2.3. Histoire naturelle de l'infection à VHB
La période d'incubation de l'infection par le VHB est
en moyenne de 3 mois (de 2 semaines à 6 mois). L'Ag HBs apparaît
dans le sang, un mois en moyenne après le contage et persiste environ
deux mois. C'est au cours de la convalescence qu'il disparaît dans les
formes habituelles qui guérissent (90% des formes ictériques),
mais persistant chez les porteurs chroniques (10% des formes
ictériques). L'antigène HBc est masqué par l'anticorps
anti-HBc et n'est pas détecté par les tests usuels. Les anticorps
apparaissent après les antigènes en commençant par les
anti-HBc. Les IgM HBc, fugaces, signent l'infection aiguë, tandis que les
IgG HBc sont très durables, probablement toute la vie. Les anti-HBs,
anticorps neutralisants, apparaissent les derniers, durant la convalescence et
signent la guérison. Ils persistent des années voire toute la vie
et sont absents chez les porteurs chroniques. Entre la disparition de l'Ag HBs
et l'apparition des anticorps HBs, il peut y avoir une fenêtre où
le diagnostic d'infection récente ne peut être porté que
sur la présence des anticorps HBc IgM ou du DNA viral sérique
[17].
Quant à l'antigène HBe, il apparaît en
phase aiguë et a une signification pronostique. Sa disparition est de bon
pronostic, comme l'apparition des anticorps correspondants. Ainsi chez les
porteurs chroniques, ceux qui ont l'anticorps HBe sont moins contagieux
[17].
*CHC : Carcinome hépatocellulaire
; TH : transplantation hépatique Figure 1 : Histoire naturelle de
l'hépatite virale B [17J
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Le diagnostic au laboratoire repose en
pratique courante sur la mise en évidence dans le sang des marqueurs du
virus de l'hépatite B, principalement de l'Ag HBs. L'ELISA est la
technique de détection la plus utilisée.
Figure 2 : Evolution
des marqueurs virologiques et sérologiques après une
hépatite virale B aigue d'évolution favorable.
Figure 3 : Evolution
des marqueurs virologiques et sérologiques après une
hépatite aigue évoluant vers la chronicité
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2.4. Revue de la littérature
L'objectif de cette revue était de faire le point de
l'état des connaissances à travers la littérature
scientifique et académique, les sites internet
spécialisés, les livres et journaux, etc. sur la
prévalence, l'incidence des hépatites virales B ainsi que et les
facteurs associés à l'infection au VHB en population
générale et surtout chez les donneurs de sang.
Cette revue de littérature, loin d'être
exhaustive, visait d'une part, à recueillir les connaissances actuelles
sur la séroprévalence et l'incidence des hépatites virales
B chez les donneurs de sang et de déterminer le délai moyen de
survenue de la séroconversion de l'hépatite virale B. D'autre
part, elle avait pour but de déterminer les facteurs associés
à la séroconversion du VHB chez les donneurs de sang.
Nous avons pour cela identifié trois (3) thèmes de
recherche documentaire à savoir :
- l'épidémiologie des
hépatites virales (incidence, prévalence, populations les plus
touchées, etc.) en population générale et chez les
donneurs de sang en particulier.
- la séroconversion des hépatites
virales B en population générale et chez les donneurs de sang ;
- le délai moyen de survenue d'une
séroconversion des hépatites virales B chez les donneurs de sang
en Afrique et dans le reste du monde.
Nous avons fait une recherche sur internet et sur des moteurs
de recherche par mots-clés suivants : délai de
survenue - séroconversion - hépatites virales
B - donneurs de sang.
De notre recherche documentaire, il est
ressorti que plusieurs études ce sont intéressées à
la séroprévalence, à l'incidence et à la
séroconversion des infections au VHB dans la population
générale et chez les donneurs de sang en particulier aussi bien
dans les pays développés que dans les pays en voie de
développement. Mais peu d'études ont été
menées sur le délai moyen de survenue d'une séroconversion
de l'hépatite B et le nombre moyen de dons à partir duquel
survient une séroconversion du VHB chez les donneurs de sang surtout
dans les pays à forte prévalence des hépatites virales
comme ceux d'Afrique subsaharienne.
Au total, nous avons consulté des études en
rapport avec la séroprévalence des hépatites virales B
ainsi que des études sur l'incidence des hépatites virales B et
le risque résiduel de transmission du VHB par transfusion sanguine. Pour
ce qui concerne les études sur la survie sérologique du VHB, le
délai de survenue d'une séroconversion du VHB et le nombre de
dons de sang moyen à partir duquel survient cette séroconversion
chez les donneurs de sang, aucune étude n'a été
retrouvée.
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Al-Waleedi et Y.S. Khader ont mené une
étude transversale descriptive dans une population de donneurs de sang
et dont l'objectif était de déterminer la prévalence des
infections à hépatite B et C et les facteurs de risque
associés chez des donneurs de sang dans la ville d'Aden au Yémen.
De l'analyse critique de cet article, il est ressorti que la question de
recherche n'est pas clairement formulée et les critères
d'inclusion et d'exclusion ne sont pas explicitement définis. De plus,
l'échantillon était constitué de 469 nouveaux et anciens
donneurs de sang de 18 à 59 ans de sexe masculin uniquement. Cela
pourrait poser un problème de biais de sélection et de
classification. Aussi, les facteurs de risque étudiés ne
concernaient que les comportements sexuels à risque, ce qui ne permet
pas de mettre en évidence le rôle de la transfusion sanguine dans
la transmission du VHB. De même, la technique utilisée pour le
dépistage des hépatites virales B n'est pas mentionnée
dans l'article. Enfin, le plan d'analyse statistique était très
peu informatif car très peu développé. De toutes ces
informations, nous estimons que cet article n'est pas pertinent pour notre
étude du fait nos objectifs, notre type d'étude et nos
critères d'inclusion et d'exclusion sont différents et ne nous
permettront une analyse comparative des résultats de notre étude
avec ceux de cet article. Par contre, cet article pourrait être
utilisé pour les généralités et la
définition des concepts [19].
Quant à Dharmesh Chandra Sharma et
collaborateurs, dans une étude visant à estimer la
séroprévalence des infections transmissibles par transfusion
(ITT) parmi les donneurs de sang de 2003 à 2013 dans une grande banque
de sang à Gwalior, Madhya Pradesh, en Inde et pour évaluer les
tendances des ITT dans cette population, ont conclu que la
séroprévalence de l'hépatite B chez les donneurs de sang
est en augmentation. En effet, elle est passée de 1,16% de 2003 à
2008 à 3,15% de 2009 à 2013 avec p-value = 0,0001, ce qui pose
alors le problème de la sécurité transfusionnelle à
travers la sélection des donneurs de sang. La détection de l'Ag
HBs sur les dons de sang a été faite par la technique ELISA et la
répétabilité a été réalisée
afin de confirmer les résultats. Contrairement à notre
étude, ces auteurs ont inclus tant des donneurs volontaires (79 750/122
006, soit 65.3%) et familiaux (42 256/122 006, soit 34.7%) âgés de
18 à 60 ans. Par contre, cette étude ne fait pas de
différence entre la prévalence du VHB chez les nouveaux et les
anciens donneurs de sang et ne prend pas non plus en compte les nouveaux cas
d'infection à VHB (incidence) chez les anciens donneurs de sang [20].
Une étude transversale menée chez les donneurs
de sang en zone hyper-endémique de janvier à septembre 2013 au
Congo Brazzaville par Atipo-Ibara B.I. et al rapportait une
prévalence élevée de l'hépatite virale B à
9,9% (135/1363) et la transfusion sanguine était
considérée comme un facteur de risque d'infection au VHB dans
10,5% des cas derrière les rapports sexuels à risque (69,5%). Ces
constats confirment la nécessité de dépister ce virus sur
tous les dons de sang afin de
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réduire son risque de transmission par transfusion
sanguine. Mais cette étude présente certaines limites telles que
l'inclusion de donneurs de sang âgés de 18 à 65 ans
occasionnels (30%) et familiaux (67%), ce qui pourrait expliquer cette
prévalence élevée. Un dépistage de l'ADN viral a
été réalisé, confirmant les résultats de
laboratoire. Aussi, la méthodologie est très peu
détaillée et le plan d'analyse statistique n'est pas non plus
bien explicite [21].
Pillonel J. et collaborateurs en France, de
2008 à 2010, dans le cadre de la surveillance
épidémiologique des donneurs de sang, ont déterminé
la prévalence, l'incidence et le risque résiduel de transmission
du VIH, de l'HTLV du VHB, et du VHB par transfusion sanguine. L'incidence du
VHB chez les donneurs de sang connus était plus élevée que
celle de l'HTLV et du VHC mais inférieure à celle du VIH. Aussi,
le nombre de cas incidents du VHB chez les donneurs de sang connus est en
augmentation depuis 2002. Les donneurs de sang de sexe masculin sont les plus
touchés (sex-ratio = 2,3) et les donneurs porteurs de l'Ag HBs
était en moyenne plus jeunes (34 ans) que l'ensemble des donneurs
concernés par l'étude (39 ans). Cette étude confirme
l'existence d'un risque de transmission du VHB même dans les pays
à faible prévalence et donc pose la nécessité
d'appliquer des mesures visant à réduire ce risque.
Les limites de cette étude par rapport à notre
question de recherche réside dans le fait qu'elle n'aborde pas le
délai de survenue de la séroconversion de l'hépatite
virale B chez les donneurs de sang, ni le nombre moyen de dons par donneur de
sang à partir duquel survient cette séroconversion [22].
Kabinda J. M. et al ont mené une
étude de cohorte de janvier 2010 à décembre 2012 incluant
1182 nouveaux donneurs et 1804 donneurs réguliers volontaires.
L'étude a permis d'atteindre l'objectif qui était de
déterminer le taux d'incidence des anticorps du VIH 1/2 et des anticorps
du VHB et VHC chez les donneurs de sang volontaires et d'estimer le risque
résiduel du VIH, du VHB et du VHC chez les donneurs de sang à
Bukavu en République Démocratique du Congo (RDC). Les
critères d'inclusion sont précisés et similaires aux
nôtres mais la tranche d'âge des donneurs concernés est
supérieure (18 à 65 ans avec une moyenne de 23 ans) à
celle de notre étude (18 à 27 ans), bien que la majorité
des donneurs avait moins de 30 ans (74%). La majorité des donneurs
était de sexe masculin (73,2%). Le choix des tests statistiques est
approprié à chaque type de variable.
Cependant, l'article ne mentionne pas les limites de
l'étude, ni les facteurs de confusion potentiels et leur prise en compte
dans l'analyse statistique, les stratégies mises en oeuvre pour la
gestion ou pour éviter ces potentiels biais.
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Aussi, cet article ne s'est pas intéressé
à la survie sérologique de l'hépatite virale B chez les
donneurs de sang et n'a pas non plus déterminer le nombre moyen de dons
de sang à partir duquel survient une séroconversion au VHB
[23].
Kabemba N. M. et Kabyla I. B. dans une
étude transversale rétrospective en 2008 visant à
déterminer la séroprévalence des marqueurs infectieux chez
les donneurs de sang en milieu rural ont conclu à une prévalence
élevée du VHB chez les donneurs de sang bénévoles
(2,3%) comparativement aux donneurs de sang familiaux (0,8%). Les donneurs de
46 à 55 ans étaient les plus touchés (12,5%). Mais dans
cet article, les critères d'inclusion ne sont pas bien définis et
l'étude a concerné les donneurs bénévoles,
familiaux et rémunérés. Les résultats
sérologiques ont été déterminés par
DetermineTM HBs Ag Abbott [24]. En considérant la nature transitoire de
l'Ag HBs, l'imprécision du facteur de correction, le caractère
définitif de la présence de l'Ac HBc, l'Ac HBc pourrait
être un meilleur marqueur pour l'estimation du taux d'incidence et du
risque résiduel de l'HVB chez les donneurs de sang.
Traoré A.N. dans son étude de
cohorte rétrospective partant de l'hypothèse que l'Ac HBc
pourrait être un meilleur marqueur pour l'estimation du taux d'incidence
et du risque résiduel de l'hépatite virale B (HVB) chez les
donneurs de sang, a conclu que l'Ac HBc ne semble pas être un marqueur
fiable d'une récente infection d'HVB. Aussi, cette étude a
montré que l'incidence de l'hépatite virale B via le
dépistage de l'Ac HBc était supérieure à celle
utilisant le dépistage de l'Ag HBs. Les risques résiduels
respectifs étaient de 1/63 018 dons et de 1/237 731 dons. Une des
limites de cette étude est liée au fait qu'elle utilise une
technique de dépistage autre que celle utilisée dans la recherche
du VHB sur les dons de sang au CRTS/O et les donneurs ayant eu une
séroconversion pour l'Ac HBc et dépistés positifs pour
l'Ac HBs (anticorps dirigé contre l'Ag HBs) ont été
définis comme cas incidents [25].
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