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Nouvelles politiques monétaires : quelle théorie monétaire?

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par Claudia HELLAL
Groupe de recherche en Droit, Economie et Gestion (GREDEG - CNRS), université de Nice Sophia Antipolis - Master Recherche en Economie et Finance Internationale, Spécialité Stratégies Internationales Economiques et Financières 2015
  

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TITRE 2 : Politique monétaire et dette publique

« Et quand l'endettement public d'un pays atteint un tel niveau que sa soutenabilité budgétaire en est potentiellement menacée, la politique monétaire doit nécessairement être associée étroitement à la gestion de la dette publique et à la politique budgétaire » (C. Goodhart, 2012).

Ce qui nous intéresse dans cette partie est de comprendre en quoi le surendettement des États constitue un grand danger pour la stabilité économique et financière et pourquoi la politique monétaire ne peut rester neutre face à la crise des dettes souveraines. Après avoir replacé la dette publique en rapport avec les autres grands agrégats économiques dont les anticipations, l'inflation, le crédit et les taux d'intérêt, nous aborderons dans une deuxième partie la question phare à l'heure actuelle en Europe et dans le monde, qui est celle de savoir comment les banques centrales doivent gérer les problèmes de surendettement des États.

Ce qui rend cette question cruciale est que dans l'État des choses, la politique monétaire a usé de toutes ses armes pour enrayer la crise économique actuelle et que, si celle-ci vient à tout de même perdurer, la situation deviendrait extrêmement critique. Alors le recul des dettes publiques devient un élément déterminant du retour au calme.

I. Conséquences d'une crise des dettes souveraines : Pourquoi les autorités monétaires doivent-elles réagir ?

Nous ne reviendrons pas dans cette partie sur la gestion actuelle de la crise européenne des dettes souveraines par la BCE étant donné que nous l'avons déjà largement expliquée dans la partie 1. Nous ne nous bornerons pas non plus à détailler les situations particulières de chaque pays ni les origines de leur endettement, cela n'est pas le sujet de notre mémoire. Cependant, quelques précisions générales pourront être apportées à ces sujets par le graphique qui suit cette introduction ainsi que dans la première sous-section.

Nous nous concentrerons surtout sur les dimensions macro-économiques du surendettement des États et sur leur importance en fonction du type de politique monétaire.

Nous pourrons nous rendre compte, à la suite de cette étude, que la séparation des objectifs de stabilité budgétaire et de politique monétaire n'est plus aussi légitime qu'avant au regard de la situation actuelle.

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1. La dette publique et l'objectif de stabilité des prix : quelle relation ?

Le niveau de l'endettement des États peut avoir des effets considérables sur l'inflation et cela de différentes manières. Cette section présente une vue d'ensemble des mécanismes le plus fréquemment mentionnés par lesquels la dette publique et la politique budgétaire peuvent mettre en péril l'objectif de stabilité des prix de la politique monétaire.

Avant toute chose, rappelons au lecteur que le recul des dépenses publiques est toujours associé à une baisse de la demande globale, laquelle engendre un phénomène du recul de l'activité économique notable (production, chômage, consommation. Nous rappelons aussi qu'un déséquilibre budgétaire structurel qui ne peut être financé par les marchés sera avec de fortes chances financé par l'impôt, ce qui engendrerait le même phénomène de récession.

1.1. Dominance budgétaire et risque pour la stabilité des prix

Derrière ce thème, la conclusion importante soulevée est celle de l'importance de l'indépendance monétaire par rapport à la politique budgétaire pour la réalisation de l'objectif de stabilité des prix. Mais aussi, prise sous un autre angle, cette discussion permettra une meilleure mesure des dangers liés à l'excès d'assistance des autorités monétaires aux Etats en cette période d'incertitude.

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Définition de la dominance monétaire et budgétaire : Sargent et Wallace (1981).

« On parle de domination monétaire quand les autorités monétaires se consacrent entièrement au contrôle de l'inflation, alors que les autorités budgétaires ajustent la politique des finances publiques pour rester solvables sous condition d'un flux exogène de seigneuriage ».

« La domination budgétaire, à l'inverse, suppose que la politique monétaire soit soumise à la contrainte de fournir un revenu de seigneuriage suffisant à l'État pour assurer sa solvabilité. »

Si la politique monétaire est très engagée dans le soutien des États en situation de graves déséquilibres budgétaires, les conséquences peuvent être résumées comme suit :

Le jugement des agents sur la crédibilité de la politique monétaire tend à se dégrader et les anticipations d'inflation à se désancrer. Ainsi, le soutien appuyé de la politique monétaire aux États aurait pour conséquence d'engendrer des anticipations de hausses substantielles de l'inflation proportionnelle à l'ampleur des dettes publiques et du niveau de l'aide et donc des risques de phénomène de très forte inflation qui ne serait dès lors plus contrôlable par les autorités monétaires.

De plus, le fait que les agents assimilent la politique en place à de la dominance budgétaire aurait pour effet de rendre inefficace toutes politiques budgétaires et monétaires ce qui pourrait être extrêmement dommageable en période de crise économique profonde comme celle que nous avons connu.

Enfin, les agents auraient tendance à soupçonner les politiques de chercher justement à créer de l'inflation dans le but de diminuer la charge réelle des dettes souveraines. En effet, avec des taux d'imposition inchangés, l'inflation créée se traduirait par une taxation supplémentaire de tous les agents économiques de la zone concernée. D'ailleurs, l'histoire montre que les politiques ont déjà eu recours à de l'inflation volontaire dans le but de diminuer les coûts de leur dettes.

Même si la dominance monétaire prévaut, l'excès d'endettement peut rendre inefficace la politique monétaire :

Aujourd'hui, le suivi de la situation des dettes souveraines en Europe constitue la principale source de fluctuation sur les marchés financiers, tel que, malgré une politique monétaire qui s'active à la maîtrise des taux d'intérêt sur ces dettes, la moindre annonce à un effet amplificateur important sur la chaîne de réaction des agents.

Aussi, l'exemple de la Grèce reste ancré dans les mémoires et les agents contiennent leurs dépenses, anticipant des hausses probables du niveau des taxes et du niveau des prix. La

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consommation en est réduite, l'investissement aussi, alors même que la politique monétaire compte sur ces variables pour sortir de la crise.

1.2. L'état des finances publiques comme principale source des anticipations et des ajustements des prix

Une autre approche dite FTPL (Théorie budgétaire du niveau des prix) née dans les années 90 est très intéressante à souligner dans le cadre de notre étude. Elle permet de redonner son importance à la politique budgétaire dans la formation des anticipations et aussi dans une certaine mesure, de rendre compte des interactions pouvant exister entre la politique monétaire et la politique budgétaire.

Cette théorie avance que la politique budgétaire constitue, bien au-dessus de la politique monétaire, l'une des principales sources d'anticipations et d'inflation même dans les pays où les banques centrales sont indépendantes. Les mécanismes soulevés par cette approche sont les suivants :

- L'inflation anticipée se fonde sur la base des anticipations quant à la variation du solde

budgétaire. L'anticipation d'une baisse du solde implique des anticipations d'inflation. - Les entreprises déterminent leurs prix majoritairement sur la base d'anticipations des

déficits publics futurs.

- Les marchés financiers anticipent l'inflation sur la base de l'évolution des dépenses publiques et fixent les taux d'intérêt sur les obligations en conséquence.

- Les marchés financiers ont donc un rôle dans la maîtrise des niveaux d'endettement publics.

- Lorsque les agents économiques ont surestimé les niveaux des dépenses publiques futures, ils profitent d'un effet richesse

- La politique monétaire n'intervient pas dans ce mécanisme et l'État peut accumuler des déficits librement.

Cette approche de l'inflation met en évidence une conclusion importante : celle qu'il est nécessaire de contraindre les gouvernements dans la gestion de leurs finances afin d'éviter de se retrouver à nouveau face à des risques de défaut des États, sachant les graves conséquences que cela entraîne en ce qui concerne le fonctionnement des marchés financiers mais aussi de l'économie réelle.

En soutien de cette approche, une récente étude de la Banque de France montre que les différences de taux sur les bons du trésor entre les pays de la zone EURO sont fortement corrélées avec l'évolution anticipée des rapports endettement/PIB.

Par ailleurs, sur la base d'une étude empirique, des économistes de la Banque du Japon ont montré que le niveau de la dette publique d'un état par rapport à son PIB constitue, à partir d'un certain seuil, un frein à la croissance économique. Cette situation pousse les prix à la

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baisse avec ce que cela engendre comme effets néfastes. Les auteurs concluent donc à l'existence d'interactions négatives entre ces deux variables.

1.3. Implications

Dans tous les cas, les situations de surendettement des États sont très nocives pour les économies surtout lorsqu'elles sont intégrées. Les politiques budgétaires doivent être menées de manière prudente et responsable, ce qui aura pour avantage de protéger les pays contre des chocs pouvant se produire. Les États garderaient alors une marge de manoeuvre contra-cyclique. Si ces obligations sont vérifiées, la politique monétaire n'aura à aucun moment besoin d'intervenir pour soutenir les États.

Cependant, en cas de crise des dettes souveraines comme c'est le cas actuellement, les enjeux économiques et financiers, dont ceux du maintien de la stabilité des prix, sont si important que la politique monétaire ne peut pas rester neutre et doit agir activement pour empêcher le défaut d'un État, lequel précipiterait l'ensemble de la zone dans une crise sans précédent.

Enfin, un accompagnement des États dans leur rétablissement, peu importe dans quelles mesures, doit absolument s'accompagner d'un engagement effectif de ces derniers dans le réajustement de leur situation budgétaire. Car dans le cas inverse, le scénario sus décrit de dominance budgétaire (dont l'hyperinflation) voire de défauts en cascade se réaliseraient.

2. Dettes publiques, rationnement du crédit et taux d'intérêt

2.1. Dette publique, canal du taux d'intérêt et stabilité financière, un rappel.

Nous avons déjà précisément décrit dans la Partie 2 Titre 1 de ce mémoire l'importance que jouent les prix des obligations souveraines dans la formation des primes de risque et des taux d'intérêt pour l'ensemble des titres du marché obligataire.

Nous rappelons donc que le prix du financement sur ce marché (le taux d'intérêt) est calculé sur la base du taux dit « sans risque » qui est le taux associé aux obligations publiques. Alors, une augmentation soudaine de ces taux engendre à la fois une baisse des financements accordés à l'économie, une dégradation des bilans des agents ayant accumulé des titres obligataires, et par extension un recul global du volume d'activité. De plus, les phénomènes de contagion font que sur ces marchés, la cession urgente de ces titres engage une crise de confiance qui approfondit les instabilités (phénomène pro-cyclique) et mettent en grande difficulté les intermédiaires financiers qui ne peuvent plus assurer le respect de leurs contrats. Les fortes interconnexions entre les participants du marché font que l'ensemble de l'économie se retrouve touchée. En définitive, si on ne prend en compte que ces considérations,

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l'augmentation durable des charges d'intérêt sur les dettes souveraines va engendrer l'accentuation des risques de défaut souverain.

C'est ce scénario catastrophique qui justifie que depuis le début de la crise, les banques centrales utilisent des politiques non conventionnelles comme le « credit easing » contre la hausse des taux d'intérêt et rachètent des grands volumes d'obligations publiques.

2.2. Déficit publique et canal du crédit

Ce qui nous intéresse surtout dans cette section, c'est de mettre en avant l'impact négatif du surendettement des États sur le fonctionnement du système bancaire et vice versa.

Le premier constat est que le secteur bancaire en Europe semble avoir beaucoup souffert depuis le début de la crise des dettes souveraines puisqu'il n'assure plus son rôle principal. L'explication de ce phénomène est dû en grande partie à la forte interdépendance qu'il existe en Europe entre les États et le secteur bancaire d'une part et le secteur bancaire et le marché d'autre part. Nous pouvons résumer les choses comme suit :

- La banque centrale est le prêteur en dernier ressort, mais le sauvetage des banques ne peut se faire que par les États (par nationalisation généralement). Or, des Etats trop endettés ne peuvent pas assumer de telles opérations et, en situation de crise, les probabilités de faillite des banques touchées sont beaucoup plus grandes.

- Selon la même approche, si le secteur bancaire est frappé durement par une crise naissant sur les marchés, il ne pourra plus assurer le financement des gouvernements ni celui des agents privés ( Cf. PARTIE 2 - TITRE 1 - I. 1.). Les difficultés du secteur bancaire aggravent alors celles des finances publiques.

- Les banques détiennent à leur bilan de grandes quantités de dettes souveraines. L'occurrence d'une crise de la dette, qui fait chuter la valeur des obligations d'État en même temps que leur valeur de marché, déséquilibre le bilan des banques qui n'ont d'autre choix que de rationner le crédit pour essuyer les pertes sur ces titres.

Les propositions de création d'un système européen de gestion des crises bancaires pourraient permettre en partie d'éviter de tels événements de rationnement des crédits. Cependant, ces propositions ont jusqu'à aujourd'hui été rejetées.

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3. Dette publique et risque de crise institutionnelle en Europe Et si l'Europe se disloquait ?

Depuis 2010, des différences marquées se font entre les pays sur les marchés obligataires. Certains pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie se voient imposer des taux très importants donc bien supérieurs à ceux de l'Allemagne ou de la France. Ces divergences, auxquelles s'ajoute le grand coût économique des politiques de rigueur budgétaire imposée à ces pays par la zone euro ont pour effets à la fois d'accentuer l'hétérogénéité entre ces pays mais aussi d'accentuer le mal-être des populations qui souffrent de la récession engendrée par de telles politiques et tendent à nourrir des rancunes contre l'administration européenne et à voter pour des partis nationalistes.

II. Le rôle de la politique monétaire dans le désendettement publique

Il est indéniable que la stabilité des prix doit rester la priorité des banques centrales. Cependant, il faut prendre en compte que la stabilité budgétaire joue un rôle capital dans la réussite de cette mission comme nous avons pu le montrer dans la section précédente.

Un arbitrage assez difficile doit alors être fait par la banque centrale entre l'ancrage de sa politique sur la stabilité de l'inflation qui devient de plus en plus incertaine à mesure que les dettes publiques prennent de l'ampleur, ou la prise en considération dans sa politique d'un objectif de stabilité budgétaire. Dans ce derniers cas, de nombreuses questions se pose sur les caractéristiques et les implications d'une telle collaboration.

Il faudrait dès lors déterminer une politique monétaire qui permette à la fois de maintenir la stabilité des prix et de réduire les coûts de refinancement des Etats surendetté. C'est l'objet de cette deuxième section.

1. Le rôle de la politique monétaire dans l'assainissement budgétaire : de nouvelles perspectives

Suite à nos précédentes remarques, on peut affirmer que la stabilité des finances publiques des États est un élément crucial pour la stabilité économique et financière. Mais aussi elle est une des principales sources d'inflation. De plus, aussi longtemps qu'une situation budgétaire intenable perdurera, les tentatives de retour à la stabilité en Europe seront illusionnées.

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La plus grande urgence à l'heure actuelle est que les États membres de la zone euro réduisent leur niveau d'endettement et engagent des mesures durables et économiquement soutenables dans cette voie. Cela passera par des politiques dites de rigueur. Notons qu'on ne discutera pas là la légitimité de telles politiques, nous nous tenons à exposer la marche qui est actuellement préconisée par les institutions européennes.

Mais encore, il semble bien évident que la politique monétaire ait aussi un rôle important à jouer dans cet assainissement budgétaire en permettant aux États de pouvoir continuer à se financer à des coûts modérés.

Ici, l'arbitrage entre assistance et neutralité est difficile pour la banque centrale puisque sa crédibilité est en jeu et il faut absolument éviter que la coordination entre les deux politiques ne soit assimilée à de la dominance budgétaire. (Cf. définition I.)

Mais aussi, l'engagement des États à lutter activement contre leur surendettement va être crucial et les agents économiques ajustent leurs décisions en fonction de la crédibilité qu'ils accordent à cet engagement. Les gouvernements devront alors déterminer un programme de désendettement précis et sur plusieurs années.

C'est cette question de la coordination que nous cherchons à traiter ici sur la base de récents travaux qui ont fait suite à la crise des dettes souveraines.

Nous pouvons résumer ce thème en deux différents débats :

? Comment approcher les conditions d'arbitrage par la banque centrale entre coûts du sauvetage et coûts du défaut souverain ? Cette question peut aussi s'interpréter en termes de choix entre l'adoption d'une dominance monétaire dite « douce » comme aux États-Unis ou au Japon et l'adoption d'une dominance monétaire « dure » comme en Europe (Cf. O. Jeanne)

? Face à la crise des dettes souveraines, la banque centrale doit-elle agir immédiatement pour assurer le maintien du financement des États ou au contraire doit - elle agir sous condition que les gouvernements aient sérieusement entrepris des politiques de réduction des déficits ?

Différents auteurs tels que N. Kocherlakota, T. Hellebrandt, A. Posen, M. Tolle, Leigh et O. Jeanne étudient ces questions et leurs travaux permettent déjà d'avoir quelques éléments de réponses à ces questions.

En ce qui concerne la deuxième question, les principaux arguments discutés sont les suivants :

? O. Jeanne soulève le fait que, malgré des niveaux de dettes plus importants au Japon et aux États-Unis qu'en Europe, ces premiers n'ont pas directement été frappés par une crise de confiance sur la valeur de leur dette souveraine tandis que, en Europe les turbulences sont encore fortes et persistantes. L'adoption d'une politique monétaire

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plus douce dans ces premiers pays pourrait alors en être la cause ou du moins une des causes.

? Selon T. Hellebrandt, A. Posen, et M. Tolle, entre autres, la probabilité de succès de l'assainissement budgétaire et sa crédibilité aux yeux des agents économiques (dont le marché) augmentent avec l'engagement ex-ante de la politique monétaire à accompagner la mise en oeuvre de la politique de rigueur. i.e. avec l'assouplissement ex-ante de la politique monétaire.

? Leigh et al. (2010) prouvent à partir d'une étude statistique que la probabilité de réussite de l'assainissement dépend du degré d'accompagnement des politiques en début du programme, soit une fois celui-ci établi et engagé.

? Certains auteurs pensent au contraire que la politique monétaire ne doit pas agir ex-ante mais ex-post car cela aurait pour effets :

- De réduire la pression sur les États afin qu'ils engagent sérieusement les politiques de rigueur nécessaires.

- Qu'une fois engagée dans l'accompagnement des États, la politique monétaire perde momentanément sa capacité à ancrer les anticipations et cela tant que les politiques d'assainissement n'auront pas fait leurs preuves aux yeux du public. Par extension, la perte de crédibilité aurait une influence directe sur la stabilité des prix et sur le niveau de marché des taux obligataires.

- Les conséquences d'un engagement fragile des gouvernements ex-post seraient désastreuses.

2. Démonstration de T. Hellebrandt, A. S. Posen et M. Tolle (2012)

L'objectif de l'étude :

Ces auteurs étudient plus en détail les résultats des interactions possibles entre la politique monétaire et la politique budgétaire en fonction du degré d'accompagnement des politiques d'assainissement par la banque centrale. Leurs analyses s'étendent sur deux périodes et concernent des pays où la banque centrale est indépendante et donc crédible.

La méthode retenue:

? Afin de juger de l'impact des politiques monétaires sur la probabilité de réussite des politiques de rigueur en fonction de la date de début de l'accompagnement, les auteurs calculent : les variations moyennes des taux d'intérêt directeurs des banques centrales sur l'année d'assainissement et sur l'année précédent l'assainissement. Puis ils

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comparent ces valeurs entre elles au regard des cas de réussite de l'assainissement et des cas d'échecs.

? Afin de juger de l'impact des politiques monétaires d'accompagnement sur le degré de crédibilité des politiques de rigueur, les auteurs observent les différences entre les taux de rendements sur les obligations des États concernés par l'assainissement et les taux de rendement d'actifs considérés comme exemptés de risque.

Les résultats :

? Concernant le lien entre l'assouplissement monétaire ex-ante et la probabilité des politiques de rigueur :

Lorsque le programme d'assainissement est d'une certaine ampleur, les résultats montrent que la réussite de ces programmes semble être en grande partie déterminée par le degré d'accompagnement ex - ante de l'Etat par la politique monétaire i.e. dès l'année précédente ou dès la mise en place du programme.

? Concernant le lien entre l'assouplissement monétaire et la crédibilité des politiques d'assainissement :

Les auteurs remarquent que les politiques budgétaires jugées comme étant les plus crédibles sont souvent accompagnées de politiques monétaires très engagées durant l'année d'assainissement. Il semblerait même que plus l'accompagnement est prononcé, plus l'implication des politiques budgétaires dans les programmes est forte voire plus ambitieuse.

Les conclusions des auteurs :

En plus de ces observations, il semble clair que l'heure est à la coordination entre politique monétaire et budgétaire en ces moments difficiles. Le soutien qu'apporteront les autorités monétaires aux gouvernements sera un élément déterminant pour la sortie de crise.

La BCE a d'ailleurs engagé une marche dans ce sens lorsqu'on considère ses récentes décisions.

Il faudra toutefois réaliser de plus amples études en ce qui est des avantages que l'on pourrait tirer du maintien d'une politique monétaire stricte en terme d'incitation à la mise en place de politiques de rigueur crédibles.

Enfin, cette étude ne fait pas état de l'impact que peut avoir l'ampleur des chocs sur cette dynamique de collaboration comme l'implication d'interactions négatives entre les deux politiques ou l'existence de non linéarité dans les réactions du marché.

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3. Présentation du modèle proposé par O. Jeanne (2012) : Une approche intéressante des arbitrages potentiels entre défaut et assistance

L'objectif de l'étude :

O. Jeanne cherche à simuler les conséquences de l'arbitrage par la politique monétaire entre laisser les États faire défaut et les assister (i.e. monétisation de la dette publique).

Cette question peut aussi s'interpréter en termes de choix entre l'adoption d'une dominance monétaire dite « douce » (ou préventive) comme aux États-Unis ou au Japon et l'adoption d'une dominance monétaire « dure » comme en Europe. L'auteur définit la première comme une politique visant à responsabiliser les gouvernements dans la gestion de leurs finances et la deuxième comme une politique monétaire qui dans les cas extrêmes autoriserait le défaut de l'État.

Observations historiques (recadrage de l'étude) et considérations théoriques :

? L'observation de données empiriques : L'auteur constate d'abord en comparant les ratios de dette des États par rapport à leur PIB, que la situation des finances publiques aux États-Unis, au Japon et au Royaume-Uni est à l'origine bien plus mauvaise que la moyenne des pays européens et est à peu près équivalente à celle de la Grèce, du Portugal ou de l'Irlande.

? Classement des pays par type de politique : en second lieu il met l'accent sur la différence de politiques monétaires entre ces premiers pays d'une part et celle retenue par la BCE en notant que cette dernière est caractérisée par un très fort engagement dans la recherche d'une dominance monétaire maximale. De ce point de vue, celle-ci aurait donc tendance à tolérer plus facilement le défaut que ses homologues Anglo-Saxons ou Nippons qui adoptent des politiques monétaires plus flexibles en fonction de l'ampleur des chocs frappant l'économie.

? A propos de l'effet des taux d'intérêt sur la dette publique :

- La thèse « nordiste » soutient que ces écarts de taux d'intérêt sur les dettes à risque sont positifs et même souhaitables dans la mesure où ils incitent les gouvernements à la prudence dans la gestion de leurs finances.

- La thèse « sudiste » soutient que ces « spreads » sont au contraire négatifs et conduisent à l'aggravation de la situation budgétaire des États déjà très endettés.

? Les décisions de monétiser la dette publique par le maintien de taux d'intérêt très faibles doit être une décision réfléchie et mesurée sur la base d'un arbitrage entre les avantages et les inconvénients de cette décision. Pour aider à réaliser cet arbitrage, les travaux de

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Davig, Leeper et Walker (2010) permettent de chiffrer les implications des niveaux d'endettement sur le niveau d'inflation et/ou de fiscalité.

Le modèle:

· Modèle à deux périodes représentant le court terme et le long terme.

· La banque centrale définit son taux d'inflation cible (0% dans le modèle).

· Les agents sont neutres au risque, ce qui implique que le taux d'intérêt du marché obligataire reste constant.

· L'État cherche à financer ses dépenses entre les deux périodes mais n'est cependant pas certain que ses recettes à venir permettront de couvrir sa dette.

· Si le gouvernement est insolvable à la période 2, la banque centrale a le choix entre le laisser faire défaut ou le secourir.

· Le public ne connait pas à l'avance le choix que fera la banque centrale.

· Le public évalue la probabilité que la banque centrale laisse l'État faire défaut et se sert de cette évaluation pour formuler leurs anticipations. Soit ì cette probabilité.

· Les variables expliquées sont l'ajustement budgétaire, le défaut, et l'inflation. En cas de crise de solvabilité en période 2, deux situations sont possibles :

· La banque centrale empêche l'État de faire défaut en monétisant sa dette ce qui crée de l'inflation

· La banque centrale laisse l'État faire défaut avec une probabilité calculée en fonction des niveaux de son solde budgétaire et l'inflation reste nulle

Les résultats du modèle concernant l'arbitrage entre défaut et inflation :

L'auteur fait varier l'équilibre de son modèle en réajustant la valeur du paramètre ì (probabilité d'abandon) et trouve des valeurs probables d'équilibre pour les variables ajustement budgétaire, défaut, et d'inflation.

L'auteur montre que la domination monétaire dure peut réduire la probabilité d'ajustement budgétaire en rendant sa réalisation moins probable. De plus, il semble d'après les estimations

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du modèle, qu'une telle politique serait associable, et contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre, à une plus forte probabilité d'inflation.

L'approche soutient par ailleurs que l'assistance des autorités monétaires permettrait dans une certaine mesure une meilleure soutenabilité de la politique de rigueur et donc influencerait sa réussite.

L'auteur conclue que ces travaux peuvent servir de base cognitive mais doivent être encore beaucoup approfondis dans les années à venir.

4. Mots de conclusion

Jusqu'à présent, et comme nous avons pu le montrer en PARTIE I- TITRE 2, les anticipations d'inflation en zone euro et aux Etats-Unis sont restées stables malgré l'activisme des banques centrales. Il semble que les agents économiques comprennent la nécessité d'adopter des politiques extraordinaires pour stabiliser l'économie et semblent aussi comprendre l'enjeu que représente le surendettement des Etats.

Cependant, les études et les discussions actuelles mettent en avant le danger que représenterait le financement de politiques budgétaires dont les entreprises d'assainissement sont fragiles et peu crédibles.

Les études ont aussi montré que cet accompagnement des politiques budgétaires par la politique monétaire était une condition très importante pour leur réussite.

Enfin, il faut conclure qu'il y a de grandes chances que la crise persistante que connait l'Europe depuis 2008 perdurera, voir s'aggravera, tant qu'une politique efficace de gestion des dettes publiques n'aura pas été trouvée.

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TITRE 3 : Vers un modèle amélioré de politique monétaire : La sous - optimalité de la règle de Taylor pour conduire une politique monétaire optimale

De nombreux économistes, notamment ceux issus du courant des nouveaux keynésiens soutiennent que le cadre de décisions retenu par les banques centrales est très incomplet ce qui explique leur incapacité à faire face aux déséquilibres graves qui affectent les marchés. Selon certains d'entre eux, la « grande modération » de ces dernières années est plus due à des facteurs réels qu'à l'optimalité des règles de politique monétaire. Au contraire, une règle jugée trop écartée des grandes variables de l'économie réelle a engagé dès les débuts de l'adoption du ciblage de l'inflation, des travaux théoriques critiques qui ont retrouvé aujourd'hui de leur intérêt.

Peu importe ce qui se dit, ces travaux s'entendent cependant tous à placer parmi les missions principales de la banque centrale celle de la recherche de la stabilité des prix, condition cruciale du bien-être économique. Les divergences se font dans le choix des autres objectifs à prendre en compte et notamment dans la reformulation de la règle de Taylor afin de l'augmenter de certaines variables explicatives et de la reconnecter ainsi avec la réalité des dynamiques macroéconomiques.

De nombreux modèles tentent d'analyser l'efficacité d'une telle modification de la règle de décision sur le choix des agents et l'équilibre macroéconomique et attirent tout au moins l'attention surtout dans ce contexte difficile avec les incertitudes qu'il soulève.

Nous allons présenter dans cette partie les différentes critiques adressées à la politique monétaire, leurs fondements et les propositions d'évolution du modèle de référence retenu jusqu'alors par les banques centrales.

Il s'agira dans une première partie de présenter les critiques sur la position qu'assignent les banques centrales aux variables économiques dans l'échelle d'importance à la base de leurs décisions.

Dans une deuxième partie, nous présenterons certaines analyses qui remettent en question certaines des hypothèses servant de base à l'orientation des politiques monétaires.

Enfin, dans une dernière partie nous présenterons brièvement les quelques modèles macroéconomiques récents qui permettent de donner des pistes pour l'élargissement du mandat des banques centrales

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I. Les grands « oublis » de la politique monétaire

1. L'absence de la microéconomie bancaire dans l'analyse du canal du crédit

Les banques sont le complément nécessaire des marchés de capitaux. Comme nous avons pu le voir précédemment, elles permettent le financement des agents ne pouvant pas avoir recours au marché, elles aident à minimiser les problèmes d'aléa moral, elles sécurisent l'épargne publique, elles financent les Etats entre autres. Cela fait d'elles un élément important dans le processus de transmission de la politique monétaire.

Pourtant, l'analyse microéconomique des banques a perdu beaucoup de sont intérêt dans les modèles macro économiques depuis une trentaine d'années. Les banques sont résumées à leur fonction de prêteur avec une activité suivant une marche linaire laquelle consiste à accorder des prêts sous contrainte de capital, de taux de refinancement et de volume des dépôts. La légitimité du canal du crédit a par ailleurs souvent faire l'objet de critique ces dernières décennie. Ces considérations limitatives du secteur bancaire s'expliquent par la prédominance des marchés financiers dans le financement de l'économie, lesquels ont connu un développement explosif depuis les années 30. Les volumes de capitaux qui s'y échangent sont énormes en comparaison des capitaux qu'engage l'activité bancaire. La pensée prévoit même la disparition progressive des banques avec l'augmentation de l'efficience à venir des marchés financiers.

Cependant, la récente crise relance les discussions sur à ce sujet. Et l'Europe réaffirme sa dépendance au secteur bancaire qui reste une des sources principales de financement des économies. Avec les deux crises quasi-simultanées qui ont frappé l'Europe, le canal du crédit a été et est encore très défaillant. La politique monétaire de la BCE, malgré son fort engagement, ne parvient pas à rouvrir les vannes du crédit.

Une des raisons de ce blocage est, comme non l'avons précisé dans notre développement (PARTIE 1 - II - 4.), dû en partie au surendettement des agents privés. Mais il n'y a pas que cela, de nombreux intellectuels s'accordent à dire que le comportement microéconomique des banque à été trop longtemps ignoré et que cela aura eu une part de responsabilité importante dans l'ampleur de la récente crise et dans sa persistance.

Afin de traiter le sujet du rôle de la microéconomie bancaire dans l'ajustement macroéconomique, il nous faut comprendre entre autres comment les décisions des banques ont évolué en considération de l'expansion des marchés financiers, mais aussi dans quelles mesures ces stratégies différent en fonction des caractéristiques de chaque banque et enfin quels sont aujourd'hui les liens entre la politique monétaire et les décisions bancaires.

Au final, la question sera de savoir comment réintroduire la dynamique décisionnelle des banques dans les modèles DGSE servant de base à la décision des autorités monétaires, mais aussi prudentielle.

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1.1. La structure du canal du crédit

Une première distinction importante à faire entre les activités d'intermédiation financière est de considérer qu'il existe en réalité deux types de canal crédit communément appelé « the narrow credit channel » (canal stricte du crédit) et « the broad credit channel » (canal large du crédit).

Les effets qu'aura la politique monétaire sur le volume des crédits octroyée vont dépendre de l'importance relative des canaux.

? Le « narrow credit channel » correspond aux activités traditionnelles des banques. L'influence que pourra avoir la politique monétaire sur l'offre de crédit dépendra surtout du niveau des taux d'intérêt directeurs, des réserves règlementaires exigées et du prix de ces réserves. En cas de durcicement de la politique monétaire, l'offre de crédit diminue ou les taux des crédits augmentent et influence la demande de crédit à la baisse. Les banques peuvent se refinancer sur les marchés obligataires mais à coût plus élevé.

Par extension, la contraction du crédit met à mal la consommation et l'équilibre financier des entreprises etc.

L'efficacité de ce canal de transmission est limitée et discutable pour trois principales raisons qui auront pour effet de limiter l'influence des politiques monétaires :

- La non-substituabilité des dépôts bancaires et des actifs obligataires (certificats de dépôt) n'est pas vérifiée. Kashyap et Stein (94) précise notamment que seules les

banques de petites tailles peuvent transmettre la politique monétaire via ce canal.

- La non-substituabilité des prêts bancaire et du marché n'est pas toujours vérifiée

- Ce canal néglige l'ampleur des interactions à l'heure actuelle entre les banques et les marchés

? Le « broad credit chanel » Le canal large du crédit n'engage pas que les banques mais aussi tout les activités visant à octroyer du crédit au secteur privé. Le fonctionnement de ce canal à été largement étudié dans la littérature avec les travaux d'auteurs comme Bernanke, Meyer, Gertler, ou Jensen et Meckling. L'idée est que les décisions de financement des entreprises ne se base pas majoritairement sur la qualité de l'emprunteur laquelle est juger en fonction de ses résultat économique, du niveau de leur fonds propres, de la cotations boursière de ces fonds et des primes de risque appliqué sur les obligations qu'il émet, de la valeurs des garanties qu'ils proposent. Ce financement est d'autre par soumis à des problèmes d'asymétrie d'information lesquels impliquent des coûts de contrôle plus ou moins importants. Alors, la manière dont fonctionnent ce canal est à peu prêt la même que celle du canal des bilans (cf. PARTIE, II). La politique monétaire va influencer le volume de crédit accorder en impactant la valeur des bilans des agents économique de telle sorte qu'une hausse des taux d'intérêt fera par exemple baisser la

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valeur de l'actifs des emprunteurs qui devront se financer à plus haut coût. C'est dernier feront alors un arbitrage dans le sens d'un financement interne plutôt qu'externe si cela est possible. Ainsi le volume de crédit diminue.

1.2. Le rôle du capital bancaire dans les décisions de financement

Le capital bancaire est une variable déterminante du comportement des banques, surtout en période d'instabilité durant lesquelles les exigences des régulateurs et des créanciers sont plus contraignante.

Le capital bancaire constitue un signal pour les investisseurs sur la santé de la banque et est donc un des déterminants du prix du risque conditionnant les échanges entre la banque et le marché (ex : augmentation en capital, emprunts, émission de produits financiers). Cela implique que pour les banques les plus petites ou les moins capitalisées, l'accès aux fonds financiers reste très limité. Et c'est ces contraintes qui incitent ces dernières à financer des projets plus risqués en échange d'un taux élevé de rémunération, à adopter des leviers de dépôt plus important que les autres banques ou à prendre des positions plus risquées sur les marchés financier. Mais le cas des banques contraintes peut être généralisé à l'ensemble des intermédiaires financiers soumis à régulation prudentielle. De nombreux travaux ont été réalisés en la matière et rejoignent le sujet de savoir dans quelles proportions les banques soumises à réglementation peuvent-elles participer à la formation de crises financière et à leur contagion. Ces travaux réintroduisent la microéconomie bancaire et replace les banques comme gestionnaire de portefeuille dont le but principal est de maximiser leur profit sous contrainte de coûts. Les récents modèles proposés permettent aussi d'intégrer les apports de la théorie sur les choix d'investissement. On peut citer parmi les travaux récents réalisé sur ce sujet, les modèles de Holmstrom B. et Tirole J. (97) et de Rochet (2004).

Cette approche de la microéconomie bancaire nous intéresse dans le cadre de ce mémoire car elle permet de rendre compte de la complexité de la dynamique de décisions des banques et replacent alors les décisions de la politique monétaire parmi d'autres variable explicatives du comportement de crédit des banques. Par ailleurs, ils ont l'avantage de prendre en compte les activités de placements financiers des banques.

Chocs exogènes sur les marchés, contraintes en capital des banques et activité de crédit :

- Le cout du capital est encore plus élevé en période d'incertitude. C'est en partie pourquoi l'effet des politiques de quantitative easing sur la relance du crédit reste limité. Le cout du capital réglementaire relatif aux nouveaux prêt est trop élevé comparé au bénéfice attendu de son utilisation, surtout en période de taux d'intérêt faible et de faible demande pour les crédits.

De nombreuses études théoriques et empiriques démontrent l'existence du lien entre la réglementation en capital et la sensibilité de l'offre de crédit aux chocs exogènes. Les études

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actuelles tendent à décrire et à modéliser le comportement de crédit des banques en période d'instabilité en retenant comme variable explicative la contrainte réglementaire, l'évolution du prix des actifs, la taille de la banque, et le degré de concurrence sur le secteurs bancaire.

1.3. Développement des marché financiers et nouveau modèle de gestion bancaire

Dans une autre mesure, la politique monétaire doit prendre en compte dans son analyse des canaux de transmission le fait que les banques soit aujourd'hui très intégrés et active sur les marchés financiers de telle sorte que leur activité primaire soit relativement moins importante qu'auparavant mais aussi que ces dernières présentent la même sensibilité aux chocs financiers que les autres participants au marché sinon une plus grande sensibilité du fait qu'elle soit en plus contrainte sur ses réserves. Dans la PARTIE II -I, nous avons pu donner plus de précision sur ce phénomène d'interdépendance entre le secteur bancaire et financier. Il faudrait alors préciser la politique monétaire en fonction de ces considérations.

1.3. Conclusion

La politique monétaire, autant que l'analyse strictement économique, doit revoir leur façon d'intégrer le secteur bancaire dans les modèles macro-économiques afin de rendre compte des grands changements stratégiques des banques depuis la « boom » des marchés financiers. Des travaux récents comme ceux de Hale et Santos ou de Marques Ibanez et Scheicher (2010) peuvent compléter ces observations.

Des propositions là encore se tourne vers la détermination d'une règle de Taylor « augmentée) qui prendrait en compte pour évaluer l'efficacité à un moment donné du canal du crédit sur la base du calcule des leviers d'endettement privé par rapport au PIB ou encore l'évolution des prix de l'immobilier entre autres.

Aussi, Goodhart (2007) pose l'intérêt de réaliser des études statistiques et empiriques sur visant à évaluer les effets des variations des taux d'intérêt directeur sur le comportement de prise de risque des banques.

2. L'importance cruciale des frictions sur le marché du travail dans la transmission des politiques économiques

On peut aisément citer comme une des causes du blocage économique depuis 2008, le fait que l'envolée du chômage induit par la crise des subprimes mais aussi des dettes souveraines en Europe a largement fait reculer le niveau de la demande dans tous les secteurs d'activité et a

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donc entrainé le cercle vicieux de la désinflation avec les risque de déflation au bout du tunnel.

On a souvent tendance à voir le chômage comme une conséquence de la récession plutôt que comme une cause. L'analyse des nouveaux keynésiens redonne au marché du travail une importance capitale dans la formation de l'équilibre économique et en font un outil majeur de sa performance.

Les études visent à intégrer dans la règle de politique monétaire, la pleine considération des conséquences économiques de l'occurrence de « frictions » sur le marché du travail, cela afin d'optimiser la règle de décision.

La Fed à d'ors et déjà, et cela depuis 2012 ajouté de façon explicite à ses objectifs celui de la lutte contre « l'écart de chômage » au lieu de l'output gap. En Septembre 2012, le FOMC déclare que les politiques de quantitative-easing ne s'arrêteront pas temps que les perspectives en ce qui concerne le marché du travail ne se seront pas améliorées.

La grande innovation que représenterait la prise en compte du fonctionnement du marché du travail aux cotés de l'inflation dans une même règle serait bien sûr celle de donner des moyens d'intervention directs à la politique monétaire sur la formation de l'équilibre macroéconomique. Politique monétaire et économie réelle seraient alors « réconciliés ».

Les partisans de cette approche considèrent le marché du travail comme l'une des principales sources d'inflation et de formation des anticipations. Cela représenterait donc une avancée économique majeure.

Notre approche consistera d'abord à présenter le fonctionnement du modèle DMP (Diamond, Mortensen et Pissarides) et de ses extensions afin de comprendre l'importance des frictions sur le marché du travail dans la formation de l'équilibre macroéconomique. Dans un second temps, nous préciserons la relation entre dynamique du marché du travail et inflation, enfin, nous nous intéresserons aux résultats obtenus par Ravenna et Walsh (2009) sur la base de leur modèle DSGE augmenté du marché du travail.

Parmi les auteurs ayant travaillé sur ce sujet on peut citer : Blanchard et Galí (2007, 2010) ; Trigari, (2004) ; Moyen et Sahuc (2005) ; Christoffel et Linzert (2010) ; Christoffel et al. (2006) ; Gertler et al. (2008). Tous ces auteurs s'accordent sur un point qui est celui de reconnaître l'importance des frictions et des rigidités salariales comme variables explicatives de la propagation des chocs ainsi que des modes de négociation des salaires.

2.1. Les fondamentaux d'une approche NK -DMP (nouveaux keynésiens - DMP) :

? Des frictions peuvent naître sur le marché du travail, qui engendrent à la fois une augmentation du taux de chômage mais également des emplois vacants. Cela implique

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qu'une simple évaluation du taux de chômage est insuffisante à rendre compte de l'état effectif du marché du travail. Une mesure du ratio postes vacants/chômage identifie l'ampleur de ce phénomène. Ainsi, on peut constater selon l'étude de Walsh (2014) que ce ratio a fortement diminué depuis le début de la crise des subprimes. La forte augmentation du chômage n'a pas donné lieu à une augmentation de postes vacants (faillite, fermetures, délocalisations ...).

? Le taux d'intérêt a un effet direct sur la demande de travail. En effet, sans passer par les canaux usuellement considérés, il existe un canal par lequel une baisse du taux d'intérêt a un effet sur la valeur actualisée des bénéfices attendus par les entreprises pour un certain nombre d'employés. Dans le cas d'une baisse des taux, cette valeur va augmenter et inciter l'entrepreneur à embaucher plus de main d'oeuvre puisque celle-ci est relativement moins couteuse.

? La consommation est une fonction croissante de la baisse des frictions sur le marché du travail : cela est vrai si l'on considère non seulement l'augmentation des revenus distribués aux ménages, mais aussi le fait que les ménages prennent en considération dans leurs décisions l'état de la conjoncture sur le marché du travail et anticipent son évolution. La santé de ce marché (existence de frictions) est alors une variable explicative de la fonction du bien-être social.

? La courbe de Phillips est croissante

? Les prix et les salaires sont considérés comme fixes à court terme (voire à moyen terme) dans ces modèles, ce qui va être la cause de certaines frictions que nous verrons un peu plus bas.

? Les conditions de la négociation salariale jouent un rôle déterminant dans l'équilibre macroéconomique.

2.2. Un modèle d'appariement du marché du travail (DMP) inséré dans un modèle DSGE néo-keynésien (NK - DMP) :

Le modèle de base DMP permet de comprendre l'effet des frictions dit « d'appariement » sur le salaire et le chômage d'équilibre. Ces frictions naissent de l'imperfection informationnelle sur ce marché qui implique que la demande et l'offre de travail sont en partie déconnectées c'est pourquoi la pleine utilisation des capacités productives est rarement assurée. Ces imperfections peuvent avoir différentes origines comme les coûts à la mobilité, l'absence de T.I.C efficace, la congestion entre les acteurs etc. Cela explique la persistance du chômage et d'emplois vacants.

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Une hypothèse importante de ces modèles est qu'il existe des coûts d'appariement autant pour les employeurs que pour les offreurs de telle sorte qu'un arbitrage bénéfices - coût intervient à un moment donné. Il s'agit des coûts d'appariement (ex : entretiens, carburants, communication, formation de rappel etc.)

La résolution du modèle DMP nous donne les salaires et taux de chômage d'équilibre en fonction des conditions spécifiques au marché étudié. La dynamique d'équilibre fait dépendre le nombre de travailleurs de la période 2 à celle de la période 1, ainsi qu'à la destruction d'emplois à la période 1 et des appariements pour la même période. Notons que la valeur de chaque variable dépend des arbitrages coût - profitabilité mentionnés plus haut.

Une des évolutions proposées à ce modèle est celle de Hall (2005) d'y introduire le degré de rigidité des salaires en fonction de la force de négociation des parties au contrat de travail. Une telle proposition sous-entend que, sauf en cas d'indexation des salaires nominaux sur l'inflation, il n'est pas toujours vérifié que les salaires réels restent constants dans le temps. Ce qui remet en cause l'approche conventionnelle retenue pour les modèle DSGE.

2.3. Dynamique du marché du travail et inflation

Mis à part les interprétations traditionnelles de la courbe de Phillips, quelques précisions ont été faites sur la relation entre marché du travail et inflation. En voici quelques-unes.

L'étude de Blanchard et Gali (2007) s'intéresse à l'influence des rigidités des salaires réels sur le niveau d'inflation. Leur principale conclusion est la suivante : la rigidité des salaires réels complique les problèmes d'arbitrage de la banque centrale entre stabilisation de l'inflation et de l'écart de production potentielle. Cela est dû au fait que ces rigidités rendent l'inflation partiellement inerte ce qui a dès lors pour effet d'accentuer les effets inflationnistes et déflationnistes, ou du moins de les ancrer. De telles rigidités peuvent être la conséquence de politique d'indexation des salaires.

Dans la même idée, Ravenna et Walsh (2009) trouvent que la volatilité de l'inflation et de l'output gap sont diminuées lorsque le marché du travail est plus flexible.

Ces derniers arrivent à construire un modèle qui permet de résumer dans une relation entre inflation et écart de chômage (chômage effectif - chômage potentiel) le fonctionnement traditionnel des modèles néo-keynésiens standards avec existence d'un marché du travail caractérisé par des frictions de type DMP.

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2.4. Efficacités des modèles NK-DSGE pour la conduite de la politique monétaire : Résultats des simulations du modèle Ravenna et Walsh (2009)

? La non-prise en compte des frictions sur le marché du travail dans les décisions de politique monétaire (dans les modèles DSGE utilisés) implique des politiques sous-

optimales et des pertes potentielles pouvant être grandes en termes de bien-être social.

? Le marché du travail ne doit pas être administré.

? Les pertes en bien-être social dépendent de l'écart du chômage de telle sorte qu'un marché du travail trop réglementé ou soumis à de nombreuses frictions est un effet négatif sur les ménages.

? La volatilité de la consommation est en partie expliquée par le climat d'incertitude créé par une augmentation de l'écart de chômage.

? La présence de frictions sur le marché du travail rend les agents neutres au genre de politique monétaire, discrétionnaire ou ancrée.

D'autres modèles dans la même lignée sont attribuables entre autres à : Sala, Söderström, et Trigari (2008) ; Blanchard et Galí (2008) et Thomas (2008).

3. L'existence de fortes non-linéarités dans les réactions des agents

Les réactions des agents ne sont en réalité ni homogènes ni linéaires. Les modèles macroéconomiques courants peinent notamment à décrire les non-linéarités qui peuvent subvenir dans des périodes de crise et d'instabilité. Pourtant, en ce qui concerne les comportements de consommation ou d'investissement notamment, il semble évident que ces derniers ne répondent pas, dans la crise que nous traversons, à une logique purement linéaire. Ces non-linéarités comportementales s'appliquent aussi bien, comme nous l'avons vu précédemment, aux banques et aux agents du secteur financier...

C'est alors, qu'un important travail reste à faire pour identifier les déterminants de cette volatilité des agrégats économiques, cela sûrement par l'utilisation de modèles dynamiques et de techniques de simulation. Ces modifications imprévisibles de la structure de décision sont importantes à prendre en compte dans le cadre de la politique monétaire dans la mesure où cela permettra à la politique monétaire d'avoir une meilleure compréhension de la cognition des différents types d'intervenants sur les marchés et ainsi d'optimaliser sa règle de décision. Ainsi, sa prise en charge des crises sera plus efficace mais aussi le retour à la stabilité économique sera plus durable.

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Keynes mentionnait ce qu'il appelle des « instincts animaux » pour invoquer des décisions irrationnelles et déconnectées des réalités économiques prises par les agents dans certaines situations.

La principale explication de ces dérives comportementales est à chercher dans l'impact psychologique de l'incertitude sur les agents (incertitude quant à l'avenir, aux prix futurs des actifs, aux niveaux des salaires, à la reprise économique etc.). Par exemple, les banques centrales ont rendu les conditions d'investissement bien plus profitables à l'heure actuelle qu'avant le déclenchement de la crise. Le résultat attendu conformément aux modèles de base retenus était un retour plus ou moins rapide des activités économiques. Pourtant, il semble que la structure décisionnelle des investisseurs s'est modifiée avec l'incertitude générée par la crise de telle sorte que l'ordre de priorité des variables qu'ils retiennent pour leurs décisions semble avoir changé. La question est alors de savoir dans quelle mesure.

Une autre dimension importante à prendre en compte concerne l'interaction entre les agents économiques. Ces états de doute sont contagieux puisque les agents sont intimement liés entre eux. Dans le cas de la finance par exemple, la cession par un agent de taille importante d'un grand volume d'actifs influence tous les investisseurs qui voient un signal négatif dans cette action, sans pour autant que ces craintes soient justifiées. Mais encore, la chute des cours, qui tombent souvent en dessous de leur valeur fondamentale, approfondit le climat d'incertitude, la recrudescence des problèmes d'asymétrie informationnelle, le blocage des financements et par extension le recul de l'activité réelle sans pour cela, qu'à aucun moment, l'excès de panique n'ait été justifié.

Une chose qui semble peu contestable en ce qui est de l'analyse des comportements des agents financiers, est que l'hypothèse d'efficience des marchés financiers souvent retenue par les modèles DSGE doit être rejetée au profit de tentatives de modélisation des problèmes liés à l'inefficience informationnelle. De très nombreux travaux sont déjà disponibles sur ce sujet en ce qui concerne les marchés mais aussi la structure de décision des banques et des entreprises en fonction des questions d'asymétrie informationnelle. Faut-il encore arriver à en faire un bilan exploitable dans les modèles DSGE.

F.Mishkin précise que puisque le principal objectif final de la politique monétaire est celui de maximiser le bien-être social, elle se doit alors d'évoluer avec la structure des préférences des agents économiques.

Les travaux entre autres de Gertler et Karadi (2009) et Curdia et Woodford (2009) donnent quelques précisions sur ce sujet.

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II. Autres considérations sur la pertinence des fondamentaux de la politique monétaire

1. Discussions autour du ciblage de l'inflation : Quel taux ? Quelle cible ?

1.1. Le ciblage de l'inflation

La récente crise nous a montré que le problème du "zero lower bond", qui, à force de la mise en oeuvre des politique non conventionnelles, pouvait être un problème sérieux en ce sens qu'il implique un fort interventionnisme des banques centrales (voir développement partie 1-II - 4. et Partie 2, I. 3.). Certains économiste se demande s'il ne serait pas plus sage de revoir à la hausse la cible d'inflation afin d'éviter que ce problème ne contraigne la politique monétaire à l'avenir. Ainsi, par exemple, Blanchard, Dell, Ariccia et Mauro (2010) proposent d'augmenter cette cible de 2 à 4 % pour l'Europe.

L'idée derrière cette proposition est qu'en cas de nouvelles instabilités, les anticipations d'inflation ancrées sur un niveau plus élevé, laissent une plus grande marge de manoeuvre aux banques centrales afin de contrer l'endiguement d'une crise potentielle ou d'un choc de demande par exemple, en influençant les taux d'intérêt réels de long terme voire en les rendant négatif en cas de nécessité. Par extension, ces critiques impliquent que la politique monétaire doit être stricte sur une cible d'inflation supérieure très proche des 2% si elle ne change pas cette cible à la hausse. Les discussions entre participants du FOMC semblent aussi tendre vers une révision à la hausse des cibles d'inflation.

Paul Samuelson et Robert Solow proposent même de tolérer le dépassement de cette cible jusqu'au seuil de 5%.

Cependant, différentes critiques peuvent être formulées contre cette proposition :

- Une cible à 4 % pourrait affecter négativement les décisions des ménages et des entreprises. Comme le soutient l'organisation Greenspan, afin de ne pas affecter les comportements fondamentaux des agents, la cible ne doit pas dépasser le niveau des 3 %.

- L'augmentation engendrerait une perte mesurable de la crédibilité et de l'utilité même de la mission des banques centrales dont le comportement serait même assimilable à un comportement discrétionnaire.

- Une cible d'inflation plus haute engage un plus grand risque de réalisation d'une spirale inflationniste.

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- Une telle mesure ne serait bénéfique qu'en cas de crises économiques graves qui sont par expérience très peu fréquentes. Tandis que les coûts d'une telle mesure pourraient se mesurer jour après jour.

1.2. Le ciblage du niveau des prix

De nombreux travaux actuels reviennent sur le choix de la cible d'inflation de la politique monétaire. Ces travaux soulèvent la question de savoir si une cible de niveau des prix ne présenterait pas plus de bénéfices qu'une cible d'inflation en ce sens qu'elle permettrait de mieux ancrer les anticipations d'inflation des agents et aussi éviter les coûts potentiels liés au phénomène de « dérive du niveau des prix » sur une période longe. Notre objectif est de faire un bilan des bénéfices et des désavantages qui pourraient résulter du ciblage du niveau des prix plutôt que de celui de l'inflation. Cela sur la base des récentes études réalisées sur ce sujet.

Qu'est -ce que le ciblage du niveau des prix ?

La banque centrale base sa cible sur la définition d'un sentier de croissance du niveau des prix correspondant à une moyenne corrigé des observations passées. Sa mission sera alors de maintenir le niveau des prix sur cette cible en réagissant de façon ex-post à ses variation sur l'année en faisant modifiant sa cible d'inflation de façon à annuler les effets des écart sur l'année échue.. La grande différence avec le ciblage actuel de l'inflation, c'est que cette dernière adopte une approche prospective. Elle vise à ce que l'inflation moyenne de long terme ne dépasse pas un certain seuil et elle ne réagira pas pour corriger les écarts d'inflation effective d'une année à l'autre.

Avantages du ciblage du niveau des prix

? Une des premières remarques que nous pouvons faire est que la cible du niveau des prix diminue les incertitudes sur les prix futurs et permet donc un meilleur ancrage des anticipations de l'ensemble des agents économiques (syndicats, entreprises, investisseurs). Elle diminue donc les frictions pouvant exister sur le marché du travail et celles liées à la déconnection dans la fixation des prix ex - ante par les entreprises.

? De plus, elle permet d'éviter la perte éventuelle de richesse liée aux fluctuations imprévisibles du niveau d'inflation.

? Aussi, un grand avantage du ciblage du niveau des prix réside dans le fait qu'il sécurise les termes des contrats conclus pour un long terme de telle sorte à ce que les valeurs réelles anticipées du prix du contrat soient toujours égales à leur valeur actuelle. D'autre part, elle permet aux parties d'un contrat d'avoir recours de manière moins fréquente à des produits d'assurance et autres produits financiers de couverture.

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Howitt (2001) affirme d'ailleurs que l'effet des incertitudes entourant les prix est déterminant dans la formation de l'inflation via ce canal des contrats.

? Svensson, Woodford, Gavin et Prescott entre autres soutiennent que ce type de ciblage a pour effet de produire moins de volatilité du PI3 que la cible d'inflation

Inconvénients du ciblage du niveau des prix

I.Fisher en 94 et d'autres études sur le sujet, soulèvent les aspects négatifs que peuvent avoir ce type de ciblage :

? Pourrait produire une volatilité plus grande du PI3 que la cible d'inflation en cas d'occurrence de chocs inattendus sur les prix

? Rendrait l'utilisation des politiques monétaires non conventionnelles inutilisables en cas d'atteinte du « zero lower bond » pendant un choc

? Le fait de maîtriser plus fermement les niveaux des prix pourrait non seulement les déconnecter de leur évolution naturelle avec la dynamique du PIB dans le temps

? Mais aussi, faire perdre au prix leur fonction d'indicateur sur le marché

Il semblerait alors que le ciblage du niveau des prix présente bien des intérêts, cependant un arbitrage doit être fait entre ses bénéfices et ses coûts en comparaison à ceux de la cible d'inflation.

La banque du Canada, dans une publication sur le sujet en Septembre 2009, sur la base de l'analyse de S. Ambler, précise les avantages et les inconvénients du recours au ciblage du niveau des prix dans le tableau qui suit :

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Source : S. Ambler - Banque du Canada

2. Le retour de la théorie discrétionnaire de la politique monétaire

La politique discrétionnaire vise à fixer le taux d'intérêt période après période en fonction de la conjoncture économique. Cela implique que la banque centrale réagit « sur le tas » et librement.

Elle ne s'engage pas à suivre une cible d'inflation quantifiée pour l'avenir. Il n'y a donc pas d'ancrage ou de pilotage des anticipations sous les formes qu'on expérimente depuis la mise en place de la politique monétaire actuelle.

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La politique dite soumise à une règle ou « commitment » est celle de la politique actuelle. Elle est prévisible puisqu'elle fixe le niveau des taux d'intérêt en suivant une règle précise (la règle de Taylor). Elle permet ainsi une grande maîtrise des anticipations d'inflation des agents économiques.

Ce qui a justifié jusqu'alors l'ancrage de la politique monétaire sur une règle ainsi que la grande transparence des orientations stratégiques, c'est le souci du maintien de la crédibilité de la banque centrale. Cette crédibilité est jugée indispensable afin de garder la confiance des agents économiques, de piloter les croyances des agents et donc de garantir la stabilité des prix, et par extension de l'activité économique.

Les deux politiques ont leurs arguments.

Les nouveaux Keynésiens, qui ont toujours prôné l'approche discrétionnaire, profitent de cette période d'instabilité et de l'échec des impulsions de la politique monétaire actuelle, pour réengager le débat sur l'intérêt de chaque approche avec en tête la croyance qu'une politique de type discrétionnaire bien formulée permet d'obtenir de meilleurs résultats en terme de bien-être social sans pour autant perdre en crédibilité. Il est donc intéressant dans le cadre de ce mémoire et au vu du biais d'inefficacité avéré de la politique monétaire en Europe, de nous pencher sur cette approche.

Notons que, sans pour autant s'auto-qualifier de politique discrétionnaire, la Fed et la banque d'Angleterre agissent pourtant en tant que tel lorsqu'elle décide d'intervenir directement dans la politique budgétaire en achetant des bons du trésor ou encore en fixant clairement un conditionnement de leur politique sur des objectifs autres que l'inflation comme celui du niveau du PIB ou celui du de chômage.

Selon l'approche de Clarida, Gali et Gertler (99), qui est partagée par tous les auteurs de ce courant, la principale critique formulée contre la politique discrétionnaire qui est celle de sa crédibilité ne tient pas : Une politique discrétionnaire n'est pas moins crédible qu'une politique engagée si elle est menée selon une marche logique et modérée.

En effet, l'idée étant que les anticipations des agents, au lieu d'être solidement ancrées par la règle, vont s'établir dans la même logique économique que celle de la banque centrale. Donc les agents seront aussi capable d'anticiper assez justement, au regard de la conjoncture économique, les réactions de la banque centrale qui choisi d'adopter une politique discrétionnaire. On parlera de « time consistent equilibrium ».

Pour aller encore plus loin, les travaux récents de l'école des nouveaux Keynésiens permettent dans ce cadre de formuler des modèles de prévision macroéconomique détaillés et certains planchent sur l'élaboration d'une nouvelle règle de politique monétaire qui serait sensible à la conjoncture. Ce courant réaffirme l'importance d'adapter la politique monétaire aux défis économiques. L'idée derrière cette intention sera celle de formuler un « mode d'emploi

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normatif » pour la politique monétaire contenant sûrement des valeurs probables des paramètres du modèle différents en fonction des défis à surmonter.

Y aurait-il des modèles de politiques monétaires de crise et des modèles de politiques monétaires de stabilité par exemple ?

Les travaux doivent encore être approfondis dans ces domaines. Cependant, on peut noter que cette approche n'est pas dénuée de sens au regard à la fois de l'utilisation d'instruments inédits pour contrer la crise récente et la rude bataille que mènent encore les autorités monétaires pour stabiliser les économies à leur niveau potentiel.

Le cadre réglementaire dans lequel la politique discrétionnaire doit évoluer est défini comme suit :

? La politique monétaire ne doit pas chercher à fixer le niveau de l'output au-delà de son niveau potentiel au risque d'engendrer une forte inflation et une perte notable du bien-être social. Cette leçon peut être tirée des erreurs du keynésianisme ancien.

? Lorsque la banque centrale affirme la prédominance de l'objectif d'inflation et bénéficie d'un statut indépendant, le biais inflationniste lié à la politique discrétionnaire diminue.

Aussi, certaines simulations menées par ces trois auteurs ainsi que par des auteurs comme Walsh et Ravenna (2009) entre autres, permettent d'évaluer les bénéfices à tirer de l'adoption d'une politique discrétionnaire en termes de rapport entre bien-être social et la perte sociale.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery