A
Ma mère, Brigitte, OUNGUEDOU BESSOUBE
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire a
bénéficié du concours de nombreuses personnes que je me
dois absolument de remercier.
Mes remerciements s'adressent d'abord à mon Directeur
de recherche, le Professeur Jean KoufanMenkénéd'avoir
accepté de diriger ce travail avec enthousiasme et disponibilité
malgré ses engagements multiples. Ces remarques pertinentes et son
soutien ont permis à mes initiatives parfois hasardeuses de se
concrétiser. J'ai apprécié la confiance et la
liberté qu'il m'a accordées durant ce long voyage d'étude
et d'écriture. Je dis aussi un profond merci à l'ensemble du
Corps Enseignant du Département d'Histoire de la Faculté des Arts
Lettres et Sciences Humaines (FALSH) de l'Université de Yaoundé
I, pour la formation intellectuelle et le culte de l'effort qu'ils nous ont
inculqués.
De même, que mes camarades de promotion trouvent ici,
à travers ces quelques notes, l'expression de ma reconnaissance et
gratitude. Car, des débats souvent houleux et contradictoires pendant
les séances de séminaires nous ont été d'un apport
non négligeable dans notre processus d'apprentissage, de formation
intellectuelle et académique.
J'adresse également un remerciement à tout le
personnel des Centres documentaires et multimédias. Qui, grâce
à leurs implications, à travers la mise à ma disposition
des documents et parfois des sites de recherches nécessaires à ce
travail ; j'ai pu le réaliser avec minutie.
Il y'a ensuite les Religieuses de la Congrégation des
Filles de Marie (CFM) à qui, j'exprime ma profonde gratitude et
reconnaissance. En particulier aux Révérendes religieuses
:Pauline Nguenda ; Yvette JulietteMongouloukouPataka de m'avoir soutenu,
chacune à sa manière tout au long de cette aventure et d'avoir
fait preuve de beaucoup d'indulgence et de compréhension pour mon
absentéisme quasi-permanent à mon poste de travail. «
Pardonnez-moi, mes chères mamans d'avoir été si peu joueur
avec vous » !
Enfin, je ne saurais terminer mon propos sans adresser le
mérite qui convient et toute la gratitude à ma famille. Je pense
spécialement à Madame : Anastasie Kimbang, épouse
Ndio, Monsieur et Madame Claudine Massang ; Mesdemoiselles : Judith
Estelle Ngon ANdio, Jeanne Irène Adoube, et à mes amis :
Joseph Prosper Omgba, Laurentine NgaNdongoEssomba. Parce que leurs appuis
divers ont été un encouragement permanent et constant pour la
réalisation de ce travail. A tous que DIEU TOUT PUISSANT vous donne la
bénédiction nécessaire pour le sain épanouissement
de votre existence terrestre.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
RESUME
iv
ABSTRACT
v
LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET
ACRONYMES
vi
LISTE DES CARTES
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
I- CONTEXTE DE
L'ETUDE
2
II- RAISONS DU CHOIX
DU SUJET
4
III- INTERET DU
SUJET
5
IV- OBJECTIF DE LA
RECHERCHE
6
V- CLARIFICATION DES
CONCEPTS
7
VI- DELIMITATION
TEMPORELLE DU SUJET
12
VII- REVUE CRITIQUE
DE LA LITTERATURE
12
VIII-
PROBLEMATIQUE
15
IX- HYPOTHESES DE
TRAVAIL
16
X- DEMARCHES
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
16
XI- DIFFICULTES
RENCONTREES
20
XII- PLAN DE
TRAVAIL
21
PREMIERE
PARTIE:
L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE
MULTILATERALISME INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA
GEOPOLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES
3
CHAPITRE I:
LE CONTEXTE INTERNATIONAL DES ANNEES 2000 :
ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN
3
CHAPITRE
II:
LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 : ETIOLOGIE
ET SYMPTOMATOLOGIE
3
CONCLUSION DE CHAPITRE
68
DEUXIEME
PARTIE:
LE CAMEROUN ET LA CRISE
3
IRAKIENNE DE 2003
69
CHAPITRE
III:
LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISE
IRAKIENNE DE 2003
3
CHAPITRE
IV:
LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENT DU CAMEROUN
AUX COTES DES USA
3
CONCLUSION GENERALE
119
ANNEXES
122
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
135
TABLE DES MATIERES
146
RESUME
Le sujet sur « La diplomatie camerounaise et la
crise irakienne de 2003 » pose le problème de
l'ambiguïté du positionnement diplomatique du Cameroun dans ce
conflit. Notre thèse part du constat selon lequel : les
débats autour de la question du désarmement de l'Irak à
l'ONU ont provoqué une crise internationale entre les pays membres du
Conseil de Sécurité. Le dossier irakien a cristallisé les
positions et mis en lumière deux lectures divergentes et de
résolution d'une grande question internationale. Pour le Cameroun,
membre non-permanent du Conseil de Sécurité au cours de cette
période, il a été question de défendre les
principes et idéaux de l'Organisation des Nations Unies, notamment le
règlement pacifique des différends et le respect de la
légalité internationale. Cependant, dans la pratique, surtout les
derniers jours précédant le déclenchement des
hostilités par la coalition anglo-américaine en Irak, sa
diplomatie a opéré un revirement spectaculaireen se rangeant aux
côtés des Etats-Unis, principal protagoniste de cette crise. La
présente étude tente de donner une explication rationnelle
à ce revirement. La posture épistémologique est
positiviste et le raisonnement est déductif. La méthodologie de
recherche a consisté en la collecte des informations écrites et
orales, la lecture des rapports, mémoires et périodiques qui ont
relaté l'évènement. Au terme de notre analyse, il
apparaît que la position ambigüe du Cameroun dans la crise irakienne
de 2003 découle de ses contraintes domestiques. Celles-ci ont, en effet,
pesé contre les principes traditionnels de sa diplomatie. Cette
compromission a permis au gouvernement camerounais de recevoir en retour le
soutien des Etats-Unis sur bon nombre de dossiers politiques et
économiques jugés cruciaux auxquels il était
confronté.
Mots clés : Diplomatie - Crise -
Conseil de Sécurité - Membre Non-permanent - Cameroun
ABSTRACT
The subject on "Cameroonian diplomacy and the Iraq crisis
of 2003" poses the problem of the ambiguity of the diplomatic positioning of
Cameroon in this conflict. Our thesis is based on the observation that the
debates surrounding the question of the disarmament of Iraq at the United
Nations provoked an international crisis between the countries members of the
Security Council. The Iraqi issue has crystallized positions and highlighted
two divergent readings and resolution of a major international issue. For
Cameroon, a non-permanent member of the Security Council during this period,
there was talk of defending the principles and ideals of the United Nations,
including the peaceful settlement of disputes and respect for international
legality. However, in practice, especially the last few days before the
outbreak of hostilities by the Anglo-American coalition in Iraq, his diplomacy
has made a dramatic turnaround by standing side by side with the United States,
the main protagonist of this crisis. This study attempts to provide a rational
explanation for this shift. The epistemological posture is positivist and the
reasoning is deductive. The research methodology consisted of collecting
written and oral information, reading reports, briefs and periodicals that
related the event. At the end of our analysis, it appears that Cameroon's
ambiguous position in the Iraq crisis of 2003 stems from its domestic
constraints. They have, indeed, weighed against the traditional principles of
his diplomacy. This compromise allowed the Cameroonian government to receive in
return the support of the United States on a number of crucial political and
economic issues it was facing.
Keywords: Diplomacy - Crisis - Security
Council - Non-Permanent Member - Cameroon
LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ACOTA :
|
African Contingency Operations Training and
Assistance
|
ADM:
|
Armes de Destruction Massive
|
AGOA :
|
AfricanGrowthOpportunitiesAct
|
AIEA:
|
Agence Internationale de l'Energie Atomique
|
ANZUS:
AOPIG:
|
Australia, New-zeland, United States of America
African Oil Policy Initiative Group
|
BIRD
BIR :
BFF :
|
Banque Internationale pour la Reconstruction et le
Développement
Bataillon d'Intervention Rapide
BakassiFreedomFichters
|
BRICS:
|
Brasil, Russia, India, China,South Africa
|
CEMAC :
|
Communauté Economique et Monétaire d'Afrique
Centrale
|
CENUCED
CESA :
CHOCOCAM :
|
Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement
Centre d'Etude Stratégique pour l'Afrique
Chocolaterie et Confiserie du Cameroun
|
CIA:
|
Central Intelligence Agency
|
CIJ:
|
Cour Internationale de justice
|
CEE
|
Communauté Economique Européenne
|
CNN
|
Cable News Network
|
COCOVINU :
|
Commission de Contrôle, de Vérification et
d'Inspection des Nations Unies
|
CPI:
DSRP :
FAA :
|
Cour Pénale Internationale
Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté
Force Africaine en Attente
|
FALSH:
|
Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines
|
FMI:
FUNU :
|
Fonds Monétaire International
Fonds des Nations Unies d'Urgence
|
GATT:
HEVECAM :
IFC:
|
General Agreement and Tariffs and Trade
Hévéas du Cameroun
Institut Français du Cameroun
|
IPPTE:
|
Initiative Pays Pauvres Très Endettés
|
IRIC:
|
Institut des Relations Internationales du Cameroun
|
IRS :
MINEFI :
MINMEE :
|
Intelligence Renseignement Surveillance
Ministère de l'Economie et des Finances
Ministère des Mines de l'Eau et de l'Energie
|
MINREX:
OCB :
|
Ministère des Relations Extérieures
Office Camerounaise de Banane
|
OEA:
|
Organisation des Etats Américains
|
OIT:
|
Organisation Internationale du Travail
|
OMC:
OMP :
|
Organisation Mondiale du Commerce
Opération de Maintien de la Paix
|
ONG:
|
Organisation Non-Gouvernementale
|
ONU:
|
Organisation des Nations Unies
|
OTAN:
|
Organisation du Traité de l'Atlantique Nord
|
OTASE:
|
Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est
|
OUA:
PAS :
PEC :
PNUD :
|
Organisation de l'Unité Africaine
Programme d'Ajustement Structurel
Politique Etrangère du Cameroun
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
REGIFERCAM :
|
Régie des Chemins de Fer du Cameroun
|
SDN:
|
Société des Nations
|
UA:
|
Union Africaine
|
UCAC:
|
Université Catholique d'Afrique Centrale
|
UDEAC:
|
Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale
|
UE :
UNDP :
|
Union Européenne
Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès
|
UNSCOM :
|
United Nations Commission
|
UPC :
|
Union des Populations du Cameroun
|
UPU:
|
Union Postale Universelle
|
URSS :
|
Union des Républiques Socialistes Soviétiques
|
USA:
|
United States of America
|
USAID:
|
United States Agency International Development
|
LISTE DESCARTES
Carte 1 : Le système des Nations
Unies.
3
Carte 2 : La péninsule de Bakassi
109
Carte 3 : Domaine maritime et continentale des
pays du golfe de Guinée
111
INTRODUCTION GENERALE
I- CONTEXTE DE
L'ETUDE
Après la guerre du Golfe, les dispositions de la
résolution 687, du 3 avril 1991 avaient placé le Conseil de
Sécurité de l'ONU au centre du dispositif de
rétablissement de la paix entre l'Irak et le Koweït, dispositif qui
passait par l'instauration d'un régime d'embargo et de sanctions
internationales sans précédent visant en premier lieu le
désarmement de l'Irak sous le strict contrôle de la Commission
Spéciale des Nations Unies (UNSCOM).
A partir de 1995, à cette gestion du désarmement
de l'Irak s'ajoute pour l'ONU celle des effets des sanctions à travers
le programme « pétrole contre nourriture »
(résolution 986) que le régime irakien accepte finalement en
19961(*). Le dossier
« désarmement » est le premier à se trouver
dans une impasse. Pendant les six premières années, l'UNSCOM est
un outil important et crédible de désarmement, de contrôle
et de non-prolifération faisant de l'Irak un cas exemplaire. Des
destructions importantes sont accomplies dans l'élan du cessez le feu et
les multiples découvertes sur le terrain permettent de compléter
la connaissance des experts sur l'état des programmes irakiens
proliférants d'avant-guerre.
La coopération irakienne avec l'UNSCOM s'estompe
toutefois au fur à mesure que les inspecteurs internationaux progressent
dans leurs missions, alors que de nombreuses questions en suspens apparaissent
- notamment pour ce qui est des activités irakiennes dans les domaines
chimiques et biologiques - et que des soupçons surgissent, au sein de
la Commission, sur de possibles activités irakiennes de dissimulation.
Ces soupçons conduisent certains pays membres du Conseil de
Sécurité comme les Etats-Unis à considérer que, si
aucune arme n'est trouvée, c'est que le régime irakien les
dissimule.
En 1997, l'Irakdécide de suspendre sa
coopération avec les inspecteurs de l'ONU. S'ensuiventalors de
nombreuses tentatives diplomatiques (de la part de la Russie, de la Turquie, de
la France, de l'Egyptenotamment) pour tenter de convaincre SaddamHussein
d'accepterle retour des inspecteurs. Cette criserévèleainsi les
intentions spécifiques des principaux acteurs de Bagdad et de
Washington. Elle met également à jour une impasse, sur le volet
humanitaire, due au renforcement des sanctions au détournement du
programme « pétrole contre nourriture » par le
régime de Saddam Hussein. En effet, le régime irakien,
placé en position de survie, s'adapte progressivement aux contraintes
des sanctions internationales, utilisant le dispositif humanitaire onusien
comme un nouvel instrument de contrôle et de coercition de sa population,
et met au point des techniques de contournement de l'embargo commercial et
pétrolier lui permettant de s'enrichir et de durer. Le face à
face avec le Conseil de Sécurité et en particulier avec les
Etats-Unis, sur le terrain des ADM se résumant en un jeu successif de
coopération, de négociations et de ruptures, lui donne, en outre,
l'opportunité de se poser en acteur diplomatique contraint, mais
occupant d'une certaine manière la scène régionale et
internationale.
De leur côté, lesEtats-Unis qui,depuis
1991,s'étaientattachés à la logique de
l'endiguementprolongé de l'Irak prennentconscience de l'impasse que
constitue pour eux la gestion onusiennede l'après-guerre en Irak. Ils
s'orientent progressivement vers une lecture plus idéologique du
dossierirakien, l'idée de changement de régimeétant pour
la premièrefois ouvertement assumée par l'AdministrationClinton
en 19972(*).Les
bombardements anglo-américains punitifs et limitésde
décembre 1998 sous le couvert de l'opération« Renard du
désert » constituent le premier ballon d'essai de cette
réorientationstratégiquequi, contournant le Conseil de
Sécurité,implique notamment la mise en oeuvre d'une nouvelle
politique en matière dedéfense et de lutte contre la
prolifération. Pour autant, jusqu'à l'été
2002,l'idée de faire plier le régime de SaddamHusseinvia les
contraintes internationales prévaut encore àWashington.Car,
l'instrumentmultilatéralétantencore privilégié sur
ce dossier par les autorités américaines.
La crisequi survient en septembre 2002 à mars 2003,est
le résultat de l'impossiblerèglement de l'après-guerre du
Golfe,ainsique des impasses du volet « désarmement »
comme du volet humanitaire. Cette crisetémoigneégalement de
l'expression d'une nouvelle forme de suprématieaméricaine sur la
scène internationale face aux blocages répétitifs du
dossier irakien à l'ONU et au renforcement du potentiel militaire
irakien au détriment de l'Etat d'Israël.LesEtats-Unispassant une
dernière fois par le Conseil de Sécurité,veulent faire la
démonstrationde l'incapacité de la
communautéinternationaleà faire face à un
régimequi, selon eux ne reconnait que la menace et la force.Ainsi, comme
en 1997lors de la suspension de la coopération irakienne avec les
inspecteurs de l'ONU, le Conseil de Sécurité est utilisé
par les Etats-Unis comme un instrument utile tant que leurs objectifs peuvent
s'y exprimer, mais contournable au regard du nouvel impératifmoral,
unimpératif qui conduit la puissanceaméricaine àagir seule
pour ce qu'elle considère comme étant de
l'intérêtpartagé de l'ensemble de la communauté
internationale.
En outre,l'expression de la puissanceaméricaine,dont
l'effetmultiplicateur des attentatsterroristes du 11 septembre 2001 est
directementpalpable sur le dossier irakien, conduit ainsi au basculement du
dossierirakien dans une dimension idéologiquepropre à la
nouvelleAdministrationaméricaine,qui se
considèredorénavant comme en guerre. Classé
dansl' « Axe du Mal », l'Irak est alors traité
par l'Administration Bush comme une cible
supplémentaireintégrée dans la campagne de lutte contre le
terrorisme international et dans la mise en oeuvre de la nouvelle doctrine des
frappespréventives. De plus,cette dialectique,
désormaisélaborée dans le cours d'une vision
néo-conservatrice3(*)
« révolutionnaire »,place le régime irakien
comme la premièreétape d'un vaste programme de réformes
du « Grand Moyen-Orient ».
En somme,cette logique de confrontation et les postulats qui
l'accompagnent ont empêchétoutes solutions et capacités de
prouver le désarmement de l'Irak. C'est cette logique qui a
continué de prévaloirjusqu'à l'intervention
anglo-américaine, le 20 mars 2003 et qui a empêché la
Commission de contrôle, devérification et d'inspections des
Nations Unies (COCOVINU) de mener à son terme le processus d'inspections
reprises après le vote de la résolution 1441.C'est
également aussi, cette logique qui a empêché toute
unité véritableentre les membresdu Conseil de
Sécurité.
A l'origine de cettedémarche scientifique,notre
tâche consiste àanalyser le positionnement diplomatique du
Cameroun dans ce conflitauquel, il a pris part malgré lui. De ce fait,
laprésente étude s'intitule donc :
`'LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE ET LA CRISE IRAKIENNE DE
2003`'
ESSAI D'ANALYSE HISTORIQUE
II-
RAISONS DU CHOIX DU SUJET
L'engouement de traiter ce sujet découled'abord de
notre formation d'historien,passionné pour l'histoire et
désireuxd'apporter sa modeste contribution à l'historiographie de
son pays. L'amour pour l'histoire des relations internationales, nous a
été influencé en Année de Licence, dans le cadre de
l'Unitéd'Enseignement :La politique étrangère du
Cameroun.
En effet, lors de nosdifférentsséminaires et
cours magistraux, nous avons été édifiés sur le
fait que, la politique étrangèred'un Etatrelève de la
souveraineté et la sécurité nationales. Le
caractère particulièrement sensible de cet aspect des politiques
publiques, au Cameroun a été érigé en
« domaineréservé du président de la
république»4(*).Même si, en la matière le Cameroun n'a
pas innové.
En dehors de cet engouement, notre choixfut également
dictépar la volonté de capitaliser les enseignements reçus
dans le cadrede notre curriculum studiorum.Comme une machette qui s'use quand
on ne s'en sert pas, la formation reçue dans le cadre des unités
d'enseignementde méthodologie notamment, serait vaine si elle
n'était pas sanctionnée par un travail de recherche.
Laprésente étude menée,en vue de la
rédaction de notre mémoire de Master vise donc,
àdévelopper en nous, des compétences dans le domaine de
larecherche.Ainsi, peuvent êtrerésumées les raisons quinous
ont pousséesà faire ce travail.
III- INTERETDU SUJET
La présente étude qui se veut être une
modeste contribution de la science politique àl'histoire de la politique
étrangère du Cameroun révèle qu'elle dégage
un certain nombre d'intérêts justifiant le
créditàaccorderà la présente recherche. Ainsi, la
présente étude fait ressortir troisintérêts
majeurs : scientifique,politique et académique.
A- Intérêtscientifique
L'intérêt scientifique peut s'entendre comme
l'apport que l'étude d'un fait social donné ajoute à la
science. Dans le cas de l'espèce, l'intérêt scientifique de
ce travail repose sur le fait qu'il se veut une contribution à la
problématique portant sur,« la diplomatie camerounaise et
la crise irakienne de 2003 ».
De ce fait, il confronte l'attachement proclamé du
Cameroun à ses principes de politique étrangère avec
l'aval donné aux Etats-Unis, par la visite officielle du Chef de l'Etat
camerounais à Washington, le jour même du déclenchement
des hostilités en Irakpar les Etats-Unis, au mépris de la
légalité internationale et,par la suite s'efforced'explorer les
raisons de l'entorse faite par le Cameroun à des principes
proclamés jusque-là intangibles.
Ainsi, l'intérêt scientifique de cette
étude démontre que, les autorités camerounaises
enchoisissant de violerdélibérément des principes de
politiques étrangères proclamés jusque-là
intangibles, pour s'aligner au côté des Etats-Unis dans ce
conflit, conforte le paradigmeréalistedes relations internationales qui
préconise que, seuls les intérêtsconditionnent les rapports
entre Etats.
B- Intérêt politique
Il serait
prétentieux,voireprésomptueuxd'envisager dans ce travail,
d'analyse de la diplomatie camerounaise sans prendre en compte, le rôle
prépondérant duPrésident de la république dans le
processusd'élaboration et de décision de la
politiqueétrangère du Cameroun.
La place du MINIREXest certes, importante dans la mise en
oeuvre de la politique extérieure du Cameroun5(*),mais il n'en demeure pas que la
primauté du Chef de l'Etat dans la gestion des compétences
internationales fait de ce secteur des politiques publiques, un
« domaine réservé ». Il en revient au Chef de
l'Etat seul, d'en fixer les grandes lignes, de la définir, et de la
mettre en oeuvre en fonction de la conjoncture internationale et des
contingences nationales du moment. Le Chef de l'Etat a ainsi, la main ferme sur
les matièresinternationalesà propos desquelles, il ne
délèguepresque jamais de pouvoirs6(*).Il demeure le responsablesuprême des
laboratoiresoùs'élabore la politique étrangère du
Cameroun.
A la lumière de ce qui précède, le
rapprochement de la diplomatie camerounaiseau côté des Etats-Unis,
les derniersjours précédant le déclenchementdes
hostilités en Irak, après avoir pourtantclaironné son
engagementcontre toute intervention militairedans ce pays,laisse penser que, ce
revirement diplomatique des autorités camerounaises estune initiative
hautement politique.
C- Intérêt académique
L'intérêtacadémique de cette étude
apparaît à plus d'un titre comme une voie menant à
l'obtention du diplôme de Master en histoire des relations
internationales et une ouverture vers les étudesdoctorales. En
plus,elle nous offre la possibilité d'apporter autant que possiblenotre
modeste contribution à l'analyse des questions de politique
internationale d'un point de vue de l'histoire des relations
internationales.
IV- OBJECTIF DE LA
RECHERCHE
Définirl'objet de la recherche revient, selon Madeleine
Grawitz,à tracer son chemin pour pouvoir savoir oùl'on va et ce
que l'on recherche7(*), afin
de ne pas perdre le « fil d'Ariane ».Dans le cadre du
mémoire de Master que nous soumettons àsoutenance,l'objectifvise
à faire une analyse, dupositionnementde la diplomatiecamerounaise dans
la « crise irakienne » de 2003, et en sortir l'impact pour
leCameroun.
V- CLARIFICATION DES
CONCEPTS
La précision du cadre conceptuel est l'une des
tâches préalables dans toutes les recherches. Propos
confirmés par Sertillanges qui estime que :« toute recherche
part d'une définition, et de là, proviennent toutes les
déterminations ultérieures »8(*).Cette précision découledu constat selon
lequel, de nombreux concepts utiliséspar des étudiants en
Histoireprêtent parfois à équivoque. Ainsi, pour
remédier à cette lacune et lever toute ambiguïté,
pouvant avoirlieu dans notre champ d'étude, il est judicieux de
définir les concepts suivants :
A- Diplomatie
Selon,Charles Debach9(*) et al, le terme diplomatie désigne
« l'art de la représentation d'un Etat dans les relations
internationales, dans la défense de ses intérêts à
l'étranger et dans les négociations avec les autres
Etats ».Raoul Delcorde10(*)le définit comme « la conduite
desrelations extérieures par le moyen de la représentation et de
la négociation ».
Assimilée à la politique étrangère
d'un Etat, la diplomatie se comprend comme les organes et moyens
employés pour la conduite des relations internationales de l'Etat.
C'estdonc le domaine de la science politique et des traditions qui traitent des
relations internationales et des rapports mutuels entre Etats. Mais aussi, la
pratique, l'action et la manière de représenter son pays à
l'étranger ou bien dans des organisations internationales, de concilier
leurs intérêts respectifs ou de régler un problème
sans recours à la force. Par analogie, le terme diplomatie dans la vie
courante renvoie à l'habileté, le tact, l'adresse, la souplesse,
la prudence, voir la ruse dont une personne fait preuve dans la conduite
d'affaires difficiles ou dans les relations avec autrui.
Les expressions « diplomatie »et
« diplomatique » datent de la fin
duXVIIIème siècle. Ce qui correspond historiquement
à l'achèvement du processus de construction étatique en
Europe. Autant dire que, la mise en place des échanges diplomatiques
renvoie à un long mouvement historique de centralisation et de
monopolisation par les Etats de l'administration des relations
extérieures. En effet, c'est avec la
« république » de Venise au Moyen-âge
que nait la diplomatie telle que nous l'entendons, avec un caractère
permanent et une organisation en charge de préparer les misions à
l'étranger. L'objectif est d'abord commercial. Car, Venise envoie des
ambassadeurs à Milan, Gènes, voir même en Perse et en Chine
pour défendre ses intérêts commerciaux et s'informer des
intentions probables de ses concurrents. Ses ambassadeurs envoient des
rapports.
La diplomatie s'institutionnalise, avec son corps
diplomatique, ses privilèges et son protocole. De Venise, l'institution
diplomatique inspira d'autres Etats notamment : la France, l'empire
Ottoman, la Perse et le Vatican qui, très tôt établit une
académie diplomatique. Cependant, c'est avec le Congrès de Vienne
en 1815, que l'on jette les bases d'une véritable carrière
diplomatique et, partant le caractère permanent de la fonction de
diplomate.
Aujourd'hui encore,comme hier, il n'est d'autre diplomatie que
celle des Etats. D'ailleurs, pour les théoriciens réalistes qui
continuent d'appréhender les relations internationales, en termes
étatiques, il en est toujours ainsi. Toutefois, la diplomatie a
cessé de concerner exclusivement les questions d'ordre politique et
stratégique pour intégrer d'autres secteurs d'activités
comme les relations commerciales, les investissements financiers, l'action
culturelle.
Dans un contexte de mondialisation, des acteurs transnationaux
échappent dorénavant au contrôle souverain des Etats. La
diplomatie traditionnelle connait-elle de profonds bouleversements. Ayant
initialement pour objectif de représenter l'Etat, de garantir sa
souveraineté et de préserver ses intérêts, elle
était jusqu'encore récemment confiée à un corps
d'agents spécialisés, chargés de conduire les
négociations selon des procédures soigneusement mises au point et
codifiées. De nos jours, ce monopole des agents diplomatiques se trouve
entamé par l'action et l'expertise de nouveaux acteurs capables
d'élaborer des formes inédites (exemple : Organisations
internationales, ONG, Firmes transnationales, etc.). Même si, pour
l'heure, les actions non-étatiques restent encore fragmentaires et
intermittentes dans le champ diplomatique, elles produisent d'ores
déjà des effets qui contraignent les diplomates professionnels
à développer des stratégies de mise à distance, de
contournement ou, au contraire, de réappropriation de certains enjeux
(exemple : la « diplomatie verte », ou la
« diplomatie humanitaire »).
Ainsi, les diplomatessont-ils de plus en plus
concurrencés par les intervenants privés qui mettent en place des
« diplomaties de secondes voies », voire des diplomaties
« multiples » aux contours
hétérogènes, mais souvent innovants, notamment dans le
règlement des conflits. En outre, ils sont également
marginalisés par la « diplomatie des sommets » qui a
pris une grande ampleur depuis les années 1970. Avec celle-ci, les Chefs
d'Etats et de Gouvernements mettent en effet délibérément
l'accent sur leurs rencontres directes, dans un cadre souvent très
personnalisé. Ces modalités diverses de l'action diplomatique,
actuellement à l'oeuvre sur la scène mondiale, témoignent
de la reconfiguration de la politique internationale post westphalienne.
Au regard de ce qui précède, ladouloureuse
parturition duCameroun en 1960, déchiré entre ses fils,
engagés dans les
systèmesd'alliancespolitico-idéologiquesopposés ;
obligea les autoritéslégalesàopérerdes choix
diplomatiques conséquents. C'est ainsi, qu'échut à Charles
Okala11(*), la
responsabilité d'asseoir une politique étrangère
cohérente. Celui-ci, qui ne dissimulait pas sa préference pour le
camp occidental, conçut et mis en place, avec Ahmadou Ahidjo, une
politique étrangère délibérément
tournée vers l'Ouest.
Cependant, cette orientation pro-occidentale de la politique
étrangère du Cameroun devint préjudiciable pour l'image du
régime camerounais dont, les opposants désignaient comme un
régime fantoche, à la solde de l'Occident.Pour utile qu'il fut,
cet éveil politique eu le mérite de légitimer, d'affirmer
et de défendre, les intérêts internationaux du
Cameroun.Mais,la diplomatie se distingue nettement de la politique
étrangèrequi, en plus de son volet diplomatique
intègrel'aspectstratégique des relations internationales12(*). La diplomatie n'est qu'une
partie de la politique étrangère.Ainsi, pour mener à bien
nos investigations dans le cadre de cette étude, nous retenons,la
définition du mot« diplomatie »selon,le sens
donné par, CharlesDebach etal,dansle Lexique de
politique13(*).
B- Crise
Le mot « crise », à force
d'être suremployé, mal ou pas défini, est un cliché,
une facilité, voire un abus de langage. Ses emplois sont en effet
multiples. Il y a l'usage médical selon lequel la crise est un moment
d'une maladie caractérisé par un changement subit, pas toujours
décisif mais souvent grave, intense ou douloureux. Il y'a par extension
l'usage émotif, qui assimile la crise à une manifestation
soudaine et violente. Enfin, inspiré des emplois
précédents, il y a l'usage métaphorique, utile pour
qualifier de très nombreux domaines, en particulier les phases les plus
aigües des relations internationales. Ainsi, appelle-t-on
« crise » ces moments de tension entre Etats.
Ce dernier usage du concept de crise ne résoud pas le
problème de sa définition. Le mot s'applique en effet trop
facilement à n'importe quelle tension, n'importe quel
désagrément politique, économique, financier, que celui-ci
soit cataclysmique ou simplement problématique. Le terme s'emploie
également pour décrire des changements ou des transformations
intervenues sur de longues périodes. Ainsi, l'utilise-t-on pour
décrire des difficultés économiques, des civilisations en
faillites, ou une dégradation persistante et inquiétante de
l'environnement. Aussi, bien que des accidents du système
monétaire, une brusque multiplication des prix du pétrole, un
effondrement des cours de la Bourse, etc. Tant d'incompréhensions et
d'incertitudes, tant d'approximations et d'imprécisions incitent
à approfondir la connaissance de ce concept singulier.
L'origine du mot crise remonte à la Grèce
antique. Pour les contemporains de Platon14(*), le verbe krinein signifie
« juger », puis « séparer »
ou « discriminer » et
enfin « décider ». Le latin
krisis, « jugement » ou
« décision », se transforme avec le temps. Il
devient cristin au XIVème siècle, crisis au
XVIème siècle, et plus tard « crise ».
L'essentiel peut-être de l'étymologie du mot réside dans la
« notion de décision ». Au coeur de toute
définition, de toute compréhension utile et rigoureuse du
phénomène de la crise, figure cette obligation de décider.
Sans décision à prendre, et donc sans jugement préalable,
la crise n'existe pas.
L'étude des crises internationales est un
phénomène récent, vieux à peine d'un
demi-siècle. Les premières études datent du milieu des
années 1970. L'Amérique, stimulée par la crise des
missiles de Cuba, a ouvert la voie. Le « crisis
management », cette nouvelle discipline de l'étude des
relations internationales, est issu des travaux effectués à cette
époque.
De ces premiers efforts d'analyse, ressortent deux aspects
remarquables : la crise dans les relations internationales est un
phénomène singulier d'une importance exceptionnelle. Il y'a
absence quasi-totale de consensus sur ce qu'elle est exactement. Semblable
paradoxe peut s'expliquer de deux manières : en notant tout d'abord
l'extrême complexité du phénomène, en observant
ensuite le nombre considérable de crises survenues au
XXèmesiècle. Selon les auteurs et les
définitions adoptées, des plus restrictives aux plus larges, ce
nombre est estimé à plusieurs milliers.
Nombreusessont les définitions de la crise, les unes
bien connues, d'autres plus confidentielles. A cet égard, militaires et
civils rivalisent d'inventivité. Mentionnons d'abord celle, de Charles
Hermann qui, définit la crise comme : « une situation
qui : menace des objectifs hautement prioritaires de l'unité
décisionnaire ; réduit le temps de réponse disponible
avant que la décision ne se transforme en action ; surprend les
membres de l'unité décisionnaire par son
occurrence ».15(*)
Le Général, Beaufre, appréhende la crise
comme : « un état de tension au cours de laquelle on
risque au maximum une escalade vers un conflit armé et où l'on
veut empêcher l'adversaire d'acquérir un certain avantage
politique ou militaire»16(*).Le Général, Poirier, lui,définit
le phénomène comme étant :« la
détérioration brusque ou graduelle des facteurs
d'équilibre assurant ordinairement les rapports de coexistence entre
certains Etats »17(*).Philipe Moreau-Defarges, pense quant à lui,
qu'il s'agit d' :
Un moment de tension mettant en jeu brutalement les
intérêts fondamentaux de deux ou plusieurs Etats, à
l'initiative de l'un ou de certains d'entre eux, puis donnant lieu après
l'épreuve de force à un relâchement de la tension, et
à une forme d'accord, apparent ou réel, entre les
partenaires-adversaires18(*).
Alastair Buchan, analyse la crise comme « la
période d'un conflit entre deux ou plusieurs Etats qui intervient
lorsqu'un parti a mis l'autre au défi sur un point précis ou
définissable et lorsqu'il faut prendre une décision sur la
réponse à donner à ce défi »19(*).Enfin sans doute, convient-il
à rappeler ce qu'écrivait majestueusement, Raymond Aron mais qui
concerne d'abord et seulement les crises de la Guerre Froide, substitut commode
à la guerre :
Lorsque la guerre est impensable (...)la crise est cette forme
de violence retenue, d'affrontement inachevé, destiné à
peser sur la détermination de l'autre pour le contraindre à
renoncer à ses intérêts légitimes, et obtenir de lui
des concessions qui ne valent pas l'enjeu, et le risque de la guerre
totale »20(*).
Toutes ces définitions, et d'autres encore, plus
longues et plus détaillées, tout comme les réflexions qui
leur sont associées, comportent divers points, éventuellement
communs : rupture avec un statuquo - remise en cause d'un état
d'équilibre- possibilité fréquente d'affrontements
militaires-décision importante à prendre alors que l'on n'a pas
accès à l'ensemble des informations indispensables à toute
prise correcte de décision.
La crise constitue donc un phénomène aigu et non
pas chronique, où par voie de conséquence, les dynamiques de la
prise de décision sont anormales et extraordinaires.Cependant, la crise
n'est pas la guerre. La guerre ou le conflit armé sont très
souvent le produit d'une crise mal gérée.
En somme, que dévons-nous retenir du concept
de« crise » utilisé dansnotre étude ? En
effet, nous pensons qu'il existe un lien entre le concept de « crise
irakienne »et le concept de « crise » tel
quedéfini par les différents auteursdans notre étude
conceptuelle. Car, le thème de notre études'inscrit dans une
logique detension entre Etats.Comme tel, il met enjeu les intérêts
fondamentaux de plusieurs Etatsàl'initiative d'un,à savoir :
les Etats-Unis, le principal protagoniste de la crise irakienne de 2003.
VI- DELIMITATION TEMPORELLE DU SUJET
Nos bornes chronologiques couvrent en théorie les dates
du 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2003. Ces deux
datessituent un fait conjoncturel. La première date, le 1er
janvier 2002, marquele début de la mandature du Cameroun au Conseil de
Sécurité de l'ONUen qualitéde pays membre non-permanent.
La seconde date, le 31 décembre 2003, consacre la fin de cettemandature.
Bien que, restrictives pour nos analyses, ces deux dates sontcependant, des
repères chronologiques importants sans lesquels, il serait difficile de
saisir le cadretemporel de notre sujet.En outre, pour étayer nos
analyses, nous utilisonsune démarche de la rétrospective
temporelle à notre borne d'étude inferieure et de la prospective
temporelle, pour les évènements postérieurs à la
borne d'étude supérieure.
VII- REVUE CRITIQUE DE LA
LITTERATURE
Toute recherche s'inscrit généralement dans la
foulée des travaux qui, à l'intérieur comme à
l'extérieur de notre discipline ont déjà été
effectués sur le sujet que l'on a choisi21(*). Est-il utile, au début de toute recherche de
procéder à un inventaire de ce qui a déjà
été écrit sur le sujet.
La revue de la littérature à laquelle, nous
procédons, répond à cette exigence scientifique dans la
mesure où, nombreuxsont des auteursqui, avant nous se sontpenchés
sur la questionde « la diplomatie camerounaise etla crise irakienne
de 2003 ».Cependant, peud'auteurs ont analysé en
profondeurlepositionnement diplomatiquedu Cameroun dans ce conflit.Pour combler
ce vide, plusieurs documents ont été consultés. Ceux-ci,
peuvent être rangés en troisrépertoires.
En premier lieu, nous avons des documents qui parlent de la
politique étrangère du Cameroun. Ces documents ne consacrent
aucune ligne à notre sujet d'étude.Cependant, Narcisse,
MouelleKombi22(*) et
FozeingKwanke23(*), ont
le mérite de consacrer,une réflexion sur La Politique
étrangère du Cameroun, dans leurs ouvrages éponymes.
Ilressort de ces deux réflexions que, malgré une forte
présidentialisation de la politique étrangèrede l'Etat du
Cameroun, il n'en demeure pasque, celle-ci estfondé sur des invariants
tels que : le respect de l'indépendanceet la souveraineté
nationales, l'autonomie de décision et le libre arbitre en politique
étrangère, le non-alignement, etc.
En second lieu, on enregistre des documents qui parlent du
Cameroun dans la crise irakienne de 2003. Ces documents sont constitués
de deux articles tirés d'un ouvrage collectif et le reste pour
l'essentiel des journaux de l'époque ayant
relatél'évènement.Parlant des articles, nous avons en
premier celui, de Dieudonné Oyono et en second, celui deChristian Bepi
Pout et Hugues Pauline Bend.
Parlant de l'article deDieudonné Oyono24(*) : « La seconde
Guerre duGolfe et la résurgence des `'malentendus
transatlantiques'' : le dilemme camerounais »,l'auteur fait
état de la position diplomatique du Cameroun dans la crise
franco-américaine du Conseil de Sécurité.En effet,
danscette criseayant opposéla France,aux Etats-Unis sur la
nécessité ou non, de déclarer la guerre à l'Irak,
le Cameroun apparaît comme écartelé entre les positions
française et américaine ce, à priorisans grand rapport
avec le conflit irakien.
En second, Christian Bepi Pout et Hugues Pauline Bend25(*),dans un article
intitulé, « Guerre du Golfe,épisode 2 : une
analyse de la réception de la couverture du conflit dans la presse
camerounaise », fontétat de la positiondu gouvernement dans ce
conflit,à partirdes différents journaux nationaux.De cette
analyse, il se dégagedeuxthèses : celle d'un non-alignement
du Cameroun, aux côtés des Etats-Unis, et celle d'un rapprochement
des positions entre les deux pays.
Parlant des journaux qui ont relaté
l'évènement, il se dégage des différents articles
consultés que, deux thèses s'y affrontent effectivement. La
première thèse est celle tenueparle quotidien
gouvernemental,Cameroon Tribune26(*) qui, fait état d'un non-alignement de la
diplomatie camerounaises, aux côtés des Etats-Unis dans ce conflit
ce, malgré de nombreuses pressions.
La seconde thèse est entretenue par des journaux
privés. A l'exemple duMessager27(*)etLa Nation28(*)qui, pour le premier analyse le choix cornélien
auquel fut confronté le Chef de l'Etat camerounais, partagé entre
les pressions américaine et française sur ce conflit. Tandis que,
le secondnous révèle que, la visite du président Paul
Biya, à Washington, les derniers joursprécédant le
déclenchement des hostilités en Irak,marque la prise de position
du Cameroun dans ce conflit, aux côtés des Etats-Unis. Cette
thèse est d'ailleurs confortée parEdmondKamga29(*) de La Nouvelle
Expression qui, pense que, c'est de cette visite du Chef de l'Etat
à Washington que, « le Cameroun a commencé a
figuré sur la liste secrète de la coalition des pays favorable
à la guerre en Irak ».
Pour utile que ce débat fut posé dans la presse
nationale, nous constatonsdes différentes analyses contenues dans ce
premier répertoirede notre revue de littérature que,l'aval
donné aux Etats-Unis, à travers la visite du Chef de l'Etat
camerounais à Washington,les derniers jours précédant la
guerre en Irak,estune entorse préjudiciable pour la diplomatie
camerounaise. Au regard de cette thèse, les principes traditionnels de
la diplomatie camerounaise,selon Narcisse MouelleKombi et FozeingKwanke ont
été bafoués, et ouvert la brèche à un
rapprochement des positions entre le Cameroun et les Etats-Unis dans ce
conflit.
Dans le second répertoire se trouve des travaux
universitaires. Ces travaux n'ont pas de lien direct avec notre sujet mais sont
suffisammentédifiants pour comprendre les principes et objectifs qui
gouvernent la politique étrangère duCameroun. En premier, nous
avons Francine,NgayapNgandeu30(*).En effet,l'auteure dans son mémoire de
Maitrise en Histoire intitulé, « La Conférence des
ambassadeurs : une illustration de la mise en oeuvre de la politique
étrangère du Cameroun (1960-1985) », analyse l'impact
de ce Conseil dans le rayonnement de la politique étrangère du
Cameroun. Elley met en avant, les outils à travers lesquels se servait
le président Ahmadou Ahidjo pour le bon fonctionnement de la diplomatie
camerounaise.
En second, dans un rapport de fin stage académique
intitulé, « Le Ministère des relations exterieures
et la participation du Cameroun au Conseil de
Sécurité »31(*), Gerald DjounangNangaanalyse l'impact de la
participation du Cameroun au Conseil de Sécurité entre 2002 et
2003.Il y donne les raisons de la participation et les actionsde la diplomatie
camerounaise dans cette instance onusienne durant cette période.
Le troisième répertoire présente un
document qui parle de façon générale de la guerre en Irak.
En effet, écritsous la direction de Jean EmmanuelPondi, l'ouvrage
quis'intitule, Une lecture africaine de la guerre en Irak32(*), tente
d'appréhender une perceptionafricaine de la deuxième guerre du
Golfe. Quatre centres d'intérêts y sont abordés : Le
premier, analyse l'impact de la coalition américano-britannique en Irak.
Le second s'intéresse, aux aspects géo-économiques de la
guerre. Le troisième tente de percevoir la vision que les africains se
font decette guerre. Le quatrième, s'attarde surles questions
éthiques et religieuses. En somme, il ressort de cette
contributioncollective que, la seconde guerre du Golfe fut motivée par
des intérêts géoéconomiques et
géostratégiques.
Au regard de ce qui précède, que pouvons-nous
retenir des travaux sus évoqués dans le cadre de cette revue de
la littérature ? A cette question, nous relevonsqu'il se
dégage un rapprochement implicite de positions entre le Cameroun et les
Etats-Unis sur la question irakienne. Ce rapprochementambigu du Camerounaux
côtés des Etats-Unis apparait comme un soutien de sa diplomatie
à la thèseaméricaine d'une intervention militaire en Irak.
Cependant, les raisons de ce rapprochement duCameroun aux côtés
des Etats-Unis ne sont pasclairement explicites. D'où, la
nécessité de combler ce vide dans ce travail.
VIII-
PROBLEMATIQUE
Pupille des Nations Unies, le Cameroun a très tôt
fait le choix, dans le cadre de sa politique étrangère, de
promouvoir les principes et idéaux de l'organisation universelle.
C'estparticulièrement, le cas du règlement pacifique des
différendset du recours à l'arbitrage des institutions
internationales en cas de conflit.Cependant, on remarque que le Cameroun a eu
quelques difficultésà assumercette position dans la crise
irakienne de 2003. La visite du président Paul Biya, Chef de la
diplomatie camerounaise aux Etats-Unis, le jour même du début de
l'intervention militaire des Etats-Unis en Irak est de ce point de vue
interprétée comme une entorse du gouvernement aux principes
traditionnels de la politiqueétrangère du Cameroun. Cet
embarrasdu Cameroun àassumer et défendre les principes
traditionnelsde sa diplomatie dans ce conflit suscite une questionfondamentale:
Pourquoi Yaoundé s'est-il finalement aligné sur la position
américaine ?Et de cette question fondamentale, il en découle
une question subsidiaire, celle de savoir:Qu'elles furent les
retombées de cet alignement ostensible aux côtésdes
Etats-Unis ?
IX- HYPOTHESES DE
TRAVAIL
L'hypothèse au sens épistémologique est
une réponse provisoire ou anticipée à une question de
recherche. Elle suggère aussi les procédures de recherche, c'est
une supposition à partir de laquelle les conséquences sont
envisagées. En ce qui concerne cette étude, notre
réflexion se fonde sur deux hypothèses :
- Les contraintes domestiques ont pesé contre la
fidélité auxprincipestraditionnelsde la diplomatie
camerounaise.
- La collaborationaméricaine était indispensable
à la solution des problèmes domestiques du Cameroun.
La vérification de ces hypothèses
nécessite un outillage théorique et méthodologique
approprié.
X- DEMARCHES THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
Toute recherche en sciences sociales, et l'histoire ne fait
aucunement exception s'inscrit nécessairement dans une démarche
épistémologique et méthodologique bien
définie33(*). La
présente étude ne déroge pas à cette exigence
scientifique.
A-
Le cadre théorique de l'analyse
Pour RaymondAron, « une théorie est un
systèmehypothético-déductif,constitué par un
ensemble de propositions dont les termes sont rigoureusement définis et
dont les relations entre les termes (ou variables) revêtent le plus
souvent une forme mathématique »34(*).La théorie ici a pour
but de fixer les limites et tracer les axes le long desquels les investigations
et le déroulementde cette étude vont s'articuler.Il s'agit en
fait de « percer le secret des princes » en convoquant,la
théorieréaliste des relations internationales.
La théoriemobilisée : le
réalisme
La théorie réaliste des relations
internationales à des origines fortanciennes. Elle remonterait à
l'antiquité avec Thucydide (471-400 avant J.C) avec son récit sur
la négociation entre les puissantsAthéniens et les
représentants de la petite île de Mélos pendant les guerres
du Péloponnèse. Elle se structure davantage à partir du
XVIIèmesiècle grâce aux oeuvres de Thomas Hobbes
(1588-1679) principalement ; leLéviathan qui
développe la vision d'un « état de nature »
marqué par la guerre de tous contre tous et nécessitant
l'imposition d'un ordre par une autorité supérieure ; De
la guerre de Clausewitz (1780-1831)qui insiste sur le fait que
« la guerre est la poursuite de la politique par d'autres
moyens »,avant de devenir au lendemain de la deuxième Guerre
Mondiale une source d'inspiration des auteurs réalistes du XXème
siècle comme : Hans Morgenthau35(*) (1904-1980), Kenneth Waltz36(*) (né en 1924... ?),
Henry Kissinger (né en 1923), ainsi que le sociologue français,
Raymond Aron37(*)
(1905-1983). Ces auteurs insistent tous sur le fait de l'inaptitude de
l'idéalismeWilsonien à rendre compte des phénomènes
internationaux.
Paradigmestatocentrique par excellence,dans la conception
réaliste, ilen découle trois éléments
principaux :
- les relations internationales sont régies par les
rapports interétatiques limités à un nombre faible
d'acteur. La théorie réaliste ne nie pas l'existence des
relations transnationales mais elle les juge secondaire dans la
compréhension de l'ordre international ;
- les rapports entre Etats sont conditionnés par la
recherche de l'intérêt national ;
- les relations internationales sont essentiellement
conflictuelles. L'instrument principal étant le recours à la
force. Car, la hiérarchie des normes entre Etats se fonde principalement
sur la puissance militaire.
Cette théorie postule que les Etats-nations sont les
acteurs presque exclusifs du système international et qu'ils ne sont
motivés que par leur intérêt propre. Mieux, dans la
conception réaliste des relations internationales, la politique
étrangère a pour préoccupation principale la
sécurité de l'Etat. Son choix est dicté rationnellement en
fonction de l'intérêt national exprimé en termes de
puissance. Il en résulte alors des relations interétatiques
conflictuelles par nature qui donnent la priorité à la force sur
l'économie.
La volonté de puissance ou d'hégémonie
qu'a un acteur de chercher à étendre son influence au-delà
de ses frontières n'est pas un fait nouveau dans la vie des nations.
C'est un type de comportement ancien qu'observent les politiques depuis la
haute antiquité, et aujourd'hui encore, les Etats modernes continuent de
s'en inspirer, comme
lerelève,ThiyembeMwayila : « les ambitions
hégémoniques ne sont propres ni aux superpuissances, ni aux
puissancesmoyennes. Tous les Etats concourent potentiellement à cette
fin etc'est le manque de moyens d'une telle politique qui les pousse à
se contenir»38(*).
Depuis, le phénomène n'a pas perdu de son actualité. Il
décrit la situation du monde d'aujourd'huioù
l'hégémonie ne s'accompagne plusnécessairement de la
conquête militairemais davantagede la conquête subtile.
Au regard de ce qui précède, nouspensons qu'il
existe un lien entre la théorieréaliste des relations
internationales et notre sujet. Eneffet, notre étude s'inscrit dans une
logique de conflit et de puissance. Car, le conflit est inhérent aux
relations internationales, et les Etats en sont les principaux acteurs
quipoursuiventleur intérêt national, aubesoin par leurs prises de
position diplomatiques et politiques en situation de crise ou de conflit.
Ainsi,pourraitêtre résuméle fil d'Ariane qui lie notre
sujet à l'écoleréaliste.
B-
La méthodologie
A
propos de la méthode adoptée dans le cadre de ce travail, nous
avons privilégié, celle de la collette des données
qualitatives. A cet égard, les techniques retenues pour effectuer cette
démarchesont : le recueil documentaire et l'entretien.
Latechnique de recueil documentaire est la démarche,qui
permet de collecter des informations à partir d'écrits
déjà existants sur le sujet de recherche.Dans le cadre de notre
sujet d'étude, cesécrits sont constitués : des
sources écrites et des sources numériques. Pour ce qui est des
sources écrites, elles ont consisté en la lecture des archives du
MINREX, et des documents de seconde main. Les documents de seconde main sont
constitués : des ouvrages, revues, articles, thèses,
mémoires et rapports.
La consultation de ces documentsde seconde main a permis de
nous rendredans plusieurs bibliothèques de la ville. Parmi lesquelles,
les bibliothèques de : la Faculté des Arts Lettres et
Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I (FALSH); de
l'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) ; de l'Institut des
Relations Internationales du Cameroun (IRIC); de l'Institut Français du
Cameroun(IFC) et de la Fondation Paul EngoElat.
Pour ce qui est des sources numériques, internet nous a
été, d'un grand apport.Car, une bonne palette
d'ouvragestraitantpartiellement ou non,notre sujetont été
consultés en ligne. Ainsi, nous avonslu et
téléchargé de nombreux documents, en un simple clic.
Pour compléter nos informations, nous avons
procédé, enfin àdes entretiens. L'entretien est
unetechnique qui permet au chercheur de récolter des données
verbalesgrâceà des questions (préparées ou
non).Cette techniquenous a permis de comprendreen partie, notre sujet
àpartirde l'interprétation des
donnéesrécoltées sur le terrain.
Ainsi, à travers des investigations et des entretiens
exploratoires, nous avons identifié sept (07) personnes que, nous avons
ensuiteinterrogées. Ces personnes pour l'essentiel se trouvaient
à Yaoundé, le siège des institutions politiques du
Cameroun.Les personnes àqui, nous avons soumis le questionnaire
d'entretien, seules cinq(05) avaientune connaissanceavéréesdes
questions internationales.Parmi ces différentes personnes, deux (02)
sont des diplomates, deux (02) desenseignantset une (01), journaliste.Quant aux
deux (02) autres personnes,n'appartenant pas aux catégories
suscitées, elles nous ontconfessé leur ignorance de la
thématiqueétudiée.
Les entretiens se sont faits sur la base d'un questionnaire
élaboré au préalable.Les questions ontété
rédigéesen français, et toutes sur le papierde format
A4.D'autres ont été rédigées, à l'identique,
de celles en version papier,pour être envoyées sous forme de
messageWhatsapp à nos interlocuteurs. Pour le questionnaire d'entretien,
dont les questions ont été élaboréessur du papierde
format A4, certains de nosinformateurs ont préférélors de
l'entretien répondre oralement. Faceà une telle démarche,
nous nous sommes empressés de prendre des notes dans le souci de garder
à l'esprit l'entretien.Quant au questionnaire rédigé, et
envoyé sous forme de messageWhatsapp à nos
interlocuteurs;cecis'estavéré être unedémarche
àdoublebénéfice, nonseulement pour nous, mais
également pour nos informateurs. L'avantage de cette démarche
nous a permisd'économisernosdéplacements, et pour
nosinformateurs, qui parfois ne disposant pas assez de temps, ceci leur a
permis derépondreà nos préoccupations,en temps
opportun.
Les données recueillies ont été ensuite
confrontées, évaluées, critiquées et
triées.Les sources écrites sélectionnées
ontété classées sous une approcheplurielle à
savoir : thématiqueet diachronique. Les sources orales issues des
entretiens avec nos informateurs ont fait l'objet d'une exploitation
rationnelle. En réalité, nous avons procédé
à des recoupements, à des rapprochements et à la
confrontation de ces sources orales avec les documents écrits et
numériques pour cerner la vérité historique.La posture
épistémologique qui est le fil d'Ariane de ce travail est le
positivisme. Le mode de raisonnement utilisé s'inscrit dans une
démarche déductive.
XI- DIFFICULTES
RENCONTREES
Le sujet qui fait l'objet de notreétude se situe
à la confluence de plusieurs disciplines académiques.Le choix et
l'étude d'un sujet d'une telle actualité comporte presque
toujours des difficultés.La premièredifficulté tient
lieuà la périodicité. En effet, la crise irakienne qui
marque le déclenchement de la deuxième guerre du Golfe39(*)va de septembre 2002 à
mars 2003. Il y a donc très peu de temps historique.
La deuxièmedifficultéàlaquelle, nousavons
fait face tient lieu àla disponibilité des documents.Nous n'avons
pas pu mettre la main sur tous les documents traitant notre sujet.La plupart
des données diplomatiques présentes au ministère des
relations exterieuressont encore frappées du sceau
deconfidentialité.
En dehors, de cette difficulté, nous déplorons
aussi le fait que, au moment où, nouscommençons, le
dépouillementdes archivesmis à notre disposition au MINREX,nous
avons étécontraints peu de temps aprèsde suspendre nos
recherchespour cause des travaux de rénovation de l'immeuble abritant,
les dites archives. Ceci ne nous a pas permis d'entrer en profondeur dans nos
investigations. Ainsi, pour avoir une perspective un peu plus large de notre
étude, nous avons fait parfois recours à laméthode
inductive pour opérercertainesgénéralités.
Ladernièredifficultéà laquelle, nous
avons fait face, est celle de l'établissementdes contacts,
voirmême de l'inaccessibilité avec certains de nos informateurs
ayant été, destémoins clés de cetépisode de
la diplomatie camerounaise. A l'exemple deMessieurs, Martin Belinga Eboutou,
Ministre d'Etat, Directeur du cabinet civil à la présidence de la
république, Ambassadeur du Cameroun à l'ONU, à
l'époque des faits.Le Ministre des relations exterieures, le Professeur,
François Xavier Ngoubeyou. Nos tentatives de rentrer en contact avec ces
personnalités sont restées infructueuses.
Nous avons faitensuite, une synthèse de ces analyses
pour dégager un plan de travail à deux parties, répartis
en quatre chapitres.
XII- PLAN DE TRAVAIL
Le mémoire comprend deux parties
réparties en quatre chapitres. Chaque fin de chapitre contient une
conclusion. La première parties'intitule
: « l'unilatéralisme américain et le
multilatéralisme international :débatautour de deux
conceptions de la géopolitique des relations
internationales ».Elleprésente,les enjeux qui opposentcertains
membres de la communauté internationale dans la gestion des
conflitsinternationaux.Le premier chapitrede cette partie étudie, le
contexte international des années 2000, confronté entrele
multilatéralisme international et l'unilatéralisme
américain. Le deuxième chapitre, s'intéresse de
manière diachronique à la question du désarmement de
l'Irak depuis la fin de la guerre du Golfe. Ladeuxième partie de notre
mémoire s'intitule :« le Cameroun et la crise irakiennede
2003 ».Elle présente,le rôle de la diplomatie
camerounaisedans cette crise. Lepremier chapitre de cette partie,analyse
lapositiondiplomatique du Cameroun dans ce conflit.Le deuxième chapitre
lui,s'efforce de mettre en évidence les retombées de l'engagement
du Cameroun aux côtés des Etats-Unis.
PREMIERE PARTIE
L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE MULTILATERALISME
INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA GEOPOLITIQUE DES
RELATIONS INTERNATIONALES
CHAPITRE I
LE CONTEXTE INTERNATIONALDES
ANNEES 2000 : ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN
Douze ans après la guerre du Golfe, à la suite
des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et de la guerre en Afghanistan,
les Etats-Unislançaient une nouvelle offensivediplomatico-militaire
contre le régime de SaddamHussein, le 20 mars 2003 sous le
fallacieuxprétexte que ce dernier, en dépit des injonctions de la
communauté internationaleimposéesà l'issue de laguerre du
Golfe en 1991,l'Irakcontinue de développer des armes de
destructionmassives (ADM). Cette crise, entre les Etats-Unis et l'Irak, a
cristallisé les positions diplomatiques entre les différents pays
membresdu Conseil de Sécuritédes Nations Unies et mis en
lumière deux lecturesdivergentes de résolutiond'une grande
question internationale.Lechapitre que nous abordons présente la crise
irakienne de 2003, comme enjeu du multilatéralisme.Ainsi, pour
comprendrecettequestion, il semble judicieuxde présenter d'abord
l'unilatéralisme américain dans son projet
expansionnisted'un « nouvel ordre mondial », avant de
conclure par celle, dumultilatéralisme international.
A- LE CONFLIT IRAKIEN COMME
ENJEU DU MULTILATERALISME
La premièreguerre du Golfe marque le passage de la
bipolarité de la Guerre Froide à la nouvelle unipolarité.
Cette transitionsystémique de la géopolitique des relations
internationales permet aux Etats-Unis, grand vainqueur de cette guerre
d'asseoir leur légitimité internationale.Mais
l'hégémonieaméricaine, perçue en 1991,
commelibérale et légitime, apparaittransformée en 2003 en
« hubris »impériale.
Lemultilatéralismerespectueuxde la communauté internationale et
de l'ONU de GeorgesHerbert Bush a laissé place à
l'unilatéralisme radical de son fils,GeorgesWalker Bush.
1-
La tentation unilatéraliste des Etats-Unis
Le « Nouvel ordre mondial »
proposé par Georges Herbert Bush en 1991, à la suite de la
victoire des Etats-Unis contre l'Irak et de l'Union soviétique est un
projet ancien qui fut longtemps contrarié par les vicissitudes de
l'histoire. En effet, le rêve américain d'un système des
relations internationales fondé sur le principe démocratique,
régie par la « pax americana » émerge
à l'issue de la première Guerre Mondiale, lorsque dans une
déclaration devant le Congrès des Etats-Unis, le 8 janvier 1918,
le présidentWoodrow Wilson40(*) expose son plan de paix pour le monde.
Cette visionaméricaine des relations internationales
connaitra cependant une évolution en dent de scie
délibérée41(*), surtout au lendemain de sa victoire contre le
communisme et la guerre en Irak.L'hégémonieaméricaine
perçue alors en 1991 comme libérale, bénigne et
légitime, quiépouse les aspirations des peuples du monde
épris de liberté, apparaîttransformée en 2003
en« hubris »impériale.Les
Etats-Unisjusque-là, chantre du multilatéralisme, laissent place
à une politique étrangèredélibérément
tournée vers un unilatéralisme radical. Pour reprendre les mots
de Donald Rumsfield,ancien Secrétaire d'Etat à la Défense
sous la présidence de Georges Walker Bush, « si c'est la
coalition qui a définit la mission en 1991,c'est la mission qui
définit la coalition en 2003 »42(*).
L'évolution de la politique étrangèreet
de la diplomatie américaine s'expliquent tout d'abord par des facteurs
internes. En effet, lors des attentats terroristes du 11 septembre
200143(*), lesEtats-Unis
ont subi une attaque sur leur territoire d'une ampleur inégalée
depuis Pearl Harbor44(*).
Véritabletraumatismenational, cette attaqueleur fait prendre conscience
desnouvelles menaces que représentent la combinaison des groupes
terroristes, des « Etats voyous » et des ADM.Le
11septembre a aussi eu pour effet d'asseoir le pouvoir et l'influence des
néoconservateurs au sein de l'Administration américaine. Mais ce
changement corresponddavantage à une tendancestructurelle, et est
l'aboutissement d'un lent processus de socialisation à
l'unipolarité.
Aux Etats-Unis, ily a trois grands courants de pensée,
aussi présents dans la communautéacadémique que dans les
« Thinkthank ». Ces courants
idéologiques,parfois opposés sur le rôle que doit jouer les
Etats-Unisà travers le monde influencent largement les décisions
en ce quiconcerne sa politique étrangère.Parmi ces courants de
penséeinfluents,figurent entre-autres :
- L'écolelibérale. Ses
défenseursprônent le multilatéralisme ainsi que lamise en
placedes normes et institutionsinternationales. Cette conception des relations
internationales trouve ses fondements dans la doctrineWilsonienne des relations
internationales et a largement inspiré la conduite de lapolitique
étrangère du président Clinton. L'école
libérale est essentiellementpartagée par le Parti
Démocrate.
- L'écoleréaliste. Moins enclins que les
libérauxà limiter la souveraineté des Etats-Unis,
lesréalistes se montrent pragmatiques et prônent
l'interventionnisme et le recoursà la force, par le jeu des alliances,
dès lorsque se manifeste une menace imminente contre la
sécurité des Etats-Unis ou de leurs Alliés. On trouve ces
partisans principalement dans le Parti Républicain. LeSecrétaire
d'Etat Henri Kissinger futl'une des figures emblématiques de
l'écoleréaliste.
- L'écolenéoconservatrice. Les
néoconservateurssont des idéalistes qui préconisent
l'intervention préventive des Etats-Unis avant que sa
sécurité ne soit directement menacée. Ils
défendentl'universalisme de la démocratie.
L'écolenéoconservatrice45(*)des relations internationales
repose sur l'idéeselon laquelle, le monde est dominé par les
concepts de « Bien » et de « Mal ». Il
s'agit pour les Etats-Unis d'éradiquer le «Mal » en
contribuant à la promotion de la démocratie et de
l'éducation à travers le monde.Le mal se nourrissant en effet de
la pauvreté, de l'ignorance, du désespoir des populations
défavorisées. Dans une certaine mesure cette doctrine est
empreinte d'un idéalisme qui le rapproche des idées de gauche.
Dans l'Administration Bush, cette doctrine est défendue par Paul
Wolfowitz et Richard Perleet dans une certaine mesure par des réalistes
tels que, le vice-président, Dick Cheney, et le Secrétaire d'Etat
à la Défense, Donald Rumsfield qui partagent les mêmes
objectifs. Ce sont ces deux courants qui ont milité en faveur d'une
guerre contre l'Irak, en 2003.
Les néoconservateurs sont hostiles au statu quo.Ils
souhaitent modifier l'ordre international, en particulier la carte politique du
Moyen-Orient. Cette stratégie qui vise àanéantir les
capacités militaires des Etats tierset d'étendre la
volonté politique, économique et culturelle américaine
procède d'abord de l'histoire des Etats-Unis.
La doctrine Monroe46(*) formulée au XIXème siècle
énonçait à la fois, le refus de toute intervention
étrangère aux Amériques, et le droit des Etats-Unis
d'intervenir et d'annexer, le cas échéant, des territoires pour
prévenir l'intervention européenne. Pour Theodore
Roosevelt47(*), au
début du XXème siècle, la prééminence des
Etats-Unis leur assignait un devoir de « police internationale »
par une intervention préventive destinée à sanctionner des
acteurs extérieurs perturbateurs ou défaillants.
Cettevisionsuprématiste est l'approcheunilatéraliste qui
espère voir les Etats-Uniscontrôlerl'entièreté du
système international et façonner le monde selon leurs valeurs et
leurs intérêts.
La défense de l'intérêt national des
Etats-Unispasse donc par la conquête et la guerre. La conception
néoconservatricedes relations internationales veut non seulement que les
Etats-Unismaintiennent leur puissance,mais aussi qu'ils l'accroissent.La
penséenéoconservatrice est en fait qualifiéede
Wilsoniennemusclée.En effet, pour les biographes du
présidentWoodrow Wilson,les
néoconservateursdésirentfaçonnerle monde selon les valeurs
américaines mais lamise en application de cette politique se
différencie des penséesdu vingt septième,48(*)président des
Etats-Unis.Tandis que, pourceux du président, Franklin Delano
Roosevelt,lesnéoconservateurschoisissent pour arriverà leurs
fins,l'usage de la force etnon, l'instauration et le respect des règles
internationalesauxquels, ne doit à aucuncas souscrire la
puissanceaméricaine.
Dans un article publié dans le Washington
Post, le 19 mars 2000, Robert Kagan49(*) et Irving Kristol50(*) précisent le rôle des Etats-Unis de
la manière suivante :
L'absence de l'Empire soviétique ne doit pas
altérer les fondamentaux de la politique étrangère des
Etats-Unis - préserver et étendre l'Ordre international qui est
en accord avec nos intérêts matériels et nos principes. De
manière que les Américains sensés, au lendemain de la
seconde Guerre Mondiale, ne voulaient pas devoir attendre la montée du
prochain équivalent du nazisme pour agir, les hommes d'Etats
américains actuels doivent reconnaitre qu'ils ne devraient pas rester
passifs jusqu'à l'arrivée de la prochaine menace. Au contraire,
il faut modeler l'environnement international afin d'éviter la formation
d'une telle menace51(*).
Ainsi pour, les néoconservateurs,le vraidanger
découlent du fait que les Etats-Unis tournent le dos à leurs
responsabilités comme l'ont faitles européens dans les
années 1930.Le premier but de la politique étrangère
américaine,selon Robert Kagan, devrait donc
être de« préserver etde renforcer la
prédominance del'Amérique,en soutenant ses amis, en servant ses
intérêts et en défendantses principes dans le monde
entier »52(*).
Cette vision desEtats-Unis,àvouloir régenterles
affaires du monde à partir de leurs convictions,nécessitel'emploi
des moyens militaires conséquents et la volonté politique d'en
faire usage. Pour les néoconservateurs, lesEtats-Unis ont d'ailleurs une
force militaire remarquable et incomparable dans le monde, et qu'ils ne
devraient pas s'abstenir de recourirà la force dans le but de remodeler
le monde selon leurs intérêts.
Cette conviction sur l'emploi de la force arméequi les
distingue des réalistes explique en grande partie pourquoi,
l'Administration Bush a favorisé l'unilatéralisme au
détriment du multilatéralisme. En d'autres termes, si les
Etats-Unis avaient fait le contraire,c'est àdire,s'ils avaient mis
l'accent plutôt sur la diplomatie que le recours à la force,ils
n'auraient pas agi de façonunilatérale en Irak. Car, la
diplomatie,par définition est une démarchemultilatérale.
C'est dans ce sens, qu'il faut comprendre les critiques faites à la
politiqueétrangère du présidentClintonau cours de son
mandat parles néoconservateurs.
En effet, selon ces derniers, non seulement les
dépensesmilitaires ontétéabaissées de
manière drastiquemaissurtout, le président Clinton n'a
pasosédéfierles Etats considéréscomme
« voyous » et n'a pas envisagé de
procéderà des changements de régimes. Les
néoconservateurs ont également reproché à la
politique étrangère du président Clinton de manquer de
consistance et d'orientation, et ont mis l'accent sur le fait qu'au cours de
cette période, lesalliés et les adversaires des Etats-Unisdans le
monde ontcommencéà s'interrogersur la crédibilité
des Etats-Unis53(*).
Lesnéoconservateurssont des ferventspartisans d'un
interventionnismeaccrudes Etats-Unis à l'étranger. Au
début des années1990, ils ontmené des campagnesde lobbying
pour une intervention des Etats-Unis en Somalie, à Haïti, au Kosovo
et en Irak, sans base juridique explicite de l'ONU, et plus tard pour ce
dernier pays, à un changement de régime.Ce qui a amené le
Congrès à adopter en 1998,l'« Iraq
LiberationAct».En effet, les néoconservateursvoulaient que
Washingtonabandonnesa stratégiede
« containment »54(*)dans ce pays pour une politiqueplus
interventionnistede façonà lui permettre de réaliser un
changement de régime. HubertVédrine,
l'ancienministrefrançais des Affairesétrangères qualifie
ce mouvement ainsi qu'il suit :
C'est un courant d'intellectuels qui tend à combattre
la realpolitik. Affirme porter les valeurs universelles, proclame le droit et
le devoir des Occidentaux de les propager. Le néo-conservatisme refuse
ce qu'ilappelle les politiques d'«apaisement»et prône une
intervention active dans les affaires du monde,justifications morales à
l'appui55(*).
Au demeurant, pour les néoconservateurs,les attentats
du 11 septembre 2001sont de nature idéologique. Ils placent la guerre
contre le terrorismeou « Axe du Mal »56(*)dans la
mêmecatégorie que les combats menés par les
démocraties contre les deux totalitarismes du XXèmesiècle,
àsavoir : le nazisme et le communisme.
Pour les néoconservateurs,les attentats du11
septembreont eu lieu, par ce que l'Amérique n'avait pas montré sa
force de frappe dans les circonstances similaires comme au Liban en 1983, en
Afghanistan, après le départ des soviétiques, ou en Irak
après l'expulsion de l'armée de Saddam Hussein du Koweït en
1991. Les causes du terrorisme ne se situant ni dans le
sous-développement, oùencore moins dans la rancoeur du monde
arabo-musulman envers l'Occident mais résidentplus tôt,dans le
manque de démocratisation du Moyen-Orient. C'est dans ce contexte que,
le présidentGeorges Walker Bushparle de la nécessité
à promouvoir une idéologie pro-occidentale auMoyen-Orient.
Tant que cette region sera en proie à la tyrannie,au
désespoiret à la colère,elle engendrera des hommes et des
mouvements qui menacent la sécurité des américains et
leurs alliés. (...) Nous soutenons les
progrèsdémocratiques pour une raison purement pratique :les
démocraties ne soutiennent pas les terroristes et ne menacent pas le
monde avec des armes de destruction massives57(*).
D'après cette vision, les Etats-Unis devraient entrer
en guerre pour être de nouveau respectés notamment, par le monde
arabo-musulman.Ce qui induit nécessairement àune refonte de la
carte politique du Moyen-Orient. En 2004, le projet de Grand Moyen-Orient
estainsi né avec l'intention de créer une region allant du Maroc,
en Afrique du nord jusqu'en Afghanistan en Asie centrale, et qui serait une
zone de libre-échange. La raison officielleest de combattre la
pauvreté, établir la démocratie, engager des reformes vers
le progrès, de sortir ces pays de l'
« obscurantisme » et d'éradiquer l'intégrisme
religieux qui exporte le terrorisme aux Etats-Unis et en Europe. Mais
officieusement, ils'agitni plus ni moinsde faire main bassesur le
pétrole du Moyen-Orient.
Les néoconservateurs,bien qu'ils ne soient pas tous de
confession juive, cependant tous sont pro-israéliens. Isreal
étantle seul Etat démocratique de la regionpar conséquent,
il est impératif pourles Etats-Unisde lui apporter assistance. Ainsi, au
lendemain de sa victoire contre le Premier Ministre, ShimonPères, le 8
juillet 1996, Richard Perle, Conseiller au Département de la
défense, remis àBenyaminNetanyahou, le nouveau Premier Ministre
israélien, un document intitulé, « Aclear break :
a newstrategy of securityrealm58(*) ». Ce document qui faitdu
renversement de SaddamHussein un objectif militaire prioritaire pour Isreal
doitpermettre à la fois d'anéantirle danger irakien et
d'affaiblir la Syrie.
L'hégémonieaméricainecomparée aux
autres empires, connu dans l'histoire est considérée comme
bienveillante et une chance pour le monde. Enassurant leur propre
sécurité, lesEtats-Unisoffrent aux peuples du monde,l'ordre et la
paix :un véritable bien public mondial.Puisque,cette
hégémonie est bienveillante,elle doit êtrelibre
d'agirunilatéralement. Les néoconservateurs jugent donc que la
liberté d'action des Etats-Unis ne doit pas se trouver entravée
par le droit international et par le jeu des alliances. Car, le droit
international est une illusionàlaquelle la puissanceaméricaine ne
doit en aucun cas souscrire afin de rester libre de ses
engagementsinternationaux.
Pour CondeleezaRice,ancienneConseillèreà la
sécuriténationale et Secrétaire d'Etat de l'Administration
Bush, « les Etats-Unis, par les valeurs qu'ils défendent
(paix-liberté-prospérité)peuvent se dispenserde
toutelégitimationmultilatérale, dans la mesure où la
défense de leurs intérêtsbénéficie au monde
entier »59(*).Ainsi, les traités internationaux ne doivent a
en aucun constituer des fins en soi et sont avant tout
destinésàservir les intérêts américains. Les
néoconservateurs refusent d'astreindre la
nationaméricaineà des règles que d'autres nations ne
respectentpas. Pour les néoconservateurs,les traités
internationaux ne sont qu'une illusion.
Sur ce point précis, ladécennie 1990 et le
début des années 2000 sont un témoignage concret du
désintérêt et de l'hostilitédes Etats-Unisà
l'égard des Nations Unis et de certainstraités
multilatéraux :
- arriérés
descontributionsfinancièresà l'ONU;
- baisse de participationau budget de l'organisation de 25%
à 22%.
SelonNicolasGuyatt60(*),en 1999,les Etats-Unis devaient 1,6 milliards de
dollars USà l'ONU, alors que l'organisation était en
proie à une sérieuse crise financière,ne payant que le
minimum requis pour garder leursiègeà
l'AssembléeGénérale.
S'agissant des traités multilatéraux, on peut
citer :
- le refus de signer la convention sur l'interdiction des
mines anti-personnellesen 1997 et le statut de la Cour Pénale
Internationale en1998 ;
- la non-ratification du traité de Kyoto en
1997,traité visant en la réduction des gaz à effet de
serre ;
- le retrait du traitéanti-missile balistique
signé en 2002.
Les Etats-Unis oscillentdonc entre
multilatéralismequand ça les arrangent et unilatéralisme
quand ça ne les arrangent pas.Ce choix de politique
étrangère délibéré,a fait dire
àcertains auteursque les Etats-Unis pratiquaient « un
multilatéralismedégradé »61(*).Lemultilatéralismeproposé en 1991, par
Georges Herbert Bushsemblait donc être d'une certaine manière, une
relique de laGuerre Froide lorsqu'il était nécessaired'assurer la
cohésion du bloc occidental et de maintenirle soutien des alliés
pour préserver l'équilibrestratégique du monde. Au cours
des années 1990,cette perception de la sécurité est
dépassée.Car, la perception américaine du coût des
concessions et compromis multilatéraux ayant augmenté alors
que,celle des perceptions des bénéficesàretirerayant
diminué.
Dotésd'un pouvoird'agir avecou sans le soutien de la
communauté internationale, lesEtats-Unisaccordentune valeur
croissanteàl'unilatéralismedepuis 2001 et à l'usage
solitaire de la puissance, dégagée descontraintes
multilatérales.Conformément, à la théorie de la
stabilité hégémonique, les Etats-Unis,
grâceà leurs qualités de leadership, disposent de la
capacité d'obliger les autres Etatsà suivre leurs avis.
Cecidécoulede toute structure unipolaire d'un système
international.Enl'absence de freins et de contre-poids, l'hégémon
tend àexploiter sa supérioritématérielle du moment
pourétendre ses intérêts.
Sonincursion en Irak, en 2003, au mépris de la
communauté internationale et de l'ONU visait donc à cette
fin : affecté structurellement l'architecture juridique
internationale, laborieusementédifiédepuis1945,
pourmieuxconsolider les balises d'un monde guidé par le jeu de
puissance, laraisond'Etat, etau besoin le recours unilatéralà la
force dans la résolution des différendsinternationaux.
RichardPerle, un des plus influents Conseillers
duPentagonesignaau lendemain du déclenchement de l'intervention
américaine en Irak, en 2003, un article resté
célèbre et au titre fortévocateur au Guardian
post, en ces termes: « Merci, monDieu, pour la mort de
l'ONU »62(*).Dans cette tribune, Richard Perle, affirme que
l'intervention américaine en Irakmettrait un terme non seulement
aurégime de SaddamHusseinmais aussi au « mythe des Nations
Unies comme fondation d'un Nouvel ordre international » et au
« concept libéral d'une sécurité obtenu par un
droit international mis en application parles
institutionsinternationales ».Car, les Américains nedoiventa
aucun casoublier que les « Nations Unies sont nées des cendres
d'une guerre que la ligue des Nations a été incapable
d'éviter ».Depuis 1945, date de sa fondation,l'histoire ne
cesse de mettre en lumière son incapacité àgérer la
plupart des crises géopolitiques internationales.
En somme, la conjonction des facteurs internes:
l'électionà la Maison Blanchedu républicain GeorgeWalker
Bush en 2000, les attentatsdu 11septembre 2001 ne sont que des adjuvants
factuelsqui ont amplifié et renforcé le processus de
radicalisation des Etats-Unis vers l'unilatéralité.Leprocessusde
radicalisation américain à l'unipolaritécorresponddonc
davantage à une tendance structurelleet à un long processus de
socialisation.
Cependant, l'affirmation d'un désir de
« gouvernance globale » par refus d'un ordrefondé
sur l'hyperpuissanceaméricaineconduit certains Etats àoeuvrer
pour la promotiondu multilatéralisme. Ce multilatéralisme
s'incarne en l'ONU.
2-
L'ONU et la consécration du multilatéralisme
« L'ONU est certes fille de
puissants »63(*), mais n'en demeure pas moins une organisation
multilatérale. Le multilatéralisme est une méthode de
coordination de conduite entre deux et au moins un acteur ou plus. Il se
distingue à la fois du bilatéralisme et de
l'unilatéralisme par lequel une partie définit seule les
éléments de sa conduite.
Le terme multilatéralisme apparait pour la
première fois aux Etats-Unis, au lendemain de la deuxième Guerre
Mondiale. Jusqu'alors, on parlait d'actions collective ou concertée. Il
surgit dans une conjoncture particulière avec une acception bien
précise pour définir les caractéristiques du nouveau
système mondial de coopération que les Etats-Unis entendent
mettre en place : un ordre international plus libéral
économiquement et politiquement plus efficace.
Le multilatéralisme inspire ainsi, dès 1944
à la création du Fond Monétaire International (FMI) et de
la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
(BIRD). Il oriente également le régime du commerce prévu
par le GATT en 1947. Il est donc au coeur de l'ONU comme nouvelle organisation
mondiale chargée du « maintien de la paix et de la
sécurité collectives ».
A la fois compris comme un phénomène actuel et
historique, le multilatéralisme vient rompre avec la conception
traditionnelle d'une diplomatie assimilée aux rapports bilatéraux
qu'entretiennent les Etats entre-eux. Il postule que le jeu international est
collectif, repose sur des normes communes et des objectifs partagés.
Paradigme par excellence de la coopération internationale depuis 1945,
le multilatéralisme ne fait certes pas disparaitre
l'intérêt national des Etats, mais le rend inséparable de
l'intérêt commun dont la réalisation est utile à
tous. Cet ensemble de principes et de normes a favorisé le
développement progressif d'institutionnalisation de la
coopération internationale.
Les premières institutions multilatérales jadis
créées furent : l'Union télégraphique
internationale (1865) et l'Union postale universelle (1874). Cette
institutionnalisation progressive de la vie internationale a lancé de
nouvelles formes collectives de prise de décision au niveau mondial et
fait émerger un système de rencontres et de foras internationaux
visant à établir les relations entre Etats. Cependant, il faut
noter que ce multilatéralisme pour un départ fut exclusivement
limité aux nations européennes, avant de prendre un envol en
1919 avec la création de la SDN et de l'Organisation Internationale du
Travail (OIT). Très vite coexiste alors, deux formes de
multilatéralisme : l'un politique et l'autre économique,
combinaison des deux, concrétisée par le système des
Nations Unies en 1945.
La fin du XXème siècle est marqué par
l'avènement d'une ère internationale nouvelle, où l'ONU
bénéficie du climat de l'euphorie collective tant au niveau
mondial que régional issue du double effet de la disparition du bloc
soviétique et de la victoire de la coalition internationale
anti-irakienne dans la guerre du Golfe. De cette euphorie collective,
s'installa un « nouvel ordre mondial ». Le
multilatéralisme international retrouve alors, un dynamisme qui se
manifeste à travers une série d'initiatives et activités
qui contrastent avec l'immobilisme de la décennie
précédente64(*).
Le concept lui aussi, a même subi uneévolution,
le rapprochant à celui de « gouvernance
globale »65(*).
La gouvernance globale, selon Alexandra Novesseloff désigne
l'ensemble des acteurs intervenant dans les procédures institutionnelles
(formelles ou informelles), les rapports de pouvoir et les modes de gestion
publics (gouvernements et institutions internationales, operateurs de
marché, organisations non gouvernementales, églises et
entreprises plurinationales, etc.). Certains auteurs, à l'instar de
Frank Petiteville66(*)
font fondre, les deux concepts en parlant de « nouveau
multilatéralisme »67(*) , lequel prend en compte les acteurs non
étatiques. En fait, la différence entre les deux concepts
souligne, Alessandra Novesseloff est assez réduite. Le
multilatéralisme est institutionnel et la « gouvernance
globale » est politique.
Les deux concepts tentent donc,d'expliquer la diversification
des formes de multilatéralisme et les mécanismes de
régulation internationaux engageant des partenaires à la fois
publics et privés, formels et informels. Selon Marie Claude Smouts, le
discours sur le multilatéralisme est un discours ancré sur
l'universalisme, l'égalité et l'unité des hommes68(*). L'objectif du
multilatéralisme est d'intégrer tous les Etats dans une
communauté de règles communes.
Le multilatéralisme est et doit être inclusif. Il
ne peut bien fonctionner que, s'il parvient à ne laisser aucune partie
à l'extérieur, c'est à dire les Etats. La nature
démocratique du multilatéralisme se traduit dans
l'égalité des droits et devoirs des Etats. A cet égard,
l'invasion unilatérale de l'Irak, en 2003 par les Etats-Unis, au
mépris de la légalité internationale était
illégale, en vertu de la Charte des Nations Unies qui recommande de
« développer entre les nations des relations
amicales » et de s'abstenir contre l'utilisation « de la
force »69(*).
La multiplication des organisations interétatiques de
toutes les vocations et à tous les niveaux, le développement
parallèle d'innombrables mouvements privés, semblent prouver ce
remarquable succès du processus. Car, le refus de l'ONU et d'une
certaine opinion public internationale d'avaliser l'invasion des Etats-Unis de
l'Irak, en 2003 révèle le caractère multilatéral
de la société internationale mis en branle depuis 1945.La
carteci-dessous, témoigne la multiplicité des organes et
institutions multilatéraux de l'Organisation des Nations Unies.
Carte 1 : Le
système des Nations Unies.
Source :
http://www.org/fr/aboutun/struture/chart.pdf,
consulté, le 16 décembre 2017.
Depuis 1990, on assiste à un retour de grands sommets
et conférences internationales organisés à l'initiative de
l'ONU, sur des thématiques variées et de portées mondiales
dont le seul but est de promouvoir la paix et la
sécurité. Certaines de ces rencontres internationales ont
débouché sur des conventions engageant, les Etats dans des
objectifs communs et/ou, ont donné naissance à de nouvelles
agences spécialisées des Nations Unies.
Le point de départ de cesmanifestations
multilatérales onusiennes fut (ré) ouvert en 1992 avec la
conférence internationale sur l'environnement et le développement
de Rio de Janeiro au Brésil. D'autres initiatives, d'ampleurs mondiales
ont suivi dans les domaines du développement, notamment le Caire
(Egypte) en 1994 et Copenhague (Danemark) en 1995 ; de la justice
pénale internationale (traité de Rome) en 1998 ; de la
réduction de la pauvreté dans les pays en développement,
à New-York (Etats-Unis) en 2000 ; ou encore du développement
durable à Johannesburg (Afrique du sud) en 2002.
Cette décennie post-guerre froide,a doté
également, le multilatéralisme international d'une série
de nouvelles initiatives de portée universelle telles que :
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui, instituée en 1995
à la suite du traité de Marrakech au Maroc, ne traite plus
qu'uniquement du commerce des marchandises, mais aussi des services et de la
propriété intellectuelle, sans oublier qu'elle dispose
désormais d'une armature plus importante que son
prédécesseur, le GATT pour résoudre les conflits en son
sein, grâce à son organe de règlement des
différends. Le multilatéralisme institutionnel accomplit
aussi-t-on, un bon de géant dans le domaine de la justice pénale
internationale, suite au traité de Rome (Italie), adopté en 1998,
puis ratifié en 2002, qui institue la Cour Pénale Internationale
(CPI), compétente pour juger les « crimes de
génocides, contre l'humanité, de guerre et
d'agression ».70(*) Sans compter que de nouveaux traités
internationaux voient le jour à l'instar du protocole de Kyoto, en 1997,
sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre ; le
traité d'Ottawa, sur l'interdiction des mines anti-personnelles, etc.
En dehors de ces rencontres internationales ayant
débouché sur des conventions engageant les Etats dans des
objectifs communs et/ou ayant donné naissance à de nouvelles
agences des Nations Unies, le multilatéralisme international se
rapproche d'une autre pratique qui aussi, a favorisé la parturition de
la société internationale, le régionalisme qui est une
forme de multilatéralisme, mais à l'échelle
régionale ou continentale.
Le régionalisme est le prolongement du
multilatéralisme mais à l'échelle locale. Il obéit
aussi à l'élaboration des normes collectives comme le
multilatéralisme mais sans abolition des souverainetés nationales
et puissances des Etats. Le régionalisme est donc un processus
associatif d'Etats dans un but commun et respectueux de l'autonomie de chacun.
Le groupement vise en général en la réalisation à
dose élevée de la solidarité entre Etats. Bien que, le
régionalisme soit un phénomène ancien, les
premières expériences théoriques ne datent que de 1943.
Ceci dans l'optique de la stabilité d'une paix mondiale qui se profilait
à l'horizon.
L'ONU dans le cadre de sa Charte confère aux
organisations régionales un rôle important en matière de
promotion du multilatéralisme. Dans le chapitre III, et
titré « Accords régionaux », il est
stipulé qu'« aucune disposition de la Charte ne s'oppose
à l'existence d'accords ou organismes régionaux (...) pour vu que
ces accords ou organismes et leurs activités soient compatibles avec
les buts et principes des Nations Unies »71(*).
L'Afrique, s'inspirant de ce modèle onusien de
coopération, va lancer le sien à Addis-Abeba, le 25 mai 1963 avec
la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) qui,
hélas ne convainc guère, ni sur le terrain politique ou encore
moins de celui de l'économie, avant d'être remplacée quatre
décennies plus tard par l'Union Africaine (UA), jugée plus apte
à répondre aux nouveaux défis posés par la
mondialisation.
Pareils pour les groupements sous régionaux, à
l'instar de celui, d'Afrique centrale qui s'est opéré avec la
signature du traité de Brazzaville, le 8 décembre 1964,
créant ainsi l'Union douanière des Etats de l'Afrique centrale
(UDEAC). Cette organisation disparaitra avec la signature à N'djamena,
le 16 mars 1994 du traité portant création de la
Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale
(CEMAC) par laquelle, les six pays membres dont le Cameroun marque leur
volonté de réaliser un « saut qualitatif » de
leur intégration communautaire.
38
Lemultilatéralisme, qu'il soit international ou
régional est un cadre d'expression par excellence des relations
interétatiques. La nouvelle diplomatie doit en tenir compte. Bertrand
Badié soutient à propos que :
Aussi fort que puisse être le désir
d'unilatéralisme chez le plus puissant, la recherche fiévreuse de
l'avantage individuel chez tous, plus aucun Etat, même le plus radical
ou le plus prétentieux ne peut prendre le risque d'ignorer totalement le
partage, de se détourner de l'échange d'informations et de
renseignements, de se passer de toute convention, d'oublier les normes
communes, de se fermer systématiquement à toute
intégration régionale, de ne jamais se laisser tenter par le jeu
du « donnant-donnant »72(*).
Au sein de l'enceinte onusienne, tous les acteurs peuvent
tirer parti des vertus du multilatéralisme, et s'extraire en partie, des
logiques de puissances à l'oeuvre. Cependant, un accord entre grandes
puissances ne suffit pas pour remporter la décision et devenir une
résolution ou une convention. Encore, faut-il batailler pour obtenir
à la majorité simple ou des deux tiers de voix.Ces logiques
comptables qui renvoient aux principes d'inclusion et d'égalité
entre différents membres (un Etat égal une voie) obligent les
plus puissants à composer avec les moins puissants.
Bien que, quelque fois atténuée,
ceslogiquesprévalent également dans les organes
considérés comme inégalitaires comme le Conseil de
Sécurité. Une résolution est adoptée lorsqu'un
projet recueille au moins neuf voix sur quinze et qu'aucun membre permanent ne
se prononce contre.Les membres élus possèdent donc les
capacités de s'opposer aux propositions du projet de résolution.
En admettant qu'il existe un consensus entre eux, les membres permanents
doivent convaincre au moins quatre membres élus, pour que leur accord
se transforme en résolution.
Le constat suscité n'est pas anodin commel'illustre la
crise irakienne. En effet, les Etats-Unisd'une part, la France d'autre part et
ses alliés (Russie, Syrie principalement)se livrèrent à
une cour effrontée de voix auprèsde certainsmembresélus du
Conseil de Sécurité,jugésindécis (Angola, Cameroun,
Chili, Guinée,Mexique, Pakistan), alorsmême que la Franceindiquait
que, quelques soient les circonstances, ellemettra son veto contre le projet de
résolution américaind'une guerre en Irak73(*).Dans cet exemple, le veto
d'unmembrepermanentne semble pas suffireàdélégitimer une
intervention politico-militaire.Cependant, davantagecomptent le symbole et la
capacitéàrassemblerderrière une position.L'objectif de
chacun des acteurs est donc de dégager une
majoritéd'acteursinternationaux, au-delàdu veto, pour
légitimer sa position.
La logique numérique n'induit pas seulement que la voix
des petits comptent. Les plus nombreux, qu'ils soient micro-Etats, pays moins
avancés, ou en développement, etc. ; tous peuvent dans
le jeu onusien, s'opposer et imposer aux plus puissants leur point de vue. Un
moment en particulier dans l'histoire onusienne illustre cette face du
multilatéralisme. Il concerne la mise sur agenda onusien de la
problématique du développement. Eneffet, la
décolonisationayant bouleversé la composition numérique de
l'organisationonusienne, les pays en développementdevinrent plus
nombreux dans les années 1960 et par conséquent maitre de
l'agenda des débats.
Ils ontimposé des thèmeset des
préoccupationsqui ont débordé, peu à peu sur
l'ensemble du système multilatéral. Cespays sont parvenusà
faire accepter aux pays riches trèsréticents, la tenue
d'uneconférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement(CENUCED),en 1964.L'ONU a donc servi de tribune de
revendications non seulement, aux indépendances des peuples, mais aussi
à un ordre économique international équilibré entre
pays riches du Nord et pays pauvres du Sud.
L'influence du multilatéralisme onusien ne se limite
pasqu'à inciter les plus grands à tenir compte dans une logique
numérique des autres Etats. La dynamique quantitative s'accompagneaussi
de changements qualitatifs qui renforcent les vertus égalisatrices du
multilatéralisme. En 1960,lorsqu'elleaccueilleles
Etatsrécemmentdécolonisés, l'ONU les reconnaît comme
égaux de leurs anciennes métropoles. Elle leur offre la
possibilité d'établir de nouveaux liens diplomatiques,
dedévelopper des relations horizontales avec d'autres partenaires, de
participer à des coalitions, degénérer des
allégeances multiples, diminuant de ce fait le coût du
non-alignement sur la puissance coloniale.
Les Etats trouvent ainsi en l'ONU des ressources qui
leurspermettentd'adoucirleurs relations bilatérales, voire de s'extirper
de l'asymétrie de certaines d'entre elles.Ce faisant, le jeu onusien ne
constitue pas une réplique des rapportsde puissance :ceux-ci sont
contraints par le dynamismemultilatéralà l'oeuvre.En raison du
projet dont elles sont porteuses,des principes sur lesquels, elles s'appuient,
des valeurs qui les fondent, les Nations Unies incitent à un effort de
persuasion et d'argumentationplutôt qu'à un recours
systématique aux rapports de force.
Les effets transformatifs du
multilatéralismeonusienvont au-delà de l'Organisation. En effet,
les pays en développement ne s'appuient pas que sur le constat de leur
supérioriténumérique mais également sur la
contrainte morale que génère la répétition de
certainsarguments, illustrant les inégalités Nord-Sud. Ce point
mis en avant par de nombreux pays figure en bonne place dans un rapport de la
délégationbrésilienne à la XXIXe session du Conseil
économique et social de l'ONU, en avril 1960.
41
L'orientation la plus intelligente pour les pays
sous-développésn'est pas de forcer des solutions par le
processus simpleet démocratiquedu décomptedes votes,processus par
lequel,ils remporteraient toutes les décisions,sans obtenir le moindre
résultat pratique (...). Au contraire, larépétition
constante et de plus en plus flagrante de ces
véritésgénère un sentiment d'embarrascroissant, qui
se transforme en contrainte morale74(*).
L'ONU participe doncà la transformation des
intérêts et valeurs, despréférences des Etats.En
contribuantàl'émergence de nouvelles normes, elle conduit les
Etats à modifier ce qu'ils veulent. Le projet multilatéral sur
lequel s'appuiel'ONU contient en lui-même les dynamiques
d'autonomisation.
Au demeurant, dans un monde dépourvu de gouvernance
mondiale et d'organes de contrôle supérieur des Etats, la
prolifération durant les années 1990, des conférences,
fora, traités, règles contraignantes sont venus rappeler
l'existence d'un mode particulier d'organisation des relations
internationales.Toutefois, au-delà, des rapports de forces et
d'influences qui interviennent dans le processus de production des normes et
des règles internationales, le cadre multilatéral aspire, autant
que faire se peut, à la gestion concertée de la planète et
à assurer un minimum de stabilité dans les relations
inter-Etats.
B- LES ENJEUX ET DEFIS
INTERNATIONAUX DE LA CRISE IRAKIENNE DE 2003
Les enjeux et défisde la crise irakienne de 2003 au
Conseil de Sécurité,sontautantidéels et normatifs que
matériels. Cependant, en dehors de ces enjeux, le contrôle
dupétrole du Moyen Orient par les Etats-Unisapparaîtcomme, le
véritable enjeunon déclaré de la guerre contre l'Irak.
1- Pour les Etats-Unis et la Grande Bretagne : assurer
la légitimité politique et la légalité
internationale de la guerre
La crise irakienne de 2003 au Conseil de
Sécurité de l'ONU, etqui consacrela montée en puissance de
l'unilatéralisme des Etats-Unis n'est pas que, d'un ordre militaire.
D'ailleurs, d'un point de vue Américain, la question irakienne au
Conseil de Sécurité n'était pas principalement
destinée à obtenir des soutiens militairesqui, seloncertains
experts auraient été marginaux et difficiles à
intégrer, en raison des problèmes logistiques et
d'inter-opérabilités entre les différentes armées
nationales. Seul le soutien militaire des Britanniques était important
pour les Etats-Unis. Celui-ci, avait un contingent de 40.000 soldats, soit 10%
des forces de la coalition75(*).
L'enjeu était plus tôt pour Georges Walker Bush
et plus encore pour Tony Blair, d'assurer la légitimité politique
et la légalité internationale de la guerre. Le vote d'une
résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies aurait
permis de légitimer la guerre aux yeux d'une partie des Etats et des
opinions publiques mondiales, mais davantage de s'assurer le soutien de leurs
opinions publiquesnationalesrespectives avant la guerre.
Tony Blair avait particulièrement besoin de
cettelégitimité onusienne.L'opinion publique britannique
étaithostile àla guerre, y compris des parlementairesde son
propre Partiqui faisaient entendre leurs désaccords. Néanmoins,
une résolution du Conseil de Sécurité aurait eu des
conséquences matériellesmême si, cela n'aurait pas permis
de rassembler un grand nombre de forces militaires supplémentaires. Car
unetelle résolution auraiteu l'avantage de partager le coût
financier de la guerre comme du tempsde la guerre du Golfe en 1991.Plus encore,
elle aurait permis de partager le « fardeau » dela
reconstruction de l'Irak après la guerre(reconstructionmatérielle
et économique,administration politique, etc.).
L'enjeu principal du conflit diplomatique au Conseil de
Sécurité, entre janvier et mars 2003 était donc d'ordre
normatif. Les Etats-Unis remettaient en cause les principes fondamentaux du
droit international : le respect de la souveraineté nationale, les
conditions de la légitime défense et de l'usage légitime
de la force. La principale justification de la guerre était la menace
posée par les ADM détenus par Saddam Hussein. Cependant, en
l'absence d'une menace certaine et imminente, le principe de
préemption76(*) ne
pouvait être invoqué. Il s'agissait donc pour les
Américainsd'élargir la notion de guerre préemptive
à celle de la guerre préventive. Autrement dit, l'attaque d'un
pays potentiellement hostile, constituant potentiellement une menace à
long terme.
Le second objectif déclaré de la guerre
était le renversement du régime de Saddam Hussein, en raison de
son caractère non démocratique, non respectueux des droits de
l'homme et de son hostilité aux Etats-Unis.Autant de motifs bannis par
le droit internationalau nom du respect de la souveraineté nationale et
de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.En
d'autres termes, autoriserune guerre préventive, justifiée
par la menace potentielle que constituaient d'hypothétiques armes de
destruction massive possédées par un régime bien que non-
démocratique, et ayant pour finalité un changement de
régime, aurait marqué un changement majeur dans la doctrine
juridique internationale.
Ainsi, en empêchant, le vote d'une seconde
résolution au Conseil de Sécurité, la France et la Russie
ont rendu la guerre en Irakillégale, etaffaiblies l'image et la
légitimité des Etats-Unis. Le refus de reconnaître la
menace des ADM irakiennes signifiait que les véritables enjeuxde la
guerre contre l'Irak étaient autres que, celles avancées par
l'Administration Bush. A cet égard, le contrôledes ressources
pétrolièresirakiennesapparait comme l'enjeuprincipal de
l'interventiondes Etats-Unisdans ce pays.En effet, le pétrole constitue
la clef de voûte du système économique mondial et commande
les rapports de force entre les puissances. Mieux, qui pèse sur la
production, la circulation et les prix du pétrole, oriente le
système économique international.
Ce n'est donc pas un hasard si, les Etats-Unissont au centre
de tous les réseaux de domination qui enserrent l'or noir depuis la
seconde Guerre Mondiale, couronnantainsi leur implication dans les luttes
d'influences entre les pays producteurs. LeMoyen-Orient, le Maghreb,l'Iranet
plusieurs autres Etats de l'Asie musulmane concentrent à eux seuls, la
majeure partie des resservespétrolières et gazièresde la
planète77(*). De
quoi, faire de ces Etatsdes cibles privilégiées des grandes
puissances.
Lepétrolereprésente40% de la consommation de
l'énergie mondiale. Quelle que soient les innovationsapportées
dans les systèmes de production, le pétroleresteencore au moins,
pour troisdécennies (voir plus)la principale source d'énergie
primaire. Il devrait, aprèsépuisement des
réservesêtreremplacer par le gaz dont les gisementsdonne toujours
au monde arabe (le Maghrebsurtout) et l'Asiecentrale une importance
stratégique.
Cependant, si les réservespétrolières ne
peuvent êtredéfinies à priori de façonprécise
(ellesdépendentà la fois du niveau des prix du baril permettant
ou non l'exploitation de gisements et des avancées technologiques),il
est établitque, la demande mondiale
actuelleestsatisfaitequantitativement. Mais, le problèmequi se pose est
celui du coûtde cette satisfaction : car augmenter la production
implique des investissementsélevés. Orlàencore, le
Moyen-Orient joue un rôle central :les réserves y sont
à la fois importantes et les coûtsd'exploitation
moinsonéreux. Bref, quoiqu'il en soit, la conjonction entre hausse de la
demande mondiale, poids prépondérant du pétrole dans la
croissanceéconomique, gisements importants et
particulièrementaccessibles, fait du Moyen-Orient, la region cible de
toutes les convoitises.
Le contrôle de cette regionreprésentedonc, un
intérêt vital pour les Etats-Unis. Les Etats-Unisabsorbentà
eux seuls, plus du quart de la consommationmondiale de pétrole alors que
leur productionest en chute libre : moins de 15% entre 1999 et 2000.Ce
déclinrapide associé à la hausse de la demande
intérieure, permet de mieux comprendre la
volontéAméricaine de s'emparer des champs
pétrolifères irakiens.
A première vue, lepétrole semble être une
armeredoutable entre les mains des pays producteurs. En fait, il en n'est
pas.Les avoirs des pétromonarchies du Golfeontété
massivementinvestis en Occident(environ 800 milliards de dollarscontre 160
milliards investis dans les économies nationales de ces pays). Les
revenus tirés de ces investissements sont souvent plus importants que la
rente pétrolièreelle-même.En revanche, leurs
évolutions sont totalement tributaires de la croissanceet de
l'état de l'économie des pays occidentaux. D'où une
interdépendanceperverse qui limite drastiquementla liberté
politique desEtats producteurs de pétrole, du moins de ceux qui auraient
des velléitésd'indépendances.
Or l'Irak, constitue une exception. Ce pays ayant davantage
investit dans son propre développement est plus favorableàla
pratique des prix de pétrole élevés sur le marché
international.En outre, détendeur des deuxièmesréserves
mondiales de pétroleaprès,l'Arabie Saoudite, et hostileaux
Etats-Unisdans la region ; il est clair que ce pays, devenait de fait un
obstacle à la stratégieAméricaine de contrôle de
ressourcesénergétiquesmondiales.
La volontéAméricaine de renverser le
régime irakien devint autant plus forte lorsque celui-ci a
nouéavec, laFrance, la Russie et la Chine, des accordsd'exploitation du
pétrole qui n'attendaientque la levée de l'embargo pour entrer en
vigueur. Uneintervention militaire,accompagnée du renversement du
régime de Saddam Hussein et de la mise en place d'un pouvoir à la
solde des Etats-Unisremettraient en cause cepartage qui,exclut les
Américains et les Britanniques. LesdiscussionsAméricaines avec
certainsmembres de l'opposition irakienne, en exilont porté sur ce
point. La maitrise du pétrolepour les Etats-Unis, on sait doit non
seulement, satisfaire la demandeintérieuremais également
êtrel'instrumentd'uncontrôleétroitde la croissance des
régionsconcurrentesnotamment, l'Asie.
La volonté des Etats-Unisd'envahirl'Irakfutaussi animer
par le souci de diversifier leur provisionnement en pétrole. Eneffet,
tout indique que les Etats du Moyen-Orient se voientconfronter à des
transformationséconomiques et sociales qui, peu à peuconduisent
certains de ces Etatsàmodifier leursstratégies de
développement.Ainsi, les besoins sociaux liésà la
croissancedémographique amènentcertainsde ces Etatsà
demander une hausse relative des prix du pétrole. Ce quimet en
périll'entente« secrète » avec les pays
Occidentaux. La stratégieguerrière des Etats-Unis s'inscrit aussi
dans le grand marchandage entrepris avec la Russie pour le partage de
l'influencerégionale et une coopération qui inclut le
pétrolerusse. L'invasion de l'Irakpermettait doncaux Etats-Unis,de
s'assurer le contrôle, de cequeles experts appellent
« l'ellipse stratégique de
l'énergie »78(*).
Si,l'enjeupétrolierest le paramètresignificatif
à prendre en compte parmiles enjeux Etatsuniens quivise à en
découdre avec l'Irak ; d'autres analysestentent de
montrercependantque, le lobby de l'industrie de l'armement n'est pas en
restedans les basses manoeuvres d'une confrontation entre lesEtats-Unis et
l'Irak79(*).Car,une
intervention militaire permettaitaux industriels de l'armementde
décrocher de juteux contrats de vente d'armes avec le gouvernement
américain mais aussi d'entester de nouvellessur le champ de bataille
irakien.
En outre, la pression en faveur d'uneattaque Américaine
contre l'Irak, viendrait ausside l'Etat hébreux qui,considère ce
pays comme un dangereuxennemiqu'il faut anéantir.
Unlobbypro-israélien, aux Etats-Unis, auraitsuggéré au
président Georges Walker Bush,de procéder àune politique
étrangère encore plus ambitieuse qui, irait jusqu'à
« une intervention en Iran et en ArabieSaoudite »80(*). Ce qui
garantirait,l'approvisionnement des Etats-Unis en pétrole et la
sécuritéd'Israël dans la region.
En somme, l'enjeu pétrolier combiné à
ceux des lobbies pro-armesapparaissentdonc comme les véritables
instigateurs de l'intervention des Etats-Unis en Irak.Ladémarche du
président,Georges Walker Bush de jouer la carte du
multilatéralisme en décidant de passer une ultime fois au Conseil
de Sécuritépour résoudre le problème irakien
n'étaitqu'un trompe oeil.L'intervention des Etats-Unis en
Irak,avaitétélongtemps décidéeà l'avance par
des officines secrètes de la politique
étrangèreAméricaine partisane, d'un interventionnismeet du
recours à la force des Etats-Unisàl'étranger.
2- Pour la communauté internationale : le
respect de la légalité internationale et la prise en compte d'un
monde multipolaire
Au lendemain de l'effondrement de l'Empire soviétique,
les Etats-Unis deviennent incontestablement l'unique superpuissance capable de
dominer le reste du monde dans les domaines : économique, culturel,
militaire, et technologique. Pour Washington, la fin de la Guerre Froide
apporte la preuve de la supériorité du modèle
américain sur le reste du monde et c'est désormais aux Etats-Unis
d'en assurer le leadership.
Cependant, le reste de la communauté internationale
n'envisage pas ce « nouvel ordre mondial »
de la même la façon que la puissance Américaine. La fin de
l'affrontement bipolaire constitue au contraire une opportunité unique
de créer un ordre mondial multipolaire qui prendrait appui sur la
compétition diplomatique, plus tôt que le conflit, l'existence de
différents pôles d'influences, la liberté organisée
des échanges et la démocratie. Ce nouveau système de
relations internationales doit fonctionner dans un cadre multilatéral
qui privilégie la concertation et la négociation entre les Etats.
La crise irakienne de 2003, fut à cet égard alors comme un moment
de vérité pour la communauté internationale, parce que
tous les Etats sans exception étaient appelés à prendre
position. Le Cameroun, membre non-permanentdu Conseil de
Sécurité, au cours de cette périodepour justifier,son
opposition à la guerren'hésita pas à invoquer le dialogue
comme le cadre ultime de résolution de cette crise entre les parties.
Le Cameroun a toujours vivement souhaité voir la
logique de paix faire face à la logique de guerre. Le pays a
appuyé toutes les résolutions pertinentes du Conseil de
Sécurité des Nations Unies depuis l'invasion du Koweït par
l'Irak, en 1990 à nos jours et a toujours invité les parties
à la négociation et à la recherche d'une solution
négociée, fondée sur le respect du droit international. La
position de principe de la diplomatie camerounaise se fonde sur le fait que,
l'usage de la force dans les relations internationales et en particulier
l'annexion ou l'invasion d'un pays par un autre est inadmissible,
carsusceptible d'aiguiser les ambitions hégémoniques des Etats
plus puissants vis-à-vis des plus faibles.
Dans le même sillage que les responsables politiques
camerounais, lesprésidents, jacques Chirac et, Vladimir Poutine, pour
justifierleur refus à la guerre, n'hésitent pas à
évoquer la déstabilisation de l'ordre international. En effet,
douze ans après, le « nouvel ordre mondial »
proclamé par le présidentGeorges Herbert Bush, les
présidents français et russe déclarent vouloir un monde
multipolaire, gouverné de manière multilatérale. Le
président Jacques Chirac affirme :
Nous voulons vivre dans un monde multipolaire, c'est à
dire avec quelques grands groupes qui aient entre eux des relations aussi
harmonieuses que possible, un monde dans lequel l'Europe, notamment aura toute
sa place, un monde où la démocratie progresse d'où
l'importance à nos yeux capitale de l'Organisation des Nations Unies
pour donner un cadre et une impulsion à cette démocratie et
cette harmonie, un monde où des crises inévitables puissent
être gérées aussi bien que possible
(...).C'est-à-dire, faire face à des pays qui, tout d'un coup, se
mettent à construire ou à fabriquer des armes ou à acheter
des armes de destruction massive, et enfin un monde qui privilégie le
respect de l'autre (...), et qui essaie d'éviter l'affrontement81(*).
La visiondu président françaisde l'ordre
international du XXIesiècle se fonde donc surun
système international en constante évolution et du rapport de
force à venir, à un moment où, de plus en plus la
superpuissance Américaine est contestée, sinon
concurrencée par d'autres puissances, notamment émergentes.
Une société où il y a un seul puissant
est toujours une société dangereuse et qui provoque des
réactions. C'est pour cela que je suis pour un monde multipolaire (...).
De toute façon, le monde ne sera pas unipolaire. Dans les cinquante ans
qui viennent, la Chine représentera une puissance considérable.
Donc le monde sera différent.Donc, autant essayer de l'organiser
dès maintenant82(*).
Au regard de ce qui précède, on constate que
dans les propos du président Chirac, il se dégage une attitude
néoréaliste83(*). L'unipolarité selon ce dernier,
estdangereuse, en raison d'une part des risques d'usage excessif et sans frein
de sa force par la puissance dominante, et d'autre part, des réactions
quasi-mécaniques qui entrainent le déséquilibre de
puissance de la part des puissances émergentes. Il s'agitdonc, d'une
théorie de l'équilibre de puissance.
L'avènement d'un monde multipolaire est ainsi, un fait
acquis au regard de l'émergence des BRICS,84(*) avec à leur tête
la Chine, véritable rival des Etats-Unis. La multipolarisation en cours
doit donc, entrainer un changement systémique de la gouvernance
mondiale.
Le changement systémique implique un changement dans la
gouvernance du système internationale. C'est à dire que c'est un
changement au sein du système plutôt qu'un changement de
système. Cela inclut une modification de la distribution de puissance,
de la hiérarchie du prestige, et des règles et droits reconnues,
bien que ces changements n'aient que rarement lieu simultanément. Ainsi,
(...) le point focal du changement systémique est l'émergence et
le déclin des Etats dominants ou des Empires gouvernants un
système particulier.85(*)
Face à la transition inévitable du
système international, deux attitudes antinomiques se dégagent :
maintenir l'hégémonie Américaine et la main-misede
l'Occident sur les institutions internationales, au risque de provoquer des
fortes tensions voire une guerre hégémonique ou
alors,préparer dès maintenant le monde de demain, en anticipant
et adaptant la gouvernance du système international progressivement.La
vision de ce monde multipolaire du président Chirac est
àl'opposé de celui des stratègesnéoconservateurs
américains. En effet, dans la doctrine néoconservatrice, on peut
y lire :
Actuellement, les Etats-Unis n'ont pas de rival global. La
stratégie américaine devrait viser à préserver et
étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le
futur. Il y a cependant, des Etats potentiellement puissants, insatisfaits de
la situation actuelle et voulant la changer (...) jusqu' à
maintenant, ils en ont été dissuadés par la
capacité et la présence planétaire militaire de la
puissance militaire américaine. Mais, comme la puissance décline,
de manière relative et absolue, les joyeuses conditions qui en
découlent seront inévitablement ébranlées86(*).
En somme, on constate que, si la France opte pour une
incrémentation de la puissance et l'adaptation progressive de la
gouvernance mondiale, lesnéo-conservateurs américains eux,
optent plutôt pour une stratégie agressive de maintien de
l'hégémonie Américaine.La guerre en irakien apparait donc,
à ce titre comme une stratégie Américaine d'endiguement
de la Chine et de la Russie d'une part, en contrôlant les principales
ressources pétrolières mondiales, et d'autre part, en
développant un réseau d'alliances diplomatiques et de
présences militaires tout le long du croissant, allant de l'Asie du
Sud-Est au Caucase87(*).
L'idée d'une dynamique de multipolarisation est
présente dans les esprits des deux côtés de l'Atlantique.
La Chine, même si, elle a fait profil bas lors de la crise irakienne
estle point focal de ce monde multipolaire. Un monde multipolairequi compterait
plusieurs puissances à peu près équivalentes lors des
cinquante prochaines années. La Russie, ancienne superpuissance, reste
un acteur géopolitique majeur et ce, malgré la fin de la Guerre
Froide. L'hostilité, la méfiance et les tensions perdurent
toujours entre les superpuissances Américaine et Russe, montrant ainsi
que leur rivalité géopolitique ne s'est pas éteinte avec
la disparition de l'Union soviétique.Ensuite, vient l'Union
européenne, du fait de son modèle politique et économique
communautaireintégré. On peut y ajouter d'autres puissances
telles que : l'Inde, le Brésil, etc.
On peuty lire aussi dans la crise irakienne, la confrontation
de deux visions de l'ordre international. Le vote d'une résolution
autorisant la guerre en Irak auraitmarqué le passage de
l'hégémonie matérielle à l'hégémonie
normative. Le droit international se serait plié à la
volonté du plus fort, incarné par la doctrine Bush. L'un des
enjeux pour la communauté internationale était donc de
préserver le statuquo normatif, et de maintenir l'ONU et le Conseil de
Sécurité, comme le lieu de la gestion oligopolistique et
multilatérale des affaires du monde.
La crise irakienne donneenfin, une lecture entre puissance
conservatrice et puissances transformatrices. Les Etats-Unis sont une puissance
conservatrice, dans la mesure où leur objectif est de maintenir leur
position hégémonique actuelle. Mais comme la puissance
Américaine est un Etat expansionniste visant à croitre d'abord sa
superpuissance et à étendre son influence politique et
idéologique pour préserver le statut quo qui lui est favorable,
elle ne peut que chercher à affaiblir ses potentiels rivaux. En
revanche, les puissances transformatrices : la Chine, la Russie, et dans
une moindre mesure la France, souhaitent une redistribution de la puissance
matérielle et normative au sein de ce nouvel ordre international en
gestation.
Le discours du président jacques Chirac a donc pour
fonction de mobiliser les autres Etats de la communauté internationale.
Cependant, si la tendance d'évolution du système international
est à la multipolarisation, force est de reconnaitre que, ce dernier
reste encore unipolaire. Le discours d'un monde multipolaire est autant
prescriptif que descriptif. Il est davantage une arme utilisée pour
contraindre et restreindre l'hégémon Américain.
D'un point de vue socioconstructiviste, le discoursd'un monde
multipolaire vise à transformer les perceptions et
représentations.C'est à dire, convaincre les autres : la
communauté internationale et soi-même que, le monde devient
multipolaire. Il vise donc à faire évoluer les mentalités
et les pratiques, en occurrence en rendant concevable et possible une
opposition contre la puissance Américaine. Le succès d'une
position donnant à son tour de la crédibilité à
l'idée d'un monde devenu multipolaire. En d'autres termes, si le monde
devient multipolaire, il devient aussi possible de s'opposer aux Etats-Unis.
Cela prouve que le monde estmultipolaire.
Eu égard, à cette analyse, de nombreuses voix
cependant, se sont élevéespour affirmer que la France, se
refusait à toute intervention militaire en Irak pour des raisons
économiques notamment,pétrolières. En effet, la France
s'intéresserait à l'or noir irakien depuis quatre-vingt
ans88(*) . Les
relations entre les deux pays ont été cordiales jusqu'en 1990,
veille de la première guerre du Golfe. Après cette date, les
compagnies Totalet Elf existaient toujours en Irak, mais limitées par
des sanctions internationales infligées à l'Irak.
Dans un article intitulé, « Les dessous
de la carte »89(*), Dominique Lagarde et Alain Louyotaffirment que les
entreprises françaises en 2003, avaient 80 stands à la foire de
Bagdad ce, malgré l'embargo onusien. Depuis 1996 et la mise sur pied du
programme « pétrole contre nourriture » par l'ONU,
la France est restée le premier fournisseur de l'Irak, lui apportant
près de 14 % de ses importations en 2001.En retour,
l'économie française aurait gagné 660 millions de
dollars.Même si,certaines entreprises françaises tentent
aujourd'hui de le minimiser.
Dans le même sillage, M., Kenneth et M.,
Timmerman90(*) soutiennent
sans ambages que c'est pour des raisons économiques que la France a
refusé la guerre en Irak. Les chiffrent qu'ils avancent sont plus
conséquent que ceux suscités. L'Irak recevrait en effet, 25% de
ses importations de la France.Ce qui rapporterait près de 1,5 milliard
de dollars par an aux entreprises françaises. Le groupe Total/Fina/Elf
aurait négocié, un contrat de 40 milliards de dollars afin
d'exploiter de nouveaux gisements pétroliers.D'autres contrats auraient
été signés entre les deux pays, comme celui d'Alcatel,
Renault et Peugeot.Certains de ces échanges auraientfavorisé le
développement d'un programme nucléaire irakien91(*).
A la lumière de ce qui en découle,les points
concernant la France sur lesquels nous sommes revenus mettent en avant un Etat
soucieux du multilatéralisme international. Cependant,cette vision
modérée et interdependantiste des relations internationales, de
la diplomatie françaisevisait d'abordà la préservationdes
intérêts de la France. La France a donc eu en
réalitétout au long de la « crise
irakienne », une politique plus réalistequ'humaniste.
CONCLUSION DE CHAPITRE
La crise irakienne de 2003, au Conseil de
Sécurité de l'ONU est lecroisement de deux logiques de la
géopolitique des relations internationales : l'une prônant
l'approchemultilatérale des grands enjeux internationaux et une autre
logique, prônant l'approche unilatérale des relations
internationales.Cette crise qui tire son originede la Guerre du Golfe a
cristallisé les débats et enjeux entre les
différentsmembres du Conseil de Sécurité. Pour la
communautéinternationale, il a été question de
défendre la légalité internationale,de faire entendre sa
voix et de partager la vision d'un monde multipolairefondé sur la
quête derèglementpacifiquedes différends. Tandis que pour
les Etats-Unis, cette question relevait d'un enjeu de sécurité
nationale. L'étude de ces deux logiques des relations
internationalesrévèle des caractèresintrinsèques
qui opposentchacune de l'autre et dévoile leur
conceptiontrèséloignée de cequ'elle se fait du
« nouvel ordre mondial ». Cependant,pour mieux comprendre
les enjeux de ces deux logiques, il semble judicieux de présenter les
fondementsde cette crise.
CHAPITRE
II
LA CRISE IRAKIENNE DE
2003 : ETIOLOGIE ET SYMPTOMATOLOGIE
Depuis l'invasion du Koweït en 1990, lacommunauté
internationale a enjoint, àtraversdiversesrésolutions du Conseil
de Sécuritéde l'ONU, le gouvernement irakien àrespecter
ses engagements internationaux en matièred'armements.
Larésolution 1441, adoptéepar le Conseil de
Sécuritéennovembre 2002 exige du gouvernement irakien,
undésarmement complet et immédiat sous peines de
« graves conséquences » et astreint l'Irak à
un régimed'inspectionschargées de vérifierl'état
des programmes d'armement du pays. Malgré,l'engagement des
autoritésirakiennes à accepter sans conditions,les termes de
cetterésolutionainsique, le retour des inspections de l'ONUsur leur
territoire ;les Etats-Unis, enfévrier 2003,àl'absence de
toute découverteprobanted'ADM proposent au Conseil de
Sécurité des sanctions militaires contrel'Irak. Devant cette
proposition qu'il jugeprématurée, le Conseil de
Sécuritéexprime sondésaccord.Cette démarche ne peut
que s'opposer à celle des Etats-Unis, qui ne semble plus miser sur le
régime international des inspections. Ce chapitre s'intéresse de
manière diachronique à la question du désarmement de
l'Irak depuis de la fin de la Guerre du Golfe.Pour mieux
l'appréhendé, il est judicieux de situer
d'abord,lapremière Guerre du Golfe et ses conséquences, avant de
s'intéresserà la crise de 2003.
A- LA PREMIERE GUERRE DU
GOLFE ET SES CONSEQUENCES
A la suite de l'invasion du Koweït par l'armée
irakienne, le 2 août 1990, laréaction de la communauté
internationale ne se faitpas attendre. Le Conseil de Sécurité de
l'ONU,condamnele jour mène de l'invasion,le gouvernement irakien et
exige la restauration de la souveraineté du Koweït. Cependant, afin
de mettre fin à lamenace présentée par l'Irakpour la paix
et la sécurité internationales,l'ONUdécide d'un
régimed'inspectionsdestinéesà mettre le pays en
conformité avec ses obligations internationales.
1- L'invasion du Koweït et la riposte
Onusienne
A la fin de la guerre avec son voisin iranien en 1988,
l'Irakconnait une grave crise économique et l'Etat est en faillite. En
outre,le gouvernement irakienaccuse ses deux voisins, l'ArabieSaoudite et le
Koweït de faire baisser le prix du pétrole en produisant une
quantité journalière de barils trop importante. En
parallèle, SaddamHussein n'a jamaiscaché ses ambitions
territoriales sur son voisin koweïtienqu'il accuse d'exploiter une nappe
pétrolièreirakienne.
Le 2 août 1990, il envahit ce petit pays très
riche en hydrocarbure avec une armée de 100.000 hommes et devient
potentiellement,le plus grand producteur de pétrole au monde. En
près de vingt-quatre heures, tous les pointsstratégiques du
Koweït sont contrôlés par l'arméeirakienne. Dès
lors, les grandes puissancesmondiales, au premier rang desquelles les
Etats-Unis se montrent peu disposées à laisser un
régimeennemi à la tête d'un cinquième des
réservespétrolièresmondiales.
Le jour de l'invasion, lesmembres du Conseil
deSécurité adoptent la résolution 660,qui exige le
retraitimmédiat des troupes irakiennes du Koweït92(*). Le président Georges
Herbert Bush affirme alors son intention de restaurer la souveraineté du
Koweït. Plusieurs pays dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Italie
et l'Egypte se déclarent prêt à rejoindre la coalition
américaine.
A l'automne, les troupes internationales se déploient
dans la région. A la suite de la résolution 660, la
résolution 678 du Conseil de Sécurité est votée le
29 novembre 1990. Elle autorise les troupes de la coalition internationale
à contraindre le régime irakien, « par tous les moyens
nécessaires »93(*) au cas où ses troupes n'auraient pas
quitté le Koweït au plus tard, le 15 janvier 1991. Mais
SaddamHussein ne se plie pas aux exigences de la
communautéinternationale. Devant ce refus d'obtempéreraux
injonctions onusiennes,l'opération « Tempête du
désert »est déclarée le 17 janvier 1991. A
l'issue de six semaines de combats, l'armée irakienne est
défaite, et Saddam Hussein annonce le retrait de ses troupes du
Koweït.
Le 27 février 1991,le présidentGeorgesHerbert
Bush annonce la fin des combatset la souveraineté du Koweït
retrouvée, en dépit des pressions de certains membres de son
Administration qui souhaitent le renversement de SaddamHussein. Mais ce n'est
que partie remise. A l'époque, le chef d'Etataméricain est
réticentà envahir Bagdad et à déchoirSaddamHussein.
Pour cela en effet,ilestime que les conditions géopolitiques et
ethniques de l'Irak ne permettent pas une
transitiondémocratiqueaisée et les Etats-Unis n'envisagent pas
une occupation à longue durée du pays pour assurersa
stabilité. La solution retenue alors est d'imposer au
régimeirakien un programme de restrictions et d'inspections lourdmais
aussi de contrôlerrégulièrementson type d'armement.
2- Les sanctions imposées à l'Irak
à l'issue du conflit
Dès le premier jour de l'invasion du Koweït par
l'Irak, l'ONU sous la houlette des Etats-Unisdécide de mettre en place
un régime de sanctions àl'encontre del'Irak. La
résolution 661 votée le 6 aout 1990 condamne déjà
le régimeirakien pour avoir envahi le Koweït et impose une
multitude de sanctions de nature commerciale et économique. Par
ailleurs, lesmembres du Conseil de Sécuritécraignent que l'Irak
n'utilise ànouveau des armes chimiques comme cela fut le cas contre les
populations civiles pendant les huit années de guerre avec l'Iran
(1980-1988).A l'issue donc du conflit, l'ONU impose au gouvernement irakien,
à travers la résolution 687,la destruction de son programme d'ADM
conformément aux traités internationaux en vigueur.
Pour s'assurer de l'effectivité des sanctionsprises
contre l'Irak, leConseil de Sécuritémet en place,une commission
d'experts en industrie chimique et nucléaire (la
Commissionspéciale des Nations Unies,UNSCOM) chargée de
vérifier,de contrôler et de procéderà la destruction
des programmes d'armement de l'Irak. Unemission de l'AIEA se joint à
cette commissionpour contrôler et procéderà la destruction
du programmenucléaire, chimique et bactériologiquede l'Irak. La
résolutionprévoit également des
sanctionséconomiques jusqu'à ceque les inspections soient
achevées.
A la suite de ces sanctions onusiennes, la coalition
internationale, avec à sa tête les Etats-Unis, impose à son
tour une zone d'exclusion aérienne dans l'espace aérien
irakien94(*). Celle-ci se
fonde sur les résolutions 687 et 688 destinées à
protéger les populations civiles Kurdes et Chiites95(*), deux minorités
menacées et victimes des répressions du pouvoir de Bagdad.
Acculé par les sanctions suscitées, le 2 mars
1991, SaddamHusseinaccepte les termes de la résolution 686 qui fixe les
conditions de cessation des hostilités ainsi que le cessez-le-feu
provisoire. En avril, est adoptéela résolution 687 qui fixe les
conditions du cessez-le-feu définitif.
Lors de cette première guerre du Golfe au cours de
laquelle,les bombardements aériens ont duréenviron cinq
semaines,des analystes n'hésitent pas à affirmer que l'Irak
auraitreçu plus de bombes que l'Allemagnependant la seconde Guerre
Mondiale. L'objectif des Etats-Unisest alors de détruire le potentiel
militaire et industriel irakien.
L'issue de laguerredu Golfe metainsi définitivement au
banc de la communautéinternationale,SaddamHussein, aupoint d'endevenir
la cible privilégiée des Etats-Unis. Cependant, les sanctions
imposées par la communauté internationale à l'Irak
connaissent de fortes tribulations.
3- Des sanctions sous fonds de manoeuvres dilatoires
des autorités irakiennes
Au cours des premiers mois qui suivent le régime des
sanctions imposées par l'ONU à l'Irak, les inspecteurs en
désarmement de la Commission conjointe des Nations Unies
découvrent que le régime irakien possède des armes
biologiques, et obtiennent dès l'été 1992, leur
destruction par le gouvernement irakien. Mais très rapidement, les
inspecteurs onusiens pointent le défaut de coopération des
autorités irakiennes, notamment en ce qui concerne l'exhaustivité
des rapports remis au Conseil de Sécurité, la désignation
des installations à inspecter et l'accès aux sites suspects.
Pour la plupart des observateurs, la mission de l'ONU
découvrit l'essentiel des programmes d'armement irakien (notamment en ce
qui concerne les armes nucléaires, chimiques et bactériologiques,
et les programmes de missiles à moyenne portée). Il restait
cependant quelques incertitudes sur les armes biologiques et sur certains
aspects du programme de fabrication de missiles. Ainsi, parti pour durer deux
annéesmaximales,les travaux de l'UNSCOM vont durer sept ans. Même
s'il faut mettre à l'actif de ceux-ci, la destruction de la majeure
partie des ADM irakiennes. Ces travaux ne donnent pas pour autant satisfaction
aux inspecteurs.
En complément du régime des inspections, est
votée le 14 avril 1995,la résolution 98696(*)destinéeàaméliorer les conditions
de vie des populations irakiennes durement touchées par l'embargo.
Eneffet,comme le régime des inspections durait plus que prévu et
que parallèlement, les sanctions continuaient
d'êtreappliquées, l'ONUallégea les pressionsexercées
sur les populations civiles. La résolution 986, prévoit ainsi la
mise en place du programme « pétrole contre
nourriture ». Des marchandises de première
nécessité peuvent alors être achetées par le
gouvernement irakien en échange de la vente de son
pétrole97(*).
En 1997, l'Irakdécide de suspendre les inspections.
S'ensuivent alors de multiples tentatives diplomatiques (de la part de la
Russie,la Turquie, la France et l'Egyptenotamment)pour tenter de
résoudre le problème et de convaincre SaddamHussein pour
accepterle retour des inspecteurs onusiens,et de trouver un règlement
pacifique à la crise. Ce qui estfait en 1998.Legouvernement irakien
accepte le retour des inspections de l'ONU sur son sol.
Cette nouvelle mission d'inspection est dirigée par
l'expertaustralien, Richard Butler. Mais trèstôt,les
autorités irakiennesjugent que cettemission est subordonnée au
gouvernementaméricain et non aux Nations Unies,et expulsent les
inspecteurs du territoire. Richard Butler est en effettrèsproche de la
CIA, et est accusé par les autorités irakiennes de faire de
l'espionnage au profit des Etats-Unis. A la suite du départ de cette
mission d'inspections, les Etats-Unis renforcent leur surveillance
aérienne, imposée dans le cadre des résolutions 687 et
688.
Dans les semaines qui suivent la suspension des inspections
des Nations Unies,une médiation
duSecrétairegénéralde l'ONU, KofiAnnan permet la reprise
de la mission d'inspections. L'Irakaccepte de nouveau le retour des
expertsinternationaux sur son sol ainsi que le contrôle des sites
sensibles afin d'éviter les frappesaméricaines. L'accord sur
lequel KofiAnnan et SaddamHusseintombent d'accord est entériné
par la résolution 1154 du Conseil de Sécurité,
adoptéeàl'unanimité, le 2 mars 199898(*). Celle-ci réaffirme
que : « toute violation aurait degraves
conséquencespourl'Irak » et dispose que le Conseil de
Sécurité« demeure saisi de la question de façon
à assurer l'application de la présente résolution et
àpréserver la paix et la sécurité dans la
région ».
Pour cetterésolution,les Etats-Unis et le Royaume-Uni
souhaitent qu'elle contienne une automaticité du recours à la
force en cas de non-respectpar l'Irak des obligationsauxquelles le
régime a lui-même consenti. Américains et Britanniques
veulent ajouter au textede la résolution,la mention de
« violation patente ». Ce quiqui offre une
possibilité militaire immédiate en cas deconstat d'une violation
par l'Irak de ses obligations. Mais les troisautres membres permanentsdu
Conseil de Sécurité(Chine, France et Russie) s'y sont
opposés, et ont préféré lui substituer la mention
« graves conséquences » qui,habituellement,laisse au
Conseil de Sécurité la liberté d'apprécier les
suites àapporteràla décision finale.
En 1998 donc,deux visions s'y opposentdéjà sur
la gestion de la question irakienne au Conseil de
Sécurité.Lavisionaméricano-britannique, quidéfend
l'idée de l'automaticité des sanctions militaires contre l'Irak,
etla vision de la coalition des puissances, Chine - FranceetRussiequi,
privilégie un processus de décision en deux temps:
- imposer des inspections ;
- ensuitedécider des sanctions si l'Irak refuse de se
soumettreauxinspections.
C'est donc,ces deux doctrines : le
multilatéralisme qui préconisait de confier à l'ONU la
fonction de régulateur exclusif de la gestion du problèmeirakien,
et l'unilatéralisme dont les Américains étaient
tentés, qui resurgit en 2003entre les membresdu Conseil de
Sécurité, et auquel le Cameroun futimpliqué, es
qualité de membre non-permanent du Conseil de Sécurité.
Le 15 décembre 1998,les inspecteurs de l'UNSCOM
quittentà nouveau l'Irak, à la demande de Richard Butler,chef de
la mission,en raison de l'obstruction faite par les autorités irakiennes
aux inspections.Entre : les 16 et 19 décembre,le
présidentBill Clintondéclenche l'opération
« Renard du désert ». Il s'agit d'une
opération de bombardement de sites militaires et industrielsirakiens
soupçonnés de servir à la recherche nucléaire.
Cette opérationaméricaine conjointement
menée avec les britanniques n'est pas soumise à la consultation
et à l'application du Conseil de Sécurité.Cependant, si
à l'évidencela Chine et la Russie manifestent
leurdésapprobation ; la France,elle se montre plus
tôtréservée dans ses critiques,en admettant mal tout de
même de n'avoir pas été consultée.
Si bien qu'au cours de l'année 1999, après unan
de blocage de la mission d'inspectionsconjointes,les
négociationsreprennent au Conseil de Sécurité en faveur de
la création d'un nouveau régime d'inspections.Les britanniques
proposent une résolution faisant la synthèse des
préoccupations de chacun et notamment de la partie française.
La
48
résolution 1284 est ainsi présentée au
Conseil de Sécurité,le 17 décembre 1999 et adoptée
par 11 « voix pour »« contre 0
». Avec cependant, 4 abstentions.
Cetterésolution créé la Commission de
contrôle,d'identification et d'inspection des Nations
Unies(COCOVINU)99(*)
chargée de remplacer l'UNSCOM. Cette nouvelle missionse voit attribuer
les mêmes objectifs que laprécédente. Elle est
présidée par le suédoisHansBlix. A l'AIEA,c'est le nouveau
Directeur,l'égyptienMohamed El Baradai qui est chargé du
contrôle du programme nucléaire.
Dès lors pendant près de trois ans,sont
menées des négociations entre le
Secrétariatgénéralde l'ONU et le gouvernement irakien pour
permettre la reprise des inspections.Mais Saddam Hussein refusant toujours le
retour des inspecteurs de l'ONU qu'il soupçonne d'être
manipulé par Washington.
B- LA CRISE IRAKIENNE AU
CONSEIL DE SECURITE
En 2002, trois ans après l'adoption de la
résolution 1284 qui créela COCOVINU, l'activisme Américain
sur le dossier irakien sort l'ONU de processus diplomatiques sans fin, pour
retourner à la négociation d'une nouvelle résolution
permettant le retour des inspecteurs en Irak. Cependant, si l'expression
« violation patente » n'est pas encore employée par
lenouveau présidentaméricain Georges Walker Bush, celui-ci place
déjà l'Irakdans la situation où le pays a
manquéà ses obligations internationales.A cette logique et face
aux conséquences d'une action militaire, le Conseil de
Sécuritéopposeaux Etats-Unis la preuve d'undésarmement de
l'Irak. C'est sur l'opposition de ces deux logiques que s'engagent les
négociations, en vue de l'adoption de la résolution 1441.
1- La résolution 1441 et ses enjeux
Adoptée à l'unanimité, le 8 novembre 2002
après près de deux mois de négociations entre membres du
Conseil de Sécurité, la résolution 1441
« décide que l'Irak a été et demeure en
violation patente de ses obligations »100(*)en vertu des
résolutions pertinentes, notamment la résolution 687 (1991), en
particulier en ne collaborant pas avec les inspecteurs de l'ONU et de l'AEIA,
et en prenant pas des mesures exigées (de désarmement) au
paragraphe 8 et 13 de la résolution 687.
Elle décide ainsi « d'accorder à
l'Irak (...) une dernière possibilité de s'acquitter des
obligations en matière de désarmement qui lui incombe en vertu
des résolutions pertinentes du Conseil de
Sécurité »101(*) et d'instituer« un régime
d'inspections renforcé dans le but de parachever de façon
complète et vérifiée le processus de désarmement
établi par la résolution 687 et les résolutions
ultérieures du Conseil de Sécurité ».102(*)
En dépit de ce vote à l'unanimité, la
résolution 1441 laisse cependant, étalerselon certains experts du
Droitinternational desproblèmesd'interprétations. Ces
problèmes sont liés à la qualification de la situation de
l'Irak, au regard de l'ensemble de ses obligations internationales et des
conséquences que celle-ci pourrait entrainer. Les Etats-Unis et le
Royaume-Uni considèrent qu'une interprétation extensive de cette
résolution est une base juridique suffisante pour ce faire. Cette
lecture souligne les violations passées et considère que tout
nouveau manquement de l'Irak pourrait entrainer l'usage automatique de la
force.
Dans ce cadre, une autre résolution les autorisant
à déclencher une intervention militaire est utile, mais non
nécessaire. Les autres membres du Conseil de Sécurité
considèrent quant à eux que, la résolution 1441 est une
étape qui permet l'enclenchement d'un nouveau processus d'inspection
qu'il faut mener à son terme avant de pouvoir engager toute autre forme
d'action, et qu'il ne peut par conséquent y avoir d'usage automatique de
la force.
La résolution 1441 donne au régime irakien une
dernière opportunité pour se conformer, sans condition à
ses obligations internationales en matière de désarmement et
éviter ainsi la mise en oeuvre d'une politique unilatérale
Américaine de changement de régime. L'acceptationeffective de la
reprise d'inspection spéciale et de contrôle intrusif par la
COCOVINU et l'AIEA, suspendues depuis 1998,s'avère dès lors
inévitables par les autorités irakiennes,conscientes que la marge
de manoeuvre sur laquelle,elles ont pu jouer jusque-là,notamment sur la
base des dissensions entre les membres permanents du Conseil de
Sécurité est tenue.
Ainsi, après avoir accepté le principe d'un
retour sans condition des inspecteurs,le 16 septembre 2002,elles reconnaissent
le 13 novembre,dans les délaisfixés par le Conseil de
Sécurité,les nouvelles clauses d'inspections intrusives et
renforcées :l'accès « immédiat, sans
entrave, inconditionnel et sans restrictions à la totalité des
zones, installations, équipements, relevés et moyens de transport
qu'elles souhaitent inspecter »103(*).
Ces nouvelles clauses onusiennes s'inscrivent dans un
calendrier très serré : Bagdad doit fournir, au plus tard le
8 décembre 2002, la déclaration préalable sur ses
programmes proliférant et activités connexes, et accepter dans
l'intervalle la reprise des inspections. Cet état des lieux est
nécessaire à la COCOVINU, coupée du terrain irakien depuis
sa création, en 1999 et bâtie sur les cendres de l'UNSCOM, qui
elle-même avait suspendue ses activités depuis 1998. Il doit
permettre à son chef, HansBlix deprésenterau Conseil de
Sécurité un premier rapport d'évaluation dans les soixante
jours suivant la reprise des inspections.
Créantcertes des contradictions évidentes de
calendrier,la résolution 1441 impose un véritableultimatum par
lequel les autorités irakiennes doivent montrer immédiatement des
signes concrets de coopération active. Elle fait désormais porter
la charge de la preuve sur le régimeirakien et non plus sur le Conseil
de Sécurité,contrairement àce qui avait
étéposé par les dispositions de la résolution
687,du 3 avril 1991, relative à la destruction de son programme d'armes
de destruction massive.
Désormais tout le débat se concentre entre
membres du Conseil de Sécurité sur le degré de
coopération de l'Irak avec les inspecteurs de l'ONU. La
résolution exigeant une coopération pleine et entière.
Dans son paragraphe 4, la résolution 1441 :
décide que de fausses informations ou des omissions
dans les déclarations soumises par l'Irak en application de la
présente résolution et le fait à tout moment de ne pas se
conformer à la présente résolution et de ne pas
coopérer pleinement dans sa mise en oeuvre constitueront une nouvelle
violation patente des obligations de l'Irak et seront rapportées au
Conseil aux fins de qualifications.104(*)
Cependant quel est le seuil de qualification d'une
« violation patente » ? Si le
présidentaméricain,GeorgesWalker Bush a clairementsignifié
qu'« il ne peut y avoir de violation mineure »,Hans Blix
pour sa part, chef de la délégationonusienne en
Irakconsidère que, seuls les manquements les plus graves pourraient
constituer des « violations patentes ».Quant
àKoffiAnnan,Secrétaire général de l'ONU,
luipenchesur le fait qu'ilne faut pas définir un « seuil de
déclenchement »trop bas et insiste sur la
nécessité de la preuve du
caractèredélibéré des omissions.
Ce flou entourant ainsi, la qualification
de « materialbreach »ouvre la voie
à des interprétationslarges des membres du Conseil de
Sécurité. Alors que lesprésidents de la COCOVINU et de
l'AIEA n'ont pas autoritéà statuer en la matière. De fait,
les rapportsprésentésau Conseil de Sécurité ne
s'engagèrent jamais au-delà d'une simple présentation de
l'attitude irakienne ou d'une demande de prolongation de la mission des
inspecteurs, laissantun Conseil de Sécuritédivisé face
àsesresponsabilités.
2- Le retour des inspections de l'ONU et la
coopération irakienne de façade
Le retour des inspecteurs de l'ONU en Irak,
aprèsquatreannées d'absences sur le terrain s'effectue le 26
novembre 2002. Dans un premier temps,la COCOVINU ne déploie que des
équipes logistiques réduites.
En effet, la Direction des opérationsde la COCOVINU
chargée d'organiser le travail des inspecteurs est encore embryonnaire.
Depuis sa créationen 1999,la Commission s'est limitéeà des
activités de repérage et d'analyse des sources d'archives
laissée par l'UNSCOM.La monté en puissance des effectifs sur le
terrain est cependant rapide.Enl'espace de deux mois,sont présents en
Irak deux cents soixante personnels de plus soixante nationalités, dont
moins de la moitié sont des inspecteursspécialistes des questions
d'ADM ou ont une connaissance fine duterrainirakien.De plus,les nouvelles
modalités renforcées visant à des inspections intrusives
surprises et simultanées se prêtent mal à un processus de
recrutement trop lent et par lequel les inspecteurs internationaux se trouvent
rapidementdépassés sur le terrain par un système irakien
qui s'est visiblement bien préparéà leur
arrivée.
A plusieurs reprises,alors que initialement le choix des sites
et des installationsà inspecter se prenaitdirectement au bureau de l'ONU
de Bagdad sur une liste préalablementétablie à New
York,sans notification préalableauprès des autorités
irakiennes, les équipes de la COCOVINU et de l'AIEA ont le sentiment
d'arriver sur des sites préparés ou nettoyer à l'avance
par les autorités irakiennes. En outre, la faiblesse des effectifs des
équipes opérationnelles des deux Commissions ne se prête
guère à l'organisation d'inspection surprise intrusive sur
l'ensemble du territoire irakien, à un moment où les
déplacements dans le pays demeurent longs et délicats à
organiser malgré certaines facilités logistiques accordées
par les autorités irakiennes. Le travail des inspecteurs se limite
ainsi, majoritairement à l'inspection de sites déjà connu
au temps de l'UNSCOM, et la COCOVINU dans le périmètre
géographiquement concentré aux alentours de Bagdad.
Simultanément, pendant que se déroulent les
inspections sur le terrain, les Etats membres du Conseil de
Sécurité eux, étudient à New York, le rapport sur
les programmes passés etactuels des activités proliférants
de l'Irak,remis à l'ONU par les autorités irakiennes,le 8
décembre 2002 comme, exigé par la résolution 1441. Ce
document de 12000 pages,pour la plupart rédigé en languearabe
s'avère cependant contenirtrès peu d'informations nouvelles, au
regard de la connaissanceengrangée par l'UNSCOM puis la COCOVINU et la
liste établie par celle-ci en ce qui concerne
les « questions non résolues ».
Livré ainsi par un régime sous pression,
lerapport irakien du 8 décembre2002 apparaît comme un amas
hâtif d'une succession de documents dont des parties
reprennentintégralement les déclarationspassées,
adresséesà l'UNSCOM. Dès la mi-décembre, les
autorités américainesexpriment publiquement leur scepticisme sur
la bonne foi des autorités irakiennes, au regard de ce document.
Cette coopération irakienne de façade est vite
répercutée dans les autres rapportsprésentés au
Conseil de Sécurité. Comme le souligne, HansBlix dans ses
exposés du 27 janvier et du 14 février 2003. La
coopération irakienne de terrain est intégralesur la forme,aucune
obstructionréelle n'ait constaté et les nouvelles
modalités sont respectées. Mais limitée dans les faits au
regard de la coopération active attendue105(*).
Celle-ci est pourtant devenue de plus en plus concrète,
au fur à mesure que la menace d'intervention militaire
Américainedevenaitcrédible notamment, par la mobilisation et
l'installation des forces dans les régions, lapoursuite des
bombardements dans les zones d'exclusionaérienneset le largage des
tracts, appelant la population irakienne à se préparer à
une intervention militaire.
Au demeurant,si les autorités
irakiennescèdentà l'exigence d'entretien de
personnalitésciviles,d'inspection de domiciles ou
d'enceintesprivées comme le stipule la résolution 1441,puis par
la mise en oeuvre par la COCOVINU d'un programme de destruction des
missilesAl-Samoud106(*)
et leurs installations connexes,au bout du compte,pour
HansBlix, « le régime de SaddamHusseinn'a pas fourni
à l'UNMOVIC d'informations sur l'anthrax,le gaz chimique VX et sur
d'autres matériels militaires dont il était supposé avoir
été en possession »107(*). Pour autant, « aucun
élément n'indique la poursuite ou la reprise des programmes
d'armes de destruction massive ni (...)d'articles interdits avant l'adoption de
la résolution 687»108(*).
Le chef de la COCOVINU,bien que militant pour la poursuite de
ces missions via une augmentation des effectifs,des moyens et du temps
supplémentaire, laisse ainsi à un Conseil de
Sécuritédivisé le soin de décider s'il faut ou non
poursuivre ceprocessus, question au coeur des négociations pour obtenir
une seconde résolution.
3- L'affrontement entre les deux camps
A partir de janvier 2003, le jeu diplomatique au Conseil de
Sécurité est rythmé par les rapports de la COCOVINU et de
l'AIEA et, les exposés qui en sont faits par leurs chefs respectifs sont
retransmis en direct par la chaine de télévision
Américaine,CNN. Le Conseil de Sécurité devient alors une
tribune où chaque Camp s'attache a marqué des points en fonction
de son agenda. Si les deux Camps se retrouvent sur la volonté de gagner
du temps, cette logique dilatoire favorise cependant, la préparation
militaire et en profite au « Camp de la guerre ».
« Le Camp contre la guerre » (France,
Russie, Allemagne, Chine, Syrie), qui viseà maintenir le statuquo en
tablant sur une nouvelle efficacité du régime d'inspections
intrusives et renforcées, soutient activement le travail de la COCOVINU
et del'AIEA (fourniture de plus de moyens logistiques et humains). Son
objectifpremier est que l'Irak ne reconstitue pas son arsenal nucléaire.
Un tel objectiféloigne la menace et rend injustifié le
« risque de la guerre ».Ainsi, pour le ministre
français des Affaires étrangères, Dominique de
Villepin :
La France a deux convictions : la première, c'est
que l'option des inspections n'a pas été conduite jusqu'à
son terme et peut apporter une réponse efficace à
l'impératif du désarmement de l'Irak, la deuxième, c'est
qu'un usage de la force serait si lourd de conséquences pour les hommes,
pour la région et pour la stabilité qu'il ne saurait être
envisagé qu'en dernière extrémité (...). Il y a une
alternative à la guerre : désarmer l'Irak par les
inspections.109(*)
Cette logique de soutien au processus d'inspections apparait
rapidement comme une forme de complaisance à l'égard du
régime de Saddam Hussein face un à discours politique
américano-britannique mettant en exergue les horreurs de ce
régime, et donnant ainsi des arguments moraux à une intervention.
Mené par la France, le « Camp de la paix » oppose
à ces arguments une interprétation strictement légaliste
de l'usage de la force, en proposant une démarche en deux temps (donc
deux résolutions) :
- le retour des inspections ;
- une action coercitive si l'Irak ne coopère pas ou si
les inspecteurs font la preuve que l'Irak n'a pas désarmée.
Le « Campde la guerre »(lesEtats-Unis et
leRoyaume-Uni)s'attache àbâtir un cadre légal à une
intervention, considérée déjà comme
inéluctable et à convaincre, les
Etats« indécis »membres non-permanents du Conseil de
Sécurité,du bien-fondé d'une telle
intervention.L'imminence de la menace irakienne en matière d'ADM et le
lien « établi » entreBagdad et les
extrémistesd'Al Qaida,dont Oussama Ben
Laden,considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre
2001, ayant été prouvé, selon la diplomatie
américaine.
Cependant,en l'absence de « smoking
gun »,l'argumentaireAméricainreste limité,
mêmeaprès la présentation
d'« éléments de preuves »110(*),faites par le
Secrétaire d'Etat, Colin Powell,le 5 février 2003 devantle
Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis ne réussissent pas
à convaincre les membresdu Conseil de Sécurité de la
menace irakienne et de l'urgence d'une action militaire contre ce pays. Car,
rien dans la Charte de l'ONU ne permet d'appuyer le recours à une action
militaire « préventive ». Les Etats-Unis souhaitent
néanmoins avant tout imposer leurs vues.La décision de la Maison
Blanche en faveur d'une intervention militaire ayant déjà
étéprise,les Américains se présentent ainsi devant
le Conseilde Sécurité sans marge de manoeuvre pour
négocier et sans réellementavoir l'envie de jouer la carte du
multilatéralisme.
En parallèle, la longueur des débats à
l'ONU entre les deux Camps permet aux forces américano-britanniques de
compléter leur dispositif dans la région, en attendant l'impasse
qui ouvrirait la voie au déclenchement de la guerre. Cette logique de
guerre accentue la pression sur le régime irakien, prépare
l'opinion internationale à l'inéluctabilité de la guerre
et renforce la position de l'Administration Bush, tout en restreignant sa marge
de manoeuvre diplomatique. Car, retirer les troupes de la region devenant
à partir d'un certain seuil plus cher que de déclencher les
hostilités et surtout politiquement difficile. Car l'électionpour
la Maison Blanche devant se tenir, ennovembre 2004.
LeConseil de Sécurité devint ainsi,
l'épicentre de la crise diplomatique et de l'oppositionentre les antis
et les prosintervention militaire en Irak. Les chefs de
délégations des diplomaties des quinze pays membres se
déplaçantà presque chacune des réunions publiques
transformées en véritable « show »
à l'intention des opinions publiques. Rappelonsque, le Conseil
deSécuritéde l'ONU n'avait plus été le
théâtre d'une telle mise en scènedepuis la chaussure de
NikitaKhrouchtchev, le dirigeantde l'Union soviétique, frappant la table
du Conseil pendant la crise de missiles de Cuba en 1962.Toutefois, ces
séances tournent momentanémentà l'avantage du
« Camp de la paix »avec pour moment fort le discours de
Dominique de Villepin111(*), ministrefrançais des Affaires
étrangères,le 14 février 2003qui,lors de la
conférence de presse avec son homologueaméricain,
ColinPowelln'hésite pas à menacé d'opposer le veto de
la France,à toute résolutionallant dans le sens de la guerre.
De leur côté,les Etats-Unis,en dépit d'une
volonté unilatéraled'interventionmilitaire en Irak souhaitent
cependant, apparaitre comme jouant le jeu de l'ONU,étantdonné de
la gravité du débat et des risques encourus. Les opinions
publiques sont dont les premiers témoins et les véritables enjeux
de cette confrontation diplomatique. Les sondages demandant l'avis de l'opinion
sur la nécessité ou non de passer par le Conseil de
Sécuritépour autoriser une action militaire en Irak, sont
multipliés et actualisés semaine après
semaine.Malheureusement, l'intransigeance de chacundes Camps,leur enfermement,
dans des logiques propres conduisent peu àpeu le Conseilde
Sécurité à une impasse.
Chaque Camps'enfermant ainsi dans sa logique : les uns
refusant de croire à l'efficacité des inspections, les autres se
refusant àenvisager l'éventualité d'une guerre aux
conséquencesnéfastes.Néanmoins, c'est dans cette logique
d'intransigeance des uns et des autres, que s'inscrit un dernier
« round » de négociationpour obtenir une seconde
résolution qui autoriserait une intervention contre l'Irak. Ce dernier
« round »denégociation, accepté par les
Etats-Unis est un actede soutiende l'Administration Bush résolument
déjà tournée en guerre, à l'endroit de son
alliébritannique, lePremier Ministre Tony Blair,qui connaitunecertaine
fronde des députés de sonPartiet qui,pour lequel une telle
résolutionàforce de cadre juridique,susceptible de rassurer son
opinion publique hostile à la guerre.
Le projet de résolutionanglo-américain est
introduit en séance plénière, au Conseil de
Sécurité le 24 février 2003. Ilréaffirmeque :
« l'Irak a manqué de saisir la
dernièrepossibilité qui lui était offerte dans le cadre de
la résolution 1441 ».Car même,les
amendementsapportés ultérieurement au texte n'ychangent rien.
57
C'est dans ce contexteque débute outre, un
autre« round »de discussions. Celui-ci, met sur la table un
nouveau projet de résolution. Il estproposé par l'Espagne,les
Etats-Unis et l'Angleterre.Ainsi, présenté le 7 mars 2003,ce
projet de résolution pose un ultimatumclair,par lequel le Conseil de
Sécurité réaffirme que :
L'Irakn'a pas saisi la dernièrepossibilité qui
lui était offerte par la résolution 1441, à moins que le
17 mars avantcette date,ne soit conclu que l'Irak a fait preuve d'une
coopérationentière, inconditionnelle, immédiate et active
conformément aux obligations en matière de désarmement
(...). Et qu'il remetteà l'UNMOVIC et à l'AIEA toutes les armes
et tous les vecteurs et systèmes et structures d'appui interdits par la
résolution 987,avec tous les renseignements relatifs à la
destruction antérieure de ces éléments.112(*)
Le 17 mars 2003 devient alors une date non négociable
pour les Etats-Unis et leurs alliés,qui ayant déjà acquis
un moment de préparationjugésuffisammentenlevé pour
déclencher la guerre ne peuventplus reculer. De leur côté,
les partisans du« Camp de la paix » expriment clairement
leur opposition. Le présidentjacquesChirac en tête,qui lors d'une
interview télédiffusée,le 10 mars 2003 sur les chaines de
télévisionTF1 et France2 va déclarer: « ma
position, c'est que, quelles que soient les circonstances, la France votera non
parce qu'elleconsidère (...) qu'iln'y a pas lieu de faire une guerre
pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés,c'està
dire le désarmementde l'Irak »113(*).
Mais à cause des positions extrêmes, des uns et
des autres, aucune date n'est finalement retenue pour le vote de ce projet de
résolution. Ce d'autant plus que, aucune majorité ne semblait se
dégager en faveur de l'un ou l'autre camp, en dépit des pressions
exercées de part et d'autre sur les pays membres non-permanents du
Conseil de Sécurité « indécis »
(Pakistan, Mexique, Guinée, Angola, Cameroun, Chili), qui ne
souhaitaient pas rendre publique leurspositions. Américains,
Britanniques et Espagnolsretirèrentalors leur projet de
résolution,signifiant le constat de l'échec des
négociationsdiplomatiques. Le 20 mars 2003, les Etats-Unisà la
têted'une coalition internationale114(*)composée de plusieurs pays
déclenchentl'opération« Iraqi
Freedom »115(*).
Cependant, la « crise irakienne » de
2003,d'un point de vue irakien, mieux du monde arabe,a suscité une
empathie quasi généralisée.La «
libération » promised'une part et souhaitée de
l'autre,n'a jamais convaincu les irakiens116(*).La guerre disait-on à Bagdad, n'estqu'une
guerre d'appropriation du pétroleirakien et, au-delà des
ressourcespétrolifères et gazières du monde arabe.
Plusencore, ce conflitfutperçu comme une guerre entre
Chrétiens contre le monde Arabe etl'Islam117(*).L'Irakn'étaitqu'unepremièreétape
avant la Syrie118(*)
etl'Iran,etc. Enfin, l'invasion, concluant un embargo également compris
en ce sens, visait la destruction finale du « peuple
irakien », dont le génieconstitue au fond la
« menace » àlaquelle les Etats-Unisentendent y
mettre fin.
CONCLUSION DE CHAPITRE
La gestion de la crise du Golfe dans un contexte de
disparition de la confrontation bipolairea ouvert de nouvelles perspectives
pour le droit international et les institutions chargées de
l'appliqué. C'est dans ce contexte que, le gouvernement irakien fut mis
en demeure par l'ONU afin de respecterses engagements internationaux
conformément au droit et traités en vigueur.
Cependant,après plusieurs annéesde rapports peu concluants en
raison d'un défaut de collaboration et de manoeuvresdilatoiresdes
autorités irakiennes à l'égard de l'ONU, les inspections
en désarmementsont suspendues, sans pour autant mettre fin à la
menace d'une action militaire Américaine.En2002, la
résolution1441 adoptée à l'unanimité, par les
membres du Conseil de Sécurité, laisse présager un
règlement consensuel et pacifique du conflit.A l'issue de ce vote, le
gouvernement irakien accepte, sans conditions les termes de la
résolutionainsi que le retour des inspections de l'ONU sur son
territoire. Malgré, la reprise des inspections,les Etats-Unis, en
février 2003, à l'absence de découverte de toute preuve
probante d'ADM proposent au Conseil de Sécurité des sanctions
militaires contre l'Irak.Devant cette proposition qu'il juge
prématuré, le Conseil de Sécurité exprime son
désaccord.S'en suit alors entre les membres du Conseil de
Sécurité, une controverse diplomatique qui conduit à
l'impasse des négociations et provoque l'entrée en guerre
unilatérale des Etats-Unis, contre l'Irak.
59
DEUXIEME PARTIE
LE CAMEROUN ET LA CRISE
IRAKIENNE
DE 2003
CHAPITRE
III
LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISEIRAKIENNE DE 2003
Le Cameroun dispose comme tout autre Etat, d'un
systèmede pensées qui formel'ossature de son principe de vision
du monde et le référentiel de sa logique de projection et
d'action sur la scène internationale. Aussi bien, ce principe de vision
que la logique de projection qui en découlent sont influencés
par des structurants divers. Il s'agitd'une logique de projection ou d'action
visant à atteindre, à court, moyen ou long termes,
desobjectifsspécifiquesqui visent de manière substantielle la
promotionet la préservation de l'intérêtnational. Cette
quêtede l'intérêt nationalexplique en partie, le combat que
mènent les plus hautes autoritésdu payspour une meilleure prise
en compte de la voixdu Camerounau sein des instances
internationales.L'implicationde la diplomatie camerounaisedansla crise
irakiennede 2003 au Conseil de Sécurité de l'ONUparticipede ce
truisme.Le chapitreque nous abordons,analyse laposition diplomatiquedu Cameroun
dans ce conflit.Avant de nousappesantir sur ce qu'il en ait, il estloisiblede
présenterd'bord les circonstances del'implication du Cameroundans ce
conflit.
61
A- LE CAMEROUN PROTAGONISTE
INVOLONTAIRE DE LA CRISE IRAKIENNE
L'implication du Cameroundans la crise irakienne de 2003
relève d'un concoursfortuit de circonstance. Même si, la
candidaturecamerounaiseau Conseil deSécuritéde l'ONU, ne saurait
être de cet avis. L'étude que, nousprocédonsci-dessous
analyse l'enjeuet le prestige diplomatiqueque représentepour un pays une
place demembre au Conseil de Sécuritéfut-il,permanent ou nonet,
lerôledecetteinstance dans le maintien de la paix et la
sécurité internationales.
1-
Le Cameroun : membre non-permanent du Conseil de
Sécurité
ToutEtat qui aspire à faire partie d'une structure,
d'un organe ou d'une organisation, se doit au préalable et suivant la
procédureclassique de faire acte de candidature. Autrement dit, c'est
montrer comment une telle décision de la part d'un Etat souverain est
loin d'être une aventure sans réflexion.
Dans le cadre de l'ONU et suivant les dispositions de la
Charte, tout Etat intéressé par un quelconque poste au sein des
diverses instances de l'organisationse doit de parvenir sa ou ses candidatures
au secrétariat général. Le Secrétaire
général s'en charge alors de compiler l'ensemble des dossiers de
candidatures reçus et les transmet à l'Assemblée
Générale, qui est l'organe législatif de l'organisation au
titre du point d'« élection des membres postulant aux divers
organes ouinstitutionsspécialisées »
sollicités.Le Camerounpour sa part a manifesté son intention de
faire acte de candidatureau Conseil de Sécuritéen 2000,
dès lors que des raisons qui luiétaient propres sous-tendaient
cette volonté.
L'élection au Conseil de Sécuritéde l'ONU
en qualité de membre non-permanent tient compte de deux principaux
critères: la contribution au maintien de la paix et de la
sécurité internationaleset la
répartitiongéographique. Si à la lumière du premier
critère, la contribution du Cameroun à la promotion de la
paixmondiale aussi bien à travers son investissementdans certaines
OMP119(*) que par son
implication dansla mise sur-piedde mécanismes sous régionaux de
« sécuritécollective »120(*)semble constituer un atout
non négligeable, il y a cependant lieu de reconnaitre que le second
principe représentait un enjeu et une opportunité pour le
Cameroun.
62
En effet,le mandat de deux pays du Groupe des Etats de
l'Afrique à l'ONU arrivait àexpiration le 31 décembre
2001. Les sièges que devaient laisser vacants la Tunisie et le Mali
constituaient assurément à la fois un enjeu et une
opportunité pour le Cameroun qui, dès lors prit la
décision de faire acte de candidature au Conseil de
Sécurité. De plus, ladiplomatiecamerounaisea dans une certaine
mesure également puisé sa motivation dans le principe de rotation
en vigueur au sein de l'OUA/UA qui prône l'alternance entre la
sousregionAfrique du nord et celle de l'Afrique centrale121(*).
Par cette décision, le Cameroun voulait d'une part
témoigner sa foi et sa confiance à l'organisation mondiale et
d'autre part manifester sa totale adhésion aux valeurs de
référence que sont : la paix et la sécurité.
Ainsi, qu'il voulait réitérer son attachement et sa
fidélité aux principes énoncés par la Charte. Bien
que, participant déjà depuis son admissionen 1960 de façon
active aux activités et à la vie de l'organisation, le Cameroun
voulait accroître son prestige diplomatique notamment en renfermissant sa
présence, ne fut-ce que de manière symbolique, au sein d'un
cercle de décision d'importanceconsidérable comme le Conseil de
Sécurité.Ensollicitant un siège de membre non-permanent au
Conseil de Sécurité, le Cameroun souhaitait aussi apporter sa
contribution à la recherche des solutions aux problèmescruciaux
de la planète. Bref, aider modestement à faire de l'ONU un
« centre ou s'harmonisent les efforts des Nations vers (leurs) fins
communes »122(*).
C'est dans cette perspective que, le 8octobre 2001123(*),lors de la
56èmesession ordinairede l'Assemblée
Générale des NationsUnies, à New York que, le Cameroun
futélu, comme membre non-permanent du Conseil de Sécurité
pour une période de deux ans. Cependant, force est de reconnaitreque
c'est la deuxième fois que le pays remplit cette mission. En effet,entre
1974 et 1976, le Cameroun a siégé au sein de cette instance
onusienne.
Le Conseil de Sécuritéest l'organe des Nations
Unies chargé de veiller sur la paix et la sécurité
internationales. Il compte quinze membres, dont cinq permanents, dotés
du droit de veto. Les dix autres membres non-permanents sont élus pour
un mandat de deux ans, renouvelable, chaque année. L'Afrique qui ne
bénéficie pas d'un siège permanent,à trois
représentants au sein du Conseil de Sécurité. Ainsi,entre
le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2003, le Cameroun et un
autre pays africain, en occurrence la république de
Guinée,effectuèrent leur mandature, en remplacement de la Tunisie
et du Mali ;etrejoignirent l'Ile Maurice qui y siégeait
déjà, un an auparavant.
Au cours de cette mandature, le Camerounaeu à assurer
la présidence du Conseil de Sécurité de l'ONU, entre le
1er etle 31 octobre 2003.Conformément à la
règle de rotation qui veut que chaque membre du Conseil de
Sécurité assure la présidence du Conseil pour un mois. A
la fin de celle-ci, le jeudi 31 octobre, c'est à la Chine qu'est revenu
pendant le mois de novembre,l'honneurde remplacer le Cameroun auquel,les
caprices et hasards de la rotation ont imposé une mandature
« explosive »124(*). En effet, la diplomatie secrète mais
efficace du Cameroun menée par son représentant permanent
auprès de la mission des Nations Unies, Martin Belinga Eboutou, et pour
la circonstance président du Conseil de Sécurité,
amenépasmal de dossiers importants et délicats.
Le dossier sur le désarmement de l'Irak a
été de loin, celui que tout le monde qualifia de
« brûlant ». Car, la paix du monde était
suspendue à un fil et en dépendait. Bâclé et
même tout simplement non traité depuis la fin de la guerre du
Golfe, le dossier irakien aurait pu engager une intervention américaine
dans ce pays dès le mois d'octobre 2002. Mais,le Cameroun s'étant
promis de marquer de façon indélébile son mandat au
Conseil de Sécurité ; sa diplomatie a coulissé dans
l'ombre,afin de minimiserles risques d'un affrontement militaire entre l'Irak
et les Etats-Unis.
Le passagediplomatique de notre pays à la
présidence du Conseil de Sécurité a permis de mettre en
évidence la capacité suggestive de sa diplomatie. Bien qu'il
n'aitpas pu bloquer projet de résolution américano-britanniquequi
prévoyait une intervention militaire en l'Irak, ilexigea
néanmoins de revoir sa copie etveilla entre autre que les termes
utilisés dans ce projet de résolution, garantissent
l'indépendance de la Commission d'inspection en désarmement
vis-à-vis des Etats et que,Américains et Britanniques ne
brandissent pas ipso facto la guerre comme réponse automatique à
un éventuel constat de manquement des engagements pris par
l'Irak125(*).
En dehors de la question du désarmement de l'Irak, la
présidence camerounaise a aussi inscrit trois thèmes dans
l'agenda mensuel du Conseil de Sécurité. Les
thèmesinscrits étaient entre-autres : la circulation des
armes légères et de petitscalibres, la coopération entre
l'ONU et l'Afrique centrale en matière de maintien de la paix, et
lerôle de la femme dans la promotion de la paix et la
sécurité. Ces thèmes ont étédébattu
en plénière, les8,22 et 25 octobre 2002.
A côté de ces trois dossiers, la
présidence camerounaise aégalement été de tous les
contacts diplomatiques quotidiens. Des instances formelles et
informelles,autant qu'aux nouveaux évènements protocolaires ou
non. Elle a accordé par exemple, une attention particulière, le
10 octobre 2002 à la déclaration de Gilbert Guillaume,
Président de la Cour Internationale de Justice de La Haye, portant sur
le verdict du différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, au
sujet de la presqu'île de Bakassi.
En somme, jadisétiqueté comme un Etat du tiers
monde,on constate que, le Cameroun n'en manque pas une certaine
libertéd'actionface à la diplomatie internationale.De ce
fait,protagoniste à part entière des relations internationales
depuis 1960,le pays valorisetant bien que mal ses compétences externes
acquises dans l'ordreinstitutionnel mondial.
2- Le rôle du Conseil de Sécurité
dans l'architecture paix de l'Ordre international
La paix mondiale dépend d'un organe des Nations Unies,
parfois assez mal connu, le Conseil de Sécurité.
Créé par la Charte en 1945, le Conseil de Sécurité
occupe une position centrale dans la gouvernance de lapaix et la
sécurité internationales.En tant qu'organe exécutif des
Nations Unies, il travaille sans discontinuer.
En plus des cinq membres permanents dotés du droit de
veto, que sont : les Etats-Unis, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et
d'Irlande du nord, la France, la Russie et la Chine, le Conseil de
Sécurité comprenait initialement six membres non permanents,
élus tous les deux ans par l'Assemblé Générale,
selon leur contribution au maintien de la paix. Un amendement proposa
d'élargir sa composition à quatre nouveaux membres non
permanents. Il fut adopté en 1963. Les dix membres non - permanents sont
élus pour un mandat de deux ans, non renouvelable immédiatement,
selon un critère géographique prédéfini :
trois Etats africains, trois Etats asiatiques, deux Etats
latino-américains, un Etat d'Europe orientale et un Etat d'Europe
occidentale ou autre.
66
La mission du Conseil de Sécurité selon, le
chapitre VII de la Charte de Nations Unies est de préserver et de
restaurer la paix et la sécurité internationales. Il s'agit
concrètement, au nom des Etats membres qui sont tenus
« d'accepter et d'appliquer »126(*) ses décisions et
s'engagent à mettre à sa disposition « les
forces armées, l'assistance et les
facilités »nécessaires, en cas de menace contre la
paix, de rupture de la paix et d'actes d'agressions. Le Conseil de
Sécurité est le seul organe habilité à
prévenir ou arrêter les hostilités en cas d'agression
internationale.
La procédure mise en place se déroule
généralement de manière suivante : le Conseil de
Sécurité constate dans un premier temps l'agression, il peut
ensuite faire des recommandations, enfin, il peut décider des sanctions
en vue, allant jusqu'à une action militaire avec l'appui des forces
mises à sa disposition par les Etats membres. Le Secrétariat
général, ne peut fonctionner que dans le cadre des missions qui
lui sont fixées par le ConseilSécurité. Celui-ci est
organisé pour exercer ses fonctions en permanence, et chacun de ses
membres doit avoir à tout moment un représentant au siège
de l'organisation, à New-York qui, lui confère une
« voix »127(*).
Depuis sa mise en exécution, le Conseil de
Sécurité a adopté une multitude de résolutions sur
une multitude de problèmes compromettant la paix et la
sécurité internationales.Cependant, le contraste le plus
saisissant dans le fonctionnement du Conseil de Sécurité n'est ni
sa présidence tournante de mois en mois ou encore moins sa composition.
L'important, c'est que les membres non-permanents ne pèsent pas lourds
dans les votes et les processus de prise de décision. En effet, pour
avoir force de loi, les résolutions du Conseil de Sécurité
doivent être adoptées par au moins neufs (9) voix sur quinze (15),
dont celle des membres permanents, qui disposent d'un droit de veto et que, le
refus d'un seul d'entre eux, peut bloquer toute initiative collective et
paralysée l'action de l'ONU.
Ils ne s'en sont d'ailleurs pas privés d'en user au
cours des cinquante dernières années. « Le
champion du « non » est la Russie, autrefois l'URSS avec
118 vetos. Suivie des Etats-Unis, 70 (dont 31 au sujet des résolutions
concernant la Palestine) ; du Royaume-Uni, 30 ; et de la France,
6 »128(*).
Autant dire que pendant toute la période de la Guerre Froide, le Conseil
de Sécurité s'est trouvé incapable de maintenir la paix
quand le dossier étudié concernait un membre permanent. Aucun,
des conflits impliquant les deux
Super-puissancesn'ontététraités. C'est le cas, de la crise
des missiles de Cuba en 1962 ou de la guerre du Vietnam,en 1968 etc.
Face à l'incapacité d'assumer la paix mondiale
à eux confiés, par la Charte, lesmembres du Conseil de
Sécuritéprivilégient des regroupements
d'alliancesdéfensifs. Ce moyen est sans conteste
privilégié par les Etats-Unis et
l'URSS qui,entreprennentainsi de régionaliser leur
défenseautour d'organisations militaires et de pactes
défensifsfonctionnant également comme des alliancespolitiques.
C'est le cas notamment, de l'organisation des Etatsaméricains (OEA) sur
le continent Américain qui, créé en 1948reprend les
engagements édictés par le pacte de Rio de Janeiroen 1947 sur
l'alignement sans faille des EtatsSud-américains derrière la
politique étrangère des Etats-Unis ; de l'OTAN en
Europeoccidentale ou du pacte de Varsovie de 1955,le système
Est-européen de défenseet rivaldu système Euro-atlantique.
Cetterégionalisation de la
« sécuritécollective » est
complétée par de nombreux traités d'assistance
mutuelle. C'est ce que l'on aappelé
la « pactomanie »129(*)du Secrétaire d'Etat américain à
la Défense, Foster Dulles ou traitésde sécuritéet
de défenseentre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les
Etats-Unis (ANZUS), signé en 1951 ;les traités
bilatéraux avec la Corée du Sud,le Pakistan, la Chine de
Formose, en 1951 et 1952 ; l'Organisation du traité de l'Asie du
Sud-est (OTASE) en 1954,etc. Tous ces projetsdéfensifsrégionaux
ont connu des fortunes diverses. Certains ont disparu avec la fin de la Guerre
Froide, à l'instar du pacte de Varsovie, officiellement dissout en 1991.
Quant à l'OTAN,elle s'est étendue. De douzemembres à sa
création en 1949,elle encompte vingt-huit aujourd'hui, et est
engagé dans plusieursthéâtresd'opérations de paix et
d'interventionsarméesà travers le monde(Bosnie, Kosovo,
Afghanistan, Lybie).
Au demeurant, le Conseil de Sécurité n'a
donné son aval qu'uneseule fois àune opération militaire.
En effet, en 1951,le drapeau des Nations Uniesfutconfié aux Etats-Unis
pour contrer l'offensive communiste Nord-coréenne,en Corée du
sud130(*). Les
Soviétiques avaient commis l'erreur de s'abstenir à participer
aux délibérations du Conseil de Sécurité pour
protester contre le fait que, le siège de la république populaire
de Chine était occupé par le représentant de
Taiwan.« La pratique onusienne a donné naissanceà une
règlecoutumière, confirmé par la Cour Internationale de
justice selon,laquelle l'abstention d'un membrepermanent n'est pas
équivalenteà un veto »131(*). Depuis lors, l'URSS n'a
plus jamais commis l'erreur d'être absente des
délibérations, et l'ONU s'est trouvée paralysée
à cause de l'utilisation permanente du droit de veto, sauf quand il
s'est trouvé une majorité qualifiée de l'Assemblé
Générale (pour les opérations de paix de Suez et de
Hongrie, en 1956) pour passer outre blocage.
Aujourd'hui que le nombre des Etats membres est de 193, depuis
l'admission du Soudan du Sud, en 2011, de plus en plus des voix se font
entendre pour réclamer une reforme ou une abrogation du droit de veto.
Lefrançais, Hubert Védrine, alors ministre des Affaires
étrangères,en 1999, proposa que les
« Grands »renoncent (le droit veto) à s'en servir
« quand leurs intérêts vitaux ne sont
pasenjeu »132(*).
Toutefois, les contestations les plus virulentes viennent de
nouvelles puissances qui désirent modifier la composition du Conseil de
Sécurité et réclament une reforme leur accordant, un
siège de permanent au sein du Conseil. Des projets de réforme, le
rapport Carrington entre autres, proposent son élargissement mais pour
aboutir, une révision de la Charte s'impose. Or, s'agissant d'une
décision aussi majeure, elle requiert l'accord unanime des cinq membres
permanents qui ne sont pas pressés de partager leurs privilèges
avec d'autresEtats.
Le Conseil de Sécurité n'est donc pas
représentatif,et sa réformeest sans cesse envisagée,
puisrepoussée. Si les cinq membrespermanents se satisfont du statu quo
actuel, l'institution ne pourra le justifier indéfiniment au risque de
perdre tout ou partie de sa crédibilité.L'objectif d'accroitre le
nombre de membresde quinze àvingt-cinqest partagé par la plupart
des protagonistes. Mais, lesblocages apparaissentlorsque l'on évoquele
problème des membrespermanents. La France et la Grande Bretagne, peu
soucieuses de laisser leurs siègesà l'Union européenne
proposent d'élargirle cercle à l'Allemagne, au Japon,
auBrésil et à un grand Etat africain.
Leur altruisme est, semble-t-il proportionnel à
l'opposition d'une quarantaine de pays, réunis dans
le « Coffee group » et menés par
l'Italie, le Pakistan, l'Indonésie, l'Argentine, et le Mexique, au
projet d'élargissement franco-britannique. De plus, les Etats-Unis, la
Russie et la Chine, pour des raisons diverses, ne montrent aucun empressement
à modifier la donne.Les Américains, parce qu'ils contrôlent
mieux le système ;les Russes parce que leur statut de grande
puissance est moins dilué ; et les Chinois parce qu'ils se
méfient des japonais.
Afin de surmonter toutes ces oppositions,certains ont
envisagé une remise en cause complète de la règle de
veto,en prévoyant la désignation denouveaux membres permanents
privés de cedroit de veto ou la désignation rotative de ses
membres. L'initiativea été fermement repoussée par tous
les intervenants.
Le Conseil de Sécurité est également
critiqué pourdes raisons d'équité, notamment pour des
différences de traitement faceà des situations similaires.Mais
son impuissance est plus la conséquence d'un
désintérêtflagrant de la part de ses membres les
pluséminents. Conscient de cette faiblesse structurelle interne de
l'organe,le Cameroun,considéré comme« pupille des
Nations Unies », adhère à toutes ses propositions,
notammentcelle, d'unéventuel élargissementde ses membres. En
attendantla mise sur pied d'une telle initiative,examinons d'abord,
sonpositionnement diplomatique dans ce conflit.
B- LECAMEROUN FACE A LA
CRISE IRAKIENNE
Entre 2002 et 2003, durantla « crise
irakienne »,le Cameroun a fait partie avec l'Angola133(*) et la république de
Guinée, l'un destrois pays africains membresnon-permanent du Conseil de
Sécurité de l'ONU. Lapositiondéfendue par le Cameroundans
cette crisedécoulait desprincipestraditionnelsde sa politique
étrangère en matière de résolution des conflits.
Parmi ces principes, figurententre autres:le non recours à la force
etl'arbitragedes institutions internationales.
1- « Bâtir la paix dans la
paix »
« Pupille de l'ONU »,l'attachement du
Cameroun à oeuvrer pour préserveret promouvoir la paix,selon les
principesvéhiculés parla Charte des Nations Uniesvise à
apportersamodeste contribution pour l'édification de la paix mondiale et
le respect du droit international. Eneffet,le non-recours à la force
dans les relations internationales provient d'une extensiondu principe de la
politiqueintérieuredes Etats selon lequel,les acteurs de la
société civile renoncent au recours à la force entre-eux
et confient l'arbitrage des conflits aux institutions134(*).
Le non-recours àl'utilisation de la force
constitueainsi une norme impérative du droit international tout comme
son corollaire, l'obligation de résoudre les différends
internationaux par les moyens pacifiques, auxquels a souscrit le Cameroun. Ils
sont affirmés par l'article 2 « paragraphes 3 et 33 de la
Charte des Nations Unies » et avec encore plus de vigueur par la
déclaration relative aux principes du droit international touchant les
relations amicales et la coopérationentre Etats qui,
viseàpréserver l'ordre,le droit international et la paix dans le
système mondial. Il s'agit, concrètement d'un principe servant
à régir les relations inter et intra-Etatiques sur la base du
respect de la souveraineté des Etats et des populations.
La ferme adhésion de Yaoundéà ce principe
cardinal des relations internationales est matérialisée sur le
terrain diplomatique par la condamnation de toutrecoursà la force dans
les différends entre Etats. L'invasion du Koweït par l'Irak de
SaddamHussein en 1990,fut dénoncée par la diplomatie
camerounaise. JacquesBoohBooh, alors ministre des
relationsextérieuresdans une allocutionà la tribune des Nations
Unies avait condamné l'agressionirakienneet demandé leretrait
immédiat et sans condition des troupes irakiennes du Koweït et le
rétablissement du gouvernement légitime de ce pays135(*).La position de principe de
la diplomatie camerounaise à ce sujet se fondait sur le fait que l'usage
de la force dans les relations internationales et en particulier l'annexion
d'un pays par un autre est inadmissible, car susceptible d'aiguiser les
ambitions hégémoniquesdes Etats plus puissants vis-à-vis
des plus faibles.
Yaoundé a fait du non-recours à la force un
précepte fondamental de sa diplomatie de construction de la paix. Mise
à part quelques frictionspolitiques, souvent observéesavec la
Guinée Equatoriale136(*) ou lorsqu'il s'agissait d'apporter un soutien, aux
Mouvements de libération nationale,en Afriqueaustraledans les
années 1970, lequel soutien était d'ailleurs, une recommandation
de l'OUA ;le Cameroun s'est toujours refusé de soutenir
lerecoursà la force comme mode de résolutiondesconflits. Pas plus
qu'il n'aeu à faire usage de la force contre
l'intégritéterritoriale d'un autre pays. Le moins qu'on puisse
dire c'est que l'adhésion du Cameroun à ce principe a
étéréaffirmédans la résolution de la crise
de Bakassiavec son voisin, le Nigeria. Car, comme aimaità
lerappeler,leprésidentAhmadouAhidjo à ce
sujet, « si un jour il devraity avoir des hostilitésentre
les deux Etats se ne sera aucunement à l'initiative du
Cameroun »137(*).
LeCamerouna rarementété mis en cause par
quelques pays que ce se soit d'entretenir de la subversion ou d'apporter une
assistance logistique ou autre à des forces rebellesopposées au
gouvernement légal d'un autre pays. Cette diplomatie de paix se
reflèteconcrètement dans les fonctions
tribuniciennesassignées aux agents diplomatiques du Cameroun qui, dans
les différentes instances internationales n'ont de cesse de rappeler
face aux convulsions et turbulences du système international que la
force du droit doit prévaloir sur le droit de la force. Le
conflitirakiende 2003 en est une illustrationparfaite de cette vertu
affirmative de la diplomatie camerounaise.
LeCameroun comme deuxautres pays africains, l'Angola et la
république de Guinée, enoccurrence,membres non-permanent du
Conseilde Sécuritédes Nations Unies, au printemps de
l'année 2003 se trouvaient sous les feux de l'actualité
internationale et avaient la possibilité de voter
« pour »ou « contre »la guerre en Irak.
Le vote de ces paysdont, les postures ambigües pouvaient faire pencher la
balance dans un sens comme dans un autre a fait l'objet de fortes pressionsde
la part des deux Camps.
Pour comprendre l'intérêtsubitdes
puissancesFrançaise et Américaine pour ses Etats, somme tous
modestes sur le plan diplomatique, il convient de rappeler que, pour être
adoptée, une résolution du Conseil de Sécurité doit
réunir au moins neuf voix sur quinze et ne doit pas faire l'objet de
veto de la part d'un membre permanent. La voix d'un Etat, si petit soit-il
devient alors un enjeu déterminant. Les ballets diplomatiques incessants
de Paris, Washington et Londres d'une part en direction de Yaoundé,
Conakry et Luanda d'autre part, les derniers jours précédant le
conflit illustre de cet intérêt.
La querelle diplomatique qui a opposé la France et les
Etats-Unis pendant cette période a fait du Camerounun pays
courtisé.En effet, le dilemme auquel fut confrontée la diplomatie
camerounaise, écartelée entre les positions Française et
Américaine138(*)ce, apriori sans grand rapport avec la crise
irakienne mérite qu'on s'y attarde.Même si, par principele
Cameroun semblait plus proche de Paris que de Washington et, s'était
même prononcé comme bon nombre d'Etats africains réunis
dans la capitale française en février 2003, lors du
XXIIesommet des Chefs d'Etat et de Gouvernements, Afrique - France,
pour une alternative à la guerre139(*).
Cependant, il serait erroné d'appréhender le
Cameroun comme un acteur des relations internationales dont l'influence
diplomatique est assuméeau même titre que les puissances
Française ou Américaine. La France et les Etats-Unis en effet,
disposent de moyens de pression importants sur le Cameroun. Ce qui place ce
pays dans une situation de dépendance vis-à-vis de ces
puissances. Pendant, la période qui aimmédiatement
précédée l'intervention des Etats-Unis en Irak, des trois
Etats africainsprésents au Conseil de Sécurité seul, le
Cameroun apparaît comme le plus réceptif de tous au discours des
autorités françaises et américaines, ce pour bon nombre de
raisons.
Au plan politique,la France est sans aucun doute le pays
occidental qui a le plus d'influence au Cameroun. Cette influence se justifie
par le fait que, la France fut le premier pays occidental à avoir
signé des accords de coopération avec le Cameroun en 1959
alorsque, le pays n'était pas encore indépendant. Ces accords
prennent leur envol, le 13 novembre 1960 et permettent au
régimed'AhmadouAhidjo de bénéficier de l'aide militaire
française pour venir à bout de la
rébellionupeciste140(*). Paris vient en aide à Yaoundé pour
sauvegarder ses intérêts à travers le président qui
a son estime et à mêmed'assurer ses intérêts. En
retour, Yaoundé, ne peutque bon le vouloiren donnant, l'accès
facileaux entreprises françaises au marché camerounais.
Ainsi, laFranceest le premier fournisseur du Cameroun et son
deuxième client. Les échanges commerciaux entre les deux pays
étaient évalués à plus d'un milliard d'euros au
début de la décennie 2000141(*). Malgré, l'irruption de nouveaux acteurs
concurrents comme la Chine, le Japon ou les Etats-Unis ; la France absorbe
12% des exportations camerounaises142(*) notamment, les matières premières
minières (pétrole, aluminium) et agricoles (caoutchouc banane,
bois).
Au plan stratégique, la coopération militaire
entre la France et le Cameroun repose sur un accord militaire et un accord de
défense signés, le 21 février 1974 et revisité le
21 mai 2009. Cette coopération est juridiquement encadrée par
deux instruments : la convention fixant les règles et
modalités d'un soutien logistique aux forces armées camerounaises
et l'accord de coopération militaire.Ce qui a fait dire à
certains analystes que, en cas de conflit ouvert avec le Nigeriapour la
souveraineté de Bakassi, cet instrument ne serait pas inutile143(*).
Cependant, les Américains disposaient aussidesmoyens de
pressions notamment, leurcapacité à influer dans le processus de
recherche d'une solution négociéeavec le Nigeria dans
l'épineux dossier de Bakassi. Encore moins, celle de suspendre le
Cameroun des pays bénéficiaires de l'AGOA.En effet, cette
législationpréférentielleaméricaine à
l'égard des pays africains, interdit à tout Etat signataire de
s'engager dans les activités qui mineraient la
sécuriténationale desEtats-Unis dans le domaine de la politique
étrangère. Acôté de cesmoyens de pression, on
pourraitaccoler aussi un soutien de l'opposition par leDépartementd'Etat
notamment,celui de son leader, Ni JohnFruNdi comme, ce fut le cas en
1992144(*).
Au demeurant,le lobbying diplomatique auquel, s'est
livréla France et l'Angleterre,auxiliaire de la diplomatie
américainesur le continent au lendemain du projet de vote de la seconde
résolution145(*)
du Conseil de Sécurité sur ce dossier,explique la position du
président PaulBiya qui, a dû pendant cettepériode se livrer
àun dangereux exercice de funambulisme diplomatique146(*). La visite et à deux
reprises à Yaoundé, de la Sous-secrétaire britannique au
« Foreign office » chargée des Affaires africaines,
Valery Amos les 3 et 12 mars 2003147(*) et de Dominique de Villepin, le ministre
français des Affaires étrangères et de la
coopération, le 11 marstémoigne de ce momentcornélien. Le
ministre françaisaainsi, pour l'occasion déclaré devant la
presse « qu'il était venu dire au président Biya
à quel point la France était soucieuse de trouvé une
solution négociée à la crise que connait en ce moment la
communauté internationale au sujet de l'Irak (...).Il s'agit d'un
choix à faire entre la guerre et la paix »148(*).
Les deux émissaires, du Président Chirac et du
Premier Ministre Tony Blair étaientvenus à Yaoundé pour
« faire pression » sur le président camerounais. En fait, il
fallait amener Paul Biya à s'aligner derrière l'une ou l'autre
position. Mais pour Yaoundé, il n'y avait l'ombre d'aucun doute.Le
Cameroun avait déjà tranché de se prononcer contre la
guerre tant qu'on pouvait par une autre alternative parvenir au
désarmement de l'Irak.
Le Cameroun ne peut pas apporter son support aux ambitions
hégémoniques américaines de dominer le monde. Nous sommes
contre la guerre et souhaitons que l'Irak soit désarmé de
façon pacifique. Aujourd'hui l'Irak coopère avec les inspecteurs
de l'ONU et détruit ses armes. Il faut donc donner une chance à
la paix et plus de temps aux inspecteurs pour leur travail149(*).
La suitede ce sillage révèle en effet que, le 5
février 2003, le ministre des relations exterieures, François
Xavier Ngoubeyou,représentantdu Cameroun dans ce dossier fit savoir la
positionofficielle du gouvernementcamerounais:
Le désarmement de l'Irak ne doit pas apparaitre comme un
face à face entre ce pays et les Etats-Unis. Le désarmement de
l'Irak intéresse et préoccupe la communauté internationale
tout entière. C'est par conséquent une affaire entre le Conseil
de Sécurité, donc l'ONU et l'Irak. Il faut faire prévaloir
le droit international, la diplomatie multilatérale et l'action
collective au sein et dans le cadre de l'ONU150(*).
L'attachement du Cameroun à oeuvrer pour la paix et le
respect du droit international soumis à un cadre multilatéral
préalable - avait laissé entendrele président Biyaà
l'émissaire britannique, Valery Amos151(*) -qu'il ne peut et ne doit être
sous-estimé par des pays amis et partenaires du Cameroun152(*). Cette posture de la plus
haute autorité de l'Etat à l'endroit de son hôte peut
être appréhendée comme une affirmation de la
personnalité camerounaise et la volonté d'exercer pleinement son
libre arbitre dans les affaires internationales.
La position des autorités camerounaise sur la question
irakienne s'inscrivait donc dans la logique des principes de la politique
étrangère duCameroun à savoir : le règlement
pacifique des différends et le recours à l'arbitrage de l'ONU en
cas de conflit comme, illustré dans le règlement du conflit
frontalier qui, plusieurs années durant l'avait opposé au
Nigeria. En effet, le verdict de la Cour Internationale de Justice, rendu le 10
octobre 2002 sur ce conflit, connu sous l'appellation de « l'Affaire
de Bakassi », favorable au Cameroun confortait la position de la
diplomatiecamerounaise dans la question irakienne sur le rôle impartial
de l'ONU dans le règlement des conflits internationaux.
La diplomatie camerounaise qui se singularise par une attitude
de prudence reflèteau mieux le souci des autorités de ce pays,
à veiller au respect des engagements internationaux auxquels, le
Cameroun a souscrit. Avant toute initiative diplomatique, le Cameroun
évalue au mieux ses intérêts, et par anticipation les
réactions éventuelles de ses partenaires
stratégiques153(*). Chaque fois que, les intérêts du
Cameroun se justifient, le pays a refusé d'agir par suivisme.Il refusa
de soutenir la sécession du Biafra (1967-1970) contre le gouvernement
central de Lagos, en s'opposant au Général,De Gaules et à
certains Chefs d'Etats africains comme, Omar Bongo Ondimba du Gabon et Felix
Houphouët Boigny de Côte d'ivoire qui, avaient choisi de suivre
Paris dans son aventure de « break up Nigéria ». Ce
légalisme de Yaoundé demeure encore aujourd'hui un des vecteurs
directeurs de sa politique étrangère, et est traduit depuis
l'accession du Cameroun à la souveraineté politique par une
adhésion sans réserve des différents instruments normatifs
internationaux proclamant ou réaffirmant la sacralité du principe
de non-ingérence et du non recours à la force.
L'engagement pour la paix et la coopération
internationale, principes auxquels, leCameroun a souscrit commeundogme desa
politique étrangère constitue un motif d'espoir pour
l'humanité et le progrès. Le président Paul Biya ne cesse
d'ailleurs de le rappeler : « seule la paix peut fournir
à tous les moyens de la démocratie et du
développement »154(*). Les diverses sollicitations dont, a fait le
Cameroun de la part du partenaire anglo-américainne pouvait
raisonnablement espérer que ce pays puisse opter pour une
stratégie de désarmement de l'Irak qui, remettent en question sa
mentalité de « mendiant de la paix ».
Au demeurant, les initiatives de paix du Cameroun, aussi bien
dans les instances multilatérales que bilatérales se manifestent
sous plusieurs angles. D'abord, dans la perspective de la contribution qu'il
apporte à l'affirmation, à la permanence et au renforcement de
celui-ci en matière de règlement pacifique de différends
dans l'ordre juridique et institutionnel international. Ensuite, de sa
détermination à oeuvrer pour inviter d'autres Etats à son
respect dès lors que la paix et la sécurité
internationales sont compromises. Enfin, cet attachement peut être aussi
envisagé dans le sens de l'implication, modeste certes mais
néanmoins symbolique de la diplomatie camerounaise dans la
résolution pacifique des différends et son action en faveur du
relâchement ou de l'apaisement des tensions internationales.
L'adhésion à ces principes se manifestent
également à travers les diverses clauses contentieuses contenues
dans les accords et traités du Cameroun. Toutes, sans exception
préconisent la recherche des solutions adéquates par la voie
pacifique en cas de différends nés de l'interprétation ou
de l'exécution d'instruments conventionnels. Comme, le démontre
la démarche conciliatoire et arbitrale auprès des institutions
internationales autour du différend frontalier qui, longtemps l'a
opposé à son voisin, le Nigéria, à propos de la
presqu'île de Bakassi.
2- OEuvrer pour la conciliation et le respect de
l'arbitrage des institutions internationales
Lasuite àces initiatives depaix renseignentque,
leCameroun a choisi d'agir autour dedeux axes complémentaires:la
conciliation et l'arbitrage des institutions internationales.A cet effet, la
gestion du différend frontalier de Bakassi avec son voisin, le
Nigeriapeut être considérer comme un cas d'école.
En effet, faceà l'agression nigériane le 21
décembre 1993et le refus de s'exécuter à l'arrêtdu
10 octobre 2002, de la Cour Internationale de Justice, au motif
qu'elledénie à la presqu'île de Bakassi sa
nigerianité ; Yaoundé a opté pourrésoudre de
cette crise avec son voisin,en articulant sa démarche autour de deux
axes conciliatoires à savoir:diplomatique etjuridictionnel.
Sur le plan diplomatique, devant l'agression nigériane,
les forces armées camerounaises sont intervenues d'abord pour
défendre l'intégritédu territoirenational. Elles ont ainsi
pu arrêterla progression des forces arméesennemies et stabiliser
le front. Cependant, le Cameroun a perdu « son autorité sur la
péninsule tout en conservant sa souveraineté
»155(*).A la suite
de cetteagression, le pays requît, une réunion d'urgence du
Conseil de Sécurité des Nations Unies, avant de saisir tout
aussi, l'Organe central de mécanisme de l'OUA pour la prévention,
la gestion et le règlement des conflits. Ainsi que, la médiation
de certains Chefs d'Etats africains comme, le président togolais,
Ngnassimbé Eyadema, qui initia les rencontres de Kara (Kara I et Kara
II) entre les deux pays.L'action diplomatique conjuguée des
différents acteurs internationaux a permis indubitablement de stabiliser
la crise.
Toutefois, il faut relever que, l'ONU à travers son
organe juridictionnel avaiteu à rendre pareille décision en 1963.
Décision, à l'époque,qualifiée denavrante par les
autorités camerounaises dans
l'affaire dite du NorthernCameroons,née autour
du plébiscite des 11 et 12 février 1961entre le Cameroun etle
Nigeria. Au centre du contentieux, il y avait la perte par le Cameroun de sa
partie septentrionale rattachée au Nigeria, autrefois administrée
par la Grande Bretagne, en vertu des accords de mandat et de tutelle156(*).
En dépitde ce quine faisait point de doute du
territoireanciennement allemanddu Kamerun, la Cour statua en
défaveur de la république fédérale du Camerounau
motif, de l'incompétence qui est sienne à décider avec
autorité de la chose juger sur cette affaire, et reconnût
implicitement, lerattachement du NorthernCameroons à la
républiquefédérale du Nigeria. Yaoundé mis devant
lefait accompli s'inclina avec regret devant cette instance d'arbitrage
international et mis fin à sa coopération avec l'organe
onusien.
Afin de trouver une issue définitive à la crise
de 1993, le Cameroun renoua sa coopérationavec l'organe judiciaire
onusien,et lui déferaà nouveau l'
« Affaire »dite de Bakassi,en 1994. Le recours introduit
par les autoritéscamerounaises sur l' « Affaire de
Bakassi » contre le Nigeriaà la CIJportait au départ,
sur la question de souveraineté de la presqu'île. Mais par la
suite, d'autres requêtes furent introduites notamment, celle sur la
demande de réparationfinancière et dela
démarcationcomplète de la frontière entre les deux pays.
Il faut préciser que, les deux pays ont en commun une
frontièreterrestre et maritime deprès de 2000 km.Frontière
qui vadu lac Tchad àl'océan Atlantique.
En prélude au verdict qui était pendant à
la CIJ, se tîntà Saint-Cloud, une banlieue de la ville de Paris,
en France, le 5 septembre 2002, la rencontre réunissant les Chefs
d'Etats camerounais et nigérian autour du Secrétaire
général de l'ONU, Kofi Annan. Le président
français, jacques Chirac avait offert ses bons offices pour un
aboutissement fructueux des négociations entre les parties
nigériane et camerounaise, une fois le verdict de la Cour, rendu. Au
cours de l'entretien que le Chef de l'Etat camerounais a accordé
à la presse, Paul Biya visiblement satisfait des pourparlers
déclara :
En attendant ce verdict,il était nécessaire que
les autorités politiques se rencontrent pour créer les conditions
de l'application du verdict. La réunion de Saint-Cloud a
été utile,dans la mesure où elle a permis de
réaffirmer la volonté des deux Etats de respecter le verdict de
La Haye et d'y introduire les Nations Unies pour la mise en oeuvre des
mécanismesappropriés. Je pense aussi qu'il était question
de promouvoir des conditions de confiance pour rendre applicable le verdict de
La Haye.157(*)
Le 10 octobre 2002, la CJI rendu son verdict.Ce
verdictstatueet reconnaît lacamerounité de Bakassi. Cependant,
l'applicationde ce verdictmalgré, l'engagement pris par le
président OlessegunObassandjo, à Saint-Cloud
serévéla mal aisé face aux réticences d'une
certaine classe politiquenigériane. Les autorités camerounaisesse
trouvèrentainsidans un dilemme : saisir de nouveau, le Conseil de
Sécurité aux fins d'application de l'arrêt, ceci en vertu
de l'article 94158(*) de
la Charte avec le risque de voir le dossier s'enliser dans les marécages
de la politique internationale et le jeu des intérêts ou alors,
poursuivre la recherche d'un règlement négocié sous les
auspices de l'ONU. Le choix du Cameroun se porta pour la deuxième
option.
Yaoundé sollicitaainsi, le soutien de ses partenaires
bilatéraux traditionnels: les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France
et l'Allemagne.En plus, de l'ONU dont le Secrétaire
général, Koffi Annan instituadèsle mois de novembre
2002,des rencontres tripartites etpériodiques au cours desquelles,
ilmitles deux Chefs d'Etat devant leurs responsabilités - et face
à l'histoire.
C'est dans un tel esprit, que se tînt, le 15 novembre
2002, le sommet de Genève, en Suisse, qui réunit les deux
dirigeants. Au cours de ce sommet, ilfut question d'examiner les
modalités pratiques de la mise en oeuvre de l'arrêt de la Cour
Internationale de Justice.Entre 2002 et 2005, se tinrentégalement des
commissions mixteset dessommets tripartites (Yaoundé, Genève,
New-York, et Abuja),maintenant certes une paix précairemais jamais sans
parvenir à l'affrontement et à l'application intégrale de
l'arrêt de la CIJ.Toutefois,au cours des différentes rencontres,
les deux Chefs d'Etats, camerounais et nigérian s'engagèrent
à accorder leur partition pour une normalisation des rapports entre
leurs deux pays. Le respect par chaque Etat du verdict de la Cour
Internationale de Justice fut l'une des mesures consensuelles contenues dans
les différents communiqués signés à l'issue de
chacune de ses rencontres. La primauté du droit devant prévaloir
sur la logique des armes.
Au demeurant, cesnégociationstrilatéralesont
abouti, le 12 juin 2006 à la signature de l'accord de Greentree entre
les présidentsPaul Biyaet OlessegunObassandjo, enprésence des
quatre Etatstémoins dontles Etats-Unis, l'hôte du sommet.
L'accord de Greentree marque ainsi une étapeimportante dans
l'accomplissement par les deux pays deleurs obligations internationales en
matière de paix et offre un exemple historique de relation de bon
voisinage destiné àperdurer, où le règne du droit
et de la thèse de règlement pacifique de conflits triomphent.
Le respect par le Cameroundes idéauxet principes de
l'ONU,confortaitainsi sa diplomatiedans la question irakienne.Le Camerounen
segardant de répondre aux provocationsde son voisinnigérianqui,
manifestement voulait en découdre à travers les armes, a choisi
n'ont pas la voie de la confrontation mais plutôt celle de la
compétitiondiplomatique pour faire face à l'adversité.Dans
cette perspective, le paysrevisita tout l'arsenal juridique des accords et
traités datant de la période coloniale ainsi que, ceux
signés entre Yaoundé et Lagos depuis l'accession des deux pays
à la souveraineté internationale. Du traité
Germano-britanniquede juin 1885 àl'accordde Maroua-salak,du
1erjuin 1975,en passant par celui,signé entre l'Angleterre et
l'Allemagne, le 13 mars 1913 ;toutes les pièces de l'armature
juridiquefurent réunies et établirent de manière
irréfutable la camerounité de Bakassi.
Dans l'accordGermano-britanniquede 1885, il est
stipuléque :la séparation des sphères des deux
puissances est délimitée sur la côte par la rive droite du
Rio delRey qui se jette dans lamer entre 9°8' de longitude
Est,rapporté au méridien de Greenwich159(*). L'accordAnglo-allemand de
1913 lui, matérialise le tracé de la frontière entre le
Cameroun et le Nigeria,de Yolaà la mer et la règlementation de la
navigation sur le fleuve Cross River. Cedernier traité auquel, s'est
appuyéprincipalement, la CIJ pour rendre son verdict stipule,en son
article 20que, quand bien même :« le lit de la
rivièreAkwayafe venait à se déplacer pour se jeter dans le
fleuve Rio delRey, il est entendu que le territoire actuellement connu sous le
nom de Bakassi reste, territoireallemand »160(*).L'accord
Anglo-allemandrésouddonc toutes les ambiguïtés probables et
sert de document de références,grâceà sa
clarté sur le tracé de la frontière entre les deux pays.
L'accord de Maroua-salaklui, rappelle que : les Chefs
d'Etatscamerounais et nigérian conviennent de prolonger le
tracé de la frontière maritime, de l'embouchure de l'Akwayafeau
« point 12 », soit à environ 32 kilomètres
descôtes. Cependant, cettedélimitationoff-shore de la
péninsule fut infléchie au détriment du
Cameroun « pour laisser dans les eauxterritoriales
nigérianes le chenal d'accès àCalabar, par l'estuaire de
la Cross River »161(*).
Detout ce qui précède, il ressort que le
Cameroun pour résoudre le différendterritorial de Bakassi avec le
voisin nigérian a mobilisé à la fois des ressources
juridiqueset diplomatiques.Ces référentiels, définis par
les plus hautes autorités de l'Etatproclament la volonté du
peuple camerounais d'entretenir avec les autres peuples du monde
« des relations pacifiques et fraternelles conformément aux
principes formulés par la Charte des Nations Unies ».
CONCLUSION DE CHAPITRE
L'étude de ce chapitre se proposait de faire une
analyse du positionnement diplomatique du Cameroun dans la crise irakienne de
2003.Il a été question pour le Cameroun,dans ce conflit de
défendre la légalité internationale et de partager sa
vision d'un monde fondé sur la quête de règlement pacifique
des différends et le respect des institutions internationales
comme,illustré à cet effet,dans le cadre du règlement du
conflit frontalier qui, plusieurs annéesdurant l'avait opposé au
Nigeria. Car, le verdict de la Cour Internationale de Justice, rendule 10
octobre 2002 sur ce conflit, connu sous l'appellation
de l' « Affaire de Bakassi », favorable au
Camerounconfortait la position de la diplomatie camerounaise dans la question
irakienne sur le rôle impartial de l'ONU dans le règlement des
conflits internationaux.Cependant, l'aval donné aux Etats-Unis, par la
visite du Chef de l'Etat camerounais, Chef de la diplomatie camerounaise
à Washington,le jour même du déclenchement des
hostilités par les Etats-Unis en Irak, ne vient-elle pas ouvrir la
brèche à un éventuel rapprochement des positions entre
Yaoundé et Washington sur la question irakienne?
CHAPITRE
IV
LES RETOMBEES DE
L'ENGAGEMENTDU CAMEROUN AUXCOTES DES USA
La crise irakienne de 2003et le « nouvel
ordre international» qui semblent s'instaurer ont eu des
répercussions au Cameroun,aussi bienen termesde coopération
bilatérale quemultilatérale. La diplomatie camerounaiseau cours
de cette périodea étéscrutée et
interprétéecommeambigüe, malgrél'assurance faite par
legouvernement pour undésarmementpacifiquede l'Irak, tout au long de la
crise diplomatique qui a accompagné les négociationsentre
lesdifférents membres du Conseil de Sécuritéde l'ONU sur
cette question.Leprésent chapitre tented'analyser les raisonspour
lesquelles Yaoundé s'est-il dédit pours'aligner sur la position
des Etats-Unis, les derniers précédant le conflit.Il s'agit
ainsi, de démontrerque : l'approfondissement des relations
diplomatiques entre Yaoundé etWashingtond'une part, etd'autre part, le
soutien des Etats-Unis sur la scène
internationale,étaientindispensable au solutionement des
problèmesdomestiques camerounais.
A- L'APPROFONDISSEMENT DES RELATIONS ENTRE YAOUNDE ET
WASHINGTON
Les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis sont
anciennes. Elles datent de la période de mandat. Cependant, les
relations officielles entre les deux pays prennent leur essorau lendemain de la
création d'un consulat Américain à Yaoundé, le 5
juillet 1957.Depuis, les relations entre les deux pays n'ont cessé de
s'intensifier et s'améliorer.Le soutien bien qu'implicite,de la
diplomatie camerounaiseauxEtats-Unis dansla crise irakiennede 2003peut
être inscrit dans cette veine. Ainsi, ce soutiendu Cameroun aux
Etats-Unis, nousinviteà faire une analyse des relationspolitique et
économique entre les deux pays depuis la fin de ce
précédant diplomatique international.
1-
Lacoopérationpolitico-diplomatique
Vielle de plus d'un demi-siècle, la coopération
politico-diplomatique entre le Cameroun et les Etats-Unis a
précédé tous les autres segments des relations entre les
deux pays. En effet, de source proche du MINREX162(*), les relations entre le
Cameroun et les Etats-Unis ont connu une évolution en quatre
étapes.
A la grande période d'amitié et d'intense
coopération (1960-1989), a succédé le temps des
incertitudes et des incompréhensions (1989-1996) avec pour points
d'orgue, les résultats contestés de l'élection
présidentielle du 11 octobre 1992163(*) et à la décision du gouvernement
camerounais d'instaurerl'étatd'urgencedans la province du Nord-ouest.Le
Congrèsaméricain vota une mesure portant suspension de l'aide
bilatérale au Cameroun164(*).En la matière, la décision la plus
importante demeure l'annonce faite, le 19 novembre 1993 de la fermeture de la
représentation de l'Agenceaméricainepour ledéveloppment
international(USAID) au Cameroun.
En 1997, on assisteà une normalisation des relations
bilatérales entre les deux pays. En effet, à l'issue de
l'élection présidentielle organisée cette
année-là, des responsables américains de passage à
Yaoundé notamment, le Sous-secrétaire d'Etat,chargédes
Affaires africaines, Georges Moosemarque son satisfecit pour la politique
d'ouverture et d'union nationale prônée par le président
Paul Biya. Cette politiqued'ouvertureet d'union nationale
estreflétée notamment, par la formation du gouvernement du 7
décembre 1997 qui voit l'entrée au Gouvernement des leaders de
l'oppositiontelsque, BelloBoubaMaigari de l'Union national pour la
démocratie et le progrès (UNDP),de HenriHogbeNlend, de l'Union
des populationsdu Cameroun (UPC), etc.
La visite en juillet 1998 du Ministre américain des
transports, Rodney Slater confirma cette volonté de normalisationdes
relations bilatérales. Le ministreSlater futreçu en audience au
Palais de l'Unité par le président Paul Biya. Au mois de novembre
de cette même année, la visite d'une importante
délégation de Maires et hommes d'affaires américains,
conduite par le Maire de Washington D.C, Marion Barry, ouvre
définitivement de nouvelles perspectives pour les relations
américano-camerounaises.
A travers cette visite, les autorités camerounaises
indiquent leur volonté d'améliorer l'image du pays aux
Etats-Unis, en utilisant certains canaux qui ont montré leur
efficacité, notamment : les lobbies et les personnalités
éminentes du monde de la politique et des affaires. Au bout du compte,
les responsables américains reconnaissent la stature du Cameroun et de
son président dont le leadership dans l'élection de Kofi Annan,
au poste de Secrétaire général de l'ONU a marqué
les esprits. En effet, lors de la 32e session ordinaire de
l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernements de l'Organisation de
l'unité africaine (OUA), tenue àYaoundé du 8 au 10 juillet
1996, mandat futconfiéau présidentPaulBiya, président en
exercice de l'OUA, par ces pairsd'engager des contacts en vue d'assurer
sinon,la réélection de BoutrosBoutrosGhali, du moins
l'électiond'un Africain au poste de
Secrétairegénéral de l'ONU165(*).
En 1999, les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis
connaissent leur envol. La volonté des deux pays de resserrer leurs
liens politiques, économiques et commerciaux ne va pas tarder à
se concrétiser à travers divers actes. Le point d'orgue de cet
envol débute avec la célébration des journées
d'amitié Cameroun-Etats-Unis, les 26 et 28 juin 2000 à
Yaoundé. En effet, dans le cadre de l'action diplomatique du
Ministère des relations extérieures pour l'exercice
budgétaire 1999/2000, il a été prévu la
célébration pour la première fois, des journées
d'amitié Cameroun-Etats-Unis.
L'objectif de ces journées, selon le Ministre des
relations exterieures, Augustin KonchouKomegniest triple :
témoigner toute l'appréciation du gouvernement camerounais
à ce partenaire de longue date, resserrer les liens d'amitié et
de coopération qui existent entre les deux pays, et mettre en place une
structure moins formelle de coopération qui pourrait être
utilisée par les milieux d'affaires camerounais. En outre, les voyages
officiels du président Paul Biya aux Etats-Unis en 2002 et en 2003
à l'invitation du président Georges W. Bush constituent
l'apothéose de cet envol diplomatique.
Le séjour du Chef de l'Etat à Washington les 20
et 21 mars 2003 revêt à cet égard une signification
particulière, à cause du contexte international marqué ce
même, 20 mars par le début de l'invasion Américaine en
Irak. Le voyage présidentiel futinterprétécomme un soutien
implicite du Cameroun aux Etats-Unis. En effet, de nombreux observateurs se
sont empressés de présenter le
tête-à-tête,Bush-Biya à la Maison Blanche comme une
caution de la diplomatie camerounaise à la thèse
américaine d'une guerre préventive en Irak. En dépit,de
l'engagement du gouvernement camerounaisde faire prévaloir
« le dialogue entre les parties » et
« le respect du droit international »dans ce conflit.
Le journaliste, Edmond Kamguia penseque, c'est depuis ce
fameux tête-à-tête, Bush-Biya à la Maison
Blancheque : « le Cameroun a commencé à
figurer (...) sur la liste secrète des pays de la coalition favorable
à la guerre en Irak »166(*).Cependant,interpelé sur la question par la
presse camerounaise, l'ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé,
DadeStaples, a éludé le sujet. Le diplomate américain
secontentant simplement d'expliquer que : «les membres de la
coalition venaient des quatre coins du monde (...)»167(*) et qu'en« Afrique,
les Etats-Unis comptaient bon nombres de pays qui, le
soutenaient »168(*) . S'agissant du Cameroun
particulièrement,le diplomate américain a déclaré
qu'« on ne pouvaitpas ignorer le rôle significatif et positif
joué par ce pays au sein du Conseil de
Sécurité »169(*).
Nonobstant, le calendrier d'une visite
préétablie, selon un communiqué du Directeur du cabinet
civil à la présidence de la république, Edgard Alain
MebeNgo'o, on remarque cependant que, tout se passe comme si le
président Paul Biya était contraint de respecter le calendrier
d'un voyage qui aurait pu être reporté en raison, justement d'un
contexte international peu favorable pour ne pas prêter le flanc à
la suspicion àun éventuel rapprochement des positions
entreYaoundé et Washington sur cette question.
En effet, après avoirpourtant claironné son
opposition contre la guerreen Irak,on remarque que, le Chef de l'Etat
camerounais a offert sciemment ou non, à son homologue américain,
Georges Walker Bush, une occasion inespérée, prenant les contours
d'un soutien implicite du Cameroun dans sa thèse d'une guerre
préventive contre l'Irak. Pour le président américain et
son administration isolés sur ce dossier, et en quête de
ralliement internationaux, le soutien de la diplomatie camerounaise fut-il
symbolique,venait à point nommé.Toutefois, il faut admettre que
la visite du président Paul Biya aux Etats-Unismarquait la toute
première rencontre bilatérale dans le cadre des échanges
entre les deux pays avec le président, Georges Walker Bush.
A cette occasion, le Chef de l'Etat camerounais qui a eu non
seulement, des entretiens à la MaisonBlancheavec son homologue
américainle président Georges W. Bush, à rencontrer aussi
le Secrétaire d'Etat, Colin Powell et reçu en audience,
l'ambassadeur Robert Zoellick, représentant des Etats-Unis pour les
négociations commerciales. Ces différentes rencontres ont
donné l'occasion de relever une convergence de vues sur les principaux
sujets abordésnotamment l'Irak, et la lutte contre le terrorisme, etc.En
retour, le Cameroun a été félicité pour sa gestion
du dossier de Bakassi et la position américaine en faveur de
l'application de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10
octobre 2002 a été réaffirmée170(*).
Ces nouvelles orientations des relations
américano-camerounaises ont été confirmées lors de
la présidentielle du 11 octobre 2004. Invité par le gouvernement,
un groupe d'observateurs électoraux américains réunis
autour de l'Association d'anciens membres du Congrès a supervisé
le scrutin sur le terrain. Les observateurs américains ont pu ainsi
apprécier le déroulement des opérations
électorales. Toutes choses qui ont contribué à
améliorer l'image du Cameroun auprès des Etats-Unis, et avec
lequel Washington peut désormais compter en Afrique subsaharienne en
général et, dans le Golfe de Guinée en particulier en
matière de lutte contre le terrorisme international. Ce qui explique les
visites répétitives de hauts responsables politiques et
militaires américains en 2004 au Cameroun.
En 2005, Yaoundé et Washington ont continué de
s'honorer de visites de personnalités de haut rang. Côté
Américain, l'on retient notamment la visite en mai d'une importante
délégation de 11 membres conduite par Cindy L. Courville,
Conseiller spécial du président Georges Walker Bush et Directeur
des Affaires africaines au Conseil National de Sécurité ;
celle du Sénateur de l'Etat d'Oklahoma, James Inhofe, en octobre ;
et celle du Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires
africaines, Donald Yamamoto, au cours du même mois. Au menu des
discussions entre les hôtes américains et les émissaires
camerounais, deux préoccupations essentielles : d'une part, l'enjeu
sécuritaire et la portée géostratégique du Golfe de
Guinée et de l'autre, l'évaluation du processus de mise en oeuvre
de l'arrêt de la CIJ pour laquelle Yaoundé souhaite que Washington
pèse de tout son poids pour amener le voisin nigérian à
quitter la péninsule de Bakassi.
93
Coté camerounais, le Premier Ministre, Chef du
gouvernement Inoni Ephraïm, a effectué une visite officielle du 13
au 21 juillet 2005 à Washington à la tête d'une forte
délégation d'hommes d'affaires avec pour groupe cible les
investisseurs américains. C'est donc dire l'importance de la
coopération entre le Cameroun et les Etats-Unis qui enregistrent une
nouvelle dynamique avec la visite en février 2006de Jendayi Frazer,
Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines, qui se
situa dans le cadre de l'inauguration du nouveau site abritant les immeubles
sièges du consulat et de l'ambassade américaine à
Yaoundé. Pour l'occasion, les autorités municipales de la ville
de Yaoundé ont décidé de baptisé la rue qui dessert
lesite de la nouvelle ambassade américaine au quartier Ntoungou à
Yaoundé,en lui donnant le nom d'« Avenue Rosa
Parks ». Néanmoins, il faut relever que cette
dénomination avait été suggérée aux
autorités camerounaises par l'ambassadeur des Etats-Unis, Niels
Marquardt.
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Rosa Parks fut une militante emblématique de la lutte
contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Mère du
Mouvement des droits civiques dans son pays, elle est
décédée en 2005.Elle refusa le 1er
décembre 1955 de céder sa place à un blanc dans un bus
à Montgomery dans l'Etat de l'Alabama. Arrêtée par la
police, elle se vit infliger une amende de 10 dollars, plus 4 dollars de frais
de justice. Elle fit appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir, inconnu
à l'époque, Martin Luther King lança alors une campagne de
protestation et de boycott contre la compagnie de transport qui dura 381
jours.Le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis abrogea les
lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarants
anticonstitutionnels.A côté de ce regain de la coopération
politico-diplomatique entre les deux pays, la coopération
politico-économiquen'est pas en reste.
2- La
coopérationdiplomatico-économique
Si, elles sont anciennes, les relations économiques
entre Yaoundé et Washington sont longtemps restées modestes.
Lesinvestissementsaméricains quelques peu insignifiants dans les
années 1960 ont pris leur essortardivement. C'est au cours de la
décennie 1970 que ces investissements ont commencés à se
déployersurtout dans les domaines bancaires et dans
l'explorationpétrolière. Toutefois,les autorités
camerounaises ont ardemmentplaidé pour un intérêt plus
important des firmes américaines pour le secteur privé de leur
pays. La consécration juridique de cette quête est la signature
àWashington, le 26 février 1986171(*)d'un traité bilatéral concernant
l'encouragement et la protectionréciproque des investissements.
La main tendue de Yaoundé àWashingtondevientplus
significatif,à partirde 1997, quand les deux paysdécident de
tournerla page sombre de leur relation née, des crispationsde
l'élection présidentielle de 1992. Cette embelliedes
relationsentre les deux pays futconfirmée en juillet 1998 avec la visite
à Yaoundé du Ministre américaindes transports,
RodneySlater.Lereprésentant américain futmême reçu
en audience par le présidentPaul Biya. Au mois de novembre de
cettemêmeannée, uneimportantedélégationdes Maires et
d'hommes d'affaires américains, conduite par le Maire de Washington
DC,MarionBarryouvredéfinitivementla voie à de nouvelles
perspectives diplomatico-économiques entre les deux pays.
Ainsi, en 1999,les relations entre Yaoundé et
Washingtonprennent leur envol définitif. Car, la volonté des deux
pays de resserrer leurs liens politiques et économiques ne tardepas
à se concrétiseràtravers divers actes. Si au plan
politique, lesvoyages duprésidentPaul BiyaauxEtats-Unis en 2002 et 2003
à l'invitationdu présidentGeorges W.Bush constituent
l'apothéose diplomatique,il n'en demeure pas moins des
retombéeséconomiques de cesvisites pour le Cameroun.
En effet, au lendemain de la visite du Chef de l'Etat
camerounais à Washington, les 20 et 21 mars 2003, outre la construction
du pipeline Tchad-Cameroun, amorcéeen 2001, sous financement partiel
des firmes américaines ( Exxon Mobil, Chevron), on relève
que,c'est l'entrepriseGeovic Cameroun S.A,filiale de l'américaineGeovic
Limited, basé dans l'Etat du Coloradode recevoir, en avril 2003 un
permis d'exploitation du gouvernement camerounais pour les gisements de cobalt
de Lomié dans la province de l'Est Cameroun. Entre temps, les deux
parties avaientprocédéà la signature d'une convention en
2002.
Cependant, il faut noter que, la délivrancede ce permis
d'exploitation àl'entrepriseGeovic Limited par les autorités
camerounaises n'étaitque, laconséquenced'une politique de
travaux de rechercheet d'exploitation entamésdepuis 1995 sur le site de
Lomié par l'entreprise américaine.Le gisement de
Lomiéesten fait, un grand gisement latéritique et superficiel
decobalt, denickel et de manganèse qui, s'étend sur unmassif de
roches ultra-basaltique d'une superficie d'environ 240km2. Une
évaluationdu projet PNUD/MINMEE sur la base de 11 sondages tests et ce,
sur 5% seulement du gisementadonné lieu à un potentiel de deux
millions detonnes de cobalt-métal. Ce quicorrespondraità 50 % du
potentiel de tout le gisement et représenterait la demande mondiale de
cobaltpendant 7 ans172(*).La demande mondiale de
cobaltétantestimée de 30.000 tonnes par an à cette
époque. Tout ce qui précède,démontre que le
gisement cobaltifère de Lomié est d'une importance mondiale. En
plus, ce gisement de cobalt est d'exploitation facile,en ce sens qu'à
ciel ouvert,et est en même temps un gisement de nickel et de
manganèse.
Le Cameroun possèdel'une, des plus grosses
réservesmondiales de cobalt. Elle est estimée à10
milliards de tonnes173(*). Geovic Cameroun S.A,selon les termes de l'accord
devait donc commencer à exploiter dès 2005, un volume de 240
tonnes de minerai d'une teneur de 0,3% en cobalt et de 0,6% en nickel174(*). Les travaux de construction
de traitements des usines de ce minerai devaientpour leur partcommencer en fin
2003.Cependant, force est de constater que, deux décennies plus tard les
investissementsaméricainstant annoncés tardent encore à
prendre corps.
Concomitamment, au registre des retombées
économiques de cette visite, la diplomatie sociale ne fut pas en reste.
En juin 2003, l'institution hospitalière John Hopkins envoya des
représentants auprès du gouvernement camerounais. L'objectif de
cette visite fut d'apporter un soutien matériel, financier et humain au
gouvernement camerounais dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA.Au sortir
de cette rencontre, la délégation américaine a
apprécié les efforts conjugués et soutenus du Cameroun en
faveur de la lutte contre cette pandémie175(*).
Toujours en juin 2003, cette fois, coté
camerounais,unedélégation d'officiels et d'hommes d'affaires du
Cameroun, conduite par le Premier Ministre,PeterMafanyMusonge pris part au
sommet Etats-Unis-AfriqueàWashington DC176(*). En effet, dans le cadre
d'unsommetafro-américainsur les affaires organisé par,
TheCoporateCouncil on Africa,il fut question pour la
délégation camerounaise de faire connaitre les
potentialités économiques du Cameroun aux investisseurs
américains, de nouer ou renforcer des relations susceptibles de
promouvoir le commerce et l'investissement.
En marge de ce sommet,la délégation camerounaise
a eu àévaluer avec le partenaireaméricain le chemin
parcouru par le Cameroun depuis l'admission, le 2 octobre 2000à
l'AfricanGrowthOpportunitiesAct (AGOA). Cette loi qui marque le début
d'une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et les pays
d'Afriquesubsaharienne a étépromulguée le 18 mai 2000 par
le présidentBillClinton. Elle ouvre le vaste
marchéaméricainàplusieurs produits venant de 34 pays
africains éligibles dont le Cameroun. En gros,l'AGOA vise
àpromouvoir le commerce et l'investissement entre les Etats-Unis et les
pays d'Afrique au Sud du Sahara, enaccordant aux pays admissibles un
accèsexceptionnel -en franchise de droit de douane et sans restriction
quantitative - au marchéaméricain.
Mais il faut préciser que, l'AGOA n'offre pas que des
opportunités. En d'autres termes,c'est aux pays africains de les saisir
et de créer un environnementfavorableà l'essor du commerce et des
investissements. Parmi les produits àexporter auxEtats-Unis dans le
cadre de l'AGOA,le textile occupe une place de choix. Les pays africains
bénéficiaires de l'AGOA avaientjusqu'en 2008177(*) pour tirer le maximum de
profit de cette opportunité d'autant plus que le
présidentGeorgesBush, en 2004 par le truchement de la loi de 2002 sur le
commerce, promulguée le 6 août a non seulementconfirmé son
soutien à l'AGOA mais aussi a décidé de
l'améliorer. On parle alors de l'AGOA II.
En somme, le chemin parcouru par le Cameroun entre 2000 et
2004 dans cette initiative américaine, reste globalement en
deçà des attentes, au vu des potentialitésqu'offrece pays.
Toutefois,depuis son éligibilité à ce programme, les
exportations camerounaises en direction des Etats-Unis ont accru. En
2004, la valeur des exportations du Cameroun vers les Etats-Unis, qui se
décomposent en produits tels que : bois, caoutchouc, cacao,
pétrole et autres objet d'arts divers a atteint le montant de
« 318 millions de dollars contre 214, l'année
d'avant »178(*) ». Tandis que, les exportations
des Etats-Unis vers le Cameroun, eux sont passéesde« 87
millions de dollars en 2000 à 123 millions en 2004 »179(*). Ceci principalement
dû au fait de la vente au Cameroun des pièces d'aéronefs et
d'avions, des produits pharmaceutiques, des céréales et autres
matériaux d'équipement.
Cette progression bien que croissante des échanges
entre les deux pays, n'est pas de nature à masquer les écueils
d'une certaine réalité. L'essentiel des exportations
camerounaises en direction des Etats-Unis sont dominées par les
matières premières agricoles et non agricoles, en occurrence les
ressources pétrolières. En clair, le dispositif mis en place par
Washington en 2000 profite davantage au secteur pétrolier. Car,
instauré au moment, où les Etats-Unis amorçaient la
diversification de leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbure afin de
réduire leur dépendance vis-à-vis du Moyen Orient, l'AGOA
est à ce point de vue une réussite de la politique
étrangère américaine, où transite annuellement
près de 80% du brut africain en général, en direction des
USA.
3- L'amélioration de l'image du Cameroun
à l'international
Les Etats-Unis disposent d'un puissant levier d'informations
à travers le monde. Ils notent généralement les Etats en
fonction des critères que certains observateurs trouvent pour le moins
subjectif. Du regard qu'ils portent sur un pays dépend son image sur la
scène internationale. Cette diplomatie du « smart
power »180(*)est un puissant instrument de propagande au service
des Etats-Unis. Ils font usage d'un langage riche et généralement
fluctuant pour exprimer leur inimitié à l'égard d'Etats
peu aimables. Il n'est donc pas rare d'entendre ou de voir dans des medias des
officiels américains utilisés, les termes ou expressions qui
visent à avoir un regard péjoratif de certains Etats :
« Axe du Mal » ;
« Etat-voyous » ; « Pays de merde »,
etc.
Le Cameroun n'a certainement pas oublié le souvenir de
la turbulence diplomatique entre 1992 et 1996 lorsque les Etats-Unis l'ont
accusé de déficit démocratique. L'image de Yaoundé
en est sortie ternie. D'où, la mise en oeuvre dans la même
période d'une politique qu'on pourrait qualifiée de
réouverture et dont le but avait été, sinon de
préserver, du moins de soigner l'image du pays à l'international.
Des exigences démocratiques somme, toutes curieuses lorsqu'on sait que
Washington s'accommode parfaitement bien avec le régime
d'ObiangNguemaMbasogo de Guinée Equatoriale, nonobstant sa
démocratie minimale. Lepetit pays d'Afrique centrale, devenu
troisième, producteur africain de pétrole181(*)au Sud du Sahara
derrière le Nigeria et l'Angola a ainsi été rayé de
la liste des quatorze pays africains mal lotis en matière de
démocratie et de droit de l'homme en 2003, par le Département
d'Etat. Bien plus, au contraire, la Guinée Equatoriale attire de plus en
plus l'aide et les investisseurs américains.
Un scénario à peu près similaire est en
train de se produire avec la Corée du Nord qui est en passe
d'être retiré de la liste des pays de l'« Axe du
Mal ». Ce revirement diplomatique semble trouver son origine dans les
négociations entamées par le président Sud-coréen,
Moon Jae-In182(*)pendant
les jeux olympiques d'hiver de Pyeonchang (en février 2018) au sujet de
l'abandon par ce pays de ses activités nucléaires à but
militaire. Une rencontre de haut niveau entre le président
américain Donald Trump183(*) et le leader Nord-coréen
Kim-Jong-Un184(*) est
même prévue à cet effet, en juin 2018 à Singapour.
En fait, on constate que les exigences de démocratie, des droits de
l'homme et de bonne gouvernance comme conditionnalités
déterminant le principe de coopération des Etats-Unis avec
certainspays du Tiers-monde semblent en passe d'être sacrifiés sur
l'autel des marchandages diplomatique, économique et
géostratégique, alors même que la Corée du Nord ne
semble pas avoir amorcé un pas notable dans ces domaines.
Le Cameroun a donc parfaitement conscience des implications de
la nature des relations qu'il peut entretenir avec les Etats-Unis. Pour avoir
déjà connu une expérience autrefois, il sait pouvoir
soigner son image sur le plan international, en entretenant d'excellentes
relations avec la première puissance du monde. La
célébration du 1er anniversaire des attentats
terroristes du 11 septembre 2001, le 11 septembre 2002 par le président
Georges Walker Bush, à New York, et auquel le président Paul Biya
avait été convié est la preuve d'un soutien de la
diplomatie camerounaise aux Etats-Unis dans sa lutte contre le terrorisme
international185(*).
Ainsi que, de son engagement bien que tacite, aux côtés de
l'Administration Bush dans la crise irakienne de 2003.A propos decette crise
précisément, en 2006,répondantà une
interviewaccordée au quotidien gouvernementalCameroun Tribune,
l'ambassadeur, NielsMarquardtareconnu le soutien que le gouvernement
camerounais aapporté àson pays, en ces
termes : « Le Cameroun a montré qu'il était
un grand ami des Etats-Unis lors du déclenchement de la guerre en Irak,
il y a trois ans lorsqu'il siégeait en qualité de membre
non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies
»186(*).
On regrettetoutefois que, face aux questions diplomatiques
embarrassantes et confrontées à de subtils dilemmes, pouvant
nuire à son image auprès des Etats-Unis, le Camerounà
défaut, d'un subtil alignement préfère très souvent
opter pour la politique de la chaise vide. C'est ce que ces
représentants firenten 1989, lors des 77 ème et
88ème séances plénières de
l'Assemblée générale de l'ONU187(*). En effet, il s'agissaitde
se prononcer sur deux textes condamnant les Etats-Unis pour non-respect et
violation du droit international.
La résolution 44/43188(*) votée à l'absence des
délégués camerounais demandait que
soit : « pleinement et immédiatement
appliqué » par les Etats-Unis conformément à la
Charte des Nations Unies, l'arrêt de la Cour Internationale de Justice
sur l'« Affaire des activités militaires et paramilitaires au
Nicaragua et contre celui-ci ». Quant à la résolution
44/40189(*), elle
déplorait l'intervention des Etats-Unis au Panama, en violation du droit
international et de l'indépendance, de la souveraineté et de
l'intégrité territoriale de cet Etat ; et exigeait la
cessation immédiate de l'invasion du Panama par les Etats-Unis. Tout
comme l'autre, dans les deux cas l'atteinte à la légalité
internationale était indéniable. Cependant, le Cameroun fut
partagé entre la tentation de condamner cette atteinte au droit
international et les exigences perverses de sa diplomatie de
développement.
La politique de ménagement des autorités
camerounaises à l'égard de Washington vaut depuis peu au Cameroun
un rayonnement de son image diplomatique au plan international. Comme l'atteste
ici, Eileen Chamberlain Donahoe, le représentant des Etats-Unis
auprès du Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme qui parle des
« progrès significatifs »190(*) réalisés par
le Cameroun en matière de démocratie, reformes
électorales, gouvernance et lutte contre la corruption. Ce satisfecit de
Washington à l'endroit du Cameroun a permis également à
l'ambassadeur Robert P. Jackson191(*) d'indiquer au cours d'une audience, à
luiaccordée par le président Paul Biya, en avril 2012
que : « les Etats-Unis remerciaient le Cameroun pour leur
collaboration au sein du système des Nations Unies et que le Cameroun
devait s'attendre à un retour imminent de l'Agence américaine
pour le développement (USAID) » sur son sol.
En effet, l'USAID est l'Agencedes Etats-Unis pour la
coopérationinternationale en charge pour
ledéveloppementéconomique et l'assistance humanitaire dans le
monde. Elle aofficiellement cessé ses activités au Cameroun en
1995. Les raisons évoquéesàl'époque pour sa
fermeture sont d'ordre budgétaire.Mais la réalité est tout
autre. En effet, c'est davantage à cause de la
détérioration de la situation des droits de l'homme, née
à la suite de lacontroverse des résultats
del'électionprésidentielle de 1992 qui sont àl'origine de
cette fermeture192(*).Toutefois, le retour de
l'USAIDa-t-il,souligné le diplomate américain est
« un signal fort du fait qu'après dix-huit ans nous avons
réalisés que nous nous étions trompés en fermant
notre Agence au Cameroun.Nous voulons rectifier le tir en faisant revenir cette
expertise »193(*).
Ces propos du diplomate américain
sont-ilssincères ? Onne saurait le savoir. Maistoujours est-il que,
depuisl'annonce de la fermeture de l'USAIDau Cameroun en 1993,on constate que
les autorités américaines ne cessent de proclamer quand
l'occasionleur est donnée, aux autorités camerounaises, le
retour imminentde cette agence de coopération internationale. Plus de
quinze ans,après l'envol des relations bilatérales entre les deux
pays, il n'en esttoujours rien.
B- LE SOUTIEN DES ETATS-UNIS
SUR LA SCENE INTERNATIONALE
L'approfondissement des relations entre le Cameroun et les
Etats-Unisa permis au gouvernement camerounais de bénéficiersur
le plan international d'un importantsoutienaméricainsur bon nombres de
dossiers jugéscruciauxauxquels,le pays étaitconfronté.Il
s'agit entre autres de : l'atteintedu point d'achèvement de
l'initiative payspauvre trèsendettés (PPTE)etde la mise en oeuvre
du verdict de la Cour Internationale de Justicedans l'« Affaire de
Bakassi ». A côté de cesdossiers,s'y ajoutele maintien
de la paix et la sécuritédans la sous-région.
1- Le coup de pouce providentiel des
Etats-Unisauprès des institutions de Bretton Woods et en matière
de désendettementbilatéral
Le 11 octobre 2000, le Cameroun a atteint le point de
décision de l'IPPTE.Ce fut le début d'un long programme
économique imposé par le FMI et la Banque Mondiale ; lequel
programme a abouti en partie grâce, au soutien des Etats-Unis en 2006.
En effet,cinq ans après la validation du point de
décision de l'IPPTE, le processus devant mener le Cameroun à
l'atteinte du point d'achèvement a connu plusieurs
péripéties. Notons d'abord que,c'est à la suite de la
longue crise économique qu'a connu le Cameroun au milieu des
années 1980 que, le gouvernement va signer et exécuter avec le
FMI et la Banque Mondiale quatre accords de programmes d'ajustements
structurels (PAS).
Cependant, des quatre accords, un seul a atteint son terme
dans les conditions prévues. Il s'agit du PAS II. En effet, conclu en
1997,le PAS II est un accord triennal (1997-2000)qui s'inscrit dans le cadre
visant à rétablir les politiques d'équilibres
budgétaires (internes et externes), en vue d'une croissance durable et
équitablement répartie. Mais également, il doit permettre
d'assister le pays dans le cadre de l'atteinte du point de décision de
l'IPPTE. Les résultats de ce plan économique et financierfut pour
le moins flatteur.On note une embellie de l'activité économique
avec des taux de croissance annuel,oscillant entre 5% (1997/1998) et 4%
(1999/2000).
Le PAS IIIintervient à la suite du PAS II.Bien qu'il
n'ait pas atteint les objectifs escomptés, il s'inscrit dans le cadre
des politiques d'appui au programme de développement du gouvernement. Il
met en oeuvre, le Document de stratégie pour la réduction de la
pauvreté intérimaire (DSRP), adopté en 2000 et de celui,
visant à permettre au Cameroun d'atteindre le point d'achèvement.
En avril 2003, à la suite de ce Document, le gouvernement a
adopté une version améliorée.
A son entame, le programme d'exécution du DSRP est
appeléà s'achever au plus tard, le 30 octobre 2003mais, il n'y
est pas parvenu. Le gouvernement, conscientde ce retardfixa une nouvelle
échéance, fin 2004.Seulement, à cette nouvelleautre
échéance, il n'y parvinttoujours pas. Ces atermoiements des
autorités camerounaises ballotées entre désir de
conservatisme et volonté de faire exécuter les réformes,
conformément aux engagements pris dans le DSRP,ont poussé les
Institutions de Bretton Woods à suspendre leCameroundu programme IPPTE
pour inertie.
Parlant des reformes, il s'agissait de celles
préconisées notamment par les PAS antérieurs, puis
reprises par le DSRP. Au rang de ces réformes, on peut citer : le
programme de privatisation des entreprises publiques, annoncé depuis
1996 par le président Paul Biya mais dont rien de concret n'y
avaitencore été fait. Exceptionsfaites, de quelques entreprises
publiques comme : la REGIFERCAM, l'OCB, HEVECAM, CHOCOCAM, etc.Par
ailleurs, même les ressources additionnelles194(*), obtenues pourtant dans le
cadre de l'atteinte du point de décision, en octobre 2000 ne furentpas
consomméesde façon efficiente et à temps.
LePremier Ministre,PeterMafanyMusonge,lui-même dans sa
lettred'intention adressée au Directeurgénéraldu FMI,
MichelCamdessus admetce mea-culpa en ces termes:
Le gouvernement reconnait que la mise en oeuvre des
premières séries de programmes et projets qui ont reçus
l'avis favorable du comité consultatif et de suivi de la gestion des
ressources PPTE a pris du retard (...) Notamment, l'exécution des
dépenses d'investissements sont nettement en de ça des
objectifs 195(*).
En somme, face à l'intransigeance des Institutions de
Bretton Woods à l'endroit du Cameroun, pour fautes à mettre en
oeuvre les réformes prévues dans le cadre du DSRP,le
gouvernementengagea des tractationsavec certainsde ses partenaires
bilatéraux à l'instar, des Etats-Unis,en vued'yretrouverà
nouveau,la confiancedes bailleurs de fonds.En effet,dans un entretien
accordé au Cameroon Tribune, le 20 février
2006,l'ambassadeur des Etats-Unis, NielsMarquardt,profitant de la venue
àYaoundé du Secrétaired'Etat adjoint aux Affaires
africaines, JendayiFrazer pour l'inauguration de l'immeublesiège de la
nouvelle ambassadedes Etats-UnisàYaoundé, suite à
l'audience à eux accordée, déclare : « le
présidentPaulBiya aexpriméà la diplomate
américainele désir de voir les Etats-Unis intervenir dans le
dossier du Cameroun auprès desinstitutions de BrettonWoods afin, de
l'aider à atteindre le point d'achèvement de
l'IPPTE »196(*).
Il faut rappeler que lasollicitude des autorités
camerounaisesdans ce dossierauprès de la premièrepuissance
mondiale n'est pas nouvelle.En 2005,lors d'unpassage àYaoundéde
Cindy L. Courville, Conseiller spécial du président Georges W.
Bush et Directeur des Affaires africaines au Conseil national de
sécurité,le président Paul Biya avait
déjàprofité une fois de plus de cette venue du diplomate
américainpour adresser les demandes camerounaises à Washington.
L'un comme l'autre, les deux émissaires américains ont
répondu favorablement aux demandes camerounaises. D'où cette
intervention du Département d'Etat197(*) en avril 2006, au côté du
président du groupe de la Banque Mondiale,Paul Wolfovits, à
examiner favorablement le dossier du Cameroun, afin de lui permettre à
franchir le point d'achèvement de l'initiative PPTE.
En effet, au cours des jours précédantla tenue
des Conseils d'administration de la Banque Mondiale et du FMI, devant aboutir
à l'éligibilitéou non, duCameroun, au point
d'achèvement de l'initiative PPTE,le président Paul Biyamonta au
créneau. Le Chef de l'Etat, sans doute
« inquiet »d'éventuelles conséquences
négatives en termes d'économie,d'un avis défavorable des
Institutions de Bretton Wood au dossier du
Camerounauraittéléphoné, le président Georges W.
Bush, pour demander un soutien dela Maison Blanche. Ainsi que, les
président français, jacques Chirac, les Chefs de Gouvernements
britannique, Tony Blair et allemand, Angela Merkel. Ces derniers, l'auraient
rassuré du soutien de leurs pays198(*).
Ce faisant, le jour de laplénière, le conseil
d'administrationde la Banque mondiale procéda au vote.Le Cameroun
obtint 70% des suffragesexprimés. Ce premier verroumenant au processus
de l'IPPTE franchi, la voie du paysse tournavers le FMI dont, le conseil
d'administration devait se réunir le jour suivant.Mais celui-ci, ne
donna pas carte blancheau Cameroun comme, se fut le cas la veille. Car,
certains membres d'administration de cette institution notamment, le Canadaet
les PaysBas, reprochèrent au gouvernementcamerounais son manque de
visibilitédans la lutte contre la corruption et le flou
caractérisant leprocessusélectoral.
Toutefois, le Conseil procédaau vote.Les 2/3 des voies
nécessairespour être admis au point d'achèvement ne
furentpas obtenuspar leCameroun.Lepayséchouaà
atteindrel'initiative PPTE.Le président Paul Biya199(*)qui, suivrait les
pourparlers depuis la Suisse où il se trouvait en congé, aurait
appelé, le Directeur général du FMI, Rodrigo Rato pour
influencer la décision des membres du conseil d'administration.Au
siège de l'institution cependant,à Washington,
AlassaneDramaneOuattara,un des lobbyistes,mandatés par l'Etat du
Cameroun auprès du FMI et l'ambassadeurMartin BelingaEboutou,chef dela
délégation camerounaise à ces assises, eurent unentretien
avec, Rodrigo Rato pour s'enquérir de ce qui coince dans le dossier du
Cameroun. Voici ce que déclarece dernier :
Les Administrateurs du FMI veulent faire pression sur le
Cameroun pour qu'il manifeste sa bonne foi en s'engageant de manière
ferme à mener la lutte contre la corruption, à mener un
processusélectoral plus transparent, àêtre clair sur sa
gestion pétrolière et àréduire son équipe
gouvernementale de 70% 200(*).
Au demeurant, l'issue des travaux révèle que le
Camerounfutaprès d'âpres tractationsadmis à ce programme
ce,malgrél'échec à obtenir les 2/3 de voix
nécessaires. Loin des arcanes du pouvoirpolitique et diplomatique,
nousnous sommes tenus aux allégations d'une certaine presse201(*) qui, aurait couvert
l'évènement et quelques sources orales interrogées.Il ne
figurenulle partà notre connaissance, une preuve écriteattestant
le soutiend'une quelconquepuissanceextérieure au dossier du Cameroun
dans ce programme.Toutefois, au regardd'uncertains nombres de données
empiriques sur l'état de l'économie camerounaise au cours de
cette période, l'on est fondé de croire que,
« l'éligibilité du Cameroun au bénéfice
de l'initiative PPTE (...), vu l'implication personnelle du président
Paul Biya dans l'aboutissement du dossier est hautement
politique »202(*).
Cette admission au forcepset qui procède d'un coupde
pouce des partenaires traditionnels du Cameroun, en particulier des
Etats-Unis,soulèvedes interrogations notamment, sur le caractère
démocratique des institutionsinternationales en générale
et de BrettonWood en particulier, d'une part et d'autre part,si cette
élection du Camerouna ce programme ne seraitpas un « cadeau
empoisonné » ?Bref, l'atteinte du point
d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun est semble-t-ilplus, une faveur
accordée à un pays qui ne le méritaitpas, mieux qui devait
y parvenir plus tard,au regard des griefs faits par les administrateurs du FMI.
Par ailleurs, la pléthore de conditionnalités accompagnant cette
décision n'allège que « 1.3 millions d'euros sur les 6
millions »203(*) dont le pays est redevable à la
communauté internationale des bailleurs de fonds dans le cadre
multilatéral.
La quête de l'intérêt national des
Etats-Unis ces dernières années sembleaussi passer par la
diminution du niveau de pauvreté dans certaines régions du monde.
Cette initiative qui trouve son origine dans le rapport de l'AfricanOil
Policy Initiative Group (AOPIG), en 2002 propose au gouvernement
américain, « un engagement prudent et contrôlé
des Etats-Unis en faveur d'une annulation de la dette ». Dans ce
sillage, le Cameroun peut compter sur la bienveillance américaine.
En2002, lepays a bénéficié d'un important
accord d'annulation et de rééchelonnement de sa dette
bilatérale. Ainsi, l'accord signé entre l'ambassadeur des
Etats-Unis Georges M. Staples et le Ministre camerounais de l'Economie et des
Finances (MINEFI), Michel Meva'aMeboutou a permis au Cameroun de
bénéficier d'une annulation de sa dette pour un montant de
« 17.6 milliards de F.CFA » et de « 159
millions»204(*),
représentants le montant des frais de rééchelonnement de
la dette bilatérale du Cameroun vis à vis de ce pays pour une
période de « 23 ans »205(*).
Bien que, répondant aux engagements pris par le
Cameroun, lors de la session du Club de Paris en janvier 2001, de conclure
des accords de consolidation de désendettement avec les pays
partenaires, cet acte découlait d'abord d'un signal fort des
autorités américaines à rectifier le tir et d'intensifier
leur coopération avec le Cameroun. Georges M. Staples n'a pas
hésité àrassurer l'opinion que son pays avait
décidé d'annuler et de rééchelonner les dettes dues
par le Cameroun, aux Etats-Unis, en ce sens que : « le
gouvernement camerounais avait fait d'admirables progrès dans le sens de
l'amélioration de sa gestion
microéconomique »206(*). Le souhait des Etats-Unis, a-t-il relevé
est que, l'argent épargné soit réinvesti dans des
programmes de réduction de la pauvreté.
En somme, on remarque que, l'envol des relations
bilatérales entre le Cameroun et les Etats-Unis permet
ainsiindubitablement, de renforcer l'axe de coopération Yaoundé -
Washington.Celienentre les deux pays fut encore bénéfique pour le
Camerounsur l'« AffaireBakassi ».
2- Le verdict de La Haye et la stratégie
américaine de résolution du conflit de Bakassi
La visite officielle, effectuée par le président
Paul Biya aux Etats-Unis, les 20 et 21 mars 2003 s'inscrivait de la
stratégie du gouvernement, àapprofondir les relations avec
Washington.La diplomatie camerounaise qui tient également à la
diversification des partenariats ne désespérait pas tout aussi
d'un soutien des membres du Conseil de Sécurité dans
l'application de l'arrêt de la Cour internationale de justice sur
l'« Affaire de Bakassi ».
En effet, le 20février2006,lorsd'une
audienceaccordépar le président Paul Biya au Secrétaire
d'Etat adjoint, pourles Affaires africaines,Jendayi Frazer, Niels
Marquardt,ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et qui avait pris part
à cetterencontre entre les deux personnalitésdéclara
à la presse :
Le présidenta demandénotre soutien pour
l'application de l'arrêtde la CIJ. Nous lui avons dit très
clairement - et telle a toujours été la position des
Etats-Unis-que nous soutenons la décision de la CIJ et son processus de
mise en application. Nous avons de très bonnes relations à la
fois avec le Cameroun et le Nigeria. Nous aurions l'occasion de parler avec nos
amis nigérians afin de leur rappeler notre position et leur poser des
questions sur le retards pris dans la mise en application du verdict de la
CIJ »207(*).
Le soutien des Etats-Unis au Cameroun dans cet
épineuxdossier n'était pas nouveau. En septembre 2002
déjà, en marge des cérémonies de
commémoration du 1er anniversaire des attentats terroristes
du 11 septembre 2001,le Secrétaire d'Etat, Colin Powell qui avait eu
unentretien avec le présidentPaul n'avait pas
hésitéàconforter l'option prise par le Cameroun dans ce
dossier pour résoudre ce différend208(*). Option, justement prise en
faveur du respect du droit international.
107
Ainsi, déboutéparl'arrêt du 10 octobre
2002 de la CIJ, il faudra attendre quatre ans pour voir le Nigeria accepter
contre son gré, la rétrocession de la péninsule de Bakassi
au Cameroun. Cette rétrocession a été rendue possible
à travers la signature par les deux parties de l'accord de Greentree. En
effet, sous la très haute implication de Kofi Annan et des quatre Etats
témoins209(*) : les Etats-Unis (hôte du sommet), la
France, la Grande Bretagne, et l'Allemagne, les Présidents Paul Biya du
Cameroun et OlessegunObassandjo du Nigeriasignèrent, le 12 juin 2006
dans le Domaine de GreentreeEstates, Manhasset, Etat de New York,
l'accord du même nom.
L'accord de Greentree, qui met définitivement un terme
au différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, est un texte
comprenant huit articles (08), auxquels s'ajoutent deux annexes dont une carte
qui donne des précisions géographiques sur la délimitation
de la zone concernée. Dans son article premier, l'accord précise
que le Cameroun et le Nigeria reconnaissent la frontière terrestre et
maritime entre les deux pays, tel que délimité par la CIJ et
s'engagent à poursuivre le processus de mise en oeuvre
déjà entamé. L'article deuxième stipule que le
Nigeria s'engage à retirer l'ensemble de ses forces armées
stationnées sur la péninsule dans un délai de soixante
(60) jours à compter de la date de signature de l'accord. Cependant, ce
délai peut être prorogé par le Secrétaire
général des Nations Unies pour une période
n'excédant pas trente (30) jours.
Le 14 août 2008, conformément à ces
dispositions, le Nigeria transféra au Cameroun, son autorité
perdue depuis 1994 sur la presqu'île de Bakassi. Le professeur, Maurice
Kamto, ministre délégué à la justice et, chef de la
délégation camerounaise et ChiefBoyo Ojo ont
apposé respectivement pour le Cameroun et le Nigeria, leur signature au
bas du document y relatif, en présence des représentants des
Etats témoins.
L'article 3 de l'accord de Greentree prescrit des obligations
qui incombent à la partie camerounaise en ce qui concerne le traitement
des populations nigérianes résidant à Bakassi. L'article 4
rappelle à toutes fin utiles qu'aucune disposition de l'accord ne peut
être interpréter comme impliquant une renonciation du Cameroun
à sa souveraineté sur une parcelle quelconque de son territoire.
Cet article souligne par ailleurs que, l'accord ne peut être entendu
comme une interprétation ou une modification de l'arrêt de la Cour
Internationale de Justice du 10 octobre 2002 dont il n'est qu'une simple
modalité d'application.
L'annexe 1 de l'accord de Greentree fixe les modalités
du régime spécial transitoire devant prévaloir jusqu'au
transfert définitif de l'autorité sur Bakassi. En son article 2A,
cette annexe précise que le Cameroun autorisera le Nigeria à
maintenir son administration civile et une force de police nécessaire au
maintien de l'ordre dans la zone pendant une période non renouvelable de
deux ans, à compter de la fin du retrait des forces nigérianes.
A l'issue de cette période, le Nigeria retirera son
administration et sa force de police, et le Cameroun reprendra l'administration
de la zone. L'article 3 de l'annexe prescrit au Nigeria, un certain nombre
d'obligations pendant la période transitoire qui lui est imparti,
notamment :
? d'empêcher tout transfert ou afflux massif de ses
ressortissants dans la zone ;
? d'entreprendre dans la zone, aucune activité qui
compliquerait ou entraverait le transfert d'autorité au
Cameroun ;
? ne pas entreprendre ou poursuivre l'exploitation des
ressources naturelles de la zone ni aucune activité portant à
atteinte à l'environnement ;
? ne pas positionner aucune force dans la zone.
L'annexe 1 fixe également les obligations qui incombent
au Cameroun par rapport aux populations nigérianes vivant dans la zone
ainsi qu'aux autorités civiles et forces de police nigérianes.
L'article 5 de l'annexe 1 précise qu'à la fin du régime
spécial transitoire, le Cameroun exercera en toute plénitude ses
droits de souveraineté sur la zone. L'accord de Greentree apparait ainsi
comme une véritable révolution dans la résolution
pacifique de différends internationaux.
En dehors de cet appui diplomatique des Etats-Unis, et des
autres grandes puissances sur la question de Bakassi, la sécurité
dans la sous-région reste un impératifdans la stratégie
américaine au Cameroun.
Carte 2 : La
péninsule deBakassi
Source :
www.google.com/search?q=carte+de+bakassi+lesaccords+de+greentre,
consulté, le 2 janvier 2018.
3- Le soutien des Etats-Unis en matière de
sécurité sous régionale
Dans le cadre de la redéfinition de leurs misions
stratégiques àtravers le monde, élaborées au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001, lesEtats-Unismènent des
actions concertées au niveau sous régional avec l'armée
camerounaise et les armées nationales des autres pays voisins pour le
maintien de la paix et la sécurité dans le Golfe de
Guinée.
Le Golfede Guinée, à en croire les
spécialistes est uneregion qui concentre une série de facteurs
porteurs d'insécurité. La montée de
l'insécurité dans le Golfe de Guinée est due,entre autres
à trois facteurs, expliquele professeur ElaMvomowullson de l'Institut
des relations internationales du Cameroun (IRIC).
D'abord, par sa position au fond du bassingéopolitique
de l'Atlantique centre-oriental. LeGolfe de Guinée est l'une des
« portes d'entrée de l'Afrique » et est en passe
dedevenirl'un des relais importants du trafic international dela drogue,de la
piraterie maritime, et autres activités illicites en provenance de
l'Asie Centrale-Moyen-Orient et de l'AmériqueLatine, et à
destination de l'Occident (Europecentrale et Amérique du nord).
« Carrefour des civilisationsafricaines »,
le Golfe de Guinée est susceptible de devenirà l'exemplede ce qui
se passeactuellement au nord du Nigeria, l'un des grands théâtres
du prosélytismefondamentalo-islamiste,avec des risquesaccruesde
terrorisme. Par ailleurs, bordé en ces marches septentrionaleet
australe par des « zones grises » qui ont
longtempsconstituées les conflictualitésentremêlées
de l'Afrique de l'Ouest (Sierra Leone, Liberia, Cote d'Ivoire) et des Grands
Lacs (République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi), le
Golfe de Guinée semble en sursis précaire. Enfin, il faut
naturellement relever les risques politiques de l'économiede rente dans
la région.
Carte 3 : Domaine
maritime et continentale des pays du golfe deGuinée
Source :
http://www.afriqueindex..com/articles/carte-afrique.htm,
consulte, le 2 janvier 2018.
Au Cameroun particulièrement,le pays est
confronté àdes manifestationsdu brigandagede groupes
politico-criminels.En 2007,vingtsoldats de l'armée camerounaise ont
étéabattus dans la crique Issanguelé-Bakassi210(*). L'attaquequi avait
étéd'abordattribuée au groupe
d'auto-déterminationnigérian, du Mouvement pour
l'émancipation du delta du Niger (MEND),a été ensuite
revendiquée par le
groupeautoproclamé,BakassiFreedomFichters(BFF) opposé
à toute idée de rétrocession de Bakassi au Cameroun.
Selon des affirmations de ses membres,le groupe souhaitait
lancer un avertissement au gouvernement camerounais,qui quelques jours
auparavant avait arrêté certains de ses membres. En 2008,
uneautreattaque d'envergure s'est produit près des
côtesàLimbé (Sud-ouest du pays) lorsque des individus
lourdement armés, et se déplaçantà bord de
vedettes ont investi un pétrolierfrançais, contrepaiement d'une
rançon.
Cette mêmeannéeégalementa
été marquée par l'intensification de braquages de
banques,et une spectaculaire attaque,l'année d'après contre la
présidenceéquato-guinéenneàMalabo par des groupes
criminels venus par mer,et qui auraient confondu, l'île de
Malaboà l'embouchure du delta du Niger. Lebraquage de banque au Cameroun
débute au mois de septembre2008 dans la ville côtière de
Limbé. Conduite comme une véritableopérationcommando, il
implique des dizaines d'assaillantséquipés d'armes de guerres.
Cetteattaque fait une dizaine de morts.Le moisd'après, on enregistre une
tentative de braquage de banquesàKribi. L'arrestation des assaillants de
nationalités camerounaises permet de conclure que ces attaques ne sont
pas que l'oeuvre des étrangers.En tout étatde cause, desexemples
comme ceux-cisont légions et ne se comptabilisentplus.
Or, l'importance des intérêts des Etats-Unis dans
la region est telle qu'ils ne s'accommodent pas d'instabilité et
d'insécurité. Les enjeux sont tels que les experts ont pu dire
qu'il s'agit d'une zone d'« intérêt vital »
pour Washington. Il s'agit d' « intérêt
essentiellement pétrolier »211(*), et les données sont connues.
Au Cameroun,il y a d'abord le pipeline Tchad-Cameroun dont la
durée de vie de l'exploitation était théoriquement de 25
ou 30 ans, avant que les spécialistesn'envisagent une espérance
de vie un peu plus longue, suiteà la découverte de nouveaux
gisements de pétrole dans la region de Doba, au sud du Tchad.Mais les
expertsévoquent aussi l'oléoducHigleig - Port-Soudan dans la
perspective d'une liaisonstratégiqueTchad-Soudan. Il y aenfin aussi,
cette présencedes compagnies pétrolièresaméricaines
dans l'ensemble des pays producteurs de pétrole du Golfe de
Guinée, du Nigeriaàl'Angola, enpassant par la
GuinéeEquatoriale.
Enjeu décisif, lesEtats-Unis envisage de porter entre
25%et30% (voir plus) la proportion de leur approvisionnementen hydrocarbures
d'ici à l'horizon 2025 contre 17% actuellement, réduisant la
proportion de leur dépendance vis-à-vis des pays du Golfe
persique,en proie à des instabilités permanentes. C'est ainsi
qu'il faut comprendre la forte présence des officiels militaires
américains au Cameroun ces dernièresannées et les
velléités d'installation d'une base militaire permanente au
Cameroun, qui permettrait à la CIA d'avoir un regard sur l'Afrique
centrale212(*).
Même si pour l'instant, pour cette dernière
préoccupation, Washington a échoué jusqu'ici, à
convaincre les autorités camerounaises dans les négociationsdu
bien-fondé de son projet. Toutefois,la demande reste persistante. Cela a
été le cas en 2008, lors desvisitesàYaoundé,
dupremier Comandant d'AFRICOM, le Général William E. Ward, et de
celledu General, Carter F. Mam, au président Paul Biya213(*) en 2012.
On note que, la simulation dedifférentsexercices
navales au large des eaux territoriales des pays de cet espace, comme
leCameroun en 2006lorsque, le pays a accueilli au large de ses eaux
territoriales, unexercicemilitaire multinational dénommé
« Sawa 2006 »214(*) du programmeaméricain de formation pour les
opérationsd'urgences en Afrique et de la mise sur pied de la Force
africaine en attente (FAA),augure une fructueuse et longue coopération
militaire entre les deux pays.
Le choix du Cameroun dans cet
exercicerépondaitparticulièrementdu souci de la position centrale
qu'occupe ce pays dans le Golfe de Guinée mais également aussi de
sa vulnérabilitésécuritaire. Au cours des douze mois qui
ont suivi l'exercice,le Cameroun a reçude la part des Etats-Unis une
importante dotation enmatériel militaire,ce qui a permis de former non
seulement les forces nationales mais aussi plusieurs bataillons des forces
internationales de maintien de la paix, prêtà se déployer
en tout lieu, en cas de nécessité.
Washington amis en place diverses initiatives de soutien aux
pays de la region. C'est le cas notamment de :l'AfricanContingency
Operations Training and Assistance (ACOTA), leCentre d'étude
stratégique pour l'Afrique (CESA) et biensûr, l'initiative la plus
ambitieuse, le Commandement US-Africa (AFRICOM). Ces initiatives
portent sur des accords avec des pays clés de la region dont le
Cameroun. Sur cettebase, l'US Navyeffectue des
escalesrégulières dans les ports des pays de cet espace pour
fournir un appui logistique et former les marines nationales. Au Cameroun,
unexercice naval multinational de ce type, dénommé
« ObangaméExpress » a eu lieu àDouala, en
2011.
En somme, legouvernement camerounais a conclu des
accordsstratégiques avec legouvernementaméricain et dont,les
forces armées utilisent d'ores et déjà
lesinstallationsaéroportuaires camerounaises. En dehors,de
l'assistanceapportéedans le cadre de la lutte contre
l'insécurité dans le Golfe de Guinée, lesEtats-Unis
forment aussi les soldats camerounais du Bataillon d'Intervention Rapide(BIR).
Ce soutien américain est complétépar la traque des
terroristes du groupe de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest, ex BokoHaram
dans la regionde l'Extrême Nord. Eneffet, depuis 2015,les Etats-Unis y
ont déployé une force militaire de 300 soldats et
créé une station de drone permanente à Garoua, à
la demande des autorités camerounaises.
Les missionsassignées aux soldats américainssont
diverses. Elles consistent en la conduite des opérations de
renseignement, desurveillanceet de reconnaissancedes frontières
nationales en particulier, celles de la partie septentrionale du pays. Bien
que, ne participant pas aux combats, les soldats américainss'activent
au côté de l'armée camerounaise, en lui fournissant de
précieuses informations collectées à l'aide des drones
MQ-1, nonarmées qui offrent un soutien en IRS(intelligence renseignement
surveillance) aux troupes de terre. Cettecoopération entre le Cameroun
et les Etats-Unis est appeléeàperdurer.D'ailleurs,
uncommuniqué du porte-parolede la Maison Blanche indique
que : « cette force militaireest
appeléeàrester au Cameroun jusqu'à ce que le
soutienaméricain ne soit plus nécessaire »215(*).
CONCLUSION DE CHAPITRE
Le bilan de ce chapitre consisteà analyser les
retombées de l'engagementdu Cameroun aux côtés des
Etats-Unis dans la crise irakienne de 2003.L'engagement implicite de la
diplomatie camerounaise aux côtés de Washington, les derniers
jours, précédant le déclenchement des hostilités
américaines en Irak, après avoir pourtant, claironné son
opposition à la guerrecontre ce pays, découlait de la
prégnanceà faire face à certains problèmes
domestiques jugés cruciaux. La crise irakienne de 2003 au Conseil de
Sécurité a donc eu des répercussions au Cameroun tant en
termes de coopérations bilatérale que multilatérale. La compromission du
gouvernement camerounais aux côtés des Etats-Unis a permis
à Yaoundé de renforcerses relations avec Washington et de
bénéficier auprès des institutions internationales d'un
important soutien américain sur bon nombres de dossiers, auxquels le
pays était en panne d'initiatives diplomatiques à l'exemple,
du règlement de la crise de Bakassi et de l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE.
CONCLUSION GENERALE
Le sujet soumis à notre réflexion se proposait
de faire une analyse de la diplomatie camerounaise dans la crise irakienne de
2003. Avant de nous appesantir sur ce qui en découle, il importe de
rappeler que notre problématique portait sur la position de la
diplomatie camerounaise dans cette crise.
La crise irakienne de 2003, au Conseil de
Sécurité des Nations Unies est le croisement de deux logiques de
la géopolitique des relations internationales : une logique
prônant l'approche multilatérale des grands enjeux internationaux
et une autre logique, prônant l'approche unilatérale des relations
internationales. En effet, à la suite des attentats du 11 septembre 2001
et de la guerre en Afghanistan, lesEtats-Unis lancent une nouvelle
offensivediplomatico-militaire contre le régime de SaddamHussein sous le
fallacieuxprétexte que ce dernier,en dépit des injonctions de la
communautéinternationale imposées à l'issue de la guerre
du Golfe, continue de développer les armes de destructionmassive,et
d'êtreun logis pour les terroristes d'Al-Qaïdadont Oussama Ben
Laden, identifié comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001.
Cette crise qui tire donc,son origine de la
premièreguerre du Golfe, avant d'être mal
géréeàcristalliser les débatset enjeux entre les
différentsmembres du Conseil de Sécurité, et placer
certains pays membres non-permanent du dit Conseilcomme, le Cameroun devant un
véritable dilemme diplomatique. Pour le Cameroun en effet,
membrenon-permanent du Conseil de Sécurité de l'ONUau cours de
cette période,il a étéquestion de promouvoir la paix,
àtraversla poursuite du désarmement de l'Irak, par les
mécanismes d'inspection de l'ONUet le respect du Conseil de
Sécurité comme, le cadre légalsusceptible d'autoriser une
intervention militaire contre le régime de SaddamHussein,si celui-ci ne
coopérait pas avec les inspecteurs en désarmement des Nations
Unies.
La position des autorités camerounaises sur la question
irakienne s'inscrivait dans la logique des options de
politiqueétrangèredu Cameroun, à savoir :le
règlement pacifique des différends et le recoursà
l'arbitrageinternational en cas de conflit, comme illustré quelques
temps plutôt dans le règlement du différendfrontalier,qui
plusieurs années durant l'avait opposé au Nigeria. En fait,le
verdict de la Cour Internationale de Justice,rendu le 10 octobre 2002 sur ce
conflit,connu sous l'appellation de l'« Affaire de
Bakassi » favorable au Cameroun, confortait la position de la
diplomatie camerounaise dans la question irakienne sur le rôleimpartial
de l'ONU dans les règlements des différends
internationaux.Nonobstant, la visite officielle, effectuée par le
présidentPaul Biya aux Etats-Unis, le 20 mars 2003, lejourmême du
début du déclenchement des hostilitésaméricaines
enIrak,et quia étéinterprétée comme unsoutien
implicite de la diplomatie camerounaise à la
thèseaméricaine d'une guerre préventive en Irak.Pourle
président Bush et son Administration isolés sur ce dossier et en
quêtede soutiens internationaux,le soutien de la diplomatie camerounaise
venait à point nommé. Le chef de l'Etat camerounais a
offertsciemment ou non, à son homologueaméricain, Georges W.
Bush,uneoccasioninespérée prenant les contours d'un soutien ou
d'une caution morale du Cameroun dans ses ambitionsimpérialistes et
militaires, en Irak.
113
Cet engagementdu gouvernement camerounais aux
côtés des USA, après avoir pourtantclaironné son
opposition à la guerre en Irak, tout au long de la crise diplomatiquequi
a accompagné les négociations sur le deuxième projet de
résolutionanglo-américaine contre l'Irak, au Conseil
deSécuritédécoulaitde la prégnanceà faire
face à certainsproblèmes domestiquesjugéscruciaux.La crise
irakienne de 2003 au Conseil de Sécuritéa donc eu des
répercussions au Camerountant en termes de
coopérationsbilatérale que multilatérale.
La compromission du gouvernement camerounais aux
côtés des USA a permis au Cameroun d'approfondir ses relations
bilatéralestant politique qu'économique avec Washington,et de
bénéficier auprès des institutions internationales
d'unimportant soutien Américainsur bon nombres de dossiers cruciaux
auxquels, le pays était confronté, àsavoir :
lerèglement de la crise de Bakassi et l'atteinte du point
d'achèvement de l'initiative PPTE.
ANNEXES
ANNEXE 1 : Composition du Conseil de
Sécurité de l'ONU entre : le 1er janvier 2002 et
le 19 mars 2003.
Conseil de sécurité des Nations
unies Résolution 1441
Caractéristiques
|
Date
|
8 novembre 2002
|
Vote
|
Pour : 15 Abs. : 0 Contre : 0
|
Sujet
|
la situation entre l'Irak et les États-Unis.
|
Membres permanents
Conseil
de sécurité 2002
Chine ·
États-Unis ·
France ·
Royaume-Uni ·
Russie
Membres non-permanents
Bulgarie ·
Cameroun ·
Colombie ·
Guinée ·
Irlande ·
Mexique ·
Maurice ·
Norvège ·
Singapour ·
Syrie
ANNEXE 2 : Résolution 1441
Résolution 1441
Conseil
de sécurité des Nations unies
8 novembre 2002
Le Conseil de sécurité,
· Rappelant toutes ses résolutions pertinentes
antérieures, en particulier ses résolutions 661 (1990) du 6
août 1990, 678 (1990) du 29 novembre
1990, 686 (
1991) du
2 mars
1991, 687 (1991) du
3 avril
1991, 688 (1991) du
5 avril
1991, 707 (1991) du 15
août 1991, 715 (1991) du
11 octobre 1991,
986 (
1995) du
14 avril 1995 et
1284 (1999) du 17 décembre 1999, ainsi que toutes les
déclarations pertinentes de son Président,
· Rappelant également sa résolution 1382 (
2001) du
29 novembre
2001 et son intention
de l'appliquer intégralement,
· Considérant la menace que le non-respect par
l'Iraq des résolutions du Conseil et la prolifération d'armes de
destruction massive et de missiles à longue portée font peser sur
la paix et la sécurité internationales,
· Rappelant que sa résolution 678 (1990) a
autorisé les États Membres à user de tous les moyens
nécessaires pour faire respecter et appliquer la résolution 660
(1990) du 2 août 1990 et toutes les résolutions pertinentes
adoptées ultérieurement et pour rétablir la paix et la
sécurité internationales dans la région,
· Rappelant également que sa résolution 687
(1991) imposait des obligations à l'
Iraq en tant que mesure
indispensable à la réalisation de son objectif
déclaré du rétablissement de la paix et de la
sécurité internationales dans la région,
· Déplorant que l'Iraq n'ait pas fourni
d'état définitif, exhaustif et complet, comme il est exigé
dans la résolution 687 (1991), de tous les aspects de ses programmes de
mise au point d'armes de destruction massive et de missiles balistiques d'une
portée supérieure à 150 kilomètres et de tous les
stocks d'armes de ce type, des composantes, emplacements et installations de
production, ainsi que de tous autres programmes nucléaires, y compris
ceux dont il affirme qu'ils visent des fins non associées à des
matériaux pouvant servir à la fabrication d'armes
nucléaires,
· Déplorant également que l'Iraq ait
à plusieurs reprises empêché l'accès
immédiat, inconditionnel et sans restriction à des sites
désignés par la Commission spéciale des Nations unies et
par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), n'ait pas
coopéré sans réserve et sans condition avec les
inspecteurs des armements de la Commission spéciale et de l'AIEA, comme
il est exigé dans la résolution 687 (1991), et ait finalement
cessé toute coopération avec la Commission spéciale et
l'AIEA en 1998,
· Déplorant l'absence depuis décembre 1998
de contrôle, d'inspection et de vérification internationaux en
Iraq des armes de destruction massive et des missiles balistiques, comme
l'exigeaient les résolutions pertinentes, alors que le Conseil avait
exigé à plusieurs reprises que l'Iraq accorde
immédiatement, inconditionnellement et sans restriction les
facilités d'accès voulues à la Commission de
contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies
créée par la résolution 1284 (1999) pour succéder
à la Commission spéciale, et à l'AIEA, et regrettant la
persistance de la crise dans la région et des souffrances du peuple
iraquien qui en a résulté,
· Déplorant aussi que le Gouvernement iraquien ait
manqué à ses engagements en vertu de la résolution 687
(1991) en ce qui concerne le terrorisme, de la résolution 688 (1991)
pour ce qui est de mettre fin à la répression de sa population
civile et d'autoriser l'accès des organisations humanitaires
internationales à toutes les personnes ayant besoin d'aide en Iraq, et
en vertu des résolutions 686 (1991), 687 (1991) et 1284 (1999) pour ce
qui est du rapatriement ou de la coopération pour l'identification des
nationaux du Koweït et d'États tiers détenus arbitrairement
par l'Iraq, ou la restitution de biens koweïtiens saisis arbitrairement
par l'Iraq,
· Rappelant que, dans sa résolution 687 (1991), il
a déclaré qu'un cessez-le-feu reposerait sur l'acceptation par
l'Iraq des dispositions de cette résolution, y compris des obligations
imposées à l'Iraq par ladite résolution,
· Résolu à assurer le respect complet et
immédiat par l'Iraq, sans condition ni restriction, des obligations que
lui imposent la résolution 687 (1991) et d'autres résolutions
pertinentes, et rappelant que les résolutions du Conseil de
sécurité constituent la référence pour
apprécier le respect par l'Iraq de ses obligations,
· Rappelant que le fonctionnement effectif de la
Commission qui a succédé à la Commission spéciale
et de l'AIEA est indispensable à l'application de la résolution
687 (1991) et d'autres résolutions pertinentes,
· Notant que la lettre datée du 16 septembre 2002,
adressée au Secrétaire général par le Ministre des
affaires étrangères de l'Iraq, constitue une première
étape nécessaire pour que l'Iraq rectifie ses manquements
persistants aux résolutions pertinentes du Conseil,
· Prenant note de la lettre datée du 8 octobre
2002, adressée au général Al-Saadi, du Gouvernement
iraquien, par le Président exécutif de la Commission de
contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies et le
Directeur général de l'AIEA, énonçant les
modalités pratiques établies pour donner suite à leur
réunion à Vienne, qui sont les conditions préalables
à la reprise des inspections en Iraq par la Commission et l'AIEA, et se
déclarant extrêmement préoccupé par la persistance
du Gouvernement iraquien à ne pas confirmer les modalités
énoncées dans ladite lettre,
· Réaffirmant l'attachement de tous les
États Membres à la souveraineté et à
l'intégrité territoriale de l'Iraq, du Koweït et des
États voisins,
· Se félicitant des efforts que font le
Secrétaire général et les membres de la Ligue des
États arabes et son secrétaire général,
Résolu à assurer la pleine application de ses
décisions,
· Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des
Nations unies,
o 1. Décide que l'Iraq a été et demeure
en violation patente de ses obligations en vertu des résolutions
pertinentes, notamment la résolution 687 (1991), en particulier en ne
collaborant pas avec les inspecteurs des Nations unies et l'AIEA, et en ne
prenant pas les mesures exigées aux paragraphes 8 à 13 de la
résolution 687 (1991) ;
o 2. Décide, tout en tenant compte du paragraphe 1
ci-dessus, d'accorder à l'Iraq par la présente résolution
une dernière possibilité de s'acquitter des obligations en
matière de désarmement qui lui incombent en vertu des
résolutions pertinentes du Conseil, et décide en
conséquence d'instituer un régime d'inspection renforcé
dans le but de parachever de façon complète et
vérifiée le processus de désarmement établi par la
résolution 687 (1991) et les résolutions ultérieures du
Conseil ;
o 3. Décide qu'afin de commencer à s'acquitter
de ses obligations en matière de désarmement, le Gouvernement
iraquien, en plus des déclarations qu'il doit présenter deux fois
par an, fournira à la Commission et à l'AIEA, ainsi qu'au Conseil
de sécurité, au plus tard 30 jours à compter de la date de
la présente résolution, une déclaration à jour,
exacte et complète sur tous les aspects de ses programmes de
développement d'armes chimiques, biologiques et nucléaires, de
missiles balistiques et d'autres vecteurs tels que véhicules
aériens sans pilote et systèmes de dispersion conçus de
manière à être utilisés sur des aéronefs, y
compris les dotations et les emplacements précis de ces armes,
composants, sous-composants, stocks d'agents et matières et
équipements connexes, l'emplacement et les activités de ses
installations de recherche, de développement et de production, ainsi que
tous les autres programmes chimiques, biologiques et nucléaires, y
compris ceux que l'Iraq déclare comme servant à des fins autres
que la production d'armes ou les équipements militaires ;
o 4. Décide que de fausses informations ou des
omissions dans les déclarations soumises par l'Iraq en application de la
présente résolution et le fait à tout moment de ne pas se
conformer à la présente résolution et de ne pas
coopérer pleinement dans sa mise en oeuvre constitueront une nouvelle
violation patente des obligations de l'Iraq et seront rapportés au
Conseil aux fins de qualification conformément aux dispositions des
paragraphes 11 et 12 ci-dessous ;
o 5. Décide que l'Iraq permettra à la Commission
et à l'AIEA d'accéder immédiatement, sans entrave,
inconditionnellement et sans restriction à la totalité des zones,
installations, équipements, relevés et moyens de transport
qu'elles souhaitent inspecter, y compris sous terre, et d'accéder
à tous les fonctionnaires et autres personnes que la Commission ou
l'AIEA souhaitent entendre, selon des modalités ou à l'endroit
que choisiront la Commission ou l'AIEA, dans l'exercice de leurs mandats
respectifs sous tous leurs aspects ; décide en outre que la
Commission et l'AIEA pourront à leur gré mener des entretiens
dans le pays ou à l'extérieur, faciliter le voyage à
l'étranger des personnes interrogées et des membres de leur
famille et que, à la convenance de la Commission et de l'AIEA, ces
entretiens pourront se dérouler sans la présence d'observateurs
du Gouvernement iraquien ; donne pour instruction à la Commission
et demande à l'AIEA de reprendre les inspections au plus tard 45 jours
après l'adoption de la présente résolution et de le tenir
informé dans les 60 jours qui suivront ;
o 6. Approuve la lettre datée du 8 octobre 2002,
adressée au général Al-Saadi, du Gouvernement iraquien,
par le Président exécutif de la Commission et le Directeur
général de l'AIEA, dont le texte est annexé à la
présente résolution, et décide que le contenu de cette
lettre aura force obligatoire pour l'Iraq ;
o 7. Décide en outre qu'en raison de l'interruption
prolongée par l'Iraq de la présence de la Commission et de l'AIEA
et afin qu'elles puissent accomplir les tâches énoncées
dans la présente résolution et dans toutes les résolutions
pertinentes antérieures, d'établir les règles
révisées ou supplémentaires suivantes, qui auront force
obligatoire pour l'Iraq, afin de faciliter leur travail en Iraq :
§ La Commission et l'AIEA détermineront la
composition de leurs équipes d'inspection et veilleront à ce
qu'elles comprennent les experts les plus qualifiés et les plus
expérimentés disponibles ;
§ Tout le personnel de la Commission et de l'AIEA jouira
des privilèges et immunités, correspondant à ceux des
experts en mission, qui sont prévus par la Convention sur les
privilèges et immunités des Nations unies et par l'Accord sur les
privilèges et immunités de l'AIEA ;
§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'entrer en
Iraq et d'en sortir sans restriction, le droit de se déplacer librement,
sans restriction et dans l'immédiat à destination et en
provenance des sites d'inspection, et le droit d'inspecter tous sites et
bâtiments, y compris d'accéder immédiatement, sans entrave,
inconditionnellement et sans restriction aux sites présidentiels dans
les conditions qui s'appliquent à tous les autres sites, nonobstant les
dispositions de la résolution 1154 (1998) du 2 mars 1998 ;
§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'être
informées par l'Iraq du nom de toutes les personnes qui sont ou ont
été associées aux programmes iraquiens dans les domaines
chimique, biologique, nucléaire et des missiles balistiques ainsi qu'aux
installations de recherche, de développement et de production qui y sont
rattachées ;
§ La sécurité des installations de la
Commission et de l'AIEA sera assurée par un nombre suffisant de gardes
de sécurité de l'Organisation des Nations unies ;
§ La Commission et l'AIEA auront le droit, afin de
bloquer un site à inspecter, de déclarer des zones d'exclusion,
zones voisines et couloirs de transit compris, dans lesquelles l'Iraq
interrompra les mouvements terrestres et aériens de façon que
rien ne soit changé dans un site inspecté ou enlevé de ce
site ;
§ La Commission et l'AIEA pourront utiliser et faire
atterrir librement et sans restriction des aéronefs à voilure
fixe et à voilure tournante, y compris des véhicules de
reconnaissance avec ou sans pilote ;
§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'enlever, de
détruire ou de neutraliser, selon qu'ils le jugeront bon et de
manière vérifiable, la totalité des armes,
sous-systèmes, composants, relevés, matières et autres
articles prohibés s'y rapportant, et de saisir ou de fermer toute
installation ou tout équipement servant à leur fabrication ;
et - La Commission et l'AIEA auront le droit d'importer et d'utiliser librement
les équipements ou les matières nécessaires pour les
inspections et de confisquer et d'exporter tout équipement, toute
matière ou tout document saisi durant les inspections, sans que les
membres de la Commission et de l'AIEA et leurs bagages officiels et personnels
soient fouillés ;
o 8. Décide en outre que l'Iraq n'accomplira ou ne
menacera d'accomplir aucun acte d'hostilité à l'égard de
tout représentant ou de tout membre du personnel de l'Organisation des
Nations unies ou de l'AIEA, ou de tout État Membre agissant en vue de
faire respecter toute résolution du Conseil ;
o 9. Prie le Secrétaire général de porter
immédiatement la présente résolution à la
connaissance de l'Iraq, qui a force obligatoire pour ce pays, exige que l'Iraq
confirme, dans les sept jours qui suivront cette notification, son intention de
respecter pleinement les termes de la présente résolution, et
exige en outre que l'Iraq coopère immédiatement,
inconditionnellement et activement avec la Commission et l'AIEA ;
o 10. Prie tous les États Membres d'accorder leur plein
appui à la Commission et à l'AIEA dans l'exercice de leur mandat,
notamment en fournissant toute information relative aux programmes interdits ou
autres aspects de leur mandat, y compris les tentatives faites depuis 1998 par
l'Iraq pour acquérir des articles prohibés et en recommandant des
sites à inspecter, des personnes à interroger, ainsi que les
conditions des entretiens, et des données à recueillir, le
résultat de ces activités devant être porté à
la connaissance du Conseil par la Commission et l'AIEA ;
o 11. Donne pour instruction au Président
exécutif de la Commission et au Directeur général de
l'AIEA de lui signaler immédiatement toute ingérence de l'Iraq
dans les activités d'inspection ainsi que tout manquement de l'Iraq
à ses obligations en matière de désarmement, y compris ses
obligations relatives aux inspections découlant de la présente
résolution ;
o 12. Décide de se réunir immédiatement
dès réception d'un rapport conformément aux paragraphes 4
ou 11 ci-dessus, afin d'examiner la situation ainsi que la
nécessité du respect intégral de toutes ses
résolutions pertinentes, en vue de préserver la paix et la
sécurité internationales ;
o 13. Rappelle, dans ce contexte, qu'il a averti à
plusieurs reprises l'Iraq des graves conséquences auxquelles celui-ci
aurait à faire face s'il continuait à manquer à ses
obligations ;
o 14. Décide de demeurer saisi de la question.
ANNEXES 3:Crise irakienne : les
intérêts divisent les grandes puissances
ANNEXES 4 : Crise irakienne :
le président Paul Biya reçoit Dominique de
Villepin
ANNEXES 5 : Le Cameroun n'est pas
indécis
ANNEXES 6 :Les raisons de la visite
de Biya aux Etats-Unis
ANNEXES 7 : Atteinte du point
d'achèvement de l'IPPTE : tractation difficile à
Washington
ANNEXES 8 : Attestation de
recherche
130
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4- ARTICLES DE REVUES
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N°9, septembre-octobre 2004, pp.6-14.
Dario, Basttistella, « Prendre Clausewitz au
mot : une explication `'libérale de la liberté en
Irak'' », Etudes internationales, vol.35, N°2004,
pp.124-131.
Ebolo, Martin Dieudonné, « L'implication
des puissancesoccidentales dans le processus de démocratisation en
Afrique : analyse des actions américaine et française au
Cameroun (1989-1997), Africanpoliticalscience, vol 4, N°2,
p.52.
Huntington Samuel, « Why international primacy
matters », International Security, vol.17, N°4, 1993,
pp.146-151.
KojouéKamga, Larissa, « Le
présidentSarkozy et les
relationsfranco-camerounaises »,DynamiquesInternationales,
N°4, 4 mai, 2011, pp.1-17.
Koning, Ruben et Mbarga, jean, « Conflits pour
les ressources naturelles de la péninsule de Bakassi : du global au
local », Ecologie et Politique, Vol.34-1, 2007, pp.63-70.
Koungou, Léon, « Comment construire la
paix dans un espace post-conflictuel ? Le cas de Bakassi »,
Afrique contemporain, Vol.234-2, 2010, pp.22-27.
Moreau Defarges, Philipe, « Le
multilatéralisme et la fin de l'histoire », Politique
étrangère, Vol.69, N°3, 2003, pp.34-39.
IV-CONTRIBUTIONSCOLLECTIVES TIREES
D'OUVRAGES
Melandri, Pierre, « Les Etats-Unis : la
continuation de l'unilatéralisme par d'autres
moyens ? », Le multilatéralisme : nouvelles
formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006,
pp.124-126.
Oyono, Dieudonné, « La seconde guerre du
Golfe et la résurgence des « malentendus
transatlantiques » : le dilemme camerounais », Une
lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et
Larose/Afredit, 2003, pp. 29-34.
Tenenbaum, Charles, « Une diplomatie
globale : conférences et sommets mondiaux », Le
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Paris, La Découverte, 2006, pp.144-151.
V-ARTICLES DE JOURNAUX
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pp.3-4.
Amayena, Nicolas, « Crise irakienne : le
président Paul Biya reçoit Dominique de
Villepin »,Cameroon Tribune, N°7802/4091, 11 mars 2003,
p.2.
Amayena, Nicolas, « Une nouvelle dynamique :
l'excellence des relations entre Yaoundé et Washington se traduit par un
échange de personnalités de haut
rang »,CameroonTribune, N°?, 16 février, 2006,
pp.3-4.
Armane,NdomaBile, « Le cobalt et le nickel de
Lomié en question », La nation,N°94, 15
avril,2003, p.5.
Badjang Ba Nken, « Le baptême de feu pour
la présidence camerounaise au conseil de sécurité
»,Cameroon Tribune, N°7695, 2 octobre 2002, p.3.
Bambou, François, « Quand le point
d'achèvement s'éloigne : comment franchir le point
d'achèvement sans bouger ?C'est le miracle que veut réaliser
le gouvernement », La nouvelle expression,N°1273, 9
juin,2004, pp.5-7.
BoohBooh, Jacques,Ministre des relations
extérieures, « Allocution à la tribune des
Nations Unies, le 26 septembre 1990 à New-York »,Cameroon
Tribune, N°4731 du 28 septembre 1990, p.4.
Cameroon Tribune, « Baroness Amos
consults with president Paul Biya once again », N°7803/4092, 12
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Cameroon Tribune, « Le monde peut-il
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-Etats-Unis :on parle de
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Cameroun : Washingtonapprécie »,N°10038/6239,21
février2012, p.3.
Cameroon Tribune, « Cameroun
-Etats-Unis :l'USAID revient », N°10084/6285, 27 avril
2012, p.2.
CameroonTribune, « Le temps des
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Cameroon
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remembers »,N°7679/3968,11 septembre,2002, p.2.
Cameroun Tribune, « Affaire de
Bakassi :l'appui des Etats-Unis à l'option de
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Cheik Yerim Sek, « Quelles issues juridiques
à la crise ? », jeune Afrique/L'Intelligent,
N°2182, du 4 au 10 novembre 2002, p.3.
D'Alayer,Christian, « il était une fois
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EtoundiMballa, Patrice, « Conseil de
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Faujas, Alain, « A quoi sert le conseil de
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Fouté, Rousseau joel, « Dette du
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Geslin, Jean Dominique, « Victoire volée
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Marchés Nouveaux, N°13, Paris,
Edité par GIDEPPE, novembre 2003,p.115.
Monda Bakoa, « Cameroun-Etats-Unis : on
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Nguegan, jeanFrançois, « L'histoire de
l'initiativePPTE »,N°36,Economia, hors-série,
2007, p.112.
Niels, Marquardt,ambassadeur des Etats-Unis,
interviewréalisée par Cameroon Tribune,20 février
2006, p .4.
Sampson,Anthony, « Etats-Unis/Irak : les
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Owona, Roger, « Le monde peut-il éviter une
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Cameroun »,Cameroon Tribune, N°7789/4078, 14
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Perle, Richard, « Thank you God for the dead of
the UN », Guardian, 21 mars 2003, p.8.
Yanoussa Ben Moussa, « Au secours les
terroristes »,Le point du jour N°, 13 septembre 2014,
p.13.
VI- AUTRES DOCUMENTS
International Crisis Group, « Le Golfe de
Guinée : la nouvelle zone à haut risque »,
Rapport, N°95, 12 décembre, 2012.
Rapport
général, « Troisième conférence des
ambassadeurs », Yaoundé, Ministère des affaires
étrangères, mai 1985.
VII- WEBOGRAPHIES
1-TEXTES OFFICIELS
Résolution 660, disponible sur,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/575/10/IMG/NR057510.pdf
Résolution 678,disponible sur,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf?OpenElement
Résolution 687, disponible sur,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf?OpenElement
Résolution 986,disponible sur,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf
Résolution 1154,disponible sur,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf
Résolution 1284, disponible sur,
http://www.un.org/french/doc/sc/1999/99s1284.htm
Résolution 1441, disponible sur,
http://www.un.org/french/ga/search/view-doc.asp
Projet américano-britanniqued'une nouvelle
résolution contre l'Irak, disponible sur,
http://www.annuairestrategies.info/donnees.asp
Déclaration de Dominique de Villepin, Ministre des
affaires étrangères de la coopération et de la
francophonie, New-York, Nations Unies, 14 février,2003.Disponible sur,
http://discours-vie-publique.fr/notices/033000604html
Georges Walker Bush,discours sur l'état de l'Union,
Washington DC,29 janvier 2002, disponible sur,
http://georgeswbush-whitehouse.archives.gov/
2-SITES OFFFICIELS
Bibliothèque numérique de l'Institut
Français du Cameroun, disponible sur, url :
www.culturetheque.com
Bibliothèquenumérique de l'Université
Catholique d'AfriqueCentrale,disponible sur :
http://41.204.94.197/
Site officiel de l'Organisation des Nations Unies, disponible
sur,
www.un.org
3-ARTICLES NUMERIQUES
Albaret,Mélanie, « L'ONU entre puissance et
multilatéralisme », disponible sur,
http://ceriscope.sciences-po.fr//puissance/content/part3//onu-entre-puissance-etmultilateralisme
Baran,David, « La stratégie du faible face
à la puissance américaine », Politique
étrangère, disponible sur,
www.persee.fr
De la Gorce, P.M, « Ce dangereux concept de guerre
préventive », Monde diplomatique, N°582,
septembre, 2008, disponible sur,
http://www.mondediplomatique.fr
Dupuy,Georges, « Un monde de bruts),
L'Express, disponiblesur,
http://www.lexpress.presse.fr/info/franceirak/dossier.asp?ida=4260
Wallenstein, immanuel, Le déclin de
l'Amérique a commencé : les classiques des sciences
sociales, disponible sur
http://classiques.uqac.ca/contemporains/WALLESRTEIN
Immanuel/declin-amerique /declin.html
Sur, serges, L'hégémonie américaine
en question, disponible sur,
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001240.pdf
Nils, Anderson, Le mal américain,
l'unilatéralisme, coalition internationale contre la guerre,
disponible sur,
www.circg.free.fr
La doctrine Bush de remodelage du Grand
Moyen-Orient : entre idéalisme et pragmatisme, disponible sur,
http://www.diploweb.com/forum/croisier1.htm
Novesseloff, Alexandra, « L'essor du
multilatéralisme : principes, institutions et actions
communes», Paris, IRFI, disponible sur,
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FDOO1434-pdf
« Nigeria's reaction to the judgement of the
International Court of Justice at the Hague », disponible sur,
http://www.nigeriaembassyusa.org/110802-11.shtml
Marc Aicardi de saint Paul, « La France et le
déclenchement de la guerre en Irak », L'Europe et les
crimes au Moyen-Orient, Géostratégique, N°15, Paris,
2003, disponible sur,
www.academiedegeopolitiquedeparis.com
Samir Nair, « Véritable enjeu de la guerre
américaine en Irak », disponible sur,
www.liberation.fr
Virgile, Coujard, « La crise irakienne à
travers le prisme de la multipolarisation »,communication
présentée lors du 10 ème congre de l'Association
française de science politique, Grenoble, 2009, disponible sur,
https://fr.linekedin.com/in/virgile-coujard-b9440797
Lafarge, Gabrielle et Novesseloff,
Alexandra, « L'ONU et la crise irakienne », disponible
sur,
www.diplomatie.gouv./fr/fr/IMG/pdf/lafarge.pdf
4-AUTRES SOURCES NUMERIQUES
Carte illustrant la nomenclature du système des nations
unies, disponible sur,
http://.org/fr/aboutun/structure/chart.pdf
Carte illustrant la péninsule de Bakassi, disponible sur,
http://www.google.com/search?q=carte+de+bakassi+lesaccords+de+greentree
Carte illustrant le domaine maritime et continentale des pays du
golfe de Guinée, disponible sur,
http://www.afriqueindex.com/articles/carte-afrique.htm
VIII- SOURCES ORALES
Noms et Prénoms
|
Ages
|
Professions
|
Lieux et dates de l'entretien
|
Anonyme
|
55 ans environ
|
Diplomate
|
MINREX, le 19 décembre 2017
|
Bidias, René
|
35 ans environ
|
Enseignant
|
Yaoundé, le 14 février 2018
|
Kamga, Edmond
|
52 ans environ
|
journaliste
|
Yaoundé, le 13 décembre 2019
|
Nsatma,Jean Dieudonné
|
65 ans environ
|
Ministre plénipotentiaire Hors-échelle /ancien
Diplomate
|
Yaoundé, le 2 octobre 2019
|
Anonyme
|
49 environ
|
Enseignant
|
Yaoundé,le 5 janvier 2018
|
Anonyme
|
44 ans environ
|
Journaliste
|
Yaoundé,le 19 décembre 2017
|
Anonyme
|
65 ans environ
|
Opérateur économique
|
Yaoundé, le 14 février 2018
|
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
ii
SOMMAIRE
iii
RESUME
iv
ABSTRACT
v
LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET
ACRONYMES
vi
LISTE DES CARTES
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
I- CONTEXTE DE
L'ETUDE
2
II- RAISONS DU CHOIX
DU SUJET
4
III- INTERET DU
SUJET
5
A- Intérêt scientifique
5
B- Intérêt politique
6
C- Intérêt académique
6
IV- OBJECTIF DE LA
RECHERCHE
6
V- CLARIFICATION DES
CONCEPTS
7
A- Diplomatie
7
B- Crise
9
VI- DELIMITATION
TEMPORELLE DU SUJET
12
VII- REVUE CRITIQUE
DE LA LITTERATURE
12
VIII-
PROBLEMATIQUE
15
IX- HYPOTHESES DE
TRAVAIL
16
X- DEMARCHES
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
16
A- Le cadre théorique de l'analyse
16
La théorie mobilisée : le
réalisme
17
B- La méthodologie
18
XI- DIFFICULTES
RENCONTREES
20
XII- PLAN DE
TRAVAIL
21
PREMIERE PARTIE
22
L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE
MULTILATERALISME INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA
GEOPOLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES
22
CHAPITRE I
23
LE CONTEXTE INTERNATIONAL DES ANNEES 2000 :
ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN
23
A- LE CONFLIT
IRAKIEN COMME ENJEU DU MULTILATERALISME
24
1- La tentation unilatéraliste des
Etats-Unis
24
2- L'ONU et la consécration du
multilatéralisme
33
B- LES ENJEUX ET
DEFIS INTERNATIONAUX DE LA CRISE IRAKIENNE DE 2003
41
1- Pour les Etats-Unis et la Grande Bretagne
: assurer la légitimité politique et la légalité
internationale de la guerre
41
2- Pour la communauté
internationale : le respect de la légalité internationale et
la prise en compte d'un monde multipolaire
45
CONCLUSION DE CHAPITRE
51
CHAPITRE II
52
LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 : ETIOLOGIE
ET SYMPTOMATOLOGIE
52
A- LA PREMIERE
GUERRE DU GOLFE ET SES CONSEQUENCES
53
1- L'invasion du Koweït et la riposte
Onusienne
53
2- Les sanctions imposées à
l'Irak à l'issue du conflit
54
3- Des sanctions sous fonds de manoeuvres
dilatoires des autorités irakiennes
55
B- LA CRISE
IRAKIENNE AU CONSEIL DE SECURITE
58
1- La résolution 1441 et ses
enjeux
59
2- Le retour des inspections de l'ONU et la
coopération irakienne de façade
61
3- L'affrontement entre les deux camps
63
CONCLUSION DE CHAPITRE
68
DEUXIEME
PARTIE:
LE CAMEROUN ET LA
CRISE
IRAKIENNE DE 2003
69
CHAPITRE III
70
LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISE
IRAKIENNE DE 2003
70
A- LE CAMEROUN PROTAGONISTE
INVOLONTAIRE DE LA CRISE IRAKIENNE
71
1- Le Cameroun : membre non-permanent du
Conseil de Sécurité
71
2- Le rôle du Conseil de
Sécurité dans l'architecture paix de l'Ordre international
74
B- LE CAMEROUN FACE A LA CRISE
IRAKIENNE
78
1- « Bâtir la paix dans la
paix »
78
2- OEuvrer pour la conciliation et le respect
de l'arbitrage des institutions internationales
85
CONCLUSION DE CHAPITRE
90
CHAPITRE IV
91
LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENT DU CAMEROUN
AUX COTES DES USA
91
A-
L'APPROFONDISSEMENT DES RELATIONS ENTRE YAOUNDE ET
WASHINGTON
92
1- La coopération
politico-diplomatique
92
2- La coopération
diplomatico-économique
97
3- L'amélioration de l'image du
Cameroun à l'international
100
B- LE SOUTIEN DES
ETATS-UNIS SUR LA SCENE INTERNATIONALE
103
1- Le coup de pouce providentiel des
Etats-Unis auprès des institutions de Bretton Woods et en matière
de désendettement bilatéral
104
2- Le verdict de La Haye et la
stratégie américaine de résolution du conflit de
Bakassi
108
3- Le soutien des Etats-Unis en
matière de sécurité sous régionale
113
CONCLUSION DE CHAPITRE
118
CONCLUSION GENERALE
119
ANNEXES
122
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
135
TABLE DES MATIERES
146
* 1Le régime irakien a
refusé le programme « pétrole contre
nourriture » en 1995, poursuivant la mise en oeuvre de son propre
système de rations alimentaires. Face à une crise
financière sans précèdent susceptible d'affaiblir son
pouvoir, le régime irakien accepte finalement ce dispositif humanitaire,
par lequel l'ONU importe les biens de première nécessité,
les autorités irakiennes devant assurer leur distribution (sauf dans les
zones autonomes kurdes, du nord de l'Irak).
* 2Madeleine,
Albright, « Preserving principle and safeguarding stability:
United States policy towards Iraq », Georgetown University,
Washington DC, 26 mars 1997. Disponible sur le site internet,
www.states.gov/statements/1997/970326.html
, consulté, le 4 janvier 2018.
* 3Les
néo-conservateurs sont un courant idéologique aux Etats-Unis
incarnés par un groupe d'intellectuels et d'experts
généralement proches du parti républicain. Ils
défendent une politique de fermeté en matière de politique
extérieure et de défense et prônent un interventionnisme
militaire à l'étranger.
* 4Narcisse, Mouelle Kombi,
La politique étrangère du Cameroun, Paris,L'Harmattan,
p.16.
* 5Narcisse, Mouelle Kombi,
La politique étrangère du Cameroun, p.28.
* 6Ibid., p.22.
* 7Madeleine, Grawitz,
Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1987, p.4.
* 8 Jean-Gilles,
OkonoOkono, « La fin de la rivalité Est-Ouest et
l'intervention extérieure en Afrique : un essai
d'interprétation de la nouvelle politique américaine des conflits
africains », thèse de Doctorat de 3e cycle,
Yaoundé, IRIC,2000,p.25.
* 9Charles, Debach, al,
Lexique de politique, 7ème édition, Paris, Dalloz, 2001,
p.141.
* 10Raoul, Delcorde, Les
mots de la diplomatie, Paris, L'Harmattan, 2006, p.34.
* 11Charles, Okala fut,
Ministre des Affaires étrangères, du 16 mai 1960 au 20 octobre
1961.
* 12Georges Patrice, Etoa
Oyono, « Diplomates et Personnels administratifs dans les
représentations diplomatiques : cas de l'ambassade du Cameroun
à Paris (1960-1982 ) », thèse de Doctorat en Histoire,
Faculté des Arts,Lettres et Sciences Humaines, Université de
Yaoundé I, p.14.
* 13Lexique de
politique, 7ème édition, Paris, Dalloz, 2001.
* 14Platon, philosophe grec,
V ème siècle avant jésus Christ.
* 15Jean-Louis, Dufour,
Un siècle de crises internationales : de pékin (1900) au
Caucase (2008), Bruxelles, Edition André Versailles, 2009, p.18.
* 16Ibid.
* 17Ibid.
* 18Ibid. pp.18-19.
* 19Ibid.
* 20Jean louis, Dufour et
Alexandra, Schwartzbrod, Le président qui n'aimait pas la
guerre, Paris, Plon, 1995, p.34.
* 21René,
Bidias, « La première crise politique congolaise vu par
la presse camerounaise d'expression française :
1960-1965 »,Essai d'analyse historique, Mémoire de DIPES II en
Histoire, ENS, Yaoundé, 2011, P.6.
* 22Narcisse, Mouelle Kombi,
La politique étrangère du Cameroun, Paris,
L'harmattan,1996.
* 23Fozein Kwanke, La
politique étrangère du Cameroun, Yaoundé, IRIC,
2010.
* 24Dieudonné,
Oyono, « La seconde guerre du golfe et la résurgence des
« malentendus transatlantiques » : le dilemme
camerounais »,Une lecture africaine de la guerre en Irak,
Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003.
* 25Christian, Bepi Pout et
Hugues Pauline, Bend, « Guerre du Golfe, épisode 2 : une
analyse de la réception de la couverture du conflit dans la presse
camerounaise », Une lecture africaine de la guerre en Irak,
Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003.
* 26Lire, en annexe et en
bibliographie.
* 27Melvin,Akam, « La
`'danse indansable `' du président Biya »,Le
Messager, repris par Courrier International, N° 645, 13 mars
2003.
* 28Arthur, Nguiamba,
« Les raisons de la visite de Paul Biya aux
Etats-Unis »,La Nation, N°93, 1er avril
2003.
* 29Edmond, Kamguia,
« L'énigmatique tête à tête Biya -
Bush »,La Nouvelle expression, N°1209, 31decenmbre
2003.
* 30F.,
NgayapNgandeu, « La Conférence des Ambassadeurs :une
illustration de la mise en oeuvre de la politique étrangère du
Cameroun 1960-1985 », Mémoire de Maitrise en
Histoire,Yaoundé, Université de Yaoundé I, 2008.
* 31Gerald, Djounang
Nanga, « Le Ministère des relations exterieures et la
participation du Cameroun au Conseil de Sécurité »,
Rapport de stage/diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002.
* 32Jean Emanuel, Pondi,
Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose
/Afredit,2003.
* 33Jean Emmanuel, Pondi,
Du zaïre au Congo Démocratique. Les fondements de la
crise, Yaoundé, Editions du CRAC, `'collection
comprendre'',1997.
* 34Raymond, Aron,
« Qu'est-ce qu'une théorie des relations
internationales », in Revue Française de Sciences Politique,
17e année, N°5, 1967, p.838, cité par Siegfried,
KamgaNkuissa, « Le déploiement militaire des Etats-Unis en
Afrique dans un contexte d'édification de la sécurité
collective régionale », Mémoire de Master/option
diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017, p.23.
* 35Hans, Morgenthau,
Politics among nations. The struggle for power and peace,
2eédition, New York, Edition A. Knopf, 1948.
* 36Kenneth, Waltz,
Theory of international Politics,..., Addison-Wesley, 1979.
* 37Raymond, Aron, Paix
et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1962.
* 38Thiyembe
Mwayila, « La stratégie EST-OUEST en Afrique »,
cité par Jean Gilles OkonoOkono, « La fin de la
rivalité EST-OUEST et l'intervention extérieure en
Afrique,... », p.13.
* 39Il s'agit, en effet, de la
deuxième guerre d'Irak à laquelle participent les Etats-Unis et
certains Etats européens. La première ayant eu lieu en 1991,
suite à l'invasion du Koweït par l'Irak, le 2 aout 1990. Toutefois,
si nous nous situons du point de vue irakien, nous parlerions de la
troisième guerre d'Irak ; car la première ayant
opposée ce pays a son voisin l'Iran (1980 à 1988).
* 40Jacques, Attali,
Demain, qui gouvernera le monde ? Espagne, Blackprint CPI, 2012,
p.179.
* 41 Pascal Boniface affirme
que :« l'unilatéralisme actuel des Etats-Unis est un
choix politique délibéré ». Car au lendemain de
la seconde Guerre Mondiale, la puissance américaine était
relativement supérieure à celle d'aujourd'hui, pourtant le
système international qu'ils ont mis en place était fondé
sur le multilatéralisme et la création des grandes organisations
internationales : l'ONU, le FMI, le GATT..., Lire, Pascal, Boniface,
Atlas des relations internationales, Paris, Hatier, 2003, pp.56-57.
* 42Virgile,
Coujard, « La crise irakienne à travers le prisme de la
multipolarisation », inCommunication présentée lors du
10ème Congres de l'association française de science
politique,Grenoble, 7-9 septembre, 2009, p.6. Disponible sur,
http://fr.linekedin.com/in/virgile-coujard-b9440797,
consulté, le 16 décembre 2016.
* 43Le 11 septembre 2001,
deux avions de la compagnie American Airlines percutent les tours
jumelles du Word trade center à New York. Quelques minutes
plus tard, un troisième avion s'écrase sur le Pentagone,
siège du Département de la Défense à Washington DC.
Tandis que qu'un quatrième, volant toujours en direction de Washington
et probablement vers la Maison Blanche, s'écrase en rase campagne, en
Pennsylvanie, après que les passagers et les membres d'équipages
aient tenté d'en prendre le contrôle. Le réseau terroriste,
Al-Qaïda, dirigé par Oussama Ben Laden, revendique alors
l'attentat qui fait 3000 morts et 6000 blessés.
* 44Le 7 décembre
1941, les japonais bombardent la base américaine de Pearl Harbor, dans
les iles Hawaï, coulant ou mettant hors de combat 18 navires de la marine
américaine, détruisant 117 avions, tuant 3303 américains
et en blessant 1272. Cette attaque précipita, l'entrée des
Etats-Unis en guerre, en 1942, au côté des Alliés.
* 45Le
néo-conservatisme, bien que n'étant pas le sujet central de cette
étude, intéresse, en raison du rôle qu'il a joué
dans la riposte américaine adoptée suite aux attentats du 11
septembre 2001. On note que la plupart des néo-conservateurs de
première génération étaient des trokistes au cours
des années 1930. Dans les années 1940, ils se sont
« deradicalisés » et ont abandonné leurs
idéaux révolutionnaires trokistes, avant de se réconcilier
avec l'Amérique et rejoindre le consensus libéral contre le
communisme. Dans les années 1960, le mouvement a commencé
à prendre de l'importance comme une reaction à l'évolution
du libéralisme américain vers la gauche. Dans les années
1970, avec la montée des questions externes comme le danger de
l'expansionnisme soviétique, les néo-conservateurs vont
s'intéresser de manière croissante à la politique
étrangère américaine, qui devint la raison d'être du
mouvement. Leur politique étrangère se traduit par un
anticommunisme intransigeant. Dans les années 1990, avec le
bouleversement du contexte international, dû à la chute du mur de
Berlin, le mouvement néo-conservateur se renouvelle et prend une
nouvelle identité, qui vise à étendre
l'hégémonie et l'unilatéralisme américain à
travers le monde, même en dépit, de l'absence, d'une menace
soviétique.
* 465ème
président des Etats-Unis (1816-1824), James Monroe naquit le 28 avril
1758 en Virginie. Sa carrière politique débute avec son
élection à l'Assemblée de Virginie en 1786 où il
siège pendant quatre ans. Cependant, il ne parvint pas à se faire
élire comme membre du premier Congrès des Etats-Unis, qui voit le
jour sous la présidence de James Madison. Le nom de Monroe est surtout
marqué par sa fameuse doctrine exprimée au Congrès et qui
allait devenir le fondement de la politique étrangère des
Etats-Unis. En effet, la puissance réelle de cette doctrine vient de ce
que pour reprendre les termes du secrétaire d'Etat John Quincy Adams,
est un avertissement à l'Europe de « ne pas approcher la
main » de l'hémisphère occidental. Outre cet
avertissement donné à l'Europe et qui marque par
conséquent une certaine ligne idéologique de la politique
étrangère des Etats-Unis, l'action du président Monroe
sera tour à tour marquée aussi par l'acquisition de la Floride
à l'Espagne en 1819 et de l'adoption d'une législation connue
sous le nom de « Compromis du Missouri »,
conséquence du premier sérieux différend entre le Nord et
le Sud. D'après ce compris, le Missouri entra dans l'Union en tant
qu'Etat esclavagiste, mais dans tout le reste du territoire acquis par l'achat
de la Louisiane, l'esclavage devait être à jamais interdit au Nord
de la frontière Sud du Missouri. Le Maine fut alors
détachée du Massachussetts et admis dans l'Union en tant qu'Etat
non esclavagiste, de manière à ce que le nombre des Etats
esclavagistes et non esclavagistes s'équilibrent. A ce propos, lire,
Maxim. E, Armbuster, Au service du peuple : les présidents des
Etats-Unis, Paris, Les éditions Internationales, 1964.
* 47-Theodore Roosevelt,
25ème président des Etats-Unis (1896-1904) est né le 27
octobre 1858 à New York. Diplômé de l'université de
Harvard, Roosevelt n'avait pas encore quarante-trois ans lorsqu'il
accède à la Maison Blanche. Il est alors le plus jeune de tous
les présidents des Etats-Unis. Animé d'une énergie
débordante et partisan d'un Gouvernement central fort, il se
révéla aussi être un ardent réformateur. Mais le
renom international de Roosevelt est en grande partie lié à la
construction du canal de Panama, commencé en 1904. Le Congres offrit 40
millions de dollars aux français qui avaient percé le canal de
Suez et s'étaient déjà mis au travail à Panama
plusieurs années auparavant pour qu'ils abandonnent à
l'Amérique leurs droits sur Panama et leur matériel. Quant
à la Colombie propriétaire du terrain, on lui proposa 10 millions
en plus d'une rente annuelle de deux cent cinquante mille dollars. Mais le
Gouvernement colombien refusa l'offre. Roosevelt fut alors accusé de
vouloir aider Panama à se séparer de la Colombie. Qu'elle qu'ait
pu être l'aide de Roosevelt, Panama se révolta contre le
Gouvernement central colombien et devint une république
indépendante avec laquelle les Etats-Unis discutèrent directement
de la question du canal.
* 48Maxim. E. Armbuster, Au
service du peuple : les présidents des Etats-Unis, Paris,
1964, Les éditions Internationales, p.189.
* 49- Robert Kagan, politologue
américain, est le chef de file des néo-conservateurs et
cofondateurs avec I.Kristol du « Think tank » Project for
the New American Century (PNAC).
* 50- Irving Kristol est un
journaliste,éditorialiste américain
néoconservateur,partisan passionné d'Israël, de la
puissance américaine et du renforcement de la présence
américaine au Moyen Orient.
* 51Nevzat Arslan,
« La place de l'identité dans la politique
étrangère. Le cas de la Turquie dans la période post 11
septembre 2001 », thèse de Doctorat de Sciences politiques,
Lièges, Université de Lièges, 2001, p.146, disponible sur,
www.droit.uliege.be/cms/c-268001.fr/doctorat
.Consulté, le 4 janvier 2017.
* 52Ibid.
* 53 Stephan, Halper et
Jonathan, Clarke, America alone. The neoconservatives and global
order, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p.103.
* 54La politique de
« containment » ou endiguement fut énoncée en
1947, par le président Harry Truman. Il s'agissait de combattre la
menace communiste par l'arme économique et non par la violence et de
répondre à l'intimidation par la fermeté. Les Etats-Unis
se disent alors prêts à fournir des aides financières
massives à tous les pays désireux de rester libres et de
s'affranchir de la tutelle soviétique.
* 55Hubert, Védrine,
« Le néoconservatisme et l'hyperpuissance
américain », in Figaro, 8 février 2008.
Disponible sur,
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/02/08/01005-20080280ARTFIG00450.
Consultée, le 30 novembre 2016.
* 56L'expression
« Axe du Mal » fait référence à deux
expressions distinctes de l'histoire géopolitique du XXème
siècle : l'« Axe » renvoi à l'alliance
entre l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le japon durant la seconde GM,
que le président Roosevelt avait appelé à combattre. Quant
au « Mal », il est attribuée au président
Donald Reagan (1980-1988) dans un discours prononcé en 1981, qui avait
désigné l'Union soviétique comme étant
l'« Empire du Mal ». En tout état de cause, la
notion d'« Axe du Mal » renvoie à l'ensemble des
ennemies de l'Amérique, passée de la lutte contre le nazisme et
le communisme à la guerre contre l'intégrisme terroriste. En
dénonçant, l'« Axe duMal » que constituerait,
par exemple, l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord, le président
Georges Walker Bush, s'est posé en
« héritier » des défenseurs des valeurs de
l'Occident. Cette rhétorique fut désapprouvée par un grand
nombre d'historiens et d'analystes géopolitiques, dans la mesure
où ces trois pays sont loin de représentés une coalition
organisée, défendant des ambitions partagées
(contrairement à l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste, le japon
militariste des années 1930). A noter que l'on retrouve une nouvelle
fois cette intention dans l'Administration américaine d'établir
un parallèle entre la situation géopolitique du nouveau
millénaire avec celle de la seconde GM.
* 57Discours du
président américain Georges Bush au Congrès, le 14
février 2004.
* 58Ela Wullson,
Mvomo, « L'Irak : pas décisif vers
l'empire ? »,Une lecture africaine ..., p.50.
* 59Julie,
Benmakhlouf, « La relation franco-américaine à
l'épreuve de la question irakienne : la contestation d'un
modèle occidental alternatif », thèse de Doctorat de
Droit Public, Lille, Université Lille Nord de France, 2014, p.135,
disponible sur,
http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01144181/document,
consulté, le 5 janvier 2017
* 60Nicolas, Guyatt,
Encore un siècle américain ?, Tunis, Presses des
Imprimeries Réunies, 2002, P.91.
* 61Pierre,
Melandri, « Les Etats-Unis : la continuation de
l'unilatéralisme par d'autres moyens ? »,Le
multilatéralisme : nouvelles formes de l'action
internationale, Paris, La Découverte, 2006, p.208. Notons que, au
cours de l'Administration Clinton (1992-2000), bien qu'encline au
multilatéralisme, les Etats-Unis sont intervenus en Somalie, en 1993,
à Haïti, en 1994, au Kossovo, en 1999, sans base juridique
explicite de l'ONU.
* 62Richard, Perle,
« Thank you God for the death of the UN »,in The
Guardian post, 21 mars, 2003, p.6.
* 63Mélanie,
Albaret, « L'ONU entre puissance et
multilatéralisme », disponible sur,
http://ceriscope.sciences-po.fr/puissance/content/part3//onu-entre-puissance-etmultilateralisme
, consulté, le 13 mars 2019.
* 64Charles,
Tenenbaum, « Une diplomatie globale : conférences et
sommets mondiaux » in Le multilatéralisme : nouvelles
formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006,
P.81.
* 65Alexandra Novesseloff,
L'essor du multilatéralisme : principes, institutions et
actions communes, Paris, IRFI, p.305. Disponible sur, http :
www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FDOO1434-pdf
. Consulté, le 5 janvier 2017.
* 66Frank Petiteville,
Le multilatéralisme, Paris, Montchrestien, 2009.
*
67Alexandra,Novesseloff,L'essor du
multilatéralisme, p.305.
* 68 Guillaume, Devin et
Marie Claude, Smouts,Les organisations internationales, Paris, Armand
Colin, p.29.
* 69 Charte des Nations
Unies,article 2, alinéa 7.
* 70 Statut de Rome de la
Cour Pénale Internationale, article 5, alinéa 1.
* 71Charte de l'ONU,
chapitre III, article 52, alinéa 1.
* 72Christian, Edmond Bepi
Pout, Sécurité humaine et diplomatie de l'émergence :
enjeux pour le Cameroun, Yaoundé, Les Presses Universitaires de
Yaoundé, 2013, p.142.
* 73Virgil, Coujard,
« La crise irakienne à travers le prisme de la
multipolarisation », p.10.
* 74Mélanie,
Albaret, « l'ONU entre puissance et
multilatéralisme »,p.24.
* 75 Virgile, Coujard, p.8.
* 76Il est important de
souligner la différence entre les concepts de prévention et de
préemption. Contrairement, à la guerre préventive ;
la guerre préemptive est reconnue par le droit international. Car, la
guerre préemptive ou guerre à chaud, peut être
engagé lorsqu'il y a des preuves matérielles démontrant
l'imminence d'un danger et justifiant ainsi la nécessité d'agir.
Tandis que, la guerre préventive ou guerre à froid est
destinée à lutter contre une menace plus stratégique. A
ces propos, lire, Narcisse, Mouelle Kombi, La guerre préventive et
le droit international, Paris, Dianoima, 2007 ; ou De La Gorce,
P.M., « Ce dangereux concept de guerre
préventive » in Le Monde Diplomatique, N°582,
septembre, 2008, p.1. Disponible sur,
http://www.monde-diplomatique.fr
.Consulté, le 5 janvier 2017.
* 77Samir Nair,
« Véritable enjeu de la guerre américaine en
Irak », disponible sur,
www.liberation.fr,
consulté, le 4 septembre 2020.
* 78« L'ellipse
stratégique de l'énergie » est une zone qui part de la
péninsule arabique à l'Asie centrale.
* 79Anthony, Sampson,
« Etats-Unis/Irak : les pétroliers contre les
faucons », Jeune Afrique/L'Intelligent, N°2191, du 5 au 11
janvier 2003, pp.46-47.
* 80Ibid.
* 81Coujard,
Virgile, pp.9-10.
* 82Ibid.
* 83Le
néoréalisme (aussi appelé le réalisme
structurel)est un courant théorique dans la discipline des relations
internationales. Il a été fondé par Kenneth Waltz dans son
ouvrage, Theory of International Politics. Des auteurscomme, Robert
Gilpin, joseph Grieco, Robert Jervis,Stephen Walt peuvent également
être classés dans ce courant. Le néoréalisme est
donc une tentative de reformulation du réalisme classique (celui de Hans
Morgenthau, EdwardHallett) dans une approche rigoureuse et positiviste.
* 84BRIC, acronyme
représentant quatre grandes économies émergentes, le
Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, s'est transformé en BRICS,
le 14 avril 2011, en intégrant l'Afrique du sud (`'S''pour South
africa). Ces quatre pays représentent 40% de la population mondiale et
pourrait également assurer 40% PIB mondial d'ici 2050.
* 85 Virgile, Coujard,
p.10.
* 86Ibid.
* 87Axe comprenant
notamment, l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Irak, l'Arabie saoudite, la
Turquie, et la Géorgie.
* 88Georges, Dupuy,
« Un monde de brut », L'Express, 13 février
2003, disponible sur,
http://www.lexpress.presse.fr/info/france/dossier/franceirak/dossier.asp?ida=426094,
consulte, le 16 septembre 2020.
* 89Ibid.
* 90Ibid.
* 91Ibid.
* 92Dans cette
résolution, les membres du Conseil de Sécurité constatent
une rupture de la paix et de la sécurité internationale et
s'engagent à nouveau à se réunir pour décider des
mesures à prendre contre l'Irak pour restaurer
l'intégralité territoriale et la souveraineté du
Koweït. Lire l'intégralité de la résolution sur le
site des Nations Unies,
http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/575/10/IMG/R057510.pdf,
consulté, le 15 décembre 2017.
* 93Résolution
disponible sur le lien,
http://www..un.org/fr/documents/view-doc.asp?symbo=S/RES/678/(1990),
consulté, le 15 décembre 2017.
* 94Sur la base de la
résolution 688 du 5 avril 1991, qui condamne les violations graves
perpétrées par le régime irakien contre ses populations
civiles kurdes et chiites, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France avaient
mis en place deux zones d'interdiction de vols, au nord et au sud de l'Irak
(« Povidecomfort ») au nord du 36e parallèle et
(« Southernwatch ») au sud du 32e
parallèle, étendu unilatéralement par les Etats-Unis et le
Royaume-Uni au sud du 33e parallèle.
* 95Deux principaux dogmes
composent la communauté des Musulmans à travers le monde :
le sunnisme, courant majoritaire, et le chiisme, qui est partagé par
environ 15% des croyants. Ce schisme entre les deux courants s'est
opéré dès la succession du prophète de Mahomet.
L'Irak actuel est composé d'une diversité de groupe ethniques et
de minorités religieuses. Les chiites représentent environ 55% de
la population, les sunnites 40% et les autres minorités (kurdes
notamment) 3 à 4%. Dès son arrivée au pouvoir, en 1969,
Saddam Hussein met en oeuvre la répression systématique du
chiisme politique.
* 96Résolution 986,
disponible sur,
http://daccess-dds-ny.un.org/org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/23/IMG/INR0596623.pdf?OpenElement,
consulté, le 16 décembre 2017.
* 97Durant la
décennie 1990, la population irakienne vit dans des conditions
humanitaires extrêmes. La résolution 986 met en place le programme
« pétrole contre nourriture » pour atténuer
les effets de l'embargo imposé à l'Irak. Il est assoupli à
partir de 1996 pour des raisons humanitaires. Dans le cadre de ce programme,
l'Irak est autorisé à vendre 1.2 millions de barils de
pétrole par jour contre les produits de première
nécessité. Mais, les enquêtes autour de ce programme
révèlent au début des années 2000 que les fonds
obtenus dans le cadre de cet accord ont été
systématiquement détournés par Saddam Hussein et son
entourage, qu'ils utilisaient à des fins d'enrichissement personnel,
parfois avec la complicité des fonctionnaires de l'ONU et certains chefs
d'Etats étrangers.
* 98Résolution 1154,
disponible sur,
http://www.un.org/french/doc/sc1998/98s1154.htm,
consulté, le 16 décembre 2017.
* 99COCOVINU, ou UNMOVIC en
anglais, sigle le plus usité.
* 100Résolution
disponible sur le site officiel de l'ONU, http :
www.org/french/documents/view-doc.asp,
consulté, le 5 février 2018.
* 101Ibid.
* 102Ibid.
* 103Ibid.
* 104Ibid.
* 105Gabrielle, Lafarge et
Alessandra, Novesseloff, « L'ONU et la crise irakienne »,
disponible sur,
www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/lafarge.pdf
, consulté, le 5 février 2018, p.24
* 106D'une portée de
déclarée inférieure à 150 km, le
développement par l'Irak de ses missiles Al-Samoud était
autorisé par l'ONU. Pour autant, les doutes entourant ces programmes,
portant notamment sur la découverte d'installations connexes
surdimensionnées, amènent la COCOVINU à poursuivre la
démarche suggérée un temps par l'UNSCOM et visant au
démantèlement et à la destruction de ces programmes.
* 107Gabrielle, Lafarge et
Alessandra, Novesseloff, « L'ONU et la crise
irakienne », p.246
* 108Ibid.
* 109Déclaration de
Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de la
coopération et de la francophonie, devant le Conseil de
Sécurité, New York, Nations Unies, 14 février 2003.
Disponible sur,
http://didcours-vie-publique.fr/notices/033000604html,
consulté, le 5 février 2018.
* 110Sur instruction du
président Bush, Colin Powell, Secrétaire d'Etat, insiste
notamment sur la volonté de dissimulation d'éléments de
preuves des autorités irakiennes au cours des inspections. Six photos
satellites sont présentées à l'attention des membres du
Conseil de Sécurité, comme ayant été prises avant
les inspections et montrant selon lui, le nettoyage des sites
opérés par les irakiens. Un enregistrement sonore
d'écoutes téléphoniques entre les officiels irakiens
présentés comme membres de la Garde républicaine est
aussi diffusé pour montrer le trafic des archives et documents
officiels.
* 111Déclaration de
Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de la
coopération et de la francophonie, devant le Conseil de
Sécurité », New York, Nations Unies, 14 février
2003.
* 112Lire Projet
hispano-américano-britannique d'une nouvelle résolution contre
l'Irak. Disponible sur, http : //
www.annuairestrategiesinfo/données.asp,
consulté, le 6 février 2018.
* 113Julie, Benmakhlouf,
« La relation franco-américaine autour de la question
irakienne : la contestation d'un mode occidental alternatif »,
thèse de Doctorat en Droit public, Lille, Université de Lille
II,2014, p.248, disponible sur,
htpp://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01144811/document, consulté,
le 13 août 2020, p.248.
* 114Les principaux pays
membres de la coalition militaire au côté des Etats-Unis sont
entre-autres : le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, l'Australie, le Japon,
les Pays-Bas et le Portugal.
* 115Le 1er mai,
soit six semaines après le début du déclenchement des
hostilités, le régime irakien de Saddam Hussein
s'effondra.Après plusieurs mois de captivité, Saddam Hussein est
arrêté puis incarcéré ; jugé et
condamné à mort (par pendaison)en 2006.
* 116David, Baran,
« La stratégie du faible face à la puissance
américaine », Politique étrangère,
disponible sur,
www.persee.fr,consulté, le 26
septembre 2020, p. 407.
* 117Le terme de Croisade,
employé par le président Georges Walker Bush, au lendemain des
attentats du 11 septembre 2001, avait déclenché de très
vives réactions à travers le monde, notamment en Irak. A ce
propos, lire par exemple, P. Ford, « Europe Cringes at Bush
`'Crusade''aigainstTerrorists », The Christian Science
Monitor, 19 septembre 2001.
* 118En octobre 2002, les
Etats-Unis accusaient la Syrie de recel de l'armement irakien illicite,
accusations graves auxquelles les syriens opposèrent un démenti
formel, le 25décembre. Ces accusations furent perçues en Irak
comme des signes avant-coureurs d'une menace syrienne à combattre.
* 119Comme ce fut le cas
dans les missions de maintien de la paix suivantes : l'Autorité
Provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC) de 1992 à 1993, pour
laquelle le Cameroun a fourni 75 éléments de force de police. La
Mission intérimaire de l'administration des Nations Unies au Kosovo
(MINUK) où le pays fourni 21 Agents de police.
* 120Tels : le COPAX,
le comité consultatif permanent des Nations Unies chargés des
questions de sécurité en Afrique centrale (CCPNU/AC).
* 121Gerald, Djounang
Nanga, « Le ministère des relations exterieures et la
participation du Cameroun au Conseil de Sécurité des Nations
Unies », Rapport de stage académique/diplomatie,
Yaoundé, IRIC, 2002, pp.2-4
* 122Voir, chapitre I,
article 1er, alinéa 4 de la Charte des Nations Unies.
* 123 Gerald, Djounang
Nanga, « Le ministère des relations extérieures et
la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité des Nations
Unies », Rapport de stage /diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002,
p.2. En effet, selon, G., Djounang Nanga, le Cameroun fut élu par une
large majorité de voix : soit 172 sur 177 votants.
* 124Patrice, Etoundi
Mballa, « Conseil de Sécurité : le Cameroun
passe le relais à la Chine », in Cameroon Tribune,
N°7717, le 4 novembre, 2002, pp.6-7.
* 125Ibid.
* 126 Article 25 de la
Charte des Nations Unies.
* 127Charte des Nations
Unies, article 27, alinéa 1.
* 128Alain,
Faujas, « A quoi sert le Conseil de
Sécurité ? »,Jeune Afrique/L'intelligent,
N°2182, du 4 au 10 novembre, 2002, p.88-89.
* 129Guillaume, Devin et
Marie Claude Smouts, p.161.
* 130Pendant, la guerre de
Corée (1950-1953), l'ONU ne put intervenir que, grâce à
l'absence momentanée de l'URSS au Conseil de Sécurité. Les
Etats-Unis, pris l'initiative de confier à l'Assemblée
Générale les responsabilités jusque-là
dévolues au Conseil de Sécurité, en faisant voter, en
1950, la résolution Acheson .Cette résolution prévoit, en
effet : en cas de veto au Conseil de Sécurité, une
majorité d'Etats membres peut susciter, une session extraordinaire
d'urgence de l'Assemblée Générale, qui peut à la
majorité des deux-tiers se substituer au Conseil de
Sécurité dans ses décisions. La résolution Acheson
a joué explicitement ou implicitement au moment des crises de Suez,
Hongrie, en 1956, Liban, 1958, etc. Elle n'est plus utilisée, en raison
de l'unamisme nouveau du Conseil de Sécurité, mais elle demeure
un recours éventuel.
* 131 Antoine, Gazano,
Les relations internationales, Paris, Edition Gualino, 2001,
p.85.
* 132Alain, Faujas,
jeune Afrique/L'intelligent, p.89.
* 133L'Angola ayant
remplacé entre-temps, l'Ile Maurice dont le mandat est arrivé
à échéance, le 31 décembre 2002.
* 134Dan, O'meara et
Stéphane, Roussell, Théories des relations
internationales : contestations et résistances,
Montréal, Athéna, 2007, p.95.
* 135Jaques,BoohBooh,
Ministre des relations extérieures à la tribune des Nations
Unies, le 26 septembre 1990, in Cameroon Tribune, N°4731, du 28
septembre, 1990.
* 136Le Cameroun a
été accusé, en 2003, par les autorités de Malabo,
d'apporter, à partir de son territoire, un soutien au
« subversif » Equato-guinéen, le colonel Cipriano
Nguema Mba Mitoho. Celui-ci fut kidnappé au Cameroun,
séquestré dans les locaux de l'ambassade de
Guinée-Equatoriale, puis exfiltré du Cameroun à partir
d'un véhicule diplomatique et assassiné en
Guinée-Equatoriale. D'autres embrouillaminis notamment, frontaliers et
sécuritaires rythment les plaidoiries équato-guinéennes
contre le Cameroun, au quotidien.
* 137Narcisse, Mouelle
Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,
L'Harmattan, p.60.
* 138Dieudonné,
Oyono, « La seconde guerre du golfe et la résurgence des
« malentendus transatlantiques » : le dilemme
camerounais », p.13
* 139Marc, Aicardi de Saint
Paul, « La France, l'Afrique et le déclenchement de la
guerre en Irak »,Géostratégique, N°15,
Paris, 2003, disponible sur,
www.academiedegeopolitiquedeparis.com
* 140Dieudonné, Oyono,
Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis
1960, Paris,L'Harmattan, 1990, p.143.
* 141Larissa, Kojoué
Kamga, « Le président Sarkozy et les relations
franco-camerounaises », Dynamiques internationales,
N°4, mai, 2011, p.6.
* 142Ibid.
* 143Marc, Aicardi de Saint
Paul, « La France, l'Afrique et déclenchement de la
guerre en Irak », p.141.
* 144En effet, pendant la
campagne présidentielle de 1992, les Etats-Unis, à travers les
actions de leur ambassadeur à Yaoundé, Francès Cook, se
sont illustrés par une grande proximité avec le candidat de
l'opposition, Ni John Fru Ndi. Cette proximité avérée ou
non fut dénoncée par le pouvoir de Yaoundé. Par ailleurs,
l'opposant Ni John Fru Ndi fut invité à prendre part à
l'investiture du nouveau président américain, Bill Clinton, le 20
janvier 1993. Malgré, la polémique née autour de cette
invitation, où certains proches du pouvoir ont prétendu que
c'était un canular de l'opposition ; on y découvre
néanmoins des photos de la cérémonie d'investiture du
président américain montrant le leader de l'opposition
camerounaise, en train d'échangé une poignée de main avec
le nouveau locataire de la Maison Blanche, Bill Clinton.
* 145Lire
l'intégralité de ce projet de nouvelle résolution sur,
http://www.annuairestrategique.info/donnees.asp,
consulté le 30 novembre 2016.En effet,le24 février 2003,la
coalition qui attaquera l'Irak quelques jours plus tard espérait encore
le faire avec l'aval des Nations Unies. Pour cette raison,les USA,l'Angleterre
et l'Espagne présentent au Conseil de Sécurité une
nouvelle résolution. Celle-ci ne sera pas votée en dépit
d'une intense activité diplomatique internationale des Etats-Unis qui
désirent rallier le plus d'Etats possibles à leur cause. La
France, l'Allemagne et la Russie vont s'opposer et lui substituer un autre
texte,d'où son retrait.
* 146Melvin,Akam,
« La danse indansable du président Biya », Le
Messager, N°645, 13 mars, 2003, p.6.
* 147Cameroon
Tribune, « Baroness Amos consults with president Paul Biya once
again », N°7803/4092, 12 mars 2003, p.1.
* 148Nicolas,
Amayena, « Crise irakienne : le président Paul Biya
reçoit Dominique de Villepin », Cameroon Tribune,
N°7802/4091, 11 mars 2003, p.3.
* 149Anonyme, 43 ans,
Diplomate, en service au MINREX, Yaoundé, 19 décembre, 2017.
* 150Cameroon
Tribune, « Le monde peut-il éviter une nouvelle
guerre ?/Le dossier de la rédaction : la position du
Cameroun », N° 7789/4078, 14février, 2003, p.31.
* 151La représente
britannique, Valery Amos, était venue à Yaoundé dans le
cadre d'un intense lobbying diplomatique, en faveur du vote de projet de
résolution anglo-américaine au Conseil de Sécurité
d'une action militaire contre l'Irak.
* 152Christian, Edmond, Bepi
Pout et Hugues Pauline Bend, « Guerre du Golfe, épisode
2 : une analyse de la réception de la couverture du conflit dans la
presse camerounaise », Une lecture africaine de la guerre en
Irak,..., pp.154-155.
* 153Comme partenaires
stratégiques, nous pouvons citer : la France, les Etats-Unis,
l'Israël, la Chine, le japon, ses cinq voisins géographiques,
l'Union africaine, l'Union européenne, les Institutions de Bretton
woods, et le Monde islamique.
* 154Marché
Nouveaux, N°13, Paris, Gideppe, p.94.
* 155Léon,
Koungou, « Comment construire la paix dans un espace
post-conflictuel ? Le cas de Bakassi », in Afrique
contemporain, vol.234-2, 2010, p.14.
* 156Pour mieux
appréhender l'origine du problème, il faut avoir à
l'esprit le processus historique de formation de l'Etat camerounais. A cet
égard, une documentation nombreuse et variée aborde le sujet.
Cependant, afin de cerner les contours à la fois juridique et historique
du problème ; nous proposons de lire, le mémoire produit par
l'Etat du Cameroun. Cette affaire, inscrite au hall général de la
Cour Internationale de Justice sous le n°48, le 30 mai 1961, a fait
l'objet d'un arrêt rendu le 2 décembre 1963. Elles'intitule,
« Affaire du Cameroun septentrional (Cameroun contre
Royaume-Uni) », disponible sur,
https://www.icj-cij.org/public/files/cases-related/,
consulté le 28 décembre 2019.
* 157Cameroon
Tribune, « Affaire Bakassi : Yaoundé et Abuja
accordent leurs violons », N°7678/3967, 10 septembre, 2002,
p.2.
* 158 L'article 94, relatif
au chapitre XIV, intitulé : Cour Internationale de Justice. Cet
article dans son alinéa 2 stipule que « si une partie à
un litige ne satisfait pas aux obligations qui lui incombent en vertu d'un
arrêt rendu par la Cour, l'autre partie peut recourir au Conseil de
Sécurité et celui-ci, s'il juge nécessaire, peut faire des
recommandations ou décider des mesures à prendre pour faire
exécuter l'arrêt ».
* 159Cameroun :
Histoire d'un nationalisme 1884-1961, Paris, Editions Clé,
pp.91-92.
* 160Guy Roger, Eba'a,
Affaire de Bakassi : genèse, évolution et
dénouement de l'affaire de la frontière terrestre et maritime
Cameroun-Nigeria (1993-2002), Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2013,
p.71.
* 161Narcisse, Mouelle Kombi,
La politique étrangère du Cameroun, p.107.
* 162Anonyme, 53 ans,
Diplomate, en service au MINREX, Yaoundé, 19 décembre 2017.
* 163Lors de cette
élection, Paul Biya fut élu, président de la
république avec un score de 39.9% de suffrages exprimés contre
35.9% pour son principal opposant, Ni John Fru Ndi. Cependant, au même
moment, certaines sources notamment celles, de l'ambassade des Etats-Unis
à Yaoundé accrédite, John Fru Ndi vainqueur de
l'élection avec un score de 39% contre 36% pour Paul Biya. Suite donc
à la publication de ces résultats controversés, et des
violations massives des droits de l'homme qui en ont suivi, les Etats-Unis
décidèrent de suspendre certains aspects de leur
coopération avec le Cameroun. On peut noter, les fermetures : du
centre culturel américain ; le service commercial de l'ambassade
des Etats-Unis ; les banques telles que : Boston Bank, Cameroon
Charted Bank, l'USAID, etc.
* 164Martin
Dieudonné,Ebolo, « L'implication des puissances occidentales
dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des
actions américaines et française au Cameroun
(1989-1997) », Africanpolitical science, vol.4,
N°2,1999, p.52.
* 165Afin de combler le
mandat, à lui confié par ces pairs, le président Biya
effectua une mission à New York, du 22 au 28 octobre 1996. Outre, les
importantes allocutions qu'il prononça devant l'Assemblée
générale de l'ONU le 24 octobre et le Groupe africain, le
président camerounais s'entretint également avec le
représentant permanent des Etats-Unis à l'ONU, Madeleine
Albright, opposé à la réélection de Boutros Boutros
Ghali. Au terme de ces tractations et a l'issue du vote à
l'Assemblée générale, le ghanéen Kofi Annan est
élu Secrétaire général de l'ONU. « Nous
avons ardemment oeuvrée pour qu'un second mandat soit accordé
à l'Afrique », dira le président
camerounais. « Notre objectif a été atteint. Nous
nous réjouissons de ce que la communauté internationale nous ait
renouvelé sa confiance ».Lire, Ebolo, Martin
Dieudonné, « L'implication des puissances occidentales
dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des
actions américaine et française au Cameroun (1989-1997),
Africanpolitical science, vol 4, N°2, p.52.
* 166Edmond, Kamguia.K,
« L'énigmatique tête à tête
Biya-Bush », in La Nouvelle Expression, N°1209,31
décembre,2003, p.9.
* 167Ibid.
* 168Ibid.
* 169Ibid., pp.9-10.
* 170Nicolas,
Amayena, « Une nouvelle dynamique : l'excellence des
relations entre Yaoundé et Washington se traduit par un échange
de personnalité de haut rang », in Cameroon Tribune,
N°...? jeudi, 16 février 2006, p.4.
* 171Narcisse, Mouelle
Kombi, La politique étrangère du Cameroun, p.155.
* 172Armane Ndoma
Bilé, « Le cobalt et le nickel de Lomié en
question », in La nation, N°94, 15 avril, 2003, p.4.
*
173Marchés Nouveaux, N°13, novembre 2003,
p.78.
* 174Marché
Nouveaux, pp.78-81.
* 175Ibid.
* 176Cameroon
Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : le temps des
affaires », N°7873/4162, 25 juin 2003, p.3.
* 177En 2008, le
président Barack Obama l'a renouvelée jusqu'en 2012, avant d'en
faire encore autant en 2016.
* 178E., Kengne Pokam,
La France et les Etats-Unis au Cameroun : le processus
démocratique en question, Paris, L'Harmattan, 2009, p.246.
* 179Ibid.
* 180Le concept de
Smart Power a été officiellement utilisé pour la
première fois par la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton
(2009-2013) qui affirmait que les Etats-Unis ne comptaient pas renoncer
à leur puissance diplomatique et militaire mais voulait rompre avec le
discours messianique et le recours systématique à la coercition
militaire qui a caractérisé l'Administration Bush (2000-2008).
Toutefois dans le domaine des relations internationales, le terme de Smart
Power renvoie à la combinaison des stratégies de Soft
Power et Hard Power. Il est défini par le
« Center for strategies and international studies » comme
une approche qui souligne la nécessité d'une armée forte
mais aussi d'alliances, de partenariats et institutions à tous les
niveaux pour étendre l'influence américaine et établir la
légitimité du pouvoir des Etats-Unis.
* 181En 2002,la production de
pétrole brut évaluée de la Guinée
équatoriale, était de 350000 barils/jour ; celle du Nigeria
de 2millions 148 000 barils/jour ; l'Angola de 731000barils/jour.
Pour plus de détails lire, Christian D'Alayer, « Il
était une fois le brut africain »,Jeune
Afrique/L'intelligent, N°2189-2190, du 22 décembre 2002 au 4
janvier 2003,pp.171-176.
* 182Moon Jae-in, né le
24janvier 1953 à Geoje,est un avocat et homme d'Etat
Sud-coréen,président de la république de Corée du
sud depuis le 10mai 2017.
* 183Donald Trump, né
le 14 juin 1946 à New York, est un homme d'affaires, animateur de
television et homme d'Etat américain, président des Etats-Unis
depuis le 20 janvier 2017.
* 184Kim Jong-un,né le
8 janvier 1984 à Pyongyang, est un homme d'Etat Nord-coréen,
actuel dirigeant suprême de la Corée du nord (depuis 2010, il a
succédé à son père, Kim Jong-il,
décédé) ou il occupe les postes de président du
parti du travail de Corée, de Commandant suprême de l'armée
populaire et de président de la Commission des affaires de l'Etat.
* 185Cameroon
Tribune, « September 11, 2001 : America
remembers », N°76/79/3968, 11 septembre, 2002, P.1.
* 186Interview
accordée au quotidien Cameroon Tribune, le 20 février
2006, p.6
* 187Narcisse, Mouelle
Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,
L'Harmattan, p.173
* 188Ibid., pp.173-174.
* 189Ibid.
* 190Cameroon
Tribune, « Droits de l'homme au Cameroun : Washington
apprécie », N°10038/6239, 21 février 2012, p.2.
* 191Cameroun
Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : l'USAID
revient », N°10084/6285, 27 avril 2012, p.2
* 192La suspension de l'USAID
au Cameroun par le gouvernement américain avait pour objectif
inavoué d'amener le gouvernement camerounais à mettre l'accent
sur les droits de l'homme. Propos confirmés par, John Shattuck,
sous-secrétaire d'Etat en charge des droits de
l'homme « Le fait que l'USAID se soit retiré du Cameroun
a été pris en raison de problèmes extrêmement
importants de non-respect des droits de l'homme(...) ». Lire, le
magazine, Afrique - Etats-Unis, N°1493, décembre, 1993,
p.4.
* 193Cameroon
Tribune, « Cameroun - Etats-Unis : l'USAID
revient », p.2.
* 194L'atteinte du point de
décision en 2000 a permis au Cameroun de bénéficier de
près 1400 milliards de F.CFA de financements extérieurs au titre
de la coopération multilatérale. Et de près de 100
millions d'euros par an pendant dix ans au titre de l'APD, avec la France, s'il
franchit le point d'achèvement.
* 195François,
Bambou, « Quand le point d'achèvement
s'éloigne : comment franchir le point d'achèvement sans
bouger ? C'est le miracle que veut réaliser le
gouvernement »,La nouvelle expression, N°1273, 9 juin,
2004.
* 196Niels Marquardt,
ambassadeur des Etats-Unis en poste au Cameroun, propos recueilli auprès
du journal Cameroon Tribune, du 20 février 2006, p.6.
* 197La urne de
l'actu, « Atteinte du point d'achèvement de
l'initiative PPTE : tractations difficiles à
Washington », N° 25,9 mai, 2006, p.5.
* 198Ibid., p.6.
Nb : lire l'article en annexe.
* 199Ibid.
* 200Ibid.
* 201Lire, l'article de presse
en question, en annexe.
* 202Jean François,
Nguegan, « L'histoire de l'initiative PPTE »,
Economia, N°36, hors-série, 2007, p.312.
* 203Ibid.
* 204Rousseau joel,
Fouté, « Dette du Cameroun : les Etats-Unis annulent
17.6 milliards de F.CFA »,Cameroon Tribune,
N°7531/3820, 6 février 2002, p.5.
* 205Ibid.
* 206Ibid.
* 207Niels Marquardt,
ambassadeur des Etats-Unis, interview réalisée par Cameroon
Tribune, le 20 février 2006, p.6.
* 208Cameroon
Tribune, « Affaire de Bakassi : l'appui des Etats-Unis
à l'option de Yaoundé », N° 7683/3972, 17
septembre 2002.
* 209Ces quatre Etats
témoins qui acceptent de parrainer l'accord de Greentree sont
représentés par les personnalités suivantes :
Günter Pleuger, représentant permanent de l'Allemagne
auprès de l'ONU, Jackie Janders, ambassadeur, chef de la mission
américaine auprès de l'ONU pour les Etats-Unis, Michel Duclos,
adjoint au représentant permanent de Paris à l'ONU pour la
France, et Karen Pierce, adjoint au représentant permanent de Londres
à l'ONU, pour le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord.
* 210International Crisis
Group, « Le golfe de Guinée : la nouvelle zone
à haut risque », Rapport, N°195, 12 décembre 2012,
p.16.
* 211Arthur,
Nguiamba, « Les raisons de la visite de Paul Biya aux
Etats-Unis », p.3.
* 212Ibid.
* 213Cameroon
Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : on parle
sécurité », N°10065/6266, 29 mars 2012, p.1
* 214Le magazine des Forces de
Défenses Camerounaise, « Honneur et
Fidélité », N°...? décembre 2014, p.38.
* 215Siegfried,
KamgaNkuissi, « Le déploiement militaire des Etats-Unis
en Afrique dans un contexte d'édification de la sécurité
collective régionale », mémoire de Master en relations
internationales/option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017, p.123.
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