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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène. Cas de l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat (THESE UNIQUE) en sciences économiques 0000
  

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CONCLUSION GENENRALE

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Au sein d'un espace intégré, les questions portant sur les effets de débordement budgétaires se posent avec acuité. Depuis l'adoption du Pacte de Stabilité et de Croissance, les marges de manoeuvres pour l'instrument budgétaire sont sérieusement limitées par des critères déjà prédéfinis. Cette thèse met en avant les externalités budgétaires et leur transmission dans l'UEMOA considère comme union hétérogène. A ce titre, elle constitue un prolongement des études effectuées jusque-là sur les politiques budgétaires et leur fonction de stabilisation. Etant donné que les Etats jouent un rôle important dans la vie économique et sociale, il serait intéressant d'apprécier l'impact de leurs actions via les dépenses publiques et les recettes fiscales sur les performances économiques ; en l'occurrence le taux croissance réel.

L'objectif principal de ce travail est d'analyser la propagation et l'ampleur des chocs de politiques budgétaires d'un pays donné sur les économies des pays de l'union. Trois objectifs spécifiques ont orienté ce travail de recherche, il s'agit notamment de vérifier si un choc de politiques budgétaires dans un pays donné produit des effets identiques sur les autres pays de l'UEMOA ; Mesurer l'ampleur des effets de débordement des chocs de politiques dans l'UEMOA (chocs de dépenses publiques et chocs de recettes fiscales) ; Identifier les canaux de transmission des chocs budgétaires dans l'UEMOA.

Pour faire ce travail, nous l'avons structuré en trois (03) chapitres. Dans le premier chapitre, il était question d'expliquer les comportements économiques des pays et les facteurs susceptibles d'être à l'origine des effets de débordement. En union monétaire, les économies sont interdépendantes ; de sorte que les perturbations affectant un pays auront des répercussions sur ses voisins. Le deuxième chapitre passe en revue les arguments théoriques et empiriques portant sur les politiques budgétaires et leurs effets sur l'économie. A ce niveau, les controverses théoriques ont essentiellement porté sur la macroéconomie traditionnelle, l'économie géographique, les finances publiques et l'économieinternationale. Le troisième chapitre fait une évaluation de l'ampleur des effets de débordement et une identification des canaux de transmission.

Pour cela, il est utilisé un modèle VAR en Panel dynamique et les estimations effectuées par la méthode GMM. Les données utilisées couvent la période de 1980 à 2014. Les variables ayant permis d'analyser l'effet des chocs budgétaires sont : le taux de croissance réel ; le taux d'inflation ; la dette publique ; les crédits à l'économie ; les dépenses et recettes publiques ; l'investissement privé ; et les importations. En dehors des taux d'inflation et de croissance réel, toutes les autres variables sont rapportées au PIB, puis loguées pour capter les élasticités.

Les premiers résultats issus de l'analyse descriptive montrent une hétérogénéité des taux de croissance réels entre les pays sur la période observée. Ils sont ainsi, de (2,65%) pour le Togo ; (3,12%) au Sénégal ; (2,58%) au Niger ; (3,86%) au Mali ; (1,57%) en Côte d'Ivoire ; (4,93%) pour le Burkina et (4,19%) au Bénin. Les pays comme la Côte d'Ivoire, le Niger et le Togo, de loin les plus endettés (en moyenne

1008,42 milliards, 560,29 milliards et 822,57 milliards) ont enregistré pourtant les taux de croissance les plus faibles durant cette période. De tels résultats justifient l'inefficacité de l'endettement à partir d'un certain seuil. Par contre pour les autres pays, le niveau d'endettement a permis de relancer les taux de croissance économique. Ce caractère hétérogène des économies favorise des réactions variées face aux chocs asymétriques. En plus, les pays de l'union sont encore exportateurs de produits de base, alors qu'ils importent des produits manufacturés. Ce phénomène les rend très vulnérables avec la volatilité des prix (inflation importée) malgré les politiques de stabilisation.

Les résultats économétriques nous ont permis d'aller plus loin dans nos analyses. Les fonctions de réponses impulsionnelles et de la décomposition de la variance, nous ont permis de voir que les délais de transmission des chocs de politique budgétaire sur les variables sont très courts et que l'activité économique est très élastique aux fluctuations des instruments budgétaires. Un choc positif de dépenses publiques se traduit par une amélioration significative de lacroissance économique durant toute la période. Par contre pour les importations, il se traduit par une baisse significative de celles-ci durant toute la période, en raison des subventions à la consommation. Les tests de causalité à la manière de Granger révèlent le caractère exogène des politiques budgétaires. Ainsi, l'absence de relation de co-intégration justifie que les effets réels des politiques budgétaires sur l'activité économique demeurent soumis à des sources d'incertitude liées aux chocs imprévisibles émanant de l'extérieur, cela, du fait de la faiblesse des stabilisateurs automatiques. Les résultats montrent que les effets de débordement dans les différents pays sont très variés. Un des facteurs explicatifs à cela reste le profil économique de chaque pays. Nous concluons alors que l'hypothèse1 de la thèse est bien vérifiée dans la recherche ; c'est- à-dire que les signes des effets de débordement des chocs de politiques budgétaires sont tributaires de la structure économique des pays de la zone. On voit également de façon très nette que l'effet d'un choc de dépenses publiques est plus important que celui d'un choc de recettes fiscales sur la croissance économique des pays. Cela revient à affirmer l'hypothèse 2 de la recherche. Cette différence d'amplitudes résulte d'une harmonisation de plus en plus poussée en matière de législations fiscales dans l'UEMOA. Alors que les dépenses publiques jusque-là sont propres à chaque Etat et définies de manière unilatérale. Nous avons identifié aussi trois canaux de transmission dans l'UEMOA contrairement aux quatre trouvés en zone euro. Il s'agit : (i) le canal du crédit en raison d'un endettement assez significatif pour financer le déficit budgétaire ; (ii) le canal de la fiscalité puisqu'au niveau national, on note une concurrence fiscale qui souvent est source d'attraction ou de désincitation pour les agents économiques (entreprises et mobilité des facteurs) ; (iii) et enfin le canal du commerce, malgré le faible taux d'échanges, les politiques budgétaires génèrent des externalités entre pays partenaires.

Les résultats principaux issus de nos travaux ont permis de formuler deux (02)

implications de politiques économiques à l'endroit des autorités budgétaires :

- (i) accroître l'efficacité des politiques budgétaires nationales dans

l'absorption des chocs asymétriques (fonction de stabilisation) ;

- (ii) asseoir un processus de coordination plus coopératif des politiques budgétaires nationales (comme le fédéralisme budgétaire).

La réponse à notre question centrale de recherche posée initialement, est que les pays entretiennent une corrélation spatiale des chocs de dépenses publiques et de recettes fiscales. Pour cette raison, les chocs budgétaires peuvent bel et bien impacter l'économie des pays voisins dans l'UEMOA. Cette thèse semble utile parce qu'elle évalue les effets de débordement qui, jusque-là faisaient l'objet d'analyse qualitative (signe positif ou négatif de l'effet). Les résultats issus de ces travaux serviront à alimenter à recherche pour des questions semblables à celle que nous venons de traiter. Malgré ce travail effectué sur la question, cette thèse n'est pas exhaustive. De futures recherches pourront s'intéresser au changement de régime des effets de débordement budgétaires.

Nonobstant les résultats obtenus, ce travail admet des limites. Une critique qui peut être faite à l'encontre du modèle est de n'avoir pas désagrégé les dépenses publiques totales en dépenses de consommation (réaction spontanée sur les autres variables macroéconomique) et en dépenses d'investissement (réaction long terme sur les variables) pour mieux capter l'impact des chocs budgétaires sur l'activité économique réelle des Etats. Autre limite de ce travail est que le modèle manque aussi de dérivation explicite des comportements macroéconomiques à partir de fondements microéconomiques. Mais, l'absence d'un bloc décrivant les équations de comportements microéconomiques n'implique pas que ces derniers soient ignorés : ils sont d'ailleurs utiles en cas de choc (par exemple le comportement des consommateurs). Pour des futures recherches, on pourrait intégrer ces variables en vue d'atteindre d'autres résultats plus consistants dans le cadre des articles et autres travaux de recherche.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry