SECTION IV : COORDINATION BUDGETAIRE DANS UNE UNION
MONETAIRE HETEROGENE
L'argument rationnel en faveur d'une coordination est que les
mesures nationales de politique budgétaires ont des effets de
transmission ou de débordement non négligeables sur les autres
pays. La coordination permet d'internaliser ces externalités,
(Bredenkamp et Deppler, 1990). Une meilleure coordination des politiques
économiques, plus particulièrement les politiques
budgétaires conduit à une amélioration de
l'efficacité de la stabilisation des chocs (Muscatelli et Tirelli,
2005). Cependant, la qualité de la stabilisation
macroéconomique s'obtient à condition que la Banque centrale
stabilise les chocs d'offres symétriques et que les gouvernements
s'occupent des chocs de demandes nationaux (Uhlig, 2002) par des actions
contra-cycliques et à travers les stabilisateurs automatiques (Buti et
al., 1998 et 2001). Mais Vilieu (2000) soutient l'idée contraire selon
laquelle dans une union monétaire qui s'élargie, la coordination
budgétaire perd en efficacité si le degré
d'asymétrie des chocs augmente.
La question de la mise en place des politiques
budgétaires en union monétaire a été largement
explorée dans la littérature, avec comme conclusion
générale, qu'un supplément de coordination serait
souhaitable, parce que l'unification monétaire fait apparaître de
nouvelles externalités et/ou parce que la politique monétaire
commune ne peut plus répondre aux chocs asymétriques. Les travaux
les plus récents s'intéressent notamment à
l'interaction entre la politiquemonétaire commune et les politiques
budgétaires nationales, avec les problèmes de
crédibilités et de coordination que soulève le
policy-mixt, (Bureau, 1998) ; Debrun et Wyploz (1999). Si la
crédibilité d'une union monétaire est assurée par
la crédibilité du policy-mix, l'intérêt de la
coordination internationale des politiques budgétaires dépend de
façon cruciale du type de règles adoptées et de la
capacité des autorités monétaires et budgétaires
à s'engager de manière crédible, Buiter et Marston
(1985).
Le développement de cette section passe par une
présentation du cadre conceptuel de la coordination budgétaire,
ensuite donner les approches théoriques sur l'orientation de la
coordination et enfin montrer quelques résultats empiriques de
coordination budgétaire dans les unions monétaires.
IV.1- Cadre conceptuel de la coordination
budgétaire
Il est question ici de définir de manière
conventionnelle la coordination, puis poser les fondements institutionnels et
enfin montrer les avantages et limites de la coordination.
IV.1.1- Les définitions et objectifs de la
politique de coordination
La coordination peut être définie comme
l'agencement des parties d'un tout selon un plan logique, pour une fin
déterminée. Lorsqu'il est question de coordination en
matière de politique économique, on pense
généralement à la compatibilité des orientations
données aux politiques monétaire et budgétaire avec la
poursuite d'objectifs économiques. Une bonne coordination est
sensée permettre d'atteindre les objectifs en utilisant les instruments
monétaires et budgétaires
avec un maximum d'efficacité23. La
coordination24 en matière de politique
23 C'est-à-dire en évitant de gaspiller
inutilement des ressources (ou des marges de manoeuvre) sur les plans
monétaires
et budgétaires.
24 De même que la crédibilité et
la continuité de la politique économique (règle dite `des
trois c' : coordination, crédibilité,
continuité).
macroéconomique a longtemps été
considérée comme souhaitable Ammann
(2002).
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