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Effets de débordement des politiques budgétaires en union monétaire hétérogène. Cas de l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).


par Ismaila SANGHARE
Université Cheikh Anta Diop Dakar (UCAD) - Doctorat (THESE UNIQUE) en sciences économiques 0000
  

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CHAPITRE III : EVALUATION DES EFFETS DE

DEBORDEMENT BUDGETAIRES DANS L'UEMOA

La modélisation économétrique classique à plusieurs équations structurelles a connu beaucoup de critiques (Granger ; 1969) et Sims (1980) et des défaillances face à un environnement économique très perturbé. Les prévisions élaborées à l'aide de ces modèles se sont révélées très médiocres. Les critiques principales formulées à l'encontre de ces modèles structurels concernent la simultanéité des relations et la notion de variable exogène. La représentation VAR (Vector- Autorégressive)-généralisation des modèles AutoRegressifs (AR) au cas multivarié

- apporte une réponse statistique à l'ensemble de ces critiques.

Il est admis que beaucoup de modèles existent pour évaluer l'ampleur des externalités budgétaires. Plusieurs d'entre eux ont été expérimentés notamment, les modèles à retard échelonné ou modèles autorégressifs développés par Sims (1980). En économie, il est fréquent que la valeur présente de la variable expliquée dépende des valeurs passées des variables explicatives. Par exemple Duesemberry (1949) expliquait la consommation comme une variable qui dépend du revenu de la période, mais aussi des revenus des périodes précédentes. Ce phénomène peut être modélisé en intégrant les effets de retard. Selon le principe du multiplicateur keynésien, les effets budgétaires agissent sur l'économie durant la période en cours (effet à court terme), mais aussi sur les périodes à venir (effet à long terme).

Ce chapitre cherche à évaluer l'ampleur des débordements budgétaires dans le cadre de l'UEMOA. Il est structuré autour de trois grandes sections. La section (I) fait la présentation générale du modèle autorégressif sur données de panel, avant de procéder dans la section (II) à la spécification le modèle à estimer à partir des variables ciblées pour enfin présenter dans la section (III) les résultats et interprétations économiques.

SECTION I : PRESENTATION GENENRALE D'UN VAR EN PANEL

La méthodologie adoptée pour une évaluation correcte des effets d'un choc budgétaire sur les variables économiques des pays en union est la modélisation à partir du vecteur Autorégressif sur données de panel. Elle s'inspire d'un modèleproposé par Leeper (1991) basé sur la théorie budgétaire du niveau des prix. Le modèle est augmenté à la suite par Leith et Wren-Lewis (2000), puis des effets d'anticipations adaptatives introduites par Creel et Sterdyniak (2002).

Dans cette section, il est question d'abord de présenter le modèle théorique, de justifier ensuite le choix d'un modèle VAR et de faire enfin une description d'un VAR sur données de panel, puisqu'il est de loin le plus utilisé dans des cas similaires.

I.1- Présentation du modèle théorique

Le modèle part d'une équation de la demande usuelle qui inclut un effet de richesse positif lié à la détention par les ménages de titres de la dette publique. Toutes les variables sont exprimées en termes réels.

y cy1 r b t s 1

y :représente le PIB

r : représente le taux d'intérêt

b : représente la dette publique

t : représente les recettes fiscales

s : représente le solde primaire

g : représente les dépenses publiques telles que

g t s

L'indice « -1 » indique une variable retardée d'une période. Les paramètres

c, ,

sont positifs.

L'offre agrégée relie l'inflation à l'écart entre le PIB et le PIB potentiel

courbe dite « à la Lucas » :

y* soit une

E

1

y y* 2E :est l'opérateur d'anticipation.

L'équation d'accumulation de la dette publique est :b b1 1 r s

3Les deux équations suivantes précisent les règles poursuivies respectivement par

le gouvernement et la banque centrale :

S S * hb b* 4

r r * * y y* 5

L'équation (4) établit que le gouvernement réagit aux déviations de la dette publique par rapport à son niveau d'équilibre stationnaire en modifiant les impôts, tandis que l'équation (5) est de « règle de Taylor » usuelle pour des valeurs

de paramètres et positives.

Pour obtenir la sixième équation, on procède à la log-linéarisation de la dette et de l'inflation par rapport à l'état stationnaire (Creel et Stendyniak, 2002). Le modèle peut être résolu de façon standard :

db '

1 r *

b* h

*

b*

b '

b ' '

1

1

' A '

6

d

h

1

1

Où l'apostrophe indique une déviation par rapport à l'équilibre et dx est la dérivée de la variable x par rapport au temps. En anticipations rationnelles, le système est stable si det A 0 .

On peut montrer qu'en anticipations rationnelles (c'est-à-dire, si 0 , de façon à obtenir une courbe de Phillips augmentée des anticipations), la résolution du

modèle diffère selon les valeurs respectives des paramètres

système est stable si :

h et . En effet, le

0 et

1 r * b*

h

b

1 r * b*

0 et h

b*Si h et sont tous deux élevés, la première combinaison stable des politiques

budgétaire et monétaire s'applique et la solvabilité de l'État est assurée par le

gouvernement.

Si les deux paramètres sont faibles, la solvabilité de l'État est assurée par la variation des prix : une politique budgétaire perpétuellement expansionniste accroîtra la demande via l'effet de richesse lié à la dette, ce qui provoquera une hausse de l'inflation qui viendra déflater la valeur de la dette publique.

En dehors de ces deux configurations, l'économie entre dans une dynamique instable. Supposons, par exemple, que le gouvernement assure sa solvabilité, mais que la banque centrale dispose d'une aversion faible vis-à-vis de l'inflation (c'est-à-dire 0 ). Dans ce cas de figure, l'économie subirait une boucle inflationniste infinie : la hausse de l'inflation réduirait la valeur réelle de la dette,

ce qui induirait une politique budgétaire expansionniste aux effets

inflationnistes, via la demande. Dans le cas symétrique, l'économie subirait une dérive perpétuelle de la dette publique : sa hausse, par ses effets inflationnistes via l'effet de richesse, engendrerait une hausse du taux d'intérêt réel qui, à son

tour, augmenterait la dette publique.

Etant donnée la structure des relations des équations 1 , 2

et 3 , on voit

nettement que la valeur prise par les variables endogènes ( y, b, ) à l'instant t s'explique aussi par leurs valeurs retardées d'une ou de plusieurs périodes. La mention « retards échelonnés » est justifiée par le fait que des variables explicatives usuelles sont intégrées au modèle en utilisant leurs valeurs retardées et la mention « autorégressif », à cause de la présence de la variable expliquée retardée parmi les variables explicatives.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote