UNIVERSITE PARIS 13 - UFR LLHS
MASTER 1 ETHOLOGIE
Promotion Claude BAUDOIN
DOMAINE DE FORMATION : SCIENCES, TECHNOLOGIES,
SANTE
Influence de séances de médiation sur
l'activité et le stress d'un chien (Canis lupus
familiaris).
Par
Anabelle GRIS
Pôle Collectif Saint Simon
Céline Barrier
Mai 2016
1
Sommaire :
Introduction 2
Matériel et méthodes 4
Sites de l'étude et animal sujet 4
Déroulement d'une journée-type 4
Protocole 5
Etape 1 5
Etape 2 5
Ethogramme 5
Analyses statistiques 6
Comparaison entre les matins et les soirs des différents
types de journées 7
Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types
de journées 7
Comparaison entre les journées avec et sans
médiation en totalité 7
Résultats 7
Comparaison entre les matins et les soirs des différents
types de journées 7
Le stress 7
La fatigue 8
Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes types
de journées 9
Le stress 9
La fatigue 9
Comparaison des journées avec et sans médiation en
totalité 10
Le stress 10
La fatigue 11
Discussion 12
Remerciements 13
Références bibliographiques 14
2
Introduction
La médiation animale est une pratique encore mal
définie tant elle a d'appellations différentes comme «
thérapie assistée par l'animal », « zoothérapie
», « activité associant l'animal » (Vernay et les membres
du GRETFA 2005) et bien d'autres encore. Mais même si ces termes tendent
à désigner la même pratique, il existe bel et bien des
nuances entre eux qui se retrouvent dans l'application de la médiation.
Par exemple, tout ce qui s'associe à la thérapie est
assimilée aux pratiques qui engendrent des apprentissages permettant aux
personnes dans ces thérapies de mieux surmonter leurs difficultés
grâce à la présence animalière. La Delta Society
(
http://www.deltasociety.org/)
qui pratique ces thérapies assistées par l'animal,
définissent leur but comme étant « d'améliorer le
fonctionnement cognitif, physique, émotionnel ou social d'une personne
». Il existe aussi un autre terme que nous utiliserons plutôt dans
notre cas : l'IAA (Interventions Assistées par l'Animal) qui est
utilisé, non pas dans un but thérapeutique mais plutôt dans
un but éducatif et social (Maurer et al 2008). Selon cette
définition l'accompagnateur de l'animal médiateur n'est donc pas
un professionnel de la santé (Barrier 2013).
Maurer et al (2008) ont analysé dix programmes de
thérapies assistées par l'animal. Il en ressort que ce sont
principalement les animaux à fourrure comme le chien (Canis lupus
familiaris) qui sont utilisés, suivi par le cheval. Bien que
d'autres animaux tels que chat, souris, vache, chèvre, etc. soient
également utilisés. Beaucoup d'études ont
été réalisées sur l'amélioration de la
santé et du moral des patients au contact des animaux, par exemple
l'étude de Grandgeorge (2010) met en évidence des
améliorations de certaines compétences sociales chez les enfants
avec autisme quand un animal est intégré dans leur cadre de vie.
Cependant quand il s'agit de mesurer l'impact de ces séances de
médiation sur le bien-être de l'animal, les recherches deviennent
moins nombreuses. Pourtant, des études ont montré que pour
l'humain, en particulier pour les personnels soignants, être aux
côtés de personnes présentant des pathologies peut
être une cause de stress (Tavares 2009), il est même parfois
difficile dans certains cas de prendre de la distance dans l'écoute des
patients (Widlöcher 2004). De plus, il existe différentes preuves
que le chien - qui est le modèle étudié ici -, peut
ressentir du stress dans certaines situations, cependant leurs réponses
ne sont pas universelles et peut varier d'un individu à l'autre. Ainsi
établir un éthogramme du stress chez le chien n'est pas chose
aisée. L'environnement et le comportement du chien lui-même
peuvent induire des variations dans les comportements
3
typiques du stress (Hiby et al 2006 ; Rooney et al 2007).
Cependant certaines caractéristiques ressortent
régulièrement : Tuber et al (1996) ont fait une étude sur
les chiens en situations nouvelles. Dans cette optique ils ont comparé
leur taux de glucocorticoïdes (qui augmente avec le stress) avec les
comportements des chiens, il en ressort que ces derniers sont plus
stressés quand ils sont face à une situation nouvelle et ont
alors tendance à faire plus de vocalisations. Beerda et al (1997) ont
défini le comportement de stress du chien par l'augmentation de sursaut,
de paw lifting (tendre la patte avant), d'halètement et de
léchage de museau. Beerda et al (1999) ont continué la liste en
ajoutant l'augmentation de défécation et de production d'urine,
de comportement d'agression, de soupirs, le chien a également tendance
à courir après sa queue ou à se mettre en posture basse.
Cependant il y a une diminution dans les comportements qui consistent à
creuser le sol. Pour Dehasse (2009), des comportements de grattage ainsi que
des bâillements sont aussi des signes de stress, bien que ce dernier
comportement puisse aussi être utilisé pour se tranquilliser.
Enfin, on peut ajouter des éléments retenu par Aubertin (2012)
qui sont l'auto-toilettage, les étirements et quand il se secoue. La
fatigue peut aussi être reliée au stress, le manque de jeu chez
les chiens est un signe de stress, d'anxiété ou même de
déprime (Dehasse 2009).
Au vue de ces éléments, on peut
légitiment se poser la question si l'utilisation d'un chien lors
d'interventions assistées par l'animal pourrait provoquer un
mal-être chez lui avec l'apparition de comportements de stress comme
c'est le cas chez l'humain. On peut donc émettre l'hypothèse
suivante : le chien sera plus stressé et plus fatigué à la
fin des journées avec médiation par rapport aux journées
sans médiation. Les journées passées en médiation
étant censés être plus dure physiquement et moralement que
lors des journées sans médiation.
Pour tenter de répondre à ces questions, nous
avons à notre disposition deux types de journées : des
journées « OFF » où le chien n'est pas en
médiation, l'animal n'a donc aucune raison d'être plus
stressé ou fatigué qu'une autre journée de ce type. Il est
dans un lieu où il peut se comporter comme chez lui, librement. Et des
journées « ON » où le chien est en situation de
médiation avec des enfants d'un ITEP (Institut Thérapeutique,
Educatif et Pédagogique). Les ITEP accueillent des enfants, des
adolescents et même aussi des jeunes adultes ayant des difficultés
psychologiques notamment des troubles du comportement qui nuisent à leur
apprentissage et à leur socialisation. On peut retrouver
4
parmi les symptômes des troubles du comportement des
passages à l'acte, des décharges motrices ou même de la
destructivité (Collectif AIRe 2013).
Matériel et méthodes
Sites de l'étude et animal sujet
Cette étude a été réalisée sur
deux lieux différents :
- Pour les journées sans médiation, nous
étions à l'ERASME de Labège, les mesures étaient
réalisées dans une salle fermée et calme. Le reste de la
journée, le chien est libre de ses mouvements et il est connu des
occupants des lieux.
- Pour les journées avec médiation, nous
étions au Pôle Collectif Saint Simon de Toulouse qui est un ITEP
accueillant des enfants et des adolescents avec des troubles comportementaux.
Pour réaliser les mesures, nous étions dans une salle
fermée, volets et rideaux fermés également pour
éviter trop de perturbations de la part des enfants jouant à
l'extérieur.
Le chien étudié se nomme Junky, c'est un
mâle croisé issu de différentes races faisant une
quarantaine de kilos, il a été adopté à la SPA en
octobre 2014 alors qu'il avait entre 2 et 3 mois.
Déroulement d'une journée-type
À l'ERASME, Junky n'a aucune tâche a
effectué, il reste au pied de sa maîtresse, ou évolue
librement dans l'établissement, va à la rencontre des
étudiants et du personnel présent sur les lieux. Après la
pause déjeuner, une petite balade d'une dizaine de minute dans le
terrain de l'établissement est effectuée avec lui pour le faire
sortir un peu.
À l'ITEP, à son arrivé, Junky est souvent
accueilli par des enfants qui se promènent au sein de la structure.
À 10h30, la première séance à lieu, c'est une
séance où il n'est pas actif, il est dans un coin de la salle de
cours sur son coussin pendant que celle-ci se déroule normalement avec,
au sein de la classe, plusieurs adolescents accompagnés de deux
éducateurs. Junky peut déambuler au sein de la classe comme il le
souhaite, les enfants peuvent alors interagir avec lui. À la fin de la
séance, à 11h30, plusieurs adolescents demandent à
caresser Junky s'il est retourné sur son coussin. La pause
déjeuner se déroule dans une salle à part, sans les
enfants, avec la présence du personnel de la structure où il
5
nous accompagne. La séance de l'après-midi
commence à 13h30 avec 3 enfants ne s'entendant pas entre eux. Elle
commence autour d'une table ronde avec le programme de la séance, puis
des agrès d'agility sont installés, le but est que les enfants
arrivent à faire faire au chien un parcours entier à la fin des
séances avec un spectacle en fin d'année. Pour cela, les enfants
doivent apprendre petit à petit au chien les différents
obstacles, les enfants doivent s'entraider pour cela. Junky est donc
particulièrement sollicité au cours de cette séance qui se
termine à 14h30 par un compte-rendu du ressenti de chacun.
Protocole
Dans les deux cas (avec et sans médiation), les
étapes qui suivent se déroulent aux même heures (vers 10h
au début de la journée et vers 15h à la fin), dans des
lieux au maximum similaires c'est-à-dire des salles fermées avec
seulement la présence de la maîtresse et de
l'expérimentateur et un minimum de perturbations extérieures.
Etape 1
Dans la salle, on laisse Junky agir librement. Ses actions
sont filmées pendant 10min pour pouvoir par la suite relever et
comptabiliser les occurrences des comportements liés au stress. À
l'oral on ajoute quelques notes qui pourraient être intéressantes
qualitativement pour les retranscrire par la suite par écrit.
Etape 2
La fatigue du chien est mesurée grâce à
l'utilisation d'un jeu : « rapporter ». Dans la même salle, sur
une courte distance qui est toujours la même, la propriétaire
lance un jouet auquel Junky est habitué pour qu'il puisse le rapporter.
On lance le chronomètre à partir du moment où le jouet est
lancé pour le stopper quand le chien l'a rapporté. 10
lancés sont effectués à chaque fois. Des notes sont
également prises dans un but qualitatif.
Ethogramme
L'éthogramme suivant regroupe les comportements
relevés dans les vidéos et considérés comme des
éléments indicatifs du stress chez le chien :
Comportements
|
Descriptions
|
|
|
Vocalisation
|
Geignement, aboiement, grognement
|
6
Halètement
|
Sort la langue et halète
|
Léchage du museau
|
Le bout de la langue sort et lèche le museau
|
Paw lifting
|
Tend la patte avant
|
Sursaut
|
Sursaute
|
Urine
|
Urine
|
Défèque
|
Défèque
|
Agression
|
Poils soulevés accompagné de grognements
|
Se mord la queue
|
Tourne en rond pour attraper sa queue
|
Soupir
|
Expire d'un seul coup
|
Posture basse
|
Queue en position basse, voire repliée sous les pattes
; oreilles basses, voire couchée sur la tête, pattes
fléchies ou non ; sur le ventre ou non
|
Bâillement
|
Baille
|
Auto-toilettage
|
Se lèche une partie du corps
|
Grattage
|
Se gratte une partie du corps
|
Etirement
|
S'étire
|
Se secoue
|
Se secoue
|
Analyses statistiques
En raison du petit nombre de journées où il a
été possible de faire les mesures, des tests
non-paramétriques sont utilisés. La totalité de ces tests
sont effectués grâce au logiciel R version 3.2.2. Au vue des
journées où il a été possible de faire des
relevés, nous avons à notre disposition 4 journées avec
médiation dites ON, et 6 journées sans médiation dites
OFF. Pour chacune des journées les relevés étaient
effectués une fois le matin et une fois dans l'après-midi
(marqué « soir » dans les résultats) pour chaque
modalité (stress et fatigue).
7
Comparaison entre les matins et les soirs des
différents types de journées
Une analyse descriptive est effectuée puis on compare
les moyennes des occurrences de comportements de stress ainsi que du temps de
latence pour rapporter pour les matins avec et sans médiation ainsi que
les soirs avec et sans médiation grâce à un test de
permutation pour groupes indépendants (méthode exacte). Ceci afin
de répondre à la problématique principale concernant
l'augmentation du stress et de la fatigue à la fin des journées
avec médiation. Cependant pour compléter l'analyse d'autres
comparaisons sont effectuées.
Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes
types de journées
On commence par faire une analyse descriptive, puis une
comparaison des moyennes des occurrences des comportements de stress et du
temps mis pour rapporter entre les matins et les soirs pour d'un
côté les journées avec médiation et d'un autre les
journées sans médiation. Pour ce faire on effectue un test avec
la méthode de Monte-Carlo au vue des groupes appariés.
Comparaison entre les journées avec et sans
médiation en totalité
Une analyse descriptive est tout d'abord effectuée,
puis une comparaison des moyennes des occurrences de comportements de stress
ainsi que du temps mis pour rapporter matin et soir. Pour cela, des tests
exacts de permutation ont été réalisés entre les
deux types de journées sans distinction entre matin et soir.
Résultats
Comparaison entre les matins et les soirs des
différents types de journées Le stress
Avec l'analyse descriptive, on peut en effet observer des
différences entre matins et soirs des journées différentes
(cf. Figure 1). Le matin des journées ON semble être plus
stressant que le matin des journées OFF (32,25 occurrences de
comportements de stress #177; 19,10 contre 20,33 #177; 8,07). Pour le soir,
à première vue ce serait l'inverse avec une moyenne de 20,67
#177; 7,63 pour les journées OFF contre 14,75 #177; 6,85 pour les
journées ON. Cependant ces différences ne sont pas significatives
: p=0,20 (Z=-1,32) pour les matins et p=0,24 (Z=1,21) pour les soirs
d'après les tests de permutation.
Figure 1 : Moyennes des occurrences des comportements de
stress en fonction du moment de la journée (matin ou soir) et selon le
type de journée (ON en gris ou OFF en noir). Les barres d'erreurs
représentent les écart-types.
La fatigue
Il n'y a aucune différence entre les matins et les
soirs des différentes journées concernant la fatigue du chien
(cf. Figure 2). En effet, pour le matin on a une moyenne de 5,34 sec #177; 0,32
concernant les journées OFF et 5,53 sec #177; 0,49 pour les
journées ON (p=0,47, Z=0,79). Pour le soir le même schéma
se répète avec une moyenne de 5,69 sec #177; 0,64 pour rapporter
lors des journées OFF et 5,73 sec #177; 0,22 pour les journées ON
(p=0,92, Z=-0,12).
|
Figure 2 : Moyennes
des temps en secondes mis par le chien pour rapporter
le jouet en fonction du moment de la journée (matin ou soir) et selon le
type de journée (ON en gris et OFF en noir). Les barres
d'erreurs
représentent
les écart-types.
8
|
9
Comparaison entre les matins et les soirs des mêmes
types de journées Le stress
Concernant les journées ON (avec médiation), on
peut constater une différence entre le nombre de comportements de stress
en moyenne le matin (32,25 #177; 19,10) et le soir (14,75 #177; 6,85).
Cependant cette différence n'est pas significative (p=0,14, Z=1,52).
Pour les journées OFF (sans médiation), on ne distingue pas de
différence même dans l'analyse descriptive, le nombre de
comportements de stress en moyenne est de 20,33 #177; 8,07 le matin et de 20,67
#177; 7,63 le soir. Le test de permutation vient confirmer cette absence de
différence de par sa non significativité (p=0,97 Z=-0,08). Cf.
Figure 3.
Figure 3 : Moyennes des occurrences des comportements de
stress en fonction du type de journée (ON ou OFF) et selon le moment de
la journée (matin en noir et soir en gris). Les barres d'erreurs
représentent les écart-types.
La fatigue
Comme signalé précédemment au niveau de
la fatigue on ne distingue pas de changement particulier entre matins et soirs
des différents types de journées, il en est de même quand
on compare le matin et le soir d'une même journée (cf. Figure 4).
En effet, concernant les journées ON, le temps moyen en secondes mis par
le chien pour rapporter le jouet est de 5,53 sec #177; 0,49 le matin et de 5,73
#177; 0,22 le soir. Après avoir effectué un test de permutation,
on confirme que la différence n'est pas significative (p=0,51, Z=-0,74).
En
10
ce qui concerne les journées OFF, on retrouve des
valeurs similaires avec une moyenne de 5,34 sec #177; 0,32 le matin et 5,69 sec
#177; 0,64 le soir. De même la différence observée n'est
pas significative (p=0,26, Z=-1,18).
Figure 4 : Moyennes des temps en secondes mis par le
chien pour rapporter le jouet en fonction du type de journée (OFF ou ON)
et selon le moment de la journée (matin en noir et soir en gris). Les
barres d'erreurs représentent les écart-types.
Comparaison des journées avec et sans médiation
en totalité Le stress
Une petite différence peut être perçue
entre la moyenne des occurrences des comportements de stress sur la
journée entière des journées OFF (20,5 #177; 7,49) et des
journées ON (23,5 #177; 16,25). Cependant cette différence n'est
pas significative (p=0,62, Z=-0,57). Cf. Figure 5.
Figure 5 : Moyennes des occurrences des comportements
de stress du chien en fonction des deux types de journées (OFF ou
ON). Les barres d'erreurs représentent les
écart-types.
La fatigue
La différence des moyennes du temps en secondes mis par
le chien pour rapporter sur la totalité d'une journée par rapport
à l'autre est faible (cf. Figure 6). Nous avons une moyenne de 5,51
#177; 0,51 concernant les journées OFF et une moyenne de 5,63 #177; 0,37
concernant les journées ON. Cette légère différence
n'est pas significative (p=0,58, Z=1,18).
|
Figure 6 : Moyennes des temps en secondes mis par le
chien pour rapporter le jouet en fonction du type des deux types de
journées (OFF ou ON). Les
barres d'erreurs
représentent les
écart-types.
11
|
12
Discussion
Notre étude ne semble pas montrer un stress ou une
fatigue particulière du chien lorsqu'il fait des séances de
médiation pour des enfants avec des troubles du comportement. En effet,
le chien étudié ici n'est pas plus stressé ou plus
fatigué lors d'une journée avec médiation par rapport
à une journée sans médiation, les différences
étant non significatives pour toutes les comparaisons testées.
Notre hypothèse qui était que le chien devrait être plus
stressé ou plus fatigué, comme un humain l'est au contact de
personnes présentant des pathologies semble donc erronée.
Peut-être que le chien est plus apte que l'Homme à supporter cette
présence ? On peut toutefois remarquer l'écart-type important
lors de la moyenne des comportements de stress concernant le matin des
journées ON qui est dû à une grande excitation du chien
à cause d'un animal poursuivi à sa sortie de voiture lors d'un
matin de relevé. Lors d'une grande excitation comme ce fut le cas ici,
beaucoup d'halètement sont présents, hors Beerda et al (1997) ne
précisent pas les signes qui peuvent indiquer le stress autour de
l'halètement, leurs grands nombre est donc comptabilisés
malgré tout.
Cependant en discutant avec la maitresse de Junky, elle m'a
parlé d'une différence dans le comportement de son chien selon le
type de journée. En effet, une fois rentrés chez eux Junky est
fatigué et reste couché après une journée de
médiation alors qu'il est encore éveillé après une
journée sans médiation. Aussi, la méthode utilisée
pour calculer la fatigue n'est peut-être pas concluante et devrait
être changée. Junky n'étant plus habitué à
rapporter il arrivait qu'il lâche le jouet avant d'arriver à sa
maitresse afin de recevoir plus vite une récompense. Dans ces
cas-là, à partir du moment où il a fait le geste de
ramener le jouet, même en le lâchant avant je comptabilisais le
temps mis pour aller jusqu'à elle, par contre je ne comptais pas s'il ne
prenait même pas la peine de ramener le jouet. Ainsi plusieurs fois il
n'a pas ramené le jouet à cause d'une perturbation
extérieure et une perte de concentration. Par contre on peut noter que
pendant la période où une vidéo était faite, lors
des journées sans médiation, Junky récupérait le
jouet posé sur la table et demandait à jouer, surtout sur les
dernières séances. Il semblerait donc qu'un
phénomène d'habituation se soit mis en place, le chien associant
cette pièce au jeu. Dans celle-ci, il y avait de la moquette que Junky
apprécie beaucoup et à tendance à s'y frotter ce qui est
un signe de bien-être (Dehasse 2009).
13
Plusieurs limites sont à signaler à propos des
résultats. Tout d'abord le temps nous était compté
d'autant plus qu'une seule journée par semaine était
consacrée à la médiation, sans doute que faire les
relevés tout au long d'une année scolaire aurait donné de
meilleurs résultats. De plus pendant cette période, sont
intervenues deux semaines de vacances scolaires ainsi qu'un jour
férié correspondant au jour des analyses avec médiation.
Le milieu scolaire est plein d'imprévus (Bénaïoun-Ramirez
2009) et j'ai pu réellement le constater en étant sur le terrain,
encore plus quand il s'agit d'un ITEP avec des enfants aux comportements
imprévisibles d'une séance à l'autre que les enseignants
éducateurs doivent gérer au mieux (Ponsard 2012). Ainsi à
chaque séance les élèves n'étaient plus les
mêmes, quand certains partaient pour des raisons qui leurs sont propres,
d'autres arrivaient. De plus dans le contexte actuel (Renoult 2016), certaines
journées ont été raccourcies de par les enseignants
faisant grèves et donc n'assurant pas les cours. On peut
également signaler que, devant m'adapter au terrain, les lieux des
journées avec médiation et ceux des journées sans
médiation pour effectuer les mesures n'étaient pas les
mêmes. Les conditions étaient respectées au maximum
cependant des différences sont obligatoirement présentes. Aussi,
comme les lieux de relevés étaient différents, le trajet
n'était pas tout à fait le même ainsi que le temps
passé par le chien en voiture. Les lieux de promenade pour sortir le
chien étaient aussi différents par conséquent.
Il serait intéressant de continuer dans cette voie,
avec un plus grand échantillon de chiens ou même vérifier
chez d'autres espèces en standardisant mieux les conditions de
relevés. On pourrait également varier les publics auprès
desquels les médiations sont réalisées, des
différences sont peut-être visibles selon l'âge et/ou la
pathologie des patients ?
Remerciements
Je tiens à remercier Céline Barrier et son
compagnon à 4 pattes Junky pour m'avoir permis de faire mon stage
à ses côtés et pour m'avoir aidée tout au long de
ces deux mois. Je remercie également les équipes du Pôle
Collectif Saint Simon de Toulouse et de l'ERASME de Labège pour m'avoir
intégrée si facilement dans leurs structures respectives. Je
remercie ma tutrice Renée Fénéron pour avoir pris le temps
de me conseiller et de répondre à mes nombreuses interrogations,
ainsi que Jean-Luc Durand pour son aide en statistiques. Enfin, un dernier
merci pour tous les autres qui m'ont aidée dans la rédaction de
ce mémoire.
14
Références bibliographiques
Aubertin, C. 2012. Réponses comportementales
indicatrices de stress chez des futurs chiens d'assistance en réaction
à la vie en groupe. Mémoire de Master 1 Ethologie, Villetaneuse :
Université de Paris 13.
Barrier, C. 2013. Un chien dans la classe : étude
expérimentale de l'effet d'un animal médiateur sur le climat
social de la classe d'ITEP. Mémoire de Master 2 Recherche en
Éducation, Formation et Pratiques Sociales, Toulouse : Université
de Toulouse II-Le Mirail.
Beerda, B., Schilder, M. B., van Hooff, J. A., & De Vries,
H. W. 1997. Manifestations of chronic and acute stress in dogs. Applied
Animal Behaviour Science 52(3): 307-319.
Beerda, B., Schilder, M. B., Van Hooff, J. A., De Vries, H.
W., & Mol, J. A. 1999. Chronic stress in dogs subjected to social and
spatial restriction. I. Behavioral responses. Physiology and Behavior
66(2) : 233-242.
Bénaïoun-Ramirez, N. 2009. Faire avec les
imprévus en classe: représentations professionnelles et
construction de la professionnalité. Chronique sociale.
Collectif AIRe. 2013. Ces enfants, qu'est-ce qu'ils ont ?
Qu'est-ce qu'on fait avec eux ?. Empan 92: 25-31
Dehasse, J. 2009. Tout sur la psychologie du chien.
Paris : Odile Jacob.
Grandgeorge, M. 2010. Le lien à l'animal permet-il une
récupération sociale et cognitive chez l'enfant avec autisme ?.
Thèse de Doctorat en psychologie du développement, Rennes :
Université de Rennes 2.
Hiby, E.F., Rooney, N.J. & Bradshaw, J.W.S. 2006.
Behavioural and physiological responses of dogs entering re-homing kennels.
Physiology and Behavior 89: 385-391.
Maurer, M., Delfour, F., & Adrien, J. L. 2008. Analyse de
dix recherches sur la thérapie assistée par l'animal: quelle
méthodologie pour quels effets?. Journal de Réadaptation
Médicale: Pratique et Formation en Médecine Physique et de
Réadaptation 28(4) : 153159.
15
Ponsard, C. 2012. La scolarisation des élèves
présentant des difficultés psychologiques à expression
comportementale: l'école à l'itep, l'itep à
l'école. Enfances & Psy 54(1) : 92-101.
Renoult, M. 2016, 18 mai. Loi Travail. Manifestation, barrages,
trafic aérien perturbé et grève SNCF : un jeudi noir
à
Toulouse.
actu.cotetoulouse.fr. Repéré à
http://actu.cotetoulouse.fr/manifestation-contre-loi-travail-ce-qui-va-bloquer-toulouse-jeudi_36368/
Rooney, N.J., Gaines, S.A. & Bradshaw, J.W.S. 2007.
Behavioural and glucocorticoid responses of dogs (Canis familiaris) to
kenneling: Investigating mitigation of stress by prior habituation.
Physiology and Behaviour 92: 847-854.
Tavares, M. O. P. 2009. Le burnout chez les soignants :
facteurs prédisposants et moyens de prévention. Mémoire de
Bachelor of science HES-SO en soins infirmiers, Fribourg : Haute école
de santé.
Tuber, D.S., Sanders, S., Hennessy, M.B. & Miller, J.A.
1996. Behavioral and glucocorticoid responses of adult domestic dogs (Canis
familiaris) to companionship and social separation. Journal of
Comparative Psychology 110: 103-8.
Vernay, D et les membres du GRETFA. 2005. Animal et handicap.
In: La communication, pp. 17-23. Marseille : Solal.
Widlöcher, D. 2004. Dissection de l'empathie. Revue
française de psychanalyse 68(3): 981-992.
16
Résumé :
La médiation animale est un domaine encore mal
défini et encadré, cependant des résultats tendent
à montrer une amélioration chez les personnes pathologiques lors
de la présence d'un animal à leur côté. Qu'en est-il
des effets pour ce dernier ? Les encadrants de ces personnes ont tendance
à montrer de la fatigue allant parfois jusqu'au burn-out. Le but de
cette étude est de voir si l'animal utilisé pour les
médiations - ici un chien - ne ressent pas lui aussi du stress ou de la
fatigue lorsqu'il est mis en situation de médiation. Pour cela, un
éthogramme général du stress du chien a été
établit et les comportements au début et à la fin des
journées avec et sans médiation sont relevés pour comparer
les occurrences d'apparition. La fatigue aussi est calculée grâce
à l'utilisation du jeu « rapporter », où on
relève le temps mis par le chien pour ramener le jouet à sa
propriétaire.
Nos résultats ne nous indiquent pas de
différences significatives, que ce soit entre matin et soir ou entre les
deux types de journées d'une manière générale. Cela
pourrait nous laisser penser que le chien est plus fort moralement pour
être au côté des personnes ayant une pathologie, comme des
enfants avec des troubles du comportement. Une poursuite de l'étude
serait intéressante pour vérifier cela d'une façon plus
standardisée avec un plus grand échantillon, chez d'autres
espèces, ou vis-à-vis d'autres publics.
Mots-clefs : chien ; médiation animale
; interventions assistées par l'animal ; ITEP ; stress ; fatigue ;
comportement.
Abstract :
Animal mediation is a poorly defined and framed field, however
the results tend to show an improvement in pathological people in presence of
an animal. But what about the effects on this one ? Supervisors of these people
tend to present tiredness and sometimes a burnout. The aim of this study is to
see if the animal used for the mediation - a dog for instance - don't feel any
stress or tiredness when he is placed in situation of mediation. For this, a
general ethogram of dog's stress was established and the behavior at the
beginning and the end of days with and without mediation are recorded to
compare appearances. Tiredness is also calculated by using the game «
bring », where we measure the time for the dog to return a toy to his
owner.
Our results didn't indicate significant differences between
the beginning or the end of the two types of days. This might lead us to
believe that dogs are morally stronger for being with of pathological
individuals, like children with behavioral disorders. A continue the research
would be interesting for check it in a more standardized way, with a large
sample size, in other species, or with another population.
Keywords : dog ; animal mediation ; assisted
interventions by animals ; ITEP ; stress ; tiredness ; behaviour.
|