UNIVERSITE DE DOUALA
UNIVERSITY OF DOUALA
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
FACULTY OF LETTERS AND SOCIAL SCIENCES
-----------------------
ÉCOLE DOCTORALE : LETTRES, CIVILISATION ET
SCIENCES HUMAINES
DOCTORAL SCHOOLOF LETTER, CIVILIZATIONS AND
HUMANITIES
-----------------------
UNITE DE FORMATION DOCTORALE : ANTHROPOLOGIE -
SOCIOLOGIE - COMMUNICATION
DOCTORAL TRAINNING UNIT OF ANTROPHOLOGY -
SOCIOLOGY-COMMUNICATION
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LABORATOIRE : SOCIOLOGIE - GESTION DES RESSOURCES
HUMAINES
CONDUITES SOCIOÉCONOMIQUES DES ACTEURS LOCAUX EN TEMPS
DE CRISE EN RCA
Mémoire de Master en
sociologie
Option : Sociologie économique
Présenté par :
MOLAMBO GBESSOUA MBOUTOUMA Octave
Sous la direction de :
Dr YOMB Jacques
Chargé université de Douala
Année académique 2016-2017
SOMMAIRE
DEDICACE ii REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
LISTES DES FIGURES ET TABLAEUX v
RESUME vi
ABSTRACT vii
NTRODUCTION GENERALE 1
Ière PARTIE : CADRE THEORIQUE,
METHODOLOGIQUE ET ESPACE D'ETUDE
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 5
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE L'ETUDE
18
CHAPITRE III :DELIMITATION DU CHAMP
D'ETUDE 27
IIème PARTIE : IMPACT DE LA
CRISE ET REPONSE LOCALE 40
CHAPITRE IV : LA DYNAMIQUE DE LA CRISE
SUR LA POPULATION LOCALE 41
CHAPITRE V :ANALYSE DES MONOGRAPHIES
52
CHAPITREVI :STRATEGIES DES ACTEURS
LOCAUX FACE A LA CRISE 65
CONCLUSION GENERALE 78
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81
ANNEXES 85
TABLE DE MATIERES 88
Nous dédions cette oeuvre à la
famille MOLAMBO
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, nous voulons témoigner notre
profonde gratitude aux enseignants de la Faculté des Lettres et des
Sciences Humaines de l'université de Douala, plus
particulièrement à notre directeur de mémoire Dr YOMB
Jacques qui a bien voulu diriger notre travail. Qui tout au long de ce travail
nous a appris le sens de la recherche sociologique à travers les
conseils et orientations aux enseignants du département de sociologie.
Au responsable de l'UFD ANTHROPOLOGIE, SOCIOLOGIE ET COMMUNICATION et du
LABORATOIRE DE SOCIOLOGIE ET GESTION DES RESSOURCES HUMAINES, ainsi qu'à
tous les enseignants qui nous ont encadrés et aidés à la
réalisation de ce travail. Leurs critiques, suggestions et conseils nous
ont été d'une importance capitale.
Notre reconnaissance va à l'endroit des Enseignants de
la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l'Université
de Bangui. Aux enseignants du Département de Sociologie qui nous ont
inculqués les bases de la sociologie. Nous adressons également
nos gratitudes à l'endroit des autorités de la commune de PISSA
de la Préfecture de la Lobaye. Aux chefs de quartiers et villages, aux
membres des GIC, coopératives et associations pour leurs étroites
collaborations dans la collecte des informations.
Nos remerciements sont également formulés
à l'endroit de nos familles respectives la famille MOLAMBO, Mon
Père Lucien MOLAMBO et Ma mère Mme MOLAMBO née DJAWA BAYE
Hélène à mes frères et soeurs (Benny Tall,
Francette, Astride, Loïc, chancelle, Gaël, Lovie, Lesly et Aslain)
pour leurs soutiens moraux, matériels, financiers apportés dans
notre instruction etformation depuis notre enfance jusqu'aujourd'hui. Nous
adressons aussi nos remerciements à la famille ANOUMEDEM pour le soutien
indéfectible pendant notre séjour au Cameroun. A la famille
BASSEGA,DJONKOU, GOMOBOU, MBANO-DEDE, M. ZIORRO Rodrigue Villeneuve, Mme
SERETOUNGOU Annettepour leurs soutiens multiformes.
Enfin A nos camarades étudiants qui nous ont
aidés à la réalisation de ce travail par leurs soutiens
multiformes, suggestions et conseils. A tous les étudiants en cycle de
Master en sociologie économique et politique promotion (2016). A tous
ceux qui nous ont soutenus de loin ou de près par leurs soutiens
multiformes.
SIGLES ET ACCRONYMES
ACI : Alliance Coopérative Internationale
ADP : Aide public au Développement
CAC : Comportement d'Achat et de Consommation
CECA : Caisse d'Epargne et de Crédit
Autogérée
COOPI : Cooperazionne Italienne
DSCRP : Document Stratégique pour la
Réduction de la Pauvreté
EMF : Etablissement de Microfinance
ESS : Economie Sociale et solidaire
GIC : Groupement d'Initiative Commune
ICASEES : Institut Centrafricain des Statistiques et
d'Etude Economique et Sociales
INSEE : Institut National des Statistiques et des Etudes
Economiques
JFDDH : Jeunes et Femmes pour le Développement et
les Droits de l'Homme
OCHA : Office for the Coordination of Humanitarian
Affaires
O.I.T : Organisation Internationale du travail
ONG : Organisation Non gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
RCA : République Centrafricaine
RDH : Réseau de Droit de L'Homme
RJDH : Réseau des Journalistes pour les Droits de
l'Homme
RGPH : Recensement Général de la Population
et de l'Habitat
RN6 : Route Nationale numéro 6
SEL : Système d'Echange Local
UFD : Unité Fondamentale Doctorale
UNDP : United Nations Développement Program
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
Liste des Figures
Figure n°1 Photo du carrefour Moungoumba-Mbaïki
à Pissa 28
Figure n°2 Photo des déplacés internes de
la commune de Pissa 42
Figure n° 3 Photo des commerçantes
(chenilles) au marché de Pissa 49
Figure n°4 Photo d'une activité coopérative
69
Liste des tableaux
Tableau n° 1 : Opérationnalisation des
variables 25
Tableau n° 2 : Les facteurs de la dynamique de la
crise sur la socioéconomie de Pissa 50
Tableau n° 3 : Récapitulatif des
données socioéconomiques avant la crise 57
Tableau n° 4 : Récapitulatif des
données socioéconomiques pendant la crise 59
Tableau n° 5 : Récapitulatif des
données socioéconomiques après la crise 61
Tableau n°6 : Récapitulatif des
données socioéconomiques sur les trois périodes 63
Tableau n°7 : Description de la gestion et construction
des temps sociaux 73
RESUME
L'objectif majeur de cette recherche est
d'évaluer les conduites socioéconomiques des acteurs locaux face
à la crise qu'a connu la commune de pissa et son impact sur la
production locale, les échanges économiques et le lien social.
La problématique se résume dans cette question
Comment lutter durablement contre la pauvreté en temps de crise dans la
commune de Pissa quand le lien social est en crise ? Autrement dit
Quelles stratégies adopter par les acteurs locaux pour améliorer
leur condition de vie dans un environnement instable ? Le cadre
théorique est essentiellement inscrit sur les théories
du lien social et l'ethnométhodologie. Ceci parce que les individus
accordent un sens à leurs pratiques quotidiennes lorsqu'ils
échangent entre eux. La méthode utilisée
est quali-quantative, c'est-à-dire compréhensive ce qui permet de
comprendre le sens que les individus donnent à leurs actions. Mais aussi
d'analyser l'impact et la répercussion des interactions des individus
sur leur vie communautaire et les nouvelles conduites socioéconomiques.
Les données ont été collectées auprès des
autorités locales de la commune de Pissa, des ménages et des
acteurs locaux productifs c'est-à-dire menant une activité
productrice de revenus. L'étude s'est déroulée en
Centrafrique dans la préfecture de la Lobaye précisément
dans la commune de PISSA situé au sud de la ville de Bangui. Les
résultats montrent que : a/ La crise
politico-sécuritaire favorise le développement de
l'économie solidaire et le système d'échange local dans la
commune de pissa. b/ Le renforcement du lien social entre les
acteurs locaux. c/ L'échange marchand, le prêt,
l'entraide sont les types des conduites socioéconomiques des acteurs
locaux. d/ L'échange marchand et l'échange
symbolique définissent la nature des échanges entre les acteurs
locaux de la commune de pissa. Conclusion : La crise qu'a
connu la commune de Pissa a eu un impact majeur sur les conduites
socioéconomiques. Bien que cette dernière a été
perçue comme un phénomène déstabilisateur par son
caractère chaotique d'une part, mais d'autre part elle permet le
développement et la création de nouvelles stratégies pour
le maintien de l'équilibre social et booster le développement
local.
Mots clés : acteurs locaux - crise
politique et sécuritaire - lien social - conduites
socioéconomiques- - réseaux sociaux- stratégies d'acteurs
- Pissa.
ABSTRACT
The main objective of this research is to evaluate the socio
economic behaviours of the population with respect to the ongoing crisis in the
community of PISSA and its impact on local production ; economic exchanges
and social relations. The issue of concern is summarized in this
question. How to durably fight against poverty in times of crisis in the
community of PISSA. In other words what characterises the socio economic
behaviour of the local population/ indigenes in times of crisis. The
theoretical aspect is clearly recorded in the theories linking the social and
ethnomethodology. This is because individuals give a particular attention to
their daily activities when they interact amongst themselves. The method used
here is quali-quantitative ; that is to say comprehensively permitting us
to understand the value individuals place on their actions. This equally helps
us to better analyse the impact of the peoples interaction on their community
lives and new social economic behaviours as well. This Data is collected from
the local authorities of the Community of PISSA.; local producers and equally
individual carrying out an economic activity. This case study is been carried
out in Central Africa Republic in LOBAYE Division precisely in the Community
of PISSAsituated
in
the south by the town of Bangui .The expectant result of this case study will
illustrate the following. A/ Political and security crisis favours the
developpement of a strong economy and a sytem of local exchange in the
community of PISSA. B/ The re-inforcement of social inks amongst the local
traders. C/ Merchant exchange; loans are the types of socio economic behaviour
of local promoters. D/ Merchants and symbolic exchanges define the nature of
exchange existing among the local promoters of the community of PISSA.
Conclusion The crisis that hits the community of PISSA left a major impact on
the socio-economisbehaviour of the population. Even though this can be seen as
a distabilizing phenomenon because of its chaotic nature on one part; on the
other hand it has enabledthe development and creation of new strtegies on how
to maintain a social equilibrum and boast local development
Keywords: local actors - political and security crisis
- social link - socioeconomic behavior - social networks - stakeholder
strategies - Pissa.
i
INTRODUCTION GENERALE
L'analyse des grands problèmes politiques s'articule
toujours avec les problèmes sociaux (socioéconomiques). Les trois
domaines (politique, économique et social) indissociables fondent la
base du fonctionnement du monde et de la société. La crise d'un
domaine (politique) influencesur les autres (économique et social).
C'est ainsi que la problématique du développement durable des
pays de l'Afrique subsaharienne pose d'énormes problèmes.
L'insécurité et les régimes politiques instables
étant des problèmes majeurs auxquels font face les pays de cette
région de l'Afrique, la RCA y compris ; empêche l'essor
économique et social des pays de ces régions. Même s'il
est vrai que la RCA comme tous les autres pays de l'Afrique centrale rencontre
d'énormes difficultés, il n'en demeure pas moins que la crise
économique et sécuritaire a affaibli l'économie locale.
Cette dernière essentiellement agricole, la crise va mettre plus
à mal les acteurs locaux en détériorant leur mode de vie
qui était déjà précaire à l'égard de
la mauvaise politique agricole. Ainsi bien que la situation soit identique dans
tout le pays la commune de Pissa reste au centre de notre préoccupation.
Cette commune étant un carrefour pour la zone sud de la RCA (entre les
sous-préfectures de Moungoumba et de M'baïki) subit les effets
collatéraux de la crise politique et sécuritaire. Il est donc
question dans cette recherche de comprendre comment les acteurs locaux
s'adaptent face à la crise, autrement dit les stratégies
développées pour satisfaire les besoins vitaux. Pour mener
à bien cette recherche les interrogations suivantes ont
été formulées : la question centrale qui constitue
aussi l'axe central de notre recherche est de savoir comment lutter durablement
contre la pauvreté en temps de crise dans la commune de
Pissa, quand le lien social est en crise ? autrement dit quels sont les
moyens mis en oeuvre par les acteurs locaux de la commune de Pissa pour lutter
contre la détérioration de leur condition de vie pendant la
crise ? Cette interrogation centrale nous ouvre la voie sur d'autres
questionnements qui sont : comment les acteurs locaux peuvent-ils faire
pour améliorer leurs conditions de vie dans un environnement
instable et en proie à l'instabilité ?En bref quelles
conduites socioéconomiques les acteurs locaux peuvent-ils adopter pour
faire face à la crise et participer ainsi au développement
local ?
L'objectif majeur de notre étude est de comprendre et
expliquer comment les acteurs locaux de la commune de Pissa ont pu faire face
à la crise politique sécuritaire. Affectant leur économie
ils ont pu développer des techniques pour ne pas sombrer dans la
pauvreté et la misère extrême.
L'intérêt de cette étude se résume
en deux grands axes. Dont le premier est purement sociologique
c'est-à-dire la reconstruction ou le renforcement du lien social dans un
état chaotique dans la commune de pissa. Le second se base sur la
socioéconomie qui voit la participation de l'individu dans la vie
économique et sa motivation à faire des choix. Au cours de cette
crise, la population a été exposée à des conditions
d'insécurité alimentaire, de vie précaire et
bouleversement des habitudes de consommation de la population. C'est ainsi que
le renforcement du lien social s'impose. Nous assistons également au
développement d'un SEL basé sur les liens de parenté
très développé entre les acteurs. Mais aussi sur le plan
économique à travers les activités d'économie
sociale et solidaire dans la commune de pissa. Ces activités sont aux
ralenties, car l'échange devient quasiment inexistant. La mévente
des produits agricoles, une mauvaise production qui est due à
l'insécurité dans la commune. Tous ces aspects retiennent notre
attention, nous poussent à la recherche de savoir qu'elles sont les
stratégies ou moyens qu'utilisent les acteurs locaux pour gérer
cette période d'instabilité qui affecte leur vie sociale. Et
enfin leurs activités économiques qui se trouvent être
leurs sources de revenus en un mot leurs richesses. Cet impact de la crise
politique et sécuritaire sur le secteur économique et social de
la population requiert beaucoup plus d'attention et d'intérêt.
Afin de mieux cerner le noeud du problème à résoudre.
Pour ce faire, notre travail est structuré en deux
grandes parties chacune comportant trois chapitres : la première partie
est basée sur le cadre théorique, méthodologique et espace
d'étude. Le chapitre premier de notre travail pose les bases
théoriques du travail par la définition des concepts, en passant
par le cadre théorique qui donne une armature scientifique à
notre travail, la revue de la littérature et enfin la
problématique. Le chapitre deuxième s'attèle sur la
méthode utilisée pour la recherche ainsi que les techniques de
recherche et les champs sociologiques concernés par l'étude. Le
troisième chapitre concerne l'espace d'étude c'est-à-dire
sa délimitation sociologique et spatiale de la commune de Pissa, de ses
composants naturels et de son organisation locale (sociale, politique,
administrative et économique).
La seconde partie de notre travail s'articule sur l'impact de
la crise politico-sécuritaire et la réponse locale des acteurs de
la commune de Pissa. Le quatrième chapitre démontre l'impact de
la crise sur la socioéconomie de la commune de pissa, d'abord l'impact
sur le plan social, sur le plan politique ensuite sur la mobilité des
acteurs locaux enfin sur les activités génératrices de
revenus. Le cinquième chapitre dresse un tableau descriptif et
comparatif de l'impact de cette crise sur cinq (5) villages de la commune de
Pissa en période Pré, In et post crise. Enfin le dernier chapitre
traite des techniques mises en place par les acteurs locaux pour faire face
à la pauvreté et les conditions de vie précaire pendant et
après les crises. Ces techniques sont perceptibles à travers les
coopératives, mutuelles, économie sociale et solidaire ou encore
les systèmes d'échange locaux.
Ière PARTIE : CADRE THEORIQUE,
METHODOLOGIQUE ET ESPACE D'ETUDE
Chapitre 1 : CADRE THEORIQUE
La science dans sa mission principale permet aux individus de
comprendre et de percevoir la nature. C'est ainsi que les sciences sociales
permettent de comprendre des faits et phénomènes sociaux et d'y
apporter des réponses. Ce chapitre traite de la démarche
théorique c'est-à-dire pose la base du canal à suivre. De
ce fait nous aborderons successivement : le cadre conceptuel, la revue de
la littérature le cadre théorique et la problématique de
recherche.
1.1. Cadre conceptuel
Le cadre conceptuel constitue le travail préalable
à effectuer dans un travail scientifique par le chercheur. Cette
étape permet à celui-ci de définir, rendre claire et
compréhensif les concepts clés de notre sujet de recherche ;
mais surtout de les opérationnalisés.
1.1.1 Conduites socioéconomiques :
La socioéconomie est un adjectif qui
intéresse la société définit en terme
économique. On peut définir la socioéconomie comme
étant : « une branche des sciences économiques
et de la sociologie, qui examine l'influence des rapports humains sur
l'évolution économique » (Yomb 2015)1(*). A contrario, la sociologie
économique examine les influences des relations économiques sur
les groupes sociaux. Pour Jean-Claude Passeron «la
socioéconomie permet de produire beaucoup d'effets
d'intelligibilité »2(*), elle permet une bonne compréhension des faits
sociaux productifs, c'est-à-dire des échanges productifs
(fructueux) qui s'effectuent dans la société et entre les
individus à travers les liens forts et les liens faibles.
En somme, le concept de conduites socioéconomiques se
définit comme étant : « l'inscription des
acteurs dans un système de lien marchand »3(*)ce lien marchand
s'effectuant à travers des actions ou faits que posent les acteurs de la
commune de pissa pour faire face à la crise politico-sécuritaire.
Ce lien marchand devant être productif afin d'impacter le vécu
quotidien des acteurs locaux tant sur le plan économique et social. De
façon brève et explicite, ce sont des actions menées par
certains individus afin de fructifier et de sécuriser leur avoir
financiers en temps de crise. C'est-à-dire l'échange
économique interpersonnel et intercommunautaire.
1.1.2 Acteurs locaux :
Etymologiquement du latin
(actor) c'est-à-dire celui qui agit, le mot acteur dans
le sens courant renvoie à un individu qui participe activement à
une action, dans une entreprise et qui joue un rôle effectif. Selon Max
weber un acteur est un individu agissant dans son milieu (communauté,
société) et qui donne un sens à son action en tenant
compte de la subjectivité que l'action comporte. Dans la logique
compréhensive (GRAWITZ, 2004) définit le concept d'acteur local
comme : « celui qui agit en dehors du sens usuel,
l'artiste jouant un rôle, ce peut être un individu, un groupe ou
même une institution aux quels un rôle est
assigné. »4(*) Cette définition de GRAWITZ met en exergue le
caractère subjectif qu'a un acteur (individu) dans l'accomplissement
d'un rôle de faire valoir ces intérêts pour
l'amélioration de sa condition d'existence. La définition de
GRAWITZ est confortée par celle de CROZIER et FRIEDBERG qui
définit l'acteur en fonction de son comportement qui est quelquefois
innovateur ou régulateur en fonction du construit social et des
intérêts particuliers. « Celui dont le comportement
(l'action) contribue à structurer un champ, c'est-à-dire à
construire des régulations. On cherche à expliquer la
construction des règles (le construit social) à partir du jeu des
acteurs empiriques, calculateurs et intéressés. Ces acteurs sont
dotés de rationalité, même si elle est
limitée ; ils sont autonomes et rentrent en interaction dans un
système qui contribue à structurer leurs jeux. Dans le cadre
de cette étude un acteur local est un individu qui participe aux actions
favorisant le développement de sa localité à travers un
GIC ou une association (activités coopératives,
économiques et sociales) et de faire face aux contraintes
sociopolitiques de leurs communautés. Comme l'explique bien LUSSAULT qui
définit l'acteur comme « pourvu d'une intériorité
subjective, d'une intentionnalité, d'une
capacitéstratégique autonome et d'une compétence
énonciative ». Au vu de la situation des acteurs de la commune
de Pissa, ces derniers dans l'intention de survivre à la crise,
développent des stratégies pour avoir une meilleure condition de
vie et d'avoir une stabilité sociale.
1.1.3 crise :
Le concept criseest un terme
polysémique. Étymologiquement, il signifie une manifestation
aiguë d'un trouble physique ou moral. Ou encore une situation ou une
période difficile. (Larousse de poche 2015)5(*). Une crise « c'est
une situation d'urgence, combinée à de puissants effets de
déstabilisation que les acteurs doivent gérer sans avoir ni le
temps ni les moyens d'y faire face »6(*).
En sociologie, la crise est conçue
comme : « une période critique avant de
s'appliquer aux sociétés7(*)». (EMILE 1762)
écrivit : « nous approchons de l'état de
crise et du siècle de révolution »8(*). Cette pensée d'Emile
renvoie au caractère rénovateur de la crise c'est-à-dire
au changement qu'apporte cette dernière, dans une période
donnée et dans un espace bien défini et/ou qui peut aller
au-delà de cet espace. Mais le caractère dynamique de changement
qu'opère une crise est mise en évidence par Goethe qui
déclare : « toutes les transitions sont des
crises et la crise n'est pas une maladie » l'auteur voit dans la
crise une étape pour parvenir à un palier de plus ou de descendre
à un niveau inférieur. Enfin la crise peut être
conçue comme une transition vers un équilibre politique,
économique et social (Saint Simon, Fourier, Proudhon)9(*). Dans notre étude la
notion de crise renvoie aux périodes critiques ou de tensions politiques
et sécuritaires que traversent une société,
c'est-à-dire la crise politico-sécuritaire qu'à traverser
la Centrafrique plus particulièrement la commune de Pissa qui est notre
zone d'étude et qui a eu un impact sur sa situation économique et
sociale.
1.2. Revue de la littérature
La question des conduites socioéconomiques des acteurs
locaux en RCA et précisément dans les zones rurales n'a pas fait
l'objet d'écriture scientifique diversifiée. Dans la
sous-région Afrique centrale et précisément au Cameroun
nous pouvons remarquer cette abondance de littérature. Celle-ci est
beaucoup plus orientée vers les conduites socioéconomiques des
acteurs sur les activités rémunératrices, la conduite des
acteurs face à la crise des EMF10(*) (YOMB et TEFE 2012). Ce pendant elle essaie de mettre
en exergue le sens rationnel et subjectif des conduites socioéconomiques
des acteurs locaux en temps de crise. C'est ainsi que notre revue de
littérature prend en compte trois dimensions à savoir :
l'impact de la crise sur le développement local ; les dynamiques
socioéconomiques sur le développement local et enfin la
crise du lien social.
1.2.1. L'impact de la crise sur le développement
local
Les crises se caractérisent, entre autres, par leur
effet de surprise, l'altération du bon fonctionnement du système.
L'angoisse, l'incertitude et, souvent, l'absence de préparation peuvent
également être associées à ces aspects. De
façon générale, une crise présente trois
caractéristiques qui la distinguent d'une situation normale, à
savoir : sa condition de « processus de
déstabilisation », le nombre de conséquences qu'elle
peut induire et la façon par laquelle elle peut affecter le milieu
social (ROUX-DUFORT, 2000). Pour mieux comprendre les crises, certains auteurs
les ont considérées soit comme un événement
(HERMAN, 1963), soit comme un processus (FORGUES, 1996). (LAGADEC, 1991)
illustre la différence entre événement et processus par la
distinction entre accident et crise. Selon l'auteur, l'accident est un
événement ponctuel, limité dans le temps et l'espace et
qui peut faire partie d'une crise ; tandis que la crise concerne la perte
ou une transformation du système de référence, ce qui
implique des difficultés majeures sur le plan de réorganisation
et d'adaptabilité dans le nouveau système. Ce fut le cas de la
commune de Pissa dont les acteurs développent des techniques
d'adaptabilité comme réponse à la crise. Dans ce cas, le
concept d'accident est utilisé comme un événement ponctuel
dont les causes et caractéristiques peuvent être
déterminées dans un cadre spécifique de temps et espace.
L'approche de PERROW (1984, 1994) n'est pas prise en compte dans ce travail,
parce que l'intention n'est que d'illustrer les différences entre les
approches processuelles et événementielles, ce que propose
(LAGADEC,1991). Ainsi, dans le premier cas, l'approche
événementielle se centre sur la nature de
l'événement déclencheur de la crise et principalement sur
ses conséquences : il y a la tendance de « privilégier
les symptômes » (ROUX-DUFORT, 2000), mais aussi les
conséquences possibles que cela peut engendrer. Telle approche permet
d'analyser la crise par ses manifestations extérieures : son
principal avantage est celui d'être directement opérationnelle, de
chercher à développer des moyens de réduction des
conséquences de l'événement (ROUX-DUFORT, 2005). Ce sont
des « événements rares, mais inévitables » qui
ne peuvent pas être une surprise, puisqu'ils font déjà
partie du système social (PERROW, 1984 ; FORGUES, 1996). Puisque
l'analyse de la crise n'est possible qu'après qu'il s'est produit, il ne
reste plus aux acteurs locaux (gestionnaires) qu'à adopter un
comportement essentiellement réactif (ROUX-DUFORT, 2000). Lorsque la
crise survient, il faut la circonscrire dans un périmètre
restreint afin qu'elle perturbe le moins possible le reste de l'organisation
(FORGUES, 1996) et puisse être vue comme un événement
isolé, ce que fournit une prise claire pour l'action (ROUX-DUFORT,
2005)
De l'autre côté, « une approche
processuelle conduit à embrasser la crise dans un laps de temps et un
espace élargi » (FORGUES, 1996), de façon à
l'analyser comme une situation pleine de significations, d'acteurs et de
victimes (MARCUS et GOODMAN, 1991). Cette approche processuelle situe la crise
dans un contexte plus riche et concerne ses origines, son incubation et sa
« dynamique de développement » (TURNER, 1976 ;
ROUX-DUFORT, 2000). Dès lors qu'une situation critique est perçue
comme le résultat de « dysfonctionnements
cumulés et potentiellement repérables » dans le
quotidien social ou de l'entreprise (THIETART et FORGUES, 1997), la crise ne
doit plus être considérée comme imprévisible
(BRYSON, 1981), puisqu'il s'agit d'un processus dont les phases d'installation,
d'évolution et de développement sont, dans la plupart des cas,
identifiables (TURNER, 1976 ; ROUX-DUFORT, 2003) : la phase de
déclenchement : où se retrouvent les origines de la crise,
qui peuvent résulter d'erreurs des systèmes sociaux et
entrepreneuriaux de marginalisation, de la mauvaise gouvernance, d'erreurs
humaines ou de la combinaison de ces
éléments. La crise étant perçue sous ces divers
angles, dans la dynamique sociale est vu comme un élément
déclencheur du changement. Certes, ce changement peut être positif
ou négatif à travers ses conséquences sur l'entreprise du
point de vue organisationnel ou social.
1.2.2. Les dynamiques socioéconomiques sur le
développement local
En parlant des conduites socioéconomiques, nous pouvons
faire allusion à l'économie comportementale. Cette
dernière est une branche de l'économie qui étudie le
comportement économique (conduites socioéconomiques) des
individus. A la base de cette analyse socioéconomique, nous avons les
auteurs BECKER et aussi le célèbre théoricien KAHNEMAN qui
s'est illustré par la découverte de biais cognitifs dans les
choix des êtres humains. Dans les différentes
spécialités qui couvrent ce domaine et lui donne cours dans la
classe des sciences l'on remarque d'abord le choix rationnel qu'effectue les
individus pour la satisfaction de leurs besoins. Cette satisfaction de besoin
qui peut se faire par des articles ou services découvert à
travers une publicité. Ensuite, cette même analyse tient compte de
la perception des individus sur ce qu'ils utilisent pour la satisfaction de
leurs besoins tout en tenant compte de leur environnement immédiat. Cet
environnement qui peut aussi être un facteur déterminant dans le
choix et la consommation d'acteurs locaux.
Pour faire face aux conditions socioéconomiques
déplorables dans les sociétés ou communautés, les
acteurs sont appelés à se regrouper pour développer les
richesses de leur terroir par des procédés sui generis. Car la
réalité sociale varie d'une communauté à une autre,
ce regroupement favorise la création d'un marché d'échange
de modèle culturel et interpersonnel. Nous remarquons cela dans les
travaux de LEVILLY11(*),
il nous démontre comment les acteurs locaux français
précisément Nantais à travers l'association des Artisans
du Monde (Fédération Artisans du Monde, boutique nantaise et
centrale d'importation Solidar'Monde) et sur le système HAVELAAR (Max
Havelaar France, Max Havelaar Nantes et Lobodis, un torréfacteur de
café labellisé) (LEVILLY, 2004)12(*)ont pu conduire leur économie en tenant compte
des conditions locales et de leur chaine de solidarité. Beaucoup plus
cette étude nous éclaire sur l'encastrement des systèmes
d'échange marchand dans les réseaux sociaux, communautaires et
interpersonnels. Leur comportement économique a permis de construire et
de développer les interactions entre les communautés. Ce qui
donne du sens à l'encastrement, qui est définit comme
« insertion des activités économiques dans les
relations interpersonnelles » (GRANOVETTER, 2000)13(*). A l'issu des travaux de
LEVILLY nous pouvons conclure que les conduites socioéconomiques des
acteurs permettent d'orienter leurs activités. Cet exemple s'illustre
par la labellisation du café de la région nantaise et sa
consommation qui permet de sauver la production caféière locale
face à la concurrence.
Afin de mieux spécifier les conduites
économiques dans » (NOUGUEZ,2006)14(*) met en évidence les
conduites économiques des acteurs dans la fabrication, la consommation
et la régulation des médicaments génériques.
Comment les industriels arrivent à produire et commercialiser un produit
de second ordre qui n'affecte pas la commercialisation du médicament
princeps. La conduite socioéconomique des acteurs locaux varie selon
leur environnement et les situations qu'ils traversent dans une période
bien déterminée. Dans cette étude NOGUEZ essaie
d'établir un lien entre la consommation d'un individu et son pouvoir
d'achat qui est fonction de sa conduite socioéconomique.
La conduite socioéconomique des acteurs locaux renvoie
aussi à la consommation de ces derniers. La consommation est un domaine
du marketing que celui des sciences sociales (science de gestion,
économie, sociologie, psychologie, etc.). Car elle fait appel à
la bonne connaissance du besoin de la population pour lui offrir des biens et
services adéquats. C'est ainsi que (LADWEIN,1999) met en exergue les
raisons qui motivent la consommation des biens et services. A la suite des
analyses de LADWEIN, nous pouvons ainsi dire qu'un acteur local connaissant
l'utilité d'un produit est amené à s'en procurer au moment
voulu. La conduite socioéconomique est influencée par plusieurs
facteurs, dont celui de la prise de décision, plus encore la situation
financière et psychologique des individus. Comme l'effet de la
socialisation sur un individu, il y a les facteurs socioculturels,
économiques, religieux et éducatifs qui favorisent le changement
des conduites socioéconomiques. En s'appuyant sur le marketing, il met
en lumière la politique des entreprises qui cherche à attirer la
population à la consommation des services qu'elles offrent par la
satisfaction de leurs besoins selon les circonstances. Cette consommation
influence et détermine la conduite socioéconomique des acteurs,
par rapport à l'accessibilité aux produits du point de vue
(financier et disponibilité sur le marché) et de son impact
social. Dans cette optique nous partons du principe que ce sont les besoins des
individus, la disponibilité des produits et services qui
déterminent les conduites socioéconomiques des acteurs. Mais, les
entreprises s'efforcent d'agir sur le comportement des consommateurs et en
particulier par la publicité. Par conséquent, cette
évolution conduit à un système dans lequel la production
détermine les besoins (GALBRAITH). C'est ainsi que les entreprises
utilisent la pyramide de la hiérarchisation des besoins
(MASLOW,1954)pour bien étudier les besoins du consommateur pour bien y
répondre.
Les conduites socioéconomiques des acteurs locaux
quelques fois sont tournées vers la production locale. Dans le cas de
l'usine de production de l'huile de palme de Bossongo en RCA, les acteurs
locaux sont beaucoup plus dans la production de l'huile de palme de
manière artisanale. La région étant réputée
pour la meilleure qualité d'huile de palme. Ce qui constitue la
principale source de leur revenu et leur objet d'échange avec les autres
villages (coopérative ou groupement). La conduite socioéconomique
d'un individu varie en fonction des circonstances, des ressources et de ses
revenus. Avec la théorie de classe sociale de Marx l'auteur nous
détaille clairement comment chaque individu en fonction de sa classe
d'appartenance sociale mène sa vie. Ces individus peuvent aussi
transformer leur environnement ou société par les moyens dont ils
disposent. Dans cette étude nous pouvons qualifier les acteurs locaux
(cultivateurs et/ou éleveurs) comme des prolétaires disposant de
leurs forces de travail pour transformer leurs sociétés et
booster l'économie et rendre viable le lien marchand entre les
communautés. A la différence de (MARX 1985)15(*) où l'ouvrier vend sa
force de travail qui constitue son seul capital, dans cette étude
l'acteur local utilise sa force productrice ou son capital pour sa propre
production et échanger avec les autres. La conduite
socioéconomique des acteurs locaux dans cette étude est fonction
de la crise militaro-politique que connait la RCA.
HILLENKAMP (2008)16(*) dans un article sur la socioéconomie et la
démocratie met en lumière l'économie solidaire, sur les
traces de POLANYI qui décrit les formes d'incorporation des
échanges commerciaux dans les réseaux qui renforcent les liens et
facilitent le développement local. Ces formes se basent sur la
réciprocité, la redistribution et l'échange
intégratif. Cette économie solidaire permet la mise en valeur des
trois aspects qui sont : l'échange c'est-à-dire le lien
marchand ou symbolique qui se construit entre les communautés,
coopératives, associations et les individus. L'échange symbolique
se manifeste par le don d'un produit ou un objet de valeur, qui symbolise
l'union de ces deux communautés. Le savoir-faire productif local qui
favorise le développement. Le travail et/ou la production
représentant la communauté ou l'association. Ce savoir-faire
productif oriente les conduites des acteurs locaux. En les impliquant dans la
logique de la communauté ; exemple d'une communauté
agricole, les individus seront plus orientés vers les travaux
champêtres. La production agropastorale si les associations ou
coopératives dont ils sont membres excellent dans ce domaine. Cette
pratique par ce principe fait du savoir-faire productif une
représentation sociale selon les termes de (JODELET 1997). Car la
communauté en voulant pérenniser l'idéologie de
l'association et/ou de la communauté façonne les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux. Selon Isabelle dans une
communauté l'échange et le savoir-faire productif permettent le
développement local. Le premier facilite la création des liens
entre les communautés tout en modifiant les critères ou pratiques
des transactions. Ceux-ci peuvent se faire par le troc ou la circulation des
devises contre marchandises. Le second se trouve à la base de
création de valeur et des produits pouvant faire l'objet
d'échange. Ce savoir peut se transformer en idéologie d'une
communauté ou d'uneassociation. Cette idéologie mise en
application par les acteurs de cette association peut être abordée
comme une représentation sociale.
1.2.3. La crise du lien social et développement
local
La notion de lien social naît dans le contexte du
XIXème siècle où se mêlent deux révolutions
sans précédent, la révolution industrielle et
démocratique. C'est à cette période qu'un grand nombre de
réflexions vont être menées, notamment en ce qui concerne
le lien individu/société. Plus tard les sociologues se sont
concentrés plus sur une sociologie qui se base sur les attributs des
individus (sexe, âge, classe sociale) en cherchant à les relier
à des pratiques spécifiques. Mais que signifie réellement
le lien social ?? On peut définir le lien social
comme : « l'ensemble des relations qui unissent des
individus faisant partie d'un même groupe social et/ou qui
établissent des règles sociales entre individus ou groupes
sociaux différents. Quand on utilise l'expression au pluriel,
on pense aux relations sociales concrètes dont le lien social est
tissé »17(*). La définition du lien social et sa typologie
varient selon les auteurs en fonction de leur perception du caractère du
lien social. L'évolution de la société impacte les
relations entre les individus. (PAUGMAN,2008) s'appuie sur les travaux de
SIMMEL et ELIAS pour mettre en évidence la différence entre le
lien social et les liens sociaux. En parlant du lien social PAUGMAN fait
allusion à la société traditionnelle ou les liens
étaient directs et soudés entre les acteurs. Quant aux liens
sociaux, il fait référence à la société
moderne par l'existence de plusieurs liens entre les acteurs (liens familiaux,
lien d'amitié, lien de voisinage, lien professionnel, etc.).
Face à la transformation de la société
c'est-à-dire l'apparition des phénomènes nouveaux de vivre
ensemble et la modification des liens sociaux, l'on remarque une crise du lien
social. Cette crise du lien social se caractérise par la mutation du
lien social qui crée parfois des conflits de générations
(CUSSET,2007). Le lien social devient de plus en plus fonctionnaliste et
électif. Le caractère fonctionnaliste met en avant
l'individualisme qui n'est pas perçu au départ dans le lien
social par DURKHEIM en parlant de la solidarité organique et
mécanique. A travers les travaux de SIMMEL dans la sociologie des
réseaux nous pouvons apercevoir cette capacité qu'à
l'individu de s'adapter dans son milieu en créant, restaurant,
maintenant et développant ces liens sociaux. De nos jours les
sociétés sont soumises à des mutations fortes tant sur le
plan des valeurs collectives dominantes que sur le plan de leur organisation,
de leur structuration. La solidarité mécanique décrite par
Durkheim n'est plus qu'un idéal type sans application concrète.
Cette mutation entrainant de changement dans les rapports laisse entrevoir une
crise. D'autres facteurs peuvent laisser apparaitre l'aspect de la crise du
lien social : le déclin de l'autorité (policiers, parents,
enseignants, etc.). Dans les sociétés modernes l'autorité
des parents n'est plus le même comme dans les sociétés
traditionnelles qui permettaient d'éduquer leurs enfants sans faille.
Mais aussi des pouvoirs publics chargés des bonnes moeurs pouvant
permettre la correction des incivilités des citoyens. L'accroissement de
l'individualisme avec la difficulté d'établir de nouvelles
règles de vie commune occasionne le désaccorde entre les
individus ce qui mine les relations sociales. Aujourd'hui, on ne saurait parler
de la crise du lien social sans évoquer la crise de la famille. La
famille étant l'espace de la socialisation, subit des mutations dû
(chômages, pauvreté, précarité ou exclusion) ces
situations engendrent une détérioration des relations
interpersonnelles ce qui au final aboutit à la crise du lien social
(DURKHEIM,1893). C'est ainsi que dans les sociétés rurales nous
assistons à des conflits de générations du point de
divergence sur l'utilité du lien social. Cette utilité
amène les acteurs à faire une sélection de ces relations
en plus de sa famille. Mais aussi la pauvreté et à
l'accroissement du taux de l'insécurité qui mine le vivre
ensemble (le lien social).
1.3. Cadre théorique
Le passage de la réalité sociale à la
réalité sociologique impose au chercheur engagé dans cette
discipline, de faire une lecture du phénomène qu'il étudie
à l'aide d'une ou de plusieurs théories de son domaine pour lui
donner tout son caractère scientifique.
Pour les rationalistes, « une théorie est une
construction logique, un schéma conceptuel, formant les démarches
d'une pensée avant toute déduction18(*) ».
Dans cette sous-partie, nous développons les
théories qui nous ont permis d'appréhender et d'expliquer les
conduites socio-économiques des acteurs locaux dans notre
recherche : l'ethnométhodologie et la théorie du lien
social.
1.3.1. Ethnométhodologie
L'ethnométhodologie est une théorie
développée par le sociologue GARFINKEL au cours des années
1950. Cette théorie considère l'ordre social comme un
accomplissement méthodique. L'ethnométhodologie s'est
inspirée de la phénoménologie de SCHÜTZ, elle permet
d'étudier la quotidienneté c'est-à-dire le vécu des
individus appartenant à une communauté ou un groupe social
déterminé. La perspective ethnométhodologique et
interactionniste se focalisent donc sur l'actionpratique, en valorisant les
interactions ordinaires et les méthodes de raisonnements pratiques. Dans
le cadre de notre étude, cette théorie nous permet de comprendre
le comportement des acteurs locaux de la commune de Pissa à travers
leurs activités quotidiennes. En d'autres termes d'analyser
empiriquement les savoirs et les savoir-faire que les acteurs impliqués
dans lelien marchand mis en oeuvre pour atténuer l'effet de la crise sur
l'activité socioéconomique des acteurs locaux. Dans cette
lancée l'ethnométhodologie dans sa tâche principale qui est
la mise à jour du travail de production sociale « sociologie
des quotidiennetés » (FERREOL et al, 1995) nous permet
d'appréhender le micro société et les acteurs qui doivent
être saisi dans leur face à face quotidien entreeux ou dans
l'échange épistolaire de ceux-ci avec les enquêteurs
(GOFFMAN, 1974) et les autresacteurs pour mieux comprendre et expliquer les
conduites socioéconomiques des acteurs locaux, la maitrise de leurs
activités journalières et les interactions sont
indéniables. Car leurs faits et/ou actes sont pourvus de sens dans leur
environnement propre (l'indexicalité). Mais aussi ces derniers peuvent
être appréhendés dans la combinaison de deux faits qui se
relient c'est ainsi que la réflexivité à tout son sens
dans cette théorie sociologique.
1.3.2. La théorie du lien social
C'est une oeuvre de DURKHEIM, il se situe au coeur du XIX
siècle marqué par des bouleversements tant politique,
économique, que sociaux. Il s'est intéressé aux
changements sociaux et à la reconfiguration du lien social en partant du
milieu professionnel. A partir de là, il s'intéresse à la
question de la solidarité sociale. Cette théorie prend sa forme
actuelle vu l'apport de (BAJOIT, 1992). La théorie du lien social
stipule que le lien social est un effet de quatre fibres qui sont la
contradiction, la complémentarité, le conflit et la
compétition. Elle nous permet ainsi de comprendre la nature des
finalités d'échange dans le développement local. En ce qui
concerne la thématique de notre étude portant sur les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux, nous avons constaté que le
lien social dans la commune de « Pissa » est complexe dans
la mesure où chaque acteur est à la quête permanente de ses
intérêts personnels afin de maximiser son revenu et
d'améliorer ses conditions de vie. Vivant dans une zone rurale
très sensible à la pauvreté et précarité les
acteurs locaux sont à la fois individualistes que communautaire. Ils se
servent des associations et groupements pour développer leurs actions et
utilisent des stratégies pour un intérêt individualiste.
Par la contradiction, les acteurs locaux ont des conduites
socioéconomiques divergentes. Ce qui explique la variété
des activités dans la commune de Pissa. L'échange est d'une part
exclusive dans la mesure où certains individus dans la localité
de « Pissa » estiment qu'ils ne peuvent atteindre leurs
objectifs en s'organisant sous forme d'associations, car, chacun poursuit ses
intérêts. Et d'autre part inclusive, car on note ici la
présence de quelques associations telles que la
coopérative : ZINGO PISSA, qui s'organisent afin de promouvoir un
développement cohérent prenant en compte les besoins des uns et
des autres. Par les associations la théorie nous ressort la
complémentarité des acteurs locaux. Car le développement
local se structure autour des liens entre les individus qui fondent la base des
forces endogènes pour le développement. Avec des
stratégies bien adaptées pour faire face à la crise.
L'apport principal de cette théorie pour notre étude est de
desceller et comprendre la finalité, la complémentarité
des conduites socioéconomiques des acteurs locaux de pissa pour lutter
contre la dégradation de leur condition de vie pendant la crise. La
coopération ici est indispensable, car les individus s'inscrivent dans
un échange gagnant-gagnant.
1.4. Problématique de recherche
La question du développement économique et
social d'un pays dépend des variables socioéconomique, politique
et sécuritaire. L'échange et la production
économiquefavorisent l'émergence de ce dernier. Ce processus
n'est possible que par l'implication des acteurs endogènes et
exogènes qui sont intégrés dans ce système.
L'utilisation des biens et services produits dans ce système suit le
schéma de l'offre et de la demande pour la satisfaction des besoins.
Cette satisfaction des besoins est soumise à la préférence
des acteurs (individus). La préférence des acteurs est parfois
influencée par leur milieu social, la publicité ou la situation
socioéconomique politique de leur environnement immédiat. En
analysant le problème du développement local en Afrique, nous
constatons que les pays de l'Afrique subsaharienne sont confrontés
à un problème majeur qui est celui de l'instabilité
politique et de la crise sécuritaire. Ceux-ci se retrouvent dans une
régression totale sur le plan économique, politique et social
dû aux conséquences de ces crises sécuritaires qui
affectent en premier la population qui constitue le pivot du
développement (la main d'oeuvre ou ressource humaine) et les acteurs
endogènes majeurs pour le développement local. En face de cet
affaiblissement des acteurs endogènes, on assiste à une
suprématie et forte implication des acteurs exogènes qui
édictent les conduites à tenir. Ce qui ne favorise pas dans
certains cas le développement local attendu.
La crise politico-sécuritaire qu'a connue toute la RCA
plonge la commune de Pissa dans un grave bouleversement de son système
politique économique et social, modifiant ainsi les conduites des
acteurs locaux. Les conséquences désastreuses de cet
évènement sont visibles par les pertes en vie humaine qui
viennent affaiblir et/ou anéantir la population de cette commune qui
fait déjà face à la pauvreté. Destruction des biens
privés appartenant aux acteurs locaux (paysans agriculture ou
retraité), vols et vandalisassions de leurs champs, ferme avicole ou
leur porcherie, etc. la pauvreté étant devenu un indicateur
décrivant la population villageoise des pays du tiers monde.
Se trouvant dans une crise militaro-politique qui a
affecté tout le pays et tous les domaines. L'acteur local (le paysan ou
agriculteur) étant victime directe de ce phénomène n'a
guère le choix de développer des stratégies pour survivre
et ainsi continuer son activité. Mais plus encore gérer la crise
et poser les bases pour le développement de son terroir. C'est dans de
tels contextes que la question de développement local des pays africains
quelquefois en difficultés à cause de ces crises
politico-sécuritaires trouve ici un terrain fertile par la conduite des
acteurs locaux qui permet de créer et favoriser l'échange
à travers leurs savoirs faire locaux et/ou les produits agricoles et
agropastoraux. Comme ce fut le cas des acteurs locaux de la commune de pissa.
Dans le souci de mener une vie aisée, c'est-à-dire ne pas sombrer
dans la pauvreté et poursuivre la logique du développement local,
les questionnements suivants ont été formulés :
o Comment lutter durablement contre la pauvreté en
temps de crise dans la commune de Pissa quand le lien social est en crise
?
Autrement dit,
o Comment les acteurs locaux peuvent-ils faire pour
améliorer leurs conditions de vie dans un environnement instable et
en proie à l'instabilité ?
o Bref quelles conduites socioéconomiques les habitants
de Pissa peuvent-ils adopter pour faire face à la crise et participer
ainsi au développement local ?
En somme le cadre théorique constitue la phase
préliminaire dans la rédaction d'un travail scientifique.
Celui-ci nous permet d'explorer notre sujet d'étude à travers les
différents points de vue des auteurs dans la définition des
concepts, revue de littérature. Surtout de définir les
théories qui nous permettront de bien intégrer la
réalité étudiée dans l'analyse sociologique. Cette
recherche d'information pour une analyse n'est possible lorsqu'on suit un
ensemble d'étapes bien approprié. C'est ainsi que notre prochain
chapitre sera consacré au cadre méthodologique.
Chapitre 2 : METHODOLOGIE D'ETUDE
La mise en oeuvre d'un travail scientifique requiert des
pratiques et procédures bien définies par la discipline. C'est
ainsi que dans ce chapitre nous aborderons : d'abord les champs
sociologiques qui permettent de bien circonscrire notre objet d'étude,
ensuite la méthode de la recherche et les techniques de collecte de
données et enfin les hypothèses de recherche.
2.1. Champ sociologique
La sociologie est une discipline des
sciences sociales. Elle étudie les réalités
sociales ; dans son évolution il y'a eu sa spécialisation
dans différents domaines tels que : sociologie des religions,
sociologie économique, sociologie politique, sociologie de
l'environnement, sociologie du développement, etc. Ces
différentes branches de la sociologie tentent d'expliquer chaque fait en
tenant compte de la réalité sociale c'est-à-dire les
conditions de son émergence dans la société, son
évolution et surtout son impact sur les acteurs sociaux. Dans le cadre
de notre étude où nous étudions les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux de la commune de Pissa en temps de
crise, nous avons retenu certaines branches de sociologie qui interagissent sur
le quotidien et le bien-être social des acteurs locaux dans cette
étude : sociologie économique, sociologie du
développement, sociologie de l'environnement et la sociologie
relationnelle.
2.1.1. Sociologie économique
La sociologie économiqueest un domaine de la sociologie
qui cherche à comprendre et expliquer sociologiquement les formes
d'économie, de coupler les intérêts économiques avec
les relations sociales. Elle analyse l'influence des relations sociales
concrètes sur la formation des groupes, réseaux et institutions
économiques. Elle tente de comprendre les pratiques économiques
de toutes organisations sociales. La sociologie économique étudie
les faits économiques en les considérant comme des faits sociaux.
Elle combine le comportement guidé par l'intérêt avec celui
qui dépend des relations entre les acteurs. Dans la sociologie
économique nous pouvons remarquer les branches voisines qui sont :
la socioéconomie et l'économie comportementale. La
socioéconomie étudie l'évolution des
sociétés dans le temps et dans l'espace à travers les
différentes activités économiques sociales
pratiquées au sein de celle-ci. L'économie comportementale
renvoie à l'étude du comportement des êtres humains dans
les situations économiques. Parfois, dans certaines situations, les
êtres humains adoptent un comportement qui peut sembler paradoxal. Dans
notre étude la sociologie économique fait recours à ces
deux branches complémentaires pour mieux appréhender les
conduites des acteurs locaux qui se trouvent dans une situation de crise.
L'apport de (POLANYI, 1944) et (GRANOVETTER, 1973) à travers la nouvelle
sociologie économique par le biais de l'encastrement permet de mieux
appréhender et analyser l'échange économique ou social
inter acteur social c'est-à-dire l'impact des relations sociales sur
l'échange économique ou inversement. Cette analyse
socioéconomique permet d'évaluer l'apport des acteurs locaux pour
développer leurs communautés. Mais aussi d'analyser la
réciprocité dans les échanges, la redistribution des biens
et l'économie des échanges.
2.1.2. Sociologie du développement
La sociologie du développementest une branche de la
sociologie qui s'appuie sur les processus de développement social et
économiques. Cette dernière place ces processus en regard de ses
impacts sur la société (communauté, village, ville, pays
ou région). Le terme "sociologie du développement" est plus
courant dans la littérature en anglais qu'il ne l'est en
français. La sociologie du développement se trouve à la
croisée des chemins de l'histoire, de l'anthropologie et de la science
politique. Cette sociologie s'efforce de s`inscrire dans le sciage du
développement durable ou transhistorique qui est le développement
qui satisfait les besoins de la génération actuelle sans priver
les générations futures de la possibilité de satisfaire
leurs propres besoins. Cette branche de sociologie trouve son caractère
scientifique par l'apport des éminents sociologues. Dans une vision
holiste et évolutionniste (DURKHEIM, 1893), dans ce sens l'auteur met en
exergue l'unité des individus dans un système productif social et
économique cherchant à faire intégrer les nouveaux
arrivants que de se combattre mutuellement. Les actions guidées par une
rationalité prennent une importance croissante au fil de
l'évolution (WEBER, 1905). Ce qu'explique l'auteur est dans la
durée du temps les valeurs amènent les individus à
émerger. La sociologie du développement se trouve quelques fois
en opposition qui est celle de critiquer le développement ou d'en faire
sa promotion. La fonction de critique s'aperçoit à travers
l'opinion des auteurs sur les agents exogènes du développement
dans les pays du tiers monde ou les collectivités (communes). Par contre
elle en fait la promotion lorsque rend compte de l'évolution, de
transformation (des communes, collectivités) à partir des forces
endogènes. La sociologie du développement met l'accent sur la
dépendance des pays du tiers monde vis-à-vis des pays
industrialisés dits les pays du Nord. Dans notre étude la
sociologie du développement renvoie à la participation des
acteurs locaux dans les différentes activités (agricoles,
agropastorales, etc.) en vue du développement socioéconomique de
leur commune. Ce développement s'explique aussi par les rapports sociaux
qu'entretiennent les acteurs : les bourgeois et prolétaires (MARX,
1867) dans le système productif.
2.1.3. Sociologie de l'environnement
La sociologie de l'environnement étudie les relations
réciproques qu'entretiennent les sociétés et leurs
milieux. Il envisage d`une part l'influence des sociétés sur
l'environnement, et d'autre part l'influence de l'environnement sur les
sociétés. Ce domaine de la sociologie environnementale
émerge dès 1970 comme courant sociologique. Elle s'est
vuémergée à la suite du rapport (MEADOWS, 1972). Ce
rapport fait état de l'impact des usages de l'acteur son environnement
en le dégradant. Considéré comme les fondateurs de cette
sous-branche de la sociologie les sociologues (DUNLAP et CATTON, 1978).
L'apport de la sociologie environnementale est d'évaluer cet impact et
de la réduire. Car la survie d'un individu dépend de son milieu
naturel. La sociologie de l'environnement se heurte au paradigme durkheimien de
l'autonomie, qui considère que la sociologie doit analyser les faits
sociaux. A travers le paradigme de l'exceptionnalisme humain (RILEY, 1978) les
auteurs parviennent à tenir compte de l'influence des contraintes
environnementales sur les phénomènes sociaux. Ainsi certains
travaux de SIMMEL peuvent être classer dans cette sous branche de la
sociologie par des réflexions sur les interactions entre
phénomènes naturels et sociaux lesquelles caractérisent la
question contemporaine de l`environnement. En considérant les apports
conceptuels du sociologue allemand, notamment à travers son approche des
formes sociales, de l`espace, mais encore de la nature, il est clair que la
pensée de Simmel peut étayer certains développements de la
sociologie de l`environnement. Les travaux de Simmel ont influencé les
deux principaux courants fondateurs de la sociologie de l`environnement
à savoir l`écologie humaine étasunienne et la morphologie
sociale française (BOUDE, 2008). Pour Boude en
retraçant l`apport cognitif et socio-historique de Simmel pour la
sociologie de l`environnement, tout cela contribue à actualiser les
études simmeliennes tout en favorisant l`institutionnalisation de la
sociologie de l`environnement.
2.1.4. Sociologie relationnelle
En parlant de la sociologie relationnelle, c'est une branche
de la sociologie générale développée par (BAJOIT,
1992)19(*). Cette branche
de sociologie s'intéresse à la forme de l'échange et aux
rapports entre les finalités poursuivies par les différentes
catégories inscrites dans la relation. Alors, deux types
d'échanges sont retenus: l'échange inclusif et l'échange
exclusif. Nous parlons d'échange exclusif dans cet échange
où les acteurs qui sont en relations ne peuvent atteindre chacun leur
finalité qu'en empêchant aux autres d'atteindre les siennes (c'est
le cas des échanges compétitifs et contradictoires). Dans le cas
de la crise politique et économique dans la commune de Pissa où
chaque acteur local veut se faire une bonne santé économique se
trouve en concurrence avec les autres acteurs. Parfois se heurte aux
règles d'échange établies par la communauté et/ou
les pouvoirs publics.Cette situation de crise fait introduire le
caractère compétitif dans l'échange entre les acteurs
locaux dans le but de maximiser le profit. En second lieu, l'échange est
contradictoire et dans ce cas la contradiction se situe au niveau du lien qui
favorise l'échange entre les acteurs et les parties prenantes à
cet échange. Enfin, concernant les échanges inclusifs, dans
lesquels la coopération est indispensable pour chaque catégorie
en relation avec les autres pour atteindre leurs finalités,
c'est-à-dire la complémentarité des acteurs locaux pour
que chacun tire profit de l'échange économique et social qui
s'opère dans la commune de Pissa et surtout entre les acteurs locaux qui
se trouvent en situation de précarité. Ce groupe d'acteurs est
composé dans sa grande partie composée des agriculteurs, des
membres des groupements agropastoraux, les collectivités, les
Wali-gara20(*) et quelques
fonctionnaires qui travaillent la terre pour l'autoconsommation.
2.2. Méthode de recherche
La méthode se définit
comme : « l'ensemble des procédés et
techniques par lesquels une discipline utilise pour arriver à une
vérité et la démontrée ». Dans la
même optique (GRAWITZ, 2008) la définit comme
: « l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche les vérités qu'elle
poursuit ». La méthode nous permet dans cette
étude de chercher à comprendre et de vérifier nos
hypothèses de recherche.
En sciences sociales, plus précisément en
sociologie il existe plusieurs types de méthodes. Les plus pertinentes
sont la méthode quantitative et la méthode qualitative. Pour
cette étude nous avons opté pour la jonction des deux
méthodes. Cette approche en sociologie nous permet d'une part de mieux
comprendre la cause des actions des individus et le sens qu'ils donnent et
leurs états mentaux ; et d'autre part de les expliquées.
Cette approche vise à rechercher le sens des phénomènes et
fournir une explication cohérente, car celle-ci en cacherait le sens
(DESMET, et al 2012). Selon ces auteurs cette approche se base sur «
l'attitude phénoménologique qui s'efforce d'expliciter le
sens que le monde objectif des réalités a pour les hommes dans
leur expérience. Il cherche donc à appréhender les
phénomènes de conscience vécus qui sont, chaque fois, des
constructions humaines. L'approche compréhensive consiste, dès
lors, en des constructions (objectives) de constructions (subjectives) faites
par les acteurs ». La représentation sociale étant une
forme de connaissance socialement élaborée et partagée,
ayant une visée pratique et concourante à la construction d'une
réalité commune à un ensemble social (JOBELET, 1989).
L'approche compréhensive est donc pertinente, car nous avons affaire
à des acteurs et nous souhaitons comprendre leurs représentations
et leurs pratiques pour mieux appréhender ainsi leur attitude par
rapport à la crise politico-sécuritaire. Au fait, nous partons
des effets pour aller vers les causes. Notre approche est qualito-quantitative,
mais c'est aussi une approche hypothético déductive dont
l'objectif est de rendre compte des événements et non de se
limiter à décrire leur déroulement (HUBERMAN, et al 2003).
Tenant compte des facteurs psychologiques, économiques ainsi que
sociologiques qui motivent les conduites socioéconomiques des acteurs
locaux dans leurs activités quotidiennes. Cette approche nous permet de
bien percevoir les contours de ce problème. Comme modèle
d'analyse, nous utiliserons l'individualisme méthodologique. Le choix de
l'individualisme n'est pas fortuit traitant d'un sujet à
caractère socio-économique, il nous permet à travers la
théorie d'ethnométhodologie de décrire la
quotidienneté des acteurs locaux et d'analyser la
réflexivité de leur action. La théorie du lien social pour
comprendre et analyser le rapport entre les acteurs et la finalité des
échanges interpersonnels et intercommunautaires. Ces théories
permettent plus encore d'étudier les phénomènes sociaux
qui ne doivent être expliqués qu'à partir des actions et
états mentaux des individus. Cette approche valorise la formulation des
hypothèses au préalable, même si ces hypothèses
mûrissent au fur et à mesure que nous avançons dans la
recherche. L'approche hypothético-inductive valorise le terrain pour
rendre compte des conduites socioéconomiques des acteurs locaux de la
commune de Pissa
2.2.1. Technique de collecte de données
La technique de collecte des données est l'ensemble
des outils que le sociologue ou le chercheur utilise pour collecter les
informations, les traités et les analyser. Pour mener à bien la
collecte et le traitement des informations nous avons utilisé : la
préenquête, la recherche documentaire, l'entretien semi-directif,
échantillonnage, opérationnalisation des hypothèses.
2.2.1.1. La préenquête
Elle est une étape préalable de la recherche,
car elle permet d'explorer le terrain et d'avoir un contact avec la population
concernée par enquête. Elle est considérée pour nous
comme un état de lieux qui nous a permis de nous familiariser avec la
population cible. C'est-à-dire de mieux appréhender les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux de la commune de pissa.
Pour cette étude, la pré-enquête nous a
permis d'avoir de multiples contacts avec les chefs de ménages, les
membres d'associations, G.I.C et coopératives certains enseignants et
Universitaires qui nous a permis d'avoir un champ de connaissances et de vue
plus élargi sur notre sujet d'étude afin de renforcer notre
problématique.
2.2.1.2. La recherche documentaire
Préalable et essentielle à tout travail de
recherche, la documentation permet au chercher d'aborder le terrain, avec un
ensemble de connaissance sur le sujet qu'il veut étudier. Une vue
panoramique de sa problématique et de mieux élaborer ses
hypothèses de travail.
Cette technique nous a permis de mieux cerner le contenu de
notre sujet de recherche dans toutes ses différentes dimensions
c'est-à-dire à travers la lecture des ouvrages, articles nous
avons pu construire notre objet d'étude en rapport à la commune
de Pissa ; et de bien élaborer la problématique de notre
recherche. Plus utile elle a été dans la revue de la
littérature et aussi dans l'analyse des données d'enquête.
Aussi grâce à cette technique nous avons modifiés et
compléter nos objectifs et hypothèses afin de bien
appréhender notre objet d'étude. En utilisant les articles
scientifiques sociologiques et économiques nous avons pu élucider
notre travail. Par l'apport des éléments scientifiques
retrouvés dans les mémoires et thèses de doctorat nous
avons trouvé des orientations nécessaires pour le travail.
Nous avons lu et consulté des ouvrages
(généraux et spécifiques), des articles, des travaux
antérieurs se rapportant à notre thème qui sont une source
d'inspiration et aussi servent de repères dans le développement
de nos argumentaires. Les ouvrages généraux,
méthodologiques, ainsi que des mémoires de fin cycle et
thèses de doctorat ont été également
consultés.
2.2.1.3. Entretien semi directif
Il est l'une des techniques qualitatives les plus
utilisées. Cette technique consiste à organiser une conversation
entre l'enquêteur et l'enquêté. Cet entretien consiste
à annoncer à l'enquêté le thème de
l'entretien et faire en sorte que l'entretien se déroule naturellement
possible tout en abordant les thèmes fixés pour le
débat.
Pour ce faire, nous avons eu des entretiens avec quelques
chefs de ménages et membres d'association et coopératives pour
comprendre les effets de la crise politique et sécuritaire en
Centrafrique sur les conduites socioéconomiques des acteurs locaux dans
la commune de pissa.
Notre guide d'entretien porte sur les axes suivants :
o Les conduites socioéconomiques
o Les stratégies des acteurs
o La dynamique de la crise
2.2.1.4. Echantillonnage
L'échantillonnage est une technique utilisée
dans les sciences sociales permettant de choisir la population (individus)
faisant objet d'une étude scientifique, d'une enquête ou d'un
sondage. Cette technique est née de l'impossibilité pratique
d'interroger l'ensemble de la population d'un pays ou d'une région sur
un fait ou phénomène donné. Elle permet de tirer un
échantillon qui est une proportion représentative de la
population mère et permet aussi de réduire les frais et les
conditions matérielles d'une recherche. Dans le cadre de notre
étude, l'échantillonnage nous permet de constituer la population
pouvant faire objet de notre enquête sur les questions des conduites
socioéconomiques des acteurs locaux dans la commune de Pissa. Il existe
plusieurs techniques d'échantillonnage en sociologie.
Dans le cadre de ce travail, nous avons choisi
l'échantillonnage aléatoire. Cette technique
d'échantillonnage peut être encore appeléeméthode
des choix au hasard ou échantillonnage probabiliste. C'est une technique
qui donne la possibilité (une chance égale) à tous les
acteurs locaux de faire partie de la population d'enquête elle est plus
représentative de la population. Ayant une base de sondage (population
mère) qui est l'ensemble des membres d'association et coopérative
de la commune de pissa. Toutefois, nous avons jugé utile d'interroger
cinquante acteurs locaux (50 individus) qui constituent notre population.
2.2.1.5. Opérationnalisation des variables
Tableau n° 1 : opérationnalisation des
variables
Concepts
|
Dimensions
|
Indicateurs
|
Crise
|
- Politique
- Economique
- Sociale
|
- Absence de l'autorité de l'Etat
- Perturbation dans le système d'échange
marchand ;
- Déséquilibre dans les rapports interpersonnels
ou intercommunautaires. Entrainant une rupture ou une réorganisation des
liens.
- Dégradation des relations entre les
différentes couches sociales.
- Dégradation du lien social
|
Conduites socio-économiques
|
- Economique
- Sociale
|
- Echange marchand, création des liens
commerciaux ;
- Développement des SEL, et propulsion du
développement local
- Echange symbolique ;
- Renforcement des liens sociaux et commerciaux
|
Source : notre enquête
2.2.2. Hypothèses
Tout comme les questions de recherche et les objectifs, nous
avons émis une hypothèse principale et trois hypothèses
secondaires. Ces hypothèses ne sont que des tentatives des
réponses qu'au cours de ce travail nous tenterons de confirmer, infirmer
ou nuancer ; selon les réalités du terrain en rapport avec
les conduites socioéconomiques des acteurs locaux.
2.2.2.1. Hypothèse générale
o Les conduites socioéconomiques des habitants de Pissa
impactent le lien social dans la lutte contre la pauvreté locale.
2.2.2.1.1. Hypothèses de recherches
o La création et renforcement des liens interpersonnels
et communautaires sont les impacts de la crise sur les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux ;
o L'économie solidaire et sociale est une
stratégie de résilience des acteurs de Pissa pour faire face
à la crise politico-sécuritaire en RCA ;
o L'intensification des réseaux socioéconomiques
est au coeur des adaptabilités des habitants de la commune de Pissa.
2.2.3. Difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées en réalisant
cette étude résident dans l'accessibilité à
certains documents. Le problème d'accessibilité aux documents se
pose du fait d'absence d'écrit sur la commune de pissa de son potentiel
économique qui le place comme une commune modèle du
développement local dans la préfecture de la Lobaye. Mais aussi
le pillage de l'hôtel de la commune de Pissa abritant les services de la
mairie qui rend inexistant les documents sur le fondement de la commune et de
performance de villages. Vu la situation sécuritaire instable les
enquêtés ont été méfiants à notre
égard dans la collecte des données. La principale
difficulté est le climat d'insécurité qui règne
dans le pays à l'heure actuelle, principalement dans la commune de Pissa
qui a été terrorisée par les exactions des rebelles qui se
sont érigés en administrateur. Nous avons aussi assisté
aux refus catégoriques de certains acteurs qui ont refusé de
répondre à nos questions. Au vu de ces difficultés, nous
avons pu mener à bien l'administration de notre guide d'entretien. En
utilisant le service de certains acteurs locaux influents (chefs de villages,
présidents des associations communautaires ou groupements agricoles).
Chapitre 3 : ESPACE D'ETUDE
Une étude ou encore une recherche sociologique a pour
objectif de favoriser l'apport des nouvelles techniques pour
l'amélioration des conditions de vie de la population cible.
L'amélioration des conditions de vie de cette population s'effectue dans
une région, un pays ou dans une communauté bien définit.
C'est ainsi que dans ce chapitre il est question de délimiter notre
champ d'études, c'est-à-dire situer notre terrain d'étude
sur le plan géographique, préciser la population cible de cette
recherche ; présenter son organisation administrative, sociale et
culturelle. La présentation de l'organisation sociale concerne la
division administrative et la stratification sociale.
3.1. Délimitation du champ d'étude
La délimitation du champ d'étude permet de
circonscrire la zone d'étude. C'est-à-dire préciser le
lieu où se déroule la recherche et la population (individus)
concernée selon les caractéristiques sociales ou
socioprofessionnelles. Ainsi cette circonscription se fait à deux
niveaux :
o La délimitation spatiale et
o la délimitation sociologique.
3.1.1 Délimitation spatiale
Dans cette sous-partie, il est question de préciser
notre champ d'étude du point de vue géographique. La commune de
Pissaest une des treize communes de la préfecture de Lobaye.
Précisément dans la sous-préfecture de Mbaïki.
Située dans le Sud-Ouest de la RCA. Elle est traversée par la
route nationale RN6 reliant Bangui à Mbaïki. Elle est devenue
commune par Décret n°59/174 du novembre 195921(*) portant création des
collectivités rurales dans le district de la Sous-préfecture
Mbaïki, chef-lieu Lobaye.La commune de Pissa est située à 65
km de la ville de Bangui, elle est comprise entre 4° et 4°10 de
Latitude Nord, 17° et 18°20 de Longitude Est et couvre une superficie
de 910.26 Km222(*). Elle
regorge une population de 27910 habitants pour une densité de 30
hbts/km2. Elle est sous l'autorité d'un Administrateur en la
personne du Maire. La population de la Commune à une évolution
croissante depuis l'arrivée des sociétés
forestières dans la localité. Elle compte 36 villages, 4
groupements de villages et 3 hameaux. Limitée par la commune de
Mbaïki à l'Ouest, la commune de Bimbo à l'Est et la commune
de Moungoumba au sud. Située dans la zone forestière Sud la
commune de Pissa à un climat équatorial favorisant le
développement de l'agriculture.
3.1.1.1 Carte de la commune de pissa
Source : Laboratoire de Géographie (Guy LASSERE)
Université de Bangui
3.1.2. Délimitation sociologique
Une étude ou recherche en science sociale s'effectue
sur un fait bien précis et/ou sur des individus qu'on appelle encore
acteur. Ces acteurs sont membres de la communauté et principal sujetdu
phénomène à étudier. Pour bien étudier le
fait ou le phénomène il faut investiguer les individus
participant à la vie économique et sociale de la
communauté dans laquelle le fait se manifeste ou se produit. C'est ainsi
que cette sous-partie nous permet de spécifier notre population
d'étude. L'étude s'effectuant dans la commune de Pissa notre
population cible sera les individus vivant dans la commune de Pissa. Plus
précisément les membres des associations et/ou groupements des
agriculteurs et/ou autres activités qui exercent dans cette
localité. A travers ces associations nous pouvons étudier les
conduites socioéconomiques des acteurs locaux pouvant impacter sur le
système d'échange local, interpersonnel et/ou intercommunautaire,
en un mot sur la vie économique et sociale de la commune de pissa. La
sélection de notre population s'est faite en rapport à leur
appartenance à une association de cette localité. Notre
population est constituée des individus majeurs (adultes).
Figure n°1 : Carrefour M'baïki-
Moungoumba à Pissa
Source : Réseau des journalistes pour les
droits de l'homme
3.2. Les composants naturels de la commune de Pissa
L'habitat naturel c'est le milieu, l'environnement. Sa
description permet de dégager le potentiel économique que regorge
la commune de Pissa, d'expliquer les différents éléments
constituant cet espace et d'analyser les liens qui existent entre cet espace et
les différents groupes qui existent dans la commune. Elle nous permet de
connaitre l'impact de ce potentiel et de comprendre l'usage qui en est fait.
3. 2. 1. La structure géographique
Les cartes topographiques de Mbaïki et de Mongoumba
à l'échelle de 1/200 000 (IGN) ont permis de définir des
unités du relief à travers l'espace. Ainsi, il ressort de celles-
ci deux unités du relief : il s'agit du plateau, la plaine
creusée par la Lobaye et qui constitue la dépression qu'elle
traverse plus au sud.
· Le plateau
La zone d'étude dont il est question ici est
située sur le vieux socle du protérozoïque inférieur
et archéen, caractérisé par le complexe quartzo-schisteux,
appelée la série orographique et géologique de
Bangui-Mbaïki-Boali. Cet ensemble est incliné de Nord-Ouest vers le
Sud-Est avec des interfluves poly-convexes. Il occupe la majeure partie de la
région avec des altitudes qui varient entre 572 mètres et 406
mètres.
· La plaine
Elle représente la zone la plus basse de la
région, avec une altitude variant entre 40 mètres à 350
mètres. Il s'agit là de ses assises morpho structurales (en
grecque Morphée veut dire forme et structure, qui se rapporte
aux formes du relief étroitement liées aux structures
tectoniques).
· Le sol
Le sol est la partie superficielle de l'écorce
terrestre au contact de l'atmosphère, qui est soumis à l'action
de l'érosion, des animaux des végétaux aboutissant
à l'altération et l'ameublement des roches. Les sols de ce site
sont ceux du bouclier centrafricain de types ferrallitiques remaniés
modaux, rouges, parfois érodés (BOULVERT)23(*). Ils sont appauvris et
décolorés. Lorsqu'ils se trouvent sur des alluvions et des
colluvions de grandes vallées du vieux socle. Les sols du site de Pissa
ont été identifiés et classés comme suit :
1- les sols ferrallitiques : il s'agit des types modaux
à faciès rouges sur les pentes et les plateaux, les sols
appauvris modaux à faciès rouge au nord de la zone d'étude
dans la région déboisée ; les sols remaniés modaux,
qui sont en bas des pentes ;
2- les sols peu évolués soumis aux intenses
activités d'érosion. Les associations des sols peu
évolués, qui sont localisés sur les collines et
caractérisés par une faible profondeur due à la
présence des blocs de roches ou de cuirasses, soient à de
nombreux cailloux et gravillons en surface ;
3-Les sols peu évolués non climatique, d'apport
colluvial hydromorphe qui constitue le bassin fluvial de la Lobaye. Au fur et
à mesure qu'on s'éloigne des zones ouvertes, exposées au
soleil, le sol change de texture, donc le climat conditionne l'humidité
et la température du sol.
3. 2. 2. Le climat
Le climat, en grec Klima(inclinaison), est en rapport
avec les variations de la quantité d'énergie solaire reçue
par le sol, il dépend aussi de l'inclinaison des rayons solaires par
rapport au sol et des nuages. La région est proche de l'équateur,
donc elle reçoit perpendiculairement les rayons solaires au proche de la
verticale à midi, le rayonnement reçu par la terre est donc
très important. En plus de la qualité des sols, la
pluviométrie et l'humidité relative déterminent la
végétation. Le climat définit l'état du temps et la
température en un lieu précis et à un moment
déterminé. Cette zone d'étude a un climat de type
guinéen forestier à sous-climat Oubanguien,
caractérisé par un indice pluviométrique
élevé, avec trois maxima pluviométriques (mai, juillet,
octobre), une température moyenne annuelle de 26 °C, de très
faibles amplitudes, et une atmosphère chargée de vapeur d'eau
très élevée (18 à 19 millimètres). L'indice
pluviométrique est de 6.3.3 c'est-à-dire : six (6) mois de
période humide de mai à octobre avec l'évapotranspiration
inférieure à la pluviométrie, trois (3) mois de
période intermédiaire de mars à avril, puis en novembre
durant laquelle ETP > P > 0,5 ETP, trois (3) mois de période
sèche durant laquelle P < 0,5 < ETP de décembre à
février. Le déficit hydrique commence en novembre et
s'achève en avril. Les conditions climatiques déterminent la
répartition des animaux, la répartition de la température
et de l'humidité.
· La pluviométrie
C'est l'étude de la répartition des pluies dans
l'espace et dans le temps. La connaissance de cette répartition est
essentielle dans la mesure où les écoulements des eaux en sont
directement issus. La moyenne inter- annuelle des pluies de la période
(2000) est de 123,8 millimètres. Le plus bas, le maximum en 1997 atteint
170,23 millimètres dans la période 1996 à 2005,
l'année la plus humide. Les mois d'août, septembre et octobre des
années 1994 à 2003 ont respectivement : 275,45 mm ; 268,2 mm ;
262 mm. La pluviométrie annuelle en 2008 était de
1477,1millimètres pour 111 jours. Cette valeur pluviométrique
inférieure à 1600 millimètres est due au recul sensible de
la forêt. Cela aurait influencé l'équilibre du milieu.
3.3. Organisation locale
Cette section nous permet de décrire la structuration
de notre zone d'étude. Cela nous renvoie à la
hiérarchisation administrative et sociale. Dans un premier temps nous
décrirons la commune de Pissa sur le plan administratif
c'est-à-dire sur son plan statutaire et politique dans le sens de
l'administration territoriale et dans un second temps de son organisation
sociale. Ce qui revient à expliquer et décrire sa formation
culturelle (groupe ethnique, mode de vie, les types d'activités
socioéconomiques), en passant par les autorités
coutumières.
3.3.1. Organisation administrative
La commune de Pissa est sous l'autorité d'un Maire qui
est sous tutelle de la sous-préfecture de Mbaïki. Localisée
dans la Préfecture de la Lobaye c'est sous la juridiction administrative
du préfet de cette zone que le maire de pissa officie en tant
qu'administrateur local et y fait recours en cas de grande décision.
Comptant 36 villages ceux-ci sont sous la tutelle du maire de la commune qui
officie en tant qu'administrateur pour le bon fonctionnent de sa
localité. La commune dispose d'une brigade de gendarmerie qui veille au
maintien de l'ordre et à l'application de la loi et pour la
sécurité de la population. La commune dispose d'un centre de
santé pour le soin des malades et surtout pour le premier secours.
L'éducation est assurée par une école primaire du cours
d'initiation au cours moyen 2 (CI au CM2). Cette formation de la jeune
population de la commune est tenue par l'inspection académique de la
préfecture de la Lobaye. Passant par les services de maintien de l'ordre
et de la sécurité, les services douanes pour empêcher le
trafic illégal des pierres précieuses ou des défenses
d'éléphants. Les taxes de reboisement et d'abattage constituent
les principales sources de recettes de la Mairie de Pissa utilisées pour
réaliser les actions sociales de la Commune. En effet elles servent au
paiement de salaires des employés de la Mairie, mais également
à la réalisation et entretien de quelques infrastructures dont le
marché de la commune, et les forages d'eau potable. Le
prélèvement et recouvrement des taxes forestières
s'effectuent par les services d'impôts qui se trouvent dans la
sous-préfecture de M'baïki. Tous ces services sont sous
l'autorité du sous-préfet de la commune de M'baïki qui rend
compte à sa hiérarchie comme le stipule les lois régissant
l'organisation administrative Centrafricaine. Certes la commune se trouve
être un modèle du développement local à cause de sa
proximité à la ville de Bangui et des innovations dans cette
dernière Il y a un manque d'équipements et de structure
gouvernementale dans cette Commune, la plupart de structures administratives
telles que : tourisme, environnement, hydraulique et énergie sont
basées à Mbaïki.
3.3.2. Organisation politique
Le président de la délégation
spéciale24(*) de la
commune de Pissa est l'autorité administrative et politique de sa
circonscription. Ce dernier fut nommé par le ministre de
l'administration du territoire. Cette nomination lui confère le pouvoir
d'exercer dans sa commune comme le premier magistrat local. Il est le garant de
la sécurité et de la prospérité économique
de la commune en mettant en application la politique de gestion et de
développement de collectivités locales. Dans sa mission il est
assisté par les conseillers qui l'aident dans la gestion des
collectivités se trouvant dans sa circonscription. Ce collège de
conseillers municipaux l'assiste dans la gestion politique et administrative de
la commune de pissa à travers la politique du développement local
et la mise en valeur des potentiels socioéconomiques des villages
pouvant faire de sa commune un modèle de développement local et
une commune riche. La commune de Pissa est dotée des administrateurs
tels que : les adjoints au maire, un secrétaire
général, les conseillers municipaux, un receveur payeur municipal
et une brigade de la police. Cette dernière est dotée de quelques
éléments qui veillent au maintien d'hygiène dans le
marché de la commune et assiste les percepteurs de taxes au
marché. Le clivage politique importe peu dans la gestion de la commune
de pissa, car les élus locaux ne sont pas élus, mais
nommés par l'administration centrale. Les quartiers et villages sont
sous l'autorité des quartiers et villages qui officient en tant
qu'auxiliaire de l'administration locale. Cette classe d'administrateur est
sous tutelle des chefs de groupements qui coordonnent les activités des
chefs de quartiers et villages. Pour le choix des chefs de villages ou de
quartiers se fait par succession ; c'est-à-dire l'appartenance au
village ou le fait d'être le notable le plus expérimenté.
C'est dans ce type de gouvernance qu'évolue la commune de Pissa.
3.3.3. Organisation économique
La commune de Pissa présente un
environnement propice à la chasse, la pêche et à la
riziculture. Par ailleurs, étant proche de la capitale l'échange
marchand est régulier entre les acteurs locaux et les commerçants
(es) venant de Bangui pour des achats : poissons, viandes boucanées
(fraîche), riz, etc. Les activités socioéconomiques de la
commune de pissa sont de deux ordres. La première est traditionnelle et
la seconde est moderne.
3.3.3.1. Les activités économiques
traditionnelles
Les activités économiques traditionnelles sont
basées sur les activités agricoles traditionnelles qu'effectuent
les habitants de la commune de pissa. Cette activité est
pratiquée par plus de 90% de la population locale avec un rendement
faible, dont la plupart servent à l'autoconsommation. Il s'agit de la
culture de manioc (Manihotesculenta), du taro (colocasiaesculenta) ; des
légumes tels que les amarantes douces et amères, etc. Il y a
aussi l'élevage des caprins, porcins qui constituent une source de
revenus à l'approche des fêtes de fin d'années et autres.
L'élevage de ce bétail se fait d'une manière informelle.
L'économie de la commune de pissa est purement agricole par la vente des
produits agricoles et dérivés. La pêche faisant partie
intégrante de ces activités porteuses de revenues, la commune de
pissa est réputée pour son poisson frais extrait de la
rivière Lèssè qui traverse la commune. Située dans
la partie sud de la RCA la commune de Pissa est couverte par la forêt
équatoriale qui couvre le sud du pays. Cette situation climatique offre
un terreau favorable pour la chasse pouvant servir à la consommation
locale une partie et l'autre à la vente sur le marché local
situé à l'intersection de la RN6 et l'axe menant à la
commune de Moungoumba et Mbata. Ce marché local constitue une
véritable plateforme pour l'échange dans la région du
sud.
· Les cultures vivrières
Elles concernent le manioc (Manihotesculenta), le
taro (Colocasiaesculenta), le bananier, l'igname, l'arachide, le
maïs et les légumes. A côté des plantes, il y a des
légumes tels que : l'amarante douce ou amer, le gombo et l'aubergine qui
est disponible toute l'année. On peut aussi trouver des fruits tels que
: le citron jaune, la mandarine, le citron vert, la goyave, le haricot,
l'orange, le pamplemousse et la tomate. Les techniques culturales
pratiquées reposent sur une agriculture sur brûlis qui consiste
à débrousser les herbes et à y mettre du feu avant le
labour. La technique de fertilisation du sol est la mise en jachère
pendant trois à cinq ans après les récoltes. L'outillage
utilisé dans les pratiques culturales est très rudimentaire et se
résume aux machettes, houes et haches. Après la semence,
l'entretien des champs revient aux femmes et aux enfants, parfois ce sont les
pygmées qui le font. Pendant la récolte, une partie des produits
est destinée à l'autoconsommation et l'autre est destinée
à la vente sur les marchés locaux intérieurs et dans les
régions environnantes de Mbaïki, Bouchia ou Kapou.
· La culture d'exploitation
Cette culture touche particulièrement le café.
Elle a été introduite pendant la colonisation. C'est la
principale culture d'exportation. A partir de 1992, la production du
café connaît une décroissance à cause de la chute
des prix sur le plan international ; c'est pourquoi les planteurs s'en sont
désintéressés au profit du manioc et du maïs.
· L'élevage
C'est une activité pratiquée par la
minorité de la population. Il se fait d'une manière
traditionnelle ; c'est un élevage du petit bétail (lapins,
caprin, porcin) et de la volaille. Le milieu forestier se prête mal pour
l'élevage des bovins tandis que la volaille et le petit bétail
s'adaptent assez bien à ce milieu.
· La chasse
C'est l'une des activités propices pratiquées
par la population rurale de cette localité. Elle est
complémentaire, c'est-à-dire alternative de l'agriculture. La
chasse est pratiquée au moyen d'armes, de filets, de sagaies,
d'arbalètes et de pièges. Les trophées de chasse sont
consommés ou vendus sur place dans le village, ou encore au bord de la
route. D'après les habitants de cette petite communauté rurale,
les revenus de la chasse permettent de se ravitailler en produit tels que
savon, sucre, sel et parfois d'acheter des médicaments pour se soigner.
· La pêche
Elle est pratiquée par la population riveraine, les
Yakoma, les Gbanziri, et les Gbaka. Elle se fait
à la nasse « bongo », à la ligne ou au filet,
certains utilisent le « lomba » (Tephrosia vogelii)
pour anesthésier les poissons, d'autres font le drainage des marigots en
saison sèche. Ces mauvaises pratiques de pêche entraînent
à long terme l'appauvrissement de la faune aquatique. Elle vient en
troisième position après l'agriculture et la chasse. Parfois les
femmes mettent en place des systèmes d'assèchement artificiel de
certains endroits de la rivière afin de capturer les poissons qui y
vivent. Ces produits de pêche sont vendus sur place, ou à
Mbaïki centre ; le revenu permet au propriétaire de se procurer les
denrées diverses (sucre, sel, savon). Les poissons sont vendus frais ou
fumés. Les types de poissons qu'on peut rencontrer dans la Lobaye sont
le tilapia, le silure, la carpe, le mâchoiran et l'anguille.
· La cueillette
Dans cette zone, la population pratique la cueillette. En
saison de pluies, au mois d'août, elle procède aux
activités de cueillette des feuilles comestibles telles que le
« koko » ou « Gnetum africanum ». En
octobre, c'est la période de ramassage des chenilles et des champignons
comestibles. Ces produits sont vendus, soit aux femmes commerçantes qui
viennent de Bangui, soit aux passants. Le poivre sauvage est l'un des produits
de cueillette dont la récolte se fait en saison sèche. C'est un
produit d'une grande valeur économique, mais la cueillette et la vente
sont pratiquées par une minorité de personnes.
· La vente du bois de chauffe et du sable
C'est aussi une activité effectuée par une
minorité d'individus. Les bois secs sont sélectionnés,
coupés et vendus le long de la route. Parallèlement à
cela, il existe aussi des gens qui s'adonnent à l'exploitation de sable
dans le cours d'eau Lobaye.
· L'artisanat
Il est pratiqué par une minorité de la
population. La fabrication des produits d'art se fait en bois local
(l'ébène, l'acajou, etc.), coupés dans la forêt
environnante conserve encore quelques espèces de haute valeur
économique.
3.3.3.2. Les activités économiques
modernes
Dans la Commune, de Pissa nous pouvons énumérer
deux grandes activités économiques à caractères
industriels, mais surtout modernes. Etant une zone favorable à
l'agriculture à cause de son climat (tropical). L'agriculture constitue
la première activité et l'exploitation de la forêt (coupe
et transformation de bois) est la seconde. Il y'a deux grandes
variétés de culture modernes dans cette localité à
savoir : la palmeraie et la riziculture. La palmeraie se situé dans
le village Bossongo cette plantation est gérée par la
société centrafricaine des palmiers (CENTRAPALM). Cette
société est source de revenus de la commune de pissa. Elle
procure du travail à la population locale ce qui permet de
résorber le chômage et offre aux acteurs locaux la
possibilité de mener une vie décente. Garantis leur santé
par la mise à disposition de la population locale d'un centre
santé et d'un dispensaire.
L'éducation est assurée de ce village par une
école primaire (fondamental 1) qui est sous l'égide d'un
directeur d'école coordonné par l'inspecteur académique de
la commune de pissa. Le travail crée consiste à l'entretien des
palmiers, la cueillette des noix mûres, mais aussi la transformation
industrielle des noix pour la production d'huile de palme (huile rouge), mais
aussi une huile raffinée. Pour la bonne qualité d'huile produite
il y'a affluence des consommateurs (commerçants) qui se déplacent
pour s'en procurer d'une part, mais favorisent d'autre part l'écoulement
des produits agricoles des acteurs locaux. Ainsi il y'a entrée des
devises dans les ménages. A côté de la production
industrielle, il y'a aussi des petites unités de production artisanale
avec des outils semi-modernes. Ne se limitant pas à la palmeraie de
Bossongo, le village Boyali regorge un atout majeur pour l'essor
économique de cette commune. Dans ce village s'est implantée une
riziculture avec une usine de transformation locale. La population locale
étant agricole trouve dans cette riziculture un atout pour mettre en
valeur leur savoir-faire afin de gagner leur pain quotidien. Cette riziculture
est tenue par les expatriés chinois secondés des techniciens
locaux. L'implantation de cette riziculture a favorisé la
création d'un site pour l'hébergement des travailleurs, d'un
centre de santé de premiers soins et d'une école primaire
(fondamentale 1). Mais aussi d'un marché permettant à la
population d'évacuer leurs produits champêtres aux
commerçants (es) qui y arrivent de la capitale même aux
particuliers qui y sont de passage.
3.4. Organisation sociale
La commune de pissa regroupe trois grands groupes ethniques
qui sont classés dans le groupe des Bantous. Nous avons les n'gbaka, les
modjombo et les issongos. La population est composée de plusieurs
ethnies, l'ethnie la plus répandue est l'ethnie n'gbaka, qui
s'était installé depuis plusieurs siècles avec l'ethnie
Aka (pygmées) dans la forêt qui de nos jours ne sont plus
nombreux dans la commune. Puis, à travers le processus de
l'intégration, celle-ci s'est installée le long des axes routiers
plus précisément la route nationale n°6. Les pygmées
sont les premiers occupants de cette partie du territoire, ils ont
contribué au développement de la traite et aussi au commerce de
l'ivoire, de caoutchouc, de noix de palme, de copal et des trophées
d'animaux sauvages pendant les périodes précoloniales et
coloniales. Ils ont ravitaillé les travailleurs des
sociétés avec des viandes sauvages. A côté des
Ngbaka et les Aka nous avons aussi leurs voisins les
Mbati, Issongoetbangadou qui se sont installés dans la
commune par le lien de mariage les uns (es), et pour le travail dans les
sociétés dans cette localité pour les autres.
Mais nous avons aussi des populations allogènes qui
sont implantées dans cette commune pour diverses raisons. La principale
raison est de sa proximité avec la capitale et se trouve être un
endroit idéal pour pratiquer l'agriculture soit pour la
commercialisation ou l'autoconsommation. Car les seuls revenus du travail
étatique ne permettent pas d'assumer la charge familiale. Cette
population allogène est constituée des ethnies telles que :
Gbaya, Ngbaka- Mandja, Yakoma, Gbanziri, Ali, etc. En outre, il existe
des Européens, des Américains venus pour les travaux de recherche
dans les domaines scientifiques. Des Turcs, des Libanais, des Japonais
travaillant aussi dans les Sociétés forestières. Le plus
souvent ce sont les étudiants centrafricains qui y séjournent
pour des travaux de recherche dans le cadre de mémoire de fin
d'études. Les populations allogènes sont désormais plus
nombreuses que les populations autochtones.
La commune de Pissa est une localité rurale en phase de
transformation comme les autres localités rurales Africaines. Cette
commune combine à la fois l'aspect rural et moderne. Cette combinaison
est remarquable par l'urbanisation de cette commune par le tracé des
voies publiques dans les quartiers. Par le développement de
l'architecture, nous remarquons la disparition des habitations rurales qui
autrefois étaient faites de la terre battue et le toit en paille
à la construction des habitations modernes utilisant des produits
manufacturés. Ce nouveau type de construction apporte à la fois
des nouvelles manières dans les conduites des acteurs locaux de la
commune de Pissa. Ainsi qu'une nouvelle manière de penser l'urbanisation
de la commune par les autorités locales. Cette pluralité de
construction permet de dénombrer quatre (4) types d'habitats dans la
commune de Pissa. Nous avons l'habitat moderne pour les nantis et les
populations de la classe moyenne regroupant (les retraités, les
fonctionnaires, les commerçants et certains agriculteurs). Nous avons un
autre type d'habitat en matériaux provisoires (bois) celui-ci est
particulier destiné aux travailleurs des sociétés
d'exploitation forestière et quelques agriculteurs. Mais aussi les
habitats en terre battue pour les plus démunis et les huttes construites
par des branches et de feuillages pour la population Aka (pygmée).
La question de la croyance en RCA et
précisément dans la commune de Pissa est très sensible du
point que l'une des principales causes de la crise dans la commune fut la
question de l'appartenance religieuse. La population de Pissa au départ
était des animistes. L'arrivée des colons avec le christianisme a
apporté une modification dans la croyance des populations autochtones de
cette localité de la Lobaye. En adoptant le christianisme, celle-ci
s'ouvre à tous les courants religieux qui y vont avec. C'est ainsi que
dans la commune de Pissa nous pouvons remarquer la présence de
l'église catholique romaine, les églises baptistes et
réveillées. A côté du christianisme nous avons
l'islam qui compte aussi ses croyants dans cette localité
multiculturelle et l'animisme qui est quasi-inexistant à cause des
évangélisations dans la localité et de la conversion de la
grande partie de la population. Malgré la diversité des croyances
dans la commune de Pissa toutes ces croyances coexistent dans la paix et
l'harmonie.
La gestion foncière de la commune de Pissa reste encore
problématique. Celle-ci n'étant pas totalement maitrisée
par les autorités localités. La population autochtone s'approprie
les terres comme héritage de leurs ancêtres. Dans la gestion de ce
domaine, la régulation que fait l'Etat (la préfecture de Lobaye
administration de tutelle) est beaucoup plus pour les industries
forestières. La cession des terres d'un individu à un autre (que
ça soit pour l'habitation ou pour l'exploitation : champs) se fait
d'une manière traditionnelle entre les concernés et les notables
de cette qui sont des auxiliaires des autorités locales. Après
acquisition celui-ci pourra le déclarer au service compétent pour
la certification, le titre foncier et l'enregistrement sur le plan cadastral.
La gestion foncière dans la commune Pissa permet l'attribution
légale de la terre aux individus et de prévoir une bonne
urbanisation de celle-ci.
Malgré la diversité ethnique que regorge la
commune de Pissa, le lien social se trouve être soudé autour des
valeurs culturelles traditionnelles qui fondent l'existence même de cette
commune. Mais aussi les valeurs modernes introduites par l'éducation sur
le droit humain (respect des droits de l'homme : chefs de quartiers et
villages).
IIème PARTIE : IMPACTS DE LA CRISE ET
REPONSES LOCALES
Chapitre 4 : LA DYNAMIQUE DE LA CRISE SUR LA
SOCIOECONOMIE DE PISSA
Cette seconde partie de notre étude renvoie à
l'analyse de l'impact de la crise politico-sécuritaire sur les acteurs
locaux. C'est-à-dire les conséquences directes et indirectes du
conflit armé en RCA sur la population de la commune de Pissa et leurs
réponses face à cette situation (stratégies
utilisées pour ne pas sombrer dans la misère). En d'autres termes
l'analyse de l'impact et des stratégies utilisées par les acteurs
locaux. Elle comporte trois chapitres, dans le premier chapitre nous allons
démontrer la dynamique de la crise sur la socioéconomie de la
commune ; le deuxième est consacré à l'analyse des
monographies et le dernier est réservé à l'étude
des stratégies des acteurs locaux. C'est ainsi que dans ce chapitre nous
analysons l'impact de cette crise sur la socioéconomie de la commune
Pissa. Cet impact est étudié sur quatre (4) domaines à
savoir : plan social, politique, sécuritaire et
économique.
4.1. Impact de la crise sur le plan social
Une crise politico sécuritaire étant une
situation d'instabilité dans la société, les individus
sont les premières victimes de cette situation. Si nous parlons de
l'individu, nous devons impérativement faire référence
à son environnement, car l'acteur social c'est-à-dire l'individu
n'est qu'un élément actif dans le système social
(PARSONS). Nous ne saurions ignorer les liens et les interactions qui unissent
les individus dans le système social. La question du lien social a
été au centre de réflexion des grands sociologues tels
que : DURKHEIM, ALEXIS DE TOCQUEVILLE et COMTE. Dans la commune de pissa
la crise s'est fait ressentir sur les acteurs locaux sous plusieurs angles. Le
premier angle de vue c'est la perte en vie humaine. Il y'a eu des crimes
(assassinats) commis sur les pauvres paysans qui causent ainsi des orphelins et
veuves (désorganisation du système familial). La
désorganisation du système social local qui se traduit par le
déplacement des individus (père de foyer ou la mère et les
enfants) et le bouleversement de l'ordre établi dans les ménages
ont été les maux les plus violents qui ont touché la
commune de Pissa durant cette période trouble. Dans cette situation la
solidarité qui existe dans la commune de Pissa et qui fonde la base de
la cohésion sociale se trouve aussi en crise. Il y'a la coexistence de
la solidarité mécanique et la solidarité organique dans la
commune de Pissa (DURKHEIM 1893). Etant une communauté villageoise la
conscience collective qui était à la base des relations et se
trouve au fondement de certains villages laisse peu à peu la place
à la solidarité organique introduite par le modernisme. Celle-ci
stipule l'individualisme qui favorise l'autonomie et l'émancipation des
acteurs locaux. La communauté étant fragilisée, la crise
politico-sécuritaire est venue battre en brèche cette
solidarité chancelante. La population rurale étant
déjà faible et affaiblie par la pauvreté et le poids des
travaux champêtres fait face aux rebelles venus les piller de tous leurs
biens. Ces assassinats s'opèrent de deux manières, la
première fut celle des rebelles de la coalition
séléka25(*)
sur les acteurs locaux pour s'approprier de leurs biens matériels, les
récoltes et autres. Ensuite la seconde les acteurs locaux sur les
commerçants musulmans pris à partie dans la vengeance des
exactions des rebelles séléka. Cela a non seulement causé
des pertes en vie humaine, mais aussi le déplacement de la population
locale et la rupture du lien social entre les communautés
chrétiennes et musulmanes.
4.1.1. Le déplacement de la population
Dans l'objectif de préserver sa vie et celle de sa
famille, les acteurs locaux de la commune de pissa dont les villages longent la
nationale n°6 se voient contraints de fuir leurs villages et habitations
pour se réfugier dans les campements à des dizaines de
kilomètres du centre administratif de la commune dans les champs. Dans
ces camps de fortunes, les acteurs locaux par manque d'hygiène sont
exposés à des maladies épidémiques comme le
paludisme, choléra, etc.
Figure n° 2 : les déplacés
internes de la commune de Pissa
Source : notre enquête
Dans la forêt les acteurs locaux sont exposés
à de multiples dangers qui peuvent être fatals pour leurs vies
ainsi que de leurs familles qui sont à la recherche d'un environnement
calme pour être en sécurité. Ces dangers avec des issues
quelques fois fatales constituent un facteur positif pour l'augmentation du
taux de la mortalité qui vient s'ajouter à celle causée
par les crimes et assassinats. Ce déplacement de la population constitue
un facteur de dépeuplement de la commune Pissa. C'est-à-dire le
changement de lieu de résidence qui peut être fait de la commune
de Pissa pour une autre commune plus proche ; soit d'un village de la
commune de pissa qui est très exposé aux exactions des rebelles
ou bandits à un village moins exposé. Beaucoup d'associations
assistent à l'éloignement de certains de leurs membres actifs et
même influents. Comme nous le confirme Jean Paul membre de l'association
Zingo Pissa26(*) :
« nous avons perdu quatre (4) membres dans ce moment de conflit,
un a été tué et les autres ont changé de lieu de
résidence qui est très éloigné de notre
village » (entretien réalisé à Pissa le 10
novembre 2016 à 9 heures). Par instinct de survie et la recherche de
tranquillité les acteurs locaux sont amenés à interrompre
leur lien social dans une société pour s'intégrer dans une
autre.
4.1.2. La crise du lien social
Cette crise du lien social se manifeste par la divergence de
position politique entre les acteurs locaux. Au regard de la crise et de ses
conséquences les acteurs locaux se retranchent dans leurs camps
politiques ainsi ils s'accusent mutuellement selon les tendances politiques
d'être la cause de toute cette misère. La solidarité
sociale est remise en cause, car celle-ci est organique. Par la primauté
de l'individualisme que prône la solidarité organique les acteurs
locaux trouvent un moyen pour penser l'intérêt individuel avant de
penser le collectif. Cette accusation réciproque crééalors
une méfiance et un désaccord entre les acteurs locaux qui
vivaient en symbiose et en parfaite harmonie dans la commune de pissa. La
cohésion sociale c'est-à-dire la solidité des relations et
la force du sentiment d'appartenance à la société se
fragilise laissant une ouverture à la crise qui s'y installe et divise
la population autochtone et allogène qui étaient
intégrées dans la communauté et vivait en parfaite
harmonie. Ajouter au facteur politique nous avons aussi la croyance religieuse
qui est vu dans cette crise comme le facteur sine qua non de cette
dégradation sociale dans le pays et plus particulièrement dans la
commune de Pissa. Le désaccord des adolescents qui sont quasi-adultes
aux principes de leurs ménages pour se lancer dans les activités
déstabilisatrices de leurs communes. Avec l'évolution de la crise
certains jeunes de la commune trouvent un moyen facile pour ce faire de
l'argent pour se procurer certaines choses qu'ils ne peuvent pas avoir en
travaillant. Cette pratique ignoble de certains jeunes de cette commune se
heurte à la résistance d'une catégorie de ces jeunes qui
unissent leurs forces pour protéger les biens matériels des
acteurs locaux. Tout d'abord l'exaction commise par les rebelles et une
fraction de la jeunesse a causé une grande faussée entre les
familles et la population locale. Ce trouble est venu mettre à mal la
cohésion sociale entre les acteurs locaux.
4.2. Impact de la crise sur le plan politique
Dans le chaos de la crise politico-sécuritaire en RCA,
l'ordre étatique se retrouve dans une désorganisation totale. Ce
qui aura des répercussions sur la commune de Pissa qui n'est qu'un
fragment de la préfecture de la Lobaye qui est aussi touchée en
plein coeur par les impacts de cette crise. Cette crise a rendu inexistante
l'administration communale pendant quelques mois. Et ce qui laissait la gestion
de la commune aux mains des rebelles qui dictaient leurs lois et
volontés à la population locale. Cet état des choses donne
un coup de frein aux projets de développement local en cours
d'exécution dans la commune de Pissa. Cette dynamique de la crise sur le
plan politique se traduit aussi par l'arrêt d'activité des ONG,
des sociétés privées et des services étatiques.
Quasi inexistante l'autorité communale ne pouvait pas exécuter
les lois en vigueur du secteur forestier. Le recouvrement des taxes
forestières est non effectué et surtout suivre l'application des
textes réglementant l'exploitation forestière en RCA. Mais encore
la politique de décentralisation qui prend un coup, car les communes de
la RCA sont dans la phase transitoire de ce nouveau système d'autonomie
des collectivités locales. La préfecture de la Lobaye dans sa
politique de gouvernance locale et d'autonomisation des communes identifie la
commune de Pissa comme un modèle de développement local à
travers ces différentes activités socioéconomiques
existantes sur son territoire. Le bouleversement des projets et des politiques
publiques de développement local est suivi par le vandalisme des
structures étatiques et locales des ONG et coopératives locales.
Cette crise est un frein au développement des communautés rurales
qui forment le socle de l'économie locale ; comme le confirme les
dires du secrétaire général de la commune de
pissa : « les événements qui avaient
secoué le pays ont éventuellement touché aussi la commune
de Pissa. Mais petit à petit, on essaie de la remettre sur les rails.
Pour le moment, la mairie de Pissa fonctionne bien. Nos sources de revenus
proviennent des recettes du recouvrement des taxes du marché, du droit
d'exploitation communale et nous avons aussi le secrétariat particulier
qui offre des recettes à travers les actes de naissance, les actes de
mariage, de décès, les certificats de résidence et de vie
ainsi que d'autres taxes communales »27(*). Cette déclaration
prouve à quel point les institutions étatiques et privées
et surtout les acteurs locaux et leurs projets de développement ont subi
des conséquences considérables de cette crise. Dans le sens de
relever le défi et pour suivre la politique de décentralisation
que pilote le gouvernement, il déclare par la
suite : « la commune de Pissa est l'une des communes de
la RCA qui fait beaucoup d'efforts. C'est une commune qui incarne le
modèle du développement local qui est dans la politique de la
décentralisation et du développement local que le gouvernement
pilote. Si le gouvernement peut nous donner des subventions, renforcer
les capacités des agents communaux et de la police municipale pour le
bon fonctionnement de notre commune, cela nous
arrangera »28(*).
4.3. Impact de la crise sur le plan sécuritaire
La commune de pissa jadis stable, se trouve être pendant
la crise politico-sécuritaire en RCA une scène de
théâtre d'affrontement entre la population locale et les rebelles
(envahisseurs). Cet envahissement fait installer l'insécurité
dans la commune et ainsi tous les villages constituants la commune sont
touchés. Cette insécurité par le déplacement de la
population qui s'est réfugiée dans la brousse dans les champs.
Comme l'affirme une enquêtée Véronique cultivatrice
« la ville de pissa est invivable, nous sommes obligés
d'aller se cacher au champ pour être en sécurité. Bien que
nous soyons exposés aux maladies » (entretien
réalisé 20 janvier 2015).C'est ainsi que nous constatons
l'apparition des braqueurs (utilisant les armes à feu :
kalachnikov) dans la ville de Pissa. La vandalisassions de la brigade de
gendarmerie seule instance dans la ville pouvant garantir la
sécurité et le maintien de l'ordre. L'absence des
autorités judiciaires dans la commune favorise un désordre total.
L'accentuation du braquage fera révolter quelques acteurs locaux comme
le souligne le RJDH : « deux braqueurs
sont lynchés et tués par la population locale qui ne supporte
plus les exactions des rebelles et des hors-la-loi »29(*). Les agressions à
main armée se multiplient.
Cette insécurité ne se limite pas seulement
à la population c'est-à-dire les individus. Elle touche aussi la
faune, les espèces protégées dans la commune de Pissa font
l'objet de poursuite et de destruction par les braconniers qui sont libres de
commettre les exactions en absence des services concernés par la
protection de l'environnement et de chasse (le service des eaux et forêts
chasses et pêches, mais aussi la douane Centrafricaine). La
socioéconomie de la commune de Pissa a subi une régression, car
l'échange économique était quasi inexistant, les produits
agricoles étaient exclusivement réservés à
l'autoconsommation. Cette insécurité grandissante ne fait que
plonger les acteurs locaux dans la pauvreté. C'est ainsi que le
gouvernement tente de restaurer la sécurité dans la commune en
réinstallant le commandant de brigade de gendarmerie territoriale de
Pissa. A cette occasion le préfet de la Lobaye qui sensibilise les
administrés sur le maintien de la paix et la sécurité
seuls les facteurs de développement de la Lobaye en
général et de Pissa en particulier30(*). Mais la brigade territoriale
de Pissa est appuyée par un détachement de l'armée sous
l'autorité du colonel Kader, commandant le détachement militaire.
Tout ce déploiement des autorités militaires pour le maintien de
la paix et sécurité et la sensibilisation de la population de
sortir de leur cachette montre à quel point la commune est
touchée sur le plan économique et du développement local.
4.4. Dynamique de la crise sur la socioéconomie
de la commune de Pissa
Une guerre civile prolongée induit l'inverse du
développement (COLLIERet al., 2003). En voici un certain nombre
de conséquences : le déclin économique, destruction des
infrastructures publiques et la fuite des capitaux.
L'économie de la commune de pissa a ralenti par
rapport au rythme qu'elle affichait en temps de paix. Elle se trouve
considérablement réduite par rapport à ce qu'elle aurait
été sans le conflit. La commune de Pissa était
déjà considérée comme un modèle de
développement local à travers sa gestion et les activités
socioéconomiques qui s'y pratiquaient. Ces activités
socioéconomiques sont l'implantation d'une caisse d'épargne
villageoise, la solidarité pour les travaux champêtres. Au regard
de cette situation nous cherchons à comprendre ce processus de
contraction économique aide à concevoir des mesures correctives
pour l'après-conflit. L'instabilité sécuritaire
étant un facteur négatif pour l'économie, avec le
déplacement de la population (acteurs locaux) il y'a baisse
considérable de la production rendant quasi inexistant l'échange
commercial. La destruction des infrastructures l'héritage le plus
visible d'un conflit est la destruction de l'infrastructure publique.
Cependant, la dégradation de l'infrastructure à la suite d'un
conflit n'est pas uniquement provoquée par des dégâts
directs. Dès lors qu'il relève son budget militaire,
l'État comprime les investissements et les dépenses publiques qui
étaient destinés à l'entretien de l'infrastructure. Les
fonds publics font cruellement défautLa fuite des capitaux pendant un
conflit, la peur et l'absence d'opportunités incitent les individus
à chercher refuge à l'étranger, tant pour eux-mêmes
que pour leurs actifs. Les mieux placés pour s'expatrier sont ceux qui
disposent de qualifications : ils peuvent plus facilement financer leur
émigration et sont mieux accueillis dans le pays hôte. Par
conséquent, le pays d'origine perd ses travailleurs qualifiés :
l'hémorragie des qualifications s'accompagne d'une fuite des capitaux.
Les individus déplacent leurs actifs à l'étranger, pour
les mettre en sécurité et parce que le retour sur investissement
dans leur pays diminue à mesure que sa situation économique se
dégrade. Il en résulte une grave pénurie de
compétences, une diaspora importante, un effondrement de
l'investissement privé et une accumulation de richesse privée
à l'étranger.
· Les cultures vivrières
Elles concernent le manioc (Manihotesculenta), le
taro (Colocasiaesculenta), le bananier, l'igname, l'arachide, le
maïs et les légumes. Le manioc étant la base de
l'alimentation de la population centrafricaine en générale et
particulièrement celle de la commune de Pissa est en baisse de
production. L'entretien des champs et le processus de production sont au
ralenti à cause de l'insécurité qui règne dans la
commune. Le taro étant un produit agricole saisonnier, sa production a
diminué parce que la crise a bouleversé le cycle de sa production
(semence, entretien des champs et la récolte). On peut aussi
énumérer les fruits qui subissent la mévente et
pourrissent dans la réserve des acteurs locaux qui prennent le risque de
sortir vendre ces produits dans cette insécurité. Sauf que de
fois la demande est faible par rapport à l'offre. Cette faible demande
est dû au doute ou la peur de se faire agresser par les malfrats.
· L'élevage
L'élevage subit la plus grosse perte. Les acteurs
locaux exerçant dans ce domaine ne sont pas nombreux. Les rebelles
trouvent dans l'élevage du petit bétail une source de revenus
considérable en confisquant (lapins, caprin, chèvres et moutons).
Détruisant ainsi l'élevage de porcin. L'impact subit par le
secteur de l'élevage les a appauvries, ce qui les plonge dans une
pauvreté extrême. Bien que le milieu forestier ne soit pas
très favorable pour l'élevage des bovins les quelques têtes
de bétail qui s'y trouve sans vandalisées et volés et
vendu à la capitale et dans les autres communes environnantes.
· La chasse
C'est l'une des activités propices pratiquées
par la population rurale de cette localité. Elle est
complémentaire, c'est-à-dire alternative de l'agriculture. Elle
n'est pas épargnée par cette crise. La crise a favorisé le
braconnage des espèces protégées. Ce qui rend la chasse
plus difficile pour les chasseurs de professions. Car l'abatage
exagéré et non conventionnel fait éloigner les
bêtes.
· La pisciculture et pêche
La pisciculture a subi la plus grosse perte après celle
de l'élevage du petit. La crise a occasionné le
déplacement de la population ce qui a conduit à l'abandon de
certains bassins pour quelque temps sans entretien. L'entretien de ces bassins
est très important pour une meilleure production. La pisciculture a
été touchée par une mauvaise production, mais aussi elle
est faible. Par manque de surveillance il y'a eu des vols des poissons qui
n'ont pas encore atteint la période de maturité dans les bassins.
Plus encore la vente de ces produits sur le marché dans la demande est
faible. Ce qui cause plus de dépense chez le pisciculteur d'abord pour
l'entretien de ces bassins, pour les intrants et accessoires. Les revenus de sa
production ne leur permettent pas de subvenir à ces besoins et ainsi de
sa famille. Nous ne saurons énumérer les pertes qu'a subies la
pisciculture sans oublier le vandalisme de certains sites de piscicultures par
les certains acteurs locaux de mauvaises fois qui ne veulent pas voir les
autres prospérer dans leurs activités.
Tandis que la pêche a subi une mévente
considérable, si en ville il n'y'a pas moyen de circuler librement, il
est difficile de sortir aller s'approvisionner dans la commune de Pissa et
aller écouler à Bangui. Cette faible demande baisse d'une part le
revenu des acteurs locaux (pêcheurs). Et d'autre part
l'insécurité sévissant dans la commune de Pissa bouleverse
le marché communal lieu d'approvisionnement de la population
environnante.
· La cueillette
Dans cette zone, la population pratique la cueillette. En
saison de pluies, au mois d'août, elle procède aux
activités de cueillette des feuilles comestibles telles que le
« koko » ou « Gnetum africanum ». En
octobre, c'est la période de ramassage des chenilles et des champignons
comestibles. Ces produits sont vendus, soit aux femmes commerçantes qui
viennent de Bangui, soit aux passants. Le poivre sauvage est l'un des produits
de cueillette dont la récolte se fait en saison sèche. C'est un
produit d'une grande valeur économique, mais la cueillette et la vente
sont pratiquées par une minorité de personnes.
Figure n° 3 : vendeuse de chenilles au
marché de Pissa
Source : réseau des journalistes
pour le droit de l'homme
· La vente du bois de chauffe
Dans ce domaine nous remarquons une nette régression de
la demande. Bien que la demande soit accrue en ville, mais l'acheminement
à la capitale reste problématique à cause de
l'insécurité. Ce trafic se fait beaucoup plus dans les pousses
(porte tout)31(*) ;
les pousseurs sont exposés aux agressions ce qui fait que les acteurs
locaux de la commune de pissa qui font dans la vente de bois de chauffe se
trouve dans une position inconfortable de faire plus de profit.
· L'artisanat
Il est pratiqué par une minorité de la
population. Les acteurs locaux artisans sculpteurs ne sont pas en reste dans
les conséquences de la crise. La majorité des oeuvres sont
achetées par les touristes expatriés qui passent dans la commune
pour aller visiter la chute de Mbéko dans la commune de M'baïki. La
quasiinexistante présence de ces touristes favorise une baisse
considérable des revenus des acteurs locaux exerçant dans ce
domaine.
Tableau n° 2 : Les facteurs expliquant la
dynamique de la crise sur la socioéconomie de la commune de
Pissa
Périodicité
Variable
|
Avant la crise
|
Pendant la crise
|
Après la crise
|
Cultures vivrières
|
Florissante
|
Quasi inexistante
|
Reprise rapide
|
Elevage
|
Florissante
|
Non rentable
|
Reprise lente
|
La chasse
|
Rentable
|
Non rentable
|
Rentable
|
La pisciculture & pêche
|
Productif
|
Non productif
|
Productif
|
La cueillette
|
Rentable
|
Non rentable
|
Rentable (productif)
|
La vente du bois
|
Productif
|
Rentabilité moyenne
|
Rentable
|
L'artisanat
|
Productif
|
Inexistant
|
Reprise lente
|
Source : enquête
En récapitulatif, le tableau ci haut fait le point des
activités socioéconomiques dans la commune de Pissa avant,
pendant et après la crise politico-sécuritaire qui a
touché cette commune de la préfecture de la Lobaye. Comme nous le
remarquons dans le tableau ci haut avant la crise les activités
socioéconomiques vont bon train. Car les acteurs locaux vivant dans un
environnement en sécurité étaient dévoués
à leurs activités pour lutter contre la pauvreté et la
malnutrition : « nous étions en paix avant le
coup d'Etat je cultivais mes tomates et je faisais de bon marché chaque
fois que j'apportais mes produits au marché »
(enquête réalisé au marché de Kapou 1 avec une
commerçante à 15h45, juillet 2016). Par cette déclaration
nous pouvons comprendre la bonne production agricole dans la commune de Pissa
et un échange commercial stable et ponctuel favorisant un gain aux
agriculteurs, maraîchers et autres acteurs socioéconomiques. Cette
ambiance de production et d'échange s'interrompt à cause de
l'insécurité qui s'installe dans la zone. Durant cette
période la production socioéconomique des acteurs locaux devient
quasi inexistante. La commune étant en proie à
l'insécurité rend la pratique des échanges entre les
acteurs locaux et les commerçants (es) qui viennent s'approvisionner
devient impossible. Ce qui occasionne la mévente et la baisse de
production car certains acteurs locaux se sont déplacés
abandonnant leurs champs, élevages etc. « je me trouvais
dans mon champ de manioc, pas moyen de sortir au marché. Donc mes
tomates et les gombos qui étaient mûrs nous les avons
consommés, j'ai gardé une partie pour la semence. C'était
une énorme perte pour. Je compte sur cette production et sa vente pour
m'acquitter d'une dette ». (entretien réalisé avec
un maraicher dans le village kalangoué -kapou 1-). Pendant la crise les
activités socioéconomiques ont subis une régression totale
ce qui plonge certains acteurs locaux dans les dettes voire la misère
à cause de manque de revenu parce que ayant placé tout son
épargne dans sa production. Comme le montre notre tableau il y'a une
nette reprise des activités agricoles et commerciales dans la commune de
Pissa. Car la sécurité tend à revenir. Certaines
activités avec une reprise rapide comme les cultures vivrières,
la chasse et la pêche du fait que la commune de Pissa constitue le centre
de ravitaillement de la ville de Bangui en produits vivriers. Mais d'autres
secteurs d'activité sont en reprise lente à l'instar de
l'élevage et de l'artisanat, les produits de ce dernier est beaucoup
consommé par les expatriés qui passent dans la commune par la
baisse de la fréquence de fréquentation des villes secondaires
l'artisanat prend encore du retard. Par contre l'élevage
nécessite plus de moyens financiers ce qui prend encore du temps.
Chapitre 5 : PRESENTATION ET ANALYSE DES
MONOGRAPHIES
Pour mieux appréhender les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux, nous nous sommes servi de l'analyse
des monographies. C'est-à-dire étude de cas bien précis.
Cette analyse des monographies nous amène à étudier
l'impact de la crise politico-sécuritaire dans la commune de Pissa.
Précisément dans les villages : Pissa ; Kapou ;
Sabe ; Boyali ; Bbangui. Nous analyserons la situation
socioéconomique avant la crise et après la crise pour
déterminer les techniques d'adaptabilité des conduites
socioéconomiques en temps de crise dans la commune de Pissa.
5.1. Les activités socioéconomiques dans
la commune de Pissa
La commune de pissa en temps de paix, par sa production
agropastorale et le développement des activités
socioéconomiques a été un exemple de développement
local. Vu sa proximité à la capitale elle est un point
d'approvisionnement de cette dernière par les denrées
alimentaires. Les activités socioéconomiques dans cette commune
étaient florissantes et constituent une source de revenu stable
permettant aux acteurs locaux de mener une vie décente. Pour analyser la
performance socioéconomique de la commune de Pissa, nos analyses se
focalisent sur les domaines suivants : l'agriculture, le commerce, la
consommation des ménages.
5.1.1. L'agriculture
La commune de Pissa à l'instar des autres communes de
la région du Sud (Lobaye) et du Sud-Ouest (Sangha Mbaéré)
a pour principale activité l'agriculture. Située dans la zone
équatoriale et bénéficiant d'un climat tropical favorable
à l'agriculture, les acteurs locaux développent plusieurs types
de cultures pouvant booster leur développement économique et
local. Cette activité est exercée par plus de 95%32(*) de la population locale. La
classe de la population exerçant l'agriculture dans la commune de Pissa
est composée des agents de l'Etat à la retraite, de la population
locale avec un niveau d'étude inférieure ou égale au cours
moyen (CM2) ou tout au plus le collège. La principale culture dans la
commune de Pissa est la culture du riz, mais d'autres cultures qui y sont
associées telles que le manioc, les bananes, le café, les
palmiers, etc. cette activité agricole a vu l'implantation d'une
société de palmerais « PALMEX » cette
société à permit de booster la production agricole de
cette commune. Mais aussi de soutenir la commune dans les actions sociales
à l'égard des communautés villageoises. La culture du riz
qui est l'activité phare de l'agriculture dans la commune de Pissa est
d'une importance capitale dans l'activité socioéconomique et la
comptabilité de cette commune. La production varie d'une saison à
l'autre, mais elle permet aux acteurs de subvenir à leurs besoins et
d'entretenir leurs ménages comme nous l'affirme un cultivateur de
riz : « c'est depuis 3 ans que j'ai commencé
à cultiver le riz. Je vois que cela m'a vraiment apporté de
l'argent. J'arrive chaque année à payer la scolarité de
mes enfants. J'ai même doté ma femme avec l'argent du riz. Si le
riz est décortiqué, on fait le sac à 24.000 FCFA. Si tu
arrives à vendre au moins six sac, tu peux bien t'en sortir »
(entretien réalisé avec Saturne le 20 juin 2016 à Boyali,
15 heure). Le manioc étant la base de l'alimentation Centrafricaine, sa
culture n'est pas mise en arrière par les acteurs locaux de la commune
de Pissa. Sa culture se fait en privée soit en groupement ce fut le cas
de Blanche une cultivatrice de manioc qui nous affirme les bienfaits de manioc
dans sa vie et dans le vécu des acteurs de son groupement :
« nous sommes dans un groupement ou nous cultivons à tour
de rôle le champ des membres de ce groupement. Après, chacun
s'occupe de son champ. On vend les maniocs de fois en tubercule, soit on les
fait sécher d'abord et pendant les périodes des chenilles on vend
la cuvette ici à 3000FCFA, lors de la saison sèche, c'est
à 2500FCFA. Je gagne bien ma vie et prends soin de mes enfants
grâce à la culture de manioc »33(*)(entretien
réalisé le 18 juin 2016 à Kapou 1). Le reste de
5% de la population est constitué des fonctionnaires, des
commerçants et aussi des autres acteurs qui font dans la sculpture et
autres.
5.1.2. Le commerce
L'activité commerciale en RCA en général
et dans la commune de pissa est la parfaite illustration et le canal
d'échange entre les différents acteurs de cette
communauté. Plus de 95% de la population de cette commune exerce comme
activité l'agriculture. Une partie de leur production est
destinée à l'autoconsommation et l'autre à la vente. C'est
ainsi que le commerce dans la commune est pratiqué par la
quasi-totalité de la population. En plus des produits agricoles mis en
vente directe par les agriculteurs, nous avons aussi les commerçants de
métier qui sont les innovateurs dans cette commune, en y apportant de
nouvelles parures et les produits de première nécessité
très utilisés par la population tels que : du sucré,
du café, du sel, savon, etc. c'est ainsi que le marché principal
de la commune de Pissa situé en face de la Brigade de la gendarmerie
regroupe toutes les catégories de la population qui viennent
étaler. Le commerce dans cette commune est organisé, ceci en
fonction des revenus et du fonds de commerce des acteurs.
Les commerçants (es) de métier ont un fonds de
commerce stable qui peut varier en fonction de leur vente et cela aussi en
fonction de leur marchandise. C'est ainsi qu'une vendeuse de chenilles nous
explique les bienfaits du commerce des ressources naturelles de cette commune
à l'instar des produits forestiers non ligneux. Une interviewée
Mlle Josée nous affirme ceci : « c'est depuis 9 ans
que je fais le commerce des chenilles chaque année, pendant un ou
deux mois. Mais je vois que ce commerce me remporte beaucoup d'argent.
Grâce aux chenilles, j'arrive à payer la scolarité de mes
enfants, je nourris ma petite famille, la santé de mes enfants. Il y'a
de cela 3 ans aujourd'hui, j'ai eu à construire ma maison avec
l'argent des chenilles. » (entretien réalisé le 5
juillet 2016 à Pissa à 16 heure). Le commerce dans cette commune
à une importance capitale dans la vie des acteurs en leur permettant
d'avoir des ressources financières afin de satisfaire d'autres besoins
tels que la santé, l'alimentation, etc. Ainsi nous pouvons classer les
commerçants (es) de la commune de Pissa en trois catégories,
d'abord ceux qu'on peut appeler les opportunistes c'est-à-dire ceux qui
vendent occasionnellement à l'instar de certains agriculteurs qui
vendent le surplus de leurs productions pour se procurer quelques produits de
premières nécessités. Ensuite la deuxième
catégorie regroupe les saisonniers c'est-à-dire les vendeuses de
(chenilles, champignons) et autres produits forestiers non ligneux, mais aussi
certains agriculteurs qui vendent leurs produits agricoles pendant la saison
des récoltes. Enfin dans la troisième classe nous avons les
acteurs locaux qui ont pour métier le commerce, les vendeuses (wali
gara)34(*) ou
(Bayam-sellam)35(*) et les
boutiquiers qui jouent à la fois le rôle des grossistes et des
détaillants au marché et parfois dans certains villages.
L'ensemble de ces activités économiques pérennes et
saisonnières permet de maintenir la dynamique socioéconomique
dans la commune de Pissa.
5.1.3. Les activités sociales
Les relations humaines ne peuvent se construire sans
activités sociales. La commune de Pissa à travers les
associations villageoises, les groupements agricoles et et GIC mènent
des activités qui concourent au bien-être de ses membres. Comme ce
fut le cas des cultivatrices qui travaillent dans le champ des autres membres
à tour de rôle. L'entraide ou le soutien n'est qu'une partie de
cette action sociale. Les partenaires de la commune de Pissa à l'instar
de l'organisation nongouvermentale Italienne Coopi viennent en aide à
ces associations en leur octroyant les intrants pour l'agriculture. Mais encore
dans la sensibilisation sur l'importance du planning familial ou encore de la
place de la femme dans le développement économique et social de
sa localité. Associé à ses partenaires le RJDH qui
sensibilise la population sur les violences faites aux femmes et la culture de
la paix pour une vie harmonieuse en communauté. L'intérêt
de toutes ces actions sociales de promouvoir la paix dans la commune de Pissa
afin de booster son potentiel économique et favoriser son
développement. Regorgeant des ressources naturelles la commune de Pissa
a vu l'implantation des sociétés d'exploitation forestière
et agricole dont nous pouvons faire mention de la société
Palmex36(*). Dans sa
responsabilité sociétale et de société citoyenne
cette dernière en 2013 a contribuée à l'organisation de la
journée internationale de la femme en partenariat avec la Mairie de
Pissa, en sensibilisant la population sur l'impact des violences faites aux
femmes. Et surtout sur l'autonomisation de la femme qui est aussi un capital
humain très important pour la production surtout en milieu rural.
Ces actions sociales se sont accentuées après
la crise politico-sécuritaire en RCA et précisément dans
la commune de Pissa. Etant la commune plus proche de Bangui et surtout un
point de ravitaillement très important pour la capitale a vu le soutien
de nombreuses ONG internationales et associations à son chevet pour
redynamiser les associations agricoles après l'impact du conflit. C'est
ainsi que JFDDH en installant le noyau de paix à Pissa cette ONG promeut
les droits de l'homme surtout la cohésion sociale qui est un facteur
inévitable pour le développement. La communauté de Pissa
(acteurs locaux) doit être informée sur certaines notions qui sont
inévitables pour la culture de la paix et de la citoyenneté pour
un développement durable. Selon la Présidente de l'ONG JFDDH
beaucoup d'information manque à la communauté en termes des
droits, « notamment la notion de nationalité, de
citoyenneté, de civisme, du respect de l'autorité de l'Etat.
C'est notre combat »37(*). Le développement d'une
société ne peut se faire sans le bien-être social d'abord,
ensuite le respect des droits individuels et enfin des institutions de
l'Etat ; l'ensemble des faits qui consolide la paix. Dans le même
sciage, le responsable des affaires sociales de la commune de Pissa
déclare : « les notions de démocratie,
droits humains, civisme, développement viennent combler nos carences.
Après la mise en place du Noyau de Paix, il sera question de
sensibiliser les communautés sur ces notions ». En
affirmant ceci, il pense que cette association s'implante à point
nommé où les acteurs locaux ont besoin d'une forte
sensibilisation sur ces valeurs afin d'adapter leurs conduites
socioéconomiques aux exigences de la société d'abord et de
leur bien-être social.
Dans les actions sociales, nous pouvons
énumérer les actions de la caisse d'épargne communautaire
CECA38(*), qui fut
installée dans la commune par l'appui du partenaire international
italien de la commune de Pissa qui est la fondation (Unraggiodiluce).
Cette microfinance sur le premier plan permet aux acteurs locaux d'adopter une
nouvelle conduite dans l'épargne de leurs revenus, a témoigne une
sociétaire Madeleine : « La création de cette
caisse m'a beaucoup aidé dans mes activités quotidiennes.
Grâce à cette structure, j'ai compris comment gérer mes
petites ressources. Je ne gaspille plus mon argent comme avant. Et
l'épargne que je fais me permet de répondre à des urgences
dans ma famille ». (entretien réalisé à
Pissa à 11 heure le 22 juillet 2016). Mais fais aussi changer de statut
à certains acteurs locaux à l'exemple d'un autre adhérent
Eric : « Il n'est point question de nier les avantages
liés à l'existence de la CECA de Pissa. Sur le plan personnel, la
caisse m'a permis de passer de l'informel au formel ». (entretien
réalisé à Pissa le 22 juillet 2016 à 9 heure). La
caisse d'épargne oeuvre aussi pour l'amélioration des conditions
de vie des populations les plus défavorisées. Dans ce contexte
elle oeuvre dans la réhabilitation des pompes d'eau potable, formation
et entretien des points d'eau potable dans les villages, soutient les
communautés villageoises ou les associations agricoles dans les projets
de développement local.
5.2. La dynamique socioéconomique avant la crise
Pour une meilleure compréhension de
la dynamique de la crise politico-sécuritaire sur la
socioéconomie de la commune de Pissa. Il convient de mettre en exergue
les monographies de notre étude, en se focalisant sur l'aspect
économique. Dans ce cadre nous ferons recours aux variables
suivants : Alimentation ; énergie ; santé ;
éducation ; accès à l'eau potable. Le tableau suivant
présente les données en temps de stabilité politico
sécuritaire dans la commune de Pissa en fonction des activités
socioéconomiques et du revenu des acteurs locaux. C'est-à-dire
nous permet d'analyser le comportement de consommation des acteurs locaux en
tenant compte de leur environnement politique sécuritaire et
sociétale
Tableau n° 3 : Récapitulatif des
données socioéconomiques avant la crise
Source :
enquête de recherche
Le tableau ci-dessus nous retrace la dynamique des
activités économiques dans les grands centres d'activités
dans la commune de Pissa. L'impact de ce tableau est de montrer la circulation
des biens marchands et des échanges dans la commune de Pissa entre les
acteurs locaux et les commerçants. Illustrons alors les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux dans les activités
économiques boostons ainsi le développement local. Plus le revenu
des ménages est élevé plus la satisfaction de leur besoin
en alimentation augmente 57,24%. Mais plus encore avant la crise il y'a
acheminement libre des marchandises dans cette localité ce qui maintient
le prix au standard universel fixé par les normes en vigueur sur le
territoire. Cet état de paix et de sécurité permet aussi
à la population de se soigner en toute sécurité à
un coût raisonnable en accédant dans les centres appropriés
et utilisant les produits (médicaments) adéquats ce qui
résume l'attribution de 14,31% des revenus des ménages de la
commune aux soins de santé. La cohésion sociale et la
sécurité dans la commune de Pissa permettent la mise en place des
sociétés et petites industries agricoles ou forestières
permettant aux acteurs locaux travaillant dans ce secteur d'avoir une source de
revenu stable pour s'autogérer et entretenir leur ménage. Dans
cet état de sécurité et de paix, les actions des acteurs
locaux cadrent avec la réalité qu'ils vivent ce qui rend les
échanges entre les communautés ou les individus très
fluides et objectifs. Car nul n'est tenu par une obligation quelconque dans
l'échange. Dans ce cas l'échange marchand prime sur
l'échange symbolique certes qui est beaucoup plus pratiqué entre
les acteurs locaux évoluant dans les groupements agricoles ou
agropastoraux. Comme nous le constatons dans le tableau les dépenses
sont réparties et évolues en fonction de l'environnement des
acteurs locaux. En temps de paix, les acteurs de la commune de Pissa ont une
conduite socioéconomique propre pour pratiquer leurs différentes
activités génératrices de revenus et consolidatrices du
lien social entre les acteurs et/ou les groupements agricoles. L'offre et la
demande sont presque équitables, car les acteurs ont le temps et l'appui
possible des autres acteurs pour faire accroitre leurs productions. Mais aussi
de contrôler les échanges commerciaux selon les saisons. Cela se
traduit dans l'interview d'une enquêtée cultivatrice de manioc qui
dit : « On vend les maniocs de fois en tubercule, soit
on les fait sécher d'abord et pendant les périodes des chenilles
on vend la cuvette ici à 3000FCFA, lors de la saison sèche, c'est
à 2500FCFA. » (Entretien réalisé à
SABE, le 27 juillet 2016 à 16 heure). Le reste de revenus des acteurs
locaux est ensuite partagé entre l'énergie, éducation et
l'eau potable. L'énergie représente 14,31% la commune
étant non électrifiée les acteurs locaux mettent plus de
revenus pour avoir des sources d'énergie à savoir du carburant
(essence ou gasoil) pour les groupes électrogènes ou du
pétrole pour ceux utilisant les lampes tempêtes. Mais avec la
nouvelle source d'énergie (l'économie verte) les acteurs y
investissent plus pour l'entretien de ces équipements. La dotation de la
commune par les lampadaires solaires. L'éducation ne représente
que 8,82% des dépenses car en y investissent pendant la période
de la rentrée des classes. Et enfin 4,75% est consacré à
l'accès à l'eau potable. Par manque d'un centre de distribution
d'eau potable, les acteurs s'approvisionnent en eau de forage entretenu par les
coopératives ou par les particuliers. Qui ont une source de revenu mais
d'entretenir ces points d'eau en cas de panne. Au vu du tableau ci-haut nous
constatons une distribution raisonnable des revenus dans les dépenses
des ménages dans la commune de Pissa. Ces dépenses contribuent
à la bonne marche et au maintien des ménages sur une ligne de
vie, permettant de ne pas sombrer dans la malnutrition. Mais surtout qu'elles
répondent bien aux besoins élémentaires des ménages
qui sont de bien se nourrir, se soigner, s'éduquer et de vivre dans des
bonnes conditions.
5.3. La dynamique socioéconomique pendant la
crise
Pour une meilleure compréhension de la dynamique de la
crise politico-sécuritaire sur la socioéconomie de la commune de
Pissa. Il convient de mettre en exergue les monographies de notre étude,
en se focalisant sur l'aspect économique. Dans ce cadre nous ferons
recours aux variables suivants : alimentation ; énergie ;
santé ; éducation et accès à l'eau
potable. Le tableau suivant présente les données en temps de
crise politico sécuritaire dans la commune de Pissa en fonction des
activités socioéconomiques et de revenu des acteurs locaux.
Tableau n° 4 :
Récapitulatif des données socioéconomiques pendant
la crise
Source :
enquête de recherche
Pendant la crise
politico-sécuritaire, la commune de Pissa est plongée dans un
chaos. Ce bouleversement de l'ordre social et des activités
socioéconomiques ont été fatals pour une localité
considérée comme un modèle du développement local
dans la préfecture de la Lobaye. Dans l'ordre social, il y'a eu
déstructuration du lien social entre les différentes
communautés (chrétiens, musulmans, mais aussi entre les
chrétiens eux-mêmes), cette déstructuration des liens
sociaux a rendu quasi inexistante l'échange commercial qui s'effectue
entre les acteurs locaux et les commerçants (es) qui viennent
s'approvisionner dans la commune de pissa avant d'aller revendre à la
capitale. La quasi-inexistence de l'échange commercial est due à
l'occupation du centre administratif de la commune par les rebelles qui
sévissent en roi. Ce qui favorise la baisse du revenu des acteurs
locaux, qui ne peuvent subvenir aux besoins primaires de leurs familles. Cette
situation varie selon les villages de la commune qui à travers leurs
ressources (produits agricoles, ou des produits non ligneux) attirent certains
acteurs économiques qui prennent le risque de s'y rendre pour en
procurer. Ce fut le cas du village Kapou qui par ses produits agricoles
maraichers (légumes, les épices, tomates et gombo), mais aussi le
manioc séché qui constitue la base de l'alimentation
centrafricaine. La production de la commune de Pissa pendant cette
période a considérablement baissé, car avant même la
crise une mauvaise politique agricole nationale et les variations climatiques
ont été défavorables pour l'agriculture en RCA. Ce qui
favorise le déclenchement immédiat de la malnutrition dans cette
commune. Cette dernière est due à un manque de variation de
régime alimentaire qui entraine cette maladie chez les plus jeunes
c'est-à-dire les enfants de moins cinq ans (5 ans). La commune de Pissa
est une commune non électrifiée c'est-à-dire qui n'est pas
connectée au réseau électrique. Les acteurs locaux
utilisent du pétrole pour s'éclairer ou des lampes pour la basse
classe ; pour la classe moyenne ou les plus nantis de cette commune
dotée d'un groupe électrogène, utilise d'autres sources
d'énergie telles que : l'essence ou le gasoil. Par défaut de
moyen et vivant dans les campements par mesure de sécurité
d'autres acteurs locaux dorment dans le noire, soit ne parviennent à se
procurer de ces sources d'énergie par défaut de moyen ou par sa
rareté en temps de crise. A la lecture du tableau ci-haut nous pouvons
remarquer la dépense des acteurs locaux pendant cette crise pour
l'énergie constitue 10,31% de leur revenu. Pendant la crise le besoin
d'énergie à régresser car elle ne constitue plus une
priorité en ce moment. Car dans cette situation de crise l'acteur
cherche à hiérarchiser ses besoins et cherche à satisfaire
les plus élémentaires c'est ainsi que nous constatons une forte
concentration et orientation de revenues sur l'alimentation 56,19% et les soins
de santé 22,16% qui en cette période l'accès est difficile
et les rares individus offrant ce service augmenter le prix d'accès
à ces services. Comme pour l'eau potable 11,34%, cette commune est
dotée des points d'eau communément appelés (forage), ces
points d'eau sont souvent sous la gestion des collectivités
villageoises. Dans cette période il y'a eu délaissement et un
manque d'entretien des points d'eau qui rendent l'eau non potable. Pour la
population vivant dans les campements l'eau potable est un luxe par manque de
revenu ils ne peuvent s'en approprier, mais aussi la distance entre leur
campement et le point d'eau fait d'eau. Les échanges furent plutôt
symboliques que commerciaux par l'échange des marchandises et devise
comme prévoit la formule de l'échange E = A ------ M39(*). Quelquefois on assiste
à un échange de service contre marchandise ou encore à un
troc entre les acteurs locaux. Toutes ces pratiques sont des techniques
développés par les acteurs locaux pour pallier et s'adapter
à ce phénomène qui vient bouleverser leur système
social établit tant sur le point social qu'économique.
Les impacts de la crise ont englouti le système
économique de la commune de pissa qui a appauvri les acteurs locaux.
L'individu étant un atome du système social doté des
aptitudes de transformer son milieu social, développe un moyen de
contournement des contraintes qui bloquent le fonctionnement normal et paisible
de son système. C'est ainsi que Michel Crozier dans sa théorie de
l'acteur stratégique développement la notion de contournement et
de l'adaptabilité de l'acteur face aux contraintes. La crise
politico-sécuritaire peut être vu et analyser selon la
théoriestructuraliste de (GURVITCH,) commençant par la
déstructuration qui représente la phase déclencheur de la
crise. Ensuite vient la réorganisation qui correspond au
développement des stratégies et des techniques
d'adaptabilité à la crise permettant aux acteurs de contourner
les contraintes de la crise dans leurs activités
socioéconomiques. C'est ainsi que les acteurs adoptent de nouvelles
conduites socioéconomiques, qui leur permettent de maintenir les
relations sociales et économiques. Bien que celles-ci sont devenues
fragiles et individualistes, car dans cette situation il y'a une lutte pour la
survie qui prend corps. Cet aspect de la crise peut être analyser selon
la théorie de DARWIN qui renvoie à lutte pour la survie. Dans
cette situation où les acteurs locaux se trouvent dans les campements
fuyant les sévices des rebelles dans la ville, sont confrontés
à cette situation qui fait développer en eux l'individualisme.
5.4. La dynamique socioéconomique de la commune
de Pissa après la crise
Pour une meilleure compréhension de la dynamique de la
crise politico-sécuritaire sur la socioéconomie de la commune de
Pissa. Il convient de mettre en exergue les monographies de notre étude,
en se focalisant sur l'aspect économique. Dans ce cadre nous ferons
recours aux variables suivants : alimentation ; énergie ;
santé ; éducation ; accès à l'eau
potable. Le tableau suivant présente les données en temps de
crise politico sécuritaire dans la commune de Pissa en fonction des
activités socioéconomiques et de revenu des acteurs locaux.
Tableau n° 5 :
Récapitulatif des données socioéconomiques
après la crise
Source : notre
enquête
La crise politico-sécuritaire a
bouleversé l'organisation politique, administrative et économique
de la commune de Pissa. Dans la résolution de la crise, les
autorités de la RCA ont pu rétablir la paix dans certaines
préfectures du pays. Ce retour de la stabilité devient
perceptible dans les dépenses des foyers. Comme le démontre le
tableau ci-haut il y'a un équilibre entre les dépenses 39.74%
pour l'alimentation qui prouvent la marque du budget allouer pour une bonne
alimentation dans les ménages de la commune de Pissa. C'est ainsi que la
commune de Pissa qui a subi à des grosses pertes sur le plan politique
et socioéconomique de tente de se rétablir. Cette reprise fut
d'abord sociale par le retour des acteurs locaux dans les villages. Ensuite
administrative comme l'illustre les propos des autorités
locales : « les événements qui avaient
secoué le pays ont éventuellement touché aussi la commune
de Pissa. Mais petit à petit, on essaie de la remettre sur les rails.
Pour le moment, la mairie de Pissa fonctionne bien nos sources de revenus
proviennent des recettes du recouvrement des taxes du marché, du droit
d'exploitation communale et nous avons aussi le secrétariat particulier
qui offre des recettes à travers les actes de naissance, les actes de
mariage, de décès, les certificats de résidence et de vie
ainsi que d'autres taxes communales »40(*). A travers ces activités les acteurs locaux
tentent eux aussi de réorganiser leurs activités. Adoptant des
nouvelles conduites socioéconomiques pendant la crise pour pallier
à l'absence ou l'inaccessibilité à certains produits.
Certaines de ces pratiques prennent corps et s'intègrent
déjà dans le quotidien des acteurs locaux qui y trouvent un moyen
pour satisfaire leurs besoins et se procurer des ressources. Avec 22.52% du
budget accordé à la santé les acteurs sociaux de la
commune de Pissa investissent dans la santé pour une bonne forme des
acteurs locaux afin de vaquer à leurs différentes
activités pour un meilleur rendement socioéconomique. Mais
surtout de pallier aux maladies contractées pendant la crise dans les
campements. Car cette population fut meurtrie par plusieurs maladies pendant la
crise politico-sécuritaire qui a occasionné la rareté des
consommables médicaux dans cette commune. Nous remarquons aussi la
baisse des revenus attribués à l'approvisionnement de l'eau
potable qui est de 5.83% ce pourcentage pendant la période était
au pique avec la rareté de l'eau potable à cause du manque
d'entretien des puits (forages) et du déplacement des acteurs locaux qui
étaient éloignés des villages ou des points d'eau.
5.5. La dynamique socioéconomique de la commune
de Pissa sur les trois périodes
La dynamique socioéconomique de la
commune de Pissa a été variante pendant les différentes
périodes (avent la crise, pendant et après la crise). Le
récapitulatif de ces périodes permet de mieux appréhender
les variations des dépenses des acteurs locaux avant de mieux
appréhender l'impact de la crise dans la commune de Pissa et ses
activités socioéconomiques.
Variables
|
Alimentation
|
Énergie
|
Santé
|
Éducation
|
Accès à l'eau
|
Périodes
|
Pré
|
In
|
Post
|
Pré
|
In
|
Post
|
Pré
|
In
|
Post
|
Pré
|
In
|
Post
|
Pré
|
In
|
Post
|
BOBANGUI
|
80000
|
30000
|
85000
|
15000
|
6000
|
20000
|
4000
|
5000
|
35000
|
9000
|
00
|
12000
|
5000
|
3500
|
6000
|
BOYALI
|
90000
|
15000
|
50000
|
20000
|
3000
|
34000
|
15000
|
7000
|
25000
|
17000
|
00
|
30000
|
7500
|
4500
|
8000
|
KAPOU
|
95000
|
20000
|
45000
|
25000
|
2000
|
25000
|
35000
|
9000
|
45000
|
11000
|
00
|
11000
|
9000
|
5000
|
12000
|
PISSA
|
135000
|
19000
|
80000
|
40000
|
4000
|
35000
|
22000
|
10000
|
50000
|
30000
|
00
|
17000
|
12000
|
6000
|
13000
|
SABE
|
100000
|
25000
|
40000
|
30000
|
5000
|
40000
|
13000
|
12000
|
20000
|
10000
|
00
|
17000
|
8000
|
3000
|
5000
|
Total V.A
|
500000
|
109000
|
300000
|
130000
|
20000
|
154000
|
125000
|
43000
|
170000
|
77000
|
00
|
87000
|
41500
|
22000
|
44000
|
Total V.R
|
57,24%
|
56,19%
|
39,74%
|
14,88%
|
10,31%
|
20,40%
|
14,31%
|
22,16%
|
22,52%
|
8,82%
|
0,0%
|
11,52%
|
4,75%
|
11,34%
|
5,83%
|
Tableau n°6 : Récapitulatif des
données de la dynamique socioéconomique sur les trois
périodes
Source : notre enquête
A la lecture du tableau ci-haut nous pouvons faire une
analyse des trois périodes qui nous permettent de mieux
appréhender l'impact de la crise politico-sécuritaire sur la
commune de Pissa à travers les activités socioéconomiques.
Cet impact est plus perceptible dans les dépenses
ménagères des acteurs locaux avant, pendant et après la
crise. Avant la crise nous remarquons un équilibre dans les
dépenses des ménages des acteurs en consacrant 57,24% des
dépenses à l'alimentation, en allouant 14,88% des dépenses
en énergie qui fait partie des besoins élémentaires des
ménages. En temps de paix par la disponibilité des consommables
médicaux les dépenses médicales constituent 14,311% des
dépenses. L'éducation avec 8,82% et l'accès à l'eau
potable avec un taux de 4,75% donne une allure équilibrée aux
dépenses des acteurs locaux en temps de paix dans notre zone
d'étude. Cette allure équilibrée des dépenses en
temps de paix dans le tableau ci-haut subit des mutations en temps de crises
à travers les chiffres que présente le tableau n°7. Cette
mutation se caractérise par une forte concentration des dépenses
dans l'alimentation 56,19%. Dans cette situation de détresse les acteurs
se trouvent dans l'obligation d'hiérarchiser leurs besoins ; en
priorisant l'alimentation et la santé 22,16% car ceux-ci dans les
campements et par manque d'eau potable sont exposés aux maladies
(paludisme, choléra). Dans cette situation l'accès à l'eau
potable devient difficile c'est ainsi qu'à la lecture du tableau nous
remarquons une élévation du taux de dépenses en eau
potable qui atteint 11,34%, ce taux qui était 4,75% en temps de paix. Ce
qui exprime la rareté et l'importance de l'eau potable en cette
période. Par difficile accès à la source d'énergie
le tableau indique une baisse de dépenses pour ce besoin baisse à
10,31% et l'éducation qui inexistante 0,00% car durant cette
période il n'y a pas d'école. Une crise étant un
phénomène éphémère dans une
société, nous constatons un retour à la normale dans la
commune sur le plan sécuritaire. C'est ainsi cette stabilité se
fait aussitôt palpable sur les activités socioéconomiques
mais surtout par les dépenses des acteurs locaux. Pouvant avoir
l'accès à tous les services élémentaires pour le
bien-être familial. Les acteurs locaux tentent d'équilibrer leurs
dépenses mais avec un taux peu élevé pour
l'alimentation39,74% car elle constitue le besoin primaire et essentiel.
Ensuite la santé avec 22,52% qui garde la même allure comme en
temps de crise. Avec l'énergie qui grimpe avec 20,40% comme taux suivi
de l'éducation avec 11,52% car les activités académiques
reprennent, beaucoup d'élèves ont perdu leurs matériels
scolaires (livres, cahiers, etc.) à cause du pillage, incendie des
maisons, etc. par ce retour à la normale les points d'eau sont
entretenus ce qui réduit le taux de dépenses d'approvisionnement
en eau potable à 5,83%.
En somme ce tableau à travers ces chiffres nous
permettent d'évaluer l'impact de la crise sur les acteurs locaux de
Pissa à travers leurs dépenses ménagères.
Chapitre 6 : LA STRATEGIE DES ACTEURS LOCAUX
Les acteurs ou les individus évoluant dans un
système social sont dotés des aptitudes et des
compétences. Ces dernières leur permettent de faire face aux
contraintes ou obstacles auxquels ils seront confrontés par des
stratégies (CROZIER, 1999). C'est dans cette lancée que les
acteurs locaux de la commune de Pissa pour faire face aux impacts de la crise
politico-sécuritaire ont développé des stratégies
et techniques d'adaptabilité. Ces techniques permettent
d'atténuer les conséquences néfastes du conflit sur la
population et le lien social, mais surtout de favoriser le bien-être
social individuel ou collectif.
6.1. L'économie solidaire et sociale
L'économie sociale et solidaire est
un système économique et social constitué des
organisations sociales (mutuelles, fondations, coopératives et
associations) dans lequel l'utilité sociale et la satisfaction des
besoins des membres sont élémentaires. La pratique de
l'économie solidaire et sociale a commencé depuis plusieurs
siècles dans les sociétés africaines. Nous pouvons dans ce
cas faire allusion à la pratique de ce type d'économie en Afrique
de l'Ouest plus précisément au Burkina Faso en parlant des
associations comme : « le ton » ;
« sossoaga » et le « songtaaba ».
Ces associations permettent l'entraide entre les membres du point de vue
des travaux champêtres, mais aussi de l'épargne et dans la gestion
des ressources financières de leurs communautés et
collectivités villageoises.
Dans la commune de Pissa la pratique de l'économie
solidaire et sociale fit son entrée avec la notion du
développement local dans les année 1992. Ce type
d'économie a vu l'implantation des associations agricoles, des
coopératives, des comités de gestion des collectivités
villageoises et plus encore les caisses d'épargne communautaires. Ce
type d'économie a porté ses fruits dans la socioéconomie
de la commune comme peuvent le témoigner les propos du président
du conseil d'administration de la CECA41(*) : « Le travail que nous avons
abattu durant les deux années d'existence de la CECA, à mon avis,
a permis d'améliorer les conditions de vie de quelques habitants de la
commune de Pissa qui y ont cru. Mais mon souhait est qu'il y ait encore plus de
sociétaires ». Mais avec la crise politico
sécuritaire il y'a désorganisation de ce système. La
pratique de l'économie sociale et solidaire par les acteurs locaux comme
alternative pour pallier aux carences constatées pendant la crise
politico-sécuritaire leur permettent de s'entraider, mais aussi de
donner une nouvelle orientation à leur politique agricole,
économique et sociale. Cette nouvelle orientation n'est que palliative
aux limites des politiques traditionnelles. Car elle se fonde beaucoup plus sur
le commerce équitable, insertion par l'activité
économique, circuits courts de distribution, etc. Mettant davantage
l'accent sur la réduction des inégalités, elle se
définit avant tout par ses finalités (insertion, lien social,
produire autrement).Suite à la crise la production de la commune de
Pissa a subi des changements c'est-à-dire un faible taux production.
L'économie sociale et solidaire vient comme un tuteur pour booster et
diversifier les cultures.
La notion d'économie sociale et solidaire renvoie
inévitablement au concept de développement ou
développement local. Car elle vise la participation des acteurs locaux
pour l'intérêt général mais s'il existe aussi
l'intérêt individuel (le capitalisme) qui n'est pas trop mise en
avant dans ce type d'économie (communautaire). La commune de Pissa se
trouvant dans une zone rurale à travers ce type d'économie
relevant de la participation collective renvoie à la notion de
développement local. Celui-ci étant vu comme un processus
dynamique et évolutif qui nécessite la contribution. La
contribution mise en valeur dans cette définition est le facteur
déterminant pour les acteurs locaux de la commune de Pissa de s'adapter
à la crise. Se rendant compte de leurs limites à faire face
à la crise les acteurs locaux s'implique davantage dans le
développement local cette situation se traduit plus par la
définition de (GREFFE, 1997) : « le
développement est un processus de diversification et d'enrichissement
des activités économiques et sociales sur territoire, à
partir de la mobilisation et de la coordination des ressources et de ses
énergies ».
6.2. Le renforcement du lien social
La stratégie des acteurs locaux
basées sur l'économie sociale et solidaire tire sa source du fait
que ce type d'économie s'appuie sur les associations,
coopératives, ONG et mutuelles. Comme le définit l'Organisation
internationale du travail(O.I.T) en 2009 à Johannesburg,le concept
d'économie sociale et solidaire : « désigne
les entreprises et organisations - en particulier les coopératives, les
mutuelles, les associations, les fondations et les entreprises sociales - qui
ont comme spécificité de produire des biens, des services et des
connaissances tout en poursuivant des objectifs à la fois
économiques et sociaux et de promotion de la
solidarité ». Cette définition décrit les
organes prise en compte par ce concept, mais plus encore son impact sur la
population locale. S'unir avec les autres dans les associations permet
d'établir les liens (lien social) et favoriser le vivre ensemble. La
population de la commune en phase de reconstruction de la cohésion
sociale trouve dans l'économie sociale et solidaire une stratégie
de reformer et ressouder les liens entre les acteurs locaux. A travers les
associations les acteurs locaux peuvent s'entraider à travers
différentes activités tels que les travaux champêtres dans
le champ des membres à tour de rôle. Mais aussi par la cotisation
communément appelée (Kelemba) qui consiste à cotiser de
l'argent qui sera attribuer à un membre pour l'aider à
résoudre ses problèmes. Le caractère économique que
revête les relations entre les acteurs nous renvoie aussi à la
notion d'encastrement de Granovetter qui explique l'imbrication des
échanges économiques dans les relations sociales. En utilisant ce
type d'économie l'on assiste à un renforcement du lien social
entre les acteurs locaux. La multiplication des échanges entre les
acteurs locaux, les GIC et coopératives démontre à quel
point les liens se renouent entre les acteurs qui étaient divisés
sur les opinions ou appartenances politiques, idéologiques et même
quelques fois religieux.
6.3. L'échange
L'échange dans son sens courant
signifie la rétrocession d'un objet ou d'un service contre une
contrepartie. C'est ainsi que l'échange se trouve au coeur de toutes les
sociétés c'est ainsi qu'il permet aux acteurs de partager avec
les autres. L'échange est à la fois une construction sociale
(BERGER& LUCKMAN) institué dans la société par les
individus pour harmoniser le partage et l'acquisition des biens et services.
L'échange peut être marchand, non marchand et symbolique.
La commune de Pissa étant un carrefour dans la
région du Sud de la RCA (préfecture de la Lobaye) est une plaque
tournante des échanges commerciaux. Ces échanges commerciaux
s'effectuent autour des produits agricoles tels que : (Riz, manioc,
tubercules de manioc, ignames, taro, etc.), des produits forestiers ligneux et
non ligneux tels que : (champignon, koko42(*) etc.). Mais aussi des autour des produits des
cultures marechaires tels que : les légumes, gombo, jupe,
amarantes, etc. en période de paix la commune se voit envahi par les
commerçantes qui s'y rendent pour se procurer de ses denrées afin
de ravitailler la ville de Bangui. Ce qui favorise l'entrée des devises
dans cette commune affectant positivement les conditions de vie des acteurs
locaux et favorisant une meilleure production et l'utilisant des intrants dans
les cultures marechaires (engrains, herbicides et pesticides). Ce type
d'échange permet la circulation de la monnaie entre les acteurs locaux
et développement de leur commune par l'acquittement des individus aux
différentes taxes.
Nous pouvons dans un deuxième temps analyser
l'échange non marchand dans la commune Pissa, qui est une pratique qui
est considérée comme la première forme d'échange
dans le système commercial avant l'arrivée de la monnaie. Citons
ici le troc, l'entraide. La commune de Pissa étant affectée par
les impacts de la crise et par la faible circulation de la monnaie, les locaux
font recours au troc. Le troc est une transaction qui s'effectue par
l'échange d'un bien contre un autre ; soit d'un service contre un
bien. Par l'intensification de réseaux entre les acteurs qui se trouvent
dans une situation précaire, le troc est un atout favorable pour les
acteurs locaux pour résister aux impacts de la crise
politico-sécuritaire. Mais aussi l'entraide qui se manifeste par
l'assistance financière ou matérielle d'un acteur local par
d'autres dans cette dure situation. Pour étayer cette pratique
Gertrude une résidente de la commune nous
affirme : « la crise a causé l'assassinat de mon
fils, le soutien financier, matériel et moral des membres de mon
association a été très capital pour ma famille et moi en
ce moment ». (Entretien réalisé à BOBANGUI
29 juillet 2016à 10 heure). Par cette déclaration nous pouvons
percevoir la portée des stratégies utilisées par les
acteurs locaux afin de réduire le risque de sombrer dans la
pauvreté.
A cela s'ajoute l'échange symbolique qui ne tient pas
compte de la monnaie ni d'une contrepartie directe et perceptible. Mais incarne
une valeur représentative entre les acteurs locaux. Cette valeur
étant une construction sociale traduit les aspirations ou les intentions
des acteurs locaux. Cette valeur peut être vu sous l'angle du
phénomène du don (MAUSS,).
6.4. Les coopératives
Comme le définit (ACI)43(*) une coopérative est : « une
Association de personnes, volontairement réunies pour satisfaire leurs
aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au
moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et
où le pouvoir est exercé démocratiquement (ACI,
2012). » Nous remarquons dans les sociétés
Africaines, Asiatiques, Américaine et Européennes le regroupement
des individus pour les intérêts individuels ou collectifs. Ce
regroupement permet aux acteurs locaux de s'unir converger leurs forces pour
face aux maux qui minent leurs communautés. Le développement de
ces coopératives s'est accentué dans les différentes
sociétés à la suite des problèmes sociaux pour
soutenir les acteurs sociaux. La coopérative se définit sur le
principe d'adhésion volontaire qui permet aux acteurs locaux de s'y
adhérer en fonction de ses attentes et même de l'objectif du
groupe. Elle est basée sur la participation économique qui permet
de servir d'appui aux autres membres de la coopérative. En se servant
des atouts des coopératives, les acteurs locaux de la commune de Pissa
ont trouvé un moyen pour faire face à la situation
socioéconomique critique en cette période de crise. A travers les
différentes coopératives et associations villageoises
disséminées sur le territoire de la commune de Pissa, vient en
renfort aux acteurs locaux qui pour certains ont perdu une grande partie de
leurs biens dans la crise politico-sécuritaire. Ces coopératives
s'investissent beaucoup plus dans l'activité agricole (principale
activité dans la commune de Pissa), mais aussi dans l'épargne
informelle (kelemba).
Les coopératives bien qu'étant vu comme un
moyen pour les acteurs locaux de la commune de Pissa de faire face aux
conséquences de la crise politico-sécuritaire (pauvreté,
crise du lien social) elle permet aussi de contribuer au développement
local et développement durable. Le développement durable qui
selon (BRUNDLAND, 1987),se définit comme un mode de développement
« qui vise à répondre aux besoins des
générations présentes sans compromettre les
capacités des générations futures à répondre
aux leurs ». Ce mode de développement se veut participatif
donc nécessite la contribution des membres pour pallier aux
différents maux qui minent la commune de Pissa et pour redorer son
blason de la commune modèle du développement local et faire
accroitre sa production agricole et favoriser l'innovation agricole.
Figure n°4 : activité
coopérative (séchage de manioc)
Source : réseau des journalistes
pour les droits de l'homme
6.5. Mutuelles
La question de l'économie sociale et solidaire est une
problématique majeure dans les pays du Sud, c'est-à-dire les pays
de l'Afrique francophone. Ce domaine de l'économie basé sur la
recherche du profit à la fois du bien-être social apparait comme
un facteur du développement local. Nous constatons un
développement rapide de ces institutions en Afrique qui est toujours
fragilisée par les conflits armés et la pauvreté. Les
mutuelles dans cette situation apparaissent comme des institutions ou cercles
unificateurs dans le sens qu'elles permettent aux acteurs locaux d'être
solidaires et de faire face à la pauvreté. C'est ainsi que dans
la commune de Pissa il y'a eu l'implantation dans plusieurs villages des
mutuelles servant de Microfinance permettant aux acteurs locaux
d'épargner leurs revenus. Agissant comme un pilier de l'économie
en milieu rural les mutuelles trouvent une place au coeur des activités
des acteurs locaux comme le précise cet acteur : «
les mutuelles nous permettent d'épargner notre argent, mais aussi de
consolider les liens qui nous unissent. Plus encore de favoriser de tout
adhérent au développement de notre
communauté. » (entretien réalisé
BIMON, le 14 juillet 2016 à 15h avec un acteur local). Les
sociétaires de ces mutuelles participent à la gestion et
l'orientation de cette institution qui peut être vu comme socle
d'interaction entre les acteurs locaux. Cette interaction est une construction
sociale basée sur les valeurs sociales qui boostent
l'équité sociale en même temps insère
l'activité économique pour le développement local des
villages ou communes abritant ces associations ou mutuelles. En d'autres termes
comme nous l'explique une enquêtée : « les
mutuelles jouent un rôle unificateur tout en favorisant
l'intégration des nouveaux membres sans se perdre de vision principale
qui est la gestion des ressources financières des acteurs
locaux. » (entretien réalisé à BERENGO, le
30 juillet 2016 à 16h30mn).
Les mutuelles servent d'organes d'intégration aux
acteurs locaux nouvellement arrivés dans la circonscription. C'est en
facilitant l'intégration des individus dans la société
qu'elles unissent les individus en créant les liens solidaires. Dans
cette solidarité entre les acteurs locaux il y'a construction et
implantation de la confiance qui est une base permettant la viabilité
des mutuelles et associations.
6.6. Les systèmes d'échange locaux
On peut définir un système
d'échange local (SEL) comme un système
d'échange de produits ou de services au sein d'un groupe fermé,
généralement constitué en association. Ses membres
échangent des biens et services selon une unité propre à
chaque groupe. L'objectif est d'accéder à des échanges
égalitaires et de tisser des liens. En d'autres termes c'est un circuit
par lequel les acteurs locaux effectuent les échanges économiques
et renforcer le lien social. La commune de Pissa à des systèmes
d'échanges locaux bien précis comme le confirme Michel un
enquêté dans le village kapou : « dans
notre association en s'entraide en faisant la tontine des services, soit des
trocs à valeurs réciproques d'objet
échangés. » (Entretien réalisé
à Kapou 2 avec un acteur local). Dans la lutte contre la pauvreté
les acteurs locaux de la commune de Pissa utilisent ce circuit pour contourner
les impacts de la crise politico-sécuritaire qui bloquent les
échanges commerciaux dans la commune. Ces réseaux
économiques consistent à échanger, construire et
consolider le lien social fragilisé par le conflit. En s'associant avec
les autres dans ce circuit économique, les acteurs locaux trouvent une
voie de sortie de l'isolement social. Vivant dans une situation
économique et sociale critique c'est-à-dire de l'extrême
pauvreté seul l'appui des autres acteurs locaux permettent au plus
démuni ou les plus touchés par les conséquences du conflit
de se relever.
Le SEL promeut la solidarité et le renforcement du
lien social et l'égalité entre les membres du groupe
c'est-à-dire entre les acteurs locaux. Dans la perspective de la
solidarité, de la cohésion sociale et du renforcement du lien
social, l'ONG (JFDDH) s'est installée dans la commune
de Pissa à travers son activité dénommé noyau de
paix sensibilise les acteurs. Cette sensibilisation s'effectue en même
temps que cette ONG leur propose des formations sur l'agriculture et
l'accompagnement des coopératives pour une meilleure production agricole
et une parfaite cohésion sociale. Ne permettant pas l'épargne
les sels favorisent le développement de l'économie sociale
solidaire, mais plutôt locale. Dans les sels chaque membre profite des
biens et services en échange de son temps, puisqu'il est tenu de rendre
à son tour bien et services. Cette pratique de celle s'illustre par la
pratique des acteurs locaux qui consiste à travailler à tour de
rôle dans le champ des membres de leurs associations. Mais aussi de
bénéficier du réseau d'entraide et de prendre conscience
de ce qu'il peut offrir à d'autres acteurs locaux. Avec les sels les
acteurs locaux ne sont pas tenus rendre à la même personne et la
même valeur comme dans le troc. Dans une situation de
précarité dans la circulation de la monnaie est difficile les
acteurs locaux trouvent un soulagement par cette pratique. Jean Paul
pisciculture dans le village de Pissa 2 nous confie en ces
termes : « pour entretenir mes bassins après la
crise j'ai sollicité le service de certains pisciculteurs pour m'aider.
Et je serais tenu de rendre ce service à celui qui aura besoin de mon
aide ». Dans les sels la réciprocité dans la
disponibilité de rendre service aux autres membres de l'association est
de mise.
6.7. Impact de l'économie sociale et solidaire
et des SEL
L'économie sociale et solidaire dans sa quête du
bien-être collectif concilie activité économique et
équité sociale. Celle-ci regroupant les associations,
coopératives, mutuelles nécessite la collaboration et la
participation des acteurs pour un impact visible dans la société.
Elle impacte plus dans les zones rurales en donnant plus de chance aux acteurs
locaux dans la production agropastorale, mais aussi dans la gestion des
collectivités territoriales. Dans le cas d'espèce de notre
étude où les acteurs locaux de la commune de Pissa font face aux
conséquences de la crise politico-sécuritaire, la redynamisation
des associations et mutuelles est un pivot permettant aux acteurs de supporter
les impacts de la crise par la combinaison des efforts des autres acteurs. La
commune de Pissa regorge des associations, coopératives et mutuelles
avant la crise, mais quelques-unes de ces associations connaissent des
problèmes financiers (mauvaise gestion). Ayant connu l'apport efficace
de ces associations les acteurs eux-mêmes ont pris l'initiative de
redynamiser ces organes afin de redorer le blason de leur commune dans la
production agropastorale et ainsi faire face à la pauvreté qui
devient grandissante après la crise à cause d'une mauvaise
production.
L'économie sociale et solidaire à travers les
activités tontinières et associatives dans la commune de Pissa
impacte sur les ménages par une nette amélioration des conditions
d'existence des acteurs locaux. Cette amélioration se caractérise
par une augmentation des revenus dans les dépenses journalières
telles que : la ration pour une bonne alimentation des membres de la
famille, la santé pour l'accès à un meilleur soin, etc.
Par l'union de plusieurs acteurs locaux et l'entraide qui s'y est
installée à travers ces institutions ont permis à certains
acteurs locaux de se refaire une santé financière
c'est-à-dire d'avoir une épargne conséquente afin de
subvenir aux besoins de ces proches en cas d'urgence. En somme
l'économie sociale et solidaire a permis aux ménages des acteurs
locaux d'avoir un nouveau souffle d'espoir après la crise politique et
sécuritaire dans la commune de Pissa.
Loin de se limiter aux ménages l'économie
sociale et solidaire et les systèmes d'échanges locaux ont permis
de relancer l'économie de la commune de Pissa et à apporter un
appui considérable aux organisations, coopératives, et les GICs.
En utilisant ces derniers comme pivot de la transformation de la commune. A
travers les activités agropastorales et diverses que mènent les
acteurs locaux permettent de donner un nouvel élan aux associations.
L'économie sociale et solidaire par sa fonction latente
d'intégration des acteurs locaux dans un système social bien
précis. La commune de Pissa dont les activités
économiques étaient devenues quasi inexistante pendant la crise
et qui peine à décoller après les évènements
retrouve une bonne allure économique et un taux d'échange
raisonnable par le dévouement des acteurs locaux. Ce
rétablissement est encore plus effectif par le soutien des organisations
nongouvernementales qui soutiennent ces associations par des apports
multiformes (formations sur les techniques agropastorales, bonne gestion des
coopératives).
La crise sécuritaire entraine toujours des impacts sur
les acteurs locaux, dans le cas d'espèce nous pouvons
énumérer la destruction des biens matériels (mobiliers ou
immobiliers) pour les uns et la perte des capitaux pour d'autres
exerçant dans le commerce. Les petits producteurs ayant subi ces
dégâts ont pu se relever en utilisant leur épargne et des
prêts auprès des mutuelles de solidarité pour investir dans
leurs activités. A travers l'action des membres des associations, on
assiste à la reconstruction des habitats de certains membres qui ont
été vandalisés pendant la crise. La reconstruction dans la
plupart des cas par le travail commun comme celui des travaux champêtres
à tour de rôle. C'est ainsi que nous pouvons apercevoir
l'importance ou encore l'impact de l'économie sociale et solidaire dans
la commune de Pissa après la crise politico-sécuritaire. Par la
même occasion les acteurs locaux y trouvent un moyen d'accroitre leur
production agricole, mais plutôt d'orienter leur économie locale.
Etant une population agricole dont plus de 95% pratique l'agriculture à
travers les activités de l'économie sociale et solidaire la
commune attire beaucoup de partenaires qui promeuvent le développement
local sur l'initiative des acteurs endogènes.
La diversité ethnique est l'une des
caractéristiques de la commune. Cette diversité constitue un
facteur de cohésion sociale, car se regroupant dans les associations
sans distinction d'origine ethnique et sociale, les acteurs locaux de la
commune de Pissa construisent ensemble. Malgré les
évènements qui ont un peu bouleversé la structuration
sociale de la commune, les acteurs locaux ont pu sauvegarder cette
cohésion sociale et l'unité de la commune à travers le
lien social construit à travers à les différentes
relations dans les associations, coopératives et mutuelles.
6.8. La gestion des temps sociaux
La question de la gestion des temps sociaux en milieu rural
centrafricain fait recours à plusieurs variables ; celles-ci
peuvent être économiques et/ou sociales (construction des
identités). La gestion du temps social dans la commune de Pissa est
scindée entre le (temps domestique et le temps du travail (travaux
agricoles et activités commerciales). Cette situation est encore plus
prépondérante pendant les périodes de récolte et
les week-ends dans ce sens qu'il faut parcourir des kilomètres vers le
centre-ville de Pissa ou encore dans les villages qui bordent le long de la
Nationale n°6 dont le marché est permanent. Mais lorsqu'il est
périodique dans certains villages de ladite commune, il faut acheminer
les vivres des champs vers les espaces indiqués pour la vente. Ces
champs se sont de plus en plus éloignés des villages à
cause des changements climatiques. Aborder donc la problématique des
temps induit forcement à l'interpellation de l'espace du travail
agricole et domestique. Ces deux concepts interdépendants analysent et
facilitent la lecture du lien social marchand, ainsi que la construction des
identités. C'est pour cette raison que, « les espaces et les
temps constituent un maillon essentiel de la sociologiedu travail, car
l'activité économique y est assujettie » (DUBAR et
ROLLE, 1991)44(*). Si les
temps sont perçus de façon plus stricte et formalisés par
ces auteurs précédemment cités, il n'en demeure pas moins
qu'une autre lecture contraire doit être faite lorsqu'il s'agit des
activités informelles. Car dans la gestion des temps, les acteurs locaux
s'inscrivent dans les activités informelles dont la durée
impacte significativement le temps du travail pour les acteurs locaux qui
travaillent en même temps dans le secteur privé et étatique
dans la commune de Pissa. Dans ce sens, « les espaces et les temps
sont construits localement, vécus, perçus et
appréhendés par les collectifs eux-mêmes »
(EKOMO, TEFE et YOMB 2015)45(*). Les acteurs locaux construisent localement leurs
temps sociaux afin de mieux pratiquer les différentes activités
auxquelles ils sont attachés.
Les temps sociaux dans la commune de Pissa sont repartis
entre les acteurs locaux de la commune de Pissa c'est-à-dire entre les
hommes, les femmes et les enfants. Dans les activités agricoles
certaines tâches difficiles sont assignées à l'homme qui se
trouvent être l'acteur majeur et fort de la famille, « J'ai
le devoir de défricher mon champ de labourer la terre avant que ma femme
et mes enfants viennent m'aider à semer et désherber de temps en
temps, avoue un enquêté » (entretien
réalisé àBoyali). Par ce type de
déclarationnous pouvons comprendre la division du travail social dans
cette commune qui tient comptede toutes les couches sociales. Certaines
catégories des acteurs locaux masculins qui ont pour activité
principale le travail administratif ou technique dans les
sociétés forestières se retrouvent aussi dans les
activités agricoles. Ceux-ci s'organisent à passer les
après-midi ou les week-ends dans les champs qui constituent un appui
considérable pour l'alimentation de sa famille ou encore source de
revenus financière par la vente des produits agricoles. Les femmes ont
le plus souvent la responsabilité de la propreté dans les champs
et la récolte des produits agricoles. La commune de Pissa une des
principales communes productrices du manioc séché, cette
tâche se trouve être une principale tâche des
activités qui est associée aux acteurs locaux féminins.
C'est ainsi les temps sociaux des femmes se trouvent partagées entre les
travaux agricoles, activités commerciales et les travaux
ménagers.
Cette répartition des tâches n'occulte pas la
participation des enfants qui est considérée comme une aide
infaillible dans les travaux champêtres « je pars au champ
avec mes parents lorsque je suis en vacances pour les aider, soit lorsque je
fais les cours du soir ».(entretien réalisé
à SABE avec un élève du CE2).Cette participation des
enfants dans le travail social dans la commune bien que constitue la
construction d'une identité locale, mais apparait aussi comme un
obstacle à la scolarisation de cette jeune génération
« Parfois, je n'ai même pas le temps d'apprendre ! Il faut
aller puiser de l'eau chaque matin avant d'aller en classe. Il faut parfois
faire plusieurs tours au forage ou au puits. Quand je rentre de là, il
faut laver les assiettes et d'autres travaux à la maison. Difficile de
réviser mes leçons avant d'aller en
classe »(entretien avec une élève du CM2 à
BERENGO).
En somme la gestion des temps sociaux dans le milieu social
centrafricain et particulièrement dans la commune est une construction
propre des acteurs locaux selon les besoins de ladite commune. Bien qu'elle
permet une bonne division du travail entre tous les acteurs en présence,
elle impacte sur la scolarisation des jeunes scolarisés et constitue une
des causes de la déperdition scolaire en RCA et en milieu rural.
Tableau n°6 :
description de la gestion et construction des temps sociaux
|
Formes
|
Variantes
|
Caractéristiques majeures
|
Catégories sociales concernées
|
251657728
251658752251659776Temps sociaux
|
Temps du travail
(Travaux agricoles ;
activités commerciales et travail
administratif)
|
Continus
|
Construction locale du temps
Flexibilité du temps detravail
Non institué
Rationnalisé, stabilisé
|
Elèves, écoliers, étudiants
Ouvriers agricoles
Agriculteurs
Paysans
Retraités, citadins-ruraux
|
Discontinus
|
Instable
Construction locale dutemps
Non institués
Subjectif
|
Les consommateurs locaux
Les revendeurs
Les voyageurs
|
Temps académiques
|
Continus
|
Objectif
Institué
Systématisé
Rationnalisé
|
Les enseignants des
différentes institutions
Les apprenants
|
Temps domestiques
|
Continus
|
Construction locale dutemps
Rationnalisé
|
Les parents
Les élèves, les écoliers
Les étudiants
La famille large
|
Discontinus
|
Instable
Construction locale dutemps
Non institués
Subjectif
|
Les acteurs locaux ( hommes et femmes)
Les enfants (élèves et écoliers)
Les étudiants
La famille large
|
Source: Notre enquête et
(améliorer de) Yomb (2015)46(*)Au regard du tableau ci-dessus, il ressort que le
temps social en milieu rural en général et dans les espaces de
notre recherche restent élastiques et donc dynamiques. Les temps
domestiques et de travail sont non institués et évoluent en
fonction de l'activité et des objectifs fixés par ceux qui sont
censés contrôler le déroulement du travail. Cette
élasticité du temps a pour conséquence immédiate
d'une part l'augmentation des productions agricoles et d'autre part occasionne
les retards observés des élèves dans leurs institutions
respectives avec le risque d'être puni. La gestion du temps social est
définie par chaque acteur local selon ces prioritésd'abord avant
de mesurer l'impact de son action sur son milieu naturel. Cette
définition personnelle du temps de travail permet `implication des
fonctionnaires ou des élèves dans les activités
socioéconomiques (agriculture, élevages de caprins et porcins) ou
encore le activités commerciales (ventes des produits agricoles dans les
marchés des villages), le ramassage des produits saisonniers tels
que : les champignons, les chenilles, les fruits saisonniers etc. c'est
ainsi que nous pouvons constater que les temps sociaux sont multiples et que
les représentations divers et caractérisent chaque milieu :
« Les comportements sociaux des populations, dans les pays en
développement, reflètent très souvent une conception plus
souple et moins rigoureuse du temps (faible précision de l'heure, forte
tolérance du retard, tendance à l'improvisation »
(Kamdem, 1986). Au vu des observations du terrain, les acteurs accordent
plus souvent du temps aux activités agricoles. Même les
fonctionnaires de la commune de Pissa car ils y trouvent un moyen de pallier
aux mauvaises conditions de vie et des retards de salaires. L'implication des
élèves et fonctionnaires dans les activités agricoles
devient alarmante pendant les périodes de récolte. Car ces
produits constituent une source de revenu leurs permettant de subvenir aux
besoins des membres de la famille voire de s'acquitter des redevances scolaires
des enfants (élèves). Les temps sociaux dans notre espace
d'étude loin d'être limités dans le temps (une durée
journalière de travail exemple : 2 heure ou 3 heure du temps), ils
sont repartis par taches ce qui permet à chaque acteur local (membre de
famille) d'assumer la tâche qui lui est assigner journalièrement
« J'ai le devoir de défricher mon champ de labourer la
terre avant que ma femme et mes enfants viennent m'aider à semer et
désherber de temps en temps, avoue un enquêté »
(entretien réalisé àBoyali). Dans cette gestion du
temps social des élèves de notre zone d'étude de fois
avancent tout doucement vers la déperdition et devient des acteurs
majeurs de la socioéconomie dans les diverses activités
locales : pêches, agriculture, élevages, chasse, artisanat
etc. en somme la gestion du temps social est spécifique à chaque
communauté et dépend aussi de l'engagement des acteurs locaux
dans les activités socioéconomiques. Bien que ce temps social
peut favoriser l'accroissement socioéconomique mais peut aussi entrainer
la déperdition scolaire des jeunes acteurs impliqués dans les
activités socioéconomiques.
CONCLUSION GENERALE
La question de la conduite socioéconomique des acteurs
locaux est d'une importance capitale sur le point sociologique tant sur le
point économique, mais beaucoup plus sur le marketing. On peut entendre
par conduites socioéconomiques le comportement de consommation. Ce
comportement de consommation est souvent orienté par la
disponibilité des biens et service pour la satisfaction des besoins
individuels ou collectifs. Le marketing permet d'orienter les conduites
socioéconomiques des individus à travers les publicités
décrivant ainsi l'importance des produits et services. Dans ce cas
l'individu est tenu d'établir un choix en fonction de son besoin et
surtout au niveau de satisfaction qu'il recherche. Mais aussi l'utilisation de
ces biens et services tient compte des circonstances (environnement) et de la
disponibilité des ressources pour s'en procurer.
Pour comprendre les conduites socioéconomiques des
acteurs locaux de la commune de Pissa il est d'abord nécessaire
d'étudier les conditions sociales sur lesquelles s'opèrent les
échanges entre les acteurs locaux. C'est dans cette perspective que nous
avons présenté les monographies décrivant
l'évolution des conduites socioéconomiques des acteurs locaux en
temps de crise dans la commune de Pissa. Il est ensuite indispensable de tenir
compte de l'individualisme qui caractérise les acteurs locaux au moment
où la lutte pour la survie devient indispensable en cette période
de déstructuration sociale. Cette dernière apporte un grand
changement dans le système social dans cette commune. Si l'on s'en tient
à l'encastrement qui caractérise l'insertion des pratiques
économiques dans les relations sociales qui subit aussi des
transformations.
Dans l'ordre des impacts qui ont entrainé la
réadaptation des conduites socioéconomiques des acteurs locaux
dans la commune de Pissa. Nous nous appuyons sur les impacts économiques
qui se traduisent par une faible offre des produits de première
nécessité dans la commune même. Ensuite une faible
production agricole dû tout abord à une mauvaise politique
agricole qui occasionne la baisse de revenus des agriculteurs et acteurs
locaux. Cet impact se fait sentir sur les autres secteurs d'activités
économiques tels : la cueillette, la pêche, la pisciculture,
l'élevage, etc. la baisse du revenu des acteurs locaux à cause de
leur inactivité pendant la crise politico-sécuritaire a
apporté une transformation dans leur système
socioéconomique. Du point de vue social par la désorganisation de
la société on remarque une fracturation du lien social qui est le
cordon ombilical de la cohésion sociale dans la commune de Pissa. Cette
cohésion sociale étant un élément essentiel pour
nos sociétés rurales qui s'appuient sur la solidarité
organique pour le bien-être collectif. Une société rurale
n'est rien si les acteurs locaux ne sont pas solidaires. Car le
développement local se veut endogène et participatif, la force
fédératrice des acteurs locaux à travers les associations,
coopératives et mutuelles peuvent redonner une nouvelle orientation
sociale et économique à cette commune. Abordant l'aspect
économique l'inactivité des petits producteurs de la commune de
Pissa et des acteurs économiques rend quasi-inexistant l'échange
marchand. Cet absence d'échange impact sur la gestion de la commune de
PISSA qui s'appuie rien que sur les taxes forestières. L'acteur local
qui est soumis à cette situation s'expose à la pauvreté
qui devient de plus en plus rude. Celle-ci fait des impacts dans les familles
en y apportant la malnutrition, la maladie, etc.
Pour faire face à cette situation nous avons
constaté une transformation des conduites socioéconomiques des
acteurs locaux. Ceux-ci dans la recherche des solutions pour faire face
à la pauvreté, mais surtout relancer l'activité
économique c'est-à-dire la production agropastorale dans la
commune de Pissa trouvent dans l'économie sociale et solidaire une voie
de contournement des conséquences de la crise. Les acteurs locaux
s'investissent de plus en plus dans les associations, coopératives et
mutuelles. L'activité la plus performante dans la recherche des
adaptabilités est l'activité tontinière. Celle-ci se
pratique de différentes manières soit par l'organisation du
travail collectif dans le champ des membres pour accroitre la production ;
soit par la collecte des fonds qui sera donné aux membres tours à
tours pour la satisfaction de différents besoins. Cette économie
permet aux acteurs locaux de s'adapter aux conditions défavorables de
l'économie pendant la crise. Car ce type d'économie
nécessite vraiment pas l'utilisation de la monnaie (argent) comme
unité d'échange entre les acteurs. Les Sels aussi ne sont pas en
reste dans cette situation permettant aux acteurs d'échanges les biens
et services sans faire de bénéfice, cela nous permet de
comprendre le rôle fondamental de l'économie sociale et solidaire
à travers les associations et mutuelles qui valorisent le
bien-être collectif et l'intérêt commun.
L'économie sociale et solidaire et les Systèmes
d'échanges locaux certes permettent aux acteurs locaux de s'adapter dans
une nouvelle économie dans des situations difficiles et
précaires. Ils permettent aussi de créer une nouvelle forme
d'économie donnant lieu aux acteurs de construire une économie
dans laquelle l'échange sera plus ou moins équitable favorisant
un bon encastrement des échanges entre les acteurs locaux ou encore
entre les coopératives. Le développement étant un
processus dynamique et évolutif qui nécessite une mise à
contribution de tous les acteurs locaux trouvent dans l'ESS et les SELs un
socle rigide pour permettre le développement socioéconomique et
voir politique des communautés rurales dans les pays africains en voie
de développement, mais en particulier la commune de Pissa qui se trouve
être un modèle de développement local pour la RCA.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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temps de crise, thèse de doctorat 2006 ;
2. LEVILLY. R, Le commerce équitable : entre
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du marchés ;
3. NGOKOBONDO DOBOZENDI. E.D,Etude d'impact des ONG sur les
conditions socioéconomiques des populations de M'Baïki: cas de
Caritas ; mémoire de maitrise en Géographie 2010
Université de Bangui (RCA).
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des incidences de l'exploitation forestière sur les patrimoines culturel
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Balé-Loko ; mémoire de master 2, soutenu en 2009,
Université de Rennes ;
5. OZCAGLAR. N ; Apport du concept d'identité
à la compréhension du comportement du consommateur responsable :
une application à la consommation des produits issus du commerce
équitable, thèse de doctorat, soutenue le 12 décembre
2005 ;
V. Articles
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2. CARBONEL. F, 2012 ; « La psychologie du
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3. Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali : analyse de la situation et
énoncé de mesures conservatoires, février 2013 ;
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5. GADREY. J, 2004 ; l'utilité sociale
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7. HÉBEL. P, SIOUNANDAN. N, LEHUEDE. F, 2009 ;
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10. LAZARUS. J, 2006, « Les pauvres et la consommation
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2015
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d'entretien
Annexe 2 : carte de la préfecture de la Lobaye
GUIDE D'ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF
L'étude que nous menons porte sur les conduites
socioéconomiques des acteurs locaux en temps de crise en RCA : cas
de la commune de Pissa et pour cela nous avons décidé de nous
orienter vers les chefs de ménages, les membres d'associations et
coopératives communautaires. C'est pourquoi le présent guide
d'entretien a été élaboré et dont nous vous
demandons chères enquêté de bien vouloir accueillir
cordialement l'enquêteur. Nous vous remercions pour votre sincère
participation.
THEME D'ENTRETIEN
I- LES CONDUITES SOCIOÉCONOMIQUES
1. Quelles sont les activités que vous pratiquez
pendant la crise ?
2. Quels types d'échanges économiques
étaient favorable pour vous pendant la crise ?
3. Quel est votre source de revenu pendant la crise
économique ?
4. Dans cette situation de désorganisation totale du
système d'échange local.
5. Quelle relation entretenez-vous avec les autres
locaux ?
II- LA DYNAMIQUE DE LA CRISE
1. Quels sont les impacts de la crise sur vos
activités ?
2. Quel est le secteur le plus touché par la crise
politico-sécuritaire dans la commune ?
3. Du point de vue social, quels sont les conséquences
de cette crise ?
4. Quel est l'impact de cette crise sur les associations ou
coopératives agricoles ?
5. En quoi cette crise a été très
néfastes pour les sociétés implantées dans la
commune de Pissa ?
III- LES STRATEGIES DES ACTEURS
1. Quelles sont les moyens utilisés par les acteurs
locaux pour faire face à la crise ?
2. Qu'est-ce qui vous permet de vite revenir à votre
mode de vie d'avant la crise ?
3. Quelles sont les adaptabilités utilisées pour
ne pas sombrer dans la pauvreté ?
Merci pour votre étroite
collaboration
Carte de la Préfecture de la LOBAYE
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES ET ABREVIATIONS iv
LISTES DES TABLAEUX v
RESUME vi
ABSTRACT vii
INTRODUCTION GENERALE 1
Ière PARTIE : CADRE THEORIQUE
ET METHODOLOGIQUE 4
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE 5
I.1. Cadre conceptuel 5
I.1.1. Conduites socioéconomiques 5
I.1.2. Acteurs locaux 6
I.1.3. Crise 7
I.2. Revue de la littérature 7
I.2.1. L'impact de la crise sur le développement local
8
I.2.2. Les dynamiques socioéconomiques de la crise sur
le développement local 9
I.2.3. La crise du lien social 13
I.3. Cadre théorique 14
I.3.1. Ethnométhodologie 14
I.3.2. Théorie du lien social 15
I.4. Problématique de recherche 16
CHAPITRE II : CADRE METHODOLOGIQUE 18
II.1. Champs sociologique 18
II.1.1. Sociologie économique 18
II.1.2. Sociologie du développement 19
II.1.3.Sociologie de l'environnement 20
II.1.4. Sociologie relationnelle 20
II.2. Méthode de recherche 21
II.2.1. Techniques de collectes des données 22
II.2.1.1. La préenquête 23
II.2.1.2. La recherche documentaire 23
II.2.1.3. Entretien semi-directif 23
II.2.1.4. Echantillonnage 24
II.2.3.Opérationnalisation des variables 25
II.2.4. Hypothèse 26
II.2.4.1. Hypothèse générale 26
II.2.4.2. Hypothèses de recherche 26
II.2.5. Difficultés rencontrées 26
CHAPITRE III : DELIMITATION DU CHAMP
D'ETUDE 27
III.1. Délimitation du champ d'étude 27
III.1.1. Délimitation spatiale 27
III.1.1.1. Carte de la commune de Pissa 28
III.1.2. Délimitation sociologique 29
III.2. Les composants naturels 30
III.2.1. La structure géographique 30
III.2.2. Le climat 31
III.3. Organisation locale 32
III.3.1. Organisation administrative 32
III.3.2. Organisation
politique...........................................................................33
III.3.3. Organisation économique 34
III.3.3.1. Les activités économiques
traditionnelles 34
III.3.3.2. Les activités économiques modernes
36
III.4. Organisation sociale 37
IIème PARTIE : IMPACT DE LA
CRISE ET REPONSES LOCALES 40
CHAPITRE IV : DYNAMIQUE DE LA CRISE SUR LES
ACTEURS LOCAUX 41
IV.1. Impact de la crise sur le plan social 41
IV.1.1. Le déplacement de la population 42
IV.1.2. La crise du lien social 43
IV.2. Impact de la crise sur le plan politique 44
IV.3. Impact de la crise sur le plan sécuritaire 45
IV.4. Dynamique de la crise sur la socioéconomie de la
commune de Pissa 46
CHAPITRE V : ANALYSE DES MONOGRAPHIES
52
V.1. Les activités socioéconomiques de la
commune de Pissa 52
V.1.1. L'agriculture 52
V.1.2. Le commerce 53
V.1.3. Les activités sociales 55
V.2. La dynamique de l'économie locale avant la crise
56
V.3. La dynamique de l'économie locale pendant la crise
58
V.4.La dynamique de l'économie locale après la
crise 61
V.5. La dynamique socioéconomique sur les trois
périodes 63
CHAPITRE VI : LA STRATEGIE DES ACTEURS
LOCAUX 65
VI.1. Economie sociale et solidaire. 65
VI.2. Renforcement du lien social 66
VI.3. Echange 67
VI.4. Les coopératives 68
VI.5. Les mutuelles 70
VI.6. Les systèmes d'échange local 70
VI.7. L'impact de l'économie sociale, solidaire et des
SEL. 72
VI.8. La gestion des temps sociaux 73
CONCLUSION GENERALE 78
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 81
ANNEXES 85
Annexe 1 : Guide d'entretien 86
Annexe 2 : Carte de la préfecture de la Lobaye 87
TABLE DE MATIERES 88
* 1Jacques (Y) 2015 : La
socio économie des activités agricoles dans la scolarisation en
milieu rural camerounais : Cas de l'arrondissement de Bot-Makak
* 2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Socio%C3%A9conomie
* 3 Jacques (Y), Robert
(T) : Conduites socioéconomiques des acteurs locaux et crise des
microfinances au Cameroun
* 4 Madeleine (G), Lexique des
sciences sociales 8e édition, 2004
* 5 Larousse de poche 2015
* 6Cheila (D), Analyse de la
dynamique organisationnelle en temps de crise, thèse de doctorat,
2006
* 7 Madeleine (G) : Lexique
des sciences sociales 8e édition 2004
* 8 Ibidem
* 9 Op. Cit
* 10 EMF :Etablissement de
Microfinance
* 11 Centre Nantais de
sociologie
* 12Levilly (R), « le
commerce équitable : entre variétés des
marchés, figures du marché et force du marché. »
Thèse de doctorat
* 13Laville (J.L), «
Encastrement et nouvelle sociologie économique : de Granovetter à
Polanyi et Mauss », Revue Interventions économiques [En
ligne], 38 | 2008, mis en ligne le 01 décembre 2008.
* 14 Pascale. M, Gilles. L
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* 15 Karl. M, 1985, Le
capital : livre I, FLAMMARION, Paris
* 16 L'économie
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approche institutionnaliste illustrée par le cas de la Bolivie
* 17 Serge, P. (2008) ; Le
lien social, PUF, Coll, «Que sais-je »
* 18 Grawitz (M),
Méthodes des Sciences sociales
* 19Guy. B,1992, Pour une
sociologie relationnelle, Paris, PUF
* 20 Appellation en langue
sango des commerçantes des produits vivriers synonymes de
Bayem-Sellam
* 21 Journal officiel de
novembre 1959
* 22 Institut de
géographie national
* 23Yves.
B. « stratigraphie du précambrien de l'Oubangui
Occidentale » (carte phyto géographique au 1/1 000
000e), n°14, édition ORSTOM, 70, rue d'Aulnay. 468
pages.
* 24 Appellation d'un maire
nommé par l'administration centrale (Ministère de
l'administration du territoire)
* 25
Séléka : signifie alliance ou union en langue nationale
sango. Dénomination attribuée au groupe rebelle qui a
destitué François BOZIZE de ses fonctions de président de
la RCA en 2013.
* 26Zingo pissa en sango langue
nationale qui signifie éveille toi Pissa
* 27 Interview accordée
au réseau des journalistes pour les droits de l'homme le 26 juin 2016
* 28 Op.cit.
* 29 Article de presse du RJDH
du
* 30 Article de presse du RJDH
du vendredi 1 novembre 2013
* 31 Porte tout appellation de
chariots en fer munis de deux roues permettant de transporter les marchandises
* 32 Article de Presse du RJDH
du 21 juillet 2016
* 33 Blanche, membre d'une
coopérative agricole dans la commune de Pissa
* 34 Wali gara en sango langue
nationale signifie les vendeuses des produits agricoles et/ou des produits non
ligneux
* 35 Bayam-sellam, appellation
commune des vendeuses des vivres frais au Cameroun
* 36 Société
d'exploitation agricole de palmiers située dans la commune de Pissa.
* 37 Installation du bureau de
l'ONG JFDDH à Pissa le 16 juillet 2016.
* 38 Caisse d'Epargne et de
Crédit Autogérée
* 39 Illustration du cycle
d'échange : E : échange ; M :
marchandise ; A : argent. Dans le schéma classique et
conventionnel Pour qu'il y'a échange il faut qu'il y'ait
rétrocession de la marchandise contre argent.
* 40 Déclaration du
secrétaire général de la mairie de Pissa 26/07/16 au
journaliste du RJDH
* 41 Caisse d'Epargne et de
Crédit Autogérée
* 42 Koko : appellation
locale d'une feuille forestière comestible (Gnetum
africanum)
* 43 Alliance
Coopérative Internationale
* 44 Dubar C., (1991), La
socialisation. Construction des identités sociales et
professionnelles, Paris Armand colin
* 45Ekomo, Tefe et Yomb.,
(2015), « la dynamique des temps sociaux dans les marchés
alternatifs urbains au Cameroun » dans MUTIBE, larevue
pluridisciplinaire et semestrielle de la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines de l'Université de Douala, vol, N06 de 2015. pp268-
298
* 46Yomb., (2015), ?la
socioéconomie des activités agricolesdans la scolarisation en
milieu rural camerounais : cas de l'arrondissement de Bot-Makak
|