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Monitoring de la qualité de l'air dans la ville de Kinshasa.par Genese MOBELI MANZIBE Université de Kinshasa - Licence 2018 |
II.1.1.1.2. Situation socio-économiquea) Population C'est après l'indépendance, entre 1960 et 1970, que la croissance démographique de Kinshasa s'est accélérée, sous la pression de l'exode rural provoqué par la guerre civile, Kinshasa accueille à cette époque des « réfugiés » en masse, fuyant l'insécurité des provinces en proie aux troubles. Leur installation dans la ville et aux abords de celle-ci est du reste, favorisée 36 par les leaders politiques, qui y voient le moyen de gonfler leur électorat kinois suite à la création de nombreux partis politiques à connotation tribale (KAYOBOLA, 2010). La population de la ville de Kinshasa est estimée actuellement à près de 12 millions d'habitants, ce qui place ladite ville à la quatrième position des villes les plus peuplées d'Afrique après le Caire (Egypte), Lagos (Nigérian) et Gauteng (Johannesburg-Pretoria) en Afrique du Sud, selon le Palmarès-Grandes villes
d'Afrique b) Industrie et emploi Après le conflit de 1991 et 1993, et les récents conflits armés qui ont entravé le développement économique de la ville, il y a eu un développement intensif des activités des secteurs agricole, chimique et de la construction métallique (Anonyme, 2010). Joël Fumwakwau renseigne que la ville de Kinshasa compte plus de jeunes diplômés de 20 à 24ans soit 85% au chômage. www.memoireonline.com. Aujourd'hui, le secteur industriel est presque inexistant dans la ville, néanmoins, on peut encore trouver quelques industries brassicoles et métallurgiques que certains scientifiques qualifient de « ateliers de transformation ». II.1.1.1.3. Situation environnementale a) Gestion des déchets Le secteur de l'assainissement dans la ville de Kinshasa se caractérise par une insuffisance des services et une mauvaise planification opposée à une poussée démographique qui conduit à une dégradation environnementale et une menace réelle pour la santé publique. KAYOBOLA, 2010 montre que des services adéquats d'assainissement environnemental sont une nécessité pour soutenir la stabilité urbaine, favoriser l'équilibre social, la croissance économique, le développement et l'amélioration des services publics dans le centre urbain. La ville de Kinshasa produit 3 millions de tonnes des déchets par an soit plus de 8000 tonnes par jour selon le Ministre provincial de l'environnement (www.7sur7.cd/2019/10/17/rdc-kinshasa). Ce sont de véritables montagnes d'immondices qui barrent à présent l'horizon des Kinois ! KAYOBOLA, op cit., l'évacuation des déchets ménagers 37 n'est assurée que dans quelques zones résidentielles. Dans le reste de la ville, les déchets sont déposés sur la route ou dans des sites illégaux, ou sont déversés dans les rivières devenues « égouts à ciel ouvert » ! L'une des causes de cette situation d'insalubrité criante dans la ville est l'ignorance et la mauvaise mentalité de la population Kinoise qui utilise souvent l'expression « NGA NDE MUTU NAKO BONGISA MBOK'OYO » en lieu et place de faire pression aux autorités conformément à l'article 53 de la constitution de la République Démocratique du Congo qui stipule « tout congolais a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement, il a le devoir de le défendre ». La capitale de la République Démocratique du Congo, Kinshasa pâtit en outre de sa situation géographique particulière : amphithéâtre naturel construit sur un sol argilo - sableux, le site est aux prises avec des problèmes d'inondations au niveau de la ville basse qui borde le fleuve, et se trouve en même temps confronté à un important phénomène d'érosion, à l'origine de glissements de terrains dans les collines où s'est développée la ville haute. Certains facteurs tels que le déboisement, la pluviométrie, la détérioration du système d'égouttage ou encore l'urbanisation anarchique, aggravent la crise de l'environnement face à laquelle les pouvoirs publics, affaiblis et dépourvus de moyens, se montrent impuissants. ? KINSHASA BOPETO Inauguré par le Chef de l'Etat Félix-Antoine TSHISEKEDI, le projet initié par le Gouverneur Gentiny NGOBILA a suscité pour ce qui est de la gestion des déchets solides, quelques lueurs d'espoir. Fort est de constater le manque d'expertise en la matière et la faible vulgarisation du projet, ce qui pourrait conduire droit dans le séjour des projets mort-nés. b) Pollution atmosphérique Dans les capitales africaines, la pollution gazeuse et particulaire résulte principalement de la circulation automobile, des feux domestiques et, pour une moindre contribution, des émissions industrielles. Les émissions liées au trafic automobile sont responsables d'une pollution majeure. En effet, du fait de la carence des transports publics et/ou de leur vétusté, il y a accroissement du parc automobile ; par ailleurs, le pouvoir d'achat étant faible, l'écrasante majorité de ces véhicules est de seconde main, pour la plupart importés de 38 l'Europe (essentiellement de la France et de la Belgique pour les pays francophones). L'âge de ces véhicules dépasse dix ans en moyenne sur l'Afrique, Liousse et al., 2010). La ville de Kinshasa nonobstant sa faible industrialisation, a comme principales sources anthropiques de la pollution de l'air : le trafic routier avec les véhicules qui fument (responsables généralement des émissions des dioxydes d'azote), l'incinération à l'air libre et les décharges sauvages. Les Photos ci-dessous en font illustrations. Photo 1 : Gros véhicule fumant au niveau de Matadi-mayo à Kinshasa Source : Genèse MOBELI, 2019 Photo 2 : Fumées issues de l'incinération à l'air libre à l'arrêt Banunu. (Pont Matete) Source : Genèse MOBELI, 2019 Photo 3 : Incinération des déchets dans une décharge publique à KAUKA sur l'Avenue Université. Source : Genèse MOBELI, 2019 39 Malgré la menace que représente la pollution de l'air au niveau mondial, considérée comme le principal risque environnemental, en RDC, la ville de Kinshasa n'est dotée d'aucune structure de surveillance, moins encore d'un cadre légal en la matière. Cette situation est plus inquiétante du fait que, le manque des données sur la pollution de l'air n'incite pas les autorités à intégrer la question dans la politique gouvernementale, pourtant la menace est réelle, cette indifférence ou ignorance expose la population et il faut donc agir afin de prendre des précautions idoines. II.1.1.2. Tronçon d'étudeCarte 2 : Présentation du tronçon d'étude Sources : Genèse MOBELI MANZIBE 2019, données du terrain Cette étude a fait l'objet de 17 communes de la ville de Kinshasa dont Lemba, Selembao, Mont-Ngafula, Ngaliema, Kitambo, Gombe, Barumbu, Limete, Masina, N'sele, Kimbanseke, N'djili, Matete, Kasa-Vubu, Kalamu, Ngaba et Makala. 40 |
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