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Impact de de la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao a la périphérie de la réserve de biosphere du Dja au Cameroun


par Romeo FOPA
Université de Yaoundé II Soa - Master II Recherche en économie de l'environnement, développement rural et alimentaire 2014
  

Disponible en mode multipage

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FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE GESTION

BP : 1365 - YAOUNDE CAMEROUN

fseg@.univ-yde2.org

Tél. : (237) 22 06 26 98/ Fax (237) 22 23 84 28

TROPICAL FOREST AND RURAL DEVELOPMENT

B.P: 5619 YAOUNDÉ

Email: tfrd2009@yahoo.fr

Tel: +237 91 67 57 21

IMPACT DE DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE SUR LES PETITS PRODUCTEURS DE CACAO A LA PÉRIPHÉRIE DE LA RESERVE DE BIOSPHERE DU DJA AU CAMEROUN

MÉMOIRE

POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MASTER II RECHERCHE EN

ÉCONOMIE DU DÉVELOPPEMENT RURAL ET DE L'AGRO-ALIMENTAIRE

OPTION : ÉCONOMIE DE L'ENVIRONNEMENT DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Présenté et soutenu par :

FOPA ROMEO

Sous la direction du :

Pr. Joël SOTAMENOU

Enseignant titulaire à

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

Université de Yaoundé II

Et l'encadrement professionnel de :

M. EPANDA MANFRED Aimé

President de Tropical Forest and Rural Development

Année Académique 2014 - 2015

AVERTISSEMENT

«L'Université de Yaoundé II n'entend donner aucune approbation ou improbation aux
opinions contenues dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres
à leur auteur »

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

PREMIÈRE PARTIE : 8

ÉVALUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE SUR LES PRODUCTEURS DE CACAO AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA 8

CHAPITRE I : 9

ANALYSE THÉORIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION 9

I.1. IMPACT DE LA CERTIFICATION : ÉLÉMENTS THÉORIQUES 9

I.2. IMPACTS DE LA CERTIFICATION : REVUE DE LA LITTÉRATURE 22

CHAPITRE II : 28

ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA 28

II.1. MÉTHODOLOGIE DE COLLECTE ET D'ANALYSE DE DONNÉES 28

II.2. IMPACT ÉCONOMIQUE, SOCIAL, ET ENVIRONNEMENTAL DE LA CERTIFICATION RAINFOREST 36

DEUXIÈME PARTIE : 45

ANALYSE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE 45

CHAPITRE III : 46

ANALYSE THÉORIQUE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES 46

III.1. ANALYSE THEORIQUES DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES 46

III.2. L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES : REVUE DE LA LITTÉRATURE 53

CHAPITRE IV : 58

LES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE 58

IV.1. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 58

IV.2. RÉSULTATS ET ANALYSES 62

CONCLUSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATION 66

DÉDICACES

À mes parents FOTSING JEAN PAUL Désiré et YOUNDA Gisel vous qui, m'avez enseigné le sens de l'effort, et m'avez soutenu dans les moments difficiles.

REMERCIEMENTS

Au moment où je présente ce travail, je voudrais exprimer mes sentiments de reconnaissance aux personnes qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce travail. De ce fait je tiens à remercier :

L'Université de Yaoundé II (SOA) et plus particulièrement la coordination du Master II Économie du Développement Rural et de l'Agro-alimentaire, pour l'opportunité offerte à travers cette formation, pour la qualité des enseignements et des enseignants mis à notre disposition ;

Le Dr. SOTAMENOU Joël Directeur de ce mémoire pour la marque de bienveillance et la rigueur scientifique ;

M. EPANDA MANFRED Aimé, encadreur professionnel de ce mémoire, pour son soutien à la recherche et l'opportunité qu'il m'a offerte de découvrir les merveilles du milieu rural ;

M. NGOUCHEME RENÉ, chercheur à L'IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) pour les conseils et les orientations apportés à l'élaboration de ce travail ;

M. OKALA SERGE étudiant doctorant à l'Université de Yaoundé II pour une bouffée d'oxygène apporté à ce mémoire ;

Mme EPANDA née Lady NGWA pour ses encouragements et ses conseils

Mes frères et soeurs : MUKAM FOTSING JUNIOR, KENGNE FOTSING LAURAINE ; FONGANG FOTSING ALEX JORDAN ; NZONTSO FOSTSING DELILLAH ; KEUTCHE FOTSING TRESOR qui m'aiment bien et m'ont encouragés tout au long de cette aventure ;

Mes amis : MBESSOH ULRICH IGOR ; FONKOU YMELDA MANUUELLA ; AZEMKOUO CEDRIC ; AZEMKOUO MARTIN ; MAGNE ELIANE ; NWAFI ADI pour leur soutien multi forme et leurs encouragements ;

À toute l'équipe de la Plateforme de transformation des PFNL (Produits Forestiers Non Ligneux) de TROPICAL FOREST AND RURAL DEVELOPMENT pour leur encouragement au quotidien.

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Présentation de la taille de l'échantillon par village 32

Tableau 2: Comparaison des revenus moyens des producteurs étant dans le processus de certification et ceux n'étant pas 36

Tableau 3: Description de la source de revenu des producteurs dans le processus de certification 37

Tableau 4: Description de la source de revenu des producteurs n'étant pas dans le processus de certification 37

Tableau 5 : Prix du cacao selon que le producteur de cacao soit certifié ou non 38

Tableau 6 : Niveau d'éducation des producteurs des cacaos certifiés et non certifiés 42

Tableau 7: Définition des variables du modèle 62

Tableau 8: Résultats de l'estimation du modèle 63

LISTE DES FIGURES

Figure 1: Piliers de l'Agriculture durable 12

Figure 2: Localisation de la zone d'étude 28

Figure 3:Possession des parcelles certifiées et des parcelles non certifiées 39

Figure 4: Rendement moyen des producteurs qui sont dans le processus de certification 40

Figure 5: Rendement moyen des producteurs n'étant pas dans le processus de certification 40

Figure 6: Trou servant à la gestion des eaux usées ménagers 42

BPA

Bonne pratique agricole

COSA

Committee on Sustainability Assessment

CTB

Trade for Développement Centre

FAO

Food and Agriculture Organization

GBCC

Global Business Consulting Company

ICCO

International Coco Organization

ISEAL

International Social and Environnemental Accréditation and Labelling

ISO

International Standard Organization

KPMG

Cabinetd'audit

ONG

Organisation Non Gouvernementale

ONCC

Office National du Café et du Cacao

RA

Rainforest Alliance

RBD

Reserve de Biosphère du Dja

RSCE

Roundtable for a Sustainable Cocoa Economy

SAN

Sustainable Agriculture Network

TF-RD

Tropical Forest and Rural Development

GIZ

Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit

PIASI

Programme d'appui aux acteurs des secteurs informels

PAJER-U

Programme d'appui à la jeunesse rurale et urbaine

LISTES DES ABRÉVIATIONSLISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Questionnaire 73

Annexe 2 : Remarques 77

Annexe 3 : Informations sur les données et informations de convergence 78

Annexe 4: Effets marginaux et estimations des paramètres 79

Annexe 5 : Tests de Khi - deux 79

Annexe 6 : Effectifs et résidus 80

RESUME

L'objectif principal de cette recherche est d'évaluer les avantages liés à la certification Rainforest Alliance pour les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja à l'Est Cameroun. Plus spécifiquement, il s'agit d'une part, d'évaluer l'impact socio-économique de la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao autour de cette réserve ; et d'autre part, d'identifier les facteurs qui encouragent son adoption. Les données ont été collectées auprès de 100 producteurs de Cacao autour de la réserve du Dja, dont 44 d'entre eux sont engagés dans le processus de certification depuis plus d'un an. Il ressort de l'estimation du modèle Logit portant sur les facteurs d'adoption de la certification que l'âge et le sexe ne semblent pas avoir d'effet positif sur l'adoption de la certification.

Mots clés : impacts ; standards de durabilité ; certification ; petits producteurs.

ABSTRACT

The main objective of this research is to evaluate the benefits of Rainforest certification for cocoa farmers around the Dja Reserve in the eastern region of Cameroon. More specifically, it is firstly to assess the socioeconomic impact of certification on Rainforest cocoa farmers around the Dja Reserve; and secondly, to identify the factors that encourage the adoption of Rainforest certification by farmers around the reserve. Data were collected from 100 cocoa farmers around the Dja Reserve, 44 of them are certified for over a year. According to the estimation of Logit model on the adoption of the certification factors as ageand sex seem to have a negative effect on the adoption of certification.

Keywords: Impacts; Sustainability Standards; Certification; Small producers

INTRODUCTION GÉNÉRALE

1. Contexte de l'étude

Le cacao constitue, selon l'Agence Belge de Développement 1(*)« Trade for Développement Centre », le troisième marché alimentaire mondial, avec un montant annuel des échanges estimé à environ10 milliards de dollars (CTB, 2011). Selon les statistiques de l'Organisation Internationale du Cacao (ICCO, 2014/15), la demande totale de cacao, approximée par les quantités broyées, est passée de 3,2 millions de tonnes en 2004 à plus de 4,0 millions de tonnes en2015.Pour répondre à cette demande mondiale sans cesse croissante, le développement de la culture du cacao a pris de l'ampleur en Afrique où elle est passée de 2836 millions de tonnes en 2013 à plus de 3051millions de tonnes en 2015 (ICCO, 2014/15).

Les perspectives de la filière cacao demeurent d'autant plus favorables que la demande effective et la demande potentielle sont appelées à croître, eu égard aux profondes mutations en cours, notamment la montée en puissance de la classe moyenne partout dans les pays en développement, y compris ceux d'Afrique. Les broyages de cacao au niveau mondial augmentent. Cette augmentation est liée en partie à une demande en hausse en Asie et dans d'autres pays en développement affichant une croissance rapide. Or dans ces pays, cette demande sans cesse croissante est associée à la qualité des produits mis sur le marché.

La globalisation de l'économie mondiale durant ces dernières décennies a eu pour conséquences une standardisation accrue des caractéristiques de production, de commercialisation et de consommation dans le but de renforcer la confiance des marchés GBCC, (2012).

Désormais, Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par le respect des normes de production ainsi que du mode de commercialisation des produits qu'ils consomment. La normalisation de la qualité des produits est devenue une exigence des exportateurs, des ONG, et des Consommateurs. La production de cacao n'est pas reste de processus car elle fait désormais l'objet d'une grande attention et se retrouve ainsi impliquée dans les grandes questions d'actualité internationale telles que le travail des enfants, la préservation de l'environnement et la pauvreté en milieu rural. Ce processus correspond à ce que bon nombre de spécialistes appellent aujourd'hui, la certification.

La certification de produits tropicaux comme le café et le cacao a longtemps relevé d'un marché de niche, de type « commerce équitable » ou « agriculture biologique». A la fin des années 2000, le secteur cacao connaît un virage vers la « certification de masse » basée sur un concept de « développement durable » combinant des normes environnementales, éthiques et des « bonnes pratiques agricoles 2(*)» supposées augmenter les rendementsYOUSSOUPHA N'DAO, (2012) .

Au cours des 20 dernières années, le nombre de normes et de programmes de certification pour la production agricole a rapidement augmenté. Les producteurs souhaitant exporter sont confrontés non seulement à une pléthore de réglementations sur l'importation, mais également, dans ces pays d'importation, à différents marchés de niche pour lesquels des conditions supplémentaires doivent être remplies.

De la même manière, les problèmes liés à la durabilité suscitent de plus en plus de craintes au sein de l'industrie du cacao. Les entreprises privées déploient un nombre croissant de programmes pour promouvoir des formes durables de production du cacao. Ceci est en partie lié aux inquiétudes concernant la nécessité de garantir un approvisionnement de fèves de cacao pour répondre à la demande mondiale en hausse de produits à base de cacao. Tandis que les normes de durabilité sociale et environnementale dans le secteur du cacao s'y développent rapidement la production reste caractérisée par des petites exploitations agricoles. Par exemple, environ 90% de la production mondiale est cultivée dans 5,5 millions d'exploitations qui sont généralement des exploitations familialesPALAZZO et al, (2011)cité par YOUSSOUPHA N'DAO, (2012). Cette tendance conduit les producteurs certifiés à des changements dans leurs manières de produire et de commercialiser leur production.

Mais derrière les critères avancés par les « certificateurs », quels sont les avantages réels de ces programmes ?

Des multinationales du chocolat (Cadbury / Kraft, Nestlé et Mars) ont également réagi à ces nouvelles préoccupations en élaborant des stratégies commerciales et d'approvisionnement de cacao diverses, y compris par le développement des standards de certification (Agriculture biologique, commerce équitable, Utz, Rainforest Alliance, etc.).

L'organisation internationale du café et d'autres organisations soutiennent la Fondation mondiale du cacao (WCF), créée en 2000 par un groupe d'entreprises telles que ADM, Arma- jaro, Barry Callebaut, Nestlé et Cargill, présidée actuellement par Kraft Foods, ces entreprises représentant plus de 80 % du marché mondial du cacao. L'objectif principal de la WCF est de promouvoir et de coordonner la production et la consommation durables de cacao. En 2011, la Fondation a accueilli cinq nouveaux membres originaires du Nigeria, des États-Unis et d'Indonésie. Lors du Symposium sur l'agriculture et la sécurité alimentaire mondiales, qui s'est tenu parallèlement au Sommet du G8 à Washington en mai 2012, la WCF a lancé une initiative de 4 millions de dollars pour former près de 35 000 petits exploitants en Côte d'Ivoire, au Nigeria et au Cameroun et améliorer leurs techniques agricoles. Celle-ci sera menée sous les auspices du Cocoa Livelihoods Program d'un montant de 40 millions de dollars financé par la GIZ.

Outre les initiatives collectives, des entreprises ont également lancé leurs propres initiatives pour soutenir les producteurs de cacao en fournissant des informations capitales sur l'application d'engrais, la culture des plantes, les techniques de récolte et d'autres pratiques agricoles, ainsi que des messages sociaux. Mars et d'autres fabricants de confiseries se sont engagés à utiliser d'ici 2020 un cacao certifié comme étant produit de manière durable. Barry Callebaut (représentant 12 à 15 % des broyages mondiaux) met pour sa part l'accent sur de nouvelles régions adaptées à la production durable de cacao, et développe également ses opérations de transformation existant en Côte d'Ivoire, en concluant de nouveaux accords de sous-traitance et en développant ses activités gastronomiques.

L'Afrique, l'Amérique Latine et l'Asie sont les principaux fournisseurs de cacao. L'Afrique de l'Ouest est le principal fournisseur de cacao, elle assure 70% de la production mondiale ICCO, (2014/15). La Côte d'Ivoire et le Ghana sont les locomotives de la zone. La Côte d'ivoire est le principal pays producteur et exportateur de cacao. Elle produit environ 1794 millions tonnes par ans ICCO, (2014/15). C'est les raisons pour lesquelles les grandes entreprises dominant le secteur du broyage du cacao (Cargill, ADM, Barry-callebaut) ont commencé à investir dans les pays producteurs où se développe donc l'activité de transformation.

Les grands industriels du cacao déclarent viser des centaines de milliers de tonnes, voire la totalité de leurs approvisionnements en cacao certifié, vers 2020. Cette certification de masse a été promue par l'agro-industrie et les ONG internationales comme Rainforest Alliance (RA) ou UTz. Face aux critiques récurrentes de lobbies environnementaux et médias envers les plantations de cacao accusées de détruire la forêt tropicale et d'utiliser la main d'oeuvre enfantine, l'Industrie du chocolat a désormais besoin de standards montrant sa prise en considération d'un développement dit durable. Ainsi les grands principes qui régissent le standardRainforest Alliance tournent autour de normes environnementales (conservation des écosystèmes) et éthiques (traitement équitable des travailleurs, santé) tout en intégrant des « bonnes pratiques agricoles » telles que la taille des cacaoyers, une utilisation raisonnée des pesticides, la mise en place de fosses de compostage de déchets agricoles. Mais derrière ces standards, quels sont les avantages réels pour les petits producteurs de cacao ? En d'autres termes, La certification a-t-elle un impact sur les petits producteurs? Quels sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification par les producteurs de cacao ?

2. Problématique

Le cacao est l'une des cultures de rente au Cameroun, troisième producteur après la cote d'ivoire et le GhanaICCO, (2014/15), Ce cacao est principalement produit dans quatre régions du Cameroun et est exporté principalement à partir du port de Douala vers le marché européen.

La libéralisation du marché du cacao au Cameroun en 1994 (abolition du monopole d'État, suppression de la fixation des prix, suppression d'intrant subventionnés) a eu pour conséquence une baisse de la qualité et des rendements de la production. Le recours aux pratiques d'achat et de commerce durable tel que la certification est de plus en plus exigé chez les principaux acheteurs de produit de base tels que le cacao.

Si le cacao camerounais a l'avantage de bien se prêter à la fabrication de poudre de cacao très demandée au niveau mondial, il souffre toutefois d'une décote sur le marché en raison d'une qualité jugée parfois insuffisante.

Les Pays Bas qui importent environs 70% du cacao du Cameroun ont fixé en 2025 la date à laquelle ils n'admettront plus d'importation de cacao non certifié sur leur territoire. Également la date fixée par les chocolatiers Nidar AlbertHeijn et MARS sont respectivement 2015 et 2020. Face à cela, plusieurs initiatives de certification de la durabilité se développent rapidement dans le secteur cacao au Cameroun.

Selon les statistiques de l'office national du café et du cacao L'ONCC, (2015), les producteurs camerounais ont mis sur le marché au cours de la campagne2014-2015 plus de 10 000 tonnes de cacao certifié. Cette production double pratiquement celle de la campagne précédente, qui avait culminé à 5446 tonnes, contre environ 2000 tonnes seulement lors de la campagne 2012-2013. Ce qui signifie que sur les trois dernières campagnes cacaoyère, les producteurs camerounais ont quintuplé la production du cacao certifié dans le pays. A l'origine de cette augmentation de la production du cacao certifié, les programmes de certification mis en place par des négociants. Parmi ceux-ci, l'on retrouve Telcar Cocoa, représentant local du négociant Cargill, qui demeure leader sur le marché du cacao certifié au Cameroun. Sic Cacaos, filiale de Barry Callebaut, et Agro-produce Management Services Limited(AMS), filiale de la société néerlandaise Théobroma. Tous ont pour objectif répondre à la demande des consommateurs de plus en plus exigeante sur la qualité, et l'accompagnement des producteurs et groupes de producteurs dans la production d'un cacao respectant les normes environnementales. Ainsi, la certification se présente comme un moyen de répondre à une demande mondiale de consommation qui tienne compte de la protection du consommateur et de l'environnement et d'une certaine éthique sociale. Mais quels sont les avantages réels de ces programmes sur les petits producteurs de cacao ?

Cette problématique suscite un certain nombre de questions à savoir : La certification a-t-elle un impact sur les petits producteurs? Quels sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification par les exploitants agricoles de cacao ? Telles sont les questions que nous nous proposons de répondre tout au long de ce travail.

3. Objectifs de recherche

L'objectif principal de cette recherche est d'analyser les avantages liés à la certification Rainforest pour les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja.

Plus spécifiquement, il s'agit de:

Ø Évaluer l'impact Socio-économique de la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja.

Ø Identifier les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest par les cacaoculteurs autour de la Réserve de Biosphère du Dja.

4. Hypothèses de recherche

Les deux hypothèses qui correspondent respectivement à nos objectifs spécifiques sont:

Hypothèse 1 : La certification Rainforest Alliance permet d'améliorer les conditions socio-économiques des producteurs de cacao autour de la réserve du Dja (augmentation des quantités produites ; amélioration des revenus des producteurs ; amélioration du niveau de scolarisation).

Hypothèse 2 : L'appartenance à une organisation, les possibilités d'accès au marché ainsi que la sensibilisation sont les principaux facteurs qui encouragent l'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao autour de la Reserve du Dja.

5. Importance de l'étude

Ce sujet suscite un véritable intérêt théorique. En effet, très peu d'études ont été menées sur la production durable de cacao au Cameroun ainsi que les normes et critères de Rainforest Alliance. Une meilleure connaissance dans ce domaine pratiquement nouveau contribuerait à élargir d'avantage la littérature sur ce champ d'activité.

L'intérêt de cette étude réside également au fait qu'elle permettra d'une part, d'amener les producteurs à exploiter de manière durable leur exploitation de cacao tout en préservant l'équilibre socio-économique et environnemental et d'autre part, elle permettra d'orienter le gouvernement camerounais à créer les conditions favorables à l'essor de la certification tout en améliorant la perception des producteurs vis-à-vis de la certification.

6. Organisation du travail

Compte tenu du contexte d'étude, de notre problématique et des contraintes méthodologiques, notre étude sera organisée en deux grandes parties.

Dans la première partie, il est mis en exergue l'impact Socioéconomique de la certification Rainforest Alliance à travers d'une part l'analyse théorique de l'impact de la certification (chapitre I), et d'autre par l'analyse empirique de l'impact de la certification (chapitre II).

La deuxième partie prend en compte les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance des exploitations agricoles autour du Dja par les producteurs : elle présente en (chapitre III), l'analyse théorique des déterminants de l'adoption des innovations agricoles, ainsi que les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance autour de la réserve de biosphère du Dja (chapitre IV).

PREMIÈRE PARTIE :

ÉVALUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE SUR LES PRODUCTEURS DE CACAO AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA

La certification de produits tropicaux comme le café et le cacao a longtemps relevé d'un marché de niche. A la fin des années 2000, le secteur cacao connaît un virage vers la « certification de masse » basée sur un concept de « développement durable » combinant des normes environnementales, éthiques et des « bonnes pratiques agricoles » supposées augmenter les rendementsSYLVAINE LEMEILLEUR et al, (2012).

Au cours des 20 dernières années, le nombre de normes et de programmes de certification pour la production agricole a rapidement augmenté. Les producteurs souhaitant exporter sont confrontés non seulement à une pléthore de réglementations sur l'importation, mais également, dans ces pays d'importation, à différents marchés de niche pour lesquels des conditions supplémentaires doivent être remplies. En revanche, il est possible que leurs produits soient déjà conformes à ces conditions, et que ces marchés de niche offrent l'opportunité d'un meilleur accès au marché, voire à des prix plus élevés (prime de prix). D'un autre côté, les consommateurs sont confrontés à un nombre croissant de labels de produits, et bien que leurs exigences soient souvent à l'origine de ces labels, ils peuvent se sentir dépassés par la quantité.

Cette partie dédiée à l'analyse de l'impact socioéconomique de la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao se subdivise en deux chapitres :

L'analyse théorique de l'impact la certification (chapitre I) d'une part, et d'autre part l'analyse empirique de l'impact de la certification Rainforest Alliance autour de la Réserve de Biosphère du Dja (chapitre II).

CHAPITRE I :

ANALYSE THÉORIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION

La certification des produits agricoles offre l'opportunité de créer des marchés de niche dans lesquels des prix plus élevés peuvent être demandés.Dans la littérature néoclassique, le concept de qualité génère bien souvent des problèmes d'asymétrie d'information quand la qualité recherchée ne peut être mesurée au moment de l'achat AKERLOF, (1970) cité par YOUSSOUPHA N'DAO, (2012). En effet, les solutions de réputation et de répétition des achats restent limitées pour résoudre le problème d'asymétrie d'information, amenant alors à l'émergence de nouvelles institutions de marché que sont les standards et leur certification LIZZERI, A., (1999).

Dans ce chapitre, présenterons en (I.1) quelques élément théoriques sur les évaluations d'impact, ensuite nous présenterons en (I.2) une revue de la littérature sur l'impact de la certification.

1.1.1 I.1. IMPACT DE LA CERTIFICATION : ÉLÉMENTS THÉORIQUES

Dans cette section, nous présenterons quelques concepts importants avant de présenter la théorie économique relative à la certification agricole.

1.1.2 I.1.1. Définitions et présentation de quelques concepts

- Certification

Un consensus, à travers la littérature, se dégage sur la notion de certification selon la conception juridique ou économique.

La Petite Encyclopédie Juridique3(*), considère la certification comme une procédure destinée à faire valider, par un organisme agréé indépendant, la conformité du système qualité d'une organisation aux normes ISO 9000 ou à un référentiel de qualité officiellement reconnu. La certification donne aux cocontractants et au public, l'assurance qu'un produit, un processus ou un service respectant de système de qualité est conforme à des exigences de qualité déterminées et que l'organisation certifiée respectait ce système de qualité lorsque l'organisme a effectué sa validation.

Selon le « Lexique du Management de la qualité 4(*)», la certification est le processus de vérification qu'un produit ou un service est conforme à un référentiel (une norme, un standard) de gestion de la qualité, de sécurité. La certification se traduit par la mise en oeuvre d'un système de management respectant les exigences d'un référentiel, puis par validation de ce système par un organisme externe accrédité (l'audit de certification).

Pour le Roundtable for a Sustainable Cocoa Economy (RSCE5(*)), la certification est la procédure par laquelle une tierce partie atteste par écrit qu'un produit ou un processus est conforme à certaines normes. La certification peut être un outil de communication dans l'ensemble de la filière. Un certificat prouve à l'acheteur que le fournisseur respecte certaines normes, qui peuvent être plus convaincantes que si le fournisseur donnait lui-même cette assurance. L'organisation chargée de la certification est appelée organisme de certification ou certificateur.

Le rapport d'inspection pour l'octroi d'une attestation écrite ou « certificat », émane d'un audit. Les audits peuvent varier en termes de fréquence et d'échantillonnage. Il existe trois degrés d'attestation dans la certification : le contrôle de tierce partie, lorsque l'attestation est fournie par une partie qui n'a pas d'intérêt direct dans la relation économique entre le fournisseur et l'acheteur ; le contrôle de seconde partie, lorsqu'un acheteur vérifie que le fournisseur respecte une norme ; et le contrôle de première partie, lorsque la déclaration de conformité du fournisseur est basée sur un mécanisme de contrôle interne (RSCE2, op.cit).

Ces trois conceptions de la certification ont en commun les notions de référentiel ou norme ou standard et l'audit.

- Durabilité

La durabilité est définie selon le dictionnaire Larousse comme la Durée au-delà de laquelle il n'est plus rentable de maintenir en état un équipement.

En droit, c'est la période d'utilisation d'un bien. Dans le domaine de la sûreté de fonctionnement, c'est l'aptitude d'un bien à accomplir une fonction jusqu'à ce qu'un état limite soit atteint6(*), ce qu'on appelle couramment la solidité d'un objet ou d'un équipement, par opposition à l' obsolescence.

Les termes de durabilité, appliqué à l'environnement naturel, et celui de développement durable, avec le sens de pérennité des ressources, se sont imposés dans les années 1990.

En 1987, le Rapport Brundtland définissait le développement durable comme l'objectif de développement compatible avec les besoins des générations futures. Il doit inclure trois piliers : économique, environnemental, et d'équité sociale.

- Petits producteurs7(*)

Pour les acteurs du commerce équitable un petit producteur est un agriculteur qui travaille en général sur une surface de moins de quatre hectares.

- Standard

Un standard8(*) est un référentiel publié par une entité privée autre qu'un organisme de normalisation national ou international ou non approuvé par un de ces organismes pour un usage national ou international. On ne parle de standard qu'à partir du moment où le référentiel a une diffusion large, on parle alors de standard de facto (standard de fait).

- Rainforest Alliance

Rainforest Alliance est une ONG internationale basée à New York faisant partie d'une coalition d'ONG regroupés au sein d'un Réseau d'Agriculture Durable appelé SAN. Le Réseau d'Agriculture Durable (SAN) fait la promotion des systèmes agricoles productifs, de la protection de la biodiversité et du développement communautaire durable à travers la création de normes sociales et environnementales. Le SAN s'emploie à dresser ses meilleures pratiques agricoles durables comme le standard mondial le plus reconnu et adopté par tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole. Le SAN encourage à l'adoption des meilleures pratiques pour la chaîne de valeur agricole en incitant les producteurs à se conformer à ses normes, et stimule les

Développement humain

commerciaux et les consommateurs à soutenir le Développement Durable.

Ressources naturelles et conservation de la faune

Production agricole

Standards sociaux, économiques et environnementaux pour la production durable

Figure 1: Piliers de l'Agriculture durable

Source : Rapport de l'audit diagnostic RA des producteurs de cacao autour de la réserve du Dja au Cameroun 2015

Créée depuis 1987, sous forme d'association, Rainforest Alliance élabore des normes de certification depuis 1991 (SAN), Les produits certifiés à la date d'aujourd'hui sont le café, les bananes, le cacao, les fruits, le bétail, Etc. Elle est financée par les organismes publics, les entreprises et des donateurs privés et est membre actif de l'ISEAL, association mondiale libre des organismes de certification. Ses standards sont inspirés des normes de cette association.La vision de Rainforest est de faire la promotion des systèmes agricoles productifs, de la protection de la biodiversité et du développement communautaire durable à travers la création de normes sociales et environnementales.

- Principes des Standards d'Agriculture Durable du SAN

La version actuelle des Standards d'Agriculture Durable (applicable aux exploitations) date de 2010. Cette version est en révision. La nouvelle version qui sera publiée cette année sera d'application obligatoire à partir de Janvier 2017

Ci-dessous les 10 principes de la version courante (Juillet 2010) des Standards d'Agriculture Durables :

a. Système de gestion sociale et environnementale

b. Conservation des écosystèmes

c. Protection de la vie sauvage

d. Préservation de l'eau

e. Traitement équitable et bonnes conditions de travail pour les travailleurs

f. Santé et sécurité au travail

g. Relations avec les communautés

h. Gestion intégrée des cultures

i. Gestion et conservation des sols

j. Gestion intégrée des déchets

Les 10 principes regroupent au total 99 critères. Outre les Standards d'Agriculture Durable, les Standards de Groupe et les Standards de la chaîne de Contrôle sont applicables

1.1.3 I.1.2. Approches théoriques et méthodes d'estimation d'évaluation d'impacts

Approches théoriques :

L'évaluation est une appréciation périodique et objective de projets, programmes ou politiques prévus, en cours de réalisation ou achevés. Les évaluations permettent de répondre à des questions précises liées à la conception, la mise en oeuvre ou les résultats des programmes. Contrairement au suivi, qui est continu, les évaluations sont périodiques et effectuées à un moment donné, généralement par des spécialistes extérieurs au programme. La conception, la méthodologie et le coût des évaluations varient fortement en fonction du type de question à laquelle elles répondentPAUL J. GERTLER et al, (2011).

L'impact d'un projet ou d'un programme est défini comme l'ensemble des changements intervenu dans les conditions de vie des participants, tels qu'eux-mêmes et leurs partenaires perçoivent au moment de l'évaluation, ainsi que tout changement durable dans leur environnement, auquel le projet ou le programme a contribué. Ces changements peuvent être positifs ou négatifs, voulus ou imprévusIFAD, (1998)

Une évaluation globale se définit dans la littérature comme une évaluation qui intègre l'évaluation du processus, l'évaluation du cout -bénéfice, le contrôle, et l'évaluation d'impactBAKER J.L., (2000). Ainsi, puisqu'il s'agit d'analyser les impacts socioéconomique de la certification Rainforest chez les petits producteurs de cacao autour de la Reserve de Biosphère du Dja, notre analyse se limitera au dernier cas c'est-à dire à une évaluation d'impact. La question fondamentale de l'évaluation d'impact constitue essentiellement un problème d'inférence causale. Évaluer l'impact d'un programme sur une série de résultats revient à évaluer l'effet causal du programme sur lesdits résultats. La plupart des questions de politique invoquent des relations de cause à effet : la formation des professeurs entraîne-t-elle une amélioration des résultats des élèves aux examens ? Les programmes de transferts monétaires conditionnels entraînent-ils une amélioration de l'état de santé des enfants ? Les programmes de formation professionnelle entraînent-ils une amélioration des revenus des bénéficiaires ?

Même si les questions qui abordent une relation de cause à effet sont courantes, il n'est jamais facile d'établir qu'une relation est effectivement causale. Par exemple, le simple fait d'observer que le revenu des bénéficiaires d'un programme de formation professionnelle augmente ne suffit pas à établir un lien de causalité. Le revenu d'un bénéficiaire pourrait en effet avoir augmenté même s'il n'avait pas suivi le programme de formation grâce, par exemple, à ses propres efforts, à l'évolution des conditions sur le marché du travail ou à tout autre facteur susceptible d'avoir un impact sur le revenu à travers le temps. Les évaluations d'impact permettent d'établir un lien de causalité en démontrant empiriquement dans quelle mesure un programme donné et uniquement ce programme a contribué à changer un résultat.

Pour établir un lien de causalité entre un programme et un résultat, nous utilisons des méthodes d'évaluation d'impact qui permettent d'écarter la possibilité que des facteurs autres que le programme à l'étude puissent expliquer l'impact observé.

La réponse à la question fondamentale de l'évaluation d'impact, à savoir quel est l'impact ou l'effet causal d'un programme P sur un résultat Y, est donné par la formule de base d'évaluation d'impact :

á = ( Y | P =1) - (Y | P = 0 ).

Selon cette formulePAUL J. GERTLER et al, (2011), l'effet causal á d'un programme (P) sur un résultat (Y) est la différence entre le résultat (Y) obtenu avec le programme (autrement dit avec P = 1) et le même résultat (Y) obtenu sans le programme (c.-à-d. avec P = 0). Par exemple, si P est un programme de formation professionnelle et Y le revenu, l'effet causal du programme de formation professionnelle á est la différence entre le revenu d'une personne donnée (Y) après avoir participé au programme de formation (donc avec P = 1) et le revenu qu'aurait eu la même personne (Y) au même moment si elle n'avait pas participé au programme (avec P = 0). Autrement dit, nous cherchons à mesurer le revenu au même moment et pour la même unité d'observation (une personne dans le cas présent), mais dans deux cas de figure différents.

S'il était possible de procéder ainsi, nous pourrions observer le revenu gagné par une même personne au même moment à la fois après avoir suivi le programme de formation professionnelle et sans l'avoir suivi, de manière à ce que toute différence de revenu pour cette personne ne puisse s'expliquer que par sa participation au programme. En comparant une même personne à elle-même au même moment avec et sans le programme, nous serions capables d'éliminer tout facteur externe susceptible de contribuer à la différence de revenu. Nous pourrions alors conclure sans aucun doute que la relation entre le programme de formation professionnelle et le revenu est bel et bien causale.

La formule de base d'évaluation d'impact est valable pour toute unité à l'étude, qu'il s'agisse d'une personne, d'un ménage, d'une communauté, d'une entreprise, d'une école, d'un hôpital ou de toute autre unité d'observation qui peut bénéficier d'un programme. Cette formule est également applicable à tout indicateur de résultat (Y) qu'un programme en place peut de manière plausible affecter. Si nous parvenons à mesurer les deux éléments clés de cette formule, à savoir le résultat (Y) à la fois en présence et en l'absence du programme, nous pourrons alors répondre à n'importe quelle question sur l'impact de ce programme.

On peut distinguer dans la littérature (des évaluations ex-post)qui visent à déterminer de façon plus large si une innovation, un projet, un programme a eu un impact désiré sur des individus, des ménages et des institutions, et si ces effets sont attribuables à l'intervention du projet ou du programme, ainsi que (des évaluations ex-ante) dans le cas des évaluations d'impact probables de programmes ou d'innovation potentiels ou proposés. Les évaluations d'impact peuvent aussi explorer des conséquences imprévues, soit positive, soit négative sur les bénéficiaires.

Dans la théorie il existe plusieurs approches d'évaluation d'impact : l'approche «  avant et après » et celle « avec/ sans » ; l'approche dite « naïve » ; l'approche « expérimentale » et l'approche « non expérimentale ».

L'approche «  avant et après »AHOUANDJINOU. M .S, (2010) compare la performance des variables clés après l'introduction de la technologie, du programme ou de l'innovation avec celui avant son introduction. Elle emploie des méthodes statistiques pour évaluer s'il Ya changement significatif de quelques variables essentielles avec le temps. Mais cette comparaison des situations «  avant et après » l'introduction de de l'innovation ne permet pas d'isoler les effets liés aux facteurs exogènes qui pourraient survenir au cours de l'adoption de la technologie comme par exemple l'inflation, la pluviométrie, les catastrophes naturelles, les politiques économiques et agricoles, etc.

L'approche « avec et sans » innovationSCHERR, S . et MULLER , E, (1991) permet de réduire ces bais et est plus conceptuellement claire. Elle consiste à diviser le groupe cible potentiel en deux groupes. Un sous-groupe reçoit l'innovation ou la technologie et l'autre n'en reçoivent pas. Au bout d'un certain moment donné, on procède à la comparaison entre les deux sous-groupes. Le problème avec cette méthode réside dans la difficulté de trouver des échantillons de paysans suffisamment semblables de telle sorte que c'est seulement l'adoption ou non de l'innovation qui les différencie. Ainsi de cette approche découlent celles qui suivent :

L'approche dite « naïve »consiste à prendre un échantillon aléatoire d'adoptant et de non- adoptants de l'innovation et à utiliser les différences simples des résultats moyens observés des deux groupes comme l'estimation de l'impact de l'innovation. Cet estimateur est potentiellement biaisé HECKMAM, J. , (1990) et ne prend en compte les caractéristiques socio-économiques des exploitants ; il correspond à la méthode d'estimation utilisée couramment dans la littérature managériale.

L'approche « expérimentale » ou aléatoire consiste quant à elle à réunir un groupe de personnes ayant les mêmes droits et acceptant de participer à l'expérience et de les assigner de façon aléatoire en deux groupes : le groupe de ceux qui bénéficieront de l'intervention (groupe de traitement) et celui de ceux qui n'en bénéficient pas (groupe témoin). Les, participants à l'expérience ayant été choisis au hasard, toute la différence avec les non-participants est seulement due au traitement. C'est la raison pour laquelle les approches expérimentale sont considérées comme étant les plus fiables et donnant les résultats plus faciles à interpréterCOCHRANE , J et al, (1973). Cependant, ce type d'évaluation est difficile a appliquer dans la pratique, car posant des problèmes d'éthique dans le cas des phénomènes sociaux DIAGNE, (2003).

Ainsi les approches non expérimentales sont les plus utilisées par les économistes car ils se basent sur les théories économiques et économétriques pour guider l'analyse et minimiser les erreurs potentielles dans l'estimation des impacts DIAGNE, (2003). Cette approche est utilisée lorsque n'est pas possible de sélectionner un groupe de contrôle ou de comparaison. On peut comparer les participants au programme avec les non participants en faisant appel à des méthodes statistiques pour contrôler des différences observées entre les deux groupes. Il est donc possible à l'aide d'une régression d'obtenir un contrôle de l'Age du revenu, du sexe et d'autres caractérisés des participants. Cette approche d'évaluation est peu onéreux et facile à appliquer, mais l'interprétation des résultats n'est pas direct et les résultats eux-mêmes peuvent être moins fiables DIAGNE, (2003).

Les méthodes d'estimation :

Supposons que nous voulons déterminer l'effet de l'adoption d'une nouvelle innovation agricole sur un indicateur de résultat défini par y, la production par exemple. Soient y1 et y0 deux variables aléatoires qui représente le niveau de production pour un individu i s'il utilise la nouvelle innovation (Y1) ou s'il n'en utilise pas (y0). Soit la variable binaire wi =1 lorsqu'il a adopté l'innovation et wi = 0, sinon. L'effet causal de l'adoption de la technologie pour cet individu i est la différence entre y1 et y0.

La principale difficulté dans l'estimation de Äyest que pour un individu donné, le revenu est observé, soit suite à l'adoption, soit avant l'adoption, mais jamais les deux à la fois. Ceci dit, lorsqu'intervient un changement suite à une innovation, on ne peut pas observer ce que serait la production sans l'innovation agricole, et s'il n'intervient pas, on ne peut pas observer ce qui se passerait si le changement intervenait effectivement. Dans la littérature, cette donnée manquante est appelé contrefactuel DIAGNE, (2003). CependantROSENBAUM et al, (1983) dans leur étude ont eu à démontrer qu'on pouvait déterminer un effet causal moyen du changement technologique au sein d'une population si on admet une hypothèse d'indépendance conditionnelle entre y 1, y0 et w. leur idée consiste à faire la différence entre le niveau moyen de l'indicateur des bénéficiaires et celui des non bénéficiaires. On obtient alors l'effet moyen du traitement (ATE9(*)).

ATE = E (y1 -y0)

Cet indicateur mesure l'impact de l'innovation sur un individu tiré au hasard dans la population, ce qui est encore égale à la moyenne d'impact de la technologie sur la population entièreWOOLDRIDGE J M., (2009.). Mais cette hypothèse d'indépendance des moyennes est souvent inapplicable pour les études d'évaluations d'impact des innovations agricoles ou technologiques en ce sens que, l'adoption d'une technologie par un individu dépend du bénéfice (y1 -y0) qu'il espère tirer du programme. Ainsi, il se pose un problème d'auto- sélection des individus dans le processus d'adoption de l'innovation ou de la technologie.

Pour corriger ces biais et pouvoir estimer de façon consistante ATE plusieurs méthodes sont proposées dans la littérature sur l'évaluation d'impact. Ces méthodes peuvent être classées en deux catégories : La méthode semi-paramétrique et la méthode paramétrique.

- Estimation par la méthode semi -paramétrique

Cette méthode est issue de la combinaison des méthodes paramétriques et non paramétrique. Ainsi, dans un premier temps, on estime le score de propension qui n'est rien d'autre que la probabilité prédite de l'adoption de l'innovation ou de la technologie. Cette méthode a été proposée par ROSENBAUM et al, (1983) pour réduire le biais dû au fait que l'on ne peut observer le résultat d'un adoptant actuel s'il n'avait pas adopté, et le résultat d'un non adoptant actuel s'il avait adopté. Pour ces auteurs, le score de propension se définit comme la probabilité conditionnelle d'avoir adopté l'innovation étant donné un vecteur x des caractéristiques observables qui déterminent l'adoption.

P( ) = Pr(w-1/ ) - E (w / ) (1)

ROSENBAUM et al, (1983) Ont aussi démontré que si en plus de l'hypothèse d'indépendance conditionnelle, P(x) remplit les conditions 0P(x) 1 alors, ATE peux s'écrire de la façon suivante :

ATE - E (2)

Estimer les équations (1) et (2) revient d'abord à estimer p(.) par un modèle de régression probit ou logit et ensuite utiliser la valeur estimée pour obtenir ATE en remplaçant l'espérance conditionnelle.

(3)

Ou wi est le statut d'adoption de l'individu

yiest la variable de mesure d'impact

N est la taille de l'échantillon

- Estimation par la méthode paramétrique

Cette dernière comprend les méthodes de régression (régression simple et celle basée sur le score de propension) et de variables instrumentales.

Méthode de régression simple :

En reprenant les deux variables aléatoires y1 et y0 qui représente le niveau de production pour un individu i s'il utilise l'innovation (y1) ou pas (y0). En décomposant chaque contrefactuel en fonction des éléments observables ( ) nous pouvons écrire :

(4)

(5)

En introduisant les équations (4) et (5) on obtient

(6) (7)

(8)

(9) et (10)

En introduisant l'équation (9) et (10) dans (8) nous obtenons

(11)

Ou sont des vecteurs des paramètres à estimer

L'estimation de l'équation (11) donne une valeur consistante de ATE (WOOLDRIDGE J M., 2009.)

Méthodes basées sur les scores de propensions :

Cette méthode n'est que le prolongement n'est que le prolongement de la méthode de régression simple.ROSENBAUM et al, (1983) Ont proposé que l'équation (11) peut être estimée en utilisant la probabilité d'adopter une innovation étant donné les éléments observables (x) c'est-à-dire p(x) = p (w-1 /x). En effet, ces auteurs ont prouvés que, sous l'hypothèse d'indépendance conditionnelle de (y1, y0) et w étant donné les variables explicatives x, (y1, y0) et w sont aussi indépendants étant donné p(x). et cette fonction p(x). qui , dans la littérature d'impact est encore appelé score de propension. Ainsi, en considérant le score de propension, l'équation (11) devient :

Méthodes des variables instrumentales :

La méthode des variables instrumentales part aussi de l'équation (11) et est plus adaptée pour générer des estimateurs consistants l'osque l'hypothèse d'indépendance conditionnelle n'est plus assuré .de plus, cette m méthode est fréquemment suggérée dans la littérature l'osque les données disponibles sont issues d'une seule enquête transversale.

1.1.4 I.2. IMPACTS DE LA CERTIFICATION : REVUE DE LA LITTÉRATURE

Plusieurs travaux en économie se sont intéressés à l'impact des normes de production durable sur les petits producteurs. Cependant, les résultats de ces travaux font l'Object d'un vaste débat. Une partie de littérature empirique soutient que les normes de production durables ont des effets positifs sur les petits producteurs et sur leur organisation paysanne YOUSSOUPHA N'DAO, (2012). D'autres études révèlent, par contre, des impacts négatifs de la certification sur les producteurs GIOVANNUCCI et al, (2008).

Dans notre travail, nous cherchons à contribuer à ce débat en examinant l'impact de la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja (Est Cameroun).

Cette revue reprend les travaux de GBCC, (2012)qui a mené une étude visant à examiner et analyser d'un point de vue critique toute la littérature et les études pertinentes sur la certification du cacao. Cette recherche a englobé l'analyse de la documentation sur les spécifications, les exigences et l'impact produit par les programmes de certification existants ainsi que les études indépendantes réalisées.

1.1.5 I.2.1. Impact économique de la certification

KPMG, (2011), en utilisant une combinaison de comparaison de méthode latitudinale et longitudinales entre les producteurs certifiés Utz et les producteurs non certifiés, démontre que la certification à entrainer un accroissement du rendement des exploitations de cacao de 15%. L'étude révèle, cependant, que ce taux d'accroissement de la productivité dû à la certification serait statique quel que soit la saison cacaoyère et de loin, inférieur au potentiel d'accroissement de rendement de 30% attendu de l'adoption de bonnes pratiques agricoles. Les principales raisons évoquées portent, en particulier, sur le manque d'exigences de certains standards sur la productivité et la mauvaise programmation des formations dispensées aux producteurs.

GIOVANNUCCI et al, (2008)montrent des impacts négatifs de la certification dans le secteur du café sans pour autant fournir les raisons de cette baisse de productivité. Selon les résultats de leurs travaux, 60% des producteurs interviewés dans le cadre du test de la méthodologie COSA ont rapporté une réduction des rendements du café au terme de la mise en oeuvre des programmes de durabilité dans ledit secteur. En outre, ALLEN BLACKMAN,et al(2010) démontrent que les rendements sur les exploitations certifiées Organiques sont inférieurs aux rendements des exploitations conventionnelles au Costa Rica. En fait, une norme affecte les producteurs différemment et affecte les producteurs en fonction de sa nature, de l'environnement institutionnel du pays ainsi que les caractéristiques de la ferme.

CATHERINE VOGELl et al, (2010)a évalué l'impact potentiel de la certification sur le rendement du cacao en se fondant sur les résultats du comptage des cabosses réalisés sur les champs écoles paysans. Elle démontre que l'impact potentiel de la certification sur le rendement pourrait être de 49% à la suite de l'application intégrale des bonnes pratiques agricoles. Ses conclusions demeurent, cependant, basées sur une taille réduite de champs écoles et des effets de simulation.

Les travaux de la COSA JASON POTTS et al, (2012)montrent que l'impact de la certification sur le rendement des producteurs de café et de cacao pourrait se situer à un taux d'accroissement de 17%, tous standards de certification confondus Toutefois, ce taux d'accroissement pourrait varier d'un standard à un autre. Ainsi, est-il possible de relever le fait que la certification UTZ génère le taux d'accroissement de la productivité le plus élevé (environ 32%) suivis de Rainforest Alliance (15%) et du commerce équitable (13%). L'impact de la certification organique sur la productivité est très faible de l'ordre de 5%.

Toutefois, les conclusions des travaux de KPMG, (2011) indiquent que l'impact de la certification sur la qualité du cacao pourrait varier d'un standard à un autre. Ainsi, est-il possible de relever le fait que la certification UTZ produit généralement un cacao de bonne qualité (près de 70% de cacao de type grade 1) suivis de Rainforest Alliance (45% de cacao de type grade 1). L'impact de la certification Fairtrade sur la qualité est mitigé. Ils montrent également que les producteurs certifiés à travers leurs coopératives bénéficient d'un accès renforcé aux informations du marché du fait des exigences des normes de certification. Celles-ci recommandent plus de transparence dans toutes les transactions financières et commerciales réalisées dans l'optique de la traçabilité des produits.

Les travaux de MAN-KWUN CHAN et al, (2009)montrent que la certification a amené les organisations des producteurs et leurs membres à adopter les bonnes pratiques de récolte et post-récolte et à investir davantage dans l'acquisition des matériels de contrôle nécessaire au traitement et au conditionnement des produits certifies. Les formations sur la qualité fournies par la plupart des standards de certification, la fourniture d'équipements de contrôle qualité par certains standards de certification, et l'accroissement de la propension des producteurs et de leurs coopérative, à investir dans la conversion des systèmes de production traditionnels vers des systèmes de productions intensifs améliorant la quantité et la qualité des produits, sont des éléments de justification avancés par la littérature pour soutenir ces résultats.MAN-KWUN CHAN et al, (2009)Évoquent les même effets positifs de la certification sur l'accès au marché et les justifient à travers : l'amélioration des capacités de négociation et commercialisation des producteurs et de leurs coopératives, les relations privilégiées qu'elles développent avec les exportateurs qui leur facilitent souvent l'accès aux informations de marchés ;

- l'action des standards tels que Fair Trade, UTZ et FSC, fournissent plusieurs actions de renforcement des capacités sur les questions d'accès au marché, tout en facilitant l'établissement des contacts entre les coopératives et leurs membres à des partenaires commerciaux ;

- le renforcement des capacités de commercialisation qui offre un accès élargi au marché.

Nicolas EBERHART, (2007)en évaluant l'impact du commerce équitable chez les producteurs de café en Bolivie, montre que Les prix offerts par le commerce équitable sont très avantageux et largement supérieurs à ceux des autres marchés lorsque les cours internationaux sont bas. Ceux qui ne vendent pas sur les marchés du commerce équitable, ne pouvant même pas satisfaire convenablement leurs besoins alimentaires de bases ont obligé de consommer leur épargne, mais surtout de vendre leur force de travail en ville.
L'accès au commerce équitable dans une proportion significative pour l'ensemble des
familles membres des organisations certifiées leur permet de couvrir leurs besoins
alimentaires et autres besoins essentiels (éducation, santé, etc.) et de développer un système de production durable.

Certes les effets économiques du commerce équitable ne sont vraiment visibles qu'en période de prix internationaux bas, puisque lorsque les cours dépassent le prix minimum défini par FLO, les différences entre les circuits conventionnels et équitables sont faibles. Cependant, le mécanisme du prix minimum garanti induit une certaine sécurité pour les petits producteurs.
Cette stabilité permet à la famille de conforter son système de production et d'entreprendre
sereinement des investissements constants dans l'éducation des enfants, et des
investissements productifs (taxi, maison à La Paz...).

Les travaux deKPMG, (2011), montrent que la certification induit un accroissement des prix d'achats aux producteurs et à leurs coopératives. Selon les résultats de cette étude, l'environnement de la commercialisation du cacao certifié créé ses propres leviers, qui impactent positivement les prix offerts aux producteurs et aux coopératives en dépit du fait qu'un système d'achat différentié du cacao certifié par rapport au conventionnel ne soit formellement établi. Au niveau des producteurs, l'étude en s'appuyant sur l'analyse comparée des prix moyens au kilogramme reçu par les producteurs, révèle que les prix payés aux producteurs certifiés sont généralement supérieurs (de 7 à 10%) à ceux payés aux producteurs non certifiés.

1.1.6 I.2.2. Impact Social et Environnemental de la certification

Impact Social de la certification :

Il ressort des résultats des travaux de KPMG, (2011) que le taux de scolarisation des enfants des producteurs certifiés est de 63,60% en moyenne contre 67,60% pour les producteurs non certifiés. Ce résultat, a priori, inattendu indique que la certification n'a pas d'impact sensible sur la scolarisation des enfants. Ce résultat semble être confirmé par les conclusions de l'étude réalisée par Vogel (2009) et qui évoque la faible capacité des infrastructures comme la principale contrainte à l'accroissement du niveau de scolarisation des enfants. D'autres études dans le secteur café ont présenté des effets positifs de la certification sur l'accès à l'éducation sans mettre en exergue les fondements scientifiques qui soutiennent cette affirmationMAN-KWUN CHAN et al, (2009).

Le faible taux de scolarisation serait lié à l'implication des enfants dans les activités champêtres. De manière générale dans plus de 23% des cas, les enfants vivant avec les producteurs de cacao (certifié ou non) participent à l'ensemble des travaux de la chaine de production cacaoyère, notamment les travaux dangereux sur les exploitations (GBCC et KPMG, op.cit). Cependant, selon ces auteurs, la certification n'aurait pas d'impact quantitatif visible sur la réduction du phénomène du travail des enfants. La certification assure la sensibilisation des communautés sur la question du travail des enfants mais ne fournit pas les actions de remédiassions nécessaires à la mitigation du phénomène.

KPMG, (2011) évaluant l'impact de la certification sur Les conditions de travail des enfants arrivent à la conclusion que la certification à un impact sur la qualité des efforts fournis prouve que les manoeuvres et leurs familles qui vivent sur les plantations certifiées ont accès à des formations sur les risques potentiels liés à l'exercice de leurs activités. Les producteurs certifiés et leurs manoeuvres ont augmenté significativement leur niveau de connaissance sur la question de santé et sécurité au travail comparativement aux producteurs non certifiés. Ces résultats sont, par ailleurs, confirmés par les travaux de Chan & Barry (op.cit), qui révèlent plusieurs impacts incluant notamment : Amélioration des pratiques de santé et sécurité au travail dans les champs, résultant des formations reçues sur la santé et la sécurité et l'utilisation rationnelle des pesticides, l'utilisation accrue des équipements de protection individuels (EPI), l'amélioration de la gestion des accidents, l'amélioration de la fourniture d'assistance médicale et des premiers soins. Certaines études fournissent des évidences de résultats sur la réduction des accidents au champ ainsi que l'accroissement du niveau de connaissance des producteurs sur les risques liés à l'utilisation des produits agrochimiques ; réduction des heures de travail pour assurer la conformité avec les heures de travail maximum prescrit par la législation ; réduction de la mortalité infantile issue d'une comparaison entre un groupe de producteurs certifiés Fairtrade un autre groupe de producteurs non certifiés Fairtrade. L'impact positif de la certification sur la santé et la sécurité au travail est corroboré par l'étude de CATHERINE VOGELl et al, (2010)Cette étude révèle, cependant, que des contraintes liées à l'accès des producteurs aux centres de santé et produits pharmaceutiques subsistent.

Impact Environnemental de la certification :

Selon KPMG, (2011)la mise en oeuvre des normes a des impacts environnementaux sur les exploitations et leur entourage. La biodiversité, les ressources naturelles, le cadre de vie, et l'utilisation des pesticides peuvent être affectés de manière positive ou négative, et doivent être analysés ensemble.

La FAO, (2004) définit Les bonnes pratiques agricole (BPA) comme l'utilisation de techniques agricoles qui minimisent les risques, maximisent la production tout en assurant la sécurité humaine Des enquêtes menées sur les pratiques de lutte intégrée au cours de ces deux (2) dernières campagnes dans les exploitations cacaoyères Ivoiriennes révèlent que les bonnes pratiques agricoles ont une ampleur plus élevée au niveau des producteurs certifiés. Ils pratiquent des récoltes sanitaires et font usage de compost comme fertilisant ce qui réduit l'utilisation des pesticides et des engrais chimiques. Cela a pour effet induit, la réduction de l'impact négatif sur l'environnement KPMG, (2011).

Les résultats de l'étudeKPMG, (2011)révèlent que les producteurs contrôlent peu leur utilisation d'énergie, néanmoins 20,5% de producteurs certifiés contre 1,56% des producteurs non certifiés affirment avoir réduit ces deux dernières années leur consommation d'énergie (combustible et carburant La majorité du bois de chauffe provient des fagots issus des tailles, par contre un taux élevé de producteurs non certifiés (42.19% contre 29.81% des producteurs certifiés) tirent le bois de chauffe de la coupe d'arbres forestiers. Ce qui est dommageable pour l'environnement. Les normes UTZ et FT par rapport à la norme RA se montrent plus dominants en matière de gestion de l'énergie.

Au niveau de la gestion de la ressource d'eau, l'impact n'est pas perceptible. En effet, seulement 13% des producteurs certifiés ont diminué le volume d'eau utilisée pour les activités de production. Et à ce niveau les producteurs certifiés Fairtrade ont une tendance évoluée dans la diminution du volume d'eau utilisée et la pratique de conservation de l'eau. Par contre, dans l'article « The CENTER for AGROECOLOGY et SUSTAINABLE FOOD SYSTEMS, 2008 », l'impact est beaucoup plus perceptible dans les projets d'agriculture biologique et Fairtrade initiés au Nicaragua dans le secteur du café. En effet, 43% des ménages FLO ont adopté le système de conservation de l'eau contre 10% des ménages ordinaires. Ce qui réduit les coûts pour les ménages. L'eau est économisée grâce à l'utilisation de systèmes d'irrigation efficaces - un producteur estime que la certification Utz avec la ferme utilise seulement environ 2 pour cent (2%) de l'eau qu'ils utilisaient avant la certification, en raison de la perte d'eau réduite, ce qui est une possibilité car ils sont passés de l'utilisation de sillons ouverts, avec la perte d'eau par le biais de haute évaporation et percolation, à aspersion d'ambiance et de l'irrigation au goutte à goutte Lazaro etal., (2008). Les producteurs certifiés réduisent nettement leur utilisation de biocide et de fertilisant synthétique à la faveur d'autres méthodes qui dégradent moins l'environnement ou minimisent les risques de contamination. La plupart d'entre eux connaît les dangers d'utilisation des biocides près des sources d'eau et ont des systèmes de traitement d'eau usagées fonctionnels. En la matière, les producteurs UTZ ont une longueur d'avance par rapport aux deux autres normes KPMG, (2011). Avec la certification, les matières solides organiques sont de plus en plus recyclées ou réutilisées dans les exploitations agricoles. Plus de 15% des producteurs certifiés recyclent ou réutilisent les coques de cacao contre moins de 10% des producteurs non certifiés. Cependant, les producteurs certifiés réutilisent moins les déchets solides inorganiques. Cela pourrait s'expliquer par certaines techniques utilisées dans la gestion des déchets inorganiques afin d'éviter tout intoxication par les produits agrochimiques ou chimiques (GBCC et KPMG, op.cit). En général avec UTZ, les producteurs recyclent et réutilisent plus les déchets solides. 37,74% des coques de cacao sont recyclés et plus de 25% de matière inorganique ou organique et de fumier sont soient recyclés ou réutilisés par ces derniers. Ils sont tout de même concurrencés par les producteurs de Rainforest Alliance qui eux recyclent plus la matière inorganique.

Ce chapitre avait pour objectif de présenter le cadre conceptuel sur l'évaluation l'impact de la certification. Il ressorte de cette analyse que L'impact d'un projet ou d'un programme est défini comme l'ensemble des changements intervenu dans les conditions de vie des participants, tels qu'eux-mêmes et leurs partenaires perçoivent au moment de l'évaluation, ainsi que tout changement durable dans leur environnement, auquel le projet ou le programme a contribué. Ainsi, plusieurs approches d'évaluation d'impact peuvent être mise en exergue : l'approche «  avant et après » et celle « avec/ sans » ; l'approche dite « naïve » ; l'approche « expérimentale » et l'approche « non expérimentale ». Dans la revue empirique, nous avons constaté qu'il y'a un large débat sur les impacts des standards de durabilité sur les producteur. Notre étude contribue donc à élargir d'avantage la littérature sur ce champ d'activité.

CHAPITRE II :

ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA

Dans ce chapitre, nous présenterons en (II.1) notre méthodologie de collecte des données et en (II.2) nous évaluerons l'impact socioéconomique de la certification Rainforest Alliance

1.1.7 II.1. MÉTHODOLOGIE DE COLLECTE ET D'ANALYSE DE DONNÉES

Dans cette section, nous présenterons successivement la zone d'étude, la démarche méthodologique et enfin la méthode d'analyse.

1.1.8 II.1.1. Présentation de la zone d'étude

Notre étude s'est déroulée à l'Est du Cameroun dans le département HAUT NYONG précisément dans l'arrondissement de MESSAMENA. Le choix de cette localité se justifie par la forte production de cacao dans cette zone mais également par la présence d'une antenne de notre Structure d'accueil la TROPICAL FOREST AND RURAL DEVELOPMENT qui y intervient depuis 2003.

Figure 2: Localisation de la zone d'étude

- Présentation du milieu physique

Le relief de la commune de Messamena dans son ensemble est très peu accidenté. Il est caractérisé par des faibles collines, drainant d'énormes quantités d'eau de ruissellement en saison de pluies, ce qui a pour résultat la formation des cours d'eau dans les vallées.

Le climat de la Commune de Messamena est calqué au type équatorial avec des températures moyennes pouvant aller jusqu'à 30°C. Il est caractérisé par :

- Une petite saison de pluie qui va de Mars à Juin

- Une petite saison sèche qui va de Juillet à Août

- Une grande saison de pluies qui va d'Août à mi-novembre

- Une grande saison sèche allant de mi-novembre à mi-mars.

La commune est située dans une zone agro-écologique de forêt dense. La formation végétale que l'on rencontre est la forêt équatoriale de type sempervirente constituée par endroit des quelques poches de savane arbustive et arborée à AnnonasenegalensisetBrideliaferruginea, des jachères à ChromelinaOdoata et de forêt secondaire. Toutefois, les conditions édaphiques jouent un rôle important dans la répartition des groupements végétaux.

Le régime des fleuves et des rivières de la commune de MESAMENA est très dense. Le principal fleuve est le Nyong. Par ailleurs, on note les fleuves Long Mafok, Léhé, Mpomo et bien d'autres. Le réseau hydrographique est marqué par des nombreux lacs et des marécages. Ces cours d'eau sont très riches en poissons d'eau douce.

Le sol de la commune de Messamena appartient à la zone de forêt dense humide. De ce fait, la chaleur et l'humidité alternent et facilite la décomposition de l'humus sur plusieurs profondeurs. Il en résulte que des sols ferralitiques sont très épais, de couleurs rouges ou jaunes parfois belges à pH acide. Par endroit, il se présente sous-forme argilo-sableux. La perméabilité de ces sols leur confère une fertilité, raison pour laquelle les cultures vivrières et de rentes sont favorables. Leur étendue ou importance économique joue un rôle prépondérant.

La flore de la commune de Messamena est riche en espèces. Cependant, elle subit sans cesse une déforestation et d'autres actions anthropiques liées à l'habitat, aux besoins alimentaires, à la pression de la poussée démographique et à l'expansion des activités agricoles. La flore de Messamena présente un intérêt économique varié. On y trouve des espèces médicinales, des produits forestiers non ligneux (PFNL) et à bois d'oeuvre, ce qui explique la présence de nombreuses sociétés forestières dans la localité.

La population récolte et collecte des produits forestiers non ligneux tels que : le Djangsang (Ricinodendronheudoloti), les mangues sauvages (Ivingiagabonensis), le bita kola (Garcinia kola), le cola des singes (Coula edulise).La faune est constituée des animaux tels que : le Rat, les chauves -souris, la biche, les serpents boa, le Lièvre, la vipère, le hérisson, l'antilope, le porc-épic, le varan, la taupe, le sanglier, le Paresseux, la Tortue, le Serpent noir, des Singes, le Chimpanzé et le gorille, la volaille. Beaucoup de ces animaux sont déjà en voie de disparition.

La plupart des rivières et des fleuves sont poissonneux et la population riveraine pratique de la pêche traditionnelle pour capturer des espèces telles : les silures, les crabes, les tachetés destinées à l'autoconsommation.

- Activités économiques

C'est l'activité la plus importante, du point de vue de la proportion des populations qui la pratiquent (près de 80% de la population) et de sa contribution est relative par rapport aux revenus des ménages. Les populations font essentiellement une agriculture itinérante sur brûlis dans les jachères vieilles de deux à trois ans. Malgré l'abondance des terres, les habitudes et les techniques culturales sont demeurées les mêmes c'est-à-dire traditionnelles voire rudimentaires. Ces pratiques rendent ainsi la productivité et le niveau de revenus des populations très faible. C'est une agriculture destinée en grande partie à l'auto consommation, caractérisée par une diversité des spéculations ; les produits de rente (le cacao, le café, le palmier à huile) et les produits vivriers (.les arachides, le maïs, le manioc, la banane plantain, le macabo).L'absence des pistes de collecte, le mauvais état des routes ne permettent pas un écoulement et une commercialisation facile de ces produits vivriers et de rente pour améliorer le revenu des producteurs.

L'élevage n'est pas beaucoup pratiqué et demeure traditionnel. Les espèces élevées sont : les poules, les porcs, les chèvres, les moutons. La plupart de ces animaux vivent en divagation Ils sont principalement destinés à l'autoconsommation et quelques-uns à la commercialisation.

Elle se fait dans tout l'espace communal au mépris des textes en vigueur au Cameroun. Malgré la présence des postes de contrôle de la faune et de la flore, on trouve dans le marché local la commercialisation du gibier tel que (la biche, pangolin, le singe, sanglier, lièvres, porc épique). Les moyens utilisés pour la chasse sont : les pièges, les armes à feux, les lances et les chiens.

Elle a lieu dans les cours d'eau qui arrosent la Commune de Messamena. Mais le fleuve Nyong reste la zone de prédilection des grands pêcheurs. Elle se fait à tout moment de l'année et les techniques de pêche couramment utilisées sont : filets, barrage, nasse, ligne. Les espèces pêchées sont les silures, les tilapias, les capitaines, les carpes. La population y tire de nombreuses sources de revenus. Elle se limite à la récolte des fruits d'arbres tels que ; la papaye, le citron, les oranges, les safouts, les mangues et au ramassage des mangues sauvages, de diverses kola, le Ndjangsang, (Ricinodendronheudoloti), la cueillette du vin de palme.

L'activité artisanale est constituée de la menuiserie, la couture, la vannerie, la fabrication des meubles en rotin et en bambou de raphia. La demande des produits artisanaux est importante mais la production est faible à cause du nombre réduits d'artisans.

La Commune de Messamena comme la plupart des Communes du Cameroun est dominée par un secteur informel. Sur le plan industriel, il y a quelques industries ambulantes de bois exercent leurs activités d'exploitation forestière dans l'espace Communal. Il s'agit de la transformation du manioc en bâton ou du manioc et du maïs en farine.

Les populations de la Commune de Messamena font dans le petit commerce en détail, dominé par la vente des vivres, des produits de rente (cacao, café) et pour des produits manufacturés, leur vente est dominée par les ressortissants de l'Ouest et les Camerounais détenteurs des boutiques du centre-ville et des villages. Le marché est alimenté en produits vivriers en provenance des villages. Les grandes quantités convergent vers Bertoua et Yaoundé. Les lieux de ravitaillement en produit manufacturés sont Yaoundé, Abong-Mbang et Bertoua.

1.1.9 II.1.2. Processus de collecte et d'analyse des données :

- Technique d'échantillonnage

Notre étude à pour cible la commune de Messamena donc la population est estimée à 32.282 habitants ( (CVUC) .

Sur les 86 villages que comporte cette commune, nous avons porté notre intérêt sur 25d'entre eux (voir tableau 1) ce en raison de la forte activité de production cacaoyère et de la présence de la certification Rainforest alliance dans cette zone.

Tableau 1 : Présentation de la taille de l'échantillon par village

Villages

Nombre de producteurs enquêtés

Nombre de producteurs certifiés

Nombre de producteur non certifiés

Doumo pierre

4

2

2

Mimpalla

2

1

1

Malen V

7

4

3

Ntibonkeuh

6

2

4

Kabilone

3

2

1

Medjoh

5

2

3

Ngoulminanga

3

1

2

Kompia

2

1

1

Malen III

3

1

2

Nemeyong

3

1

2

Madjuih II

3

2

1

Malen II

3

2

1

Bibom

2

0

2

Essiembot

1

0

1

Ntoumzock

4

2

2

Bellay

5

4

1

Madjuih I

11

3

8

Doumo Mama

8

3

5

Eko'o

4

2

2

Ndjolé mpoum

1

0

1

Mboumo

6

3

3

Palisco

4

2

2

Nkonzuh

2

0

2

Nkoul

2

1

1

Bitsil

4

3

1

Lamakara

1

0

1

TOTAL

100

44

56

Source : données d'enquêtes2015

Des lors, nous avons reçu de la coopérative des producteurs de cacao présente dans la zone une liste des producteurs engagé dans le processus de certification et ceux n'étant pas, et à base de celle-ci nous avons utilisé la technique d'échantillonnage systématique. Cette technique nous a permis d'avoir un échantillon dans chaque village.

- Élaboration du questionnaire

En fonction de la nature de notre hypothèse, notre questionnaire s'adressait principalement à deux catégories d'acteurs :

Les producteurs de cacao ayant adhéré volontairement au processus de certification Rainforest Alliance et les producteurs n'ayant pas fait cette expérience. Notre questionnaire traite des termes suivants :

Le premier est relatif aux caractéristiques socio démographiques, car il s'agissait de recenser les producteurs et les représentants de coopérative avec leur âge, niveau d'instruction, ethnie et date d'arrivée au village s'il n'est pas autochtone. .

Le troisième est relative au système de production des producteurs, et les principales données collectées se rapportent à la taille de la plantation, au foncier, les techniques agricoles utilisées et au capital productif.

Le quatrième concerne la vie sociale et économique. A ce niveau nous nous sommes intéressés à l'avantage que retirent la coopérative et les producteurs de l'adoption de la certification. Les données collectées incluent donc l'appréciation des revenus, infrastructures sociales bénéficiées, l'emploi généré et la scolarisation des enfants.

La cinquième et sixième sections concernent respectivement la dynamique environnementale. Chaque section des questionnaires est utile à une meilleure compréhension du contexte et tend à tester les hypothèses développées

- Réalisation des enquêtes

Au cours de nos entretiens avec les différents acteurs, La méthode d'enquête utilisée a été l'entretien semi-directif qui est une technique fréquemment utilisée dans le milieu. La durée des entretiens variait entre 30 à 45 minutes et était fonction des réponses fournies par l'enquêté et de l'orientation prise par la conversation. Nous avons questionné les producteurs de cacao dans chacun des différents villages en fonction de leur disponibilité lors de notre passage dans lesdits villages. Ne se limitant pas seulement à des simples entretiens, il était important que nous fassions une visite des plantations de chaque producteurs afin de prendre leur position géographique et d'observer l'application ou non de certains critères des standards durables ,mais aussi de pouvoir faire une comparaison des pratiques agricoles entre les plantations certifiées et les plantations non certifiées. Durant cette périodes j'étais accompagné d'un facilitateur de terrain qui en cas de non compréhension des questions par les différents producteurs m'aidait à mieux leur expliquer. Ces enquêtes se sont effectuées pendant deux semaines et ont consisté à administrer le questionnaire de type qualitatif auprès de 100 producteurs donc 50 membres d'une coopérative certifiées et 50 autres appartenant ou pas à des coopérative mais non certifié. Compte tenu de l'importance de l'organisation des producteurs dans le processus de certification, Nous avons également enquêté la coopérative représentée par le président qui a volontiers accepté de nous fournir les informations dont on avait besoin.

- Recherche bibliographique

La recherche bibliographique marque une étape importante dans la recherche. Elle permet de mieux comprendre le sujet afin de cerner avec brio toutes les étapes nécessaires pour son élaboration .Notre recherche bibliographique s'est faite pendant 1 mois et a consister à rassembler les informations en ce qui concerne la filière cacao dans le monde de manière générale et au Cameroun en particulier. Elle a également consisté à approfondir notre connaissance sur les standards durables afin de cerner, et de mieux maitriser le sujet. Nous avons sélectionné dans un premier temps toutes les études qui traitent de l'impact des programmes de certification dans le secteur cacaoyer ainsi que toutes les études similaires menées dans le secteur du café et autres produits de base agricoles tropicaux le cas échéant. Les études retenues, ont répondu aux critères ci-dessous :

- Elles examinent l'impact des standards de certification actuels dans le secteur du cacao et du chocolat, tels que ceux liés à Rainforest Alliance, UtzCertified, au commerce équitable, à l'agriculture biologique et à tout autre système de certification s'appliquant au secteur du cacao/chocolat et tous autres produits de base agricoles tropicaux ;

- Elles mettent l'accent sur l'identification des impacts socio-économiques et environnementaux de la certification (et non sur les aspects de description des normes)

- Elles présentent les résultats d'études empiriques issues d'évaluation ex-post réalisées sur le terrain, et non des résultats basés sur des simulations ex-ante.

- Elles reposent sur des méthodes d'évaluation d'impact rigoureuses établissant les liens de causes à effets entre les intrants, produits, résultats et impacts des programmes de certification. Ainsi, hors mis les articles, plusieurs documents sur le terrain ont permis de mieux cerner le sujet. (Le business plan de la coopérative ; le plan d'action annuel ; et les rapports d'audits).

- Méthodes d'analyse des données

Compte tenu de notre démarche méthodologie et de la qualité des données collectée, La méthode d'analyse utilisée dans cette première partie est la méthode de différences simple dite latitudinale encore appelée l'approche  « avec ou sans ».

L'approche « avec et sans » innovationSCHERR, S . et al (1991) consiste à diviser le groupe cible potentiel en deux groupes. Un sous-groupe reçoit l'innovation ou la technologie et l'autre n'en reçoivent pas. Au bout d'un certain moment donné, on procède à la comparaison entre les deux sous-groupes.

Cette méthode présente l'avantage d'isoler les effets liés aux facteurs exogènes qui pourraient survenir au cours de l'adoption de la technologie comme par exemple l'inflation, la pluviométrie, les catastrophes naturelles, les politiques économiques et agricoles, etc. et de réduire les biais causés par la méthode « avant et après » (opcit).

Cependant, le problème avec cette méthode réside dans la difficulté à trouver des échantillons de paysans suffisamment semblables de telle sorte que c'est seulement l'adoption ou non de l'innovation qui les différencie.

- Traitement des données

Les données recueillies sur le terrain ont été entrée dans une base Excel et son analyse reste qualitative. Ainsi afin de vérifier notre hypothèse de recherche, l'utilisation des outils de la statistique descriptive s'avère nécessaire afin d'arriver à des résultats cohérant et appréciables. La statistique descriptive permet une description appuyée par des chiffres et des graphiques de la situation grâce aux données récoltées auprès des planteurs. L'analyse descriptive permet dans cette étude de décrire les impacts socioéconomiques de la certification Rainforest Alliance.

1.1.10 II.2. IMPACT ÉCONOMIQUE, SOCIAL, ET ENVIRONNEMENTAL DE LA CERTIFICATION RAINFOREST

Cette partie est consacrée à la description des résultats de notre travail de terrain qui porte sur l'impact socio-économique de la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja.

Nous présenterons donc tour à tour, l'impact de la certification sur le revenu des producteurs sur la production et les prix dans un premier temps. Dans un second temps, nous analysons son impact social et environnemental.

1.1.11 II.2.1. Impact économique de la certification Rainforest Alliance

Nous allons apprécier l'impact sur le revenu et les prix ainsi que l'impact sur la production

Impact sur le revenu et les prix :

Les résultats de notre travail montrent que l'effet de la certification Rainforest Alliance sur le revenu total des producteurs l'ayant adopté semble plutôt positif en raison de la pratique des prix supérieurs.

Tableau 2:Comparaison des revenus moyens des producteurs étant dans le processus de certification et ceux n'étant pas

Quel est votre revenu moyen annuel ?

Etes-vous dans le processus de certification ?

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

 

Manquante

Système manquant

1

100,0

 
 

Non

Valide

entre 50000 et 100000

23

41,1

41,1

41,1

plus de 100 000

33

58,9

58,9

100,0

Total

56

100,0

100,0

 

Oui

Valide

entre 50000 et 100000

10

22,7

22,7

22,7

plus de 100 000

34

77,3

77,3

100,0

Total

44

100,0

100,0

 

Source : Données d'enquêtes 2015

Ainsi, selon les données recueillies lors de notre enquête, 77,3% des producteurs étant dans le processus de certification affirment avoir un revenu supérieur à 100.000 franc CFA contre 58.9% des producteurs n'étant pas dans le processus. Cette différence se justifie par des prix plus élevé qui résulte des conseils prodigués pour un accroissement de la production.

Tableau 3: Description de la source de revenu des producteurs dans le processus de certification

Quelle est votre principale source de revenu ?a

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

Valide

Cacao

35

79,5

79,5

79,5

Café

2

4,5

4,5

84,1

Commerce

1

2,3

2,3

86,4

Maçonnerie

1

2,3

2,3

88,6

Moto

1

2,3

2,3

90,9

Palmier

1

2,3

2,3

93,2

Pèche

1

2,3

2,3

95,5

Pension

1

2,3

2,3

97,7

Vin

1

2,3

2,3

100,0

Total

44

100,0

100,0

 

a Etes-vous dans le processus de certification ? = oui

Source : données d'enquêtes

De plus les producteurs étant dans le processus de certification affirment que 79% de leur revenu provient du cacao contre 82,1% chez les producteurs n'étant pas dans le processus.

Tableau 4:Description de la source de revenu des producteurs n'étant pas dans le processus de certification

Quelle est votre principale source de revenu ?a

 

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

Valide

Cacao

46

82,1

82,1

82,1

Café

1

1,8

1,8

83,9

Chasse

4

7,1

7,1

91,1

Elevage

1

1,8

1,8

92,9

Macabo

1

1,8

1,8

94,6

Menuisee

1

1,8

1,8

96,4

Salaire

1

1,8

1,8

98,2

Vin

1

1,8

1,8

100,0

Total

56

100,0

100,0

 

a Etes-vous dans le processus de certification ? = oui

Source : données d'enquêtes

Ces résultats confirment la théorie économiques selon laquelle, le producteur revoit ses prix à la hausse en fonction de l'évolution croissante de la qualité de ses produits qui induisent des coûts additionnels, en fonction de l'augmentation de la demande au cas où ses capacités de production serait saturée et aussi compte tenu des tendances haussière du marché.

L'optimisation des revenus est l'un des avantages tirés par les producteurs de cacao suite à leur entrée dans le processus de certification Rainforest Alliance. En effet, avant la certification, les producteurs se contentaient du prix du marché. Il n'y avait pas de différenciation de produits par une différence de prix entre les qualités car tous avaient une mémé façon de produire leur cacao. L'introduction des certifications sur le marché du cacao est à l'origine de pratiques concurrentielles qui visent l'amélioration de la qualité de la production et l'accroissement des gains subséquents. Avec l'adoption de la certification, les producteurs de cacao doivent désormais faire des choix de production. Ainsi, l'adoption est volontaire. Chaque producteur doit désormais faire le choix qui lui convient : produire du cacao certifié pour avoir un prix élevé et accroitre son revenu de facto ou bien continuer à faire du cacao conventionnel.

Tableau 5 : Prix du cacao selon que le producteur de cacao soit certifié ou non

A combien vendez-vous votre cacao ?

êtes-vous dans le processus de certification ?

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

 

Manquante

Système manquant

1

100,0

 
 

Non

Valide

1000

56

100,0

100,0

100,0

Oui

Valide

1350

44

100,0

100,0

100,0

 
 
 
 
 
 
 

Source : Données d'enquêtes

Il ressort donc clairement que les producteurs qui sont dans le processus de certification ont un prix plus élevé que ceux qui ne le sont pas. Avec respectivement 1350frs chez les producteurs certifiés contre 1000 frs chez les non certifié.

Figure 3:Possession des parcelles certifiées et des parcelles non certifiées

Source : Données d'enquêtes

Cependant, malgré l'adoption de la certification Rainforest, il est à noter que, 65% des producteurs certifiés possèdent encore des parcelles non certifiées. Cette statistique nous montre que, bien que concurrencée par la production du cacao certifié qui semble bien plus lucrative, la production du cacao conventionnel occupe encore une place non négligeable sur le marché du cacao dans notre zone d'étude.

Impact sur la production :

Les données dont nous disposons ne nous permettent pas de faire une étude d'impact de la certification sur la production en mettant en comparaison les producteurs certifiés et les non certifiés. En effet, le niveau de production d'une plantation dépend à la fois de son âge, de son traitement phytosanitaire, des engrais utilisés et des pratiques agricoles adoptées. Pour avoir une étude fiable, il faut trouver un échantillonnage où la plantation des certifiés a le même âge que la plantation des non certifiés. En effet, la plantation atteint sa productivité maximale entre 08 et 12 ans d'existence YOUSSOUPHA N'DAO, (2012).

Toutefois, on donne une comparaison des rendements par hectare des producteurs certifiés et des producteurs non certifiés dans notre zone d'étude, la région de l'Est, plus précisément dans l'arrondissement de Messamena.

Figure 4: Rendement moyen des producteurs qui sont dans le processus de certification

Source : Données d'enquêtes 2015

Figure 5:Rendement moyen des producteurs n'étant pas dans le processus de certification

Source : Données d'enquêtes 2015

Le rendement moyen des producteurs certifiés tourne autour de 249 kg/ha. Par contre celui des non certifiés tourne autour est 113 kg /ha. Cette différence entre les certifiés et les non certifiés est non significative. Ceci se justifie par le fait qu'étant donné que le processus de certification dure 3ans ces derniers (dans le processus de certification) ne sont qu'à leur deuxième année.

1.1.12 II.2.2. Impact social et environnemental

Dans cette partie, nous traitons l'impact social et environnemental lié à l'adoption de la certification Rainforest Alliance chez les petits producteurs de cacao à la périphérie de la réserve du Dja.

Impact social :

Dans la plupart des pays africains producteurs de cacao tels que le Cameroun, les petits producteurs de cacao ne bénéficiaient pas d'une véritable politique sociale coordonnée en leur faveur. Désormais, avec les standards de Rainforest Alliance, l'adoption du projet de certification a considérablement révolutionné cet état de délaissement et de non prise en charge de cette catégorie de producteurs.

- Impact sur l'éducation

Après la vaste campagne médiatique des Occidentaux destinée à lutter contre le travail des enfants dans les plantations de cacao, le standard RA a introduit des critères qui interdisent ce travail. Un enfant pouvait aider ses parents dans les plantations avant le projet de certification. Avec ce projet, le standard Rainforest Alliance mène une autre campagne de sensibilisation contre le travail des enfants. En effet, selon le standard RA, la place de l'enfant, c'est à l'école et non dans les plantations.

Avec les principes de RA on encourage désormais les planteurs à scolariser leurs enfants au moins jusqu'à l'âge de 16 ans. Dans cette zone, à partir de 16 ans, une personne peut se marier et gérer une plantation. On considère également qu'à cet âge, il peut déjà entretenir une plantation cacaoyère.

À la question vos enfants vont-ils à l'école ? Il apparait que les enfants des producteurs certifiés et non certifiés vont tous à l'école. Sur le plan de l'éducation, il n'y a pas de différence significative entre les producteurs certifiés et ceux non certifiés.

Tableau 6 :Niveau d'éducation des producteurs des cacaos certifiés et non certifiés

quel est votre niveau d'éducation ?

êtes-vous dans le processus de certification ?

Effectifs

Pourcentage

Pourcentage valide

Pourcentage cumulé

 

Valide

 

1

100,0

100,0

100,0

Non

Valide

pas été à l'école

3

5,4

5,4

5,4

CEP

53

94,6

94,6

100,0

Total

56

100,0

100,0

 

Oui

Valide

pas été à l'école

5

11,4

11,4

11,4

CEP

33

75,0

75,0

86,4

BEPC

3

6,8

6,8

93,2

probatoire

3

6,8

6,8

100,0

Total

44

100,0

100,0

 

Source : Données d'enquêtes 2015

Il apparait également que la plupart des producteurs de cacao n'ont pas dépassé le niveau du CM2.

- Impact sur la santé

Avec la certification Rainforest Alliance, les producteurs étant dans le processus de certification commencent à se soucier plus des règles sanitaires. En effet les standards de Rainforest Alliance recommandent la construction des trous et des fosses pour la gestion des eaux usées et des déchets solides ménagers.

Figure 6:Trou servant à la gestion des eaux usées ménagers

Source : l'Auteur

Ces fosses sont construites dans les cours des habitats et consistent à évacuer toutes les eaux issues des différentes tâches domestiques. Cette recommandation contribue à l'amélioration de la qualité de vie des producteurs notamment à la propreté des cours (voir Figure 6). Désormais la propreté et la sécurité des producteurs de cacao sont tenues en compte dans le processus de traçabilité. L'application de cette recommandation n'est pas encore totalement adoptée, mais semble améliorer le niveau de propreté des producteurs dans leur cadre de vie réduisant ainsi la vulnérabilité face à certaines maladies sanitaires.

Impact environnemental :

La particularité du standard Rainforest Alliance est la préservation de l'environnement. L'essentiel des 10 principes de ce standard est axé sur l'application des normes environnementales. Cependant, l'impact environnemental de notre étude est très difficile à déterminer avec notre méthodologie. En effet, les producteurs certifiés enquêtés ont du mal à sentir dès à présent, l'impact de la certification sur l'environnement. Cela peut-être senti dans les années à venir car c'est trop tôt selon eux pour sentir réellement l'impact de la certification.YOUSSOUPHA N'DAO, (2012)

Le standard RA a prôné l'application de nouvelles pratiques agricoles destinés à favoriser la préservation de l'environnement.

On peut citer :

- interdiction de défricher les forêts classées,

- ne pas pulvériser de façon excessive,

- arrêter les feux de brousses,

- ne pas faire la chasse dans les plantations,

- faire des zones tampons dans la plantation (pour indiquer à l'applicateur les zones sensibles à ne pas traiter pour ne pas intoxiquer les passants sur les routes ou les rivières),

- ne pas brûler les résidus après défrichement dans les plantations. A long terme, l'application totale de ces différentes pratiques, si elles sont bien respectées, pourraient avoir des effets.

Cette partie avait pour objectif d'évaluer les avantages liés à la certification Rainforest Alliance sur les petits producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja (Est Cameroun). L'étude a été conduite auprès de 100 producteurs de cacao dans la région de l'Est Cameroun Parmi lesquels 44 d'entre eux sont à la deuxième année du processus de certification. A cet effet, l'utilisation d'un tableur Excel nous a permis d'analyser les données.

Les résultats montrent que la certification semble avoir des effets positifs sur la production (avec des rendements moyens de 249kg /hectares chez les producteurs étant dans le processus de certification contre 113kg /hectares chez ceux n'étant pas). Toutefois, ces résultats ne nous permettent pas de conclure sur les impacts environnementaux.

DEUXIÈME PARTIE :

ANALYSE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE

Plusieurs changements sont survenus au cours des dernières décennies. La Société, l'économie, la politique, le sport, et d'autres domaines ont subi des changements profonds tout au long du XXe siècle. Parmi ces changements, les plus importants sont ceux qui sont liés aux chaînes agro-industrielles, mettant en évidence la production croissante et la consommation d'aliments certifiés, le cacao étant l'un d'entre eux. La consommation alimentaire qui répond à des critères sociaux et environnementaux de production est une tendance récente BARBOSA et al. (2010). Les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par l'origine de leur nourriture. Ils veulent savoir qui l'a produit, si l'environnement a été respecté tout au long du processus de production, si les travailleurs ont reçu un salaire équitable pour leur travail. Ils ont une préoccupation légitime pour la durabilité tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Les principaux standards de certification du cacao ont un ensemble de critères environnementaux, économiques et sociaux, et leur degré varie selon l'organisme de certification. Ces critères, exigences économiques, la résilience environnementale et l'équité sociale sont les piliers de la durabilité. Pour le producteur, avoir une certification peut garantir l'accès à de nouveaux marchés ou assurer un meilleur prix pour son produit. La certification permet donc au producteur de différencier son produit, qui commence à être vendus en dehors du circuit traditionnel. Soutenu par le statut que les certifications ont de nos jours et les opportunités offertes aux producteurs, cette partie vise à contribuer à la compréhension des facteurs qui déterminent l'adoption des innovations, plus précisément l'adoption de la certification Rainforest alliance par les petits producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja.

Cette partie sera structurée en deux chapitres : nous présenterons au chapitre III l'analyse théorique des déterminants de l'adoption des innovations agricoles ensuite, et au chapitre 4 nous présenterons les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance autour du Dja.

CHAPITRE III :

ANALYSE THÉORIQUE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES

Alors que les travaux sur l'adoption des innovations agricoles focalisent sur ses déterminants,les travaux sur la diffusion des innovations environnementales décrivent le taux de pénétration de l'innovation sur son marché potentiel. Ce chapitre présente à cet effet les différents concepts clés utilisé dans le document ainsi que la présentation de la théorie développé dans la littérature pour aborder les divers aspects du thème. Ainsi, nous passerons en revue l'analyse théorique des déterminantes d'adoption des innovations agricoles en (III.1), ensuite nous présenterons en (III.2) la revue de la littérature sur les déterminants de l'adoption des innovations agricoles.

1.1.13 III.1. ANALYSE THEORIQUES DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES

Dans cette section nous définirons un certain nombre de concepts avant de présenter la théorie.

1.1.14 III.1.1. Définition de quelques concepts

- Innovation

Une innovation est une idée, une pratique ou un objet qui est perçue comme nouveaux par un individu ou tout autre unité d'adoptionROGERS, EVERETT M, (1983). Peu importe si oui ou non l'idée est objectivement nouvelle par rapport au lapse de temps depuis son premier usage ou sa découverte. La perception de nouveauté de l'idée pour l'individu détermine sa réaction par rapport à elle. Si l'idée semble nouvelle pour l'individu, alors il s'agit d'une innovation.

- Diffusion

La diffusion est le processus par lequel une innovation est communiquée à travers certains canaux au fil du temps au sein des membres d'un système social ROGERS, EVERETT M, (1962). C'est un type spécial de communication dans lequel les messages incluent des nouvelles idées. Ce sont ces nouvelles idées contenues dans le message de communication qui donnent à la diffusion un caractère spécial.

Selon Rogers (1983), la diffusion est un type de changement social défini comme le processus par lequel une altération apparait dans la structure et la fonction d'un système social. Lorsque certaines idées sont inventées diffusées et adoptées ou rejetées, aboutissant à certaines conséquences, le changement social apparait.

- Adoption

L'adoption d'une innovation peut être définie comme le processus mental par lequel un individu passe de la première information à propos de l'innovation à son adoption finaleROGERS, EVERETT M, (1983). Cette définition parait incomplète pour plusieurs raison :

D'une part il est important de distinguer l'adoption au niveau de l'individu et de l'adoption à grande échelle telle que au niveau villageFEDER, (1985). Pour cet auteur, l'adoption au niveau individuel est définie comme le degré d'utilisation de la technologie par l'individu après qu'il a reçu des multiples informations sur la technologie et de ses performances. L'adoption au niveau macro se réfère à l'ampleur de la diffusion dans la régionFEDER, (1985).

Il faut également souligner que l'adoption varie en fonction des types innovations. Les innovations agricoles sont majoritairement les paquets technologiques qui regroupent plusieurs technologies complémentaires.

1.1.15 III.1.2. Les modèles d'adoption et de diffusion des innovations

L'innovation s'accompagne souvent de deux processus à savoir le processus de diffusion et celui d'adoption. Rogers distingue ces deux notions en précisant que la diffusion s'observe au sein d'une société alors que l'adoption se limite au niveau individuel. Il définit alors la diffusion comme le processus par lequel une innovation est communiquée par le biais de certains canaux au fil du temps au sein des membres d'une société. Pour cet auteur, l'adoption d'une innovation peut être définie comme le processus mental par lequel un individu passe de la première information à propos de l'innovation à son adoption finale. Cette dernière définition parait incomplète pour plusieurs raisons.

D'une part, il important de distinguer l'adoption au niveau individuel de l'adoption au niveau à grande échelle telle qu'au niveau villageFEDER, (1985). Ces auteurs précisent donc que l'adoption au niveau individuel est définie comme le degré d'utilisation de la nouvelle technologie par le producteur après qu'il a reçu une multitude d'informations à propos des technologies et de ses performances. L'adoption au niveau macro se réfère à l'ampleur de la diffusion dans la régionFEDER, (1985).

Quelques modèles d'adoption et de diffusion d'innovations :

Trois principaux modèles sont à la base de la plupart des études sur la diffusion et l'adoption des innovations technologiques : le modèle de Bass (1969), le modèle de Rogers (1962, 1971, 1986, 1995, 2003), et le modèle TAM Davis (1989). Dans ce qui suit, nous allons les expliciter.

- Le Modèle de diffusion de Bass

Ce modèle traite de l'adoption et de la diffusion de nouveaux produits et technologies. Il est souvent utilisé en marketing comme base à une modélisation qui permettra la prise de décision ou de se faire une meilleure idée de ce que sera le lancement d'un nouveau produit. Formulé par Frank Bass en 1969 sous le nom original '' un modèle de croissance d'un nouveau produit pour consommateurs durables `' ce modèle distingue deux comportements dans l'adoption d'une innovation : le comportement « innovateur » et le comportement « imitateur ». Dans le premier cas, aucune influence des précédents adopteurs n'est en jeux l'adoption est due à l'influence des actions externes au système social. Les « imitateurs », en Revenge adoptent l'innovation parce qu'influencés par les personnes ayant déjà adopté l'innovation. Bass postule donc qu'il existe deux types d'adopteurs qui sont impulsés par deux types de forces : les innovateurs par la tendance à innover « p » et les imitateurs par la tendance à imiter « q ». « p » est appelé le coefficient de communication externe ou d'innovation qui traduit toute source d'information exogène, et « q » est appelé coefficient de communication interpersonnelle ou coefficient d'imitation qui traduit le bouche à oreille.

Si on définit m le nombre total d'individus qui potentiellement adopterons l'innovation (le marché potentiel) et N(t) le nombre cumulé d'adopteurs au temps t, chacun des m-N(t) individus peux passer du groupe de non-adopteurs à la classe d'adopteurs. Le modèle de Bass essaie fondamentalement de modéliser le taux de risque d'adoption Z(t) comme une fonction linéaire croissante du taux de pénétration N(t)/m.

A partir du taux de risque d'adoption il est possible d'exprimer l'augmentation temporelle du nombre total d'adopteurs par une équation différentielle de la forme :

La courbe descriptive du nombre d'adopteurs N(t) est sigmoïdale avec une saturation donnée par le potentiel d'adopteurs m.

Cependant le modèle de Bass comporte quelques limites. La première est que le modèle est influencé par la durée de la période d'analyse utilisée. Lorsque l'on augmente ou diminue la période donnée, les estimations des paramètres sont alors portées à changer de façon notoire. La deuxième limite est celle qui apparait lorsque l'on effectue plusieurs régressions, le modèle est alors affecté par la multi-colinéarité. Ainsi, les variables indépendantes venant expliquer le modèle deviennent de plus en plus dépendantes l'une de l'autre et il est alors plus difficile de distinguer leur effet respectif. Finalement, la dernière critique formulée par les auteurs est l'obligation d'obtenir des informations sur l'adoption lors du lancement d'une innovation afin de pouvoir utiliser le modèle, ce qui rend le modèle peu intéressant comme modèle de prédiction du taux d'adoption : en effet, une fois le produit lancé, il est trop tard pour reculer si les prédictions du modèle se révèlent peu intéressantes.

La diffusion est le processus par lequel une innovation est communiquée par certains canaux au fil du temps entre les membres d'un système social. La diffusion est un type spécial de communication concerné par la diffusion de messages qui sont perçus comme de nouvelles idées. Une innovation est tout simplement, "une idée perçue comme nouvelle par l'individu" .Les caractéristiques d'une innovation, telle que perçue par les membres d'un système social, déterminent son taux d'adoption. Les quatre principaux éléments de la diffusion de nouvelles idées sont les suivantes: L'innovation, Les canaux de communication, Temps et Le système social (contexte).

- Le modèle de diffusion de Rogers

D'après les théories relatives à l'innovation, une innovation se diffuse dans la société en suivant un processus qui touche différentes catégorie de consommateurs, des plus enthousiastes jusqu'aux plus réticents face à la technologie.ROGERS, EVERETT M, (1983) a modélisé ce processus par une courbe de diffusion (dite courbe en S ou courbe en cloche) en y associant les différents profils de consommateurs correspondant aux différentes phases du processus d'adoption. Le challenge étant d'arriver à passer d'une diffusion confidentielle (innovateurs et earlyadopters) à une diffusion de masse (majorité avancée et retardée) qui représente plus de 60 % du marché potentiel. PourROGERS, EVERETT M, (1962) plusieurs facteurs conditionnent la rapidité d'adoption par les consommateurs et de diffusion de l'innovation dans la société. Ces facteurs peuvent être de deux natures différentes :

Les facteurs endogènes à l'innovation qui résultent généralement des caractéristiques intrinsèques du produit ou de la technologie.Les facteurs endogènes correspondent aux caractéristiques intrinsèques du produit ou service qui influencent la vitesse de diffusion de l'innovation. Ils dépendent donc : de la qualité du produit et ses caractéristiques techniques d'une part ; et de la pertinence du mix marketing établi pour introduire le produit innovant sur le marché d'autre part.Rogers a ainsi identifié cinq qualités qui déterminent le succès de la diffusion d'une innovation, et qui expliquent entre 49 et 87 % de la variation de l'adoption de nouveaux produits.

La seconde catégorie de facteurs qui peuvent influencer la diffusion d'une innovation sont les facteurs dit « exogènes », c'est-à-dire qui ne sont pas liés à l'innovation elle-même mais à l'environnement dans lequel elle s'insère. Ces facteurs sont l'une des caractéristiques les plus marquantes des industries de haute technologie et des technologies de l'information. En effet, dans ces industries, l'environnement de l'innovation joue un rôle décisif puisque la valeur globale de l'innovation augmente avec le nombre d'utilisateurs ou le nombre de biens complémentaires disponibles.Cette caractéristique est appelée « effet de réseau ». On distingue deux types d'externalités de réseau :

Les externalités directes, c'est-à-dire le fait que le nombre d'utilisateur d'un bien ou service (appelé « base installée ») augmente la valeur de celui-ci pour les utilisateurs potentiels ;

Les externalités indirectes, correspondent au nombre de biens complémentaires disponibles sur le marché (exemple : les jeux vidéo pour une console de jeux) et augmente également la valeur de l'innovation.

Ainsi, la valeur perçue d'une innovation par les utilisateurs influence la vitesse à laquelle elle se diffusera dans la société. Cette valeur dépend elle-même de facteurs qui peuvent être endogènes à l'innovation (avantage relatif, compatibilité avec les valeurs et pratiques existantes, simplicité d'utilisation, possibilité de l'essayer et visibilité des résultats), ou exogènes à l'innovation (taille de la base installée et disponibilité de biens complémentaires)

L'avantage relatif correspond à la perception par les consommateurs que l'innovation est meilleure ou plus performante que les solutions existantes. Cette « performance » est mesurée sur les attributs de l'innovation qui compte pour les consommateurs comme le gain financier ou le prestige social. Ce facteur et très lié à la perception particulière et aux besoins de chaque groupe de consommateurs.

La compatibilité de l'innovation avec les valeurs et pratiques existantes des consommateurs potentiels influe également la rapidité d'adoption d'une innovation. Elle correspond au degré d'adéquation entre les valeurs et les pratiques des consommateurs potentiels et celles nécessaires à l'utilisation de l'innovation.

La simplicité et facilité d'utilisation de l'innovation que perçoivent les consommateurs potentiels peut également représenter un frein ou un catalyseur à sa diffusion. En effet, une innovation qui nécessite un apprentissage sera plus lente à se diffuser que si elle ne requiert pas le développement de compétences spécifiques.

La possibilité d'essayer l'innovation peut faciliter son appropriation par les usagers et ainsi favoriser le bouche à oreille et diminue l'incertitude et donc le risque qui l'entoure.

L'observabilité des résultats est également un facteur déterminant dans la diffusion des innovations puisqu'il permet de prouver plus facilement le ou les avantages de l'innovation. Des résultats visibles par les consommateurs potentiel réduisent l'incertitude perçu et facilite le bouche à oreille.

Certains auteurs critiquent ce modèle qui repose sur une « vision positiviste de la technologie» et qui implique une passivité chez les usagers qui doivent accepter l'innovation telle quelle sans avoir le choix de la modifier. Rogers a cependant introduit la notion de réinvention dans la troisième édition de son livre, ce qui minimise grandement la critique de positivisme technologique. D'autres auteurs introduisent des variantes au processus d'adoption et de diffusion d'innovation. Par exemple, Silverstone et Haddon (1996) proposent quant à eux le modèle de Domestication pour expliquer les phases d'adoption d'un nouveau produit. Ce dernier viendrait surtout s'insérer lors de la phase de décision du modèle de Rogers. Ce modèle se base sur quatre dimensions, soit : l'appropriation, qui désigne le processus durant lequel on prend possession d'un produit ou qu'on se l'approprie; l'objectification, qui est le processus par lequel on détermine le rôle joué par un produit; l'incorporation, qui réfère au processus d'interaction avec le produit; l'inclusion, qui est le processus par lequel on transforme

- Le modèle TAM ou modèle de l'action raisonnée

DAVIS, et al, (1989)sont ceux qui ont développé ce modèle (en anglais, Technology Acceptance Model) qui concerne plus spécifiquement la prédiction de l'acceptabilité d'un système d'information. Le but de ce modèle est de prédire l'acceptabilité d'un outil et d'identifier les modifications qui doivent être apportées au système afin de le rendre acceptable aux utilisateurs. Ce modèle postule que l'acceptabilité d'un système d'information est déterminée par deux facteurs : la perception de l'utilité et la perception de la facilité d'utilisation.

La perception de l'utilité est définie comme étant le degré auquel une personne croit que l'utilisation d'un système améliorera ses performances. La perception de la facilité d'utilisation se réfère quant à elle au degré auquel une personne croit que l'utilisation d'un système sera dénuée d'efforts. Plusieurs analyses factorielles ont démontré que la perception de l'utilité et la perception de la facilité d'utilisation pouvaient être considérés comme deux dimensions distinctesHAUSER, J. R et al, (1980).

Comme dans la théorie de l'action raisonnée, le modèle d'acceptation de la technologie postule que l'utilisation d'un système d'information est déterminée par l'intention comportementale mais stipule par contre que cette intention est déterminée conjointement par l'attitude de la personne envers l'utilisation du système et la perception de l'utilité. Ainsi, selon Davis, l'attitude générale de l'individu face au système ne serait pas la seule chose qui déterminerait l'utilisation, mais peut être basé sur l'impact qu'il aura sur ses performances. De ce fait, même si un employé n'apprécie pas un système, il a de grandes chances de l'utiliser s'il le perçoit comme améliorant ses performances au travail. Par ailleurs, le modèle d'acceptation de la technologie stipule un lien direct entre la perception de l'utilité et la perception de la facilité d'utilisation. Ainsi, face à deux systèmes offrant les mêmes fonctionnalités, l'utilisateur trouvera plus utile celui qu'il trouve plus facile à utiliserDILLON, A.et al, (1996).

1.1.16 III.2. L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES : REVUE DE LA LITTÉRATURE

Il est aujourd'hui difficile de synthétiser tous les résultats obtenus dans la littérature économique sur les déterminants socio-économiques et agronomiques sur l'adoption d'innovationsBELZILE, L, (2015). La littérature en économie est vaste mais certains auteurs ont réalisé des revues se concentrant sur certains types d'innovation (l'agriculture de conservation, les bonnes pratiques agricoles.

Nous nous intéressons ici aux travaux récents sur l'adoption d'innovations proches des systèmes de culture innovants, plus précisément à des innovations de pratiques incrémentales (les bonnes pratiques agricoles, l'agriculture de précision) à systémique (agriculture biologique ou intégrée) ou encore à des pratiques innovantes liées à la conservation des ressources naturelles (sol, eau ...).

Selon KOESTELING, (2008), L'aboutissement à une décision de se convertir est régit par plusieurs déterminants et non basé uniquement sur un objectif de maximisation du profit espéré. Ces déterminants peuvent être d'ordres endogènes, exogènes et même inobservables.

1.1.17 III.2.1. Déterminants endogènes et exogènes

Déterminants économiques et financiers :

Les premiers travaux en économie menés par Griliches puis Rosenberg ont mis en évidence l'importance des facteurs financiers dans le changement technologique et l'adoption d'innovations Griliches, (1957) cité par Roussy, (2012). La richesse est considérée comme un facteur clef dans l'adoption, d'abord par son effet sur l'aversion au risque (plus un individu est riche plus il est prêt à prendre des risque). De plus, le niveau de richesse conditionne l'investissement et permet aussi de supporter des pertes à court terme lors de la mise en place de l'innovation. Dans la littérature, différents indicateurs de la richesse sont utilisés: le revenu netFEDER G. et al, (1993), le capital social ou le chiffre d'affaires. La richesse a généralement un effet positif sur l'adoption. Cependant, la variété des indicateurs en fonction des études ne permet pas de mettre en évidence la même causalité dans le choix de production de l'agriculteur. En effet, une exploitation peut avoir un chiffre d'affaires élevé et une profitabilité faible qui elle-même n'est pas forcément liée à la richesse de l'exploitant.Ngondjeb, (2009) analysant les Déterminants de l'adoption des techniques de lutte contre l'érosion hydrique en zone cotonnière au Cameroun arrive à la même conclusion. Il montre que la main- d'oeuvre salariée influence également positivement sur la décision de l'adoption. Les agriculteurs riches, peu nombreux, l'emploient les plus pauvres échange d'argent ou de nourriture. Cependant, Selon SOTAMENOU& PARROT (2014), les revenus assez faibles des agriculteurs ne leur permettent pas toujours d'adopter les innovations agricoles.

Déterminants liés aux caractéristiques de l'agriculteur :

Les caractéristiques du producteur comprennent : le niveau d'éducation, l'expérience dans l'activité, l'âge, le sexe, le niveau de richesse, la disponibilité en main d'oeuvre et l'aversion face au risque, la conscience du problème ciblé par la nouvelle technologie, la taille de l'exploitation, le type d'exploitation.

Le niveau d'éducation de l'exploitant est généralement reconnu comme favorisant l'adoption d'innovations intensives en capital humainKEBEDE, Y., K. et al, (1990). Même si certains travaux ne trouvent pas de relations significatives entre l'éducation et l'adoptionKNOWLER, D.et al, (2007), on peut considérer que les exploitants les plus éduqués disposent de plus d'informations leur permettant de mieux évaluer l'innovation et ainsi de limiter leur niveau d'incertitude.

Contrairement à l'éducation, et par extension à l'accès à l'information, le rôle de l'expérience est moins clair. Certaines études montrent le rôle positif de l'expérience sur l'adoption SAUER, J. et al, (2009) BAFFOE-ASARE, R et al, (2013).

Par contre,WU, J. et al, (1998) montrent des effets contrastés de l'expérience sur trois types d'innovations différentes. Celle-ci influe négativement sur l'adoption du non-labour et positivement sur l'application localisée de fertilisants KEBEDE, Y., K. et al, (1990) met en évidence que l'expérience joue un rôle distinct en fonction du risque perçu. L'expérience agricole facilite l'adoption d'innovations réduisant le risque perçu (comme l'apport de plus de pesticides et d'engrais), mais elle peut avoir l'effet inverse sur l'adoption d'innovations augmentant le risque perçu). Les résultats sur l'effet de l'expérience sont donc contrastés. Les agriculteurs expérimentés connaissent mieux leur contexte de production et peuvent prendre plus de risques. A l'opposé les agriculteurs les plus âgés, c'est-à-dire les plus expérimentés, ont un horizon de planification plus court qui ne les pousse pas à changer de pratiquesAHOUANDJINOU. M .S, (2010).

On considère généralement que l'âge réduit l'adoption AHOUANDJINOU. M .S, (2010) car les exploitants plus âgés ont un horizon de planification plus court. Ils valorisent moins les bénéfices à long terme de certaines innovations. Cependant, les jeunes exploitants sont souvent soumis à des contraintes financières fortes ce qui peut les dissuader d'investir dans une nouvelle technologie. Enfin, en présence d'un successeur, l'âge de l'exploitant accroît les chances d'adoption d'une innovation. En effet, si une possibilité de reprise de l'exploitation existe, alors l'horizon de planification de l'agriculteur est plus long RODRÍGUEZ-ENTRENA, M. et al, (2013).

Déterminants exogènes :

L'exploitant est soumis de manière récurrente à des contraintes externes qu'il peut difficilement anticiper. Nous distinguons deux types de déterminants exogènes. Les premiers sont externes et non contrôlables par l'exploitant comme son environnement de production comprenant les contraintes pédoclimatiques et réglementaires. Le second type de déterminants est partiellement contrôlable par l'exploitant comme le contexte informationnel qui peut être partiellement modifié si l'agriculteur achète ou se procure de l'information. On parle ici de l'information au sens large, de la communication ou du conseil.

FEDER G. et al, (1993) montrent que les déterminants agronomiques ou pédoclimatiques peuvent être nombreux mais doivent être ciblés en fonction de l'innovation concernée et de la zone de production.

Khanna met en évidence qu'il existe un effet de la zone de production sur l'adoption de pratiques de fertilisation parcellaire (KHANNA, M., 2001). Dans les zones de grandes cultures, les conditions pédoclimatiques peuvent contraindre les agriculteurs dans leurs choix de production. Des conditions limitantes, comme des sécheresses répétées poussent les agriculteurs à rejeter certaines innovations pour des raisons techniques. Cependant le pédoclimat peut aussi faciliter l'adoption comme par exemple la mise en place de pratiques de conservation des sols par le non labour dans des zones de coteaux qui peuvent être soumis à des risques d'érosionERVIN, C. A. et al, (1982). La variété des contextes de production ne permet pas de mettre en évidence des déterminants généralisables mais les contraintes de production ont généralement un effet sur l'adoption d'innovation.

Les travaux en économie s'intéressent généralement à l'effet ex ante d'un changement de la réglementation sur l'évolution des pratiques agricoles. BOUGHERARA, D. et al, (2010)Étudient l'effet du découplage des aides de la PAC l'utilisation des terres non cultivées. Ils concluent que les exploitants n'envisagent pas de changements radicaux dans l'utilisation des terres ou des intrants avec les évolutions futures de la .Il existent cependant peu de résultats sur l'effet de la réglementation sur l'adoption d'innovations. Les innovations sont généralement conformes aux réglementations en cours dans les différents pays concernés. On peut cependant souligner que la réglementation peut limiter le nombre de pratiques innovantes proposées à l'exploitant. Dans le secteur des grandes cultures en France, la Directive Cadre sur l'Eau impose une couverture hivernale des sols dans les zones définies comme vulnérables. Cependant, il est interdit d'implanter des couvertures végétales composées uniquement de légumineuses pour éviter des effets de lixiviation lors de leur destruction. Ainsi, la réglementation implique que les exploitants des zones vulnérables disposent de moins de choix dans les cultures à mettre en place.

1.1.18 III.2.2. Déterminants inobservables de l'adoption : perceptions et préférences

L'hétérogénéité des agriculteurs et de leur contexte de production explique en partie leur comportement face à l'adoption. En fonction des déterminants observables et de leurs croyances, les individus développent des perceptions et des préférences individuelles pour l'innovation et celles-ci ne sont pas directement observables. Pour les révéler, divers travaux mobilisent des méthodologies spécifiques de révélation des préférences. Cependant, parmi ces travaux, peu s'intéressent au rôle des perceptions dans le processus.

Préférences face au risque :

Le risque est un des principaux facteurs de rejet de l'innovation (FEDER G. et al, 1993). Grâce aux méthodes d'économie expérimentale, basées sur des jeux de loteries financiers, de nombreux travaux ont mis en évidence le poids de l'aversion au risque dans le processus d'adoption d'innovations. Elles révèlent aussi que le niveau d'aversion au risque des exploitants agricoles est généralement plus élevé que celui des entrepreneurs des autres secteurs agricoles HELLERSTEIN, D., (2013). En effet, les exploitants agricoles sont habitués à subir des risques et sont globalement plus tolérants aux risques, mais, comme tous les entrepreneurs, ils sont plus sensibles au risque de perteBOCQUEHO, G.et al, (2011).

Préférences face aux caractéristiques de l'innovation :

Les méthodes de révélation des préférences regroupent les préférences révélées et les préférences déclarées. Dans les travaux sur les préférences révélées, c'est le comportement observé des individus qui permet d'évaluer de manière ex-post les déterminants de l'adoption. Dans les travaux sur les préférences déclarées, c'est sur la base des déclarations ex ante de l'individu (interview, enquêtes) que les préférences sont évaluées. De nombreux travaux utilisent les méthodes de révélation des préférences déclarées afin d'évaluer la valeur monétaire des biens non marchands associés à des pratiques ou des techniques économes en intrantsBIROL, E., K. et al, (2006). Ces méthodes permettent aussi d'analyser les préférences des individus pour les caractéristiques de l'innovation. Elles sont utilisées à la fois pour concevoir des politiques de soutien et d'accompagnement au changement de pratique, mais aussi pour définir les attentes des individus pour les caractéristiques des innovations. Les préférences les agriculteurs dépendent de leur condition de production, de leurs contraintes et des caractéristiques de l'innovation. Les méthodes de révélations des préférences déclarées permettent de hiérarchiser et de quantifier le rôle de chacun de ces facteurs dans le choix d'adoption.

Le chapitre III avait pour objectifs l'analyse théorique des déterminants d'adoptions des innovations. Il ressort que la certification du cacao entre dans la théorie des innovations agricoles. Ainsi, l'adoption d'une innovation est régit par plusieurs déterminants et non basé uniquement sur un objectif de maximisation du profit espéré KOESTELING, (2008). Ces déterminants peuvent être endogènes ou exogènes.

CHAPITRE IV :

LES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE

Ce chapitre fait le point des différentes étapes qui nous ont permis d'opérationnaliser notre deuxième question de recherche  à savoir : Quels sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao autour de la réserve du Dja.

Nous présenterons en (IV.1) notre cadre méthodologie avant de présenter les résultats (IV.2).

1.1.19 IV.1. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Dans cette section, nous présenterons successivement, la spécification du modèle Logit ainsi que les variables de notre modèle.

1.1.20 IV.1.1. Spécification du modèle Logit dichotomique

Les données utilisées sont les mêmes qu'au chapitre II. Elles concernent 100 producteurs parmi lesquelles 44 producteurs certifiés.

Plusieurs études empiriques ont étudié l'adoption des innovations agricoles. Diverses méthodes d'analyse ont été appliquées dont notamment l'utilisation de modèles économétriques SOTAMENOU .J, (2011) ; PARROT. L. et al, (2009). Trois sont fréquemment utilisés pour analyser l'adoption des nouvelles innovations technologies agricoles : Les modèles de probabilité linéaire, de Logit et de Probit.

Notre analyse concerne les facteurs qui expliquent l'adoption de la certification Rainforest par les producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja. La décision d'adoption de l'innovation étant dichotomique10(*); le producteur peut décider d'utiliser ou non la technologie.

L'adoptant a été défini comme le producteur qui accepte d'entrer dans le processus de certification indépendamment de la quantité. La décision d'adopter est considérée comme variable dépendante qualitative dans une régression dont la valeur est 0 ou 1 et qui dépend des caractéristiques de l'adoptant. L'approche utilisée dans l'analyse des facteurs déterminant l'adoption peut être estimée par un modèle qui permet de prédire la décision d'un agent économique d'adopter ou non une technologie donnée qui lui est proposée. La décision sera aussi fonction des caractéristiques socioéconomiques du décideur.

Un modèle Logit a été utilisé pour analyser Les données collectées pour cette deuxième partie grâce au logiciel SPSS (Statistical package for social sciences) version 20 (SPSS 2014).

Généralement, une étude qui a pour but d'analyser l'influence de plusieurs variables explicatives sur une variable dépendante qualitative (avec 2 possibilités telles que « adoption » ou « non adoption ») ne marche pas avec le model de probabilités linéaires à cause de ses faiblisses (Les erreurs ne sont pas distribuées selon une loi normale, les variances ne sont pas constantes pour chaque valeur de Xi et les probabilités qui sortent de l'intervalle [0-1]). Donc pour de telles études, la littérature économétrique suggère 2 modèles alternatifs : le model Logit et le model Probit qui sont estimés par la méthode maximum de vraisemblance (MLE) WOOLDRIDGE J M., (2009.).

Dans cette étude, le modèle Logit est plus approprié parce qu'on utilise un échantillon de faible taille (N=100) ce qui nous permet de calculer les probabilités nécessaires pour interpréter chaque variables explicatives. De plus l'un des avantages de l'utilisation du modèle Logit est qu'on peut associer dans le model à la fois plusieurs variables explicatives qui sont quantitatives et qualitatives WOOLDRIDGE J M., (2009.). Les données pour cette hypothèse contiennent des variables explicatives qui sont continues et qualitatives donc le modèle Logitest plus approprié pour analyser les déterminants de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao à la périphérie de la réserve du Dja.

Dans le modèle Logit on prédira le Logit qui est le log naturel du ratio ODDS d'avoir une des deux décisions (« adoption » ou « non adoption » de la certification) en dénotant P la probabilité de prendre une telle décision en fonction d'une variable explicative X, la formulation mathématique du modèle Logit est exprimée dans l'équation(1) comme :

De manière équivalente on peut dériver P de l'équation (1) comme suit :

(2)

Ou : P est la probabilité prédite que l'évènement se réalise (adoption de la certification),1-Pla probabilité prédite que l'évènement ne se réalise pas (non adoption de la certification), X la variable explicative représentant les différent facteurs qui influencent la décision du paysan d'adopter ou non la certification, Y est la variable dépendante désignant l'adoption ou non de la certification par le paysan, Exp est la fonction exponentielle, á est l'intercepte et â est le coefficient de pente. Le côté gauche de l'équation (1) ci-dessus représente le ratio ODDS et le modèle est appelé modèle LogitWOOLDRIDGE J M., (2009.).

1.1.21 IV.1.2. Définition des variables et effet théorique attendu

Variable expliquée :

ADOPTION : il s'agit d'une variable dichotomique, soit le producteur adopte la certification soit il ne l'adopte pas.

Variables explicatives :

AGE : il s'agit de l'âge du producteur mesuré en nombre d'année. C'est une variable continue donc le signe ne peut être conclu à l'avance car sujet à des résultats contradictoire.

SEXE : il s'agit d'une variable qualitative binaire mesurant le genre du producteur. Le signe positif est attendu.

NIVETUD : il s'agit du niveau d'étude de l'exploitant. C'est une variable binaire donc le signe positif est prédit car l'éducation favorise l'adoption d'une innovation.

ACCMARCH : il s'agit de la possibilité de l'exploitant d'avoir accès au marché. On s'attend à un signe positif car la possibilité pour un producteur d'avoir accès au marché est primordiale.

OP : il s'agit de l'appartenance du producteur à une organisation paysanne

SENSIB : Il s'agit si le producteur à été sensibilisé sur l'innovation ou pas. Le signe positif est positif car on pense que la sensibilisation des producteurs sur une nouvelle innovation augmente leur probabilité d'adopter.

A partir de là on peut obtenir l'équation 3 suivante :

Ou : Y : groupe du producteur (1=producteur certifié, 0=producteur non certifié), X1 : Age du producteur (en années), X: sexe du producteur (1=féminin, 2=masculin), X: le niveau d'étude du producteur, X: la possibilité de l'exploitant d'avoir accès au marché, X:l'appartenance du producteur à une organisation paysanne(0=membre d'une op, 1=n'appartient pas à une op), X:la superficie de l'exploitation (en hectare), X: la sensibilisation(0=le producteur a été sensibilisé, 1=le producteur n'a pas été sensibilisé), A partir de l'équation 3 ci-dessus nous pouvons dériver P comme suit :

L'équation (4) représente la fonction de probabilité logistique cumulative. En la généralisant à chaque observation, Pi est la probabilité que le producteur i adopte la certification et 1-Pi la probabilité que le producteur i n'adopte pas la certification. A partir de cette notation, le Logit est tout simplement le logarithme naturel du ratio ODDS en faveur de l'adoption de la certification par le producteur i, ce qui est encore le ratio de la probabilité que le producteur i adoptera la certification sur la probabilité qu'il ne l'adoptera pas.

Les exponentiels du coefficient de pente âk associé à chaque variables explicatives sont interprétés comme le ratio ODDS (OR) d'adoption de la certification pour chaque variables explicatives. En général, comme les ratios ODDS du modèle Logit sont juste les exponentiels des coefficients estimés âk un coefficient positif va indiquer un (OR>1) tandis qu'un coefficient négatif va indiquer un (OR<1). Généralement l'expression désigne l'inverse du ratio ODDS qui est calculé pour faciliter l'interprétation des variables avec des coefficients négatifs.

1.1.22 IV.2. RÉSULTATS ET ANALYSES

Cette section est consacrée à la présentation des résultats de notre travail de terrain qui porte sur les facteurs d'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao autour de la réserve de biosphère du Dja.

Nous présenterons et discuterons tour à tour, les résultats de la statistique descriptive des producteurs puis des déterminants de l'adoption.

1.1.23 IV.2.1. Caractéristiques descriptive des cacaoculteurs autour de la réserve du Dja

Plusieurs facteurs peuvent influencer l'adoption de la certification Rainforestalliance par les agriculteurs. Les variables retenues pour notre modèle sont décrites dans le tableau ci-dessous.

Tableau 7: Définition des variables du modèle

 

N

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

Variance

Adoption

43

0

1

,74

,441

,195

Age

42

23

76

48,19

13,924

193,865

Sexe

43

1

2

1,16

,374

,140

Nivetud

43

1

3

1,93

,402

,162

Accmarch

43

0

1

,72

,454

,206

Op

40

0

1

,82

,385

,148

Sensib

42

0

1

,79

,415

,172

Format

43

0

1

,84

,374

,140

N valide (listwise)

39

 
 
 
 
 

Source : données d'enquêtes 2015

Les facteurs décrits dans le tableau 7 sont interprétés différemment selon que la nature de la réponse du producteur est discrète ou continue. Les facteurs avec des réponses continues sont l'âge et la superficie de l'exploitant.

Pour l'âge de l'exploitant la moyenne d'âge est de 48,19 ans avec un écart type de 13,92. Le producteur le moins âgé a 23 ans et le plus âgé a 76 ans. L'écart type de 13,92 montre que la plupart des producteurs ont un âge qui oscille entre 34,27 et 62,11 ans. Des interprétations similaires peuvent être faites pour la superficie.

Les facteurs avec des réponses discrètes sont le sexe du producteur, le niveau d'étude, l'accès au marché, l'appartenance ou non à une organisation paysanne, la sensibilisation et la formation. La moyenne du genre (1=féminin ; 2=masculin) de 1,91 indique que plus de la moitié (un peu plus des 3/4) des producteurs enquêtés sont des hommes. L'écart type de 0,228 qui est éloigné de la moyenne signifie une large déviation des valeurs observés par rapport à la moyenne ceci pourrait probablement s'expliquer par la nature discrète des réponses (1=féminin ; 2=masculin). Des interprétations similaires pourraient être faites pour les autres variables discrètes.

1.1.24 IV.2.2. Les facteurs d'adoption de la certification Rainforest Alliance

Plusieurs facteurs ont été mis en évidence à travers le modèle logit.

Tableau 8: Résultats de l'estimation du modèle

 

Paramètre

Estimation

Erreur Std.

Z

Sig.

Intervalle de confiance à 95 %

 

Limite inférieure

Limite supérieure

LOGIT

Age

-,001

,017

-,068

0,946

-,035

,033

Sexe

,109

,660

,165

0,869

-1,185

1,402

Nivetud

,697

,499

1,397

0,162

-,281

1,674

Accmarch

-1,605

,593

-2,705

0,007***

-2,768

-,442

Op

-,313

1,245

-,251

0,019**

-2,752

2,127

Sensib

-,341

,587

-,581

0,051**

-1,492

,809

Constante

0

5,423

13,965

,388

0,698

-8,542

19,388

1

-,167

1,833

-,091

0,927

-2,000

1,665

***: significatif à 1%; **: significatif à 5%; *: significatif à 10%; -2 log likelihood=Nagelkerke R2=0.536; Percentage of correct prediction=70.13%; Omnibus Test of Model Coefficients: ÷2=89.319***; Hosmer and Lemeshow Test: ÷2=8.271

Le tableau 8 montre les résultats du modèle Logit utilisé pour mesurer les déterminants de l'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao dans la zone d'étude. Le test d'Omnibus donne un coefficient ÷2=89.319 qui est significatif à 1% ce qui signifie que les coefficients du model pris dans l'ensemble sont significatifs. Le model a un bon pourcentage de prédiction (70.13%) et tous les coefficients des variables indépendantes ont les signes attendus. Le Nagelkerke R2indique 53,6% des changements dans la variable dépendante sont dues aux changements dans les variables indépendantes.

Les coefficients sont séparément interprétés pour chaque variable comme suit :

L'adoption de la certification n'est pas liée avec l'âge des exploitants car cette variable « âge » n'est pas significative. D'après les effets aux marges fournis par les résultats de nos estimations, la variation de la variable âge d'une unité se traduit par une tendance baissière à hauteur de 0.13 de la probabilité d'adoption de la certification Rainforest Alliance. Autrement dit, plus un agriculteurprend de l'âge moins il sera enclin à adopter la certification. En effet, le taux d'adoption le plus important est réalisé par les agriculteurs dont l'âge moyens est de 48,19 ans.son signe négatif indique néanmoins que, les jeunes producteurs sont plus à même d'adopter la certification que les vieux.

Le choix d'adopter la certification ne semble pas non plus être influencé par le « sexe ». En effet, bien que la culture du cacao comme toute culture de rente reste pratiquée par les hommes, les femmes s'intéressent de plus en plus aux cultures de rente, car elles se sont rendu compte qu'elles pouvaient aussi améliorer leur cadre de vie grâce à ces cultures sans pour autant dé laisser les cultures vivrières qui sont leurs priorités.

La modalité « nivetud »n'est pas significative. On s'attendait à ce qu'il existe une relation analogue entre l'adoption et le niveau d'instruction car le fait que l'exploitant ait reçu une éducation, l'amène à comprendre les avantages économiques liés à l'adoption des innovations. Cependant la cacaoculture reste encore une activité pratiquée majoritairement par des vieux et la plupart non pas traversé le niveau du CM2. Le niveau d'étude n'a donc aucun effet sur la décision d'adopter ou pas.

La variable « Accmarch » est significative. Son signe positif indique que les producteurs qui ont accès au marché sont plus à même à adopter la certification comparé à ceux qui n'y ont pas accès.En effet, conformément à sa significativité, la variable « Accmarch » revêt un effet marginal conséquent. En d'autres termes, la variation de cette variable,qui pourrait se traduire par un meilleur accès au marché ou le désenclavement progressif des zones rurales, augmente la probabilité d'adoption de la certification de 3.689. Ceci pourrait s'expliquer par Les opportunités crées par l'accès au marché, et les facilités de pouvoir écouler la production qui augmentent la propension des producteurs à adhérer à la certification.

La variable « Sensib » est significative et a un signe positif. Ceci s'explique par le fait que la plupart des producteurs ont généralement peur des nouvelles innovations et du risque qu'ils encourent à adopter cette dernière. De plus, d'après, les effets marginaux propres à la variable Sensib, il est loisible de constater que plus le niveau de sensibilisation varie à la hausse, plus la probabilité d'adoption de la certification pour un agriculteur connait une augmentation de 1.002. En effet, leur sensibilisation sur les bienfaits et les méthodes d'utilisation de cette technologie les amènent à comprendre et à lever cette crainte qu'ils ont vis-à-vis de cette nouvelle technologie.

La variable « OP » est significative et conforte le lien positif entre l'adoption et l'Organisation Paysanne. Il confirme le rôle positif des organisations de développement à la base dans l'incitation à adopter. Ce résultat est conforté par les effets marginaux issus de l'estimation de cette variable. La pratique d'association paysanne à la base en tant qu'arrangement institutionnel de réduction des coûts de transaction constitue un outil efficace d'amélioration des perspectives d'adoption des agents.

Il était question dans cette partie d'évaluer les déterminants d'adoption de la certification Rainforest Alliance par les petits producteurs de cacao autour de la Reserve de Biosphère du Dja. Il ressort grâce à l'utilisation d'un modèle économétrique de type logit que l'appartenance à une organisation paysanne, la sensibilisation et l'accès au marché sont les facteurs qui encouragent l'adoption de la certification par les producteurs autour de la Reserve. Ces résultats confirment donc notre hypothèse de départ relative à l'importance du rôle des organisations de développement, la sensibilisation et l'accès au marché à la base encourageant l'incitation à adopter.

CONCLUSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATION

L'objectif de notre recherche était de mieux appréhender les avantages liés à la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao à L'Est du Cameroun ainsi que l'examen des déterminants de son adoption. Plus spécifiquement, il s'agissait d'une part, d'évaluer l'impact socio-économique de la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao autour de la réserve du Dja ; et d'autre part, d'identifier les facteurs qui encouragent son adoption. Grâce à des enquêtes de terrain qualitatives, et quantitatives auprès de 100 producteurs parmi lesquels 44 sont à leurs deuxième année du processus de certification, Il ressort que la certification semble apporter une amélioration sur la production avec un rendement moyen de (249 kg/ha chez les certifiés contre 113 kg/ha) chez les non certifié ainsi que sur le prix. Mais tels n'est pas le cas sur l'environnement car L'impact visible ou pas de l'environnement nécessite d'attendre sans doute quelques années pour y avoir une idéeN'DAO, (2012).

Concernant les déterminants d'adoption de la certification par les cacaoculteurs autour du Dja, l'utilisation d'un modèle économétrique de type logit montre que l'appartenance à une organisation paysanne, la sensibilisation et l'accès au marché ont une influence positive sur l'adoption de la certification par les producteurs autour de la Reserve tan disque que l'âge et le sexe ne semblent pas avoir d'effet positif sur l'adoption de la certification.

Parmi les limites de ce travail, il faut souligner qu'il est avant tout exploratoire et qu'il ne nous a pas été possible dans le temps imparti de réaliser de réels mesures d'impacts grâce à des méthodes robustes et un bon contrefactuel. Il va falloir développer les enquêtes sur un échantillon beaucoup plus large et sur plusieurs années pour confirmer ou infirmer certain résultat.

Sur la base des résultats obtenus et au regard des objectifs de cette étude qui portaient d'une part sur l'analyse des avantages socioéconomiques de la certification Rainforest Alliance sur les producteurs de cacao, et d'autre part sur déterminants d'adoption de la certification, nous recommandons :

Ø Créer un environnement qui favorise l'implication des jeunes et des femmes dans la Culture du cacao ; il s'agit:

· Faciliter l'accès des jeunes et des femmes à des centres de formation agricole ;

· Faciliter l'accès des jeunes et des femmes aux micro-financements à travers des programmes comme le PIASI, PAJER-U etc ...

Ø Regrouper les producteurs au sein des coopératives agricoles afin de renforcer leur capacité sur la gouvernance des organisations, le marketing agricole et l'accès aux marchés.

Ø Sensibiliser les producteurs sur les bienfaits économiques, sociaux et environnementaux de la certification.

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ANNEXES

Annexe 1 : questionnaire

FICHE D'ENQUÊTES

QUESTIONNAIRE DES PRODUCTEURS

INFORMATIONS GÉNÉRALES

Numéro de l'enquêté

 

Village

 

Age

 

Sexe

 

Nombre d'enfants

 

Diplôme le plus élevé

 

Date d'arrivée dans le village

 

Ethnie

 

Nationalité

 

Numéro de téléphone

 

Principale production de la plantation

 

INFORMATIONS SUR LA PLANTATION

Numéro

Questions

Réponses et codes

1

Qualité de l'exploitant

1. Propriétaire

2. Occupant

3. Autre

2

Main d'ouvre (mentionner le chiffre)

1. Familiale

2. Travailleurs temporaires

3. Travailleurs en CDI

4. Autre

3

Superficie totale de la plantation

 

ASPECT ORGANISATIONNEL

numéro

Questions

Réponses et codes

4

Êtes-vous membre d'une coopérative certifiée Rainforest alliance ?

 

5

Quel est le nom de cette coopérative ?

 

6

Quelle est sa date de création ?

 

7

Quelle est la date d'adoption de la certification dans votre coopérative ?

 

8

Depuis quand commencez-vous à cultiver le cacao ?

 

9

Pourquoi cette année ?

 

10

Quelle est l'année de votre adhésion à cette coopérative ?

 

11

Quelles sont les conditions d'adhésion ?

 

12

Y'a-t-il des couts liés à l'adhésion ?

 

13

Combien ?

 

14

Êtes-vous satisfait de votre coopérative ?

 

15

Pourquoi ?

 

16

Qui sont les principaux acheteurs de cacao certifié (statuts et noms) ?

 

LE SYSTÈME DE PRODUCTION

Numéro

Question

Réponse

24

Quelle est la superficie totale de votre plantation de cacao ?

 

25

Avez-vous des parcelles qui ne sont pas certifiées ?

 

26

Pourquoi ?

 

27

Quelle est la superficie de la plantation de cacao certifiée ?

 

28

Comment appréciez-vous son évolution depuis la certification ?

 

29

Depuis combien de temps possédez-vous ces terres ?

 

30

Comment s'est faite l'acquisition de ces terres ?

 

31

Quelle est la production de votre exploitation à l'hectare ?

 

32

Quelle est la production non certifiée à l'hectare ?

 

33

Si vous avez des plantations certifiées et non certifiées sur lesquelles avez-vous la meilleure production ?

 

34

S'il existe une différence est-ce lié à l'âge ou à la certification ?

 

35

Comment appréciez-vous son évolution depuis la certification ?

 

36

Listez les changements de pratiques agricoles liés à la certification

 

37

Lesquelles sont plus importantes pour la certification ?

 

38

Y'a-t-il des trous d'ordures dans votre cour ?

 

39

Faites-vous du compostage de cabosses dans votre plantation ?

 

40

Avez-vous les 18 arbres par hectare recommandés ?

 

41

Avec la certification comment a évolué l'activité de production en termes de conditions de travail ?

 

42

Quel est le nombre de tige moye par plantation de cacao ?

 

43

Combien dépensez-vous pour respecter ces normes ?

 

44

Combien de jours de travail environs pour respecter ces normes ?

 

45

La certification introduit-elle un cout supplémentaire supporté par vous ?

 

46

Quelle est la superficie totale de votre exploitation ?

 

ASPECT SOCIAL ET ÉCONOMIQUE

Numéro

Questions

Réponses

47

Quel avantage tirez-vous de votre appartenance à la coopérative ?

 

48

Comment appréciez-vous les revenus tirés de la vente de la production depuis la certification ?

 

49

Pensez-vous que vos revenus peuvent désormais faciliter l'accès à l'éducation de vos enfants ?

 

50

Et l'accès à la santé de la famille ?

 

51

Avez-vous observé des changements sur le plan de l'éducation depuis l'adoption de la certification ?

 

52

Lesquels ?

 

53

Avez-vous observé des changements sur le plan de l'emploi depuis l'adoption de la certification ?

 

54

Expliquez

 

55

Avez-vous remarqué des problèmes de foncier depuis l'adoption de ces normes ?

 

56

L'adoption de ces normes nécessite-t-elle une formation des planteurs ?

 

57

Sur quels éléments ?

 

58

Les enfants des travailleurs ont t'ils accès à l'éducation ?

 

59

Les mineurs de 12 à 14 ans de la famille participent t'ils ?

 

60

La participation à des travaux interfère-t-elle sur leur éducation ?

 

61

Ou disposez-vous de vos produits phytosanitaires ?

 

62

A combien vous revient le kilogramme de cacao certifié ?

 

63

A combien vous revient le kilogramme de cacao non certifié ?

 

64

Quelle est la principale source de votre revenu ?

 

65

Quel est votre revenu moyen annuel ?

1. Entre 0 et 50000

2. Entre 50000 et 100000

3. 100000 et plus

ENVIRONNEMENT

numéro

Questions

Réponse et code

66

Avez-vous constatez des changements sur le plan environnemental dans la localité depuis la certification ?

 

67

Expliquez

 

68

Quelles sont les pratiques culturales que vous adoptez pour améliorer l'environnement ?

 

69

Qui vous conseille de telles pratiques ?

 

70

Comment gérez-vous vos déchets ?

 

71

Quelles méthodes utilisez-vous pour protéger les sols ?

 

72

Ou versez-vous vos eaux usées ?

 

73

Existe-t-il une zone tampon entre l'exploitation et les écosystèmes aquatiques ? ou entre l'exploitation et les zones d'activité humaine ?

 

74

Avez-vous observé des changements au niveau du climat ces derniers temps ?

 

75

A quoi sont dus ces changements selon vous ?

 

Annexe 2 : Remarques

Remarques

Résultat obtenu

 

Commentaires

 

Entrée

Ensemble de données actif

Ensemble_de_données3

Filtrer

<aucune>

Poids

<aucune>

Scinder fichier

<aucune>

N de lignes dans le fichier de travail

43

Gestion des valeurs manquantes

Définition des valeurs manquantes

Les valeurs manquantes définies par l'utilisateur sont considérées comme manquantes.

Observations utilisées

Les statistiques sont basées sur toutes les observations possédant des données valides pour toutes les variables du modèle.

Syntaxe

PROBIT Adoption OF Superf BY Format(0 1) WITH Age SexeNivetudAccmarch Op Sensib

/LOG NONE

/MODEL LOGIT

/PRINT FREQ

/CRITERIA ITERATE(20) STEPLIMIT(.1).

Ressources

Temps de processeur

00:00:00,08

Temps écoulé

00:00:00,09

[Ensemble_de_données3]

Annexe 3 : Informations sur les données et informations de convergence

Informations sur les données

 

Effectif

Valide

36

Rejeté

Hors limite

0

Manquant

7

Nombre de réponses > Nombre de sujets

0

Groupe de contrôle

22

Format

0

1

1

35

Informations de convergence

 

Nombre d'itérations

Solution optimale trouvée

LOGIT

20

Non

Annexe 4: Effets marginaux et estimations des paramètres

A= Effets aux margesSig= SignificativitéExp(B)= magnitudeddl= Degré de liberté

Effets marginaux et estimation des paramètres

 

A

E.S.

Wald

ddl

Sig.

Exp(A)

LOGIT

Age

-,013

,068

,041

1

,946

,986

Sexe

,081

,602

2 ,252

1

,869

1,906

Nivetud

-,076

,045

2,107

1

,162

1,801

Accmarch

3,689

1,987

,863

1

,007

1,002

Op

2,951

1,361

3,173

1

,019

1,192

Sensib

1,002

1,367

3,118

1

,051

1,283

Constante

2,485

0,536

,793

1

,927

,872

Variable(s) : Age, Sexe, Nivetud, Accmarch, Superf, Sensib.

Annexe 5 : Tests de Khi - deux

Tests du Khi-deux

 

Khi-deux

ddl

Sig.

LOGIT

Test de la qualité d'ajustement de Pearson

21,754

28

,453

Annexe 6 : Effectifs et résidus

Effectifs et résidus

 

Nombre

Format

Age

Sexe

Nivetud

Accmarch

Op

Sensib

Nombre de sujets

Réponses observées

Réponses attendues

Résidu

Probabilité

LOGIT

1

0

60,000

1,000

2,000

1,000

,000

,000

1

1

,995

,005

,995

2

1

52,000

2,000

2,000

,000

1,000

1,000

1

1

,674

,326

,674

3

1

38,000

2,000

2,000

1,000

1,000

,000

2

0

,746

-,746

,373

4

1

40,000

1,000

3,000

1,000

1,000

,000

2

1

1,033

-,033

,517

5

1

72,000

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

2

0

,308

-,308

,154

6

1

51,000

1,000

1,000

,000

1,000

1,000

1

1

,481

,519

,481

7

1

71,000

2,000

1,000

,000

1,000

1,000

1

1

,502

,498

,502

8

1

45,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

3

1

,820

,180

,273

9

1

58,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

7

1

1,893

-,893

,270

10

1

33,000

2,000

2,000

1,000

1,000

1,000

1

1

,299

,701

,299

11

1

51,000

2,000

3,000

1,000

1,000

1,000

4

1

1,822

-,822

,455

12

1

45,000

1,000

2,000

1,000

1,000

,000

2

1

,692

,308

,346

13

1

52,000

1,000

1,000

1,000

,000

1,000

5

1

1,014

-,014

,203

14

1

60,000

1,000

3,000

1,000

1,000

1,000

2

1

,852

,148

,426

15

1

60,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

2

1

1,296

-,296

,648

16

1

55,000

1,000

3,000

1,000

1,000

1,000

1

1

,427

,573

,427

17

1

76,000

1,000

2,000

1,000

1,000

,000

3

1

1,014

-,014

,338

18

1

55,000

1,000

1,000

1,000

1,000

1,000

12

1

1,876

-,876

,156

19

1

46,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

1

1

,273

,727

,273

20

1

23,000

1,000

2,000

1,000

1,000

,000

2

1

,704

,296

,352

21

1

47,000

2,000

2,000

,000

1,000

1,000

2

1

1,351

-,351

,676

22

1

52,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

2

1

,544

,456

,272

23

1

25,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

2

1

1,315

-,315

,657

24

1

62,000

2,000

2,000

1,000

1,000

1,000

2

1

,583

,417

,291

25

1

60,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

1

1

,648

,352

,648

26

1

29,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

8

1

2,218

-1,218

,277

27

1

55,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

4

1

1,085

-,085

,271

28

1

52,000

1,000

2,000

,000

1,000

,000

2

1

1,447

-,447

,723

29

1

34,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

2

1

,552

,448

,276

30

1

40,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

1

1

,653

,347

,653

31

1

49,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

5

1

1,363

-,363

,273

32

1

73,000

1,000

2,000

1,000

1,000

,000

3

1

1,016

-,016

,339

33

1

67,000

1,000

2,000

1,000

1,000

1,000

2

1

,537

,463

,268

34

1

42,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

3

1

1,958

-,958

,653

35

1

26,000

1,000

2,000

1,000

1,000

,000

1

1

,351

,649

,351

36

1

25,000

1,000

2,000

,000

1,000

1,000

1

1

,657

,343

,657

TABLE DES MATIÈRES

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT ii

DÉDICACES iii

REMERCIEMENTS iv

LISTE DES TABLEAUX v

LISTE DES FIGURES vi

RÉSUME vii

ABSTRACT viii

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

1. Contexte de l'étude 1

2. Problématique 4

3. Objectifs de recherche 6

4. Hypothèses de recherche 6

5. Importance de l'étude 6

6. Organisation du travail 7

PREMIÈRE PARTIE : 8

ÉVALUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE SUR LES PRODUCTEURS DE CACAO AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA 8

CHAPITRE I : 9

ANALYSE THÉORIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION 9

I.1. IMPACT DE LA CERTIFICATION : ÉLÉMENTS THÉORIQUES 9

I.1.1. Définitions et présentation de quelques concepts 9

I.1.2. Approches théoriques et méthodes d'estimation d'évaluation d'impacts 13

I.2. IMPACTS DE LA CERTIFICATION : REVUE DE LA LITTÉRATURE 22

I.2.1. Impact économique de la certification 22

I.2.2. Impact Social et Environnemental de la certification 25

CHAPITRE II : 28

ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DE LA CERTIFICATION AUTOUR DE LA RESERVE DU DJA 28

II.1. MÉTHODOLOGIE DE COLLECTE ET D'ANALYSE DE DONNÉES 28

II.1.1. Présentation de la zone d'étude 28

II.1.2. Processus de collecte et d'analyse des données : 31

II.2. IMPACT ÉCONOMIQUE, SOCIAL, ET ENVIRONNEMENTAL DE LA CERTIFICATION RAINFOREST 36

II.2.1. Impact économique de la certification Rainforest Alliance 36

II.2.2. Impact social et environnemental 41

DEUXIÈME PARTIE : 45

ANALYSE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE 45

CHAPITRE III : 46

ANALYSE THÉORIQUE DES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES 46

III.1. ANALYSE THEORIQUES DE L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES 46

III.1.1. Définition de quelques concepts 46

III.1.2. Les modèles d'adoption et de diffusion des innovations 47

III.2. L'ADOPTION DES INNOVATIONS AGRICOLES : REVUE DE LA LITTÉRATURE 53

III.2.1. Déterminants endogènes et exogènes 53

III.2.2. Déterminants inobservables de l'adoption : perceptions et préférences 56

CHAPITRE IV : 58

LES DÉTERMINANTS DE L'ADOPTION DE LA CERTIFICATION RAINFOREST ALLIANCE 58

IV.1. CADRE MÉTHODOLOGIQUE 58

IV.1.1. Spécification du modèle Logit dichotomique 58

IV.1.2. Définition des variables et effet théorique attendu 60

IV.2. RÉSULTATS ET ANALYSES 62

IV.2.1. Caractéristiques descriptive des cacaoculteurs autour de la réserve du Dja 62

IV.2.2. Les facteurs d'adoption de la certification Rainforest Alliance 63

CONCLUSION GÉNÉRALE ET RECOMMANDATION 66

RECOMMANDATIONS 67

BIBLIOGRAPHIE 68

ANNEXES 73

TABLE DES MATIERES 78

* 1 L'Agence belge de développement est l'Agence d'exécution de coopération au développement bilatérale belge. C'est une société anonyme de droit public à finalité sociale dont les relations avec l'Etat fédéral sont définies dans un contrat de gestion. La CTB met en oeuvre et fait le suivi des programmes conçus par la DGD ; mais aussi des programmes appartenant à d'autres institutions (par exemple : UE).

* 2La FAO définit les bonnes pratiques agricoles (BPA) comme des pratiques qui «abordent la durabilité environnementale, économique et sociale des processus au niveau des exploitations agricoles et qui se traduisent par des produits agricoles alimentaires et non alimentaires sains et de qualité ". Exemple : l'utilisation raisonnée des produits phytosanitaires, la récolte sanitaire etc.....

* 3http://www.lawperationnel.com/EncyclopedieJur/Certification.html, Consulté le 19/04/2016

* 4 http://www.qualiteonline.com/definition-67-certification.html consulté le 19/04/2016

* 5La Table ronde pour une économie cacaoyère durable (RSCE) est une initiative de dialogue et de développement durable entre tous les acteurs de l'économie du cacao : les producteurs de cacao et des coopératives, négociants, exportateurs, transformateurs, fabricants de chocolat, les grossistes, les organisations gouvernementales et non gouvernementales, les institutions financières ainsi que les organismes donateurs.

* 6Norme NF X60-500 Octobre 1988 Terminologie relative à la fiabilité - Maintenabilité - Disponibilité

* 7 http://www.ekitinfo.org/infos/lexique/lexique

* 8https://fr.wikipedia.org/wiki/Norme_et_standard_techniques#Standard

* 9AverageTreatmentEffect. Terme utilisé en Anglais

* 10 Le producteur peut décider d'utiliser ou non l'innovation






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote