CHAPITRE II : FONDEMENTS THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA
POLITIQUE BUDGETAIRE EN UNION MONETAIRE
Le débat sur l'efficacité de la politique
budgétaire continue d'opposer les économistes de la nouvelle
économie classique (NEC), ceux de la nouvelle économie
keynésienne (NEK) et ceux de l'économie géographique. Un
des arguments les plus solides consiste à admettre que la politique
budgétaire n'a pas d'effet favorable sur l'activité
économique (Creel et al., 2004). De ce fait, les Etats membres
peuvent l'abandonner sans crainte surtout que les déficits publics
semblent nuisibles, à cause notamment de la hausse des taux
d'intérêt qu'ils provoquent, ainsi que de la baisse de la demande
privée (puisque les agents anticipent les impôts qu'ils devront
payer demain) et de l'offre (en raison de l'anticipation de hausse future des
impôts) qui en découlent.
L'objet de ce chapitre est de passer en revue les arguments
à la fois théoriques et empiriques relatifs à la zone
monétaire optimale, aux politiques budgétaires et ses effets de
transmission et la coordination des politiques budgétaires. Pour cela,
il est scindé en quatre grandes sections : la section (I) la
théorie de la zone monétaire optimale, section (II)
présente la politique budgétaire en union monétaire, la
section (III) met l'accent sur les mécanismes de transmission des effets
budgétaires et la section (IV) explique la coordination comme une
réponse à l'efficacité budgétaire dans l'union.
SECTION I : THEORIE DE L'UNION MONETAIRE OPTIMALE
On peut définir une union monétaire comme une
zone géographique dans laquelle circule une monnaie unique qui est
à la fois le moyen de paiement dominant et la principale unité de
compte. S'il est clair qu'une union monétaire interdit toute politique
monétaire indépendante aux pays membres, il n'est évident
qu'il aille de même pour la politique budgétaire, (Bovenbers et
al., 1991). S'il existe un marché financier développé sur
lequel les gouvernements peuvent emprunter, ils n'ont pas besoin de recourir au
financement monétaire. C'est pourquoi on soutient parfois que les
conditions monétaires ne seront pas perturbées par des politiques
budgétaires indépendantes et même divergentes. C'est
pourquoi, nous allons aborder d'abord les fondements d'une
unionmonétaire, ensuite la théorie de l'optimalité pour
une zone monétaire et enfin les
critères d'optimalité.
I.1- Fondements théoriques d'une union
monétaire
Mundell (1961) est le premier économiste qui a
jeté les fondements théoriques de l'union monétaire,
notamment celle européenne. Sa théorie des zones
monétaires optimales est l'une de ses plus importantes contributions
scientifiques qui a servi dès les années soixante de cadre
d'analyse aux nombreux débats sur le bien- fondé de la
création d'une monnaie européenne. Mundell va être un
ardent partisan de l'Euro dont il est considéré comme le parrain.
Paradoxalement, sa théorie va être utilisée par de nombreux
économistes pour s'opposer à l'Union monétaire
européenne et pour mettre en doute ses chances de succès. Dans sa
théorie des ZMO, il mène son analyse à partir d'une
interrogation fondamentale
: quels sont les critères économiques selon
lesquels diverses régions du monde pourraient décider d'adopter
une monnaie commune ?
A partir du concept de région, Mundell envisage une
nouvelle carte monétaire du monde. Ainsi une région allemande
pourrait s'allier avec une région française pour créer
leur propre monnaie et abandonner le franc et le mark. Il prend l'exemple de
l'Amérique du Nord pour élucider son idée. Dans quelles
conditions pourrait-il être avantageux pour l'Ouest du Canada et l'Ouest
des États-Unis de s'allier pour créer une monnaie de l'Ouest,
ainsi que pour les parties Est des deux pays de créer une monnaie propre
à l'Est du continent ? Les relations entre ces deux nouvelles
monnaies, qui supplanteraient les dollars canadiens et américains,
seraient régies par un taux de change flottant. Pour répondre
à cette question, il développe une analyse dans laquelle il met
en exergue les coûts et bénéfices de l'union
monétaire. Les avantages de l'adoption d'une monnaie commune comprennent
la réduction des divers coûts de transaction qu'entraîne
l'existence de monnaies différentes, un gain en liquidité de la
monnaie dû notamment à l'extension de son aire de transactions,
dont bénéficiera également l'ensemble des marchés
financiers. Les désavantages potentiels proviennent dela suppression du
taux de change entre les composantes de l'union : il n'est plus possible de
laisser le taux de change absorber les chocs qui viendraient frapper de
façon asymétrique les diverses régions d'une union
monétaire.
Ainsi donc la constitution d'une union monétaire
implique l'abandon de la politique monétaire à une instance
supranationale (banque centrale). Cette disposition est susceptible d'engendrer
des coûts qui peuvent mettre à mal l'union. C'est pourquoi la
théorie de la zone monétaire définit au départ par
Mundell (1961) énumère les critères que doivent remplir
les pays candidats à une Union Monétaire pour minimiser les
coûts liés à l'abandon de l'instrument monétaire.
À la suite de Mundell, plusieurs autres critères ont
été définis, notamment par McKinnon (1963) ; Kenen (1969)
; Ingram (1969) ; Cooper (1977) et Kindleberger (1986).
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