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La transition durable dans les petites villes : le cas de Barcelonnette


par Charly Muziotti
Université du Mans - Master Gestion des Territoires et Développement Local 2019
  

Disponible en mode multipage

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Année universitaire 2018-2019

Master Gestion des Territoires et Développement Local

Parcours POLITER

Politiques territoriales de développement durable

Mémoire de Master 2

La transition durable dans les petites villes :

Le cas de Barcelonnette

Charly MUZIOTTI

Sous la direction de Sandrine BACCONIER-BAYLET

REMERCIEMENTS

Ce mémoire a été l'occasion pour moi d'apprendre à mieux connaître la ville dont je suis originaire. Outre cela, il m'a aussi permis de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la transition durable dans des villes qui n'ont que trop peu de moyens et de compétences.

Ce que j'en ai retiré, je le dois à de très nombreuses personnes qui ont su se montrer disponibles lorsque j'en avais besoin, et qui ont pris le temps nécessaire pour développer le sujet.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes sans qui ce mémoire n'aurait pas eu de sens :

Claude GOURON, président d'Énergies Modernes Ubaye pour m'avoir détaillé longuement l'histoire, le présent et le futur de la SCIC, avec toutes les embûches sur son parcours et leurs espoirs d'y arriver, malgré tout.

Coralie SEWERY et Jean Michel PAYOT, respectivement directrice du Pays S.U.D. et élu à la communauté des communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon, qui m'ont accueillis dans leurs locaux et m'ont donné de précieuses informations sur leurs activités et leurs rôles dans ce projet ambitieux.

Sabine BLATTMANN, conseillère municipale à Barcelonnette, pour avoir pris le temps de me donner son ressenti sur les ambitions de la commune et sur les réalités du terrain.

J'adresse un grand remerciement au maire de Barcelonnette, Pierre MARTIN CHARPENEL. D'une part pour avoir mis l'idée sur la table d'une autonomie énergétique dans la commune et sa sensibilité à l'égard de l'écologie. D'autre part, pour m'avoir accordé une interview dans son emploi du temps chargé.

Sandrine BACCONNIER-BAYLET qui m'a aiguillé, corrigé, supporté à chaque ligne de ce mémoire et qui m'a permis, grâce à ses connaissances et à sa patience, de faire ce mémoire.

Enfin, merci à Lucie ENJOLVY, ma compagne et à mes amis qui ont du, malgré eux, subir mes états d'âmes, mes doutes et mes craintes tout au long de la rédaction.

SOMMAIRE

Introduction 1

I. Les petites villes, des entités limitées en termes de compétences et de

moyens, qui doivent se réinventer pour perdurer dans le temps 2

1. Les petites villes, entre influence limitée et pouvoir structurant 2

A. La petite ville, une entité floue pouvant être abordée de différentes

manières 2

B. Le développement des petites villes : de la décentralisation des politiques

à la gouvernance locale 3

C. Un contexte fluctuant, entre exode rural et externalité négatives : la petite

ville face à ses problématiques actuelles 4

2. La transition écologique, un concept jeune qui oblige la ville à se

réorganiser 5

A. La ville, un modèle qui s'essouffle, en quête de renouveau 5

B. La transition, un concept jeune, qui passe par l'implication des citoyens

dans les processus de décision 7

3. Le développement territorial, un aspect majeur dans la transition des

petites villes vers un mode de vie durable confronté à des défis de taille 9

A. La ville durable, comment créer le concept dans l'imaginaire et la manière

d'aborder la ville ? 9

B. Les documents d'urbanisme et les agendas 21, des outils efficaces pour

amorcer la transition ? 10

C. La transition durable, une vision ambitieuse de l'avenir, qui peine encore

à s'imposer comme la norme 11

II. Barcelonnette, ville enclavée au rôle fédérateur sur son territoire

alentours, entre contraintes et potentialités d'une petite ville structurante 16

1. Une méthodologie analytique et empirique pour comprendre un sujet

majeur, transversal à tous les domaines politiques 16

A. Des données qualitatives et quantitatives pour éclairer notre propos 16

B. Des entretiens semi-directifs pour comprendre les problématiques en jeu 17

C. Des limites méthodologiques inhérentes à la recherche dont il faut avoir

conscience 18

2. Un territoire organisé le long de l'Ubaye, articulé entre une communauté

des communes et une association de territoires, qui joue un rôle prépondérant

dans le développement local et les projets d'avenir 19

A. Un territoire centralisé autour de l'Ubaye, qui va de sa source au lac de

Serre-Ponçon 19

B. Un environnement riche et fragile sur lequel repose une économie locale

importante, qui doit être protégé pour perdurer dans le temps 20

C. Une consommation énergétique majoritairement saisonnière et largement

tournée vers le secteur résidentiel et les transports routiers 24

3. Un territoire pertinent pour aborder la problématique de la transition

durable dans les territoires ruraux isolés 25

A. Un secteur économique saisonnier éloigné de l'influence d'une métropole 25

B. Le Pays S.U.D., entre développement rural et volonté d'être précurseur

dans la résilience 27

C. Un TEPOS pertinent compte tenu des potentialités énergétiques 28

III. Un territoire divisé en plusieurs entités politiques qui peine à porter les

projets de transition durable 34

1. Des décideurs locaux pour aborder la problématique à différentes échelles
34

2. Des projets pléthoriques, qui répondent à des logiques de priorité et de

budget 35

3. Des freins liés à des problématiques locales propres aux petites villes 42

4. Différents outils peuvent être mis en oeuvre à l'échelle des petites villes

pour exploiter les potentialités locales 46

Conclusion 53

1

INTRODUCTION

Les considérations écologiques ne sont pas nouvelles. Dès le début des années 1960, de nombreuses voix s'élèvent pour alerter contre les dérives liées à nos modes de vie. En 1962, Rachel Carson publie « Silent Spring » et enclenche une vague de prise de conscience dans le monde occidental. Cette vague écologiste, d'abord cantonnée aux individus eux-mêmes, ne tarde pas à se répandre dans les sphères politiques. Cela a eu pour conséquence de politiser le développement durable comme un objectif transversal à toutes les disciplines, un fil conducteur pour lequel chacun doit prendre ses responsabilités. Les années 1970 marquent l'entrée dans une nouvelle ère en termes d'écologisme. Les premières considérations à propos de l'ozone en Antarctique ainsi que divers effets néfastes entraînent l'émergence successive de Greenpeace (1971), du premier sommet de la Terre (Stockholm, 1972), du Rapport Meadows (1972) et du Mouvement Écologique en France (1974). La fin de la décennie est marquée par les catastrophes de Seveso (Italie, 1976), de l'Amoco Cadiz (France, 1978) et de Three Mile Island (États-Unis, 1979).

Il est vite mis en exergue que le développement durable passera par une adaptation des comportements à toutes les échelles et pas seulement à l'échelle des puissances étatiques. Cela a mené à la création des Conférences des Parties (COP), dont la première édition à Berlin en 1995 a rassemblé des acteurs non gouvernementaux divers et variés (ONG, associations, villes, entreprises et citoyens).

Cette prise de conscience générale de toutes les strates a développé la marge d'actions des villes pour en faire des acteurs à part entière dans la lutte contre le changement climatique. La décentralisation du pouvoir décisionnel leur a permis d'envisager un développement à l'échelle territorial, plus à même de répondre aux spécificités locales. Depuis, les théories et projets se multiplient dans le monde et de nombreuses villes s'inscrivent en pionnières de nouvelles formes d'urbanisme et de développement. Les villes font de cette « course à la durabilité » un argument marketing, mais pas seulement. Elles aspirent à intégrer leurs citoyens dans un processus général dans lequel tous les aspects sont abordés sous l'angle du développement durable et de ses trois piliers : l'environnement, l'économie et le social.

Cet élan renforce les villes et les rend plus indépendantes. Cependant, ces actions nécessitent des ressources humaines et financières importantes, d'autant plus que le recul sur le développement durable étant encore faible, elles sont en phase d'expérimentation de la ville durable. A ce titre, il convient de dissocier les grandes villes et/ou métropoles, détentrices de moyens conséquents, des petites villes isolées, dont la marge de manoeuvre est, par définition, réduite.

Comment les petites villes participent-elles à la transition écologique à leur échelle ? Peuvent-elles être pionnières au même titre que les grandes villes ou sont-elles condamnées à suivre voire se fondre dans ces dernières ?

I. Les petites villes

,

2

des entités

limitées en termes de compétences

et de moyens, qui doivent se

réinventer pour perdurer dans le

temps

1. Les petites villes, entre influence limitée et pouvoir structurant

A. La petite ville, une entité floue pouvant être abordée de différentes manières

Avant toute chose, il convient de définir ce qu'est une petite ville. Le seuil statistique de l'urbain se situe aujourd'hui à 2 000 habitants, une petite ville ne peut donc en compter moins. Cependant, la définition d'une petite ville varie fortement d'une étude à l'autre et selon qui l'étudie. Par exemple, l'INSEE retient régulièrement le seuil de 3 000 habitants pour comptabiliser les petites villes, laissant ainsi un vide sémantique pour les villes entre 2000 et 3000 habitants. Les géographes, eux, adoptent généralement un seuil de 5 000 habitants (MAINET, 2008). Concernant la limite supérieure, il y a là aussi des fluctuations avec une limite hausse généralement admise à 20 000/25 000 habitants (LABORIE 1997) (EDOUARD 2007).

Cependant, il est aujourd'hui difficile de définir une petite ville en termes de seuil François TAULELLE souligne qu'»il y a presque autant de seuils que de chercheurs» (2010). Ces seuils sont amenés à varier selon les spécificités géographiques mais aussi d'un pays à l'autre. Afin de définir si une ville est petite ou moyenne, il ne faut pas seulement prendre en compte le seuil de population. Il est nécessaire aussi de mesurer sa taille de manière proportionnelle avec les villes alentours (DEMAZIERE, 2017). Il est possible de considérer les petites villes et les villes moyennes comme des entités plus ou moins similaires en ce sens qu'elles constituent des pôles urbains de l'espace non métropolisé (KAYSER, 1969).

Selon J-P Frey, «si l'on peut toujours donner un chiffre approximatif au titre d'ordre de grandeur pour qualifier de petite ville une agglomération par rapport à d'autres, seules ses caractéristiques intrinsèques permettent de sortir le chercheur de l'embarras » (FREY, 2002). De fait, il est réducteur de n'utiliser que les seuils pour définir la taille d'une ville même si cela apporte une première indication sur la forme urbaine. Il faut donc ajouter une nouvelle variable pour rendre la définition plus précise. Cette couche supplémentaire, c'est la fonction urbaine. Cette variable est liée à la taille et plus une ville est grande, plus elle accumulera de fonctions. La fonction urbaine permet de pondérer le poids des villes dans leur environnement proche. Ainsi, une petite ville pourra bénéficier d'une zone d'influence étendue, tandis qu'une ville moyenne pourra être phagocytée par la proximité d'une métropole ou d'une autre ville avec laquelle elle partagera les fonctions (TAULELLE, 2010).

3

Les études sur les petites villes se sont longtemps cantonnées aux monographies, les chercheurs ayant porté leurs efforts sur les «monstres» (GEORGES, 1968). Cependant, elles sont aujourd'hui considérées par certains auteurs comme «un outil de connaissance des changements qui affectent tout le pays» (Laborie, 1997). A partir des années 1990/2000, les problématiques liées aux petites villes se multiplient et elles apparaissent comme des territoires riches d'enseignements. Les résultats obtenus peuvent ainsi être transposés à un niveau plus global (EDOUARD, 2012). Cependant, les études récentes sur les territoires ruraux montrent que les «second towns» sont impliquées dans des changements sociaux et économiques plus larges que leur territoire (DEMAZIERE, 2015).

B. Le développement des petites villes : de la décentralisation des politiques à la gouvernance locale

Le contexte du développement a progressivement changé et ce pour trois raisons. Dans un premier temps, la hausse des mobilités a transformé les espaces ruraux en espaces de flux entre les villes et les campagnes. De fait, il n'est plus possible aujourd'hui de faire l'impasse sur les territoires ruraux lorsqu'on raisonne en termes de structuration spatiale (HERVIEU, VIARD 2001) (LACOUR, 2005). Deuxièmement, l'échelle de mise en place des politiques - progressivement réduite - a poussé à la mise en place de systèmes de gouvernance territoriale. Enfin, l'augmentation de la contractualisation et des documents régissant les orientations à venir (SRU, Loi Urbanisme et Habitat) modifie la nature des décisions prises pour l'avenir du territoire.

A partir des années 1970, des politiques spécifiques succèdent aux politiques des métropoles d'équilibre de la décennie précédente. Ces politiques visent à accompagner la croissance démographique des petites et moyennes villes en réhabilitant les centres-villes pour améliorer leur rayonnement (TAULELLE, 2010). Ces politiques s'amplifient à partir des années 1990 pour harmoniser la répartition des hommes et des activités sur le territoire français.

D'un point de vue de la gouvernance des territoires ruraux, sont associés d'une part la proximité géographique des acteurs et d'autre part la proximité organisée. Il y a donc une logique de voisinage entre les acteurs mais aussi une logique de similitude qui les lie. De plus, la gouvernance régit et organise les rapports locaux mais aussi les rapports avec les acteurs extérieurs au territoire mais qui peuvent potentiellement y jouer un rôle (ANGEON, BERTRAND, 2009). Comme le précise B. Pecqueur et J-B. Zimmermann (2004) : « la proximité géographique est subordonnée à la proximité organisée », la proximité géographique jouant davantage un rôle de mise en contexte de la problématique (BERTRAND, MOQUAY, 2004). Plus le territoire est petit, plus la cohérence entre les projets est amplifiée. Cela est dû au fait que la proximité organisée est plus facile à mettre en oeuvre sur des territoires limités (ANGEON, BERTRAND, 2009).

4

C. Un contexte fluctuant, entre exode rural et externalité négatives : la petite ville face à ses problématiques actuelles

Les territoires ruraux ont longtemps fait office d'espaces de production agricole et la politique agricole de la France a entretenu cette représentation. Cependant, nous observons aujourd'hui une baisse de la production et donc des revenus qui oblige à envisager une reconversion de ces territoires afin d'en assurer la pérennité future (CORNET, AZNAR, JANNEAUX, 2010).

C'est un fait, les métropoles prennent une place de plus en plus importante dans leur territoire et, de ce fait ont une influence sur les petites villes environnantes. Pour François GRETHER, « L'attraction des grandes villes se fait au détriment des petites » (site Batiactu, 2013). En observant les effets de la métropolisation, il est possible de souligner que les villes se spécialisent. Ainsi, les villes petites et moyennes qui intègrent ces super agglomérations peuvent se voir cantonnées à des fonctions de villes dortoirs ou d'autres fonctions telles que la ville commerce, la ville travail ou la ville administrative (LEGUE, 2006). L'effet de polarisation des richesses et des hommes est un autre effet de la métropolisation qui peut toucher les villes se situant même en dehors de l'aire d'influence directe (TAULELLE, 2010). Cependant, les petites villes conservent un pouvoir structurant de leur territoire alentour, c'est pourquoi il semble judicieux de ne pas trop concentrer les services et la population dans les métropoles mais plutôt tendre vers un équilibre ville/campagne qui saurait permettre aux deux configurations de perdurer de manière complémentaire (FEREROL, 2016).

Les territoires ruraux peuvent aujourd'hui être envisagés selon la typologie proposée par la DATAR en 2011 (PISTRE, 2015) :

? Les campagnes des villes, du littoral et des vallées organisées ; ? Les campagnes agricoles et industrielles ;

? Les campagnes vieillies à très faible densité.

L'espace rural se caractériserait par un vieillissement de la population ainsi qu'une pauvreté croissante (LE RAMEAU, 2016). Cependant, nous observons une inversion de la tendance à l'exode rural. En effet, depuis 2012, 1,5 millions de personnes ont déserté les villes pour s'installer dans les espaces ruraux (RIVAT, 2017). Ces personnes sont à la recherche d'un mode de vie plus sain et un retour à une consommation locale plus écologique et économique (PISTRE, 2015). On observe dans l'espace rural une plus grande résistance au chômage et il bénéficie d'un attrait marqué de la part de la classe moyenne qui recherche sa qualité de vie et un accès à la propriété simplifié. Pour autant, force est de constater que les espaces ruraux sont très dépendants de l'économie des pôles urbains environnants, ce qui les rend statistiquement plus précaires que les espaces urbains (CORNET, AZNAR, JANNEAUX, 2010).

5

2. La transition écologique, un concept jeune qui oblige la ville à se réorganiser

A. La ville, un modèle qui s'essouffle, en quête de renouveau

Le modèle des villes tel que nous le connaissons est en train de s'épuiser. En témoignent les dysfonctionnements qui commencent à apparaître tels que la hausse du chômage, la précarité énergétique ou encore la hausse des inégalités économiques. Afin d'améliorer l'impact que l'écologie a sur les actions concrètes, il faut la sortir de son discours alarmiste et aller vers un raisonnement pragmatique. Si cela a été utile pour alerter les populations des dangers liés à notre mode de vie, il faut aujourd'hui en sortir pour mener des politiques cohérentes et réalistes. Jusqu'à présent, la volonté d'aller vers une société efficace et efficiente a fait que la science et la technique ont privilégié les processus économiques (STATIUS, 2017). La faible prise en compte des voix citoyennes ne fait que renforcer le clivage Nature/Société. Cela a pour effet de considérer l'environnement comme une variable technique et pas comme un objet transversal à toutes les politiques. Le sentiment d'impuissance s'en trouve ainsi renforcé (LAIGLE, 2013).

Or la transition écologique peut se définir, selon Lydie LAIGLE (2013), d'une part par les associations et citoyens qui désirent agir sur leur territoire et se réapproprient leur environnement ; d'autre part par l'action publique dont le rôle est basé sur la justice environnementale et de redistribution pour limiter les inégalités des territoires.

Pour aller vers un processus de transition, il est nécessaire que les pouvoirs publics portent ces projets. Les objectifs et principes directeurs sont ainsi édictés à l'échelle nationale mais les modalités d'actions peuvent être adaptées en fonction de la spécificité de chaque territoire, tant que cela va dans le sens des objectifs (RIVAT, 2017). Cela est notamment important car le retour sur investissement de ces projets écologiques est trop lointain pour attirer des investisseurs privés. De plus, il est important, en parallèle de ces transitions, de former la population à l'écologie afin de fournir la filière en travailleurs qualifiés. Enfin et pour pallier à l'urgence, les pouvoirs publics peuvent encourager la réduction de la dépendance des habitants aux énergies non renouvelables. Une des solutions possibles en termes financiers se situe du côté de la Banque Centrale. Cette dernière pourrait accorder des prêts avantageux aux projets écologiques afin de lever le verrou financier qui bloque parfois ces initiatives (GRANDJEAN, 2012).

Les petites villes ont vu leur statut changer avec le retrait progressif des services publics. La tendance à la métropolisation a, en effet, eu un effet polarisant sur les services publics qui ont progressivement déserté les territoires ruraux (TAULELLE, 2010). Suite au retrait progressif de l'État des territoires ruraux, les villes ont du effectuer un travail de diagnostic afin d'identifier les forces et les faiblesses de leur territoire afin de les exploiter au mieux (DEMAZIERE, 2007). Ce diagnostic a permis d'intégrer la transition durable dans les visions d'avenir des petites villes qui peuvent ainsi prendre un nouveau départ et se libérer des modes de pensées nationaux.

6

Différents auteurs se sont penchés sur la question pour essayer d'extraire les grands axes d'une transition. Compte tenu que la transition est un phénomène récent, il est aujourd'hui difficile d'avoir suffisamment de recul pour juger du bien-fondé de ces axes. Alain GRANDJEAN dénombre 3 axes pouvant être développés pour organiser la transition énergétique :

· Réduire la consommation des ressources en augmentant l'efficacité énergétique, en réduisant les déchets à la source ou en pensant le bâti dans un diptyque incluant le transport ;

· Substituer progressivement les technologies propres aux technologies existantes pour un passage en douceur vers un mode de fonctionnement plus durable ;

· Prendre en compte la valeur intrinsèque des écosystèmes et investir dans leur restauration et/ou préservation.

Selon Rob Hopkins, il y a 3 composantes essentielles pour amorcer une transition durable :

· Relocaliser les activités sur le territoire en question ;

· Encourager les actions locales pour redonner vie au territoire ;

· Resserrer les liens de proximité afin de créer une réelle autonomie du territoire.

Quelles sont les capacités des municipalités pour influer sur la transition écologique ? Cette question mérite d'être posée. Car si la transition écologique est l'affaire de tous pour aller vers des modes de fonctionnements plus résilients, il n'en demeure pas moins que les spécificités locales obligent à ajuster les variables en fonction du territoire. A ce titre, les métropoles en font un argument de marketing territorial qui peut être déconnecté des véritables actions (HOULLIER-GUIBERT, 2009). Les villes petites et moyennes ne peuvent pas être comparées à des métropoles. Elles se situent dans un vaste entre-deux entre le bourg et la métropole (TAULELLE, 2010). A ce titre, les moyens mobilisés et les freins à la transition ne sont pas les mêmes. La proximité de l'échelon municipal avec les habitants renforce l'accessibilité et la possibilité d'influer sur les politiques, comme le dit Mathieu RIVAT (2017) : « La mairie devient un espace d'où peut se penser et se construire une autre manière d'habiter un territoire ». Il est possible de voir la petite ville comme un lieu de construction des pouvoirs, avec des relations très marquées entre l'administration et les élus et des relations sociales très fortes. Les élus ont des potentialités importantes en matière de négociations de politiques d'aménagement du territoire (TAULELLE, 2010). Mathieu RIVAT va plus loin en affirmant que la taille d'une ville est importante dans le processus de prise de décision. En effet, une petite ville n'a pas de structures lourdes, divisées en d'innombrables services et permet donc de faire bouger les choses plus rapidement et de conclure : « En matière de démocratie, la question de l'échelle est essentielle ». De fait, il importe aujourd'hui de reléguer les politiques du type « top-down » pour passer à des politiques dites « bottom-up » dans lesquelles les décisions sont prises du bas vers le haut. Ainsi, les habitants ne se font plus imposer la ville mais peuvent agir sur cette dernière (LEVY, 2009). Les réintégrer dans le processus décisionnel, c'est leur donner la possibilité de mesurer pleinement la force des enjeux qui façonnent cet organisme vivant qu'est la ville (JOUVE, 2007). Cela constitue une expérience à l'échelle locale qui ne peut être que

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bénéfique et entraîner des réponses plus adaptées, il est souvent reproché à la ville d'engager des experts qui apportent des réponses stéréotypées, venues d'ailleurs (CHEMETOV, 1994).

B. La transition, un concept jeune, qui passe par l'implication des citoyens dans les processus de décision

Les petites villes ont ceci de particulier qu'elles peuvent mobiliser plus facilement les citoyens. Comme nous l'avons vu précédemment, l'absence de structures lourdes et la proximité avec les élus permettent d'envisager la consultation des habitants comme une procédure efficace et relativement simple à mettre en place. Afin de permettre la transition, il faut permettre aux citoyens de se saisir des questions et problématiques liées à la transition écologique. Ainsi, il est primordial de les consulter et d'être attentif à ce qu'il se passe au niveau associatif. C'est par ces relais que les habitants se sentiront impliqués et en mesure d'apporter leur pierre à l'édifice (LAIGLE, 2013). Il y a des sujets qui requièrent une technicité importante évinçant de fait les habitants de la participation et de la co-construction. Cependant, les habitants peuvent être impliqués à leur échelle et en fonction de leurs compétences, en collaboration avec les experts des cabinets d'urbanisme (RIVAT, 2017). Impliquer les citoyens dans les décisions en matière de transition écologique permet de les rendre plus responsables et plus critiques. Leur implication est donc aussi une manière d'influer sur leurs comportements. Cela peut être amplifié par des initiatives telles que la mise en place d'un système d'actions qui permet aux citoyens d'investir et donc de rentrer au capital d'un projet écologique pour être encore plus impliqués dans le développement des alternatives durables (RIVAT, 2017). Bien que la gouvernance nécessite de revoir l'organisation des acteurs sur le territoire, il est possible d'observer que les acteurs locaux ayant comme objectif la transition durable se sont déjà organisés à leur échelle. Par exemple, les producteurs désireux de valoriser les circuits-courts ont mis en place des systèmes tels que les AMAP ou la vente directe afin de prendre les devants sur l'organisation générale du territoire (EYCHENNE, 2014). Ce sont des expériences que les élus locaux doivent prendre en compte afin d'intégrer ces actions à un niveau municipal. Il est, aujourd'hui, difficile d'interpréter la démarche en faisant un retour d'expériences. En effet, la démarche étant encore jeune, les données récoltées ne permettent pas de faire un retour probant sur ces initiatives. C'est pourquoi il peut être intéressant de se tourner vers les acteurs qui se sont déjà organisés en ce sens. Bien qu'ayant un recul encore limité, ils ont parfois des années d'avance et des premiers feedbacks qui encouragent les démarches à perdurer (EYCHENNE, 2014).

Pour permettre la participation des citoyens, il faut organiser des débats dans lesquels tous les échelons se confrontent afin d'aboutir à des pistes et des solutions pour amorcer la transition écologique. Les initiatives citoyennes apportent un regard citoyen qui permet de compléter la vision d'ensemble des initiatives publiques. Cela permet aussi de savoir quels sont les secteurs pour lesquels les habitants sont prêts à consacrer du temps et de l'énergie (LAIGLE, 2013). Afin de produire un débat de qualité dans lequel toutes les parties sont impliquées, Philippe BARRET dénote 3 conditions essentielles (2014) :

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? Toutes les parties doivent être impliquées et, surtout, chacune doit connaître à l'avance son niveau d'implication ;

? Définir dès le départ le preneur de décision ;

? Organiser un suivi et une continuité du débat car tout ne peut être résolu en une seule réunion.

Malgré ces conditions, le débat peut être freiné pour diverses raisons. Premièrement, le cadre du débat. En effet, si les enjeux sont flous, les solutions trouvées le seront tout autant et peuvent finalement s'éloigner du problème concret. Deuxièmement, il convient de savoir qui finance le dialogue ? Ce dernier a un coût qui est souvent supporté par les décideurs qui doivent ainsi optimiser le débat. L'erreur à ne pas faire serait de comparer le coût du débat avec le coût du «non-débat». Enfin, et cela est un problème qui se posera de plus en plus à l'avenir, le débat avec toutes les parties oblige à revoir le rôle de l'élu. Son pouvoir se trouvera diminué par la concertation, cependant, le rôle de l'élu est peut-être amené à passer de décisionnaire à organisateur du débat (BARRET, 2014).

Pour aller vers la transition durable, les petites villes possèdent un autre levier que beaucoup d'auteurs admettent comme primordial. Il s'agit de la relocalisation des activités au sein du territoire rural. La relocalisation des activités permet d'être moins dépendant des énergies fossiles et plus résilient face aux changements climatiques. Cela favorise de plus l'engagement citoyen et la prise d'initiative par les habitants du territoire, pour le territoire. Renforcer l'action locale permet d'envisager un développement durable plus ancré avec son territoire. Les actions écologiques trouveraient donc une utilité sociale en rapprochant consommateurs et producteurs locaux, tout en valorisant les initiatives prises à l'échelle du territoire (LAIGLE, 2013). Cependant, se concentrer sur l'activité locale en favorisant les circuits courts ne veut pas dire qu'il faille se couper de l'extérieur. Rester ouvert sur le territoire environnant est primordial, ne serait-ce que pour ne pas fonctionner en circuit clos et prendre le risque que les décisions soient déconnectées des problématiques réelles (RIVAT, 2017).

Les territoires ruraux peuvent se retrouver dépendants d'un employeur local ou d'un secteur d'activité. Un des principes de la durabilité serait alors de tendre vers la diversification des activités (RIVAT, 2017). Pour cela, les petites villes peuvent se regrouper sous forme de «Pays» afin d'avoir un poids politique plus important et une diversité accrue. Les lois sur l'intercommunalité et sur l'aménagement (loi sur les pays de 1995 et loi Voynet puis Chevènement de1999) témoignent de ces (en)jeux de pouvoirs avec les élus des villes petites et moyennes. Selon François TAULELLE (2010), elles ont permis :

? De conforter les communes dans leur rôle de centralité des intercommunalités ;

? A ces regroupements d'être porteurs de projets de développement, notamment en raisonnant en termes de «Pays».

Les intercommunalités ont donné un rôle de coordination des politiques locales aux villes petites et moyennes, renforçant ainsi leur centralité au sein des Pays (LABORIE, DELPEYROU, 2004).

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3. Le développement territorial, un aspect majeur dans la transition des petites villes vers un mode de vie durable confronté à des défis de taille

Afin d'organiser la transition vers une société plus résiliente, la petite ville doit adapter son développement territorial en intégrant des notions de développement durable en filigrane de toutes ses politiques. L'enjeu est plus compliqué qu'il n'y paraît et même si les connaissances sur le sujet sont chaque jour un peu plus poussées, il reste un long chemin à parcourir pour tendre vers la durabilité.

A. La ville durable, comment créer le concept dans l'imaginaire et la manière d'aborder la ville ?

Élaborer une ville durable, c'est avant tout impliquer ses habitants dans les processus. Et pour cela, il faut que ceux-ci se sentent appartenir à un tout qu'ils maîtrisent, façonnent et font évoluer en fonction des principes du développement durable, mais aussi de leurs besoins. La communication et l'information jouent des rôles essentiels dans la prise de conscience des enjeux et une communication ciblée sur la ville est de nature à créer et renforcer l'attachement des habitants à leur lieu de vie (SAUVAGEOT, 1997). De nombreux auteurs se sont penchés sur cet aspect de la ville durable et sur la communication à adopter pour aller dans ce sens. Cela a conduit deux auteurs à qualifier la ville durable de « mythe de la qualité totale » (THEYS, EMELIANOFF, 2001).

La communication de la ville répond à 3 objectifs qui agissent comme des lignes directrices (GAGNEBIEN, BAILLEUL, 2011) :

? Connaître les comportements des habitants pour éventuellement les pallier ou les encourager ;

? Mettre en avant le modèle prôné de la ville ;

? Informer et éduquer les citoyens à d'autres habitudes afin de tendre vers la durabilité.

Une fois ces principes mis en place, les débats peuvent être plus constructifs et ont de nature à imposer le développement durable de manière douce et transversale dans les considérations d'avenir et cela grâce à de nouvelles normes communicationnelles (GAGNEBIEN, BAILLEUL, 2011).

Créer un imaginaire autour de la ville durable, c'est aussi envisager des formes de travail peu ou pas utilisées pour le moment. Par exemple, de nombreux métiers peuvent aujourd'hui bénéficier d'un aménagement en télétravail afin de limiter les déplacements. Cela est d'autant plus vrai dans les territoires ruraux où les habitants sont amenés à parcourir des distances plus grandes qu'en milieu urbain et ce avec moins de possibilités de se reporter sur les transports en commun ou les mobilités douces (GANCE, 2013).

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L'homogénéisation des modes de vie entraîne une tendance à la métropolisation et à une augmentation de l'influence urbaine. Le territoire rural a cette particularité de présenter des avantages en matière de flexibilité et de lutte contre l'inertie, et en ce sens il est nécessaire de lutter contre cette uniformisation au profit d'une culture du rural plus marquée et plus à même d'aller dans le sens de la transition écologique (RHONALPENERGIE, 2012).

Nous observons ainsi des notions nouvelles telles que le « city branding » qui peut permettre aux territoires ruraux de tirer leur épingle du jeu. Cela consiste à mettre en avant les atouts de la ville dans une stratégie de marketing territorial afin de la rendre attractive auprès des populations et des entreprises (INSTITUT JULES DESTRÉE, 2012). Pour renforcer ce poids, les villes peuvent se rassembler en communauté des communes afin de mutualiser les forces et les coûts et améliorer la qualité de leurs services. Cependant, ce n'est pas la seule forme de rassemblement puisqu'au rassemblement par proximité géographique s'oppose celui par thématique. En effet, des regroupements tels que Cittaslow ou Réseau international des villes du bien vivre ou le réseau SEKOM (éco-municipalités) crée en Suède. Ce dernier a été fondé à Övertorneå en Suède en 1983 avant de s'étendre à 107 communes et consiste surtout en un échange d'expériences entre les communes participantes afin de mutualiser les connaissances et permettre un développement rapide de la ville durable.

B. Les documents d'urbanisme et les agendas 21

,

 

des outils efficaces pour amorcer la transition ?

Pour parvenir à leurs fins, les territoires bénéficient de plusieurs outils leur permettant d'aller vers le développement durable et la transition écologique.

En premier lieu, il y a tous les documents d'urbanisme qui permettent de tracer les lignes directrices des projets urbains, avec en tête de ceux-ci le Plan Local d'Urbanisme. Le PLU venu remplacer via la loi SRU (2000) le Plan d'Occupation des Sols, permet essentiellement d'effectuer un zonage dans les zones constructibles et non constructibles dans les années à venir. Cependant, le PLU va plus loin que le POS en intégrant un nouveau document, le Plan d'Aménagement et de Développement Durable (PADD). Le PADD peut et doit refléter une vision globale et politique de l'avenir de la commune, sous l'égide du développement durable, en intégrant l'urbanisme, mais aussi le logement, l'emploi, les déplacements (SCHMIT, 2006). Certains critères sont imposés au niveau national par la loi Grenelle II, à savoir un « urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques », cela présuppose une lutte contre l'étalement urbain couplée à des actions de densification des centres (GRENELLE II, 2010).

Afin de permettre la transition écologique, les communes doivent agir sur plusieurs axes. Premièrement, le développement durable doit être une notion transversale à toutes les politiques locales qui doivent ainsi intégrer cette variable dans toutes les planifications. Cela étant, il est nécessaire de faire monter en compétences le personnel de la commune qui aura ainsi des notions plus poussées en matière de développement durable. Enfin, il ne faut pas hésiter à intégrer des propositions du milieu associatif qui a souvent une expérience plus poussée en matière d'initiatives

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durables (TORREALBA, 2014). Pour cela, la mise en place d'un Agenda 21 est une manière d'intégrer les considérations écologiques aux politiques de développement territorial. Comme l'analyse Cyria EMELIANOFF (2005) : « Les agendas 21 locaux constituent la traduction la plus immédiate ou la plus visible, puisqu'elle est labellisée, de la problématique du développement urbain durable ». Selon la définition de l'ICLEI (Conseil international pour les initiatives écologiques locales) : « l'agenda 21 local est un processus multisectoriel et participatif destiné à atteindre les buts de l'agenda 21 au niveau local et au moyen de la préparation et de la mise en oeuvre d'un plan stratégique d'action sur le long terme, plan qui traite des enjeux locaux et prioritaires du développement durable. » (1997). Cependant, on déplore que cet outil fasse souvent la promotion de politiques sectorielles, ne prenant pas en compte l'interrelation des différents secteurs (ICLEI/DIFU, 1999). Comme le dit Christian GARNIER : « Le contexte français reste fortement marqué par des politiques initiées à l'échelon central, qui découragent les initiatives décentralisées et l'expérimentation locale » (1994). Cela étant, nous observons que la France accuse un retard comparé à ses voisins européens en matière d'agendas 21, les agendas 21 locaux n'ayant pas réussi à s'imposer comme un outil efficace en matière de transition durable (EMELIANOFF, 2005).

C. La transition durable, une vision ambitieuse de l'avenir, qui peine encore à s'imposer comme la norme

Dans un premier temps, nous observons que de nombreuses villes érigent des éco-quartiers comme autant de vitrines de leurs actions écologiques, mais aussi comme des laboratoires de solutions potentiellement transposables à la ville dans son intégralité. Cependant, leur caractère exceptionnel leur confère un surinvestissement financier et une marge de manoeuvre déconnectée des véritables enjeux. De fait, les solutions mises en place dans ces quartiers ne sauraient constituer des outils transposables à toute une ville (SOUAMI, 2007). De plus, nous observons un isolement marqué de ces quartiers par rapport au reste de la ville qui les place comme des îlots déconnectés de la réalité (TARDIEU, 2015).

D'un point de vue politique, nous pouvons constater que la mise en place d'un agenda 21 local encourage la mise en place de politiques sectorielles alors que le développement durable est censé être transversal tant il concerne tous les secteurs de l'action publique (MAINET, 2016). En théorie, le développement durable conserve sa notion de transversalité mais les faits témoignent d'une gestion sectorielle. De plus, et cela est primordial pour les territoires, il est intéressant de se demander si l'échelle communale est aujourd'hui la bonne échelle pour répondre aux enjeux à venir. L'imbrication des communes sur de nombreux secteurs (transports, assainissement, développement économique) nécessite d'envisager la mise en place de politiques durables en collaboration avec les communes voisines exerçant une influence sur la commune en question. Dans une aire urbaine dense, la métropolisation est de mise pour répondre à ces enjeux au sein d'un territoire élargi, cependant, les territoires ruraux n'ont pas toujours la possibilité de se regrouper en pôles pour mutualiser les forces et les risques (MAINET, 2016). L'incompatibilité des échelles globales et locales freine le développement des collaborations et la mise en place des innovations car les solutions ne sont pas transposables en l'état sur

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d'autres territoires. Les spécificités de chacun les encouragent ainsi à entreprendre des actions chacun de leur côté (GUYONNET, 2007).

D'autres problèmes d'un point de vue politique sont les échelles de temps des actions liées à la transition écologique. En effet, les délais pour entrevoir le début de résultats positifs dépassent largement ceux d'un mandat politique. Ainsi, les élus ne sont pas enclins à prendre des mesures qui pourraient leur porter préjudice pour ne donner des résultats que bien après son mandat (GUYONNET, 2007). Cela fragilise démocratiquement l'élu qui doit faire face à un dilemme, à savoir prendre les risques de ne pas être réélu mais d'entreprendre des actions durables, ou adopter une stratégie managériale et raisonner à l'échelle de son mandat (ADEME, 2013).

Enfin, nous observons que, bien que les connaissances puissent être disponibles sur le territoire, leur fragmentation sur le territoire et la sectorisation des compétences sont de nature à favoriser l'inertie. D'où l'importance de d'intégrer en premier lieu le développement durable dans tous les secteurs afin que l'objectif soit commun et les actions concertées et combinées. Dans les territoires ruraux, cela passe par les initiatives et les convictions d'un ou d'une poignée d'élus. En effet, un élu réfractaire au développement durable peut, dans les petites communes, freiner le développement de ces projets (ADEME, 2013).

Nous observons qu'en matière de ville durable, le volet environnemental est largement mis en avant, ce qui impacte les deux autres volets du développement durable, à savoir l'aspect économique et social (LEVY, 2009). De plus, la conception de la ville du futur telle qu'elle est mise en avant pourrait, à termes, générer de nouveaux problèmes et questionnement, notamment au niveau de l'égalité hommes/femmes. En effet, la participation citoyenne est avant tout une affaire d'hommes, tandis qu'en supprimant des moyens de transport comme la voiture, nous supprimons un moyen de protection aux femmes qui encourent statistiquement plus de risques en milieu urbain que les hommes (RAIBAUD, 2015). Ainsi, tendre vers la ville durable n'est pas tendre vers une ville sans défaut mais plus vers une perfection de façade, il ne faut pas forcément verser dans l'utopie qui voudrait que « changer la ville, c'est changer la vie », et opposer trop fermement une ville telle que nous la connaissons aujourd'hui avec son pendant utopiste, durable et libérée de toutes contraintes (LEVY, 2009).

Enfin, pour illustrer les dilemmes auxquels la ville durable est confrontée, nous pouvons prendre le tristement célèbre exemple de Dongtan en Chine. Afin de contrebalancer les images négatives renvoyées par les villes chinoises, de congestion et de pollution, la Chine a annoncé le projet d'une ville durable à la pointe de la technologie et bénéficiant des dernières innovations en matière d'écologie. Ville autonome en énergie, transports en communs réguliers et sans émissions de gaz à effet de serre, recyclage des eaux usées, des déchets, etc. Tels ont été les maîtres mots de la construction de ce projet faramineux qui n'a finalement pas vu le jour. Pour expliquer l'échec, il est possible d'invoquer de nombreuses raisons, parmi lesquelles la création ex-nihilo. En effet, le territoire sur lequel s'est construite la ville était une réserve ornithologique, ce qui a contribué à ternir l'image du projet. De plus, sans réelle culture de la ville de la part des potentiels habitants, du fait de sa nouveauté, aucun investisseur ni employeur n'a eu la capacité de contenir une population qui devait s'élever à 500 000 habitants. De fait, un pont à 8 voies a été

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construit spécialement pour mener les habitants à Shanghai afin de travailler, contribuant ainsi à un excès de pollution liée aux véhicules. Enfin, et ce sont des critères que nous avons pu retrouver tout au long de cet énoncé, le coût de ces constructions était tel que l'accès à la propriété devenait prohibitif pour une majorité de chinois, excluant de facto le volet social du développement durable en empêchant toute mixité sociale (MEQUIGNON, MIGNOT, 2015).

L'erreur que peuvent commettre les villes, dans leur désir de durabilité, est de composer sans les habitants qui se retrouvent ainsi laissés de côté. Or ce sont eux qui font et façonnent la ville, comme l'écrivent MEQUIGNON et MIGNOT dans un article paru en 2005 [s1] : « Elle est le lieu de l'habitat, ce qui pose alors [...] les questions de l'habiter ». Se pose alors la question de l'accès à la propriété. C'est un phénomène qui a déjà été observé : une politique trop ambitieuse, voire hors sol (îlots ou éco-quartiers) en matière de développement durable, a de fortes chances de conduire à une gentrification des centres urbains et à une baisse de la mixité. Or une ville ne peut pas être durable si elle est élitiste, cela va à l'encontre des principes directeurs. Le problème peut d'autant plus être important qu'une réhabilitation des centres couplée à des restrictions sur l'utilisation de la voiture personnelle va, d'une part, éloigner les classes les plus pauvres du centre-ville, mais aussi les marginaliser par rapport à leur utilisation de la voiture pour revenir vers ces centres. Cela peut générer des « captifs du périurbain » (ROUGE, 2005) voire conduire à la création de ghettos (GUYONNET, 2007). C'est tous ces paradoxes que la ville durable doit intégrer dans son désir d'aller vers l'harmonie environnementale, économique et sociale, et cela nécessite d'être en mesure de pondérer les décisions prises et d'identifier leurs éventuels effets néfastes.

La participation citoyenne, nous l'avons évoquée plus haut, est un critère primordial dans l'élaboration de la ville durable. Cependant, tous les quartiers ne participent pas avec la même intensité aux processus décisionnels. Les quartiers où la mixité sociale est la plus forte enregistrent aussi le plus fort taux de participation. Des habitants aux profils pléthoriques, allant du jeune adulte peu diplômé au cadre exerçant une profession intellectuelle en passant par la personne retraitée, favorisent le débat et la confrontation. A l'opposé, les quartiers plus homogènes, composés soit de personnes aisées soit d'une population aux revenus faibles ne sont pas aussi dynamiques (LES GRANDS DOSSIERS DES SCIENCES HUMAINES, 2015). Il faut aussi envisager les quartiers comme des vases communicants. Par exemple, un quartier qui va limiter la circulation de véhicules motorisés entrainera deux conséquences. Premièrement, une gentrification du quartier par le gain en tranquillité lié à la mesure. Deuxièmement, un report des flux de circulation sur les quartiers voisins, et donc une dévalorisation foncière (HUMAIN-LAMOURE, 2015).

Anne-Lise HUMAIN-LAMOURE va plus loin dans les limites de la participation citoyenne, notamment en termes de concurrence entre les citoyens et le milieu associatif qui oeuvre dans le secteur parfois depuis longtemps. A cela s'ajoute aussi une différence de poids de parole et les citoyens les plus éduqués vont briguer plus facilement le débat car ils ont des chances d'être plus familiers du processus. Le risque étant que la ville se façonne finalement à leur image, sans tenir compte de la mixité sociale et des situations sociales différentes. Enfin, un dilemme se pose concernant la forme de la démocratie participative. Sans modérateur, la réunion peut vite devenir une litanie de doléances et renforce l'idée de réunions

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institutionnalisées. Cependant, elle souligne trois limites : la mise en scène trop formelle, un accès au conseil plus difficile et des débats qui peuvent s'avérer biaisés par les municipalités si le projet discuté est déjà mis en route.

La ville est à un tournant de son histoire. Les nouveaux enjeux environnementaux, couplés à une possibilité d'actions accrue des villes, leur confèrent une responsabilité à l'échelle locale et internationale. De fait, nous observons que sa forme change, ainsi que son organisation et sa planification.

Si la ville a longtemps été un organisme froid, déconnecté de ses habitants, elle aspire aujourd'hui à plus de participation de ses citoyens dans les décisions à prendre. L'enjeu est primordial, il faut, aujourd'hui, composer la ville qui vivra des décennies, en diminuant son impact sur l'environnement, ses habitants et sa dynamique. Ainsi, le volet environnemental est important, mais il est loin d'être le seul aspect à prendre en compte. La mixité sociale et la croissance économique sont autant de variables nécessaires à la pérennité de la ville.

Nous l'avons vu, les réponses à apporter pour aller vers la transition écologique ne sont pas clairement définies. Cela est dû à la jeunesse des considérations et à un retour d'expériences faible voire inexistant. En effet, les échelles de temps afin de valider l'efficacité d'une démarche sont bien plus longues que les mandats politiques. Cela pose le problème de la continuité des actions au-delà des mandats. Enfin, chaque territoire ayant des spécificités en matière géographique, organisationnelle, démographique et en termes d'impacts sur son environnement, les solutions ne peuvent être dupliquées de manière stéréotypée et chaque ville doit effectuer un travail de recherche spécifique avant d'entamer un processus de changement.

C'est en ce sens que les petites et les grandes villes diffèrent. Les grandes villes et métropoles disposent de moyens humains et financiers conséquents pour établir un diagnostic précis de leurs territoires. Elles bénéficient aussi d'un fort attrait économique qui rend l'émergence d'initiatives plus viable. Les petites villes, quant à elles, sont souvent isolées et peu dynamiques comparées aux métropoles. De fait, elles doivent composer avec les moyens présents pour établir un système efficient qui ne soit pas trop consommateur de budget public tout en impactant l'économie de manière positive. Ce dilemme renforce l'inertie des territoires, mais peut être pallié par une implication plus forte des habitants. Cela est possible partout, mais est efficace dans les petites villes qui bénéficient d'un territoire réduit, ayant une taille plus humaine et sur lequel les retombées des actions se verraient plus rapidement.

Bien que différentes dans leur structure, les villes sont aujourd'hui l'échelle du développement durable. A ce titre, elles concourent toutes vers l'objectif commun de réduire leurs impacts, locaux dans un premier temps, mais globaux quand ils sont mis bout à bout. Des coopérations locales et internationales voient le jour afin de mutualiser les connaissances encore jeunes sur le sujet. Cette coopération est vitale pour les petites villes qui, bien qu'elles ne puissent les calquer telles quelles, peuvent s'inspirer de ce qui se fait ailleurs afin de s'orienter dans la bonne direction.

Les décennies à venir marqueront l'avènement d'une ville nouvelle, une ville réconciliée avec ses habitants et son territoire. Et pour ce faire, il faudra en passer par des choix audacieux, parfois impopulaires, mais toujours concertés. De fait, les

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petites villes ont un rôle prépondérant, de par leur nombre conséquent et la population qu'elles abritent. Comment les petites villes participent-elles à la transition écologique à leur échelle ? Nous faisons les hypothèses - au regard de ce qui a été rédigé précédemment - que les petites villes ont un rôle prépondérant à jouer dans le développement durable et sont en mesure de prendre en charge leur propre développement à l'échelle locale. Pour cela, nous partons du postulat qu'une petite ville aura certes des manques de compétences et de moyens pour certains aspects, mais une plus grande marge de manoeuvre sur d'autre. De fait, nous partons de l'idée qu'une petite ville, à partir du moment où elle joue un rôle structurant sur son territoire, a un rôle prépondérant à jouer dans l'élaboration de projets de développement durable.

Nous nous concentrerons sur le cas de Barcelonnette, ville de montagne de 2 000 habitants et qui a la particularité d'être une petite ville qui fait office de bourg-centre et a donc un rôle structurant sur son territoire alentours au même titre que ville de plus grande envergure.

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II. Barcelonnette, ville enclavée au rôle

fédérateur sur son territoire

alentours, entre contraintes et

potentialités d'une petite ville

structurante

1. Une méthodologie analytique et empirique pour comprendre un sujet majeur, transversal à tous les domaines politiques

Après avoir étudié la littérature ainsi que l'historique de l'analyse des petites villes, nous nous sommes arrêtés sur les perspectives d'avenir des villes et leur capacité à prendre en main leur propre destin. Nous avons ensuite dissocié les villes sous l'influence métropolitaine des petites villes qui devaient envisager leur développement territorial de manière moins collaborative. A ce titre, il convient ainsi de souligner la différence de moyens et donc de marge de manoeuvre entre les deux types d'entités. L'objectif final était de mettre en exergue les freins et les potentialités des petites villes pour tendre vers la transition durable, pour souligner leur capacité à prendre en main leur développement local en accord avec les principes de durabilité qui peuvent et doivent régir la ville de demain.

A. Des données qualitatives et quantitatives pour éclairer notre propos

Les données recherchées sont d'ordre qualitatif et quantitatif.

Les données quantitatives liées à la transition écologique sont à chercher plutôt dans l'entretien semi directif avec le maire de Barcelonnette. A cette occasion, il sera possible de déterminer des freins économiques et des manques de moyens humains pouvant empêcher certains projets de se réaliser. A cela peut s'ajouter les perspectives chiffrées des projets mis en oeuvre.

D'un point de vue qualitatif, il conviendra de récupérer des données sur la perception qu'ont les habitants de leur ville. Une perception à mettre en parallèle avec leur sensibilité à l'écologie et d'autres paramètres tels que leur sentiment d'appartenance à la ville et leur capacité à influer sur les décisions politiques.

Le même type de données peut être récolté lors de l'entretien avec le maire, avec cette fois une vision « top-down ». Cependant, la relative jeunesse des projets actuellement discutés en font des problématiques essentiellement reliées aux pouvoirs publics. De fait, la population n'a pas encore la pleine mesure des avancées sur ces sujets étant donné que peu de choses concrètes ont été entreprises. De fait,

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les données quantitatives se limiteront à des montants budgétaires et aux écarts entre ceux-ci et le coût des installations prévues.

B. Des entretiens semi-directifs pour comprendre les problématiques en jeu

Dans le cadre de la collecte de données qualitatives, un entretien semi directif sera réalisé en présence de Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette. Le but de cet entretien est de dresser un tableau actuel des avancées en matière de transition écologique et de s'attarder sur les problématiques et la manière dont la ville envisage de passer outre les obstacles. Cet entretien permettra d'avoir le point de vue de la mairie et devra être couplé à un questionnaire auprès des habitants de la vallée de l'Ubaye.

De plus, un autre entretien semi-directif sera réalisé avec Claude GOURON, président de l'association Énergies Modernes Ubaye (EMU). Cet entretien aura pour but de comprendre les tenants et les aboutissants d'une association citoyenne qui souhaite oeuvrer dans le sens d'une meilleure autonomie énergétique. Cela permettra de confronter les problématiques publiques et citoyennes et de comprendre les interrelations qui sous-tendent leurs projets.

Enfin, un entretien sera réalisé avec le Pays S.U.D. qui possède des bureaux à Barcelonnette. L'idée étant de confronter les différentes perceptions de ces projets en fonction de l'entité. Le Pays S.U.D. englobant Barcelonnette, ils peuvent avoir des approches légèrement différentes, notamment en termes d'outils mobilisés pour arriver à leurs fins. Ainsi, des acteurs de toutes les strates seront sondés et nous pourrons comprendre les relations qu'ils entretiennent enfin de rendre leurs démarches les plus efficientes possibles.

En fonction de ces entretiens, d'autres interlocuteurs peuvent être interrogés à propos de leur rôle au sein de ces projets. Nous les détaillerons dans les entretiens si besoin est.

Lors de ces entretiens, nous nous efforcerons de ne pas enfermer les interlocuteurs dans un questionnaire trop précis. Dans un premier temps, nous parlerons de l'historique des projets d'autonomie énergétique, que ce soit les projets de Barcelonnette en matière d'autonomie à l'horizon 2040, ou les projets de TEPOS du Pays S.U.D.. Une méthodologie similaire sera appliquée à l'entretien avec Claude GOURON, afin dans un premier temps de mettre en exergue les motivations qui ont poussé ces acteurs citoyens à participer à ces projets.

Un autre objectif sera de comprendre les relations qui régissent et sous-tendent les deux projets, à savoir celui de Barcelonnette et celui du Pays S.U.D., dont Barcelonnette fait partie intégrante. Nous verrons ainsi comment ces projets sont menés, s'ils sont concomitants ou s'ils sont dissociés sur certains points. Compte tenu de la faible expertise et du manque de moyens, nous essaierons aussi de comprendre quels sont les transferts de compétences et de connaissances qui permettent aux deux projets d'éviter les non-sens et d'être le plus efficients possibles.

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Au-delà de ces projets, nous essaierons de comprendre quelles seront les prochaines étapes, à savoir la mise en pratique des théories actuellement à l'étude et les impacts de ces idées sur les autres secteurs des pouvoirs publics tels que l'urbanisme, l'économie et le social.

C. Des limites méthodologiques inhérentes à la recherche dont il faut avoir conscience

Malgré le soin qui sera apporté à la collecte et à l'analyse des données, il faut souligner les limites incompressibles qui sous-tendent une telle démarche et qui doivent être prise en considération dans la lecture de l'analyse. Nous abordons en particulier les limites concernant la collecte d'informations.

Bien que le panel soit le plus diversifié possible, cela ne peut garantir sa neutralité totale. Ainsi, les militants et partisans d'une transition écologique seront plus enclins à s'étendre sur le sujet tandis que les personnes qui ne se sentent pas concernées pourront ne pas prendre le temps de répondre à nos questions.

Du fait que le sujet est aujourd'hui axé essentiellement sur les pouvoirs publics et les initiatives locales proches de ces pouvoirs publics, nous ne récolterons pas de données concernant le ressenti des habitants de ces territoires. Cela pourra être fait dans un deuxième temps, afin de consulter la population et d'ajuster les actions pour qu'elles soient en adéquation avec les attentes des habitants. De fait, une fois cette consultation faite, il se peut que le projet dévie sensiblement des postulats de départ, il sera intéressant de refaire l'exercice à plusieurs étapes du projet afin de confronter le projet de départ avec les actions mises en place et ainsi évaluer l'importance de la population dans le processus d'application des idées.

De plus, il ne faut pas exclure l'existence de certains biais. Ces acteurs interrogés n'ont pas tous les mêmes aspirations politiques ni la même vision de la transition durable. Du fait de leur appartenance à différents services, à différentes échelles, il se peut que des incompréhensions naissent de leurs rapports et biaisent les réponses, consciemment ou non.

Enfin, ces projets s'inscrivant sur le long terme, ces entretiens ne sauraient relater qu'une photographie d'une situation à un moment donné. Le turn-over politique amènera probablement les objectifs à dévier de ceux initialement édictés et il se peut que le panorama soit sensiblement différent en fonction des interlocuteurs qui régissent le territoire.

Dans le cadre de ce mémoire, les problématiques seront appliquées au territoire de Barcelonnette et à sa zone urbaine environnante. Ainsi, nous prendrons comme référentiel la vallée de l'Ubaye, pour laquelle Barcelonnette est le chef-lieu. Ce choix s'est imposé naturellement car il y a un fort lien entre les communes alentours et la ville centre qui, malgré sa petite taille, agit comme un pôle central autour duquel les communes s'articulent et se développent.

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2. Un territoire organisé le long de l'Ubaye, articulé entre une communauté des communes et une association de territoires,

qui joue un rôle prépondérant dans le développement local et les projets d'avenir

A. Un territoire centralisé autour de l'Ubaye, qui va

de sa source au lac de Serre-Ponçon

Figure 1 - CARTOGRAPHIE DU PAYS S.U.D.

Source : www.ccvusp.fr, consultée le 10 mai 2019

La communauté de communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon est située dans le département des Alpes de Haute Provence. Depuis le 1er janvier 2017, la communauté de communes regroupe 13 communes comptant 7 790 habitants et d'une superficie de 1 013,6 km1. Le siège de la communauté des communes se situe à Barcelonnette, la ville la plus peuplée des 13 communes. Barcelonnette est aussi la sous-préfecture des Alpes de Haute-Provence.

La communauté de communes est un territoire d'altitude variable qui se divise en trois catégories :

? La basse vallée : Du Lauzet à Barcelonnette (771 mètres à 1150 mètres) ;

? La moyenne vallée : De Barcelonnette à Jausiers (1200 mètres à 1300 mètres) ;

1 https://www.annuaire-mairie.fr/communaute-communes-vallee-de-l-ubaye-serre-poncon.html

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? Les hautes vallées : De Jausiers aux sources de l'Ubaye (1200 mètres à 2650 mètres).

Le territoire est marqué par le passage de l'Ubaye en son centre. Cette rivière prend sa source à la frontière franco-italienne pour aller se jeter dans le lac de Serre-Ponçon, 80 kilomètres plus à l'ouest. La vallée bénéficie de très nombreux lacs et retenues d'eau artificielles.

L'échelle supérieure dans laquelle Barcelonnette est englobée est la CCVUSP. La Communauté des Communes de la Vallée de L'Ubaye Serre-Ponçon a été créée en 2017 et regroupe 13 communes. Barcelonnette est le siège de la CCVUSP. Elle est née de la fusion de la communauté des communes de la Vallée de l'Ubaye et de la communauté des communes Ubaye Serre-Ponçon. La CCVUSP est une émanation qui découle de la Loi NOTRe pour renforcer les compétences des établissements publics de coopérations intercommunale. Cette échelle se croise avec celle du Pays S.U.D. qui représente un autre niveau de gouvernance à l'échelle du territoire.

Le Pays S.U.D. est une association loi 1901 qui a vu le jour en 2005 à l'initiative de 4 communautés de communes voisines. S.U.D. est l'acronyme de Serre-Ponçon-Ubaye-Durance ; le pays regroupe les communautés de communes suivantes :

? La Communauté de communes du Savinois Serre-Ponçon (CCSPP) ; ? La Communauté de communes de l'Embrunais (CCE) ;

? La Communauté de communes de la Vallée de l'Ubaye (CCVU) ; ? La Communauté de communes d'Ubaye Serre-Ponçon (CCUSP).

Ces 31 communes se sont réunies sous l'égide d'une même entité afin de coordonner leur développement rural et tendre vers la soutenabilité de leur territoire. Leur but est de s'organiser autour d'un « projet de territoire » et d'un « territoire de projets ». La mutualisation des ressources et des compétences des communes permet d'avoir un poids plus important sur l'aménagement du territoire.

B. Un environnement riche et fragile sur lequel repose une économie locale importante, qui doit être protégé pour perdurer dans le temps

Un climat méditerranéen et un ensoleillement important qui offrent des opportunités en matière de ressources énergétiques potentielles

La Vallée de L'Ubaye bénéficie d'un climat méditerranéen et d'un ensoleillement de 300 jours par an en moyenne. Cette particularité, couplée à un espace fortement naturel, permet à la ville de bénéficier de nombreuses ressources potentielles pour amorcer une transition énergétique et produire des énergies renouvelables.

Les risques naturels sont détaillés dans un Document d'Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM). Il s'agit principalement des inondations, des mouvements de terrain, du risque sismique, des feux de forêts et des risques climatiques des territoires de montagne. Étant donné leur caractère immuable et le peu d'emprise des actions humaines sur leur survenue, ils ne seront pas détaillés plus amplement ici.

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D'un point de vue de la gestion des risques, la maitrise des émissions de gaz à effet de serre est primordiale, d'autant plus que la Vallée de l'Ubaye est très vulnérable aux aléas climatiques. En effet, comme nous le verrons dans la prochaine partie, la région vit essentiellement du tourisme et plus particulièrement des sports d'hiver. Or le changement climatique en cours rend les hivers imprévisibles et l'enneigement s'en trouve modifié. Il est donc nécessaire d'atténuer les changements tout en diversifiant les sources de revenus économiques.

Barcelonnette a tout intérêt à empêcher les dégradations de son environnement car c'est une commune qui vit du tourisme et qui, hiver comme été, est tributaire des aléas climatiques qui peuvent impacter gravement les retombées économiques. Il est, de fait, important de lutter contre les aléas climatiques afin de stabiliser la situation et continuer de bénéficier des retomber du tourisme des sports d'hiver et d'été, en modifiant les comportements afin que ce tourisme impacte moins l'environnement.

Un environnement naturel riche qui doit être protégé par la mise en place de programmes de sauvegarde

La Vallée de l'Ubaye possède un environnement naturel riche et une biodiversité importante en matière de faune et de flore. De ce fait, et pour protéger une vallée fortement marquée par l'empreinte de l'homme depuis le XIème siècle, des dispositions ont été prises afin de se montrer proactif dans la protection de l'environnement.

Les prémices règlementaires de la protection des territoires de montagne apparaissent en 1985 avec la Loi Montagne. Le but de cette loi est de favoriser le développement et la préservation des territoires de montagne par l'intermédiaire de règles d'urbanisme spécifiques qui régissent le développement urbain des villes concernées. Selon cette loi, les territoires de montagnes sont considérés comme : « un ensemble de territoires dont le développement équitable et durable constitue un objectif d'intérêt national en raison de leur rôle économique, social, environnemental, paysager, sanitaire et culturel ». Barcelonnette, comme plus de 6 000 communes en France, fait partie des villes qui doivent mener leur développement en accord avec cette loi (DIAGNOSTIC TERRITORIAL SYNTHETIQUE, 2015). De nombreux autres documents directeurs verront le jour par la suite et ils doivent tous être en concordance avec les premiers principes édictés en 1985.

Barcelonnette agit sur deux volets concernant la protection de son environnement naturel. Il s'agit des sites classés Natura 2000 d'une part et l'adhésion au parc national du Mercantour d'autre part.

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Des sites classés Natura 2000, témoins de la volonté du Pays S.U.D. de préserver la richesse de son environnement

Figure 2 - SITES NATURA 2000 ANIMES PAR LA CCVUSP

Source : https://www.ccvusp.fr/

Le projet Natura 2000 émane des politiques européennes de préservation de la biodiversité. Les sites ayant cette désignation font l'objet d'une attention particulière dans le but d'encourager une gestion collective équilibrée et durable. De fait, les activités humaines susceptibles de porter préjudice à l'environnement dans lequel elles s'installent ne peuvent s'établir qu'après une évaluation de l'impact réel sur la biodiversité. Des objectifs de conservation sont édictés et la gestion quotidienne de ces sites doit aller dans le sens de ces objectifs. Ces projets bénéficient d'aides de la part de l'Union Européenne.

Plusieurs sites de la communauté des communes sont classés en zones Natura 2000. Ainsi, le contractant s'engage à respecter un cahier des charges strict afin de protéger la faune et la flore des zones concernées.

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Une adhésion volontaire au Parc du Mercantour, une première nationale pour aller plus loin dans la préservation du patrimoine naturel

Le parc national du Mercantour est l'un des 10 parcs nationaux que compte la France. Cette zone a suscité de nombreux débats liés à sa préservation et ce depuis le milieu du XIXème siècle. C'est en 1979 que le parc est officiellement créé, il s'étend sur deux départements (Alpes Maritimes et Alpes de Haute Provence) et 21 communes. Son extrême diversité en termes de faunes et flores en font un territoire très protégé, mais aussi très touristique.

Barcelonnette, chef-lieu de la Vallée de l'Ubaye, a volontairement rejoint le Mercantour en juillet 2017. Cette adhésion se traduit par la mise en place d'un plan d'actions portant sur des nombreux points tels que la gestion d'un tourisme durable, la promotion du développement durable et l'étude approfondie du patrimoine naturel de la ville en vue de sa préservation. L'adhésion volontaire d'une commune dans un parc national est une première en France. Barcelonnette montre ici sa capacité proactive et sa volonté de lutter efficacement contre les effets néfastes sur la biodiversité des activités de l'Homme.

Figure 3 - CARTE DU PARC NATIONAL DU MERCANTOUR

Source : https://seolane.org/, consultée le 11 juin 2019

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C. Une consommation énergétique majoritairement saisonnière et largement tournée vers le secteur résidentiel et les transports routiers

En tant que territoire largement tourné vers le tourisme, Barcelonnette a un profil de consommation d'énergie spécifique. Ainsi, une grande partie de la consommation énergétique concerne le chauffage du secteur résidentiel (PAYS SUD, 2015). Le fait qu'une grande partie des logements soient à vocation touristique génère une hausse de la consommation électrique. En effet pour répondre à la demande saisonnière, ces logements sont équipés en grande partie de chauffages électriques. De plus, les stations de ski sont de grandes consommatrices d'électricité pour leurs installations.

Figure 4 - CONSOMMATION FINALE DE CC VALLEE DE L'UBAYE - SERRE-PONÇON

Consommation finale de CC Vallée de l'Ubaye - Serre-

Ponçon

Evolution sectorielle (énergie finale en KTEP)

12

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

10 8 6 4 2 0

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Industrie/déchets Résidentiel Tertiaire Agriculture Transports routiers

Source : AtmoSud - Inventaire énergétique et d'émissions de polluants et gaz à effet de serre, 2017

Nous pouvons voir, grâce au graphique ci-dessus que le secteur résidentiel compte pour une part importante de la consommation finale d'énergie de Barcelonnette, au même titre que le transport routier. Le secteur tertiaire arrive en troisième position et reste stable au fil des années. Par ailleurs, nous notons que la consommation liée à l'industrie est en forte baisse. Cela témoigne de la place prépondérante du tourisme dans l'économie locale. Si les deux secteurs étaient au même niveau de consommation en 2007, nous pouvons observer que la tendance baissière de l'industrie montre que l'économie locale doit se concentrer sur le tourisme qui est et reste son secteur principal de revenus.

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3. Un territoire pertinent pour aborder la problématique de la transition durable dans les territoires ruraux isolés

A. Un secteur économique saisonnier éloigné de l'influence d'une métropole

La Vallée de l'Ubaye vit principalement du secteur touristique. Selon les mots de Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette : « Il est bien connu que notre économie repose à 80 ou 90 % sur l'activité touristique, c'est-à-dire sur des activités saisonnières. Depuis plus de quarante ans, avec des Comité d'expansion, de Bassin d'Emploi et d'autres structures, la problématique pour résoudre le « il faut diversifier l'économie » n'a jamais obtenu de résultat. En cette période où l'argent public se fait de plus en plus rare, nos chances de diversification sont encore plus réduites, l'espoir de désaisonnaliser l'économie semble vain » (décembre 2017).

Figure 5 - PROPORTIONS D'ENTREPRISES PAR SECTEURS D'ACTIVITES (EN % DES ENTREPRISES

TOTALES)

Proportion d'entreprises par secteurs

Industrie Commerce Dont commerce Construction Administration

automobile publique, santé,

enseignement

Proportion d'entreprises par secteurs

70

60

50

40

30

20

10

0

Source : Plan Local d'Urbanisme de Barcelonnette, 2015

Nous voyons grâce au graphique ci-dessus la prépondérance des activités liées au tourisme. A cela s'ajoute l'évolution défavorable du nombre d'entreprises du secteur, en effet, une trentaine de commerces du centre-ville ont fermés entre 2009 et 2014, tandis que le nombre d'entreprises crées est passé lui de 50 en 2009 à 32 en 2014 (ELABORATION DU PLAN LOCAL D'URBANISME, 2015). Cela est en partie du à la conjoncture, mais ce même document souligne des lacunes dans l'offre touristique qui peine à se renouveler pour attirer un nouveau profil de clientèle.

Le territoire est donc partagé entre la nécessité de dynamiser son secteur touristique à des fins économiques d'une part et l'obligation morale de protéger son environnement. De plus, les sports d'hiver est une part prépondérante de l'activité touristique et sera un des premiers secteurs à subir les effets du réchauffement climatique avec des saisons de plus en plus courtes et des taux d'enneigement

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irréguliers2. A cela s'ajoute la versatilité en termes de comportements touristiques, qui génère des incertitudes et empêche la Vallée de l'Ubaye de pouvoir faire des prévisions de fréquentation d'une année sur l'autre (PAYS S.U.D., 2014). La diversification de l'économie revient donc sur le devant de la scène, en impulsant de nouvelles dynamiques dans les secteurs agricoles (notamment avec les circuits courts) et énergétiques (car le territoire bénéficie d'une réserve d'énergies renouvelables prometteuse).

Des territoires isolés, qui doivent se développer en eux-mêmes, pour eux-mêmes

Barcelonnette, chef-lieu de la communauté des communes, est relativement éloignée des principales métropoles du sud-est de la France. Ainsi, la métropole la plus proche est Nice à 147 kilomètres. Cependant, le col de la Bonette n'étant ouvert que l'été, Nice se retrouve à 240 kilomètres. Les autres métropoles à proximité sont Grenoble (170 kilomètres), Marseille (210 kilomètres) et Lyon à 290 kilomètres.

A cela s'ajoute une faible offre en matière de transports rapides vers le Pays S.U.D. En effet, bien que de nombreux projets aient été mis à l'étude afin de raccorder l'hinterland marseillais aux territoires alpins, la plupart ont été abandonnés, faute de terrain d'entente entre les différentes parties prenantes. De fait, les réseaux autoroutières et ferroviaires existent aux alentours mais ne sont pas raccordés au Pays S.U.D. et plus particulièrement à la Vallée de l'Ubaye. Ainsi, l'autoroute A51 s'arrête à 13 kilomètres de Gap et 65 kilomètres de Barcelonnette.

Par ailleurs, une ligne de train faisant Chorges-Barcelonnette devait voir le jour. Son histoire débute à la suite du Plan Freycinet (1879), qui voulait que toutes les sous-préfectures soient reliées au réseau ferré. Ce projet a démarré en parallèle du projet de barrage à Serre-Ponçon (voir focus ci-dessous), ce qui a d'ailleurs eu des conséquences sur le tracé prévu pour la ligne de train. En 1909 débute les travaux afin de relier Barcelonnette et Chorges. Cependant, la première guerre mondiale va rapidement grever les travaux et suspendre le projet pour un temps. En 1936, alors que 27 kilomètres de voies ont déjà vu le jour, un arrêté ministériel met fin aux travaux à cause du manque de crédits alloués3. Le projet ne sera pas repris et la Vallée de l'Ubaye n'a pas pu bénéficier du désenclavement qu'aurait permis la création d'une ligne de chemin de fer. La Vallée de l'Ubaye demeure de fait un territoire enclavé, relié aux métropoles par des routes de montagnes sinueuses.

Cette situation fait de Barcelonnette une ville au pouvoir structurant fort car la communauté des communes ne subit pas l'effet d'aspiration que peuvent avoir les métropoles sur les communes environnantes. De fait, la ville et le Pays S.U.D. qui l'englobe en sont un bon exemple pour illustrer notre problématique sur la transition écologique dans les petites villes, ne bénéficiant pas de l'influence directe d'une métropole pour se développer et prendre des initiatives ambitieuses.

2 https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2018-01/14-stations-ski-Alpes-nord-face-rechauffement-climatique-Tome-2.pdf

3 http://www.lauzetubaye.fr/annuaire/voie-ferree

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B. Le Pays S.U.D., entre développement rural et volonté d'être précurseur dans la résilience

L'autonomie énergétique en 2040, un objectif ambitieux, témoin du dynamisme d'un territoire enclavé

Barcelonnette, ville centrale de la Valée de l'Ubaye, nourrit un projet ambitieux d'être autonome en énergie à l'horizon 2040. Les élus de Barcelonnette ont validé le lancement d'une étude de faisabilité pour atteindre l'autonomie énergétique à l'horizon 2030/2040. Comme le dit Pierre MARTIN CHARPENEL : « Des villes ont déjà atteint cet objectif, nous souhaitons devenir ville pilote et atteindre cette autonomie à l'horizon 2030/2040. Ce projet s'insère pleinement dans la candidature Territoire à Énergie positives porté par le gouvernement et dont le Pays SUD est lauréat sur le territoire ».

Pour cela, Barcelonnette peut compter sur une subvention de 80 000€. Les élus comptent, de plus, intégrer pleinement les habitants dans ce processus, d'abord par une phase informative afin de susciter l'adhésion de la population, puis par une phase consultative4.

Pour poser les jalons de l'étude, la ville utilise un logiciel appelé Dimosim et développé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Ce logiciel permet d'effectuer des simulations de plusieurs scénarios. L'objectif est doublement intéressant car d'une part le logiciel va permettre d'envisager les scénarios les plus efficients et d'autre part, son utilisation permettra d'améliorer les simulations futures, il s'agit donc d'un vrai test pour les deux parties engagées dans ce projet. Le CSTB a donc établi deux modèles, un modèle à moyen terme (2030) avec la mise en place de technologies durables pour la production, le stockage et l'utilisation de l'énergie verte, et un scénario à long terme (2050) visant une autonomie énergétique totale5.

Ce projet fait écho à la volonté du Pays S.U.D. de mettre en place un territoire à énergie positive (TEPOS). Un territoire à énergie positive (TEPOS) est un projet qui agit sur deux volets. Premièrement la réduction des besoins énergétiques en combinant la sobriété et l'efficacité énergétique. Deuxièmement, la couverture des besoins restants avec de l'énergie renouvelable.

L'objectif de la mise en place d'un TEPOS (Territoire à Énergie Positive) est pertinent à l'échelle des territoires de montagnes à cela pour plusieurs raisons. Premièrement, les ressources disponibles en matière d'énergies renouvelables surpassent la consommation d'énergie du territoire compte tenu de la faible densité. Barcelonnette dispose d'une densité de 159 habitants par kilomètre carré6, soit légèrement plus que la densité moyenne sur l'ensemble du territoire français (104,6 habitants/km2 en 20157). La communauté des communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon, elle, a une

4 https://www.laprovence.com/article/edition-alpes/3396848/la-ville-bientot-pilote-en-matiere-dautonomie-energetique.html

5 http://www.cstb.fr/fr/actualites/detail/dimosim/

6 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=COM-04019

7 https://www.insee.fr/fr/statistiques/1405599?geo=FRANCE-1

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densité de 7,8 habitants au kilomètre carré en 2014 avec un total de 7 921 habitants répartis sur 13 communes. Cette densité est considérée comme très faible selon l'INSEE.

Deuxièmement, la multiplicité des ressources pouvant être exploitées à des fins de production d'énergie renouvelable est significative. Eau, vent, soleil, biomasse peuvent être exploités dans les territoires montagnards afin d'atteindre l'autonomie énergétique. Le TEPOS sera décliné en deux échéances à savoir 2030 et 2050, avec pour les deux des objectifs différents. D'ici 2030, le Pays S.U.D. veut tendre vers l'autosuffisance énergétique en électricité et en chauffage en agissant sur les leviers de la précarité énergétique afin de faire baisser la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre de 40%. A l'horizon 2050, le TEPOS prévoit une autosuffisance énergétique qui inclut la mobilité, une division par 4 des émissions de gaz à effet de serre et une division par 2 de la consommation énergétique.

C. Un TEPOS pertinent compte tenu des potentialités énergétiques

a. Des infrastructures de production d'énergies renouvelables locales importantes mais encore sous-exploitées

Le Pays S.U.D. produit 183GWh/an en énergie renouvelable, cela représente 24% de sa consommation totale mais la totalité de la consommation en électricité (174 GWh/an). L'épicentre de la production locale d'énergie est la Vallée de l'Ubaye qui concentre 60% de cette production (PAYS S.U.D., 2015).

Focus sur le barrage de Serre-Ponçon

Le barrage de Serre-Ponçon retient le lac artificiel du même nom. Sa création en 1960 répondait à deux nécessités : assagir la Durance - rivière capricieuse capable de détruire des infrastructures - et produire de l'électricité.

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les besoins en énergies des habitants de la région allaient croissants, et nécessitaient de trouver une source d'énergie fiable et régulière à travers les saisons. Cependant l'idée du barrage est antérieure à la guerre. En effet, nous retrouvons les prémices d'un barrage en 1856, suivi en 1912 d'un ouvrage d'Ivan WILHELM intitulé La Durance. Étude de l'utilisation de ses eaux et de l'amélioration de son régime par la création de barrages qui insiste sur la pertinence d'un barrage compte tenu des avantages qu'il pourrait présenter (régulation de la Durance, production d'électricité, réservoir d'eau pour l'agriculture). De nombreuses études sont dès lors lancées (12 campagnes de sondages jusqu'en 1927) mais les résultats obtenus ne permettent pas d'envisager la création d'un barrage en béton, voire tout simplement de construire un barrage avec les moyens techniques de l'époque.

En 1948, EDF et de nombreux protagonistes rouvrent le débat et prennent la décision de construire un barrage en remblais atteignant les 120 mètres de hauteur. Pour cela, 100 000 m3 d'alluvions sont mélangés à 20 000 tonnes d'argile et 10 000 tonnes de ciment afin de réaliser ce qui reste aujourd'hui le plus gros barrage en terre d'Europe. Sa réalisation a nécessité la submersion de 2825 ha de terres réparties sur 13 communes, ainsi que l'expropriation de plus de 1 000 personnes.

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Aujourd'hui, la centrale hydroélectrique du barrage de Serre-Ponçon produit plus de 700 millions de KWh par an, ce qui correspond à la consommation électrique des Hautes-Alpes, cela classe la centrale parmi les plus puissantes de France8.

Depuis la mise en place du projet de TEPOS par le Pays S.U.D., des initiatives ont vu le jour afin de favoriser la relocalisation de l'énergie produite en la rendant, lorsque cela est possible, renouvelable.

Ainsi, Energ'éthique 04 voit le jour en 2012. Cette SCIC est l'oeuvre d'une cinquantaine de citoyens ayant la volonté de se réapproprier la production énergétique de leurs territoires. Energ'éthique 04 a été missionné par Barcelonnette et le Pays S.U.D. afin de les accompagner dans leur étude concernant la mise en place de projets d'énergies renouvelables citoyens en Ubaye. Cette mission de 9 200€9 a débuté en 2016 et doit émerger sur la faisabilité d'un projet citoyen d'énergie renouvelable « de type centrale villageoise ». L'intérêt d'un tel projet se décline en plusieurs points :

? Faire collaborer les citoyens et les collectivités ;

? Intégrer les installations productrices d'énergies renouvelables dans des territoires au patrimoine local fort ;

? Mettre à l'oeuvre le savoir-faire local dans des projets qui pourront s'inscrire comme des références en la matière ;

? Mutualiser plusieurs petits projets afin de réduire le coût.

Cette initiative a pour but de concilier les compétences de toutes les strates du territoire afin d'aller vers un objectif commun : l'autonomie énergétique. Cela rejoint les principes de la ville durable tels que nous les avons mis en exergue en première partie, en effet, l'objectif n'étant pas seulement d'aboutir à une centrale de production énergétique locale, mais aussi d'impliquer les citoyens sur des questions fondamentales telles que la gestion de l'énergie. Cela passe par une phase d'informations et de sensibilisation pour aller vers un débat ouvert sur les dispositions à prendre afin de tendre vers ce projet.

Energ'éthique 04 travaille en collaboration avec EMU (Énergies Modernes Ubaye) qui a pour but de regrouper les citoyens désireux de faire partie de ce projet. Leur premier objectif est d'augmenter le taux d'équipement en panneaux photovoltaïque des ménages et de certains bâtiments publics. Sont ainsi concernés l'école élémentaire, la salle omnisports, le complexe de l'ancienne caserne ou encore la salle des fêtes. Chaque projet est détaillé dans une fiche exhaustive afin de déterminer les caractéristiques et les potentialités de chaque bâtiment.

Le territoire bénéficie aussi d'une centrale photovoltaïque située sur la commune du Lauzet-Ubaye et qui a une capacité de production de 2.5MWc.

8 http://museoscope-du-lac.com/fr/presentation-barrage-serre-poncon.html

9 http://www.ener04.com/la-cooperative/nos-references.php

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b. D'autres filières d'énergie renouvelable existent et peuvent être exploitées pour augmenter le pack d'EnR à l'échelle locale

Certaines énergies renouvelables n'ont que très peu de références en milieu montagnard. C'est le cas par exemple du solaire thermique et de la méthanisation. De fait, il est difficile d'extrapoler compte tenu du peu de données et les seuls résultats pertinents peuvent venir d'une analyse empirique. En l'absence de tels projets, ces énergies ne seront pas prises en compte dans cette étude.

Il y a parfois une absence de données récentes sur la consommation énergétique du Pays S.U.D.. Certains secteurs semblent ne pas avoir de données du tout. Il est donc difficile de dresser un panorama exhaustif de la consommation. Cependant, étant donné les potentialités en matière d'énergies renouvelables, il est possible d'imaginer que Barcelonnette et le Pays S.U.D. ont suffisamment de potentiel pour couvrir les besoins en énergie des habitants.

Sur cette base, il est possible de faire émerger les potentialités de chaque filière d'énergie renouvelable et estimer leur pertinence à l'échelle du Pays S.U.D. (CEREMA, 2016).

La filière bois-énergie : une filière à fort potentiel qui reste encore sous-exploitée

La Vallée de l'Ubaye possède 28 500 ha de forêt de production avec des essences quasiment toutes résineuses, notamment composées de pins sylvestres et de mélèzes. Outre l'intérêt écologique de préserver les forêts dans un état convenable, il y a aussi un intérêt au niveau de la filière bois-énergie. De nombreuses communes aux alentours continuent d'utiliser le bois comme bois de chauffage et les demandes en affouage sont en augmentation. Le territoire possède aussi une chaufferie « bois » (25 tonnes de bois par an) et de multiples projets relatifs à l'utilisation du bois-énergie10.

La communauté des communes s'est d'ailleurs dotée d'une charte forestière afin de développer, mettre en valeur et protéger les ressources en bois du territoire. Le but de cette charte est de mettre en confrontation tous les acteurs de la filière afin de leur permettre de se concerter et de prendre des mesures pour l'avenir de leur filière. 6 axes ont été définis, eux-mêmes regroupant plusieurs actions :

· Favoriser la concertation ;

· Promouvoir l'image du territoire au travers de la filière bois ;

· Augmenter la part de bois local dans le bois de construction ;

· Développement et valorisation des entreprises locales du secteur ;

· Renforcer la mobilisation du bois ;

· Permettre la valorisation des forêts via le tourisme.

Le territoire de la CFT (Charte Forestière de Territoire) a été mis en place en 2007 et concerne les territoires Ubaye-Pays de Seyne. Ce territoire est couvert à 28% de

10 https://www.ccvusp.fr/la-filiere-bois.html

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forêts de production mais la filière est encore sous exploitée (CHARTE FORESTIERE UBAYE-PAYS DE SEYNE, 2012).

Cette filière fait face à des contraintes d'exploitation qu'il faudra surmonter afin de dynamiser le secteur et permettre une gestion optimale des forêts de production :

? Éloignement des axes de communications ; ? Difficultés d'exploitation liées au relief ; ? Peu de transformation locale ;

? Encore peu de liens entre les acteurs.

La CFT définit, entre autres, des indications afin de dynamiser la filière bois-énergie à l'échelle locale en augmentant les ressources mobilisables et en mettant en avant le savoir-faire local en la matière. Un PAT (Plan d'approvisionnement territorial) vient s'ajouter en complément dans le but de participer au programme « 1 000 chaufferies bois » mis en place par la Fédération Nationale des Communes Forestières. Ce projet vise à créer un réseau de 1 000 chaufferies bois sur le territoire national (ADEME, 2010).

Les objectifs à moyen terme de la CFT en ce qui concerne l'utilisation de la filière bois-énergie sont les suivants :

Figure 6 - EXTRAIT DE LA CHARTE FORESTIERE TERRITORIALE

Source : https://www.ccvusp.fr, 2012

Nous observons ici la volonté de multiplier par près de 4,5 l'utilisation du bois-énergie à l'échelle locale par an.

Le Pays S.U.D possède un réservoir de bois-énergie conséquent. Cependant, cette ressource est inégalement accessible du fait du relief, de l'enneigement et des considérations environnementales et peut donc faire varier les coûts finaux de l'utilisation du bois. De plus, il faut que les techniques pour brûler le bois soient performantes car, dans le cas contraire, elles peuvent émettre des particules nocives (UICN, 2013).

La filière hydroélectrique : des potentialités existantes mais qui peinent à se concrétiser compte tenu des inquiétudes quant à son impact sur les milieux aquatiques

L'énergie produite par la filière hydroélectrique est généralement admise comme propre car elle ne rejette que peu de gaz à effet de serre est potentiellement intéressante pour les territoires montagnards. Il existe des inquiétudes concernant l'impact des centrales sur la biodiversité aquatique. Cependant, selon certaines études, il est possible de faire cohabiter les centrales avec les milieux aquatiques sans que l'impact ne soit significatif sur la nature (ASSOCIATION NATIONALE DES ELUS DE LA MONTAGNE, 2010).

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La filière photovoltaïque : un secteur d'avenir pour la Vallée, capable d'offrir une énergie décentralisée aux espaces les plus reculés

Outre l'ensoleillement important de Barcelonnette et de ses environs (> 2 700 heures/an11), les sommets enneigés en hiver constituent aussi un atout non négligeable pour capter la lumière du soleil. En effet, la neige augmente l'effet albédo et permet de capter les rayons diffus, ce qui a pour effet d'accroitre l'énergie captée par les panneaux solaires, mais aussi leur disposition. Ils peuvent ainsi être mis verticalement sur les façades des immeubles. Les températures relativement fraiches tout au long de l'année (8,4°C à Barcelonnette12) permettent aussi de préserver les cellules photovoltaïques, qui voient leur tension générée baisser au-delà de 25°C13.

Enfin, le relief naturel des Alpes est un autre atout à l'implantation de champs de panneaux photovoltaïques au sol. Cependant, et cette problématique s'applique à tous les projets de centrales photovoltaïques, le fait que les besoins en énergie soient principalement observés lors des périodes de faible insolation, oblige à surdimensionner les centrales afin de répondre à la demande, cela est donc très consommateur d'espace.

La filière éolienne : une filière peu déterminante compte tenu de la géographie encaissée du territoire

Il s'agit peut-être de la filière la moins pertinente pour les territoires de montagne. En effet, les reliefs des territoires montagnards tels que Barcelonnette et ses environs agissent comme un coupe-vent (CLUB ARC ALPIN, 2012). L'éolien fonctionne de manière efficiente avec des vents constants autant en vitesse qu'en direction, or la présence de montagnes tout autour accroit les turbulences et rendent la technologie peu intéressante.

De plus, l'impact négatif sur les paysages rend l'acceptation des projets éoliens plus difficiles pour les habitants. Enfin, il est difficile d'installer des éoliennes sur des terrains dont les pentes dépassent les 20% (PROJET ALPINE WINDHARVEST, 2005). De fait, la vallée de l'Ubaye voit son potentiel d'installation de projets éoliens réduit par le fait que de nombreuses pentes dépassent ce seuil.

Cependant, les projets de petit éolien peuvent être pertinents afin d`alimenter en énergie des bâtiments isolés en moyenne et haute montagne, afin de les rendre autonome et éviter un raccordement au réseau plus lourd et avec des conséquences négatives plus importantes.

11 http://eost.u-strasbg.fr/seolane/ubaye/presentation/

12 https://fr.climate-data.org/europe/france/provence-alpes-cote-d-azur/barcelonnette-65644/

13 https://energieplus-lesite.be/theories/le-photovoltaique/le-rendement-et-la-puissance-crete-des-cellules-photovoltaiques/

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Comme nous l'avons vu dans cette partie, Barcelonnette et plus généralement le Pays S.U.D. présentent des caractéristiques déterminantes pour répondre à la problématique. En effet, ces territoires naturels reculés n'ont pas d'influence d'une métropole aux alentours, compte tenu de la distance avec ces dernières.

Ainsi, les villes qui pourraient faire office de petites villes dans un autre contexte ont ici un rôle structurant et doivent impulser des nouvelles actions au territoire dans son ensemble. De fait, le projet de TEPOS et d'autonomie énergétique sont deux volets qu'il est intéressant d'analyser. En effet, ces projets sont maintenant dans l'air du temps et de plus en plus de grandes villes en font des arguments de marketing territorial. Ici, l'enjeu est de préserver un territoire riche, tout en permettant au secteur économique de se développer afin d'assurer un avenir pérenne à ces territoires.

De fait, ce double objectif peut et doit être co-construit pour que le projet soit cohérent et permette au territoire de se construire une identité et une pérennité dans les décennies à venir. Nous verrons dans la prochaine partie, par l'intermédiaire d'entretiens avec des acteurs de ce développement, que les problématiques, bien que similaires à celles des grandes villes, diffèrent dans la pratique car les moyens et les compétences ne sont pas les mêmes que dans les métropoles.

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III. Un territoire divisé en plusieurs

entités politiques qui peine à porter

les projets de transition durable

1. Des décideurs locaux pour aborder la problématique à différentes échelles

Afin de dresser un panorama relativement exhaustif des problématiques qui sous-tendent la transition durable de Barcelonnette, nous avons réalisé des entretiens à différents échelons politiques. En effet, la taille relativement modeste de Barcelonnette et ses compétences parfois limitées multiplient les échanges avec les différents découpages du territoire. Par conséquent, 5 entretiens ont été effectués avec des personnes aux rôles différents dans le territoire. L'objectif était d'aborder des problématiques similaires à différentes échelles et mettre en exergue les différences d'approches, d'outils et quels sont leurs freins à la bonne tenue des objectifs.

Le premier entretien a été réalisé avec Claude GOURON en qualité de président de la SCIC Énergies Modernes Ubaye, une initiative citoyenne de création de grappes de panneaux solaires sur des toits particuliers et publics. Les deux autres entretiens ont été réalisés avec du personnel de la mairie de Barcelonnette, à savoir Sabine BLATTMANN, conseillère municipale à la mairie et Pierre MARTIN-CHARPENEL, maire de Barcelonnette. L'échelon suivant est la communauté des communes de la Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon avec l'interview de J.-M. PAYOT qui fait partie du conseil communautaire et qui est aussi conseiller municipal à la mairie actuelle (il était 1er adjoint du précédent maire). Enfin, le dernier entretien a été réalisé avec Coralie SEWERYN, présidente du Pays S.U.D., une association regroupant deux communautés des communes (Vallée de l'Ubaye et Serre-Ponçon).

Cette dernière partie a pour objectif, dans un premier temps, de faire un rapide tour d'ensemble des projets envisagés par Barcelonnette, soit via la mairie soit via un ensemble territorial plus large (Pays S.U.D., CCVUSP). Une fois cela fait, nous mettrons en évidence les potentialités et les freins que ces projets ont rencontrés tout au long de leur développement et leur avenir.

Ces projets n'étant pas encore, pour la plupart, concrets, la population n'a pas été consultée dans cette étude car il n'y a pas eu de communications. L'objectif est donc de montrer les difficultés de réalisation au niveau des pouvoirs publics ou des initiatives citoyennes proches des pouvoirs publics. En effet, il n'y a pas d'entités publiques ou citoyennes qui fassent aujourd'hui de l'information auprès des citoyens à propos de velléités de transition durable à Barcelonnette. Nous verrons cependant dans la prochaine partie que l'organisation des parties actives dans le domaine peut conduire à la redistribution des rôles et à l'intégration d'un volet de sensibilisation auprès du grand public.

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2. Des projets pléthoriques, qui répondent à des logiques de priorité et de budget

Barcelonnette, dans sa logique de transition écologique, a déjà réalisé de nombreux projets d'envergure plus ou moins importante, notamment en matière de sensibilisation et d'aménagements de l'existant. Nous trouverons le détail des projets déjà réalisés dans le tableau ci-dessous :

Figure 7 - PROJETS DE DEVELOPPEMENT DURABLES REALISES PAR LA VILLE DE BARCELONNETTE

Type de projet

Détail du projet

Aménagement

Aménagement d'un point de rassemblement co-voiturage

Sensibilisation

Sensibilisation des services municipaux aux questions du développement durable

Aménagement

Optimisation de la performance énergétique des bâtiments du quartier Craplet

Aménagement

Mise en place d'un réseau de chaleur-bois de 1000 KW qui alimente 9 bâtiments depuis 2015 (dont la cité scolaire, l'hôtel d'entreprises, la gendarmerie et l'école d'ébénisterie)

Aménagement

Création d'une pico-centrale en 2013 dans le Riou Guérin et la source des Aiguettes

Sensibilisation

Création d'une charte environnementale à destination des organisateurs d'évènements sur la commune

Sensibilisation

Création d'une charte environnementale à destination des organisateurs d'évènements sur la commune

Aménagement

Rénovation énergétique de l'éclairage public en 2016

 

Source : Révision générale du POS - Élaboration du PLU (2015)

Des petits projets, pour des réalisations concrètes

Selon le service auquel appartient la personne interrogée, nous remarquons la différence d'envergure des projets. Ainsi, Sabine BLATTMANN, conseillère municipale, a tenu à souligner l'importance des projets concrets, quoi que de portée limitée à l'échelle du territoire. Nous avons pu avoir un aperçu des projets répondant à une stratégie des « petits pas » : la limitation du débit d'eau des fontaines par exemple. Si cela peut paraître dérisoire, il ne s'agit pas ici d'en faire un argument de marketing commercial et pour cause, il n'y a eu quasiment aucune communication sur cette action. Elle constitue pourtant une manière d'amorcer la transition en limitant au maximum l'utilisation des ressources naturelles et des moyens financiers et en changeant ce qui peut l'être pour des coûts et une logistique raisonnable. C'est la même démarche qui a guidé l'équipe municipale qui a eu l'initiative de mélanger du sable au sel afin de déneiger les routes. L'utilisation du sel pendant des décennies a eu un impact négatif sur la flore de la vallée, le sel brûlant littéralement les plantes (GUELPA, 1973).

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Des voyages à l'étranger en guise d'apprentissage

Un projet a particulièrement été bien accueilli et a sollicité la participation de nombreuses personnes au sein de la mairie de Barcelonnette. Ce projet était de voyager au Liechtenstein, en Suisse et en Autriche afin d'aller à la découverte de villages ayant des caractéristiques similaires à celles de Barcelonnette et dans lesquels il y avait une conscience écologique plus marquée. Ce voyage a pu avoir lieu grâce au concours de la Commission internationale pour la protection des Alpes (CIPRA), une organisation non gouvernementale qui, entre autres, met en réseau les acteurs du paysage alpin afin de faire du transfert de compétences et d'oeuvrer vers un développement harmonieux et durable des Alpes. La délégation regroupait des représentants de Barcelonnette et du Lauzet-Ubaye afin d'aller rendre visite à des « bons élèves ». Ils ont pu rencontrer au mois d'avril 2016 les représentants de Hittisau, de Krumbach et de Doren (Autriche) et de Goms (Suisse) entre autres. Les discussions se sont cristallisées autour de plusieurs sujets parmi lesquels :

? Les différentes manières de se chauffer (exemple : bois-énergie) ;

? Gestion de l'eau ;

? Redynamisation des centres anciens ;

? Politique participative ;

? Actions de sensibilisation.

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Figure 8 - LES ATTENTES DES ACTEURS DE BARCELONNETTE A PROPOS DU VOYAGE

Source : https://www.cipra.org/, 2016

Ces échanges ont permis de mettre en exergue les similitudes et les différences entre ces villes de montagne et essayer d'envisager d'en exploiter certaines. L'intérêt était d'avoir un retour d'expérience auprès de communes ayant entrepris ce genre de démarches bien en amont de celle de Barcelonnette. Ainsi, les communes suisses ont arrêté de faire de grosses installations pour le chauffage au bois pour privilégier des microcentrales afin d'harmoniser le stockage et la distribution sur leur territoire (Krumbach, Autriche) (conseillère municipale de Barcelonnette, juillet 2019). D'autres installations ont été visitées dont notamment des petites centrales hydroélectriques et des centrales biomasses qui ont particulièrement intéressées le maire de Barcelonnette.

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L'objectif de ce déplacement était aussi de comprendre comment ces projets avaient pu voir le jour. Bien que situés dans d'autres pays, avec d'autres systèmes d'aides, ils ont pu, par conséquent, voir que certaines installations avaient vu le jour grâce au concours des citoyens et du bénévolat telle que les installations photovoltaïques de Doren, tandis que d'autres avaient bénéficié d'aides conséquentes pour se développer comme la chaufferie bois de Niederernen.

Cependant, les installations visitées, bien que très enrichissantes, auraient du mal à voir le jour en l'état à Barcelonnette. En effet, certains des projets tels que ceux en photovoltaïque étaient déjà très avancés (maire de Barcelonnette, juillet 2019). Il a, par ailleurs, visité d'autres installations et sollicité d'autres expertises, notamment auprès de la Cité des Énergies de Cadarache.

L'éclairage public, un projet mené à bien, qui est aujourd'hui réalisé

Force est de constater qu'il y a encore peu de projets qui ont vu le jour à Barcelonnette. La volonté politique ne manque pas, cependant d'autres freins sont à l'oeuvre et peuvent ralentir la mise en place d'initiatives. Nous y reviendrons dans la prochaine partie.

Le débat sur l'éclairage public a démarré avec une idée claire en tête : faire des économies d'énergie. Le maire s'exclamait le 7 mai 2018 sur Alpes 1 : « À Barcelonnette, nous avons plus de 1 000 points lumineux, c'est énorme et dispendieux ». Ce chantier était intéressant car il permettait de résoudre un problème de dépense énergétique, mais aussi d'agir positivement sur les écosystèmes tout en profitant d'une subvention significative de l'ADEME dans le cadre du TEPCV. Le projet avait un coût total de 591 000€ divisés en deux tranches :

? 450 000€ subventionnés à 80% ; ? 141 000€ subventionnés à 100%.

Pour ce faire, un bureau d'études a été mandaté et est arrivé à la conclusion qu'en changeant l'intégralité des ampoules de la ville par des LED, on arriverait à une économie d'énergie de 84%. Pour le moment, Barcelonnette a tendu vers 50% d'économies d'énergie en couvrant 60 à 70% du territoire selon le maire de Barcelonnette.

Ce chantier s'est tourné vers des questions très pratiques, à savoir la qualité des ampoules installées et l'orientation de l'éclairage. Jusqu'à présent, les luminaires étaient tournés vers le haut, ce qui avait pour effet de perdre en luminosité et de perturber les écosystèmes (conseillère municipale de Barcelonnette, juillet 2019). Le Mercantour a apporté une analyse technique et des ampoules LED 2500K offrant une luminosité naturelle et non perturbante pour les écosystèmes qui pourraient être impactés.

A cela s'ajoute l'obtention d'une première étoile aux Villes et Villages Etoilés qui a sensibilisé les communes au sujet de l'éclairage public, conduisant à des réflexions et à des changements d'équipements techniques (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019).

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Des projets de documentations fédératrices du territoire, à moyen terme

Au-delà de ces projets très concrets, le territoire travaille aussi sur les documents d'urbanisme qui fédèreront le territoire et lui donneront ses axes de développement à moyen terme. Pour cela, deux organismes sont à l'oeuvre afin de définir les directions à prendre. La mairie a lancé un concours d'urbanisme en 2011 intitulé « Mieux Vivre à Barcelonnette ». Le but de ce concours était de réfléchir autour de trois axes directeurs à savoir :

? Les quartiers de la ville et leur devenir : le centre-ville, le quartier des villas mexicaines, le quartier Est, le quartier Ouest, la rive gauche ;

? Réfléchir sur les équipements structurants ;

? Comment relier les quartiers entre eux ? Notamment en adaptant la circulation à des modes nouveaux.

J.-M. PAYOT, actuel élu de la CCVUSP était, à l'époque, 1er adjoint au maire de Barcelonnette sous le mandat précédent. L'importance de ces réflexions se situait dans le fait qu'elles devaient revêtir un caractère durable et s'inscrire dans le temps. 27 cabinets d'architectes ont répondu à ce projet, 8 ont été reçus et 3 ont été retenus. Ils ont été choisis pour leur complémentarité, un des 3 cabinets ayant une forte connotation environnementale. Leur travail devait être fait chacun de leur côté dans un premier temps, en s'appuyant sur des comités de quartiers, puis ils devaient se réunir afin d'effectuer une synthèse de leurs travaux14. Ce concours d'urbanisme devait tenir lieu de préfiguration à l'élaboration du PLU.

Compte tenu des compétences de la ville en la matière, le conseil municipal a mandaté des cabinets d'experts, mais aussi délégué la création d'autres documents connexes à différents organismes. A ce titre, le Pays S.U.D. est en charge de l'élaboration du PCAET. Ce document n'étant pas obligatoire pour les intercommunalités de moins de 20 000 habitants, il s'agit ici d'une démarche volontaire. Ils travaillent aussi à la réalisation du SCoT au niveau du territoire du Pays S.U.D. Cette démarche volontaire prouve que la commune de Barcelonnette veut être proactive dans la prise en compte de son territoire et dans la direction à donner à son développement (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019).

Ces raisonnements font écho aux raisonnements en termes d'urbanisme et de mobilité que peuvent tenir les grandes villes dans l'élaboration de leurs documents d'urbanisme. Il n'est plus question aujourd'hui d'envisager la ville comme un espace zoné, dans lequel chaque zone aurait sa spécificité. Le raisonnement est systémique et inclus ainsi chaque parcelle du territoire dans un système en interrelation avec les parcelles voisines.

14 Interview de Jean Michel PAYOT le 29 septembre 2011 - Concours d'urbanisme "Mieux Vivre à Barcelonnette" par barcelonnette.com

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Réutiliser l'existant : vers une logique d'économie circulaire ?

Sabine BLATTMANN a longuement insisté sur la nécessité de réaliser des actions de développement durable en accord avec les petits budgets de Barcelonnette. La réutilisation de l'existant est une action qui fait du sens d'un point de vue écologique et qui est intéressante pour les petites villes afin de limiter le coût des projets.

C'est par exemple le cas avec les canalisations souterraines de Barcelonnette. La ville entretient des relations historiques avec le Mexique car une partie de la population de Barcelonnette y est allée dans l'espoir de faire fortune. Certains de ces émigrés sont revenus du Mexique et ont construit de nombreuses villas mexicaines. Ils ont aussi financé un réseau de canalisations souterraines afin d'arroser leurs jardins. Ces canalisations sont aujourd'hui réutilisées afin d'arroser les espaces publics et privés. Compte tenu du faible débit de ces canalisations, les habitants gèrent l'arrosage collectivement afin de ne pas tarir les canaux et permettre à tous ceux qui en ont besoin d'en profiter. Cette gestion durable et collective montre qu'en se consultant, il est possible de réutiliser l'existant même si ce dernier n'est plus à la hauteur des besoins.

D'autre part, Barcelonnette a fait réaliser une étude de son patrimoine dans le cadre d'une Aire de mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine (AVAP). L'objectif était de prendre en compte l'évolution du paysage et du patrimoine en tenant compte des contraintes environnementales. Il a fallu pour cela recenser le patrimoine afin de mettre en place des mesures de protection de ce dernier. Ainsi, les villas mexicaines font partie de ce patrimoine à protéger, mais pas seulement. En effet, les villas ont bénéficié de cette protection mais aussi le patrimoine naturel aux alentours (arbres et vergers) (Conseillère municipale de Barcelonnette, 2019). Cela est primordial car une étude de l'ONF sur le patrimoine arboré a mis en évidence l'existence de trouées vertes dans Barcelonnette (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, 2011). Le secteur des villas est donc moins dense et, par définition, moins durable d'un point de vue urbanistique. Cependant, la perméabilité des sols permet la rétention des eaux pluviales. Toutes ces études préalables sont connotées de notions de développement durable telles que :

· La densité de la vieille ville participe au développement durable en limitant l'étalement urbain et préservant donc des espaces naturels. Cependant, elle n'est pas entièrement habitée. L'AVAP a pour but de valoriser ce patrimoine afin de densifier le centre-ville ;

· L'isolation des bâtiments est un chantier très important afin d'assurer un confort de vie et faire des économies d'énergie non négligeables ;

· L'AVAP permettra à termes de concilier la protection du patrimoine et l'intégration de dispositifs de production d'énergies renouvelables ;

· Les mobilités douces ;

· La mixité sociale des quartiers ;

· La gouvernance locale est favorisée et encouragée par la création d'une commission locale réunissant des élus, des personnes qualifiées et des représentants d'administrations afin de piloter cette AVAP.

Barcelonnette bénéficie d'un espace urbanisé conséquent et pour lesquels il faut maintenant trouver une utilité. Il s'agit du secteur des casernes, un secteur qui a

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abrité le 11ème BCA puis le CIECM de 1948 à 2009. Ces bâtiments, propriété de la mairie, doivent maintenant être réutilisés par et pour la population. De fait, de nombreuses hypothèses ont été émises, telle que le déplacement de la cité scolaire sur les lieux ou la caserne de pompiers. La réutilisation intelligente de ces édifices permet de limiter l'étalement urbain en réutilisant l'existant déjà urbanisé (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, juillet 2019).

La réutilisation de l'existant est aussi à l'oeuvre en vue de la production d'énergies renouvelables. De fait, il est possible d'utiliser le réseau de distribution du gaz naturel ou d'électricité pour transporter les énergies renouvelables.

Des projets d'EnR concrets émanant d'initiatives citoyenne ou publique

EMU, pour Énergies Modernes Ubaye, est une société coopérative d'intérêt collectif. Créée en 2018, la SCIC faisait écho à la réponse du Pays S.U.D. à l'appel à projet pour des « Territoires à Énergie Positive ». En effet, Barcelonnette et le Pays S.U.D. ont mandaté Energ'éthique 04, une SCIC basée sur Digne-les-Bains afin de créer une structure équivalente à Barcelonnette. C'est comme ça qu'a vu le jour EMU. La réflexion de la SCIC s'est faite conjointement avec le mouvement Énergies Partagées et l'association Les Centrales Villageoises. Selon Claude GOURON, son actuel président : « Le but est d'équiper des toits de la Vallée de l'Ubaye, qu'ils soient privés ou publics. Mais aussi de réfléchir à l'organisation des énergies hydrauliques et plus globalement aux EnR en général ». Le système de gouvernance est simple : une voix est égale à un sociétaire et le but recherché est purement citoyen, il n'y a pas de notions de bénéfices.

Aujourd'hui, EMU compte une cinquantaine de personnes pour un capital de 8000€. Parmi eux, 3 communes ont participé à hauteur de 500€ (Barcelonnette, Enchastrayes, Ubaye/Serre-Ponçon). Claude GOURON et les sociétaires se sont vite rendu compte qu'il était plus facile de raisonner en termes de « grappe de chantiers », plutôt que de prendre chaque projet individuellement. A ce titre, le premier projet comportait 3 toits :

? Le toit du garage d'un particulier ;

? Le toit d'une maison individuelle d'un particulier ; ? Le toit de l'école communale.

Le Maire de Barcelonnette était très intéressé par l'idée et a spontanément proposé le toit de l'école car ce dernier aurait pu servir un double objectif : produire de l'énergie verte et faire office de support éducatif afin de sensibiliser les enfants de l'école aux enjeux du développement durable.

A côté de cela, Barcelonnette est doté d'un deuxième projet abouti d'énergie renouvelable sur sa commune. Un réseau de chaleur au bois d'une puissance de 1 000KW a été créé à Barcelonnette dans le quartier Craplet en 2003. A la base, il devait permettre de chauffer le quartier Craplet, avec ses 23 bâtiments, les Allaris, la gendarmerie et le centre Jean Chaix. Si techniquement la chaufferie fonctionne correctement, le modèle économique peine à trouver sa rentabilité. Les habitants ne se retrouvent pas dans la formule de paiement qui comprend une grande partie fixe en guise d'abonnement et une partie variable pour la consommation. La partie

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abonnement est trop importante et la mairie essaie de faire baisser ce prix pour que cette technologie devienne intéressante pour les habitants qui en bénéficient.

3. Des freins liés à des problématiques locales propres aux petites villes

Malgré l'existence de nombreux projets, des plus concrets aux plus ambitieux, force est de constater qu'il y a de nombreuses contraintes qui peuvent grever la réalisation des objectifs. Certains projets sont aujourd'hui à l'arrêt, faute de moyens et de compétences.

Un manque de moyens et de compétences grève les projets de DD

EMU est un bon exemple de ce qui peut bloquer en termes de moyens. En effet, cette SCIC n'a pas pour vocation d'aller vers la réalisation de bénéfices, ce qui la libère de cette pression économique. Cependant, malgré le fait que le projet soit citoyen et n'impacte pas les finances publiques, il est intéressant de souligner que les considérations économiques entrent tout de même en compte dans l'étude de faisabilité. Le projet des 3 toits a commencé à bloquer lorsque l'Architecte des Bâtiments de France a revu le projet et émis des réserves. Compte tenu de la proximité de l'école communale avec des sites classés (Tour Cardinalis, Monument aux Morts), il a fallu adapter le projet aux exigences de l'Architecte de France et cela a eu pour conséquence d'impacter le retour sur investissement. Nous pouvons voir ici l'importance que revêt la rentabilité dans les projets. En effet, les budgets alloués ne sont pas suffisants, les associations et pouvoirs publics comptent beaucoup sur le retour sur investissement pour permettre la rentabilité du projet. Or, nous le voyons ici, le moindre imprévu peut mettre le projet en péril voire empêcher sa concrétisation.

La loi du 31 juillet 2014 sur l'économie sociale et solidaire (ESS) a fait passer le plafond de participation des collectivités territoriales de 20% à 50% de la totalité des fonds. Cela est intéressant mais bloquant pour EMU. En effet, la SCIC peine à lever de fonds citoyens, de fait cela limite l'amplitude de la participation publique. Dans l'hypothèse où ils récolteraient 100 000€ de fonds publics, il faudrait trouver une somme équivalente en fonds citoyens (Président de EMU, juillet 2019).

A cela s'ajoute la temporalité de ce genre de projets. Le retour sur investissement intervient des années après l'investissement lui-même et cela peut avoir de graves conséquences sur la SCIC. En effet, en admettant qu'EMU ait la capacité de mener un projet à son terme, le retour sur investissement arrive longtemps après la mise en place du projet. De fait, réaliser une installation bloquerait la société dans sa capacité à repartir sur un autre chantier et donc à avoir un réel impact sur la production d'énergie renouvelable. Barcelonnette a manqué de moyens pour certains de ses projets. Il aurait été plus facile de lever des fonds dans une ville plus importante car les fonds citoyens auraient été proportionnellement plus conséquents (Président de EMU, juillet 2019).

Enfin, les compétences et le temps alloués à ces activités freinent aussi les avancées. La gestion bénévole est compliquée sur des projets qui demandent du

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temps car les bénévoles n'ont pas la possibilité d'accorder plus de temps pour s'occuper de EMU. De plus, l'aspect saisonnier de Barcelonnette met la SCIC au ralenti l'été lorsque la saison touristique bat son plein. L'administratif a constitué un autre problème. La lourdeur des démarches contrastait avec le caractère bénévole de la SCIC. Ainsi, les membres de la SCIC n'ont pas pu s'occuper pleinement de ces démarches étant donné leurs métiers respectifs au-delà de ce projet. Le manque de relations avec Les Centrales Villageoises, qui auraient pu leur apporter des compétences supplémentaires dans la gestion, a aussi grevé les démarches (Président de EMU, juillet 2019).

Ces manques de moyens et de compétences ne concernent pas qu'EMU, mais aussi les autres services, notamment le Pays SUD. Par exemple, l'ADEME finance un poste de conseiller en énergie partagé qui doit gérer seul de très nombreux dossiers du fait de ses compétences. Bastien EVON, l'actuel technicien, met donc ses compétences au service des différentes communes du Pays S.U.D. Bien que primordiale, cette subvention reste insuffisante puisqu'une seule personne se retrouve à gérer une quantité importante et transversale de dossiers à l'échelle de plusieurs communes. Cette personne va apporter ses compétences sur divers sujets mais ne pourra pas avoir une expertise transversale sur tous les domaines du développement durable. Cela limite donc la capacité de la ville de mener des projets d'un bout à l'autre en interne. Le manque de personnel se fait ressentir et il faudrait une personne supplémentaire à mi-temps afin de gérer la partie administrative qui occupe une grande part des projets (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019). Malheureusement, le manque de moyens ne permet pas à l'association l'embauche d'une nouvelle personne. Le maire, lui, regrette qu'aucun cadastre solaire n'ait été réalisé sur Barcelonnette afin de dresser un panorama des potentialités en termes de photovoltaïque. Cela est dû au manque de moyens et de compétences pour réaliser un tel diagnostic, le conseiller du Pays S.U.D. ne pouvant réunir toutes les compétences sur un sujet aussi vaste que le développement durable.

Monsieur le maire rappelle aussi que le manque de moyens est aussi prépondérant à l'échelle de la ville. En effet, dans un rapport daté de 31/08/2010, la Cour des Comptes fait état des difficultés financières de Barcelonnette. En 2008 - et en admettant que Barcelonnette consacre l'intégralité de son épargne brute à cela - la ville mettrait 16 ans à rembourser sa dette. Or ces considérations limitent considérablement la capacité de la ville à injecter de l'argent public dans des projets de transition durable. De fait, à l'heure actuelle, les efforts sont concentrés sur les manières de résorber cette dette à court terme ce qui entre en contradiction avec la temporalité des projets d'énergie renouvelable et empêche tout investissement significatif en ce sens. Aujourd'hui, les objectifs en matière de développement durable sont au point mort et la mairie se concentre davantage sur le redressement financier de la commune afin de libérer les mains du prochain maire. Cela témoigne de la réalité des choses du fait que les projets écologiques sont des investissements souvent lourds et avec des retours sur investissements lointains, chevauchant par conséquent plusieurs mandats. Ce problème, évoqué par de nombreux auteurs, confronte les échelles du développement durable avec les échéances politiques, deux échelles de temps complètement différentes. Certains évoquent aussi le fait que la majeure partie des investissements se font dans le secteur du tourisme (aux alentours de 60% selon J.-M. PAYOT).

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Enfin, les compétences mobilisées se limitent à celles que les pouvoirs publics peuvent se permettre d'engager au travers des subventions. La directrice du Pays S.U.D. souligne l'importance que revêt la démocratie participative et regrette que cette dernière ne soit pas plus exploitée sur le territoire : « Les questions de démocratie participative ne sont pas assez développées sur le territoire alors qu'il s'agit d'un aspect durable de la ville. En effet, se concentrer sur la gestion de l'environnement est une chose mais il est aussi nécessaire que les habitants se réapproprient la ville et puissent influer sur son développement à travers des outils de démocratie participative » (juillet 2019).

Des politiques publiques insuffisamment incitatives

Nos entretiens auprès des acteurs investis dans le territoire ont aussi mis en exergue l'insuffisance des politiques publiques : celles-ci ne sont pas assez incitatives concernant les projets de développement durable.

Au-delà des considérations de l'Architecte des Bâtiments de France qui ont obligé le projet à s'adapter, l'autre problème majeur que rencontrait EMU pour la réalisation de son projet concernait le prix du KWh. En effet, ce dernier n'a cessé de baisser pour atteindre aujourd'hui les 0.18€ alors qu'il était de 0.60€ en 200915. De plus, les seules subventions dont ils peuvent bénéficier à l'échelle régionale sont des subventions à maitrise d'ouvrage (Président de EMU, juillet 2019). Il déplore ainsi le manque d'aides pour des projets qui vont dans le sens de la transition durable. Le Pays S.U.D. fait face aux mêmes limites. En effet, l'ADEME ne finance qu'un seul poste de conseiller permettant de monter en compétences (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019).

Mais un autre problème est particulièrement intéressant dans le cadre des projets du Pays S.U.D. En effet, ce dernier est en mesure d'obtenir des subventions via le programme FEDER. Le Fond Européen de Développement Régional alloue des subventions pour des projets de développement durable régionaux. Cependant, ces subventions ont des planchers très élevés et le Pays S.U.D. se retrouve avec le problème inverse. Ils ont la possibilité de demander ces subventions, mais ils n'arrivent pas à réunir suffisamment de projets au même moment pour atteindre le montant du seuil. De fait, ce n'est pas ici le manque de subventions qui bloque les projets mais plutôt l'incohérence du montant de la subvention compte tenu de l'ampleur et du coût des projets locaux. Il serait intéressant ici de prendre en compte les spécificités territoriales locales pour proposer des aides en cohérence avec les besoins.

La législation aussi peut parfois bloquer les projets de petite envergure. Pour cela, nous pouvons prendre l'exemple des projets de centrales hydroélectriques. Tous les projets ayant un impact direct ou indirect sur le milieu aquatique se doivent de respecter les conditions de la Loi sur l'eau et ce, à l'échelle européenne. Il est ainsi obligatoire de réaliser une étude de faisabilité du projet et ce, peu importe sa taille. Cela peut être bloquant pour une petite ville car cela engage des moyens financiers et des compétences techniques qu'elle n'a pas forcément (Maire de Barcelonnette,

15 https://www.fournisseur-energie.com/tarifs-rachat-electricite-photovoltaique/

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juillet 2019). Bien qu'il soit conscient de l'importance de ces études afin de ne pas impacter les milieux aquatiques, il évoque cette loi comme une des raisons pour laquelle il est difficile d'envisager la réalisation de ces pico centrales hydrauliques.

Finalement, quelle échelle s'avère la plus pertinente pour des projets de transition ?

Pour finir, il convient de s'attarder un moment sur les questions d'échelles. En effet, il est difficile d'évaluer quelle échelle est la plus pertinente pour mener à bien des projets d'envergure et ambitieux. Il est nécessaire ici de mettre en contexte la situation actuelle de la communauté des communes dans son ensemble pour mieux comprendre la situation de Barcelonnette (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, juillet 2019).

Barcelonnette apparaît comme une ville suréquipée par rapport à la totalité de sa population. Ces équipements sont utilisés par les barcelonnettes16, mais aussi par les habitants de toutes les communes environnantes. La concentration des équipements dans le bourg-centre pose la question de l'intercommunalité. Afin d'harmoniser la situation, J.-M. PAYOT pense qu'il est possible d'envisager la création d'une « super commune » en lissant la fiscalité au niveau des 13 communes avec, par exemple, un président intercommunal élu au suffrage universel. Cela fait écho aux propos du précédent maire de Barcelonnette, Jean-Pierre AUBERT dans une lettre ouverte du 29 mars 2010 en réponse au rapport de la Cour des Comptes. En effet, Barcelonnette, en tant que bourg-centre apparaît correctement équipée pour l'intégralité de ses habitants et de ses communes voisines qui, elles, n'ont pas d'équipements tels qu'un musée, une salle omnisport ou une salle de spectacle. Cela peut paraître éloigné des considérations du développement durable, et pour autant il n'est pas possible de dissocier aussi nettement les postes de dépenses comme cela pourrait être fait dans une ville de plus grande envergure.

Au-delà des équipements, nous constatons que Barcelonnette supporte aussi le poids du tourisme qui a pourtant des retombées économiques dans l'intégralité de la Vallée de l'Ubaye (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, juillet 2019). Si aujourd'hui Barcelonnette bénéficie d'une bonification bourg-centre qui allège un peu ce poids, force est de constater que les décisions prises à l'échelon supérieur sont en mesure de grever le budget de la ville qui supporte une charge allant au-delà de ses limites géographiques, l'empêchant par conséquent de diversifier ses investissements, notamment dans la transition durable (Maire de Barcelonnette, juillet 2019). J.-M. PAYOT rappelle que la multiplication des strates politiques, bien que nécessaire, est de nature à ralentir voire rendre impossible tout projet unifié. Sur le territoire, si les énergies renouvelables relèvent de la compétence de la CCVUSP, certaines villes telles que Saint Pons (pour le projet de champs de panneaux solaires) s'accaparent les projets. Cette mésentente peut être à l'origine d'un ralentissement des dits projets.

La première question essentielle et qui préfigure la tenue de toutes les initiatives est la question de l'échelle. Quelle échelle est la plus pertinente pour gouverner le territoire ? Cette problématique se retrouve dans l'utilisation des équipements, mais aussi avec l'exemple de la future centrale photovoltaïque de Saint-Pons. Il s'agit

16 Les habitants de Barcelonnette sont appelés les barcelonnettes

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d'une commune limitrophe de Barcelonnette et qui fait partie des communes disposant de peu d'équipements. Le projet de centrale photovoltaïque se situe sur son territoire. Il s'agit alors de réfléchir à l'endroit où sera stockée l'énergie produite (actuellement, la solution semble se trouver sur Barcelonnette). De plus, l'énergie produite ne profitera-t-elle qu'à la commune de Saint-Pons ou peut-il être envisageable de partager les profits et les frais liés à la gestion de cette centrale ? Ces problématiques rejoignent en substance celles relatives à la mise en place de la taxe professionnelle unique.

4. Différents outils peuvent être mis en oeuvre à l'échelle des petites villes pour exploiter les potentialités locales

Le détail des projets actuels et des freins à leur mise en oeuvre montre à quel point il est difficile de mettre en place des projets d'envergure dans un territoire relativement peu étendu. Ainsi, et malgré toute la bonne volonté des pouvoirs publics locaux et des associations citoyennes, les obstacles rendent difficile le passage de la théorie à la pratique et le territoire peine à trouver des ouvertures afin de démarrer la réalisation des objectifs. Les élus doivent faire preuve d'inventivité pour voir l'aboutissement de leurs projets. De nombreux outils sont mis en l'oeuvre pour perpétrer cette idée d'une transition durable. Des outils à leur portée, qui doivent allier une certaine efficience avec un coût global limité, loin du marketing territorial et des enveloppes de plusieurs millions d'euros, Barcelonnette doit maximiser la gestion de ses ressources pour donner un souffle nouveau et continuer sa démarche en faveur d'une transition durable.

Multiplier les acteurs pour décupler les compétences

Face au manque de compétences sur certains sujets, nous avons pu remarquer que tous les acteurs interrogés faisaient appel à des compétences extérieures via des cabinets d'études ou des experts dans leur domaine. Cela est primordial car il faut souligner une chose : les compétences nécessaires sont transversales et ne peuvent être maitrisées par une seule ou un petit groupe de personnes. De fait, deux possibilités s'offrent au territoire pour bénéficier de ces expertises. Soit, ils embauchent une personne capable de répondre à leurs besoins à l'instant T, soit ils font appel à des cabinets d'études qui factureront une opération et réaliseront l'étude demandée. La deuxième solution semble présenter un avantage dans le sens où un projet nécessite des compétences dans des domaines très variés (diagnostic, réglementation, faisabilité) nécessitant de fait l'embauche de plusieurs personnes tout au long de la réalisation et donc, finalement, un coût supérieur.

Cependant, il n'est pas sans fondement de faire monter en compétences le personnel public afin de rapatrier certaines facultés en interne. Comme le souligne J.-M. PAYOT : « Pour permettre à Barcelonnette d'évoluer au travers de projets ambitieux, il semble nécessaire d'opérer une professionnalisation du pilotage des services publics » (juillet 2019). Toutes les compétences ne sont évidemment pas à rechercher dans un premier temps, mais il rappelle que beaucoup de projets n'aboutissent pas car la ville n'a pas su lever les subventions nécessaires. Pour lui, se doter d'une personne capable d'aller chercher ses subventions est nécessaire afin

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de ne pas connaître de tels problèmes à l'avenir. Il déplore le fait qu'à cause d'une méconnaissance des démarches administratives dans ce secteur, Barcelonnette passe à côté de fonds importants qui pourraient lui permettre d'accélérer sa transition.

Il arrive aussi parfois que les études faites par des experts ne soient pas exploitables en l'état. Nous prenons l'exemple ici d'une étude du CSTB à destination du Pays S.U.D, réalisée en 2017, afin d'étudier la stratégie énergétique à mettre en place sur ces territoires. Il a notamment mis en évidence l'existence de nombreuses passoires énergétiques à l'échelle du territoire. Ce document, très complet et très détaillé, a un niveau de technicité tel qu'il n'est pas exploitable en l'état. De fait, la présence de Bastien EVON, conseiller en énergie partagé, est primordiale afin que ce dernier effectue un travail de vulgarisation du document pour que les autres services soient en mesure de l'exploiter (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019). Nous avons ici un exemple de complémentarité des compétences qui est intéressant à analyser. Le CSTB, comme de nombreux cabinets d'études, livrent des données très techniques et non exploitables si personne dans la commune n'est en mesure de les interpréter correctement.

Concernant EMU, le projet est malheureusement aujourd'hui mis en pause suite aux difficultés rencontrées. Cela fait écho au paragraphe ci-dessus, EMU n'a pas pu lever les fonds nécessaires par manque de temps et de compétences dans ce domaine et n'a pas pu s'adapter à la baisse de rentabilité prévue de sa grappe de chantiers. Cependant, EMU a encore un rôle important à jouer : en effet, la SCIC va concentrer ses efforts afin de faire de la pédagogie sur ces projets en informant les citoyens et en débattant sur leur expérience et sur les difficultés rencontrées. Le Pays S.U.D. voit EMU comme ayant un rôle d'information citoyenne plus développé que le leur, c'est en partie pour cela qu'ils ne font pas d'informations eux-mêmes. Le volet de la sensibilisation est primordial afin de permettre à la population de prendre la mesure des enjeux d'une ville telle que Barcelonnette en matière de transition durable. De plus, la sensibilisation des citoyens peut leur permettre de s'investir personnellement dans des projets, soit en donnant de leur temps soit en investissant dans des projets tels que les grappes de chantiers de EMU. Le fait qu'une seule personne soit à temps plein dans l'association nécessite de se concentrer sur certains volets en laissant d'autres aspects à d'autres acteurs. De fait, ces acteurs peuvent trouver une nouvelle articulation entre eux pour réorganiser l'organigramme et mutualiser leurs forces.

Enfin, Sabine BLATTMANN rappelle l'importance de la communication entre les associations citoyennes et les élus locaux. Elle estime que, comparé à de plus grandes villes, il est plus facile de s'adresser aux élus dans une ville de la taille de Barcelonnette qu'une ville plus grande, avec un organigramme politique plus dense. Les associations ont plus de facilités pour parler avec le maire et les pouvoirs communaux des projets, il est plus facile pour elles d'exister et elles peuvent mettre leurs compétences au profit de la commune via un canal direct avec les élus. C'est le cas par exemple avec EMU : le maire de Barcelonnette a bien accueilli cette initiative et a tenté de les aider, malgré le peu de moyens dont il dispose. De plus, Pierre MARTIN-CHARPENEL voit en ces projets des moyens très efficaces de faire de la sensibilisation, notamment auprès des élèves de l'école communale. Nous pouvons voir ici qu'une organisation efficiente de toutes ces entités serait de nature à

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véhiculer plus facilement des idées de transition durable auprès de toute la population. La proximité des citoyens avec les pouvoirs publics est quelque chose de propre à une petite ville. Ainsi, cette possibilité existante offre des potentialités qu'il faut mettre en oeuvre afin de développer de multiples initiatives.

Transfert de compétences et veille territoriale

Les outils énoncés précédemment sont une bonne manière de monter en compétence mais ils ne sont pas les seuls à être pertinents pour des territoires dont les moyens financiers sont limités. Le transfert de compétences et le retour d'expériences de territoires relativement similaires à Barcelonnette permet de limiter la possibilité de faire fausse route. Comme nous l'avons vu, certains élus de Barcelonnette ont effectué un voyage à travers trois pays alpins afin d'emmagasiner de l'expérience auprès d'acteurs ayant entrepris ce genre de projets bien avant Barcelonnette. La démarche est intelligente car elle se fait à moindre coût. De nombreux organismes, comme ici la CIPRA, facilitent la tenue de ces évènements pour harmoniser le développement d'un territoire en particulier (ici, le territoire alpin).

Cependant, il est intéressant de préciser qu'effectuer un transfert de compétences, c'est aussi savoir mettre en évidence les différences entre deux territoires voisins. En prenant par exemple les différences entre les intercommunalités de Barcelonnette et de Serre-Ponçon. En effet, certains projets fonctionnent bien d'un côté mais pas de l'autre, ce qui laisse à penser qu'un découpage du territoire est une chose complexe qui nécessite de prendre en compte les spécificités de chaque territoire, même si ces derniers sont proches comme c'est le cas ici (Directrice du Pays S.U.D., juillet 2019).

Des projets à venir, en prenant en compte les échecs passés et l'expérience acquise

Si certains projets semblent aujourd'hui difficiles à mettre en oeuvre compte tenu des raisons précédemment évoquées, ce n'est pas pour autant un échec complet. De nombreux enseignements permettront d'adapter les projets de manière plus réaliste à l'avenir.

Les changements n'en sont qu'aux balbutiements et de nombreux dossiers, pour certains historiques, continueront d'être discutés jusqu'à leur mise en oeuvre concrète. Lors de l'entretien, une conseillère municipale nous a cité quelques-uns de ces dossiers les plus pertinents à l'échelle de Barcelonnette. Un des dossiers les plus importants de la ville concerne la création de d'un axe cyclable Jausiers/Les Thuiles. Cela est discuté depuis des décennies car c'est un projet primordial pour le développement des mobilités douces, son problème majeur est le coût car il va nécessiter le rachat de terrains par la commune. Le coût est élevé à cause des expropriations à prévoir et des travaux en eux-mêmes. Ce projet s'inscrit comme un axe primordial et prioritaire. Barcelonnette ne peut prétendre à développer les mobilités douces sans une réelle voie traversant la vallée de part en part. La route est dangereuse a été le témoin de multiples accidents par le passé. Il est obligatoire de travailler sur cette piste cyclable afin de pouvoir amorcer un véritable changement dans les comportements de mobilité.

Ensuite, un autre projet activement discuté dépend de la nécessité de développer les transports en commun avec les villes limitrophes pour permettre aux potentiels

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collégiens et lycéens de venir suivre leurs cours à la cité scolaire de Barcelonnette. Cela est doublement intéressant car cela revêt deux aspects très importants pour la ville. Premièrement, il y a une connotation écologique à densifier l'offre de transports en commun. Deuxièmement, cela pourrait sauver la cité scolaire dont l'avenir est menacé par manque d'élèves. De plus, d'autres lycées aux alentours sont en situation de surcharge. A cela vient se greffer la volonté de mettre en place et valoriser le co-voiturage. Cela pourrait permettre de limiter le nombre de véhicules en circulation à Barcelonnette. En effet, beaucoup d'habitants n'utilisent leur voiture que pour les sorties hors de la vallée. Si une alternative fiable et efficace existait, ils pourraient envisager de se séparer de leur véhicule.

Enfin, la piétonisation d'une partie de Barcelonnette (notamment la place de la Mairie), est un souhait politique fort mais qui nécessite d'être discuté car il rencontre de fortes résistances par les commerçants et les citoyens. Les discussions se concentrent autour de la place de la Mairie qui a fait l'objet d'une expérimentation par le passé mai qui est, aujourd'hui, rouverte à la circulation.

Deux projets de parcs de panneaux photovoltaïques sont à l'étude sur les communes de Saint-Pons et de Jausiers. Ces deux projets sont portés par ENERCOOP, qui se charge de la mise en oeuvre et de l'exploitation. Cela dénote avec la volonté d'EMU de produire de l'énergie locale par des acteurs locaux, pour les citoyens. Cependant, l'intervention d'un acteur important du secteur est une bonne chose afin que ces projets aient plus de chances de voir le jour. En effet, selon le maire de Barcelonnette, les projets photovoltaïques sont complexes car ils ne peuvent être réalisés sur n'importe quel terrain ; à Barcelonnette, les bonnes parcelles sont des parcelles privées, ce qui bloque la réalisation d'infrastructures sans passer par un processus préalable d'expropriation. Or ici, les terrains de Saint-Pons appartiennent à la commune et ceux de Jausiers appartiennent à l'association Syndicale Libre du Planet. Grâce à l'expertise et aux moyens de ENERCOOP, les études de faisabilité se sont faites plus facilement et sans engager de moyens des communes. Cela était d'autant plus important car, rappelle Pierre MARTIN-CHARPENEL : « Le projet de panneaux photovoltaïques de Saint Pons est situé sur un terrain communal qui a la particularité d'être dans le cône de déjection du Riou Bourdoux, un torrent de montagne qui peut se montrer particulièrement virulent en cas de fortes pluies. Si aujourd'hui son cône alluvial est entièrement boisé, la situation paraît précaire pour installer un champ de panneaux ». Il a fallu donc engager des moyens significatifs afin de s'assurer de la viabilité d'un tel projet sur une parcelle telle que celle-ci. De plus, l'émergence de ce projet a été possible car la commune a exigé que ce projet soit un projet citoyen avec la participation de la commune, des collectivités locales et des habitants (Communiqué de presse d'ENERCOOP du 13 juin 2018)17.

Concernant EMU, la SCIC va devoir s'adapter, mais l'annulation du chantier n'est que partie remise. Une réunion sera faite d'ici la fin de l'année afin de donner une nouvelle orientation à EMU, en attendant que la possibilité de poser des panneaux photovoltaïques se présente. Barcelonnette s'est concentrée sur la réalisation de projets ambitieux, mais l'information aux citoyens est primordiale et n'a peut-être pas été assez développée. EMU, du fait de l'échec de ce premier projet, revient ainsi aux fondamentaux en commençant par sensibiliser les citoyens aux problématiques des

17 https://paca.enercoop.fr/sites/default/files/CP%20-%20Lancement ProjetPV StPons.pdf

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énergies renouvelables. Par conséquent, EMU fera de l'information et de la sensibilisation auprès des citoyens, en leur apportant l'expertise qu'ils ont glanée au travers de leurs expériences. Le manque de moyens et de volonté politique pour accompagner ces initiatives obligent la SCIC à élargir son champ d'actions. De fait, EMU discute aujourd'hui des possibilités futures d'accompagnement et s'intéresse à l'autoconsommation. Ceci peut, selon eux, arriver plus facilement à l'équilibre financier. Cependant, l'investissement de départ est pour l'instant au-delà de ce qu'EMU peut financer, bloquant les projets par manque de moyens. Il n'empêche qu'elle peut accompagner les particuliers qui envisagent cette solution, elle travaille même à une possibilité de financement via le mouvement « Énergies Partagées » (Président de EMU, juillet 2019).

Un projet est aussi en discussion sur l'ancienne caserne militaire du 11ème BCA. Cette caserne, fermée le 10 juin 2009 suite à la nouvelle carte militaire voulue par le gouvernement Fillon, constitue un espace d'ex bâtiments publics intéressantes, compte tenu de l'importance de la surface. Ce projet se ferait sur le toit de la nouvelle caserne des pompiers qui s'est installées dans les lieux récemment.

Enfin, EMU réfléchit à la possibilité d'effectuer une levée de fonds citoyenne qu'elle injecterait dans deux projets de photovoltaïques aujourd'hui en passe d'être réalisés :

? Un projet à Saint Pons d'une centrale de 1 hectare, soutenu par la mairie et géré par Enercoop ;

? Un projet sur un terrain qui appartient à une association à Jausiers.

Investir des fonds citoyens dans ces projets permettrait aux investisseurs locaux d'avoir des voix et une possibilité d'influer à leur échelle. Les initiatives citoyennes des petites villes peuvent ainsi trouver intéressant de se greffer à des projets de grands groupes tels que celui d'Enercoop. La rentabilité, les compétences et la réalisation sont effectuées par Enercoop et EMU, via ses fonds citoyens, peut entrer au capital et avoir un pouvoir de décision. Certes celui-ci sera moins important que si elle avait mené le projet d'un bout à l'autre, mais c'est un compromis nécessaire à la poursuite des projets d'énergies renouvelables, en attendant de pouvoir débloquer des aides ou plus de fonds citoyens.

J.-M. PAYOT, au niveau de la CCVUSP, s'attarde davantage sur les documents directeurs qui pourraient harmoniser le développement et le rendre par conséquent plus fluide, plus efficient. Il observe que les gros projets du territoire sont de plus en plus portés par la CCVUSP au détriment des communes. Il n'est pas rare que la mairie fasse appel aux compétences de la CCVUSP, comme par exemple avec la GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations), pour laquelle la mairie consulte la CCVUSP. Il se peut aussi que des projets situés dans des communes différentes s'entrechoquent. Cela est contreproductif et nécessiterait la mise en place d'un document directeur qui permettrait de planifier le territoire de manière plus intégrée (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, juillet 2019). Dans le cadre de l'AVAP, un tel document directeur a été réalisé concernant la pose de panneau photovoltaïque dans la Vallée de l'Ubaye. Appelé « Étude d'approfondissement pour l'intégration des panneaux solaires photovoltaïque dans le secteur S2 » (2017), il fait des simulations visuelles en édictant quelques règles pour que la pose de panneaux solaires n'aille pas à l'encontre de la protection du

51

patrimoine. L'important est d'éviter l'effet de « surépaisseur » en les intégrant au toit et en choisissant des teintes sombres et identiques à celle des panneaux solaires. De plus, il est rappelé l'interdiction totale de panneaux solaires sur les bâtiments d'intérêt patrimonial. Ainsi, cela rappelle les difficultés rencontrées par EMU qui voulait équiper le toit de l'école communale. Cependant, l'AVAP a fait des simulations visuelles allant dans le sens d'une acceptation des panneaux photovoltaïques sur de nombreux bâtiments de Barcelonnette. Étant donné qu'aucune interdiction n'a été émise, l'AVAP soutient la pose de panneaux solaires et émet même des recommandations afin d'harmoniser leur développement.

Figure 9 - BARCELONNETTE, DEPUIS LA ROUTE COMMUNALE RELIANT LE MAS FABRE AU PRA

SOUBEYRAN

Figure 10 - VUE SIMILAIRE AVEC POSE DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES SUR CERTAINS BATIMENTS

Source : Étude d'approfondissement pour l'intégration des panneaux solaires photovoltaïque dans le secteur S2,

2017

Le constat est qu'aujourd'hui, Barcelonnette ne peut pas vivre et se développer sans les autres communes du territoire. De fait, la commune doit articuler ses projets de

52

transitions durables entre tous les acteurs et les différentes strates politiques. La commune, la CCVUSP et le Pays SUD sont trois entités qui peuvent se coordonner dans le but d'oeuvrer dans une même direction. Pour cela, il est important de définir le jeu et le rôle des acteurs. Le développement territorial nécessite d'avoir une vision collective du territoire. De fait, l'intégration des communes dans un bourg-centre en regroupant les communes semble une option intéressante (Élu au conseil communautaire de la CCVUSP, juillet 2019). Il est persuadé de la pertinence de l'échelle intercommunale. Coralie SEWERYN abonde dans ce sens, en émettant tout de même des réserves. La discussion sur l'échelle à laquelle les équipements doivent être gérés est allée dans le même sens que la CCVUSP, à savoir la possibilité de passer les équipements à l'échelle communale. Cependant, cela peut générer de nouvelles problématiques. Par exemple, Saint-Pons est une commune qui a un réseau d'eau et d'assainissement bien entretenu. Cependant, en admettant que ces équipements soient gérés collectivement par l'intercommunalité, Saint-Pons se retrouverait dans l'obligation de financer les travaux de certaines communes voisines comme Enchastrayes qui ont pris du retard dans la rénovation de leur réseau. De fait, l'idée d'imposer une mise à niveau à l'échelle communale avant de prendre ces mesures à l'échelle intercommunale a été émise, notamment par le Pays S.U.D., afin de ne pas faire porter le coût de ces aménagements à tout le monde. Ces discussions concernant la pertinence de l'échelle se heurtent à de nombreux questionnements concrets comme ce dernier, et doivent être mûrement réfléchis afin de permettre au territoire d'évoluer d'une manière harmonieuse vers des objectifs communs.

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CONCLUSION

Sur la base des réponses obtenues aux entretiens, il est possible de dresser un panorama des forces et des faiblesses liées à la transition durable dans les petites villes. Il est clairement apparu que les difficultés se concentrées sur des manques de moyens et de compétences, caractéristiques qui font souvent défaut aux petites villes.

Compte tenu des réponses, nous avons pu identifier les deux principales raisons qui peuvent bloquer les projets, voire même rendre leur réalisation impossible. Le manque de moyens est le principal obstacle à tout projet, car l'embauche de personnes compétentes dans les domaines recherchés découlent de moyens suffisants. Or, sans cette possibilité, il faut redoubler d'ingéniosité et savoir solliciter de l'aide extérieure. Cela rend aussi la recherche de subventions cruciales et cela peut, comme nous l'avons vu pour l'éclairage public, être à la base du projet. Ainsi, selon les subventions accordées, les pouvoirs publics vont adapter leurs projets afin de bénéficier de ces fonds.

Le manque de moyens met en exergue la question des compétences dans les territoires ruraux ou de montagne. Si les communes sont aujourd'hui à même de recruter une personne qualifiée pour monter en compétences, il semble primordial de mener des actions de sensibilisation ainsi que des formations afin de former le personnel en place. La transversalité du développement durable à toutes les politiques nécessite par conséquent la montée en compétence de l'ensemble des élus et décideurs locaux.

Par ailleurs, il n'est pas aussi facile de diviser les investissements par secteur comme cela pourrait être fait dans une ville plus conséquente. Le fait que Barcelonnette soit contrôlée par la Cour des Comptes ne permet pas de dissocier l'urgence de rééquilibrer les comptes avec la tenue de projets de transition durable. De fait, nous observons que les investissements sont massivement faits dans le secteur du tourisme et qu'ils ne revêtent pas de caractère écologique particulier. L'objectif étant de viser une rentabilité à court terme qui assurerait la pérennité de la vallée. Les questions de tourisme durable, notamment en stations de ski, sont remises à plus tard. Le raisonnement se fait à court terme tandis que les projets écologiques visent des échéances à 20 ans minimum. Cette différence de temporalité fait passer la rentabilité immédiate avant les investissements durables. Cela est recevable car une ville durable est une ville qui est écologiquement, économiquement et socialement viable, aucun de ces piliers ne peut être mis de côté dans l'optique d'un développement vertueux sur le long terme.

L'avenir est à la réflexion, comment faire de Barcelonnette une ville économiquement saine et écologiquement ambitieuse ? Les acteurs vont devoir se rapprocher, s'entretenir, se partager les tâches et les compétences. Les strates politiques, comme le rappelle J.-M. PAYOT, compliquent les choses en ramifiant les discussions, en divisant les responsabilités. Il est peut-être nécessaire aujourd'hui de fluidifier les échanges entre ces strates, d'ouvrir leurs « frontières » pour aller vers plus de collaboration. En l'absence de moyens, Barcelonnette devra utiliser toutes

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les compétences et unir toutes les volontés pour parvenir à se rapprocher de son objectif de base, l'autonomie énergétique en 2040.

55

LISTE DES FIGURES

Figure 1 - CARTOGRAPHIE DU PAYS S.U.D. 19

Figure 2 - SITES NATURA 2000 ANIMES PAR LA CCVUSP 22

Figure 3 - CARTE DU PARC NATIONAL DU MERCANTOUR 23

Figure 4 - CONSOMMATION FINALE DE CC VALLEE DE L'UBAYE - SERRE-

PONÇON 24
Figure 5 - PROPORTIONS D'ENTREPRISES PAR SECTEURS D'ACTIVITES (EN

% DES ENTREPRISES TOTALES) 25

Figure 6 - EXTRAIT DE LA CHARTE FORESTIERE TERRITORIALE 31

Figure 7 - PROJETS DE DEVELOPPEMENT DURABLES REALISES PAR LA VILLE

DE BARCELONNETTE 35
Figure 8 - LES ATTENTES DES ACTEURS DE BARCELONNETTE A PROPOS DU

VOYAGE 37
Figure 9 - BARCELONNETTE, DEPUIS LA ROUTE COMMUNALE RELIANT LE

MAS FABRE AU PRA SOUBEYRAN 51
Figure 10 - VUE SIMILAIRE AVEC POSE DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES

SUR CERTAINS BATIMENTS 51

1

ACRONYMES

AMAP - Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne

AVAP - Aire de mise en valeur de l'Architecture et du Patrimoine

CCVUSP - Communauté des Communes Vallée de l'Ubaye Serre-Ponçon

CFT - Charte Forestière de Territoire

CLAVAP - Commission Locale de l'AVAP

CSTB - Centre scientifique et technique du Bâtiment

EMU - Énergies Modernes Ubaye

EnR - Énergie renouvelable

ESS - Économie Sociale et Solidaire

FEDER - fond Européen de Développement Régional

ICLEI - International Council for Local Environmental Initiatives

PADD - Projet d'Aménagement et de Développement Durable

Pays S.U.D. - Pays Serre-Ponçon Ubaye Durance

PAT - Plan d'Approvisionnement Territorial

PCAE - Plan Climat Air-Énergie Territorial

PLU - Plan Local d'Urbanisme

SCIC - Société Coopérative d'Intérêt Collectif

TEPCV - Territoire à énergie positive pour la croissance verte

TEPOS - Territoire à Énergie Positive

ANNEXES

Evolution de la taohe urbaine

Village de Barcelonnette et ses abords

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Foret deyrotection

-AEP: alimentation pour Peau potable - ARS : Agence régonale de santé - AP : arrêté préfectoral

DUP : déclaration d'utilité publique

- ZNIEFF : zone naturelle d'invenatire écologique, faunistique etfloristique

-Forèts Domaniales du Riou Bourdou

ei du Berard - tète de Crouès - Costebelle


·

1F.

· E:


·


·


·

:Wallons des Granges Communes, de Pelouse,

te Clapouse et des Terres Pleines - massif de l'Empelot

rmontagne dc l'Alpe - crètes et versant du Chevalier, du Chareau de Gendarme et du Pain de Sucre

Périmètre de protection AEP

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Limite communale

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1

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DE-HAUTE-PROVENCE

Direction
Départementale
des Territoires

LA CASSÉ/4 a ·

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t. ,LES ISSARTS SUPERIEURE--,

LA GOUAGNE r :^

Échelle: I cm _ 250 m en A3

Sources : IGN BD CARTO - SCAN25

DREAL PACA envir 2015 -ARS AEP 2006 et DUP 09/2012

CGO4 Décharges 2015 ENS 2014 STEP 2015 - PNRL zone silence Réalisation DDT/SUCT/CAT/CC - Carte 06/2015 envir.wor

2

Equipement, zones protégées et d'inventaire

Barcelonnette

El

1

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Rapports officiels

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CCVUSP, « Charte Forestière - Chapitre 3 - Plan d'actions », 2012

CCVUSP, « Signature de la Charte Forestière Ubaye - Pays de Seyne : Synthèse du document complet » 2012.

CEREMA, « Les énergies renouvelables en zone de montagne : Contraintes et opportunités de développement - Étude sur la partie Sud des Alpes », 2016

CIPRA, Voyage d'étude autour de la transition énergétique dans la région de Goms (Suisse) et de Vorarlberg (Autriche) du 25 au 29 avril 2016, 2016

CODE DE L'URBANISME, Article L124-2, 2015

4

DIRECTION DÉPARTEMENTALE DES TERRITOIRES DE LOIR-ET-CHER, Élaboration ou révision d'une carte communale, 2011

COMMUNE DE BARCELONNETTE, « Elaboration du Plan Local d'Urbanisme », 2015

COMMUNE DE BARCELONNETTE, « Plan de prévention des risques naturels prévisibles », 2009

COUR DES COMPTES, « Rapport définitif sur la gestion de la commune de Barcelonnette », 2010

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LOI n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové

PAYS S.U.D., « Candidature révisée du Pays S.U.D., au programme LEADER 2014/2020 », 2013

PAYS S.U.D., « Rapport d'activités 2017 », 2017

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RHONALPENERGIE, Urbanisme rural : Co-construire le projet du territoire durable, 2012

ROUSSEL Isabelle ROCHER Laurence et ASCHAN-LEYGONIE Christina « Air, climat, énergie : convergences et contradictions à l'échelle urbaine. L'exemple lyonnais », Pollution atmosphérique [En ligne], N°237-238, mis à jour le : 23/10/2018

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SOURCES ET RAPPORTS

ELECTRONIQUES

Rapports électroniques

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barcelonnette.fr/images/clefs de la ville/2017-05 clefs de la ville-04.pdf

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Les Clés de la Ville - mars 2019 - https://www.ville-

barcelonnette.fr/images/clefs de la ville/2019-03 clefs de la ville-11.pdf

Sites web

http://www.pays-sud.fr/strategie

https://www.ville-barcelonnette.fr/images/accueil/avap-rdp.pdf https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/3292622/dep04.pdf https://www.ccvusp.fr/charte-forestiere.html https://www.ville-barcelonnette.fr/images/accueil/energies-renouvelable-ubaye.pdf https://cigale.atmosud.org/v

http://www.emc3dev.com/

https://www.capareseau.fr/

http://www.cstb.fr/fr/actualites/detail/dimosim/

https://www.ville-barcelonnette.fr/images/accueil/energies-renouvelable-ubaye-communique-presse.pdf

https://www.ccvusp.fr/pays-sud-serre-poncon-ubaye-durance.html

http://www.territoires-energie-positive.fr/presentation/qu-est-ce-qu-un-territoire-a-energie-positive

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http://www.natura2000.fr/natura-2000/qu-est-ce-que-natura-2000 https://www.agence-france-energie.fr/edf/barcelonnette-04400/ http://museoscope-du-lac.com/fr/historique-barrage-serre-poncon.html

http://www.barrages-cfbr.eu/BackUp/Info/documentation/texte/col2003/col2003-s2-p123.pdf

http://rurener.eu/

http://alpesdusud.alpes1.com/news/alpes-de-haute-provence/68568/alpes-de-haute-provence-pres-de-600-000-euros-investis-dans-l-eclairage-public-a-barcelonnette






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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite