-pour-signer-l-accord-de-la-cop21-sur-le-climat_4907201_4527432.html
43
https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00813608/document
44
https://bitcointalk.org/index.php?topic=1537552.0
45
https://karlodwyer.github.io/publications/pdf/bitcoin_KJOD_2014.pdf
32
Chaque transaction, chaque acteur regardant le registre ajoute
son poids sur le bilan énergétique de la chaîne. Ce
même bilan dépend comme nous l'avons vue des ressources
employées par les mineurs pour être performants, difficile alors
d'imaginer une diminution des dépenses énergétiques
à l'avenir.
Imaginons à présent le monde de demain, le
Bitcoin est reconnu comme une monnaie à part entière, au
même titre que les dollars, euros, yuans, etc. Les régulateurs du
monde entier légifèrent et les registres distribués sont
considérés comme une preuve authentique, les smart contracts eux
deviennent monnaie courante.
Considérons qu'en 2009, la base monétaire
mondiale émise par les banques centrales était estimée
à environ 11 000 milliards de dollars46. La consommation
énergétique correspondante à ce flux de trésorerie
serait alors de 4 000 gigawatt soit deux fois celle des Etats-Unis,
deuxième pays en termes d'émission de gaz à effet de
serre. Pour ce qui est des objets connectés pouvant utiliser les smarts
contrats, le cabinet de conseil McKinsey avance le chiffre 30 milliards en
202047, bien sûr tous ces objets n'utiliseront pas les
contrats intelligents, mais cela nous permet d'imaginer ce que pourrait
être l'avenir.
Ensemble, nous avons émis des hypothèses et mis
en lumières certains éléments en notre possession pour
tenter d'avoir une vision claire de la situation. Force est des constater que
nous sommes face à un iceberg gigantesque et nous n'avons pas fini
d'explorer sa partie émergée.
Si les Banques, les Institutions et les Etats semblent avoir
pris le taureau par les cornes en matière de réglementation, en
revanche, aucune réflexion n'a été entamée à
ce jour concernant les questions d'ordre écologique. Ce sujet doit donc
être impérativement mis sur le tapis afin de tenir nos engagements
vis-à-vis des générations futures.
46
https://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_mon%C3%A9taire
47
http://archives.lesclesdedemain.lemonde.fr/business/30-milliards-d-objets-connectes-dans-le-monde-en-2020-_a-56-3184.html
33
C. Les données personnelles : le nerf de la
guerre
K.Y.C. Trois lettres, trois lettres qui suffisent à
faire frémir n'importe quel responsable opérationnel bancaire
à travers le monde. Derrière cet acronyme anglo-saxon, se cache
le terme « know your costumer » soit l'obligation pour la banque de
connaître son client.
Le GAFI48, Groupe d'Action financière
crée en 1989 à l'issue du Sommet du G7 de Paris fait figure de
pionnier. La vocation de cet organisme intergouvernemental est
d'élaborer des recommandations, visant à lutter contre le
blanchiment de capitaux en imposant aux établissements financiers des
principes de bonnes pratiques communes à tous. Ces recommandations sont
aujourd'hui reconnues comme étant la norme internationale en
matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du
terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massives.
Des événements tels que les attentats de
New-York ou de Madrid, la crise des surprimes ou encore les révolutions
du printemps arabe ont poussé les Etats à revoir leurs
législations, faisant émaner de nouvelles obligations de
vigilance concernant le blanchiment de fonds et la lutte contre le financement
des entreprises terroristes. Ce n'est pas tout, les Gouvernements ont aussi
été dans l'obligation de veiller à ce que les acteurs
financiers soient contraints à l'obligation d'information des
investisseurs et/ou des emprunteurs.
Nous avons alors assisté à la naissance
d'organismes indépendants dont la fonction principale est la
surveillance de nos institutions financières. Rapidement, des
condamnations tombent. Les établissements sont alors confrontés
à de fortes amendes et au risque de réputation. Ce qui
n'était au départ qu'un enjeu réglementaire est devenu
très rapidement un risque opérationnel pour les
établissements financiers.
En effet, selon le Boston Consulting Group, la somme totale
des amendes payées par les banques depuis dix ans s'élève
à 320 milliards de dollars. Les régulateurs américains et
européens ayant récolté respectivement 179 et 20 milliards
de dollars, tandis que les particuliers auraient reçu quant à eux
la somme de 123 milliards de dollars, toujours selon le cabinet
américain49.
Les banques ont donc dû déployer des
procédures interne lourde en vue de vérifier l'identité du
client, identifier le bénéficiaire effectif dans une relation
d'affaires ainsi que contrôler l'origine des capitaux, et s'assurer de
l'absence d'indice de blanchiment. La complexité de ces processus de
vérifications ont obligé certains établissements
financiers à faire appel à des prestataires
spécialisés, car dénouer les liens capitalistiques entre
divers acteurs économiques peut s'avérer très
compliquer.
48
http://www.fatf-gafi.org/fr/aproposdugafi/
49
http://image-src.bcg.com/Images/BCG-Staying-the-Course-in-Banking-Mar-2017_tcm9-146794.pdf
34
Dans son rapport «Blockchain, Putting Theory into
Practice»50 Goldman Sachs Equity Research estime le coût
total des procédures KYC à 10 milliards de dollars pour
l'année 2014. Ce même rapport indique également que les
procédures sont « peu efficaces, et se soldent par des amendes
conséquentes », plus graves encore Goldman Sachs estime que moins
d'1 % des fraudes seraient détectées.
Imaginons maintenant l'utilisation de la technologie
Blockchain à l'échelle internationale. Les institutions
financières du monde entier ainsi que les cellules de lutte
anti-blanchiment aux quatre coins de la planète pourraient créer
un registre distribué ou seraient donc enregistrées l'ensemble
des transactions bancaires mondiales, mais aussi l'ensemble des documents
KYC.
Les systèmes de contrôle de lutte contre le
blanchiment se trouveraient renforcés par la création d'un
registre distribué, sécurisé et infalsifiable. Ce
système permettrait en outre d'assurer la traçabilité des
opérations financières, des contrats et des données
clients de là à imaginer la fin du blanchiment d'argent il n'y a
qu'un pas.
Concernant les données clients, les banques souhaitent
renforcer leurs connaissances et exploiter ces ressources. C'est la raison pour
laquelle R3 et la Caisse des Dépôts et des Consignations ont
entamé des réflexions approfondis sur le sujet. Philippe Denis,
CDO de BNP Paribas Securities Services et membre du consortium déclare
« Le KYC est fondamental et sans KYC sur la blockchain, il sera
compliqué d'y réaliser des échanges et transactions.
»51. Frederic Dalibard de Natixis quant à lui
déclarer : « Une base de données partagée pourrait
permettre aux banques et acteurs financiers de partager les documents de KYC en
étant sûrs qu'ils sont légitimes et valides
»52.
De quels documents parle-t-on ?
· Pour la société :
· Extrait du KBIS récent
· Une copie du RIB
· Statuts de la société, certifiés
conformes par le gérant
· Justificatif de domicile de la société
· Déclaration des bénéficiaires
effectifs : les personnes physiques qui bénéficient directement
ou indirectement de la société.
50
http://www.unlock-bc.com/news/2017-05-25/blockchain-putting-theory-into-practice
51
http://www.journaldunet.com/economie/finance/1178642-5-manieres-dont-la-blockchain-va-revolutionner-la-finance-kyc/
52
https://hello-finance.com/e-kyc-lidentification-ligne-clients-cadre-reglementaire-thibverbiest-de-gaulle-fleurance-associes/
·
35
Justificatif d'activité (Compte résultat, Bilan,
Approbation comptes...)
· Pour les dirigeants :
· Justificatif d'identité du gérant ou
président de la société
· Le cas échéant, pièces
d'identités des bénéficiaires effectifs
déclarés
Les banques souhaitent donc décentraliser les documents
KYC et pouvoir les partager via une blockchain accessible à tous les
acteurs de la place, bien entendu après avoir procédé aux
vérifications des documents. Cela serait synonyme d'économies, de
gains de temps et de sécurité pour les établissements.
En effet, Société Générale
n'aurait plus besoin de récolter et vérifier les pièces
justificatives fournies par Monsieur John Doe si elles ont été
vérifiées par le Crédit Agricole. Nous pouvons
également imaginer que chaque client dispose d'une clé
individuelle, il pourrait alors choisir quelles sont les informations qu'il
souhaite partager avec plusieurs établissements financiers, pour
Philippe Denis « L'individu aura la main sur ses données dans un
environnement distribué et il n'y aura plus de redondance des
informations ».
Enfin, d'un point de vue « culture client » les
banques seraient gagnantes. N'avez-vous jamais dû fournir à
plusieurs reprise votre pièce d'identité à votre banque ?
Alors même que vous l'aviez déjà transmise quelques
semaines auparavant à un autre interlocuteur ?
À l'heure où les clients sont sollicités
de toute part et ou les robot-advisor et autres familiy office se
développent à vitesse grand V, satisfaire l'expérience
client et la rendre beaucoup plus agréable doit être au coeur de
toutes les préoccupations. La Blockchain pourrait donc être un
allié de taille.
36
37
38
IV. Conclusion
Ensemble, nous avons tenté de « décrypter
» la Blockchain. Pour cela, nous nous sommes intéressés, aux
fondements même de cette technologie, en analysant les principes
essentiels qui la régissent.
Ensuite, nous avons fait un zoom sur l'industrie bancaire,
pour mieux constater comment cette technologie promettait de remettre en cause
le mode de fonctionnement des banques et nous avons vu comment celles-ci se
sont unies pour contrecarrer cette menace.
Enfin, nous avons passé en revue de nombreuses
applications concrètes, des projets sur lesquels travaillent les
banques. Nous avons défini les nouvelles contraintes qui pèsent
sur celles-ci, mais nous avons également vu qu'il y avait des
opportunités à saisir. En somme, nous avons énoncé
les conséquences pratiques pour les banques à utiliser la
technologie Blockchain.
Tout cela dans un but, un seul, celui de répondre
à la question : « Blockchain, un danger pour l'industrie bancaire ?
»
De mes lectures et de mes conversations avec de nombreux
experts et autres opérationnels rencontrés lors de
conférence sur le sujet, il apparaît que la Blockchain a ouvert le
champ des possibles et ce à plusieurs titres.
Cette technologie a permis aux banques de se rapprocher via la
formation de consortiums. Les objectifs de ces associations étaient
multiples. Il s'agissait en premier lieu de créer des synergies communes
afin de faire face à l'arrivée de nouveaux acteurs qui
promettaient de mettre à mal le modèle bancaire en supprimant de
nombreux intermédiaires. Dans un second temps l'objectif des consortiums
était de tirer profit de ces applications en les déployant au
sein de leurs structures et nous avons vu que de nombreux établissements
ont d'ores et déjà pris de l'avance sur le sujet.
Aussi, nous avons parlé des formidables
opportunités que représente la Blockchain pour les banques
à savoir : des économies de temps, économies de
coût, réductions des risques réglementaires et enfin, une
plus grande traçabilité des opérations laissant notament
espérer à terme la mort du blanchiment d'argent.
Nous avons toutefois vu que les banques et les
régulateurs allaient devoir relever de nombreux défis. En effet,
les questions d'ordres réglementaires, sont de nature à
créer un climat d'incertitude quant à l'utilisation de la
Blockchain comme moyen de preuve ou acte authentique. Régler cette
question permettrait le déploiement et l'utilisation de cette
technologie de manière récurrente et systématique.
Nous avons soulevé la question de l'écologie et
mis en exergue le côté énergivore de la Blockchain. Un
autre problème de taille soulevant des questions quant à la
scalabilité de la Blockchain : la vitesse
39
de transaction. Pour mémoire Blockchain valide sept
transactions par seconde, là ou visa en traite quarente mille.
Alors, la Blockchain va elle révolutionner la banque ?
Représente-elle une menace, un danger pour l'industrie Bancaire ?
Il est selon moi trop tôt pour apporter une
réponse catégorique sur le sujet. Tout est une question de
patience, ce qui manque parfois au monde de la finance. L'Histoire nous l'a
souvent montré, prenons par exemple les évènements de 2001
et la fameuse crise de la bulle internet, les banques et les marchés
financiers peuvent surestimer les impacts des nouvelles technologies à
court terme, et paradoxalement les sous-estimer à long terme.
Cette fois, les banques ont été forcés de
réagir rapidement en déployant des stratégies à
court et moyen terme pour faire face à l'arrivée de nouveaux
concurrents.
En définitive, la Blockchain risque bel et bien de
faire évoluer le modèle bancaire. Peut-être assisterons
nous à la disparition de certains acteurs ou certains métiers,
mais il se pourrait également que la Blockchain fasse émerger de
nouveaux standards ou de nouvelles règles qui seront alors profitable
à l'économie en générale, mais aussi et surtout au
plus grand trésor des banque : les clients.
40
41

V. Annexes
Description du post-marché : Christopher Rodriguez-
Paris Dauphine
A) Le métier titres
La conservation
Le métier de conservateur est appelé «
custodian » en Anglais. C'est une activité qui consiste à
gérer toutes les opérations post-marché liées aux
portefeuilles de titres des investisseurs du marché. Le custodian
s'occupe d'assurer la tenue des comptes ainsi que la conservation des avoirs ou
titres de ses clients. Son rôle est donc d'enregistrer toutes les
opérations d'achats/ventes et de souscriptions/rachats, d'en assurer le
règlement ainsi que la livraison. Mais ce n'est pas tout, il se charge
de tenir à jour les comptes titres et traite les diverses
opérations sur titres telles que les paiements de dividendes, les
souscriptions-rachats ou encore les offres publiques d'achat.
En résumé, le conservateur joue aujourd'hui le
rôle de coffre-fort. Ce coffre est loué à des clients pour
que ceux-ci puissent y déposer leurs titres, ou autres créances.
La seule différence réside simplement dans le fait
qu'aujourd'hui, les titres ne sont plus physiques (papier), mais totalement
dématérialisés.
La fonction dépositaire
Le métier de dépositaire appelé «
depositary »ou « trustee » en anglais. Son rôle est de
veiller sur l'ensemble des actifs appartenant aux fonds d'investissement
(Organisme de Placement Collectif). Parmi ces actifs, nous retrouvons bien
entendu les titres, les espèces, les produits dérivés,
mais aussi les opérations de gré à gré. À ce
titre, le dépositaire est donc généralement aussi le
conservateur.
Le dépositaire doit veiller à la
conformité des caractéristiques qui ont été
déposées auprès de l'Autorité des Marchés
Financier, nous pouvons parler du prospectus du fond. Il s'assure par exemple
de la répartition des investissements. Si le fond d'investissement
déclare investir 40% des actifs en France, le dépositaire doit
s'assurer que soit bien le cas. Il travaille donc en étroite
collaboration avec son client et l'alerte sur toute anomalie ou potentiel sujet
litigieux. En revanche, il ne peut informer son client si des enquêtes
sont diligentées par l'autorité des marchés financiers.
42
La centralisation ou tenue de registre
43
Le dépositaire peut également se voir confier la
gestion du passif du fond. Il joue donc également un rôle de
centralisateur et gère la transmission ainsi que le
règlement-livraison des souscriptions-rachats de parts.
Arrêtons-nous un instant sur ce rôle de
centralisateur. Le centralisateur comme son nom l'indique s'occupe de
centraliser tous les ordres de souscription, mais aussi de rachats de parts
émanant des investisseurs.
Le centralisateur est donc en liaison quasi-permanente avec le
gérant du fond à qui il transmet ses informations concernant les
souscriptions-rachats selon une périodicité défini en
amont.
Avec ces informations, les gérants de fonds vont savoir
s'ils vont pouvoir disposer de cash supplémentaires dûs à
un nombre de souscriptions supérieures aux rachats. Si c'est le cas,
alors ils vont pouvoir investir ce cash selon les caractéristiques qui
ont été transmises à l'AMF et communiquer aux clients lors
de leur investissement.
En revanche, si la situation inverse se produit et qu'un
excès de rachat se présente les gérants vont devoir faire
des versements aux porteurs pour ce faire, ils vont être contraints de
liquider une partie des lignes du fond.
Ainsi, nous comprenons aisément que le centralisateur
doit être capable à tous moment de communiquer sur le nombre de
parts de l'OPCVM qui sont en circulation.
Cet élément important entre dans le calcul de la
valeur liquidative du fond (la valeur de la part) qui est égale à
l'actif net du fonds divisé par le nombre de parts.
Distinguo : dépositaire local,
dépositaire global, sous dépositaire et dépositaire
central de titres
Afin d'être précis dans ma description du
métier titre, il convient selon moi de faire un aparté sur la
chaîne post-marché et plus précisément de faire un
zoom sur les rôles des dépositaires et ceux des
dépositaires centraux. Le post-marché concerne tout les
instruments financiers à savoir les titres, actions, obligations, OPCVM,
dérivés, etc. C'est la vie du titre après son achat
(passage vers la contrepartie et gestion du titre par le dépositaire
central.)
Le dépositaire central
Certains noms de Dépositaires centraux ne vous sont pas
inconnus.
L'un d'entre eux plus particulièrement puisque son nom
a été rendu célèbre en Fevrier 2001. Après
s'être trouvé au centre d'un gigantesque scandale judiciaire sans
précédent.
Vous l'aurez deviné, il s'agit bien évidemment
de Clearstream qui est présent en Allemagne et au Luxembourg. Vous avez
également sans doute entendu parler d'Euroclear, qui est présent
en France,
44
en Belgique, aux Pays-Bas, au Portugal, en Suède, en
Finlande ou encore au Royaume-Uni et en Irlande.
En revanche, ce que vous ignorez sans doute, c'est le
rôle de ces organismes.
Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que le
dépositaire central est responsable de la tenue du compte
émetteur lors de chaque émission d'actions, obligations ou titres
de créance négociables. Il est donc dans l'obligation de veiller
à ce que le montant total des quantités en possession des
intermédiaires (banque, compagnie d'assurances) soit égal aux
quantités émises par les différents émetteurs.
Alors pour que toutes transactions soient validées et donc
dénouées, un transfert doit être fait sur les livres du
dépositaire central. Il est important de préciser que le
dépositaire central ne connaît pas le nom des porteurs des titres
qui ont été déposés sur les comptes ouverts par les
intermédiaires et les banques.
Exemple :
Nous avons la société de gestion Amundi qui
dépose 450 titres de la société Orange et
Swiss Life qui en déposent 300 en Italie chez le
même intermédiaire appelé Local Custodian
(Société Générale Securities Services par exemple)
puisque nous sommes à l'étranger.
Et bien le dépositaire central n'est pas en mesure
d'identifier séparément et nominativement les
propriétaires de ces titres.
Les réglementations nationales et autres directives
(UCITS V ou en encore AIFM dont nous parlerons plus tard) commencent tout juste
à obliger les conservateurs / local custodian à faire inscrire
leurs avoirs propres sur un compte dédié, de sorte qu'ils ne
soient pas mélangés avec les avoirs que possèdent leurs
clients. Cette technique est appelée ségrégation des
actifs.
Cette ségrégation des actifs a pour mission de
protéger les intérêts des investisseurs particuliers ou
professionnels des tirages sur la masse qui est une pratique totalement
interdite.
Cette expression désigne une pratique passée ou
le dépositaire local utilisait à l'insu de ses clients les titres
pour reconstituer sa trésorerie ou pour garantir des opérations
de type monétaire. Ils étaient donc sans le savoir exposé
à un risque de crédit provenant de la contrepartie des
intermédiaires à qui ils avaient confié leur avoir.
Pour finir tout dépositaire central procède au
règlement-livraison. Celui-ci reçoit diverses instructions. Soit
il reçoit des titres, soit il a pour instruction de livrer des titres.
Ces opérations ont toutes vocations à déclencher des
mouvements d'espèces ou de titres sur les comptes de ses clients.
Le traitement des flux financiers étant une absolue
nécessité, les dépositaires centraux doivent avoir soit le
statut de banque (c'est le cas de Clearstream), soit utilisé des
systèmes de transfert automatique de cash (Target 2) qui permet de
transférer de gros montant par-delà les frontières.
Dépositaire local, global et
sous-dépositaire
Faire appel à un dépositaire est indispensable
pour accéder directement à un marché local ciblé.
L'inconvénient pour les investisseurs est que pour chaque nouvelle
devise, chaque nouveau marché, il faut impérativement faire appel
à un nouveau prestataire par le biais d'appels d'offres par exemple.
Toutefois, cette démarche étant trop fastidieuse
bon nombre d'Institutionnelles ou de Grandes Entreprises désireuses
d'intervenir sur tel ou tel nouveau marché financier vont vouloir nommer
un seul et unique intermédiaire... Le dépositaire global.
C'est chez le dépositaire global que vont être
déposé les avoirs financiers et les titres, c'est donc à
lui que revient la mission de rentrer en contact avec les intervenants des
marchés locaux, et ce, en faisant appel à ses sous-conservateurs
qui sont en réalité des conservateurs locaux. Ils se chargeront
donc d'exécuter pour le compte du dépositaire global les
transactions de ses clients (Institutionnelles ou Grandes Entreprises).
Les sous-conservateurs sont donc en charge d'assurer la
gestion des avoirs qui sont détenus sur les places financières
étrangères par l'investisseur. Chacun d'entre eux adhère
au système de dépôt et de règlement-livraison de son
propre pays. Il est également chargé d'entretenir les relations
avec les autorités de références... L'investisseur confie
au dépositaire global toutes opérations aux différents
acteurs financiers de sa propre place.
Vous l'avez compris le conservateur global ne décide
pas et ne négocie en aucun cas à la place de son client. Il n'est
intervenant après la négociation et c'est grâce à
son réseau de sous-conservateurs que le global custodian va pouvoir
avoir accès à de nombreuses places de marchés
situées aux quatre coins du globe. Peu importe le nombre de
sous-conservateurs le client lui n'aura donc qu'un seul interlocuteur en ce qui
concerne le post-marché... Le dépositaire global.
45
L'administration de fond
46
Finissons avec une activité que peut exercer
également le dépositaire. Il s'agit de l'administration de
fond.
Cette activité a pour mission de prendre en compte
l'ensemble des opérations d'investissement réalisées sur
le fond de manière à retranscrire comptablement de manière
la plus fidèle les opérations enregistrées par le front
office.
Pour effectuer la valorisation des portefeuilles de ses
clients, le dépositaire doit donc calculer la valeur de la part de
chaque fonds qui lui sont confiés.
La valorisation de l'actif dépend de la valeur
liquidative comme nous l'avons très brièvement vue
précédemment. La valeur de la part est égale à
l'actif net du fonds divisé par le nombre de part total. C'est cette
valorisation des actifs permettra d'établir les comptes de l'OPC.
Le plan comptable des Organisme de Placement Collectif doit
respecter les principes du Plan Comptable Général. Il est, en
revanche, spécifique aux OPC et défini donc des règles
spéciales. Tout acte de gestion qui impacte le patrimoine de l'OPC doit
impérativement être mentionné dans les comptes annuels. Ces
comptes seront ensuite validés par un commissaire aux comptes.
Un des principes fondamentaux de ce code est le principe de
prudence et d'égalité aux regards des porteurs.
L'ensemble des règles qui permettront
l'évaluation des actifs composant le fond doivent impérativement
apparaitre dans le prospectus transmis à l'AMF et au client.
Depuis 2003, il est obligatoire de valoriser les actifs
à leur valeur actuelle. Elle est définie par la valeur de
marché si la valeur liquidative est calculée de manière
quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle. Si ce n'est pas le cas (private equity
par exemple) l'évaluation se fera par modèle financier.
La valeur liquidative tient compte de la vie du fond et
intègre l'ensemble des informations à savoir les
détachements de coupon, le paiement des dividendes, etc. C'est la raison
pour laquelle les sociétés de gestion sont en contact permanent
avec leur dépositaire et leur valorisateur qui vous l'avez compris
peuvent être la même entité.
47
The blockchain folk theorem*
Bruno Biaist Christophe Bisiöret
Matthieu Bouvard S Catherine
Casamattafl
May 22, 2017
Preliminary
Abstract
Blockchains are distributed ledgers, operated within peer-to-peer
networks. If reliable and stable, they could offer a new, cost effective, way
to record transactions and asset ownership, but are they? We model the
blockchain as a stochastic game and analyse the equilibrium strategies of
rational, strategic miners. We show that mining the longest chain is a Markov
perfect equilibrium, without forking on the equilibrium path, in line with the
seminal vision of Nakamoto (2008). We also clarify, however, that the
blockchain game is a coordination game, which opens the scope for multiple
equilibria. We show there exist equilibria with forks, leading to orphaned
blocks and also possibly to persistent divergence between different chains.
*We thank B. Gobillard, C. Harvey, J. Hoerner, A. Kirilenko, T.
Mariotti, S. Villeneuve, the members of the TSE Blockchain working group,
participants in the Inquire Conference in Liverpool, 2017, as well as an
anonymous referee for helpful comments. Financial support from the FBF-IDEI
Chair on Investment banking and financial markets value chain is gratefully
acknowledged. This research also benefited from the support of the Europlace
Institute of Finance.
t Toulouse School of Economics, CNRS (CRM-IAE)
t Toulouse School of
Economics, Université Toulouse Capitole (CRM-IAE)
S Desautels Faculty of
Management, McGill University
1 Toulouse School of Economics, Université
Toulouse Capitole (CRM-IAE)
1
6. Nodes express their acceptance of the block by working on
creating the next block in the chain, using the hash of the accepted block as
the previous hash.'
The nodes conducting the above mentioned tasks arc called
"miners", as they "mine" to solve proof-of-work problems, 53 and
get, rewarded for this in bitcoins. When mining, a miner sets a
53 The problem to be solved by the miners is a
purely numerical problem, completely unrelated to the economic nature of the
transactions in the block. Once found, the solution to this problem is easy to
verify.
computer capacity that performs trials to find a hash value lower
than a given threshold. Each trial is independent: past failures do not affect
thc probability of success of a future trial. Once a trial is successful, the
winning miner sends the block with the solution to other participants. If
participants accept, this block as the new consensus, they take it as the
parent of the new block they start mining. In that case (unless the consensus
is altered), the miner who solved the block gets a reward. 4 This
process is illustrated in Figure 1.
48
Figure l: The Blockchain
At t 0, there is an initial block Bo and a stock of transactions
included in a block 131, chained to BC). Miners work on a cryptographic problem
until a miner solves Bl at [l . Bl is broaclcast to all. Nodes check
proof-ofi work and transactions validity, and express acceptance by
chaining the next block to Bl.
Ideally, there is only onc chain, to which all miners attach
their blocks. One of the major questions about, blockchain is whether such an
outcome will arise. The alternative outcome is onc in which miners do not, all
attach their block to the same chain. Suppose, e.g., that the last, block
solved is Bn, but miner m chains his next block to the parent, block of Bn,
i.e., Bn 1. This starts a fork, illustrated in Figure 2. If some miners follow
m,
3
throughput. 54 Two main solutions, Segregated Wit,ncss
(SegWit) and Bit,coin Unlimited (BU), are supported by different, Bitcoin
community members, with the threat of some to fork in an attempt to impose
their preferred solution. As of May 2017, it, is not, clear which solution will
be adopted, nor whether it will lead to a fork.
How do forks happen? The above coordination issues, which can
arise following a technological change or an unpredictable event; (like the
hacking of TheDAO) have been overlooked and it is a contribution of the
present, paper to undescorc and analyse them. Coming from a different, angle,
an often mentioned potential cause of forks is "double-spending." Suppose miner
m from the example above buys an object from some party Y a,nd the transfer of
m's bitcoins to Y is recorded in B,. This could give an incentive for miner m
[o mine from Bn,-l, trying [o attract miners to his chain, to orphan Bn and
void the transfer of his bit,coins to Y. m would then be able to spend his
biccoins again, i.e., would "double spencl.'
'I This includes rewards given by the blockchain system plus
transaction fees which the originators of trade can choose to offer for the
valida,tion of their transactions.
54 Precisely, the protocol sets the maximum size of a,
block of transactions to one megabyte, which slows down the speed of
transactions validation and hinders the development of the network itself.
49
Non-instantaneous dissemination of information through the
network is another potential reason why forks, i.e., competing versions of the
ledger, could arise. Na,kamoto (2008) identified that problem and suggested it
would be solved if miners always chained their blocks to the longest, chain:
"Nodes always consider the longest chain to bc [he correct one
and will keep working on extending it. If two nodes broadcast, different
versions of the next, block
some nodes may receive one or the other first. In that, case,
they work on the first one they received, but, save t,hc other branch in case
it, becomes longer. The tie will be broken when the next, proof-ofwork is found
and one branch becomes longer; the nodes that, were working on the other branch
will then switch to the longer one.'
In the present paper, we abstract from these two problems,
assuming miners do not, attempt to
double spend and also that, information is instan disseminated in
the network. In this
frictionless world, it, is commonly argued, in
particular by the blockcha,in community, that blockchains should give rise to a
single and stable consensus, and thus offer a reliable way
5
sufficiently many blocks have been attached to that chain (this
is the socalled " k-blocks rule"). This can lead miners working on different
chains to continue to do so, in order to beat the competing chain. This can
contribute to the
emergence of persistent forks (Proposition 3).
While the persistent forks result hinges on the strategic
behaviour of miners, who anticipate their strategy will affect the value of
their rewards, the emergence of forks, making the previously longest chain
orphan, relies only on coordination effects, and would also arise in a
competitive environment.
In the last section of the current paper, we discuss how
integrating frictions in our model, such as attempts to double-spend or
non-instantaneous dissemination of information, could provide further insights
into the blockchain 's stability. We also suggest to endogenise the computing
capacity that each miner installs on the network. In the Bitcoin protocol,
total computing capacity determines the difficulty to solve blocks. Because
each miner does not take into account the impact of his computing capacity on
the diffculty of the cryptographic problem faced by other miners, we conjecture
that an arms race can occur, leading to over-investment in computing power (not
unlike the over-investment in financial expertise noted by Glode, Green and
Lowery (2012)). This provides a roadmap for our future research.
Literature: Most existing literature on blockchains is in
computer science, with the notable exceptions of Harvey (2016), who discusses
the pros and cons of blockchains and Yermack (2017) who discusses their
implications for corporate governance.
50
Computer science papers offer insightful analyses of potential
strategic problems, but usually do not rely on the same type of formalism as in
economics. Bonneau et al. (2016) analyse how mining pools (i.e., groups of
miners) controlling a large fraction of the computing power could attack the
chain. Eyal and Sirer (2014) show how colluding miners can obtain a larger
revenue than their fair shares. Teusch, Jain and Saxena (2016) study how a
strategic miner can fork and attack the blockchain to double spend. The paper
to which our analysis is the closest is Kroll, Davey and Felten (2013). They
note that the interaction between miners should be analysed as a game. They
argue that the LCR is a Nash equilibrium. While their analysis offers
interesting economic intuition, it does not offer a formal analysis and proof
of equilibrium. Another difference between our analysis and theirs is our
analysis of forks on the equilibrium path.
7
Thus, a reasonable order of magnitude for IVI is around 15.
Because the number of pools is finite, it
PHash.lO: 0.2%
F2Pool: 10.6%
8TCC Pool: 9.7%
is appropriate to take a ga,mc approach, in which each of the M
players behaves
strategically. In the discussion below, we will highlight
which results rely on this strategic bella,viour and which would also obta,in
in a, competitive environment.

shawnpOwers:
Unknown: Kano CKPool: BATPOOL:
CANOE GBMiners: BitClub Network: ViaHTC:
Bitcoin.com:
BTC.TOP: 9.2%
Figurc 3: Hashrate distribution of Bitcoin mining pools on April
20, 2017. Source: blockchain.info. servers are located in China. The other
three main pools have servers in China, .Japan and the US.
Mining technology: There is a continuous flow of transactions
sent for confirmation by end-users. 6 For the moment, for
simplicity, we assume all miners perfectly and instantaneously observe this
flow, which they include in the blocks they mine. The time it takes a miner to
solve his block depends on the difficulty of the cryptographic problem and the
miner's computing
51
fiFor simplicity we, take the flow of transactions to be
exogenous, while in practice it can a,ctually be endogenous. hi fact, we don't
model the transactions and model the blockchain process directly at, the level
of the blocks.
9
economic mechanisrn we analyse below.
Wc assume that at time exponentially distributed, with parameter
Awn, , miner m is hit by a liquidity shock. At time the miner must, leave the
game and sell the cryptocurrcncics hc earned previously to a new miner who also
inherits his beliefs and preferences. 55 Thus, exits are compensated
by ent,ries and the environment is stationary.
Blockchain: At time 0, there is an initial state of the ledger,
encoded in 130, and a set, of tra,nsactions. Starting from 130, miners start
working on the first block, 131 , which contains the initial set, of
transactions. Once Bl is solved, miners must choose t,o which parent, block to
chain the next, block (132) they mine. If minors choose B] as a parent block,
they continue the first, chain. Alternatively, miners ca,n choose to disregard
B] and attach B2 to BC). In that case, miners start, a fork and there are two
competing chains, one including 130 and B], the other Bo and B2.
As the, game unfolds, a tree of blocks develops. In the above
example, once B2 is solved, the tree has three vertices: 130, Bl and 132. If
miners continue the first chain, by attaching B2 to Bl the two edges (or
branches) of the tree are (Bo, Bl) and (131 , 132). In contrast, if miners
start, a fork, the two edges arc (130, B]) and (Bo, 132). At, each vertex 13k,
the tree also includes a label, identifying the miner who solved the
corresponding block, The indices of the blocks give the order in which they
have been solved. That is, if k < n, then block 13k was solved before block
Bn.
In general, at, any time l, one can observe a tree of solved
blocks C t {P}, E l', I l'}, where B
t (130, ...Bn,) is the set, of all blocks that have been solved by
time t, E l {(B(), DI), ...Wk, Bw), ...1, with < k: < k' <
n, is the set, of edges chaining t,hcsc blocks, and I L = ...m(Bn)) is the set
of identities of miners who solved blocks. Within a tree, a chain is a sequence
of connected blocks in which each block is connected to at most, one
subsequent, block. Thus, cach fork starts a new chain. More formally, we define
a fork as follows:
Definition 1 Fork;: Th,cre is a fork: at time t 'if a,nd only i/
there exists (Bi, Bk, Bkl) 'included 'in B t such that (Bi, 13k)
a,nd (Bi, 13k,) belong to E l .
It, is also useful to define the original cha,in for a given
tree C", as follows:
11
practice, miners do not sell their reward immediately after they
have earned it. In particular, the so called " k-blocks rule" implies that the
cryptocurrency obta,incd by m for solving a block will be, accepted by others
only after sufficiently many blocks have been chained to that, block.
At time the, payoff from each solved block depends on the
credibility of the cha,in that, contains the block. Consider two polar cases:
In the first case, a block solved by a mincr becomes orphaned, i.e., no further
blocks are att,ached to it, so that, no miner expresses acceptance of that
block and
55 Wc explain below the process through which miner m
accumulates crypt,ocurrcncies.
52
the transfer of crypt,ocurrcncy it, encodes. In the second case
there is a single chain to which all blocks belong, reflecting consensus on the
blocks in that, chain. The value of a rewa,rd in the first case, is likely to
be zero, and is bound to be smaller than in the second case. Next, consider an
intermediate case, in which the block is included in a chain competing with
another one. As long as a significant fraction of the miners are working on
each of the chains, the value of rewards included in the blocks of the two
chains, while uncertain, can remain positive.
More formally, we assume (hat (he payoff for miner m, from
solving B is an increasing function, G(.), of the number of miners active at
time zm, in the chain including B. For exa,mple, suppose there, are two act,ivc
chains at time zm,. If [herc arc K miners active in the chain including B, and
M -- K in the other, the payoffs from solving blocks are the following: The
miner who solved block B, which we denote by m,(B), earns G(K) for block B. A
miner who solved a block in the other chain earns G(M -- K) for that block. If
a miner solved a block that, belongs to both chains, he earns G(M -- K) + Wc
assume that, G(O) G(l) = since, when there is only onc or no miner on a chain,
the associated cryptocurrency has no value. Finally, wc assume that when
several chains compete, the total value of a
11 One must, also specify what happens if -zm occurs
just after a fork starts, after a block 13,,, has just been solved. The
probability of this event, is very small, and in practice it is not a very
relevant, consideration, but, for completeness, wc need to specify the value of
the reward
earned by m(Bn) when K miners chain the block they curreni,ly
mine to while M -- K chain
their block to Suppose there was a single, chain
up to and including Bn. Three alterna,tive hypotheses are possible. First, one
could posit, that the not yet realiscd fork does not, reduce the credibility of
t,hc current chain. hi that case, m(13n) earns G(M) for Bn. Second, one could
posit irrespective of how many miners fork, the attempt to fork reduces the
overall credibility of the chain, reducing the reward for 13m, to some
arbitrary g < G(M). Third, one could posit that the reward for 13Tl, is
worth G(K). Wc will highlight in the proofs the extent, to which these
alternatives affect, our construction.
13

+ 90
Time
53
Figure 4: Bitcoin price during the March 2013 fork.
The graph plots individual transaction prices obtained from a
major bitcoin exchange platform, Bitstamp, during the March 11-12, 2013 fork.
The first dotted vertical line represents the time at which the fork started,
and the second dotted vertical line represents the time at which the original
chain caught up the fork.
assume that at each time T e T, the realisation of a sunspot
random variable rT is observed by all, and we include it in the
state. r T is uniformly distributed on [0, 1] and i.i.d. over
time.
Thus, we define -- ( CT , AT ,
TT ) and denote by O the set of states of the world.
Strategies: Miner m chooses his strategy to maximise his expected
payoff at time zm. At each time T G T, miners observe the whole history of the
game, that is, the state wr, as well as, e.g., the exact timing of blocks
resolution and the previous mining choices. In the spirit of Markov
perfection,
15
of them is hit by the liquidity shock. This is the case if a,ll
miners stick to the original chain at any time T G T . If they do so the
longest, chain rule (LCR) trivially holds. Our first, proposition states that
there exists an equilibrium in which miners follow this strategy.
Proposition 1 There exists a Markov Perfect Equilibrium in which,
on the equilibrium path there is a single chain and all miners follow the LCR,
thus obtaining their maximum expected payoff,
The intuition for Proposition 1 is the following. When all miners
up to T attach their blocks to the original chain, thus following the LCR,
there is a, single chain at, T. If [he others abide (,his strategy, then m can
obtain his maximum possible expected payoff, by a,lso abiding to it. Hence
there is no profitable one shot deviation from the stra,tcgy which consists in
extending the original (and thereby longest,) chain. Precisely, each miner
rationally anticipates that if he deviates and solves a, block, the other
miners would not; follow him, ancl the block solved out, of the equilibrium
path would have no value.
In the context, of the strategic interaction characteriscd in
Proposition 1, miners are not, really compeling to solve their block before the
others. That another miner solves his block before m cloes not, in itself,
reduce m,'s gains. The only thing that matters for miners to obt,a,in the
maximum payoff they get, in Proposition 1 is that, they coordinate well and all
work on the same chain.
It is also noteworthy that the result in Proposition 1 docs not
depend on the number of miners M. The economic mecha,nism involvecl in
Proposition 1 docs not hinge on strategic behaviour. It is purely driven by
coordination effects, which would also be at, play in a competitive
environment.
Proposition 1 emphasiscs that; attaching blocks to the original
chain is a simple way for miners to coorclinate their actions, and results in a
single chain with no fork. There might, however, bc other ways for miners to
coordinate in our stochastic game. In particular they could rely on the sunspot
variable r T . Wc now exhibit an equilibrium in which conditioning
actions on rr T leads Lo equilibria with forks.
54
Intuitively, suppose miners follow the original chain until the
realisation of the sunspot, variable is such that, miners anticipate a fork. As
shown below, because of coordination effects, this a,nticipation is self
fulfilling.
17
"Gavin Andresen: the 0.8 fork is longer, yes? so majority
hashpower is 0.8 . first rule of bitcoin: majority hashpower wins
Luke Dashjr: if we go with 0.8 we are hard forking
BTC Guild: I can single handedly put 0.7 back to the majority
hashpower. I just need confirmation that that's what should be done.
Pieter Wuille: that is what should be done, but we should have
consensus first
As illustrated by the above quoted discussions, miners faced a
dilemma. Should they follow the longest chain rule and continue mining the 0.8
chain which had attracted the majority of the computing power? Or should they
fork from it, reverting to a different version of the blockchain? The above
discussion shows that the overarching concern of the miners was that they
wanted to follow the consensus. BTC Guild, which was one of the largest pools
at the time, eventually chose to downgrade to the 0.7 version. This resulted in
the 0.7 chain becoming the longest, and all miners coordinating back to it.
Consequently more than 24 blocks, solved on the 0.8 chain, became orphaned, and
their miners (including BTC Guild) lost the corresponding rewards. Commenting
on this situation, Narayanan (2015) wrote:
"One way to look at this is that BTC Guild sacrificed revenues
for the good of the network. But these actions can also be justified from a
revenue-maximising perspective. If the BTC Guild operator believed that the 0.7
branch would win anyway (perhaps the developers would be able to convince
another large pool operator), then moving first is relatively best, since
delaying would only take BTC Guild further down the doomed branch.'
This illustrates the behaviour of miners in Proposition 2: if one
miner expects all the others to fork, then he is better off following them.
Similarly to the 0.7 chain in the 2013 Bitcoin fork, in Proposition 2, the fork
stemming from Bn(T) f
becomes the only active chain. Since it does not include blocks
to Bn(T),
the miners who solved these blocks lose their rewards.
Consequently, these miners earn less than gr}ax , while the other
miners do not earn more than Thus the forking equilibrium in Proposition 2 is
Pareto dominated by the single chain equilibrium in Proposition 1.
19
In our model miners hold their rewards until zm and therefore
have vested interests. In practice, miners cannot sell their rewards
immediately after solving blocks, due to the k-blocks rule. Our model takes a
simplified view of this situation by assuming that the vesting period lasts
until zm. Our next result illustrates the consequences of vested interests. To
state that result, rank the miners by their vested interest in the original
chain at time T f as follows

TO(m,
where Pr(zm T') is the probability that at the next stopping time
T', miner m is hit by a liquidity
shock, and -- Nm(Tf ) = 1) is the probability that he
solves his block at T/.
Consider the following condition.
Condition 1 For any M and any K < M, G(K) + - K) = G(M), and
WT is such that there exists K e {Int(}) + 2, ...M} (where Int denotes the
integer part) such that

2
(1)
55
and for m > K

< v 0 (m,
(2) while for m K
The assumption that for any M and any K < M, G(K) + G(M -- K)
-- G(M), simplifies the presentation of Condition 1. However, Proposition 3
below also holds in the more general case where G(K)+G(M--K) G(M) .
56Consider an arbitrary integer f. Let Tf be the first
time at which rT > 1 -- E, f < n(T) and Condition 1 holds.
21
of Proposition 3.

Original chain with M -- K miners
New chain with K miners
t
56 In addition to notational changes, it would require
imposing an (arbitrarily large) upper bound on miners' vested interests.
56
Figure 5: Equilibrium of Proposition 3
Unlike Proposition 1 and Proposition 2, the conditions in
Proposition 3 depend on the number of miners. More precisely, the tradeoffs
faced by the miners involve the effect of their mining strategy on the value of
their rewards. If miners were competitive and their choice had no impact on the
value of their rewards, this strategic effect would not arise.
Finally note that the equilibrium outcome in Proposition 3 is
Pareto dominated by that in Proposition 1. Again, forking reduces the total
gains of the miners, and yet it can arise in equilibrium.
VI. Extensions (work-in-progress)
So far we have considered the case in which i) there are no
frictions, and ii) computing capacity is given and constant. In future
research, we will work on relaxing some or all of these assumptions and examine
to what extent the economic mechanisms we already identified are still at play
and what new effects arise. We will also endeavour to distill the implications
of our theoretical analysis.
23
turn, determine the difficulty of the proof-of-work.
57 In this context, the, individual decisions of the miners exert
negative externalities on their competitors: When m, increases his computing
power, this raises the diflicult,y for all the other miners. Thus, we
conjecture that an arms race occurs (not unlike in the case of financial
technologies and high frequency trading, as noted by Glode, Green and Lowery
(2012) and by Biais, Foucault and Moinas (2016)). This could imply
over-investment, in the sense that equilibrium aggregate investment would be
larger than its socially optimal counterpart. Such overinvestment would be
particularly undesirable, given that the proof-of-work mechanism is already
criticised for allocating computing power and energy to solving useless
cryptographic problems.
VII. Conclusion
Our analysis suggests that mining in a blockchain is a
coordination game. Coordination games usually have multiple equilibria, some of
which are Pareto dominated. Our first results illustrate that this can be the
case in the blockchain, and raise an important point in the policy debate on
blockchains: when record keeping is decentralised, efficient decentralisation
requires coordination, while coordination problems can lead to inefficient
equilibria. It would be interesting to study if
57 Intuitively, if difficulty was kept, constant,
an increase in computing capacity would lead to an increase in the frequency of
blocks validations. Instead of one block every 10 minutes, there could be, for
example, one block every 8 minutes. The increase in difficulty would bring the
average duration between two blocks back to minutes.
57
and how inefficient equilibria could be avoided. Maybe cheap talk
could play a role in this context. This might provide a rationale for
communication channels among miners and developers, such as IRC channels and
forums. Another communication device used in practice by miners is flags
attached to blocks to convey messages to other miners, such as, e.g., support
for an upgrade, which might then lead to or help avoid a fork. It would also be
interesting to identify the main drivers of blockchain instability. For
example, one could analyse if concentration of computing power can be
dangerous. One could also study if other reward schemes than that currently
used in blockchains could generate better outcomes. For example, while Bit,coin
does not reward orphaned blocks, Ethereum does, to some extent. Should onc
expect, the latter reward scheme to generate better outcomes than the
former?
25
Appendix
Throughout the proofs we will use the following lemma: Lemma 1
Our blockchain game is continuous at infinity.
Proof of Lemma 1: Denote by J(om) the expected payoff of miner m
if he follows strategy cm. Consider an alternative strategy, am,i
that prescribes the same actions as am until time T and differs afterwards. The
difference between the two expected payoffs can be written as

Pr(zm <
Now, by definition,

Moreover lim Pr(zm > T) 0,
T+00 and J (0m) -- J(dm) is bounded,
since is finite. Hence,
lim J(om) -- J(dm) 0,
00 which ensures that our game is
continuous at infinity.
A. QED
Proof of Proposition 1: By Lemma 1, a strategy profile forms a
subgame perfect equilibrium if and only if there is no profitable one shot
deviation from that strategy at any stage in the game.
Our candidate equilibrium, me-M, is that, for any CUT , miners
chain their block to the most recent block in the original chain.
To prove that this is a Markov perfect equilibrium we now show
that, in any state wt, any miner prefers to follow the equilibrium, and chain
his block to the most recent one in the original chain, rather than engaging in
a one shot deviation, chaining his block to another block, B, at time T, and
then reverting to the equilibrium strategy.
To do so, consider three cases, whose probabilities are
independent of the miners' actions (since they reflect the distributions of
independent Poisson processes whose intensities are exogenous)
27
Proof of Proposition 2: Denote by n(T) the index of the last
block solved by time T, by Bn(T) the corresponding block and by I f
the first time at which the sunspot variable is above 1 -- E and f <
n(T).
Our candidate equilibrium strategy profile, a* , specifies the
following:
a) Before the fork: If T < T f , miners chain
their block to the most recent block in the original chain.
b) At the fork inception: If T Tf , or T > T
f and cut does not include an edge (Bn(Tf) f, Bk+l), with k >
n(T), miners chain their block to
c) After the fork: If T > T f and WT includes
an edge Bk+l), with k > n(T f ), miners chain
their block to
the most recently solved block in the chain including (Bn(Tf) f, Bk*+l), (with
k* = min{k n(T f )
s.t. there exists an edge (Bn(Tf) f, Bk+l)}), whose index is the
index of its parent plus one or, if such a block does not exist, to B/c* +1.
Note that if all miners follow a* , their behaviour on the
equilibrium path is as described in Proposition 2. To prove that this is a
Markov perfect equilibrium, we need to prove that a miner does not have a
profitable one shot deviation from o*. We hereafter consider the three cases
a), b) and c) in turn.
a) Before the fork: Bearing in mind that miner's actions
don't affect the occurrence of the sunspot, at all times before T/ the proof of
a) operates along the same line as the proof of Proposition 1.
b) At the fork inception: Compare m's expected gain if he
follows the equilibrium strategy (chaining his block to Bn(Tf) f) to his
expected gain from deviating once by chaining his block to # and then reverting
to the equilibrium strategy. As earlier, the only relevant case is when the
next event is that m solves If he had chained to B, then he expects that at
later stages no miner (including himself) will chain any block to since he
anticipates the equilibrium strategy to be followed. Consequently, his reward
for mining attached to B is 0 (and therefore less than his gain if he had
followed the equilibrium). Moreover, as before, his expected payoff from
previously solved blocks as well as from future blocks, is unaffected by which
block he has just mined.
58
29
c)
59
After the fork: If T > Tf , Condition 2 holds
and the new chain exists, then miners m < K chain their block to the last
block on the new chain, while miners m > K chain their block to the last
block on the original chain.
d) After the fork off-path: Suppose there are two consecutive
times T and T' such that Condition 2 holds at T but not at T'. Note that this
can only happen after a deviation from the strategy prescribed in b) and c)
where BH is either chained to the last block on the new chain (or Bn(Tf) f) by
a miner m > K or chained to the last block on the original chain by a miner
m < K. The equilibrium strategy then prescribes that miners exclude BT'.
More precisely, suppose BT/ was chained to the original chain by m < K. Then
at and after H, miners m < K chain their block to the last block on the new
chain. At T/ miners m > K chain their block to the last block solved by time
T on the original chain, B} and do so until a new block BnewO is
solved and chained to B O After Bneu,O is solved, miners
m > K chain their block to the last block on the chain that contains (Bn(T)
O BnewO ) that preexists all chains that contain (B n(T)
O BnewO ). This chain then replaces the original chain in
Condition 2. Symmetrically, if Bf/ was chained to the new chain by m > K,
then at and after T', miners m > K chain their block to the last block on
the original chain, while miners m < K exclude BT/ by mining from the last
block solved by time T on the new chain, and then mining from the chain that
originates from that fork. This chain then replaces the new chain in Condition
2.
As will become explicit below, the specification of the
equilibrium strategy in states described in d) is useful to rule out certain
types of deviations. Note that if the state is as described in d) and all
miners play the equilibrium strategy, then the expected payoff of a miner, say
m < K, at T1 is

which is exactly his expected payoff at T under the equilibrium
strategy described in b) and c). This also holds for miners m > K.
We need to prove that a miner does not have a profitable one
shot deviation from a*. We hereafter consider each of the cases above in
turn.
31
Hence, one can set E so that, Pr(T f < z Iw z and
correspondingly the gain from reducing the likelihood of a fork via a
deviation, is arbitrarily close to 0.
Next consider the second effect. If miner m solves but this block
is not on the original chain, no further block will be chained to it, since all
miners henceforth will follow a*. Hence the expected payoff for this block is
0. If instead m was following the equilibrium strategy when he solved
the expected payoff from this block is strictly positive.
Overall, the first effect, which reflects the maximum gain from a
one shot deviation can be set arbitrarily close to 0, while the second effect,
which reflects the cost of a one shot deviation, is bounded away from 0. Hence,
there is no profitable one shot deviation.
b) c) At or after the fork:
1) Consider first a deviation by a miner m > K.
Any deviation other than chaining to the last block on the new
chain is ruled out by similar arguments as in Proposition 1. Hence we just have
to check that rn, prefers to chain his block to the last block on the original
chain, rather than to the last block on the new chain. As in the previous
60
proofs, this one shot deviation affects rn's payoff only if the
next stopping time T/ corresponding to two possible events: either m solves his
block, or zrn occurs.
(i) Suppose miner m solves a block at T', i.e., IVm(T/) --
Nm(T) = 1. If Condition 2 is still true at T', since every miner, including m,
reverts to the equilibrium strategy from T' on, the only impact of the
deviation is that m earns G(K) for block Bn(T/) instead of G(M -- K) under the
equilibrium strategy. If Condition 2 is not true at T', the only impact of the
deviation is that m earns 0 for block Bn(T') instead of G(M -- K) under the
equilibrium strategy. Indeed both under the equilibrium strategy and the
deviation, his expected payoff at T' is his expected payoff at T plus the
reward he receives for block Bn(T'), which is 0 under the deviation when
Condition 2 does not, hold since from d) no miner will ever chain a block to
Bn(T/) .
(ii) Suppose miner 'm, is hit, by a liquidity shock at, T',
i.e., zm, = T'. Then his payoff under the deviation is
33
Last, see that inequality (1) in Condition 1 guarantees that
(2) and (3) cannot be satisfied jointly for the same miner m.
d) After the fork off-path
Suppose is as described in d) and consider a deviation by miner m
before block is solved. If m chains his block to Bn(TI) and the next event is
not that m solves his block, then his deviation is irrelevant. If the next
event is that he solves his block, then the only impact of the deviation is
that m earns 0 for this block, since all miners play the equilibrium strategy
going forward so that no
miner will ever chain his block to
Suppose that miner m deviates and chains his block to a block
that was solved before Bn(+). Then, as above, the only relevant deviations are
for a miner m K to mine a block chained to the last block on the original chain
solved by time T or for m > K to mine a block chained to the last block on
the new chain solved by time T. By construction, the payoffs from these
deviations and from adhering to the equilibrium strategy are identical to the
payoffs derived in b) and c). Furthermore, given that no miner chains his block
to Bn(T') which therefore yields 0 to the miner who solved it, a deviation is
not profitable if Condition 2 holds when block Bn(T') is substracted from
miners' vested interests vo (m, H) and on (m, H), that is, if v
o (m, T) and on (m, T) are such that Condition 2 holds,
which is true.
Finally, consider a deviation by miner m after block Bn(T0+1 is
solved, then the state is such that Condition 2 holds, hence, from b) and c),
there is no profitable one shot deviation. QED