III.3- Canal du taux d'intérêt
Pour Wyploz (1990a) un accroissement du déficit
budgétaire dans l'un des pays membres de l'union impose à ses
partenaires une externalité sous la forme d'une hausse des
taux20. Cette externalité implique que chaque pays aura
tendance à ignorer le coût imposé à ses partenaires.
Ce qui se traduira par la mise en oeuvre de politiques trop expansionnistes.
Carton (2005) à partir d'un VAR structurel montre que
les variations de la demande d'un pays en biens et services, provoquent une
hausse des prix dans le pays en déficit et une réaction de la
politique monétaire. Les taux d'intérêt de court terme
augmentent temporairement dans l'ensemble de la zone, avec une propagation
partielle des taux longs. Cependant, les taux réels diminuent dans le
pays en déficit ; ce qui accélère son activité,
mais augmente dans les autres pays ; ce qui pèse sur leurs
activités. Dans le cas où le déficit
détériore la soutenabilité des finances publiques dans
le pays concerné, les marchés
financiers perçoivent une augmentation du risque de
monétisation de la dette (ou
20 Alors qu'en cas de flottement des monnaies ou de
changes ajustables, une partie au moins de cet effet peut être
absorbé par une appréciation du taux de change du pays dont le
déficit augmentede défaillance). Cela conduit à une hausse
des primes de risques sur les taux longs dans le pays et dans l'ensemble de la
zone euro, ralentissant ainsi l'activité.
D'autres chercheurs comme Canova et al., (2012) ont recours au
modèle VAR en panel pour analyser la transmission des chocs
asymétriques entre pays et dans le temps. Ils ont étudié
comment les chocs de taux d'intérêt aux États-Unis se
propagent sur dix (10) économies européennes, dont sept (07) dans
la zone euro et trois (03) autres en dehors. Puis, comment les chocs sur
l'économie allemande augmentant à la fois la production
intérieure, l'emploi, la consommation et l'investissement sont transmis
à neuf (09) autres pays de la zone euro.
Les travaux de Ducoudré et al., (2005) portant sur les
finances publiques, montrent que la dégradation de celles-ci entraine
une hausse des taux d'intérêts réels, qui dissuade les
entreprises d'investir et les ménages de consommer. Le niveau
élevé de la dette et du déficit public crée des
pressions inflationnistes, qui conduisent les Banques Centrales à
augmenter le taux d'intérêt de court terme. Dans ce cas, les
marchés financiers anticipent la persistance de ces tensions ; ce qui
entraine immédiatement un niveau plus élevé des taux
longs. Le taux d'intérêt réel d'équilibre,
compatible à long terme avec la stabilité des prix, serait ainsi
une fonction croissante du niveau des déficits et de la dette.
Les auteurs Tanzi et Chalk (2000) de la « théorie
des fonds prêtables » pensent qu'une hausse du déficit ou de
la dette publique entraîne une hausse de la demande de fonds
prêtables à l'offre de fonds constante ; ce qui fait monter le
taux d'intérêt. Cette théorie suppose
généralement que l'économie est au plein emploi. Un
déficit public élevé peut apparaître en
période de récession. Il s'accompagne alors d'un faible taux
d'intérêt de court terme et d'un taux d'intérêt de
long terme relativement élevé par rapport au taux court. Dans un
autre cas, ce déficit peut caractériser une période de
politique budgétaire trop expansionniste et s'accompagner de taux
d'intérêt élevés.
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