IV.1.3. Accomplissement des
missions de la CIRGL en RDC
A propos de l'accomplissement desa mission, 73,3%
d'enquêtés affirment que la CIRGL ne l'accomplit pas. Ils partent
d'un certain nombre de faits et événements parfois
élémentaires mais déterminants pour appréhender
l'inaction de la CIRGL en RDC. Selon eux, les différents sommets,
conférences et rencontres interministérielles organisées
par la CIRGL, consacrés à la résolution de
l'insécurité à l'Est de la RDC n'ont pas donné le
résultat escompté.
Pourtant, les Etats s'étaient engagés à
renoncer à la menace ou à l'emploi de la force comme politique ou
moyen visant à régler les différends, s'abstenir de
soutenir des groupes armés et insurgés sur le territoire d'un
Etat membre et de coopérer à tous les niveaux en vue du
désarmement et du démantèlement des groupes armés
existants. On voit que lors de la résolution de la rébellion du
M23 par exemple, les accords de coopération judiciaire et d'extradition
avec les pays de la CIRGL peinaient à être exécutés.
A la surprise générale, le Rwanda avait refusé d'extrader
Laurent Nkunda en RDC pour qu'il y soit jugé pour les crimes commis
à l'Est de la RDC. S'agissant de la coopération à tous les
niveaux pour démanteler ces groupes rebelles à l'Est de la RDC,
les opérations mixtes que la RDC avait menées avec certains pays
membres de la CIRGL avaient été un échec patent.
En outre, la CIRGL n'accomplit pas ses missions en RDC
à cause d'un certain nombre d'obstacles dont le premier est d'ordre
politique. Celui-ci serait lié au manque de volonté politique de
la part des chefs d'Etat et des officiels chargés de la mise en oeuvre
des engagements contenus dans le pacte. Le deuxième obstacle est d'ordre
financier, c'est-à-dire le manque des moyens financiers pour soutenir
les activités de la CIRGL. Le troisième obstacle est d'ordre
économique. Il est lié à la divergence des
intérêts économiques entre les Etats membres de la CIRGL.
Ce qui fait que certains pays des grands lacs sont à la recherche
effrénée de profit et sont impliqués dans le négoce
illicite de ressources naturelles qui alimentent le conflit à l'Est de
la RDC.
En dépit de ce bilan négatif de la CIRGL en RDC,
une frange des enquêtés reconnaissent quand même quelques
avancéesgrâce à la CIRGL.Pour eux, la CIRGL a
déjà condamné la subversion, l'ingérence,
l'agression et le parrainage des groupes armés en RDC par certains de
ses Etats membres. Ce qui fait qu'actuellement, on ne voit plus d'agressions
clairement affichées. On voit aussi un léger rapprochement entre
la RDC et certains pays de la sous-région impliqués jadis dans la
guerre du Congo, un semblant de coopération et plusieurs
démarches communes entre la RDC et le Rwanda ont été
entreprises notamment Amani 1 et 2, Kimia 1et 2.
Dans ses efforts pour restaurer la paix et la
sécurité à l'Est de la RDC, la CIRGL a mis en place des
organes spécialisés. Il s'agitdu Centre Conjoint de Fusion de
Renseignement, CCFR en sigle, basé à Goma, réunissant les
chefs de renseignement de douze pays membres de la CIRGL dont la mission est de
récolter les renseignements sur le mode opératoire des groupes
armés qui créent l'insécurité dans la
sous-région (FDLR, ADF, LRA, FNL, Maï-Maï, etc.), les analyser
et les partager avec les gouvernements des douze pays membres afin d'agir
efficacement contre ces groupes armés. Il s'agit aussi du
Mécanisme Conjoint de Vérification Elargie, MCVE en sigle,
basé également à Goma qui a pour mission de
vérifier les allégations en rapport avec le mouvement des forces
négatives dans la sous-région, régler les conflits dans
les zones frontalières, etc.
Ainsi pensent cette frange d'enquêtés,
grâce à ses efforts, la CIRGL s'est efforcée d'identifier
les poches d'insécurité partout à l'Est de la RDC et les
motivations de ces groupes armés. Après analyse, il est vite
apparu que l'objectif de tous les groupes armés présents à
l'Est de la RDC n'est nullement celui de venir renverser l'autorité
étatique établit à Kinshasa. Ils se sont
érigés en rébellion pour contrôler certaines mines,
c'est-à-dire, leur objectif est économique et non politique comme
ce fut le cas par exemple avec l'AFDL. Partout où ils sont, le constat
c'est qu'il y a soit une mine d'or, soit une mine de Coltan.
La CIRGL avait déjà élaboré le
protocole sur la lutte contre l'exploitation illégale des ressources
naturelles. Pour la mise en oeuvre de ce protocole, la CIRGL a lancé
l'Initiative Régionale contre l'exploitation illégale des
Ressources Naturelles (IRRN).
L'IRRN comprend six outils notamment la certification. Par la
certification, la CIRGL avait identifié trois minerais faisant partie
des minerais des conflits constituant les visées de tous les groupes
rebelles. Il s'agit de Colombo-Tantalite qui, ensemble forment le Coltan et
l'Or. Ayant compris que ces minerais sont à la base des conflits et que
ces groupes armés les faisaient passer par le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, il s'est avéré nécessaire la certification entant
qu'outil de l'IRRN. Elle consiste à retracer l'origine des minerais
depuis son lieu d'extraction, son trajet jusqu'à la vente en Occident.
La CIRGL délivre ainsi un certificat pour chaque minerai (Coltan-Or) qui
quitte l'Est de la RDC. Le but c'est de contrôler et d'endiguer les
groupes armés de tel en sorte que les minerais de l'Est de la RDC ne
soient plus source d'insécurité.
Pour ces enquêtés, l'IRRN a certes
contribué à atténuer l'ampleur de
l'insécurité à l'Est de la RDC ; mais au niveau du
pays, déplorent-ils, il y a eu beaucoup de faiblesses liées au
manque de sérieux et de patriotisme de la part des autorités
congolaises. Car dans la plupart de cas, la CIRGL s'est finalement rendu compte
que les minerais qui quittaient frauduleusement l'Est de la RDC vers le Rwanda,
l'Ouganda et le Burundi étaient facilités soit, par une
autorité politique congolaise, soit par une autorité militaire.
Du coup, la CIRGL ne peut cependant endiguer, sans la détermination de
la RDC, l'exploitation illégale qui est la vraie source de
l'insécurité.
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