Conduites socioéconomiques des acteurs locaux en temps de crise en RCA. Cas de la commune de Pissa.par Octave MOLAMBO GBESSOUA MBOUTOUMA Université de Douala (Cameroun) - Master en sociologie économique 2017 |
1.2.2. Les dynamiques socioéconomiques sur le développement localEn parlant des conduites socioéconomiques, nous pouvons faire allusion à l'économie comportementale. Cette dernière est une branche de l'économie qui étudie le comportement économique (conduites socioéconomiques) des individus. A la base de cette analyse socioéconomique, nous avons les auteurs BECKER et aussi le célèbre théoricien KAHNEMAN qui s'est illustré par la découverte de biais cognitifs dans les choix des êtres humains. Dans les différentes spécialités qui couvrent ce domaine et lui donne cours dans la classe des sciences l'on remarque d'abord le choix rationnel qu'effectue les individus pour la satisfaction de leurs besoins. Cette satisfaction de besoin qui peut se faire par des articles ou services découvert à travers une publicité. Ensuite, cette même analyse tient compte de la perception des individus sur ce qu'ils utilisent pour la satisfaction de leurs besoins tout en tenant compte de leur environnement immédiat. Cet environnement qui peut aussi être un facteur déterminant dans le choix et la consommation d'acteurs locaux. Pour faire face aux conditions socioéconomiques déplorables dans les sociétés ou communautés, les acteurs sont appelés à se regrouper pour développer les richesses de leur terroir par des procédés sui generis. Car la réalité sociale varie d'une communauté à une autre, ce regroupement favorise la création d'un marché d'échange de modèle culturel et interpersonnel. Nous remarquons cela dans les travaux de LEVILLY11(*), il nous démontre comment les acteurs locaux français précisément Nantais à travers l'association des Artisans du Monde (Fédération Artisans du Monde, boutique nantaise et centrale d'importation Solidar'Monde) et sur le système HAVELAAR (Max Havelaar France, Max Havelaar Nantes et Lobodis, un torréfacteur de café labellisé) (LEVILLY, 2004)12(*)ont pu conduire leur économie en tenant compte des conditions locales et de leur chaine de solidarité. Beaucoup plus cette étude nous éclaire sur l'encastrement des systèmes d'échange marchand dans les réseaux sociaux, communautaires et interpersonnels. Leur comportement économique a permis de construire et de développer les interactions entre les communautés. Ce qui donne du sens à l'encastrement, qui est définit comme « insertion des activités économiques dans les relations interpersonnelles » (GRANOVETTER, 2000)13(*). A l'issu des travaux de LEVILLY nous pouvons conclure que les conduites socioéconomiques des acteurs permettent d'orienter leurs activités. Cet exemple s'illustre par la labellisation du café de la région nantaise et sa consommation qui permet de sauver la production caféière locale face à la concurrence. Afin de mieux spécifier les conduites économiques dans » (NOUGUEZ,2006)14(*) met en évidence les conduites économiques des acteurs dans la fabrication, la consommation et la régulation des médicaments génériques. Comment les industriels arrivent à produire et commercialiser un produit de second ordre qui n'affecte pas la commercialisation du médicament princeps. La conduite socioéconomique des acteurs locaux varie selon leur environnement et les situations qu'ils traversent dans une période bien déterminée. Dans cette étude NOGUEZ essaie d'établir un lien entre la consommation d'un individu et son pouvoir d'achat qui est fonction de sa conduite socioéconomique. La conduite socioéconomique des acteurs locaux renvoie aussi à la consommation de ces derniers. La consommation est un domaine du marketing que celui des sciences sociales (science de gestion, économie, sociologie, psychologie, etc.). Car elle fait appel à la bonne connaissance du besoin de la population pour lui offrir des biens et services adéquats. C'est ainsi que (LADWEIN,1999) met en exergue les raisons qui motivent la consommation des biens et services. A la suite des analyses de LADWEIN, nous pouvons ainsi dire qu'un acteur local connaissant l'utilité d'un produit est amené à s'en procurer au moment voulu. La conduite socioéconomique est influencée par plusieurs facteurs, dont celui de la prise de décision, plus encore la situation financière et psychologique des individus. Comme l'effet de la socialisation sur un individu, il y a les facteurs socioculturels, économiques, religieux et éducatifs qui favorisent le changement des conduites socioéconomiques. En s'appuyant sur le marketing, il met en lumière la politique des entreprises qui cherche à attirer la population à la consommation des services qu'elles offrent par la satisfaction de leurs besoins selon les circonstances. Cette consommation influence et détermine la conduite socioéconomique des acteurs, par rapport à l'accessibilité aux produits du point de vue (financier et disponibilité sur le marché) et de son impact social. Dans cette optique nous partons du principe que ce sont les besoins des individus, la disponibilité des produits et services qui déterminent les conduites socioéconomiques des acteurs. Mais, les entreprises s'efforcent d'agir sur le comportement des consommateurs et en particulier par la publicité. Par conséquent, cette évolution conduit à un système dans lequel la production détermine les besoins (GALBRAITH). C'est ainsi que les entreprises utilisent la pyramide de la hiérarchisation des besoins (MASLOW,1954)pour bien étudier les besoins du consommateur pour bien y répondre. Les conduites socioéconomiques des acteurs locaux quelques fois sont tournées vers la production locale. Dans le cas de l'usine de production de l'huile de palme de Bossongo en RCA, les acteurs locaux sont beaucoup plus dans la production de l'huile de palme de manière artisanale. La région étant réputée pour la meilleure qualité d'huile de palme. Ce qui constitue la principale source de leur revenu et leur objet d'échange avec les autres villages (coopérative ou groupement). La conduite socioéconomique d'un individu varie en fonction des circonstances, des ressources et de ses revenus. Avec la théorie de classe sociale de Marx l'auteur nous détaille clairement comment chaque individu en fonction de sa classe d'appartenance sociale mène sa vie. Ces individus peuvent aussi transformer leur environnement ou société par les moyens dont ils disposent. Dans cette étude nous pouvons qualifier les acteurs locaux (cultivateurs et/ou éleveurs) comme des prolétaires disposant de leurs forces de travail pour transformer leurs sociétés et booster l'économie et rendre viable le lien marchand entre les communautés. A la différence de (MARX 1985)15(*) où l'ouvrier vend sa force de travail qui constitue son seul capital, dans cette étude l'acteur local utilise sa force productrice ou son capital pour sa propre production et échanger avec les autres. La conduite socioéconomique des acteurs locaux dans cette étude est fonction de la crise militaro-politique que connait la RCA. HILLENKAMP (2008)16(*) dans un article sur la socioéconomie et la démocratie met en lumière l'économie solidaire, sur les traces de POLANYI qui décrit les formes d'incorporation des échanges commerciaux dans les réseaux qui renforcent les liens et facilitent le développement local. Ces formes se basent sur la réciprocité, la redistribution et l'échange intégratif. Cette économie solidaire permet la mise en valeur des trois aspects qui sont : l'échange c'est-à-dire le lien marchand ou symbolique qui se construit entre les communautés, coopératives, associations et les individus. L'échange symbolique se manifeste par le don d'un produit ou un objet de valeur, qui symbolise l'union de ces deux communautés. Le savoir-faire productif local qui favorise le développement. Le travail et/ou la production représentant la communauté ou l'association. Ce savoir-faire productif oriente les conduites des acteurs locaux. En les impliquant dans la logique de la communauté ; exemple d'une communauté agricole, les individus seront plus orientés vers les travaux champêtres. La production agropastorale si les associations ou coopératives dont ils sont membres excellent dans ce domaine. Cette pratique par ce principe fait du savoir-faire productif une représentation sociale selon les termes de (JODELET 1997). Car la communauté en voulant pérenniser l'idéologie de l'association et/ou de la communauté façonne les conduites socioéconomiques des acteurs locaux. Selon Isabelle dans une communauté l'échange et le savoir-faire productif permettent le développement local. Le premier facilite la création des liens entre les communautés tout en modifiant les critères ou pratiques des transactions. Ceux-ci peuvent se faire par le troc ou la circulation des devises contre marchandises. Le second se trouve à la base de création de valeur et des produits pouvant faire l'objet d'échange. Ce savoir peut se transformer en idéologie d'une communauté ou d'uneassociation. Cette idéologie mise en application par les acteurs de cette association peut être abordée comme une représentation sociale. * 11 Centre Nantais de sociologie * 12Levilly (R), « le commerce équitable : entre variétés des marchés, figures du marché et force du marché. » Thèse de doctorat * 13Laville (J.L), « Encastrement et nouvelle sociologie économique : de Granovetter à Polanyi et Mauss », Revue Interventions économiques [En ligne], 38 | 2008, mis en ligne le 01 décembre 2008. * 14 Pascale. M, Gilles. L « contribution à une sociologie des conduites économiques :mesurer la différence pour une sociologie économique du médicament générique », Harmattan, 2006, p 181-195. * 15 Karl. M, 1985, Le capital : livre I, FLAMMARION, Paris * 16 L'économie solidaire, un modèle alternatif de développement ? une approche institutionnaliste illustrée par le cas de la Bolivie |
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