UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
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ECOLE SUPERIEURE D'ECONOMIE APPLIQUEE (ESEA ex
ENEA)
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Département Aménagement du Territoire,
Environnement et Gestion Urbaine
(ATEGU)
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Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées en Aménagement,
Décentralisation et Développement
Territorial 2éme Année (DESS 2-ADDT)
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Mémoire de fin d'étude
Thème : Foncier et développement
territorial
Sujet :
Croissance urbaine et enjeux foncier dans le nord du
departement de Rufisque : Cas des communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague
Présenté par Sous la direction de
Mr. Alassane Niang Mr. Bara Mboup
Année académique : 2016 -2017
2
REMERCIEMENTS
Rendre grâce à Dieu est le premier des
invocations qui me vient à l'esprit après avoir terminé ce
travail. Un travail qui n'aurait jamais pu terminer sans l'appui de bonnes
volontés qui ont très tôt compris la complexité du
sujet et le vaste espace qu'il englobe.
En effet ,le foncier du aux nombreux scandales qu'il a eu
à engendrer dans notre zone d'étude est devenu un sujet difficile
à invoquer voir même tabou, donc je ne remercierai jamais assez
ceux qui m'ont facilité l'éprouvante opération
d'enquête de terrain .Aux différents chefs des villages
enquêtés , qui m'ont ouvert leur porte et ont rassuré les
populations à s'ouvrir à moi comme un confident . Je n'oubliais
pas la sincérité des promoteurs et courtiers de la zone qui m'ont
accordé leur confiance malgré la sensibilité de leurs
secteurs d'activités. Aux services techniques des communes qui ont su
être attentifs et patients à toutes mes demandes.
Je ne terminerais pas sans remercier certaines personnes qui
m'ont été précieux dans leur appui moral, technique et
financier.
A ma très chère mère qui a fait montre
d'une patience extraordinaire face à ce long parcours, semé
d'embuche et incertain.
A mon encadreur, d'un oeil avisé, m'a été
précieux dans ces conseils et orientations, A mon ami, mon frère
Djiby Sarr qui m'a aidé dans l'enquête de terrain.
A mon grand frère Abdou Karim Kane qui par des conseils
et ces mises à relations m'a permis de donner plus de profondeur
à ce sujet.
3
DEDICACES
Je dédie ce travail à mes frères et
soeurs et particulièrement à mon frère ainé Amadou
Ibra Niang qui a été un guide, un tuteur engagé durant
tout mon cursus scolaire et qui m'a été un précieux apport
dans la rédaction de ce mémoire de fin d'étude qui
malgré, une longue durée n'a cessé de m'encourager
à continuer.
A sa femme et à ses enfants qui m'ont fait montre d'une
gentillesse et d'une ouverture remarquable, mention spécial à mes
deux neveux Ibra Amadou Niang et Bill Clinton Diack.
4
SIGLES ET ABREVIATIONS
DGPU : Délégation
Générale des Pôles Urbains
DUA : Direction de l'Urbanisme et de
l'Architecture
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et
de la Démographie
ANAT : Agence Nationale de
l'Aménagement du Territoire
DSOS : Direction de Surveillance et de
Contrôle de l'Occupation du Sol
P.D.U. : Plan Directeur d'Urbanisme
ESEA : Ecole Supérieur de l'Economie
Appliquée
DDD: Dakar Dem Dikk
COMICO: Coopérative Militaire de
Construction
CNRF : Commission Nationale de Réforme
Foncière
APIX : Agence pour la Promotion de
l'Investissement et des Grands Travaux
LDN: Loi relative au Domaine National
HAMO: Habitation moderne
SOCABEG : Société
d'Aménagement de Bâtiment et d'Etudes Générale
SAFCO : Société Africaine de
Construction
CDC : Caisse de Dépôt et de
Consignation
CADL : Centre d'Appui au Développement
Local
PLD : Plan local de développement
FAHU : Fond d'appui à l'habitat
urbain
5
LISTE DES CARTES
Carte n° 1 : Situation
géographique 40
Carte n° 2 : Occupation du sol de la
commune de Tivaouane-Peulh- Niague 63
Carte n° 3 : Occupation du sol de la
commune de Bambilor 64
Carte n° 4 : Zone de conflit de
délimitations entre Bambilor et Rufisque-Est 98
Carte n° 5 : Zone de conflit de
délimitations entre Bambilor et Diamniadio .100
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : Présentation des
variables 24
Tableau n° 2 : Echantillonnage 27
Tableau n° 3 : Production maraichage
Tivaouane-Peulh-Niague 2018 : FPMN 42
Tableau n° 4 : Production maraichage
Bambilor Source : FPMN 42
Tableau n° 5 : Cités privés
et coopératives d'habitats dans les deux communes 52
Tableau no 6 : Statistique des
occupations du sol 57
Tableau n° 7 : coopératives
d'habitat impliquées dans le projet Namorra 105
LISTE DES PHOTOS
Photo n° 1 : Activités agricoles
dans les différents villages 50
Photo n° 2 : Les principales
activités d'élevages 52
Photo n°3 : Tableau, coopérative
d'habitat des agents de DDD, village de Mbeut 57
Photo n°4 : Deux parcelles agricoles
bornées destinées à l'habitat Tivaouane-Peul ..60
Photo n° 5 : Foret
déclassée de Mbeut 101
6
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n° 1 : Identité
ethnique des personnes enquêtées 38
Graphique n° 2 : Evolution de la
population 2013-2019 40
Graphique n° 3 : Populations qui
disposent de vergers 41
Graphique n° 4 : Catégorie socio-
professionnelle 46
Graphique n °5 : Personnes
enquêtés qui sont dans le secteur de l'immobilier ..46
Graphique n° 6 : Mode d'acquisition des
terres dans les deux communes ..79
Graphique n° 7 : Détention d'acte
de propriété par les personnes enquêtées. 80
Graphique n° 8 : Nature juridique des
terres de personnes enquêtées 82
Graphique n° 9 : Mode de
résolution de conflits fonciers des personnes enquêtées
.83
Graphique n° 10 : Pourcentage de femmes
et de jeunes qui ne disposent pas de terres 87
7
RESUME DU MEMOIRE
Dakar comme toutes les villes africaines, fait face à
une forte croissance démographique due aux déséquilibres
qui existent entre elle et le reste du pays. Cette croissance
démographique s'est répercutée sur le marché du
logement qui a flambé avec la hausse du prix du foncier dans le centre,
favorisant ainsi le déplacement des classes moyennes et des plus
vulnérables vers les périphéries ou le coût du
foncier est abordable. Les communes de Tivaouane-Peulh-Niague et de Bambilor ou
les travaux ont été mené, font partie des zones
périphériques qui sont les plus exposés par l'extension
dakaroise.
L'étude que nous avons menée a connu deux phases
essentielles de terrain : l'étude exploratoire et l'enquête
proprement dite. La méthode utilisée est constituée d'une
approche à la fois qualitative et quantitative. La taille de
l'échantillon a été déterminée sous un seul
critère qui était de choisir un nombre égal de villages
dans chacune des deux communes avec un pourcentage des ménages
enquêtés selon la méthode accidentelle. Les outils sont
l'entretien, l'observation directe, le guide d'entretien, le questionnaire et
les outils statistiques (graphiques et tableaux).
L'étude a fait ressortir l'impact de la croissance
urbaine sur le foncier notamment les changements sur les modes d'appropriations
avec 75 % des personnes enquêtées qui affirment détenir des
actes de propriété. Ainsi l'appropriation devient de plus en plus
privée et individuelle. Ces mutations sur les modes d'appropriation
donnent aussi aux communes un rôle prépondérant dans la
spéculation foncière via des actes de délibération
qu'elles délivrent, envions 51 % dans les deux communes, 48 % à
Tivaouane-Peulh-Niague et 52 % à Bambilor .L'importance des revenues
foncières dans le budget des communes explique le rôle
prépondérant de ces communes dans la spéculation
foncière dans la zone. Ces enjeux économiques et sociaux qui se
sont accentués, ont révélé d'autres acteurs et
créés une compétition entre ces derniers pour le
contrôle de la terre. Cette compétition est par
caractérisée des conflits. La violence de ces conflits,
démontre que le foncier est devenu une question de survie pour les
principaux acteurs dans la zone. Ces conflits dans cette zone, comme dans
presque tout le territoire sénégalais, font renaître le
débat sur les limites de la gouvernance foncière et des
incohérences dans les règles qui régissent le foncier.
Pour que ces limites et incohérences soient corrigées, des
recommandations ont été faites à l'endroit des acteurs
comme l'Etat, ses services déconcentrés et les
collectivités territoriales concernées.
8
SOMMAIRE
INTRODUCTION
|
.9
|
PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE
|
11
|
CHAPITRE I:REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
|
.11
|
CHAPITRE II:PROBLEMATIQUE
|
16
|
CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL
|
.19
|
CHAPITRE VI : CADRE OPERATOIRE
|
..22
|
CHAPITRE V : METHODOLOGIE
|
24
|
I. Justification du choix des sites
|
24
|
II. Choix de la méthode utilisée
|
24
|
III. Recherche documentaire
|
.25
|
IV. Population cible
|
25
|
V. L'échantillonnage
|
25
|
VI. La collecte des données
|
..27
|
VII. Les outils de collecte des données
|
27
|
VIII. Le travail de terrain
|
..28
|
IX. Le traitement des données
|
.29
|
X. Difficultés rencontrées
|
...29
|
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE
|
30
|
CHAPITRE I:BAMBILOR ET TIVAOUANE-PEULH-NIAGUE DES
COMMUNES -RURALES DANS
LA REGION DE DAKAR. 30
I. Cadre historique et géographique 30
CHAPITRE II:BAMBILOR ET TIVAOUANE-PEULH-NIAGUE DES
COMMUNES -RURALES EN
PLEINE CROISSANCE URBAINE. 45
I. Dynamique d'habitat et consolidation de l'usage d'habitat
45
II. Impact de la dynamique d'habitat sur les espaces agricole
51
CHAPITRE III:LES INSTRUMENTS ET ORGANES DE REGLEMENTATION
DU FONCIER 56
I. Les instruments de reglementations et de planifications
..56
II. Les organes de regulations et de gestions 66
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS 75
CHAPITRE I: LES DYNAMIQUES URBAINES : DES IMPACTS
MULTIPLES SUR LE FONCIER. 75
I. Impact sur les modes d'appropriations des terres 75
II. Impacts sur les habitats : la modernisation des habitations
82
III. Dynamique urbaine et segregation sociale dans l'acces a la
terre . 83
IV. Dynamique urbaine et competition entre acteurs economique
pour le controle du foncier... 85
CHAPITRE II:LES CONFLITS :
INDICATEURS DES ENJEUX FONCIERS. APPROCHES
TYPOLOGIQUE 87
I. Les conflits liés aux problèmes de
délimitation entre communes .87
II. Les conflits entre particuliers 94
III. Les conflits entre promoteurs et populations locales.
95
IV. Les conflits entre promotFeurs . 100
CHAPITRE
III:: DES CONFLITS REVELATEURS DE L'INEFFICACITE DE LA GOUVERNANCE
FONCIERE ..104
I. L'inefficacite des outils reglementaires .104
9
II. L'incoherence des politiques territoriales en matiere
fonciere
|
..107
|
CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS
|
..114
|
CONCLUSION
|
117
|
BIBLIOGRAPHIQUES
|
.120
|
ANNEXE
|
..124
|
TABLE DES MATIERES
|
129
|
INTRODUCTION
La croissance urbaine est l'accroissement de la taille et de
la population des villes. Les villes grandissent en consommant l'espace
situé dans leur marge grâce à l'habitat, aux zones
d'activités et à la création d'équipement et
d'infrastructure. Elles grandissent également par l'accroissement
démographique avec comme cause naturelle ou migratoire.
Dans les pays africains, ce processus d'urbanisation s'est
accéléré à cause des caractéristiques des
villes africaines qui exercent une attractivité sur leur hinterland et
leurs autres régions. Cette attractivité est
révélatrice des déséquilibres qui existent entre
ces villes et l'intérieur de leur pays. En effet, ces grandes villes
concentrent presque toutes les fonctions politiques, économiques et
regroupent toutes les infrastructures et équipements ce qui a comme
conséquence le déplacement important des populations rurales vers
ces villes.
Ces populations s'installent dans les
périphéries les plus proches pour profiter des
opportunités que ces villes offrent. Cette migration urbaine finit par
créer une croissance incontrôlée. Le Sénégal
n'échappe pas à ce phénomène de croissance urbaine
dans un contexte de crises économiques avec les plans d'ajustement
structurel et la sècheresse de 1970. Malgré qu'elle occupe un
espace très réduit par rapport à l'ensemble du territoire
Dakar, sa capitale connaît une croissance urbaine rapide qui est de 6 %.
Cette situation s'explique par un croit naturel important de la population et
ensuite par une migration venue non seulement des autres régions du
pays, mais également de l'ensemble de la sous-région. Aujourd'hui
Dakar compte une population estimée à 3 835 019 d'habitant. Cette
forte démographie se concentre sur 0,28 du territoire environ 550 km2
accentuant ainsi les besoins en matière d'habitat d'où les
très pressions sur les ressources foncières. L'accès au
logement est devenu un enjeu réel dans la région de Dakar. Les
questions d'habitat constituent pour tous les acteurs, des défis majeurs
à relever dans la mesure où l'essentiel des terrains
appartiennent à l'Etat. Ces terrains immatriculés ont
été affectés à des sociétés
immobilières publiques et privés dans des zones
10
urbaines ou le coût des parcelles est hors portée
des couches défavorisées. Cette politique d'exclusion pousse
cette catégorie sociale à s'installer dans les
périphéries ou le coût de la parcelle est relativement
bas.
Cette situation, accentuée par l'amenuisement des
réserves de terre dans le centre-ville de Dakar, oblige les promoteurs
immobiliers à s'adapter et à se ruer vers les zones
périphériques qui font l'objet d'une forte pression
foncière.
Ainsi, l'intérêt porté vers les
périphéries entraine la consommation d'importants espaces qui se
fait au détriment des réserves de terres utilisées pour
des activités agricoles. De ce fait, les superficies
dédiées à l'agriculture et aux espaces verts se sont au
fil du temps réduites au profit du bâti. Cet impact du bâti
est plus ressenti dans le département de Rufisque, qui détient la
plus importante réserve de terre de la région de Dakar. En effet,
l'impact du bâti dans le département de Rufisque est
accentué par la présence d'infrastructures routières
telles que l'autoroute à péage et par l'érection dans la
zone des pôles urbains et touristiques. Ces dynamiques urbaines sont plus
ressenties dans la partie nord du département de Rufisque avec les
communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague qui font partie des communes les
plus exposées par la croissance urbaine.
Ces deux communes font face à d'importantes mutations,
ce qui nous pousse à nous poser comme questions :
Si les dynamiques urbaines ont joué un rôle
majeur les mutations que nous observons sur le foncier des deux communes ?
La recrudescence des conflits fonciers dans la zone, ne
révèle-t-elle pas des insuffisances dans la gouvernance ?
Ces insuffisances dans la gouvernance, sont-elles des
obstacles au développement des deux communes ?
Pour répondre aux questions et mieux aborder ce travail
de recherche nous allons établir le plan suivant :
D'abord, nous allons commencer par la première partie
qui concerne le cadre de référence. Cette partie est
composée de la problématique, de la revue critique de la
littérature, du cadre théorique et conceptuel, du cadre
opératoire et de la méthodologie.
11
Ensuite, la présentation du cadre d'étude va
suivre notamment l'avancée du bâti et la réduction des
espaces dans les communes de Bambilor, Tivaouane-Peulh-Niague. En ce qui
concerne la zone, nous insistons sur les aspects aussi bien historiques,
physiques, humains, qu'économiques.
Enfin, nous procédons à l'étude des
communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague dans une dynamique de
centralité.
PREMIERE PARTIE : CADRE DE
REFERENCE
Chapitre I: REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Plusieurs auteurs se sont prononcés sur les questions
de croissance urbaine et des enjeux fonciers, il y en a parmi eux qui ont
travaillé dans la zone des Niaye et particulièrement les communes
ciblées. Ces auteurs se sont appuyés dans leurs réflexions
sur le transport, la démographie, les coûts fonciers, et
même l'action des pouvoirs publics pour expliquer les facteurs
d'étalements désordonnés des villes et leur croissance
dans leurs périphéries. Ainsi, le développement du
transport et des infrastructures routiers sont à prendre en compte pour
expliquer l'étalement de la ville sur sa périphérie, ce
qui cadre bien avec les nouvelles lignes de transports qui relient notre zone
d'étude et les axes routiers qui facilitent son accessibilité.
Pour Wackermann (2000) l'extension des transports dans les zones les plus
reculées et la motorisation individuelle constitue aussi un facteur
d'étalement urbain dans les périphéries, ces deux points
facilitent l'accessibilité au centre et encouragent les populations
à s'installer dans les périphéries.
12
Au-delà d'être un facteur de l'étalement
urbain, le transport peut aussi être un facteur de développement
économique dans les zones rurales. Diabang Ndeye Fatou (2014) dans son
mémoire sur « l'impact du système de transport dans le
développement socioéconomique de Bambilor » a rappelé
l'importance des infrastructures routières dans une zone à forte
urbanisation. Ces infrastructures jouent un rôle important dans le
développement de la filière agricole avec le transport des
produits agricoles vers les villes alentours, cela renforce la vocation
agricole de la zone.
Le déplacement de la population rurale vers les villes
est aussi un facteur explicatif de l'étalement des villes. Les jeunes et
les femmes sont plus concernés, ils sont majoritaires à migrer
vers d'autres horizons, en ville notamment. Ces jeunes et femmes sont victimes
d'une discrimination due au « caractère patriarcal de
l'exploitation familiale dominée par le chef de concession qui ne leur
permettent pas l'accès à la propriété
foncière et la liberté d'user de la terre à leur guise
» (M. Bara 2012, p 197). Dans le cadre des villes africaines, P.
VANNETIER (1991), auteur de plusieurs ouvrages sur l'Afrique, souligne un
aspect fort important propre aux villes africaines et sur le rôle de la
ville comme réceptacle des espoirs des ruraux. Selon lui, les
néo-citadins sont pour la plupart accueillis par des parents proches
dans les quartiers populaires péricentraux, un phénomène
bien connu en Afrique. Les citadins, quant à eux, sont animés par
le souci d'être propriétaire d'une parcelle, du coup de nouveaux
quartiers apparaissent, alimentant ainsi l'extension périphérique
des villes. Ngom Cheikh Abdou Lahat (2013) dans son mémoire sur «
l'urbanisation et problématique de l'aménagement urbain dans la
périphérie de Dakar : le cas de la localité de
Tivaouane-Peulh-Niague » est revenu sur l'impact de la croissance
dakaroise sur la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. Les causes de la
périurbanisation dans cette zone sont dues selon lui à deux
facteurs, la poussée démographique locale et la croissance de
l'agglomération dakaroise. Mais les raisons qui ont poussé
l'arrivé massif des citadins dans la zone de Tivaouane-Peulh-Niague sont
dues au coût abordable du foncier, à la volonté des
populations de disposer d'une propriété individuelle, mais
surtout de la décision des pouvoirs politiques de reloger certaines
personnes déplacées ou sinistrées.
En outre ces facteurs explicatifs l'étalement urbain
dans ses périphéries ne se fait pas sans impacts .Les impacts
touchent le secteur agricole. Dans la périphérie nord les espaces
résidentiels se substituent aux terroirs agricoles. De nouveaux morceaux
de villes émergent dans les terroirs de Kounoune, de Niacoulrap et de
Tivaouane Peulh M. Diongue (2010).
13
Y .Diallo(2014) dans sa thèse sur « Dakar,
métropole en mouvement. Recomposition territoriale et enjeux de la
gouvernance urbaine à Rufisque » est revenu sur l'impact des
dynamiques urbaines dans le département de Rufisque surtout sa partie
nord, qui risque de perdre sa vocation agricole et « bientôt
qualifiée d'ex-grenier des villes ». Cette situation
s'explique par l'extension géographique des agglomérations qui se
fait avec l'absorption de zones rurales, cette absorption dérègle
toute une chaîne. Ainsi, l'incidence de la croissance
démographique sur le foncier périurbain se traduit par la
progression du front d'urbanisation et le recul de l'espace agricole.
Les espaces agricoles serviront de socle pour le bâti P.
DUBBY (1991). Ainsi cette transformation du terroir agricole en terrain de
construction impact sur l'activité des producteurs locaux et fait
émerger d'autres activités qui démontrent les
capacités d'adaptation des populations. Certains jeunes ont aujourd'hui
davantage recours aux activités non-agricoles telles que la
maçonnerie et la fabrication des briques cuites, afin de
conquérir le marché de construction créé par cette
nouvelle donne.
Également, la périurbanisation et
l'étalement urbain ont des effets négatifs sur l'environnement et
le milieu naturel. Les atteintes de l'urbanisation sur l'environnement sont
incontestables. A.T.Diagana (2013) dans son mémoire : « Analyse des
effets de la périurbanisation dans les zones humides : cas de la
communauté rurale de Bambilor » explique comment l'étalement
urbain impacte négativement sur l'équilibre écologique de
la zone. Les dunes de sable sont exploitées et utilisées dans les
constructions d'infrastructures. Ainsi le sable fin des dunes intérieurs
et des côtières sont prélevés jusqu'à leur
épuisement. Ces prélèvements abusifs transforment
certaines carrières en bassin de rétention d'eau. Alors que les
prélèvements le long de la cote détruisent la bande de
filao et favorise l'érosion côtière. Cette
artificialisation des sols conduit également à des inondations.
Mbow Dame (2014) l'évoque dans son mémoire « la croissance
urbaine et des enjeux fonciers dans la commune de Bambilor, avec comme cas le
conflit sur le TF R.1975 ». En effet, dans cette commune de Bambilor,
l'installation sur d'anciens marigots et l'occupation par les constructions des
voies de passage des eaux sont l'une des causes des inondations. Plusieurs
cités construites sur d'anciens marigots, sont inondées en
période d'hivernage.
Cependant « la présence du sol Dior favorable
à l'urbanisation explique le dynamisme démographique de la
périphérie nord ». Le sol Dior réputé
moins inondable, encourage même cette quête effrénée
du logement par les populations d'où la forte spéculation
foncière dans la zone. Ainsi le foncier en plus d'être une
nécessité devient de facto un instrument de
14
convoitise. De l'avis de M. PAGES (1980) qui apporte un autre
aspect particulier résultant de la privatisation des sols : «
c'est la spéculation qui défavorise le logement social et
repousse la population hors des limites de la ville ». Ainsi
poursuit-il, « cela conduit à une opposition très
prononcée entre villes légale conforme aux textes et ville
réelle plus large qui fait fi aux logiques urbanistiques. Les
autorités refusent encore d'y investir du fait des risques (cuvettes,
zones inondables...) et du coût élevé, mais contraints tout
de même de la régulariser par l'octroi de titre foncier, si elles
veulent disposer davantage de fiscalités ».
Y .Diallo(2014) relève cette impuissance de l'Etat dans
la partie Nord du département de Rufisque, disant que « la
tentative de l'Etat de faire une main mise sur ses terres de cet ensemble
territorial en les affectant aux paysans regroupés en section rurale a
très vite montré ces limites dans la mesure où le
mouvement de colonisation amorcé par les citadins s'est étendu
sur une large part des terres ».Seulement En essayant de s'approprier
de la gestion foncière des espaces ruraux périurbains, l'Etat
soustrait aux instances locales leur légitimité dans la
maîtrise foncière. Mais cette lutte d'autorités, cache
également un système de dépossession des terres au
détriment des populations locales.
En effet les pratiques des monarchies anciennes, surtout
celles de Cayor en vue de satisfaire sa clientèle politique s'est
substituée à cette lutte dans la gestion des terres. Cette
pratique n'est pas rompue elle est aujourd'hui perpétuée par
l'Etat moderne pour un même objectif, satisfaire aussi « la
clientèle politique en vue de la reproduction du pouvoir » (M.
Bara ,2012).
Mbow Dame (2014) confirme cette thèse d'accaparement
des terres à Bambilor à travers l'étude qu'il a fait sur
le conflit du domaine général Chevance Berthin .En effet, selon
lui le domaine qui englobait les 7 villages dans la commune Bambilor a
été exproprié par l'Etat et revendu à des hommes
d'affaires, des promoteurs immobiliers, et même des députés
et en méprisant des exploitants agricoles locaux natifs de la zone
menacés d'expulsion sur des terres hérités de leurs
ancêtres. Y. Diallo (2013) abonde dans le même sens tout en
relevant les pratiques rentières des citadins sur les terres qui se
situent dans les périphéries « le paradoxe est que
l'écrasante majorité des citadins ont pour seul objectif de se
procurer de vaste espaces afin de les parcelliser et de les revendre dès
qu'une opportunité d'une hausse de la valeur du foncier s'offre à
eux. Ainsi de grands commerçants et de cadre supérieur de la
fonction publique, privée et de professions libérales ont
réussi à s'accaparer une plus grande part des terres sans se fier
aux exigences des autorités ».
Même si leurs réflexions ont été
fécondes et pertinentes, les auteurs n'ont pas abordé la
problématique des limites entre les collectivités territoriales
surtout que le découpage administratif de 2011 qui a bouleversé
l'équilibre de la zone, du point de la cohérence
15
territoriale. La reconfiguration du département n'a
été que très peu effleurée même si Y. Diallo
(2013) a abordé dans un angle totalement centré sur la ville de
Rufisque et ses influences sur ses périphéries. Il aurait
été plus pertinent de l'actualiser avec une vue globale
axée sur l'équilibre du département avec les projets
actuels de l'Etat prônant de nouveaux centres autres que la ville de
Rufisque qui décline, ce que M .Diongue (2010) a évoqué
dans son ouvrage : Périurbanisation différentielle : mutations et
réorganisation de l'espace à l'est de la région dakaroise
(Diamniadio, Sangalkam, Yène) même si là aussi l'avenir des
vieilles villes Bargny et Rufisque qui font face à l'avancée de
la mer n'a été que peu abordé. En outre, c'est une partie
de ces difficultés qui touchent le foncier que la commission nationale
de la réforme foncière (2016) a voulu corriger dans son document
de politique foncière adressée au président de la
République. La CNRF a émis une batterie de recommandation en
fonction des zones rurales et urbaines.
Mais au-delà des imprécisions notées sur
beaucoup de points dans le Document de Politique Foncières, les
recommandations de la CNRF n'ont porté que très peu
d'intérêt sur la question du littoral. La commission n'a pas
jugé peut-être pertinente de faire un parallélisme entre
les communautés ces pécheurs vivant sur les terres du littoral,
comme elle l'a si bien fait avec les communautés paysannes et leur terre
de leur terroir. Cette omission s'expliquerait par la rédaction de la
loi sur le littoral qui devait être adopté en même temps que
celle sur le foncier après les travaux de la commission. Mais cette
volonté n'est restée que dans un cadre d'annonce. Dans ses
recommandations, la CNRF ne prend pas aussi en compte la capacité des
communes à se départir des ressources tirées du foncier,
surtout, celles qui n'ont que ces revenues pour rester viables.
En effet, l'obligation de ces communes à exploiter ces
sources de revenues tirées du foncier fait face à la
nécessité de pérenniser les activités agricoles
surtout dans les communes à caractères rurales situées
dans les périphéries des grandes villes qui ont une croissance
urbaine rapide et une forte consommation foncière. Ce paradoxe posera la
question de l'efficacité de la protection des activités agricoles
telle que préconisée dans les recommandations de la CNRF. Les
recommandations avaient omis aussi l'importance de rendre l'activité
agricole bénéfique aux communes à telles sortes qu'elle
puisse être une source de revenue pour elles. Ce qui pouvait permettre
à ces communes de tirer des revenues alternatives et trouver ainsi un
intérêt financier à protéger les activités
agricoles et protéger les espaces agricoles.
16
Chapitre II: PROBLEMATIQUE
La gouvernance centralisée, héritée de la
colonisation, s'est accentuée après les indépendances,
elle n'était pas que politique, elle était aussi administrative
et surtout infrastructurelle. Dans les Etats africains, tout était
concentré dans la capitale au détriment du reste de leurs pays,
les services, les infrastructures, etc. Cette centralisation s'est
renforcée dans un contexte de tensions politiques et économiques,
aggravées par le programme d'ajustement structurel (P. A.S.) et la
grande sécheresse de 1970. Ce qui a favorisé une
répartition déséquilibrée de leurs populations dans
leur territoire avec un important afflux des populations rurales vers les
grandes villes. Dakar n'a pas échappé à ce
phénomène, elle est depuis plusieurs années le
réceptacle de l'espoir des ruraux, essentiellement composés
d'agriculteurs qui ne veulent plus faire face aux crises
répétitives dans le secteur de l'arachide et surtout
dépendre des saisons de pluies capricieuses.
La capitale Dakar est un paradoxe, Dakar à l'image des
autres villes subsahariennes, se caractérise par une concentration des
infrastructures et des services au détriment du reste du pays qui est
dépourvu de tout. Malgré l'espace moins important qu'elle occupe,
sa forte démographie qui reste la plus élevé du pays, ne
cesse d'accroître sous l'exode successif de ruraux à la recherche
du miracle. Avec 0,28 % de la superficie totale du pays, elle est la
région qui a la plus petite superficie du Sénégal, mais
elle représente plus de 25 % de la population nationale, environ 3 429
370 habitants en 2016. Le rythme d'accroissement démographique
extrêmement rapide de 5,6 % par an sur ce petit espace, fait qu'elle est
aujourd'hui confrontée à de nombreux dysfonctionnements :
embouteillage, pollution, quartiers mal-lotis, habitation précaire,
pauvreté, gestion urbaine inefficace.
Le centre-ville de Dakar est un champ de bataille lorsqu'il
s'agit d'y installer ou d'y trouver un emploi. Son attractivité et son
influence sur les autres villes secondaires, lui ont causé des maux
auxquels il est aujourd'hui confronté. Parmi ses difficultés,
l'accès à la terre occupe une place importante, il devient une
nécessité pour la majorité des Dakarois.
Le foncier n'existe plus au centre, voir se fait rare,
à cause, d'une forte densité et la concentration de tous les
services relevant de facto le coût des rares lopins de terre disponibles.
Cette situation a fini par provoquer un mitage urbain dans les zones
périphériques surtout la banlieue mettant un frein à de
possibles aménagements dans des zones la plupart mal-lotis, il en est
ainsi de Pikine, Guédiawaye et Parcelle-assainies qui sont la
conséquence
17
d'expulsion d'une certaine catégorie sociale d'un
centre devenu saturé. Ces nouvelles zones, des quartiers populaires, la
plupart, se caractérisent par des habitats spontanés, avec des
constructions sur des lieux qui étaient considérés jadis
comme non-aedificandi d'où les causes d'inondations, difficultés
d'accès, absence de système d'assainissement.
Aujourd'hui à cause du relèvement du niveau de
vie des populations de la banlieue, la logique de la starification sociale qui
régissait l'occupation de l'espace est en train de connaître une
mutation profonde. En effet, ce changement de statut trouve sa source dans le
regard qu'on porte de la banlieue dakaroise qui n'est plus vu comme un nid
exclusivement réservé aux couches défavorisées.
Mais cette mutation est également facilitée par
un processus de désengorgement du centre-ville avec plus de services et
d'infrastructures routières connectées aux villes secondaires et
aux périphéries. La préférence des zones
périurbaines par les populations urbaines a été
facilitée de ce fait, par l'accessibilité du centre, mais surtout
du coût relativement faible du foncier dans le périurbain par
rapport au centre-ville.
Le département de Rufisque est aujourd'hui le
département le plus sollicité en matière d'habitat, du
fait qu'il a le plus important réserve de terre de la région de
Dakar. Dakar s'asphyxie de son centre et englobe progressivement l'espace du
département de Rufisque. La volonté de l'Etat du
Sénégal de désengorger Dakar à travers la
création de pôles de Diamniadio et Lac Rose et la construction de
l'autoroute à péage n'ont fait qu'accélérer ce
processus. Les collectivités territoriales qui sont dans les
périphéries de la ville de Rufisque subissent aujourd'hui une
forte demande foncière. Ces nouvelles communes autrefois des
communautés rurales, espèrent recouvrir une autonomie
financière avec l'Act 31, en profitant de la soudaine
attractivité du département. Elles diversifient leurs sources de
revenus grâce à la création et l'installation des
établissements privées.
Notre sujet, va porter sur l'impact de la croissance urbaine
dans le Nord du département de Rufisque précisément sur
les communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh- Niague. Ces deux communes qui
font partie des 4 Communes qui constituent le Nord du département de
Rufisque2.
Si la forte demande foncière ne fait qu'accroître
la place des recettes du foncier sur le budget de ces deux communes, par contre
dans d'autres communes du département, le foncier est si
1 L'acte 3 a consacrée l'autonomie
financière des collectivités territoriales avec plus de
compétences
2 Sangalkam, Bambilor, Tivaouane-Peulh-Niague et Jaxaay Parcelles
Niacoulrap
18
rare qu'il devienne une nécessité. Des villes
comme Rufisque et Bargny ont presque épuisé leurs réserves
foncières et sont poussées par une mer agressive à
grignoter les réserves des autres communes limitrophes.
Ainsi, l'espace vert qui limitait la commune Rufisque-Est et
Bambilor est presque occupé malgré la résistance de
quelques petites parcelles de champs. L'autoroute à péage qui
fait office aujourd'hui de nouvelles frontières, n'empêche
guère des conflits fonciers. Cette situation est similaire dans la
commune de Bargny où la Sococim est constamment en conflit avec la
commune pour des questions foncières, notamment sur l'extension de ses
mines de carrières vers le Nord-Ouest.
Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague font partie des communes
qui détiennent les plus grandes superficies du département. Elles
font l'objet d'une très forte pression foncière.
L'immensité de leur réserve foncière et l'absence de
secteurs porteurs de sources de revenus, placent le foncier comme principale
source de revenue de ces communes.
Les enjeux fonciers ne tournent pas qu'autour des
collectivités locales, la vocation agricole de la zone fait des
agriculteurs et la population locale, des acteurs aussi importants que les
collectivités locales. Dans un contexte marqué par la
spéculation foncière, la transformation d'espace autrefois
destinée à l'agriculture en lieu d'habitation ne peut que les
impliquer et les mener vers une mutation irréversible. Les enjeux
fonciers sont aujourd'hui une évidence dans toutes les communes qui ne
prennent pas le risque d'enclencher leur mue pour se mettre en phase avec les
possibilités qu'offre l'Acte 3. Les reformes foncières et surtout
les nouveaux droits insérés dans la constitution de 2015 qui
donnent une place importante aux populations locales quant à la gestion
de leur ressource locale.
Cependant, ces différentes reformes tardent à
surmonter les contraintes sociales, politiques, économiques et
culturelles qui prévalent toujours dans certaines zones ou les
réalités restent encore en déphasage avec les normes
édictées par l'Etat. Les enjeux révèlent aussi le
paradoxe dans les politiques menés par l'Etat. L'Etat fait face à
un dilemme qui est à la fois la nécessité de concentrer sa
politique de logement dans le département de Rufisque et l'obligation de
maintenir simultanément l'équilibre écologique de la
région de Dakar en préservant surtout la vocation agricole de la
zone des Niayes qui englobe la partie Nord-est du département de
Rufisque. Ce qui soulève l'intérêt même de notre
sujet qui met l'accent sur la spécificité de notre zone
d'étude, qui en dehors de faire partie des Niaye avec sa vocation
agricole, est aussi une zone considérée comme le cordon de
l'équilibre écologique de la région de Dakar. En effet,
19
les communes de Bambilor et Tivaouane- Peulh-Niague ont la
particularité d'être des zones qui disposent encore des
réserves de terre. Mais elles constituent aussi une importance cruciale
pour la préservation de l'équilibre écologique de la
région de Dakar.
L'autre intérêt réside sur l'importance du
département de Rufisque dans la politique du régime actuel vu les
importants projets et les investissements qui y ont été
consentis.
L'impact de ces projets (pôles urbains de Diamniadio et
Dakhakolpa, pôle touristique de Lac Rose et l'autoroute à
péage Dakar-Diamniadio) sur le foncier de notre zone d'étude
mériterait d'être évoqué. Ainsi, il serait pertinent
face à cette réelle attractivité de s'interroger sur le
système d'acquisitions des terres dans notre zone d'étude ?
D'analyser l'efficacité des règles directes et
indirectes qui régissent le foncier? D'étudier les conflits
fonciers qui existent dans ces localités, leurs causes et leurs
manifestations.
CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL I. Cadre
conceptuel
- Foncier :
Le foncier provient du vocabulaire juridique occidental, il
est issu de l'ancien mot français fond, ce dernier remonte au terme
gallo-romain fundus qui désigne le fond de la nature de toutes choses.
Ayant valeur d'un adjectif, le foncier désigne les rapports de droits
entre les personnes et un fond de terre. On parle donc du foncier comme
l'exploitation, l'imposition d'un fond de terre par un ou un groupe de
personnes, chefs coutumiers, etc. Le foncier révèle le rapport
entre l'homme et son espace. Cette conception du foncier a été
reprise par le dictionnaire Brunet qui le défini comme « l'ensemble
des terres vues sous l'angle de leurs appropriations et de leurs occupations.
»
- Croissance urbaine :
La croissance urbaine est une extension des villes qui trouve
le plus souvent son origine à travers l'augmentation de la population
urbaine, d'où le phénomène d'urbanisation. En
20
s'étendant, les villes ont tendance à s'aplatir
(les habitations ont moins d'étages.) et à provoquer une hausse
du prix du foncier. Les terres agricoles situées aux alentours des
villes sont souvent les plus touchés. De plus en plus de personnes
viennent vivre en ville. Les causes de ce déplacement sont
différents .Dans les pays développés la
mécanisation de l'agriculture a entraîné une diminution des
besoins en main-d'oeuvre dans les campagnes. Ainsi beaucoup de ruraux sont
contraints de rejoindre les centres urbains en espérant trouver du
travail (phénomène de la prolétarisation). Alors que dans
les pays du Sud surtout en Afrique, ce déplacement est le
résultat d'importants déséquilibres entre les villes et
les campagnes. Ces villes souvent celles qui centralisent le pouvoir,
concentrent les équipements, les infrastructures et toutes les fonctions
économiques se rendant incontournables aux yeux des ruraux. Ce
phénomène participe à l'augmentation de la population
urbaine de ces pays en voies de développement qui croît
très rapidement. Ainsi les plus grandes villes des pays en
développement rattrapent ou dépassent en taille celles des pays
développées. Nombre de ces néo-urbains vivent dans des
bidonvilles.
- Enjeu foncier :
L'enjeu est ce qui est mis en jeu et qui implique un gain ou
une perte. Aborder l'enjeu foncier, c'est relever les défis qui
entourent aujourd'hui le foncier.
Dans le monde et plus particulièrement dans les villes
africaines Parler des enjeux fonciers revient à identifier les
difficultés rencontrées sur la question foncière urbaine
et les éventuelles possibilités d'amélioration et de
gestion afin de répondre aux besoins des habitants. En d'autres termes,
si le foncier se résume comme étant les rapports sociaux qui se
nouent autour de l'appropriation, l'usage et l'utilisation du sol. Les enjeux
fonciers peuvent être considérés comme la pluralité
dans la perception de l'usage du sol. Cela est souvent à l'origine de
multiples conflits d'ordre social, économique et juridique.
En effet si dans les villes occidentales des moyens et
mécanismes ont permis aux autorités de faire face à
l'urbanisation et à la demande foncière qu'elle engendre. Les
villes africaines, par contre, ont connu un rythme d'urbanisation très
accélérée qui ne joue pas en faveur d'une distribution
juste et équitable des terres. Ainsi, la question primordiale de
l'accès à la terre revient au premier plan. Actuellement, le
statut du foncier évolue et se transforme en permanence avec
l'urbanisation. On passe ainsi de la propriété collective
à la propreté individuelle encore appelée « familles
élémentaires », rencontrée un peu partout dans les
21
grandes villes africaines. Cela contribue ainsi à
accentuer la pression foncière dans ces villes comme en
témoignent les litiges fonciers qui ont surgit lors de ces
dernières décennies dans les zones de fortes concentrations
urbaines.
- Espace agricole
L'espace agricole est constitué d'espaces
cultivés, aménagés, clôturés ou
surveillés afin d'interdire l'accès à la zone. Ces champs
peuvent se trouver sois sur une terre villageoise, familiale ou personnelle.
Nous pouvons recenser dans cette catégorie les jardins maraîchers,
les vergers, les périmètres irrigués villageois ou
privés BARRIERE (1996). Les espaces agricoles peuvent permettre de
différencier les empiétements ou les atteintes qui touchent
l'activité agricole et diminue son espace, c'est pourquoi, on parle de
"colonisation agricole généralisée" dans les zones rurales
qui peut provenir de l'accroissement démographique, à l'extension
des cultures de rente et à la réaction des agriculteurs à
la baisse de la fertilité des sols ou à la sécheresse.
Cela se traduit par un empiètement progressif de l'espace agricole sur
l'espace pastoral et de nouvelles formes d'organisation de l'espace. Dans un
contexte de croissance urbaine, les empiétements dans l'espace sont plus
dus à l'avancée du bâti que de l'espace qui se voit lui
aussi menacer.
- Conflit foncier et litige foncier :
Un conflit est une situation d'affrontement par rapport
à des enjeux précis, individuels ou collectifs. De ce fait, des
divergences apparaissent entre les différentes parties concernées
qui mettent alors en place diverses stratégies et tactiques pour arriver
à leurs fins. Celui-ci représente un moment
privilégié de l'échange d'informations diverses par
l'usage de la parole entre les parties directement concernées, mais
aussi entre celles-ci et les différents acteurs qui interviennent
à un moment ou à un autre dans le processus.
Un conflit foncier comme son nom l'indique tourne autour de la
terre. Il y a conflit foncier lorsque les intérêts individuels ou
collectifs relatifs à une terre sont en conflit. Les conflits fonciers
peuvent survenir à plusieurs échelles et différentes
catégories de personnes. Si dans les zones rurales, ils sont traduits
par une lutte entre deux corps de métiers les éleveurs contre les
agriculteurs, surtout en période de saison sèche ou les zones en
pâturages se font rares.
Dans les zones urbaines, les conflits sont plus individuels et
ont la plupart du temps une connotation civile. Mais très souvent, les
interactions entre zones urbaines et zones
22
rurales caractérisées par la croissance urbaine,
soulèvent des conflits fonciers qui vont concerner les espaces agricoles
des zones rurales.
Quant au litige foncier, il est la juridiction d'un conflit, car
il se caractérise par l'intervention d'une autorité judiciaire
quelconque pour le régler.
CHAPITRE VI : CADRE OPERATOIRE LES QUESTIONS DE
RECHERCHE
- Question générale
Quels sont les impacts des dynamiques urbaines sur le foncier des
deux communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh- Niague?
- Questions spécifiques 1 :
Quels sont les indicateurs des enjeux fonciers dans les communes
de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor?
- Questions spécifiques 2 :
-Et enfin les conflits fonciers ne révèlent-ils pas
l'inefficacité de la gouvernance foncière?
LES OBJECTIFS DE RECHERCHE - Objectifs
générales de l'étude
L'objectif de cette étude est d'étudier les impacts
des dynamiques urbaines sur le foncier des communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague.
Ce travail consiste :
- Objectif spécifique 1 :
Etudier les relations entre conflits et enjeux fonciers
- Objectif spécifique 2 :
Etudier les relations entre conflits et gouvernance
foncière.
LES HYPOTHESES DE RECHERCHE
- Hypothèse générale :
Les changements sur les modes d'appropriations, les
ségrégations sociales en matière d'accès à
la terre ainsi que les compétitions entre acteurs pour le contrôle
de la terre sont les principaux
23
impacts des dynamiques urbaines sur le foncier des communes de
Bambilor et Tivaouane Peulh-Niague.
Les réflexions qui découleront de
l'hypothèse générale auront pour but de soulever d'autres
hypothèses spécifiques comme :
- Hypothèses spécifiques 1:
Les conflits fonciers sont des indicateurs des enjeux fonciers
dans les communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague .
- Hypothèses spécifiques 2:
Les conflits fonciers révèlent
l'inefficacité des organes et instruments qui régissent le
foncier.
Tableau n o 1:
Présentation des variables
Hypothèses
|
Variables
|
Variables
indépendantes
|
Variables dépendantes
|
Hypothèse spécifique 1 : Les conflits
fonciers sont des indicateurs des enjeux fonciers dans les
communes de Bambilor
et de Tivaouane-Peulh-Niague .
|
V.I.1 : Les conflits
fonciers
|
V.D.1 : Approches
typologiques de ces conflits
|
Hypothèse spécifique 2 : Les conflits
fonciers révèlent l'inefficacité
des organes et instruments qui régissent le foncier.
|
V.I.2 :L'inefficacité des
règles foncières
|
V.D.2 : Les contraintes politiques et financières
V.D.3 :L'incohérence des politiques territoriales en
matière foncière
|
24
CHAPITRE V : METHODOLOGIE
I. Justification du choix des sites :
Le choix porté sur ces deux communes, c'est qu'elles
connaissent des conflits fonciers qui deviennent récurrents et
impliquent plusieurs acteurs. La médiatisation de ces conflits, nous
révèle la singularité de cette zone qui est un laboratoire
pour étudier l'efficacité des reformes sur la
décentralisation, mais surtout les incohérences qui existent dans
la gouvernance foncière. Elles soulèvent de béants
paradoxes des politiques d'aménagements et de décentralisation
menée par les différents régimes successifs. En outre,
l'autre raison qui explique notre choix est que ces communes gardent une partie
urbaine et une partie rurale avec des villages qui ont comme principales
activités l'agriculture. Ces deux communes, également, subissent
l'influence directe de la ville de Rufisque, mais surtout de la ville de Dakar
avec sa banlieue. Ces communes même si leurs noms renvoyaient à
une appartenance ethnique sont aujourd'hui bien reparties en ethnies. Les
idées préconçues qui expliquent que telles ethnies
devaient s'identifier à tels métiers sont remises en cause, les
populations se sont justes adaptées dans la zone et ce que la nature
pouvait leur offrir. L'importance de leur superficie qui s'explique par la
disponibilité des terres dans un contexte d'explosion
démographique et urbaine des villes alentours qui s'étouffent et
se densifient à cause d'une raréfaction des réserves de
terres. Ce contexte transforme ces communes en de véritables
opportunités pour les populations en quête de logement.
II. Choix de la méthode
utilisée
L'option méthodologique utilisée est à la
fois constituée des approches qualitatives et quantitatives.
La première approche peut être définie
comme un ensemble de techniques d'investigation qui donne un aperçu des
comportements et des perceptions des populations. Ainsi, le chercheur tente
d'entrer en profondeur pour essayer de comprendre le phénomène
étudié.
Dans la deuxième approche, le chercheur tente de
mesurer l'ampleur du phénomène étudié par la
quantification, pourcentage ou nombre.
III. 25
Recherche documentaire
La phase de recherche documentaire a appuyé notre travail
sur les partis de la définition des concepts fondamentaux, sur la revue
de littérature, sur l'étude et la précision de la
problématique, sur des objectifs, les questions et les hypothèses
de recherches.
C'est une étape, qui nous était une très
bonne utilité. En effet, elle a consisté surtout à
rechercher dans les différents centres de recherches, les
bibliothèques et centres de documentation, des documents qui traitent
notre sujet. Cette quête nous a menés dans différents
centres et bibliothèques comme la bibliothèque de l'Ucad, de
l'Esea ex Enea, Ifan .
Nous avons pu aussi recueillir auprès des
collectivités territoriales concernées des documents pouvant nous
aider pour analyser de manière plus large ce sujet.
Il s'agissait de cartes et quelques données, en revanche,
elle n'avait pas de plan de développement, des diagnostiques fonciers.
Les contributions recueillis à travers la presse nous a permis de
réactualiser notre thème. L'internet nous a été un
grand apport de documentation, il nous a permis de recueillir des documents qui
nous ont été d'un grand apport dans la rédaction.
IV. Population cible
La population cible ici est la catégorie de personne
à laquelle, nous avons recueilli nos données, dans ce travail
nous avons ciblé d'abord :
- Les dignitaires et notables de presque tous les villages des
deux communes.
- Les autorités décentralisées (communes et
département)
- Les organisations de développements ;
- Les services déconcentrés de l'Etat
(préfet, gendarmerie, centre de développement
rural) ;
Ensuite nous avons ciblé la population en fonction de
leurs âges, leurs situations
matrimoniales pour avoir une meilleure lisibilité sur les
données.
V. L'échantillonnage
Notre procédé d'échantillonnage nous a
permis de constituer un questionnaire soumis aux ménages des deux
communes. Vu la superficie des deux communes et l'importance de la
démographie, nous avons pris 10 villages sur 25 village en raison de 5
villages dans chacune des deux communes .Ces villages ont été
choisi en fonction de leur degrés d'urbanisation et de ruralité
ainsi que des enjeux qui y jouent.
26
Dans ces villages, nous avons pris 1/10 du nombre des
ménages des villages qui ont une faible population et 1/40 pour les
trois villages Bambilor, Tivaouane-Peulh et Niague-Wolof qui sont les plus
peuplés, ce qui fera un total de 259 ménages sur une totale de
7457 ménage pour les communes de Bambilor pour Tivaouane -Peulh-
Niague.
Tableau no
2:Echantillonnage
Communes
|
Villages
|
Ménages /Village
|
Echantillonnage
|
Ménages
|
Fréquence
|
Bambilor
|
Bambilor
|
1370
|
1/40
|
34
|
2%
|
Déni Biram Ndao
|
164
|
1/10
|
16
|
9%
|
Gorom 1
|
258
|
1/10
|
25
|
7%
|
Gorom 2
|
410
|
1/20
|
20
|
6%
|
Mbeut
|
138
|
1/10
|
13
|
15%
|
Tivaouane-Peulh -Niague
|
Tivaouane Peulh
|
3067
|
1/40
|
76
|
2%
|
Déni Guedj Nord
|
56
|
1/10
|
5
|
8%
|
Niague- Peulh
|
134
|
1/10
|
13
|
9%
|
Niague- wolof
|
1393
|
1/40
|
34
|
2%
|
Beunoba
|
467
|
1/20
|
23
|
5%
|
|
7457
|
|
259
|
3%
|
VI. 27
La collecte des données
Plusieurs outils de collectes et d'investigation de
données ont été mise en place pour une confirmation ou une
infirmation des hypothèses avancées dans le cadre
opératoire.
VII. Les outils de collecte des
données
Pour la collecte des données, des outils ont
été utilisés à savoir les guides d'entretien, des
questionnaires et l'observation directe.
· La pré-enquête
Cette phase, nous a permis de pouvoir rentrer dans notre
sujet d'étude, la pré-enquête consiste à explorer le
sujet en s'entretenant avec des personnes ressources, ceux qui sont dans le
domaine foncier, et ceux qui connaissent bien notre zone d'étude ou qui
ont eu à travailler dans la zone .C'est cette phase qui nous a permis de
cadrer le sujet, en limitant notre questionnaire sur les points qui nous
semblaient essentielles.
· L'observation directe
Ce travail d'observation nous a permis de mesurer les
différentes mutations apportées par la croissance urbaine, des
chantiers qui foisonnent et des espaces agricoles en sursis qui attendent leur
tour pour être morcelé , ce que nous avons tenté de
démontrer par des prises de photos, mais également cette
observation nous a permis de voir la profondeur et l'ampleur de ces mutations,
dans les habitudes même des populations de plus en plus fortement
influencées par les habitudes urbaines
· L'entretient semi-directif
C'est à travers un guide que nous avons
effectué l'entretien, les personnes ressources sont bien
identifiées dans notre étude. La perception des acteurs nous
semble donc primordiale pour approfondir le sujet. Ainsi, l'entretien
qualificatif nous a permis de comprendre le phénomène que nous
étudions, en ciblant les chefs de villages, les communes, les
agriculteurs, les promoteurs, ainsi que la population locale et ces
différentes couches sociales.
· Le questionnaire
Un questionnaire est conçu et posté sur la
plateforme web (Kobotoolbox) d'où il est téléchargé
à partir d'une application dénommée ODK (Open Data Kit)
vers les Smartphones qui seront utilisés pour la collecte des
données sur le terrain.
28
- Nous avons essayé d'adapter ce questionnaire en
fonction des différents points que nous croyons important pour traiter
ce sujet ,il s'agit de l'activité agricole , la place des femmes et des
jeunes à l'accès à la terre et surtout la structuration
des activités économiques des villages concernés, ceci
pour mesurer le recul ou non de l'activité agricole dans la zone, ainsi
nous avons insisté sur :
- l'identification
- l'accès aux terres et différentes exploitations
agricoles
-Et surtout le foncier avec ce qu'il englobe.
VIII. Le travail de terrain
Comme tout début, nous avons testé les
questionnaires auprès des populations en essayant de voir lesquels
seraient les plus difficiles à répondre. En effet, évoquer
les conflits dans notre zone d'étude est souvent considéré
comme tabou vu la gravité des cas de conflits. De ce fait, ce test nous
a permis d'adapter notre questionnaire pour pouvoir recueillir des
réponses précises sur des points sensibles.
Nous avons décidé d'abord de commencer notre
travail auprès de ceux qui tournent autour du foncier dans notre zone
d'étude, à savoir les courtiers, les promoteurs, les chefs de
villages. Nous avons prévenu ces derniers de notre arrivée afin
qu'ils installent une relation de confiance entre nous et les populations, en
nous mettant en compagnie d'un jeune au cours de notre enquête qui va
jouer le rôle de facilitateur entre nous et les villageois. -La
pré-enquête nous a permis de tâter le terrain,
planifier des rencontres avec les personnes ressources et chercher des
données pouvant nous permettre de commencer le travail.
-L'enquête proprement dite a constitué le gros du
travail du fait surtout de l'immensité de la zone et du nombre de
villages concerné. Pour le faire, nous nous sommes adaptés aux
calendriers des personnes avec qui nous devrions travailler, ce qui explique en
partie l'épuisement du délai.
Après le recueil des données, il s'en suivit
à leur vérification, les erreurs ne pouvaient être
évitées à cause du nombre important des personnes
enquêté, c'est pourquoi après avoir relevé des
erreurs ou des manquements, nous les avons rectifiés en recontactant les
personnes concernées. Pour ne pas omettre des points importants dans
certains entretiens, nous n'hésitons pas à utiliser le
magnétophone qui nous a été une très grande
utilité dans la prise de note.
IX. 29
Le traitement des données
Les données recueillies sur la plateforme web
(Kobotoolbox) à travers un questionnaire sur mobile, ont
été automatiquement ordonnées, classées et
traitées sur la plateforme. Pour minimiser les erreurs, nous avons
repris les données brutes et les avons traitées par Excel afin de
vérifier les résultats. Le logiciel Word est utilisé pour
la rédaction du mémoire. Les résultats obtenus sont
présentés en tableau et en graphique et font l'objet d'une
analyse rigoureuse tout au long du travail.
X. Difficultés rencontrées
La première difficulté rencontrée,
concernait l'immensité de notre zone d'étude. Cette zone qui est
composée d'une partie urbaine avec ces chefs-lieux et une partie rurale,
n'a pas été facile à couvrir. C'est pourquoi nous avons
choisi que dix villages pour mener des enquêtes tout en visitant
l'ensemble des villages le composant et de nous entretenir avec les chefs de
villages afin de nous faire une idée sur la situation de chacun des
villages. L'enclavement de certains villages surtout en période hivernal
est une réalité. Mais cette difficulté a été
une expérience enrichissante dans la mesure où le
déplacement entre certains villages s'est fait à pieds surtout
ceux de la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. Ce travail de terrain nous a
permis de comprendre que les disparités ne sont pas seulement entre
Dakar et les autres régions du pays, ces disparités sont visibles
à l'intérieur même de la région de Dakar, elles sont
plus saisissantes.
L'autre difficulté que nous avons rencontrée,
concernait la sensibilité de ce sujet. Le foncier et les conflits qu'ils
impliquent, restent toujours des sujets difficiles à évoquer
auprès des acteurs. Ils touchent souvent les convictions politiques des
uns et des autres. Les thèmes abordés exigeaient donc une
certaine approche prudente, surtout lorsqu'il s'agissait de nous
enquérir de faits grave qui peuvent rendre réticents certains de
nos interlocuteurs. C'est pourquoi à chaque fois que nous menions une
enquêté dans un village, nous rencontrons d'abord le chef de
village pour avoir son autorisation et lui demander ensuite de mettre à
notre disposition un guide, un facilitateur issu de la communauté pour
rassurer les populations de notre bonne foi.
Le temps et les moyens nous ont fait défaut, car
agencer notre programme en fonction de l'emploi de temps des populations et des
dignitaires n'a pas été facile, ce qui explique même les
nombreux reports de rendez-vous indépendant de notre volonté.
Nous avons dû insister
30
et utiliser certains liens de parenté, approche souvent
adoptée surtout chez les Lébous pour établir une relation
de confiance et ainsi être accepté.
En résumé, choisir ce thème a
été un défi, à cause des sous-thèmes qu'ils
englobent. Mais ce travail de recherche a été aussi une
découverte qui constituera un postulat sur lequel nous nous baserons
pour nos futurs travaux de recherches.
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE
Chapitre I: Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague des
communes -rurales dans la région de Dakar.
I. Cadre historique et géographique
1. Historique de la fondation des villages dans les deux
communes.
L'historique des villages qui composent les communes de
Bambilor et Tivaouane-Peulh- Niague est presque similaire en ce sens que les
raisons qui ont poussé à leurs fondations se trouvent d'abord par
une volonté commune des populations de se regrouper autour de gros
village pour capter le maximum d'investissement auprès de l'Etat
central.
Leurs fondations comme la genèse de la plupart des
villages ou villes africaine ayant un fort ancrage traditionnel, est le fruit
des nombreux déplacements des anciens. De ce fait chaque fois, qu'ils
couraient un danger comme un décès, un incendie ou
épidémie, et même lorsqu'ils voulaient se libérer de
la tyrannie d'un dirigeant, ces anciens déménageaient vers un
nouvel lieu par peur d'être la prochaine victime. Ces deux situations ont
favorisé la création des villages qui composent aujourd'hui les
communes de Tivaouane-Peulh-Niague et Bambilor. La fondation du village de
Kounoune par l'un des plus anciens villages du Cap-Vert, si ce n'est
31
le plus ancien, résulte d'une odyssée entre deux
hommes et une femme Aly Sonko Guèye, Ndiongane Ngoné Guèye
et leur soeur Amadjiguène Guèye. Ces trois personnes sont, selon
le chef du village de Kounoune les fondateurs du village de Kounoune. Le chef
de village va plus loin en nous racontant l'histoire de cette fondation qui
était que :
"Ces trois personnes Aly Sonko Guèye, Ndiongane
Ngoné Guèye et leur soeur Amadjiguène Guèye,
accompagnées de leur chien, en quête d'une terre meilleure,
arrivèrent un jour dans un endroit qui se trouve actuellement non loin
du village. Sous l'ombre d'un arbre où ils s'étaient
arrêtés pour se reposer, leur chien, qui était parti se
promener, arriva peu après avec un poisson entre ses crocs. Le poisson
provenait d'une rivière qui se trouvait dans une brousse qu'on appelait
Mboul. Sous l'ombre d'un arbre où ils s'étaient
arrêtés pour se reposer, leur chien, qui était parti se
promener, arriva peu après avec un poisson entre ses crocs. Une fois
à la rivière, ils furent attirés par un arbre qui avait
pour nom `Ounoune', ils décidèrent donc de s'installer dans
l'endroit où se trouvait cet arbre ", narre-t-il tout en
précisant que :"c'est l'appellation de cet arbre, `Ounoune' qui a
donné à Kounoune son nom". Les premiers habitants de
Kounoune sont des Toucouleurs et des Lébous qui se nommaient Samb,
Mbengue, Seck, Ndoye qui avaient quitté le Fouta et le Djolof. Selon le
chef du village, la raison de leur venue dans le Cap-Vert était, qu'ils
ne s'entendaient pas avec le Bourba Djolof et c'est pourquoi ils se sont
dirigés vers le cap vert.
Les Samb avaient pris la direction de Ngor, les Seck de Mbao,
les Mbengue de Yoff et les Ndoye, dont Momar Ndoye et Gossy Gakou, de
Rufisque.
En 1886, les Lébous se sont regroupés en
assemblée pour créer la République Lebou avec Dakar,
Guérew et Rufisque ou Mbao. Kounoune était le point de rencontre
de tous les Lébous.
Pour le village de Bambilor, il a été d'abord un
campement ou se regroupait les colons par ce qu'un colonel y était
installé selon un notable du village, ce n'est qu'en 1922 que des
Lébous venus de Sakal, y sont installées. L'enseignement
coranique et l'érudition des habitants ont permis au village de se
développer et d'acquérir sa renommée. Le nom de Bambilor
n'est qu'une déformation du nom de « Ban-Bilor » en hommage au
génie de Sakal.
L'une des spécificités de l'histoire de Bambilor
et qu'il fut dirigé en un temps de son histoire par une femme, du nom de
Yaye Awa Ndir. Cette dernière était l'épouse de Baye Samba
Ndao premier chef de village de cette contrée Lébou. Ce n'est
qu'après sa maladie
32
que Yaye Awa Ndir pris la fonction de chef de village.
Toutefois, après Yaye Awa Ndir, les chefs de village se sont
succédé, et depuis décembre 2009, c'est El Hadji Abdou
Aziz Guèye qui dirige Bambilor.
Dans la commune de Tivaouane-Peulh -Niague, les raisons de la
création des villages comme Tivaouane -Peulh et Niague-Wolof sont un peu
différentes de celles des villages de Bambilor. En effet, leurs
fondations étaient plus motivées par leur volonté de
capter le maximum de service et d'infrastructure de l'Etat. Ce qui poussa les
habitants à se regrouper, car l'une des caractéristiques de la
majeure partie des habitations était, qu'elles étaient
éparpillées un peu partout dans la zone.
Pour le village de Tivaouane-Peulh par exemple l'un des plus
récents, c'est dans les années de sécheresses que
l'idée d'organiser les villages environnants autour d'un noyau central
avait été proposé par Moutar Diop
délégué du village à Sebikhotane. L'idée de
Moutar Diop était de se regrouper pour bénéficier
d'infrastructures comme une école, un dispensaire, une mosquée,
etc. Ils pourraient aussi bénéficier d'une voie d'accès,
de l'eau courante et de l'électricité. Selon le chef du village
Boubou Ardo Sow chef du village de Tivaouane le village a été
créé en 1968 et le premier chef de village était Oumar
Sow.
Pour Niague-Wolof, le plus ancien village de la commune,
majoritairement peuplé de Lébou. Ce n'est qu'en 1918 que Samba
Ndao Ndiaye l'un des chefs de villages, plaida pour une unification autour d'un
gros village, qui portera le nom de Niaga à l'hommage d'un arbre de (tir
elaeis guineensis ou plameira huil), entouré par des herbes que les
autochtones appelés "fou niakhé fou niaga -niagaral". Ce site
était un lieu mystique qui servait de point de rencontre des
détenteurs du savoir traditionnel pour prévenir les
événements à venir et indiquer la conduite à
tenir.
Ces histoires, qui relatent la fondation de ces villages,
reflètent terriblement la situation actuelle dans la même zone qui
devient un idéal auprès des populations qui la regagne dans
l'espoir de disposer un cadre de vie meilleur.
2. Evolution administratives
Les communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague
étaient des villages qui faisaient partie de l'ancienne
communauté rurale de Sangalkam. Ce n'est qu'en 2011, qu'elles deviennent
des communautés rurales autonomes. Cependant elles connurent au
même titre que Sangalkam la délégation
Elles deviennent des communes de pleines exercices avec la
communalisation intégrale en juin 2014, et font partie de
l'arrondissement de Sangalkam, du département de Rufisque et de la
région de Dakar. En tant que circonscription administrative, Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague faisaient partie de L'arrondissement de Sangalkam .Ce
n'est qu'en 2011 qu'a été créé L'arrondissement de
Bambilor3 à remplacement à celui de Sangalkam.
En 2011, l'arrondissement de de Bambilor comptait Yenne, de
Tivaouane-Peulh-Niague. Avec l'acte III de la décentralisation Loi
n° 2013-10 du 28 décembre 2013 et la communalisation
intégrale ,l'arrondissement de Bambilor s' agrandi avec la commune de
Sangalkam, commune de Diamniadio et commune de Jaxaay -Parcelle-Niacoulrap.
À ce jour l'arrondissement de Bambilor englobe la
commune de Bambilor, la commune de Sangalkam, la commune de Yenne, la commune
de Jaxaay -Parcelles-Niacoulrap la commune de Tivaouane Peulh-Niague et la
commune de Diamniadio.
3. Cadre géographique
a. Localisation des communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague.
Les communes de Bambilor et de Tivaouane -Peulh-Niague, sont
dans ce lot d'espace rural du département de Rufisque, ces deux
anciennes communautés rurales qui étaient au début des
villages composant l'ancienne communauté rurale de Sangalkam, font
aujourd'hui partie les communes qui englobent le plus d'espace dans le
département de Rufisque.
Ø La commune de Bambilor est située au Nord du
département de Rufisque, elle est une commune récente .Elle est
composée de 19 villages et cités qui s'étendent sur une
superficie de 25 km2 (Bambilor, Déni Biram Ndao Nord,
Déni Biram Ndao Sud ,Déni Guedj Nord ,Déni Guedj Sud,
Kaniack , Keur Daouda Sarr, Keur Ndiaye Lo ,Kounoune ,Gorom1 ,2 et 3 ,Diacksao
,Mbeut , Mbeye ,Ngendouf ,Ngalap ,Sinthie et Wayembam). La commune de Bambilor
est délimitée :
- Au Sud par les communes : Rufisque -Est- Ouest - Nord et la
commune de Bargny - Au Nord par la commune de Bayakh
- Au Nord -Ouest par les communes de
Jaxaay-Parcelles-Niacoulrap et
33
3 Décret n° 2011-1638 du 28 septembre
2011
34
Tivaouane Peulh - Niague.
- Au Sud -Est par les communes de Diamniadio et Sebikhotane
et Pout qui se trouve dans la région de Thiès.
Ø Concernant la commune de Tivaouane-Peulh-Niagha,
elle faisait partie de l'arrondissement de Bambilor qui était alors le
chef-lieu et conseil rural, c'est avec l'acte 3 que Bambilor et Tivaouane-Peulh
-Niague sont devenus des communes de pleines exercice, la commune de
Tivaouane-Peulh -Niagha couvre une superficie de 80 km2 et est limitée
:
- Au Nord par l'océan Atlantique
- Au Sud par la commune de Jaxaay-Parcelles-Niacoulrap et
Bambilor
- À l'Est par la commune de Bambilor
- Au Sud -Est par la commune de Sangalkam
- À L'Ouest par la commune de Keur Massar
La commune de Tivaouane-Peulh-Niague est composée par 6
villages traditionnels : et 7 cités récentes : cité
Gangué, Cité Socabeg, Cité Ucad, Cité Darou Salam,
Cité Safco, Cité Namorra.
35
Carte n° 1 : Situation
géographique des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
36
b. Aspects physiques
· Le relief :
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague ont un relief
homogène qui prend une forme plus ou moins plane. La présence de
dunes longitudinales est plus localisée dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague précisément vers la zone maritime allant
du village Tivaouane-Peulh à Déni Guedj Nord avec des hauteurs
pouvant dépasser 15 cm. La présence de cuvettes peut expliquer
l'activité maraîchère dans la zone. Même si elles
sont présentes dans le village de Niague-Wolof les bas-fonds sont
très présents dans la commune de Bambilor. Localisées dans
plusieurs villages de la commune, ces zones de dépression constituent le
centre d'intérêt des populations riveraines surtout en
contre-saison.
e. Démographie
· Répartition de la population
La répartition de la population dans la commune de
Bambilor est similaire à celle de Tivaouane- Peulh-Niague. La forte
densité dans les deux villages centre, s'explique par le fait qu'ils
sont la base de la création de leurs communes respectives.
Les villages de Bambilor, Tivaouane-Peulh et Niague-Wolof
restent les plus peuplées avec respectivement 10 731 habitants pour
Bambilor, 21 726 pour Tivaouane-Peulh et 11 552 pour Niague-Wolof. Les villages
traditionnels ont plus d'habitants que les cités. Les nouvelles
cités ont la particularité d'avoir un faible taux d'habitant
dû à leur création récente cité Sococim 53,
Cité Isengo 62, Cité Nouvel Horizon 99. Les habitants de ces
cités sont majoritairement venus de la banlieue, de Rufisque et des
quartiers populaires de Dakar. Les structures de familles et les modes de vie
sont différents.
Notre zone d'étude est très bien repartie en
ethnie, le nom des villages explique même cette répartition
ethnique. Durant notre enquête nous avons remarqué trois grandes
ethnies. Les Peulhs qui représentent 25.76 %, les Wolofs font 24.24 % et
les Lébous suivent de près avec 23.86 %. Dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague, il existe une forte présence d'ethnies Peulh et
Lébous.
Les villages de Beunoba, Déni Gueth Sud et
Niague-Peulh ont été fondé par des Peulhs. Quant au
village de Niague- Wolof, il est fondé par des Lébous. Cependant,
il y' a une forte présence d'ethnies Peulh et wolof dans le village de
Tivaouane-Peulh, Mais grâce à la croissance urbaine, d'autres
ethnies commencent à émerger, il s'agit des diolas et des
sérères. Leur
37
intégration auprès des autres ethnies
fondatrices devient de plus en plus facile dans les villages de Tivaouane-Peulh
et Niague-Wolof. Ainsi, il devient de plus en plus fréquent de voir des
mariages entre un Peulh et un Wolof.
La commune de Bambilor est plus homogène en
matière de composition ethnique, avec les ethnies wolofs et les
Lébous qui restent majoritaires, les Peulhs sont faiblement
représentés. Tout le contraire des Toucouleurs très bien
représentés dans les deux communes surtout dans les cités
construites pour les victimes d'inondations.
Cette présence s'explique par leur venue dans les
zones inondées de la banlieue comme Thiaroye, Yeumbeul et
Guédiawaye et aussi par leurs activités commerciales. Leurs
activités tournent souvent autour de petits commerces de boutiques.
Graphique n° 1: Identité
ethnique des personnes enquêtées
27
LEBOUS PEULHS WOLOFS TOUCOULEURS SÉRÈRE DIOLAS
AUTRES
37
Identité ethnique des personnes
enquetées
58
11
30
Tivaouane-Peulh-Niague Bambilor
34
17
10
6
6 6 8 3
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Structure et évolution de la
population
L'importante croissance démographique dans les villes
de Dakar, Rufisque et la banlieue pourrait favoriser en partie
l'érection en commune de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague, toutes deux
issues de l'ancienne communauté rurale de Sangalkam. Cette croissance
dans ces villes gagnées par un fort exode rural, ne pouvait que
reconfigurer l'extension de la région de Dakar vers le Nord- Est du
département de Rufisque, la partie autrefois rurale de Rufisque qui
regorge la plus importante réserve foncière de la région
de Dakar. Cette importante croissance démographique des villes
citées, a toujours conditionné l'évolution de la
population dans la
38
zone, qui s'est fait au gré des politiques de l'Etat,
mais surtout en fonction de la disponibilité foncière. En effet,
de leur formation en de petits villages jusqu'à leur érection en
communautés rurales rattachées à Sangalkam,
l'évolution démographique des communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague a été le résultat de la mutation
d'une région de Dakar qui n'a cessé de chercher des alternatives
pour faire face à son explosion urbaine et démographique.
Les disparités démographiques qui existaient
dans le département de Rufisque entre les huit récentes communes
et les trois communes de la ville de Rufisque, ont permis de redéfinir
la répartition démographique dans le département avec une
ville de Rufisque, très peuplée, qui fait face à l'
épuisement de ces réserves foncières. Cette circonstance a
profité aussi aux communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague.
Ainsi, la population de Bambilor qui était
estimée en 2004 à 34 145 habitants, représentait avec le
recensement de 2013, 44 962 Hbts. Le village de Bambilor a vu sa population
doublée entre 2004 à 2013 pour atteindre 10 000Hbts. Quant
à la commune de Tivaouane- Peulh -Niague, elle était
estimée en 2013 à 41 123 habitant.
Aujourd'hui, les projections de l'année de 2019 font
état de 53 491 habitants pour la commune de Bambilor et 48 924 habitants
pour la commune de Tivaouane -Peulh-Niague. La position géographique et
les infrastructures routières ont eu un grand impact sur la
rapidité de l'évolution de la population des deux communes. Ces
atouts ont favorisé l'émergence de nouveaux quartiers et
cités qui sont le résultat des programmes de coopératives
d'habitats et des projets privés. Les communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague ont servi comme zones de recasement à de
nombreuses victimes d'inondations et d'expropriations.
Pour ce qui est de la structure, la population de la commune
de Bambilor est majoritairement jeune avec 80 %, les personnes
âgées ne représentent que 6 %. Malgré un
écart très faible, les hommes qui sont plus nombreux
représentent 51 % de la population et les femmes 49 %. La population de
Tivaouane-Peulh-Niague est, elle repartie : homme 52 % et femme 48 %. Elle est
aussi majoritairement jeune avec 83 %, les adultes viennent après avec
13 %, ensuite les personnes âgées qui ne font que 4 %.
39
Graphique n° 2: Evolution de la
population 2013-2019
48924
44,962 46342 47735 49149 50582 52029 53,491
41,123 42385 43659 44953 46263 47587
2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Evolution de la population 2013-2019
Bambilor Tivaouane-PeuIh-Niague
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
d. Cadre socioéconomique
Les populations des communes de Bambilor et de Tivaouane-Peulh
-Niague avaient comme
principale activité, l'agriculture et
l'élevage.
Avec la croissance urbaine et la diminution des espaces
agricoles au profit de projets de logements, la majeur partie de la population
s'active aujourd'hui dans le commerce et tout ce qui tourne autour de
l'immobilier (vente de terrain, terrassement, courtier, vente de
matériel de construction, etc.)
· L'agriculture : L'abandon progressif des
activités agricoles :
L'agriculture dans les communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague est localisée dans les villages de Mbeut, Mbeye,
Kaniack, Niague-Wolof, Beunoba et Déni Guedj. Ce qui a été
confirmé par notre enquête ou ceux qui disent détenir de
champs sont localisés dans les villages de Niague-Wolof 20 %, Beunoba 18
% et Déni Biram Ndao 13 %. Mais ces chiffres peuvent être
relativisés dans la mesure où les champs sont aujourd'hui
détenus la majeure partie par des fonctionnaires 75 %, ceux qu'on
appelle les jardins du dimanche. Ces vergers sont des fermes
équipés et s'activent dans le maraîchage et
l'arboriculture. Sur l'ensemble des villages enquêtes, il ressort que 14
% des personnes enquêtés disent disposés de champs contre
222 sois 84,09 % des personnes enquêtées disent ne pas disposer de
champs. Cette situation est due à l'insécurité
foncière. Une partie importante des paysans autochtones, qui disposaient
de champs ont vendu leur terre pour éviter de se retrouver sans
indemnisation faute d'acte de propriété. Les nombreux projets de
l'Etat dans la zone, les extensions des villages, les opérations de
40
lotissements sont les causes de cette diminution d'espace
agricole dans les périphéries des villages.
Graphique n° 3 :Personnes
enquétés proprietaires de vergers
DISPOSE DE VERGERS NE DISPOSE PAS
Communes Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
38
Propriete des vergers
222
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Le maraichage et l'arboriculture
Ils sont les principaux types de cultures
répertoriés dans les communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague. Le maraîchage est le plus
développé. En effet, l'urbanisation rapide et l'environnement
propice ont favorisé cette activité à tel point qu'elle
devient essentielle même pour la sécurité alimentaire de la
région de Dakar. Le maraîchage est fait souvent sur de petites
parcelles. La typologie du sol et la présence de cuvettes ont
facilité la pratique de ce type de culture. Les forts besoins de la
capitale en légumes et la réduction progressive des espaces
agricoles dans le Niaye, offre une plus grande rentabilité de
l'activité de maraîchage.
Le maraîchage dans la commune de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague est de plus en plus exercé par des
étrangers (guinéens) qui sont employés par des
propriétaires terriens (jardiniers du dimanche). Les étrangers
louent et empruntent souvent des terres pour se lancer dans l'activité.
Les exploitations maraîchères aujourd'hui font face à deux
contraintes: - la salinisation des terres surtout dans des villages de Mbeye,
Beunoba, Déni Guedj, -le coût élevé de la
consommation d'eau pour ceux qui sont branchés sur le réseau
de
41
distribution de Sen-eau, la coupe des filaos et l'extraction
de sable ont même accentué le phénomène et
l'insécurité foncière qui pousse les petits exploitants
à vendre leur terre aux promoteurs.
L'arboriculture est moins coûteuse que le
maraîchage, elle est plus présente dans les grandes surfaces
détenues par des jardiniers du dimanche. L'arboriculture s'est au fil du
temps modernisé, il s'est diversifié en donnant une place de
choix aux plantations de citrons, de papayes. L'arboriculture reste très
présente dans la commune de Bambilor. Les plantations de mangue dominent
toujours dans la zone, les variétés sont le fruit de greffes
minutieuses ou de sélections rigoureuses. Les possibilités
d'exportations ont largement impacté la qualité des produits.
Tableau n° 3 : Production
maraichage commune Tivaouane- Peulh- Niague 2018 : FPMN
Villages Produits
|
|
Chou
|
Oignon
|
Persil
|
Poivron
|
Salade
|
Tomate
|
Navet
|
Jaxatu
|
Auberge
|
Pomme de terre
|
Niague
|
100
|
80
|
20
|
6
|
2
|
80
|
60
|
80
|
30
|
100
|
Beunoba
|
100
|
1
|
10
|
10
|
0 ,5
|
2
|
50
|
2
|
1
|
3
|
Deni Guedj
|
90
|
1
|
8
|
3
|
0
|
1
|
90
|
1
|
1
|
3
|
T. Peulh
|
60
|
13
|
0
|
5
|
13
|
6
|
7
|
6
|
4
|
3 ,5
|
|
EN TONNE
|
|
Source : FPMN 2018
Tableau n° 4: Production maraichage
commune de Bambilor Source : FPMN
Villages
|
Produits
|
|
Chou
|
Oignon
|
Poivron
|
Tomate
|
Navet
|
Jaxatu
|
Aubergine
|
Persil
|
Pomme de terre
|
Deni Nord
|
180
|
45
|
9
|
25
|
150
|
13
|
0
|
15
|
140
|
Deni Sud
|
3
|
3
|
1
|
1
|
2
|
0
|
1 ,5
|
2
|
1
|
Kaniak
|
140
|
30
|
9
|
10
|
50
|
10
|
15
|
10
|
50
|
Gorom1
|
25
|
10
|
10
|
15
|
30
|
10
|
20
|
20
|
35
|
Gorom 2
|
3
|
5
|
1
|
2
|
5
|
1
|
2
|
3
|
3
|
Bambylor
|
10
|
12
|
8
|
12
|
7
|
12
|
8
|
2
|
20
|
Mbeuth
|
20
|
15
|
30
|
100
|
0
|
5
|
8
|
0
|
50
|
Mbeye
|
10
|
20
|
8
|
5
|
15
|
5
|
8
|
10
|
25
|
K.ND Lo
|
3,2
|
45
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
6
|
K .D Sarr
|
2
|
5
|
1
|
2
|
3
|
2
|
2
|
0 ,1
|
6
|
Kounoune
|
60
|
100
|
2
|
3
|
3
|
10
|
4
|
2
|
0
|
|
EN TONNE
|
|
Source : FPMN 2018
42
Photo n° 1 : Activités
agricoles dans le village de Mbeye/Bambilor
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· L'élevage
Le secteur de l'élevage est fortement dominé
par l'aviculture. Sa rentabilité et la forte demande dans les zones
urbaines pourraient expliquer le développement de ce secteur.
L'aviculture a su s'adapter et se moderniser pour faire face à une forte
demande.
La proximité des industries comme la SEDIMA, AVISEN a
permis aux producteurs d'augmenter leurs productions. Les outils de plus en
plus modernes et la disponibilité de produits
vétérinaires, ont réduit les pertes liées aux
conditions de travail et aux épidémies. Aujourd'hui, toute une
chaîne d'activité est créée allant de la vente de
poulets de chair, d'oeufs, de produits d'aliments et d'outils pour poulaillers.
L'aviculture se fait souvent en parallèle avec le maraîchage
autour d'une ferme. Les excréments de la volaille servent comme fumiers,
ils sont un des meilleurs fumiers pour le maraîchage.
L'élevage bovin aussi connaît un essor important,
autrefois extensif dans les communes de Tivaouane-Peulh-Niague et de Bambilor.
Il devient de plus en plus intensif grâce à l'introduction de race
importée, le métissage du cheptel (insémination
artificielle ou importée) et la réduction d'espace de
pâturage.
Des fermes comme Wayembam, Mapathé Diouck sont bien
implantées dans la zone et emploient plusieurs personnes.
L'élevage ovin est plus prestigieux, il est mené souvent par des
jardiniers du dimanche qui ont trouvé dans l'élevage du Ladoum un
business plus que rentable et passionnant, c'est pourquoi nous remarquons la
floraison de bergeries dans la zone.
43
Pour la filière équine, l'installation
d'écurie dans les communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague,
était plus due aux climats favorables de la zone, sa proximité
avec la capitale ou la majeure partie des propriétaires résident
de même que sa proximité des hippodromes de Rufisque et de
Thiès. Ainsi que les caractéristiques de son sol avec la
présence du sable de Dior, bon pour les exercices de chevaux de course.
Cependant aujourd'hui, l'élevage équin devient de plus en plus
rare du fait du manque d'espace ou les chevaux de courses pourront
s'entraîner. Cependant il reste toujours quelques écuries qui
comptent déménager vers la région de Thiès.
Photo n° 2 : L'élevage dans
une ferme /Village de Mbeut
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
· Autres activités : L'émergence du
secteur tertiaire principalement marchand.
Le commerce est devenu l'activité la plus
présente dans les deux communes. Il revêt plusieurs formes et est
relié aux activités agricoles et d'élevages. En effet, les
femmes sont nombreuses à mener cette activité, de petits
commerces aux abords des maisons et dans les marchés. L'activité
commerciale aussi, touche les autres activités qui tournent autour de
l'immobilier, la vente d'eau, de matériaux de construction et de
terrain. L'artisanat est bien présent dans les deux communes. Les jeunes
en font un alternatif à l'éducation scolaire. Les infrastructures
routières ont permis de nouveaux métiers comme les chauffeurs de
clandos ou les coxers ainsi que les métiers de mécaniques. Les
mines avec
44
l'extraction du sable et du sel au niveau de la commune de
Tivaouane -Peulh-Niague et à Lac Rose. La production annuelle du sel est
de 38000tonnes/an (Malan, 2015).
Le tourisme est également, une des activités qui
existe dans la zone au niveau du Lac Rose l'un des pôles touristiques du
Sénégal depuis l'avènement du Rallye Paris-Dakar en 1981.
Fortement impactées par la croissance urbaine et la diminution de leurs
espaces agricoles, les populations locales se sont adapté et ont
adopté de nouvelles activités qui cadrent aux besoins actuels des
populations.
Ainsi, au cours de notre enquête dans la zone, nous
avons 85,98 % qui considèrent que d'autres activités sont
dominantes en dehors de l'aviculture 68,18 %, du maraîchage 50 % et de
l'arboriculture 32,95 %. Dans les autres activités, nous trouvons
l'artisanat, la mécanique, des petits commerces, etc. Une
économie locale basée sur les petits services voit le jour dans
de nombreux villages. Il est fréquent de voir sur le long des routes de
Niague et de Sangalkam ces petites boutiques et de services qui s'activent dans
le transfert d'argent.
Les populations venues de la banlieue et des autres
régions se sont aussi fondues dans cette dynamique qu'elles connaissent
bien. Elle est même l'une des moteurs de cette mutation par une forte
demande qui a diversifiée l'offre. Une partie d'elle profite de cette
mutation surtout dans le secteur de l'immobilier ou toute une chaîne
d'activité est créée. La forte demande foncière
dans la zone a contribué au développement d'activités
connexes, ces activités sont répertoriées dans le secteur
de l'immobilier. Ainsi, des métiers comme la maçonnerie, la vente
de matériaux de construction et de sables sont fortement
exercés.
Graphique n° 4: Catégories
socio-professionnelles personnes enquêtées
Categories socio-professionnelles personnes
enquetées
95
82
Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague
32 21
14
11 4
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
45
Graphique n° 5: Personnes
enquêtées qui sont dans le secteur de l'immobilier
MAÇONS VENDEURS DE
MATERIEAUX DE CONSTRUCTIONS
14
Personnes enquetées qui sont dans le Secteur
immobilier
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague
9
AGENTS IMMOBILIERS COURTIERS
5
4
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
Chapitre II: Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague des
communes -rurales en pleine croissance urbaine.
I. Dynamique d'habitat et consolidation de l'usage
d'habitat
1. une dynamique d'habitat hors de
contrôle.
.
Les villes africaines sont caractérisées par une
perpétuelle dualité entre les espaces restructurés et les
bidonvilles, les privilégiés et les exclus. La configuration de
ces villes favorisait une occupation du sol par classification sociale, cette
situation est souvent porteuse de frustration et de fracture. Les politiques
d'habitats initiées par l'Etat du Sénégal trouvaient leur
fondement, dans la volonté de corriger ces inégalités
socio-économiques et d'éviter la perte de l'unité
nationale. Pour réduire ce fossé, L'Etat avait ciblé dans
sa politique d'habitat les couches moyennes. Ainsi, la première
réponse apportée par les autorités a été la
mise en place de deux organismes, la SICAP en 1957 et la SN-HLM ex OHLM en
1960. La faiblesse du secteur privée et l'omnipotence de L'Etat dans un
contexte de post indépendance mettait ce dernier, au coeur des
politiques économiques et sociales. Ainsi, il jouait un rôle
d'aménageur et de constructeur grâce à la création
du Fond d'Appui à l'Habitat Urbaine (FAHU) et à l'appui de la
Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE). Cette politique fut
facilitée par une
46
croissance démographique moyenne, une production
foncière qui satisfaisait la demande grâce à une
disponibilité foncière et un financement favorable.
Mais cette situation changea radicalement à partir des
années 1970 avec la crise pétrolière (choc
pétrolier), les catastrophes environnementales (sécheresse) et le
retrait de la CCCE qui affectèrent la société
sénégalaise désintégrée et les politiques
d'habitat au Sénégal qui y prennent un sacré coup. L'Etat
n'avait plus les moyens d'aménager et de construire, il se devait avec
l'appui de la banque mondiale et de la Fmi d'adopter une nouvelle politique
privatiste ou il serait un créateur d'environnement technique,
institutionnel et financier.
Ainsi, dans sa nouvelle politique d'habitat, l'Etat va
diminuer les charges foncières et faciliter l'accès à la
terre en allégeant les normes de construction et du code de l'urbanisme.
Cette nouvelle politique va favoriser l'émergence de nouveaux acteurs
comme les réseaux de coopératives d'habitats avec l'appui du
BAHSO (le Bureau d'Appui à l'Habitat Social). Au même moment, la
BHS est créée pour s'occuper de l'organisation de la demande et
l'accès aux prêts. L'opération des Zones
d'Aménagement Concertées (ZAC) en est un exemple. Ces vastes
réformes, n'ont pas permis de satisfaire la demande en logements qui se
fait de plus en plus pressante et la prolifération des quartiers
irréguliers gagne la proche campagne réduisant progressivement
les espaces agricoles. Les autorités ont d'abord tenté de
maîtriser cette croissance en enclenchant toute une procédure de
réglementation foncière. Avec des résultats mitigés
dans certaines zones de la région de Cap vert dû à une
opposition classique entre le droit positif et la réalité
coutumière.
L'Etat s'est adapté à ces contraintes et
à travers l'immatriculation, des terres du domaine national
occupées de façon anarchique et illégale par des
populations avec le décret 96-386 1996 mettant en place le Fonds
Régularisation et de Restructuration Foncière (FORREF). Mais la
très forte demande foncière dans la région de Dakar n'a
néanmoins pas été satisfaite. Elle se traduit même
par un étalement urbain anarchique et un marché foncier
incontrôlable. Ce qui a poussé les autorités à se
faire une évidence de la nécessité de se projeter en
planifiant l'occupation du sol dans les zones ou la croissance pourrait avoir
d'impact. Le département de Rufisque est devenu, cette alternative qui
pourrait régler la question de l'habitat social surtout dans sa partie
Nord-Est touchant des communes telles que Diamniadio, Sebikhotane, Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague.
On estime qu'entre 2002 et 2014, le tissu urbain a
été multiplié par 2,524. Les communes
4 M. Kader Ngom contribution parue dans Dakaractu du 8 Juin
2017.
47
de Tivaouane-Peulh Niague et de Bambilor qui ont une
potentialité agricole exceptionnelle, en font les frais,
l'avancée du bâti en est le principal facteur.
En effet, l'avancée du bâti dans ces communes ne
date pas d'aujourd'hui, le morcellement des terres agricoles a commencé
depuis que les villages, étaient sous la coupole de l'ancienne
communauté rurale de Sangalkam avec l'installation des
coopératives d'habitat comme la Comico, Teylium, Bicis. D'autres comme
Dakar Dem Dikk, Cité Amadou Kane, Nouvel horizon dans la commune de
Bambilor et Namorra, Apix, Socabeg, cité Darou Salam, cité Safco,
cité groupe Naby, Coseprime, Cité gendarmerie dans la commune de
Tivaouane Peulh-Niague. Aujourd'hui, le bâti occupe 24 % de la superficie
de la commune de Tivaouane-Peulh-Niague, soit 13 503,6 hectares, il augmente
sensiblement dans la commune de Bambilor 27 % soit 13 548,06 hectares.
Les villages qui composent les deux communes, surtout ceux qui
sont les chefs-lieux ont changé d'aspect, ils ressemblent plus à
des zones urbaines que des zones rurales. La pression foncière du fait
de la forte croissance urbaine n'est plus seulement causée par les zones
urbaines externes comme Dakar, Rufisque et la banlieue. Cette croissance est
aussi interne, car aux fils des années, certains villages qui composent
les deux communes connaissent une forte croissance spatiale causée par
la croissance démographique. Le rythme de création des quartiers
dans les gros villages de ces communes est également un indicateur de la
rapidité de la croissance spatiale. En effet au fur et à mesure
que leur extension se poursuit, d'autres quartiers se créent et certains
de ces nouveaux quartiers sont issus d'éclatement des premiers
quartiers. Dans les villages de Niague, Tivaouane-Peulh et Beunoba, 307
hectares ont changé de vocation au profit du résidentiel de 2011
à 2013 (Ngom, 2013). La croissance spatiale de ces gros villages a un
effet déclencheur sur l'avancée du bâti dans les villages
environnants. En effet, elle impacte sur le développement des autres
villages environnant qui gardent de peu leur ruralité avec un
déficit d'infrastructure et une activité agricole présente
malgré la réduction des espaces agricoles. Ces extensions ont
donné naissance à d'autres villages. Dans le village de Kounoune,
il y' a une extension importante soutenue par la création de nouvelle
citée. Cette extension, qui longe la route de Sangalkam à Niague,
a donné naissance à Kounoune 2. On peut donc noter qu'avec la
forte pression immobilière dans la localité, les activités
agricoles et d'élevage perdent du terrain et c'est le cas, dans toute la
zone, Sangalkam y comprit.
48
Photo n° 3 : Deux parcelles
agricoles bornées destinées à l'habitat dans le village de
Tivaouane-Peulh
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
2. La consolidation de l'usage d'habitat
La volonté de l'Etat de faire de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague, une zone à usage d'habitation urbaine
malgré qu'elle fasse partie de la zone des Niaye ne date pas
d'aujourd'hui. Cette volonté est traduite par les politiques
d'aménagement de l'Etat, dans son plan directeur d'urbanisme
Dakar-Thiès et environ horizon 2035 surtout son volet habitat, ou il est
question de trouver des logements pour les populations à revenues
moyennes. La Dua a proposé dans le PDU que l'axe
Niague-Niacoulrap-Tivaouane-Peulh soit constitué d'un pôle urbain
secondaire avec une capacité de 350 000 Hbts et que des logements
à usages mixes soient créés, de même qu'un nouvel
aménagement urbain soit fait sur une surface de 2 376 ha à
Déni Biram Ndao.
Ce pôle urbain va englober les villages de Déni
Biram Ndao, Mbeye, Niague -Peulh, Niague-Wolof, Déni Guedj et Beunoba
sur une superficie de 2.015 ha. Mais le plan prend aussi en compte,
malgré les forts besoins en logement dans la région, la
nécessité de promouvoir les spécificités de la zone
avec l'éco-tourisme et l'agro-industrie (PDU 2035).Les initiatives de
l'Etat de transformer ces communes du Nord du département de Rufisque en
zones d'habitat,
49
ont démarré au temps du régime
libéral ou beaucoup d'actes de propriété avaient
été attribué pour des projets de logement.
Les projets de recasement des victimes d'inondations et
d'expropriation ont accéléré ce processus de
transformation de l'axe Bambilor-Tivaouane-Peulh-Niague en une future zone
résidentielle. Les inondations qui avaient touché la banlieue en
2007 ont déplacé beaucoup de familles vers le département
de Rufisque via des projets de recasement « Plan Jaxaay ». Certaines
victimes qui n'avaient pas bénéficié de ce programme
s'étaient installées dans la commune de Tivaouane Peulh-Niague
qui avait l'atout d'avoir un sol de bonne qualité, capable d'absorber de
grandes quantités d'eau.
La disponibilité des réserves foncières a
permis aussi l'accueil d'une partie des personnes affectées par les
inondations dans le cadre des projets du ministère de la restructuration
et de l'aménagement des zones inondées (MRAZI) du gouvernement
sénégalais dans le village de Niague-Wolof, ce qu'on appelle
aujourd'hui la "Cité Tawfekh ".Les habitants des cités,
situées dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague sont majoritairement
originaires des communes de Pikine, Thiaroye, Guédiawaye et Keur
Massar.
Ceci s'explique par les programmes de recasement que l'Etat
avait initié après les inondations de la banlieue (cité
Tawfekh) ainsi que les recasés des victimes de l'autoroute à
péages (cité Apix) qui permettent de comprendre l'origine de ces
habitants des cités dans la commune de commune de
Tivaouane-Peulh-Niague.
Dans les deux communes, les cités nouvellement
érigées commencent à supplanter les quartiers populaires.
Ces cités bénéficient plus de services, car elles sont
mieux aménagées que les villages traditionnelles restés
dans leur état de nature d'origine d'habitations spontanées.
Les cités sont plus nombreuses que les villages, leurs
habitants sont majoritairement venus de Dakar et sa banlieue. La qualité
des aménagements dans ces zones et l'accessibilité des services
ont encouragé les promoteurs immobiliers à y investir et inciter
des populations venant de d'autres communs alentours y installer. L'Etat
à travers ces structures qui ont en charge de la gestion des pôles
comptent beaucoup sur le secteur privé pour réussir ce projet. De
ce fait, ils encouragent les promoteurs immobiliers à investir dans des
projets de logements dans la zone qui englobe le pôle touristique de Lac
Rose. Ces programmes de logements de divers standing sont souvent
destinés aux coopératives d'habitats et à la classe
moyenne qui voit dans ces projets, l'occasion d'avoir des parcelles et des
logements à moindres coûts et accessibles à la capitale. La
commune de Bambilor en est une illustration parfaite, les coopératives
d'habitats
50
foisonnent et les logements construits par des promoteurs
privés, utilisent des moyens publicitaires pour vendre leur produit en
faisant de la proximité de la zone avec Dakar, comme un atout.
Ci-dessous deux tableaux l'un indiquant un projet de coopérative de
l'entreprise immobilière « Touba Bambilor Immobilier Sarl »
dans le village de Mbeut ou deux vergers, ont été morcelés
et vendus à une coopérative d'habitat des agents de Dakar Dem Dik
(DDD) et l'autre énumérant les différentes cités
dans les deux communes.
Photo n° 4 : Tableau indiquant un
projet de coopérative d'habitat des agents de DDD dans le village de
Mbeut
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
Tableau n° 5 : Cités
privés et coopératives d'habitats dans les deux communes
COMMUNES
|
CITE
|
PROMOTEURS
|
VILLAGES
|
Bambilor
|
Comico
|
BHS, coopérative militaire
|
Bambilor
|
Dakar Dem Dikk
|
Coopérative DDK
|
Mbeut
|
Cité des AKYS
|
Teylium
|
Bambilor
|
Cité Awa Dia
|
Privé
|
Kounoune
|
51
|
Cité CDC
|
Caisse des dépôts et de consignation
|
Bambilor
|
Tivaouane- Peulh-Niague
|
Cité Namorra
|
Group Namorra
|
Tivaouane peulh
|
Cité Naby
|
Group Naby
|
Tivaouane Peulh
|
Cité Apix
|
Apix recasement autoroute
|
Tivaouane Peulh
|
Cité Tawfekh
|
Etat recasement inondation
|
Niagha wolof
|
Cité
Gendarmerie
|
Coopérative
|
Beunoba
|
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
II. Impact de la dynamique d'habitat sur les espaces
agricole.
L'avancée du bâti et la consolidation de l'usage
d'habitat sur les terres de la zone ont pour conséquence la
réduction des espaces agricoles.
1. La réduction des espaces agricoles
Trois étapes marquent l'occupation des espaces
agricoles dans le département de Rufisque, conditionnées en
grande partie par les dynamiques démographique.
-La première époque se place dans les années
1978-1999.
Elle est caractérisée par les premières
vagues d'exodes ruraux dans la région de Dakar. Cette époque
coïncidait aussi avec la politique de peuplements initiés par
certains chefs de village dans la zone (Niague-Peulh) pour permettre aux
villages de survivre et se développer. Dans cette première
époque, les surfaces importantes qu'occupaient les espaces agricoles
s'expliquaient par la pratique de la culture vivrière. La zone n'avait
qu'un centre urbain qui était la ville de Rufisque entourée par
de petits villages. La pratique de la culture vivrière s'expliquait par
le fait que les populations issues de l'exode rural ne voulaient pas changer
leurs habitudes et continuaient ainsi à mener ce type de culture. Les
terres étaient moins convoitées, la valeur foncière
était très faible, à cause, d'un faible taux de la
population dans la région, presque toutes les grandes villes de la
région de Dakar avaient un double aspect urbain et rural.
-Mais cette situation changea dans les années 1999 et
2000 avec une forte urbanisation dans le département de Rufisque qui
impacta négativement sur les surfaces de cultures qui perdirent 1/32
(GRDR ,2015) de leur superficie. Ces années 2000 ont
coïncidé avec les différents
52
programmes de logement de l'état (relogements des
victimes de l'inondation et de l'autoroute à péage).
Durant notre enquête la majeur partie des ménages
trouve que la croissance démographique à Dakar et sa banlieue
constitue l'une des déterminantes de la spéculation
foncière dans leur zone. Cette croissance démographique a fini
par causer la cherté du logement ce qui a poussé une certaine
catégorie de la classe moyenne à se déplacer vers les
villes secondaires et surtout dans la bande rurale du département de
Rufisque qui s'est entretemps fortement connecté avec le centre-ville de
Dakar grâce aux infrastructures routiers et aux outils de transports
disponibles et moins coûteux. Les populations ont alors changé de
types de cultures en adoptant le maraîchage, l'arboriculture à
cause d'un climat favorable et de la baisse de la pluviométrie sur les
années.
-2013 - 2020: la forte urbanisation notée dans les
années 99 à 2000 s'est plus qu'accentuée avec l'enjeu que
constituent l'accès au logement et la volonté de l'Etat de
désengorger Dakar, avec la création de pôles urbains dans
le département de Rufisque. Aujourd'hui, la région de Dakar perd
en moyenne 60 ha de terres agricoles par an5. Malgré qu'il
vise à promouvoir l'agro-business et l'éco-tourisme, le
pôle urbain de lac rose promeut l'accès aux logements. Cette
politique même si elle semble maîtrisée et
équilibrée, crée des dynamiques hors de contrôle
au-delà du pôle, et qui sont du ressort des promoteurs, des
propriétaires terriens, qui voyant que leur terre n'est pas en
sécurité, le vendent pour des projets de lotissements. Ainsi,
beaucoup de terres qui servaient aux activités agricoles furent
aménagés, morcelés aux bénéfices de
l'habitat. Les superficies emblavées pour le maraîchage dans la
région de Dakar sont passées de 617 ha en 2004 à 6,97 ha
2014, ce qui représente un recul de 610 ha en valeur absolue en dix ans
6 .Selon les statistiques tirées de nos cartes d'occupation
du sol des deux communes 2531,16 hectares restent pour l'instant comme espace
agricole dans la commune de Tivaouane-Peulh -Niague, environs 5% de la
superficie. La superficie occupée par l'agriculture est sensiblement
plus forte dans la commune de Bambilor avec 9% de la superficie, environ
4440,15 hectares. Les grands espaces comme le titre foncier Berthin qui
englobait beaucoup de vergers, sont en train d'être morcelés. Une
partie des villages à forte activité agricole, comme le village
de Mbeye connaisse une réduction de leurs espaces agricoles et un
changement d'usage progressif de leur terre en usage d'habitation. Cependant,
l'activité
5 Diop.D (isra) panel sur « le foncier agricole face
à l'urbanisation ». 2018
6 Situation Economique et Sociale de la région de
Dakar (Service Régional de la Statistique et de la Démographie de
Dakar : 2004 et 2014).
53
agricole persiste toujours dans les villages se situant vers
le Nord des deux communes, cela s'explique par un taux d'urbanisation faible et
un manque de services pouvant favoriser d'autres activités comme le
commerce ou les métiers d'artisanats. Ces villages n'ont pas encore fait
l'objet d'une convoitise de la part des promoteurs et le prix du mètre
carré dans ces zones est relativement bas. La rentabilité de
l'activité agricole ne pousse pas encore dans ces contrées, les
propriétaires à vendre leur terre.
54
Carte n° 2 : Occupation du sol de la
commune de Tivaouane-Peulh -Niague
Sources : United State Geological
Survey(USGS) ESA : SENTNEL 2 Février 2020
55
Carte n° 3 : Occupation du sol de la
commune de Bambilor
Sources : United State Geological
Survey(USGS) ESA : SENTNEL 2 Février 2020
56
Tableau no 6 : Statistique des
occupations du sol
TIVAOUANE-PEULH -NIAGUE
|
BAMBILOR
|
Noms-class
|
Area/hectare
|
Pourcentage
|
Area/hectare
|
Pourcentage
|
ZONE
MARAICHERE
|
2531,16
|
5%
|
4440,15
|
9%
|
PLAN D'EAU
|
5857,2
|
10%
|
2710,44
|
6%
|
BANDE DE FILAOS
|
3476,25
|
6%
|
1344,42
|
3%
|
TRAIT DE COTE
|
3063,87
|
5%
|
75,6
|
0%
|
SABLE DUNAIRE
|
3407,58
|
6%
|
80,82
|
0%
|
ESPACE NU
|
24890,13
|
44%
|
60850,26
|
49%
|
ZONE BATI
|
13503,6
|
24%
|
13548,06
|
27%
|
Sources : United State Geological
Survey(USGS) ESA : SENTNEL 2 Février 2020
Chapitre III: Les instruments et organes de
réglementation du foncier.
I. Les instruments de réglementations et de
planifications. A. Le cadre juridique
A.1 Un cadre juridique réglementé par
l'Etat.
1. : L'avènement de la loi sur le domaine
national et ces compléments.
L'instauration de la loi sur le domaine national en 1964 a
montré que la majeure partie des terres n'était pas
immatriculée, environs 99 % des terres étaient encore
considérés comme faisant partie du domaine national. Cette
situation prouvait le rejet de la population locale des politiques
foncière initiées par le régime colonial.
Cette absence d'appropriation des politiques foncières
par les populations a continué avec la loi sur le domaine national qui
était plus pour l'Etat un moyen de consolider son autorité en
diminuant le pouvoir des chefs coutumiers et préserver ainsi
l'intégrité du territoire qu'une politique inclusive prenant en
compte les spécificités et les aspirations de tous les
acteurs.
Ainsi, dans l'esprit du législateur, la LDN devait
contribuer à supprimer la propriété coutumière et
à permettre à l'Etat de mener son projet de développement
économique du pays, ce qui explique en partie les défiances des
populations surtout dans les zones rurales. Cependant, malgré ces
manquements dans sa mise en oeuvre, la loi sur le domaine national a
57
permis une meilleure équité dans l'accès
des terres en donnant la priorité à ceux qui la mettent en valeur
11.
La loi sur le domaine nationale modifiée en 1972 avec
l'institution des communautés rurales est caractérisée par
une division des terres en deux catégories à savoir : -
Les terres du domaine national, sont toutes les terres qui
n'ont pas fait l'objet d'immatriculation. Le domaine national couvrait à
l'époque 98 % du territoire sénégalais, ces terres sont
détenus par l'Etat qui s'assure de leur utilisation et leur mise en
valeur rationnelles, conformément aux plans de développement et
aux programmes d'aménagement. Leur appropriation est régie par la
loi qui donne à l'Etat la primauté de les immatriculer. Les
terres du domaine nationales sont divisées en quatre catégories
:
Ø Les zones urbaines
Ø Les zones du terroir
Ø Les zones pionnières
Ø Les zones classées
La réforme qui avait institué les
communautés rurales en 1972. Cette réforme comportait des
conditions qui encadreraient l'utilisation des terres qui doivent revenir aux
ressortissants du terroir Article 17 et ceux qui le mettent en valeur. D'autres
lois vont renforcer le statut des communautés en institutionnalisant
certains métiers propres dans les zones rurales7, ainsi,
elles vont reposer sur :
Ø La protection des droits d'exploitation des acteurs
ruraux et des droits fonciers des communautés rurales ;
Ø La cessibilité encadrée de la terre
pour permettre une mobilité foncière favorisant la
création d'exploitations plus viables ;
Ø La transmissibilité successorale des terres
pour encourager l'investissement durable dans l'exploitation familiale ;
Ø L'utilisation de la terre comme garantie pour
l'obtention du crédit. Elle permettait de sécuriser les zones
agricoles et de pâturages, la création du permis d'exploitant dans
les zones rurales de la commune aussi permettait de sécuriser les
espaces agricoles dans les périphéries. Ainsi, ce permis
d'exploiter8 est délivré de plein droit aux personnes
domiciliées sur le territoire de la commune qui exploitaient
personnellement à des fins
7 .La loi Sylvio-pastoral ou Loasp a été
adoptée en 2007
8 La création du comité rural dans les zones
urbaines
58
agricoles Art. 189.
2. La loi sur le domaine de l'Etat
Le domaine de l'Etat régi par la loi 1976, organise
les biens et droits mobiliers et immobiliers qui appartiennent à l'Etat.
Le domaine de l'Etat est composé par :
Le domaine public, qui comprend le domaine
naturel et artificiel.
Le domaine public peut faire l'objet d'un déclassement
.Le déclassement a pour effet d'enlever à un immeuble son
caractère de domanialité publique et de le faire entrer, s'il est
immatriculé, dans le domaine privé, ou dans le cas contraire,
dans le domaine national. L'immeuble déclassé et incorporé
au domaine national peut faire l'objet d'une réquisition
d'immatriculation au nom de l'Etat sans formalités préalables. Le
déclassement entraîne l'annulation de plein droit des titres
d'occupation de la dépendance du domaine public
déclassée.
Le domaine privé s'est les biens et
droits mobiliers et immobiliers acquis par l'Etat à titre gratuit ou
onéreux selon les modes du droit commun.
Le domaine privé, donne aussi la possibilité
à l'Etat de désaffecter ou affecter son domaine à ses
services décentralisés et déconcentrés. Mais cette
loi du domaine de l'Etat touche aussi le domaine privé de l'Etat non
affecté qui concerne les personnes privés. L'Etat peut donner ses
biens immobiliers privés non affectés avec une condition de mise
en valeur pour la personne qui en fait la demande. Cette procédure peut
prendre la forme d'une convention de location administrative ou l'attributaire
est tenue au paiement d'une redevance tout en étant, en phase avec les
plans de développement, d'urbanisme et d'aménagement. Ces types
de conventions administratives peuvent être des baux emphytéotique
ou ordinaire, de droit d'habiter, droit de superficie ou de concession.
La loi sur le domaine de l'Etat , consacre aussi
l'autorisation par l'Etat de la vente de terrains domaniaux situés en
zone urbaine destinés à l'habitation10, ce qui a
été repris par le décret n°87271 du 03 Mars 1987 .il
s'agissait à l'époque de céder les terrains
attribués par voie de bail (ordinaire ou emphytéotique), droit de
superficie ou permis d'habiter et qui se trouvaient
9 Décret n°66-858 du 07 Novembre 1966 portant
application de l'article 5 de la loi n°64-46 du 17 Juin 1964 relative au
domaine national et fixant les conditions de l'administration des terres du
domaine national à vocation agricole dans les zones urbaines.
10 Décret n°87-271 du 03 Mars 1987 portant
application de la loi n°87-11 du 24 Février 1987 autorisant la
vente de terrains domaniaux situés en zones urbaines destinés
à l'habitation.
59
dans des zones urbaines qui disposaient d'un plan directeur
d'urbanisme, ce pour avoir une croissance urbaine ordonnée et
maîtrisée.
A.2 L'amélioration des procédures du
régime de l'immatriculation.
1. L'évolution du régime de
l'immatriculation
Le cadre juridique qui réglemente le foncier au
Sénégal ne s'est pas démarré avec l'adoption de la
loi sur le domaine national, bien au contraire. La loi sur le domaine national
est le fruit d'un long processus qui a trouvé ses origines dans la
période coloniale avec l'adoption du code civil de 1830. En effet, ce
code donnait la primeur au français et assimilé pour régir
les tractations juridiques et économique portant sur des immeubles qui
se produisaient ou même s'étaient produites entre ces
Français assimilés et les autochtones africaines .Mais la
réforme n'eut pas le succès escompté à cause du
fait qu'elle laissait de côté les tenures coutumières et
les droits fonciers coutumiers. Le législateur voulut corriger ce
manquement et c'est dans les années 1900, qu'il instaura le
régime de l'immatriculation au livre foncier. Ce régime se basait
sur l'inscription en principe de tous les droits réels consacrés
par le droit français et les coutumes africaines. Cette nouvelle
réforme mettait en exergue la propriété individuelle en
omettant la propriété collective si importante dans les droits
fonciers coutumiers africains. Elle essaya de diluer les droits coutumiers
africains sur le droit positif. Le décret du 8 octobre 1925 alla dans ce
sens en organisant la constatation et l'établissement des droits
fonciers coutumiers.
Mais le droit sur la propriété foncière
va connaître un tournant important avec ce décret du 26 juillet
1932 qui remplace le décret du 24 juillet 1906 qui avait auparavant
remplacé le décret du 20 juillet 1900 abrogé. Ce
décret du 26 juillet 1932 va organiser la propriété
foncière en assurant aux titulaires la garantie des droits réels
qu'ils possèdent sur les immeubles, et en leur délivrant un titre
foncier définitif et inattaquable. Il permettait de mettre à la
disposition du public toutes les informations relatives à la
propriété immobilière, de faciliter les transactions et
d'assurer la sécurité du crédit.
Il y va aussi de la reconnaissance du droit coutumier par le
décret du 20 mars 1955 après plusieurs tentatives vaines de noyer
le droit coutumier. Ce décret va consacrer la reconnaissance
60
du droit coutumier en stipulant que leurs titulaires sont
libres de les conserver, que nul ne peut les obliger à les céder
à moins d'une expropriation pour cause d'utilité publique. En
dehors de la consécration du droit foncier coutumier, ce décret
va aussi organiser la propriété en différenciant les
droits de groupes privés et le droit privé ce qui est une prise
en compte de l'aspect collectif de la propriété propre au droit
coutumier. Ce long processus de politique foncière, montre les
tentatives infructueuses des autorités coloniales pour faire adopter le
régime foncier colonial au détriment du droit coutumier. Mais la
procédure de l'immatriculation va être réactualisée
et assouplie par la loi du 30 Mars 2011 portant régime de la
propriété foncière qui va organiser les procédures
d'immatriculations et garantir ainsi le droit des citoyens tout en enterrant
pour de bons les derniers espoirs du droit coutumier sous l'autel de la loi sur
le domaine national . Cette loi du 30 Mars 2011 va essayer sur la forme et sur
le fond ,d'harmoniser la loi sur le domaine national et le décret de
1932 en abrogeant l'article 4 du décret du 26 juillet 1932 qui
autorise « l'immatriculation des immeubles aux livres fonciers quel
que-soit I 'état ou le statut des propriétaires ou
détenteurs », et confirmer ainsi la loi sur le domaine national qui
donne le pouvoir à l'Etat comme seul habilité à
requérir à l'immatriculation à son nom des immeubles aux
livres fonciers . Cette corrélation entre la loi sur le domaine national
et le décret de 1932 concerne aussi avec la correction « des fonds
de terre bâtis ou non bâtis » qui étaient seuls
susceptibles d'immatriculation sur les livres fonciers, par « les
dépendances du domaine national en nature de terrains bâtis ou non
bâtis ». La loi sur le régime de la propriété
foncière a aussi supprimé le droit à l'opposition
d'immatriculation.
Toutefois la loi sur la propriété
foncière maintient le service de la conservation de la
propriété et des droits fonciers qui assure aux titulaires la
garantie des droits réels qu'ils possèdent sur les immeubles
soumis au régime de l'immatriculation.
En dehors de ce cadre juridique d'autres instruments connexes
encadrent de manière rationnelle l'utilisation du foncier. Il s'agit du
code de l'urbanisme qui veille à un bon équilibre de l'occupation
du sol urbain, le code de l'environnement qui protège les zones
sensibles dans un contexte d'urbanisation fort. Mais il existe des instruments
qui sont plus actifs dans la mesure où elle participe à la mise
en place d'un véritable mécanisme d'auto-régulation, ces
instruments sont laissés à l'initiative de l'Etat ou de ces
organes décentralisés.
61
A.1 Un cadre juridique inadapté
1. Les imprécisions de la loi sur le domaine
national
Au-delà d'avoir permis à l'Etat de s'imposer
comme seul titulaire des terres au détriment des tenants du pouvoir
traditionnel et des anciens maîtres de la terre, la loi sur le domaine
national au fur et à mesure de sa mise en vigueur a soulevé des
incohérences et des limites dans les zones rurales et dans les zones
urbaines.
Ø Dans les zones rurales :
Il s'agissait dans les zones rurales d'une difficulté
d'interprétation liée à l'imprécision des textes.
La notion de mise en valeur par exemple des terres du domaine national a
causé une interprétation selon les appréciations des
conseils ruraux qui pouvaient refuser l'affectation de terres destinées
à l'élevage sous prétexte qu'il ne s'agissait pas d'une
mise en valeur. Aucune réglementation claire n'était venue
encadrer l'exercice par les conseillers ruraux de ses pouvoirs d'affectation et
désaffectation. De même que la condition d'être membres de
la communauté pour accéder à la terre était aussi
laissée à l'appréciation des conseillers ruraux. Certains
voyaient dans cette condition d'abord une volonté d'exclure des
Sénégalais sur des portions des terres du domaine national.
Ensuite, freiner le développement des communautés rurales qui ne
pouvaient de ce fait bénéficier d'investissement par exemple dans
le secteur agricole de personnes étrangères à la
communauté.
Même s'ils étaient vus par certains comme des
dispositions qui permettaient de protéger les ressources de la
communauté, ces deux conditions, pour utiliser les terres du domaine
dans les zones rurales ont soulevé de nombreuses critiques.
Par ailleurs, l'autre incohérence résidait dans
le système de transmission des terres du terroir. Il était
injuste que les héritiers de l'affectataire d'une terre de culture
soient obligés de demander au Conseil rural une nouvelle
délibération d'affectation telle énoncée dans les
textes.
Ø Dans les zones urbaines :
Dans les zones urbaines la méconnaissance des
populations de la procédure de la loi sur le domaine national a
été une opportunité pour l'Etat d'immatriculer des terres.
Le droit d'immatriculer, reconnu pendant six mois aux personnes qui avaient mis
en valeur leurs terres au moment de l'entrée en vigueur de cette loi
n'ont pas été suffisamment vulgarisées. Elles ne pouvaient
donc pas véritablement en profiter parce qu'elles n'en étaient
pas informées. C'est une première source d'injustice parce que
beaucoup de ces terres ont été ou pouvaient être
immatriculées par l'Etat.
62
La deuxième injustice découle de l'abrogation
par cette loi des articles 83 et 90 alinéa 13 du décret du 26
juillet 1932 qui avaient instauré les certificats administratifs. Ils
étaient délivrés par le Délégué du
Gouverneur du Sénégal aux « détenteurs
indigènes de terres » qui ont pu établir « par la
procédure de l'immatriculation, l'absence de droits opposables à
ceux qu'ils invoquent ».
L'abrogation de ces articles ne pouvait avoir et n'a jamais eu
pour effet de ne rendre nuls les certificats administratifs déjà
délivrés par l'autorité coloniale. Mais certains hauts
fonctionnaires de l'Etat s'en sont contentés pour s'autoriser à
les ignorer royalement, leur ôtant toute valeur juridique. Par
conséquent, ils ont considéré que les terres
concernées appartiennent au domaine national et en ont requis
l'immatriculation au nom de l'Etat qui y a ensuite consenti des baux au profit
de quelques initiés.
2. Le caractère nébuleux des
procédures d'immatriculation
Ce caractère nébuleux est mis en exergue par les
conflits fonciers qui opposent sur des terres de vastes superficies, les
détenteurs de baux et de titres fonciers aux populations locales, munies
d'actes de délibérations ou même bénéficiaire
d'une légitimité coutumière, longuement installées
dans une zone et ayant valorisé ces terres par d'importants
investissements. Ce caractère soulève même
l'inutilité des avis publics des enquêtés Commodo et
Incommodo, lorsqu'ils ne sont pas destinés aux populations de la zone
concernée par l'immatriculation. Ces avis publics,
réfugiés sous la coupe du dicton « nul n'est censé
ignoré la loi », posent les germes de futurs conflits fonciers. En
effet, les modes de transmissions des avis d'ouvertures d'enquête ne sont
pas portées à la connaissance des principaux concernés.
Ils sont dénoncés par les victimes qui disent ne pas être
informé de ces enquêtes qui se font à leurs insu et qui ne
les donnent pas l'occasion de faire des réclamations. Les avis ne sont
pas adaptés aux canaux de communication dans certaines zones.
En effet, les moyens de communications pour ces types d'avis
devaient être adaptés à celui des villages ou les lieux de
cultes, les places publiques sont des lieux de rassemblement et de partage de
l'information. Ces avis d'enquête commodo et incommodo devraient donner
une place de choix aux chefs de villages et aux délégués
de quartiers ainsi que les conseils de quartiers et dans une échelle
plus large, impliquer les communes concernées. Ces conflits sur les
natures juridiques des terres posent aussi un problème
d'équité sur le domaine de l'Etat et sur le domaine national
quant à la priorisation de l'accès à la terre aux premiers
occupants.
63
La mise en valeur des terres du domaine national et du domaine
de l'Etat est une obligation pour toute demande d'immatriculation. Mais avec la
recrudescence de ces conflits et la démolition par la Dscos, des
constructions des populations, fruits de lourds investissement au
bénéfice d'individus munis d'actes de baux récents et
délivrés après que les populations se soient
déjà installées sur la parcelle, et même parfois
tout en légalité, révèlent des incohérences
sur l'interprétation de la loi au profit des plus forts, ce qui remet en
question la pertinence d'octroyer des baux sur des terres déjà
mises en valeur par ceux qui les ont occupées sous réserve qu'ils
ne disposent pas d'actes de propriété.
B. Les instruments de planifications
B.1 Les plans d'urbanisme et d'aménagements et
leurs sphères
d'interventions
· Le Plan national d'Aménagement du
Territoire (PNAT)
Le PNAT est le document national de référence en
matière d'aménagement du territoire adopté en 1997. Le
PNAT est l'aboutissement d'un long processus de planification spatiale qui a
débuté en 1977. C'est un document de prospective à
l'horizon 2021 qui repose sur le scénario du « développement
durable et harmonieux » et vise à la fois l'exploitation optimale
des ressources et des potentialités là où elles se
trouvent, la décentralisation et la recherche d'un meilleur
équilibre entre les régions. Les objectifs spécifiques
poursuivis consistent à :
Ø promouvoir un réseau de pôles de
développement hiérarchisés et bien répartis ;
Ø développer des réseaux
d'infrastructures de communication et d'équipements collectifs
structurants et correctement répartis sur le territoire national ;
Ø promouvoir une gestion rationnelle des ressources
naturelles et du cadre de vie ;
Ø développer durablement l'économie
nationale à travers ses différents secteurs.
Dans sa stratégie de mise en oeuvre, le PNAT avait
recommandé l'élaboration de schémas directeurs
d'aménagement spécifiques dans les zones spécifiques
à fortes potentialités. Ainsi l'élaboration du
Schéma d'Aménagement et de Développement territorial
(SDADT).
·
64
Les Schémas régionaux d'Aménagement
du Territoire (SRAT)
Les SRAT sont les déclinaisons des orientations
stratégiques du Plan national d'Aménagement du Territoire au
niveau des régions. Par exemple, le Schéma régional
d'Aménagement du Territoire de la région de Dakar a 4 principaux
objectifs visés 4 :
Ø créer une structure urbaine plus
équilibrée ;
Ø améliorer le cadre de vie dakarois ;
Ø unifier le cadre de référence spatiale et
de planification régionale ;
Ø renforcer la place de Dakar comme pôle
international.
Pour le Schéma régional d'Aménagement du
Territoire de la région de Thiès ces principaux objectifs
visés sont de 5 :
Ø promouvoir les établissements humains ;
Ø renforcer les infrastructures et équipements
socio-économiques de base ;
Ø développer les réseaux de communication ;
- améliorer le cadre territorial ;
Ø développer les activités
économiques régionales ;
Ø renforcer la gestion de l'environnement.
· Les schémas directeurs
d'aménagement et d'urbanisme(SDAU)
Les Sdau sont des plans qui déterminent l'ensemble des
orientations qui sont fondamentale à l'aménagement des
territoires. Ils doivent jouer un rôle d'équilibre en prenant en
compte divers facteurs comme l'extension des agglomérations, l'exercice
des activités agricoles, industrielles et autres activités
économiques et l'exigence de préservation de l'environnement.
Dans un souci de cohérence, les schémas
directeurs d'aménagement et d'urbanisme prennent en compte les
programmes de l'Etat ainsi que ceux des collectivités locales et des
établissements et services publics ou privés. En
déterminant la destination générale des sols, ils peuvent
ainsi décider de la nature et du tracé des grands
équipements d'infrastructures, en particulier de transport, la
localisation des activités les plus importantes ainsi que les zones
préférentielles d'extension ou de rénovation et de
restructuration. Les schémas directeurs d'aménagement et
d'urbanisme s'appliquent à une commune, à une communauté
rurale, à un ensemble de communes et de communautés rurales ou de
leurs parties. Ils sont dotés des plans d'occupation des sols qui
constituent leur complément. Les schémas directeurs
d'aménagement et d'urbanisme sont rendus exécutoires par
décret après avis favorable du conseil régional.
· 65
Les plans directeurs d'urbanisme :
Les plans directeurs d'urbanisme, approuvés par
décret sur rapport du Ministre chargé de l'Urbanisme après
avis favorable de la ou des collectivités locales
intéressées. Les plans directeurs d'urbanisme s'appliquent aux
communes, à des parties de communes ou de communautés rurales,
à des agglomérations, ou des parties d'agglomérations que
réunissent des intérêts dans le cadre de
l'intercommunalité et c'est pourquoi ils intègrent et coordonnent
les objectifs de l'Etat, des collectivités locales, des organismes
publics ou privés en matière de développement
économique et social.
Le plan directeur d'urbanisme jette les bases des
orientations à prendre ainsi que les éléments qui seront
essentiels dans l'aménagement des zones urbaines, Ils peuvent contenir
l'indication des zones dans lesquelles seront établis les plans
d'urbanisme de détails et des zones spéciales
d'aménagement foncier ,ils peuvent aussi comporter même un
règlement qui fixe les conditions de l'utilisation du sol.
· Les plans d'urbanisme de
détails
Approuvés par décret sur rapport du Ministre
chargé de l'Urbanisme après avis de la collectivité locale
concernée. Les plans d'urbanisme de détails sont plus
précis que les autres plans et plus spécifique au sol. Ce sont
des plans complémentaires qui viennent précisés ou
complétés les dispositions des plans directeurs et schémas
d'urbanisme en fonctions des spécificités de chaque secteur
concerné, surtout la délimitation des zones d'affectation. Les
plans d'urbanisme de détails prennent en considération la nature
et valeur des sols, des règles d'utilisation du sol et
l'équilibre écologique. Ainsi, ils déterminent :
Ø Les modes particuliers d'utilisations du sol ;
Ø Le tracé des voies de circulation ;
Ø Les emplacements réservés aux
équipements publics, aux installations classées et autres
installations d'intérêt général et aux espaces
libres ;
Ø Les zones de protection spéciale
visées par le code de l'environnement ;
Ø Les règles et servitudes particulières
de construction justifiées par le caractère des lieux,
Ø Les conditions d'occupation du sol de façon
aussi précise que nécessaire.
Le plan d'urbanisme de détail doit comprendre :
Ø Un avant-projet d'alimentation en eau potable et
d'assainissement (eaux pluviales et
66
eaux vannes) du quartier ou du secteur intéressé
assorti d'un avant-projet d'électrification ;
Ø Le coût et l'ordre de priorité des
opérations prévues audit plan.
· Les plans de lotissement.
Les plans de lotissement sont eux aussi approuvés par le
Ministre chargé de l'urbanisme après avis favorable de la
collectivité locale. C'est des plans qui indiquent le mode
d'aménagement, d'équipement et de découpage parcellaire
d'un terrain en vue de la vente ou de la location. Le plan de lotissement
comporte différentes pièces :
Ø Un plan de situation du terrain à lotir,
Ø Un document graphique modifiant le découpage
parcellaire proposé avec l'état actuel et sa desserte,
Ø Un rapport de présentation expliquant les
principes d'élaboration du projet,
Ø Les caractéristiques des parcelles (taille,
forme, situation),
Ø Un règlement d'utilisation du sol ;
Ø Le programme de travaux de viabilisation et
d'équipement à réaliser.
II. Les organes de régulations et de
gestions.
A. Les compétences de l'Etat en matière de
gestion foncière. 1. Les services départementaux des domaines et
du cadastre.
Les services des domaines et du cadastre jouent un rôle
important dans la gestion foncière. À travers leur service
départemental, ils contrôlent, régulent et planifient
l'utilisation du foncier.
Ø Un rôle de contrôle
Rattachés aux directions régionales, ces
services des domaines et du cadastre ont un rôle de contrôle sur
tout ce qui est en rapport avec le foncier. Ainsi, pour le service
départemental des domaines, ses compétences concernent Article 73
: la supervision du domaine de l'Etat et des biens vacants sans maîtres.
Ce qui veut dire qu'ils contrôlent le domaine privé de l'Etat
ainsi que les biens vacants sans maîtres qui tombent dans le domaine de
l'Etat. Ils supervisent les opérations qui s'y font et décident
de leurs affectations grâce à leur commission de contrôle
67
domaniales (les autorisations d'occuper le domaine
privé, les concessions de droit de superficie, les lotissements les
droits à bail). Chaque département est doté de service des
domaines et du cadastre qui contrôlent le domaine national et veillent
aux opérations qui s'y font surtout les procédures
d'immatriculations qu'ils gèrent. Ce contrôle et cette supervision
ne sont pas soumis seulement aux personnes privées, mais aussi à
l'Etat qui doit se soumettre aux règles notamment aux respects des
procédures en ce qui concernent l'expropriation pour cause
d'utilité publique. Ainsi : « lorsqu'une déclaration
d'urgence est envisagée, la Commission émet un avis sur
l'opportunité du recours à la procédure d'urgence et, en
cas d'avis favorable, arrête le montant des provisions correspondant aux
indemnités éventuelles d'expropriation à verser aux
ayants-droit conformément aux dispositions de l'article 22 de la loi
n°76-67 du 02 Juillet 1976. »11. Cette commission peut
souvent émettre un avis sur le montant des indemnités à
proposer.
Ø Un rôle de régulation
Les services des domaines et du cadastre ont aussi, un
rôle de régulation du marché foncier en fixant un
barème prix foncier dans différentes zones. Alors que les
services du cadastre évaluent la nature juridique des surfaces
impactés, le suivi de l'application des méthodes de
révision des évaluations des propriétés
bâties et non bâties en vue de la détermination de leur
valeur vénale et de leur valeur locative après avoir
déterminé les coefficients d'actualisation. Ils empêchent
ainsi les spéculations sur le marché foncier qui constitue l'un
des contraintes majeures à l'accès aux logements.
En veillant aux respects des règles d'immatriculation
du domaine national, les services des domaines et du cadastre permettent de
réguler l'occupation du sol et de veiller à ce que la terre
puisse être donnée à ceux qui le mettent en valeur. Son
rôle de régulation dans la gestion du contentieux administratif et
juridictionnel en matière foncière et domaniale Art. 78.
· Un rôle de planification
Il ne peut pas y avoir de politique d'aménagement sans
que ces services ne puissent donner leurs avis sur la situation foncière
des zones concernées. Le rôle de planification des services du
domaine et du cadastre va de la production d'études à l'appui et
à l'élaboration de la législation en matière
foncière et domanial. Leurs relais départementaux servent
à faire des rapports de la situation foncière et domaniale dans
leur zone ainsi que de la production d'étude
11 Décret n°89-001 du 3 Janvier 1989
68
pouvant aider les autorités décentralisés
et déconcentrés dans leur politique d'aménagements. Ils
collaborent même dans ces projets de planifications et
d'aménagements.
Pour les services départementaux du cadastre
rattachés aux services départementaux du domaine, leurs
compétences touchent à :
Ø L'élaboration de documents techniques
nécessaires aux études foncières relatives aux
expropriations, aux acquisitions d'immeubles, au domaine de l'Etat et au
domaine national.
Ø Ils sont compétents pour tout ce qui concerne
la conception et l'évaluation de stratégies pour
l'aménagement foncier et le cadastre dans leur aire géographique
art 81. Leur appui technique s'avère indispensable dans
l'exécution des politiques économiques, sociales de l'Etat.
2. La Dscos
La Dscos est créée par le décret n°
2007-868 en date du 7 août 2007, faisant partie de la gendarmerie en tant
que section spéciale. Elle fut logée à la primature
à un temps. Elle est aujourd'hui et rattachée aux
ministères des forces armées. Son personnel est mixte
composé de gendarmes et des civils. La Dscos a pour mission la
surveillance, la constatation et l''exécution des décisions.
· La surveillance :
La Dscos est chargée de surveiller et de
contrôler le domaine de l'Etat dans le département de Rufisque.
Cette surveillance se concentre le plus sur la superficie qui englobe les
pôles urbains. Elle est aussi chargée de la surveillance et du
contrôle de l'occupation du sol, des constructions, aménagements,
travaux sur toute l'étendue du territoire national ; ce qui lui donne le
pouvoir de veiller aux respects des lois et règlements en matière
d'urbanisme, vérifier si les constructions ou les bâtiments sont
conformes aux plans de constructions et s'assurer de l'existence des actes de
propriété.
· La Constatation des infractions relatives
à l'occupation du sol :
De ce fait, elle reçoit les plaintes qui peuvent
porter généralement sur des occupations illégales de
terrain appartenant à autrui, des empiètements de construction ou
sur le non-respect des règles dites de mitoyenneté. En dehors des
personnes physiques, la Dscos reçoit aussi les
69
plaintes des personnes morales comme l'Etat, les
collectivités territoriales qui l'utilisent comme instrument de
contrôle de leur domaine. Les cas de conflits peuvent être
résolus au sein de la direction et le reste qui dépasse leur
compétence est transmis au parquet.
· L'exécution des décisions de
justice.
Dans les litiges fonciers, la Dscos après avoir
transmis au parquet les conflits fonciers qu'elle ne peut résoudre par
voie amiable, veille à l'application des décisions que les
tribunaux prendront pour ces litiges.
3. Les services départementaux d'urbanismes
:
L'Urbanisme a pour objet l'aménagement et la gestion
prévisionnels et progressifs des agglomérations dans le cadre de
la politique de développement économique, social et
d'aménagement du territoire et de la protection de l'environnement. Son
objectif est l'organisation rationnelle du sol en vue de l'amélioration
des conditions de vie des populations et asseoir les bases de production de
richesses et d'un développement durable. Les services de l'urbanisme ont
pour rôle de contrôler les règles d'urbanismes dans les
zones urbaines. Ils régulent l'extension urbaine en réglementant
les opérations de lotissement et de constructions de telles sortes qu'il
puisse y avoir un cadre de vie durable. Les services départementaux de
l'urbanisme travaillent en étroite collaboration avec les services
départementaux des domaines et du cadastre dans les opérations
d'immatriculations. Ils donnent leurs avis sur les demandes d'immatriculation
des tiers sur le domaine de l'Etat en désignant leur usage. Ils sont
aussi présents du début à la fin des procédures
d'expropriation, dans les étapes de conciliation où ils sont
désignés pour veiller au respect des évaluations des
impenses.
4. L'Anat :
L'Anat est une agence créée par décret
2009-1302 du 20 novembre 2009. Il réunissait en son temps, les
attributions de la Direction des Travaux géographiques et
cartographiques (DTGC) et celles de l'Agence national du Cadre de vie et de la
qualité de la consommation (ANCVQC), placé sous la tutelle
technique du Ministre chargé de l'Aménagement du territoire et
celle financière du Ministre chargé des Finances. L'Anat, est
aujourd'hui rattaché au ministère des collectivités
territoriales et de l'aménagement du
70
territorial. L'agence est au coeur de la politique de l'Etat.
Elle met en cohérence les outils de planification dans les
différentes échelles national, régional et local.
Il joue un rôle important sur la gouvernance du foncier
et dans le système d'occupation du sol pour un meilleur cadre de vie. De
ce fait, il veille à la mise en cohérence des réseaux
d'infrastructures et d'équipements publics avec les besoins des
populations. De même que de la conformité avec les options
stratégiques du gouvernement, le développement harmonieux des
agglomérations, à la répartition équilibrée
des activités économiques et des populations sur l'ensemble du
territoire.
L'agence est chargée sur le plan foncier d'assurer le
suivi de l'application des lois sur le Domaine national et la Réforme de
l'Administration régionale et locale. Ainsi, il veille au respect des
lois sur le domaine national et peut même donner un avis sur les projets
ayant une incidence sur l'Aménagement du Territoire. De ce fait, il sert
d'appui technique à l'administration dans les différents projets
entamés, de leur cohérence sur les politiques de
planifications.
5. Les services départementaux des eaux et
forêts :
Le service départemental des eaux et forêts a
pour rôle : de maintenir un bon équilibre de l'environnement en
préservant des eaux et forêts. Ce rôle d'équilibre
est possible grâce à leur mission de conception,
d'élaboration, de coordination et de mise en oeuvre de la politique du
gouvernement dans les domaines de l'environnement, des eaux et forêts et
du développement durable et d'en assurer le suivi. De ce fait, le
service départemental des eaux et forêts peut dans sa zone :
Ø Assurer l'aménagement, la reconstitution, la
conservation des forêts, des aires protégées, des
écosystèmes fragiles, des bassins-versants et la conservation des
eaux et du sol ;
Ø Veiller à l'exploitation rationnelle des
forêts et de la faune sauvage,
Ø Veiller à la préservation du milieu
marin et des zones côtières contre toute forme de pollution et de
dégradation,
Ø Assurer la maîtrise d'ouvrage du volet
environnement de toutes les activités socio-économiques ;
Ø
71
Assurer la certification pour la préservation, et la
délivrance des autorisations des coupes du bois et dérivés
ainsi que des produits forestiers non-ligneux ;
Ø Mettre en place et gérer des
mécanismes de veille et de suivi de l'état de l'environnement
naturel et humain.
Ø Assurer la protection de l'environnement contre
toutes les formes de dégradation en collaboration avec les structures
concernées.
6. Les représentants
déconcentrés (gouvernance, préfecture,
sous-préfecture et chef de villages).
Ces représentants de l'Etat veillent au respect des
règles au niveau de différentes échelles administratives
(région, département, communes d'arrondissements et les
villages). En matière foncière, le contrôle des actes des
collectivités locales par les préfets et sous-préfets
permet d'avoir une gestion en cohérence avec les politiques publiques.
Les gouverneurs, préfets sont souvent dans leur circonscription les
chefs de la commission conciliation lors des procédures d'expropriation.
Ils ont la compétence de police. Les actes du Conseil municipal sont
soumis à priori à l'approbation du représentant de l'Etat,
Art 3 du décret n 96-1138.
Les chefs de village dans les zones rurales, et même
périurbaines occupent la place à la fois de représentant
de l'Etat et des populations, ce qui en fait les relais des populations
auprès des autorités.
Leurs connaissances de la situation foncière du
village leur permettent de jouer un rôle de cadastre rural dans les zones
ou les règles coutumières restent présentes et où
il devient nécessaire de connaître l'historique des
propriétés des terres et des familles concernées. Un autre
représentant de l'Etat a vu le jour avec le développement des
villages et la création des quartiers, il s'agit du
délégué de quartier qui en dehors de l'importance en
matière de gestion foncière des chefs de villages, joue dans des
degrés moindre, le même rôle que ce dernier. Avec la
création des conseils de quartier les populations seront aussi en plus
des représentants mentionnés, au coeur de la gestion de leur
espace en générale et la terre en particulier surtout celle du
domaine national dans leur quartier.
72
B. Les compétences des collectivités
territoriales en matière de gestion foncière
La gestion des terres du domaine national par les
collectivités territoriale est un long processus qui a
démarré depuis l'adoption de la loi relative aux
communautés rurales en 1972, qui permettait aux présidents des
conseils ruraux d'affecter les terres du domaine national. Cette
procédure continua avec la loi sur la décentralisation en 1996
qui consacrait la régionalisation et le transfert de 9 domaines de
compétences aux communes. Elle aboutit avec l'acte 3 de la
décentralisation qui porte sur la communalisation intégrale et la
création des départements en supprimant les communautés
rurales et les communes d'arrondissements.
Les dernières réformes constitutionnelles aussi
donnent une place de choix aux communautés locales dans la gestion des
ressources naturelles, de même que les retombées
économiques liées à leur exploitation. Avant la
création de la Dscos, une collectivité territoriale comme la
région pouvait avoir, sur l'initiative du représentant de l'Etat,
des organes chargés de surveiller l'occupation du sol avec bien
sûr l'appui des services techniques de l'Etat.
Ces outils étaient des comités régionaux
de surveillance et de contrôle de l'occupation du sol Article R 29. Ces
comités étaient chargés :
Ø De la lutte contre les constructions et occupations
irrégulières ;
Ø De surveillance des espaces publics et des secteurs
sauvegardés ;
Ø Du programme d'exécution des mesures
arrêtées à cet effet et du contrôle des
opérations de leur mise en oeuvre, en rapport éventuellement avec
les brigades de surveillance. Ces comites étaient
représentées par tous les services déconcentrés de
l'Etat et les représentants des collectivités locales
concernés.
Ces comités disposaient aussi des agents
mandatés par les autorités compétentes et munis de cartes
professionnelles, chargés de visiter les lotissements et constructions
en cours ou achevés et procéder aux vérifications qu'ils
jugent utiles.
1. Les communes :
Avec l'acte 3, les communes voient leurs compétences
renforcées surtout en matière foncière. Des
compétences qui ont un impact direct et indirect sur leur foncier.
Ainsi, le nouveau code des collectivités territoriales leur donne le
droit d'initier des politiques d'aménagement afin de veiller à
une utilisation plus rationnelle de la terre, de même qu'une politique
d'habitat plus maîtrisée. De ce fait, les communes peuvent
élaborer par exemple un
73
Plan général d'occupation des sols, des projets
d'aménagement, de lotissement, d'équipement des
périmètres affectés à l'habitation, ainsi que
l'autorisation d'installation d'habitations ou de campements.
La spécificité de l'acte 3 relève de sa
capacité à prendre en compte l'aspect rural de la plupart des
communes récentes. De ce fait, la loi leur donne la compétence de
pouvoir protéger l'environnement et ainsi prévenir certaines de
ces atteintes comme « Les agressions de la faune et de la flore et la
lutte contre les prédateurs et braconniers » de même que
« La lutte contre les incendies et la pratique des feux de culture »
art 12.
Héritières de la majeure partie des
compétences qui étaient dévolues aux communautés
rurales, les communes ont aussi un pouvoir d'affectation et de
désaffectation des terres du domaine national à condition
qu'elles soient immatriculées d'abord au nom de l'Etat et
affectés aux communes, notamment pour servir d'assiette à des
projets d'équipements collectifs Article 301. Les communes disposent de
plusieurs leviers de surveillance et de contrôle de l'occupation du sol
qui sont : la Dscos, la direction des services techniques, la police
municipale, la commission domaniale de la commune, le service d'urbanisme de la
commune. La propriété des terrains immatriculés reste
à l'Etat dans le cadre des lotissements des terrains du domaine national
des zones urbaines.
Les maires aussi voient leurs compétences
renforcées surtout en matière foncière. Le maire peut
présider la commission d'attribution des parcelles même si la
composition des membres de cette commission est fixée par décret.
Les décisions de la commission font l'objet d'un acte portant
attribution de parcelles aux affectataires.
Les maires ont aussi un pouvoir de régulation du
foncier. Ils peuvent par exemple délivrer après instruction par
le service chargé de l'urbanisme : des permis de construire, les accords
préalables, les certificats d'urbanisme, les certificats de
conformité, les permis de démolir et les permis de coupes et
d'abattages d'arbres.
2. Le département :
Le département, créé avec la
réforme sur l'acte 3 de la décentralisation a des
compétences qui touchent plus ou moins le foncier.
Ces compétences concernent : l'aménagement de
l'espace : "le département a compétence pour réaliser les
plans départementaux de développement et organiser
l'aménagement du territoire dans le respect de
l'intégrité, de l'autonomie et des attributions des autres
collectivités locales" Article 27. Cette compétence est bien
précisée dans l'article 316 qui donne le pouvoir au
74
département d'élaborer et de mettre en oeuvre
son schéma d'aménagement du territoire. Le département
intervient indirectement dans la gestion foncière des autres
collectivités, ainsi, il peut approuver des schémas directeurs et
d'urbanisme (SDAU) et soutenir l'action des communes en matière
d'urbanisme et d'habitat. Article 318.
Comme les autres collectivités territoriales, le
département est compétent :
Ø Pour créer et gérer des forêts,
zones protégées et sites naturels d'intérêt
départemental,
Ø Pour délivrer des autorisations d'amodiation
de chasse, après avis du Conseil municipal,
Ø Pour élaborer et mettre en oeuvre des plans
d'action locale pour l'environnement,
Ø Autoriser de défricher après avis du
Conseil municipal concerné, délivrer de permis de coupe et
d'abattage.
Ø Pour répartir des quotas d'exploitation
forestière entre les communes,
Ø À lutter contre les incendies et protection
de la nature,
Ø À élaborer et mise en oeuvre de plans
départementaux d'actions de l'environnement, d'intervention d'urgence et
de prévention des risques,
Ø À la réalisation de pare feux et la
mise à feu précoce, dans le cadre de la lutte contre les feux de
brousse Article 304.
TROISIEME PARTIE :
ANALYSE DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS
75
CHAPITRE I: Les dynamiques urbaines : Des impacts
multiples sur le foncier.
I. Impact sur les modes d'appropriations des
terres.
A. Une appropriation des terres progressivement
privatiste.
Les règles coutumières ont longtemps
conditionné la gestion des terres dans notre milieu d'étude qui
regorge des villages traditionnels Lébous. Les rapports entre les
villageois et la terre, étaient plus un rapport irréel. La terre
était sacrée, un bien collectif et sa destinée devait
être soumise à l'avis de tous, surtout celui des chefs coutumiers,
des familles dirigeantes fondatrices des villages.
Ainsi, les terres que les dignitaires et chefs coutumiers
donnaient, avaient pour objectif d'encourager le peuplement des villages afin
d'éviter la disparition des villages, c'est le cas des villages comme
Niague-Peulh, Déni Guedj Sud, Keur Mareme Mbengue.
Mais à cause de la forte croissance urbaine des villes
de Dakar et de la banlieue, de la rareté des terres, que les rapports
entre les villageois et la terre changèrent.
La terre devient alors une marchandise sur le marché,
une offre qui ne peut satisfaire la forte demande qui existe. La
prédominance des chefs coutumiers dans la gestion foncière est
reléguée au second plan par les organisations publiques et
privées qui prennent le relais, cette mutation est visible dans les
modes d'acquisitions et les difficultés dans l'effectivité des
règles régissant le foncier.
76
A.1 Les mutations dans les modes d'acquisitions des
terres.
Les mutations dans les modes d'acquisitions des terres sont
visibles. Ces mutations se caractérisent par une prédominance des
acquisitions par achat. Du fait de la forte demande de logement, la terre dans
les deux communes, constitue une ressource rare qui fait l'objet d'une forte
convoitise. Dans les deux communes, environ 40 % des enquêtés
affirment avoir acquis leur terre par achat, ce qui s'explique par une forte
ruée dans cette zone et le nombre important de projets de logements qui
foisonnent dans les deux communes. Cependant, les modes de transmissions par
héritage perdurent jusqu'à présent et font environ 37 %.
Les populations sont conscientes aujourd'hui de la raréfaction des
terres et des difficultés que pourraient être à l'avenir
l'accès aux logements. La majeure partie des personnes
enquêtées ont décidé de ne pas vendre leurs terres
pour ne déposséder leurs héritiers qui se retrouveront
après sans logement. Ce qui explique l'importance des modes
d'acquisitions par héritage qui sont très fréquentes dans
les deux communes. En effet, la population est devenue beaucoup plus regardante
sur le foncier, surtout s'il doit servir pour l'habitat. Depuis
l'épisode du litige sur le titre foncier Berthin, cette mode
d'acquisition est très ancrée dans les pratiques surtout à
Bambilor village le plus densément peuplé de la commune ou
l'acquisition par héritage fait 56 %, suivi de l'achat qui est de 21
%.
Les dons arrivent peu après et représentent pour
les enquêtés 16 %. Les modes d'acquisitions par don sont plus
fréquents dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague, composés de
villages récents avec des chefs de villages qui ont mené des
politiques de peuplements dans leurs villages, c'est le cas des villages de
Keur Mareme Mbengue et de Niague-Peulh .Cette politique de peuplement a
été confirmé par le fondateur et ancien chef de village de
Niague - Peulh, le vieux Souleymane Ba et premier occupant du village qui dit
que « j'ai dû faire des dons de terres à mes proches et
aux personnes venus des villages alentours comme Niague-Wolof et
Tivaouane-Peulh afin de les encourager à s'installer dans la zone
» .
77
Graphique n° 6 : Mode d'acquisition
des terres des personnes dans les deux communes
51
ACHAT HERITAGE DON LOCATION PRÊT
RELOGEMENT
18
34
Mode d'acquisition de terres
30
Tivaouane-Peulh-Niagha Bambilor
17
11
4 1 1 3 1
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
1. La prédominance des actes de
propriétés.
La prédominance des actes de propriété
est l'un des meilleurs baromètres pour mesurer le degré
d'appropriations de la terre par les populations. Notre enquête a
révélé une prédominance d'acte de
propriété dans les gros villages, devenus des chefs-lieux de leur
commune. Grace aux infrastructures routières qu'ils
bénéficient ces villages sont devenus des carrefours.
Dans ces zones, le coût élevé de la terre
s'explique par un fort taux de densité comparé aux autres
villages ce qui fait que les terres sont plus disputées. Ces villages
contrairement aux autres villages périphéries de la commune sont
devenus des centres des communes. Durant notre enquête sur les 186
personnes qui avaient déclaré détenir de terre
d'habitable, 75 % affirment avoir des actes de propriété et 25 %
n'en ont pas. Cette tendance est plus forte dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague à cause du nombre important
d'enquêté. Mais dans la commune de Bambilor, il existe une partie
importante de personnes qui ne détient pas d'acte de
propriété sur leur terre, environ 30 % répertoriées
majoritairement dans les villages traditionnels comme Déni Biram Ndao ou
la plupart des maisons de types traditionnels avec de grandes surfaces sont
difficiles à délimiter. L'importance de la superficie des maisons
s'explique par une volonté de vivre ensemble, en grande famille. Cette
propension révélait aussi un souci de sécuriser leur
logement et prévoir des réserves au sein de ces parcelles. En
effet,
78
conscientes tôt ou tard de l'épuisement des
réserves de terres habitables, les populations préféraient
occuper de grandes surfaces pour sécuriser l'accès aux logements
de leurs proches, d'où l'éparpillement de bâtiments
construits dans les demeures, équivalents à chaque
ménage.
Mais cette mode gestion, peut également soulever des
conflits liés à l'héritage après la mort du
patriarche. Elle peut créer sur le long le terme des problèmes
rencontrées dans les quartiers populaires des grandes villes avec un
accès difficile lié à leur nature de quartiers à
habitation spontanée dépourvus de lotissement .Au fur et à
mesure du degré d'urbanisation, se posera enfin l'obligation de
l'immatriculation conditionnée aux actes de certificats
d'héritages et aux morcellements après mutations individuels de
la demeure familiale de chaque héritier. Cette longue procédure
constitue une contrainte à la sécurité foncière.
Elle soulève aussi un autre problème, les implications des
mariages coutumières ou religieuses qui souvent ne sont pas
déclarées auprès des services d'état-civil, tout un
écueil dans le processus d'urbanisation alors que certains segments de
la vie coutumière restent toujours ancrée auprès des
populations.
Graphique n° 7 : Détention
d'acte de propriété par les personnes enquêtées
AVEC ACTE DE PROPRIÉTÉSANS ACTE DE
PROPRIÉTÉ
Detentionn d'acte de
propriété dans
chacune des
deux communes
52
Bambilor Tivaouane-Peulh-Niague
89
22
25
Detention d'Acte de
propriété sur
l'ensemble des
deux communes
25%
75%
Dispose d'acte de propriété
Ne dispose pas d'acte de propriété
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
79
1.1 L'émergence des actes de
délibérations comme mode d'acquisition.
La complexité des procédures d'immatriculations
de parcelles, constitue un problème dans les zones rurales, c'est
pourquoi les compétences en matière d'affectations de terres du
domaine national étaient reconnues à la communauté rurale
et aujourd'hui aux communes qui par leurs organes de
délibérations peuvent faire des actes allant dans ce sens. La
forte demande foncière et la nature des différentes terres qui
sont sous le régime du domaine national, donnent un rôle
indispensable aux communes, qui sont au coeur des transactions
financières du fait que les revenues qu'elles y tirent sont
importantes.
Ainsi, nous notons une forte prédominance des actes de
délibération dans les maisons visitées durant notre
enquête, envions 51 % dans les deux communes, 48 % à
Tivaouane-Peulh-Niague et 52 % à Bambilor. La forte présence
d'acte de cession dans les maisons enquêtées 28% dans les deux
communes, dont 30 % à Tivaouane-Peulh-Niague et 23 % à Bambilor,
démontrent deux choses :
- L'importance des chefs de village dans les transactions
fonciers. Ils jouent un rôle de témoins et s'assurent que les
terres cédées n'appartiennent pas à une autre personne ou
ne font pas l'objet d'un litige.
- la nature des terres cédées qui sont dans le
domaine national. En effet, les terres du domaine national ne sont pas à
vendre, mais à céder.
-Et la facilité dans les transactions qui n'exigent pas
une procédure compliquée, ce dernier avantage a comme
inconvénient de ne pas sécuriser assez les transactions.
Les actes de baux sont plus récents avec les
différentes réformes qui facilitent l'obtention de bail, ainsi
ils représentent 13% dans les deux communes. Suite aux litiges qui
existent dans la zone dues en plus grande partie aux titres précaires
comme le permis d'occuper et les actes de délibérations, les
populations préfèrent acheter aujourd'hui des parcelles plus
sécurisées (bail ou titre foncier). Certains cas de litiges
dénombrés dévoilent l'existence de faux actes de
délibérations ou même plusieurs numéros d'actes de
délibérations délivrées sur une même
parcelle.
Certains promoteurs sont conscients de ces pratiques qui se
font au sein de leurs corps de métiers. Ainsi, ils
préfèrent allait plus loin dans leur procédure afin de
rassurer leurs clients en introduisant des demandes de bail pour leurs
parcelles. C'est pourquoi les concessions qui disposent de baux et de Titres
fonciers sont plus localisées dans les zones loties. C'est le
même
80
cas des titres fonciers 5 %, localisés vers cités,
dans les villages de Tivaouane-Peulh et de Niague-wolof surtout dans les
cités de recasement.
Graphique n° 8 : Nature juridique
des terres de personnes enquêtées
TITRE FONCIER BAIL DÉLIBERATION ACTE DE CESSION PERMIS
D'OCCUPÉ
4
7
10
Nature juridique des terres
17
Bambilor Tivaouane-Peulh-Niague
46
64
20
39
1
5
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
B. Une appropriation privatiste nuancée par la
préférence des voies amiables comme mode de résolutions
des conflits.
Malgré la médiatisation, des conflits et les
acteurs qu'ils impliquent, les populations préfèrent
résoudre leurs Conflits fonciers, par voie amiable. Ces conflits
fonciers tournent autour des questions de limites de parcelles, d'escroqueries
sur les parcelles et des contestations sur la propriété des
parcelles. Ils mettent aussi aux prises, les agriculteurs entre eux, les
acheteurs contre les promoteurs et des membres d'une même famille,
surtout les questions d'héritage. La résolution par voie amiable
est certes moins contraignante. Mais elle a l'avantage de régler
rapidement la situation surtout lorsqu'il s'agit de la vente d'une parcelle
à plusieurs personnes par un promoteur qui propose le plus souvent une
autre parcelle en guise de dédommagement sur une autre zone. Cette
solution est très pratiquée dans notre zone d'étude. Les
victimes se voient dans l'obligation d'accepter pour éviter la lenteur
dans les processus de résolution par voie judiciaire et du non - respect
des décisions en matière de dédommagement qui reste sans
suite.
La préférence de la voie amiable peut trouver
comme origine aussi, les caractéristiques
81
traditionnelles des structures des sociétés, ou
certains conflits sont réglés par le chef de famille ou les chefs
coutumiers en interne afin de préserver l'intégrité et la
paix dans des communautés. Cette préférence de la voie
amiable montre aussi l'importance des chefs coutumiers et surtout du chef de
village qui joue un rôle de régulateur social. Cependant, la forte
croissance urbaine ainsi que les mutations qui se sont produites au sein de ces
communautés, ont déclenché la judiciarisation progressive
des conflits. De nombreux acheteurs de parcelles viennent de la banlieue ou des
grandes villes comme Rufisque et Dakar. Leur méconnaissance des coutumes
et l'absence de lien parentale, les poussent à recourir à la voie
judiciaire en cas de conflit foncier. Le recours à la voie judiciaire
est aussi favorisé par plusieurs paramètres qui sont les enjeux
économiques qui s'expliquent par le fait que les parcelles
achetées qui font l'objet d'un conflit sont le résultat de
plusieurs années d'économie, la médiatisation et le nombre
important d'acteurs impliqués favorisent aussi cette judiciarisation des
conflits fonciers.
Graphique n° 9: Mode de
résolution de conflits fonciers des personnes enquêtées
AMIABLE JUDICIAIRE
21
Mode de résolution des conflits
Modes de résolution des conflits
7
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
82
II. Impacts sur les habitats : La modernisation des
habitations.
Les manifestations de l'avancée du bâti
au-delà de la réduction des espaces agricoles, se trouvent aussi
dans les mutations visibles dans l'aspect des habitats. En effet, les mutations
qui se sont produits en matière d'habitat vont des types d'habitations
et de la surface occupée par ces habitations.
Il existe un flou pour considérer ces zones comme des
villages à cause de la structure des maisons .tant la croissance urbaine
dans la zone est fulgurante surtout les gros villages qui composent nos deux
communes ou les caractéristiques qui permettaient de reconnaître
les villages africains tendent à disparaître laissant place
à de nouveaux traits, propre aux villes. Constitués auparavant
d'habitations traditionnelles et quelques hameaux dispersés, la majeur
partie des villages qui composent nos deux communes ont changé d'aspect.
Il existe une véritable mutation dans la structure des habitations,
celles de types traditionnelles faites de pailles et parfois en zincs ont
laissé la place à des habitations en dures, certaines ont un
caractère hétérogènes semi-dure et
semi-traditionnel. Le peu d'habitations traditionnelles qui existent dans les
communes se trouve dans les villages un peu plus reculé, Beunoba, Mbeut,
Déni Biram Ndao ou les populations hésitent à faire des
investissements à cause de l'absence d'infrastructures et de services.
Mais ils arrivent qu'ils se retrouvent aussi dans les villages centres, comme
Bambilor, Kounoune, Niague-Wolof. Ils sont plus localisés dans les
premiers quartiers fondateurs des villages, ces habitations qui
représentent l'histoire de plusieurs siècles d'une famille ont un
symbole mystique à cause des autels qu'elles abritent à la
mémoire des ancêtres. La propriété de ces
habitations dépasse parfois une seule famille ce qui constituent une
contrainte à tout changement.
Mais la tendance dans la structure des habitations va plus
dans les constructions en dure et la disparition progressive des habitations
traditionnelles. Ce changement pourrait s'expliquer par l'avancée des
matériels et des techniques de constructions qui a fortement
bouleversé le paysage urbain dont le reflet sur le paysage proche ou
lointain n'est en réalité qu'une question de temps et de moyens.
De même, l'arrivée massive des populations du milieu urbain vers
la périphérie, favorise aussi ce genre de construction. Une fois
l'achat de parcelles effectué dans la périphérie, le
citadin cherche à reproduire le modèle d'habitat tout comme le
confort qu'il avait dans son milieu d'origine.
83
Les promoteurs immobiliers pour des raisons marketings, mais
aussi pour satisfaire les exigences de la clientèle adopte dans leur
logement ces types d'habitations modernes qui garantissent plus de
sécurité et d'hygiène .Même si la construction en
rez-de-chaussée est présente ,les constructions R+ et R+ 2
deviennent de plus en plus nombreuses à causes des surfaces de
constructions de plus en plus réduites dû à une forte
demande qui dépasse de loin l'offre. Les superficies qui sont les plus
morcelées dans les projets de lotissement sont des 150m2,
200m2 et exceptionnellement 300 qui est le regroupement de deux parcelles.
Certains habitants propriétaires d'habitations de
grandes surfaces 600 m2 à 800 m 2, voulant
profiter de cette nouvelle donne, morcelle une partie pour la revendre afin de
faire des réparations dans leur bâtiment. Les terrains de grandes
superficies qui restent aujourd'hui sont conservés pour après
être subdivisés en plusieurs parties et réparties entre les
héritiers ou les différents chefs de ménages de la
famille.
III. Dynamique urbaine et ségrégation
sociale dans l'accès à la terre
La forte attraction des terres du département de
Rufisque et la réduction des espaces agricoles sont des
baromètres qui peuvent nous permettre de mesurer le degré des
enjeux sociaux du foncier dans nos deux communes. Quels seront les impacts
sociaux dans une zone ou l'agriculture était la principale
activité des populations ? Malgré leur forte urbanisation,
certains villages des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niague gardent
une mode d'appropriation des terres largement influencée par la
tradition.
Une catégorie importante de la population
constituée de femmes et de jeunes ne pouvait avoir accès à
la terre, la terre était concentrée aux mains des personnes
âgées, des ainés et chefs de famille. Cette situation a
très peu changé dans ces zones à fortes urbanisations,
elle s'est même accentuée, ce qui s'explique par :
· D'abord le changement progressif des modes
d'acquisitions. Les terres ne sont plus données, elles sont vendues aux
plus offrants. Leur rareté augmente leur coût ce qui les rendent
inaccessibles à cette catégorie de la population, en plus
d'être un luxe, elles deviennent sources des revenues importantes pour
ceux qui en disposent, qui spéculent très souvent pour en tirer
un prix exorbitant.
·
84
Ensuite, les terres constituent de nos jours un moyen
d'épargnes pas pour les générations futures, mais pour
servir à régler des cas urgents. Les populations locales sont
conscientes de cette nouvelle configuration. Durant notre enquête de
terrain dans les différents villages des communes de Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niague, l'inquiétude des populations était
située autour des possibilités de préservation de
réserves foncières surtout pour les jeunes. Les politiques de
gouvernance foncière des communes, se limitaient sur des projets
d'extensions des villages. Mais souvent, ces projets faisaient face à
diverses contraintes. Ils servaient souvent comme moyens d'accaparement des
terres de ceux qui n'avaient pas d'actes de propriété.
Ces opérations étaient souvent des projets de
lotissement conclus entre le propriétaire, le promoteur et la commune.
Cette dernière distribue sa part de parcelles récoltées
lors du morcellement, aux ASC, aux jeunes qui à défaut d'y
construire, le revendent à des prix dérisoires (Kounoune,
Bambilor, Gorom, Mbeut).
L'autre contrainte réside des faits de la population
locale qui n'a pas très tôt mesuré l'importance de la terre
de nos jours et l'épuisement des réserves.
En effet, les propriétés de champs avaient
l'habitude de vendre leur terre aux jardiniers du dimanche par peur de se faire
spolier par l'Etat. Ces jardiniers du dimanche, venus de la capitale prenaient
le soin d'immatriculer leur terre. Ces terres sont souvent d'immenses fermes
qui entourent et délimitent les villages, ruinant toute
possibilité d'extension. Les autorités municipales ont
réagi par des actes concrets, surtout la commune de Bambilor qui a
lancé des opérations d'extensions dans plusieurs villages en
collaboration avec certains propriétaires de vergers.
Graphique n° 10: Pourcentage
de femmes et de jeunes qui ne disposent pas de terres
Tivaouane-Peulh-Niague
50%
50%
Femmes Jeunes
46%
Bambilor
54%
Femmes Jeunes
85
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
IV. Dynamique urbaine et compétition entre acteurs
économique pour le contrôle du foncier.
Le foncier dans la zone est devenu de nos jours un enjeu
complexe qui implique divers acteurs .Il crée des revenues
non-négligeables pour ces différents acteurs. L'Etat qui
détient une bonne partie des terres s'est impliqué dans la
gestion foncière. L'Etat voit dans cette zone une aubaine pour
résoudre d'abord l'épineux problème du logement dans la
région de Dakar et ensuite avec des projets structurants,
aménager la région de Dakar de telle sorte que le centre soit
décongestionné. Le foncier lui permet de promouvoir l'habitat
social en octroyant aux promoteurs immobiliers des terres à condition
qu'ils puissent les mettre en valeur en construisant des logements moins
couteux et accessibles pour les populations, c'est cela l'idée
même du projet des 100 milles logements. Les projets de logement sont
réalisés dans la zone des pôles urbains gérés
par la Dgpu.
Quant aux infrastructures comme les routes, surtout la
nouvelle autoroute de Saint -louis et les terres devant abriter le pôle
touristique de lac rose. les coûts des opérations d'expropriations
sont moins importants que dans les zones densément peuplées
où il faudra indemniser un nombre important de personnes
impactées .Cependant dans ces projets le processus de libération
des emprises est très souvent marquée par des conflits entre
l'Etat et les agriculteurs qui se sentent injustement dépouillés
de leur terre ou même d'autres personnes qui s'y établissent et y
construisent sans que l'Etat ne les considère comme des occupants
légaux.
86
Malgré de nouvelles compétences
léguées par l'acte 3, les anciennes communautés rurales
devenues des communes de pleins exercices tardent à être viables.
Ces nouvelles communes sont dépourvues de sources de revenues pouvant
leur permettre de remplir leur mission. Ainsi la terre est devenue pour eux, un
atout non-négligeable pour faire face aux difficultés sur le
court terme. Les communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh -Niaga grâce
à leur proximité avec la capitale dakaroise s'adaptent à
la demande et profite du phénomène de la croissance urbaine. Les
deux communes gonflent leurs budgets annuels grâce aux revenues qu'elles
tirent sur le foncier, il en est des frais de bornage, taxe sur l'habitat,
etc.
Pour cette année par exemple la commune de Bambilor a
prévu dans son budget de 1 milliard un apport de 256 millions de
revenues foncières. Ce qui montre que le foncier est un apport important
dans le fonctionnement des communes.
Le foncier génère des revenues importantes
auprès des populations locales. Il est fréquent de voir dans
chaque village un grand promoteur. Ces promoteurs, grâce à la
rentabilité de leur business de vente de parcelles, véhiculent
une image de réussite auprès des jeunes. Ce qui pousse ces
derniers aujourd'hui à se transformer en courtiers ou en promoteurs
d'occasion et prendre le risque de se lancer dans des opérations de
terrassement. Les propriétaires de terres ont su aussi s'adapter en
donnant la possibilité à leurs enfants ou proches de
démarrer leurs activités à travers la vente de leur propre
parcelle de terre. Cette pratique est très fréquente dans les
villages de Keur Ndiaye Lo, Kounoune, Mbeut.
La disponibilité du foncier et la forte demande dans le
secteur de la construction ont aussi fait émerger des activités
secondaires liées à la construction (quincaillerie,
maçonnerie, etc.) Le prix du marché foncier est différent
selon les zones et la nature juridique de la parcelle, les parcelles qui se
situent dans les zones viabilisées et déjà habitées
sont plus chères que celles qui sont récemment terrassés.
Ces genres de parcelles se trouvent dans des cités et font l'objet de
titres fonciers globaux contrairement à d'autres parcelles qui ont comme
papier d'acte de délibération ou d'acte de vente moins
sécurisés.
87
Chapitre II: Les conflits : indicateurs des enjeux
fonciers. Approches typologiques.
Quatre types de conflits sont les plus fréquents dans la
zone :
I. Les conflits liés aux problèmes de
délimitation entre communes.
II. Les conflits entre particuliers.
III. Les conflits entre promoteurs et populations
locales.
IV. Les conflits entre promoteurs avec l'implication de
l'Etat central.
I. Les conflits liés aux problèmes de
délimitation entre communes
Les conflits entre communes liés aux problèmes
délimitations sont devenus la principale cause de conflits entre les
collectivités .Ces conflits révèlent les limites des
différents reformes de la décentralisation. Dans notre zone
d'étude, l'impact de ces réformes constitue de futurs obstacles
à l'intercommunalité qui est essentielle pour une gouvernance
équilibré et durable d'une zone en pleine mutation.
1) L'impact des différentes reforme sur les
territoires des communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague.
a) Le découpage administratif de 2011
Le découpage administratif fut institué dans
l'ancienne communauté rurale de Sangalkam par le décret
no2011-427 du 29 mars 2011. Oumar Gueye, président de la
communauté rurale de Sangalkam qui regroupait Bambilor et
Tivaouane-Peulh-Niagha et Sangalkam gérait une communauté rurale
qui avait une forte réserve foncière.
Pour l'Etat, les motifs de ce découpage sont à
trouver dans le décret 2011. Ces motifs étaient que « vu
l'essor socio-économique que connait la communauté rurale de
Sangalkam et les gros villages qu'elle polarise, pour mieux participer dans le
développement de la région de Dakar et du pays, la
communauté rurale devrait être scindé en communes et
communautés rurales ». Le ministre chargé des
collectivités locales à l'époque Aliou Sow, argumenta en
expliquant que le découpage est d'abord une demande émanant de la
population locale. Mais surtout, le découpage avait pour objectif de
mieux rapprocher les gouvernés aux gouvernants en vue d'une prise en
charge plus efficace des préoccupations locales.
88
Mais pour beaucoup de personnes, les raisons de ce
découpage se trouvaient ailleurs. Pour Oumar Gueye Président du
conseil rural d'alors, ce découpage obéissait à des
objectifs purement politiques. En effet, le découpage intervenait dans
un contexte de tension entre le président Wade et son ancien Premier
ministre Idrissa Seck. Pour affaiblir ce dernier devenu son rival le plus
sérieux, le président voulu diminuer le poids politique de ces
lieutenants et c'est Oumar Gueye, président alors du conseil rural de
Sangalkam qui en faisait les frais. La colère des populations s'accentua
avec l'installation d'une délégation spéciale. Elles
protestèrent contre le découpage administratif et l'installation
d'une délégation spéciale.
Le découpage s'établissait ainsi : il a
été créé deux communes, Jaxaay-Parcelles-Niacoulrap
et Sangalkam. Sangalkam, qui était le chef-lieu de la communauté
rurale et qui disposait d'un vaste étendu de territoire, devenait une
commune dans un territoire réduit composée de 3 villages
(Sangalkam, Noflaye, Ndiakhirate). La commune de Sangalkam verra son pouvoir
d'influence se réduire au profit de nouvelles communautés rurales
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague.
Bambilor encerclait Sangalkam et mettait dans son giron des
villages tels que Kounoune, Keur Ndiaye Lo, Keur Daouda Sarr, et même
Ndiakhirate-Peulh qui se trouvait à deux lieux de la mairie de
Sangalkam.
Quant à Tivaouane-Peulh-Niaga, devenue chef-lieu de sa
communauté rurale, elle regroupa 13 villages (Tivaouane-Peulh, Beunoba,
Cité Darou Salam, Cité Safco, Cité Ucad 2, Déni
Guedj Nord, Keur Mareme Mbengue, Niaga-Peulh, Niaga-Wolof, Cité Socabeg,
Cité Namorra, Cité Groupe Naby, Recasés Autoroute).
Le décret no 2011-427 du 29 mars fut abrogé et
remplacé par le décret no2011-706 du 6 juin 2011. Mais
il garde toujours le même découpage, le seul changement tel que
relevé par l'arrêt de la cour suprême du 11 Aout 2011,
No 31 est le partage des biens entre les communes scindées.
Le découpage et l'installation de la délégation
spéciale vont révéler les problèmes fonciers,
plusieurs actes faisant l'objet de notre étude ont été
pris à cette époque (cas Namorra).
b) La communalisation intégrale avec l'acte
3.
L'acte 3 de la décentralisation a été
créé par la Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013. Il
consiste à donner plus de pouvoir aux communes et à promouvoir la
communalisation intégrale
89
à travers la surpression des communautés rurales
remplacées par des communes de pleins exercices et des
départements.
La loi de l'acte 3 donnait la possibilité aux
communautés rurales de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niaga de devenir des
communes de pleins exercices en préservant leur territoire tiré
du découpage de 2011. Ces nouvelles communes gèrent aujourd'hui
des territoires immenses, leurs compétences renforcées, elles
voient dans cette nouvelle loi une opportunité de se départir de
la coupole de Sangalkam et de pouvoir prendre en charge leurs besoins.
Mais au-delà de cette autonomie, l'acte 3 a
accentué les difficultés des collectivités locales. En
effet au lieu de corriger les injustices créées par le
découpage administratif de 2011, l'acte 3 a soulevé d'autres
difficultés .Les communes nouvellement érigées à
savoir les communes de Tivaouane-Peulh-Niaga et Bambilor n'ont pas
été préparées à faire face aux besoins de si
vastes territoires tant sur les moyens financiers que sur les moyens humains.
Elles font face aujourd'hui à plusieurs contraintes :
Ø le manque de qualité du personnel municipal :
ce point a été soulevé dans presque toutes les
collectivités locales. La fonction publique locale était choisie
comme solution pour résoudre ce problème, mais la
réalité politique continue toujours d'être un frein au
relèvement de la qualité du personnel municipal.
Ø L'absence d'alternatif à la seule source de
revenue existante, le foncier : dépourvues de sources de revenues
importantes, ces communes ne sont aujourd'hui viables que grâce aux
revenues qu'elles tirent du foncier. Disposant de réserves
foncières importantes, ces communes vont se tourner dans le foncier pour
résoudre les difficultés sur le court terme.
Ø La non-prise en compte dans les politiques locales,
des spécificités rurales de certains villages : les villages
comme Beunoba, Déni Guedj, Mbeut ne se sentent pas concernés par
la politique de leurs communes, du fait que leurs villages manquent
d'infrastructures et de services sociaux de base. L'éloignement des
services administratifs décentralisés constituent une contrainte
pour leur développement, il est aussi l'une des raisons du rejet des
populations des actes pris à leurs égards. Dans ces villages, les
chefs de village occupent un rôle important et se placent comme des
relais entre les populations et les autorités
déconcentrées et décentralisées, ils n'ont pas
encore perdu leur influence malgré la réforme de l'acte 3.
La démarche pour une administration de proximité
telle qu'évoquée dans les motifs exposés sur le
décret de 2011 et de la loi de 2013, n'est pas effective, à
cause, des incohérences notées dans le découpage. En
effet, les populations des villages de Kounoune, Keur Ndiaye
90
Lo, Ngalap se lèvent aujourd'hui pour réclamer un
nouveau découpage qui érigera en commune les villages
réunis de Keur Ndiaye Lo, Keur Daouda Sarr, Ngalap et Kounoune,
Ngalap.
Ils se sentent désenclavés et coupés de
leur chef-lieu qui tire des revenues importantes dans leurs villages sans
qu'aucun investissement en retour ne soit fait. Ce qui pousse les populations
à se braquer contre toutes décisions qui émanent des
autorités communales, et n'adhèrent pas aux projets
initiés par cette dernière surtout les projets qui sont en
rapport avec le foncier, d'ailleurs ce dernier point constitue l'une des causes
des conflits fonciers dans nos deux communes.
2) Des cas de conflits de délimitations entre
communes dans la zone : a) Cas d'étude : conflits de délimitation
entre la commune de Bambilor et la commune de Rufisque-Est :
Les deux communes sont en conflits ouverts et les raisons
avancées par chacune d'entre-elle, sont fondées sur des
textes.
Si la commune de Rufisque s'est basée sur le
décret de 1996 qui organise la limite des communes d'arrondissements de
Rufisque -Est , Nord et Ouest .Ce décret fixe les limites entre la
commune de Rufisque-Est et l'ancienne communauté rurale de Sangalkam qui
englobait avant le découpage de 2011 ,le village de Bambilor « au
nord limite sud de la communauté rurale de Sangalkam à
l'intersection de la route de Sangalkam avec la conduite d'eau de Lac de Guer
».
La commune de Bambilor, affirme que les limites vont
au-delà de l'autoroute à péage traversant la conduite
d'eau de Lac de Guer dans la mesure où le décret de 1996
consacrait déjà les limites entre l'ancienne communauté
rurale de Sangalkam et commune d'arrondissement de Rufisque-Est. Le
décret de 2011 et l'acte 3 ont totalement changé la structure de
la communauté rurale de Sangalkam en donnant plus de pouvoir à la
commune de Bambilor. Ainsi les villages situés à proximité
de la commune de Rufisque-Est font partie intégrante de la commune de
Bambilor.
Le décret du 6 juin 2011 est imprécis sur les
limites en oubliant les limites entre Bambilor - Rufisque-Nord et Bambilor
-Rufisque-Est.
Carte n° 4: Zone de conflit de
délimitations entre Bambilor et Rufisque-Est
91
92
b) Cas d'étude : conflit de délimitation
entre les communes de Bambilor et de Diamniadio.
Ce conflit est complexe dans la mesure où il implique
plusieurs acteurs, les deux communes, le pôle urbain de Diamniadio et le
village de Keur Ndiaye Lo. Le litige englobe presque toute l'étendue des
frontières qui séparent les deux communes.
Au Nord-Est, le conflit est cristallisé par la
forêt classée de Mbeut, cette forêt, qui vient d'être
déclassée, est sujet à des projets de lotissement. Elle
est disputée par les deux communes comme faisant partie
intégrante de leur territoire.
Au Sud-Est, l'enjeu se situe le plus sur les retombées
économiques du pôle urbain de Diamniadio. Au regard des
réclamations des autorités municipales de la commune de Bambilor
sur une partie du pôle urbain de Diamniadio, il urge de se demander alors
si la commune de Diamniadio, peut-elle être la seule commune à
bénéficier des retombées du pôle alors qu'une partie
se situe dans la commune de Bambilor surtout dans le village de Keur Ndiaye Lo
dont les populations réclament 1200 Hectare inclues dans le pôle
urbain de Diamniadio comme partie intégrante de leur terroir ? La zone
SAF, zone agricole a été un aussi un moment, source de discorde
entre les deux communes.
93
Carte n° 5: Zone de conflit de
délimitations entre Bambilor et Diamniadio
94
Photo n° 5 : Foret
déclassée de Mbeut
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
II. Les conflits entre particuliers :
La fréquence de litiges fonciers liés à
des délits d'abus de confiance et d'escroquerie est assez
élevée dans la commune de Tivaouane-Peulh-Niague. De l'avis du
commandant de la gendarmerie de Tivaouane-Peulh -Niague « la commune
de Tivaouane-Peulh-Niague est même l'une des villes avec Mbour et
Diamniadio à avoir le plus fort de taux de litige foncier dans le pays
».
Le délit d'escroquerie et d'abus de confiance en
matière foncier, s'explique par l'insatisfaction de la forte demande
foncière. Il est fréquent de rencontrer dans la zone, des
parcelles en litiges, vendues à plusieurs personnes. L'importance des
actes de vente est une réalité dans le marché foncier,
certaines ventes sont conclues sans aucun autre acte de propriété
autre que celui d'une déclaration de vente légalisée et
signée par les parties. Ces types de transactions sont très
fréquents à Tivaouane-Peulh-Niague, alors que si la parcelle fait
partie du domaine national,
95
elle doit faire l'objet d'un acte de cession avec la
présence obligatoire du chef de village qui doit mener d'abord des
enquêtes avant d'aposter sa signature.
Dans la commune de Bambilor, les conflits entre particuliers
sur le foncier ne sont pas fréquents et sont souvent
étouffés par une résolution par voie amiable avant qu'ils
ne tombent sur les mains de la justice. Il faut aussi noter la
naïveté des victimes qui se laissent appâter par le
coût dérisoire des parcelles en deçà des prix
habituels du marché. Il en va aussi du manque de vérification sur
l'état juridique de la parcelle, si elle est du domaine national ou si
elle appartient à une autre personne.
Les peines infligées ne sont pas sévères,
elles durent 3 mois à 6 mois, et encouragent même les
récidives. En effet, certains préfèrent se sacrifier en
étant emprisonné à 3 mois ou 4 mois pour ensuite sortir et
profiter des sommes de 4 à 6 millions qu'ils tirent de la vente
illégale de ces parcelles.
La résolution de ces types de conflits est graduelle.
Les conflits sont d'abord résolus à l'amiable en donnant au chef
de village ou certains chefs coutumiers, le pouvoir d'accorder ou
réconcilier les parties. Ce n'est que si l'option à l'amiable
échoue, que l'affaire est portée à la justice avec une
plainte à la gendarmerie qui après une enquête la transmet
à la justice. Il arrive que lors de ces résolutions de conflits
par voie amiable que la victime soit dédommagée par une autre
parcelle en remplacement à la parcelle litigieuse.
III. Les conflits entre promoteurs et populations
locales.
Les vieillîtes d'accaparement des terres dans nos
communes, constituent pour les populations une menace pour leur avenir. Ce qui
crée des conflits souvent entre les communautés et certains
acteurs comme les promoteurs immobiliers. Ces types de conflits touchent
récemment les habitats. Les nombreuses opérations de
démolitions initiées par la Dscos, démontrent la
récurrence de ces conflits entre les populations et des entreprises
immobiliers. Les plus récentes dans notre zone concernent une opposition
entre les actes de baux, de titres fonciers délivrés par l'Etat
que les entreprises immobiliers et quelques dignitaires se prévalent
contre les actes de délibérations délivrés par
l'ancienne communauté rurale ou même très souvent
l'ancienne délégation spéciale brandie par les
populations. Ces populations qui se sont déjà installées
après avoir consenti d'énormes sacrifices, vont être
délogées et leurs habitations démolies souvent par ce que
la justice a donné raison aux détenteurs de baux ou de titres
96
fonciers. Mais seulement, ils arrivent que les actes de
délibérations brandis par les populations soient plus anciens que
les baux dont se prévalent les promoteurs ou autres dignitaires pour
mettre la main sur la parcelle litigieuse. Les populations s'installent
plusieurs années dans une zone, et même y consentir
d'énormes sacrifices en construisant leur maison sans qu'aucune ne
mesure de prévention ou de contrôle ne leur soit appliqué
pour éviter ces conflits. Cette situation concerne le conflit qui oppose
les populations de Darou Salam 2 extensions et la Sci (société
civile immobilière) qui veut expulser plus de 243 familles qui occupe
illégalement une partie
de son domaine TF N°11847/Dp d'une superficie de 80 942
m2
`'Tolou Abdoulaye Wade (ancien président de la
République).
La SCI dit détenir un titre foncier alors que les
habitants affirment aussi détenir des actes de propriété
qu'ils ont acquis auprès du président de la
délégation spéciale de Tivaouane-Peulh en 2012. Ces
conflits remettent en cause le principe qui donne la priorité d'occuper
les terres du domaine national, les personnes qui les mettent en valeur en
premier.
Quant aux conflits qui touchent les espaces agricoles, ces
types conflits sont moins médiatisés, mais ils sont
récurrents dans notre zone d'études et leurs issus se terminent
à l'amiable avec souvent une indemnisation des exploitants qui acceptent
à cause de manque d'actes de propriété. Mais ils arrivent
aussi que des projets de lotissement des promoteurs empiètent sur les
espaces agricoles ce qui créent des conflits très vifs.
Cependant, il faut reconnaître que très souvent
les agriculteurs et les promoteurs sont en étroite collaboration, car
les parcelles morcelées étaient jadis des vergers ou des champs
servant aux maraîchages ou à l'arboriculture.
Ces espaces agricoles, appartenant à des agriculteurs,
sont terrassés et morcelés avec leur bénédiction.
Ainsi, les promoteurs en véritables courtiers n'hésitent pas
à venir proposer des projets des morcellements avec des offres
alléchantes. Mais très souvent, la proposition peut provenir
même de l'agriculteur qui pour des raisons économiques ou que ces
terres ne disposent d'acte de propriété, propose aux promoteurs
de l'appuyer pour le terrassement et le morcellement de ses terres, moyennant
un pourcentage de parcelles.
a)
97
Cas d'étude : conflit fonciers entre la Socabeg
et les maraichers de Niaga-Wolof dans la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague
Constitué majoritairement de Lebou, le village de
Niaga-Wolof fait partis des plus anciens villages de la commune de
Tivaouane-Peulh-Niague. Le maraîchage et le commerce sont les deux
activités les plus répandues dans le village. Le
développement de l'activité commerciale pourrait s'expliquer par
la position de carrefour du village et la route qui le rallie à lac
rose. La population est majoritairement composée d'agriculteurs, surtout
les autochtones ont accusé la Socabeg de faire une extension dans leur
périmètre agricole. La Socabeg avait un projet de lotissement
dans la zone et détenait même un titre foncier. Il
prévoyait d'étendre son projet sur l'espace agricole de 500
agriculteurs. Les populations se sont regroupées en collectif en tirant
des leçons sur le collectif "Sameu Sa Momel" de Bambilor relatif au
litige du titre foncier Berthin. Ils n'avaient pas choisi de président
de collectif par peur, disent-ils de se diviser. Par des médiations
successives auprès des hommes politiques, des chefs coutumiers comme le
grand Serigne de Dakar. La Socabeg a abandonné, son projet
d'extension.
b) Cas d'étude : conflits sur le titre foncier
1975 de Chevance Berthin dans la commune de Bambilor et ces
implications.
Historique et situation actuelle du domaine.
Selon le chef de village de Mbeye, l'histoire du titre foncier
Berthin a démarré en 1889. L'histoire de ce titre foncier
d'après le chef de village est née d'un conflit foncier qui
opposait Dior farine et Daour Ndao. L'avocat nommé Monsieur Verger qui
gérait la défense de Daour Ndao avait conclu avec ce dernier un
accord d'honoraire pour prendre en charge sa défense. Cet accord
stipulait selon le chef du village que Monsieur Verger devait être
payé, en terre pour ses honoraires par Monsieur Daour Ndao.
Après avoir gagné le procès qui
l'opposait à sa soeur, Daour Ndao récompensa l'avocat Verger d'un
kilomètre de terre, certains villageois disaient, qu'il s'agissait d'un
campement qu'il pouvait même identifier et délimiter. Ce n'est
qu'après les indépendances que le beau-fils de l'avocat Verger,
le général Chevance Berthin eu du président Senghor un
domaine de 25 hectares impliquant le domaine de l'avocat.
98
Le conflit qui oppose les héritiers du
général Ch .Berthin et la population commencèrent dans les
années 2000, lorsque les héritiers du Général
Berthin viennent réclamer le domaine qui englobait une partie importante
des villages de Bambilor, Gorom 2, Lac Rose Ngendouf, Déni Biram Ndao,
Wayembam, Mbeye, Déni gueth sud et Nord.
Par peur de se voir déposséder leur terre, les
populations de ces villages s'étaient retrouvées autour d'un
collectif nommé" Samm sa Momel" pour défendre leurs
intérêts. Elles ont rejeté la demande des héritiers.
Selon eux, il était impossible qu'un domaine d'un kilomètre de
terre localisé dans le village de Bambilor puisse être
allongé jusqu'à 25 km et englobait 7 villages tricentenaire ?
Elles ont donné leur propre version qui était
que ce "général de l'armée française de la
résistance, face à l'occupation allemande, qui avait des attaches
avec Léopold Sédar Senghor (ancien président du
Sénégal), a négocié un domaine d'environ 1
km2, grâce à un prêt de 100 millions de la BICIS.
Au bout d'une quinzaine d'années, Bertin a déclaré
faillite, c'est ainsi que ce domaine est devenu de droit aujourd'hui une
propriété de la BICIS". Ce qui leur fait dire que le titre
foncier des 25 km est basé sur du faux.
Zone touché :
Le titre foncier Berthin a regroupé plusieurs villages
à savoir les villages de Bambilor, Gorom 2, Lac Rose, Ngendouf,
Déni Biram Ndao, Wayembam, Mbeye, Déni Gueth Sud et
Nord.
Situation actuelle du titre foncier :
Pour sécuriser les villages qui le composent et
éviter d'éventuels conflits entre les villageois et les
héritiers, l'Etat du Sénégal a décidé en
2007 de lancer une opération d'expropriation pour cause d'utilité
publique. Il a indemnisé les héritiers du général
Ch. Berthin de plusieurs milliards à peu près l'équivalent
de 300 f le mètre carré puis d'immatriculer le titre en son
nom.
Actuellement, le titre foncier fait une superficie de 800
hectares et il est toujours en situation de morcellement depuis que l'Etat du
Sénégal l'avait acheté auprès des héritiers
de Ch. Berthin. Plusieurs titres ont été créés
à partir du titre foncier Berthin et les villages faisant partie du
titre foncier sont restés tels, quels sont (150 hectares) avec une
préservation de leur extension 50 hectares Déni Gueth, 40
hectares Bambilor et 50 hectares Gorom et Mbeye, etc.
99
Mais cette procédure d'expropriation n'eut pas l'effet
escompté à cause de nombreuses irrégularités, et
des impacts qu'elle eue sur la commune de Bambilor.
Les implications du litige du titre foncier
Berthin.
Tous les acteurs ont ressenti les implications du litige sur
le titre foncier Berthin. Pour l'Etat, c'est le rapport de L'IGE (2014), qui
est revenue sur les pertes de l'Etat et les nombreuses
irrégularités dans l'opération du rachat du domaine du
titre foncier. Ce rapport remet en question l'objectif même de l'achat
qui était non pas pour sécuriser les villages qui faisaient
partie du titre foncier, mais une opération spéculative visant
à enrichir les promoteurs que l'Etat avait cédé les
terres.
Ces promoteurs, sans avoir à respecter l'obligation de
mise en valeur qui conditionne un contrat de bail, revendent les terres aux
démembrements de l'Etat. Dans cette opération, selon le rapport,
l'Etat a perdu 30 milliards, car il n'a ni perçu les droits
d'enregistrement ni la taxe de plus-value immobilière. En effet, pour
les droits de mutation, les préjudices enregistrés
résultent, d'une part, d'une évaluation en dessous de la valeur
des parcelles - (minoration de la base imposable) et d'autres parts
d'exonération accordés sans fondement.
Pour la taxe de plus-value immobilière, comme les
promoteurs n'ont fait aucun investissement de mise en valeur de parcelles
allouées par l'Etat, les bénéfices récoltés
sur la vente ne devaient être taxé en se basant sur la
différence entre le prix d'acquisition et le prix de la cession.
L'expropriation du le titre foncier Berthin et les 2500
hectares immatriculés au nom de l'Etat a considérablement
réduit les possibilités de la commune de Bambilor et son rayon
d'action surtout sur le foncier dont elle tire la plupart de ces revenues.
Même si, le décret, numéro 2006100 en date du 03
février 2006, déclare d'utilité publique le domaine des 07
villages situés sur l'assiette du titre foncier 1975/R, ainsi que de
leurs dépendances et de l'espace nécessaire à leur survie
par l'attribution de titre foncier, la réalité est qu'aujourd'hui
que le domaine constitue une contrainte dans la politique de la commune et sur
la possibilité d'extensions des villages. De l'avis de Pathé Diop
du chef de village de Gorom 1 « les politiciens et les promoteurs ont
plus bénéficié de ces extensions dans les villages que les
populations ». Les activités des villageois, surtout les
activités agricoles sont les plus touchés par le litige sur le
titre foncier Berthin. L'attribution de titre foncier concernait uniquement les
villages et leur extension et non les exploitations en question, plus de 1042
exploitants s'activaient principalement dans l'agriculture, l'aviculture, la
transformation des produits laitiers s'étaient
100
installés dans ce domaine. Autrement dit
l'expropriation n'avait pas pris en compte les exploitations agricoles, elle ne
prévoit pas l'attribution de titres fonciers aux propriétaires
des champs. Dès lors, des exploitants et autres propriétaires,
400 personnes environ, avaient été sommés de quitter les
lieux par la DSCOS (direction de la surveillance et du contrôle de
l'Occupation du Sol).
Cependant, de nos jours, des exploitations occupent toujours
le domaine en attendant leur tour. Les vergers inclus dans le titre foncier
Berthin font toujours l'objet d'expropriation la plus récente est les
baux données par l'Etat du Sénégal aux entreprises de
Loca-Afrique et l'entreprise ABB pour des projets de lotissements de parcelles
dans le village de Mbeye. Pour l'activité, toute cette zone, qui englobe
le titre foncier, est considérée comme une zone à usage
d'habitation et sa procédure de régularisation nécessite
cette exigence.
IV. Les conflits entre promoteurs :
Ces types de conflits tournent autour de morcellements de
terre, de projets de lotissements chapeautés souvent par l'Etat ou la
commune concernée. Ils impliquent des promoteurs, des entreprises
immobilières qui sont en conflits pour l'occupation d'une terre.
L'exemple le plus récent est le différend qui oppose les
entreprisses Naby et Namorra sur une surface de 19 hectares. Ce conflit est
aujourd'hui au stade judiciaire. Ces types de litiges ont une importance
beaucoup plus grande que celui des particuliers qui mettent en jeu une
parcelle. Les conflits entre promoteurs concernent des centaines d'hectares et
remettent même en cause les actes prises par l'administration centrale et
locale à savoir les baux, les délibérations, les
autorisations de lotissements, etc. Ils soulèvent aussi une question de
hiérarchisation voir une opposition entre les actes
délivrés par les services des domaines et ceux
délivrés par la commune concernée bail, titre foncier Vs
acte de délibération, droit d'occuper.
L'issue de ces litiges est souvent favorable aux promoteurs
qui bénéficient d'un acte de propriété
émanant des agences du domaine (bail, titre foncier). Les
délibérations ne donnent droit que pour une occupation
précaire (droit d'occuper) mettant les populations dans une situation
assez délicate entre le marteau et l'enclume, obligées de se
déplacer et de perdre leurs investissements après décision
de la justice.
Dans notre zone, les projets de lotissements pour des
coopératives d'habitats sont nombreux. Ces projets sont parrainés
par des coopératives d'entreprises publiques ou privées
101
qui bénéficient de plusieurs hectares dans des
zones mettent parfois en péril toute possibilité d'extension des
villages, forcés donc de se cloîtrer dans leur limite.
1) Cas de litiges fonciers dans la zone.
Ces cas de litiges sont nombreux. Mais le plus grand litige
dans la zone concerne le litige sur le projet Namorra qui a des impacts
importants sur la commune de Tivaouane-Peulh -Niaga.
a) Cas d'étude : Les litiges Namorra dans la
commune de Tivaouane-Peulh-Niague:
Ce projet était porté par le groupe Namorra, une
société anonyme ayant comme RC N SN-DKR-2005-B 7178, NINEA 25001
232 R2. Le projet Namorra est né après les grandes inondations
dans la banlieue qui ont causé d'importants dégâts.
Ces inondations dans la banlieue et leurs conséquences
désastreuses avaient poussé L'Etat du Sénégal
à déplacer les victimes dans de nouvelles zones de recasement.
Tivaouane-Peulh-Niague ainsi que Jaxay avaient été choisi pour
abriter ces sites de recasement. C'était dans ce contexte que le groupe
Naby fut créé par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla,
qui avait initié pour objectif d'initier des projets de logements. Ce
n'est qu'après la séparation de Taboulé Sylla et Alioune
Badara Badiane que ce dernier créa Namorra. Le nom Namorra comme Naby
fait référence au prophète Mohamed Rassouloullah. Le
projet de Namorra était l'un des plus ambitieux projets à son
époque tant sur le coût que sur la qualité des logements
qui devaient être livrés tels qu'ils ont été
présentés.
De nombreuses coopératives d'habitats s'étaient
inscrits sur le projet, des coopératives d'habitats d'entreprises
privées et publiques et d'autres organisations de la diaspora qui
avaient à coeur de détenir aussi des logements.
Aujourd'hui force est de reconnaître que ce projet est
le plus grand litige foncier de la commune de Tivaouane-Peulh-Niaga si ce n'est
le plus médiatisé dans la région de Dakar. Les litiges qui
concernent l'entreprise Namorra peuvent être divisés en trois
cas:
· Conflits entre le groupe Namorra et le groupe
Naby sur une superficie de 19 hectare tiré des 51 hectares du TF3629/R
d'un bail de l'Etat du Sénégal en date du 7 Août
2007.
Ce conflit trouve son origine dès le début de
la création du groupe Naby. Le groupe Naby avait été
fondé par Alioune Badara Badiane et Taboulé Sylla. Les deux
détenaient chacun 50 % de
102
l'entreprise et c'est sur cette base qu'ils ont eu au nom du
groupe Naby un bail de 51 hectares du TF 3629 d'une durée de 30 ans pour
des projets de logements.
Sur un commun accord, Alioune Badara Badiane décide
lors de l'assemblée générale du 08 Avril 2008 tenue au
siège de l'entreprise du Groupe Naby de sortir du groupe moyennant 19
hectares du Tf 3629 d'un bail de l'Etat Sénégal sur les 51
hectares et d'une somme de 12 millions déjà versé .
Il sort du groupe Naby et crée le groupe Namorra, il
lance son programme de logement nommé cité Namorra. Soutenu par
l'Etat du Sénégal et le président Abdoulaye Wade, il
s'approche des coopératives d'habitats des entreprises publiques,
privés et les organisations syndicales pour les proposer des logements.
Seulement la mutation en son nom des 15 hectares n'a pas suivi après cet
accord selon l'ex-directeur du groupe et c'est cela qui constitue aujourd'hui
le noeud du problème.
L'affaire est pendante devant la justice, un premier
procès a été gagné par le groupe Namorra. Mais le
groupe Naby a interjeté appel et la procédure suit son cours.
· Cas des 39 HECTARES en procédure de
bail.
Le litige est plus dû à des manquements
techniques et financiers pour terminer le projet. Des parcelles octroyés
et appartenant à plusieurs personnes et des maisons qui n'ont pas encore
étaient livrées, des occupations irrégulières de
parcelles par des personnes ne faisant pas partie du projet et qui
prétendent que les terres appartiennent à leurs ancêtres.
Actuellement, une farouche lutte oppose le groupe Namorra et les populations
qui occupent la zone. Une cartographie de la zone devait même se faire
pour mesure le niveau d'occupation de la zone, mais les tensions entre les
acteurs ont rendu impossible l'initiative.
· Cas des 118 hectares délibération
du conseil rural de Sangalkam
Cette délibération a été
effectuée lors de la délégation spéciale du conseil
rural de Sangalkam, cet acte a été annulé, l'annulation de
l'acte est toujours contesté par les proches d'Alioune Badara Badiane.
Les 118 hectares sont aussi aujourd'hui occupés par des habitations.
103
b) Les victimes du projet Namorra.
Les victimes sont des coopératives d'habitats. Elles
ont cru pertinente même de créer depuis 2014, un collectif afin de
défendre leurs intérêts, pour que les travaux de
construction de logements restants, puissent reprendre afin qu'elles disposent
de leur toit.
Aujourd'hui si le secrétaire du Sustsas Cheikh Seck
avance un chiffre de 3000 victime, l'ex-directeur technique du groupe Moussa
Yade va plus loin en estimant les victimes à 9000 personnes
réparties dans diverses coopératives .Ces victimes sont
constituées de coopératives des sénégalais de
l'extérieur ou d'entreprises publiques et privées, elles sont
très bien organisées.
Parmi les problèmes dont elles sont confrontées,
les victimes du projet Namorra font face à l'impossibilité de se
faire livrer leurs logements alors qu'elles avaient déjà
cotisé. La livraison de logements à certains ayants droits posent
problème .En effet certains voient les logements qui leur sont
attribués, faire l'objet d'une double ou triple attribution. En dehors
de ces difficultés dont font faces les victimes, la continuité du
projet sur le site rencontre un obstacle qui implique les populations locales
qui entretemps se sont installées dans la zone .En effet, Il existe une
tension entre ceux qui gèrent les intérêts de la
société Namorra et ceux à qui ils imputent d'occuper
illégalement ces terres, s'en est de même entre la
société Naby et Namorra malgré qu'une décision de
justice rendue soit favorable à cette dernière. Aujourd'hui,
chacun des acteurs campent sur ses positions. Mais au-delà de ces
questions, les litiges du projet Namorra rencontre deux obstacles :
- Le premier trouve son origine au début du projet. Les
services techniques surtout ceux du domaine et du cadastre n'avaient pas
été impliqué affirme Abdou Karim Kane, agent du cadastre
qui faisait partie de la commission qui avait pour mission de résoudre
ce conflit et d'indemniser les victimes.
- Le deuxième obstacle concerne le recensement exacte
des victimes du projet Namorra, les cotisations des victimes pour
l'accès au logement s'est fait par le biais des coopératives
d'habitats.
104
Tableau n° 7: Différentes
coopératives d'habitats impliqués dans le projet Namorra
Coopératives
|
Situation actuelle
|
Coopérative d'habitat des femmes de Paris (chfp )
:
|
|
Coopérative d'habitat des ISC :
|
|
Coopérative d'Atlanta
|
|
Coopérative d'habitat de l'ONAS
|
En y incluant les 71 démissionnaires, 134
terrains sont à livrer
|
Coopérative d'habitat de la SUTSAS :
|
Un accord a été signé entre Sutsas et le
groupe Naby pour 3000 logements type F3, 50 logements ont été
livré dont 16 qui font l'objet d'une double voir triple attribution
|
Coopérative d'habitat COTECNA
|
65 terrains qui restent à être livrer
|
Source : enquête Alassane Niang,
mémoire 2017
Chapitre III: : Des conflits révélateurs
de l'inefficacité de la gouvernance foncière.
I. L'inefficacité des outils
réglementaires.
L'efficacité des outils de réglementations
fonciers rencontre des contraintes qui sont de divers ordres.
A. Les contraintes politiques et financières 1.
Dans la gouvernance foncière
Plusieurs contraintes expliquent l'ineffectivité des
outils de réglementation foncière. Ces contraintes
empêchent de prendre en compte les droits des populations locales en
matière foncière, ce qui favorise des opérations
d'accaparements à grandes échelles avec souvent la
complicité des pouvoirs publics. Au niveau national, les projets de
l'Etat pour booster le secteur de l'agriculture ont profité à une
certaine catégorie sociale composée de responsables de
l'administration, de dignitaires religieux et à la clientèle du
parti au pouvoir IPAR (2011).
C'est le cas aussi dans notre zone d'étude où
les des populations locales n'ont pas accès aux terres agricoles. Durant
notre enquête, 82.58 % des personnes déclarent que les jardins du
dimanche bénéficient plus des retombées économiques
tirées des activités agricoles que les populations locales. Ce
paradoxe s'explique par un faible taux de détenteur de vergers environ
14.39 % auprès des populations enquêtées. Ce constat peut
aussi s'expliquer par un climat d'insécurité foncière qui
pousse les propriétés terriennes non immatriculées
à vendre leur terre
105
au risque de se faire déposséder et ne pas
être indemnisé , ce que confirme Ousmane Samb un jeune promoteur
habitant dans le village Keur Ndiaye Lo « les vergers appartenant
à certaines personnes qui n'ont pas d'acte de propriété,
sont confisqués sans être indemnisés par les promoteurs
avec la complicité de la commune » . L'autre raison se situe
sur l'accès aux informations quant aux procédures
d'immatriculations auprès des populations locales. Ces procédures
sont pour les populations difficiles et lentes et elles constitueraient
même une contrainte à l'immatriculation des terres. C'est cette
ignorance dans les procédures et surtout les difficultés
d'accès à la bonne information qu'une certaine catégorie
de la population, plus placée et informée sur la situation
foncière profitent de cette avance pour s'accaparer de centaines
d'hectares de terres dans la zone. En effet, la plupart de ces jardiniers du
dimanche sont des fonctionnaires de l'Etat ou d'anciens dignitaires des
différents régimes. Mais aussi, les contraintes politiques
à l'effectivité des outils de réglementations fonciers
sont à trouver dans les rapports qu'entretiennent l'Etat et les
collectivités locales, conditionnées selon les appartenances
politiques. Il en est ainsi des incohérences notées sur le
découpage administratif, maintenus toujours pour des raisons
jusqu'à là, inconnues. De même que la gouvernance
foncière des communes qui fait de la terre, un moyen d'entretien de la
clientèle politique. Les plus grands litiges dans notre zone
d'étude trouvent leurs sources dans les actes pris par l'Etat
(l'instauration de la délégation spéciale en 2011, de
même que l'accaparement des domaines du titre foncier Berthin) avec des
soubassements politiques, devenus à la longue, une contrainte dans la
gouvernance foncière. Les équipes municipales rencontrent des
difficultés pour contrôler la régularité des
constructions. Pour ce qui est de la délégation spéciale,
nombreuses parcelles qui font objet de litiges ont été
attribués du temps de la délégation spéciale, c'est
le cas de certains litiges comme Namorra et celui qui oppose aussi les
populations de Darou Salam 2 à la SENICO .En effet, s'agissant du
découpage administratif suivi de l'installation de la
délégation, nous avons remarqué que certains villages de
la commune de Bambilor comme Keur Ndiaye Lo, Kounoune rencontrent des
difficultés liées à un manque d'une administration de
proximité.
« Les populations ne se sentent pas impliquées
dans leur commune et ne se reconnaissent pas dans ce découpage
» dit El Hadji Mbaye Samb, chef du village de Kounoune. C'est
pourquoi selon lui, ces villages (Kounoune, Keur Ndiaye Lo, Keur Daouda Sarr et
Ngalap) ont déjà commencé à entamer une
procédure afin qu'ils soient regroupés en une nouvelle commune.
Mais actuellement dit-il « Kounoune et Keur Ndiaye Lo font l'objet
d'une forte bataille politique entre le maire de Bambilor et son adversaire
politique le maire de Sangalkam et
106
ministre des collectivités territoriales qui
souhaite un nouveau découpage avec comme conséquence le
rattachement de ces villages à sa commune ».
2. Des contraintes qui mettent en échec toutes
velléités de reformes foncières
La commission nationale de la réforme foncière a
été créée par décret en décembre
2012, pour apporter des solutions aux limites de la loi sur le domaine
national. Ainsi, il s'agissait de « faire face aux défis d'un
accès équitable à la terre pour tous, de la
dégradation et raréfaction des ressources, des besoins croissants
de l'urbanisation et de la demande alimentaire, il est nécessaire de
créer les conditions d'une bonne gouvernance du foncier ».
Mais au-delà de ces objectifs, l'idée
était surtout de s'accorder sur une politique foncière
matérialisée par une loi foncière élaborée
de manière inclusive pour permettre à tous les citoyens
sénégalais d'avoir accès à la terre. Selon les
déclarations du président de la commission : « 95 % des
terres de ce pays ne sont ni dans le commerce juridique, ni dans le commerce
des Sénégalais, les Sénégalais ne sont pas
propriétaires au sens juridique du terme de leur propre terroir du
Sénégal. Sur 14 millions d'habitants, nous n'avons que 150.000
titres fonciers ».
Durant les travaux, la commission a regroupé tous les
acteurs afin de trouver une politique foncière consensuelle avec plus
118 réunions qui ont été organisées avec les
acteurs sur le territoire national. La commission a produit un rapport de
Document de Politique Foncière qui a été remis
officiellement au président de la République le 07 avril 2017. Ce
rapport devait être la première étape vers
l'élaboration du projet de la loi foncière. Mais quelques mois
plus tard, la commission fut dissoute par le président de la
République. Cette dissolution fut contestée par les acteurs de la
société civile qui voyait dans la création de cette
commission et des recommandations proposées, une bonne occasion de
résoudre les problèmes fonciers qui englobent des enjeux d'ordre
politique, économique, socioculturel et environnemental. Il faut dire
que même les membres de cette commission ne comprennent toujours pas les
raisons qui ont motivé le président à rejeter les
propositions de la commission, alors qu'il avait déjà
magnifié leur travail. Le président avait fustigé l'une
des recommandations de cette commission qui était de transférer
le droit de bail aux collectivités en ces termes : « Si, je le
fais, dans le mois qui suit, il n'y aura plus une seule terre au
Sénégal ». Mais certains membres de la commission disent ne
pas faire une telle proposition au Président.
107
Cependant, ce rejet pouvait s'expliquer dans un contexte
d'approche des élections présidentielles. Toute reformes
pouvaient avoir un impact sur l'issue de ces élections, car la terre n'a
cessé d'être, un instrument d'entretien de la clientèle
politique. Cette même conclusion pourrait aussi s'appliquer à la
loi sur le littoral qui tarde encore à être adopté à
l'Assemblée nationale. Cette loi sur le littoral souffre plus d'une
question de rétroactivité qui pourrait menacer de destruction
toutes les constructions sur le littoral appartenant à des politiciens
et hommes d'affaires.
Mais les contraintes politiques seules ne suffisent pas
à mettre en échec ces projets de réformes. Les contraintes
d'ordre financier sont très souvent liées aux contraintes
politiques. La terre est une source de financement d'activité politique
et des acteurs comme les promoteurs et ceux qui étaient censés
contrôler son utilité, en font une réserve
financière pour les activités politiques de leurs camps. Il
existe aujourd'hui de nombreux promoteurs politiciens dans les communes de
Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague qui soutiennent et font partie des
équipes municipales actuelles, ce que fustige certains promoteurs dont
Madiara Siby, jeune promoteur, «les promoteurs qui sont dans le
même bord politique que le maire bénéficient le plus de
marché et de projets de terrassement ». Ce qui constitue un
obstacle à une bonne gouvernance foncière durable. Les
contraintes politiques et financières ont accentué l'important
déséquilibre qui existe sur l'accès, et même
l'occupation des terres entre la majorité des populations et quelques
minorités privilégiées. Ce déséquilibre
entretenu par la spéculation foncière, place la terre dans une
position inaccessible pour les classes pauvres, et même moyennes.
II. L'incohérence des politiques territoriales en
matière foncière :
Comme toutes politiques publiques, la cohérence
à tous les échelons devrait être la règle pour leur
effectivité. Outre les contraintes politiques qui très souvent
plombent leurs applications. Dans les politique foncière, surtout les
reformes et les lois, ils se posent aussi une question d'harmonisation des
actions des différents acteurs, ce qui révèlent une
inadéquation entre les politiques les règlements et les
réalités économiques, sociales et culturelles.
108
1. Des dynamiques en avance sur les outils et organes de
gestions fonciers :
Les difficultés d'applications des règles en
matière foncière, obéissent à des
réalités ignorées par les politiques .Ces
réalités sont accentuées par les dynamiques d'occupations
du sol qui
semblent dépasser les instruments de gouvernances
foncières d'où les difficultés que
rencontrent l'Etat
dans la gouvernance foncière.
a. Des réalités incontrôlables
:
Notre milieu d'étude, composée de villages Lebou
et Peulhs, a comme spécificité la persistance d'une gestion
foncière coutumière du foncier, incarnée par des chefs de
villages et des notables issus de grandes familles, fondatrice de ces villages.
La terre dans ce milieu était sacrée, lorsqu'elle était
utilisée pour l'agriculteur et que les villageois étaient
constitués majoritairement de paysans. Les Lébous par exemple
s'identifient à la terre. Les croyances traditionnelles donnaient
à la terre, une nature mystique. Ainsi, la terre pouvait être
barricadée ou détruite mystiquement de telles sortes qu'aucune
autre personne ne puisse l'utiliser. Aujourd'hui, malgré la persistance
de ces croyances, les mutations liées à la croissance urbaine
font que la terre est vue comme une propriété individuelle, une
assurance à tout risque par les populations qui vont en faire un bien
individuel, une opportunité pour s'enrichir. La réalité du
terrain dessine un tout autre espace, car l'urbanisation
irrégulière en pleine croissance, reste aussi à
concrétiser et constitue un problème. En effet, l'extension de
l'espace villageois est dominée par les quartiers irréguliers.
La régularisation foncière et la restructuration
des zones telles que voulues par les autorités des pôles urbains,
restent floues aux yeux des villageois. Ces aménagements sont difficiles
à valider par les villageois. Ces derniers, constitués
essentiellement d'agriculteurs/éleveurs, craignent une réduction
sensible de leur espace d'activité. L'insécurité
foncière et la peur de voir leur terre être accaparée par
l'Etat ou des sociétés immobilières, poussent une certaine
franche de la population à vendre leurs terres qui n'ont pas
été immatriculées. Ces pratiques sont récurrentes
dans les villages qui composent la commune de Tivaouane-Peulh-Niague et elles
sont le noeud des conflits entre la population locale et les promoteurs. Ces
conflits soulèvent l'éternelle opposition entre les règles
coutumières et les règles juridiques. Ces ventes concernent des
terrains non-aedificandi. De nouvelles cités sont érigées
dans des anciens marigots et de bas-fonds qui servaient de zone de culture, ce
qui ne respecte pas les normes urbanistiques.
109
La protection de certaines zones du fait de leurs
spécificités environnementales comme les environs du lac Rose et
du lac de Mbeubeuss, gagnés par des constructions
irrégulières démontrent ce manque de considération
de l'aspect environnemental.
L'impact de ces constructions touche aussi les espaces
agricoles. Sur le domaine du titre foncier Ch.Berthin par exemple, les terroirs
des sept villages qu'il englobe, constituent une insécurité pour
les espaces agricoles et d'habitation des populations locales. En effet, la
majorité des logements qui y seront érigés, sont
destinés aux populations venues de la banlieue et de Dakar. Ces
logements vont constituer des contraintes dans l'action des pouvoirs publics,
l'aménagement de certaines zones, notamment le projet des 1000 logements
de la Comico situé dans le titre foncier TF R. 1975.
L'érection de tels projets immobiliers ainsi que le
déroulement de manière informelle du marché foncier
montrent l'inefficacité des textes et les limites des organes de
gouvernance foncière dans leur mission de contrôle et de gestion
du foncier. Les principes de réserves foncières tels
qu'édictés dans le code de l'urbanisme, ne sont pas prises en
compte par les collectivités locales concernées qui ont comme
soubassement dans leur conflit de délimitation avec d'autres communes,
des projets de lotissement.
b. Des plans d'aménagements
dépassés
Depuis l'indépendance, les plans d'aménagement
n'ont pas été nombreux dans la région, le plan Ecochart
élaboré en 1967, puis le Pdu Dakar-Horizon 2025
élaboré après 42 ans du plan Ecochart. Ce plan directeur
d'urbanisme a connu plusieurs contraintes notamment la lenteur dans son
approbation. Le plan qui a été élaboré en 2001 a
été approuvé en 2009. Ces problèmes
d'opérationnalisation ont soulevé des questions
d'adaptabilité entre le plan et les réalités sur le
terrain. La non-implication des acteurs locaux dans l'élaboration de ce
plan aussi a constitué un frein dans son appropriation par les pouvoirs
locaux. La négligence de la place importante de l'environnement dans
l'équilibre de la zone, et même les articulations entre ressources
naturelles et agricoles de la périphérie et fonctions
métropolitaines.
Toutes ces insuffisances constatées dans le PDU Dakar
2025 ont conduit à sa révision par la direction de l'urbanisme en
coopération avec le Japon à travers la JICA pour mieux l'adapter
aux perspectives de développement avec le plan Sénégal
émergent.
110
Le PDU se projette ainsi vers l'horizon 2035 avec un
changement d'échelle en intégrant une partie de la région
de Thiès. Le PDU Dakar-Thiès Mbour horizon 2035 va essayer de
corriger les manquements notés dans le Pdu 2025. Ce plan qui a
été élaboré 2014 à 2016 a été
adopté en 2019, l'objectif du Pdu horizon 2035 est de varier les
fonctionnalités avec la promotion de pôles urbains et touristiques
dans la zone. Ainsi, il est prévu d'avoir une fonction touristique vers
le lac rose. L'axe urbains Bambilor-Sangalkam, aura une vocation
résidentielle qui devra respectivement accueillir 350 000 et 650 000
habitants à l'horizon 2025, ce front résidentiel sera
tourné vers les villages de Kounoune, Keur Ndiaye Lo, Bambilor,
Tivaouane -Peulh.
Le renforcement de la protection et l'amélioration de
la fonction agricole dans les villages qui se trouvent tout au Nord Déni
Biram, Beunoba, Kaniack. Seulement comme les plans précédents les
dynamiques sont en avances, et cette carte ci-dessous montre le niveau
d'urbanisation dans la zone et le redressement des espaces agricoles qui se
localisent de plus en plus dans la zone Nord, à proximité de la
région de Thiès. La mise en oeuvre de ce PDU 2035 risque de
rencontrer plusieurs contraintes :
Ø Les dynamiques d'urbanisation et d'occupation qui
tardent à être maîtrisées
Ø la nature de terres sujettes souvent à conflits
et leurs superficies qu'elles englobent.
Ø Il se pose également le problème de la
préservation du parc naturel et des zones de cultures qui sont sans
cesse agressés par le bâti au moment où on cherche à
promouvoir des villes durables.
Le pôle touristique de Lac Rose est toujours dans sa
phase de conception, donc pas encore effectif, alors que la dynamique urbaine
non contrôlée est en progression continue. Ces dynamiques dans la
zone Nord semblent dépasser l'Etat qui laisse aujourd'hui les
collectivités locales et les acteurs privés dicter le rythme au
besoin du marché, même si avec la création de la
délégation des pôles urbains qui gèrent l'assiette
foncière dans les surfaces du pôle, l'Etat tente de reprendre le
contrôle. En plus, il se pose un réel problème de la
qualité du personnel. En effet, le service départemental
chargé de gérer et veiller à l'application de ces plans
est en sous-effectif, il ne compte que deux urbanistes dont l'une est la
directrice le reste du personnel est dominé par les agents de la
mairie.
Quant au PUD, même s'il couvre une grande partie de la
zone de Tivaouane-Peulh-Niaga, son principal problème reste son
applicabilité. Le PUD n'est pas respecté, les cas d'habitations
spontanées et de constructions irrégulières sont
nombreuses malgré que les contrôles soient fréquentes. La
législation est assez sévère " les constructions ou
installations ont été entreprises ou réalisées dans
une zone non lotie, les peines sont une amende de 100.000 à 2.000.000
de
111
francs et un emprisonnement de dix mois à deux ans ou
de l'une de ces deux peines seulement. Lorsque les constructions ou
installations ont été entreprises ou réalisées dans
une zone non lotie, les peines sont une amende de 100.000 à 2.000.000 de
francs et un emprisonnement de dix mois à deux ans ou de l'une de ces
peines seulement".
c. Une gouvernance foncière des communes
dépassée par les mutations.
La forte croissance démographique et la demande
foncière dans la zone ont posé des difficultés aux
communes concernées dans leur gouvernance foncière et la conduite
de leur politique de manière globale. Malgré la réforme
sur la fonction publique locale qui devait permettre aux communes d'avoir un
système d'administration publique locale performant, capable de
promouvoir une dynamique territoriale mobilisant les ressources locales et
extérieur pour produire des biens et services collectifs. La
première difficulté est de ne pas disposer de ressources humaines
de qualités au niveau local capable de concevoir ou conduire une bonne
politique d'aménagement de l'espace. Les contraintes politiques et
financières font que les communes ne sont pas pour l'instant en mesure
de compétir avec d'autres structures, pour attirer des ressources de
qualités. L'incohérence dans le découpage administratif
constitue une contrainte pour une meilleure efficience des actions de cette
ressource humaine. L'absence d'une administration de proximité a
été soulevée par les populations pour qui le
découpage administratif a rattaché leur entité à
des communes auxquelles elles ne se reconnaissent pas surtout l'administration
locale.
L'autre contrainte dont font face les communes, est leur
capacité de remplir les compétences qui leur sont dévolues
par l'acte 3. Ces compétences même si elles sont suivies par de
nouvelles niches de ressources, butent sur le niveau de développement
des communes, surtout les communes rurales avec une activité agricole
informelle qui limitent les taxes qui peuvent être récolté
dans l'espace communal. La faiblesse du tissu industriel et le peu de service
et d'activités commerciales poussent ces communes à se concentrer
sur les revenues foncières à savoir les frais de bornage qui sont
la principale recette. Or, c'est une source de revenus non durable. Il se pose
alors la viabilité à long terme de cette option de
développement par les services sociaux de base. (M. Diongue 2010)
Cette situation peut s'expliquer par un déficit en
équipements et d'infrastructures capables de satisfaire les besoins que
causeront les impacts de leur croissance démographique. Ce
déficit
112
d'infrastructure et d'équipement impacte sur la vie
économique locale des communes. Les services et les activités
commerciales qui peuvent gonfler les recettes ne sont pas si
développés pour atténuer le poids de dépendance des
revenues tirées sur le foncier.
La deuxième difficulté, c'est la capacité
de résilience des communes à faire face aux impacts
environnementaux causés par l'urbanisation. En effet, la
non-maîtrise du territoire, le rythme rapide de la croissance urbaine
ainsi que les fortes revenues tirées du foncier font que des mesures
prises pour atténuer les atteintes, restent inefficaces. La
volonté des communes de réglementer l'occupation du sol dans leur
espace communal bute parfois sur l'absence de revenues alternatives au foncier.
Cette situation, de laisser-faire a eu comme effet, la prolifération de
constructions dans des zones non-aedificandi, ce qui a tendance à causer
des inondations inhabituelles dans des zones qui en connaissaient que
très peu avec une bonne délimitation entre les villages et les
espaces agricoles. Cette situation n'est pas seulement de la
responsabilité des communes qui sont plus des victimes. Les
décisions sont prises au sommet qu'elles soient de la délivrance
de permis d'exploitation de sable ou la déclassification de forêt,
et même des choix d'orientation de la zone en ne prenant pas en compte
les dynamiques d'occupation du sol.
La croissance spatio- démographique rapide, qui se lit
à travers la prolifération de quartiers spontanés et
irréguliers, l'occupation des bas-fonds et des zones non aedificandi,
loin de s'estomper, continuent de proliférer. Aucune initiative n'existe
encore à l'échelle locale ni en terme d'interdiction à
l'occupation des zones non-aedificandi ou en terme de réserves
foncières en vue des futures zones à restructurer. Cette
situation plus spécifique dans l'espace villageois ne sera pas facile
à corriger, compte-tenu des coûts économiques et des
pesanteurs sociales. Le statut d'espace villageois avec souvent l'absence de
plan d'occupation du sol a surtout favorisé un développement
spatial irrégulier. Par conséquent, les lotissements coutumiers
ont rythmé pendant très longtemps l'extension spatiale des
villages.
2. Intérêts contradictoires des acteurs
sur la gouvernance foncière.
Les difficultés que rencontrent les communes de
Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague, révèlent un manque de
cohérence sur les objectifs des acteurs dans la gouvernance
foncière. En effet, la politique foncière de l'Etat même si
elle suit des principes d'occupation rationnelle du sol et d'accès
équitable à la terre, bute sur une réalité qui est
aussi du fait au fait de ce dernier. L'Etat participe aux actions qu'il
mène et les décisions qu'il prend à cette situation
d'anarchie qui règne dans les dynamiques d'occupation du sol. L'Etat
encourage l'activité
113
maraîchage en subventionnant et en distribuant des
semences et de l'engrais aux associations tout en menant une politique
d'habitat sur des espaces agricoles en octroyant des terres pour des projets de
lotissements. Il dépouille aux exploitants des terres destinés
à l'agriculture pour en faire des espaces à usage d'habitations
avec la complicité des promoteurs. Il s'est aussi substitué aux
collectivités territoriales, qu'il concurrence dans la gestion des
ressources foncière. Dans sa logique d'aménagement
métropolitaine, l'Etat se positionne contre les collectivités
locales. Sa territorialité productive a pour effet direct la
confiscation du pouvoir gestionnaire de ces dernières sur le foncier
domanial M. Diongue (2010). Ce qui montre les paradoxes dans la gouvernance
foncière de l'Etat qui souvent plaide pour une plus grande autonomie des
collectivités territoriales avec l'adoption de l'acte 3 et refuse pour
des raisons financières et politiques, de donner plus de pouvoir aux
collectivités territoriales sur la gestion de leur terre. Cette
contradiction est ressentie dans la manière dont sont
gérés les conflits fonciers dans la zone où le principe de
préserver les terres des populations autochtones est bafoué au
bénéfice d'investisseurs étrangers.
Le double jeu de l'Etat, pousse les collectivités
territoriales dépourvues de sources de revenus et submergées par
de nouvelles compétences tirées de l'acte 3 à
considérer à leur tour, la terre comme une source de revenue
indispensable à la commune ce qu'a reconnu Badara Cissé,
secrétaire général de la commune de Bambilor qui voit
cette ressource comme un moyen de gérer le fonctionnement de cette
immense commune. Mais cette considération des ressources
foncières accélère la réduction des espaces
agricole. Cette situation est facilitée par le fait que les
activités agricoles ne génèrent pas de taxe pouvant
permettre aux communes de résoudre leurs difficultés. Il ressort
que les objectifs dans la gouvernance foncière ne sont pas les
mêmes auprès des différents acteurs surtout l'Etat et les
collectivités territoriales.
114
CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS A. Recommandation
générales
S'agissant des recommandations générales, il
devient urgent de traiter la question foncière en enrichissant et en
adoptant pour de bon les conclusions de la commission sur la réforme
foncière.
y' La deuxième recommandation
générale, est de reformer les organes sensés, gérer
le foncier. Les services des domaines et des cadastres devraient être
réunis en une seule direction et détachés
complètement des services fiscaux et domaniaux .Disposant une meilleure
information sur la situation foncière, ils pourraient permettre ainsi
une gestion équilibrée et moins pécuniaire des terres.
y' La troisième recommandation est une
bonne corrélation entre les politiques de décentralisations et
les politiques foncières .La logique d'une décentralisation
poussée qui donne aux collectivités plus d'autonomie doit
concerner aussi des compétences sur la gestion des terres du domaine
national. Les collectivités territoriales sont limitées à
cause de l'ingérence de l'Etat dans la gouvernance de leurs terres.
y' La quatrième recommandation
concerne le littoral. Malgré l' attractivité touristique, le
littorale sénégalais a la particularité d'avoir des
terrains fragiles et menacés par l'érosion côtière
.De nos jours , il revient toujours d'actualité à cause du
bradage du littoral , ce qui pose des questions juridiques ,environnementales
et même sécuritaires .La loi proposée qui était
sensée régir l'occupation du littoral, est depuis fort longtemps
« dans la corbeille gouvernementale », seulement comme toute loi est
rétroactive, son adoption devient problématique dans la mesure
où elle fera face à des contraintes financières et
politiques .L'autre écueil qui rend très difficile la
résolution des problème dans la gestion du littoral
sénégalais sont les enjeux économiques et les nombreuses
guéguerres que se livrent les différents services et
différentes ministères12.Ce qui rend pertinente et
nécessaire la création d'un conservatoire du
12 .Parmi les institutions à
compétences générales : la Direction de
l'Aménagement du Territoire, la Commission nationale
d'Aménagement du Territoire, la Commission du
Développement durable, la Direction de l'Environnement et des
Etablissements classés, la Direction des Eaux et Forêts ;
littoral comme cela est fait en France. Un
établissement public chargé de la gestion du littoral, capable
d'acquérir des domaines très fragiles et de les gérer en
collaboration avec les collectivités locales concernées. Elle
pourra ainsi avoir un rôle de coordination entre les différents
agences et services ou même aller un peu plus loin en étant, avec
une compétence d'autorité qui le permet d'aménager mais
surtout d'annuler et d'autorisation toutes occupations dans le littoral .
V' Corriger les incohérences nées du
découpage administratif. Cette correction permettra d'avoir un meilleur
découpage qui obéit à des questions de gouvernance de
proximités réelles .Mais surtout plus d'une gestion
équilibrée des réserves foncières dans la zone. Ce
nouveau découpage pourra résoudre de manière
définitive les conflits de délimitations entre les communes dans
le département.
V' Renforcement des moyens et de l'autonomie de la
Commission de contrôle des opérations domaniales qui est
chargée de donner son avis sur l'opportunité, la
régularité et les conditions de toutes les opérations
portant sur le domaine privé de l'Etat, des collectivités locales
et des Etablissements publics.
V' Diversifier les canaux de transmissions de
communiqués d'avis publics d'enquête commodo et incommodo, en
fonction des spécificités chaque zones. Dans les deux communes,
les mosquées et autres lieux de rassemblements sont des canaux les plus
indiquées
115
Parmi les institutions à compétences
spéciales : la Direction des Pêches Maritimes, la Direction de la
Protection civile, la Direction de la Marine Marchande, la Direction de la
Protection et de la Surveillance des Pêches, les Ports autonomes.
116
B. Recommandation spécifiques.
RECOMMANDATION SPECIFIQUE
DOMAINES/RECOMMANDATIONS
Les deux communes devront évaluer leur
potentialité fiscale afin de dégager d'autres sources de revenues
alternatives et gérer de façon durable les ressources
foncières
|
ACTIONS
-Faire un inventaire et une caractérisation du foncier
bâti et non bâti de la commune -Faire un inventaire et une
caractérisation des produits, biens et services taxables de la
commune
OBJECTIFS
une
meilleure maitrise des ressources financières
locales que la commune peut potentiellement générer
à partir des recettes locales
|
ACTEURS
Communes Service impôts et domaines Asc
Conseil de quartier
Chef de village Et ocb
|
les communs devront Réfléchir sur les
possibilités de taxer les produits tirés des activités
agricoles dans la zone afin de combler et même de réduire les
revenus tirés sur le morcellement des terres agricoles.
Faciliter l'accès à la terre aux jeunes
et femmes.
|
Plaidoyer des deux communes pour une réforme fiscale en
vue de tirer des taxes sur les produits agricoles
|
-Continuer à favoriser dans l'attribution de parcelles les
jeunes et les femmes de la commune dans les projets lotissements. -Prioriser
l'attribution de parcelles aux jeunes et femmes, originaires du village ou a
lieu le projet de lotissement
-Permettre aux communes d'avoir un intérêt financier
à préserver les terres agricoles
|
-Garantir aux jeunes et femmes l'accès à la terre.
-Permettre aux populations de bénéficier des ressources
foncières
|
Communes Organisations paysannes Acteurs politiques Chefs
coutumiers
|
Communes Sous-préfecture, préfecture
ONG
Conseil de quartier
Chef de village Chef coutumier ASC Et OCB
|
Les communes devront sensibiliser les populations sur les
procédures d'immatriculations et les règles
d'urbanismes
|
Organiser avec les services de l'urbanisme et les services du
domaine et du cadastre des rencontres foraines dans les villages les moins
exposées par
-Donner aux populations les outils nécessaires pour faire
à la spéculation et la prédation foncière.
Communes Service impôts et domaines Services d'urbanisme
Conseil de quartier
Chef de village ASC Et OCB
|
117
|
l'urbanisation et les conflits fonciers
|
-Permettre aux populations locales d'être des remparts
contre les violations des règles d'urbanismes et foncières.
|
|
Promouvoir le budget participatif au
|
les communes
|
-identifier et
|
Communes
|
|
puissent faire un
|
évaluer les
|
Sous-préfecture
|
sein des deux communes, afin de
|
inventaire à travers
|
besoins en
|
ONG
|
permettre aux populations de mieux
|
une géolocalisation
|
infrastructures et
|
Conseil de
|
s'imprégner au développement de
leur
|
et une
|
en équipements
|
quartier
|
|
caractérisation
|
sociaux
|
Chef de village
|
commune.
|
multisectorielle
(éducation, santé, eau et
assainissement,
route, énergie, etc.) Des ménages, des
entreprises, des infrastructures et des équipements sociaux
économiques de base, de la commune
|
économiques de base de la commune -Confronter cette
étude aux doléances des populations pour permettre un vote du
budget équilibré (exemple de la commune de Yeumbeul- Nord)
|
ASC Et OCB
|
Conclusion
Les dynamiques urbaines ont eu de multiples impacts sur le
foncier des communes Bambilor et de Tivaouane-Peulh-Niague. La terre qui
était perçue comme une propriété communautaire est
devenue une propriété individuelle. Ce changement de perception
est causé par une croissance urbaine galopante qui a fini par rendre
problématique l'accès au logement d'où les mutations sur
les modes d'appropriations fortement influencées par la
spéculation foncière, avec une domination des modes
d'acquisitions par achat qui est de 40 %. Le changement de dimension de la
terre a poussé les acteurs à se lancer dans une
compétition pour son contrôle, ce qui a
accéléré les procédures d'immatriculations qui sont
utilisées comme moyen de sécurisation des terres. Mais
également la spéculation et la forte pression foncière ont
poussé les populations locales à utiliser de plus en plus la
transmission par voie d'héritage des terres 37 % pour assurer garantir
leur propriété ce qui dénote une prise de conscience de
ces dernières quant à l'épuisement de ces réserves
de terres et du défi que pourrait être l'accès au logement
à l'avenir.
118
Dans cette sécurisation des terres, les
collectivités et les chefs de villages jouent un rôle important
d'où la prédominance des actes de délibérations et
d'actes de cession. Mais ces deux organes doivent corriger la
ségrégation sociale dans l'accès à la terre dont
les femmes et les jeunes sont victimes. Ces deux acteurs tout comme l'Etat
régulent, mais sont en compétition également comme acteurs
économique pour le contrôle du foncier ce qui a comme
conséquence de faire naître des conflits fonciers qui sont
révélateurs des limites de la gouvernance foncière dans la
zone.
En effet, la gouvernance foncière fait face à
des contraintes politiques et financières, les organes qui sont
censés, veiller à la bonne gestion de la terre, sont impuissants
face à l'utilisation de la terre comme moyens d'entretien de la
clientèle, ils participent à cette mode d'utilisation de la terre
d'où l'échec des reformes visant à mener des reformes
foncières afin de corriger les incohérences dans les textes
juridiques qui encadrent la gouvernance foncière. Ces
incohérences sont les imprécisions dans la loi sur le domaine
national, une mauvaise communication sur les procédures
d'immatriculations surtout si elles mettent en jeu plusieurs hectares et
touchent des communautés entières.
Mais la contrainte la plus pratique se situe dans les
incohérences sur les rôles des différents acteurs dans la
gouvernance foncière d'abord par la lenteur sur les actes que l'Etat
pour réglementer l'occupation du sol et l'utilisation des terres. Cette
lenteur est visible dans les délais longs des plans d'aménagement
entre leur élaboration et leur approbation. Mais ensuite du double jeu
l'Etat qui participe à l'accaparement des terres dans la zone en
octroyant d'immenses superficies à des entreprises immobilières,
des politiciens au détriment des populations locales. L'Etat n'aide pas
réellement ces communes à être plus autonomes, au
contraire, les différentes reformes les ont forcées à ne
dépendre que des revenues qu'elles tirent du foncier pour rester viable.
Ces anciennes communautés rurales n'ont pas été bien
préparées à être des communes fortes et viables. Le
découpage dont elles sont victimes, les a légué d'immenses
territoire dont elles sont incapables de gérer, l'acte 3 leur a
octroyé de nouvelles compétence avec des moyens en pratique
limite et un manque de personnel de qualité d'où les conflits
fonciers qui ressemblent plus à une sorte de défiance à
l'autorité et les vieillîtes de scissions de quelques villages qui
veulent se regrouper et former à leur tour une commune par ce qu'ils ne
se reconnaissent plus dans la gouvernance de leur commune.
Malheureusement, les dynamiques d'occupations dans la zone
n'attendent pas que ces incohérences se règlent pour continuer
à avancer. Elles sont aujourd'hui incontrôlables et sont
119
révélées par les conflits et les
inondations devenus de plus en plus fréquents dans la zone avec des
constructions et des logements qui ne respectent aucunement les règles
urbanistiques. Ainsi, les hypothèses de recherche ont tout au long de ce
travail, guidé notre démarche avec comme objectif de
vérifier leur validité dans notre zone d'étude.
À la fin de ce travail de recherche, et après
analyse des résultats, nous pouvons dire que tous les hypothèses
ont été vérifiées positivement, et nous pouvons
affirmer que les dynamiques urbaines ont comme impacts sur le foncier des
communes de Bambilor et Tivaouane-Peulh-Niague : le changement des modes
d'appropriations des terres, l'accentuation des ségrégations
sociales en matière d'accès à la terre et la remise
à jour des compétitions entre acteurs économique pour le
contrôle des terres.
Nous pouvons dire également que les conflits sont des
indicateurs des enjeux fonciers, ces conflits sont aussi
révélateurs de l'inefficacité de la gouvernance
foncière. Cependant pour pouvoir faire face à ces nombreux
défis, les communes concernées devront se doter de plan de
développement local en cohérence avec les nombreux projets de
l'Etat dans la zone. Ces collectivités devront également faire
des efforts pour recruter un personnel de qualité en mesure de
comprendre les mutations et les enjeux en cours dans la zone. Vu la
reconfiguration du département de Rufisque, une bonne politique de
planification s'avère nécessaire pour le développement de
ces communes.
120
BIBLIOGRAPHIQUES
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que sais-je ? », 127 pages.
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l'héritage urbain à la croissance industrielle, Paris, ORSTOM,
1979,369 pages.
Garnier (J.B) et Chabot(G) : Traité de géographie
urbaine, Armand colin, 1963 ,495pages.
Le bris (E) : Le foncier urbain : le primat du sol constructible,
145 pages.
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Collection « que sais-je ? 1980, 127 pages.
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périurbain, 1986, pp 281-295.
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1991, 244 pages. Wackermann (G) : Géographie urbaine, Paris, ellipses,
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périurbanisation dans la zone humide : cas de la communauté
rurale de Sangalkam » 2013.
Diabang (N.F) « l'impact du système de transport dans
le développement socioéconomique de Bambilor » 2014,81
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Thèse de doctorat sous la direction GINET P, Université de
Lorraine.
121
Diongue, M, 2010 : Périurbanisation
différentielle : mutations et réorganisation de l'espace à
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Thèse de doctorat sous la direction de Dubresson A, Université
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Gueye (B, M), « Jaxaay : zone de recasement des
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de production moderne au Sénégal : rupture ou continuité ?
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université de paris x Nanterre, département de
géographie.
Ngom. (C, A, L), « Urbanisation et problématique
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Revues Scientifiques et Rapports.
Acte 3 de la décentralisation : une réforme, des
questions. Les cahiers de l'alternance n o18 Cesti, Aout 2015,180
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Implication des acteurs gouvernementaux dans le processus de
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expériences et jalons pour progressions .Ipar juillet 2014 p 80.
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Mougeot, L.J.A et Moustier. P, 2004 ; introduction
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agriculture urbaine et développement durable, Crdi, 116p
Ndiaye (A), 2011, « La réforme des régimes
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NGANA(F), SOUGNABE(P), GONNE(B), ABABA(A) (M) 2009 «
Transformations foncières dans les espaces périurbains en Afrique
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horizons 2035, ministère du renouveau urbain, de habitat et du cadre de
vie et agence japonaise coopération internationale (jica) janvier
2016.
Rapport plan directeur d'urbanisme de Dakar et ses environs
horizons 2025.
Textes juridiques
Loi N° 64 - 46 du 17 juin 1964 relative au Domaine
National
Loi n° 2011-07 du 30 mars 2011 portant régime de
la Propriété foncière
Loi n° 76-66 du 02 juillet 1976 portant Code du Domaine
de l'Etat
Loi n°2004-16 portant loi d'orientation agro - sylvo-
pastorale
Loi n° 2008-43 du 20 août 2008 portant Code de
l'Urbanisme
123
Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code
général des Collectivités locales Loi no 72 -.
25 du 19 avril 1972 relative aux communautés rurales
Décret n° 2011-427 du 29 mars 2011 portant
création de communes et de communautés rurales dans le
Département de Rufisque, Région de Dakar
Décret n°72-1288 DU 27 octobre 1972 relatif aux
conditions d'affectation et de désaffectation des terres du domaine
national comprises dans les communautés rurales, modifié par
N°801051 du 14 Octobre 1980 et 86-445 du 10 avril 1986.
Décret n°66-858 du 07 Novembre 1966 portant
application de l'article 5 de la loi n°64-46 du 17 Juin 1964 relative au
domaine national et fixant les conditions de l'administration des terres du
domaine national à vocation agricole dans les zones urbaines.
Décret n°87-271 du 03 Mars 1987 portant application
de la loi n°87-11 du 24 Février 1987 autorisant la vente de
terrains domaniaux situés en zones urbaines destinés à
l'habitation.
Webographie
http://www.iedafrique.org
https://journals.openedition.org/ Www. Google. Fr
www.villesendevenir.org
https://www.ipar.sn/
http://www.pdudakar.gouv.sn/
www.ansd.sn
124
ANNEXE
1)
Nom de l'interlocuteur
Date de l'entretien
Fonction dans la municipalité
Commune
GUIDE D'ENTRETIEN AUPRES DES AUTORITES
MUNICIPALES
Quelles sont les différentes activités
économiques exercées par les populations dans la commune
?
Réponse
. ;
2) Quelle est la principale source de revenue de la
commune?
Réponse
. ;
3) Quel est le budget annuel de votre commune dans
les 5 dernières années ?
Réponse
. ;
4) Qu'est ce qui explique la réduction des
espaces agricoles dans votre commune?
Réponse
. ;
5) Quelles sont les mesures prises par le conseil
municipal pour protéger les espaces agricole de la commune
?
Réponse
125
;
6) Quel est la part des revenus tirés du foncier dans les
différents budgets des 5 dernières années ?
Réponse
. ;
7) Y'a -t-il d'autres sources de revenues alternatives aux
revenues foncières?
Réponse
8) Dans quelle zone la commune s'étend-elle le plus ?
Réponse
;
Pourquoi ?
Reponse
9) La commune fait-elle face à des conflits fonciers ?
Reponse
10) Quels sont les types de conflits fonciers dont vous faites
face actuellement?
Réponse
11) La commune est-elle en conflit de délimitation avec
d'autres communes ?
Réponse
a) Quelles sont ces communes?
12) Dans quelles zones est concernée par le conflit de
délimitation?
126
a) Si oui, par quel moyen?
Reponse
13) Sur quelle base sont définies les
délimitations avec les autres communes voisines ?
Reponse
14) Les populations locales bénéficient-elles
d'octroies de parcelles ?
Réponse
a) Si oui Comment procède -vous pour l'octroi de ces
parcelles aux populations ?
Réponse
15) Comment gérez-vous les litiges fonciers entre
particulier dans la commune ? Réponse
16) Rencontrez-vous des contraintes quant à
l'application des règlements fonciers dans votre commune ?
Réponse
17) Si oui quels types de contraintes ?
Réponse
127
QUESTONNAIRE
128
129
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 2
DEDICACES 3
SIGLES ET ABREVIATIONS ...4
LISTE DES CARTES 5
LISTE DES TABLEAUX 5
LISTE DES PHOTOS ..5
LISTE DES GRAPHIQUES 6
RESUME DU MEMOIRE 7
SOMMAIRE 7
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : CADRE DE REFERENCE 11
CHAPITRE I: REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
11
CHAPITRE II:PROBLEMATIQUE 16
CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL 19
CHAPITRE VI : CADRE OPERATOIRE ..22
LES QUESTIONS DE RECHERCHE 22
-Question générale 22
-Questions spécifiques 1 22
-Questions spécifiques 2 .. 22
LES OBJECTIFS DE RECHERCHE 22
-Objectifs générales de l'étude ..22
-Objectif spécifique 1 .. 22
-Objectif spécifique 2 22
LES HYPOTHESES DE RECHERCHE 22
-Hypothèse générale 22
-Hypothèses spécifiques 1 23
-Hypothèses spécifiques 2 23
CHAPITRE V : METHODOLOGIE 24
I.Justification du choix des sites 24
II.Choix de la méthode utilisée
24
III.Recherche documentaire 25
IV.Population cible ..25
V.L'échantillonnage .25
VI.La collecte des données . 27
VII.Les outils de collecte des données
27
· La pré-enquête 27
· L'observation directe 27
· L'entretient semi-directif 27
· Le questionnaire . 27
VIII.Le travail de terrain 28
IX.Le traitement des données . 29
X. Difficultés rencontrées
.29
DEUXIEME PARTIE : CADRE D'ETUDE ...30
CHAPITRE I:BAMBILOR ET TIVAOUANE-PEULH-NIAGUE DES
COMMUNES -RURALES DANS
LA REGION DE DAKAR. 30
130
I. Cadre historique et géographique
|
.30
|
1. Historique de la fondation des villages dans les deux
communes.
|
30
|
2. Evolution administratives
|
.32
|
3. Cadre géographique
|
33
|
|
a.Localisation des communes de Bambilor et de
Tivaouane-Peulh-Niague.
|
33
|
b.Aspects physiques
|
36
|
· Le relief
|
36
|
c.Démographie
|
36
|
· Répartition de la population
|
36
|
· Structure et évolution de la population
|
37
|
d.Cadre socioéconomique
|
39
|
· L'agriculture : L'abandon progressif des
activités agricoles
|
39
|
· L'élevage
|
42
|
· Autres activités : L'émergence du secteur
tertiaire principalement marchand
|
.43
|
|
CHAPITRE II:BAMBILOR ET TIVAOUANE-PEULH-NIAGUE DES
COMMUNES -RURALES EN
PLEINE CROISSANCE URBAINE
|
45
|
I.Dynamique d'habitat et consolidation de l'usage
d'habitat
|
.45
|
1.une dynamique d'habitat hors de contrôle.
|
45
|
2.La consolidation de l'usage d'habitat
|
48
|
II.Impact de la dynamique d'habitat sur les espaces
agricole.
|
51
|
1.La réduction des espaces agricoles
|
51
|
CHAPITRE III:LES INSTRUMENTS ET ORGANES DE
REGLEMENTATION DU FONCIER
|
56
|
I. LES INSTRUMENTS DE REGLEMENTATIONS ET DE
PLANIFICATIONS.
....56
|
|
A. Le cadre juridique
|
. 56
|
A.1 Un cadre juridique réglementé par l'Etat.
|
56
|
1. L'avènement de la loi sur le domaine national et ces
compléments. .
|
56
|
2.La loi sur le domaine de l'Etat
|
58
|
A.2 L'amélioration des procédures du
régime de l'immatriculation.
|
59
|
1.L'évolution du régime de l'immatriculation
|
59
|
A.3 Un cadre juridique inadapté
|
61
|
1.Les imprécisions de la loi sur le domaine national
|
61
|
2.Le caractère nébuleux des procédures
d'immatriculation
|
.. 62
|
B. Les instruments de planifications
|
63
|
B.1.Les plans d'urbanisme et d'aménagements et leurs
sphères d'interventions
|
63
|
· Le Plan national d'Aménagement du Territoire
(PNAT)
|
63
|
· Les Schémas régionaux d'Aménagement
du Territoire (SRAT)
|
64
|
· Les schémas directeurs d'aménagement et
d'urbanisme(SDAU)
|
64
|
· Les plans directeurs d'urbanisme
|
65
|
· Les plans d'urbanisme de détails
|
65
|
· Les plans de lotissement.
|
66
|
|
II. LES ORGANES DE REGULATIONS ET DE
GESTIONS.
|
66
|
A. Les competences de l'etat en matiere de gestion
fonciere
|
66
|
1.Les services départementaux des domaines et du
cadastre 66
2.La Dscos 68
3.Les services départementaux d'urbanismes .69
4.L'Anat . 69
5.Les services départementaux des eaux et forêts
70
6.Les représentants déconcentrés
(gouvernance, préfecture, sous-préfecture et chef de villages).
71
131
B. Les compétences des collectivités
territoriales en matière de gestion foncière .. 72
1. Les communes . 72
2. Le département 73
TROISIEME PARTIE :ANALYSE
DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS.....75 CHAPITRE I: LES
DYNAMIQUES URBAINES : DES IMPACTS MULTIPLES SUR LE FONCIER......75
I. IMPACT SUR LES MODES D'APPROPRIATIONS DES
TERRES. 75
A.Une appropriation des terres progressivement
privatiste. . 75
A.1 Les mutations dans les modes d'acquisitions des terres. .
76
1. La prédominance des actes de propriétés.
77
1.1L'émergence des actes de délibérations
comme mode d'acquisition 79
B.Une appropriation privatiste nuancée par la
préférence des voies amiables comme mode de
résolutions des conflits. 80
II. Impacts sur les habitats : la modernisation des
habitations . 82
III. Dynamique urbaine et segregation sociale dans
l'acces a la terre . 83
IV. Dynamique urbaine et competition entre acteurs
economique pour le controle du foncier....85
CHAPITRE II:LES CONFLITS : INDICATEURS DES ENJEUX
FONCIERS. APPROCHES
TYPOLOGIQUES .87
I.Les conflits liés aux problèmes de
délimitation entre communes . 87
II.Les conflits entre particuliers .94
III.Les conflits entre promoteurs et populations locales.
..95
IV.Les conflits entre promoteurs .100
CHAPITRE III::
DES CONFLITS REVELATEURS DE L'INEFFICACITE DE LA GOUVERNANCE
FONCIERE 104
I. L'inefficacite des outils reglementaires
104
A.Les contraintes politiques et financières
..104
1.Dans la gouvernance foncière ..104
2.Des contraintes qui mettent en échec toutes
velléités de reformes foncières 106
II.l'incoherence des politiques territoriales en matiere
fonciere 107
1.des dynamiques en avance sur les outils et organes de gestions
fonciers 108
a.Des réalités incontrôlables 108
b.Des plans d'aménagements dépassés ..
109
c.Une gouvernance foncière des communes
dépassée par les mutations . 111
2.interets contradictoires des acteurs sur la gouvernance
fonciere .112
CHAPITRE III : RECOMMANDATIONS 114
A.Recommandation générales 114
B.Recommandation spécifiques. 116
CONCLUSION 117
BIBLIOGRAPHIQUES ..120
ANNEXE ..124
TABLE DES MATIERES 129