UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET
POLITIQUES
DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
APPARTENANCE DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC) A LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA REGION DES
GRANDS LACS (CIRGL) :
Atout ou obstacle pour son
émergence ?
Par
BILOKO DUHANEL Charles
Gradué en Sociologie
Travail de fin d'études présenté
et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en
Sociologie
Directeur : EBWEME YONZABA
Jacques
Professeur associé
Encadreur : MAMBUNGU MUNDELE
Richard
Chef de travaux
ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020
IN MEMORIAM
A mon defunt pere BILOKO BEKUBE Celestin qui a su investir
dans notre education sans pour autant beneficier les fruits de ses efforts.
Ce travail est la concretisation de la vision que tu as
longtemps portee pour moi.
Repose en paix !
DEDICACE
A notre mere Charlotte SAY, pour son indefectible et
inconditionnel amour, son soutien et son abnegation qui ont permis ce
resultat.
BILOKO DUHANEL Charles
REMERCIEMENTS
Les exigences d'un travail scientifique vont très
souvent au-delà de seules capacités de l'étudiant. Il
serait hypocrite pour nous de débuter cette page sans exprimer notre
gratitude à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont
contribué à l'aboutissement heureux de ce travail.
Nous voudrions tout d'abord exprimer notre gratitude aux corps
académiques et scientifiques de la faculté des Sciences Sociales,
Administratives et Politiques, et du département de Sociologie pour la
qualité de la formation que nous avons reçue tout au long de
notre cursus académique.
Nous exprimons ensuite notre gratitude au professeur Jacques
EBWEME YONZABA qui, en dépit de ses multiples occupations, a
accepté de diriger, étape par étape, ce travail ; de
guider nos premiers pas dans ce nouveau domaine qui nous paraissait
compliqué : la sociologie des relations internationales ; et
de nous avoir prêté la majeure partie de la documentation
nécessaire pour l'élaboration et la rédaction de ce
travail. Qu'il trouve dans ces lignes l'expression de notre reconnaissance.
Nous tenons également à remercier le chef de
travaux Richard MAMBUNGU MUNDELE pour avoir supporté nos insuffisances
et recadré nos éloignements du cheminement discursif
arrêté par le comité d'encadrement.
Sensible, cette étude l'est. Nous ne l'aurions
terminée, si la Coordination Nationale de la Conférence
Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) République
Démocratique du Congo (RDC) ne nous avait pas accordé sa
collaboration. Nous pensons ici à M. Baudouin HAMULI, coordonnateur
national honoraire et M. Crispin ABEDI, directeur adjoint de la coordination
nationale de la CIRGL/RDC. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
A nos soeurs Moussa, Roline, Solange, Ornella, Aimée,
et notre jeune frère Abdon Ronsard BILOKO. Ainsi que nos neveux et
cousins, Vildrac, Josias, Japhet, Mputu, Charpetit, Brenlock, que ce travail
serve d'exemple à la jeunesse de notre grande famille.
A nos condisciples et amis Charles BELOKO, Crispin OKITOKONDA,
Vanessa FALESIFA, Fany NZUZI, Fany PEMBE, Merveille BANYELE, Fiston KIZINGA,
Alain OTSHINGA, Innocent Lumumba..., avec qui nous avons connu les dures
réalités académiques, que ce mémoire soit
considéré comme le couronnement de nos efforts.
BILOKO DUHANEL Charles
Enfin, que tous ceux qui n'ont pas été
cités à travers ces quelques lignes de remerciements ne soient
pas frustrés ; qu'ils soient plutôt rassurés qu'au
fond de coeur, nous gardons un sentiment de reconnaissance envers-eux.
LISTE DES ABRÉVIATIONS,
SIGLES ET ACRONYMES
ADF : Allied Democratic Forces (Forces
démocratiques alliées)
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération
CCFR : Centre Conjoint de Fusion de Renseignement
CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands
Lacs
CIRGL : Conférence Internationale sur la
Région des Grands Lacs
CNDP : Congrès National pour la Défense du
Peuple.
CPN : Comité Préparatoire National
CRIIC : Centre de Recherche Indépendant et
Interdisciplinaire Congolais
FARDC : Forces Armées de la République
Démocratique du Congo
FDLR : Forces Démocratiques de Libération
du Rwanda
GEC : Groupe d'études sur le Congo
IRRN : Initiative Régionale de lutte contre
l'exploitation des Ressources Naturelles
LRA : Lord's ResistanceArmy (Armée de
résistance du Seigneur)
M23 : Mouvement du 23 Mars
MCR : Mécanisme de Certificat Régional de
la CIRGL
MCVE : Mécanisme Conjoint de Vérification
Elargie
MDO : Méthode de dissimilation des objectifs
NALU: National Army of Liberation of Uganda
ONU : Organisation des Nations Unies
RCD : Rassemblement Congolais pour la démocratie
SADC : SouthernAfricaDeveloppementCommunity
(Communauté de
Développement de l'Afrique australe).
TLSP : Théorie de la lutte pour la survie
politique
UA : Union Africaine
UMA : Union du Maghreb Arabe
INTRODUCTION
01.
CONTEXTE DE L'ETUDE
« Appartenance de la République
Démocratique du Congo (RDC) à la Conférence Internationale
sur la Région des Grands Lacs, CIRGL en sigle : Atout ou obstacle
pour son émergence», tel est le sujet sur lequel porte notre
mémoire de licence en sociologie.
En effet, la problématique de l'émergence de la
RDC dans le contexte actuel qui est celui justement de l'instabilité
politico-économique, et surtout de l'insécurité devenue
récurrente sur la quasi-totalité du territoire national et
principalement à l'Est du pays ne peut laisser indifférent les
chercheurs en général. A vrai dire, l'insécurité a
cessé d'être une question de politique intérieure, elle est
devenue une question de politique internationale, avec plusieurs enjeux au
niveau sous-régional, régional et international.
Visiblement, les Etats qui constituent actuellement la CIRGL
ont connu chacun une période d'instabilité à la fois
politique, économique et sécuritaire au cours de deux
dernières décennies. Cette situation a eu des
répercussions plus au moins considérables sur toute la
sous-région des grands lacs africains dont les stigmates sont encore
manifestes.
C'est dans cette perspective d'éradication des maux qui
rongent cette partie de l'Afrique que les chefs d'Etat de la sous-région
des grands lacs s'étaient engagés à travailler
mutuellement pour éradiquer cette insécurité, engagements
ayant conduit à la signature d'un pacte sur la sécurité,
la stabilité et le développement sur cette sous-région,
lequel a conduit à son tour à la création de la CIRGL.
Cependant, plus d'une décennie après ces engagements, le constat
s'avère inquiétant. En dépit de la création de la
CIRGL comme cadre qui faciliterait la paix, la stabilité, la
cohésion et développement de la sous-région, le constat
est que la CIRGL a montré ses limites au regard de ses objectifs. Elle
est restée inactive, pour ne pas dire indifférente, face à
la situation sécuritaire sur le sol congolais. C'est qui nous a
incités à comprendre si l'appartenance de la RDC à la
CIRGL est un atout ou un obstacle pour son émergence.
02. PROBLEMATIQUE
Traiter de l'appartenance de la RDC à la CIRGL apparait
dans un premier temps comme une thématique récente en
sociologie ; non seulement à cause de l'apparition récemment
de cette organisation sous-régionale mais surtout, parce que plusieurs
sociologues considèrent très souvent les relations
interétatiques comme étant l'apanage exclusif des chercheurs en
relations internationales. Du coup, ils ignorent que les relations
internationales sont avant tout des faits sociaux, et ne peuvent à cet
effet, échapper aux lunettes sociologiques. C'est ici que ressort,
rappelons-le, la pertinence d'une sociologie des relations internationales
(comme sous branche de la sociologie) qui s'occupe des rapports
extérieurs entre Etats et/ou avec les organisations
intergouvernementales1(*).
Dans le contexte actuel, parler de l'appartenance de la RDC
à la CIRGL renvoi au préalable à revisiter quelques
situations cruciales et conflits ayant caractérisé cette
sous-région. La décennie 1990 a apporté une vague de
transformation dans la sous-région des grands lacs. C'est, en effet,
pendant cette décennie qu'ont eu lieu entre autres le génocide au
Rwanda en 1994, les conflits interethniques et la guerre civile au Burundi, la
guerre en RDC où plusieurs Etats Africains se sont affrontés, les
turbulences politiques au Congo-Brazzaville, les rébellions de la LRA en
Ouganda, etc. Les conséquences de ces conflits sur le
développement de cette sous-région ont été
sévères en termes de sécurité, de progrès
technologique et de la croissance économique2(*). Tous ces éléments
dictaient déjà l'impératif de l'élargissement
géographique du cadre de recherche de la paix et de la stabilité
sous-régionale.
Certes, les Onze Etats membres de la CIRGL sont
liés soit directement, soit indirectement par voisinage avec les pays
concernés par les graves conflits qui ont secoué la
sous-région depuis une certaine période. Ayant été
victimes de tous ces conflits, il s'avère que ces pays dans leur
globalité partagent à ce jour plusieurs défis : la
sécurité collective face aux groupes armés et milices,
l'insécurité alimentaire des populations, les conflits
interethniques entre les populations de la sous-région qui peinent
à vivre ensemble etc.
Ainsi, conscients de tous ces maux qui rongent la
stabilité sous-régionale et s'étant également rendu
compte des ressemblances des défis auxquels font-ils face, les Etats de
la sous-région se sont associés pour tenter de trouver des
solutions communes à ces problèmes désormais communs dans
un cadre plus approprié qui est la CIRGL. Les Etats concernés en
premier lieu par la recherche des solutions à la crise des grands lacs
étaient au départ le Burundi, le Rwanda, la RDC et l'Ouganda.
Mais il est vite apparu que la paix et le développement dans cette
sous-région dépendaient en grande partie de la RDC comme Etat
central et moteur économique de l'intégration
sous-régionale. Aussi, comme la pièce centrale de la
région, la RDC a une position géopolitique qui lui confère
un rôle primordial pour la réussite de la
conférence3(*).
Raison pour laquelle les conditions prévalant dans tous ces pays voisins
notamment le Congo, le Soudan, l'Angola et la RCA avaient tout autant de
l'influence sur sa stabilité. Il est apparu nécessaire que la
situation congolaise soit abordée comme un cas particulier.
Comment pouvait-on arriver, s'interroge Mwilanya
Wilondja4(*) à
traiter efficacement ces crises dans une perspective sous-régionale de
manière à intégrer d'une part, les dimensions aussi bien
internes aux Etats qu'externes ; et d'autre part, à parvenir
à une paix durable et globale, préalable à
l'intégration économique de la sous-région ? C'est
dans ce contexte que la Conférence Internationale sur la Région
des Grands Lacs est apparue à la fois comme cadre idéal
d'organisation de la sécurité collective en Afrique des grands
lacs; cadre de réconciliation des Etats de la sous-région des
grands lacs impliqués dans la guerre en RDC ; et enfin, comme
cadre d'examen et de solution de tous les problèmes de la
sous-région, qu'ils soient économiques, politiques, sociaux...
Dans cette même perspective, les chefs d'Etat
s'étaient engagés entre autres à fonder les relations de
leurs Etats sur le respect du principe de souveraineté nationale, le
principe d'intégrité territoriale, le principe de
non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats
membres, le principe de non-agression et de règlement pacifique des
différends5(*). Ils
engageaient également les Etats parties, de manière solennelle et
non équivoque à renoncer à la menace ou à l'emploi
de la force comme politique, moyen ou instrument visant à régler
les différends ou litiges, s'abstenir d'envoyer ou de soutenir des
oppositions armées ou des groupes armés ou insurgés sur le
territoire d'un autre Etat membre, coopérer à tous les niveaux en
vue du désarmement et du démantèlement des groupes
rebelles armés existants.
En principe, la CIRGL se présente dans cette
perspective comme une opportunité de renaissance de cette partie de
l'Afrique longtemps engouffrée dans de multiples conflits
transnationaux, et surtout, comme un atout pertinent à travers lequel la
RDC devrait, du moins, renforcer ses liens avec les pays belligérants
impliqués dans la situation sécuritaire dans sa partie orientale.
Aussi, ajoute Toni Jiménez Luque, les pays des grands lacs sont tous
impliqués dans l'instabilité qui prévaut dans cette
sous-région et chacun de ces pays a ses propres conflits internes au
niveau politique, avec des guérillas à l'intérieur du
pays, des économies instables et des niveaux d'injustice qui font que
l'instabilité nationale qu'ils présentent s'étend sur
toute la sous-région. Ces pays ont tous traversé une
période de paix fragile qu'ils avaient tous intérêt
à consolider leurs relations et leurs efforts en vue d'éradiquer
ces problèmes à travers la Conférence Internationale sur
la Région des Grands Lacs6(*).
Cependant, plus d'une décennie après la
ratification par la RDC du texte (pacte de la CIRGL), nous nous interrogeons,
à juste titre, sur les implications de cette organisation comme
étant l'organe de régulation des différends dans la
sous-région et à l'Est de la RDC, et la concrétisation des
résolutions contenues dans son pacte. Car en dépit de ces
engagements qui, au départ paraissaient comme un atout qu'il faudrait
absolument consolider peu importe les écueils, la situation
sécuritaire en RDC, plus précisément dans sa partie
orientale ne fait que s'empirer au fil des années. Elle traverse depuis
plus d'une décennie une longue période d'insécurité
faisant obstruction à son émergence que plus d'un observateur
attribut à juste titre à ses voisins et frères de la
CIRGL, allant jusqu'évoquer les tentatives de balkanisation de cette
partie du Congo.
Force est de constater que les Etats qui, au départ
s'étaient engagés solennellement à éradiquer
l'insécurité dans la sous-région toute entière afin
de booster son émergence se retrouvent au coeur de
l'insécurité, ou tout simplement, créent
l'instabilité en RDC.
Dans ce sens, on note que la plupart des groupes armés
et autres milices, à l'instar des ADF-Nalu, les FDLR, M23 etc. actifs en
RDC depuis plusieurs années, sont d'origines étrangères.
Les ADF-NALU, nées au milieu des années 1990 de la fusion de deux
groupes armés opposés au président Ougandais Yoweri
Museveni7(*) au pouvoir
depuis 1986 sont, à la surprise générale, plus actifs en
RDC qu'en Ouganda. Les FDLR ayant une connotation purement Rwandaise,
créées en Juillet 2000 dont la branche politique est
essentiellement en Europe, la branche militaire est, contre toute attente,
plus active dans le Maniema, au Nord et Sud-Kivu créant à cet
effet la psychose dans ces provinces et causant des exactions de toutes sortes.
Tout compte fait, la CIRGL créée dans un
contexte particulier, avec des missions clairement définies est à
ce jour débordée par les dynamiques actuelles entre les Etats qui
la composent, caractérisés tous par une certaine
velléité vis-à-vis du pacte et finissent par de
récrimination, foulant ainsi aux pieds les résolutions contenues
dans le pacte. Déborder par les événements, les conflits
internes et surtout l'insécurité grandissante sur le territoire
congolais, la CIRGL baigne et stagne dans le laxisme, se montrant de plus en
plus inactive et transigeant vis-à-vis des autres Etats membres
impliqués dans l'insécurité en RDC.
Un cas concret pour justifier ce laxisme, c'est le
récent différend frontalier entre la RDC et la Zambie. Alors que
deux de ses Etats membres sont confrontés à un conflit frontalier
manifesté par la présence des militaires zambiens sur le sol
congolais ; une situation qui va d'abord à l'encontre du pacte et
viole les engagements pris par les chefs d'Etat de la sous-région, la
CIRGL en tant qu'organe de résolution de tous les problèmes
sous-régionaux est restée indifférente ou tout simplement
inactive. Par contre c'est une autre organisation sous-régionale, la
SADC qui s'est interposée afin de résoudre ce différend.
Ainsi, si l'on s'en tient à ce pacte, dans le contexte
congolais, il apparait clairement qu'aucun des engagements pris par les chefs
d'Etat dans cette sous-région n'est parvenu jusqu'ici à
résoudre de près ou de loin la moindre situation
d'insécurité qui sévit la RDC. Il en résulte une
situation que l'on peut qualifier d'inadéquation entre d'une part, les
engagements solennels pris par les chefs d'Etat de cette sous-région et
d'autre part, la réalité sur le terrain en RDC. C'est pourquoi
cette étude se veut, à la limite de sa taille, comprendre et
expliquer l'inaction de la CIRGL en RDC et à
travers cette problématique, nous interroger aussi, à la
lumière de la situation sécuritaire actuelle sur le sol
congolais, sur les possibilités (chances) de la RDC à
émerger tout en étant membre de la CIRGL.
Eu égard à ce qui précède, nous
nous posons quelques questions de recherche ci-après :
ü Pourquoi la CIRGL reste-t-elle parfois inactive face
à l'insécurité à l'Est de la RDC ?
ü Dans le contexte actuel, la RDC peut-elle
émerger tout en étant membre de la CIRGL?
03. HYPOTHESES
Dans le processus de la systématisation de la
démarche scientifique, la formulation des hypothèses constitue
une étape décisive. D'elles (hypothèses) dépendent
l'issue de la recherche. La qualité des idées émises
à ce moment déterminera la valeur des résultats obtenus.
C'est à ce stade que se font les découvertes. C'est à ce
niveau, dans le processus mystérieux qui fait surgir les idées
neuves, que peut se manifester le talent du chercheur, parfois son
génie. La capacité d'invention du chercheur est ici
déterminante et rien ne peut la remplacer8(*).
Ainsi, en guises d'hypothèses aux questions de
recherche soulevées par la problématique, nous pensons
principalement que l'inefficacité de la CIRGL s'expliquerait par le fait
que l'insécurité à l'Est est complexe et présente
plusieurs enjeux. Complexe, par le fait que certains pays membres de la CIRGL
soutenus par leurs alliés Occidentaux seraient directement
impliqués dans cette situation. Plusieurs enjeux pour ces pays parce que
cette insécurité serait une occasion pour eux de piller
systématiquement les ressources naturelles de la RDC. C'est pourquoi la
paix et la sécurité dont pouvait espérer la RDC en
étant membre de la CIRGL ne seraient pas possibles. Bien au contraire,
elle s'est fait lier.
Quant à son émergence, il est hors de question
de l'envisager si et seulement si, le même jeu d'acteurs persiste au sein
de cette organisation.
04. LECTURE SPECIALISEE
Dans un travail scientifique sérieux, la lecture
spécialisée comprend deux points essentiels : l'état
de la question et la revue de la littérature.
Dans son ouvrage intitulé Construction de
l'objectivité en sciences sociales9(*), EBWEME YONZABA affirme que, contrairement à
l'opinion scientifique devenue classique depuis quelques décennies,
constituant ainsi un paradigme incontournable en sociologie, il existe une
grande différence entre état de la question et revue de la
littérature.
En effet, souligne-t-il, il y a « état de la
question », ce qu'il appelle aussi « état des
lieux » dans un travail scientifique, lorsque le chercheur fouille
essentiellement, à l'aide de la technique documentaire, surtout les
documents écrits, sur son objet d'étude. Autrement dit,
l'état de la question ou l'état des lieux s'effectue sur l'objet
d'étude, sur la problématique, sur le problème de la
recherche et non sur la question ou les questions de recherche. Par contre, il
y a revue de la littérature (état de connaissances) dans une
même étude, lorsque le chercheur met plutôt en exergue un
concept clé. Dès lors, il s'emploiera à travers la
lecture, une fois de plus, à retracer l'origine du concept,
présenter les repères chronologiques y afférents et situer
le niveau du débat atteint, étayé par des analyses et des
documents précis (spécifiques)10(*).
Ayant jugé ce modèle très
pédagogique, nous l'avons adopté. Ainsi, nous présentons
d'abord l'état de la question dans cette introduction et la revue de la
littérature sera présentée dans le chapitre premier de ce
travail.
En effet, prétendre que nous sommes le premier à
traiter cette problématique (inaction de la CIRGL) serait
malhonnête car plusieurs chercheurs, politologues, sociologues, juristes
etc. s'y sont déjà intéressés et continuent
jusqu'à nos jours à l'étudier. Loin de nous engouffrer
dans une énumération exhaustive des auteurs, nous avons
jugé utile de n'en retenir que quelques-uns dont les travaux se
rapportent au nôtre. Il s'agit de Kilomba, Lagrange et Nkodia.
Dans sa publication intitulée « La CIRGL
et le règlement des différends sur la sous-région des
grands lacs : cas de la rébellion du M23 », Adolphe
KILOMBA11(*) s'est
appesanti sur l'analyse et le bilan des interventions menées par la
CIRGL pour résoudre l'insécurité créée par
les miliciens du M23 à l'Est de la RDC.
D'entrée de jeu, l'auteur soutient que la CIRGL a
constitué un cadre de concertation interétatique dans la
sous-région des grands lacs au sujet de conflit qui avait secoué
l'Est de la RDC. Cependant, les défis dans le domaine de la
sécurisation collective demeurent énormes dans cette
sous-région et la CIRGL a encore du chemin à parcourir pour se
faire entendre davantage. En ces jours, renchérit-il, elle demeure une
organisation sous-régionale plutôt timide, inactive, sans
réelle capacité d'adopter des sanctions, si moindres
soient-elles, à l'endroit de ses Etats membres qui violent son
traité fondateur.
Tel que présenté, l'étude de Kilomba est
très rapprochée de la nôtre dans la mesure où
l'auteur s'est efforcé à revisiter les actions menées par
la CIRGL en vue d'éradiquer la rébellion du M23 qui a
secoué l'Est de la RDC. Il conclut que la CIRGL baigne dans un laxisme
qui ne lui permet pas de rencontrer les attentes suscitées par son texte
fondateur.
Dans les mécanismes de paix régionaux
dans les grands lacs : des outils incapables de promouvoir la
démocratie12(*), Marc-André LAGRANGE analyse les
différentes tentatives des réponses mises en place par les pays
de la sous-région des grands lacs ainsi que les nations unies et l'union
Africaine afin de résoudre les conflits qui déchirent cette
partie de l'Afrique. Initiée en 2002 avant d'être pleinement
installée en 2006, la CIRGL fut le premier mécanisme,
rappelle-t-il, mis en place pour réguler ces conflits. En second lieu le
bureau de l'envoyé spécial du secrétaire
général des nations pour les grands lacs, fut mis en place en
2013 à la suite de la crise de Goma...
En effet, souligne-t-il, bien que la restauration de la paix
et la promotion de la démocratie fassent partie des missions de ces deux
entités sous-régionales, les crises électorales au
Congo-Brazzaville, en RCA, en RDC et en Ouganda imposent un constat
d'échec. Première entité mise en place pour réguler
les conflits, la CIRGL se révèle, soutient l'auteur, peu capable
d'accomplir sa mission lorsqu'elle est confrontée à sa
première crise régionale. Face à son incapacité,
les nations unies essayent de revitaliser les dynamiques de paix au moyen de
l'accord cadre d'Addis-Abeba signé en 2013. Certes, après un
premier succès militaire conjoint en RDC et des nations unies,
indépendant de l'action de l'envoyé spécial, la CIRGL a
échoué à apaiser la crise Burundaise qui a
éclaté en 2015, la première crise institutionnelle ouverte
à laquelle a-t-elle été confrontée.
Outre la fragilité du régime en RDC,
poursuit-il, la crise du M23 en 2012 a consacré l'incapacité de
la CIRGL à jouer son rôle de régulateur des conflits. Alors
que plusieurs de ses Etats membres entre autres l'Ouganda et le Rwanda sont
accusés de soutenir une nouvelle rébellion dans l'Est de la RDC,
la CIRGL ne peut proposer comme solution que le déploiement d'une force
internationale neutre composée des troupes ougandaises et Rwandaises...
Cette flagrance de partialité en défaveur d'un de ses Etats
membres (la RDC) finit par discréditer un organisme mis en place afin de
prévenir et résoudre les conflits armés dans l'Est de la
RDC et entre pays de la sous-région des grands lacs.
Organe de régulation des conflits et de la promotion de
la démocratie, souligne Lagrange, la CIRGL regroupe principalement des
pays dirigés par les hommes forts qui se sont imposés dans la
violence et qui s'affrontent indirectement ; en ces jours, sans gros
budget ou carrément sans budget, ni poids politique, la CIRGL se
cantonne à la lutte contre les violences sexuelles et l'émission
des certificats d'origine de minerais, enjeu majeur des crises et de
l'insécurité à l'Est de la RDC. Au final, conclut-il, la
CIRGL et tous ses partenaires impliqués dans la résolution des
différends sur la sous-région des grands lacs en
général, et l'insécurité à l'Est de la RDC
en particulier, n'ont finalement qu'un maigre bilan à présenter.
Vu d'un oeil sociologique, son étude présente
certes des similarités avec la nôtre dans la mesure où
Marc-André Lagrange présente tout d'abord la raison d'être
de la CIRGL comme étant à la fois organe régulateur et
tentative de réponse aux problèmes de la sous-région. Il
présente également d'autres initiatives mises en place pour
soutenir et pallier aux insuffisances de la CIRGL afin de la rendre plus
active. Néanmoins, il aborde l'inaction de la CIRGL sous une autre
approche, en tant que premier mécanisme sous-régional de paix,
souvent inactive dans le contexte de crise entre autres
l'insécurité à l'Est de la RDC, la crise burundaise etc.
Il fustige également la flagrance de partialité en RDC
vis-à-vis de l'insécurité à l'Est
créée et entretenue par ses voisins de l'Est qui se positionnent
en juges et parties.
Pour terminer, dans son mémoire de licence
intitulé La CIRGL et la résolution de la crise Burundaise.
Portée et limite13(*), Yannick NKODIA analyse les écueils aux
multiples tentatives de résolution de la crise Burundaise par la CIRGL.
Il souligne avant tout que la CIRGL a eu des portées face à la
crise Burundaise. Ces portées ne sont que les éléments qui
ont été fixés comme étant les objectifs
spécifiques de la CIRGL dans la déclaration de Dar-es-Salam
contenue dans le pacte. S'agissant des limites, elle a également connu
d'énormes difficultés face à la résolution des
conflits dans la sous-région en général et au Burundi en
particulier. Celles-ci sont en majeure partie liées, selon lui, à
la faible capacité d'action dans la mise en oeuvre des solutions issues
du pacte, à la grande faiblesse des infrastructures (la CIRGL ne
disposant pas d'infrastructures), l'instabilité et l'incertitude
concernant la zone de Kivu et surtout, ses compétences d'action sont
largement limitées car elle dépendait de l'ONU et de l'UA.
Cet auteur conclut son étude en relevant quelques
graves violations de droits de l'homme pendant la crise Burundaise que la CIRGL
n'a pas été en mesure de sanctionner et statuer sur cette
affaire, bien qu'elle préconise dans le pacte la promotion de droits de
l'homme, et enfin l'incapacité de la CIRGL à pouvoir
éradiquer cette crise sans l'intervention et l'implication de l'ONU et
l'UA alors qu'elle se veut un cadre de réconciliation, de
résolution des différends et crises sur toute la
sous-région des grands lacs.
De ce point de vue, son étude présente certes
des similitudes avec la nôtre dans la mesure où il s'est appesanti
dans un premier temps à la recherche des limites dans les actions
déjà menées par la CIRGL, les contradictions
découlant de la déclaration de Dar-es-Salam et ses actions sur le
terrain et finalement, il est parvenu à présenter les limites et
quelques inadéquations qui en découlent dans la tentative de
résolution des crises par la CIRGL sur la sous-région des grands
lacs en général et dans la crise. Dans son étude,
l'inaction de la CIRGL se fait surtout remarquer par l'inadéquation
entre les résolutions contenues dans le pacte et les relations entre ses
Etats membres.
Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons
affirmer que tous ces travaux ont abordé chacun dans un contexte
précis, la question de faiblesse, limites ou inefficacité, le
laxisme ou l'inaction de la CIRGL selon le cas, face à la
résolution des différends, des crises et conflits
interétatiques et de l'insécurité sur la
sous-région des grands lacs, chacun met l'accent sur la
nécessité pour la CIRGL d'être plus active afin de
concrétiser effectivement les engagements pris par les chefs d'Etat
ayant conduit à sa création... Chacun l'ayant abordé
certes dans un contexte particulier, avec des approches différentes,
mais tous sont arrivés à des conclusions quasiment similaires sur
les limites de la CIRGL face à la résolution des maux qui rongent
la stabilité de cette sous-région.
En ce qui nous concerne, en nous inscrivant dans la suite de
ces prédécesseurs, nous abordons cette problématique dans
une démarche purement sociologique, en cherchant à
comprendre et à expliquer l'inaction de la CIRGL face à
l'insécurité à l'est de la RDC. A travers
celle-ci, nous rendons également compte des acteurs et facteurs qui
s'interposent dans les dynamiques actuelles entre les Etats de la
sous-région des grands lacs et l'insécurité persistante
à l'Est de la RDC.
05. REFERENTIEL EXPLICATIF
Le référentiel explicatif, mieux le paradigme
désigne, selon Samuel Thomas Kuhn, des découvertes
universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une
communauté scientifique de chercheurs des problèmes types et des
solutions. Le paradigme peut donc guider les recherches, même s'il ne se
laisse pas réduire à une interprétation unique ou à
des règles généralement admises. Il guide la recherche par
un modelage direct tout autant que par l'intervention de règles14(*).
En sciences sociales, rappelons-le, il existe deux grands
paradigmes notamment le déterminisme social ou holisme
méthodologique qui consiste à partir du tout social (Holos)
pour expliquer lescomportements et les choix des individus (E. Durkheim, Karl
Marx, Maurice Halbwachs etc.) et l'actionnalisme ou
individualismeméthodologique qui consiste à étudier
les phénomènes sociaux à partirdes individus et de
l'agrégation (la somme) de leurs comportements (Max Weber, Raymond
Boudon, M. Olson, GabrielTarde)15(*)... A côté de ces deux paradigmes
s'interpose le Constructivisme qui définit la réalité
sociale comme une construction de la part des acteurs sociaux (Pierre Bourdieu,
Anthony Giddens, Alfred Schütz, Peter Berger, Thomas Luckmann...).
Sans entrer dans les moindres détails, notre
étude s'appuie sur le paradigme constructiviste.Il nous permet de mieux
comprendre l'agir de certains acteurs, agents et agents-acteurs à l'Est
de la RDC. En effet, au-delà des intérêts privés
qu'ils y poursuivent, ils tiennent aussi compte de leur société.
De cette considération, l'insécurité à l'Est de la
RDC comme conséquence de ces faits est une construction des acteurs,
agents et agents-acteurs, résultant de leur socialisation.
06. DOMAINE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE
06.1. Domaine de l'étude
Parler de l'appartenance de la RDC à la CIRGL ou dans
toute autre organisation internationale, régionale ou
sous-régionale renvoie implicitement, dans le langage ordinaire,
à faire les relations internationales.
Mais alors ? Les relations interétatiques
demeurent-elles l'apanage exclusif des chercheurs en relations
internationales ? Loin de là. En ce qui nous concerne, nous pensons
que les faits internationaux, les relations interétatiques sur lesquels
portent les études en relations internationales se passent avant tout
dans la société, et les relations internationales sont avant tout
des faits ou des phénomènes sociaux. A ce titre, elles ne peuvent
ni plus ni moins échapper aux lunettes des sociologues. Car si l'on s'en
tient aux caractéristiques les plus essentielles d'un fait social, on en
retiendra avec E. Durkheim qu'un fait ou phénomène social est
à la fois total et global. Mais surtout, il est relationnel et
changeant. Ce que sont également les relations internationales.
Henri MOVA SAKANYI ne dit pas le contraire lorsqu'il
affirme que la science des relations internationales s'occupe d'étudier
les relations internationales, mais puisse que les affaires internationales
sont encore l'apanage des Etats (gouvernement), on pense que les relations
internationales sont un sous-domaine de la science politique. Il viendrait
alors à l'idée d'un académicien sérieux d'avancer
que, parce qu'elle est une science sociale, la science politique serait une
branche de la sociologie.16(*) Il découle de cette affirmation, et selon
notre entendement que les relations internationales sont comprises dans la
sociologie et qu'aucun autre scientifique ne peut prétendre mieux les
appréhender qu'un sociologue.
Ainsi dit, cette étude relève du domaine de la
sociologie des relations internationales, une sous-branche de la sociologie
générale.
06.2. Cadre méthodologique de l'étude
La méthodologie renvoie à la fois, à la
théorie, à la méthode et aux techniques utilisées
dans un travail scientifique. En sciences sociales, il n'existe pas une
méthodologie universellement utilisée dans tout travail
scientifique ; elle varie en fonction de la réalité sous
étude.
a. Modèle
Théorique d'explication
La théorie est entendue comme une construction
intellectuelle qui essaie de relier le plus grand nombre de faits ou
phénomènes observés et des lois particulières
à un ensemble cohérent commandé par un principe explicatif
général17(*). Elle sert à observer, comprendre,
décrireet expliquer les faits sous-étude.
On peut expliquer un fait ou un phénomène en
adoptant, selon le cas, l'attitude fonctionnaliste, systémiste,
dialectique ou autres. En ce qui nous concerne, cette étude s'appuie sur
la théorie de la lutte pour la survie politique (TLSP).
La théorie de la lutte pour la survie politiqueposeen
substance qu'en toute circonstance, dans le jeu des acteurs, agents,
agents-acteurs, le réalismepolitique devra prendre le dessus
sur toutes autres considérations. Basée sur la notion
d'intérêtnational, la TLSP insiste sur le fait que
l'acteur, l'agent, l'agent-acteur doit
savoir concilier l'intérêtindividuel avec
l'intérêtcollectif. Pour que
l'intérêtcollectif supplante à tout instant,
l'intérêtindividuel, il faudrait en contrepartie des
garanties mutuelles entre différents acteurs, agents, agents-acteurs en
présence18(*). Il
s'en suit sept aspects découlant du postulat de base de cette
théorie à savoir :
1. L'influence de l'action directe des conditions
d'existence ;
2.
La sauvegarde de certains éléments héréditaires dans la production-reproduction
de l'espèce;
3. L'adaptation entraînant la survie, et
l'inadaptation, l'extinction;
4. Les modifications graduelles et diverses dues à
l'évolution en tenant compte du contexte et des circonstances;
5. L'action continue de la puissance créatrice des
acteurs, agents et agents-acteurs en présence;
6. La lutte des classes occasionnant parfois la
mobilité sociale;
7. La variation des espèces.
Cette théorie nous permet, non seulement
d'appréhender et décrire le rôle assez néfaste que
jouent certains Etats ou certaines organisations internationales dans la crise
de la sous-région des grands lacs africains, mais également
d'expliquer leur posture et celle de la RDC dans cette insécurité
infernale.
A travers les 7 lois qui sont en fait, les instances de
l'explication du jeu des acteurs, agents et agents-acteurs dans la
sous-région des grands lacs,nous arrivons à expliquer quele peu
d'importance accordée à l'intérêt national au niveau
interne est à la base de la persistance de l'insécurité
dans la partie orientale de la RDC.
La conséquence de ce peu de considération de
l'intérêt collectif au niveau national a des répercussions
négatives au sein de certaines organisations dans lesquelles la RDC
siège. Encrés dans le souci de la préservation d'abord et
avant tout de leurs régimes politiques et de leurs
intérêts, les acteurs, agents, agents-acteurs nationaux se
laissent emportés par le charme d'autres acteurs qui leur rassurent en
contrepartie certains avantages.Dès lors, l'inaction de la CIRGL dans
l'insécurité à l'Est de la RDC n'est plus à
s'étonner.
b. Méthode
La méthode est un cheminement intellectuel, un mode
d'organisation et d'exposition de la pensée sous-tendue par une
théorie explicative. Elle ne prétend pas fournir l'explication.
Elle sert de boussole à l'usage des techniques19(*). Pour cette étude, nous
avons recouru à la méthode de dissimilation des
objectifs (MDO).
La méthode de dissimilation des objectifs pose qu'il
existe, dans la vie quotidienne,certains Etats, certaines organisations
intergouvernementales, certaines entreprises multinationales, certains
individus qui, par leur manière d'agir, s'estiment détenir le
monopolede la souveraineté sur d'autres Etats, d'autres
organisations intergouvernementales, d'autres entreprises multinationales,
d'autres individus en se passant même des différentes populations
des Etats qu'ils considèrent comme conquis et voués à la
soumission. Compte tenu de la conjoncture politique réelle dans ces
Etats (qu'on appelle aussi Etats faibles, fragiles, faillis,
bébés), ces prétendus détenteurs du monopole de
souveraineté montent des stratégies, dissimulent leurs vrais
objectifs derrière ceux moralement acceptables et scientifiquement
démontrables, pour s'attirer lasympathie des peuples qu'ils exploitent
pourtant, oppriment et dominent.
Trois principes complémentaires s'appliquent dans la
MDO : (i) le discours officiel (public) exclue catégoriquement la
démagogie ; (ii) tant pour les esprits éveillés que
pour les vas-nus pieds, la dissimulation des objectifs doit être
réfutée de par les bonnes intentions du discours officiel
entendu ; (iii) la croyance collective doit toujours primer sur la
réalité concrète, sur les conditions d'existence des
exploités, des opprimés, des dominés, sans susciter la
moindre volonté d'une quelconque auto-remise en question20(*).
Dans ce travail, la méthode de dissimulation des
objectifs nous permet d'articulernotre cheminement discursif sur le
modèle de ces postulats.
c. Techniques
Les techniques ne sont pas choisies. Elles ne relèvent
pas non plus du pur hasard, ni de la préférence du chercheur.
Opté pour une méthode impose également au chercheur le
type d'outils appropriés pour la production et le dépouillement
des données. Cela implique que l'on commence par bien
définir sa problématique. Dans ce travail, nous allons recourir
à la technique documentaire, l'observation indirecte,
l'échantillonnage et l'entretien compréhensifs.
a) La Technique documentaire
Cette technique s'avère incontournable et la plus
utilisée dans tout travail scientifique. Ici, l'observation de la
réalité sociale transite par la lecture des oeuvres
matérielles qu'immatérielles produites par l'homme vivant en
société21(*).
Dans le cadre de cette étude, elle nous a permis de
consulter les documents relatifs à ce sujet (livres, thèses,
mémoires, travail de fin de cycle...) ; elle nous a
également permis, grâce à la lecture
spécialisée de certains documents, d'élaborer notre
état de la question et de tracer une ligne de démarcation avec
ces documents en vue de ressortir l'originalité de notre
étude.
b) L'observation indirecte
L'observation directe est celle où le chercheur
procède directement lui-même au recueil des informations, sans
s'adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel
à son sens de l'observation. Par contre, dans le cas de l'observation
indirecte, le chercheur s'adresse au sujet pour obtenir l'information
recherchée. En répondant aux questions, le sujet intervient dans
la production des informations22(*). De ce fait, les évènements, les
situations ou les phénomènes étudiés sont
reconstitués à partir des déclarations des acteurs
(enquête par questionnaire et entretien) ou des traces laissées
par ceux qui furent les témoins directs ou indirects (l'analyse des
documents).
Dans l'observation indirecte, l'instrument
d'observation est soit un questionnaire soit un guide d'interview. L'un et
l'autre ont comme fonction de produire ou d'enregistrer les informations
requises par les hypothèses et prescrites par les indicateurs23(*).
A travers l'observation indirecte, nous nous sommes
intéressés à la CIRGL comme organisation
sous-régionale, à son pacte fondateur et les différents
protocoles, en mettant en exergue les dynamiques actuelles entre pays de grands
lacs. Nous avons ainsi confronté les engagements contenus dans le pacte
de la CIRGL et la réalité sur le terrain c'est-à-dire dans
la partie Est de la RDC.
c) L'échantillonnage
L'échantillon est la partie de l'univers de
l'enquête qui sera effectivement étudiée et qui permettra
par extrapolation de connaître les caractéristiques de la
totalité de l'univers. On peut noter que cette technique de
l'enquête par sondage d'opinion est applicable à toute
opération de dénombrement et pas seulement en matière de
sondage d'opinion.
En ce qui concerne les techniques de construction de
l'échantillon, il en existe deux types dont les principes ont
été formulés depuis 1925 par le danois Jensen : la
première est la technique des quotasou technique de choix
raisonné, la seconde est la technique probabilisteou technique
aléatoire fondée sur le recours au hasard. Pendant un temps, les
tenants de chacun de ces deux procédés se sont affrontés.
Aujourd'hui, la querelle s'est apaisée et le choix s'effectue en
fonction des conditions de chaque enquête : de la nature de l'univers et
de son étendue, des informations que l'on possède sur lui, de
l'objet de l'enquête, des moyens financiers dont on dispose24(*) etc.
Le choix raisonné est dit parfois de technique
"rationnelle" parce qu'elle fait appel dans une certaine mesure au
raisonnement logique. Dans ce procédé, la détermination de
l'échantillon comporte deux phases : on construit d'abord une sorte de
modèle réduit de l'univers de l'enquête, le plan
d'enquête; ensuite, dans le cadre de ce plan
d'enquête, on détermine les quotas, c'est-à- dire les
catégories de personnes que chaque enquêteur aura à
interroger25(*).
Ainsi, eu égard à la nature du sujet sous
étude, et surtout la sensibilité de celui-ci, nous avons
jugé utile de mener nos investigations au sein de la coordination
nationale de la CIRGL à Kinshasa, au ministère des affaires
étrangères de la RDC et celui de la coopération
internationale et intégration régionale ainsi que
l'Université de Kinshasa. Cependant, le mode opératoire et la
taille de notre échantillon seront présentés dans le
chapitre trois de ce présent travail.
d) L'entretien compréhensif
Les méthodes d'entretien se caractérisent par un
contact direct entre le chercheur et ses interlocuteurs, et par une faible
directivité de sa part.Ainsi s'instaure en principe un véritable
échange au cours duquel l'interlocuteur du chercheur exprimeses
perceptions d'un événement ou d'une situation, ses
interprétations ou ses expériences, tandis que, par ses questions
ouvertes et ses réactions, le chercheur facilite cette expression,
évite qu'elle s'éloigne des objectifs de la recherche et permet
à son vis-à-vis d'accéder à un degré maximum
de sincérité et de profondeur.Si l'entretien est d'abord une
technique de recueil des informations, au sens le plus riche, il reste que
l'esprit théorique du chercheur doit rester continuellementen
éveil de sorte que ses propres interventions amènent des
éléments d'analyse aussi fécond que possible26(*).
Loubet Del Bayle souligne que la caractéristique qui
différencie un entretien scientifique d'autresformes d'entretiens est
qu'il est une opération préparée. Cette
préparation ayant pour but d'obtenir le maximum d'informations
pertinentes et d'assurer aux résultats de l'entretien le maximum
d'objectivité27(*).
Dans le cadre de cette étude nous avons utilisé
l'entretien compréhensif,
élaboré par Jean-Claude Kaufman28(*). Pour lui, dans l'entretien
compréhensif, plus que de constituer un échantillon, il s'agit
plutôt de bien choisir ses informateurs. Ainsi, l'échantillon
constitué uniquement de ceux que nous avons supposé avoir
suffisamment d'informations. Son mode opératoire est
présenté dans le troisième chapitre de ce travail.
07. APPROCHE DE L'ETUDE
Dans le cadre de cette étude, nous faisons recours
à l'approche qualitative. Le but de toute recherche qualitative consiste
donc à comprendre la réalité telle qu'elle est
perçue par les individus ou groupes étudiés. C'est
pourquoi le chercheur doit tenter de se mettre le plus possible à la
place de son interlocuteur pour comprendre ses émotions ou sa perception
du monde.
La particularité de l'approche qualitative est que les
résultatsstatistiques obtenus et les conclusions
dégagées ne peuvent pas être
généralisés au niveau de l'ensemble des individus et des
espaces étudiés. Ils ne sont de ce fait que des indications qui
manifestent l'ampleur du fait social étudié auprès des
enquêtés concernés ou ayant participé à
l'enquête29(*).
08. DELIMITATION DU SUJET
Restreindre son champ d'investigation ne devrait pas
être interprété comme une attitude de faiblesse ou de fuite
de responsabilité, mais bien au contraire, comme une contrainte de la
démarche scientifique. En effet, toute démarche scientifique
procède fatalement par un découpage de la réalité
car il n'est pas possible d'étudier, de parcourir tous les
éléments jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au
début des temps30(*).
La délimitation tient compte de deux volets : le
temps et l'espace.
08.1. Délimitation temporelle
Dans le temps, cette étude couvre la période
allant de 2006 jusqu'en 2021. L'année 2006 est un repère
important. Elle marque l'année où les chefs d'Etat de 11 pays
membres de la CIRGL ont signé à Nairobi, le pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement dans la
région des grands lacs. Depuis, la RDC, l'un de ces Etats membres, s'est
retrouvée déchirer par plusieurs maux, des crises
post-électorales de 2006, 2011, la crise politique de 2016-2017,
l'occupation de Goma en mai 2012 par les rebelles de M23, les Maï-Maï
toujours actifs à l'Est de la RDC, la vivacité des ADF-NALU et
des FDLR etc... C'est autant dire que malgré la signature du pacte, la
RDC a connu depuis 2006 un certain nombre de problèmes qui
nécessitent un éclairage scientifique.
L'année 2021 est celle au cours de laquelle nous avions
bouclé nos enquêtes.
08.2. Délimitation spatiale
Dans l'espace, cette étude est menée à
Kinshasa, essentiellement au siège de la coordination nationale de la
CIRGL République Démocratique du Congo.
09. OPTION POUR LE SUJET ET INTERET DE L'ETUDE
09.1. Option pour le sujet
Opter pour ce sujet n'est pas le fruit du hasard. Il
résulte d'une longue observation portée sur la situation
sécuritaire qui sévit actuellement l'Est de la RDC. Les
différentes représentations sociales qui émergent, les
agissements et agitations qui en découlent nous ont
déterminés à étudier le problème qu'il
renferme.
09.2.
Intérêt du Sujet
La plupart des travaux scientifiques renferment toujours un
double intérêt dont l'un est scientifique et l'autre est pratique.
Étant donné que notre dissertation se veut un travail
scientifique, elle ne peut s'échapper à cette logique
préétablie.
Ainsi, sur le plan scientifique, cette étude
s'avère d'une pertinence capitale dans la mesure où elle
constitue un véritable cadre de référence fournissant des
plus amples informations. Elle démontre également les enjeux, le
jeu, les marges de manoeuvre des autres membres de la CIRGL et les acteurs
impliqués à la pérennisation de l'insécurité
à l'Est de la RDC.
Quant au plan pratique, l'éradication de
l'insécurité à l'Est de la RDC nécessite
l'implication de plusieurs acteurs. A l'interne, cette étude peut
apporter une pierre à l'édifice, à travers quelques pistes
de solution qui sont formulées.
Au niveau externe, cette étude peut servir à une
auto-critique des Etats membres de la CIRGL.
10. DIFFICULTES RENCONTREES
La réalisation d'un travail scientifique n'est
pas chose facile. Elle exige beaucoup d'efforts et de sacrifices de la part du
chercheur.
En ce qui nous concerne, nous avons connu un certain
nombre de difficultés. Bien avant de nous lancer dans la recherche, nous
ne connaissions ni le siège de la coordination nationale de la
CIRGL/RDC, la direction de l'intégration régionale et les deux
directions du ministère des affaires étrangères.
Initialement, nous avons sollicité des entretiens avec le
secrétaire général du ministère des affaires
étrangères et celui de la coopération internationale et
intégration régionale. Etant donné qu'ils sont tous des
autorités administratives, ils nous ont à cet effet
orienté vers les directions de leur ministère où sont
traitées des questions relatives à la CIRGL et à la
sous-région des grands lacs.
L'autre difficulté a été
l'indisponibilité dans certaines bibliothèques de
l'université de Kinshasa de certains ouvrages spécialisés
sur la problématique abordée. Nous avions compté sur la
documentation qui nous a été fournie par les membres du
comité d'encadrement et par la coordination nationale de la CIRGL/RDC.
La recherche sur internet nous a été aussi d'une grande
pertinence.
Enfin, certains enquêtés nous ont
demandé de l'argent pour réaliser les entretiens. Pour ce cas,
nous avons carrément décidé de ne plus réaliser ces
entretiens.
11. STRUCTURE DU TRAVAIL
Cette étude comprend, en plus de l'introduction et la
conclusion, quatre chapitres. Le premier chapitre comprend trois
sections : la revue de la littérature, la définition des
concepts et la présentation de la coordination nationale de la
CIRGL/RDC.
Le deuxième chapitre porte sur les notions
théoriques sur la CIRGL. Il aborde les aspects organisationnels de la
CIRGL, son intervention dans les différents maux qui rongent la RDC et
les défis actuels de la CIRGL.
Le troisième chapitre traite du déroulement
de l'enquêté, présente les données et dégage
les résultats obtenus.
Le quatrième chapitre analyse et interprète les
résultats obtenus des enquêtes.
CHAPITRE I. GENERALITES
Ce chapitre comporte trois sections. La première
section porte sur la revue de la littérature. La deuxième aborde
la définition de quelques concepts clés utilisés dans le
cadre de cette étude. La troisième présente la
coordination nationale de la CIRGL/RDC.
I.
1. REVUE DE LA LITTERATURE
Nous l'avons déjà annoncé dans
l'introduction lorsque nous avons décrit la lecture
spécialisée que notre revue de la littérature portera sur
le concept clé de notre étude : le concept
d'insécurité.
I.1.1. Origine et signification du
concept d'insécurité
Etymologiquement, du préfixe latin In qui veut
dire privé de, et de sécurité issu du latin
securitas : absence de succès, exempt de crainte,
tranquille31(*)...Il
(concept d'insécurité) désigne le manque ou l'absence de
sécurité.
Littéralement traduit, l'insécurité
désigne dans la vie quotidienne le sentiment fait
d'anxiété ou de peur que peut ressentir un individu ou une
collectivité devant ce qui peut advenir. Elle s'oppose ainsi au
sentiment de sécurité ou de sérénité.
Ainsi présenter, le concept d'insécurité
n'a cessé d'évoluer. Il est utilisé dans plusieurs
domaines (sciences sociales, sciences humaines, sciences environnementales,
etc.) avec une connotation particulière. Dans le contexte actuel, le
concept d'insécurité n'a plus la même signification que son
étymologie ; il est devenu polysémique. En effet, sa
compréhension dépend du domaine dans lequel il est
utilisé. Plusieurs domaines l'ont ainsi emprunté et l'utilise en
lui attribuant un contenu différent de son domaine initial. C'est le cas
par exemple de la psychologie. Là on parle du sentiment
d'insécurité qui est lié à la perception de la
gravité du danger. Il y a aussi de thèmes pouvant être
perçus dans cette perspective comme facteurs
d'insécurité : la délinquance, l'emploi, la retraite,
l'instabilité ou l'arbitraire juridique, le terrorisme, la peur de la
guerre, etc.32(*) Prit
sous cet angle, il est synonyme de danger, de risque, de
précarité, de vulnérabilité...
Dans certains domaines, on lui attribue d'autres qualificatifs
à l'instar de la sociologie où l'on parle de
l'insécurité sociale qui résulte, selon Robert Castel, des
grandes modifications sociétales qui n'ont pas été
anticipées, provoquant un sentiment de mal-être et dissout les
liens sociaux. Etre en insécurité sociale, c'est être
à la merci du moindre aléa de l'existence. Par exemple une
maladie, un accident ou une interruption de travail peut rompre le cours de la
vie et faire basculer un individu dans l'assistance, voir dans la
déchéance33(*).
Dans cette lancée, on peut également
évoquer le concept d'insécurité civile pour
désigner de menaces qui portent sur l'intégrité des biens
et des personnes. Ce sont les vols, les violences, la délinquance, la
criminalité qui sont fréquents dans les milieux urbains. Ce type
d'insécurité renvoie, affirme R. Castel, à la
problématique de l'Etat de droit. En effet, dans les
sociétés démocratiques, l'Etat a le monopole des moyens
pour combattre cette insécurité. Pour cela, il s'est doté
d'institutions spécialisées, en particulier la police et la
justice34(*).
Un autre type d'insécurité courant, c'est
l'insécurité alimentaire. Elle désigne un état dans
lequel se trouve une personne ou un groupe de personnes lorsque la
disponibilité d'aliments sains et nutritifs ou la capacité
d'acquérir des aliments satisfaisants par des moyens socialement
acceptables, est limité ou incertaine. Par contre, il y a, la
sécurité alimentaire, lors que tous les êtres humains ont,
à tout moment, un accès physique, social et économique
à une nourriture saine dont la quantité consommée et la
qualité sont suffisantes pour satisfaire les besoins
énergétiques et les préférences alimentaires des
personnes35(*). A
l'absence de ces exigences, on parle de l'insécurité alimentaire.
Pour l'Organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO), une personne est en situation d'insécurité
alimentaire, lorsqu'elle n'a pas un accès régulier à
suffisamment d'aliments sains et nutritifs pour une croissance et un
développement normaux et une vie saine36(*).
I.1.2. Portée du concept d'insécurité et
niveau de débat actuel
Actuellement, le concept d'insécurité a franchi
les frontières des sciences sociales, des sciences humaines (science de
l'homme) pour renfermer d'autres réalités. Par exemple en droit,
on parle de l'insécurité juridique. Elle découle de la
nécessité de la sécurité juridique qui est un
principe de droit qui a pour objectif de protéger les citoyens contre
les effets secondaires négatifs du droit, en particulier les
incohérences ou la complexité des lois et règlements ou
encore leurs changements trop fréquents qui conduisent tous à ce
qu'on appelle l'insécurité juridique37(*). Il y a
insécurité juridique, lors que la loi est couramment
violée et interprétée différemment dans un
même contexte ou devant un même fait. Dans cette même
lancée, nous pouvons également parler de
l'insécurité juridique lorsqu'il y a le vide juridique.
Le concept d'insécurité est aussi très
évoqué en sciences du travail. En effet, on en parle pour
désigner l'état de l'emploi ou d'un poste de travail qui n'est
pas stable38(*). Par
contre, sur le plan politique, ce concept s'apparente à celui
d'insécurité et de crise politique pour désigner, selon
notre compréhension, les moments de turbulences et de conflits que
connait un régime politique, une société.
Dans le domaine de l'urbanisme, un milieu est dit en
insécurité lors qu'il est menacé par des catastrophes
naturelles notamment les érosions, les inondations, etc.
En médecine par contre, on parle
d'insécurité lorsque la population est décimée par
des maladies, des épidémies et des pandémies pendant une
période. C'est par exemple le cas actuellement du coronavirus qui met le
monde entier en émoi.
Dans cette étude, l'insécurité dont il
est question n'a rien de commun avec l'insécurité alimentaire,
sanitaire ou juridique. Il s'agit de l'insécurité
militaro-politique. Nous y reviendrons dans la définition de concepts.
I.
2. DEFINITION DE CONCEPTS
Trois concepts méritent un éclairage. Il s'agit
de :
· Sous-région des grands lacs ;
· Organisation sous-régionale ;
· Insécurité militaro-politique.
I.2.1.
La sous-région des grands lacs
A l'origine, l'expression a été employée
par des explorateurs Anglais comme Richard Francis BURTON (1821-1890), John
ROWLANDS et Henri MORTON STANLEY (1841-1890), lancés à la
recherche du Nil.
Ainsi, la sous-région des grands lacs, souvent
appelée Afrique des grands lacs désigne une entité
géographique caractérisée par un relief accidenté,
une densité humaine élevée et une assez grande
proximité culturelle, notamment linguistique. Toutes les langues
parlées par les habitants de cette région appartiennent à
une famille des langues bantu, entre autre le Kirundi (Burundi), le kinyarwanda
(Rwanda), le Swahili. C'est donc au sein des sociétés culturelles
homogènes que l'ethnie est devenue un facteur de déchirement.
Autre trait politique commun aux pays membres de cette sous-région est
qu'ils ontune expérience politique commune, centrée sur des
petits royaumes centralisés39(*).
Pour le pacte fondateur de la CIRGL, la
« région des grands lacs »est entendue
comme étant celle composée essentiellement de l'ensemble des
territoires de douze Etats membres du champ de la conférence40(*).
En définitive, il faut entendre par
« sous-région des grands lacs » : les
grands en terme géopolitique, c'est-à-dire un espace
fabriqué pour le besoin de la cause, comprenant douze Etats membres
signataires du pacte sur la sécurité, la stabilité et le
développement dans la région des grands lacs à
savoir : l'Angola, le Burundi, le Kenya, l'Ouganda, La RCA, la
République du Congo, la RDC, le Soudan, le Soudan du sud, la Tanzanie et
la Zambie41(*).
I.2.2.
L'organisation sous-régionale
Les organisations régionales ou sous-régionales
sont avant tout des organisations internationales ne pouvant rassembler qu'un
nombre limité d'Etats membres. Etant donné qu'elles sont avant
tout des organisations internationales, il s'avère pertinent pour nous
de consacrer quelques lignes sur ce que signifie exactement une organisation
internationale. C'est à l'issue de cet exercice que nous pouvons
aisément définir ce qu'est-ce une organisation
sous-régionale.
En effet, selon le dictionnaire de science politique
« la Toupie », une organisation internationale est une
organisation établie par un traité international ou une
convention multilatérale entre Etats souverains ou organisation
nationales, dans le but de coordonner au niveau mondial, continental ou
régional des actions sur un sujet particulier déterminé
par ses statuts. Et elles (les organisations internationales) ont des statuts
de personnes morales et sont des sujets du droit international42(*).
Pour, la commission du droit international de l'Organisation
des Nations Unies, une organisation internationale désigne
« toute organisation instituée par un traité ou un
autre instrument régi par le droit international et dotée d'une
personnalité juridique internationale propre. Elle peut aussi comprendre
parmi ses membres des entités autres que des Etats »43(*).
Michel VIRALLY définit l'organisation internationale
comme « une association d'Etats, établie par accord entre ses
membres et dotée d'un appareil permanent d'organes, chargée de
poursuivre la réalisation d'objectifs d'intérêts communs
par une coopération entre eux »44(*).
Tout compte fait, la qualification
« organisation sous-régionale » est
utilisée pour marquer l'existence d'une solidarité plus
restreinte à l'intérieur d'une zone géographique
donnée. C'est ainsi qu'on parlera par exemple de la CEDEAO, la SADC, la
CIRGL etc. Car elles ne rassemblent pas tous les Etats du continent africain.
Pour nous, une organisation sous-régionale est celle
qui regroupe un certain nombre de pays d'un même continent, avec une
certaine similarité des problèmes et une certaine ressemblance
linguistique, ethnique, géographique...
I.2.3. L'insécurité militaro-politique
A vrai dire, l'insécurité militaro-politique est
différente d'autres types d'insécurité par sa
caractéristique et son mode opératoire.
L'insécurité que connait l'Est de la RDC depuis plus de deux
décennies, en est un exemple patent. Cette insécurité
prend de formes multiples suivantles acteurs et les enjeux en
présence.
En effet, l'insécurité militaro-politique se
caractérise par la présence de plusieurs acteurs
dissimilés sous une force rebelle autonome, utilisant des armes
blanches et létales pour des intérêts politiques
(conquête du pouvoir politique), des intérêts
économiques (exploitation des ressources naturelles) et des
intérêts diplomatiques (insécurité au profit d'une
puissance ou des puissances étrangères).
Si les motivations politiques à la base de cette
insécurité ne visent pas de renverser le pouvoir politique
établit à Kinshasa et prendre le pouvoir comme ce fut le cas avec
l'AFDL, il sied tout de même de souligner que sa persistance va
au-delà de la seule volonté des acteurs apparents dans la
sous-région de grands lacs.
C'est pourquoi, nous appelons insécurité
militaro-politique, l'absence de quiétude sociale au sein d'une
population donnée, causée par des agents, commis par des acteurs
souvent invisibles dans les théâtres d'hostilité mais qui
en réalité sont les vrais tireurs de ficelle en vue de la
sauvegarde de leur multiple intérêt.
I.
3. Présentation de la coordination nationale de la CIRGL/RDC
I.3.1. Localisation
Lacoordination nationale de la CIRGL/RDC est située au
rez-de-chaussée, dans l'immeuble Likasi, place Royal, commune de la
Gombe, à l'aile droit de la DGDA, partageant le même immeuble avec
le conseil supérieur de la magistrature ou encore le Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel et de la Communication, CSAC en sigle.
I.3.2. Organisation et fonctionnement
La coordination nationale de la CIRGL est le mécanisme
national de coordination établit au niveau de chaque membre de la CIRGL.
Son fonctionnement est prévu dans l'article 27 du pacte.
En effet, dans le but d'assurer le suivi et la mise en oeuvre
des décisions prises par le Sommet et le Comité
Interministériel Régional, un mécanisme national de
coordination (MNC) a été mis en place dans chaque État
membre. Les mécanismes sont composés de représentants de
la société civile, des femmes et des jeunes. En clair, chaque
Etat membre a établi un mécanisme régional de coordination
de la conférence en vue d'y faciliter la mise en oeuvre du pacte en
collaboration avec l'Etat membre, les partenaires au développement, les
communautés économiques régionales et les institutions
régionales compétentes.
Comme le prévoit l'organigramme en annexe, la
coordination nationale de la CIRGL/RDC est dirigée par un coordonnateur
national, Ambassadeur KAKESE VINALU Emile et un coordonnateur national adjoint
M. TSHIBANDA PUMBWA Teddy Placide.Les deux assurent la coordination de toutes
les activités liées à la CIRGL en RDC.
En plus de la coordination, il y a une direction de la
coordination, dirigée par M. MAKASI Jean Paulin et son adjoint Me. ABEDI
Crispin.Ils s'occupent de l'administration et de la gestion du personnel (de la
coordination nationale CIRGL/RDC).
Le secrétariat du mécanisme national de
coordination s'occupe de la gestion de tous les courriers et correspondantes
adressés à la coordination nationale par le secrétariat
exécutif, les organes spécialisés de la CIRGL et l'Etat
congolais.
Vient enfin le collège des conseillers composé
de dix conseillers repartis sur la base de différents programmes de la
CIRGL.
CHAPITRE II. NOTIONS THEORIQUES SUR LA CIRGL
Dans ce chapitre, il est question de présenter
l'historique de la CIRGL, et de retracer les différentes actions
menées par la CIRGL allant dans la perspective d'éradication des
maux qui rongent la partie orientale de la RDC. A cet effet, nous allons nous
appesantir sur les différentes situations cruciales ayant marqué
la RDC depuis 2006. Nous allons enfin présenter les défis actuels
de la CIRGL.
II.
1.Historique de la CIRGL
La CIRGL a été organisée suite aux
nombreux conflits politiques qui ont marqué la sous-région des
grands lacs. Le conflit le plus marquant fut le génocide Rwandais de
1994 qui occasionna plus de 800.000 victimes et renforça
l'instabilité politique en RDC. La création de la CIRGL
résulte de la reconnaissance de la dimension régionale de ces
conflits et de la nécessité d'un effort concentré en vue
de promouvoir la paix et le développement durable dans la région.
En 2000, le conseil de sécurité de
Nations-Unies, à travers les résolutions 1291 et 1304, a
appelé à la tenue d'une conférence internationale sur la
paix, la sécurité, la démocratie et le
développement dans la région des grands lacs. Au cours de la
même année, la conférence internationale sur la
sous-région des grands lacs fut établie conjointement par le
secrétariat des Nations-Unies et l'Union Africaine à Nairobi, au
Kenya45(*).
En Novembre 2004, les onze chefs d'Etats et de gouvernement
des Etats membres adoptent à l'unanimité la déclaration
sur la paix, la sécurité et le développement dans la
région des Grands Lacs à Dar-Es-Salam, en Tanzanie.
Cette déclaration, souvent appelée
« Déclaration de Dar-Es-Salam », traduit la
volonté politique de chefs d'Etats de la sous-région de
s'attaquer ensemble aux causes profondes des conflits et aux obstacles qui
rongent la stabilité et le développement sous-régional,
dans une perspective sous-régionale et innovante.
Deux ans après l'adoption de cette déclaration,
les chefs d'Etats de gouvernement se réunissent à Nairobi, le 15
Décembre 2006, pour signer le pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement dans la sous-région des
grands lacs. Ce pacte fondateur comprend ainsi la déclaration de
Dar-Es-Salam ainsi que les programmes d'action et les protocoles (qui seront
présentés dans les lignes qui suivent). En effet, la signature du
pacte marque ainsi la fin de la phase préparatoire et ouvre la voie
à la mise en oeuvre et à la création du secrétariat
exécutif de la CIRGL, inauguré en 2007 à BUJUMBURA, au
Burundi.
Cependant, le pacte entre effectivement en vigueur en Juin
2008, après sa signature par 2/3 des Etats membres (8 pays).
Après son indépendance en 2011, la république du
Sud-Soudan appose sa signature sur le pacte le 24 Février 2013 et
devient donc le 12e Etat membre de la CIRGL.
II.1.1.
OBJECTIFS
Les Etats membres de la sous-région des grands lacs
sont marqués par une dynamique sous-régionale très
complexe avec des clivages locaux et des conflits nationaux qui ont pris des
dimensions transfrontalières. Chaque pays a connu une situation
intérieure complexe et passée, récente et violente, au
cours de laquelle les contradictions internes se sont polarisées et
interconnectées avec celles des pays voisins.
C'est dans le souci d'assurer la paix, la
sécurité, la stabilité politique et le
développement dans les régions des grands lacs que la CIRGL avait
fixé des objectifs via les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats
membres, dans la déclaration de Dar-Es-Salam en novembre 2004. Parmi ces
objectifs, quatre domaines jugés prioritaires constituant le socle de ce
pacte. Il s'agit de : la paix, la sécurité, la
démocratie et le développement sur les grands Lacs.
II.1.2.
Cadre juridique
Le pacte sert de cadre juridique et d'agenda pour la CIRGL
avec comme objectif central la création des conditions favorables
à la sécurité, la stabilité et le
développement au sein des Etats membres. Le pacte comprend :
- La déclaration de Dar-Es-Salam (signé en
2004) ;
- Les programmes d'action ;
- Et le pacte46(*).
Les programmes d'action de la CIRGL sont :
- Paix et sécurité ;
- Démocratie et bonne gouvernance ;
- Développement économique et intégration
régionale ; questions humanitaires et sociales.
Le pacte inclut 10 protocoles qui sont juridiquement
contraignants. Il s'agit du :
- Protocole sur la non-agression et la défense mutuelle
dans la sous-région des grands lacs ;
- Protocole sur la démocratie et la bonne
gouvernance ;
- Protocole sur la coopération judiciaire ;
- Protocole sur la prévention et la répression
du crime de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre
l'humanité et de toute forme de discrimination ;
- Protocole sur la lutte contre l'exploitation illégale
des ressources naturelles ;
- Protocole sur la zone spécifique de reconstruction et
de développement ;
- Protocole sur la prévention et la répression
de la violence sexuelle... ;
- Protocole sur la protection et l'assistance aux personnes
déplacées ;
- Protocole sur les droits à la propriété
des rapatriés ;
- Protocole sur la gestion de l'information et de la
communication.
II.1.3.
Cadre institutionnel
Le Sommet des Chefs d'Etats
Le comité interministériel régional de la
CIRGL (RIMC)
Le secrétariat Exécutif de la conférence
Les mécanismes nationaux de coordination
Groupe d'experts Ad. Hoc.
Troïka
Actuellement, la présidence est assumée par JOAO
Lorenzo, le président angolais. L'angolais Joao Samuel est le
secrétaire exécutif depuis novembre 2020.
II. 2.
LA CIRGL FACE A L'INSECURITE A L'EST DE LA RDC
Dans cette section, nous allons présenter quelques
faits survenus sur le sol Congolais. La plupart de ces faits se sont
déroulés à l'Est de la RDC, lesquels sont liés aux
objectifs de la CIRGL sur la sous-région des grands lacs, et voir dans
quelle mesure la CIRGL est intervenue.
II.2.1. La CIRGL face à la rébellion du
Congrès National pour la Défense du Peuple de Laurent NKUNDA,
CNDP en sigle (2007-2009).
Le CNDP est l'administration rebelle établie par
Laurent NKUNDA dans la région du Kivu. Depuis 2008, le Nord et Sud Kivu,
les deux provinces orientales de la RDC, vivaient au rythme des guerres
à répétition et du cycle sans fin des rebellions :
AFDL, ADF, RCD et le dernier en date (2008) : le CNDP47(*). En sous-main, on retrouve
deux voisins turbulents de la RDC : le Rwanda et l'Ouganda accusés
de soutenir les rébellions successives.
Le CNDP regroupait quelques militaires issus du RCD qui avait
conclu un accord avec le gouvernement congolais. Avec des motivations un peu
floues, le CNDP affirmait se battre notamment pour éradiquer la menace
représentée par les rebelles Hutu Rwandais des FDLR, dont une
partie ont participé au génocide de 1994 contre les Tutsis
Rwandais, et installés depuis dans l'Est de la RDC48(*).
Après l'installation effective de la CIRGL, la
rébellion du CDNP apparait clairement comme la première crise
ouverte face à laquelle fut-elle confrontée. Face à cette
situation, la CIRGL devait, sans tarder, intervenir pour monter sa vraie raison
d'être. Il y a lieu de mentionner avec Adolphe Kilomba que, dans le
conflit qui a coïncidé avec la date de sa création en 2007,
le premier conflit dans lequel la CIRGL a été mise à
contribution fut celui du CNDP dans les deux Kivu, aussitôt
créée, la CIRGL avait déjà eu à gérer
ce conflit entre Laurent Nkunda et le gouvernement congolais49(*).
Ainsi, la CIRGL était présente dans la
quête d'une solution pacifique à la crise en y apportant son
apport sur quasiment tous les fronts. Son intervention fut très
pertinente face à ce conflit. Pour se faire, elle organisa le sommet
extraordinaire des chefs d'Etat de la CIRGL, l'organe suprême du
mécanisme régional de suivi à Nairobi le 7 Novembre 2008.
Ce sommet désigna les anciens présidents OLESENGUEN OBASANJO du
Nigéria et Benjamin WILLIAM MKAPA de la Tanzanie pour faciliter la
résolution de la crise dans cette partie de la RDC sous les auspices de
la CIRGL50(*). Les efforts
de ces Co-médiations ont abouti à la signature de l'accord de
paix entre le gouvernement de la RDC et le CNDP, le 20 Mars 2009.
Cet accord stipulait entre autre ce qui suit :
- Le CNDP confirme le caractère irréversible de
sa décision de mettre fin à son existence comme mouvement
politico-militaire. Il s'engage à intégrer ses
éléments de police et ses unités armées
respectivement dans la Police Nationale Congolaise et les Forces
Armées de la République Démocratique du Congo; à se
muer en parti politique et à remplir les formalités
légalement requises à cette fin51(*), et legouvernement s'engage à traiter avec
célérité la demande d'agrément du CNDP comme parti
politique.
- Le CNDP s'engage à produire, dans les plus brefs
délais, la liste réactualisée de ses membres prisonniers
politiques.Conformémentaux actes d'engagement de Goma, le gouvernement
s'engageà procéder à la libération de ces
prisonniers. Le gouvernement s'engage également à assurer leur
rapatriement dans leurs lieux d'habitation et accorder l'amnistie aux
combattants du CNDP.52(*)
De ce qui précède, la contribution de la CIRGL
à la résolution de ce conflit n'est pas à minimiser. A ses
débuts, elle a joué son rôle d'organe régional de
résolution des conflits. Elle était au front à la
quête des solutions pour éradiquer ce conflit. Ce qui nous renvoi
à souligner ici la pertinence de cette jeune organisation
sous-régionale pouvant aider la RDC, à résoudre les
différents conflits qui sévissent dans la partie orientale de la
RDC.
Ces efforts de la CIRGL ont certes marqué la fin des
hostilités entre le CNDP et la RDC, mais ne signifient pas forcement le
retour de la paix dans l'Est de la RDC. Après quelques années,
plusieurs autres rébellions ont vu le jour.
II.2.2. La CIRGL face à la rébellion du M23
a) Contexte et chronologie des
événements
La rébellion du M23 est le copier-coller de
l'ex-rébellion du CNDP.
- Le 29 Avril 2012, des soldats de l'ex-rébellion du
CNDP, intégré dans l'armée congolaise après les
accords du 20 mars 2009 évoqués précédemment,
désertent et lancent une mutinerie. A la tête des mutins, on
retrouve des proches du général Bosco NTANGADA, un ancien du
CNDP, nommé général après les accords de paix avec
le gouvernement congolais, aussi recherché par la CPI pour crimes de
guerre et crimes contre l'humanité53(*).
- Le 6 mai 2012, un communiqué annonce la
création du M23, en référence aux accords du 23 mars 2009
entre le gouvernement congolais et le CNDP, dont les membres demandent
l'application intégrale. Certes officiellement, souligne C. Rigaud, le
M23 exige du gouvernement congolais l'intégration au sein de
l'armée régulière des combattants de l'Ex-CNDP, la
transformation du mouvement en parti politique et le maintien des anciens
rebelles dans leur fief du Kivu, mais officieusement, le M23 protège son
chef Bosco NTAGANDA contre une extradition vers la CPI54(*)...
- Le 06 Juillet 2012, les rebelles du M23 s'emparent de
BUNAGANA, une importante ville frontalière avec l'Ouganda et poumon
économique de la région. L'armée congolaise, inefficace,
peu ou pas payée, mal équipée et commandée, oppose
une maigre résistance. Les rebelles avancent vers la capitale
provinciale Goma, qui a déjà failli tomber entre les mains de L.
Nkunda en 2008.
- Le 08 juillet 2012, le M23 continue son offensive et prend
les localités de Rutshuru et Rumangabo et le 20 Novembre 2012,
après plusieurs jours d'offensive, les rebelles font tomber Goma,
capitale du Nord Kivu, la chute de Goma devient ainsi un symbole, mais surtout
une véritable humiliation pour l'armée congolaise et les
Nations-Unies censées la protéger.
- Le 24 Novembre 2012, la CIRGL intervient comme la
première organisation Africaine et cadre régional de
résolution de tous les problèmes sous-régionaux. Lors d'un
sommet à Kampala, en Ouganda, la CIRGL demanda au M23 de se retirer de
Goma en échange de l'ouverture de négociation avec le
gouvernement congolais55(*). Une déclaration qui produira certes des
fruits, les rebelles se replient au Nord de la ville après dix jours
d'occupation.
Par cette déclaration de la CIRGL, la pression
internationale s'accentue à cet effet sur le M23, et surtout le Rwanda
soupçonné d'aider les rebelles, des allégations toujours
niées par le Rwanda. Un rapport de l'ONU a indiqué que les
rebelles avaient reçu, à plusieurs fois le soutien de ce pays
alors qu'il fait partie, à la surprise générale, de la
CIRGL56(*).
Du côté de la RDC, alors que le pays croupi
devant une rébellion avec des visions sécessionnistes clairement
affichées ; le président congolais Joseph Kabila, lors de
son discours sur l'Etat de la nation souligne ce qui suit :
« c'est depuis Mars 2012 que des éléments à
la solde des intérêts étrangers ont entrepris de semer le
trouble et la désolation dans la province du Nord Kivu. A l'origine, ce
fut une mutinerie, justifiée par des allégations de
non-application par le gouvernement de la RDC de l'accord de paix du 23 Mars
2009 conclu entre le gouvernement et une trentaine de groupes armés.
Aujourd'hui l'accord n'est contesté que par un seul d'entre eux ;
cette mutinerie s'est ensuite muée en une rébellion, aux
motivations fluctuantes et élastiques, variant en fonction des alliances
et des circonstances. La stratégie mise en place est simple :
susciter des foyers de tension, provoquer l'insécurité à
plusieurs endroits de la république, décourager les
investissements et empêcher la mise en oeuvre du programme de
reconstruction nationale. Bref, créer le chaos et justifier la
balkanisation de notre pays. Pour mettre fin à cette nouvelle guerre que
nous n'avons ni directement, ni indirectement provoquée, nous nous
sommes, dès le début déployés sur trois
fronts : diplomatique, politique et militaire57(*) ».
Après un premier échec de l'armée
congolaise ayant cédé la ville de Goma, la voie diplomatique et
politique revêtent une grande pertinence. Sur le plan diplomatique,
poursuit Joseph Kabila, « la guerre au Nord Kivu et la situation
humanitaire qu'elle a engendrée ont justifiée, notamment la
convocation en sept mois de cinq sommets extraordinaires de la
CIRGL... ».Le 09 Décembre 2012, les pourparlers de paix
débutent à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 sous
l'égide de la CIRGL, mais rapidement, les discussions s'enlisent et
butent sur la légitimité des délégations.
Le président Kabila poursuit :
« grâce à cette offensive diplomatique, les Etats de
la CIRGL ont officiellement et unanimement identifié toutes les forces
négatives qui y sévissent. Vu la dégradation de la
situation et l'érosion conséquente de la confiance entre notre
pays et le Rwanda, reconnait Joseph Kabila, l'intervention d'une force
internationale neutre a été décidée par la CIRGL
avec, pour mission, la surveillance de la frontière entre notre pays, le
Rwanda et l'Ouganda d'une part, et d'autre part l'éradication des forces
négatives. Sur le plan politique, poursuit-il, poursuivant la
quête d'une solution à ce conflit armé, le gouvernement a
accepté de rencontrer, sous l'égide de la CIRGL, ceux qui ont
agressé la RDC afin de vider le prétexte de la
déstabilisation »58(*).
Cependant, une délégation officielle
représentative de toutes les institutions politiques de la RDC et de la
société civile, a été dépêchée
à Kampala pour des échanges amorcés sous l'égide de
la CIRGL. Reconnaissant ainsi l'implication de l'Ouganda et le Rwanda dans la
pérennisation de ce conflit, soutenu par plusieurs rapports de l'ONU, un
accord est signé par onze Etats membres de la CIRGL le 24 février
2013 pour la pacification de l'Est de la RDC. L'accord prévoit notamment
la non-ingérence des Etats voisins (Rwanda, Ouganda et le Burundi),
l'envoie d'une force internationale pour neutraliser les groupes armés
et la nécessité de faire des reformes pour le gouvernement
congolais59(*). Cet accord
constitue ainsi un tournant majeur dans la crise du Kivu.
Ainsi, le 21 Octobre 2013, les négociations de paix de
Kampala sont suspendues. Le gouvernement congolais, fort de ses avancées
militaires avec le soutien de la force internationale neutre issu de l'accord
d'Addis-Abeba, recommandée par la CIRGL et soutenue par l'ONU, refuse
d'accorder l'amnistie aux principaux chefs rebelles. L'offensive de
l'armée congolaise et ses alliées s'intensifie.Le 30 Octobre
2013, victoire armée pour les forces gouvernementales. Les FARDC
s'emparent de Bunagana, le quartier général du M23, à la
frontière Ougandaise. Tous les fiefs de M23 ainsi
récupérés, le M23 annonce le 5 Novembre 2013 la fin de son
mouvement, 18 mois après avoir tenu tête face aux FARDC60(*).
b) Contribution de la CIRGL
Dans ce conflit, la CIRGL s'était mobilisée en
quête d'une solution. Il y a eu la tenue de sept sommets extraordinaires
des chefs d'Etat de la CIRGL à Kampala dits Kampala 1 jusqu'à
Kampala 7 avec plusieurs résolutions qui ont permis à
résoudre ce conflit.
C'est à l'issue de ces sommets respectifs que la CIRGL
proposa l'idée du déploiement d'une force internationale neutre
pour désarmer les groupes et milices armés encore actifs dans
l'Est de la RDC. C'est d'ailleurs sous la pression des chefs d'Etat de la CIRGL
que le M23 avait été sommé de quitter la ville de Goma
qu'il avait conquise. Cette idée de la force internationale neutre
émanant de la CIRGL fut récupérée plus tard par le
conseil de sécurité des nations unies qui créa, à
travers la résolution 2098, la brigade d'intervention de l'ONU
incorporée à la Monusco avec un mandat offensif61(*). L'appui de cette brigade aux
FARDC a permis à ces dernières de démanteler militairement
le M23, la CIRGL a continué à piloter les négociations
entre ce mouvement rebelle et le gouvernement congolais. Ces
négociations furent clôturées par la déclaration de
Nairobi en Décembre 2013 qui a mis définitivement fin aux
pourparlers entre le gouvernement et le M23.
Pour ainsi dire que la CIRGL a été au four et
moulin pour résoudre la crise sécuritaire de M23. Bien que
nouvelle, Elle a le mérite d'avoir déclenché et
guidé les négociations de Kampala du début jusqu'à
la fin. Elle est devenue le cadre d'échange et de coopération
pour la résolution pacifique des conflits régionaux. Inconnue il
y a quelques années, la crise du M23 a permis à la CIRGL de
devenir, comme la CEDEAO en Afrique de l'ouest, une organisation
sous-régionale de référence traitant les questions de
sécurité collective62(*).
En dépit d'éradication de la rébellion
grâce entre autre aux efforts de la CIRGL, l'insécurité
persiste toujours à l'Est de la RDC, caractérisée
notamment par la prolifération des groupes et milices armés dans
cette partie de la RDC.
II.2.3.
La CIRGL et la problématique des groupes et milices armes
étrangers sur le sol congolais
En signant le protocole de non-agression et de défense
mutuelle dans la région des grands lacs, les chefs d'Etat engageaient
les Etats entre autres à l'interdiction d'employer des forces
armées contre la souveraineté, l'intégrité
territoriale et l'indépendance politique d'un Etat ; l'invasion ou
l'attaque du territoire d'un Etat membre par des forces armées ou toute
occupation militaire, même temporaire, résultant d'une telle
invasion ou d'une telle attaque, ou toute annexion par l'emploi de la force du
territoire ou d'une partie du territoire d'un Etat membre et surtout le fait
pour un Etat membre d'autoriser l'utilisation de son territoire par un autre
Etat membre pour perpétrer un acte d'agression contre un Etat
tiers63(*). Au regard des
engagements, nous allons nous intéresser sur la nature des groupes
armés présents sur le sol congolais et l'implication de la CIRGL
dans ce conflit prohibé par ses textes.
II.2.3.1. La CIRGL face aux FDLR
et les ADF-NALU.
Par leur nature, nous avons jugé utile de combiner ces
deux groupes armés d'origine étrangère dans cette section
pour déceler la contribution de la CIRGL.D'un côté, les
FDLR sont un groupe armé rwandais présent à l'Est de la
RDC depuis 2000, défendant les intérêts des Hutus Rwandais
réfugiés en RDC et opposé à la présidence de
Paul KAGAME. De l'autre côté, les ADF-NALU sont un groupe
armé ougandais regroupant des mouvements d'opposition au
président Yoweri Museveni fondé en 199564(*).
Les ADF-Nalu luttaient initialement contre ce régime,
mais ils ne sont jamais parvenus à s'y implanter, il s'est plutôt
enraciné dans l'Est de la RDC et, plus particulièrement dans des
zones montagneuses difficiles d'accès. S'insérant dans la
population locale et les circuits du commerce frontalier, il a noué des
relations avec les autorités civiles et militaires ougandaises et
congolaises. Cette implantation dans une zone grise a permis aux soldats perdus
des ADF-NALU de survivre sans gagner une bataille depuis plus de deux
décennies et d'avoir été vaincus à plusieurs
reprises mais jamais neutralisés.65(*)Comme peut-on le constater, depuis plus de deux
décennies, l'Est de la RDC vit au rythme d'une guerre sans
précédent livrée par les groupes armés d'origine
étrangère, principalement du Burundi, du Rwanda et de l'Ouganda.
En effet, les accords de paix signés depuis 2002 par
onze gouvernements africains et les divers groupes armés étaient
censés mettre fin à 7 ans de guerre qui ont ravagé la
région des grands lacs en Afrique. Une décennie plus tard,
l'instabilité, étroitement entrelacée avec la
géopolitique régionale, persiste. Des conflits récurrents
ont tué des dizaines de milliers de personne, en majorité des
civils, et ont provoqué le déplacement de millions d'autres.
Les provinces du Nord et Sud Kivu dans la partie orientale de
la RDC sont l'épicentre des combats. Elles sont le plus grand
réservoir de milices prêtes à louer leurs services aux plus
offrants. Les conflits au Kivu sont alimentés également par des
puissants facteurs externes. Des milices opposées aux gouvernements du
Burundi, du Rwanda, et de l'Ouganda notamment les FDLR et les ADF-NALU sont
basées au Kivu.En représailles, ces pays financent et
déploient des milices dans cette région et favorisent la
prolifération des groupes armés dans la région. Presque
tout le trafic illicite des minerais du Congo qui finance les groupes
armés transitent par le Burundi, le Rwanda, et l'Ouganda66(*).
En effet, les principaux pays impliqués dans ce
conflit ont tous soutenu des milices par procuration. Cette tactique qui vise
à contrer une sérieuse menace sécuritaire pour l'Etat,
finie par être un expédie contreproductif qui entraine souvent une
crise plus grande. En fin de compte, la plupart des parrains perdent le
contrôle de leurs marionnettes. Ces groupes se transforment,
élaborent et développent souvent leurs propres agendas qui
menacent parfois les intérêts mêmes qu'ils étaient
supposés protéger. L'AFDL, le RCD, le CNDP, les FDLR et les
ADF-Nalu en sont des exemples éloquents. Le Rwanda, en particulier, est
un appui incontournable à ces types de groupes. Ses actions dans la RDC
minent la stabilité régionale requise pour attirer davantage
d'investissement international. Cette pratique met, par extension, aussi en
péril sa notoriété face aux donateurs et aux investisseurs
internationaux67(*).
Sur cette question, il est clair que les groupes armés
les plus forts et les plus perturbateurs à ce jour dans l'est du Congo
sont essentiellement étrangers. C'est le cas des FDLR qui sont de
loin le plus grand groupe armé, à la fois en termes du nombre
des éléments et de la répartition géographique. Les
FDLR maintiennent ainsi un degré élevé d'influence soit
seules soit avec l'armée ou d'autres milices.Bien qu'il existe des
déclarations contradictoires concernant la force du groupe, beaucoup de
chercheurs avancent un chiffre situé entre 1.000 et 2.500
éléments, soit plusieurs fois plus grand que tout autre groupe
armé dans l'Est de la RDC. Il reste, cependant, que malgré leur
importance, les FDLR ont été incapables de lancer des raids
majeurs au Rwanda depuis 200168(*).
Comment peut-on expliquer cette inadéquation : Un
groupe armé étranger avec des motivations clairement
affichées soit plus actif dans un autre pays que sa cible
initiale ? C'est autant dire que la présence de ces groupes
armés étrangers sur le sol congolais mérite d'être
examinée dans son vrai contexte. En effet, le constat c'est que la CIRGL
s'est pas du tout impliquée à l'éradication de ces groupes
armés.
En 2014, suite à la montée en puissance des
massacres des civils congolais innocents par les FDLR, la CIRGL a
consacré un sommet extraordinaire sur cette matière à
Luanda, en Angola. A l'issue de ce sommet, un ultimatum avait été
lancé aux FDLR pour leur désarmement inconditionnel jusqu'en
janvier 2015, les chefs d'Etat avaient aussi soutenu l'option d'une action
militaire contre les FDLR en cas de non-respect du délai leur
fixé de six mois, à la date butoir du 2 janvier 201569(*).
Arrivée à la date butoir (le 2janvier 2015), les
chefs d`Etat avaient fait le constat qu'aucun progrès significatif
n'avait été enregistré en ce qui concerne le
désarmement volontaire et la reddition des rebelles des FDLR. Un
deuxième sommet des chefs d'Etat de la CIRGL (en collaboration avec la
SADC) était projeté à Luanda les 12 et 13 Janvier 2015
pour adopter les sanctions. Ce sommet qui devrait notamment se pencher sur
l'option militaire contre ces rebelles a été, à la
surprise générale, annulée et les vraies raisons n'ont
jamais été communiquées.
Ce qui démontre l'inaction de la CIRGL face à
ces rébellions. Condamnée à faire face à une
situation qu'elle n'a ni directement, ni indirectement créé, la
RDC déployée sur tous les fronts afin d'éradiquer ce
fléau. Convaincue des efforts personnels de la RDC, la CIRGL
réagit timidement à travers un simple communiqué : «
...la CIRGL salue l'offensive menée par les FARDC contre les FDLR.
Elle félicite et encourage le gouvernement congolais pour ces
opérations militaires lancées depuis le 26 février
faisant suite à la décision de la CIRGL lors de leur premier
sommet tenu à Luanda en Aout 2014... »70(*).
Tout compte fait, face à la rébellion des
FDLR et des ADF-Nalu,aucun progrèsn'a été
réalisé. La CIRGL demeure jusqu'ici impuissante et
indifférente face à ces rébellions.
II.2.3.2. La CIRGL face à
l'incursion des militaires zambiens sur le sol Congolais.
Récemment, la RDC a connu une situation
particulière et inadmissible dans sa partie Sud-Est. C'était
l'incursion des militaires zambiens dans certains villages notamment à
Moliro, situés à Moba dans la province de Tanganyika. Ces
militaires Zambiens ont opéré avec des hélicoptères
en faisant des patrouilles aériennes, mais également les forces
terrestres faisant incursion dans plusieurs quartiers de la cité de
Moliro.
En effet, la présence non-justifiée des
militaires Zambiens sur le sol Congolais violait le pacte et le protocole sur
la non-agression et la défense mutuelle. Face à cette situation,
la RDC a privilégié la voie diplomatique c'est-à-dire le
règlement pacifique de ces différends. C'est dans ce contexte que
l'implication de la CIRGL revêt une grande importance.
Force est de constater que la CIRGL est restée
inactive, mieux indifférente face à cette situation. Alors que
deux de ses pays membres s'affrontent directement, la CIRGL s'est fait
remarquer surtout par son laxisme, n'ayant pas intervenue face à cette
situation alors qu'elle est mieux placée pour résoudre ce genre
de litiges. C'est ainsi, à l'absence de l'implication de la CIRGL, la
RDC avait saisi la SADC, partenaire majeur de la CIRGL sur ce litige frontalier
l'opposant à la Zambie, tous deux membres de la CIRGL et de la SADC.
Après examen du contentieux frontalier, la SADC a
décidé de dépêcher une forte
délégation pour décanter la crise qui a
éclaté en Mars 2020. A l'issue de ce constat, le gouvernement
congolais et la SADC donnèrent un ultimatum de sept jours à
l'armée Zambienne pour quitter le territoire71(*). Quelques jours après
l'expiration de cet ultimatum, le ministre d'Etat, ministre de la communication
et porte-parole du gouvernement congolais a confirmé le 07 Aout 2020 le
retrait effectif des militaires Zambiens sur le sol congolais. Il
précise néanmoins que ce retrait ne met pas fin à tout
litige entre la RDC et la Zambie. Des négociations entre les deux
parties se poursuivront72(*).
Tout compte fait, la CIRGL est restée inactive face
à ce litige entre deux de ses Etats membres.
II.2.4. Des leçons à
tirer
Dans la perspective d'analyse diachronique73(*), Il existe une certaine
dynamique dans ce long processus de pacification et d'éradication de
groupes armés à l'Est de la RDC. Comme peut-on le constater, il y
a, à l'origine une rébellion qui se créée, attrait
par les multiples ressources naturelles de la RDC et soutenue par des pays
frontaliers de l'Est avec des visions annexionnistes clairement
affichées. Ces rébellions se heurtent cependant aux efforts,
moindres qu'ils soient, du gouvernement congolais, soutenus selon les enjeux de
l'heure, par la communauté nationale. Elles finissent par chercher
à conclure des accords avec le gouvernement congolais, cherchant un
alibi pouvant leur donner une base légale au cas où le
gouvernement ne respecterait pas un engagement qu'il a pris.
Au départ, la ruse semble marchée, c'est le cas
de la rébellion du RCD qui, après avoir conclu un premier accord
avec le gouvernement congolais engendra, suite à la
non-concrétisation effective de tous les engagements contenus dans
l'accord, le CNDP de Laurent Nkunda. Après avoir longtemps tenu contre
l'armée congolaise, le CNDP finit par accepter de conclure un accord
avec le gouvernement Congolais grâce aux efforts de la CIRGL qui ont
abouti à la signature de l'accord de paix entre le gouvernement de la
RDC et le CNDP, le 23 Mars 2009.
Trois ans plus tard, la même stratégie refait
surface, le CNDP engendra à son tour le M23, une rébellion issue
de l'accord du M23 dont les membres réclament l'application
intégrale. Ce qui renvoi à dire que la conclusion des accords de
paix entre le gouvernement congolais et les groupes armés ne constitue
nullement une solution durable à ce fléau. Les
négociations se fondent sur les éléments conjoncturels et
sur les conséquences, et non sur les principales causes de ces
rébellions. C'est devenu un cercle vicieux, où la RDC ne cesse de
tourner à rond pour essayer d'éradiquer ces groupes rebelles.
A ces propos, notons avec Mathieu TSHUNGU BAMESA74(*) que deux approches ont
dominé jusqu'à ce jour la recherche de la paix dans les grands
lacs. La première approche, rappelle-t-il, est fondée sur la
conclusion des accords au sommet entre les gouvernements ou les protagonistes
politiques. Ici, les promoteurs de la paix qui adoptent souvent par affiche une
attitude d'autosatisfaction et finissent par des récriminations.
En effet, si le rapprochement des communautés peut
avoir lieu grâce aux accords, l'histoire démontre que les
décrets politiques ont peu d'effet sur les préjugés
socio-culturels qui génèrent et alimentent les conflits. La
deuxième approche est celle fondée pour éradiquer les
forces dites négatives. Celle-ci s'est avérée aussi
traumatisante que coûteuse en vie humaines pour les communautés
par ses effets qualifiés des collatéraux. Déplacement
massif des populations, tueries aveugles et pogroms planifiés
accompagnent les aventures guerrières des « libérateurs
de tout bord75(*) ». Telle ou l'autre approche s'avère
pertinente. Actuellement, elles ont montré leur limite.
ii. 3.
DEFIS ACTUELS DE LA CIRGL
Avant d'évoquer les défis actuels de la CIRGL,
il sied d'évoquer, à la lumière de ce qui
précède, les faiblesses de la CIRGL.
II.3.1.
Faiblesses de la CIRGL
Parler de faiblesses de la CIRGL renvoie à aborder les
différents engagements contenus dans le pacte fondateur de la CIRGL et
ses différents protocoles, lesquels engagements peinent à
être concrétisés. Dans le contexte actuel, la plus grande
faiblesse de la CIRGL c'est l'absence de sanctions dans le pacte contre
tout Etat membre qui violerait les engagements contenus dans tous ses
instruments légaux.
En effet, en dehors de la domestication de certains chefs
d'Etats des pays membres de l'organisation se substituant au gré des
intérêts de leurs pairs du pouvoir aux enjeux économiques,
l'inaction de la CIRGL s'observe également par un vide juridique au
niveau de l'absence des mesures contraignantes des sanctions des Etats membres
en cas de violation des accords. Ce qui fait que l'institutionnalisation de
l'impunité ne fait que certifier et légaliser la succession des
crises et violations du pacte qui ont élu domicile dans la
sous-région des grands lacs en général, à l'Est de
la RDC en particulier.
Dans ce même ordre d'idées, les limites
principales de la CIRGL sont le fait qu'elle ne s'est pas
préoccupée de violations massives des droits de l'homme commises
par divers acteurs étatiques agissant en RDC. Ces abus sont maintenant
bien décrits dans les rapports de l'ONU. D'autres parts, ces acteurs
étatiques n'ont pas été contraints à mettre fin
à leur pratiques qui s'appuient sur des actions militaires de court
terme et des milices armés pour garantir leurs intérêts
sécuritaires et économiques immédiats75(*).
En dépit du fait que plusieurs rapports de grande
envergure, notamment ceux de l'ONU, GEC et autres bureaux d'études sur
la RDC aient alerté sur les graves violations des droits de l'homme, des
pillages systématiques et massacres des civiles innocents à l'Est
de la RDC par des groupes armés, surtout étrangers (ADF-Nalu,
FDLR etc.) en complicité avec certains acteurs étatiques
clairement identifiés, la CIRGL n'a infligé, jusqu'ici, des
sanctions exemplaires, ou moindres soient-elles, aux commanditaires et tireurs
des ficelles qui sont du moins connus.
Du coup, la CIRGL, débordée par les
événements, devient de plus en plus inactive. Son rôle
d'organe régional de résolution des problèmes
sous-régionaux est réduit à celui d'un simple observateur
inactif face au jeu de certains acteurs sous-régionaux ne respectant
plus les textes de l'organisation.
S'agissant du protocole de non-agression et de défense
mutuelle signé entre pays des grands lacs, il traduit visiblement le
rôle de la CIRGL comme mécanisme permanent de suivi des relations
entre les Etats des grands lacs. En effet, en 1996, la région des grands
lacs a connu une première expérience inédite dans son
histoire. Elle a connu l'invasion de la RDC par certains pays des grands lacs
(Rwanda et l'Ouganda) ayant accompagné la rébellion de l'AFDL,
créée et entretenue par ces pays pour chasser le régime de
Mobutu. Les relations s'étaient détériorées quelque
temps après entre le régime de LD Kabila et ses alliées.
Cette situation constitue le socle de la détérioration des
relations entre pays des grands dont les stigmates sont manifestes
jusqu'à ce jour.
Reconnaissant l'influence de cette dimension dans la
stabilité de la sous-région des grands lacs, la CIRGL ne pouvait
nullement mépriser cet aspect dans la quête de la pacification de
la partie Est de la RDC. Ce qui parait évident, l'entrée en
vigueur de ce protocole a ouvert la voie dans la consolidation des relations
entre pays des grands lacs, afin de déminer le climat morose qui y
régnait depuis presqu'une décennie.
De nos jours, au lieu de révérer ces engagements
solennellement signés, ce protocole s'avère
piétiné, comme tous les autres textes de la CIRGL d'ailleurs, par
certains Etats membres. Et la CIRGL devrait, à défaut des
remontrances, sanctionner tout Etat déviant et provocateur cherchant
d'une quelconque manière à étendre son
hégémonie, peu importe sa nature, sur le territoire d'un autre
Etat.
De ce qui précède, il est donc difficile
d'identifier de nos jours des sanctions, moindres soient-elles,
infligées aux autres Etats impliqués de près ou de loin,
à l'insécurité à l'Est de la RDC.
Tout compte fait, en dépit de ses efforts
considérables dans la résolution de la rébellion du M23 et
du CNDP, la CIRGL présente plusieurs faiblesses dont la
non-concrétisation des engagements contenus dans son pacte et le
non-respect, par certains Etats membres, des textes fondamentaux de la CIRGL
ont atteint le paroxysme. Elle a ainsi plusieurs défis à relever
pour jouer pleinement son rôle d'organe régional de
résolution de des problèmes majeurs de la gestion et du
développement de la sous-région par l'entremise de ses Etats
membres.
II.3.2.
Défis actuels de la CIRGL.
A la lumière des faiblesses
énumérées ci-haut, la CIRGL a plusieurs défis
à relever. Dans cette partie, nous essayons d'énumérer
quelques grands défis de la CIRGL dans le contexte actuel.
a. L'exploitation illégale des ressources
naturelles : source d'insécurité à l'Est de la
RDC.
Tout expert épris des questions sécuritaires est
sans ignoré qu'une rébellion n'est peut-être amorcée
à l'intérieur d'une ville car elle doit, entre autres, assurer
son arrière garde face à la réplique des forces
gouvernementales et, l'activité rebelle étant couteuse, elle doit
trouver une autre source de revenus plus stable et rentable lui permettant
d'entretenir et d'équiper ses troupes. Dans la plupart des cas,
l'exploitation illégale de ressources minières constitue l'une
des sources par excellence de financement de la rébellion, et la
principale cause à la base de la prolifération des mouvements
rebelles à l'Est de la RDC.
La principale contribution de la CIRGL est d'avoir
intégré dans son approche la dimension économique,
à la base du conflit en RDC. Elle a spécialement lancé une
initiative régionale sur les ressources naturelles pour certifier,
formaliser, et suivre les minerais afin d'éliminer le rôle des
groupes armés dans leur exploitation. Ces projets pilotés au
Rwanda et au Sud Kivu ont montré quelques avancées dans la bonne
direction76(*). Cette initiative
pour s'attaquer à des véritables causes de
l'insécurité s'est avérée pertinente pour tout
acteur engagé à la quête de stabilité
sous-régionale.
En 2010, la CIRGL a lancé l'initiative régionale
de lutte contre l'exploitation illégale des ressources naturelles, IRRN
en sigle. En effet, l'IRRN est un cadre régional visant à briser
le lien entre l'exploitation et le commerce illégal dans le secteur
minier, et le financement des conflits, et de transformer l'exploitation et le
commerce minier en un catalyseur du développement économique
durable77(*).
De ce fait, cette initiative a conduit les pays des grands
lacs à tenir plusieurs rencontres en la matière. En titre
d'exemple, la 3e réunion des ministres en charge des mines de
la CIRGL tenu le 6 Novembre 2014 à l'hôtel Memling à
Kinshasa a noté que la RDC et le Rwanda ont procédé au
lancement du certificat de la CIRGL (MCR), respectivement en juillet et
Novembre 2013 et qu'à ce jour, la RDC a émis 1135 certificats et
le Rwanda a émis 26 certificats78(*). A travers le MCR et l'IRRN, l'on peut constater une
moindre avancée sur cette question mais la situation est loin
d'être éradiquée. Récemment, plus de 100Kilos de
Coltan prédestinés à la fraude vers le Rwanda ont
été interceptés, affirme le site d'information 7sur7.cd
par les services de sécurité à Masisi79(*).
De ce fait, la CIRGL doit revitaliser les dispositions
relatives à l'exploitation illégale de ressources et impliquer
les différents acteurs sociaux, des organisations macrosociales (les
organisations internationales et Etats) jusqu'aux plus petites entités
microsociétales en vue de faire obstruction, malgré les
écueils, à toutes les forces négatives impliquées
dans ce négoce.
b. Le (ré)établissement des relations
sincères entre pays des grands lacs
Au sein de la CIRGL, des divergences, à la fois
économiques et stratégiques, se font jour et empêchent
toute mise en application, concertée et convergente, du pacte et des
protocoles de la CIRGL et ils agissent pour la prorogation du statu quo.
A ces propos, Gérard GEROLD et Mathieu MERINO
rappellent qu'au sein de la CIRGL, on constate depuis l'été 2013
une dégradation continue des relations entre la Tanzanie et le
Rwanda et surtout la création d'un axe d'intégration
économique fort entre l'Ouganda, le Rwanda et le Kenya qui
isole Dar-es-Salam et accentue les divergences d'intérêts au
sein de l'organisation. Ce faisant, les visions stratégiques des
membres de la CIRGL sur l'évolution future de la région
des Grands Lacs divergent80(*).
L'un des plus grands défis de la CIRGL, surtout dans le
contexte actuel, c'est la restauration d'un climat de paix entre ses Etats
membres engouffrés dans des conflits transfrontaliers et s'affrontant
soit directement (les incursions de troupes d'un Etat sur le territoire d'un
autre Etat), soit indirectement (par le truchement des groupes armés) et
finissent par des récriminations.
Nous avons ainsi identifié quelques grands conflits qui
opposent les pays de grands lacs parmi lesquels nous citons : la
dégradation des relations entre le Rwanda et la Tanzanie ; les
conflits entre l'Ouganda et le Rwanda où les deux pays s'accusent
mutuellement d'espionnage, d'ingérence et de
déstabilisation ; le conflit entre le Rwanda et le Burundi dont
chacun accuse l'autre de soutenir des groupes rebelles, responsables de
plusieurs attaques sur la sous-région ; le conflit frontalier entre
la RDC, le Rwanda et l'Ouganda ; le récent conflit frontalier entre
la RDC et la Zambie. C'est pour autant dire, ce défi est de taille pour
la CIRGL.
c. La question de la balkanisation de la RDC
Dans le contexte actuel, la question de la balkanisation de la
RDC ne peut, en aucun cas être considérée comme une utopie.
Plusieurs études et observateurs ont fourni suffisamment
d'éléments pour reconsidérer cette question longtemps
méprisée et considérée par certains comme une
utopie.
Au niveau de la pyramide sociale, bien que réticents,
beaucoup d'acteurs ont reconnu l'existence d'un plan de balkanisation de la
RDC. En 2012, quand le pays fut sauvagement agressé par la
rébellion du M23, soutenue et entretenue par certains pays de la CIRGL,
l'Ex président Congolais Joseph Kabila, affirmait ce qui suit :
« la stratégie mise en place est simple : susciter des
foyers de tension, provoquer l'insécurité à plusieurs
endroits de la RDC, décourager les investissements et empêcher la
mise en oeuvre du programme de reconstruction nationale. Bref, créer le
chaos et justifier la balkanisation de notre pays »81(*).
Cette question n'est pas une affaire anodine. Elle doit
être abordée au même titre que tous les autres maux
évoqués au sein de la CIRGL, ou de manière plus
particulière car étant délicate, touchant ainsi à
l'intégrité d'un des Etats membres. Déjà
décriée par le président Kabila à son
époque, le débat sur cette question est loin d'être clos.
Dans cette même perspective, le Centre de Recherche
Indépendant et Interdisciplinaire Congolais, CRIIC en sigle, à
l'issue d'une série de conférence organisée dont l'une a
porté sur le thème : la balkanisation de la RDC :
canular, mythe ou réalité ? Les intervenants ont
abordé à long et à large cette question. Tous les
intervenants ont insisté à l'unanimité sur l'existence
d'un plan de balkanisation de la RDC, élaboré et entretenu par
les puissances occidentales, dont certains pays de la sous-région des
grands lacs jouent le rôle d'agents ou d'exécutants, sans tenir
compte de conséquences qu'elle peut engendre au niveau
sous-régional82(*).
Il sied d'évoquer les récentes
déclarations de l'archevêque métropolitain de Kinshasa, le
cardinal Fridolin Ambongo qui, à l'issue d'une visite pastorale dans le
diocèse de Butembo-Béni du 27 au 31 décembre 2019 à
l'Est de la RDC, ayant palpé du doigt l'insécurité qui
ronge cette partie de la RDC, a interpellé les autorités
politiques et tous les congolais amoureux de leur nation sur le danger que
court le pays, tout en mettant en garde contre le risque de balkanisation de la
RDC. Face à cette tentative de balkanisation déjà
amorcée a-t-il insisté, il note la nécessité de
reconstruire l'armée nationale congolaise pour en faire un
véritable instrument de dissuasion dans la région des grands lacs
c'est-à-dire le renforcement de l'armée est une urgence. Ce
renforcement ne vise qu'un seul objectif : dissuader les voisins de la RDC
(les pays des grands lacs, membres de la CIRGL qui ont des visées
annexionnistes d'une portion importante de la RDC83(*).
De ce qui précède, ces acteurs ayant
décrié cette tentative de balkanisation n'ont fait que dire haut
ce que tout le monde dit tout bas. En réalité, tous ces faits
évoqués sont récents, l'appel à la mobilisation
pour faire échec à cette tentative de balkanisation augmente
d'intensité depuis un bout de temps au regard de certaines
réalités qui viennent corroborer cette thèse. En effet,
aucun pays de la CIRGL n'osera déclarer ouvertement qu'il veut annexer
une partie de la RDC. Il sied d'examiner les faits tels qu'ils se
présentent actuellement pour appréhender les agendas
cachés de ces Etats qui se cachent derrière un simulacre de
compassion envers la RDC.
Loin de nous l'idée d'incriminer tel ou tel Etat membre
de la CIRGL engagé dans cette pratique à la fois ignominieuse et
contradictoire au pacte fondateur de la CIRGL, il s'avère pertinent et
à juste titre pour la CIRGL de reconsidérer cette situation et
l'inscrire désormais dans ses priorités. Ce défi est
à cet effet grandiose et très délicat pour la CIRGL. Cette
situation mérite d'être traitée au sein de la CIRGL, avec
une autre approche outre que celle déjà utilisée face
à la résolution des différends sur la sous-région
des grands lacs. Certains acteurs étant connus avec des
intérêts clairement affichés, la CIRGL devra relever ce
défi en vue de jouer pleinement son rôle d'organe régional
de résolution de tous les problèmes sous-régionaux.
d. La prévalence de certains intérêts
nationaux sur la mise en oeuvre du pacte.
Tant que les intérêts divergent au sein de la
CIRGL, les conflits entre ces Etats membres ne cesseront d'exister. En
participant à une organisation internationale, qu'elle soit à
caractère universel régional ou sous-régional, chaque Etat
perd une partie de sa souveraineté au profit des intérêts
collectifs. En effet, la dure réalité des intérêts
économiques nationaux et les stratégies de développement
divergentes qui en découlent ont continué à fissurer les
initiatives de la CIRGL relatives au développement, et ont
considérablement affaibli leur impact, entrainant l'absence de
progrès dans les objectifs liés au développement
assignés par la CIRGL. Chaque Etat agit essentiellement en fonction de
ses intérêts.
En effet, quand le gouvernement de la RDC a, par le
passé, suggéré que le trafic illicite de minerais soit au
programme des discussions dans la CIRGL, les gouvernements rwandais et
Ougandais ont décliné cette offre prétendant que ce
n'était pas une question régionale84(*). On pourrait alors en
déduire que ce refus s'expliquerait notamment par le fait que leurs
intérêts étant menacés car ils tirent profit de ce
négoce illégal, ils ne pouvaient se permettre une si grave erreur
amoindrissant l'une de leurs sources des revenus.
En outre, le 20 Septembre 2020 un mini-sommet des grands lacs,
sous l'initiative de la RDC, avait été projeté. Il devrait
permettre aux chefs d'Etat des cinq pays de la région notamment la RDC,
le Rwanda, l'Ouganda, le Burundi et l'Angola, d'étudier les voies et
moyens de pacifier la région des grands lacs. A la veille de ce sommet,
le Burundi déclina l'invitation de la RDC dont les vraies raisons n'ont
pas été clairement élucidées. Pour justifier son
absence, le Burundi, à travers son ministre des affaires
étrangères, indique que compte tenu de l'agenda surchargé
des hauts responsables du pays, ils ne pourraient participer aux travaux de ce
sommet85(*)...
Cette situationdémontre le mépris de certains
Etats vis-à-vis des initiatives collectives visant à pacifier,
dans une approche collective sous-régionale, les maux qui rongent cette
sous-région. Ce qui pourrait aussi expliquer les graves violations du
pacte et des protocoles de la CIRGL. C'est pour autant dire que la CIRGL devra
rééquilibrer les initiatives de certains Etats et ses initiatives
prises pour les pays des grands lacs afin de les concilier et trouver des
meilleures solutions qui soient. Les défis étant nombreux, nous
ne pouvons pas les énumérer tous ici.
CHAPITREIII. DEROULEMENT DE L'ENQUETE
Ce chapitre est consacré aux détails sur le
déroulement de l'enquête, à la présentation des
données et les résultats obtenus.
iii.1. De l'univers de
l'enquête
Nous appelons « univers de
l'enquête », le cadre au sein duquel se sont
déroulées nos investigations. Ce cadre ne relève nullement
du hasard mais de la nature du sujet sous étude : appartenance de
la RDC à la CIRGL : atout et obstacle pour son émergence. De
par son intitulé, le champ d'étude parait trop vaste ; mais
la démarche scientifique utilisée en sciences sociales permet au
chercheur de délimiter son travail dans le temps et dans l'espace. Ce
qui lui permet de ne pas parcourir l'ensemble de l'espace concerné pour
y mener des investigations.
Dans le cadre de cette étude, nos enquêtes se
sont déroulées dans la ville de Kinshasa. Ici encore, l'univers
de l'enquête parait vaste. C'est dans cette optique que nous avons
mené nos investigations uniquement à la coordination nationale de
la CIRGL/RDC, au ministère de la Coopération internationale et
intégration régionale, à la direction de
l'Intégration régionale situé à l'immeuble en face
de la Cour constitutionnelle, au 5e Etage ; au ministère
des Affaires étrangères, dans la direction des Organisations
internationales (5e étage de l'immeuble des affaires
étrangères, à droit), à la direction Afrique et
Moyen-Orient (3e Etage de l'immeuble des affaires
étrangères, à gauche), et afin à
l'Université de Kinshasa auprès de quelques spécialistes
des organisations internationales.
iii.2. De l'échantillon
Nous avons opté pour l'échantillon par choix
raisonné. L'option pour ce type d'échantillon est
justifiée par le fait que peu de gens disposent des informations sur la
CIRGL. C'est pourquoi nous nous sommes entretenus uniquement avec des personnes
ressources, celles disposant suffisamment d'informations sur la CIRGL.
Au sein de la coordination nationale, nous nous sommes
entretenus avec le directeur de la coordination nationale de la CIRGL. Nous
avons eu le privilège d'avoir aussi les opinions du premier coordinateur
national de la CIRGL/RDC ayant participé à toute la
procédure de la création de la CIRGL depuis 2003, car
étant dans le comité préparatoire national de la RDC.
Avec ces personnes, nous avons jugé utile de nous limiter à la
coordination nationale car, en optant pour une étude qualitative, ce qui
importe, rappelons-le, ce n'est pas le nombre d'enquêtés comme
dans l'approche quantitative, mais plutôt la qualité des opinions
émises par ces enquêtés.
L'échantillon par choix raisonné combiné
avec l'entretien compréhensif nous ont permis de récolter les
informations auprès des personnes mieux outillées sans passer par
un grand nombre d'enquêtés au sein de la coordination
nationale.
Néanmoins, nous ne pouvons boucler l'enquête en
nous basant seulement sur les données issues de la coordination
nationale de la CIRGL/RDC. Au sein du ministère des affaires
étrangères, nous sommes entretenus avec le responsable de la
direction des Organisations internationales, le directeur chargé de
l'Afrique et Moyen-Orient et le chef de bureau chargé de la CIRGL et la
CEPGL.
En RDC, La direction de l'Intégration régionale
du ministère de la Coopération internationale et
intégration régionale a, dans ses attributions, la gestion de la
coordination nationale de la CIRGL en tant que service dépendant du
gouvernement congolais. Nous nous sommes contentés d'un seul entretien
dans cette direction. Par la suite, nous avons décidé de revenir
à l'Université de Kinshasa, plus précisément au
sein du département des Relations Internationales, de la faculté
des Sciences Sociales Administratives et Politiques auprès de quelques
professeurs, chefs de travaux et Assistants ayant mené une étude
sur la CIRGL.
Ce procédé nous a permis de confronter les
données reçues à la coordination nationale de la CIRGL/RDC
et celles issues des autres services. Après ce long exercice qui nous a
pris beaucoup de temps, nous avons bouclé l'enquête après
s'être entretenus avec 15 enquêtes.
iii.3. De l'entretien
compréhensif
III.3.1. Méthodologie
Pris sous cet angle, la méthodologie ne renvoie pas ici
à l'ensemble de théories, méthodes et techniques
utilisées dans le cadre de notre étude ; elle est
plutôt synonyme du mode opératoire de l'entretien
compréhensif, de notre manière de procéder pour
réaliser les entretiens.
Muni d'un guide d'entretien contenant trois principaux
thèmes et quelques sous-thèmes, nous avons débuté
le 24 novembre 2020, l'enquête a pris fin le 5 janvier 2021. Cette longue
période se justifie par le fait que certains enquêtés
estimaient que le sujet était sensible et par conséquent, ils ne
pouvaient nullement prendre part à l'étude. C'est pourquoi nous
avions compté (misé) sur la disponibilité de ceux qui
acceptaient d'y participer en dépit de tout.
Avant de réaliser chaque entretien, nous commencions
par nous présenter et exhiber notre attestation de recherche, notre
carte d'étudiant de l'année en cours, et pour certains
enquêtés notre guide d'entretien. Quelques entretiens ont
été enregistrés de commun accord avec
l'enquêté. Pour ceux qui avaient catégoriquement
refusé d'être enregistrés, préférant garder
l'anonymat, nous étions obligé de les suivre attentivement et de
prendre note de leurs opinions.
III.3.2. Quelques problèmes
épistémologiques de terrain
Les problèmes épistémologiques dont il
est question ici ne sont pas à confondre avec les difficultés
rencontrées qui sont des problèmes courants que l'on rencontre
naturellement sur le terrain. Il s'agit de problèmes pouvant
dénaturer la véracité des informations et des
données recueillies pour cette étude. Ils peuvent influencer soit
positivement, soit négativement le déroulement de l'entretien et
la qualité des informations reçues.
Comment se rassurer dès lors de la pertinence et de la
véracité des informations obtenues presqu'en forçant la
main de l'enquêté ou des enquêtés ?
Le moins que l'on puisse dire, cette préoccupation
semble pertinente. Effet, la confrontation des informations données par
ces enquêtés et les réalités telles qu'elles se
présentent actuellement dans la sous-région des grands lacs en
général, et à l'Est de la RDC en particulier
déterminera la véracité de ces informations. Elle tient
compte, dans l'analyse et l'interprétation des résultats, de la
réalité actuelle et des écrits existent en la
matière pour appréhender la portée des informations mises
en notre disposition.
Par ailleurs, on voit que l'influence des paramètres
caractérisant l'équation sociale du chercheur est plus
insidieuse86(*). A
l'équation sociale du chercheur, il faut ajouter son équation
personnelle parmi les facteurs aptes à perturber l'observation et
l'analyse.Les sociologues sont ainsi soumis à l'influence
d'équations personnelles et sociales. L'influence des équations
socio-personnelles n'exclue ni qu'une analyse sociologique puisse être
soumise à une discussion critique rationnelle, ni que cette discussion
puisse aboutir à des conclusions en principe susceptibles d'être
acceptées par tous87(*).
En ce qui nous concerne, nous nous sommes efforcés de
surmonter cet écueil susceptible d'influencer, soit positivement soit
négativement, l'issue de notre étude. Pour se faire, la
démarche que nous utilisons dans cette étude a été
soumise à la rigueur du modèle explicatif, de la méthode
utilisée et aux différents outils méthodologiques relatifs
à la production, à la présentation et l'analyse des
résultats.
C'est en ce sens que nous affirmons, en dépit de ces
obstacles d'ordre épistémologique, que notre étude reste
scientifique et objective.
III.3.3. Présentation des données de
l'enquête
Pour présenter les données avec un maximum de
clarté, nous faisons recours ici à l'usage des tableaux. Il
convient de souligner d'une part, que ces données relèvent
uniquement des opinions des enquêtés, données produites
à l'aide d'un guide d'entretien, et, d'autre part, que les
tableaux qui en découlent sont tracés par
nous-même.Evitant d'encombrer le texte avec les annexes à la fin,
nous avons résolu carrément de reproduire les thèmes du
guide d'entretien dans le corps de chaque tableau. Il s'agit des thèmes
ci-après :
1. Statut et rôle de la CIRGL ;
2. Insécurité à l'Est de la RDC ;
3. Suggestions.
A. Statut et rôle de la CIRGL
Tableauno1 : Statut de la
CIRGL
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Organisation internationale
|
2
|
13,3
|
2
|
Organisation régionale
|
3
|
20
|
3
|
Organisation sous-régionale à caractère
politique
|
10
|
66,7
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05
janvier 2021.
Comme peut-on le constater, ce tableau démontre que
66,7% des enquêtés considèrent la CIRGL comme une
organisation sous-régionale à caractère politique pour la
différencier des autres organisations présentes dans la
sous-région des grands, 20% d'enquêtés estiment qu'elle est
une organisation régionale dès par sa configuration actuelle et
13,3% affirment qu'elle est une organisation internationale.
Tableau no2 : Rôle de
la CIRGL
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Cadre de discussions permanent et de résolution des
tous les conflits à l'Est de la RDC
|
6
|
40
|
2
|
Restaurer la paix, la sécurité et les bonnes
relations entre pays des grands lacs
|
9
|
60
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05
janvier 2021.
Ce tableau renseigne que 60,0% d'enquêtés
affirment que la CIRGL a été créée pour restaurer
ou ramener la paix, la sécurité et les bonnes relations entre
pays des grands lacs et 40% de ces enquêtés estiment quant
à eux que la CIRGL est un cadre permanent de discussions et de
résolution des tous les conflits à l'Est de la RDC.
Tableau no3. Accomplissement des
missions de la CIRGL en RDC
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Elle ne les accomplit pas car l'insécurité est
toujours présente à l'Est de la RDC
|
11
|
73,3
|
2
|
Elle les accomplit mais le retour réel de la paix est
un processus
|
4
|
26,7
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05
janvier 2021.
Ce tableau démontre que 73,3% d'enquêtés
estiment que la CIRGL n'accomplit pas ses missions car
l'insécurité est toujours présente à l'Est de la
RDC, 26,7% affirment qu'elle les accomplit mais le retour réel de la
paix est un processus.
Tableau no4. Rôle de la
coordination nationale de la CIRGL/RDC en RDC
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses
organes spécialisés
|
8
|
53,3
|
2
|
Chargé d'élaborer l'agenda national et faire des
recommandations à la CIRGL pour la RDC
|
7
|
46,7
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05
janvier 2021
Ce tableau renseigne que 53,3% d'enquêtés
considèrent la coordination nationale de la CIRGL/RDC comme étant
l'intermédiaire entre la RDC, la CIRGL et ses organes
spécialisés, 46,7% estiment qu'elle est chargée
d'élaborer l'agenda national et faire des recommandations à la
CIRGL en faveur de la RDC.
B. Insécurité à l'Est de la
RDC
Tableau no5 : L'influence des
puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la
RDC
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
%
|
1
|
Les multinationales et les groupes maffieux d'origine
occidentale sont impliqués ; elles soutiennent les groupes
armés à l'Est de la RDC
|
12
|
80
|
2
|
Elles n'ont aucun intérêt à
déstabiliser la RDC
|
3
|
20
|
Tot
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes du 24 novembre 2020 au 05
janvier 2021.
Il ressort de ce tableau que 80,0% d'enquêtés
reconnaissent l'implication de certaines multinationales et groupes maffieux
d'origine occidentale dans l'insécurité à l'Est de la RDC.
Tandis que 20% affirment quant à eux qu'elles n'ont aucun
intérêt à déstabiliser la RDC.
Tableau no 6. Relations de bon
voisinage entre la RDC et la Rwanda, le Burundi, l'Ouganda
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
1
|
Tumultueuses.
|
8
|
53,3
|
2
|
Améliorées grâce à la CIRGL
|
7
|
46,7
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier
2021.
Ce tableau démontre que 53,3% d'enquêtés
estiment que les relations entre la RDC et ces pays voisins sont tumultueuses.
Par contre, 46,7% affirment qu'elles se sont améliorées
grâce à la CIRGL.
Tableau no 7. Implication du
Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à
l'Est de la RDC
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
%
|
1
|
Ils y sont impliqués à travers leurs forces de
sécurité et leurs groupes rebelles
|
13
|
86,7
|
2
|
Sans opinion
|
2
|
13,3
|
Total
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier
2021.
Ce tableau renseigne que 86,7% d'enquêtés affirme
que ces pays, pourtant membres de la CIRGL, sont directement impliqués
à l'insécurité sur le sol congolais à travers leurs
forces de sécurité et leurs groupes rebelles. Par contre, 13,3%
n'ont pas exprimé leurs opinions.
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
%
|
1
|
La RDC n'a rien à espérer de la CIRGL
|
8
|
53,3
|
2
|
La résolution des rébellions du M23 et du
CNDP
|
7
|
46,7
|
Tot
|
|
15
|
100
|
Tableau no 8. Profit de la RDC
dans la CIRGL
Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier
2021.
Ce tableau renseigne que 53,3% d'enquêtés pensent
que la RDC n'a rien à espérer de la CIRGL, tandis que 46,7%
estiment que la RDC a déjà bénéficié de la
CIRGL la résolution pacifique des rébellions du CNDP et du
M23.
C. Suggestions des enquêtés
Tableau no 9. Recommandations
à la CIRGL
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
%
|
1
|
Les Etats membres doivent cesser de parrainer les groupes
armés à l'Est de la RDC mais les traquer ensemble comme
prévu dans le pacte, dans le respect de la souveraineté de la RDC
|
12
|
80
|
2
|
Favoriser l'intégration économique et
l'exploitation des ressources communes entre la RDC et ses voisins de l'Est
|
3
|
20
|
Tot
|
|
15
|
100
|
Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier
2021.
Ce tableau renseigne que 80% d'enquêtés
recommandent à la CIRGL, mieux aux Etats membres de la CIRGL de cesser
de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC mais de les
traquer ensemble comme prévu dans le pacte, dans le respect de la
souveraineté de la RDC et 20% estiment qu'elle doit favoriser
l'intégration économique et l'exploitation des ressources
communes entre la RDC et ses voisins.
No
|
Réponses
|
Fréquence
|
%
|
1
|
Mettre en place un leadership fort et éclairé
capable de changer les choses à l'interne et imposer
l'intérêt national au sein de la CIRGL
|
11
|
73,3
|
2
|
Renforcer son dispositif de sécurité au niveau
des frontières et à l'intérieur du pays
|
4
|
26,7
|
Tot
|
|
15
|
100
|
Tableau no 10. Recommandations
à l'Etat congolais
Source : Nos enquêtes de novembre 2020 au janvier
2021.
Ce tableau renseigne que 73,3% d'enquêtés
recommandent à l'Etat congolais de mettre en place un leadership fort et
éclairé capable de changer les choses à l'interne et
imposer l'intérêt national au sein de la CIRGL et 26,7% lui
recommandent de renforcer sa posture de sécurité au niveau des
frontières et à l'intérieur du pays.
III.4. Résultats obtenus
1. Les enquêtés sont bien conscients que la CIRGL
est une organisation sous-régionale à caractère
politique ;
2. Pour eux, la CIRGL a pour rôle de restaurer la paix,
la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands
lacs ;
3. Cependant, ils estiment que la CIRGL n'accomplit pas ses
missions car l'insécurité est toujours présente à
l'Est de la RDC ;
4. S'agissant de la coordination nationale, ils
pensentqu'elle est l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et
ses organes spécialisés ;
5. Evoquant le rôle des puissances occidentales, ils
affirment que les multinationales et les groupes maffieux d'origine occidentale
sont impliqués à l'insécurité à l'Est de la
RDC, car elles soutiennent les groupes armés ;
6. Revenant sur les relations de bon voisinage entre la RDC et
le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, ils pensentqu'elles sont
tumultueuses ;
7. Cela parce qu'estiment-ils, ces pays sont impliqués
à l'insécurité à l'Est de la RDC à travers
leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles ;
8. Parlant de l'intérêt de la RDC en étant
membre de la CIRGL, les enquêtés estiment que la RDC n'a rien
à espérer de cette organisation sous-régionale ;
9. C'est pourquoiils suggèrent aux Etats membres de la
CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC
et de revenir sur la lettre et l'esprit de son pacte fondateur ;
10. A l'Etat congolais, ils lui recommandent de mettre en
place un leadership fort et éclairé capable de changer les choses
à l'interne et imposer l'intérêt national au sein de la
CIRGL.
CHAPITRE IV. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Ce chapitre porte sur l'analyse et interprétation des
résultats obtenus de nos investigations. Elles tiennent compte
principalement des tendances émergentes. Puis qu'il s'agit de l'approche
qualitative, nous reviendrons également sur les tendances minoritaires
pour faire comprendre certaines réalités que les
enquêtés ont épinglé.
IV. 1. Statut et rôle de la
CIRGL
IV.1.1. La CIRGL comme organisation sous-régionale
à caractère politique
Le caractère politique attribué à la
CIRGL (66,7%) est un indicateur pour la différencier avec d'autres
organisations présentes dans la sous-région des grands lacs
notamment la CEPGL qui s'occupe selon ces enquêtés, des questions
liées à l'intégration économique.
Mais 20% ont estimé qu'elle est une organisation
régionale. Ceux-ci ont une vision un peu plus large de la CIRGL ;
ils la considèrent ainsi au regard de sa configuration actuelle, en
dépit de quatre pays membres faisant naturellement partie de l'espace
grands lacs africains. Elle a élargi au fil des années, son champ
d'action en admettant en son sein certains pays africains qui,
géographiquement ne font pas partie de l'espace grands lacs africains.
La considération géographique étant
dépassée, on retrouve actuellement d'autres pays coptés
cités précédemment qui, au regard de leur position
géostratégique sur le continent ont décidé de faire
partie de la CIRGL. Dès lors que l'on tient compte des pays membres et
coptés, l'on se heurte à un autre paysage de la CIRGL, c'est ce
qui fait qu'elle soit considérée par ces enquêtés
comme une organisation régionale.
Il en est de même d'une faible tendance, 13,3% pour qui
la CIRGL est une organisation internationale. Ceux-ci se basent sur le pacte
fondateur de la CIRGL qui, selon certains enquêtés, n'instituait
pas une organisation sous-régionale. Elle a été
instituée comme un cadre de discussion entre pays des grands lacs, elle
est ainsi considérée comme une organisation internationale par le
simple fait qu'elle est le fruit des efforts consentis par plusieurs pays.
Eu égard à toutes ces opinions parfois
contradictoires, le chercheur a l'obligation de les analyser et leur donner un
contenu qui soit compréhensible car, disait Gaston Bachelard, rendre
géométrique la représentation c'est-à-dire dessiner
les phénomènes et ordonner en série les
événements d'une expérience, voilà la tâche
première où s'affirme l'esprit scientifique88(*).
En effet, une organisation internationale est une association
d'Etats souverains poursuivants un but d'intérêt commun au moyen
d'organes propres et permanents. C'est donc une organisation
créée en principe pour agir au profit de ses membres à
l'échelle nationale et internationale89(*). En outre, elle est une institution
créée par plusieurs Etats pour gérer de manière
permanente leur coopération dans différents domaines90(*).Mais cette appréhension
n'empêche pas que les organisations internationales soient
classées d'abord au regard de leur composition, ensuite au regard de
leur domaine d'intervention et de leur fonction, enfin au regard de
l'étendue de leur pouvoir, en tenant compte du facteur
géographique.
De cette classification géographique, il en
découle des organisations internationales universelles pour
désigner celles qui sont ouvertes à tous les Etats, tel est le
cas de l'ONU, dotés des institutions spécialisées dans ses
domaines d'action notamment économique (OMC, CEE), social (OIT, OMS),
financier (FMI, BIRD), Humanitaire (HCR), culturel et éducatif
(UNESCO).A côté d'elles, se trouvent des organisations
internationales à caractère régional qu'on
appelle des organisations régionales pour désigner des
associations des Etats soudés par la solidarité régionale
et appartenant à un même secteur géographique. On pourrait
citer dans ce cas l'UA, l'UE, l'Association des Etats du Sud-Est Asiatiques
(ASEAN), l'Organisation des Etats Américains (OEA)91(*)...
De bout en bout, on se heurte à une dimension
relativement large fixant le cadre de compétences des organisations
internationales. Ce qui nous renvoi à dire qu'une organisation qu'elle
soit régionale ou sous régionale est avant tout une organisation
internationale. La différence fondamentale découle du contexte
géographique et du caractère de ladite organisation. A-t-elle un
caractère universel, régional ou sous-régional ? Une
organisation régionale est celle qui ne peut regrouper que les pays
membres d'une même région. On parlera à cet effet de
l'Union Africaine comme organisation régionale qui ne regroupe pas
forcement tous les pays de la région Afrique mais plusieurs ou les
¾ des pays Africains.
Dans la région Afrique, on retrouve logiquement des
sous-régions déterminées sur la base des facteurs
géographiques, linguistiques, etc. On parlera dans ce cas de l'Afrique
de l'ouest, du nord, australe, centrale, etc. avec des organisations
sous-régionales propres à elles. Jusqu'ici, l'espace
« grands lacs » n'apparait nullement comme une
sous-région Africaine à part entière. Au-delà des
facteurs géographiques et linguistiques, d'autres facteurs subsidiaires
s'interposent pour imputer l'étiquette d'une sous-région à
l'espace grands lacs notamment les facteurs environnementaux,
géostratégiques, et géopolitiques.
Peu de travaux considèrent aujourd'hui la CIRGL comme
une organisation sous-région. Cela ne nous empêche pas
néanmoins de la considérer comme une organisation
sous-régionale car, dans la phase de la création de la CIRGL, on
a pris soin de respecter scrupuleusement toutes les étapes qui
concurrent à la création d'une organisation internationale
à caractère sous-régional à savoir les pourparlers,
la négociation, la signature et enfin la ratification.
En outre, c'est par une charte constitutive appelée
traité, charte, constitution, pacte, etc. que les Etats créent
une organisation internationale, régionale ou sous-régionale, et
pour qu'un traité international entre en vigueur, il doit être
ratifié et respecté par les Etats membres. La CIRGL dispose d'un
pacte fondateur, appelé pacte sur la sécurité, la
stabilité et le développement sur la région des grands
lacs qui a créé, suivant la procédure de création
d'une organisation sous-régionale, la CIRGL.
Tout compte fait, au regard de sa configuration actuelle, elle
se rapproche de l'Union du Maghreb Arabe, UMA en sigle. Le constat
découlant de l'analyse de ces deux organisations sous-régionales
par exemple c'est qu'au-delà des objectifs qu'elles poursuivent, les
pays qui les composent ont des similarités linguistiques et ethniques,
une histoire commune ou similaire et des problèmes communs ou similaires
qui, par moment, entravent les relations de bon voisinage entre ces Etats avec
des conséquences sur l'ensemble de la sous-région.
IV.1.2. La restauration de la
paix, de la sécurité et des bonnes relations entre pays des
grands lacs comme rôle de la CIRGL
La sous-région des grands lacs était et est
encore en proie à l'instabilité avec des répercussions
plus ou moins manifestes sur l'ensemble de ces pays. Si la CEPGL, la plus
vieille organisation de la région, a brillé par son laxisme,
parce qu'elle se focalisait essentiellement sur les matières
économiques sans tenir compte de questions sécuritaires et ne
regroupant qu'un petit nombre de pays des grands lacs géographiques
à savoir : la RDC, le Rwanda et le Burundi, les guerres et
conflits qu'a connu la sous-région des grands lacs entre 1993 et 2003
ont ouvert la voie à la création d'une organisation dotée,
cette fois-ci des garde-fous pouvant faire face à l'ampleur de
l'insécurité dans cette sous-région. C'est pourquoi 60%
des enquêtés pensent que la CIRGL a pour rôle la
restauration de la paix, de la sécurité et la promotion des
relations de bon voisinage entre les Etats membres.
Par contre, 40% estiment qu'elle estun cadre de discussions
permanent et de résolution de tous les conflits à l'Est de la
RDC. En clair, ils estiment que l'insécurité sur le sol Congolais
a un caractère régional. Ils retracent son origine en s'appuyant
sur les événements survenus dans la sous-région depuis le
génocide Rwandais en 1994 qui a entrainé, comme
conséquence, le flux massif des réfugiés Hutus à
l'Est de la RDC, la guerre de l'AFDL qu'ils assimilent à une agression
de la RDC par le Rwanda et l'Ouganda dissimulée sous le simulacre d'une
guerre de libération dirigée en apparence par un congolais, et
ensuite les rébellions du RCD en 1998 et MLC en 1999... En faisant la
comptabilité des pays impliqués dans ces conflits armés,
l'on se rend vite compte qu'entre onze et treize pays Africains y
étaient directement impliqués.C'est ce que certains auteurs
qualifient de la première guerre mondiale Africaine.
C'est à la suite de cette situation très
complexe que les Nations-Unies et l'Union Africaine ont appelé à
la création de la CIRGL comme cadre régional où se
rencontreront tous les chefs d'Etat des pays impliqués à la
guerre du Congo pour discuter de l'insécurité en RDC et trouver
des solutions idoines.
On saitque la sous-région des grands lacs a
survécu à plus de deux décennies de guerre et de conflits
sanglant. La succession des conflits et de violences qui ont frappé
cette sous-région ont entrainé d'importants dégâts
humanitaires, matériels, sociaux, etc. Le nombre de victimes n'a fait
que s'accroitre alors que le développement socio-économique de la
sous-région restait au ralenti si pas inexistant.
Devant cette instabilité sous-régionale devenue
chronique avec les effets collatéraux fortement dévastateurs sur
les vies des populations et les droits de l'homme, les Etats de la
sous-région ont brillé pendant les deux dernières
décennies par leur incapacité à résorber les crises
qui ne cessaient de les déchirer. La plupart des mécanismes mis
en place par eux ont été d'une rhétorique retentissante
sans cependant produire les résultats escomptés. Parmi les
stratégies envisagées pour endiguer la crise dans la
sous-région, les Etats ont pensé à l'utilisation des
organisations sous-régionales qui les rassemblent92(*).
C'est dans ce contexte que la CIRGL apparait comme l'une des
alternatives mises en place par les pays de grands lacs pour trouver des
solutions idoines aux problèmes liés à la paix, à
la sécurité et des relations entre ces pays membres.
En outre, la situation sécuritaire chaotique à
l'Est de la RDC occupe une position prépondérante au sein de la
CIRGL. Si les Etats concernés en premier lieu par la recherche des
solutions à la crise des grands étaient au départ le
Burundi, l'Ouganda, la RDC et le Rwanda, il est vite apparu que la paix et le
développement dans la région dépendaient en grande partie
de la RDC comme Etat central et moteur économique de
l'intégration sous-régionale, et que par conséquent, les
conditions prévalent dans tous ces pays voisins avaient tout autant de
l'influence sur sa stabilité93(*). C'est ici que ressort visiblement le rôle de
la CIRGL comme cadre de discussion permanent et de résolution de tous
les conflits à l'Est de la RDC.
Somme toute, ces différentes opinions se
rétrécissent en un seul rôle principal que l'on peut
attribuer à la CIRGL qui est celui d'un organe sous-régional de
résolution de tous les problèmes sous-régionaux, qu'ils
soient liés à la paix ou à la sécurité, au
développement, ou encore à la bonne gouvernance
(démocratie).
IV.1.3. Accomplissement des
missions de la CIRGL en RDC
A propos de l'accomplissement desa mission, 73,3%
d'enquêtés affirment que la CIRGL ne l'accomplit pas. Ils partent
d'un certain nombre de faits et événements parfois
élémentaires mais déterminants pour appréhender
l'inaction de la CIRGL en RDC. Selon eux, les différents sommets,
conférences et rencontres interministérielles organisées
par la CIRGL, consacrés à la résolution de
l'insécurité à l'Est de la RDC n'ont pas donné le
résultat escompté.
Pourtant, les Etats s'étaient engagés à
renoncer à la menace ou à l'emploi de la force comme politique ou
moyen visant à régler les différends, s'abstenir de
soutenir des groupes armés et insurgés sur le territoire d'un
Etat membre et de coopérer à tous les niveaux en vue du
désarmement et du démantèlement des groupes armés
existants. On voit que lors de la résolution de la rébellion du
M23 par exemple, les accords de coopération judiciaire et d'extradition
avec les pays de la CIRGL peinaient à être exécutés.
A la surprise générale, le Rwanda avait refusé d'extrader
Laurent Nkunda en RDC pour qu'il y soit jugé pour les crimes commis
à l'Est de la RDC. S'agissant de la coopération à tous les
niveaux pour démanteler ces groupes rebelles à l'Est de la RDC,
les opérations mixtes que la RDC avait menées avec certains pays
membres de la CIRGL avaient été un échec patent.
En outre, la CIRGL n'accomplit pas ses missions en RDC
à cause d'un certain nombre d'obstacles dont le premier est d'ordre
politique. Celui-ci serait lié au manque de volonté politique de
la part des chefs d'Etat et des officiels chargés de la mise en oeuvre
des engagements contenus dans le pacte. Le deuxième obstacle est d'ordre
financier, c'est-à-dire le manque des moyens financiers pour soutenir
les activités de la CIRGL. Le troisième obstacle est d'ordre
économique. Il est lié à la divergence des
intérêts économiques entre les Etats membres de la CIRGL.
Ce qui fait que certains pays des grands lacs sont à la recherche
effrénée de profit et sont impliqués dans le négoce
illicite de ressources naturelles qui alimentent le conflit à l'Est de
la RDC.
En dépit de ce bilan négatif de la CIRGL en RDC,
une frange des enquêtés reconnaissent quand même quelques
avancéesgrâce à la CIRGL.Pour eux, la CIRGL a
déjà condamné la subversion, l'ingérence,
l'agression et le parrainage des groupes armés en RDC par certains de
ses Etats membres. Ce qui fait qu'actuellement, on ne voit plus d'agressions
clairement affichées. On voit aussi un léger rapprochement entre
la RDC et certains pays de la sous-région impliqués jadis dans la
guerre du Congo, un semblant de coopération et plusieurs
démarches communes entre la RDC et le Rwanda ont été
entreprises notamment Amani 1 et 2, Kimia 1et 2.
Dans ses efforts pour restaurer la paix et la
sécurité à l'Est de la RDC, la CIRGL a mis en place des
organes spécialisés. Il s'agitdu Centre Conjoint de Fusion de
Renseignement, CCFR en sigle, basé à Goma, réunissant les
chefs de renseignement de douze pays membres de la CIRGL dont la mission est de
récolter les renseignements sur le mode opératoire des groupes
armés qui créent l'insécurité dans la
sous-région (FDLR, ADF, LRA, FNL, Maï-Maï, etc.), les analyser
et les partager avec les gouvernements des douze pays membres afin d'agir
efficacement contre ces groupes armés. Il s'agit aussi du
Mécanisme Conjoint de Vérification Elargie, MCVE en sigle,
basé également à Goma qui a pour mission de
vérifier les allégations en rapport avec le mouvement des forces
négatives dans la sous-région, régler les conflits dans
les zones frontalières, etc.
Ainsi pensent cette frange d'enquêtés,
grâce à ses efforts, la CIRGL s'est efforcée d'identifier
les poches d'insécurité partout à l'Est de la RDC et les
motivations de ces groupes armés. Après analyse, il est vite
apparu que l'objectif de tous les groupes armés présents à
l'Est de la RDC n'est nullement celui de venir renverser l'autorité
étatique établit à Kinshasa. Ils se sont
érigés en rébellion pour contrôler certaines mines,
c'est-à-dire, leur objectif est économique et non politique comme
ce fut le cas par exemple avec l'AFDL. Partout où ils sont, le constat
c'est qu'il y a soit une mine d'or, soit une mine de Coltan.
La CIRGL avait déjà élaboré le
protocole sur la lutte contre l'exploitation illégale des ressources
naturelles. Pour la mise en oeuvre de ce protocole, la CIRGL a lancé
l'Initiative Régionale contre l'exploitation illégale des
Ressources Naturelles (IRRN).
L'IRRN comprend six outils notamment la certification. Par la
certification, la CIRGL avait identifié trois minerais faisant partie
des minerais des conflits constituant les visées de tous les groupes
rebelles. Il s'agit de Colombo-Tantalite qui, ensemble forment le Coltan et
l'Or. Ayant compris que ces minerais sont à la base des conflits et que
ces groupes armés les faisaient passer par le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, il s'est avéré nécessaire la certification entant
qu'outil de l'IRRN. Elle consiste à retracer l'origine des minerais
depuis son lieu d'extraction, son trajet jusqu'à la vente en Occident.
La CIRGL délivre ainsi un certificat pour chaque minerai (Coltan-Or) qui
quitte l'Est de la RDC. Le but c'est de contrôler et d'endiguer les
groupes armés de tel en sorte que les minerais de l'Est de la RDC ne
soient plus source d'insécurité.
Pour ces enquêtés, l'IRRN a certes
contribué à atténuer l'ampleur de
l'insécurité à l'Est de la RDC ; mais au niveau du
pays, déplorent-ils, il y a eu beaucoup de faiblesses liées au
manque de sérieux et de patriotisme de la part des autorités
congolaises. Car dans la plupart de cas, la CIRGL s'est finalement rendu compte
que les minerais qui quittaient frauduleusement l'Est de la RDC vers le Rwanda,
l'Ouganda et le Burundi étaient facilités soit, par une
autorité politique congolaise, soit par une autorité militaire.
Du coup, la CIRGL ne peut cependant endiguer, sans la détermination de
la RDC, l'exploitation illégale qui est la vraie source de
l'insécurité.
IV.1.4. La coordination nationale
de la CIRGL/RDC comme intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et
ses organes spécialisés
Pour une frange importante des enquêtés(53,3%),
la coordination nationale de la CIRGL/RDC a pour rôle d'être
l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes
spécialisés. Dans ce sens, elle est le bureau de
représentation de la CIRGL en RDC, traitant les dossiers et les
correspondances avant qu'ils n'atteignent les autorités et donne un avis
technique. Elle demeure un service du gouvernement congolais.
D'autres enquêtés (26,7%) pensent qu'elle est
chargée d'élaborer l'agenda national et faire des recommandations
à l'organisation en faveur de la RDC. Ils partent du constat selon
lequel, dans le cadre des pourparlers dans le processus de la création
de la CIRGL, il y a eu d'abord le Comité Préparatoire National,
CPN en sigle, installé dans chaque pays afin de préparer la mise
en oeuvre effective de la nouvelle organisation en perspective. Celui-ci
identifiait des problèmes majeurs qui se posent au pays et faire des
recommandations sur la base de ces problèmes, sous forme d'un agenda
national afin que celles-ci trouvent satisfaction au sein de l'organisation.
Après l'étape préparatoire, le CPN est devenu la
coordination nationale fonctionnant dans la même logique.
Dans les deux cas, on doit dire qu'actuellement, elle
fonctionne comme bureau de représentation de la CIRGL en RDC, mais aussi
comme intermédiaire entre la RDC et la CIRGL. On déplore
néanmoins le laxisme de l'Etat congolais qui n'est pas totalement
engagé dans la CIRGL et ne reconnait pas, à sa juste valeur, le
travail abattu par la coordination.
IV.
2. Insécurité à l'Est de la RDC
IV.2.1. De l'influence des
puissances occidentales sur l'insécurité à l'Est de la
RDC.
En effet, 80% d'enquêtés affirment que les
multinationales occidentales et certains groupes maffieux exercent une
influence négative sur l'insécurité à l'Est de la
RDC. Leur implication ne signifie nullement que leurs pays respectifs y sont
officiellement impliqués.
En effet, leur implication serait tout à fait naturelle
car les raisons qui les ont poussé jadis à venir coloniser
l'Afrique (exceptés les USA) sont les mêmes qui les poussent
aujourd'hui à créer, par le truchement des groupes rebelles
l'insécurité en RDC. Ils estiment que l'Occident étant
industrialisé, il a besoin des matières premières sans
lesquelles les usines ne sauraient tourner. L'Est de la RDC détient ces
ressources.Ce qui fait que ces puissances, par leurs multinationales tirent les
ficelles. C'est ainsi que certaines milices ethniques qui jadis, étaient
d'autodéfense (Maï-Maï par exemple) sont aujourd'hui
instrumentalisées par ces puissances et se sont transformées en
groupes rebelles vendant leur service au plus offrant.
D'autres enquêtés (20%) pensent que les
puissances occidentales n'ont aucun intérêt à
déstabiliser la RDC. Si elles veulent avoir les minerais comme certains
le pensent, elles viendront officiellement négocier les accords avec le
gouvernement et occupées légalement les mines congolaises. Ils
affirment que les gouvernements de ces pays occidentaux mènent au
conseil de sécurité le plaidoyer en faveur de la RDC relatif
à la paix et à la sécurité sur son sol. C'est ainsi
que l'on constate des accords de coopération militaire signés
entre la RDC et les USA, avec la France... En 2003, faut-il le rappeler, la
France avait soutenu les FARDC à travers l'opération
Artémis dans l'Ituri. Ces puissances ont aussi formé les
commandos qui ont combattu la LRA et les M23 pour ne citer que ces faits...
Ils se dégagent de ces opinions deux courants
diamétralement opposés mais avec des approches qui
s'interconnectent dès lors que l'on veut les analyser : la
non-ingérence et la non-indifférence de ces puissances face
à l'insécurité à l'Est de la RDC. D'un
côté certains enquêtés qui crient à leur
ingérence, et de l'autre côté ceux qui légitiment
l'essence de leur influence (la non-indifférence) face à
cette situation.
Si les autorités congolaises ont toujours
considéré la question sécuritaire nationale comme domaine
essentiellement lié à sa souveraineté et par
conséquent ne peut recevoir aucune directive des autres en la
matière, cela parait vraisemblablement aléatoire. En effet,
dès lors que l'insécurité engendre des questions
humanitaires, les interventions des organisations internationales humanitaires
ne peuvent êtres évitées. Ce qui fait que la
souveraineté se heurte à un autre principe reconnu par le droit
international : la non-indifférence. C'est autant dire qu'au nom de
ce dernier, ces puissances exercent une certaine influence sur cette situation
en y apportant leur contribution pour l'éradiquer ou la maintenir.
Bon nombre d'auteurs pensent que la logique capitaliste y joue
un rôle moteur.Pour Charles ONANA par exemple, la guerre qui fait des
millions de morts au Congo, n'a rien d'ethnique, ni de politique. Ce sont les
minerais stratégiques ou rares qui sont au coeur du bain de sang que les
puissances mondiales imposent au peuple congolais sous couvert de
« rébellions » ou de lutte contre de
prétendus « génocidaires Hutus ». Parmi ces
minerais, il y a en tête, la colombo-tantalite94(*).
De son côté, Honoré NGBANDA
écritque la quête de nouvelles ressources minières par les
sociétés occidentales, l'épuisement des gisements ainsi
que les coûts très élevé des systèmes
d'exploitation dans les pays développés poussent les
multinationales à se tourner vers les pays Africains, grands pourvoyeurs
de mines d'or, de diamants et de Coltan. La finance internationale
versée dans l'exploitation minière oriente désormais sa
stratégie d'affaires vers l'Afrique centrale où il existe des
gisements vierges et/ou mal exploités, mais susceptibles d'ouvrir des
marchés aux grands capitaux95(*).
Honoré NGBANDA tirait la sonnette d'alarmeque l'Afrique
constamment trahi par les anciennes puissances coloniales devient une proie
facile des multinationales. La RDC occupe une position
géostratégique majeure au centre de l'Afrique. Ses
potentialités minières et ressources naturelles
stratégiques telles que l'uranium, le cobalt, le Coltan, le diamant,
l'or, le pétrole, l'eau potable font de ce pays la première cible
au monde des multinationales. Il parait donc que la mainmise sur la RDC, au
moyen de la guerre d'agression menée par le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, peut conduire, en cas de victoire, à l'appropriation, par les
multinationales, des richesses minières du Congo96(*).
IV.2.2.
Relations de bon voisinage entre la RDC et le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda
sont tumultueuses
Le pacte et ses dix protocoles ont été
institués entre autres, pour redorer les relations et la
coopération entre la RDC et les pays impliqués dans la guerre du
Congo. Actuellement, le constat c'est que ces relations sont tumultueuses
(53,3%), non-fructueuses et la méfiance règne encore entre
gouvernements et peuples des grands lacs qui peinent à vivre ensemble.
Ces pays n'ont jamais, jusqu'ici déclarés ouvertement la guerre
à la RDC. Mais leur manière d'agir pose problème.
Par contre, 46,6% d'enquêtés estiment
qu'au-delà de toute agitation, ces relations se sont
améliorées grâce à la CIRGL et aux efforts
diplomatiques amorcés par le président Joseph Kabila et
pérennisés aujourd'hui par le président Felix-Antoine
Tshisekedi. Mais le scepticisme habite encore certains enquêtés
pour le vivre ensemble et le réchauffement des relations entre ces
pays.
IV.2.3. Implication du Rwanda, du
Burundi et de l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la
RDC
Nombreux enquêtés (86,7%)affirment que ces pays
sont impliqués, à travers leur force de sécurité
à l'insécurité en RDC. Il n'est un secret pour personne
que ces pays sont agents et acteurs de la guerre et de
l'insécurité à l'Est de la RDC. Si le Burundi s'engage
aujourd'hui à ce conflit comme une chauve-souris, il n'en est pas le cas
pour le Rwanda et l'Ouganda.
Plusieurs écrits s'accordent à attribuer la
genèse de l'insécurité à l'Est au génocide
rwandais. Pierre PEAN97(*)
affirme que la guerre civile Rwandaise n'a pas cessé en juillet 1994. Le
conflit s'est porté au-delà de la frontière Ouest du
Rwanda, dans les provinces de l'Est de la RDC. C'est là que se poursuit
la guerre civile Rwandaise. Les milliers des Hutus déversés en
RDC après le génocide, s'étaient installés dans le
camp de réfugiés à quelques kilomètres du Rwanda,
avec des militaires Hutus non-désarmés. Ceux-ci
représentaient un danger pour le nouveau régime de Kigali. Ce
dernier dispose en fait, un alibi parfait et des prétextes pour
justifier sa présence à l'Est de la RDC.
Ainsi, depuis 1996, les extrémistes Tutsis avaient
toutes sortes de prétextes pour défendre le bien-fondé de
leur présence au Congo : tantôt ce sont les dangereux
interhamwe (Hutus) qu'il faut neutraliser ; tantôt ce sont les
discriminations à l'égard des Banyamulenges (Tutsis Congolais)
qu'il faut empêcher. Mais au fond, estime ONANA, tous les arguments
politiques et sécuritaires évoqués à propos de la
présence rwandaise au Congo sont erronés. En
réalité, ces Tutsis et leurs alliés occidentaux se moquent
éperdument du droit international et de la souveraineté du Congo.
Leur rêve est de morceler le territoire Congolais, d'en prendre le
contrôle au profit des multinationales étrangères et des
Occidentaux qui les appuient98(*).
Soulignons que surle plan interne, la convoitise de ces pays a
pris une forme en 1996 avec la création de l'AFDL. Si ce complot contre
la RDC avait été réfuté et rejeté par
MzeeLaurent-Désiré Kabila ayant compris leur visée
annexionniste, ces pays n'ont pas pourtant pas lâché prise. Ils
ont davantage tiré les ficelles de tous les côtés.
Après l'échec de l'AFDL, le Rwanda crée en 1998, le
RCD-Goma pour mieux se livrer au pillage des ressources naturelles à
l'Est du Congo. Ouganda crée en son tour le MLC en 1999 pour
contrôler l'autre partie de la RDC. Peu après, le Rwanda va
financer une autre rébellion des Banyamulenge dirigé par Laurent
Nkunda pour, à nouveau piller et déstabiliser politiquement la
RDC.
Par ce fait, le Rwanda demeure un des acteurs essentiels
d'agents-acteurs dans la guerre du Kivu. Non seulement parce que la
déstabilisation de l'Est de la RDC est la conséquence directe de
ses problèmes internes (surpeuplement et exportation de ses violences
intercommunautaires), mais aussi parce que Kigali essaye d'exercer un
contrôle sur l'Est du Kivu, tant pour sa sécurité que pour
s'approprier des terres et des ressources minières. L'Ouganda a aussi
ses intérêts économiques en RDC99(*). On se souviendra que leurs
troupes, après avoir violé l'intégrité du
territoire congolais, elles s'étaient livrées une guerre dans la
ville de Kisangani pour contrôler le réseau de trafic du diamant.
IV.2.4. La RDC n'a rien à espérer en
étant dans la CIRGL
La compréhension de cette tendance (53,3%) n'est
possible qu'en la reliant à l'ensemble des résultats.
En effet, dans la CIRGL, la RDC devrait résoudre
essentiellement la question de l'insécurité dans sa partie
orientale. Cela n'étant pas possible, la CIRGL perd toute sa substance.
L'affirmé ainsi ne doit pas être entendu comme la
méconnaissance totale de l'utilité de la CIRGL. C'est dans cette
optique que 46,7% d'enquêtes se rappellent la résolution des
rébellions du CNDP et de M23.
I. SECTION 3. SUGGESTIONS
IV.3.1. Nécessité pour les Etats membres de la
CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC,
mais de les traquer ensemble, dans le respect de la souveraineté de la
RDC
A la CIRGL, 80 % d'enquêtés recommandent
à ses Etats membres de mettre fin au parrainage des groupes armés
à l'Est de la RDC et de les traquer ensemble comme prévu dans le
pacte, dans le strict respect de la souveraineté de la RDC.
La stratégie de parrainage des groupes armés
à laquelle s'adonnent certains pays des grands lacs,viole ouvertement
les textes régissant la CIRGL ainsi que la souveraineté de la
RDC. De ce fait, cette stratégie ne favorise pas le décollage de
la RDC qui est pourtant le moteur économique de la sous-région.
Ils ont cependant intérêt à travailler ensemble pour le
retour réel de la paix en RDC qui conduirait à une paix
généralisée dans la sous-région des grands lacs.
Une autre tendance (20%) lui recommande de favoriser
l'intégration économique et l'exploitation des richesses communes
entre la RDC et ses voisins de l'Est.
La divergence des intérêts économiques
entre pays des grands lacs incite, à l'absence des projets communs,
certains pays à déstabiliser leur voisin notamment la RDC, pour y
puiser des richesses afin de faire fonctionner leur économie.
Voilà pourquoi, dans le cadre de son programme lié à
l'intégration régionale, la CIRGL devra insister sur une franche
coopération entre ces Etats dans ce domaine. Ce qui pourrait
sensiblement diminuer l'ampleur de leur nuisance en RDC.
IV.3.2. Nécessité de
la RDC de mettre en place un leadership fort et éclairé, capable
de changer les choses à l'interne et imposer l'intérêt
national au sein de la CIRGL
a) Un leadership fort et éclairé
Pour s'affirmer comme Etat souverain et puissant au niveau
sous-régional, 73,3% d'enquêtes recommandent à l'Etat
congolais de mettre en place un leadership fort et éclairé,
capable de changer les choses à l'interne et imposer
l'intérêt national au sein de la CIRGL. Dans le contexte actuel,
les ennemis du Congo ont compris qu'il faut diviser les congolais, les
instrumentaliser, alimenter les querelles identitaires pour qu'ils se divisent
et s'affaiblissent. Conscients de tout cela et pour y échapper,
l'initiative doit venir de l'interne, d'un leadership fort et
éclairé.
En effet, la faiblesse de l'Etat a fait de la RDC un
État failli qui n'a plus de contrôle de facto, mais
seulement de jure (c'est-à-dire un contrôle officiel et
reconnu), sur un territoire dont le sous-sol regorge de richesses
minières. Ces minerais précieux et autres matières
premières attisent les tensions entre de nombreux acteurs (groupes
armés, troupes étrangères, « entrepreneurs politico-
militaires »), qui luttent tous pour s'en emparer illégalement
suite à cette faiblesse de l'Etat100(*).
Par contre, 26,7% recommandent à l'Etat congolais le
renforcement de son dispositif de sécurité tant au niveau des
frontières qu'à l'intérieur du pays. Au niveau des
frontières, il y a nécessité de disposer d'une
armée forte et efficace capable de maintenir l'intangibilité et
l'inviolabilité des frontières de la RDC. D'où la
nécessité pour l'Etat congolais de renforcer ses services de
sécurité pour contenir et mater les assauts internes. C'est de
l'intérieur que l'on peut bien sécuriser ses frontières.
b). L'intérêt
national de la RDC dans la CIRGL
Les opinions présentées ci-haut invoquent, d'une
manière ou d'une autre, la notion de la responsabilité de l'Etat,
mieux de sa souveraineté. L'on se rend compte que le profit de la RDC
dans la CIRGL dépend en majeure partie de la qualité du
leadership installé au sommet de l'Etat.
Un leadership fort et éclairé est celui qui fait
aussi sien les réflexions scientifiques, les applique pour
l'intérêt supérieur de la nation, peu importe si elles
contrastent avec ses intérêts personnels.
CONCLUSION
Appartenance de la République démocratique
du Congo à la Conférence Internationale sur la Région des
Grands Lacs : atout ou obstacle pour son émergence, est le
sujet que nous avons formulé après l'observation de la
persistance de l'insécurité à l'Est de la RDC et qui a
nécessité une étude.
Pour ce faire, le travail lui-même nous a imposé
un référentiel explicatif parmi les trois existant actuellement
en sociologie : le constructivisme. Ce référentiel a
été matérialisé dans cette étude par l'usage
de la théorie de la survie politique et la méthode de
dissimulation des objectifs pour finalement expliquer l'inaction de la CIRGL
dans l'insécurité à l'Est de la RDC.
L'option levée sur ce référentiel nous a
conduits à adopter une démarche méthodologique pour
aboutir à des résultats escomptés. Dans cette
lancée, la méthode de dissimulation des objectifs a servi de
boussole à l'usage de techniques et a guidé la structuration de
notre discours. Parmi ces outils utilisés figurent : l'observation
indirecte, la technique documentaire, l'échantillonnage et l'entretien
compréhensif.
Dans l'ensemble, l'étude s'inscrit dans l'approche
qualitative. C'est autant dire que pour ses résultats ne sont
généralisables ni sur l'ensemble des pays des grands lacs, nien
RDC. Ils ne sont que des indications qui relèvent l'ampleur du
problème étudié auprès des enquêtés
ayant participé à l'étude.
En fait, l'étude a été menée pour
comprendre et expliquer l'inaction de la CIRGL en RDC. A travers cette
problématique, quelques questions de recherche ont été
soulevées. Il s'agit de :
ü Pourquoi la CIRGL reste-t-elle parfois inactive face
à l'insécurité à l'Est de la RDC ?
ü Dans le contexte actuel, la RDC peut-elle
émerger tout en étant membre de la CIRGL?
En guises d'hypothèses aux questions de recherche
soulevées par la problématique, nous avons pensé
principalement que l'inefficacité de la CIRGL en RDC s'expliquerait par
le fait que l'insécurité à l'Est de ce pays est complexe
et présente plusieurs enjeux.
Complexe, par le fait que certains pays membres de la CIRGL
soutenus par leurs alliés Occidentaux seraient directement
impliqués dans cette insécurité.
Plusieurs enjeux, parce que cette insécurité
serait une occasion pour certains pays de piller systématiquement les
ressources naturelles de la RDC. C'est pourquoi la paix et la
sécurité dont pouvait espérer la RDC en étant
membre de la CIRGL ne sont pas possibles.
Quant à son émergence, il est hors de question
de l'envisager si et seulement si, le même jeu d'acteurs persiste au sein
de cette organisation.
A l'issue de nos investigations, les résultats obtenus
sont :
1. les enquêtés sont bien conscients que la CIRGL
est une organisation sous-régionale à caractère
politique ;
2. Cette organisation a pour rôle de restaurer la paix,
la sécurité et les bonnes relations entre pays des grands
lacs ;
3. Cependant, les enquêtés estiment que la CIRGL
n'accomplit pas ses missions car l'insécurité est toujours
présente à l'Est de la RDC ;
4. Ils pensent que la coordination nationale est
l'intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses organes
spécialisés ;
5. Ils affirment que les multinationales et les groupes
maffieux d'origine occidentale sont impliqués à
l'insécurité à l'Est de la RDC, car elles soutiennent les
groupes armés ;
6. Ils pensent que les relations de bon voisinage entre la RDC
et le Rwanda, le Burundi, l'Ougandasont tumultueuses ;
7. Cela parce qu'estiment-ils, ces pays sont impliqués
à l'insécurité à l'Est de la RDC à travers
leurs forces de sécurité et leurs groupes rebelles.
8. Ils estiment que la RDC n'a rien à espérer de
cette organisation sous-régionale ;
9. c'est pourquoi ils suggèrent aux Etats membres de la
CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à l'Est de la RDC
et de revenir sur la lettre et l'esprit de son pacte fondateur ;
10. Et à l'Etat congolais, ils lui recommandent de
mettre en place un leadership fort et éclairé capable de changer
les choses à l'interne et imposer l'intérêt national de la
RDC au sein de la CIRGL.
Au demeurant, il sied de dire que nos hypothèses ont
été confirmées.
Ainsi, dans le souci de rendre la CIRGL plus active et redorer
son image ternie, il y a urgence et nécessité d'évaluer le
plus vite que possible le pacte et ses dix protocoles, faire un état de
lieux sur le degré de leur applicabilité afin de déceler
les failles et les avancées déjà enregistrées.
C'est pourquoi il y a urgence d'insérer dans le pacte,
des sanctions économiques, politiques, sociales, etc. contre le pays ou
les pays qui oserait/oseraient violer, d'une quelconque manière, les
textes de la CIRGL.
A l'Etat congolais, la RDC est aujourd'hui occupée et
humiliée d'une manière ou d'une autre,par ses voisins de la
CIRGL : humiliation, tuerie, viol... Il lui faut des services de
sécurité républicains, forts et dissuasifs, capables de
garder intangible ses frontières. Il doit être capable
d'appliquer le principe delégitime-défenseface aux
assauts des forces extérieures. Tout ceci n'est possible qu'avec un
leadership fort et éclairé, capable de hisser le pays dans les
rangs des pays forts dans la sous-région des grands lacs.
C'est donc dans ces conditions que la RDC pourrait retrouver
ses repères dans les organisations intergouvernementales et joué
pleinement son rôle dans le concert des nations.
BIBLIOGRAPHIE
I. Documents Officiels
Accord d'Addis-Abeba entre les onze Etats de la CIRGL sous
l'égide de la CIRGL et la SADC, Addis-Abeba, le 24 Février 2013.
Accord de paix entre le gouvernement congolais et le CNDP,
Goma, 20 Mars 2009.
Agenda National pour la paix dans la région des grands
lacs. Comité national préparatoire, RDC, 2004.
Communiqué conjoint des présidents Museveni,
Kagame et Kabila à l'issue du sommet de Kampala, du 20 au 21 Novembre
2012.
Déclaration de Dar-es-Salam sur la
sécurité, la stabilité et le développement dans la
sous-région des grands lacs », 2004.
Discours sur l'Etat de la nation du Président Joseph
Kabila, le 15 Décembre 2012
Monusco, résolution 2098, Res CSNU, Doc.Off. CSNU,
4104e session, Doc.NU/RES/1291/2012.
Pacte sur la paix, stabilité et développement
sur la région des grands lacs.
Protocole de non-agression et de défense mutuelle.
Protocole sur l'exploitation illégale de ressource
naturelle.
Réunion Technique Des Experts ICGLR Exécutive
Secrétariat - Gouvernement du Kenya UNHCR, « Le
rôle de la CIRGL dans la lutte contre
l'apatridie »Nairobi, Conférence
ministérielle, 17 Avril 2011
II. Ouvrages
BACHELARD G., Formation de l'esprit scientifique.
Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective,
Paris, Librairie Philosophique J.VRIN, 5e Edition, 1957.
BALENCIE J-M et DE LA GRANGE A.,(sous dir), Les
nouveaux mondes rebelles : conflits, terrorismes et consternations,
Ed. Michalon, 2005.
BASUE BABU KAZADI G., Vie internationale, Kinshasa,
PUIC, 2004.
BOUDON R. et BOURRICAUD F., Dictionnaire critique de la
sociologie, Paris, PUF, 4è Ed. 1994.
CASTEL R., Insécurité Sociale :
Qu'est-ce qu'être protégé ? Paris, Ed. Du Seuil,
2003.
Centre de Recherche Indépendant et Interdisciplinaire
Congolais (CRIIC), La RDC face à son destin. Actes de la
première matinée scientifique du CRIIC tenue à Kinshasa
les 13, 20 février et le 05 Mars 2020, Kinshasa, Sciences au Pluriel,
2020.
EBWEME YONZABA J., Construction de
l'objectivité en sciences sociales, Saint-Denis, Connaissances et
Savoirs, 2017.
EBWEME YONZABA J., Non-ingérence contre
non-indifférence : les dynamiques actuelles au sein de la
sociologie des relations internationales, Saint-Denis, Connaissance et
Savoirs, 2020.
JIMENEZ LUQUE et MBUYI KABUNDA (sous dir), La
RDC : les droits humains, les conflits et la construction/destruction de
l'Etat, Barcelone, Ed. Fundacio solidaritat UB, 2009.
KHUN S. T., Structures des révolutions
scientifiques, Flammarion, 1973.
LOUBET DEL BAYLE J-L.,Initiation aux méthodes des
sciences sociales. Paris, Harmattan, 2000.
MOVA SAKANYI H., La science des relations internationales.
Essai sur l'autonomie épistémologique d'un domaine de
recherche, Paris, L'Harmattan, 2015.
NGBANDA NZAMBO H., Crimes organisés en Afrique
Centrale. Révélation sur les réseaux Rwandais et
Occidentaux, Paris, Ed. Duboiris, 2004.
ONANA C., Ces tueurs Tutsis au coeur de la tragédie
Congolaise. Paris, Ed. Duboiris, 2009.
PEAN P., Noirs Fureurs, Blancs Menteurs. Rwanda
1990-1994, Paris, Ed. Fayard, 2005.
REZSOHAZY R., Théorie et critiques des Faits
sociaux, Bruxelles, la Renaissance du livre, 1971.
SHOMBA KINIAMBA S., Méthodologie et
épistémologie de recherche scientifique, Kinshasa, PUK,
2016.
CAMPENHOUDT V-L et QUIVY R., Manuel de Recherche en
Sciences Sociales, 4eEd, Paris, DUNOD, 2011.
VIRALLY M., L'organisation mondiale.Paris, Ed. Armand
Colin, 1995.
WINGENGA WI EPENDO J., Parenté, Idéologie
Identitaire et Paix dans la sous-région des grands lacs, Kinshasa,
2004.
III. Articles
CRISIS GROUP, « L'Est du Congo : la
rébellion perdue des ADF-Nalu », Nairobi/Bruxelles
No93,19 Décembre 2012.
BOSSE M.,« Afrique. Minerais de sang et
néocolonialisme en RDC », in Revue
géopolitique. 2020.
EBWEME YONZABA J., « Contradictions et
réalisme dans la politique Africaine de la France vis-à-vis des
Etats membres de la sous-région des grands lacs africains ».
in regard lucide, Kinshasa, Sciences au Pluriel, N°1
Janvier-Février-Mars 2021.
GEROLD G. et MERINO M., « Coup d'arrêt dans la
mise en oeuvre de l'accord-cadre pour la paix en RDC et dans la région
des grands lacs », in Observatoire des grands lacs en
Afrique, Note No 4-2014.
KILOMBA SUMAILI A., « le potentiel de la CEPGL et la
CIRGL pour l'instauration d'une paix durable en RDC », in
Libraire Africaine d'Etudes Juridiques, 2014.
KILOMBA SUMAILI A., « La CIRGL face à la
résolution des différends dans la sous-région des grands
lacs : cas de la rébellion du M23 en RDC », in revue
québécoise de droit international,2015.
LAGRANGE M-A., « Les mécanismes de paix
régionaux dans les grands lacs : des outils incapables de
promouvoir la démocratie », in Revue tiers Monde,
2016/4 (No228).
MINANI BIHUZO R., « Un chantier
inachevé : Balise pour la paix dans les grands lacs », in
Bulletin de la sécurité Africaine, Centre
d'études stratégiques de l'Afrique, No21/ Juillet
2012.
MUSILA C., « Entre Grands lacs et Afrique
australe : quel positionnement régional pour la
RDC ? », in IFRI, Bruxelles, 2015
MWILANYA WILONDJA N., « Introduction », in
Pacte sur la sécurité, la stabilité et le
développement dans la sous-région des grands lacs. CPN/RDC,
Kinshasa, 2007.
POURTIER R., « Le Kivu dans la guerre : Acteurs
et enjeux », inEchoGéo [en ligne] sur le vif,
2009.
RESTOIN J.L., insécurité alimentaire :
état des lieux et stratégies d'éviction. in
Sens-dessous,2013/2 (No12)
STEARNS J. K., « DU CNDP AU M23. Evolution d'un
mouvement armé dans l'Est du Congo », in Institut de la
vallée du Rift, Nairobi, 2012.
STEARNS J. K. et VOGEL C., « Cartographie des
groupes armés dans l'Est de la RDC », in Groupe
d'étude sur le Congo, 2015.
IV. Thèse et Mémoire
EBWEME YONZABA J. Gentrification politique en Afrique centrale
francophone. Cas de la RDC, Thèse de doctorat en sociologie,
Université de Kinshasa, (inédit.) 2019.
NKODIA Y. La CIRGL et la résolution de la crise
Burundaise. Portée et Limites, Mémoire de licence en sciencesdes
Relations Internationales, Université de Lubumbashi, (inédit.)
2015.
V. Notes de Cours
ABDEL FETTAY L. Cours d'Organisations Internationales,
Université Mohamed 1er, FSDES-Oujda, 2015.
TSAMBU L., Notes de cours d'épistémologie
sociologique destinées aux étudiants de première licence
sociologie. Faculté des Sciences Sociales, Administratives et
Politiques, Université de Kinshasa, (inédit) 2018-2019.
VI. Webographie
100 Kilos de Coltan saisis par la douane, [en ligne] in
www.7sur7.cd. Consulté le 29
septembre 2020 ;
A.C. SAVY, Schéma sur les liens entre les courants
sociologiques,[en ligne], in
www.google.com.; .
Consulté le 10 aout 2020
Face à la tentative de balkaniser la RDC : le
cardinal Ambongo appelle à la conscience nationale [en ligne], in
www.lephare.net, consulté le
31 octobre 2020 ;
La faim et l'insécurité alimentaire [en ligne],
in,
www.fao.fr, consulté le 08
février 2021 ;
Le mini-sommet des grands lacs : le Burundi
décline l'offre de la RDC. [en ligne], in,
www.Radiookapi.com;
Le sentiment d'insécurité [en ligne], in
www.wiképedia.com,
Consulté vendredi 19 février 2021 ;
Les rebelles du CNDP intègrent officiellement
l'armée, [en ligne], in
www.afp.fr consulté le 29
septembre 2020 ;
Organigramme de la CIRGL, [en ligne], in
www.CIRGL.org. Consulté
le 11 septembre 2020 ;
RDC : Qui sont et que veulent les ADF ?,
www.rfi.com, consulté le 19
février 2021 ;
RIGAUD C., M23 : Chronologie d'une rébellion, [en
ligne], in
www.afrikarabia.com,
consulté le 08 octobre 2020 ;
RIGAUD C., RDC : un nouveau scénario
s'écrit au Kivu », [en ligne],
www.afrikarabia.com,
consulté le 20 octobre 2020 ;
Rwanda supporting DRC mutineers in
www.bbcnews.com,Consulté le
29 septembre 2020.
TABLE DES
MATIÈRES
IN MEMORIAM
I
DEDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
LISTE DES ABRÉVIATIONS, SIGLES ET
ACRONYMES
IV
INTRODUCTION
1
01.CONTEXTE DE L'ETUDE
1
02.PROBLEMATIQUE
1
03.HYPOTHESES
5
04.LECTURE SPECIALISEE
6
05.REFERENTIEL EXPLICATIF
10
06.DOMAINE ET METHODOLOGIE DE L'ETUDE
11
06.1.Domaine de l'étude
11
06.2.Cadre méthodologique de
l'étude
11
07.APPROCHE DE L'ETUDE
16
08.DELIMITATION DU SUJET
17
08.1.Délimitation temporelle
17
08.2.Délimitation spatiale
17
09.OPTION POUR LE SUJET ET INTERET DE L'ETUDE
17
09.1.Option pour le sujet
17
09.2.Intérêt du Sujet
18
10.DIFFICULTES RENCONTREES
18
11.STRUCTURE DU TRAVAIL
19
CHAPITRE I. GENERALITES
20
I. 1. REVUE DE LA LITTERATURE
20
I.1.1. Origine et signification du
concept d'insécurité
20
I.1.2. Portée du concept
d'insécurité et niveau de débat actuel
21
I. 2. DEFINITION DE CONCEPTS
22
I.2.1. La sous-région des grands lacs
22
I.2.2. L'organisation sous-régionale
23
I.2.3. L'insécurité
militaro-politique
24
I. 3. PRÉSENTATION DE LA COORDINATION
NATIONALE DE LA CIRGL/RDC
25
I.3.1. Localisation
25
I.3.2. Organisation et fonctionnement
25
CHAPITRE II. NOTIONS THEORIQUES SUR LA
CIRGL
26
II. 1. HISTORIQUE DE LA CIRGL
26
II.1.1. OBJECTIFS
27
II.1.2. Cadre juridique
27
II.1.3. Cadre institutionnel
28
II. 2. LA CIRGL FACE A L'INSECURITE A L'EST DE LA
RDC
29
II.2.1. La CIRGL face à la
rébellion du Congrès National pour la Défense du Peuple de
Laurent NKUNDA, CNDP en sigle (2007-2009).
29
II.2.2. La CIRGL face à la
rébellion du M23
31
II.2.3. La CIRGL et la problématique des
groupes et milices armes étrangers sur le sol congolais
34
II.2.3.1. La CIRGL face aux FDLR et les
ADF-NALU.
35
II.2.3.2. La CIRGL face à l'incursion des
militaires zambiens sur le sol Congolais.
37
II.2.4. Des leçons à tirer
38
II. 3. DEFIS ACTUELS DE LA CIRGL
40
II.3.1. Faiblesses de la CIRGL
40
II.3.2. Défis actuels de la CIRGL.
42
CHAPITRE III. DEROULEMENT DE L'ENQUETE
47
III.1. DE L'UNIVERS DE L'ENQUÊTE
47
III.2. DE L'ÉCHANTILLON
47
III.3. DE L'ENTRETIEN COMPRÉHENSIF
48
III.3.1. Méthodologie
48
III.3.2. Quelques problèmes
épistémologiques de terrain
49
III.3.3. Présentation des données
de l'enquête
50
III.4. RÉSULTATS OBTENUS
54
CHAPITRE IV. ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
56
IV 1. STATUT ET RÔLE DE LA CIRGL
56
IV.1.1. La CIRGL comme organisation
sous-régionale à caractère politique
56
IV.1.2. La restauration de la paix, de la
sécurité et des bonnes relations entre pays des grands lacs comme
rôle de la CIRGL
58
IV.1.3. Accomplissement des missions de la CIRGL
en RDC
60
IV.1.4. La coordination nationale de la
CIRGL/RDC comme intermédiaire entre le gouvernement, la CIRGL et ses
organes spécialisés
62
IV. 2. INSÉCURITÉ À L'EST DE LA
RDC
63
IV.2.1. De l'influence des puissances
occidentales sur l'insécurité à l'Est de la RDC.
63
IV.2.2. Relations de bon voisinage entre la RDC
et le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda sont tumultueuses
65
IV.2.3. Implication du Rwanda, du Burundi et de
l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC
65
IV.2.4. La RDC n'a rien à espérer
en étant dans la CIRGL
67
SECTION 3. SUGGESTIONS
67
IV.3.1. Nécessité pour les Etats
membres de la CIRGL de cesser de parrainer les groupes armés à
l'Est de la RDC, mais de les traquer ensemble, dans le respect de la
souveraineté de la RDC
67
IV.3.2. Nécessité de la RDC de
mettre en place un leadership fort et éclairé, capable de changer
les choses à l'interne et imposer l'intérêt national au
sein de la CIRGL
68
CONCLUSION
69
BIBLIOGRAPHIE
72
TABLE DES MATIÈRES
76
ANNEXES
78
ANNEXES
GUIDE D'ENTRETIEN
Thème 1. Statut et rôle de la
CIRGL
Sous-thème 1. Statut de la CIRGL ;
Sous-thème 2. Rôle de la CIRGL ;
Sous-thème 3. Accomplissement des missions de la CIRGL
en RDC ;
Sous-thème 4. Rôle de la coordination nationale
de la CIRGL/RDC.
Thème 2. Insécurité à
l'Est de la RDC
Sous-thème 1. Influence des puissances occidentales sur
l'insécurité à l'Est de la RDC ;
Sous-thème 2. Relations de bon voisinage entre la RDC
et le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda ;
Sous-thème3. Implication du Rwanda, du Burundi et de
l'Ouganda dans l'insécurité à l'Est de la RDC ;
Sous-thème 4. Profit de la RDC dans la CIRGL.
Thème 3. Suggestions
Sous-thème 1. Recommandations à la
CIRGL ;
Sous-thème 2. Recommandations à l'Etat
congolais.
* 1 J. EBWEME YONZABA,
Non-ingérence contre non-indifférence. Les dynamiques
actuelles au sein de la sociologie des relations internationales,
Saint-Denis, Connaissance et Savoirs, 2020, p. 23.
* 2A. KILOMBA, « La
CIRGL face à la résolution des différends dans la
sous-région des grands lacs : cas de la rébellion du M23 en
RDC », in Revue québécoise de droit
international, 2015, pp. 203-218.
* 3 CIRGL, Agenda National
pour la paix dans la région des grands lacs, Kinshasa CNP, , 2004. p.
10.
* 4 N. MWILANYA WILONDJA.
« Introduction », in Pacte sur la
sécurité, la stabilité et le développement dans la
sous-région des grands lacs, CPN/RDC, Kinshasa, 2007, p. 3.
* 5 CIRGL,
« Déclaration de Dar-es-Salam sur la sécurité,
la stabilité et le développement dans la sous-région des
grands lacs », 2004. p. 6.
* 6 T.JIMENEZ
LUQUE, « La République démocratique du Congo
et la région des grands lacs d'Afrique : entre instabilité
politique et espoir », in JIMENEZ LUQUE, MBUYI KABUNDA (sous
dir.), La RDC : les droits humains, les conflits et la
construction/destruction de l'Etat, Barcelone, Ed. Fundacio solidaritat UB,
2009, pp. 74-89.
* 7 J-M. BALENCIE et A. DE LA
GRANGE (sous dir.), Les nouveaux mondes rebelles : conflits,
terrorismes et consternations, Paris, Ed. Michalon, 2005, p. 237.
* 8 J-L. LOUBET DEL BAYLE,
Initiation aux méthodes des sciences sociales, Paris,
Harmattan, 2000, p.177.
* 9 J. EBWEME YONZABA,
Construction de l'objectivité en sciences sociales,
Saint-Denis, Connaissances et Savoirs, 2017, p. 20.
* 10 Idem, p. 21.
* 11 A. KILOMBA., art. cit.
pp. 203-218.
* 12 M-A LAGRANGE,
« Les mécanismes de paix régionaux dans les
grands lacs : des outils incapables de promouvoir la
démocratie », in Revue tiers Monde, 2016/4
(No228), p. 143-161.
* 13 Y. NKODIA, La CIRGL
et la résolution de la crise Burundaise. Portée et Limites,
Mémoire de licence en sciences des Relations Internationales,
Université de Lubumbashi, (inédit), 2015.
* 14 S. T. KUHN, Structures
des révolutions scientifiques, Flammarion, 1973, p. 11.
* 15 A. C. SAVY,
« Schéma sur les liens entre les courants
sociologiques », [en ligne], in
www.google.com. Consulté le
10 aout 2020.
* 16 H. MOVA SAKANYI, La
science des relations internationales. Essai sur l'autonomie
épistémologique d'un domaine de recherche, Paris,
L'Harmattan, 2015, p. 359.
* 17 L. TSAMBU, Notes de
cours d'épistémologie sociologique destinées aux
étudiants de première licence sociologie, Faculté des
Sciences Sociales, Administratives et Politiques, Université de
Kinshasa, (Inédit), 2018-2019, p. 48.
* 18 J. EBWEME YONZABA,
« Contradiction et réalisme dans la politique africaine de la
France vis-à-vis des Etats membres de la sous-région des grands
lacs africains », in Regard lucide, No1,
Janvier-Février-Mars 2021. pp. 157-179.
* 19 L. TSAMBU. op.cit. p.
45.
* 20 J. EBWEME YONZABA, art.
cit. pp. 157-179.
* 21 S. SHOMBA
KINIAMBA, Méthodologie et épistémologie de
recherche scientifique, Kinshasa, PUK 2016, p. 56.
* 22L. V. CAMPENHOUDT et R.
QUIVY, Manuel de Recherche en Sciences Sociales., 4e
Edition, Paris, DUNOD, 2011, p. 151.
* 23 Idem. p. 151.
* 24 J-L LOUBET DEL BAYLE,
op. cit. p. 93.
* 25 Idem. p. 80
* 26 L. V. CAMPENHOUDT et R.
QUIVY. op. cit. p. 170
* 27J-L. Loubet DEL BAYLE,
op. cit. p. 80.
* 28 J-C. KAUFMAN.
L'entretien compréhensif, 3e Edition, Paris, Armand
Colin, 2011.
* 29 J. EBWEME YONZABA,
gentrification politique... p. 223.
* 30R.
REZSOHAZY, Théorie et critiques des faits sociaux,
Bruxelles, la Renaissance du livre, 1971, p. 68.
* 31
www.latoupie.fr. Dictionnaire
de science politique [en ligne], Consulté le vendredi 19 février
2021 à 14h.
* 32
www.Wikipédiacom. Le
sentiment d'insécurité [en ligne], Consulté vendredi 19
février 2021, à 15h30.
* 33 R. CASTEL,
Insécurité Sociale : Qu'est-ce qu'être
protégé ? Paris, Ed. Du Seuil, 2003, p. 3.
* 34 Idem. p. 2.
* 35 J-L. RESTOIN,
« Insécurité alimentaire : état des lieux
et stratégies d'éviction ». in
Sens-dessous,2013/2 (No12) pp. 3-18.
* 36
www.FAO.fr la faim et
l'insécurité alimentaire [en ligne], Consulté le lundi 08
février 2021, à 08h.
* 37 F. TULKENS,
« La sécurité juridique : un idéal à
reconsidérer ». in la revue interdisciplinaire
d'études juridiques, 1990/1 (Volume2), pp. 25-42.
* 38
www.latoupie.fr Dictionnaire de
science politique, [en ligne], Consulté le vendredi 19 février
2021.
* 39 C. MUSILA,
« Entre Grands lacs et Afrique australe : quel positionnement
régional pour la RDC ? », IFRI-Bruxelles, 2015.
* 40 Article 1 du pacte sur
la sécurité, la stabilité et le développement sur
la région des Grands Lacs.
* 41 J. EBWEME. art cit. pp.
157-179.
* 42
www.latoupie.fr Dictionnaire de
science politique [en ligne], consulté le vendredi 19 février
2021, à 15h.
* 43Article 2 du Projet
d'articles sur la responsabilité des organisations internationales,
2011.
* 44 M. VIRALLY.,
l'organisation mondiale, Paris, Ed. Armand Colin, 1995, p.12.
* 45Réunion technique
des experts ICGLR Exécutive Secrétariat - Gouvernement du Kenya
UNHCR, « Le rôle de la CIRGL dans la lutte contre
l'apatridie »Nairobi, Conférence
Interministérielle, 17 Avril 2011.
* 46
www.CIRGL.org: organisation de la
CIRGL [en ligne] consulté le 24 novembre 2020.
* 47
www.AFP.fr. « Les rebelles du
CNDP intègrent officiellement l'armée » [en ligne],
Consulté le 29 septembre 2020, à 14h35.
* 48 J. K. STEARNS. DU
CNDP AU M23. Evolution d'un mouvement armé dans l'Est du Congo,
Nairobi, Institut de la vallée du Rift, Nairobi, 2012, p. 26.
* 49 A. KILOMBA SUMAILI.
art. cit. pp. 204-218.
* 50 A. KILOMBA. pp.
204-218.
* 51 Article 1 de l'accord
de paix entre le gouvernement congolais et le CNDP, Goma, 20 Mars 2009.
* 52 Articles 2 et 3 de
l'accord de paix entre le gouvernement congolais et le CNDP, Goma, 20 Mars
2009.
* 53 Christophe Rigaud,
M23 : Chronologie d'une rébellion, in
www.Afrikarabia.com, [en
ligne], consulté le 08 octobre 2020, 21h20.
* 54 Christophe Rigaud. art.
cit. in
www.Afrikarabia.com[en ligne],
consulté le 08 octobre 2020, 21h20.
* 55 Communiqué
conjoint des présidents Museveni, Kagame et Kabila à l'issue du
sommet de Kampala, du 20 au 21 Novembre 2012.
* 56 BBC News, Rwanda
supporting DRC mutineers, [en ligne], consulté le 29 Septembre 2020.
* 57 Joseph Kabila, Discours
sur l'Etat de la nation, le 15 Décembre 2012.pp. 4-8.
* 58Joseph Kabila, Discours sur
l'Etat de la nation. p. 9.
* 59 Accord d'Addis-Abeba
entre les onze Etats de la CIRGL sous l'égide de la CIRGL et la SADC,
Addis-Abeba, le 24 Février 2013.
* 60 Christophe RIGAUD.,
« RDC : un nouveau scénario s'écrit au
Kivu », sur
www.Afrikarabia.com[en ligne],
6 Novembre 2013, consulté le 20 Octobre 2020.
* 61 Monusco, résolution
2098, Res CSNU, Doc.Off. CSNU, 4104e session,
Doc.NU/RES/1291/2012.
* 62 A. KILOMBA, art. cit. pp.
204-218.
* 63 Article 1, al.3 du
Protocole de non-agression et de défense mutuelle dans la région
des grands lacs, Nairobi, 14-15 Décembre 2006.
* 64 RDC : Qui sont et
que veulent les ADF ?,
www.RFI.fr[en ligne], 20 Avril 2019,
consulté le 10 octobre 2020, à 13h00.
* 65CRISIS GROUP,
« L'Est du Congo : la rébellion perdue des
ADF-Nalu », Nairobi/Bruxelles No93,19 Décembre
2012.
* 66R. MINANI BIHUZO,
« Un chantier inachevé : Balise pour la paix dans les
grands lacs», inBulletin de la sécurité
Africaine, Centre d'études stratégiques de l'Afrique,
No21/ Juillet 2012. p. 1.
* 67Idem. p. 6.
* 68J. K. Stearns et C. Vogel,
Cartographie des groupes armés dans l'Est de la RDC, Groupe
d'étude sur le Congo, 2015. p. 4.
* 69Communiqué
officiel de la CIRGL, Aout 2014, Luanda, Angola.
* 70 Rapport de la CIRGL,
Bujumbura, 04 Mars 2015.
* 71 Compte rendu du conseil
des ministres de vendredi 24 Juillet 2020.
* 72 Compte rendu du conseil
des ministres de vendredi 07 Aout 2020.
* 73 Selon J-L LOUBET DEL
BAYLE, l'approche diachronique est une approche qui s'inscrit dans le temps,
dans la durée. Elle cherche à reconstituer la
genèse des situations étudiées, en
découvrant les antécédentsde ces
situations qui permettent de les comprendre et de les expliquer. C'est un
type d'approche, plus ou moins inspiré de l'histoire, qui fait
appel à la succession temporelle des faits et à leur
enchaînement dans le temps pour comprendre et expliquer les
phénomènes sur lesquels porte la théorie. p. 348.
* 74M. TSHUNGU BAMESA,
« Préface », in J. WINGENGA WI EPENDO,
Parenté, Idéologie Identitaire et Paix dans la
sous-région des grands lacs. Kinshasa, 2004. p. 9.
* 75R. MINANI BIHUZO, op.cit.
2012, p.3.
* 76R. MINANIBIHUZO, op. cit.
p. 4.
* 77 Le Mécanisme de
certification Régional de la CIRGL. Projet de MCR révisé
pour consultation - révision 1.
* 78Communiqué final de
la troisième réunion des ministres en charge des mines de la
CIRGL, Memling Hôtel, Kinshasa, RDC, 6 Novembre 2014.
* 79
www.7sur7.cd, articlé
publié le 25 septembre 2020, [en ligne], Consulté le 29 septembre
2020 à 21h30.
* 80 G. GEROLD et M. MERINO,
Coup d'arrêt dans la mise en oeuvre de l'accord-cadre pour la paix en
RDC et dans la région des grands lacs, Nairobi, Observatoire des
grands lacs en Afrique , Note No 4-2014.
* 81Joseph Kabila, Etat de la
Nation 2012.
* 82 Centre de Recherche
Indépendant et Interdisciplinaire Congolais (CRIIC),La RDC face
à son destin. Actes de la première matinée
scientifique du CRIIC tenue à Kinshasa les 13, 20 février et le
05 Mars 2020, Kinshasa, Sciences au Pluriel, 2020.
* 83 Le Phare : face
à la tentative de balkaniser la RDC : le cardinal Ambongo appelle
à la conscience nationale, [en ligne], Consulté le samedi 31
Octobre 2020, à 20h50.
* 84R. MINANI BIHUZO, op.
cit. p. 6.
* 85 Sommet des grands lacs
à Goma : le Burundi décline l'offre de la RDC, disponible
sur
www.Radiookapi.com, [en ligne],
Consulté le samedi 17 octobre 2020.
* 86R. BOUDON et F.
BOURRICAUD, Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, PUF, 4eEd.
1994, p. 427.
* 87 Idem, p. 429.
* 88 G. BACHELARD,
Formation de l'esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse
de la connaissance objective. Paris, Librairie Philosophique J.VRIN,
5e Ed. 1957, p. 7.
* 89 Greg. BASUE BABU
KAZADI, Vie internationale. Kinshasa, PUIC, 2004, p. 53.
* 90 L. ABDEL FETTAY,
Cours d'Organisations Internationales, UniversitéMohamed
1er, FSDES-Oujda, 2015, p. 9.
* 91Greg BASUE BABU KAZADI,
op. cit. pp. 64-67.
* 92 A. KILOMBA SUMAILI,
« le potentiel de la CEPGL et la CIRGL pour l'instauration d'une paix
durable en RDC », in Libraire Africaine d'Etudes Juridiques,
2014, pp. 648-670.
* 93 N. MWILANYA, op. cit.
p.3.
* 94 C. ONANA, Ces
tueurs Tutsis au coeur de la tragédie Congolaise. Paris, Ed.
Duboiris, 2009, p. 121.
* 95 H. NGBANDA NZAMBO.
Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélation sur
les réseaux Rwandais et Occidentaux, Paris, Ed. Duboiris, 2004.,
pp. 227-228.
* 96 H. NGBANDA NZAMBO. op.
cit. p. 128.
* 97 P. PEAN, Noirs
fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994, Paris, Ed. Fayard, 2005, p.
489.
* 98 C. ONANA, op.cit. pp.
20-21.
* 99 R. POURTIER, Le Kivu
dans la guerre : Acteurs et enjeux, EchoGéo [en ligne] sur le
vif, 2009. p. 6.
* 100 M. BOSSE. Afrique.
Minerais de sang et néocolonialisme en RDC. in Revue
géopolitique.2020, p. 2.
|