1
UNIVERSITE FELIX HOUPHOUËT BOIGNY - CÔTE
D'IVOIRE
UFR : SCIENCE DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE (S.H.S)
DEPARTEMENT : HISTOIRE
ANNEE ACADEMIQUE : 2019-2020
|
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ETUDIANT :
|
SOUS LA DIRECTION DE :
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BLY GUELAYEHON MARIUS
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BAMBA ABDOULAYE
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Dédicace
2
Nous dédions ce document au Seigneur qui a permis
toutes choses pour sa réalisation.
3
Remerciements
La réalisation de ce mémoire a été
possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui
nous voudrions témoigner toute notre reconnaissance. Tout
d'abord il faut adresser toute notre
gratitude au directeur de ce mémoire, Dr Bamba Adboulaye,
pour sa patience, sa disponibilité
et surtout ses conseils judicieux, qui ont contribué
à alimenter notre réflexion.
Nous voudrions également être reconnaissant au
consulat intérimaire du Benin en Côte
D'ivoire pour ses portes qui nous ont été ouvertes
;
Au consul intérimaire ZOHOUN Codjo Cervais pour sa
disponibilité ;
Au peuple béninois pour son hospitalité ;
À la famille Tcheipo à Ouidah pour
l'hébergement et l'assistance apportée ;
À la famille Oke à Cotonou pour
l'hébergement et l'assistance ;
À AGBAMATE Georges, Délégué des
ressortissants béninois en côte d'ivoire, pour les
informations ;
À AGBENOU Benoit, Porte-parole adjoint des Chef
traditionnels du Benin, pour le soutien ;
À AHOYOGBÉ Jean président du USPP pour les
échanges ;
À Alley Kassimon, secrétaire du Parti communiste du
Benin pour le soutien ;
À Cheïpo Anderson, porte-parole du chef de Parakou,
pour le soutien ;
À GANGORO Souambou, porte-parole de la chefferie
traditionnelle du Benin ;
À HOUNGBÉDJI Adrien président PRD pour le
soutien ;
À OUNGNIRO Nicole présidente du groupement des
femmes pour le soutien ;
À mes parents pour le gout des études, la
prière et le soutien financier ;
À ma famille ( femme et enfants) pour la motivation
qu'elle constitue pour nous ;
À Dr Botema Hugues en Histoire à
l'université Felix Houphouët Boigny pour les conseils ;
À Dr Aka Kouame en Histoire à l'université
Felix Houphouët Boigny pour la motivation ;
À Dr Kazon Descieux Aubin en Criminologie à
l'université Felix Houphouët Boigny pour les
encouragements ;
À Dr Ahodan Criminologie à l'université
Felix Houphouët Boigny pour les encouragements ;
À Monsieur Coulibaly Gervais président du CAP UDD
pour le soutien ;
Au pasteur Essoh Ayo Manasse de l'église tabernacle pour
les prières et conseils ;
À Monsieur Diallo Oumar pour le soutien moral et financier
;
À Monsieur Gogoué Etienne, ingénieur
à la SIR pour son soutien moral et matériel ;
4
SIGLES
ADP : Alliance pour la Démocratie et le Progrès
ASD : Alliance pour la Social-démocrate
ANR : Assemblée Nationale Révolutionnaire
AOF : l'Afrique occidentale française
BBD : Banque Béninoise de Développement
BCB : Banque commerciale Béninoise
BCEAO : Banque centrale des États de l'Afrique de
l'Ouest
BEN : Bureau Exécutif National
BIAO : Banque internationale de l'Afrique de l'Ouest
BM : Banque Mondiale
BPA : Bloc populaire africain
CAR DUNYA : Congrès africain pour le renouveau Dunya
CBDH : Commission Béninoise des Droits de l'Homme
CENA : commission électorale nationale autonome
CNR : Conseil National de la Révolution
CRE CC : Commission des Relations Extérieures du
Comité Central
CLCAM : caisses locales de crédit agricole mutuel
CND : Convention nationale dahoméenne
CRCAM : caisses régionales de crédit agricole
mutuel
CSA : Confédération des syndicats autonomes
FARD-ALAFIA : Front d'Action pour le Renouveau, la
Démocratie et le Développement-
Alafia
FLRD : Front de libération et de réhabilitation du
Dahomey FMI : Fond Monétaire Internationale
5
FRUD : Front révolutionnaire uni du Dahomey
GEN : Groupement ethnique du nord
GERDES : Groupe d'Etude et de Recherche sur la
Démocratie et le Développement
GID : Groupement des indépendants du Dahomey
G.M.R : gouvernement militaire révolutionnaire
HAAC : Haute autorité de l'audiovisuel et de la
communication
HCR : Haut conseil de la République
JUD : Jeunesse Unie Anti-impérialiste du Dahomey
MADEP : Mouvement Africain pour la Démocratie et le
Progrès
MAEC : Ministère des Affaires étrangères
et de la coopération
MDD : Mouvement démocratique dahoméen
MERCI : Mouvement pour l'engagement et le réveil des
citoyens
MLN : Mouvement de libération nationale
ODEM : Observatoire de la déontologie et de
l'éthique dans les médias
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : organisation des nations unies
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PCD : Parti Communiste Dahoméen
PDD : parti démocratique dahoméen
PDU : Parti dahoméen de l'unité
PNB : Produit nationale Brut
PND : Parti des nationalistes dahoméens
PNDD-BAANI
PPD : Parti progressiste dahoméen
6
PPS : Projet Pétrolier de Sémè
PRPB : Parti de la révolution populaire du
Bénin
PRD : Parti républicain du Dahomey
PSD : Parti Social-Démocrate
RB : Renaissance du Bénin
RDA : République Démocratique Allemande
RDD : Rassemblement démocratique dahoméen
SABLI : société agro-animale bénino-arabe
libyenne
SAP : service administratif permanent
SBEE : SOCIETE BENINOISE D'ENERGIE ELECTRIQUE
SCO : Société de Cimenterie d'Onigbolo
SDN : société des nations
SIDA : Salaires Insuffisants et Difficilement Acquis
SNES : Syndicat national de l'enseignement supérieur
SODEPALH : société béninoise de palmier
à huile
SODERA : société nationale pour le
développement des ressources animales
SONAPECHE : société nationale d'armement et de
pêche
SONAPRA : société nationale pour la promotion
agricole
SONIAH : société nationale d'irrigation et
d'aménagement hydro-agricole
SONOGRI : société nationale pour le
développement agricole
SSS : Société Sucrière de Savé
SYNAPOSTEL : Syndicat national des postes et
télécommunications
UDD : Union démocratique dahoméenne
UDFP :Union démocratique des forces du
progrès
7
UPD : Union démocratique du Dahomey
UGEED : Union générale des étudiants et
élèves du Dahomey
UGTD : Union Générale des Travailleurs du
Dahomey
UJPB : Union des journalistes de la presse privée du
Bénin
UNSTB : Union Nationale des Syndicats des Travailleurs du
Bénin
UNSTD : Union Nationale des Syndicats des Travailleurs du
Dahomey
UPD : Union Progressiste du Dahomey
Sommaire
8
Introduction 01
Partie 1 : Le contexte international et africain
17
Chapitre 1 : un contexte international marqué
par le vent de l'Est 19
Chapitre 2 : Une situation intérieure explosive
au Bénin 30
Partie II : la base du renouveau démocratique
37
Chapitre 1 : L'organisation de la conférence
39
Chapitre 2 : les décisions et la mise en place
de l'alternance 48
Partie 3 : La mise en place des institutions
démocratiques 59
Chapitre 1 : La mise en place des institutions de
contre-pouvoir 61
Chapitre 2 : la régularité des
élections et de l'alternance 73
Conclusion 83
Annexes .87
Sources bibliographiques 96
9
Justification du sujet
Justification du choix du sujet
La vie en Afrique est pleine de contraste entre paix et
guerre, pauvreté et richesse, corruption et développement etc.
c'est dans cette perspective que s'inscrivent la plupart de nos Etats. La
Côte d'Ivoire, `'le pays d'Houphouët»1longtemps
considérée comme un havre de paix, va connaître des coups
d'Etat dont le premier en 1999, puis un autre en 2002 qui se muera en une
rébellion . Cette situation présente des similitudes avec le
Benin qui également a connu des coups d'Etat après son
indépendance. Ce pays a décidé de tourner dos à
cette pratique pour s'inscrire résolument dans la démocratie. Il
fallait pour nous découvrir ce mode de gestion démocratique du
pouvoir en Afrique, qui apparaît comme une note d'espoir pour le
continent. La démocratie est possible en Afrique en témoigne le
cas du Benin. Nous avons décidé de comprendre la marche
démocratique de ce pays cité en exemple.
Intérêt du sujet
-Intérêt scientifique
Le Benin fait l'objet de plusieurs études au niveau des
sciences humaines ou sociales (sociologie, politique, économie,
religion, anthropologie, histoire, etc.) par la communauté scientifique
que par des enquêtes journalistiques.
Autrefois le Benin était perçu comme un Etat
instable en raison des multiples coups d'Etat dont le tout dernier est celui de
Mathieu Kérékou. Ce dernier instaure la politique du marxiste
léninisme qui durera dix-huit ans. Cette période marque le
début de la stabilité politique du pays. Avec le contexte mondial
marqué par le vent de l'Est avec son corollaire
caractérisé par la chute du mur de Berlin, Kérékou
n'attend pas le discours de la Baule pour engager son pays sur le chemin de la
démocratie. Aujourd'hui, ce pays est présenté comme un bon
élève de la démocratie.
Cette étude est particulière en ce sens qu'elle
aborde les leviers de la démocratie au Benin comme un
élément nouveau dans l'évolution du pays. Ainsi lors de la
conférence nationale aussi appelée la conférence des
forces vives de la nation l'Etat a fait l'option du choix de la
démocratie comme mode de gouvernance.
Dans le cadre de cette étude, il s'agit d'identifier
les leviers du processus démocratique de l'Afrique en
général et du Benin en particulier.
1 Felix Houphouët Boigny est
considéré comme le père de la nation moderne ivoirienne
10
-Pertinence sociale
Au niveau social cette recherche montre que la
démocratie est une prise de conscience collective. C'est une
responsabilité que doivent avoir les populations et les dirigeants afin
d'avoir une paix durable. S'il est vrai que l'objet de la démocratie est
le développement économique, le bien être, la
liberté. il faut préciser
l'importance des ressources humaines dans la mise en valeur de ce mode de
gouvernance. Le cas du Bénin est un cas d'école. La plupart des
pays démocratiques sont perçus comme des pays
industrialisé. La particularité de notre travail est celle qui
amène les africains à ne pas avoir de regard envieux sur
l'occident comme le seul lieu de la réalisation d'une vie paisible,
libre, et joyeuse. Ensuite leur permettre de ne point considérer le
pouvoir exécutif comme le seul moyen pour être utile à son
pays. Elle fait comprendre alors que la démocratie peut se pratiquer en
évitant de transformer les problèmes organisationnels et/ou
institutionnels en problème de personne. Cette situation est beaucoup
fréquente en Afrique.
Pourtant les institutions africaines n'ont jamais
brillé par leur crédibilité et leur
solidité2. Elles ne sont pas alors fiables et cela met en mal
la démocratie. « Elles sont censées contrôler le
pouvoir, mais en font partie intégrante. Il est vain d'espérer un
quelconque changement en la matière tant qu'il n'y aura pas
d'assemblée nationale, de cour des comptes, de conseil constitutionnel
forts et indépendants »3, a confié à
Slate Afrique, Comi Toulabor, chercheur Franco-togolais à l'Institut
d'Etudes politiques de Bordeaux et ancien rédacteur en chef de la Revue
Politique africaine. De plus, les africains ne mettent pas l'accent sur
l'élément fondamentale de la démocratie qui n'est rien
d'autre que l'autonomie des institutions. Celle-ci crée également
un équilibre pour faire fonctionner l'Etat démocratique.
« S'il est très important que les institutions
d'un pays soient fortes, il est tout aussi important qu'il y ait un
équilibre entre elles, comme c'est le cas aux Etats-Unis où, la
justice est indépendante, le congrès puissant et capable de tenir
tête au président. Barack Obama est en train d'en faire
l'expérience»4, souligne Doudou Diène pour
Slate Afrique l'ancien diplomate
2Valentin Hodonou, Pourquoi les institutions
africaines ne sont pas fiables, in
www.slateafrique.com,
28/02/2012, consulté le 4/8/2017
3 Toulabor Comi, Naissance du démocrate
africain, 2001 p4-5, in https://www.monde-diplomatique.fr/
consuté le 20 janvier 2019
4 Doudou Diène, le pluralisme
politique, 2011, in
www.rfi.fr consulté le 16 mars
2018
11
sénégalais. Il est rejoint dans son
analyse par Barack Obama qui précise que l'Afrique n'a pas besoin
d'homme fort mais des institutions fortes5.
Il faut ajouter à tout ce qui précède
que la seule ressource utile à la réalisation d'un pays conforme
aux principes démocratiques, c'est l'homme. « Les institutions
valent aussi par les hommes. Et très peu d'hommes actuellement au
pouvoir en Afrique les respectent »6 confiait le diplomate
Doudou. Cette réalité africaine est à l'origine du
dysfonctionnement et des problèmes démocratiques sur le
continent. C'est dans ce contexte que le Bénin se présente comme
une lueur d'espoir comme pour dire que la démocratie n'est un luxe mais
plutôt une nécessité en Afrique.
DEFINITION DU SUJET
La démocratie
La notion de démocratie est polysémique et
polémique. Bien que la réponse ne soit pas facile en
elle-même, non seulement au plan de la philosophie doctrinale, mais
également et surtout au regard des avatars de la réalité
historique qui ont parfois galvaudé le concept, il est utile de poser la
question qu'est-ce que la démocratie? Car, faire l'économie d'une
définition engendrerait la confusion.
Le mot démocratie est de ce fait perverti par une
multitude d'usages comme dans les expressions « démocratie
guidée », « démocratie à l'africaine »,
« démocratie populaire ».
En outre «toute définition de la
démocratie est indissociable des expériences historiques qui
déterminent les points d'ancrage d'une démocratie, chaque
trajectoire politique ayant façonné sa propre version des notions
de liberté, de légitimité, de coercition,
etc.»7. L'idée même de démocratie
reste historique et semble remonter à la Grèce antique où
certaines cités, notamment Athènes, parlaient déjà
de pouvoir du peuple. En dépit de ces antécédents, la
démocratie a constitué des siècles durant, figure
d'exception ou a été qualifiée d'idéal ou d'utopie,
donc difficile à réaliser. La démocratie serait donc le
gouvernement de ceux à qui le peuple accorde et maintient sa
confiance.8
Par ailleurs d'aucuns évoquent les palabres africaines
comme une tradition démocratique. Ce faisant, l'accent ne peut
être consacré qu'au contrôle du pouvoir des gouvernants par
les gouvernés. La pratique du pouvoir intégrant des règles
de légalité et de légitimité renvoie au
5 Marc Lenon, Barack Obama en visite au
Sénégal, 2013, in
www.lefigaro.fr,
consulté 07 juillet 2019
6 Doudou Diène, la réalité de
la africaine, 2011, p2, in
www.salteafrique.org,
consulté le 21 avril 2019 7Mokhtar Lakehal, Dictionnaire
de science politique, harmattan, 2007, p56
8Phillipe Raynaud, Stéphane Rials,
Dictionnaire de philosophie politique, paris puf, 1996, p101
12
principe selon lequel l'exercice légal du pouvoir
diffère par nature de ce qu'on appelle la prise du pouvoir. L'exercice
démocratique du pouvoir est par essence temporaire. Qui exerce le
pouvoir n'est pas destiné à l'exercer indéfiniment.
Christophe JAFFRELOT pense qu'il serait convenable de partir de la distinction
commode entre démocratie et polyarchie théorisée par
Robert Dahl dans les années 70, c'est-à-dire un système
politique caractérisé par une pluralité des centres de
décisions du pouvoir, favorisant la participation effective des citoyens
au processus politique9.
L'accent doit être mis sur la notion d'État de
droit à travers les garanties constitutionnelles concernant les
libertés d'expression et d'association. La notion de liberté
n'est pas une donnée statique mais plutôt évolutive qui
s'adapte aussi bien aux épreuves du temps qu'à la capacité
d'innovation des acteurs politiques et sociaux, leur possibilité de
conception d'institutions qui soient les plus adaptées dans leur
régulation et leur fonctionnement, la recherche de la discipline et de
l'équité.
En effet, la démocratie est à la fois un «
processus et un objectif où priment les valeurs de la pluralité,
de la liberté et de l'égalité. Le développement de
la démocratie est un phénomène complexe qui implique
l'interaction dynamique d'arrangements politiques particuliers et d'objectifs
sociaux mouvants ». Théorisée comme le gouvernement de la
majorité, le système où « le peuple, support de la
puissance politique, est mis à même de l'exercer directement, du
moins d'en contrôler l'exercice », la démocratie demeure en
conséquence une construction, et comme telle, Guy Hermet définit
le concept en terme de processus, pour ce dernier;
« La démocratisation est une course
d'obstacles où des dirigeants habiles parviennent non seulement à
négocier tel ou tel virage de la dynamique politique d'un pays
donné mais à orienter cette dynamique sur une trajectoire de long
terme. Faute de quoi les maladresses ou illusions de la classe politique font
capoter la démocratie ».10
D'où la nécessité de se conformer
à des principes. Car comme tout mode de vie elle obéit à
des principes. Elle fonctionne sur la base de La règle de la
majorité. Ce qui veut dire que les décisions sont prises à
la majorité. C'est ce qui justifie la déclaration de Abraham
Lincoln, homme d'Etat américain, Président
(1809 - 1865) peuple. Ensuite, une norme importante,
l'existence d'une Constitution, qui définit et protège les droits
et les libertés des citoyens et
9 Christophe Jaffrelot, inde : la puissance
à quelle fin, 2002, p6, in
www.diplomatie.gouv.fr,
consulté le 20 mai 2018
10 Guy Hermet, La démocratie telle que
nous la concevons va disparaître, 2008, p 3, in
www.lefigaro.fr, consulté le
8 janvier 2018
13
habitants d'un pays ainsi que l'organisation des institutions.
Cela se résume à la mise en place d'institutions capable d'offrir
à tous les mêmes opportunités.
Il faut y ajouter le principe de séparation de pouvoir
(législatif, exécutif et judiciaire). Pour ce qui est des lois,
elles sont votées par le pouvoir législatif ou parlement, puis
l'application est du ressort du pouvoir exécutif ou gouvernement; une
troisième instance séparée est nécessaire pour
juger de la bonne application des lois (pouvoir judiciaire). Et il faut surtout
faire une consultation régulière du peuple (lors des
élections et des votations (référendum). Lors de ces
consultations, les citoyens peuvent décider de leurs avenirs. Leurs voix
se font entendre à travers des représentations de la
société civile et surtout des partis politiques. D'où la
possibilité de dire que la démocratie désigne la
souveraineté de tous mais qu'elle peut s'exercer soit directement, soit
par l'intermédiaire de représentants élus.
Au terme de cette évolution nous pouvons
considérer dans le cadre de notre travail que la démocratie est
la consultation de la population à toutes les décisions qui les
affectent, du respect des règles et des lois éditées et
l'application intégrale et sans condition des lois par les institutions
étatiques.
Le processus démocratique
Nous commençons par définir la notion de
processus, puis celui de processus démocratique.
Selon le dictionnaire, le processus est un enchaînement
ordonné de faits ou de phénomènes, répondant
à un certain schéma et aboutissant à quelque chose. Il
désigne une suite continue d'opérations, d'actions constituant la
manière de faire, de fabriquer quelque chose. C'est la manière
que quelqu'un ou un groupe a de se comporter en vue d'un résultat
particulier répondant à un schéma précis. C'est
donc l'aboutissement d'un cheminement.
Dans la logique qui précède, le processus
démocratique est l'action de démocratiser. Cette approche
conçoit une égalité avec la démocratisation. Le
dernier terme ramène au fait de devenir une démocratie. Pour les
économistes, c'est le processus qui permet l'accès du plus grand
nombre à quelque chose qui auparavant était réservé
à une petite partie de la population du fait de son prix
élevé. La baisse importante des prix et ou une augmentation des
revenus facilitent cette démocratie. En politique, la
démocratisation est le processus qui permet à un régime
d'évoluer vers une démocratie ou de renforcer son
caractère démocratique.
En clair, le processus démocratique est l'ensemble des
phénomènes prenant en compte la voie démocratique ou non,
permettant à instaurer la démocratie et à l'appliquer
définitivement. C'est
14
amener un Etat à se doter de moyens libres qui mettent
la confiance des populations à travers l'application transparente,
équitable et impartiale.
Limites spatiales
Le Benin est un pays d'Afrique de l'Ouest. Il est situé
entre le fleuve Niger au nord qui le sépare de la République du
Niger et l'Océan Atlantique au Sud. Il fait frontière au
Nord-Ouest avec le Burkina Faso, à l'Ouest avec le Togo et à
l'Est avec le Nigeria11. Il acquiert son indépendance le
1er Août 1960. La capitale officielle est Porto-Novo
et Cotonou étant la capitale économique. La langue
officielle est le français et comme monnaie le franc CFA.
Le régime politique du Bénin est de type présidentiel. Le
pays est défini comme un Etat d'Afrique reconnu par la communauté
internationale faisant partie de l'espace francophone.
Bornes chronologiques
La période prise en compte par l'étude est celle
qui part de février 1990 au 18 mars 2006. Du 19 au 28 février
1990 se sont tenu les assises de la conférence nationale. Cette
conférence montre la volonté béninoise de se
réunir, d'accepter la différence et le consensus. Il faut dire
que la conférence nationale en vue de se donner les moyens de
régler pacifiquement les problèmes du pays est le début de
la marche démocratique au Benin et surtout la « rupture » avec
le passé tumultueux. Notre étude débute à cette
période.
L'élection de YAYI Boni comme président de la
république du Benin, le 18 mars 2006 marque la fin du règne de
Kérékou. En effet, il succède à Mathieu
Kérékou alors chef d'Etat et initiateur de la 4e
législature en mars 2003. Cette succession paisible et
régulière de chef d'Etat témoigne existante d'une
démocratie dans ce pays. Son arrivée désigne la fin du
règne des précurseurs de la conférence nationale. Cette
alternance met fin à l'étude.
Etat de la question recherche
Partant des assises de la conférence nationale de
février 1990 à l'arrivée au pouvoir de son Excellence YAYI
Boni, la bibliographie est abondante et disponible. Les auteurs
apprécient un Benin démocratique. Philippe NOUDJENOUME dans sa
monographie, relève par contre
11Voir annexe 1
15
une transformation désormais profonde qui porte les
germes d'une réelle volonté de changement avec des initiatives de
plus en plus issues de la société civile12. En partant
de la période allant de 1988 à 1993, correspondant au
début du dépérissement du Parti Pour la Révolution
Populaire du Bénin (PRPB), l'auteur saisit l'ébullition
sociopolitique ainsi amorcée à travers la crise et le
déclin du système monocratique, le processus démocratique
en cours, le système des acteurs civils et institutionnels
impliqués ainsi que leurs alliances et mésalliances
respectives.
C'est également cet optimisme qui anime Afize Adamon et
Sévérin Adjovi. Le premier dans ses deux monographies
intitulées respectivement: Le renouveau démocratique au
Bénin: Les élections de la période de transition, (1995);
Les élections législatives de 1995, (1995),. Dans la
première monographie, l'auteur aborde le caractère paisible des
élections présidentielles pendant la transition. La
réalisation audacieuse de celles-ci montre la volonté
béninoises à s'engager dans la démocratie. La seconde
démontre que les législatives de 1995 s'inscrivent dans la
continuité de la démocratisation par la mise en place du nouveau
parlement démocratique.
Et le deuxième auteur dans son ouvrage: De la
dictature à la démocratie sans les armes, (1999). Francis
AKINDES, Les mirages de la démocratie en Afrique Subsaharienne
Francophone, (1996), fait une analyse sociologique du processus
démocratique au Bénin, tout en s'interrogeant sur la
qualité intrinsèque des acteurs de la vie institutionnelle, la
nature des alliances politiques (forces du progrès ou forces
centrifuges) dans un Bénin historiquement connu pour ses multiples
identités et sur la capacité véritable du peuple
béninois à constituer une force de contrôle de la
démocratie, le rôle de la société civile et des
modalités de leur fonctionnement dans la construction de la
démocratie et de l'État de droit, qui nécessite en outre
des ressources aussi bien matérielles qu'humaines. Dans son
mémoire soutenu en décembre 2009 à l'université du
Québec à Montréal dont le thème est pluralisme
socio-ethnique et démocratie : cas du Benin, il évoque
également une diversité ethnique utile au développement de
la démocratie. Selon lui les organisations traditionnelles et les
cultures des différentes ethnies du pays ne favorisent pas dans cet
espace une domination d'un quelconque groupe. La variété
culturelle enrichit donc le débat et la construction d'une nation.
Plusieurs thèses facilitent la compréhension
scientifique en abordant la société béninoise. Il s'agit
tout d'abord de Cédric MAYRARGUE, dynamiques religieuses et
démocratisation au Benin pentecôtisme et formation d'un public,
thèse soutenu le 13 décembre 2002 à l'Institut
12 Philippe Noudjenoume, La
démocratie au Bénin-bilan et perspectives, harmattan,1999,
396p
16
d'études politiques de Bordeaux. Il saisit les
articulations entre le processus de changement politique au Bénin et les
dynamiques religieuses, à partir d'une analyse centrée sur les
mouvements pentecôtistes. Dans la réflexion sur la
démocratisation, les expressions religieuses sont en effet souvent
appréhendées comme des obstacles et l'on souligne plus facilement
leur capacité de nuisance, que leur plasticité et la
pluralité des interprétations et des usages qui en est faite.
Ensuite, le lien entre le pouvoir public, l'ethnie et les
partis politiques est établi. En effet la thèse de Rogatien
Makpéhou TOSSOU, multipartisme, ethnicité et pouvoir
politique au Benin : 1951-2006 soutenue le 15 octobre 2010 à
l'université d'Abomey-Calavi en Histoire contemporaine; explique
progressivement la place qu'occupent la région et l'ethnie dans la mise
sur pied d'un parti politique.
Le pluralisme idéologique revendiqué avant la
conférence nationale du Benin se fonde sur l'ethnie. La
conférence des forces vives de la nation réussit à
redonner une tribune aux sensibilités politiques restées
silencieuses pendant plus d'une décennie de parti unique. Enfin Waldemar
de SOUZA, la place des élites religieuses et traditionnelles au
bénin : l'impact de leurs relations avec les élites politiques
sur le maintien de l'État démocratique (2014),
université de Bordeaux, sciences politiques, la démocratisation
du Benin fut possible grâce aux actions conjuguées des
élites religieuses et traditionnelles. Ces dernières ont saisi
l'opportunité que leur offraient les changements institutionnels au
niveau de l'État pour s'organiser en groupes d'intérêts et
essayer d'améliorer leur situation sociale. Mais leurs ambitions vont
bien au-delà de leurs sphères de prédilection, car ces
élites religieuses et traditionnelles entendent être
associées à l'élaboration des politiques publiques et
participer au développement de l'État béninois. Ce souhait
met en exergue la probabilité de l'existence d'une gouvernance conjointe
ou plurielle, à échelons différents, de la cité,
notamment au niveau local, entre élites politiques, religieuses et
traditionnelles.
N'Guessan Assi Georges dans son article intitulé le
processus du renouveau démocratique en Afrique noire francophone : le
cas du Benin, édité par la faculté de droit Abidjan
(côte d'Ivoire) en 1993 cherche à comprendre la mise en place d'un
Etat de droit dans les pays africains. Le cas de l'ex Dahomey qu'il a
présenté éclaire sur la possibilité de se
construire un Etat à partir d'une concertation nationale. Il prouvait
justement que le pays a renforcé les capacités des institutions
auxquels tous les citoyens obéissent. Besse Magalie Les transitions
constitutionnelles démocratisantes: analyse comparative à partir
de l'expérience du Bénin, cette thèse soutenu en 2017
à faculté de Droit de Clermont-Ferrand met en relief
l'originalité
17
de la conférence nationale sur le continent africain.
Elle aborde l'aspect constitutionnel de cette institution aux résultats
mitigés. Elle attribue le succès de la démocratisation du
pays à la transition constitutionnelle sortie des assises.
La presse béninoise a contribué à la
consolidation de la démocratie dans le pays. En effet celle-ci s'est
investi d'un langage de tolérance et de liberté d'opinion.
Corinne ADELAKOUN, dans son mémoire sur le thème, les enjeux
de la démocratisation au bénin le regard de la presse
privée béninoise, soutenu mars 2008 à
l'université du Québec à Montréal, fait un gros
plan sur les enjeux de la consolidation démocratique du Bénin
tels que décrits par la presse privée. L'étude
élucide le rôle de celle-ci lors du processus entamé
à partir de 1990. Tout comme elle, Constantin SOME dans son
mémoire, approuve l'idée d'une nouvelle révolution que le
peuple béninois impose à ses dirigeants. Il faut noter que tous
évoquent un Etat profondément transformé. Et l'on fait
remarquer en relevant les aspects de droit et de sociologie. Faisant ainsi
ressortir une société béninoise qui vit selon le droit.
Cette vision de la démocratie au Benin a nécessité une
étude scientifique.
Des auteurs se sont prononcés pour relever la
caractère utopique de la démocratie au Bénin. Parmi eux se
trouvent Basile MOUMOUNI ADJOU, Pour un Benin métamorphosé :
la nation que nous voulons, (1997), observe une vision négative de
la vie politique et institutionnelle actuelle au Bénin qui pour lui,
manque de social et d'humanisme. Et la rupture d'avec la douloureuse
période post-indépendante mise en avant peut être
reliée une continuité selon l'article de Camilla Strandsbjerg ;
Continuité et rupture dans les représentations du pouvoir
politique au Bénin entre 1972 et 2000 ; 2005 ; Editions de l'EHESS
; Cahiers d'études africaines. Celle-ci se résume en la
personne de Kérékou. Il est l'un des rares chefs d'État
africain à avoir été à la fois à la
tête d'un système autoritaire (entre 1972 et 1990), et ensuite
élu au sein d'un système démocratique reconnu (depuis
1996).
Notre travail différemment des autres, décrit
les leviers du processus de démocratisation du Benin. Il met en relief
le changement politique dans ce pays à la faveur de la volonté
humaine se traduisant par la mise en place de la conférence nationale.
Cette transformation politique se fait observer par des actions menées
par des leaders couplés par des institutions consensuelles. Partant de
là, cette étude touche tous les contours du processus
démocratique dans cette partie de l'Afrique non sans revenir sur les
influences favorables à cette situation.
PROBLEMATIQUE
le Bénin est devenu le «laboratoire de la
démocratie en Afrique», et l'expérience béninoise a
fait école au Togo, au Burkina, au Niger, au Mali, au Congo, en
République démocratique du Congo, au Tchad, en Centrafrique, au
Gabon13...En déplacement dans le pays le président
français, François Hollande a rendu, un hommage appuyé au
régime du président Thomas Boni Yayi, son hôte du jour.
« J'ai voulu venir ici car vous êtes une référence
sur le plan démocratique »14. Un état de
fait qui s'oppose à l'image d'une Afrique qui n'est pas un exemple de
démocratie.
Quels sont alors les leviers du processus démocratique
au Benin qui lui ont conféré le statut de modèle ? En
d'autre terme en quoi est ce que le processus démocratique du Benin est
un modèle pour l'Afrique? Quelles sont les origines de cette nouvelle
orientation ? ensuite quelle est le catalyseur de cette démocratisation
? enfin quelles sont les éléments de consolidation de cette
démocratie ?
HYPOTHESES
Répondre à ces questions revient à
vérifier trois hypothèses identifiées.
Kerekou a perdu ses amis communistes par la chute du mur de
Berlin en Europe. Cette situation qui conduit à la réunification
de l'Allemagne. Ce qui éveille les consciences sur le continents
Africain en générale et au Benin en particulier.
Exposé à l'extérieur et abandonné
de l'intérieur, Kérékou accepte une conférence des
forces vives de la nation. C'est le catalyseur de la démocratie.
Les institutions mise en place après la
conférence ont contribué à installer définitivement
la démocratie par l'alternance du pouvoir au Benin.
18
13SergeFélix
N'Piénikoua, Bénin, une démocratie qui
marche, 2014, in
www.slateafrique.com,
consulté le 07/02/2019
14David Revault d'AllonnesA Cotonou, Hollande vante
l'exemple démocratique béninois,
www.lemonde.fr 02/07/2015
19
OBJECTIFS
OBJECTIF PRINCIPAL
Notre objectif général est d'identifier les
éléments qui font de la démocratie du Benin
un modèle pour l'Afrique.
OBJECTIFS SECONDAIRES
Pour atteindre cet objectif, il s'agit de :
Décrire le contexte international et Africain ;
Faire ressortir la force du dialogue franc à travers
l'impact de la conférence des forces vives de
la nation ;
Relever le rôle des acteurs de la démocratie dans ce
pays.
METHODOLOGIE
Dans le cadre de cette étude, nous avons eu à
exploiter deux catégories de sources, il s'agit des sources de
première main et de source de seconde main. En ce qui concerne les
premières, elles sont constituées de décrets, des
arrêtés, du rapport introductif de la conférence nationale,
du rapport final de la conférence nationale des forces vives de la
nation, de la constitution béninoise et l'ouvrage de Robert Dossou,
l'audace, la vérité et l'espérance, la
conférence nationale : ce que j'en ai dit en trente ans. L'histoire
politique du Bénin, Editions Ruisseaux d'Afrique 2020. Les sources de
seconde main sont essentiellement constituées des articles de
journaux.
Les décrets pris entre 1990 et 2005 montrent dans
l'ensemble la volonté des chefs de l'Etat à s'investir dans la
construction de la démocratie. Ils fixent les conditions et les
périodes électorales conformément à la loi. Cette
régularité permet d'obtenir au Benin des élections
régulières.
En plus, la constitution du 11 décembre 1990 reste sans
modification. L'unanimité dont elle fait l'objet résulte du
caractère consensuel de son élaboration. Pour ce qui est du
rapport introductif de la conférence nationale, il décrit une
situation sociopolitique explosive. Les mobilisations de la
société civile et des partis politiques y sont
évoquées. C'est d'ailleurs à juste titre qu'il aborde la
stratégie des assises.
Quant au rapport final de la conférence nationale des
forces vives du Benin, il est utile à la connaissance des
décisions et résultats des assises. Il dévoile la nouvelle
orientation du pays. Il évoque les décisions prises. Il s'agit de
la mise en place d'une transition politique avec Kérékou
20
comme président. Cette transition se fait par la
nomination de Nicéphore Soglo par les délégués de
la conférence. Il s'agit également de du projet de
l'élaboration d'une nouvelle constitution du pays. Elle doit limiter les
mandats présidentiels et confier l'organisations des élections
à un organe indépendant. Le rapport en relatant tous ces profonds
changements permet de dire que la démocratisation du Benin est né
d'une volonté politique.
Robert Dossou, dans l'ouvrage intitulé l'audace, la
vérité et l'espérance, la conférence nationale : ce
que j'en ai dit en trente ans l'histoire politique du Bénin,
Editions Ruisseaux d'Afrique 2020 ; il aborde l'histoire du renouveau politique
du Benin. Ce témoignage d'un acteur de la reconstruction du pays, permet
de comprendre qu'il y'a de ces figures influentes qui ont, par leur engagement,
pris une part importante dans la marche démocratique de ce pays.
Toute cette source de première main est issue des
acteurs de la démocratie béninoise. Le croisement des
informations permet d'authentifier. Elle met en relief l'engagement politique
des acteurs et la détermination de l'Etat. Les populations sont donc
acteur de décisions comme souhaité dans les mobilisations
sociales. Le Benin peut passer à une nouvelle organisation politique
apaisée et transparente. Elle donne une connaissance
générale sur la manière particulière du peuple
béninois à changer de régime. Et à travers les
décrets montre l'implication des autorités dans la mise en place
de la démocratie. Elle ne fait pas état de l'apport du peuple
dans la démocratisation du pays. En effet, elle met en avant la
volonté politique des autorités béninoises à
s'inscrire dans le changement. L'héroïsme du gouvernement et du
chef de l'Etat est présenté.
Ensuite la source de seconde main concerne les articles de
journaux de la période étudiée. Les témoignages
recueillis définissent les leviers de la marche démocratique du
Benin. En effet les actions des acteurs et les analyses des témoins
édifient sur la particularité de la démocratie au Benin.
Cette source rend au quotidien les informations. Celles-ci sont sans recul. Les
organes de presses sont issus des partis politiques et écrivent en
fonction de la ligne du parti. C'est une opinion partiale que produisent ces
sources. D'où la nécessité de collecter les
informations.
Au Bénin, la profession de journaliste fonctionnaire de
l'État ne saurait être libérale, tout journaliste
béninois de la presse écrite et parlée est un citoyen
engagé pour le succès de la Révolution. De plus, à
la censure externe s'ajoute la censure interne au sein des rédactions
des différents médias. En effet, tous les organes d'informations
sont dirigés par des individus issus de l'entourage direct de
Kérékou. Le contrôle de l'information est également
assuré par le statut
21
spécifique des entreprises de presse écrites et
audiovisuelles qui se retrouvent en situation de monopole d'État.
En 1990 le seul journal d'opposition disponible dans les
kiosques de Cotonou était La Gazette du Golfe. Il a soutenu les
premiers pas du régime démocratique béninois pour devenir
ensuite de plus en plus critique à l'égard des autorités.
Il met l'accent sur la possibilité que possède un peuple à
changer de régime. Ainsi Tarn Tarn express s'attaque aux
autorités, dès sa première parution à
l'épineux dossier de la faillite des banques. Par des
révélations, des mises en cause de certains responsables et des
dévoilements de documents compromettants, ce quotidien est très
rapidement considéré comme le spécialiste du «
dévoilement d'affaires ». Ces deux quotidiens privés font
figure de pionniers et participent à l'ébranlement du
système de Kérékou. Ce dernier croit pouvoir
démontrer sa bonne volonté et calmer l'opinion publique en
laissant paraître ces publications. Ces partialités sont à
l'origine des régulations aussi bien étatique que
privées.
Des entretiens ont été organisés pour la
réalisation de l'étude. ils complètent l'information
manque dans les documents écris. Plusieurs témoins apportent
leurs contributions. En Côte d'Ivoire, la communauté
béninoise nous ouvre ses portes en Avril puis en septembre 2018.
À Gonzague-ville dans la commune de Port Bouët à Abidjan,
réside une forte communauté dahoméenne. Elle s'est
organisée en vue de s'entraider socialement. Le
délégué Agbamaté Georges de la mutuelle de la
communauté Béninoise résidente en Côte d'Ivoire a
fait l'objet de notre choix. Ce choix a été motivé par son
rôle de courroie de transmission entre l'administration et la
communauté résidante. Il est à ce titre outillé
pour aborder les questions politiques et sociales à l`origine de la mise
en place de la démocratie au Benin. Lors de la rencontre du 12 Avril
2018 à 10h, l'utilité des institutions moderne et traditionnelle
a également fait surface pour comprendre la stratégie
béninoise.
Pour cerner la régularité des élections
et l'alternance pacifique au Benin, le consul intérimaire a
été sollicité. C'est le vendredi 20 septembre 2019
à 11h 06 min que l'audience est accordée. Dans cet entretien semi
direct, le consul montre une démocratie modèle: celle du Benin.
À sa suite, Asse Jeannette, attachée du consulat du Benin donne
le même jour à 14h son opinion sur la réalité
démocratique du Benin.
22
La collecte de l'information en Côte d'Ivoire n'a pas
été facile. L'indisponibilité des membres de la
communauté. En effet, ils sont installés et sont occupé
par les petits métiers. D'où l'accès difficile. Le consul
s'est réservé d'aborder la question des relations entre le Benin
et ses voisins. Cela est lié à la relative crise entre le Benin
et la côte d'ivoire.
Au Benin deux visites ont été effectuées
en mars 2018 et en octobre 2019. En ce qui concerne les entretiens de mars
2018, ils étaient semi-direct à Ouidah. Cette ville historique a
eu un rôle dans la traite des esclaves de l'Atlantique du XVIIe au XIXe
siècle. La Route des Esclaves, un chemin par lequel les esclaves
étaient emmenés pour rejoindre les navires, est bordée de
monuments et conduit à la "Porte du Non Retour", une arche
commémorative sur le front de mer. Sa position géographique a
également influencé le choix. Cette ville est située
à 42 kilomètres de Cotonou. Ce fut judicieux de s'y rendre avec
les interventions des jeunes béninois. Ils ont évoqué la
vie politique de leur pays avec enthousiasme. La place que jeunesse occupe dans
la construction du pays. Les béninois contemporains de la
conférence nationale de février 1990 ont abordé l'espoir
que suscitait cette assise. Dans la même période un autre choix
est porté sur la jeunesse des partis politiques pour justifier la
liberté d'expression et surtout la mise en place de l'Etat de droit.
En octobre 2019, nous nous sommes rendu à Cotonou.
Cette commune du Sud du Benin est choisie pour avoir abritée la
Conférence Nationale et aussi avoir été capitale du pays.
Cette ville regorge plusieurs sièges de parti politiques. Situé
entre Ouidah et Porto Novo, il nous a plu de découvrir une nouvelle
ville aussi hospitalière que la première. Si les
déplacements sont plus améliorés ce n'est pas le cas pour
l'accès aux autorités. Il a fallu un protocole de trois jours
pour accéder au président du PRD Houngbedji Andrien, le 8 octobre
2019 à 18h au siège du parti à Dandji dans le 1er
arrondissement de Cotonou. Avec lui, il s'agit de comprendre l'action des
partis politiques dans la construction de la démocratie. Il a
évoqué les relations de tolérance idéologique qui
fonde les leaders du pays.
Le 11 octobre 2019 à 10h au secrétariat du parti
communiste au Benin à Gbédégbé, les
secrétaires ont permis d'évaluer les effets de l'alternance sur
les partis politiques surtout ceux de l'opposition. La situation apaisée
et alternée du pays motive leurs actions vers la conquête
pacifique du pouvoir.
La partialité des témoins est remarquée
lors de la visite au Benin. Les partis politiques s'attribuent chacun la bonne
marche démocratique. Toutefois les béninois dans le style
hospitalier qui est le leur se prêtaient aux entretiens. C'est avec
enthousiasme que les citoyens
23
abordent les qualités démocratiques de l'ex
Dahomey. L'appel aux disciplines auxiliaires enrichit l'étude. Il
était possible de rencontrer dans la rue un citoyen et parler politique
sans vous connaître. C'est le signe de la libre expression maillon de
l'Etat de droit.
Nous avons eu recours à la sociologie. Elle a permis de
comprendre les oppositions dans la société. Et l'évolution
de la société béninoise dans le contexte de vent de l'Est
et dans la mise en place de la démocratie. En effet La sociologie
présente le Benin désormais comme une vitrine de la
démocratie dans la sous-région. Ce pays à partir duquel
les autres doivent comprendre la capacité à être un Etat
démocratique se voit un exemple. Elle côte favorablement cette
nation. Et cela s'explique par la copie du modèle béninois sous
forme du sommet de la Baule en juin 1990. A ce sommet le président
français François Mitterrand invite tous les africains du
pré-carré de la France à nouer avec cette forme de gestion
de l'Etat. Cette source vient contrarier la pensée selon laquelle les
africains ne sont pas prêts de pratiquer la démocratie.
A sa suite, la géographie a été utile.
Elle facilite la localisation de la zone étudiée. Les voisins et
la position géographie décrits permet de comprendre le besoin de
démocratie. Elle nous a été utile pour se déplacer
aussi lors du chemin vers le Benin mais également dans le pays. Aussi
l'économiste a facilité la compréhension des crises
financières et économiques. Ils décrivent alors une
situation économique difficile. Ce qui explique le contexte du renouveau
démocratique.
La critique des sources de première main se
résume à l'authenticité des documents. Alors que ceux de
seconde mains à savoir les articles de journaux peuvent faire objet de
critique. En effet ces journaux sont soit proche du pouvoir, soit de
l'opposition. Les écrits qu'ils produisent sont à cet effet
conduit par leurs opinions politiques. La plupart des organes de l'oppositions
comme Le Matinal, le Point au quotidien, Les échos du jour et
Fraternité, les analyses traitent souvent de la corruption publique,
celle des agents de l'administration publique, bras séculier du pouvoir
exécutif et surtout des menaces que courent la conférence
nationale. Le secteur de la presse, à la fois contre-pouvoir et
incarnation du quatrième pouvoir, n'est pas souvent traité comme
un des lieux privilégiés de la propagande des activités du
régime. Et pourtant, La presse de l'opposition béninoise n'y
échappe pas. Elle n'est pas professionnelle dans le travail
journalistique. Un ensemble d'attitude qui décrédibilise quelque
peu les organes de presse. Donc difficile de trop s'y fier pour l'étude
en cours.
24
L'exploitation des données recueillies a
consisté à les confronter. Les témoignages
confrontés aux documents écrits contribuent à obtenir des
informations précises sur la démocratisation du Benin. En effet
les écrits consultés donnent une connaissance
générale sur le pays. Les témoins détaillent le
processus démocratique et avec les écrits le renouveau
démocratique se perçoit.
La méthode chronologie a contribué à la
compréhension de l'évolution de la démocratie au Benin.
Cette démarche a permis de faire ressortir la pertinence des
informations collectés. Celles qui étaient liées aux
émotions étaient écartés. Ainsi les grandes lignes
de l'étude se dégageaient.
Annonce du plan
La première partie explique en deux chapitres le
contexte historique de la démocratisation du Benin. Elle prend source
dans la situation politique internationale et à travers
l'expérience vécu. En effet les pays amis à
Kérékou se sont vu frappé par« l'unipolarisation
« du monde à la fin des années 1980. Et à cela se
joint le probable fait que pays soit sous le contrôle de l'armée
qui a pris le pouvoir de force. Les béninois goutent alors à la
dictature militaire et surtout au communisme. Cette situation peut expliquer la
décennie d'enfer que subissait le pays. Durant cette période le
marxiste-léniniste connait ses limites, le Benin est en banqueroute et
des actions internes et externes sont menées pour réclamer un
changement de régime.
La seconde partie développe en deux chapitres les
décisions de la conférence nationale des forces vives de la
nation et l'autorité des élites traditionnelles et religieuses.
Elle évoque les moyens par lesquelles le Benin entame la voix de la
démocratie. En effet la conférence nationale de 1990 a permis
à ce pays de faire les premiers pas démocratiques. Le
caractère inédit de son organisation est relevé à
travers une participation étrangère et surtout les reformes
faites par les commissions de réflexions. Elle a facilité le jeu
démocratique en accordant une place informelle aux têtes
couronnées et guides religieux.
La troisième partie met en lumière la mise en
place des institutions démocratiques qui ont favorisés la
régularité des élections et de l'alternance au Benin. En
trois chapitres les actions démocratiques pour un Etat de droit sont
relevées. En effet les hommes politiques et le peuples béninois
se sont investis dans la démocratie. Et le peuple béninois se
laisse transformer par cette vision étatique. Quant à
l'alternance politique, elle serait une réalité et même un
concept au Benin.
PREMIÈRE PARTIE
25
Un contexte international et africain
Partie 1
26
Le contexte international et africain
Pour comprendre le renouveau démocratique du Benin, il
faut prendre en compte les facteurs exogènes et endogènes de
l'avènement de la démocratie. Plusieurs pays amis politiques
à Kérékou se sont vu frappé par«
l'unipolarisation « du monde à la fin des années 1980. En
Europe, en Amérique et en Afrique les verrous de la cristallisation du
pouvoir sautent. Les populations accèdent aux prises de décisions
pour faire respecter les principes démocratiques.
Au Bénin, la stabilité politique à mettre
à l'actif de Kérékou est menacée. Le pouvoir
dictatoriale ne fait plus peur. Et les tensions sociales voisines donnent des
idées a ceux qui aspirent à la démocratie. Quel est alors
le contexte du renouveau démocratique du Bénin ? Dans cette
partie, il s'agit du contexte international marqué par le vent de l'Est
et la situation explosive du Benin.
27
Chapitre 1 : un contexte international marqué par
le vent de l'Est15
Le contexte international de la fin des années 1980
conduit mieux comprendre la pression sur les épaules de
Kérékou et du Benin. Durant cette période les
compères idéologiques font face à de profondes mutation
causées par la nouvelle orientation du communisme. Cette politique
d'ouverture communiste favorise la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
C'est le début d'un bouleversement en Allemagne et en Europe qui suscite
l'envie d'une ère démocratique dans de nombreux pays. Ce chapitre
évoque la nouvelle politique communiste et ses conséquences en
Europe.
I. La nouvelle politique soviétique et la chute du
mur
La situation politique, sociale et économique en
URSS16, impose au PCUS de mettre en scène la nouvelle
stratégie politique. Et l'arrivée de nouveau dirigeant comme
Gorbatchev est l'occasion d'expérimenter les réformes
envisagées. Celles-ci impactent l'Allemagne et sa capitale.
1. La nouvelle vision soviétique à partir
de 1985
L'élection de Mikhaïl Gorbatchev17, le
11 mars 1985, au poste de secrétaire général du PCUS,
ouvre une période au cours de laquelle, de réforme en
réforme, d'emballement en emballement, le projet gorbatchévien
originel, qui n'avait que pour but que de rendre plus efficient le
système soviétique existant, d'améliorer le fonctionnement
du système et, par-là, d'améliorer la qualité de
vie des Soviétiques. Son programme s'appuyait sur trois mots d'ordre :
l'uskorenie (accélération), la glasnost (transparence) et la
perestroïka (restructuration).
La uskorenie visait l'accélération de la
croissance économique. À cette fin, il fallait mettre en oeuvre
des réformes économiques orientées vers une coordination
par le marché. Mais, dans la
15 Expression qui désigne la
vague de démocratie qui a soufflé à la suite de la chute
du mur de Berlin
16 L'Union soviétique des années
post-brejnéviennes avait subi une mutation morale, un pessimisme
systémique qui signifiait la remise en cause de la suprématie du
système socialiste sur celui capitaliste.
17 Mikhaïl Sergueïevitch
Gorbatchev ou Gorbatchov, est un homme d'État soviétique et russe
qui dirigea l'URSS entre 1985 et 1991. Il sera le septième et dernier
secrétaire général du Comité central du PCUS, dans
l'histoire de l'URSS. Rappelons qu'il fut précédé par
Vladimir Lénine (1917?1924), Iossif Staline (1924?1953), Nikita
Khrouchtchev (1953?1964), Léonid Brejnev (1964?1982), Jourij Andropov
(de novembre 1982 à février 1984), Konstantin Tchernenko (de
février 1984 à mars 1985).
28
fièvre des réformes, le mot fut vite
oublié. La glasnost18 (transparence) visait l'ouverture des
débats publics sur des problèmes sociaux, moraux,
économiques et politiques, caractéristiques de l'ensemble du
système soviétique. La perestroïka19 qui signifie
« reconstruction ». Gorbatchev (1987, p. 9) l'avait définie
comme une politique dont le but fut « d'activer les progrès sociaux
et économiques du pays et de créer un renouveau dans toutes les
sphères de la vie ». La perestroïka comporta deux volets :
l'un socio-politique et l'autre économique et fut donc synonyme d'un
ébranlement du système soviétique dans son
intégralité.
Durant ce bref laps de temps, c'est une immense
révolution idéologique, politique, diplomatique,
économique et sociale qui bouleverse de fond en comble non seulement
l'ensemble des structures étatiques et économiques, mais aussi
l'ordre européen et mondial qui semblait, depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, figé en un antagonisme irréductible entre deux
blocs. La réforme impulsée, à partir de 1985-1986, par la
nouvelle équipe en place n'était nullement le fruit d'une
génération spontanée. Les principales orientations de la
pérestroïka et du Glasnost avaient été abondamment
discutées d'abord dans des cercles « informels », puis au sein
même des instances dirigeantes du parti.
Ceux qui, en mars 1985, prirent les commandes de l'État
et du parti ne pouvaient ignorer l'état de crise avancée de
l'économie soviétique et l'affaiblissement politique qui en
résultait pour le pays sur la scène internationale. L'ampleur de
la crise, sa nature même rendaient indispensable un véritable
sursaut national. Après deux années, l'immobilisme politique est
marqué par d'importantes mutations sociales largement ignorées
par le pouvoir, les enjeux étaient autrement plus vastes : il ne
s'agissait pas moins que de changer le mode de régulation
économique, de relever le défi extérieur, de
libérer l'économie et la société.
L'appel aux réformes déclencha une dynamique,
faite de résistances et de débordements, qui allaient contraindre
Mikhaïl Gorbatchev à adapter sans cesse son programme aux exigences
et aux rythmes d'un mouvement résultant d'une dialectique des
réformes et d'une contestation sociale et nationale stimulée par
la libération de la parole.
18 La traduction française littérale
de « glasnost » serait « publicité » C'est la
portée politique du terme - rendre publique l'information sur les actes
de l'État - qui le rendrait équivalent de celui de «
transparence ». Selon la même source, les origines du terme russe,
avec le sens que l'on connait, remontent au xixe siècle, aux discours
des opposants du régime tsariste. Quant à l'usage du mot en
Moldavie, il y fut initialement traduit par « publicité » et
ensuite remplacé par « transparence »
19 Crosnier, Gueit & Tinguy, Pour une chronologie
de la perestroïka, en URSS, de 1985 à 1991, , 1993, p. 153
29
En visite en Tchécoslovaquie20 en 1987,
Gorbatchev expose sa vision d'une «maison commune européenne».
S'il estime que c'est ensemble collectivement que les Européens pourront
sauver leur maison. Il admet que chaque nation peut «vivre sa propre vie,
suivre ses propres traditions». En 1988, il précise, devant l'ONU,
que la liberté de choix doit être reconnue aux peuples. Ce
changement de doctrine débouche sur l'émancipation de l'Europe de
l'Est. Il abandonne donc la «doctrine de souveraineté
limitée» énoncée par Brejnev et souhaite
l'installation dans les démocraties populaires de gouvernements
réformateurs acquis à ses idées. Il annonce la
réduction des forces armées soviétiques en RDA, Hongrie et
Tchécoslovaquie. Il affirme par ailleurs l'universalité du
principe de l'autodétermination des peuples. L'URSS renonce donc ainsi
à imposer par la force à d'autres nations sa propre forme de
gouvernement. Il veut aussi donner des gages à l'Occident dont il attend
un soutien politique et une aide financière : l'Armée rouge
assiste donc sans sortir de ses casernes au grand chambardement de 1989.
Il faut noter que les nouvelles politiques visent à
démocratiser le régime par des élections libres, le
multipartisme et l'affirmation des libertés, mais aussi à mettre
en place un semblant d'économie de marché. Il suscite un brusque
réveil des populations. Les manifestations de masse qui secouent les
différents pays expriment la soif de liberté mais plus encore le
rejet d'un système économique qui contraste avec les images
d'abondances occidentale transmises par les médias.
2. L'Allemagne, la chute du mur 09 novembre
198921
L'ouverture du mur de Berlin marque la décrysptations
des relation européenne Est-Ouest et la possible réunification de
l'Allemagne. Le 9 novembre, Günter Shabowski22,
secrétaire du Comité central de la SED, annonce lors d'une
conférence de presse que tous les citoyens de la RDA peuvent voyager
à l'étranger « sans aucune condition particulière
». Cette déclaration est retransmise à la
télévision. Aussitôt, les Berlinois se précipitent
vers les postes-
20 Tchécoslovaquie est un
territoire occupé par les soviétique de 1968 à 1991
21 Pendant la nuit du 12 au 13 août 1961, les
soldats de l'Allemagne de l'Est et les Soviétiques construisent un
« mur » à la limite des deux parties de la ville Berlin afin
de stopper la fuite des Est-Berlinois vers l'Ouest. Il était souvent
surnommé le mur de la honte. Il était destiné à
interdire le passage des Berlinois de l'Est vers l'ouest de Berlin. Il fut
construit en 1961 et détruit en 1989. La partie occidentale de Berlin
était entourée d'un rideau de fer, qui l'isolait du territoire de
la RDA ou DDR (Deutsche Demokratische Republik, ou en français:
République Démocratique Allemande). Le mur était
très long : 155 kilomètres.
22 Günter Schabowski, est un
journaliste et homme politique allemand. Il a été membre du
Politbüro du Comité central du Parti socialiste unifié
d'Allemagne (SED), le parti dirigeant de la RDA.
30
frontière pour aller à l'Ouest. Les
gardes-frontière sont rapidement totalement submergés ; ils
reçoivent l'ordre de laisser passer à l'Ouest toute personne
munie d'une pièce d'identité. Des milliers de Berlinois de l'Est
et d'Allemands de l'Est qui passent la frontière cette nuit-là
font spontanément la fête avec les Allemands de l'Ouest qui les
accueillent avec enthousiasme.
Le 10 novembre 1989, Willy Brandt, l'ancien chancelier de la
RFA qui avait assisté à la construction du mur comme bourgmestre
de Berlin-Ouest, déclare devant l'hôtel de ville : « La
division de l'Europe, de l'Allemagne et de Berlin s'est créée
à cause de la guerre et de la désunion des forces victorieuses.
Maintenant s'unit ce qui appartient l'un à l'autre. Maintenant, nous le
constatons [..] : les diverses parties de l'Europe s'unissent. »23
Le symbole de la guerre froide disparaît. C'est ce
qu'ont bien compris les télévisions du monde entier qui viennent
à Berlin pour immortaliser l'événement. La chute du mur de
Berlin aura pour conséquence l'effondrement de la RDA. La population se
met immédiatement à détruire le mur, s'y attaquant avec
marteaux et burins. En décembre 1989, le ministère des Affaires
étrangères de la RDA stoppe officiellement le renforcement du mur
et des installations frontalières interallemandes. Dès le 29
décembre 1989, le gouvernement intérimaire de la RDA
décide la destruction du mur, qui s'achèvera le 30 novembre
1990.
Cette situation en Allemagne suscite aussi la
réunification politique du pays. L'effondrement rapide du régime
communiste en Allemagne de l'Est est inattendu. Alors que le régime se
libéralise sous l'impulsion des réformes de Mikhaïl
Gorbatchev en URSS et que des mouvements d'opposition grandissent dans les
démocraties populaires, la position du communisme en RDA apparaît
solide. Les dirigeants se refusent à toute évolution.
Malgré l'emprise de la police secrète, un courant de contestation
se développe, avec l'appui des Églises protestantes. Parti de
Leipzig, un mouvement de protestation contre le régime policier (les
« prières du lundi ») s'étend dans le pays. Au cours de
grandes manifestations, les Allemands de l'Est réclament la
démocratisation véritable du régime avec comme
préalable la liberté d'expression et de réunion. La
population manifeste également en faveur de l'unité allemande.
Gorbatchev incite le gouvernement Est-allemand d'Erich
Honecker24 à faire des réformes. Honecker s'y refuse.
Il est remplacé le 18 octobre à la tête du parti communiste
par Egon Krenz.
23 Discours de Willy Brandt à l'occasion de la
chute du mur de Berlin, in
www.lefigaro.fr
24 Ancien dirigeant de la République
démocratique allemande, est un homme politique allemand, principal
dirigeant de l'Allemagne de l'Est de 1971 à 1989. Il occupa les postes
de secrétaire général du Parti socialiste unifié
d'Allemagne (SED) ainsi que de président du Conseil d'État et de
responsable du Conseil de défense nationale
31
Toujours avec l'accord de Moscou, Hans Modrow, favorable aux
réformes, devient chef du gouvernement. Mais les nouveaux dirigeants
sont hués par la foule à Berlin-Est le 4 novembre, ce qui les
conduit à provoquer l'ouverture du mur. Suite aux manifestations de
novembre, les dirigeants est-allemands promettent des élections «
libres et secrètes » le 10 novembre1989.
Il faut noter que cette situation en Allemagne montre la fin
des régimes autoritaires. La chute du mur et les manifestations pour la
démocratisation du pays sont médiatisé en vue de provoquer
un effet Boomerang.
Retenons que les régimes autoritaires sont
abandonnés par la nouvelle politique menée par l'URSS et la chute
du mur de Berlin. Le 9 novembre 1989, l'ouverture du mur de Berlin
apparaît comme un moment majeur de l'histoire du XXe siècle. Il
conduit à la disparition du « rideau de fer » qui, depuis la
fin de la Seconde Guerre mondiale et durant toute la période de la
guerre froide, sépare l'Europe en deux blocs. La fin de plus de quarante
années d'affrontement Est-Ouest conduit à une recomposition de
l'espace européen qui permet la réunification de l'Allemagne,
l'affranchissement de la tutelle soviétique des démocraties
populaires d'Europe centrale et orientale.
II. 1989, l'année de la révolution en
Europe de l'Est25 et en Afrique
Les jours qui suivent la chute du mur, sont beaucoup
agités en Europe de l'Est. Il souffle un vent de révolution dans
la majorité des pays de la région.
1. En Europe de l'Est
L'année 1989 sera riche en promesse, en espoir et en
changements pour les pays d'Europe de l'Est. Les gouvernements en place ont
compris qu'ils allaient devoir lâcher du lest. Les premières
élections libres ont lieu dans de nombreux pays de l'Est, URSS comprise.
Malgré l'ampleur de la contestation, des manifestations, des
grèves, Gorbatchev refuse le recours à la répression et
l'emploi des tanks. Des accords de démilitarisation de l'Europe de l'Est
sont signés, les troupes soviétiques se retirent.
25 Ce terme désigne les pays sous domination
communiste. Ils sont majoritairement proche de l'URSS qui est situé en
Europe de l'Est.
32
En République populaire de Hongrie, le parti au
pouvoir, sous l'impulsion de Myklos Németh26, accepte le
principe du multipartisme dès février 1989. En juin, Imre Nagy et
les protagonistes de l'insurrection de Budapest sont réhabilités.
Le 7 décembre 1988, à la tribune de l'ONU, Mikhaïl
Gorbatchev fait une déclaration solennelle par laquelle il est favorable
à la « souveraineté partielle des pays soviétiques
». C'est en Hongrie que débute, en mai 1989, le processus de
démantèlement du glacis soviétique. La démocratie
populaire est abolie par le parti communiste qui se transforme en parti
socialiste. En 1989, pour la première fois, un parti communiste au
pouvoir proclame sa dissolution. Il se présente aux premières
élections libres organisées en mars 1990 sous le nom de «
Nouveau parti socialiste hongrois » mais la victoire reviendra au Forum
démocratique (centre-droit) de Jozsef Antall.
En République populaire de Pologne, le Syndicat Libre
Solidaire est à nouveau autorisé en avril 1989. En juin, le
mouvement remporte la victoire aux élections législatives, et
refuse tout accord de gouvernement avec le Parti ouvrier unifié
polonais. Wojciech Jaruzelski, seul candidat autorisé, est élu
Président de la République par le parlement, mais doit accepter
Tadeusz Mazowiecki comme premier ministre. Un mois après la chute du
mur, Lech Walesa27, le leader du syndicat Solidarité en
Pologne, est élu président de la République polonaise
En République populaire de Bulgarie, Todor Jivkov
démissionne le 10 novembre 1989, sous la pression des communistes
réformateurs comme Andréi Lukanov28. Les communistes
qui ont rebaptisé leur parti en parti socialiste, gagnent les
élections. Mais les anciens communistes « gorbatchéviens
» conduisent le changement et une nouvelle constitution.
En République socialiste Tchécoslovaque, la
Révolution de Velours provoque l'effondrement du régime sans une
goutte de sang versé. Des manifestations ont alors lieu dans tout le
pays, pour réclamer des changements, le gouvernement cède. En
effet, des manifestations
26 Miklós Németh est un
économiste et homme d'État hongrois, Premier ministre de Hongrie
du 24 novembre 1988 au 23 mai 1990. Pendant les années tumultueuses qui
ont conduit à la chute du communisme en Europe centrale et orientale, il
est un dirigeant du Parti socialiste ouvrier hongrois, le parti communiste
hongrois.
27 Lech Waêsa, est un syndicaliste et homme
d'État polonais, président de la République de 1990
à 1995. Électricien de formation, il est
président-fondateur du mouvement Solidarnooeæ cofondé avec
Anna Walentynowicz, et devient ainsi une figure emblématique de la
Pologne s'affranchissant de l'influence de l'URSS à partir de la fin des
années 1970. À ce titre, il est récompensé par le
prix Nobel de la paix en 1983.
28 Il entre en 1963 au ministère des
Affaires étrangères et adhère au Parti communiste bulgare
en 1966. De 1976 à 1986 il est vice-président du conseil des
ministres. De 1987 à 1990 il est ministre du Commerce extérieur.
Il est nommé premier ministre le 8 février 1990
33
contraignent les communistes à quitter le pouvoir.
À Prague, la « révolution de velours » conduit à
la formation d'un gouvernement non communiste le 10 décembre 1989.
Alexander Dubèek est élu à la tête du parlement le
28 décembre ; le lendemain, le dissident Vaclav Havel est élu
président de la République.
En Roumanie, la révolution tourne au drame. La chute
des régimes du bloc de l'Est est essentiellement pacifique, mais pas en
République socialiste de Roumanie. À cette époque la
situation économique est des plus mauvaises et la Securitate, la police
d'état, fait régner la terreur. Une partie des cadres du Parti
communiste roumain décide, face à l'effondrement des autres
régimes du bloc de l'Est, de renverser Nicolae Ceauþescu.
Le 21 décembre 1989 a lieu un rassemblement populaire.
Mais soudain en plein discours, le dictateur est hué par des
protestataires. Le lendemain, le bâtiment du Comité Central est
attaqué : Ceausescu, lâché par la direction du parti, prend
la fuite.
Des manifestants réussissent à prendre le
bâtiment des télévisions puis fraternisent avec les
militaires. Dans les jours qui suivent, Ceausescu et sa femme sont
capturés. Le 25 décembre au cours d'un procès
expéditif mené par un tribunal auto-proclamé, les
époux sont condamnés à être fusillés. Le soir
des images de leur corps sont diffusées à la
télévision.
Les premières élections libres seront
remportées par Ion Iliescu, ancien communiste. La révolution en
Roumanie est la plus violente, avec 104 morts et 1 761 blessés.
Au total, le contexte international est marqué par
l'assouplissement de la politique communiste de l'URSS. La mise en place de la
Pérestyroïka et de la Glasnost favorise l'ouverture de Berlin Est
vers l'Ouest. La RDA et la RFA s'ouvrent l'un à l'autre. Dans cette
dynamique les pays sous emprise soviétique engagent de la
démocratisation de leurs institutions comme ce fut le cas de l'Europe de
l'Est. Ce vent de démocratie gagne progressivement le continent
Africain.
34
2- L'effondrement des régimes communistes et des
dictatures en Afrique
La vague libérale dans l'ex-Union soviétique
diffusée dans ses satellites de l'Europe centrale et orientale au cours
de l'année 1989, s'introduit en Afrique d'abord sous la forme de
l'effondrement des régimes qui lui sont alliés et exerce ensuite
un effet d'entraînement partout ailleurs en incitant au
démantèlement des dictatures.
L'un des grands coups dans les années 1980 est
l'assassinat du président Thomas Sankara29 le 15 octobre 1987
au Burkina Faso. Militaire et homme politique panafricaniste et tiers-mondiste,
héritier du congolais Patrice Lumumba et du ghanéen Kwame
Nkrumah, Thomas Sankara incarna et dirigea la révolution
burkinabé d'août 1983 à sa mort. Son gouvernement
communiste mit sur pied toute une série de mesures visant à
lutter contre la corruption et à améliorer l'éducation,
l'agriculture et la condition des femmes.
Il dénonce le colonialisme et le
néo-colonialisme, dont celui de la France, en Afrique. Il se rapproche
de plusieurs pays du bloc socialiste. En octobre 1986, peu avant le sommet
Gorbatchev-Reagan à Reykjavik, il se rend une semaine en URSS, mais
aussi à Cuba du 25 septembre au 1er octobre 1984, puis une
deuxième fois au mois de novembre 1986. Ces déplacements
étaient pour renforcer les relations entre les pays et surtout
s'instruire contre l'ennemi.
Parallèlement, il rejette le fardeau de la dette qui
pèse sur les pays en voie de développement. Son discours contre
la dette, prononcé le 29 juillet 1987 à Addis-Abeba lors d'un
sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine, est sans doute le plus
connu des discours de Thomas Sankara. Il y déclare que son pays ne
remboursera pas ses créanciers, et argumente notamment ainsi : « la
dette ne peut pas être remboursée parce que si nous ne payons pas,
nos bailleurs de fond ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si
nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons en sûrs
également. »30.
Son programme politique qu'il définissait comme
«anti-impérialiste» et ses nombreux discours publics dans
lesquels, entre autres, il dénonçait la complicité de la
France avec les dictatures africaines et l'accusait de s'être rendue
coupable, des années durant, «d'exploitation et de domination
impérialistes,» firent du capitaine Sankara l'ennemi juré de
Paris. Il fut assassiné le
29 Fils d'un Peul et d'une Mossi, ce militaire de
carrière s'était fait connaître lors de la malheureuse
« guerre des pauvres » qui avait opposé son pays au Mali en
1975. Ses actes de bravoure pendant la guerre avaient fait de lui le militaire
le plus populaire de la Haute-Volta, comme se nommait à l'époque
le Burkina Faso.
30 Bruno Jaffré, biographie de thomas Sankara
la patrie ou la mort, Harmattan, 2007, 235p
35
15 octobre 1987 lors d'un coup d'État organisé
par celui qu'il considérait comme son frère: Blaise
Compaoré. Il s'empara immédiatement du pouvoir et est à la
tête du Burkina Faso.
C'est la chute du communisme au Burkina Faso avec la mort de
Sankara. La France à travers ce coup d'Etat met en garde les pouvoirs
communistes. Elle approuve le choix de Blaise en témoigne ces sorties
dans lesquelles « la France fut toujours pointée du doigt comme
frein au développement en Afrique et surtout au Burkina Faso
»31 .
Dans le Maghreb en Afrique, le président
Algérien Chadli Bendjedid32 fait face à des
émeutes à Alger et rapidement dans plusieurs villes du nord du
pays. L'état de siège est décrété, la
répression militaire est particulièrement violente : des
centaines d'émeutiers sont tués. Dans les semaines qui suivent,
les mobilisations concomitantes de divers groupes (imams, avocats, enseignants,
étudiants, médecins, journalistes, militants des droits de
l'homme, etc.) dénoncent la répression, puis leur capacité
à imposer un sens politique et contestataire aux émeutes. Ils
amènent alors le pouvoir exécutif à entreprendre une
libéralisation inédite du régime de parti unique.
L'onde de choc « d'octobre 1988 » marque la fin
d'une époque. Le séisme est tel que s'organise rapidement le
passage au multipartisme. Le 10 octobre 1988, le président Chadli
Bendjedid annonce un référendum révisant la Constitution
de 1976, et instituant le principe de responsabilité du gouvernement.
Cette première brèche est suivie, le 23 octobre, par la
publication d'un projet de réformes politiques qui, en théorie,
remet en cause le monopole de l'organisation et de l'expression politique
organisée par le FLN, sur trois points: séparation de
l'État et du FLN, liberté de candidatures aux élections
municipales et législatives, indépendance des «
organisations de masse ». Le 3 novembre, le référendum pour
la modification de la Constitution est massivement approuvé (92,27 % de
« oui », avec un taux de participation de 83,08 %).
En somme, les bouleversements sanglants au Burkina et en
Algérie montrent la volonté des peuples à s'inscrire dans
la mouvance démocratique. Dans le premier cas l'assassinat brutal de
Thomas Sankara est un choc pour le monde aussi bien que l'inaction des
communistes. Le
31 RFI Afrique, Mitterrand-Sankara : le vieux
président et le capitaine impertinent, in
www.rfi.fr sur (consulté le 21
juin 2016)
32 Chadli Bendjedid fut le troisième
président de la République algérienne, de 1979 à
1992.
36
second se termine par les élections avec un pouvoir
Chadi fragilisé. Ce dernier assiste impuissant à la modification
de la constitution. Les dictatures sont exposées.
C'est à la faveur du « vent d'Est » qui a
soufflé sur les dictatures que les pays de l'Afrique sub-saharienne. Le
Cameroun, ont pris le chemin de la libéralisation politique au
début des années 1990. Même si le discours officiel au
Cameroun à ce sujet soutient avec insistance que la
démocratisation avait été amorcée bien avant cette
date et en dehors de toute contrainte extérieure ou interne, force est
de constater que huit ans après le retrait du président AHIDJO,
le monolithisme politique était toujours maintenu, les droits et
libertés des citoyens étroitement encadrés et la
séparation des pouvoirs un mythe.
Quant au Tchad, Hissène Habré, chef des Forces
armées du Nord (FAN), renverse Goukouni Oueddei le 7 juin 1982 pour
occuper le poste de président de la République. Le poste de
Premier ministre est supprimé le 19 juin et plusieurs opposants
politiques sont exécutés. Habré transforme les FAN en
armée régulière (FANT), puis crée une police
politique, la Direction de la documentation et de la sécurité
(DDS), responsable de milliers d'enlèvements et d'assassinats
politiques.
Le 16 janvier, les étudiants de l'université
Omar Bongo, au Gabon, entrent en grève et occupent l'université
pour protester contre le manque de professeurs et de moyens. Il s'en suit des
bagarres avec les forces de l'ordre qui font de nombreux blessés, mais
ne parviennent pas à arrêter le mouvement de protestation au
Gabon. Loin de se calmer, les étudiants développent la lutte. Le
18 janvier, ils entraînent les collégiens et lycéens, ainsi
que les jeunes chômeurs. Ce jour-là, des centaines de
manifestations sillonnent les artères de Libreville et s'affrontent avec
les forces de l'ordre. Dans les quartiers populaires, comme Mont-Bouet, Akebe,
Rio, Kembo, l'agitation se transforme en émeutes : des groupes de jeunes
armés de bâtons et de cailloux s'attaquent aux bâtiments
publics et pillent les boutiques. Des voitures sont incendiées et
servent à constituer des barrages et barricades. Les manifestants
défilent sur le périphérique qui conduit à
l'aéroport et ils le bloquent. Le pouvoir riposte en fermant
universités, lycées et collèges. Mais, l'agitation gagne
de l'ampleur. Plus d'une centaine de boutiques sont pillées. Les
affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se
généralisent à la plupart des quartiers populaires. Le
gouvernement interdit les attroupements, renforce les contrôles
d'identité et instaure le couvre-feu à partir de 19 heures. Le
mouvement, bien que réprimé, se poursuit au Gabon. Au Gabon, le
couvre-feu semblait avoir rétabli le calme, mais c'était une
apparence trompeuse : le 12 février, le mouvement prend un
caractère social. Depuis cinq ans,
37
les salaires sont bloqués, si bien que la grève
d'une catégorie limitée met le feu aux poudres. La grève
touche d'abord les fonctionnaires : enseignants du supérieur,
médecins, agents du ministère des finances, agents des banques
gabonaises et des sociétés de cigarettes arrêtent le
travail, rapidement rejoints par les salariés des Postes et
Télécommunications, de l'Energie Electrique et de nombreuses
sociétés privées. L'électricité est
coupée. Les centraux téléphoniques sont bloqués. Le
transport aérien est en grève. Le pays est paralysé et
coupé du monde. C'est une gifle pour Bongo. Les travailleurs de la
Navigation entrent en lutte. Le dictateur Bongo accepte de négocier
directement avec les grévistes, puisque les travailleurs en grève
refusent d'être représentés par le syndicat unique, agent
du pouvoir. Bongo essaie de négocier avec chaque catégorie
à part, mais devant la menace de la généralisation de la
lutte à toute la classe ouvrière, le dictateur recule. Il
déclare qu'il reconnaît le multipartisme, alors qu'il avait
toujours déclaré que, lui vivant, on ne verrait jamais cela au
Gabon !
Retenons que l'Afrique est face à des contestations.
Les dictateurs longtemps tranquilles dans leurs positions sont bousculés
par des jeunesses résolument inscrite dans le multipartisme,
l'alternance et transparence. Ce vent de démocratie semble toucher
l'intérieur du Benin
38
Chapitre 2 : Une situation intérieure
«explosive« au Bénin,
Les militaires au pouvoir balayent le système et ses
hommes. Le code d'investissement élaboré avant le coup de force
n'a pas été dépoussiéré. Il avait
été institué pour encourager l'investissement. Les
encouragements vont de l'exemption de droits à l'importation et de la
réduction de l'impôt sur le bénéfice à un
ensemble d'avantages négociés pour les gros investissements. Et
cela favorise la stabilité politique depuis l'arrivée de
Kérékou. Très vite, il fait face à une situation
économique difficile. Elle provoque aussitôt les mobilisations
sociales pour imposer le changement. La situation sociale est pesante. Les
organisations syndicales, des femmes et des jeunes se mobilisent pour faire
barrières aux réformes économiques. Cette mobilisation
collectives conduit à affaiblir le pouvoir. Quel est la situation
socioéconomique du Benin alors sous la dictature de
Kérékou ?
Il s'agit d'invoquer la situation économique
délétère des années 1980 et la mobilisation sociale
que cela a provoqué.
I- Une économie
délétère
Le Benin fait face à une banqueroute qui impose des
réformes. 1- La banqueroute dès 1982
Le pays fait face à la crise dans les années
1980. La crise économique au Bénin est le fait d'un endettement
de plus en plus considérable et à la difficulté d'assurer
le service de la dette. Les prêts accordés entraient un
déficit occasionné par le service de la dette.
Kérékou décrit la situation comme suit : « la
production nationale très faible, le commerce extérieur
déséquilibré, des difficultés de trésoreries
des banques nationale et la diminution des moyens de l'Etat nous conduisent
à ceci... »33
Ainsi le pays accumule la dette. Elle passe de 93.8 millions
de dollars en 1973 à 718.9 millions de dollars en 198134 soit
sept fois plus. Entre 1980 et 1985, le service annuel de sa dette
extérieure passe de 20 à 49 millions de dollars, tandis que son
produit national brut (PNB) chute de 1,402 à 1,024 milliards et
que le stock de sa dette explose de 424 à 817 millions. Le
33 Frédéric Lejeal Bénin,
in Marchés tropicaux et méditerranéens, ,
N°1938, du 31 décembre 1998 2750 (24-juil-98)
34 Stéphane Richard, la nouvelle
économie du Benin, Bulletin de l'Afrique noire, n°1182 du 12
mai 1983. P6
39
rapport entre le stock de la dette et le PIB du
Bénin passe de 30 à 80% au cours de la première
moitié des années 80.
Dans le même temps, les scandales de corruption et de
détournement font la une au Benin. de tels actes, selon Agnès
Campbell, avocate à la Cour de Cotonou, repris par Wilfrid Hervé
ADOUN et François K. AWOUDO, s'apprécient comme «l'abus du
pouvoir public pour obtenir un profit personnel »35. Et c'est
manifestement dans des affaires publiques les scandales sont découverts.
« ...Ces dernières années, des cas de détournements
de derniers publics dont le nombre n'a jamais été atteint dans le
passé. Tout porte à croire que les autorités cautionnent
cette situation. »36.
Il s'agit entre autre de
« l'affaire Beta, l'affaire Sonacop14/Odific, l'affaire
Sonapra/Marlan's Cotton Industries, les détournements en série
à la Sonapra15et à la Société des Ciments
d'Onigbolo (SCO), l'incroyable affaire des frais de justice criminelle, les
malversations à la police (révélée par la
commission Danon), l'affaire des malversations dans l'Armée
(révélée par le rapport Azonhiho), l'affaire des 32
millions de la coopération danoise à l'Armée
béninoise, l'ahurissante passation de marché gré à
gré pour l'équipement du siège de la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale,.. » autant de situation qui peuvent
conduire peu à peu a une banqueroute. Puisque à cela s'ajoute la
politique bancaire ambiguë de l'Etat. En effet les autorités
béninoises invitent les banques à limiter leurs opérations
dans le crédit à court terme au profit du long dans le secteur
des PME. Le soutien financier doit être facilité pour les grosses
entreprises mixte et étatiques.
Cette politique ambiguë de l'Etat paralyse
l'économie en occasionnant un dysfonctionnement et un faible pouvoir
d'achat des petites entreprises. Et pour éviter les tensions sociales
des réformes sont envisagées.
2- La restructuration et l'implication des
PAS
L'Etat s'organise pour relever l'économie avec des
idées nouvelles. Il s'agit de la restructuration du système
économique. La nouvelle vision de l'Etat est d'avoir une entreprise
publique meilleure, efficace et responsable. Elle doit rendre compte
continuellement aux
35 Wilfrid Hervé ADOUN François K.
AWOUDO, BENIN : une démocratie prisonnière de la corruption
investigation sur des faits et scandales de1990 À2006
36 Adjovi, étude de croissance
économique et de conjoncture de la République populaire du Benin
de 1973 à 1979 Ministère de l'enseignement supérieur et de
la recherche scientifique. Ministère de l'économie, 1991,
321p
40
autorités. C'est l'objet de la mise en place d'un
ministère de l'inspection des entreprises publiques et semi
publiques37. Puis La nouvelle restructuration des entreprises
nécessite la mise en place de mesure et une intervention de l'Etat. Loi
No. 82-005 du 20 mai 1982 portant Code des Investissements entreprises
publiques disposent d'avantages substantiels parmi lesquels
l'exonération de l'impôt sur Ie chiffre d'affaires et
l'exonération pendant deux ans de l'impôt sur les
bénéfices suivie d'une réduction à hauteur de 50
pour cent pendant 3 ans.
A cela s'ajoute la nouvelle gestion de l'administration. Les
sociétés d'Etat, elles sont soient supprimées soient
fusionnées. C'est la marche vers la nationalisation de tous les secteurs
de l'économie, la réforme du système éducatif, la
mise en place de coopératives agricoles et de nouvelles structures
d'administration locale (comités révolutionnaires locaux),
l'interdiction des activités politiques et syndicales. Cette
volonté politique traduite par la fusion et ou la privatisation
répond au souci de la performance et la fin de l'anarchie d'alors. Pour
l'Etat il s'agit « d'améliorer la maitrise de l'appareil de
production national en assurant une meilleure coordination des décisions
et des actions complémentaires des entreprises d'Etat. »38
Malgré cela l'impôt spécial de 10% sur les
salaires de base, réduction de 50% des indemnités et accessoires
de solde, départs forcés à la retraite, gel des embauches.
Malgré cela, les salaires des quelques 55 000 fonctionnaires sont
payés avec quatre à cinq mois de retard, et par à-coups.
Le petit peuple a fini par trouver le mot de la situation: "Les fonctionnaires
béninois sont malades du SIDA", entendez: "Salaires Insuffisants et
Difficilement Acquis".
L'Etat de faillite est constaté. En 1989 le pays se
plie aux exigences des bailleurs internationaux. Il adopte à cet effet
des programmes d'ajustement structurel. Un premier plan signé en juin de
la même année. Les institutions internationales notamment le FMI
et la BM demande de faire la lumière sur les malversations et les
détournements de fonds39. Pris la main dans le sac avec
l'affaire Cissé40, Kérékou est contraint
d'accepter ces ingérences et les
37 Décret 80-39 du 12 décembre 1980
38 Ministère du développement rurale et
de l'action coopérative, Benin, ministère du
développement rural et de
l'action coopérative, rapport préliminaire en vue
de la table ronde sur les bailleurs de fonds, mai 1982, porto novo, 1981,
p75
39En février 1989, quatre administrateurs
français des finances sont envoyés en mission à Cotonou
pour le compte de la Banque Mondial
40 Confident et marabout personnel du chef de l'Etat,
ministre d'Etat
41
conditions imposées par le PAS41. «
Tous les Béninois doivent faire table rase du passé et
resserrer leurs rangs pour mener à bien notre programme d'ajustement
structurel. ».42
Il faut retenir que le la dette élevé et les
scandales de détournement et de corruption amène l'Etat à
tenter des Réformes. La restructuration des entreprises vers la
privatisation ou la dissolution ne suffisent pas à redresser
l'économie béninoise. Les institutions volent au secours du pays
avec les conséquences d'ingérence. Kérékou perd la
main du pouvoir peu à peu. Le pays n'est pas loin d'une contestation
sociale.
II- La mobilisation sociale contre
Kérékou
Elle concerne la jeunesse estudiantine et l'Église
constitué en force d'opposition au pouvoir dictatorial de
Kérékou.
1- La jeunesse estudiantine porte flambeau de la
lutte
La jeunesse estudiantine béninoise est la seconde force
d'opposition à s'être affirmée au cours de l'année
1988 comme fer de lance de la contestation. Les universitaires béninois,
comme ailleurs en Afrique, se mobilisent en vue d'un climat politique
démocratique. En effet à la rentrée 1988 et surtout
à partir de janvier 1989, les étudiants manifestent leur
mécontentement, se mettent en grève pour réclamer le
versement des arriérés de bourses et contester le projet de
suppression des aides scolaires prévu par le programme
d'austérité annoncé par le chef de 1'Etat dans ses voeux
du 31 décembre. Le mouvement se radicalise rapidement : le 17 janvier,
la grève illimitée est déclarée, les
étudiants manifestent et affrontent les forces de l'ordre pendant une
semaine dans les rue de Cotonou et de Porto-Novo où des émeutes
éclatent et sont violemment réprimées. Rejoints à
partir d'avril par leurs professeurs
41 La notion d'ajustement structurel,
appliquée aux pays sous-développés, est étroitement
liée à la spirale infernale de l'endettement international, ainsi
qu'à la crise de paiement qui l'a suivie au début des
années 1980. Limité, au départ, à certains pays de
l'Amérique latine, le phénomène de cessation de paiement
s'était généralisé pour toucher plusieurs pays
producteurs de pétrole, notamment après le contrechoc
pétrolier de 1986. Face à l'ampleur du phénomène
d'insolvabilité, les bailleurs de fonds internationaux, notamment le FMI
et la Banque Mondiale, avaient décidé d'exiger des pays
emprunteurs de s'engager à prendre des mesures économiques et
financières radicales, pour parvenir à dégager des
excédents financiers et rembourser leur dette extérieure. Ces
mesures étaient consignées dans des programmes annuels ou
pluriannuels appelés « Plans d'Ajustement Structurel ».
42 Mathieu KÉRÉKOU, Extrait du discours
du lundi 31 juillet 1989 à l'installation de la 3e législature de
l'Assemblée Nationale Révolutionnaire, in
www.rfi.fr, 31 juillet 1998.
Consulté le 21-12-2019
42
qui s'engagent eux aussi dans la grève
illimitée, les étudiants vont rester mobilisés
jusqu'à la Conférence nationale de février 1990.
Le mouvement est organisé. Les militants communistes,
en effet, sont très présents sur le campus d'Abomey-Calavi,
mobilisant leurs camarades, initiant les mouvements de grève, animant
les assemblées générales et les meetings. Leurs appels
sont semble-t-il très suivis, du fait notamment des mesures de
rétorsion sévères et violentes contre les
réticents.
la direction du mouvement était partagée entre
celui-ci et le BEN (Bureau exécutif national) de la coopérative
universitaire.43 Seul organe représentatif autorisé,
modéré dans ses revendications (arriérés de bourse,
réparation des bus...), c'est celui-ci qui était chargé de
mener les négociations avec le pouvoir pendant que les militants du PCD
organisaient les grèves et les manifestations. Une sorte de division du
travail semblait s'être ainsi établie entre les deux organisations
de mouvement : le BEN et les étudiants non communistes instrumentalisant
en quelque sorte l'action du PCD pour faire avancer leurs revendications.
En réalité, cette complémentarité
naissait plutôt de la concurrence, de la rivalité entre les deux
structures pour l'orientation et le monopole du mouvement, les luttes internes
ayant été assez intenses après que les militants
communistes aient été écartés de la direction de la
coopérative universitaire en 1988 pour avoir tenté d'en faire
leur porte-voix sur le campus. De ces tensions naissaient les forces pour
combattre le pouvoir.
2- Le bras de fer entre l'Eglise et
Kérékou
Quant à l'Eglise, elle est ainsi fustigée,
expropriée, réprimée, elle n'oppose aucune
résistance au régime. Ou du moins elle fait une résistance
passive souterraine, jusqu'au milieu des années 1980. Ses
réactions sont menées de façon prudente. Elle conteste
certaines décisions en employant même les arguments du pouvoir
pour contester. L'objet étant de garantir la survie de l'institution.
Plutôt que l'engagement politique, les clercs choisissent la voie de
l'action sociale de terrain et de la conscientisation avec la multiplication
des bureaux diocésains, des ONG de développement, des centres de
formation, de promotion de la femme. Par son action et ses structures, l'Eglise
tente de se poser en alternative à la prétention du pouvoir
révolutionnaire qui veut régir et contrôler l'ensemble de
la société. Elle va alors s'organiser pour convertir le peuple
béninois au rejet de la violence. Ainsi en 1982, la création des
communautés chrétiennes de quartier à Ouidah qui font
boucle aux cellules de bases et autres
43 Créé en septembre 1988 par les
étudiants modérés moins violent. Cette plateforme
organisait réunions et les débats d`idées.
43
comités locaux de défense de la
révolution.44 L'arrivée du pape en 1982 favorise une
détente entre les gouvernants et les clercs. A cette occasion même
si la tonalité du discours ne connait pas de changement,
Kérékou oblige les membres du gouvernement et du Comité
central à assister à la messe pontificale. Le dégel des
relations entre ces institutions profite à l'Eglise dirigé par
Souza45 dont la position reste beaucoup plus sévère
avec la révolution.
Mais la publication de la première lettre pastorale en
mars 1989 par la hiérarchie catholique engage véritablement
l'Eglise46 dans le débat public. Par celle-ci doit
s'énoncer l'alternative politique.
« Nous sommes tous acteurs, donc tous responsables
à différents niveaux, de la situation ; tous sans exception
aucune (...) La racine des causes de notre situation réside dans le fait
que nous n'aimons pas réellement notre pays et que nous ne nous aimons
pas les uns et les autres ».
L`intention est clairement celle d'éviter « de
trancher le débat en donnant entièrement raison aux uns contre
les autres, mais plutôt de calmer ce jeu de rejet réciproque des
responsabilités ».47 Le changement
recommandé est d'abord personnel : « avant de vouloir changer
les hommes et les structures, il est nécessaire que chacun s'engage
résolument dans la voie du changement intérieur ».
Les évêques, dénoncent l'attitude des
gouvernants, l'enrichissement scandaleux des dignitaires, la corruption, le
népotisme et appellent au changement démocratique.
Même si Robert Banégas estime « qu'elle
semble plutôt avoir accompagné et suscité le mouvement de
revendication politique à la fin des années 1980 », il
faut noter que cette attitude était commune à tous les
évêques africains qui ont pris la parole à partir de la fin
des années 80. Ceux-ci « préfèrent d'ailleurs
éviter d'attribuer la faute aux gouvernants et responsables politiques,
et adoptent la thèse de la culpabilité collective qui consiste
à dire que tout le monde est responsable de la crise politique
».48 Pour changer la situation, il convient alors d'«
accepter de se remettre en question (...) Avant de vouloir changer les
hommes et les structures, il est nécessaire que chacun s'engage
résolument dans la voie du changement intérieur », de
«
45Il arrive au vennat de côte d'ivoire. Il est
nommé prête à l'église sainte Rita du
Bénin.
46 L'Église catholique, à l'occasion du
carême, diffuse une lettre pastorale, intitulée
Convertissez-vous et le Bénin vivra qui connaîtra un
grand retentissement dans tout le pays.
47 idem
48 Florence Boillot, « L'Église catholique
face aux processus de changement politique du début des années
quatre-vingt-dix », L'Année africaine 1992-1993, Bordeaux,
CEAN, 1992, p. 122.
44
revenir à Dieu » ce qui est « la
condition imprescriptible d'un véritable changement ». Dans
une telle exigence le pays peut se prendre son destin en main.
Il faut noter que la mobilisation estudiantine s'accentuait
comme un signe annonciateur des intentions des populations. Cet aspect
n'échappe pas à Kérékou qui faisait
déjà face à la critique croissante d'une frange de
l'appareil d'Etat. Il n'en fut pas trop pour convoquer une conférence
des cadres, pour discuter des problèmes du régime et envisager
des réformes structurelles. Malgré la mise en place d`un
comité chargé de l'application des résolutions les
tensions s'élargissent aux couches de la société. L'Eglise
pousse le pouvoir à plus de transparence. Dans le bras de fer qui les a
opposés, elle obtient la conversion de l'Etat au dialogue franc à
travers les assises nationales prévu.
Il ressort de notre analyse que le contexte international
marqué par le vent de l'Est a provoquée en Afrique des
bouleversements sociopolitiques. Plusieurs pays à l'instar des Etats
d'Europe centrale et orientale ont mis fin au régime communiste. C'est
le cas de la Hongrie, la Pologne et de la Roumanie. Ces changements ont
été sanglant pour la plupart comme il est remarqué avec
l'assassinat de Thomas Sankara. Alors que dans le reste des pays africains, les
dictatures démantelées offraient le multipartisme comme le Gabon.
Cette fin du parti unique suscite de profond changement.
Au Benin, toutes ces situations environnantes s'ajoutent un
contexte explosif qui est la banqueroute étatique. Celle-ci conduit
à plusieurs réformes sans grand changement chez les populations.
L'appui international ne suffit pas à calmer les mobilisations sociales
grandissantes notamment chez les étudiants et dans l'Eglise.
Face à un contexte extérieur et intérieur
pesant au niveau politique, économique et sociale, le Benin de
Kérékou fait le choix du changement vers le renouveau
démocratique. Mais de quelle manière ?
.
DEUXIÈME PARTIE
45
Une conférence nationale comme catalyseur du
renouveau démocratique
46
Partie II : une conférence nationale comme
catalyseur du renouveau
démocratique
Du 19 au 28 février 1990, les béninois et leurs
invités se sont réunis pour construire un nouvel Etat
démocratique. Ce renouveau hisse le pays seize années plus tard
parmi les exemples de l'alternance démocratique en Afrique. Alors que
les jours d'après conférence, plusieurs anciennes colonies
française et belge pays du continent emboitaient le pas à l'ex
Dahomey. Si le Benin se fait remarquer par sa stabilité politique
à travers la régularité et la passivité des
élections et de l'alternance, les autres comme le Congo, le Zaïre
(aujourd'hui la RDC), Gabon, Togo peine encore dans la mise en place de la
démocratie. D'où la nécessité de s'interroger sur
l'impact de la conférence nationale sur le processus démocratique
au Benin ? L'organisation, les décisions et l'alternance, qui s'en ont
suivi, conduisent à quelques analyses.
47
Chapitre 1 : L'organisation de la conférence
Le succès de toutes activités et sa
crédibilité passe par une bonne organisation. Celle de la
conférence nationale du Benin se distingue par un comité
préparatoire et plusieurs commissions techniques.
I- Le comité préparatoire
1- La mission du comité
préparatoire
La mise en place d'une conférence nationale d'une telle
envergure nécessitait une bonne disposition et celle-ci doit être
transparente. Le choix d'un comité préparatoire s'inscrit dans
cette dynamique. Face à l'enjeu, le comité décide dans un
premier temps de siéger pour harmoniser son point de vue sur
l'organisation générale de la conférence nationale et pour
définir la méthode à suivre pour une participation
démocratique et un succès réel des assises.
Une fois les réponses acquises en son sein à ces
questions de méthode, le comité choisit de s'adresser directement
au peuple. Début janvier 1990, il communique via la presse écrite
et parlée :
« le comité préparatoire de la
conférence nationale crée par décret N° 89-434 du 18
décembre 1989 et officiellement installé le 22 décembre
1989 par le président de la république invite toutes les
organisations et associations politiques, sociales, professionnelles ,
économiques, confessionnelles, culturelles et de développement,
désireuses d'apporter leur contribution à l'avènement d'un
renouveau démocratique, gage d'un véritable développement
économique de notre pays, à lui faire parvenir leur analyses,
observations et propositions sur la situation nationale ainsi que leurs projets
de sociétés à son secrétariat permanent sise au
ministère du plan et de la statistique ( secrétariat particulier
du ministre) ou au ministère de l'intérieur, de la
sécurité publique et de l'administration territoriale ou par
boite postale n° 04-044 à Cadjéhoun à Cotonou au plus
tard le 10 janvier 1990.
Le comité préparatoire compte sur la
disponibilité et l'esprit patriotique de chacun et de tous pour le
succès de la conférence nationale. »49
La mission de la paix assignée au comité se
présageait de plus en plus sur la suspicion de légitimité.
Les béninois avaient en ces termes une occasion de se prononcer sur la
tenue de la
49Robert Dossou, conférence nationale, in
www.ORTB.org, 1990, consulté le
15/08/2019
48
conférence. C'est le début ou la lueur de la
libre expression. Malgré la bonne foi qui semble s'afficher les craintes
de l'autorité militaire planaient.
Ainsi un document de janvier 1990 intitulé : «
Liste par catégories de sensibilités ayant adressé les
correspondances au comité préparatoire de la conférence
nationale. », établit que :
« i. Les contributions individuelle ont
été au nombre de ..............203
ii. Les sensibilités
politiques...................................................57
iii. Les associations régionale de
développement.........................64
iv. Les cultes et associations d'obédience
religieuse... ............15
v. Les syndicats, ordres et groupements
professionnels...............64
vi. Les autres
associations......................................................61
vii. Les béninois de l'étranger et dans les
postes diplomatiques......23 »50
Soit au total quatre cent quatre-vingt-sept (487)
contributions écrites ou demandes de participation qui sont parvenues
dans les délais au comité préparatoire de la
conférence nationale. Cet effectif est faible par rapport à la
population béninoise et surtout au contexte sociale du pays. A travers
un tel nombre de réception l'opinion serait tentée de signaler le
désintérêt des populations à la conférence
nationale.
Pourtant le contenu des sept rubriques ouvertes par le
comité national provisoire pour la classification des contributions
relate une toute autre réalité.
Dans la catégorie « individuel », ce sont
tous ceux qui ont adressés une correspondance à titre individuel
au comité. Il s'agit des hommes politiques connus, habitant le pays ou
encore à l'extérieur. Des nouveaux dans le domaine qui se feront
connaitre plus tard sur la scène. Il y a aussi des journalistes connus,
peu de femme, les enseignants de tous ordres et les quelques membres connus du
PRPB. Les documents reçus proviennent surtout du Benin. Et surtout
beaucoup d'écrits viennent de l'extérieur à savoir, la
Côte d'Ivoire, le Gabon, le Togo voisin et la France.
50 Conférence nationale, Rapport final de la
conférence nationale, 28 fevrier 1990 p4, in
www.ortb.org, p4
49
Quant à la catégorie « sensibilités
politiques »51 ce sont les partis politiques naissants qui font
cette rubrique. En janvier 1990, ils étaient au nombre de 57.
Alors que la catégorie « association
régionale de développement » constitue un genre
spécifique au Benin. Il n'y a pas d'association de développement
dans tout le pays. C'est à partir de 1985 que celles-ci ont
commencé à voir le jour. Et cela est dû à l'attitude
des autorités régionales nommées par le PRPB. Ce sont donc
les actives dans les villages qui feront part de leurs contributions au
comité.
Le vocable « cultes et associations d'obédiences
religieuse » désigne les cultes traditionnels puis les grandes
religions monothéistes révélées le catholicisme, le
protestantisme et l'islam. Les francs-maçons et les
chrétien-célestes sont classés sous cette rubrique.
La catégorie « syndicats, ordres, groupements
professionnels » comprend le seul syndicat national qui s'est
désaffilié du pouvoir pour devenir l'union nationale des
syndicats des travailleurs du Benin. Il est de parité avec les autres
syndicats invités. Puis s'ajoute les associations des retraités,
des industriels et des économistes. Les femmes juristes, les clubs de
jeunes, les ordres professionnels des notaires, des magistrats des avocats des
architectes. Et les « Autres associations » regroupent les
associations de jeunesse, les cercles d'étude, la croix-rouge, le
scoutisme et les exilés politiques.
Enfin « les béninois de l'étranger et les
postes diplomatiques » sont les béninois organisé en
Pologne, au Gabon, en Hongrie, en Allemagne, au Cameroun, au Niger en France et
dans les ambassades béninoises.
Au total le contenu des participants permet de comprendre
l'engouement des acteurs de la scène politique et sociale à
restructurer un Etat béninois au bord du gouffre. Il fallait dans ces
conditions satisfaire au maximum toutes la classe du pays à travers le
choix des participants à la conférence.
Le type d'intervenant aux assises favorisait la
crédibilité du débat et surtout la possibilité de
voir se faire appliquer les décisions. Le comité s'est voulu
encore efficace en ayant l'avis favorable des préfets de ne point
influencer les choix des délégués. Puis en convaincant les
membres du PRPB et des militaires de ne pas réagir face aux attaques
dont ils feront l'objet.
51Terme utilisé par le PRPB et le
Président Kérékou pour désigner les organisations
politiques.
50
Il faut noter que le grand mérite du comité
préparatoire de la conférence nationale est d'avoir
suscité chez tous les aspirants l'envie de participer aux assises. Les
anciens présidents et des individualités telles que Messieurs
Nicéphore SOGLO Dieudonné, Adrien HOUNGBEDJI, Moise MENSAH,
Albert TEVODJRE, Bertin BORNA et Maurice Ahanhanzo GIEKE composaient la
rubrique « personnalités et sages ».
L'objectif de paix et de réussite a prévalu
à l'ouverture des débats.
2- La question du quota52
La participation à la conférence des forces
vives de la nation au Benin se conditionne par l'équilibre du
débat. Les décisions futures concernent toute la nation. Les
différentes couches sociopolitiques se doivent de prendre part
activement à ce qui est fait pour changer leurs vies.
Les membres du gouvernement et le PRPB mènent les
discussions face à une opposition mobilisée au changement de la
classe dirigeante. La société civile et les opposants
béninois partage cette vision. Et l'occasion de changer radicalement les
instances dirigeantes est présente. Elle passe par la grande
participation de celle aux prises de décision. Cette mobilisation de
part et d'autre contre le quota des participants est la clé de la tenue
d'une conférence crédible.
Analyser la Conférence Nationale béninoise comme
instance de médiation de la dynamique des mobilisations et de
réforme suppose de s'interroger sur les procédures de
représentation des groupes sociaux mobilisés, sur les processus
de conversion des ressources et de "construction-objectivation" de ces groupes
par leur participation à la Conférence. Comment organiser la
représentation (équitable) des diverses «
sensibilités politiques » et des acteurs sociaux mobilisés ?
Ce fut une des questions clés du processus de transition béninois
qui a donné lieu à l'épisode intéressant de la
« guerre des quotas »53 . Le problème avait
été confié, au lendemain des décisions historiques
du 8 décembre, à un comité national préparatoire
chargé de « définir les modalités pratiques de
l'organisation de la Conférence, d'en arrêter le programme et d'en
élaborer les documents de base »54 . Dirigé par
Robert Dossou, le comité était composé de huit
personnalités, toutes membres du gouvernement : SALIFOU Alidou (Ministre
de l'enseignement moyen et supérieur), Germain Kadja (Ministre de
l'enseignement
52Richard Banégas, Action collective et
transition politique en Afrique. La conférence nationale du
Bénin, harmattan, 1995, 302p
53Adamon Afise, le renouveau
démocratique au Bénin, la conférence nationale des forces
vives et la période de transition, Paris, L 'Harmattan, 1995.
54Décret du 18 décembre 1989, portant
création du Comité National préparatoire de la
Conférence nationale.
51
52
maternel), Amos ELEGBÉ (Ministre du commerce),
Iréne ZINSOU (ministre des affaires sociales), Ousmane BATOKO (Ministre
de l'information et de la communication), SALIOU Aboudou (Ministre de la
justice) et PANCRASE Brathier (Ministre de l'intérieur),
vice-président du comité. Contesté dès le
départ pour sa composition, le comité de R. Dossou a rapidement
perdu sa crédibilité aux yeux des opposants et suscité de
nouvelles vagues de mobilisation.
L'objet du litige concernait évidemment la
désignation des délégués à la
Conférence nationale. L'objectif avoué étant "d'amener
toutes les structures sociales à s'impliquer librement dans le nouveau
projet de société"55 , une quinzaine de
catégories sont définies par le comité, offrant des
représentants aux « anciens présidents et sages », aux
syndicats, aux « sensibilités politiques », aux «
Béninois de l'extérieur », à l'Université, aux
« opérateurs économiques », aux « associations
professionnelles », aux « associations de développement
», aux « ONG », aux « cultes », aux « provinces
», aux « forces armées révolutionnaires »... le
pays disposait d'un important tissu social pour faciliter cette
préparation de la conférence et favorisé son
déroulement. L'opération n'était pourtant pas sans dangers
: les groupes d'opposition, les syndicats, souhaitaient que « les quotas
reflètent la situation réelle », qu'ils traduisent leur
poids dans la rue et leur capacité de mobilisation alors que le pouvoir,
par la voie du comité préparatoire, entendait privilégier
les structures « représentatives » officielles, notamment les
sept départements du comité central du PRPB. De fait, l'annonce
des premiers quotas en janvier 1990 soulève immédiatement un
tollé : l'opposition dénonce le projet réservant une large
place au gouvernement, à l'assemblée, aux militaires et au PRPB
qui obtenait quinze sièges contre deux aux autres formations politiques.
Entre Janvier et Février 1990, une nouvelle dynamique de mobilisation
s'enclenche qui pousse les autorités à amender les quotas : la
représentation du PRPB est revue à la baisse, mais le pouvoir se
garantissait toujours une large majorité par le biais d'organisations
« para-officielles » ou acquises à ses vues.
Ainsi, des 76 sièges attribués aux paysans et
artisans, désignés par les unions paysannes ou les associations
locales de développement. Constatant que la poursuite de l'affrontement
ne leur ferait pas gagner la « guerre des quotas », les groupes
d'opposition adoptent alors une autre stratégie : engager une
concertation secrète avec ces organisations concurrentes. Chacun est
chargé de « démarcher », de faire jouer ses relations
personnelles pour gagner à la cause du changement les
représentants sous influence. Cette opération de «
débauchage » des délégués
55 Robert Dossou, l'expérience
béninoise de la conférence nationale : rapport introductif,
harmattan, 1990, 604p
ruraux, ces tractations avec les associations de
développement, permirent ainsi aux groupes d'opposition de
rétablir en sous-main l'équilibre des rapports de force.
D'où, pendant la Conférence nationale, des retournements
d'alliance « inattendus » qui prirent de court un pouvoir qui pensait
avoir verrouillé les débats et écrit d'avance le
scénario d'une Conférence des cadres-bis.
Il faut noter que cet épisode de la « guerre des
quotas » nous révèle quelques propriétés
importantes des contextes de fluidité politique et illustre les
problèmes qui se posent aux acteurs dans ces situations. Le passage de
la mobilisation sociale à la représentation politique fut loin
d'être évident comme le prouve la « guerre des quotas ».
A l'évidence, les « taux de change », de conversion, ne furent
pas les mêmes selon les groupes, selon leur capacité à se
faire reconnaître comme « représentatifs ». Il faut des
entités objectivées, dotées d'une identité solide
et représentant des intérêts sociaux eux aussi
objectivés et spécifiques.
Le problème est accru dans une société
où les lignes de clivage se chevauchent et dans une situation de
fluidité politique où les « marques de l'existence »,
perdent de la consistance. Le comité préparatoire a dû
ainsi avoir recours aux tracts et aux divers documents collectés par les
services de police pour identifier les partis et les groupes susceptibles de
participer à la Conférence. Avec le recul, on peut
considérer que ces modalités pratiques d'incorporation /
exclusion des mouvements sociaux ont pour une part « configuré
l'arène politique » du Renouveau démocratique
béninois.
II- Les commissions techniques de la conférence
nationale
1- La commission économique
La cause indéniable à tous les conflits en
Afrique est celle de la situation économique. Au fur et à mesure
que celle-ci est laborieuse, les chances d'une paix durable s'amenuisent. La
sauvegarde d'un Benin apaisé passe alors par des décisions
efficaces en faveur de l'économie. L'Africain une fois la panse pleine
s'éloigne de la politique. C'est le cas de la Libye de Kadhafi et de la
Côte d'Ivoire lors du miracle ivoirien.
La conférence nationale fait face à la situation
économique du Benin à travers une commission chargée des
problèmes économiques et sociaux. Cette commission loin
d'être une priorité de second plan à la lourde charge de la
relance économique. Deux cent neuf délégués sous la
présidence de Nicéphore SOGLO ont la responsabilité de
cette mission.
Après l'élection du bureau de la commission
composée de cinq membres, trois sous commissions ont été
créées. Ce sont celle chargée de l'agriculture,
l'économie et des finances
53
et celle en charge de l'environnement et du socio-sanitaire.
Dans leurs domaines respectifs les spécialités mise en place ont
identifiés les problèmes économiques du pays avant de
définir les orientations futures.
La synthèse des travaux des sous commissions a permis
d'obtenir un document de référence qui sera le programme du
gouvernement de transition et de celui qui le suivra en ce qui concerne les
problèmes économiques. Le rapport fourni s'articule en deux
phases principales.
La première phase du rapport fait l'état de la
situation économique du pays. Le tableau sombre inscrit dans le
quotidien des béninois. Cette partie est évoquée en tout
angle dès l'entame des travaux.
La seconde phase du rapport des sous commissions
définit les gouvernails économiques à venir. A travers
cette partie, elles proposent de faire de l'agriculture le moteur principal de
la croissance du pays. Cette agriculture doit être diversifiée et
moderne. Une nouvelle philosophie en matière de production industrielle
est à mettre en place avec une nouvelle conception des finances
publiques.
Ensuite tous les secteurs économiques ont
été analysés en profondeur avec les propositions
concrètes en vue de la réhabilitation du secteur bancaire, de
l'administration générale, des entreprises publiques et du
tourisme.
Pour ce qui est des investisseurs, les conditions
d'investissements ont été précisées avant la
conférence. Le rapport des commissions approuve le Programme
d'Ajustement Structurel (PAS). Le respect de ce plan international favorise
l'entrepreneuriat.
En ce qui concerne l'endettement, le Benin met tout en oeuvre
pour améliorer le ratio service de la dette et des exportations.
La commission a incontestablement abordé tous les
problèmes économiques et sociaux du Benin. Le redressement de
l'économie étant une priorité pour le pays, il faudra se
donner les moyens de réalisation des orientations proposées.
D'où la nécessité d'installer un cadre juridique plus
viable.
2- La commission des lois
Le professeur Maurice Ahanhanzo-Glèlè est choisi
par la conférence pour diriger cette commission aussi importante. Il est
accompagné de soixante-six personnes. Il est un habitué des
affaires constitutionnelles en qualité d'expert dans le domaine. Et
surtout il a là l'occasion de mettre au service de son pays sa longue
expérience internationale. Cette commission
54
ambitionne être pratique et répondre aux
questions avec beaucoup d'efficacité. Parmi les multiples interrogations
des béninois, les plus urgentes concernaient le régime à
adopter, la durée de celui-ci. Puis il fallait se doter des organes de
transition. Des institutions dont le but unique devait être la mise en
place d'une démocratie par l'application des décisions de la
conférence. D'où la nécessité de la durée de
la transition. Elle est utile pour inculquer la nouvelle vision de l'Etat. En
effet un bon« time mis« occasionne la performance de l'Etat et
encourage les populations à adhérer au principe. Il en est de
même pour les acteurs du changement. Ceux-ci ne doivent souffrir de
méfiance.
Pour ce qui concerne les interrogations, la commission a
apporté des réponses précises. Tout d'abord, elle
définit premièrement le régime politique qu'il faut pour
le Benin. Il s'agit d'un régime présidentiel avec bien sûr
un président de la république qui est le chef d'Etat et le chef
de gouvernement, un parlement composé d'une seule chambre. Le
président et les membres de l'assemblée nationale sont
élus au suffrage universel direct. Puis une cour constitutionnelle, un
haut conseil de la République et un conseil économique et social
serviront de contre-pouvoirs.
Cette commission retient aussi un système multipartisme
intégral réglementé par une charte des partis politiques
et un code électoral. Elle a tracé les grandes lignes de la
future constitution du Benin.
Ensuite la commission fixe la période de transition et
les acteurs de celle-ci. En effet elle a proposé une durée allant
du 1er mars 1990 au 1er mai 1991. Durant quatorze mois le pays sera
dirigé par le président de la république. Il est le chef
de l'Etat, chef suprême des armées. Elle fait le choix de la
conservation du chef de la junte Mathieu Kérékou. Il est
évident que mettre à l'écart le militaire provoque d'autre
crise avec les forces armées.
Elle fait pour finir la proposition d'un organe
législatif pour la période de transition. Il s'agit du haut
conseil de la République. Dans l'entendement, cet organe fait le
contre-pouvoirs avant la mise à l'écart total de l'équipe
dictatoriale. A ces organes s'ajoute le premier. Sa désignation est
spéciale est faite à dessein par la conférence. Il aura
pour rôle principal de mettre à exécution le programme de
la conférence.
Il faut noter que ces réponses apportées par la
commission des lois et des affaires constitutionnelles ont mis en relief
l'audace de celle-ci. En effet cette période de fragilité du
pouvoir signifiait de loin l'incapacité de Kérékou
à resurgir sur la scène politique. Ensuite Elles ont fait
ressortir le mérite des membres de la commission vu l'ampleur de la
tâche à eux confiée.
55
La réaction du Chef de l'Etat lors du rapport en dit
long sur la teneur des propositions énoncées. La mise en place de
la démocratie au Benin à partir des assises des forces vives de
la nation nécessite inéluctablement la formation,
l'éducation.
56
Chapitre 2 : les décisions et la mise en place de
l'alternance
Tout changement est le résultat d'une décision.
Dans le cas du Benin, la conférence nationale a élaboré
plusieurs décisions dans son communiqué final. Il s'agit de celle
qui abordent la fin du marxisme léninisme et de la mise en place de la
transition.
I- La fin du communisme au Benin
1- La dissolution du PRPB
A la fin de la conférence nationale des forces vives de
la nation de février 1990, l'heure est à la séparation.
Les symboles de la dictature sont dissous. Mathieu Kérékou
convoque alors une session conjointe spéciale du comité permanent
de l'assemblée nationale Révolutionnaire et du comité
exécutif National. Le compte rendu de la session se passe de commentaire
:
« La session a été essentiellement
consacrée à l'étude du compte rendu des travaux de la
conférence des forces vives de la nation tenue à Cotonou du 19 au
28 février 1990 fait par le comité national préparatoire
de ladite conférence.
Après examen approfondi de ce compte rendu, la
session a pris acte de toutes les résolutions de la conférence
nationale et à :
1- Décidé de l'abrogation de l'ordonnance
n°77-32 du 9 septembre 1977 promulguant la loi fondamentale du 26 Aout
1977 de la République populaire du Benin.
Toutes les autres lois demeurent en vigueur jusqu'à
l'édition de nouveaux textes
2- Décidé que désormais la nouvelle
dénomination de notre pays sera la République du Benin
3- Décidé de dissolution de
l'assemblée nationale révolutionnaire. Au-delà de cette
session, le président de la république a accepté la
démission collective des membres du Conseil Exécutif National.
Les ministres restent en fonction jusqu'à la formation du gouvernement
de transition. Les présidents des comités d'Etat de
l'administration des provinces, préfets de province restent en fonction
jusqu'à nouvel ordre.
Fait à Cotonou le 1er mars
1990»56
56 Mathieu Kérékou, Discours du
président de la République, 1990, Ehuzu, n°3634 du 2
mars 1990
57
Cette session conjointe sonne la fin du parti unique au
pouvoir depuis sa naissance. Le parti et l'Etat sont alors séparé
tel que décidé en décembre 1989. Le parti
Révolutionnaire Populaire du Benin marquait son arrêt de mort.
Les services techniques de la présidence
rédigent les nouvelles ordonnances et les décrets relatifs
à l'organisation de l'Etat. Ce sont entre autre
- L'ordonnance n° 90-0001 du 1er mars 1990
portant abrogation de l'ordonnance n°77-32 du 9 septembre 1977 promulguant
la loi fondamentale du 26 Aout 1977 de la République populaire du
Benin
- L'ordonnance n° 90-0002 du 1er mars 1990
portant dissolution de l'Assemblée Nationale Révolutionnaire
- L'ordonnance n° 90-0003 du 1er mars 1990
portant nouvelle dénomination de l'Etat.
- L'ordonnance n° 90-42 du 1er mars 1990
portant dissolution du conseil exécutif national
Il faut noter que la dissolution du parti unique le PRPB est
une autre expression de la volonté du président d'appliquer les
décisions de la conférence nationale. Il montre clairement son
adhésion au jeu démocratique. La Révolution s'inscrivait
peu à peu dans le passé même si cela était encore
théorique.
2- La souveraineté par referendum
« Je n'ai jamais lu Marx, ni Lénine. Ce sont
des intellectuels qui m'ont persuadé de faire du
marxisme-léninisme l'idéologie officielle. Pendant les
dernières élections, j'ai sillonné le Bénin de long
en large. J'ai vu les malheurs de mes concitoyens et j'ai compris que le
marxisme, c'était de la... foutaise... »57.
Cette conversion facilite la collaboration avec les
institutions de la transition. Les épreuves de forces s'absentent pour
laisser place au dialogue paisible
57Camel Strandsbjerg., Continuité et rupture
dans les représentations du pouvoir politique au Bénin entre 1972
et 2001. Le président Mathieu Kérékou. Du
militaire-marxiste au démocrate-pasteur, Cahiers d'études
africaines 2005/ 1, 177, p. 71-94.
58
La souveraineté de la conférence nationale des
forces vives du Benin est utile pour une bonne ouverture des débats et
pour atteindre les objectifs assignés. Les conditions des assises
nécessitent clarté pour une adhésion de tous.
D'abord la mise en place du règlement intérieur
de la conférence nationale du Benin relate l'autonomie des assises. En
effet les participants ont compris qu'il fallait définir le cadre
d'échange pour ne pas s'exposer à de vains débats. La
question de la souveraineté, une fois mis sur la table donne la
température des discussions. « Ce fut la toute première
question ayant agité par deux fois la salle. »58.
Une proposition d'insertion de l'article « La
conférence nationale est souveraine et ses décisions sont
exécutoires. » est faite. Elle est très vite rejetée
pour faire place à un règlement intérieur auquel
adhèrent les participants avec beaucoup de scepticisme sur les
intentions du pouvoir.
La souveraineté évoquée à la
conférence n'était rien d'autre que la souveraineté
nationale. elle peut être concentrée entre les mains d'un individu
par un coup d'État militaire qui déclenche une ouverture
politique. Ou encore être la conséquence des situations
sociopolitique. Dans ce cas le pays s'organise à mettre ensemble les
forces en vue de résoudre les questions de l'heure.
Kérékou expérimenté de ces
échanges59 choisit de s'aligner à la volonté de
marcher vers la démocratie à travers la participation du peuple
à la prise de décision.
Aussi le contexte international et national ne favorise pas la
force du côté du pouvoir. En effet les contestations dans les rues
du pays ne sont pas à la faveur du régime. Le rapport de force
est en train de s'inverser si ce n'est fait déjà. Le chef de
l'Etat lapidé en plein marché, les remaniements
ministériels avec l'entrée des enseignants sont quelques
éléments pour illustrer la position révisée du
président. La souveraineté acquise de la conférence
nationale des forces vives de la nation a dissipé tous les doutes des
conférenciers. Les discussions pouvaient s'entamer en toute
transparence.
Pourtant ce pouvoir suprême reconnu à
l'État de faire ses lois et de les mettre en pratique, implique
l'exclusivité de ses compétences législatives,
exécutives et judiciaires. La souveraineté appartient au peuple
béninois. Il est consulté suite au manque de consensus lors des
assises.
« La Commission constitutionnelle s'est mise à
l'oeuvre pour rédiger le projet de Constitution. Une fois le texte de
l'avant-projet de Constitution rédigé, elle a
été
58 Robert Dossou, l'expérience
béninoise de la conférence nationale : rapport introductif,
harmattan, 1990, 604p 59Mathieu Kérékou avait
déjà organisé, en 1979, une conférence nationale
des cadres
59
60
soumise au Parlement de la période transitoire
qu'était le Haut Conseil de la République. Cette instance adopta
l'avant-projet, en séances spéciales, les 17 et 18 avril 1990.
À ces séances d'adoption, trois sujets ont semblé diviser
les hauts conseillers. Premièrement, l'enseignement primaire devrait-il
être obligatoire et gratuit ? Deuxièmement, faudrait-il limiter
l'âge pour les candidats à l'élection présidentielle
? Troisièmement, faut-il fusionner le Haut Conseil de la
République et la Cour constitutionnelle pour ne former qu'une seule et
même institution ? »60
Ainsi en absence d'accord au sein du Haut Conseil de la
République, les conseillers ont décidé de soumettre
directement ces questions au peuple lui-même. Le 2 décembre 1990
les citoyens béninois sont convoqués à un
référendum.
« Du 21 au 30 juin 1990, ...Les discussions sur le
texte s'organisaient en séances publiques. Le texte ayant
été affiché dans des lieux publics et publié dans
les journaux, des débats intenses se firent jour sur plusieurs
questions, dans les médias audiovisuels (radios,
télévision) et écrits. Entre la période de
vulgarisation de juin 1990 et le référendum du 2 décembre
1990, les partis politiques, les associations diverses, les universitaires et
plusieurs autres catégories de personnes prirent des positions
tranchées ou nuancées sur une série de points...
».61
L'occasion lui était donné d'approuver ou
rejeter les réflexions menées. L'enjeu est de faire un choix
entre la continuité parti-unique Etat et l'ouverture vers le
multipartisme d'une
part. et de limiter ou non l'âge
à la candidature aux présidentielles d'autre part.
« A l'issue des votes, le « Oui » arrive en
tête avec 73% des voix. Le « Oui, mais » arrive en
deuxième position avec 19,9%. Le « Non » obtient 6,8%. Au
total donc, les « OUI » font 96, 9%. La Constitution ainsi
adoptée sera promulguée le 11 décembre
1990.»62
60Badet Gilles, Bénin :
démocratie et participation à la vie politique une
évaluation de 20 ans de « renouveau démocratique »,
open society institute, 2010
61Badet Gilles, op.cit. p72 62Badet Gilles,
op.cit. p73
La démocratie sollicitée, est adoptée. Et
c'est avec enthousiasme et ferveur que le peuple répond au rendez-vous
de l'histoire63. La souveraineté du Benin est acquise par
décision collective. Celle-ci était mise en cause depuis le
premier coup d'Etat d'après l'indépendance ; et elle était
conservée entre las mains de Kérékou jusqu' à la
conférence nationale. Elle a été établit sous la
supervision du haut conseil.
Au total un changement politique est effectué. Il se
traduit par la dissolution du parti Etat acceptée par
Kérékou et par la souveraineté du Benin. Le referendum
proposé à la population ouvre le chemin de la démocratie.
Le test de la transition sera-t-il une réussite et servir d'appui pour
la marche démocratique ?
II- La mise en place de la transition démocratique
au Benin
1- Le chef de l'Etat de la transition et son nouveau
gouvernement
La conférence nationale des forces vives obtient le
maintien de Kérékou au pouvoir. En effet les discussions lors de
la concertation ont pour but de ramener la paix et de réconcilier les
populations. Et les militaires se maintiennent au sommet de l'Etat au bout des
échanges comme le sacrifice pour le renouveau démocratique.
Le chef de l'Etat Mathieu Kérékou se trouve dans
l'environnement de travail, spécial avec les institutions du pays. La
conférence l'entoure d'intellectuelles. Les organes de la transition HCR
et le premier ministre, sont choisi pour leurs carrières
professionnelles64.
Le président de la République est en fonction
jusqu'aux élections présidentielles65. Et pendant ce
temps il est contraint à se conformer à la loi constitutionnelle
portant organisation des pouvoirs de la période de transition. Elle lui
redonne son autorité avec la collaboration des autres institutions. Les
articles 14 et 21 de la loi constitutionnelle portant organisation des pouvoirs
de la période de transition déterminent le rôle et des
pouvoirs du président de la République. Ils lui rendent son
autorité. En effet il est le chef de l'Etat. En cas de vacance de la
63Il y a eu à ce Référendum, 1
304 870 votants avec un taux de participation de 63%
64 Supra p66
65 Loi constitutionnelle n° 90-022 du 13 aout
1990 portant organisation des pouvoirs durant la période de
transition
61
62
Présidence de la République par
décès, démission ou empêchement définitif,
l'intérim est assuré par le président du Haut Conseil de
la République. Pour l'absence ou l'empêchement temporaire du
Président de la République, le Premier Ministre assure son
intérim.
Le Président de la République représente
l'Etat. Il incarne l'unité nationale. Il est le garant de
l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du
respect des traités et accords internationaux. Il est le Chef
Suprême des armées. Il préside le Conseil des Ministres et
nomme aux hautes fonctions civiles et militaires sur proposition du
gouvernement. Il promulgue également les lois votées par le Haut
Conseil de la République dans les quinze jours qui suivent leur
transmission au gouvernement.
Il a aussi un large pouvoir. Il accrédite les
Ambassadeurs et les envoie extraordinairement auprès des puissances
étrangères sur proposition du gouvernement. Et les Ambassadeurs
envoyés de façon extraordinaires sont accrédités
auprès de lui.
En cas de circonstances exceptionnelles, il a pleine
autorité de mettre l'Etat à l'abri. C'est le cas où, les
institutions transitoires de la République, l'indépendance de la
Nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution de
ses engagements internationaux sont menacés d'une manière grave
et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics est interrompu, le Président de la République prend les
mesures exigées par ces circonstances.
Toutefois, l'exercice du pouvoir du président de la
République lors de la transition subit un contrôle. En effet les
institutions de la transition l'accompagnent en permanence dans la prise de
décision. Il s'agit surtout du premier ministre et de son
gouvernement.
Le premier ministre Nicéphore SOGLO, élu par la
conférence66 et intérimaire légal du
président cogère le pays avec Kérékou. «
...Les Décrets sont contresignés par le Premier ministre et
le cas échéant par le ou les Ministres chargés de leur
exécution ». Et avec son gouvernement il propose les hauts
fonctionnaires civils, les ambassadeurs et envoyés extraordinaires. Le
décret n°90-43 du 1er mars 1990 portant nomination du
premier ministre est la conséquence de la conférence nationale.
La présence de Kérékou à l'investiture de celui-ci,
simplifie le protocole de mise en place d'une autorité67. Il
est accompagné des membres du haut conseil de la République
conformément aux nouvelles clauses issues de la conférence
nationale.
66 Supra p66
67 L'autorité militaire au Benin faisait
respecter le protocole surtout dans ces moments de crise.
L'innovation dans le pays est la méthode pour se
choisir un premier ministre. En effet le Benin (depuis le Dahomey jusqu'
à ce jour) se dote d'un chef de gouvernement sur proposition et
nomination du président de la République68. Ainsi le
président se donne les moyens de mieux contrôler le gouvernement.
Pourtant cette fois, la proposition de nomination est l'affaire de
l'assemblée présente à la conférence. Le choix de
Nicéphore SOGLO Dieudonné est fait avec l'espoir de l'apaisement
dans le pays et de la remise sur pied du pays. Le dimanche 27 février
1990, il y avait une intense émotion dans la salle de conférences
du Plm Alédjo. Monseigneur Isidore de Souza, irréprochable dans
la conduite des débats lors des assises, a lancé le vote pour le
poste de Premier ministre de la transition.
« Cher Monsieur Nicéphore Soglo, si le
Président de la République veut bien
accepter les conclusions de nos travaux, vous serez dans
quelques jours le
Premier Ministre et le Chef du Gouvernement de notre pays.
Le Peuple béninois
par ma voix et à travers ses représentants
authentiques ici rassemblées vous
apporte sa confiance et son soutien affectueux et
déterminé. En cette période de
turbulences économiques et d'ajustement structurel,
nous savons que le navire
est entre de très bonnes mains. »69
Seul candidat au poste, Nicéphore Soglo, qui avait
conduit les travaux de la commission des affaires économiques, obtient
360 voix pour sur 43070. Puisqu'il avait déjà
montré sa bonne maîtrise des données économiques du
pays. Il aurait été interpellé et même pris à
partie par le président Kérékou qui lui reprochait de
n'avoir pas aidé son pays alors qu'il était administrateur
à la Banque mondiale. Malgré tout Nicéphore SOGLO est
confirmé sans surprise. Le rapporteur de la conférence l'avait
mentionné. Le premier ministre est élu par la conférence
des forces vives de la nation71 . Le vote est une première au
Benin.
A l'investiture du premier ministre, Nicéphore Soglo
donne une idée de son équipe. Le gouvernement comme il a
été annoncé dans le communiqué du rapport final,
rassemblais toutes les parties. Il est composé de 14 ministres. Ils sont
tous des intellectuels issus de la société civile. Cette
composition vise le changement.
68 Cette forme est conforme au régime
présidentiel
69Albert Tévoédjrè,
communiqué final, rapport général de la
conférence nationale, 1990, 25p
70 Conférence nationale, Rapport final de la
conférence nationale, 1991, in
www.cena.org consulté le 12 mai
2019
71 Loi constitutionnelle n° 90-022 du 13 aout
1990 portant organisation des pouvoirs durant la période de
transition
63
Même si Kérékou conserve le
ministère de la défense par l'assurance de bonne conduite sur
bonne foi « l'armée béninoise qui a pris conscience de
son devoir sacré de garantie de l'intégrité territoriale
restera fidèle au processus du renouveau démocratique
»72., Soglo a les mains libres pour choisir les autres
membres. Ainsi, les technocrates de la société civile en la
personne de maitre Florentin Fèhilo, ancien bâtonnier de l'Ordre
des Avocats du Benin remplacent les ministres militaires du régime
révolutionnaire. Il s'ajoute cinq professeurs d'université, un
expert-comptable, un administrateur du trésor, un ingénieur de
météorologie, un inspecteur des finances dont Paul Dossou,
Richard Adjaho tous deux, cadre en banque.
Auprès des hommes, Nicéphore Soglo choisit des
femmes. Il nomme deux dames que sont Véronique Lawson,
femme-médecin dévient ministre de la santé et
Véronique Ahoyo nommée ministre du Travail et des Affaires
sociales. C'est l'innovation et par cet acte il fait mieux que les marxistes
communistes. Il fallait s'y attendre à travers son discours qui rendait
un l'hommage appuyé à son épouse Rosine.
« A celle qui depuis plus de trente année
partage ma vie et aujourd'hui comme hier st toujours fidèle à mes
côtés, prodiguant de sages conseils, des mises en garde
judicieuses, m'entourant d'affection presque maternelle et d'un amour
désintéressé »73
Il faut noter que le président de la république
pendant la transition est militaire. Ce qui a contribué à
l'accalmie vue la menace Kouandété74 . Et ce choix
rejette toute volonté de coup d'Etat institutionnel. Il est
entouré d'intellectuel pour suivre et réguler la gestion de
l'Etat. Ils sont repartis au sein du gouvernement, le HCR et du conseil
supérieur de la magistrature pour rester vigilant sur
Kérékou qui garde l'essentiel de ses pouvoirs.
Le pardon demandé publiquement pour le mal qu'il a fait
pendant la période marxiste montre son adhésion à ce choix
. Il renonce même à l'idée marxiste
72 Adamon Adfize le renouveau démocratique au
Benin, Harmattan 1995, p97
73 Adamon Adfize , op.cit, p98
74 Rapport final de la conférence
64
2- Le Haut Conseil de la République
(HCR)75pour le contrepouvoir
La transition nécessitait la mise en place des
institutions capable de conduire le pays aux nouveaux objectifs
escomptés. Le un Haut Conseil de la République est une structure
de la transition. Sa composition et sa mission donne l'opportunité d'une
démocratie.
En ce qui concerne les membres du HCR, ce sont les
personnalités et acteurs politiques au premier rang du pays. Il s'agit
des« 13 membres du présidium de la conférence nationale,
des anciens présidents de la république, des trois
présidents des commissions (constitutionnelle, économique et
culturelle), de six délégués des provinces et de 25
membres élus ».76
Le HCR élit en son sein un bureau et adopte un
règlement intérieur. Il est présidé par le
président du présidium ou par un membre élu en son
sein77.
Le nouvel organe devait accomplir les tâches classiques
du pouvoir législatif. Il s'agit de voter les lois et de contrôler
l'exécutif. Le Haut Conseil de la république procède dans
le vote des lois à l'exercice de la fonction législative
notamment en matière budgétaire ; à l'approbation de la
charte des partis et de loi électorale et au contrôle de
l'exécutif. Cette mission est classique voir standard puisqu'elle est
dévolue à tous les organes mis en place par la
conférence.
La mission de la HCR est à la fois technique et
pratique. Cet organe contrôle le suivi des décisions de la
conférence. En effet la concertation nationale étant devenue
l'instance suprême. Toute action désormais devait se conformer aux
résolutions de cette assise. Puis elle défend et promeus les
droits de l'homme. La participation africaine à la rencontre a
favorisé l'intégration des valeurs humaines selon les lois
africaines. Ses membres peuvent assurer l'intérim selon leurs
compétences en cas de vacance du pouvoir.
Outre ces aspects techniques, les tâches du HCR dans le
cadre de l'installation de l'Etat de droit est d'abord la réception de
l'avant-projet de constitution. En effet la commission constitutionnelle
chargée de la rédaction de la nouvelle constitution du Benin
transmet les lois sorties de ses réflexions à cette
autorité. Elle doit pouvoir le faire dans la première
moitié de la transition.
75 Ordonnance n° 90-004 portant création
du haut Conseil de la République.
76 Richard Banégas, Action collective et
transition politique en Afrique. La conférence nationale du Bénin
, Cultures &Conflits, in
journals.openedition.org/conflits
consulté le 30avril 2019.
77 Adamon Adfize op. cit p105
65
Ensuite elle analyse ses propositions avant que celle-ci soit
soumise au peuple. L'approbation de l'avant-projet de constitution facilite les
élections de la transition. Et les acteurs comptant des prescriptions
constitutionnelles se dotent des moyens pour la mise en oeuvre des lois lors de
l'échéance. Le rôle de l'organe pendant cette
période est la supervision et le règlement du contentieux.
Enfin le HCR assure l'accès équitable des partis
politiques aux mass-médias officiels et veiller au respect de la
déontologie en matière d'information. Cette régulation
favorise pour toutes les sensibilités, une ouverture vers les
béninois. Elle crée les conditions d'une démocratie
à travers la liberté d'opinion qu'elle occasionne.
A la lumière de ce précède, les
tâches du HCR sont immenses. Ils votent de nombreuses lois, assurent le
contrôle de l'exécutif. Sous sa supervision, toutes les
élections connaissent une transparence et le contentieux est
traité jusqu'au bout avec des résultats qui ne suscitent point de
controverse. C'est le début de la séparation des pouvoirs. Les
membres de cette institution se sont acquittés avec succès de
leurs tâches grâce à la collaboration avec
l'exécutif.
Tout comme le gouvernement et son chef, le législatif
et le judiciaire régulent les décisions du président. Le
Haut Conseil de la République et Kérékou veille
conjointement au fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi
qu'à la continuité de l'Etat. Et les mesures exceptionnelles se
prennent avec l'accord du Premier Ministre et du Haut Conseil de la
République qui fixe la durée d'exercice de ce pouvoir
exception.
Au total la décision du changement vers le renouveau
démocratique impose à Kérékou de prendre en compte
toute les forces politiques, sociales, les jeunes et les femmes pour
décrire le contenu de la nouvelle vision. La conférence nationale
des forces vives de la nation au Benin commence le 19 et finit le 28
février 1990. Elle a suscité beaucoup d'espoir pour la
démocratisation du pays à travers son organisation et les
décisions prises. Le comité préparatoire de la
conférence présidé par Robert Dossou réussit avec
le gouvernement militaire la mobilisation de toutes les couches sociopolitiques
pour participer aux assises nationales. Les commissions techniques
diagnostiquent le pays dans les domaines économiques, de
l'élaboration des lois et dans l'éducation en vue de
décider de l'avenir du Benin. Ainsi les participants décident de
la fin du marxiste et du léninisme à travers la dissolution des
instances (loi fondamentale d'avant la conférence et le PRPB) et
choisissent la démocratie. Pour
66
matérialiser cette nouvelle politique une transition
est organisée autour de Kérékou. Ce dernier conserve son
poste de chef d'Etat et doit diriger avec le nouveau premier ministre et la
nouvelle institution de contrepouvoir (HCR). L'objectif est d'installer
progressivement des institutions démocratiques.
« La Conférence Nationale des Forces Vives du
Bénin de Février 1990 est comme la prise de la Bastille par le
peuple de France le 14 Juillet 1789. Et elle est bien plus que cette
Révolution Française. Car dans le cas béninois,
géniteurs, gardiens et bénéficiaires de la Bastille ont
uni leurs efforts à ceux des victimes de cette bastille et tous, dans un
sursaut patriotique et national soutenu par les prières d'un
prélat, ont détruit la bastille et posé les fondements
d'une nouvelle société de démocratie, de libertés
et d'État de Droit : pas de goulag, pas d'échafaud, pas d'exil.
»78
78 Robert Dossou, l'audace, la
vérité et l'expérience, La Conférence Nationale :
ce que j'en ai dit en trente ans, Editions Ruisseaux
d'Afrique 2020, p12
67
TROISIÈME PARTIE
Partie 3
68
La mise en place des institutions
démocratiques
Au lendemain de la conférence nationale de
février 1990, le Benin est face à l'avenir. Les assises de
Cotonou ont été un succès et la portée qu'elle a eu
au niveau international se résume par la présence de
Kérékou à la Baule. Si l'ex communiste est auprès
de Mitterand, c'est pour l'encourager dans la marche démocratique. Dans
le discours du 20 juin 1990, le président français, affirme que
son « lierait désormais tout son effort de contribution aux efforts
qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ». Pour la
première fois depuis les indépendances, un dirigeant de
l'Hexagone semblait poser une condition à la poursuite de l'aide et de
la coopération avec le continent africain : plus de liberté et de
démocratie. Le Benin saisit alors l'occasion d'affermir sa position par
la mise en place d'institutions démocratique. Quel est l'impact de la
mise en place des institutions démocratiques au Benin ? Il s'agit
d'évoquer les institutions de contrepouvoir et la
régularité de l'alternance.
69
Chapitre 1 : La mise en place des institutions de
contre-pouvoir
La théorie de la séparation des pouvoirs vise
à séparer les différentes fonctions de l'État, afin
de limiter l'arbitraire et d'empêcher les abus liés à
l'exercice de missions souveraines. Dans les sociétés
démocratiques, il y a une forte séparation entre les pouvoirs.
C'est ce que tente de faire le Benin par la mise place de contrepouvoir de
l'exécutif. Il s'agit de l'assemblée nationale, du pouvoir
judiciaire et les autres pouvoir légitime.
I- L'assemblée nationale et le pouvoir judiciaire
du renouveau démocratique
1- Une assemblée nationale stable
L'Assemblée nationale du renouveau démocratique
demeure stable et démocratique. Mais c'est la stabilité qui
apparaît aux yeux de tous comme la caractéristique fondamentale de
l'Assemblée nationale sous le renouveau démocratique. À
première vue, il n'échappe pas que depuis l'installation de la
première législature en 1991, le Bénin n'a connu aucune
rupture de législature. Ainsi, depuis l'organisation des
premières élections législatives de l'ère du
renouveau démocratique, le 2 février 1991, quatre
élections ont été organisées
régulièrement, pour permettre, non seulement, l'alternance
démocratique, mais aussi, la participation du peuple au pouvoir qui est
le sien, à travers ses représentants dûment élus.
Au regard des différentes élections
législatives organisées depuis le renouveau
démocratique79, il ressort clairement que le Bénin a
le mérite de renouveler à terme échu les
différentes législatures qui assurent le fonctionnement du
pouvoir législatif. Au bout de quatre ans de législature, tous
les postes de Députés sont remis en jeu et l'Assemblée
nationale pourrait donc se renouveler intégralement si le peuple en
décide ainsi. Il en a été ainsi et les élections
législatives qui ont été successivement organisées
ont consacré non seulement la stabilité de la législature
mais surtout la révocabilité du mandat parlementaire.
79 Ainsi, le 17 février 1991, les premières
élections législatives libres sont organisées. La
coalition soutenant le premier ministre d'alors, Nicéphore Soglo arrive
en tête (17 sièges obtenus sur 64 disponibles à l'origine).
Le 28 mars 1995 se tiennent les deuxièmes élections
législatives. La Renaissance du Bénin (RB), parti du
Président Soglo, remporte cette fois-ci 21 sièges sur 83 à
pourvoir; le Parti du renouveau démocratique (PRD) d'Adrien
Houngbédji obtient lui, 19 sièges. Le 30 mars 1999,
troisièmes élections législatives. La Renaissance du
Bénin obtient de nouveau le plus grand nombre de députés
(27 sur un total de 83). Le 30 mars 2003, quatrième législature.
La mouvance présidentielle obtient 53 élus à
l'Assemblée nationale contre 15 pour la RB et 11 pour le PRD. Puis en
2007 a lieu de nouveau le renouvellement du Parlement béninois,
consacrant de fait l'ouverture du mandat de la Vème
législature.
70
Cette régularité des élections exprime la
manifestation même de la souveraineté du peuple qui a toujours
fait preuve d'une liberté totale dans la sélection de ses
représentants. Certaines élections législatives ont ainsi
pu consacrer le renouvellement partiel des effectifs d'une législature
à une autre. D'autres par contre ont très largement
reconfiguré la composition de l'hémicycle. Mais, au-delà
de cette recomposition partielle ou totale des bancs de l'Assemblée,
c'est en filigrane la régularité des scrutins législatifs
qui est mise en exergue et soulignée par tous les commentateurs. Elle
tranche avec la précarité du pouvoir législatif et les
ruptures de législature devenues chroniques sous les
précédentes Républiques.
Ensuite la composition et le fonctionnement de l'institution
semblent avoir obéit aux prescriptions des textes fondamentaux
appropriés. Ce fonctionnement plus ou moins régulier des organes
du Parlement cadre avec la volonté du constituant d'imprimer ce
caractère démocratique à l'institution. Le résultat
permet aujourd'hui de prendre acte du renouvellement constant des organes de
l'Assemblée nationale. Ce sont d'abord les bureaux de l'Assemblée
qui attestent du bon fonctionnement de l'institution. Quatre présidents
se sont succédé à la tête des cinq
législatures80, autant de présidents à la
tête de chaque commission ou de groupe parlementaire que de
législatures. Ensuite, l'on évoquera les commissions permanentes
et les groupes parlementaires. Tous ces organes, constamment renouvelés
ont toujours fonctionné conformément aux textes qui les
instituent.
le Parlement béninois peut se prévaloir,
à tout point de vue, de son indépendance par rapport au
gouvernement. D'abord, le législateur béninois a la
maîtrise de son ordre du jour, de ses sessions, et a juste le devoir
d'informer le président de la République, de l'ordre du jour de
ses séances et de celui de ses commissions81. Ainsi,
l'Assemblée nationale n'a pas manqué depuis
l'indépendance82, mais particulièrement depuis
l'ouverture du processus démocratique en cours, d'afficher ouvertement
son insubordination au pouvoir exécutif.
80 Maître Adrien Houngbédji pour les
législatures de 1991-1995 et 1999-2003, M. Bruno Amoussou, entre 1995 et
1999, M. Antoine Kolawolé Idji entre 2003 et 2007, le Professeur
Mathurin Nago, depuis 2007.
81 Article 94 de la Constitution du 11 décembre
1990.
82 « En novembre 1960, l'Union Démocratique
Dahoméenne de Justin T. Ahomadégbé qui était alors
l'une des trois grandes composantes du PDU, parti dominant unifié au
pouvoir, tente de mettre en jeu la responsabilité du gouvernement Maga
avec la complicité tacite de Sourou Migan Apithy, Vice-Président
de la République. Cette
71
Il en est souvent résulté que les rapports entre
l'exécutif et le législatif sont de plus en plus malaisés,
au point que les activités parlementaires se sont quasiment
réduites à un contrôle systématique de l'action
gouvernementale, au détriment de l'élaboration de lois de
réformes économiques et sociales. Il est cependant opportun de
préciser que cette insubordination du législateur n'est flagrante
que par cycle, ou du moins au cours des périodes pendant lesquelles le
président de la République ne dispose pas de majorité au
Parlement. L'insoumission dont le Parlement, toutes législatures
confondues, s'est illustré depuis 1991, se traduit
particulièrement par la liberté de ton qui caractérise
individuellement les Députés et collectivement certains des
organes politiques et techniques qui animent l'institution.
Il n'est donc pas infondé de faire remarquer que la
stabilité retrouvée de l'Assemblée nationale, sous le
renouveau démocratique, est en grande partie, un des traits saillants
qui ressort de l'évaluation du fonctionnement du régime politique
béninois. Tout comme la stabilité de la législature, il
apparaît également indispensable d'associer le fonctionnement
régulier des organes de l'Assemblée nationale à la
réussite du processus démocratique en cours au Bénin.
2- Un pouvoir judiciaire
indépendant
Le pouvoir judiciaire est exercé par « la
cours constitutionnelle, Cour suprême, les cours et tribunaux
» conformément à la constitution. Sa composition donne
une structure spéciale et ordinaire. La Cour constitutionnelle est
composée de sept membres. Quatre sont nommés par le bureau de
l'Assemblée nationale et trois par le Président de la
République pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Trois
de ces membres ainsi nommés sont des magistrats ayant une
expérience de quinze années au moins dont deux sont nommés
l'un par le bureau de
initiative tout à fait légale et
constitutionnelle fut interprétée comme une forfaiture (...) la
motion de censure était considérée comme une attaque
personnelle contre le Chef de l'État dont la volonté
d'instrumentaliser le parlement était déjà bien
perceptible. La liberté des parlementaires de l'UDD coûta au parti
la perte de tous ses portefeuilles ministériels et plus tard, sa
dissolution le 11 avril 1961. Mais l'exemple le plus instructif est celui de
1965. Opposés sur la nomination du président de la Cour
suprême, le président de la République et son
Vice-président, chef du gouvernement se sont livrés durant tout
le mois de novembre, une vraie bataille juridico-politique qui a finalement
connu un aboutissement peu courant en Afrique. Mis en difficulté devant
l'Assemblée nationale par son Vice-président, le chef de
l'État a d'abord été démis de ses
fonctions par les parlementaires, puis contraint à remettre son mandat
aux instances du parti par la perte de la confiance des militants du Parti
Démocratique Dahoméen. », in Aïvo (F. J.), Le
président de la République en Afrique noire francophone.
Genèse, mutations, et avenir de la fonction, Paris, l'Harmattan,
2007, p.183.
72
l'assemblée nationale et l'autre par le
président de la république. Les deux autres sont des
personnalités de grandes réputations professionnelles
nommées l'une par le bureau de l'assemblée nationale et l'autre
par le président de la république.
Cette désignation qui semble faire un portrait des
membres, reste paritaire. La procédure béninoise exclut
l'élection des juges non pas par le peuple, mais plutôt au second
degré par les parlementaires ou des corps
intermédiaires83. Elle offre l'opportunité au peuple
et pouvoir de se sentir impliquer et d'être membre de la juridiction.
La composition dite spécial concerne la Haute Cour de
Justice.
« La Haute Cour de Justice est composée des
membres de la Cour constitutionnelle, à l'exception de son
président, de six députés élus par
l'Assemblée nationale et du président de la Cour suprême.
La Haute Cour élit en son sein son président. Une loi organique
fixe les règles de son fonctionnement ainsi que la procédure
suivie devant elle. »84
La composition de cette cour par plusieurs institutions fait
d'elle un organe de croisée de réflexions du pouvoir
législatif et du pouvoir judiciaire.
À côté de cette structure spéciale
se trouvent des organes ordinaires à savoir les tribunaux, la Cour
d'Appel, la Cour suprême, le Conseil Supérieur de la Magistrature.
En effet « la Cour suprême est la plus haute juridiction de
l'Etat en matière administrative, judiciaire et des comptes de
l'Etat. »85. Elle est dirigée par un
président issu du consensus entre l'exécutif et le
législatif.
« Le président de la Cour suprême est
nommé pour une durée de cinq ans par le président de la
République, après avis du président de l'Assemblée
nationale, parmi les magistrats et les juristes de haut niveau ayant quinze ans
au moins d'expérience
83 Frédéric Joël Aïvo, la
cour constitutionnelle du bénin, Presses Universitaires de France |
« Revue française de droit constitutionnel » 2014, 100p
84 Art. 135 de la constitution du 11 décembre
1990
85 Article 131 de la constitution du 11
décembre 1990
73
professionnelle, par décret pris en Conseil des
ministres. Il est inamovible pendant la durée de son mandat, qui n'est
renouvelé qu'une seule fois. »86.
Trois présidents ont dirigé cette institution.
Il s'agit de Frédéric Noutaï HOUNDETON87,
Président de 1990 à 1995 ; Me Abraham ZINZINDOHOUE88,
Président de 1995 à 2000 et Saliou ABOUDOU89,
Président depuis 2001.
Le président, les présidents de
chambres90, les conseillers, le procureur général
près la cour d'appel, les avocats généraux, les substituts
généraux les auditeurs, le greffier en chef, les greffiers qui la
composent assurent avec le président un bon fonctionnement de
l'institution comme le précise la loi organique 200-31 du 27 août
2002 .
« Les présidents de Chambre et les conseillers
sont nommés parmi les magistrats et les juristes de haut niveau, ayant
quinze ans au moins d'expérience professionnelle, par décret pris
en Conseil des ministres par le président de la République, sur
proposition du président de la Cour suprême et après avis
du Conseil supérieur de la Magistrature. La loi détermine le
statut des magistrats de la Cour suprême »91
La loi de 2002 a également supprimé
l'exclusivité de la Chambre Administrative de la Cour Suprême,
dans le règlement du contentieux administratif. Sont désormais
créées une chambre administrative par Tribunal de Première
Instance et par Cour d'Appel. Mais l'effectivité de cette réforme
est aussi tributaire de l'installation des nouveaux tribunaux.
86 Article 133 de la constitution du
11 décembre 1990
87 Frédéric Noutaï HOUNDETOTON,
magistrat catégorie A Président de la Cour Suprême,
fonction qu'il a assumée du 30 octobre 1990 au 30 octobre 1995, l'homme
a privilégié l'intérêt de la patrie à sa
retraite professionnelle qui devrait prendre effet le 1er janvier 1991. Il
était récemment président Honoraire de la Cour
Suprême notamment depuis le 15 février 2006.
88 Abraham Zinzindohoue (né
le 27 octobre 1948 à Bohicon), est un avocat et homme
politique béninois. Député, puis Ministre de la
Justice du 10 avril 2006 .Il fut Président de la Cour
suprême du Bénin et Premier vice-président du Conseil
supérieur de la magistrature en 2005.
90 Il était composée de chambre et de
cour Populaire Centrale qui, avec les tribunaux populaires locaux des divers
échelons, qui sont les « Organes Judiciaires » de la
République Populaire du Bénin selon la loi fondamentale
adoptée le 26 août 1977 sous le régime
révolutionnaire marxiste-léniniste consacra le changement de
dénomination de la Cour article 104 .
91 Article 134 de la constitution du 11
décembre 1990.
74
75
« Le Conseil supérieur de la magistrature
comprend 10 membres, dont sept de droit, et trois autres membres nommés
par décret du Président de la République, Président
dudit Conseil (art. 1er). Les trois membres autres que ceux de droit sont deux
magistrats dont un du parquet désigné par l'assemblée
générale des magistrats et une personnalité
extérieure à la magistrature »92
Il statue comme Conseil de discipline des magistrats. La
composition, les attributions, l'organisation et le fonctionnement du Conseil
supérieur de la Magistrature sont fixés par une loi organique. En
2002, la composition de la juridiction est plus détaillée. Elle
se compose de cour d'appel et de tribunaux de première instance.
La Cour d'Appel a une composition comme suit : « Le
président - les présidents de chambres - les conseillers - le
procureur général près la cour d'appel - les avocats
généraux - les substituts généraux les auditeurs -
le greffier en chef - les greffiers ».93. Un
département de cette juridiction est même détaché
pour organiser l'activité commerciale. Il s'agit de la cour d'appel de
commerce.
Le tribunal de première instance est composé de
« Le président du tribunal - le ou les vice-présidents - les
juges d'instruction - les juges - le procureur de la République - les
substituts - les auditeurs - le greffier en chef - les greffiers. ». Il
traite les questions de commerce et de conciliation.
Toute cette organisation renforcée au besoin a pour
seul but une justice rompu à la démocratie. La composition des
organes du pouvoir judiciaire et les attributions fixées par loi
organique sous proposition des présidents concourent à la
consolidation de la démocratie au Benin.
La justice béninoise s'effraye une autonomie à
travers l'arbitrage des différends entre Institutions de l'Etat (Cour
Constitutionnelle, Cour Suprême, Conseil Supérieur justice) et des
différends entre Institutions de I `Etat et les citoyens (Cour
Constitutionnelle, Cour Suprême, Tribunaux).
92 La loi organique no 94-027 du 15 juin 1999 en fixe
la composition, les attributions, l'organisation et le fonctionnement (art. 128
de la Constitution)
93 Constitution du Benin du 11 décembre 1990
La justice béninoise est l'organe régulateur des
décisions du chef de l'Etat. En effet le président de la
République se fait assister par un conseil supérieur de la
Magistrature94. Les décisions de l'exécutif
résultent des consultations de l'organe judiciaire.
Quant aux citoyens, il peut saisir le procureur et
réclamer la justice. Cette saisine est facilitée par la
réforme de 2002 modifie la carte judiciaire du pays qui comptait huit
Tribunaux répartis sur l'ensemble du territoire depuis l'accession du
pays à la souveraineté internationale. Elle créé
vingt-huit tribunaux de première instance et trois cours d'appel. Cette
loi qui élargit la carte judiciaire du pays rapproche la justice du
citoyen. Les Cours d'Appel installées dans chacune des grandes villes du
Sud, du Centre et du Nord du pays (Cotonou, Abomey et Parakou, respectivement)
sont déjà fonctionnels.
En définitive, le pouvoir judiciaire est une
véritable institution de
contrepoids. la composition des
membres par le président de la république et le bureau de
l'assemblée nationale la cour constitutionnelle et la nomination des
membres de la cour suprême rendent équipé l'organe afin
d'équilibrer les forces politiques du pays. Sa présidence choisit
par le vote des membres et l'application du droit par les juristes qui l'ont
dirigé sans contestation majeure est gage de l'adhésion des
citoyens. Il est donc possible de conclure que la cour constitutionnelle est
inflexible à la marche démocratique du Benin.
II- Une presse libre et l'autorité
religieuse
1- La liberté d'expression de la
presse
La liberté de presse au Bénin est en
évolution. La Conférence nationale de 1990 est venue briser le
carcan passé pour instaurer le pluralisme démocratique et
libérer la presse. Auparavant, se pliant aux exigences du pouvoir
révolutionnaire alors vacillant, quelques titres privés avaient
fait leur apparition entre 1988 et 1990, moyennant une autorisation
ministérielle et parfois celle du comité central du Parti de la
révolution populaire du Bénin (PRPB). C'est à ce prix que
sont nés La Gazette du Golfe en mars 1988, «Tam-Tam Express«
en juin 1988 et «La Récade« en juin 1989.
La véritable explosion médiatique n'a donc pu
avoir lieu qu'au lendemain de la Conférence nationale. Pendant la
période de transition qui succéda à cette
conférence, d'autres organes de presse virent le jour dont Le Forum
de la semaine, «L'Observateur«, «Le Soleil«,
«24
heures«, «Le Canard du Golfe«, «Le
Satirique«« Le
94 Article 127 de la constitution du 11
décembre 1990
76
Quotidien«, «Libération«, «
L'Indépendant«, «Je sais tout«, «La Voix du
Bénin«, «L'Union«,«
L'Eveil«. Il se créait un journal presque toutes les deux
semaines : Le Soleil (25 mars 1990), Le Forum de la Semaine (4 avril 1990), Le
Canard du Golfe (10 avril 1990), 24 heures (15 octobre 1990), pour ne citer que
ceux-là. Les organes publics de presse ont aussi fait leur toilette
démocratique. Le quotidien gouvernemental est devenu «La
Nation« et «La Voix de la Révolution« est devenue
«Radio-Cotonou«.
Le Bénin comptait en avril 2001 18 quotidiens, 41
périodiques, cinq radios rurales locales, 17 radios non commerciales,
neuf radios commerciales et deux chaînes de télévision,
dont une privée. Quinze ans auparavant, le Bénin ne comptait
qu'une seule radio, une seule télévision et un seul journal,
toutes propriétés de l'État ! Cette véritable
explosion médiatique est à mettre à l'actif du processus
démocratique que le Bénin a, de façon originale,
inauguré en Afrique depuis la Conférence nationale des forces
vives du 19 février 199095.
À la faveur de la démocratie, le paysage
médiatique béninois s'est donc profondément
transformé. En retour, la presse béninoise contribue grandement
à la vitalité de la démocratie et fournit d'ailleurs l'une
des raisons pour lesquelles le Bénin est toujours perçu comme
« le laboratoire de la démocratie en Afrique »96.
Cette presse « a contribué à l'apaisement des tensions et
à une grande discipline » au Bénin et « constitue un
moyen pédagogique sûr pour agir et contrôler les
dirigeants97 ». à sa suite Kérékou
approuvait la presse à travers ces mots de remerciements.
« Mes remerciements vont également aux
journalistes et aux animateurs de nos médias nationaux qui ont
été les acteurs efficaces de diffusion des informations relatives
au processus électoral. Je les félicite tout
particulièrement d'avoir pu braver les difficultés de toutes
sortes dans la pleine conscience de leur responsabilité et des exigences
de leur déontologie. Pour éclairer sainement
95 Voir la dépêche de l'Agence
panafricaine d'information (PANA), Cotonou, 27 avril 2001 : « Une centaine
d'organes de presse privés en 10 ans de démocratie »
96 Voir la dépêche de l'Agence France
Presse (AFP), Cotonou, 2 mars 2001 : « Le Bénin, laboratoire de la
démocratie en Afrique (Dossier-Encadré) ».
97 le ministre béninois de la Culture et de la
Communication, Gaston Zossou, a rendu un « hommage mérité
» à la presse béninoise à l'occasion de la
journée internationale de la liberté de presse du 3 mai 2001,
77
l'opinion publique dans un souci d'objectivité et
d'impartialité qui mérite d'être souligné et
salué ».
Ce rôle avait été reconnu depuis 1990 par
la Conférence des forces vives, qui a d'ailleurs consacré une
motion spéciale de remerciement aux journalistes.
Dès le renouveau démocratique au Bénin,
la presse privée écrite a commencé à s'organiser
pour faire face au défi du professionnalisme. C'est dans cette optique
qu'a été créé en juin 1992 l'Union des journalistes
de la presse privée du Bénin (UJPB). Ce groupement s'est
attaqué à la formation de ses membres, qui étaient pour la
plupart des diplômés de l'Université nationale du
Bénin dans d'autres domaines que le journalisme.
De ces motivations va naitre, en mai 1996, l'Observatoire de
la déontologie et de l'éthique dans les médias (ODEM). En
réalité, l'ODEM est une initiative conjointe de l'UJPB et de
plusieurs autres associations de médias, dont l'Association des
journalistes du Bénin qui regroupe les journalistes du secteur public.
Il a pour objectifs de faire observer les règles de déontologie
et d'éthique dans les médias. Puis il doit protéger le
droit du public à une information libre, complète, honnête
et exacte. Aussi l'organe s'engage à défendre la liberté
de presse et veiller à la sécurité des journalistes dans
l'exercice de leur fonction et de garantir leur droit. Et il doit
enquêter librement sur tous les faits concernant la vie publique. Il
encourage en plus les journalistes et les organes de presse qui font preuve de
professionnalisme avant de mener des recherches et des réflexions sur
l'évolution des médias. En tant que police interne l'observatoire
peut être saisi par toute personne physique ou morale se sentant victime
d'abus de la liberté d'expression98.
En somme la mise place d'un organe de régulation HAAC
et la loi 97-010 du 20 août 1997 portant libéralisation de
l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives
aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle
en République du Bénin. selon la constitution parait novatrice.
Ce contrôle de l'Etat à l'occasion de chaque élection, se
fait à travers la prise des « Décisions » pour
régir le comportement des médias lors des campagnes. Cette
terminologie paraît un peu trop fort pour caractériser l'acte de
mise en oeuvre de la mission constitutionnelle dont la HAAC est investie,
à savoir garantir « la liberté de presse, ainsi que tous les
moyens de communication de masse dans le respect de la loi ». Pour
faciliter l'expression durant les compétitions électorales, il
serait peut-être préférable que la HAAC
98Cette saisie se fait dans un délai de trois
mois
78
adopte un «règlement général»
sur le comportement et l'utilisation des médias lors des campagnes
électorales. L'adoption d'un règlement d'application
générale et intemporelle aurait l'avantage de ne pas assujettir
la réglementation de la presse aux contingences politiques. Il faut
noter que les membres de la HAAC exercent un mandat de cinq ans non
renouvelable. La durée de ce mandat peut coïncider avec celle du
président de la République. Si la configuration de la HAAC change
en fonction du ou des partis au pouvoir, la façon de régir la
presse peut également changer pour mieux encadrer le débat. C'est
donc évident que la caution de l'Etat à la liberté
d'expression et l'enthousiasme des journalistes exprimé à travers
la prolifération des organes de presse, soit suffisants pour confirmer
une bonne marche de la démocratie.
2- L'implication informel des élites
religieuses à la démocratisation du Benin
La Conférence nationale, qui s'est tenue du 19 au 28
février 1990, reste pour les Béninois l'évènement
fondateur du nouveau régime, celui qui a permis le passage pacifique
d'un régime révolutionnaire agonisant à un régime
pluraliste et démocratique. L'implication des acteurs religieux autour
de cet événement rétablit l'autorité des
élites.
L'intervention des acteurs religieux dans les semaines qui
précèdent la tenue de la Conférence nationale traduit la
nécessité stratégique pour des institutions ou des acteurs
individuels religieux de se positionner dans un contexte
particulièrement amovible. Les organisations ses succèdent pour
appeler à un pays démocratique.
C'est à juste titre que l'Union des jeunes musulmans du
Bénin (UJMB) abonde dans le même sens, précisant que
« seule la démocratie est capable de résoudre les
problèmes de ce pays, car elle seule permet à des hommes de
différentes tribus, de langues et de religions différentes, de
cohabiter en paix, sans s'exclure »99 . à sa suite
l'Organisation de la jeunesse islamique de l'Ouémé (OJIO) a
renchérit Pour l'édification d'un Bénin
véritablement démocratique1°° : ses
deux priorités sont « le pluralisme politique [qui], quelle que
soit sa forme, est nécessaire pour une vie démocratique et pour
l'avènement de la primauté du droit et du règne de la
transparence dans la gestion des affaires publiques » et « la
liberté d'expression et la liberté de la presse [qui] sont des
exigences de la démocratie ».
99 Lettre de l'UJMB, signé par
le Comité directeur le 8 janvier 1990
100 Titre donné à son document de
16 pages pour interpeler l'autorité publique
79
La mission d'éveil devient un succès avec
à la clé, la ténue de la conférence nationale. Les
communautés religieuses disposaient de dix-huit représentants
(respectivement quatre pour l'Église catholique, pour le CIPB, pour la
religion musulmane, pour les cultes traditionnels et deux pour l'Église
du christianisme céleste).101
Ainsi les acteurs religieux sont associés à la
gestion de la société. Un Haut conseil de la République
(HCR) de 28 membres présidé par Mgr de Souza, faisant office
d'assemblée législative, est instauré, ainsi qu'une
Commission constitutionnelle chargée de rédiger une nouvelle loi
fondamentale, dont les principales orientations sont fixées à la
clôture des travaux de la Conférence nationale.
Le regard porté sur l'élites religieuse
s'améliore surtout pour le christianisme. En effet une nouvelle attitude
vis-à-vis de l'Eglise catholique est adopte par l'Etat. La mesure
d'interdiction à l'encontre des Témoins de Jéhovah est
ainsi levée par décret le 23 janvier 1990102. Elle
peut désormais exercer en toute liberté.
Puis le gouvernement de transition va chercher à
mobiliser les communautés religieuses, en particulier dans la
préparation des consultations référendaire et
électorales. Il sollicite les guides religieux dans la sensibilisation
des béninois pour améliorer le taux de participation au
Référendum du 2 décembre 1990.
L'adoption de la constitution ouvre définitivement sur
le fait que « la République du Bénin est une et indivisible,
laïque et démocratique ». Elle reconnait que
« Toute personne a droit à la liberté
de pensée, de conscience, de religion, de culte, d'opinion et
d'expression dans le respect de l'ordre public établi par la loi et les
règlements. L'exercice du culte et l'expression des croyances
s'effectuent dans le respect de la laïcité de l'État. Les
institutions, les communautés religieuses ou philosophiques ont le droit
de se développer sans entraves. Elles ne sont pas soumises à la
tutelle de l'État. Elles règlent et administrent leurs affaires
d'une manière autonome » 103
101 La liste des participants à la Conférence
nationale in Fondation Friedrich Naumann, Les actes de la Conférence
nationale, Cotonou, Editions ONEPI, 1994, pp. 191-209.
102 Depuis la fin des années 1980, les activités de
l'Eglise catholique n'étaient pas officiellement autorisées
103 Art. 23 de la constitution du 11 décembre 1990
80
Il faut noter que l'implication des acteurs religieux dans la
mobilisation sociale et active pour la démocratie. L'élite
religieuse a joué le rôle de premier rang dans la
conférence des forces vives de la nation et dans la prise de
décision lors du referendum. L'investissement des religieux à la
démocratisation a permis une légalité du culte et une
crédibilité des acteurs de culte.
81
Chapitre 2 : la régularité des
élections et de l'alternance
Le Benin ayant vécu plus d'une décennie
d'instabilité, ne s'inscrit plus dans la dynamique de violence. La
conférence avait fait le choix du changement. Ce qui conduit à la
mise en place de la CENA pour faciliter l'alternance politique. Cette
institution à la lourde charge de la construction démocratique
dans l'esprit des décisions de la conférence nationale.
I- La mise en place de la CENA
1- Un nouvel organe électoral
Le peuple béninois a exprimé au lendemain de la
Conférence nationale des forces vives de février 1990, dans la
Constitution du 11 décembre de la même année, son
opposition fondamentale à tout régime politique fondé sur
l'arbitraire, la dictature, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel.
Son choix souverain d'un système de gouvernance repose sur la
démocratie, c'est-à-dire le gouvernement du peuple par le peuple
et pour le peuple. Cette option politique a entraîné des
réformes en vue de garantir la performance et la transparence du
système électoral béninois.
Le Ministère de l'intérieur conserva ses
prérogatives en matière d'organisation des élections juste
pour le Référendum constituant de 1990, les élections
présidentielles et législatives de 1991. En effet il organise les
scrutins antérieurs. Il a habitué les Béninois notamment
sous les régimes monopartisans à des « résultats
unanimistes (99,99%) »
Pour les échéances du renouveau, le
ministère de l'intérieur est assisté par Comité
national chargé du suivi des Elections, créé par
arrêté ministériel n°130/MISAT/MDN/MF/DC/SA du 23
octobre 1990. Ce comité avait pour mission de : suivre l'organisation
matérielle du référendum et des consultations
électorales pendant la période de transition ; veiller au respect
strict des textes en vigueur, coordonner les actions des différents
départements ministériels impliqués dans l'organisation du
référendum et des opérations électorales.
Puis arrivent les élections de 1991. La transition
prend fin. C'est l'occasion de réviser les failles de la
conférence en ce qui concerne l'organisation des élections.
Très vite deux blocs antagonistes sont nés : la mouvance
organisée autour du Chef de l'Exécutif et l'opposition qui
contrôlait le bureau du Parlement. Le bloc de l'opposition est
resté dubitatif sur la capacité du Ministère de
l'intérieur à organiser une compétition électorale
dans laquelle sont désormais
82
appelés à s'affronter et à solliciter le
suffrage populaire des partis politiques ayant des visions opposées,
bien que les élections104 organisées par ce
ministère sont sans grandes contestations.
« ... à la veille des deuxièmes
élections législatives de la période du renouveau
démocratique, les députés votèrent de nouvelles
lois électorales. Le gouvernement contestant certains aspects de ces
lois entreprit de saisir la Cour constitutionnelle afin qu'elle se prononce sur
la constitutionnalité de la loi n°9413 portant règles
générales pour les élections du Président de la
République et des membres de l'Assemblée nationale et plus
spécifiquement sur les dispositions de cette loi portant création
d'une Commission électorale nationale autonome. »105
Un climat de suspicion s'installe à la veille des
élections législatives de 1995. C'est ainsi que réunie au
sein de la Convention Nationale des Forces de Changement106,
l'opposition saisit dès juillet 1993 le Président de la
République d'une requête en vue de la création d'une
Commission
Electorale Indépendante, seul gage d'élections
réellement transparentes. Malgré la désapprobation du
Chef de l'Etat d'alors107, l'opposition soutenue par des
Organisations de la société civile, dont
GERDES-Afrique108, réussit à introduire et à
faire voter à l'Assemblée Nationale la loi créant la
Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) le 15 septembre 1994, la veille
des élections législatives de 1995.
« Rien dans la Constitution ne s'oppose à la
création par l'Assemblée nationale d'une Commission
électorale nationale autonome ; qu'en procédant comme elle l'a
fait, l'Assemblée nationale n'a fait qu'exercer l'un des
prérogatives constitutionnelles et n'a donc pas violé le principe
de séparation des pouvoirs.... Considérant que l'organisation, le
fonctionnement et les attributions de la Cena, tels qu'ils apparaissent dans la
loi n° 94-13 ne ressortissent pas du domaine du
104 Jl organise les présidentielles, législatives,
municipales, chef de village, quartier.
105 Afize D. ADAMON ; Les élections
législatives du26 avril 2015 au Bénin ; Editions COPEF
;2016
106 Bruno Amoussou, Albert Tévoédjrè et
Adrien Houngbédji crée la Convention nationale des forces du
changement au Bénin
107 Soglo Nicéphore président de 1991-1996
108 Le Groupe d'Etude et de Recherche sur la Démocratie et
le Développement en Afrique. Organisation panafricaine, à but non
lucratif. Son objectif est de contrôler la démocratie par
l'éducation civique, la formation d'observateurs d'élection, la
recherche, l'intervention politique, etc.
83
pouvoir réglementaire, qu'il s'en suit qu'il n'y a
eu non plus violation des principes de la séparation des pouvoirs.
»109
Elle poursuit :
« La création de la Cena, en tant
qu'autorité administrative indépendante est liée à
la recherche d'une formule permettant d'isoler, dans l'administration de
l'Etat, un organe disposant d'une réelle autonomie par rapport au
gouvernement, aux départements ministériels et au Parlement, pour
l'exercice d'attributions concernant le domaine sensible des libertés
publiques, en particulier des élections honnêtes,
régulières, libres et transparentes est conforme à la
Constitution. »110
Cette décision, qui mit fin à la controverse
juridique permit la création de la CENA par la loi 94-013 du 17 janvier
1995 portant règles générales pour les élections du
Président de la République et des membres de l'Assemblée
Nationale. L'article 36 de cette loi dispose : « Il est
créé pour chaque élection une Commission Electorale
Nationale Autonome (CENA)... ». Aux termes de l'article 37 de cette
même loi, la CENA est « chargée de la préparation,
de l'organisation, du déroulement de la supervision des
opérations de vote et de la centralisation des résultats.... Elle
a tout pouvoir d'investigation pour assurer la sincérité du
vote... ».
Les membres de la CENA proviennent généralement
de trois (3) origines : le Parlement (en respectant sa configuration
politique), le Gouvernement et la société civile. La
désignation des membres de l'institution et de ses démembrements
est très souvent fondée sur des critères fixés par
la loi à savoir : probité, compétence, impartialité
et patriotisme même si parfois les intérêts personnels
viennent braver ces principes111. Ainsi, le nombre de membres de la
CENA a varié
109 Cour constitutionnelle, Recueil des décisions et avis,
1994, p.159 et Afize D Adamon, Le renouveau démocratique au
Bénin, Les élections législatives de mars 1995, Document
n° 11 Konrad Adenauer Stiftung, les éditions du Flamboyant,
Cotonou, 1995.
110 Afize D Adamon, Le renouveau démocratique au
Bénin, Les élections législatives de mars 1995, Document
n° 11 Konrad Adenauer Stiftung, les éditions du Flamboyant,
Cotonou, 1995.
111 Le mode e désignation des membres de la CENA fait
polémique au sein des organes et de la sociète civile.
84
selon les années comme suit : 17 membres en 1995 et
1996112, 23 membres en 1999 et 25 membres en 2001113,
2003 et 2006
Elle n'est pas permanente, elle est mise en place 90 jours
avant la tenue des scrutins. Sa mise en place visait l'organisation
d'élection crédible et transparente. Il s'agit d'un organe
administratif qui dispose, selon les textes, d'une réelle autonomie par
rapport aux autres institutions de la République.
Il faut noter que la mise en place de la CENA le 15 septembre
1994 remonte aux lendemains de l'élection ayant consacré
l'arrivée au pouvoir de monsieur Nicéphore Dieudonné
SOGLO. A l'issue de ladite élection qui n'était pas ouvertement
contestée, les sentiments de suspicion ont commencé à
germer. Des accusations de fraudes, de corruption, de manipulations diverses
ont été agitées dans l'opinion publique.
L'élaboration de la loi 94-013 du 17 janvier 1995 portant
création de la CENA laisse apparaître des difficultés de
plusieurs ordres. Ces difficultés sont relatives à plusieurs
facteurs internes et externes dont : la composition de la CENA, son
fonctionnement, le financement des élections, le code électoral
et enfin les relations fonctionnelles entre les structures et institutions en
charge des élections. Elle a été investie de sa mission
actuelle suite au dessaisissement du Ministère de l'Intérieur.
Elle a le rôle d'organisation des élections. A l'époque,
les exigences de transparence et de consensus ont été
agitées pour imposer l'installation de cette institution.
2- L'adhésion des partis politiques
Le renouveau démocratique est marqué par le
pluralisme politique. Et les partis politiques du Benin se donnent les moyens
de participer seul ou en alliance aux élections du pays.
Les partis politiques fréquent au élections
présidentielles sont plus ou moins constitué. En effet au
lendemain de la conférence nationale, aucune obligation était
faite aux partis quant à leurs participations aux scrutins du pays. Le
libre choix était laissé aux groupements politiques et
associations de se prononcer.
112 Loi N°94-013 du 17 janvier 1995 portant règles
générales pour les élections du Président de la
République et des membres de l'Assemblée nationale (article
36)
113 Loi N° 2000-18 du 03 janvier 2001 portant règles
générales pour les élections en république du
Bénin (article41)
85
Sept partis politique la majorité présidentielle
de Nicéphore Soglo à savoir l'Union pour le Triomphe du Renouveau
Démocratique, fait face à l'opposition composée de Notre
Cause Commune de Albert Tévoédjrè, le Parti
social-démocrate de Bruno Amoussou, le Parti du renouveau
démocratique de Adrien Houngbédji, Rassemblement des
Démocrates Libéraux pour la Reconstruction nationale de
Sévérin Adjovi, Union démocratique pour le
développement économique et social de Gatien Houngbédji,
Alliance pour la Démocratie Social de Robert Dossou.114 se
lancent à l'assaut du nouveau fauteuil.
Cette dynamique est freinée en 1996. Seulement quatre
s'y aventurent. Il s'agit du « Front d'action pour le renouveau et le
développement de Mathieu Kérékou, Renaissance du
Bénin de Nicéphore Soglo, le Parti du renouveau
démocratique de Adrien Houngbédji, le Parti
social-démocrate de Bruno Amoussou et le Parti communiste du
Bénin de Pascal Fontondji. »115.
Pourtant en 2001, lors des présidentielles du 4 mars,
douze partis politiques s'affrontent. Le Front d'action pour le renouveau et le
développement de Mathieu Kérékou, au pouvoir briguait un
second mandat. Il fait face à la Renaissance du Bénin de
Nicéphore Soglo, le Parti du renouveau démocratique Adrien
Houngbédji, le Parti social-démocrate de Bruno Amoussou, l'Union
pour la Démocratie et la Solidarité Nationale de Sacca Lafia, le
Parti démocratique du Bénin de Soulé Dankoro,
Rassemblement national pour la démocratie de Adébayo Abimbola,
l'Union Nationale pour la Solidarité et le Progrès de Wallis
Zoumarou, le Rassemblement des Démocrates Libéraux pour la
Reconstruction nationale de Léandre Djagoué, le Congrès
des Démocrates Africain de Lionel Agbo, Union démocratique pour
le développement Social et Economique de Gatien Houngbédji et
l'Alliance national pour une alternative démocratique de Sadikou
Alao.116
Ce chiffre s'augmente en 2006, seize partis politiques et
groupements sont retenue pour le scrutin du 5 mars. Il s'agit du FCBE Thomas
Boni Yayi, UN de Adrien Houngbédji, PSD de Bruno Amoussou, le RB de
Léhady Soglo, MADEP de Antoine Idji Kolawolé, le MAP de Lazare
Maurice Sehoueto, le RDL de Sévérin Adjovi, le FE de Antoine
Dayori, le PRD-NG de Kamarou Fassassi, l'ENVOL de Luc Gnacadja, le FARD de
Daniel Tawéma, le RUND de
114 Rapport de la mission d'observation des
élections du 10 mars 1991
115 Rapport de mission d'observation des élections du 3
mars 1996
116 Rapport de la mission d'observation des élections
présidentielles du 4 mars 2001
86
Ibrahima Idrissou, le PDB de Soulé Dankoro, le CAD de
Lionel Agbo, l'UDES de Gatien Houngbédji et le RDL de Léandre
Djagoué 117.
Il faut noter de ce qui précède une
évolution dynamique des partis politiques aux élections
présidentielles. Ce qui entraine un nombre important de candidats aux
différents scrutins. 13, puis 7, 17 et 24 respectivement en 1991, 1996,
2001 et 2006. Cette participation régulière des partis politiques
depuis le renouveau démocratique met en évidence la
régularité du pluralisme politique et la liberté
d'expression. Le Benin encourage donc la diversité et ce n'est pas la
mission d'observation qui dira le contraire.
Au total la mise en place de commission électorale
nationale autonome s'est fait suite une méfiance grandissante à
l'égard de la gestion des élections par l'administration
gouvernementale. La mission principale des membres choisi par les politiques du
pays, est de réaliser des élections transparentes. De la
création à la composition de la CENA, les débats entre les
parlementaires et l'intervention de la cour constitutionnelle, est mis en
oeuvre pour une organisation démocratique. Le traitement
équitable des partis politiques et des candidats pendant la
période électorale constitue indéniablement un aspect
positif à l'actif de toutes les CENA depuis 1995 tout comme la gestion
d'élections pacifiques, c'est à-dire sans grandes contestations
comme le témoigne la régularité des partis politiques aux
élections. Qu'en est-il de l'alternance ?
II- La régularité et la paisible alternance
politique béninoise 1- La régularité et passivité
des élections présidentielles
Quatre scrutins présidentiels organisé depuis la
Conférence nationale de février 1990 qui, mettent un terme
à la période révolutionnaire. Ce qui donne un
caractère régulier à ces élections.
Tout d'abord les élections présidentielles sont
constitutionnelles. L'article 41 de la constitution « Il est
l'élu de la Nation »118 précise le type de
président dans le nouveau Benin. Il est désormais choisi par les
citoyens. Et ce choix se fait au suffrage universel direct. Le recours à
la violence pour accéder au pouvoir n'est plus utile. Il revient aux
aspirants de se conformer
117 Rapport de la mission d'observation des élections
présidentielles du 5 mars 2006
118 La constitution du 11 décembre 1990
87
aux aspirations des électeurs pour obtenir leurs voix.
Car « L'élection du président de la République a
lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours
»119. L'élu à celle-ci obtient une caution
de cinq ans pour conserver une seconde et dernière fois son
siège. « Le président de la République est
élu .... Pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois. En
aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels.
»120. Seul Kérékou a pu conserver son fauteuil
avant de le céder conformément aux prescriptions sus
mentionnées.
Ensuite elles sont régulières et sans
interruption. En effet l'élection est le mode démocratique
privilégié de désignation des gouvernants dans un Etat de
droit libéral. Elle se structure sur des fondements démocratique,
juridique et moral. Depuis 1991, les élections présidentielles se
sont toujours tenues sans être reportées. Après cette
dernière, il y'a eu le scrutin de 1996, puis 2001 et 2006. Ce
renouvellement à la tête du pays se fait comme un cycle, une fois
arrivé à terme prend son processus. Et c'est à croire que
les dirigeants sont pointus sur la mise en application des normes
fixées.
Enfin les élections présidentielles au Benin
sont paisibles. À en croire tous les rapports des missions
d'observations de 1991 à 2006, plusieurs irrégularités
sont relevées. Elles sont observées à toutes les
étapes du scrutin. Le retard de l'ouverture des bureaux de vote à
toutes les élections, l'omis de certains électeurs sur les listes
électorales et retard pour acheminer les résultats des
circonscriptions sont autant de mobile pour susciter la violence.
Et plusieurs manifestations de jeunes partisans dans les rues
du pays comme c'est le cas lors des présidentielles de
1996121 n'entachent en rien la crédibilité du scrutin.
Les élections sont une exigence du système démocratique.
Elles sont l'occasion pour les formations politique de guerroyer pour installer
leurs hommes. La concurrence doit s'accompagner de clarté, de
crédibilité, de sérieux et de patriotisme et, surtout, il
faut respecter les résultats issus des urnes proclamés par la
cour constitutionnelle.
Pour conclure Les élections au Benin sont
régulières et paisibles. Elles sont donc démocratiques.
Cette régularité est conforme à la constitution qui
autorise la convocation des électeurs chaque fin de mandat
présidentiel. De 1991 à 2006 les présidentielles se sont
toujours ténues en toute quiétude. Ainsi des élections
sont organisées conforment au délai indiqué par la
119 Article 43 de la constitution béninoise
120 Article 42 de la constitution béninoise
121 Un conflit dans le Sud du pays entre les ressortissants du
nord et ceux du sud
88
constitution. Le corps électoral est convoqué
par décret pris en Conseil des ministres122. Cette
convocation permet de participer aux législatives et aux
présidentielles.
2- Une paisible alternance politique au Benin depuis
1990
Le Benin n'interrompe pas son alternance au sommet de l'Etat.
Celle-ci est fait depuis le départ de Kérékou en 1991
à l'arrivée de Yayi Boni en 2006. Le renouveau
démocratique renouvelle s'installe alors avec l'arrivée de
Nicéphore Soglo. Il est élu président de la
République123 avec 67.5% contre32,5 pour le président
sortant. Cela s'est fait sans effusion de sang. Il a cédé
démocratiquement le fauteuil en plaçant sa confiance
entière aux instructions du pays124. Toutefois la gestion
plus ou moins rassurante de Nicéphore Soglo poussent les populations
à réclamer la mise à la tête du pays un
démocrate pour stabiliser le pays. Et qui d'autre qu' « un nouveau
Kérékou ».
M. Kérékou s'est d`abord couvert de la tunique
du démocrate, ce qui peut apparaître surprenant eu égard
à ses dix-sept années de règne autoritaire. La figure du
démocrate s'est construite à partir de période
transitoire, le caractère pacifique de celle-ci étant
principalement porté à son crédit. Il s'agit de
l'installation des organes de la transition précédée de
son adhésion publique à toutes les décisions de la
conférence nationale.
La victoire de mars 1996 trouve son origine dans le
comportement de M. Kérékou en 1991, lorsque, un an après
avoir accepté l'ensemble des résolutions de la Conférence
nationale, il reconnaissait sa défaite et quittait la présidence
de la République. Cette attitude paisible enseigne une possible
alternance.
Cette candidature met fin « à la tentative
d'hégémonie du président Soglo »125. Les
anciens adversaires de Kérékou, originaire du Sud portent la
campagne du fils du nord. « .... Les deux candidats malheureux de
l'élections présidentielle de 1991 sont convaincus que seul
un
122 Loi 90-034 du 31 décembre 1990 idem
123
www.cena.org
124 Discours de Kérékou 24 mars 1991 in
www.ortb.org
125 Omar Diop Partis politiques et processus de transition
démocratique en Afrique noire, 2006 in
www.amazon.fr, consulté
le 30 Aout 2019
89
candidat du Nord soutenu par les leaders du Sud peut
battre le président sortant. Ils ont mis leur moyens financiers,
matériels et intellectuels à la disposition du candidat.
»126
Ainsi Albert Tévoédjrè devient le
président du comité national de soutien à Mathieu
Kérékou et Séverin Adjovi est nommé est directeur
de
campagne. il est donc entouré
d'hommes nouveaux: les déçus du président Nicéphore
Soglo.« Parmi d'autres ex-prisonniers politiques et aux
côtés d'un ministre deux fois condamné à mort par le
passé, on trouve Justin Ahomadegbe, ancien président de la
République, renversé puis, pendant neuf ans, emprisonné
par le général Kérékou. »127
Le « candidat des candidats » a aussi utilisé
le registre du religieux et plus particulièrement la figure du
chrétien pour transformer son image. Les discours qu'il a
prononcés au cours de ses meetings ont systématiquement
été parsemés de citations bibliques et de
références religieuses. La version officielle veut que l'ancien
dictateur, qui a remplacé les cols Mao par des vêtements blancs
immaculés, ait mis à profit ses cinq* années de silence
pour lire les Ecritures saintes et redécouvrir la Bible. Ce qui lui
vaut, faisant référence à son passé, de
déclarer : « Nous avons fait la révolution en laissant
Dieu à côté. 11 nous a sanctionné », ou
d'évoquer « celui qui pêche et sera jugé O, dans
une allusion directe au président sortant »128. Un
tel comportement ne peut que trouver un écho favorable au sein d'une
population travaillée par une effervescence religieuse, dont les
versions chrétiennes sont les plus dynamiques. D'autant plus que les
chrétiens sont les premiers à mettre en cause la politique
menée par N. Soglo à l'égard du culte vodun. La
décision, prise quelque mois avant l'élection
présidentielle, d`accorder à celui-ci une journée annuelle
fériée et chômée, le 10 janvier, a été
vivement critiquée, en particulier par Mgr de Souza, l'archevêque
de Cotonou129. « Je ne regarde plus M.
Kérékou avec les mêmes yeux. (...) I1 a fait preuve de
courage en appelant lui-même à la conférence nationale et
il a gardé toute sa détermination à aller au bout. I1
mérite le respect pour cela. C'est un homme de dialogue qui sait
écouter »130.
126 Idem
127 J-LAPLOGAN ; S Smith L'ancien dictateur
Kérékou tente un retour au Bénin Il est challenger du
président sortant Soglo, dimanche, 1996 in
www.liberation.fr 2 mars 1996,
consulté le 13 mars 2018
128 C Mayrargue ; Dynamiques religieuses et
démocratisation au Bénin. Pentecôtisme et formation d'un
espace
public , Thèse pour le Doctorat en Science
Politique présentée le 13 décembre 2002
129 C Mayrargue ; Le caméléon est
remonté en haut de l'arbre : le retour au pouvoir de M.
Kérékou au Bénin, Centre d'étude d'Afrique
noire Avril 1996
130C Mayrargue ; Le caméléon est remonté
en haut de l'arbre op.cit p 129
90
le prélat a par ailleurs décerné un
brevet de démocratie à l'ancien révolutionnaire. Ces deux
rôles (le démocrate et le chrétien) ont contribué
à réhabiliter l'image de M. Kérékou et à
rendre crédible l'homme nouveau qu'il prétend être
devenu.
Il faut retenir que le départ de Kérékou,
son retour et sa fin, montre que ce dernier est acteur de paisible alternance
politique au Benin. Les élections présidentielles de 1996 se sont
conclues par une surprise le retour de Kérékou. Après
avoir perdu la majorité aux élections législatives un an
plus tôt avec le président Soglo a été défait
par son prédécesseur Mathieu Kérékou lors du second
tour des élections131. Le Bénin avait
déjà obtenu au niveau international une solide réputation
démocratique à la suite de la Conférence nationale, du
changement pacifique de régime et de la démocratisation qui en
était issue ; il en a gagné encore plus pour avoir
été le premier pays francophone d'Afrique dans lequel un
gouvernement démocratiquement élu a été battu
démocratiquement, avec qui plus est la réélection de son
dictateur déchu quelques années132.
En définitive, la compréhension, la
tolérance, l'humilité et le patriotisme ayant marquée la
conférence nationale ont conduit à la mise en place des
institutions démocratiques. Celle-ci a contribué à amorcer
définitivement le chemin de la démocratie. Elles ont eu pour
conséquence la régularité des élections et de la
paisible alternance. Les institutions de contrepouvoir telle que
l'assemblée nationale et le pouvoir judiciaire contrôle et veille
à la stabilité des organes de l'Etat comme la présidence.
Leurs ingérences légales dans l'organisation des élections
favorisent la mobilisation des parti politiques, les leaders de la
société civile et la communauté internationale à
accorder du crédit aux échéances électorales
béninoise. Ces organes légaux font la fierté de la
conférence nationale. La régulation publique et privé de
la presse favorisent une liberté de penser et de s'exprimer. La HACA et
ses structures soeurs sont impliquée dans la démocratisation du
pays. Dans toutes ces dispositions étatiques, les élites
religieuses sont informellement engagé à la démocratie.
S'en suit donc la régularité des élections, et de
l'alternance des partis politiques.
131 Résultat définitif des élections
présidentielles 1996. In
www.cena.org
132 S Smith Mathieu Kérékou
légitimé par les urnes au Bénin. L'ancien dictateur
l'emporterait avec 59% des voix, in
www.liberation.fr 20 mars 1996
91
Conclusion générale
Ecrire sur l'Afrique indépendante démocratique
à partir de celle du Benin, impose une compréhension de ce
concept et une bonne connaissance de ce pays. Depuis la conférence des
forces vives de la nation le 28 février 1990, jusqu'à
l'arrivée de BONI Yayi au pouvoir en 2006, le pays s'est montré
bon élève des principes qui fondent un Etat de Droit. D'où
le besoin de comprendre cette métamorphose. Le renouveau
démocratique au Benin tire ses origines dans la vie politique,
économique et sociale mondiale et africaine au lendemain de la chute du
mur de Berlin. Plusieurs pays à l'instar des Etats d'Europe centrale et
orientale ont mis fin au régime communiste. C'est le cas de la Hongrie,
la Pologne et de la Roumanie. Ces changements ont été sanglant
pour la plus part comme il est remarqué avec l'assassinat de Thomas
Sankara. Alors que dans le reste des pays africains, les dictatures
démantelées offraient le multipartisme comme le Gabon. Cette fin
du parti unique suscite de profond changement.
Au Benin, toutes ces situations environnantes s'ajoutent
à un contexte explosif qui est la banqueroute étatique. Celle-ci
conduit à plusieurs réformes sans grand changement chez les
populations. L'appui international ne suffit pas à calmer les
mobilisations sociales grandissantes notamment chez les étudiants et
dans l'Eglise.
C'est dans ce contexte que du 19 au 28 février 1990,
les forces vives de la nation sont convoquées, pour trouver une solution
à la situation délétère du pays. L'initiative de
Kérékou rassemble 500 délégués sous le
regard africain et l'approbation internationale. Elle est organisée en
commission de réflexion. Les béninois décident de la fin
de la révolution à l'issu de cette conférence nationale.
Cela se traduit par la dissolution du PRPB et la souveraineté de l'Etat
à travers celle de la conférence.
La mise en place de la transition politique est fait en vue de
réorganiser le pays. Le chef de l'Etat est maintenu au pouvoir. Sous son
autorité, un gouvernement est installé, ayant à sa
tête un premier ministre du nom de Nicéphore Soglo.133
Pour réguler les opérations nationales qui s'imposeront, il est
institué un Haut Conseil de la République, dont le mandat est de
contrôler le suivi des décisions de la Conférence Nationale
; exercer la fonction législative notamment en matière
budgétaire et contrôler l'exécutif. L'éducation est
renforcée à travers la gratuité de l'école et
l'encouragement à la recherche scientifique. Les décisions vont
à l'endroit d'un renforcement de l'Etat de Droit. C'est dans cette
optique que l'armée révolutionnaire se transforme en «
armée républicaine ».
133 Rapport général de la conférence idem
92
En outre, le peuple adopte le multipartisme. Le pluralisme
politique existait avant l'arrivée des militaires. Seul le PRPB est
autorisé avant la conférence nationale. Les béninois
pendant longtemps réduits au silence et adhèrent à la
divergence d'opinion. Plusieurs partis font surface à la faveur de la
loi du 11 décembre 1990. Pour freiner la prolifération des
organisations politiques, l'Etat règlemente leur création en
février 2003. Pour ce faire, il s'appuie sur l'action informelle des
élites traditionnelles et religieuses pour encadrer les
différences. Enfin, plusieurs institutions sont mises en place pour
construire un Etat démocratique. Il s'agit des institutions de
contre-pouvoir à savoir l'assemblée nationale en remplacement du
HCR, de la cour constitutionnelle et de l'installation du pouvoir judiciaire.
Tous ces organes en vue de réaliser une vraie séparation de
pouvoir entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire
conformément aux règles de la démocratie.
« La Conférence Nationale des Forces Vives du
Bénin de Février 1990 est comme la prise de la Bastille par le
peuple de France le 14 Juillet 1789. Et elle est bien plus que cette
Révolution Française. Car dans le cas béninois,
géniteurs, gardiens et bénéficiaires de la Bastille ont
uni leurs efforts à ceux des victimes de cette bastille et tous, dans un
sursaut patriotique et national soutenu par les prières d'un
prélat, ont détruit la bastille et posé les fondements
d'une nouvelle société de démocratie, de libertés
et d'État de Droit : pas de goulag, pas d'échafaud, pas d'exil.
»134
Cet élan béninois conduit à la
régularité des élections et de l'alternance politique. De
1991 à 2006, les présidents béninois se sont
succédés au palais avec une poignée de main chaude comme
symbole de passation de service. Les populations et hommes politiques ont
toujours placé leur confiance en la CENA. Cet organe
spécialisé dans l'organisation des élections garde le nom
des membres inconnu jusqu'à la veille des élections. Ce qui
réduit le risque de corruption. Et les contentieux sont sagement
résolus avec un caractère responsable.
Les conditions d'une alternance pacifique sont réunies.
En effet la presse est démocratiquement régulée et les
bases ont été mise à la conférence avec la
naissance de la HAAC. L'objectif est de permettre une libre expression dans le
principe démocratique. Un tribunal d'honneur des journalistes est
installé pour rendre professionnel les journalistes. En 1996 l'ODEM se
différencie de la régulation étatique tout en la
complétant pour l'effectivité de la démocratie.
134 Robert Dossou, Idem
93
L'étude comporte beaucoup des limites comme toute
oeuvre humaine. La question du processus démocratique du Benin est
au-delà des bornes chronologiques fixées par ce travail.
Jusqu'à nos jours le pays considère être dans la marche de
la démocratie. Ce qui explique les violences enregistrées aux
élections d'après. Puis le modèle béninois connait
quelques ombres. Il s'agit par exemple des problèmes de corruption que
vit le pays. Elle a été, de tout temps, une préoccupation
tant des gouvernants que des gouvernés. Le mal qu'est la corruption,
loin de s'étioler, de s'estomper, s'est développé avec une
ampleur effroyable. La corruption a pris des proportions endémiques
effarantes. Aussi les fréquentes manifestations de rues aboutissant
à des actes de vandalismes présentent le limites de la
démocratie au Benin. Ces aspects loin d'être
négligés sont inéluctablement minime face à
croissance démocratique de l'ex Dahomey. Enfin, l'implication des chefs
traditionnels et des rois béninois dans la stabilité et la
paisible alternance est su de tous les résidents du pays. Celle-ci
était informel d'où la difficulté à percevoir leur
noble rôle de neutre au sein de la classe dirigeante, des acteurs
politiques et des populations. Cette neutralité des têtes
couronnées donne l'allure d'une instrumentalisation. En 1991, les rois
ont, en majorité, apporté leur soutien au président
Nicéphore Soglo. Entre 1996 et 2006, ils ont retourné leur pagne
au profit du général Kérékou, qui les avait
pourtant combattus pendant la période révolutionnaire. Depuis
2006, ils font la politique du chef de l'État actuel, Boni Yayi.
L'étude de la démocratie en Afrique en
générale et dans la sous-région ouest africaine en
particulier nécessite un accompagnement de l'Etat au niveau de
l'accès à l'information. Il s'agit pour nos autorités de
conserver en ligne toutes les documentations. Cette démarche demande que
les services africains soient équipés d'outils informatique.
Aussi s'offrir un réseau de communication pouvant rapprocher les
capitales les unes des autres. Dans la dynamique de mondialisation les
populations sont connectés mais reste toujours distancées par les
voies de communication.
En Afrique de l'ouest peu de pays pratique la
démocratie. Le Sénégal, le Ghana et le Benin135
font office de pays démocratique dans cette partie du monde. La
particularité de celle des béninois est le résultat de
plusieurs expériences. Les hommes ont écarté leur ego pour
se donner des lois et institutions qu'ils respectent sans pressions externes.
Ceci justifie la pensée du président américain Barack
Obama sur l'Afrique. Pour lui « l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts
mais d'institutions fortes ». Et les structures dont se dotent un pays ne
valent que par le respect qui leurs sont accordées. Ce respect commence
avec les hommes qui les
135 La région compte seize pays.
mettent en place. Et lorsque ceux-ci se soumettent aux
décisions prononcées par elles, ils donnent une leçon aux
jeunes générations. Ils deviennent des ainés qui rentrent
dans l'histoire en tant que « hommes forts ». C'est le lieu de
mentionner que, pour des peuples qui ont passés des siècles voir
toutes leurs vies à obéir à l'ainé et copier son
exemple, la démocratie doit être adapter à leurs
réalités. Il faut pour des institutions fortes et des hommes
forts qui lui obéissent. N'est-ce pas tout le sens de la
célèbre phrase nul n'est au-dessus de la loi. Au
Sénégal Léopold Senghor136 père de
l'indépendance à su transmettre les valeurs de l'alternance et du
respect des institutions aux générations futurs. Tout comme
Kérékou, il a été un recours pour les aspirants au
pouvoir. Alors la démocratie en Afrique n'existe que par des
élections. Ce que fait le Benin n'est donc pas extraordinaire. Il
convient aux dirigeants de savoir partir pour mieux revenir comme
Kérékou l'a réussi. La paix du pays en dépend.
En perspectives, nous pouvons évoqués les
difficultés de la CENA à organiser une élection de
qualité. Si le long du processus, les acteurs adhèrent de
façon consensuelle, les observateurs notent des
irrégularités aux élections 1991, 1996, 2001 et 2006.
Aussi le repli identitaire connait beaucoup d'enthousiasme au Benin. Et
l'écart se creuse par l'inégale aménagement du territoire
entre les régions Nord et Sud. Ajoutons que les demandes
adressées n'ont pas toutes connues avis favorable. Cette situation a
pour conséquence le silence de certains partis politiques. Ce fut le cas
avec Renaissance du Benin. La peur de discuter politique avec autrui pour
certains béninois aussi bien à Abidjan qu'au Benin a rendu
difficile voire impossible la rencontre avec plus de témoin. Il aurait
été possible d'évoquer le caractère ordinaire ou
extraordinaire de la marche vers la démocratie du Benin.
94
136Élu le 5 septembre 1960, Léopold
Sédar Senghor préside la toute nouvelle République du
Sénégal. Il est l'auteur de l'hymne national
sénégalais, le Lion rouge. Il démissionne de la
présidence, avant le terme de son cinquième mandat, en
décembre 1980. Abdou Diouf, Premier ministre, le remplace à la
tête du pouvoir, en vertu de l'article 35 de la Constitution. Sous la
présidence de Léopold Sédar Senghor, le
Sénégal a instauré le multipartisme ainsi qu'un
système éducatif performant.
95
ANNEXES
ANNEXE 1
96
97
ANNEXE 2
Entretien
Présentation du témoin
Nom prénom :
Age :
Fonction :
Nombre d'année au Benin
Dépuis quand êtes-vous au Benin ?
Appartenance politique ou
associative
Questions
Comment présentez- vous le
Benin ?
Pourquoi dit-on que le Bénin est une
démocratie ?
Quel est la particularité de cette
démocratie ?
98
Quel est le rôle de la société
civile ?
Qu'est ce qui explique l'alternance
paisible ?
Que voulez-vous ajouter sur tous ce qui a été
dit ?
Entretien avec le consul intérimaire
Présentation du témoin
Nom prénom :
Age :
Fonction :
Nombre d'année au Benin
Depuis quand êtes-vous au Benin ?
Appartenance politique ou
associative
99
Questions
Comment présentez- vous le
Benin ?
Pourquoi dit-on que le Bénin est une
démocratie ?
Quel est la particularité de cette
démocratie ?
Quel est le rôle de la société
civile ?
Qu'est ce qui explique l'alternance
paisible ?
Comment qualifier les relations entre les institutions ? et
pourquoi ?
Quel article permet au président de gouverner par
ordonnance dans la
constitution ?
100
Les président ont-t-il utilisé un tel article entre
1990 et 2006 ? quand et
pourquoi ?
Que voulez-vous ajouter sur tous ce qui a été
dit ?
Entretien avec la chefferie
Nom prénom :
Age :
Fonction :
Mandat
Mode d'accession au trône
Nombre d'année au Benin
Depuis quand êtes-vous au Benin ?
Appartenance politique ou
associative
Questions
Pourquoi dit-on que le Bénin est une
démocratie ?
101
Quel est la particularité de cette
démocratie 7
Quel est le rôle de la société traditionnelle
7
Qu'est ce qui explique l'alternance paisible entre 1990 et
2006 7
Qui est le chef traditionnel dans la
démocratie 7
Quel est son importance dans le renouveau démocratique
7
Quels sont les actes concrets posé entre les
différents chef d'Etat et les autorités tratiditionnelles
7
102
ANNEXE 3
Liste des présidents du Dahomey et du Benin de
1960 a 2006
numéro
|
NOM
|
Titre spécifique
|
Mandat
|
1
|
COUTOUCOU HUBERT MAGA
|
Président de la République
|
1er août 1960 27 octobre 1963
|
2
|
CHRISTOPHE SOGLO
|
Président du gouvernement provisoire
|
27 octobre 1963 25 janvier 1964
|
3
|
SOUROU MIGAN APITHY
|
Président de la République
|
25 janvier 1964 27 novembre 1965
|
4
|
JUSTIN AHOMADEGBE- TOMETIN
|
intérim
|
27 novembre
29 novembre 1965
|
5
|
TAHIROU CONGACOU
|
intérim
|
29 novembre
22 décembre 1965
|
6
|
CHRISTOPHE SOGLO
|
Chef de l'État
|
22 décembre 1965 19 décembre 1967
|
7
|
JEAN-BAPTISTE HACHEME
|
Chef du comité révolutionnaire
|
19 décembre 20 décembre 1967
|
8
|
IROPA MAURICE KOUANDETE
|
Chef de l'État
|
20 décembre 21 décembre 1967
|
9
|
ALPHONSE AMADOU ALLEY
|
Chef de l'État
|
21 décembre 1967 17 juillet 1968
|
10
|
ÉMILE DERLIN HENRI ZINSOU
|
Président de la République
|
17 juillet 1968 10 décembre 1969
|
11
|
IROPA MAURICE KOUANDETE
|
Chef de l'État
|
10 décembre 13
décembre 1969
|
12
|
PAUL-ÉMILE DE SOUZA
|
Chef de l'État
|
13 décembre 1969 7 mai 1970
|
13
|
COUTOUCOU HUBERT MAGA
|
Président du conseil présidentiel
|
7 mai 1970
7 mai 1972
|
103
14
|
JUSTIN AHOMADEGBE- TOMETIN
|
Président du conseil présidentiel
|
7 mai 26 octobre
1972
|
15
|
MATHIEU KEREKOU
|
Président de la République (1975)
|
26 octobre 1972 4 avril 1991
|
16
|
NICEPHORE SOGLO
|
Président de la République
|
4 avril 1991 4 avril 1996
|
17
|
MATHIEU KEREKOU
|
Président de la République
|
4 avril 1996
6 avril 2006
|
18
|
YAYI BONI
|
Président de la République
|
6 avril 2006
|
104
Sources et bibliographie
105
1- Sources orales
Nos principaux informateurs auxquels nous avons eu recours
à toutes les fois que nous rencontrons des difficultés pour
aborder des aspects donnés sur le processus démocratique au
Benin
NOMS ET PRENOMS
|
AGE
|
FONCTION OU STATUT
|
Sujet de l'entretien
|
Lieu
d'échange
|
Date
|
AGBAMATE Georges
|
60 ans
|
Délégué des ressortissants béninois
en côte d'ivoire
|
Le processus démocratique au
Benin
|
Abidjan, Port- Bouët Gonzagueville
|
10 septembre
2018
|
AGBENOU Benoit
|
60 ans
|
Porte-parole adjoint des Chef traditionnels du Benin
|
Le rôle de la chefferie dans la mise en place de la
démocratie
|
Parakou, Benin
|
18 octobre
2019
|
AHOYOGBÉ jean
|
56 ans
|
Président USPP
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Ouidah, Benin
|
09 octobre
2019
|
ALLEY Kassimou
|
45 ans
|
Secrétaire du Parti communiste du Bénin
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Cotonou, Benin
|
09 octobre
2019
|
ASSE Jeannette
|
|
attachée de consulat
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Abidjan, Cocody
|
20 septembre
2019
|
CHEIPO Anderson
|
50 ans
|
Porte-parole du chef de Parakou
|
Le rôle de la chefferie dans la mise en place de la
démocratie
|
Benin, Paarakou
|
18 octobre
2019
|
DOSSOU jean
|
42 ans
|
Prêtre
|
L'Eglise dans la mise en place de la démocratie au
Benin
|
Abidjan Cocody
|
16 décembre
2019
|
GANGORO Souambou
|
70 ans
|
Porte-parole de la chefferie traditionnelle
|
Le rôle de la chefferie dans la mise en place de la
démocratie
|
Benin, Paarakou
|
08 octobre
2019
|
HOUNGBÉDJI Adrien
|
78 ans
|
Président du PRD
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Benin, Paarakou
|
08 octobre
2019
|
OKE Maxime
|
36 ans
|
ENSEIGNANT
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Benin, Cotonou
|
20 janvier
2019
|
OUNGNIRO Nicole
|
38 ans
|
Présidente du groupement des femmes
|
Les piliers de l'alternance politique
|
Benin, Ouidah
|
08 octobre
2019
|
YÈBOU Raphaël
|
43 ans
|
Enseignant, Docteur en lettres modernes
|
Les piliers de l'alternance politique
|
|
10 octobre
2019
|
ZOHOUN Codjo Cervais
|
43 ans
|
Consul intérimaire du Benin en cote d'ivoire
|
Le processus démocratique au
Benin
|
Abidjan Cocody
|
20 septembre
2019
|
|
|
|
|
|
|
3- sources écrites
Décret N° 2006-073 du 02 mars 2006, portant Fixation
de la forme et du contenu des comptes de campagne des élections
présidentielles, législatives et communales ou municipales.
106
Décret N° 2001-037 du 15 févr.
2001, Fixant les dispositions de sécurité
des candidats aux élections présidentielles
Décret N° 1996-196 du 30 mai 1996 fixant la
fin de la mission de la Commission Électorale Nationale Autonome et les
modalités de conservation du matériel acquis dans le cadre des
élections présidentielles de Mars 1996.
Décret N° 1996-38 du 08 févr. 1996 portant
création d'une celIule de coordination des opérations de
Sécurité des Elections présidentielles de Mars 1996.
Décret N° 1991-011 du 23 janv. 1991, Portant
convocation des Electeurs pour les élections présidentielles des
10 et 24 Mars 1991.
Conférence nationale, rapport introductif,
république du Benin, 1990, 25p
République du Bénin, Les actes de la
conférence nationale, Cotonou, Édition Onepi,
février
1990,209 p.
République du Bénin, Institut National de la
Statistique et de l'Analyse Économique,
Caractéristiques socio-culturelles et
Économiques, 1992, 15 p.
République du Bénin, Loi nO 90-32 du 11
décembre 1990 portant constitution de la République
du Bénin, 42 p.
République du Bénin, Loi nO 2000-19 de janvier
2000 définissant les règles particulières sur
l'élection du président de la république
du Bénin, 4 p.
République du Bénin/organisation mondiale du
commerce, Examen des politiques
commerciales, 1996,95 p.
Ordonnance n° 90-001 portant abrogation de l'ordonnance
n° 77-32 du 09 septembre 1977
promulguant la loi fondamentale du 26 août 1977 de la
République du Bénin
L'ordonnance n° 90-0001 du 1er mars 1990 portant
abrogation de l'ordonnance n°77-32 du 9
septembre 1977 promulguant la loi fondamentale du 26 Aout 1977 de
la République populaire
du Benin
L'ordonnance n° 90-0002 du 1er mars 1990 portant
dissolution de l'Assemblée Nationale
Révolutionnaire
Décret n° 90-0003 du 1er mars 1990 portant
nouvelle dénomination de l'Etat.
L'ordonnance n° 90-42 portant dissolution du conseil
exécutif national, 1er mars 1990
LOI N° 2001-21 du 21 février, Portant charte des
partis politiques, 2003
107
- Ouvrage à valeur de source
Robert Dossou, l'audace, la vérité et
l'expérience, La Conférence Nationale : ce que j'en ai dit en
trente ans, Editions Ruisseaux d'Afrique 2020, 257p
BIBLIOGRAPHIE
- Ouvrages généraux portant sur la
démocratie
ADAMON, Afize, Le renouveau démocratique au
Bénin: la conférence nationale des forces
vives et la période de transition, Paris,
L'Harmattan, 1995,223 p.
ADAMON, Afize, Le renouveau démocratique au
Bénin. Les élections de la période de
transition. Cotonou, Édition du J.O.R.B, 1995,
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ADJOU, B. Moumouni, Pour un Bénin
métamorphosé : La Nation que nous voulons, Les
éditions du Flamboyant, 1997, 110 p.
AKINDES, Francis, Les mirages de la démocratie en
Afrique subsaharienne francophone,
Paris, Karthala, 1996, 246 p.
AMSELLE, J.L. et M'BOKOLO, Au coeur de l'ethnie, tribalisme
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2e édition, 1999, 225 p. Aron, Raymond,
Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965,370 p.
BANEGAS, Richard, La démocratie à pas de
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au Bénin, Paris, Karthala, 2003, 494 p.
BAYART, Jean-François, MBEMBE, Achille et COMI, Toulabor,
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p.
BEAUCHAMP, Claude, Démocratie, culture et
développement en /lfrique noire, Paris, L'Hannattan, 1997,363 p.
BURDEAU, Georges, La démocratie, essai
synthétique, Édition Lebèque et national office de
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à 2001, Paris, L'Hannattan, 2002, 163 p.
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108
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GHASSAN, Salamé, (dir.), Démocratie sans
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GOUMAZ, Max Liniger, La Démocrature-Dictature
camouflée-Démocratie truquée, Paris, L'Hannattan,
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JAFFRELOT, Christophe, (dir.), Démocratie d'ailleurs,
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démocratie ? France, Les éditions de l'Aube Bondy, 1999, 197
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démocratie sans les armes, Édition C.P, 1999, 352 p.
- Ouvrages généraux portant sur la
Politique, l'élection, l'institution et le multipartisme
ADAMON, Afize, Les élections législatives de
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ADJOVI, V. Emmanuel, Une élection libre en Afrique,
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Ebert Stiftung, 2000, 210p.
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418p.
BAYART, Jean-François, Ellis, Stephen et Hibou,
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Bruxelles, Complexe, 1997, 167 p. 137
BIERSCHENCK, Thomas ; les pouvoirs au pouvoirs : le Benin
entre démocratisation et décentralisation ; Éditions
KARTHALA, 1998 ; 300p
109
BOULAGA, F. ÉBOUSSI, Les conférences nationales
en Afrique Noire, Paris, Karthala, 1993,229 p.
CONAC, Gérard, (dir.), L'Afrique en transition vers le
pluralisme politique, Paris, Economica, 1993,517p. CONAC, Gérard,
Dreyfus, Françoise et Monteiro, Oscar José, (dir.), L'Afrique
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1995,358 p. COPANS, Jean, La longue marche de la modernité
africaine, savoirs-intellectuels, démocratie, Paris Karthala,
1998,373 p.
CORNEVIN, Robert, La république populaire du
Bénin. Des origines dahoméennes à nos jours, Les
éditions G.P. Maisonneuve et Larose, 1981,584 p.
DEBBASCH, Charles et PONTIER, Jean-Marie, Introduction
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1995,460 p.
DREYFUS, Françoise et D'ARCY, François, Les
institutions politiques et administratives de
la France, 3e édition, Paris,
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Réflexion hérétique sur les valeurs, les cultures et les
politiques d'aujourd'hui, Paris, Tacor, 1988, 125 p.
ÉTOUNGA, Daniel Manguelle, L'Afrique a t-elle besoin
d'un programme d'ajustement
culturel? 4e édition, Paris, Les
éditions Nouvelles du Sud, 1991, 153 p.
FRANCOIS, Constantin et COULON, Christian, Religion et
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GAGNON, Alain G. et Noël, Alain, (dir.), L'Espace
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GLELE Ahanhanzo, Maurice, Naissance d'un État
Noir-L'évolution politique et institutionnelle du Dahomey de la
colonisation à nos jours, Paris, LGDJ, 1969,537 p. GODIN, Francine,
Bénin 1972-1982: La logique de l'État africain,
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GONIDEC, Pierre-François, Les systèmes
politiques africains, 3e édition, Librairie générale
de droit et de jurisprudence EJ.A., 1997,242 p.
GONIDEC, Pierre-François, Les Organisations
Internationales Africaines, Paris, L'Harmattan, 1997,303 p. Gosselin,
Gabriel et Ossebi, Henri, (dir.), Les sociétés
pluriculturelles, Paris, L'Harmattan, 1994,143 p. 139
GOUDJO, B. Raymond, (dir.), Identités ethniques et
Intégration Nationale. Jalons pour une éthique de
l'intégration, Collection Xwefa, Les éditions du Flamboyant,
1997, 154 p.
110
HAZOUME, Landry Guy, Idéologies tribalistes et Nations
en Afrique: le cas dahoméen, Édition Présence
Africaine, 1972,230 p.
HENNET, Guy, Culture et démocratie, Paris,
Édition Albin Michel, 1993,242 p. IGUE, O.John et BIO, G. Soulé,
L'État entrepôt au Bénin, Paris, Karthala, 1992,
210 p. KAMTO, Maurice, Pouvoir et droit en Afrique Noire, Librairie
générale de droit et de jurisprudence, 1987, 545p.
KLEINE, Juan-Luis, Tremblay, Pierre André et Dionne,
Hugues, Au-delà du néolibéralisme, Québec,
Presses de l'Université du Québec, 1997,224 p. Lavroff, Georges
Dimitri, Histoire
des idées politiques depuis le XIXe siècle,
6e édition, 1986, 174 p.
LE CORNEE, Jacques, La Calebasse Dahoméenne ou Les
Errances du Bénin. Du Dahomey au Bénin, Tome ll, Paris,
L'Hannattan, 2000, 592 p.
LOUCOU, Jean-Noël, Le multipartisme en Côte
d'Ivoire, Édition Neter, 1992,213 p. ESOAVELOMANDROSSO,
Manassé, et FELTZ, Gaetan, (dir.), Démocratie et
développement-Mirage ou Espoir raisonnable? Paris, Karthala, 1992,
394 p.
MAPPA, Sophie, Pouvoirs traditionnels et pouvoir
d'État en Afrique, L'illusion universaliste, Paris, Karthala, 1998,
204 p.
MEDARD, Jean-François, États d'Afrique
Noire-Formation, mécanismes et crise, Paris, Karthala, 1991, 405
p.
MENY, Yves, (dir.), La politique du mimétisme
institutionnel-La greffe et le rejet, Paris, L'Hannattan, 1993, 285 p.
140
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1993, 385 p.
STARCK, Christian et FAVOREU, Louis, (dir.), La
constitution-Cadre et Mesure du droit, Collection droit public positif,
Paris, Economica, 1997, 195 p.
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Évaluation de la mise en oeuvre du multipartisme intégral et de
l'application de la charte des partis politiques au Bénin,
septembre 1999, 167 p. TEDGA, P.J.M, Ouverture démocratique en
Afrique Noire?, Paris, L'Harmattan, 1991,251 p. TSHIYEMBE, Mwayila,
État multinational et démocratie africaine, sociologie de la
renaissance politique, Paris, L'Harmattan, 2001,269 p.
.
111
- - Ouvrages généraux portant sur la
Economie, société et presse
BANIAFOUNA, Calixte, Quelle Afrique dans la mondialisation de
l'économie? Paris, Association Ligue-Harmattan, 1996,376 p. Bayart,
Jean-François, L'État en Afrique. La politique du ventre,
Paris, Fayard, 1989,439 p.
HOUNTONDJI, Paulin, (dir.), Économie et
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John, Le Bénin et la Mondialisation de l'économie.
Paris, Karthala, 1999,310 p.
FRERE Marie-Soleil, Presse et démocratie en Afrique
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OLADE, OkunJola Moïse Laleye, La décentralisation
et le développement des territoires au Bénin, Paris,
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SCHMITZ, G.J. et Gilles D., Le défi du
développement démocratique, Comment entretenir la
démocratisation dans les sociétés en développement,
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WADE, Abdoulaye, Un destin pour l'Afrique, Paris,
Karthala, 1989, 184 p. Yengo, Patrice, Identités et
démocratie en Afrique et ailleurs, Paris, L'Harmattan, 1997, 304
p
A. Mémoires et thèses
a) Mémoires
ADÉLAKOUN Corinne, les enjeux de la
démocratisation au bénin le regard de la presse privée
béninoise mémoire soutenue à l'université de
Montréal, mars 2008
SOME Constantin, pluralisme socio-ethnique et
démocratie : cas du Benin, mémoire soutenue à
l'université de Montréal (Québec), décembre
2009.
b) Thèses
SOUMANA Boubacar Le Parlement au Niger,
l'université lumière Lyon 2,Droit Public, Soutenue
publiquement le 24 mai 2016.
TOSSOU Makpéhou Rogatien ; MULTIPARTISME ET POUVOIR
POLITIQUE AU BENIN : 1951-2006 ; soutenue à l'Université
d'Abomey-Calavi 15 octobre 2010 ;
article en ligne
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12/02/2018
http://www.afrobarometer.orglpapers/afrobriefnoI7.pdf.
consulté le 12-08-2018.
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112
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consulté le 01-02-2019. Gbégnonvi, Roger, Les
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1995,69 p.
http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/059059.pdf...
consulté le 12/02/2018. Houngbo, Jean-Christophe. Scrutin du
dimanche 20 avril 2008 : un vote sanction pour Yayi Boni.
Quotidien béninois Le Matinal, du 22 avril 2008.
Consulté le 13 Avril 2020
http://www.blesshnet.com/hebergllaraignée/lesw2/modules.php?name=New&file=article&si
d=5199 ... consulté le 12/02/2018.
MAFORIKAN Agapit Napoléon, Thème : «
Promouvoir la justice et la paix dans un dialogue Social permanent et
persévérant » Panel sur le thème Justice et Paix
au Bénin : Un rêve, un souhait ou une réalité ?
le 23 avril 2015 In
www.politiqueafricaine.fr
consulté le 20-08-2019 Mayrargue, C ; Le caméléon
est remonté en haut de l'arbre : le retour au pouvoir de M.
Kérékou au Bénin ; Centre d'étude d'Afrique
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avec les élites politiques sur le maintien de l'Etat
démocratique. Science politique. Université de Bordeaux,
2014. Français. tel-01139880
114
Table des matières
Introduction
|
01
|
Partie 1 : Le contexte international et africain
|
17
|
Chapitre 1 : un contexte international marqué par
le vent de l'Est
|
19
|
I. La nouvelle politique soviétique et la chute du
mur
|
.19
|
1. La nouvelle vision soviétique des
années 1980
|
19
|
2. L'Allemagne, la chute du mur
|
21
|
|
II. 1989, l'année de la révolution en
Europe de l'Est et en Afrique
|
23
|
1. En Europe de l'Est
|
23
|
|
2. L'effondrement des régimes communistes et des
dictatures en Afrique
26
Chapitre 2 : Une situation intérieure explosive au
Bénin 30
I.La situation économique
délétère des années 1980 30
1. La banqueroute dès 1982 30
2. La restructuration et l'implication des PAS
31
II. La mobilisation sociale 33
1. La jeunesse estudiantine contre Kérékou
33
2. Le bras de fer de l'Eglise 34
Partie II : la base du renouveau démocratique
37
Chapitre 1 : L'organisation de la conférence
39
I- Le comité préparatoire 39
1. La mission du comité préparatoire
39
2. La question du quota 42
II. Les commissions techniques de la conférence
nationale 44
1. La commission économique 44
2. La commission des lois 45
115
Chapitre 2 : les décisions et la mise en place de
l'alternance 48
I- La fin du communisme au Benin 48
1. La dissolution du PRPB 48
2. La souveraineté par referendum 49
II. La mise en place de la transition démocratique
au Benin 52
1. Le chef de l'Etat de la transition et son nouveau
gouvernement 52
2. Le Haut Conseil de la République (HCR) pour le
contrepouvoir 56
Partie 3 : La mise en place des institutions
démocratiques 59
Chapitre 1 : La mise en place des institutions de
contre-pouvoir 61
I- L'assemblée nationale et le pouvoir judiciaire
du renouveau démocratique
61
1. Une assemblée nationale stable 61
2. Un pouvoir judiciaire indépendant
63
II. Une presse libre et l'autorité religieuse
67
1. La liberté d'expression de la presse
67
2. L'implication informel des élites religieuses
à la démocratisation du Benin
70
Chapitre 2 : la régularité des
élections et de l'alternance 73
I- La mise en place de la CENA 73
1. Un nouvel organe électoral .73
2. L'adhésion des partis politiques
76
II- La régularité et la paisible alternance
politique béninoise 78
1. La régularité et passivité des
élections présidentielles 78
2. Une paisible alternance politique au Benin depuis
1990 80
Conclusion 83
Annexes .87
Sources bibliographiques 96
|