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La diplomatie camerounaise et la crise irakienne de 2003. Essai d'analyse historique


par Didier BALIABA
Université de Yaoundé I - Master en histoire des relations internationales 2018
  

Disponible en mode multipage

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A

Ma mère, Brigitte, OUNGUEDOU BESSOUBE

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a bénéficié du concours de nombreuses personnes que je me dois absolument de remercier.

Mes remerciements s'adressent d'abord à mon Directeur de recherche, le Professeur Jean KoufanMenkénéd'avoir accepté de diriger ce travail avec enthousiasme et disponibilité malgré ses engagements multiples. Ces remarques pertinentes et son soutien ont permis à mes initiatives parfois hasardeuses de se concrétiser. J'ai apprécié la confiance et la liberté qu'il m'a accordées durant ce long voyage d'étude et d'écriture. Je dis aussi un profond merci à l'ensemble du Corps Enseignant du Département d'Histoire de la Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines (FALSH) de l'Université de Yaoundé I, pour la formation intellectuelle et le culte de l'effort qu'ils nous ont inculqués.

De même, que mes camarades de promotion trouvent ici, à travers ces quelques notes, l'expression de ma reconnaissance et gratitude. Car, des débats souvent houleux et contradictoires pendant les séances de séminaires nous ont été d'un apport non négligeable dans notre processus d'apprentissage, de formation intellectuelle et académique.

J'adresse également un remerciement à tout le personnel des Centres documentaires et multimédias. Qui, grâce à leurs implications, à travers la mise à ma disposition des documents et parfois des sites de recherches nécessaires à ce travail ; j'ai pu le réaliser avec minutie.

Il y'a ensuite les Religieuses de la Congrégation des Filles de Marie (CFM) à qui, j'exprime ma profonde gratitude et reconnaissance. En particulier aux Révérendes religieuses :Pauline Nguenda ; Yvette JulietteMongouloukouPataka de m'avoir soutenu, chacune à sa manière tout au long de cette aventure et d'avoir fait preuve de beaucoup d'indulgence et de compréhension pour mon absentéisme quasi-permanent à mon poste de travail. « Pardonnez-moi, mes chères mamans d'avoir été si peu joueur avec vous » !

Enfin, je ne saurais terminer mon propos sans adresser le mérite qui convient et toute la gratitude à ma famille. Je pense spécialement à Madame : Anastasie Kimbang, épouse Ndio, Monsieur et Madame Claudine Massang ; Mesdemoiselles : Judith Estelle Ngon ANdio, Jeanne Irène Adoube, et à mes amis : Joseph Prosper Omgba, Laurentine NgaNdongoEssomba. Parce que leurs appuis divers ont été un encouragement permanent et constant pour la réalisation de ce travail. A tous que DIEU TOUT PUISSANT vous donne la bénédiction nécessaire pour le sain épanouissement de votre existence terrestre.

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

RESUME iv

ABSTRACT v

LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES vi

LISTE DES CARTES viii

INTRODUCTION GENERALE 1

I- CONTEXTE DE L'ETUDE 2

II- RAISONS DU CHOIX DU SUJET 4

III- INTERET DU SUJET 5

IV- OBJECTIF DE LA RECHERCHE 6

V- CLARIFICATION DES CONCEPTS 7

VI- DELIMITATION TEMPORELLE DU SUJET 12

VII- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE 12

VIII- PROBLEMATIQUE 15

IX- HYPOTHESES DE TRAVAIL 16

X- DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 16

XI- DIFFICULTES RENCONTREES 20

XII- PLAN DE TRAVAIL 21

PREMIERE PARTIE: L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE MULTILATERALISME INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA GEOPOLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES 3

CHAPITRE I: LE CONTEXTE INTERNATIONAL DES ANNEES 2000 : ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN 3

CHAPITRE II: LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 : ETIOLOGIE ET SYMPTOMATOLOGIE 3

CONCLUSION DE CHAPITRE 68

DEUXIEME PARTIE: LE CAMEROUN ET LA CRISE 3

IRAKIENNE DE 2003 69

CHAPITRE III: LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 3

CHAPITRE IV: LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENT DU CAMEROUN AUX COTES DES USA 3

CONCLUSION GENERALE 119

ANNEXES 122

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 135

TABLE DES MATIERES 146

RESUME

Le sujet sur « La diplomatie camerounaise et la crise irakienne de 2003 » pose le problème de l'ambiguïté du positionnement diplomatique du Cameroun dans ce conflit. Notre thèse part du constat selon lequel : les débats autour de la question du désarmement de l'Irak à l'ONU ont provoqué une crise internationale entre les pays membres du Conseil de Sécurité. Le dossier irakien a cristallisé les positions et mis en lumière deux lectures divergentes et de résolution d'une grande question internationale. Pour le Cameroun, membre non-permanent du Conseil de Sécurité au cours de cette période, il a été question de défendre les principes et idéaux de l'Organisation des Nations Unies, notamment le règlement pacifique des différends et le respect de la légalité internationale. Cependant, dans la pratique, surtout les derniers jours précédant le déclenchement des hostilités par la coalition anglo-américaine en Irak, sa diplomatie a opéré un revirement spectaculaireen se rangeant aux côtés des Etats-Unis, principal protagoniste de cette crise. La présente étude tente de donner une explication rationnelle à ce revirement. La posture épistémologique est positiviste et le raisonnement est déductif. La méthodologie de recherche a consisté en la collecte des informations écrites et orales, la lecture des rapports, mémoires et périodiques qui ont relaté l'évènement. Au terme de notre analyse, il apparaît que la position ambigüe du Cameroun dans la crise irakienne de 2003 découle de ses contraintes domestiques. Celles-ci ont, en effet, pesé contre les principes traditionnels de sa diplomatie. Cette compromission a permis au gouvernement camerounais de recevoir en retour le soutien des Etats-Unis sur bon nombre de dossiers politiques et économiques jugés cruciaux auxquels il était confronté.

Mots clés : Diplomatie - Crise - Conseil de Sécurité - Membre Non-permanent - Cameroun

ABSTRACT

The subject on "Cameroonian diplomacy and the Iraq crisis of 2003" poses the problem of the ambiguity of the diplomatic positioning of Cameroon in this conflict. Our thesis is based on the observation that the debates surrounding the question of the disarmament of Iraq at the United Nations provoked an international crisis between the countries members of the Security Council. The Iraqi issue has crystallized positions and highlighted two divergent readings and resolution of a major international issue. For Cameroon, a non-permanent member of the Security Council during this period, there was talk of defending the principles and ideals of the United Nations, including the peaceful settlement of disputes and respect for international legality. However, in practice, especially the last few days before the outbreak of hostilities by the Anglo-American coalition in Iraq, his diplomacy has made a dramatic turnaround by standing side by side with the United States, the main protagonist of this crisis. This study attempts to provide a rational explanation for this shift. The epistemological posture is positivist and the reasoning is deductive. The research methodology consisted of collecting written and oral information, reading reports, briefs and periodicals that related the event. At the end of our analysis, it appears that Cameroon's ambiguous position in the Iraq crisis of 2003 stems from its domestic constraints. They have, indeed, weighed against the traditional principles of his diplomacy. This compromise allowed the Cameroonian government to receive in return the support of the United States on a number of crucial political and economic issues it was facing.

Keywords: Diplomacy - Crisis - Security Council - Non-Permanent Member - Cameroon

LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES

ACOTA :

African Contingency Operations Training and Assistance

ADM:

Armes de Destruction Massive

AGOA :

AfricanGrowthOpportunitiesAct

AIEA:

Agence Internationale de l'Energie Atomique

ANZUS:

AOPIG:

Australia, New-zeland, United States of America

African Oil Policy Initiative Group

BIRD

BIR :

BFF :

Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement

Bataillon d'Intervention Rapide

BakassiFreedomFichters

BRICS:

Brasil, Russia, India, China,South Africa

CEMAC :

Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale

CENUCED

CESA :

CHOCOCAM :

Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

Centre d'Etude Stratégique pour l'Afrique

Chocolaterie et Confiserie du Cameroun

CIA:

Central Intelligence Agency

CIJ:

Cour Internationale de justice

CEE

Communauté Economique Européenne

CNN

Cable News Network

COCOVINU :

Commission de Contrôle, de Vérification et d'Inspection des Nations Unies

CPI:

DSRP :

FAA :

Cour Pénale Internationale

Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté

Force Africaine en Attente

FALSH:

Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines

FMI:

FUNU :

Fonds Monétaire International

Fonds des Nations Unies d'Urgence

GATT:

HEVECAM :

IFC:

General Agreement and Tariffs and Trade

Hévéas du Cameroun

Institut Français du Cameroun

IPPTE:

Initiative Pays Pauvres Très Endettés

IRIC:

Institut des Relations Internationales du Cameroun

IRS :

MINEFI :

MINMEE :

Intelligence Renseignement Surveillance

Ministère de l'Economie et des Finances

Ministère des Mines de l'Eau et de l'Energie

MINREX:

OCB :

Ministère des Relations Extérieures

Office Camerounaise de Banane

OEA:

Organisation des Etats Américains

OIT:

Organisation Internationale du Travail

OMC:

OMP :

Organisation Mondiale du Commerce

Opération de Maintien de la Paix

ONG:

Organisation Non-Gouvernementale

ONU:

Organisation des Nations Unies

OTAN:

Organisation du Traité de l'Atlantique Nord

OTASE:

Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est

OUA:

PAS :

PEC :

PNUD :

Organisation de l'Unité Africaine

Programme d'Ajustement Structurel

Politique Etrangère du Cameroun

Programme des Nations Unies pour le Développement

REGIFERCAM :

Régie des Chemins de Fer du Cameroun

SDN:

Société des Nations

UA:

Union Africaine

UCAC:

Université Catholique d'Afrique Centrale

UDEAC:

Union Douanière des Etats de l'Afrique Centrale

UE :

UNDP :

Union Européenne

Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès

UNSCOM :

United Nations Commission

UPC :

Union des Populations du Cameroun

UPU:

Union Postale Universelle

URSS :

Union des Républiques Socialistes Soviétiques

USA:

United States of America

USAID:

United States Agency International Development

LISTE DESCARTES

Carte 1 : Le système des Nations Unies. 3

Carte 2 : La péninsule de Bakassi 109

Carte 3 : Domaine maritime et continentale des pays du golfe de Guinée 111

INTRODUCTION GENERALE

I- CONTEXTE DE L'ETUDE

Après la guerre du Golfe, les dispositions de la résolution 687, du 3 avril 1991 avaient placé le Conseil de Sécurité de l'ONU au centre du dispositif de rétablissement de la paix entre l'Irak et le Koweït, dispositif qui passait par l'instauration d'un régime d'embargo et de sanctions internationales sans précédent visant en premier lieu le désarmement de l'Irak sous le strict contrôle de la Commission Spéciale des Nations Unies (UNSCOM).

A partir de 1995, à cette gestion du désarmement de l'Irak s'ajoute pour l'ONU celle des effets des sanctions à travers le programme « pétrole contre nourriture » (résolution 986) que le régime irakien accepte finalement en 19961(*). Le dossier « désarmement » est le premier à se trouver dans une impasse. Pendant les six premières années, l'UNSCOM est un outil important et crédible de désarmement, de contrôle et de non-prolifération faisant de l'Irak un cas exemplaire. Des destructions importantes sont accomplies dans l'élan du cessez le feu et les multiples découvertes sur le terrain permettent de compléter la connaissance des experts sur l'état des programmes irakiens proliférants d'avant-guerre.

La coopération irakienne avec l'UNSCOM s'estompe toutefois au fur à mesure que les inspecteurs internationaux progressent dans leurs missions, alors que de nombreuses questions en suspens apparaissent - notamment pour ce qui est des activités irakiennes dans les domaines chimiques et biologiques - et que des soupçons surgissent, au sein de la Commission, sur de possibles activités irakiennes de dissimulation. Ces soupçons conduisent certains pays membres du Conseil de Sécurité comme les Etats-Unis à considérer que, si aucune arme n'est trouvée, c'est que le régime irakien les dissimule.

En 1997, l'Irakdécide de suspendre sa coopération avec les inspecteurs de l'ONU. S'ensuiventalors de nombreuses tentatives diplomatiques (de la part de la Russie, de la Turquie, de la France, de l'Egyptenotamment) pour tenter de convaincre SaddamHussein d'accepterle retour des inspecteurs. Cette criserévèleainsi les intentions spécifiques des principaux acteurs de Bagdad et de Washington. Elle met également à jour une impasse, sur le volet humanitaire, due au renforcement des sanctions au détournement du programme « pétrole contre nourriture » par le régime de Saddam Hussein. En effet, le régime irakien, placé en position de survie, s'adapte progressivement aux contraintes des sanctions internationales, utilisant le dispositif humanitaire onusien comme un nouvel instrument de contrôle et de coercition de sa population, et met au point des techniques de contournement de l'embargo commercial et pétrolier lui permettant de s'enrichir et de durer. Le face à face avec le Conseil de Sécurité et en particulier avec les Etats-Unis, sur le terrain des ADM se résumant en un jeu successif de coopération, de négociations et de ruptures, lui donne, en outre, l'opportunité de se poser en acteur diplomatique contraint, mais occupant d'une certaine manière la scène régionale et internationale.

De leur côté, lesEtats-Unis qui,depuis 1991,s'étaientattachés à la logique de l'endiguementprolongé de l'Irak prennentconscience de l'impasse que constitue pour eux la gestion onusiennede l'après-guerre en Irak. Ils s'orientent progressivement vers une lecture plus idéologique du dossierirakien, l'idée de changement de régimeétant pour la premièrefois ouvertement assumée par l'AdministrationClinton en 19972(*).Les bombardements anglo-américains punitifs et limitésde décembre 1998 sous le couvert de l'opération« Renard du désert » constituent le premier ballon d'essai de cette réorientationstratégiquequi, contournant le Conseil de Sécurité,implique notamment la mise en oeuvre d'une nouvelle politique en matière dedéfense et de lutte contre la prolifération. Pour autant, jusqu'à l'été 2002,l'idée de faire plier le régime de SaddamHusseinvia les contraintes internationales prévaut encore àWashington.Car, l'instrumentmultilatéralétantencore privilégié sur ce dossier par les autorités américaines.

La crisequi survient en septembre 2002 à mars 2003,est le résultat de l'impossiblerèglement de l'après-guerre du Golfe,ainsique des impasses du volet « désarmement » comme du volet humanitaire. Cette crisetémoigneégalement de l'expression d'une nouvelle forme de suprématieaméricaine sur la scène internationale face aux blocages répétitifs du dossier irakien à l'ONU et au renforcement du potentiel militaire irakien au détriment de l'Etat d'Israël.LesEtats-Unispassant une dernière fois par le Conseil de Sécurité,veulent faire la démonstrationde l'incapacité de la communautéinternationaleà faire face à un régimequi, selon eux ne reconnait que la menace et la force.Ainsi, comme en 1997lors de la suspension de la coopération irakienne avec les inspecteurs de l'ONU, le Conseil de Sécurité est utilisé par les Etats-Unis comme un instrument utile tant que leurs objectifs peuvent s'y exprimer, mais contournable au regard du nouvel impératifmoral, unimpératif qui conduit la puissanceaméricaine àagir seule pour ce qu'elle considère comme étant de l'intérêtpartagé de l'ensemble de la communauté internationale.

En outre,l'expression de la puissanceaméricaine,dont l'effetmultiplicateur des attentatsterroristes du 11 septembre 2001 est directementpalpable sur le dossier irakien, conduit ainsi au basculement du dossierirakien dans une dimension idéologiquepropre à la nouvelleAdministrationaméricaine,qui se considèredorénavant comme en guerre. Classé dansl' « Axe du Mal », l'Irak est alors traité par l'Administration Bush comme une cible supplémentaireintégrée dans la campagne de lutte contre le terrorisme international et dans la mise en oeuvre de la nouvelle doctrine des frappespréventives. De plus,cette dialectique, désormaisélaborée dans le cours d'une vision néo-conservatrice3(*) « révolutionnaire »,place le régime irakien comme la premièreétape d'un vaste programme de réformes du « Grand Moyen-Orient ».

En somme,cette logique de confrontation et les postulats qui l'accompagnent ont empêchétoutes solutions et capacités de prouver le désarmement de l'Irak. C'est cette logique qui a continué de prévaloirjusqu'à l'intervention anglo-américaine, le 20 mars 2003 et qui a empêché la Commission de contrôle, devérification et d'inspections des Nations Unies (COCOVINU) de mener à son terme le processus d'inspections reprises après le vote de la résolution 1441.C'est également aussi, cette logique qui a empêché toute unité véritableentre les membresdu Conseil de Sécurité.

A l'origine de cettedémarche scientifique,notre tâche consiste àanalyser le positionnement diplomatique du Cameroun dans ce conflitauquel, il a pris part malgré lui. De ce fait, laprésente étude s'intitule donc :

`'LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE ET LA CRISE IRAKIENNE DE 2003`'

ESSAI D'ANALYSE HISTORIQUE

II- RAISONS DU CHOIX DU SUJET

L'engouement de traiter ce sujet découled'abord de notre formation d'historien,passionné pour l'histoire et désireuxd'apporter sa modeste contribution à l'historiographie de son pays. L'amour pour l'histoire des relations internationales, nous a été influencé en Année de Licence, dans le cadre de l'Unitéd'Enseignement :La politique étrangère du Cameroun.

En effet, lors de nosdifférentsséminaires et cours magistraux, nous avons été édifiés sur le fait que, la politique étrangèred'un Etatrelève de la souveraineté et la sécurité nationales. Le caractère particulièrement sensible de cet aspect des politiques publiques, au Cameroun a été érigé en « domaineréservé du président de la république»4(*).Même si, en la matière le Cameroun n'a pas innové.

En dehors de cet engouement, notre choixfut également dictépar la volonté de capitaliser les enseignements reçus dans le cadrede notre curriculum studiorum.Comme une machette qui s'use quand on ne s'en sert pas, la formation reçue dans le cadre des unités d'enseignementde méthodologie notamment, serait vaine si elle n'était pas sanctionnée par un travail de recherche.

Laprésente étude menée,en vue de la rédaction de notre mémoire de Master vise donc, àdévelopper en nous, des compétences dans le domaine de larecherche.Ainsi, peuvent êtrerésumées les raisons quinous ont pousséesà faire ce travail.

III- INTERETDU SUJET

La présente étude qui se veut être une modeste contribution de la science politique àl'histoire de la politique étrangère du Cameroun révèle qu'elle dégage un certain nombre d'intérêts justifiant le créditàaccorderà la présente recherche. Ainsi, la présente étude fait ressortir troisintérêts majeurs : scientifique,politique et académique.

A- Intérêtscientifique

L'intérêt scientifique peut s'entendre comme l'apport que l'étude d'un fait social donné ajoute à la science. Dans le cas de l'espèce, l'intérêt scientifique de ce travail repose sur le fait qu'il se veut une contribution à la problématique portant sur,« la diplomatie camerounaise et la crise irakienne de 2003 ».

De ce fait, il confronte l'attachement proclamé du Cameroun à ses principes de politique étrangère avec l'aval donné aux Etats-Unis, par la visite officielle du Chef de l'Etat camerounais à Washington, le jour même du déclenchement des hostilités en Irakpar les Etats-Unis, au mépris de la légalité internationale et,par la suite s'efforced'explorer les raisons de l'entorse faite par le Cameroun à des principes proclamés jusque-là intangibles.

Ainsi, l'intérêt scientifique de cette étude démontre que, les autorités camerounaises enchoisissant de violerdélibérément des principes de politiques étrangères proclamés jusque-là intangibles, pour s'aligner au côté des Etats-Unis dans ce conflit, conforte le paradigmeréalistedes relations internationales qui préconise que, seuls les intérêtsconditionnent les rapports entre Etats.

B- Intérêt politique

Il serait prétentieux,voireprésomptueuxd'envisager dans ce travail, d'analyse de la diplomatie camerounaise sans prendre en compte, le rôle prépondérant duPrésident de la république dans le processusd'élaboration et de décision de la politiqueétrangère du Cameroun.

La place du MINIREXest certes, importante dans la mise en oeuvre de la politique extérieure du Cameroun5(*),mais il n'en demeure pas que la primauté du Chef de l'Etat dans la gestion des compétences internationales fait de ce secteur des politiques publiques, un « domaine réservé ». Il en revient au Chef de l'Etat seul, d'en fixer les grandes lignes, de la définir, et de la mettre en oeuvre en fonction de la conjoncture internationale et des contingences nationales du moment. Le Chef de l'Etat a ainsi, la main ferme sur les matièresinternationalesà propos desquelles, il ne délèguepresque jamais de pouvoirs6(*).Il demeure le responsablesuprême des laboratoiresoùs'élabore la politique étrangère du Cameroun.

A la lumière de ce qui précède, le rapprochement de la diplomatie camerounaiseau côté des Etats-Unis, les derniersjours précédant le déclenchementdes hostilités en Irak, après avoir pourtantclaironné son engagementcontre toute intervention militairedans ce pays,laisse penser que, ce revirement diplomatique des autorités camerounaises estune initiative hautement politique.

C- Intérêt académique

L'intérêtacadémique de cette étude apparaît à plus d'un titre comme une voie menant à l'obtention du diplôme de Master en histoire des relations internationales et une ouverture vers les étudesdoctorales. En plus,elle nous offre la possibilité d'apporter autant que possiblenotre modeste contribution à l'analyse des questions de politique internationale d'un point de vue de l'histoire des relations internationales.

IV- OBJECTIF DE LA RECHERCHE

Définirl'objet de la recherche revient, selon Madeleine Grawitz,à tracer son chemin pour pouvoir savoir oùl'on va et ce que l'on recherche7(*), afin de ne pas perdre le « fil d'Ariane ».Dans le cadre du mémoire de Master que nous soumettons àsoutenance,l'objectifvise à faire une analyse, dupositionnementde la diplomatiecamerounaise dans la « crise irakienne » de 2003, et en sortir l'impact pour leCameroun.

V- CLARIFICATION DES CONCEPTS

La précision du cadre conceptuel est l'une des tâches préalables dans toutes les recherches. Propos confirmés par Sertillanges qui estime que :« toute recherche part d'une définition, et de là, proviennent toutes les déterminations ultérieures »8(*).Cette précision découledu constat selon lequel, de nombreux concepts utiliséspar des étudiants en Histoireprêtent parfois à équivoque. Ainsi, pour remédier à cette lacune et lever toute ambiguïté, pouvant avoirlieu dans notre champ d'étude, il est judicieux de définir les concepts suivants :

A- Diplomatie

Selon,Charles Debach9(*) et al, le terme diplomatie désigne « l'art de la représentation d'un Etat dans les relations internationales, dans la défense de ses intérêts à l'étranger et dans les négociations avec les autres Etats ».Raoul Delcorde10(*)le définit comme « la conduite desrelations extérieures par le moyen de la représentation et de la négociation ».

Assimilée à la politique étrangère d'un Etat, la diplomatie se comprend comme les organes et moyens employés pour la conduite des relations internationales de l'Etat. C'estdonc le domaine de la science politique et des traditions qui traitent des relations internationales et des rapports mutuels entre Etats. Mais aussi, la pratique, l'action et la manière de représenter son pays à l'étranger ou bien dans des organisations internationales, de concilier leurs intérêts respectifs ou de régler un problème sans recours à la force. Par analogie, le terme diplomatie dans la vie courante renvoie à l'habileté, le tact, l'adresse, la souplesse, la prudence, voir la ruse dont une personne fait preuve dans la conduite d'affaires difficiles ou dans les relations avec autrui.

Les expressions « diplomatie »et « diplomatique » datent de la fin duXVIIIème siècle. Ce qui correspond historiquement à l'achèvement du processus de construction étatique en Europe. Autant dire que, la mise en place des échanges diplomatiques renvoie à un long mouvement historique de centralisation et de monopolisation par les Etats de l'administration des relations extérieures. En effet, c'est avec la «  république » de Venise au Moyen-âge que nait la diplomatie telle que nous l'entendons, avec un caractère permanent et une organisation en charge de préparer les misions à l'étranger. L'objectif est d'abord commercial. Car, Venise envoie des ambassadeurs à Milan, Gènes, voir même en Perse et en Chine pour défendre ses intérêts commerciaux et s'informer des intentions probables de ses concurrents. Ses ambassadeurs envoient des rapports.

La diplomatie s'institutionnalise, avec son corps diplomatique, ses privilèges et son protocole. De Venise, l'institution diplomatique inspira d'autres Etats notamment : la France, l'empire Ottoman, la Perse et le Vatican qui, très tôt établit une académie diplomatique. Cependant, c'est avec le Congrès de Vienne en 1815, que l'on jette les bases d'une véritable carrière diplomatique et, partant le caractère permanent de la fonction de diplomate.

Aujourd'hui encore,comme hier, il n'est d'autre diplomatie que celle des Etats. D'ailleurs, pour les théoriciens réalistes qui continuent d'appréhender les relations internationales, en termes étatiques, il en est toujours ainsi. Toutefois, la diplomatie a cessé de concerner exclusivement les questions d'ordre politique et stratégique pour intégrer d'autres secteurs d'activités comme les relations commerciales, les investissements financiers, l'action culturelle.

Dans un contexte de mondialisation, des acteurs transnationaux échappent dorénavant au contrôle souverain des Etats. La diplomatie traditionnelle connait-elle de profonds bouleversements. Ayant initialement pour objectif de représenter l'Etat, de garantir sa souveraineté et de préserver ses intérêts, elle était jusqu'encore récemment confiée à un corps d'agents spécialisés, chargés de conduire les négociations selon des procédures soigneusement mises au point et codifiées. De nos jours, ce monopole des agents diplomatiques se trouve entamé par l'action et l'expertise de nouveaux acteurs capables d'élaborer des formes inédites (exemple : Organisations internationales, ONG, Firmes transnationales, etc.). Même si, pour l'heure, les actions non-étatiques restent encore fragmentaires et intermittentes dans le champ diplomatique, elles produisent d'ores déjà des effets qui contraignent les diplomates professionnels à développer des stratégies de mise à distance, de contournement ou, au contraire, de réappropriation de certains enjeux (exemple : la « diplomatie verte », ou la « diplomatie humanitaire »).

Ainsi, les diplomatessont-ils de plus en plus concurrencés par les intervenants privés qui mettent en place des « diplomaties de secondes voies », voire des diplomaties « multiples » aux contours hétérogènes, mais souvent innovants, notamment dans le règlement des conflits. En outre, ils sont également marginalisés par la « diplomatie des sommets » qui a pris une grande ampleur depuis les années 1970. Avec celle-ci, les Chefs d'Etats et de Gouvernements mettent en effet délibérément l'accent sur leurs rencontres directes, dans un cadre souvent très personnalisé. Ces modalités diverses de l'action diplomatique, actuellement à l'oeuvre sur la scène mondiale, témoignent de la reconfiguration de la politique internationale post westphalienne.

Au regard de ce qui précède, ladouloureuse parturition duCameroun en 1960, déchiré entre ses fils, engagés dans les systèmesd'alliancespolitico-idéologiquesopposés ; obligea les autoritéslégalesàopérerdes choix diplomatiques conséquents. C'est ainsi, qu'échut à Charles Okala11(*), la responsabilité d'asseoir une politique étrangère cohérente. Celui-ci, qui ne dissimulait pas sa préference pour le camp occidental, conçut et mis en place, avec Ahmadou Ahidjo, une politique étrangère délibérément tournée vers l'Ouest.

Cependant, cette orientation pro-occidentale de la politique étrangère du Cameroun devint préjudiciable pour l'image du régime camerounais dont, les opposants désignaient comme un régime fantoche, à la solde de l'Occident.Pour utile qu'il fut, cet éveil politique eu le mérite de légitimer, d'affirmer et de défendre, les intérêts internationaux du Cameroun.Mais,la diplomatie se distingue nettement de la politique étrangèrequi, en plus de son volet diplomatique intègrel'aspectstratégique des relations internationales12(*). La diplomatie n'est qu'une partie de la politique étrangère.Ainsi, pour mener à bien nos investigations dans le cadre de cette étude, nous retenons,la définition du mot« diplomatie »selon,le sens donné par, CharlesDebach etal,dansle Lexique de politique13(*).

B- Crise

Le mot « crise », à force d'être suremployé, mal ou pas défini, est un cliché, une facilité, voire un abus de langage. Ses emplois sont en effet multiples. Il y a l'usage médical selon lequel la crise est un moment d'une maladie caractérisé par un changement subit, pas toujours décisif mais souvent grave, intense ou douloureux. Il y'a par extension l'usage émotif, qui assimile la crise à une manifestation soudaine et violente. Enfin, inspiré des emplois précédents, il y a l'usage métaphorique, utile pour qualifier de très nombreux domaines, en particulier les phases les plus aigües des relations internationales. Ainsi, appelle-t-on « crise » ces moments de tension entre Etats.

Ce dernier usage du concept de crise ne résoud pas le problème de sa définition. Le mot s'applique en effet trop facilement à n'importe quelle tension, n'importe quel désagrément politique, économique, financier, que celui-ci soit cataclysmique ou simplement problématique. Le terme s'emploie également pour décrire des changements ou des transformations intervenues sur de longues périodes. Ainsi, l'utilise-t-on pour décrire des difficultés économiques, des civilisations en faillites, ou une dégradation persistante et inquiétante de l'environnement. Aussi, bien que des accidents du système monétaire, une brusque multiplication des prix du pétrole, un effondrement des cours de la Bourse, etc. Tant d'incompréhensions et d'incertitudes, tant d'approximations et d'imprécisions incitent à approfondir la connaissance de ce concept singulier.

L'origine du mot crise remonte à la Grèce antique. Pour les contemporains de Platon14(*), le verbe krinein signifie « juger », puis « séparer » ou « discriminer » et enfin « décider ». Le latin krisis, « jugement » ou « décision », se transforme avec le temps. Il devient cristin au XIVème siècle, crisis au XVIème siècle, et plus tard « crise ». L'essentiel peut-être de l'étymologie du mot réside dans la « notion de décision ». Au coeur de toute définition, de toute compréhension utile et rigoureuse du phénomène de la crise, figure cette obligation de décider. Sans décision à prendre, et donc sans jugement préalable, la crise n'existe pas.

L'étude des crises internationales est un phénomène récent, vieux à peine d'un demi-siècle. Les premières études datent du milieu des années 1970. L'Amérique, stimulée par la crise des missiles de Cuba, a ouvert la voie. Le « crisis management », cette nouvelle discipline de l'étude des relations internationales, est issu des travaux effectués à cette époque.

De ces premiers efforts d'analyse, ressortent deux aspects remarquables : la crise dans les relations internationales est un phénomène singulier d'une importance exceptionnelle. Il y'a absence quasi-totale de consensus sur ce qu'elle est exactement. Semblable paradoxe peut s'expliquer de deux manières : en notant tout d'abord l'extrême complexité du phénomène, en observant ensuite le nombre considérable de crises survenues au XXèmesiècle. Selon les auteurs et les définitions adoptées, des plus restrictives aux plus larges, ce nombre est estimé à plusieurs milliers.

Nombreusessont les définitions de la crise, les unes bien connues, d'autres plus confidentielles. A cet égard, militaires et civils rivalisent d'inventivité. Mentionnons d'abord celle, de Charles Hermann qui, définit la crise comme : « une situation qui : menace des objectifs hautement prioritaires de l'unité décisionnaire ; réduit le temps de réponse disponible avant que la décision ne se transforme en action ; surprend les membres de l'unité décisionnaire par son occurrence ».15(*)

Le Général, Beaufre, appréhende la crise comme : « un état de tension au cours de laquelle on risque au maximum une escalade vers un conflit armé et où l'on veut empêcher l'adversaire d'acquérir un certain avantage politique ou militaire»16(*).Le Général, Poirier, lui,définit le phénomène comme étant :« la détérioration brusque ou graduelle des facteurs d'équilibre assurant ordinairement les rapports de coexistence entre certains Etats »17(*).Philipe Moreau-Defarges, pense quant à lui, qu'il s'agit d' :

Un moment de tension mettant en jeu brutalement les intérêts fondamentaux de deux ou plusieurs Etats, à l'initiative de l'un ou de certains d'entre eux, puis donnant lieu après l'épreuve de force à un relâchement de la tension, et à une forme d'accord, apparent ou réel, entre les partenaires-adversaires18(*).

Alastair Buchan, analyse la crise comme « la période d'un conflit entre deux ou plusieurs Etats qui intervient lorsqu'un parti a mis l'autre au défi sur un point précis ou définissable et lorsqu'il faut prendre une décision sur la réponse à donner à ce défi »19(*).Enfin sans doute, convient-il à rappeler ce qu'écrivait majestueusement, Raymond Aron mais qui concerne d'abord et seulement les crises de la Guerre Froide, substitut commode à la guerre : 

Lorsque la guerre est impensable (...)la crise est cette forme de violence retenue, d'affrontement inachevé, destiné à peser sur la détermination de l'autre pour le contraindre à renoncer à ses intérêts légitimes, et obtenir de lui des concessions qui ne valent pas l'enjeu, et le risque de la guerre totale »20(*).

Toutes ces définitions, et d'autres encore, plus longues et plus détaillées, tout comme les réflexions qui leur sont associées, comportent divers points, éventuellement communs : rupture avec un statuquo - remise en cause d'un état d'équilibre- possibilité fréquente d'affrontements militaires-décision importante à prendre alors que l'on n'a pas accès à l'ensemble des informations indispensables à toute prise correcte de décision.

La crise constitue donc un phénomène aigu et non pas chronique, où par voie de conséquence, les dynamiques de la prise de décision sont anormales et extraordinaires.Cependant, la crise n'est pas la guerre. La guerre ou le conflit armé sont très souvent le produit d'une crise mal gérée.

En somme, que dévons-nous retenir du concept de« crise » utilisé dansnotre étude ? En effet, nous pensons qu'il existe un lien entre le concept de « crise irakienne »et le concept de « crise » tel quedéfini par les différents auteursdans notre étude conceptuelle. Car, le thème de notre études'inscrit dans une logique detension entre Etats.Comme tel, il met enjeu les intérêts fondamentaux de plusieurs Etatsàl'initiative d'un,à savoir : les Etats-Unis, le principal protagoniste de la crise irakienne de 2003.

VI- DELIMITATION TEMPORELLE DU SUJET

Nos bornes chronologiques couvrent en théorie les dates du 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2003. Ces deux datessituent un fait conjoncturel. La première date, le 1er janvier 2002, marquele début de la mandature du Cameroun au Conseil de Sécurité de l'ONUen qualitéde pays membre non-permanent. La seconde date, le 31 décembre 2003, consacre la fin de cettemandature. Bien que, restrictives pour nos analyses, ces deux dates sontcependant, des repères chronologiques importants sans lesquels, il serait difficile de saisir le cadretemporel de notre sujet.En outre, pour étayer nos analyses, nous utilisonsune démarche de la rétrospective temporelle à notre borne d'étude inferieure et de la prospective temporelle, pour les évènements postérieurs à la borne d'étude supérieure.

VII- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Toute recherche s'inscrit généralement dans la foulée des travaux qui, à l'intérieur comme à l'extérieur de notre discipline ont déjà été effectués sur le sujet que l'on a choisi21(*). Est-il utile, au début de toute recherche de procéder à un inventaire de ce qui a déjà été écrit sur le sujet.

La revue de la littérature à laquelle, nous procédons, répond à cette exigence scientifique dans la mesure où, nombreuxsont des auteursqui, avant nous se sontpenchés sur la questionde « la diplomatie camerounaise etla crise irakienne de 2003 ».Cependant, peud'auteurs ont analysé en profondeurlepositionnement diplomatiquedu Cameroun dans ce conflit.Pour combler ce vide, plusieurs documents ont été consultés. Ceux-ci, peuvent être rangés en troisrépertoires.

En premier lieu, nous avons des documents qui parlent de la politique étrangère du Cameroun. Ces documents ne consacrent aucune ligne à notre sujet d'étude.Cependant, Narcisse, MouelleKombi22(*) et FozeingKwanke23(*), ont le mérite de consacrer,une réflexion sur La Politique étrangère du Cameroun, dans leurs ouvrages éponymes. Ilressort de ces deux réflexions que, malgré une forte présidentialisation de la politique étrangèrede l'Etat du Cameroun, il n'en demeure pasque, celle-ci estfondé sur des invariants tels que : le respect de l'indépendanceet la souveraineté nationales, l'autonomie de décision et le libre arbitre en politique étrangère, le non-alignement, etc.

En second lieu, on enregistre des documents qui parlent du Cameroun dans la crise irakienne de 2003. Ces documents sont constitués de deux articles tirés d'un ouvrage collectif et le reste pour l'essentiel des journaux de l'époque ayant relatél'évènement.Parlant des articles, nous avons en premier celui, de Dieudonné Oyono et en second, celui deChristian Bepi Pout et Hugues Pauline Bend.

Parlant de l'article deDieudonné Oyono24(*) : « La seconde Guerre duGolfe et la résurgence des `'malentendus transatlantiques'' : le dilemme camerounais »,l'auteur fait état de la position diplomatique du Cameroun dans la crise franco-américaine du Conseil de Sécurité.En effet, danscette criseayant opposéla France,aux Etats-Unis sur la nécessité ou non, de déclarer la guerre à l'Irak, le Cameroun apparaît comme écartelé entre les positions française et américaine ce, à priorisans grand rapport avec le conflit irakien.

En second, Christian Bepi Pout et Hugues Pauline Bend25(*),dans un article intitulé, « Guerre du Golfe,épisode 2 : une analyse de la réception de la couverture du conflit dans la presse camerounaise », fontétat de la positiondu gouvernement dans ce conflit,à partirdes différents journaux nationaux.De cette analyse, il se dégagedeuxthèses : celle d'un non-alignement du Cameroun, aux côtés des Etats-Unis, et celle d'un rapprochement des positions entre les deux pays.

Parlant des journaux qui ont relaté l'évènement, il se dégage des différents articles consultés que, deux thèses s'y affrontent effectivement. La première thèse est celle tenueparle quotidien gouvernemental,Cameroon Tribune26(*) qui, fait état d'un non-alignement de la diplomatie camerounaises, aux côtés des Etats-Unis dans ce conflit ce, malgré de nombreuses pressions.

La seconde thèse est entretenue par des journaux privés. A l'exemple duMessager27(*)etLa Nation28(*)qui, pour le premier analyse le choix cornélien auquel fut confronté le Chef de l'Etat camerounais, partagé entre les pressions américaine et française sur ce conflit. Tandis que, le secondnous révèle que, la visite du président Paul Biya, à Washington, les derniers joursprécédant le déclenchement des hostilités en Irak,marque la prise de position du Cameroun dans ce conflit, aux côtés des Etats-Unis. Cette thèse est d'ailleurs confortée parEdmondKamga29(*) de La Nouvelle Expression qui, pense que, c'est de cette visite du Chef de l'Etat à Washington que, « le Cameroun a commencé a figuré sur la liste secrète de la coalition des pays favorable à la guerre en Irak ».

Pour utile que ce débat fut posé dans la presse nationale, nous constatonsdes différentes analyses contenues dans ce premier répertoirede notre revue de littérature que,l'aval donné aux Etats-Unis, à travers la visite du Chef de l'Etat camerounais à Washington,les derniers jours précédant la guerre en Irak,estune entorse préjudiciable pour la diplomatie camerounaise. Au regard de cette thèse, les principes traditionnels de la diplomatie camerounaise,selon Narcisse MouelleKombi et FozeingKwanke ont été bafoués, et ouvert la brèche à un rapprochement des positions entre le Cameroun et les Etats-Unis dans ce conflit.

Dans le second répertoire se trouve des travaux universitaires. Ces travaux n'ont pas de lien direct avec notre sujet mais sont suffisammentédifiants pour comprendre les principes et objectifs qui gouvernent la politique étrangère duCameroun. En premier, nous avons Francine,NgayapNgandeu30(*).En effet,l'auteure dans son mémoire de Maitrise en Histoire intitulé, « La Conférence des ambassadeurs : une illustration de la mise en oeuvre de la politique étrangère du Cameroun (1960-1985) », analyse l'impact de ce Conseil dans le rayonnement de la politique étrangère du Cameroun. Elley met en avant, les outils à travers lesquels se servait le président Ahmadou Ahidjo pour le bon fonctionnement de la diplomatie camerounaise.

En second, dans un rapport de fin stage académique intitulé, « Le Ministère des relations exterieures et la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité »31(*), Gerald DjounangNangaanalyse l'impact de la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité entre 2002 et 2003.Il y donne les raisons de la participation et les actionsde la diplomatie camerounaise dans cette instance onusienne durant cette période.

Le troisième répertoire présente un document qui parle de façon générale de la guerre en Irak. En effet, écritsous la direction de Jean EmmanuelPondi, l'ouvrage quis'intitule, Une lecture africaine de la guerre en Irak32(*), tente d'appréhender une perceptionafricaine de la deuxième guerre du Golfe. Quatre centres d'intérêts y sont abordés : Le premier, analyse l'impact de la coalition américano-britannique en Irak. Le second s'intéresse, aux aspects géo-économiques de la guerre. Le troisième tente de percevoir la vision que les africains se font decette guerre. Le quatrième, s'attarde surles questions éthiques et religieuses. En somme, il ressort de cette contributioncollective que, la seconde guerre du Golfe fut motivée par des intérêts géoéconomiques et géostratégiques.

Au regard de ce qui précède, que pouvons-nous retenir des travaux sus évoqués dans le cadre de cette revue de la littérature ? A cette question, nous relevonsqu'il se dégage un rapprochement implicite de positions entre le Cameroun et les Etats-Unis sur la question irakienne. Ce rapprochementambigu du Camerounaux côtés des Etats-Unis apparait comme un soutien de sa diplomatie à la thèseaméricaine d'une intervention militaire en Irak. Cependant, les raisons de ce rapprochement duCameroun aux côtés des Etats-Unis ne sont pasclairement explicites. D'où, la nécessité de combler ce vide dans ce travail.

VIII- PROBLEMATIQUE

Pupille des Nations Unies, le Cameroun a très tôt fait le choix, dans le cadre de sa politique étrangère, de promouvoir les principes et idéaux de l'organisation universelle. C'estparticulièrement, le cas du règlement pacifique des différendset du recours à l'arbitrage des institutions internationales en cas de conflit.Cependant, on remarque que le Cameroun a eu quelques difficultésà assumercette position dans la crise irakienne de 2003. La visite du président Paul Biya, Chef de la diplomatie camerounaise aux Etats-Unis, le jour même du début de l'intervention militaire des Etats-Unis en Irak est de ce point de vue interprétée comme une entorse du gouvernement aux principes traditionnels de la politiqueétrangère du Cameroun. Cet embarrasdu Cameroun àassumer et défendre les principes traditionnelsde sa diplomatie dans ce conflit suscite une questionfondamentale: Pourquoi Yaoundé s'est-il finalement aligné sur la position américaine ?Et de cette question fondamentale, il en découle une question subsidiaire, celle de savoir:Qu'elles furent les retombées de cet alignement ostensible aux côtésdes Etats-Unis ?

IX- HYPOTHESES DE TRAVAIL

L'hypothèse au sens épistémologique est une réponse provisoire ou anticipée à une question de recherche. Elle suggère aussi les procédures de recherche, c'est une supposition à partir de laquelle les conséquences sont envisagées. En ce qui concerne cette étude, notre réflexion se fonde sur deux hypothèses :

- Les contraintes domestiques ont pesé contre la fidélité auxprincipestraditionnelsde la diplomatie camerounaise.

- La collaborationaméricaine était indispensable à la solution des problèmes domestiques du Cameroun.

La vérification de ces hypothèses nécessite un outillage théorique et méthodologique approprié.

X- DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

Toute recherche en sciences sociales, et l'histoire ne fait aucunement exception s'inscrit nécessairement dans une démarche épistémologique et méthodologique bien définie33(*). La présente étude ne déroge pas à cette exigence scientifique.

A- Le cadre théorique de l'analyse

Pour RaymondAron, « une théorie est un systèmehypothético-déductif,constitué par un ensemble de propositions dont les termes sont rigoureusement définis et dont les relations entre les termes (ou variables) revêtent le plus souvent une forme mathématique »34(*).La théorie ici a pour but de fixer les limites et tracer les axes le long desquels les investigations et le déroulementde cette étude vont s'articuler.Il s'agit en fait de « percer le secret des princes » en convoquant,la théorieréaliste des relations internationales.

La théoriemobilisée : le réalisme

La théorie réaliste des relations internationales à des origines fortanciennes. Elle remonterait à l'antiquité avec Thucydide (471-400 avant J.C) avec son récit sur la négociation entre les puissantsAthéniens et les représentants de la petite île de Mélos pendant les guerres du Péloponnèse. Elle se structure davantage à partir du XVIIèmesiècle grâce aux oeuvres de Thomas Hobbes (1588-1679) principalement ; leLéviathan qui développe la vision d'un « état de nature » marqué par la guerre de tous contre tous et nécessitant l'imposition d'un ordre par une autorité supérieure ; De la guerre de Clausewitz (1780-1831)qui insiste sur le fait que « la guerre est la poursuite de la politique par d'autres moyens »,avant de devenir au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale une source d'inspiration des auteurs réalistes du XXème siècle comme : Hans Morgenthau35(*) (1904-1980), Kenneth Waltz36(*) (né en 1924... ?), Henry Kissinger (né en 1923), ainsi que le sociologue français, Raymond Aron37(*) (1905-1983). Ces auteurs insistent tous sur le fait de l'inaptitude de l'idéalismeWilsonien à rendre compte des phénomènes internationaux.

Paradigmestatocentrique par excellence,dans la conception réaliste, ilen découle trois éléments principaux :

- les relations internationales sont régies par les rapports interétatiques limités à un nombre faible d'acteur. La théorie réaliste ne nie pas l'existence des relations transnationales mais elle les juge secondaire dans la compréhension de l'ordre international ;

- les rapports entre Etats sont conditionnés par la recherche de l'intérêt national ;

- les relations internationales sont essentiellement conflictuelles. L'instrument principal étant le recours à la force. Car, la hiérarchie des normes entre Etats se fonde principalement sur la puissance militaire.

Cette théorie postule que les Etats-nations sont les acteurs presque exclusifs du système international et qu'ils ne sont motivés que par leur intérêt propre. Mieux, dans la conception réaliste des relations internationales, la politique étrangère a pour préoccupation principale la sécurité de l'Etat. Son choix est dicté rationnellement en fonction de l'intérêt national exprimé en termes de puissance. Il en résulte alors des relations interétatiques conflictuelles par nature qui donnent la priorité à la force sur l'économie.

La volonté de puissance ou d'hégémonie qu'a un acteur de chercher à étendre son influence au-delà de ses frontières n'est pas un fait nouveau dans la vie des nations. C'est un type de comportement ancien qu'observent les politiques depuis la haute antiquité, et aujourd'hui encore, les Etats modernes continuent de s'en inspirer, comme lerelève,ThiyembeMwayila : « les ambitions hégémoniques ne sont propres ni aux superpuissances, ni aux puissancesmoyennes. Tous les Etats concourent potentiellement à cette fin etc'est le manque de moyens d'une telle politique qui les pousse à se contenir»38(*). Depuis, le phénomène n'a pas perdu de son actualité. Il décrit la situation du monde d'aujourd'huioù l'hégémonie ne s'accompagne plusnécessairement de la conquête militairemais davantagede la conquête subtile.

Au regard de ce qui précède, nouspensons qu'il existe un lien entre la théorieréaliste des relations internationales et notre sujet. Eneffet, notre étude s'inscrit dans une logique de conflit et de puissance. Car, le conflit est inhérent aux relations internationales, et les Etats en sont les principaux acteurs quipoursuiventleur intérêt national, aubesoin par leurs prises de position diplomatiques et politiques en situation de crise ou de conflit. Ainsi,pourraitêtre résuméle fil d'Ariane qui lie notre sujet à l'écoleréaliste.

B- La méthodologie

A propos de la méthode adoptée dans le cadre de ce travail, nous avons privilégié, celle de la collette des données qualitatives. A cet égard, les techniques retenues pour effectuer cette démarchesont : le recueil documentaire et l'entretien.

Latechnique de recueil documentaire est la démarche,qui permet de collecter des informations à partir d'écrits déjà existants sur le sujet de recherche.Dans le cadre de notre sujet d'étude, cesécrits sont constitués : des sources écrites et des sources numériques. Pour ce qui est des sources écrites, elles ont consisté en la lecture des archives du MINREX, et des documents de seconde main. Les documents de seconde main sont constitués : des ouvrages, revues, articles, thèses, mémoires et rapports.

La consultation de ces documentsde seconde main a permis de nous rendredans plusieurs bibliothèques de la ville. Parmi lesquelles, les bibliothèques de : la Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Yaoundé I (FALSH); de l'Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) ; de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC); de l'Institut Français du Cameroun(IFC) et de la Fondation Paul EngoElat.

Pour ce qui est des sources numériques, internet nous a été, d'un grand apport.Car, une bonne palette d'ouvragestraitantpartiellement ou non,notre sujetont été consultés en ligne. Ainsi, nous avonslu et téléchargé de nombreux documents, en un simple clic.

Pour compléter nos informations, nous avons procédé, enfin àdes entretiens. L'entretien est unetechnique qui permet au chercheur de récolter des données verbalesgrâceà des questions (préparées ou non).Cette techniquenous a permis de comprendreen partie, notre sujet àpartirde l'interprétation des donnéesrécoltées sur le terrain.

Ainsi, à travers des investigations et des entretiens exploratoires, nous avons identifié sept (07) personnes que, nous avons ensuiteinterrogées. Ces personnes pour l'essentiel se trouvaient à Yaoundé, le siège des institutions politiques du Cameroun.Les personnes àqui, nous avons soumis le questionnaire d'entretien, seules cinq(05) avaientune connaissanceavéréesdes questions internationales.Parmi ces différentes personnes, deux (02) sont des diplomates, deux (02) desenseignantset une (01), journaliste.Quant aux deux (02) autres personnes,n'appartenant pas aux catégories suscitées, elles nous ontconfessé leur ignorance de la thématiqueétudiée.

Les entretiens se sont faits sur la base d'un questionnaire élaboré au préalable.Les questions ontété rédigéesen français, et toutes sur le papierde format A4.D'autres ont été rédigées, à l'identique, de celles en version papier,pour être envoyées sous forme de messageWhatsapp à nos interlocuteurs. Pour le questionnaire d'entretien, dont les questions ont été élaboréessur du papierde format A4, certains de nosinformateurs ont préférélors de l'entretien répondre oralement. Faceà une telle démarche, nous nous sommes empressés de prendre des notes dans le souci de garder à l'esprit l'entretien.Quant au questionnaire rédigé, et envoyé sous forme de messageWhatsapp à nos interlocuteurs;cecis'estavéré être unedémarche àdoublebénéfice, nonseulement pour nous, mais également pour nos informateurs. L'avantage de cette démarche nous a permisd'économisernosdéplacements, et pour nosinformateurs, qui parfois ne disposant pas assez de temps, ceci leur a permis derépondreà nos préoccupations,en temps opportun.

Les données recueillies ont été ensuite confrontées, évaluées, critiquées et triées.Les sources écrites sélectionnées ontété classées sous une approcheplurielle à savoir : thématiqueet diachronique. Les sources orales issues des entretiens avec nos informateurs ont fait l'objet d'une exploitation rationnelle. En réalité, nous avons procédé à des recoupements, à des rapprochements et à la confrontation de ces sources orales avec les documents écrits et numériques pour cerner la vérité historique.La posture épistémologique qui est le fil d'Ariane de ce travail est le positivisme. Le mode de raisonnement utilisé s'inscrit dans une démarche déductive.

XI- DIFFICULTES RENCONTREES

Le sujet qui fait l'objet de notreétude se situe à la confluence de plusieurs disciplines académiques.Le choix et l'étude d'un sujet d'une telle actualité comporte presque toujours des difficultés.La premièredifficulté tient lieuà la périodicité. En effet, la crise irakienne qui marque le déclenchement de la deuxième guerre du Golfe39(*)va de septembre 2002 à mars 2003. Il y a donc très peu de temps historique.

La deuxièmedifficultéàlaquelle, nousavons fait face tient lieu àla disponibilité des documents.Nous n'avons pas pu mettre la main sur tous les documents traitant notre sujet.La plupart des données diplomatiques présentes au ministère des relations exterieuressont encore frappées du sceau deconfidentialité.

En dehors, de cette difficulté, nous déplorons aussi le fait que, au moment où, nouscommençons, le dépouillementdes archivesmis à notre disposition au MINREX,nous avons étécontraints peu de temps aprèsde suspendre nos recherchespour cause des travaux de rénovation de l'immeuble abritant, les dites archives. Ceci ne nous a pas permis d'entrer en profondeur dans nos investigations. Ainsi, pour avoir une perspective un peu plus large de notre étude, nous avons fait parfois recours à laméthode inductive pour opérercertainesgénéralités.

Ladernièredifficultéà laquelle, nous avons fait face, est celle de l'établissementdes contacts, voirmême de l'inaccessibilité avec certains de nos informateurs ayant été, destémoins clés de cetépisode de la diplomatie camerounaise. A l'exemple deMessieurs, Martin Belinga Eboutou, Ministre d'Etat, Directeur du cabinet civil à la présidence de la république, Ambassadeur du Cameroun à l'ONU, à l'époque des faits.Le Ministre des relations exterieures, le Professeur, François Xavier Ngoubeyou. Nos tentatives de rentrer en contact avec ces personnalités sont restées infructueuses.

Nous avons faitensuite, une synthèse de ces analyses pour dégager un plan de travail à deux parties, répartis en quatre chapitres.

XII- PLAN DE TRAVAIL

Le mémoire comprend deux parties réparties en quatre chapitres. Chaque fin de chapitre contient une conclusion. La première parties'intitule : « l'unilatéralisme américain et le multilatéralisme international :débatautour de deux conceptions de la géopolitique des relations internationales ».Elleprésente,les enjeux qui opposentcertains membres de la communauté internationale dans la gestion des conflitsinternationaux.Le premier chapitrede cette partie étudie, le contexte international des années 2000, confronté entrele multilatéralisme international et l'unilatéralisme américain. Le deuxième chapitre, s'intéresse de manière diachronique à la question du désarmement de l'Irak depuis la fin de la guerre du Golfe. Ladeuxième partie de notre mémoire s'intitule :« le Cameroun et la crise irakiennede 2003 ».Elle présente,le rôle de la diplomatie camerounaisedans cette crise. Lepremier chapitre de cette partie,analyse lapositiondiplomatique du Cameroun dans ce conflit.Le deuxième chapitre lui,s'efforce de mettre en évidence les retombées de l'engagement du Cameroun aux côtés des Etats-Unis.

PREMIERE PARTIE

L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE MULTILATERALISME INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA GEOPOLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES

CHAPITRE I

LE CONTEXTE INTERNATIONALDES ANNEES 2000 : ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN

Douze ans après la guerre du Golfe, à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et de la guerre en Afghanistan, les Etats-Unislançaient une nouvelle offensivediplomatico-militaire contre le régime de SaddamHussein, le 20 mars 2003 sous le fallacieuxprétexte que ce dernier, en dépit des injonctions de la communauté internationaleimposéesà l'issue de laguerre du Golfe en 1991,l'Irakcontinue de développer des armes de destructionmassives (ADM). Cette crise, entre les Etats-Unis et l'Irak, a cristallisé les positions diplomatiques entre les différents pays membresdu Conseil de Sécuritédes Nations Unies et mis en lumière deux lecturesdivergentes de résolutiond'une grande question internationale.Lechapitre que nous abordons présente la crise irakienne de 2003, comme enjeu du multilatéralisme.Ainsi, pour comprendrecettequestion, il semble judicieuxde présenter d'abord l'unilatéralisme américain dans son projet expansionnisted'un « nouvel ordre mondial », avant de conclure par celle, dumultilatéralisme international.

A- LE CONFLIT IRAKIEN COMME ENJEU DU MULTILATERALISME

La premièreguerre du Golfe marque le passage de la bipolarité de la Guerre Froide à la nouvelle unipolarité. Cette transitionsystémique de la géopolitique des relations internationales permet aux Etats-Unis, grand vainqueur de cette guerre d'asseoir leur légitimité internationale.Mais l'hégémonieaméricaine, perçue en 1991, commelibérale et légitime, apparaittransformée en 2003 en « hubris »impériale. Lemultilatéralismerespectueuxde la communauté internationale et de l'ONU de GeorgesHerbert Bush a laissé place à l'unilatéralisme radical de son fils,GeorgesWalker Bush.

1- La tentation unilatéraliste des Etats-Unis

Le « Nouvel ordre mondial » proposé par Georges Herbert Bush en 1991, à la suite de la victoire des Etats-Unis contre l'Irak et de l'Union soviétique est un projet ancien qui fut longtemps contrarié par les vicissitudes de l'histoire. En effet, le rêve américain d'un système des relations internationales fondé sur le principe démocratique, régie par la « pax americana » émerge à l'issue de la première Guerre Mondiale, lorsque dans une déclaration devant le Congrès des Etats-Unis, le 8 janvier 1918, le présidentWoodrow Wilson40(*) expose son plan de paix pour le monde.

Cette visionaméricaine des relations internationales connaitra cependant une évolution en dent de scie délibérée41(*), surtout au lendemain de sa victoire contre le communisme et la guerre en Irak.L'hégémonieaméricaine perçue alors en 1991 comme libérale, bénigne et légitime, quiépouse les aspirations des peuples du monde épris de liberté, apparaîttransformée en 2003 en« hubris »impériale.Les Etats-Unisjusque-là, chantre du multilatéralisme, laissent place à une politique étrangèredélibérément tournée vers un unilatéralisme radical. Pour reprendre les mots de Donald Rumsfield,ancien Secrétaire d'Etat à la Défense sous la présidence de Georges Walker Bush, « si c'est la coalition qui a définit la mission en 1991,c'est la mission qui définit la coalition en 2003 »42(*).

L'évolution de la politique étrangèreet de la diplomatie américaine s'expliquent tout d'abord par des facteurs internes. En effet, lors des attentats terroristes du 11 septembre 200143(*), lesEtats-Unis ont subi une attaque sur leur territoire d'une ampleur inégalée depuis Pearl Harbor44(*). Véritabletraumatismenational, cette attaqueleur fait prendre conscience desnouvelles menaces que représentent la combinaison des groupes terroristes, des « Etats voyous » et des ADM.Le 11septembre a aussi eu pour effet d'asseoir le pouvoir et l'influence des néoconservateurs au sein de l'Administration américaine. Mais ce changement corresponddavantage à une tendancestructurelle, et est l'aboutissement d'un lent processus de socialisation à l'unipolarité.

Aux Etats-Unis, ily a trois grands courants de pensée, aussi présents dans la communautéacadémique que dans les  « Thinkthank ». Ces courants idéologiques,parfois opposés sur le rôle que doit jouer les Etats-Unisà travers le monde influencent largement les décisions en ce quiconcerne sa politique étrangère.Parmi ces courants de penséeinfluents,figurent entre-autres :

- L'écolelibérale. Ses défenseursprônent le multilatéralisme ainsi que lamise en placedes normes et institutionsinternationales. Cette conception des relations internationales trouve ses fondements dans la doctrineWilsonienne des relations internationales et a largement inspiré la conduite de lapolitique étrangère du président Clinton. L'école libérale est essentiellementpartagée par le Parti Démocrate.

- L'écoleréaliste. Moins enclins que les libérauxà limiter la souveraineté des Etats-Unis, lesréalistes se montrent pragmatiques et prônent l'interventionnisme et le recoursà la force, par le jeu des alliances, dès lorsque se manifeste une menace imminente contre la sécurité des Etats-Unis ou de leurs Alliés. On trouve ces partisans principalement dans le Parti Républicain. LeSecrétaire d'Etat Henri Kissinger futl'une des figures emblématiques de l'écoleréaliste.

- L'écolenéoconservatrice. Les néoconservateurssont des idéalistes qui préconisent l'intervention préventive des Etats-Unis avant que sa sécurité ne soit directement menacée. Ils défendentl'universalisme de la démocratie.

L'écolenéoconservatrice45(*)des relations internationales repose sur l'idéeselon laquelle, le monde est dominé par les concepts de « Bien » et de « Mal ». Il s'agit pour les Etats-Unis d'éradiquer le «Mal » en contribuant à la promotion de la démocratie et de l'éducation à travers le monde.Le mal se nourrissant en effet de la pauvreté, de l'ignorance, du désespoir des populations défavorisées. Dans une certaine mesure cette doctrine est empreinte d'un idéalisme qui le rapproche des idées de gauche. Dans l'Administration Bush, cette doctrine est défendue par Paul Wolfowitz et Richard Perleet dans une certaine mesure par des réalistes tels que, le vice-président, Dick Cheney, et le Secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfield qui partagent les mêmes objectifs. Ce sont ces deux courants qui ont milité en faveur d'une guerre contre l'Irak, en 2003. 

Les néoconservateurs sont hostiles au statu quo.Ils souhaitent modifier l'ordre international, en particulier la carte politique du Moyen-Orient. Cette stratégie qui vise àanéantir les capacités militaires des Etats tierset d'étendre la volonté politique, économique et culturelle américaine procède d'abord de l'histoire des Etats-Unis.

La doctrine Monroe46(*) formulée au XIXème siècle énonçait à la fois, le refus de toute intervention étrangère aux Amériques, et le droit des Etats-Unis d'intervenir et d'annexer, le cas échéant, des territoires pour prévenir l'intervention européenne. Pour Theodore Roosevelt47(*), au début du XXème siècle, la prééminence des Etats-Unis leur assignait un devoir de « police internationale » par une intervention préventive destinée à sanctionner des acteurs extérieurs perturbateurs ou défaillants. Cettevisionsuprématiste est l'approcheunilatéraliste qui espère voir les Etats-Uniscontrôlerl'entièreté du système international et façonner le monde selon leurs valeurs et leurs intérêts.

La défense de l'intérêt national des Etats-Unispasse donc par la conquête et la guerre. La conception néoconservatricedes relations internationales veut non seulement que les Etats-Unismaintiennent leur puissance,mais aussi qu'ils l'accroissent.La penséenéoconservatrice est en fait qualifiéede Wilsoniennemusclée.En effet, pour les biographes du présidentWoodrow Wilson,les néoconservateursdésirentfaçonnerle monde selon les valeurs américaines mais lamise en application de cette politique se différencie des penséesdu vingt septième,48(*)président des Etats-Unis.Tandis que, pourceux du président, Franklin Delano Roosevelt,lesnéoconservateurschoisissent pour arriverà leurs fins,l'usage de la force etnon, l'instauration et le respect des règles internationalesauxquels, ne doit à aucuncas souscrire la puissanceaméricaine.

Dans un article publié dans le Washington Post, le 19 mars 2000, Robert Kagan49(*) et Irving Kristol50(*) précisent le rôle des Etats-Unis de la manière suivante :

L'absence de l'Empire soviétique ne doit pas altérer les fondamentaux de la politique étrangère des Etats-Unis - préserver et étendre l'Ordre international qui est en accord avec nos intérêts matériels et nos principes. De manière que les Américains sensés, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, ne voulaient pas devoir attendre la montée du prochain équivalent du nazisme pour agir, les hommes d'Etats américains actuels doivent reconnaitre qu'ils ne devraient pas rester passifs jusqu'à l'arrivée de la prochaine menace. Au contraire, il faut modeler l'environnement international afin d'éviter la formation d'une telle menace51(*).

Ainsi pour, les néoconservateurs,le vraidanger découlent du fait que les Etats-Unis tournent le dos à leurs responsabilités comme l'ont faitles européens dans les années 1930.Le premier but de la politique étrangère américaine,selon Robert Kagan, devrait donc être de« préserver etde renforcer la prédominance del'Amérique,en soutenant ses amis, en servant ses intérêts et en défendantses principes dans le monde entier »52(*).

Cette vision desEtats-Unis,àvouloir régenterles affaires du monde à partir de leurs convictions,nécessitel'emploi des moyens militaires conséquents et la volonté politique d'en faire usage. Pour les néoconservateurs, lesEtats-Unis ont d'ailleurs une force militaire remarquable et incomparable dans le monde, et qu'ils ne devraient pas s'abstenir de recourirà la force dans le but de remodeler le monde selon leurs intérêts.

Cette conviction sur l'emploi de la force arméequi les distingue des réalistes explique en grande partie pourquoi, l'Administration Bush a favorisé l'unilatéralisme au détriment du multilatéralisme. En d'autres termes, si les Etats-Unis avaient fait le contraire,c'est àdire,s'ils avaient mis l'accent plutôt sur la diplomatie que le recours à la force,ils n'auraient pas agi de façonunilatérale en Irak. Car, la diplomatie,par définition est une démarchemultilatérale. C'est dans ce sens, qu'il faut comprendre les critiques faites à la politiqueétrangère du présidentClintonau cours de son mandat parles néoconservateurs.

En effet, selon ces derniers, non seulement les dépensesmilitaires ontétéabaissées de manière drastiquemaissurtout, le président Clinton n'a pasosédéfierles Etats considéréscomme « voyous » et n'a pas envisagé de procéderà des changements de régimes. Les néoconservateurs ont également reproché à la politique étrangère du président Clinton de manquer de consistance et d'orientation, et ont mis l'accent sur le fait qu'au cours de cette période, lesalliés et les adversaires des Etats-Unisdans le monde ontcommencéà s'interrogersur la crédibilité des Etats-Unis53(*).

Lesnéoconservateurssont des ferventspartisans d'un interventionnismeaccrudes Etats-Unis à l'étranger. Au début des années1990, ils ontmené des campagnesde lobbying pour une intervention des Etats-Unis en Somalie, à Haïti, au Kosovo et en Irak, sans base juridique explicite de l'ONU, et plus tard pour ce dernier pays, à un changement de régime.Ce qui a amené le Congrès à adopter en 1998,l'« Iraq LiberationAct».En effet, les néoconservateursvoulaient que Washingtonabandonnesa stratégiede « containment »54(*)dans ce pays pour une politiqueplus interventionnistede façonà lui permettre de réaliser un changement de régime. HubertVédrine, l'ancienministrefrançais des Affairesétrangères qualifie ce mouvement ainsi qu'il suit : 

C'est un courant d'intellectuels qui tend à combattre la realpolitik. Affirme porter les valeurs universelles, proclame le droit et le devoir des Occidentaux de les propager. Le néo-conservatisme refuse ce qu'ilappelle les politiques d'«apaisement»et prône une intervention active dans les affaires du monde,justifications morales à l'appui55(*).

Au demeurant, pour les néoconservateurs,les attentats du 11 septembre 2001sont de nature idéologique. Ils placent la guerre contre le terrorismeou « Axe du Mal »56(*)dans la mêmecatégorie que les combats menés par les démocraties contre les deux totalitarismes du XXèmesiècle, àsavoir : le nazisme et le communisme.

Pour les néoconservateurs,les attentats du11 septembreont eu lieu, par ce que l'Amérique n'avait pas montré sa force de frappe dans les circonstances similaires comme au Liban en 1983, en Afghanistan, après le départ des soviétiques, ou en Irak après l'expulsion de l'armée de Saddam Hussein du Koweït en 1991. Les causes du terrorisme ne se situant ni dans le sous-développement, oùencore moins dans la rancoeur du monde arabo-musulman envers l'Occident mais résidentplus tôt,dans le manque de démocratisation du Moyen-Orient. C'est dans ce contexte que, le présidentGeorges Walker Bushparle de la nécessité à promouvoir une idéologie pro-occidentale auMoyen-Orient.

Tant que cette region sera en proie à la tyrannie,au désespoiret à la colère,elle engendrera des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des américains et leurs alliés. (...) Nous soutenons les progrèsdémocratiques pour une raison purement pratique :les démocraties ne soutiennent pas les terroristes et ne menacent pas le monde avec des armes de destruction massives57(*)

D'après cette vision, les Etats-Unis devraient entrer en guerre pour être de nouveau respectés notamment, par le monde arabo-musulman.Ce qui induit nécessairement àune refonte de la carte politique du Moyen-Orient. En 2004, le projet de Grand Moyen-Orient estainsi né avec l'intention de créer une region allant du Maroc, en Afrique du nord jusqu'en Afghanistan en Asie centrale, et qui serait une zone de libre-échange. La raison officielleest de combattre la pauvreté, établir la démocratie, engager des reformes vers le progrès, de sortir ces pays de l' « obscurantisme » et d'éradiquer l'intégrisme religieux qui exporte le terrorisme aux Etats-Unis et en Europe. Mais officieusement, ils'agitni plus ni moinsde faire main bassesur le pétrole du Moyen-Orient.

Les néoconservateurs,bien qu'ils ne soient pas tous de confession juive, cependant tous sont pro-israéliens. Isreal étantle seul Etat démocratique de la regionpar conséquent, il est impératif pourles Etats-Unisde lui apporter assistance. Ainsi, au lendemain de sa victoire contre le Premier Ministre, ShimonPères, le 8 juillet 1996, Richard Perle, Conseiller au Département de la défense, remis àBenyaminNetanyahou, le nouveau Premier Ministre israélien, un document intitulé, « Aclear break : a newstrategy of securityrealm58(*) ». Ce document qui faitdu renversement de SaddamHussein un objectif militaire prioritaire pour Isreal doitpermettre à la fois d'anéantirle danger irakien et d'affaiblir la Syrie.

L'hégémonieaméricainecomparée aux autres empires, connu dans l'histoire est considérée comme bienveillante et une chance pour le monde. Enassurant leur propre sécurité, lesEtats-Unisoffrent aux peuples du monde,l'ordre et la paix :un véritable bien public mondial.Puisque,cette hégémonie est bienveillante,elle doit êtrelibre d'agirunilatéralement. Les néoconservateurs jugent donc que la liberté d'action des Etats-Unis ne doit pas se trouver entravée par le droit international et par le jeu des alliances. Car, le droit international est une illusionàlaquelle la puissanceaméricaine ne doit en aucun cas souscrire afin de rester libre de ses engagementsinternationaux.

Pour CondeleezaRice,ancienneConseillèreà la sécuriténationale et Secrétaire d'Etat de l'Administration Bush, « les Etats-Unis, par les valeurs qu'ils défendent (paix-liberté-prospérité)peuvent se dispenserde toutelégitimationmultilatérale, dans la mesure où la défense de leurs intérêtsbénéficie au monde entier »59(*).Ainsi, les traités internationaux ne doivent a en aucun constituer des fins en soi et sont avant tout destinésàservir les intérêts américains. Les néoconservateurs refusent d'astreindre la nationaméricaineà des règles que d'autres nations ne respectentpas. Pour les néoconservateurs,les traités internationaux ne sont qu'une illusion.

Sur ce point précis, ladécennie 1990 et le début des années 2000 sont un témoignage concret du désintérêt et de l'hostilitédes Etats-Unisà l'égard des Nations Unis et de certainstraités multilatéraux :

- arriérés descontributionsfinancièresà l'ONU;

- baisse de participationau budget de l'organisation de 25% à 22%.

SelonNicolasGuyatt60(*),en 1999,les Etats-Unis devaient 1,6 milliards de dollars USà l'ONU, alors que l'organisation était en proie à une sérieuse crise financière,ne payant que le minimum requis pour garder leursiègeà l'AssembléeGénérale.

S'agissant des traités multilatéraux, on peut citer :

- le refus de signer la convention sur l'interdiction des mines anti-personnellesen 1997 et le statut de la Cour Pénale Internationale en1998 ;

- la non-ratification du traité de Kyoto en 1997,traité visant en la réduction des gaz à effet de serre ;

- le retrait du traitéanti-missile balistique signé en 2002.

Les Etats-Unis oscillentdonc entre multilatéralismequand ça les arrangent et unilatéralisme quand ça ne les arrangent pas.Ce choix de politique étrangère délibéré,a fait dire àcertains auteursque les Etats-Unis pratiquaient « un multilatéralismedégradé »61(*).Lemultilatéralismeproposé en 1991, par Georges Herbert Bushsemblait donc être d'une certaine manière, une relique de laGuerre Froide lorsqu'il était nécessaired'assurer la cohésion du bloc occidental et de maintenirle soutien des alliés pour préserver l'équilibrestratégique du monde. Au cours des années 1990,cette perception de la sécurité est dépassée.Car, la perception américaine du coût des concessions et compromis multilatéraux ayant augmenté alors que,celle des perceptions des bénéficesàretirerayant diminué.

Dotésd'un pouvoird'agir avecou sans le soutien de la communauté internationale, lesEtats-Unisaccordentune valeur croissanteàl'unilatéralismedepuis 2001 et à l'usage solitaire de la puissance, dégagée descontraintes multilatérales.Conformément, à la théorie de la stabilité hégémonique, les Etats-Unis, grâceà leurs qualités de leadership, disposent de la capacité d'obliger les autres Etatsà suivre leurs avis. Cecidécoulede toute structure unipolaire d'un système international.Enl'absence de freins et de contre-poids, l'hégémon tend àexploiter sa supérioritématérielle du moment pourétendre ses intérêts.

Sonincursion en Irak, en 2003, au mépris de la communauté internationale et de l'ONU visait donc à cette fin : affecté structurellement l'architecture juridique internationale, laborieusementédifiédepuis1945, pourmieuxconsolider les balises d'un monde guidé par le jeu de puissance, laraisond'Etat, etau besoin le recours unilatéralà la force dans la résolution des différendsinternationaux.

RichardPerle, un des plus influents Conseillers duPentagonesignaau lendemain du déclenchement de l'intervention américaine en Irak, en 2003, un article resté célèbre et au titre fortévocateur au Guardian post, en ces termes: « Merci, monDieu, pour la mort de l'ONU »62(*).Dans cette tribune, Richard Perle, affirme que l'intervention américaine en Irakmettrait un terme non seulement aurégime de SaddamHusseinmais aussi au « mythe des Nations Unies comme fondation d'un Nouvel ordre international » et au « concept libéral d'une sécurité obtenu par un droit international mis en application parles institutionsinternationales ».Car, les Américains nedoiventa aucun casoublier que les « Nations Unies sont nées des cendres d'une guerre que la ligue des Nations a été incapable d'éviter ».Depuis 1945, date de sa fondation,l'histoire ne cesse de mettre en lumière son incapacité àgérer la plupart des crises géopolitiques internationales.

En somme, la conjonction des facteurs internes: l'électionà la Maison Blanchedu républicain GeorgeWalker Bush en 2000, les attentatsdu 11septembre 2001 ne sont que des adjuvants factuelsqui ont amplifié et renforcé le processus de radicalisation des Etats-Unis vers l'unilatéralité.Leprocessusde radicalisation américain à l'unipolaritécorresponddonc davantage à une tendance structurelleet à un long processus de socialisation.

Cependant, l'affirmation d'un désir de « gouvernance globale » par refus d'un ordrefondé sur l'hyperpuissanceaméricaineconduit certains Etats àoeuvrer pour la promotiondu multilatéralisme. Ce multilatéralisme s'incarne en l'ONU.

2- L'ONU et la consécration du multilatéralisme

« L'ONU est certes fille de puissants »63(*), mais n'en demeure pas moins une organisation multilatérale. Le multilatéralisme est une méthode de coordination de conduite entre deux et au moins un acteur ou plus. Il se distingue à la fois du bilatéralisme et de l'unilatéralisme par lequel une partie définit seule les éléments de sa conduite.

Le terme multilatéralisme apparait pour la première fois aux Etats-Unis, au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale. Jusqu'alors, on parlait d'actions collective ou concertée. Il surgit dans une conjoncture particulière avec une acception bien précise pour définir les caractéristiques du nouveau système mondial de coopération que les Etats-Unis entendent mettre en place : un ordre international plus libéral économiquement et politiquement plus efficace.

Le multilatéralisme inspire ainsi, dès 1944 à la création du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). Il oriente également le régime du commerce prévu par le GATT en 1947. Il est donc au coeur de l'ONU comme nouvelle organisation mondiale chargée du « maintien de la paix et de la sécurité collectives ».

A la fois compris comme un phénomène actuel et historique, le multilatéralisme vient rompre avec la conception traditionnelle d'une diplomatie assimilée aux rapports bilatéraux qu'entretiennent les Etats entre-eux. Il postule que le jeu international est collectif, repose sur des normes communes et des objectifs partagés. Paradigme par excellence de la coopération internationale depuis 1945, le multilatéralisme ne fait certes pas disparaitre l'intérêt national des Etats, mais le rend inséparable de l'intérêt commun dont la réalisation est utile à tous. Cet ensemble de principes et de normes a favorisé le développement progressif d'institutionnalisation de la coopération internationale.

Les premières institutions multilatérales jadis créées furent : l'Union télégraphique internationale (1865) et l'Union postale universelle (1874). Cette institutionnalisation progressive de la vie internationale a lancé de nouvelles formes collectives de prise de décision au niveau mondial et fait émerger un système de rencontres et de foras internationaux visant à établir les relations entre Etats. Cependant, il faut noter que ce multilatéralisme pour un départ fut exclusivement limité aux nations européennes, avant de prendre un envol en 1919 avec la création de la SDN et de l'Organisation Internationale du Travail (OIT). Très vite coexiste alors, deux formes de multilatéralisme : l'un politique et l'autre économique, combinaison des deux, concrétisée par le système des Nations Unies en 1945.

La fin du XXème siècle est marqué par l'avènement d'une ère internationale nouvelle, où l'ONU bénéficie du climat de l'euphorie collective tant au niveau mondial que régional issue du double effet de la disparition du bloc soviétique et de la victoire de la coalition internationale anti-irakienne dans la guerre du Golfe. De cette euphorie collective, s'installa un « nouvel ordre mondial ». Le multilatéralisme international retrouve alors, un dynamisme qui se manifeste à travers une série d'initiatives et activités qui contrastent avec l'immobilisme de la décennie précédente64(*).

Le concept lui aussi, a même subi uneévolution, le rapprochant à celui de « gouvernance globale »65(*). La gouvernance globale, selon Alexandra Novesseloff désigne l'ensemble des acteurs intervenant dans les procédures institutionnelles (formelles ou informelles), les rapports de pouvoir et les modes de gestion publics (gouvernements et institutions internationales, operateurs de marché, organisations non gouvernementales, églises et entreprises plurinationales, etc.). Certains auteurs, à l'instar de Frank Petiteville66(*) font fondre, les deux concepts en parlant de « nouveau multilatéralisme »67(*) , lequel prend en compte les acteurs non étatiques. En fait, la différence entre les deux concepts souligne, Alessandra Novesseloff est assez réduite. Le multilatéralisme est institutionnel et la « gouvernance globale » est politique.

Les deux concepts tentent donc,d'expliquer la diversification des formes de multilatéralisme et les mécanismes de régulation internationaux engageant des partenaires à la fois publics et privés, formels et informels. Selon Marie Claude Smouts, le discours sur le multilatéralisme est un discours ancré sur l'universalisme, l'égalité et l'unité des hommes68(*). L'objectif du multilatéralisme est d'intégrer tous les Etats dans une communauté de règles communes.

Le multilatéralisme est et doit être inclusif. Il ne peut bien fonctionner que, s'il parvient à ne laisser aucune partie à l'extérieur, c'est à dire les Etats. La nature démocratique du multilatéralisme se traduit dans l'égalité des droits et devoirs des Etats. A cet égard, l'invasion unilatérale de l'Irak, en 2003 par les Etats-Unis, au mépris de la légalité internationale était illégale, en vertu de la Charte des Nations Unies qui recommande de « développer entre les nations des relations amicales » et de s'abstenir contre l'utilisation « de la force »69(*).

La multiplication des organisations interétatiques de toutes les vocations et à tous les niveaux, le développement parallèle d'innombrables mouvements privés, semblent prouver ce remarquable succès du processus. Car, le refus de l'ONU et d'une certaine opinion public internationale d'avaliser l'invasion des Etats-Unis de l'Irak, en 2003 révèle le caractère multilatéral de la société internationale mis en branle depuis 1945.La carteci-dessous, témoigne la multiplicité des organes et institutions multilatéraux de l'Organisation des Nations Unies.

Carte 1 : Le système des Nations Unies.

Source : http://www.org/fr/aboutun/struture/chart.pdf, consulté, le 16 décembre 2017.

Depuis 1990, on assiste à un retour de grands sommets et conférences internationales organisés à l'initiative de l'ONU, sur des thématiques variées et de portées mondiales dont le seul but est de promouvoir la paix et la sécurité. Certaines de ces rencontres internationales ont débouché sur des conventions engageant, les Etats dans des objectifs communs et/ou, ont donné naissance à de nouvelles agences spécialisées des Nations Unies.

Le point de départ de cesmanifestations multilatérales onusiennes fut (ré) ouvert en 1992 avec la conférence internationale sur l'environnement et le développement de Rio de Janeiro au Brésil. D'autres initiatives, d'ampleurs mondiales ont suivi dans les domaines du développement, notamment le Caire (Egypte) en 1994 et Copenhague (Danemark) en 1995 ; de la justice pénale internationale (traité de Rome) en 1998 ; de la réduction de la pauvreté dans les pays en développement, à New-York (Etats-Unis) en 2000 ; ou encore du développement durable à Johannesburg (Afrique du sud) en 2002.

Cette décennie post-guerre froide,a doté également, le multilatéralisme international d'une série de nouvelles initiatives de portée universelle telles que : l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui, instituée en 1995 à la suite du traité de Marrakech au Maroc, ne traite plus qu'uniquement du commerce des marchandises, mais aussi des services et de la propriété intellectuelle, sans oublier qu'elle dispose désormais d'une armature plus importante que son prédécesseur, le GATT pour résoudre les conflits en son sein, grâce à son organe de règlement des différends. Le multilatéralisme institutionnel accomplit aussi-t-on, un bon de géant dans le domaine de la justice pénale internationale, suite au traité de Rome (Italie), adopté en 1998, puis ratifié en 2002, qui institue la Cour Pénale Internationale (CPI), compétente pour juger les « crimes de génocides, contre l'humanité, de guerre et d'agression ».70(*) Sans compter que de nouveaux traités internationaux voient le jour à l'instar du protocole de Kyoto, en 1997, sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre ; le traité d'Ottawa, sur l'interdiction des mines anti-personnelles, etc.

En dehors de ces rencontres internationales ayant débouché sur des conventions engageant les Etats dans des objectifs communs et/ou ayant donné naissance à de nouvelles agences des Nations Unies, le multilatéralisme international se rapproche d'une autre pratique qui aussi, a favorisé la parturition de la société internationale, le régionalisme qui est une forme de multilatéralisme, mais à l'échelle régionale ou continentale.

Le régionalisme est le prolongement du multilatéralisme mais à l'échelle locale. Il obéit aussi à l'élaboration des normes collectives comme le multilatéralisme mais sans abolition des souverainetés nationales et puissances des Etats. Le régionalisme est donc un processus associatif d'Etats dans un but commun et respectueux de l'autonomie de chacun. Le groupement vise en général en la réalisation à dose élevée de la solidarité entre Etats. Bien que, le régionalisme soit un phénomène ancien, les premières expériences théoriques ne datent que de 1943. Ceci dans l'optique de la stabilité d'une paix mondiale qui se profilait à l'horizon.

L'ONU dans le cadre de sa Charte confère aux organisations régionales un rôle important en matière de promotion du multilatéralisme. Dans le chapitre III, et titré « Accords régionaux », il est stipulé qu'« aucune disposition de la Charte ne s'oppose à l'existence d'accords ou organismes régionaux (...) pour vu que ces accords ou organismes et leurs activités soient compatibles avec les buts et principes des Nations Unies »71(*).

L'Afrique, s'inspirant de ce modèle onusien de coopération, va lancer le sien à Addis-Abeba, le 25 mai 1963 avec la création de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) qui, hélas ne convainc guère, ni sur le terrain politique ou encore moins de celui de l'économie, avant d'être remplacée quatre décennies plus tard par l'Union Africaine (UA), jugée plus apte à répondre aux nouveaux défis posés par la mondialisation.

Pareils pour les groupements sous régionaux, à l'instar de celui, d'Afrique centrale qui s'est opéré avec la signature du traité de Brazzaville, le 8 décembre 1964, créant ainsi l'Union douanière des Etats de l'Afrique centrale (UDEAC). Cette organisation disparaitra avec la signature à N'djamena, le 16 mars 1994 du traité portant création de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) par laquelle, les six pays membres dont le Cameroun marque leur volonté de réaliser un « saut qualitatif » de leur intégration communautaire.

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Lemultilatéralisme, qu'il soit international ou régional est un cadre d'expression par excellence des relations interétatiques. La nouvelle diplomatie doit en tenir compte. Bertrand Badié soutient à propos que : 

Aussi fort que puisse être le désir d'unilatéralisme chez le plus puissant, la recherche fiévreuse de l'avantage individuel chez tous, plus aucun Etat, même le plus radical ou le plus prétentieux ne peut prendre le risque d'ignorer totalement le partage, de se détourner de l'échange d'informations et de renseignements, de se passer de toute convention, d'oublier les normes communes, de se fermer systématiquement à toute intégration régionale, de ne jamais se laisser tenter par le jeu du « donnant-donnant »72(*).

Au sein de l'enceinte onusienne, tous les acteurs peuvent tirer parti des vertus du multilatéralisme, et s'extraire en partie, des logiques de puissances à l'oeuvre. Cependant, un accord entre grandes puissances ne suffit pas pour remporter la décision et devenir une résolution ou une convention. Encore, faut-il batailler pour obtenir à la majorité simple ou des deux tiers de voix.Ces logiques comptables qui renvoient aux principes d'inclusion et d'égalité entre différents membres (un Etat égal une voie) obligent les plus puissants à composer avec les moins puissants.

Bien que, quelque fois atténuée, ceslogiquesprévalent également dans les organes considérés comme inégalitaires comme le Conseil de Sécurité. Une résolution est adoptée lorsqu'un projet recueille au moins neuf voix sur quinze et qu'aucun membre permanent ne se prononce contre.Les membres élus possèdent donc les capacités de s'opposer aux propositions du projet de résolution. En admettant qu'il existe un consensus entre eux, les membres permanents doivent convaincre au moins quatre membres élus, pour que leur accord se transforme en résolution.

Le constat suscité n'est pas anodin commel'illustre la crise irakienne. En effet, les Etats-Unisd'une part, la France d'autre part et ses alliés (Russie, Syrie principalement)se livrèrent à une cour effrontée de voix auprèsde certainsmembresélus du Conseil de Sécurité,jugésindécis (Angola, Cameroun, Chili, Guinée,Mexique, Pakistan), alorsmême que la Franceindiquait que, quelques soient les circonstances, ellemettra son veto contre le projet de résolution américaind'une guerre en Irak73(*).Dans cet exemple, le veto d'unmembrepermanentne semble pas suffireàdélégitimer une intervention politico-militaire.Cependant, davantagecomptent le symbole et la capacitéàrassemblerderrière une position.L'objectif de chacun des acteurs est donc de dégager une majoritéd'acteursinternationaux, au-delàdu veto, pour légitimer sa position.

La logique numérique n'induit pas seulement que la voix des petits comptent. Les plus nombreux, qu'ils soient micro-Etats, pays moins avancés, ou en développement, etc. ;  tous peuvent dans le jeu onusien, s'opposer et imposer aux plus puissants leur point de vue. Un moment en particulier dans l'histoire onusienne illustre cette face du multilatéralisme. Il concerne la mise sur agenda onusien de la problématique du développement. Eneffet, la décolonisationayant bouleversé la composition numérique de l'organisationonusienne, les pays en développementdevinrent plus nombreux dans les années 1960 et par conséquent maitre de l'agenda des débats.

Ils ontimposé des thèmeset des préoccupationsqui ont débordé, peu à peu sur l'ensemble du système multilatéral. Cespays sont parvenusà faire accepter aux pays riches trèsréticents, la tenue d'uneconférence des Nations Unies sur le commerce et le développement(CENUCED),en 1964.L'ONU a donc servi de tribune de revendications non seulement, aux indépendances des peuples, mais aussi à un ordre économique international équilibré entre pays riches du Nord et pays pauvres du Sud.

L'influence du multilatéralisme onusien ne se limite pasqu'à inciter les plus grands à tenir compte dans une logique numérique des autres Etats. La dynamique quantitative s'accompagneaussi de changements qualitatifs qui renforcent les vertus égalisatrices du multilatéralisme. En 1960,lorsqu'elleaccueilleles Etatsrécemmentdécolonisés, l'ONU les reconnaît comme égaux de leurs anciennes métropoles. Elle leur offre la possibilité d'établir de nouveaux liens diplomatiques, dedévelopper des relations horizontales avec d'autres partenaires, de participer à des coalitions, degénérer des allégeances multiples, diminuant de ce fait le coût du non-alignement sur la puissance coloniale.

Les Etats trouvent ainsi en l'ONU des ressources qui leurspermettentd'adoucirleurs relations bilatérales, voire de s'extirper de l'asymétrie de certaines d'entre elles.Ce faisant, le jeu onusien ne constitue pas une réplique des rapportsde puissance :ceux-ci sont contraints par le dynamismemultilatéralà l'oeuvre.En raison du projet dont elles sont porteuses,des principes sur lesquels, elles s'appuient, des valeurs qui les fondent, les Nations Unies incitent à un effort de persuasion et d'argumentationplutôt qu'à un recours systématique aux rapports de force.

Les effets transformatifs du multilatéralismeonusienvont au-delà de l'Organisation. En effet, les pays en développement ne s'appuient pas que sur le constat de leur supérioriténumérique mais également sur la contrainte morale que génère la répétition de certainsarguments, illustrant les inégalités Nord-Sud. Ce point mis en avant par de nombreux pays figure en bonne place dans un rapport de la délégationbrésilienne à la XXIXe session du Conseil économique et social de l'ONU, en avril 1960. 

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L'orientation la plus intelligente pour les pays sous-développésn'est pas de forcer des solutions par le processus simpleet démocratiquedu décomptedes votes,processus par lequel,ils remporteraient toutes les décisions,sans obtenir le moindre résultat pratique (...). Au contraire, larépétition constante et de plus en plus flagrante de ces véritésgénère un sentiment d'embarrascroissant, qui se transforme en contrainte morale74(*).

L'ONU participe doncà la transformation des intérêts et valeurs, despréférences des Etats.En contribuantàl'émergence de nouvelles normes, elle conduit les Etats à modifier ce qu'ils veulent. Le projet multilatéral sur lequel s'appuiel'ONU contient en lui-même les dynamiques d'autonomisation.

Au demeurant, dans un monde dépourvu de gouvernance mondiale et d'organes de contrôle supérieur des Etats, la prolifération durant les années 1990, des conférences, fora, traités, règles contraignantes sont venus rappeler l'existence d'un mode particulier d'organisation des relations internationales.Toutefois, au-delà, des rapports de forces et d'influences qui interviennent dans le processus de production des normes et des règles internationales, le cadre multilatéral aspire, autant que faire se peut, à la gestion concertée de la planète et à assurer un minimum de stabilité dans les relations inter-Etats.

B- LES ENJEUX ET DEFIS INTERNATIONAUX DE LA CRISE IRAKIENNE DE 2003

Les enjeux et défisde la crise irakienne de 2003 au Conseil de Sécurité,sontautantidéels et normatifs que matériels. Cependant, en dehors de ces enjeux, le contrôle dupétrole du Moyen Orient par les Etats-Unisapparaîtcomme, le véritable enjeunon déclaré de la guerre contre l'Irak.

1- Pour les Etats-Unis et la Grande Bretagne : assurer la légitimité politique et la légalité internationale de la guerre

La crise irakienne de 2003 au Conseil de Sécurité de l'ONU, etqui consacrela montée en puissance de l'unilatéralisme des Etats-Unis n'est pas que, d'un ordre militaire. D'ailleurs, d'un point de vue Américain, la question irakienne au Conseil de Sécurité n'était pas principalement destinée à obtenir des soutiens militairesqui, seloncertains experts auraient été marginaux et difficiles à intégrer, en raison des problèmes logistiques et d'inter-opérabilités entre les différentes armées nationales. Seul le soutien militaire des Britanniques était important pour les Etats-Unis. Celui-ci, avait un contingent de 40.000 soldats, soit 10% des forces de la coalition75(*).

L'enjeu était plus tôt pour Georges Walker Bush et plus encore pour Tony Blair, d'assurer la légitimité politique et la légalité internationale de la guerre. Le vote d'une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies aurait permis de légitimer la guerre aux yeux d'une partie des Etats et des opinions publiques mondiales, mais davantage de s'assurer le soutien de leurs opinions publiquesnationalesrespectives avant la guerre.

Tony Blair avait particulièrement besoin de cettelégitimité onusienne.L'opinion publique britannique étaithostile àla guerre, y compris des parlementairesde son propre Partiqui faisaient entendre leurs désaccords. Néanmoins, une résolution du Conseil de Sécurité aurait eu des conséquences matériellesmême si, cela n'aurait pas permis de rassembler un grand nombre de forces militaires supplémentaires. Car unetelle résolution auraiteu l'avantage de partager le coût financier de la guerre comme du tempsde la guerre du Golfe en 1991.Plus encore, elle aurait permis de partager le « fardeau » dela reconstruction de l'Irak après la guerre(reconstructionmatérielle et économique,administration politique, etc.).

L'enjeu principal du conflit diplomatique au Conseil de Sécurité, entre janvier et mars 2003 était donc d'ordre normatif. Les Etats-Unis remettaient en cause les principes fondamentaux du droit international : le respect de la souveraineté nationale, les conditions de la légitime défense et de l'usage légitime de la force. La principale justification de la guerre était la menace posée par les ADM détenus par Saddam Hussein. Cependant, en l'absence d'une menace certaine et imminente, le principe de préemption76(*) ne pouvait être invoqué. Il s'agissait donc pour les Américainsd'élargir la notion de guerre préemptive à celle de la guerre préventive. Autrement dit, l'attaque d'un pays potentiellement hostile, constituant potentiellement une menace à long terme.

Le second objectif déclaré de la guerre était le renversement du régime de Saddam Hussein, en raison de son caractère non démocratique, non respectueux des droits de l'homme et de son hostilité aux Etats-Unis.Autant de motifs bannis par le droit internationalau nom du respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats.En d'autres termes, autoriserune guerre préventive, justifiée par la menace potentielle que constituaient d'hypothétiques armes de destruction massive possédées par un régime bien que non- démocratique, et ayant pour finalité un changement de régime, aurait marqué un changement majeur dans la doctrine juridique internationale.

Ainsi, en empêchant, le vote d'une seconde résolution au Conseil de Sécurité, la France et la Russie ont rendu la guerre en Irakillégale, etaffaiblies l'image et la légitimité des Etats-Unis. Le refus de reconnaître la menace des ADM irakiennes signifiait que les véritables enjeuxde la guerre contre l'Irak étaient autres que, celles avancées par l'Administration Bush. A cet égard, le contrôledes ressources pétrolièresirakiennesapparait comme l'enjeuprincipal de l'interventiondes Etats-Unisdans ce pays.En effet, le pétrole constitue la clef de voûte du système économique mondial et commande les rapports de force entre les puissances. Mieux, qui pèse sur la production, la circulation et les prix du pétrole, oriente le système économique international.

Ce n'est donc pas un hasard si, les Etats-Unissont au centre de tous les réseaux de domination qui enserrent l'or noir depuis la seconde Guerre Mondiale, couronnantainsi leur implication dans les luttes d'influences entre les pays producteurs. LeMoyen-Orient, le Maghreb,l'Iranet plusieurs autres Etats de l'Asie musulmane concentrent à eux seuls, la majeure partie des resservespétrolières et gazièresde la planète77(*). De quoi, faire de ces Etatsdes cibles privilégiées des grandes puissances.

Lepétrolereprésente40% de la consommation de l'énergie mondiale. Quelle que soient les innovationsapportées dans les systèmes de production, le pétroleresteencore au moins, pour troisdécennies (voir plus)la principale source d'énergie primaire. Il devrait, aprèsépuisement des réservesêtreremplacer par le gaz dont les gisementsdonne toujours au monde arabe (le Maghrebsurtout) et l'Asiecentrale une importance stratégique.

Cependant, si les réservespétrolières ne peuvent êtredéfinies à priori de façonprécise (ellesdépendentà la fois du niveau des prix du baril permettant ou non l'exploitation de gisements et des avancées technologiques),il est établitque, la demande mondiale actuelleestsatisfaitequantitativement. Mais, le problèmequi se pose est celui du coûtde cette satisfaction : car augmenter la production implique des investissementsélevés. Orlàencore, le Moyen-Orient joue un rôle central :les réserves y sont à la fois importantes et les coûtsd'exploitation moinsonéreux. Bref, quoiqu'il en soit, la conjonction entre hausse de la demande mondiale, poids prépondérant du pétrole dans la croissanceéconomique, gisements importants et particulièrementaccessibles, fait du Moyen-Orient, la region cible de toutes les convoitises.

Le contrôle de cette regionreprésentedonc, un intérêt vital pour les Etats-Unis. Les Etats-Unisabsorbentà eux seuls, plus du quart de la consommationmondiale de pétrole alors que leur productionest en chute libre : moins de 15% entre 1999 et 2000.Ce déclinrapide associé à la hausse de la demande intérieure, permet de mieux comprendre la volontéAméricaine de s'emparer des champs pétrolifères irakiens.

A première vue, lepétrole semble être une armeredoutable entre les mains des pays producteurs. En fait, il en n'est pas.Les avoirs des pétromonarchies du Golfeontété massivementinvestis en Occident(environ 800 milliards de dollarscontre 160 milliards investis dans les économies nationales de ces pays). Les revenus tirés de ces investissements sont souvent plus importants que la rente pétrolièreelle-même.En revanche, leurs évolutions sont totalement tributaires de la croissanceet de l'état de l'économie des pays occidentaux. D'où une interdépendanceperverse qui limite drastiquementla liberté politique desEtats producteurs de pétrole, du moins de ceux qui auraient des velléitésd'indépendances.

Or l'Irak, constitue une exception. Ce pays ayant davantage investit dans son propre développement est plus favorableàla pratique des prix de pétrole élevés sur le marché international.En outre, détendeur des deuxièmesréserves mondiales de pétroleaprès,l'Arabie Saoudite, et hostileaux Etats-Unisdans la region ; il est clair que ce pays, devenait de fait un obstacle à la stratégieAméricaine de contrôle de ressourcesénergétiquesmondiales.

La volontéAméricaine de renverser le régime irakien devint autant plus forte lorsque celui-ci a nouéavec, laFrance, la Russie et la Chine, des accordsd'exploitation du pétrole qui n'attendaientque la levée de l'embargo pour entrer en vigueur. Uneintervention militaire,accompagnée du renversement du régime de Saddam Hussein et de la mise en place d'un pouvoir à la solde des Etats-Unisremettraient en cause cepartage qui,exclut les Américains et les Britanniques. LesdiscussionsAméricaines avec certainsmembres de l'opposition irakienne, en exilont porté sur ce point. La maitrise du pétrolepour les Etats-Unis, on sait doit non seulement, satisfaire la demandeintérieuremais également êtrel'instrumentd'uncontrôleétroitde la croissance des régionsconcurrentesnotamment, l'Asie.

La volonté des Etats-Unisd'envahirl'Irakfutaussi animer par le souci de diversifier leur provisionnement en pétrole. Eneffet, tout indique que les Etats du Moyen-Orient se voientconfronter à des transformationséconomiques et sociales qui, peu à peuconduisent certains de ces Etatsàmodifier leursstratégies de développement.Ainsi, les besoins sociaux liésà la croissancedémographique amènentcertainsde ces Etatsà demander une hausse relative des prix du pétrole. Ce quimet en périll'entente« secrète » avec les pays Occidentaux. La stratégieguerrière des Etats-Unis s'inscrit aussi dans le grand marchandage entrepris avec la Russie pour le partage de l'influencerégionale et une coopération qui inclut le pétrolerusse. L'invasion de l'Irakpermettait doncaux Etats-Unis,de s'assurer le contrôle, de cequeles experts appellent « l'ellipse stratégique de l'énergie »78(*).

Si,l'enjeupétrolierest le paramètresignificatif à prendre en compte parmiles enjeux Etatsuniens quivise à en découdre avec l'Irak ; d'autres analysestentent de montrercependantque, le lobby de l'industrie de l'armement n'est pas en restedans les basses manoeuvres d'une confrontation entre lesEtats-Unis et l'Irak79(*).Car,une intervention militaire permettaitaux industriels de l'armementde décrocher de juteux contrats de vente d'armes avec le gouvernement américain mais aussi d'entester de nouvellessur le champ de bataille irakien.

En outre, la pression en faveur d'uneattaque Américaine contre l'Irak, viendrait ausside l'Etat hébreux qui,considère ce pays comme un dangereuxennemiqu'il faut anéantir. Unlobbypro-israélien, aux Etats-Unis, auraitsuggéré au président Georges Walker Bush,de procéder àune politique étrangère encore plus ambitieuse qui, irait jusqu'à « une intervention en Iran et en ArabieSaoudite »80(*). Ce qui garantirait,l'approvisionnement des Etats-Unis en pétrole et la sécuritéd'Israël  dans la region.

En somme, l'enjeu pétrolier combiné à ceux des lobbies pro-armesapparaissentdonc comme les véritables instigateurs de l'intervention des Etats-Unis en Irak.Ladémarche du président,Georges Walker Bush de jouer la carte du multilatéralisme en décidant de passer une ultime fois au Conseil de Sécuritépour résoudre le problème irakien n'étaitqu'un trompe oeil.L'intervention des Etats-Unis en Irak,avaitétélongtemps décidéeà l'avance par des officines secrètes de la politique étrangèreAméricaine partisane, d'un interventionnismeet du recours à la force des Etats-Unisàl'étranger.

2- Pour la communauté internationale : le respect de la légalité internationale et la prise en compte d'un monde multipolaire

Au lendemain de l'effondrement de l'Empire soviétique, les Etats-Unis deviennent incontestablement l'unique superpuissance capable de dominer le reste du monde dans les domaines : économique, culturel, militaire, et technologique. Pour Washington, la fin de la Guerre Froide apporte la preuve de la supériorité du modèle américain sur le reste du monde et c'est désormais aux Etats-Unis d'en assurer le leadership.

Cependant, le reste de la communauté internationale n'envisage pas ce  « nouvel  ordre mondial » de la même la façon que la puissance Américaine. La fin de l'affrontement bipolaire constitue au contraire une opportunité unique de créer un ordre mondial multipolaire qui prendrait appui sur la compétition diplomatique, plus tôt que le conflit, l'existence de différents pôles d'influences, la liberté organisée des échanges et la démocratie. Ce nouveau système de relations internationales doit fonctionner dans un cadre multilatéral qui privilégie la concertation et la négociation entre les Etats. La crise irakienne de 2003, fut à cet égard alors comme un moment de vérité pour la communauté internationale, parce que tous les Etats sans exception étaient appelés à prendre position. Le Cameroun, membre non-permanentdu Conseil de Sécurité, au cours de cette périodepour justifier,son opposition à la guerren'hésita pas à invoquer le dialogue comme le cadre ultime de résolution de cette crise entre les parties.

Le Cameroun a toujours vivement souhaité voir la logique de paix faire face à la logique de guerre. Le pays a appuyé toutes les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies depuis l'invasion du Koweït par l'Irak, en 1990 à nos jours et a toujours invité les parties à la négociation et à la recherche d'une solution négociée, fondée sur le respect du droit international. La position de principe de la diplomatie camerounaise se fonde sur le fait que, l'usage de la force dans les relations internationales et en particulier l'annexion ou l'invasion d'un pays par un autre est inadmissible, carsusceptible d'aiguiser les ambitions hégémoniques des Etats plus puissants vis-à-vis des plus faibles.

Dans le même sillage que les responsables politiques camerounais, lesprésidents, jacques Chirac et, Vladimir Poutine, pour justifierleur refus à la guerre, n'hésitent pas à évoquer la déstabilisation de l'ordre international. En effet, douze ans après, le « nouvel ordre mondial » proclamé par le présidentGeorges Herbert Bush, les présidents français et russe déclarent vouloir un monde multipolaire, gouverné de manière multilatérale. Le président Jacques Chirac affirme :

Nous voulons vivre dans un monde multipolaire, c'est à dire avec quelques grands groupes qui aient entre eux des relations aussi harmonieuses que possible, un monde dans lequel l'Europe, notamment aura toute sa place, un monde où la démocratie progresse d'où l'importance à nos yeux capitale de l'Organisation des Nations Unies pour donner un cadre et une impulsion à cette démocratie et cette harmonie, un monde où des crises inévitables puissent être gérées aussi bien que possible (...).C'est-à-dire, faire face à des pays qui, tout d'un coup, se mettent à construire ou à fabriquer des armes ou à acheter des armes de destruction massive, et enfin un monde qui privilégie le respect de l'autre (...), et qui essaie d'éviter l'affrontement81(*).

La visiondu président françaisde l'ordre international du XXIesiècle se fonde donc surun système international en constante évolution et du rapport de force à venir, à un moment où, de plus en plus la superpuissance Américaine est contestée, sinon concurrencée par d'autres puissances, notamment émergentes.

Une société où il y a un seul puissant est toujours une société dangereuse et qui provoque des réactions. C'est pour cela que je suis pour un monde multipolaire (...). De toute façon, le monde ne sera pas unipolaire. Dans les cinquante ans qui viennent, la Chine représentera une puissance considérable. Donc le monde sera différent.Donc, autant essayer de l'organiser dès maintenant82(*).

Au regard de ce qui précède, on constate que dans les propos du président Chirac, il se dégage une attitude néoréaliste83(*). L'unipolarité selon ce dernier, estdangereuse, en raison d'une part des risques d'usage excessif et sans frein de sa force par la puissance dominante, et d'autre part, des réactions quasi-mécaniques qui entrainent le déséquilibre de puissance de la part des puissances émergentes. Il s'agitdonc, d'une théorie de l'équilibre de puissance. 

L'avènement d'un monde multipolaire est ainsi, un fait acquis au regard de l'émergence des BRICS,84(*) avec à leur tête la Chine, véritable rival des Etats-Unis. La multipolarisation en cours doit donc, entrainer un changement systémique de la gouvernance mondiale.

Le changement systémique implique un changement dans la gouvernance du système internationale. C'est à dire que c'est un changement au sein du système plutôt qu'un changement de système. Cela inclut une modification de la distribution de puissance, de la hiérarchie du prestige, et des règles et droits reconnues, bien que ces changements n'aient que rarement lieu simultanément. Ainsi, (...) le point focal du changement systémique est l'émergence et le déclin des Etats dominants ou des Empires gouvernants un système particulier.85(*)

Face à la transition inévitable du système international, deux attitudes antinomiques se dégagent : maintenir l'hégémonie Américaine et la main-misede l'Occident sur les institutions internationales, au risque de provoquer des fortes tensions voire une guerre hégémonique ou alors,préparer dès maintenant le monde de demain, en anticipant et adaptant la gouvernance du système international progressivement.La vision de ce monde multipolaire du président Chirac est àl'opposé de celui des stratègesnéoconservateurs américains. En effet, dans la doctrine néoconservatrice, on peut y lire : 

Actuellement, les Etats-Unis n'ont pas de rival global. La stratégie américaine devrait viser à préserver et étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le futur. Il y a cependant, des Etats potentiellement puissants, insatisfaits de la situation actuelle et voulant la changer (...) jusqu' à maintenant, ils en ont été dissuadés par la capacité et la présence planétaire militaire de la puissance militaire américaine. Mais, comme la puissance décline, de manière relative et absolue, les joyeuses conditions qui en découlent seront inévitablement ébranlées86(*).

En somme, on constate que, si la France opte pour une incrémentation de la puissance et l'adaptation progressive de la gouvernance mondiale, lesnéo-conservateurs américains eux, optent plutôt pour une stratégie agressive de maintien de l'hégémonie Américaine.La guerre en irakien apparait donc, à ce titre comme une stratégie Américaine d'endiguement de la Chine et de la Russie d'une part, en contrôlant les principales ressources pétrolières mondiales, et d'autre part, en développant un réseau d'alliances diplomatiques et de présences militaires tout le long du croissant, allant de l'Asie du Sud-Est au Caucase87(*).

L'idée d'une dynamique de multipolarisation est présente dans les esprits des deux côtés de l'Atlantique. La Chine, même si, elle a fait profil bas lors de la crise irakienne estle point focal de ce monde multipolaire. Un monde multipolairequi compterait plusieurs puissances à peu près équivalentes lors des cinquante prochaines années. La Russie, ancienne superpuissance, reste un acteur géopolitique majeur et ce, malgré la fin de la Guerre Froide. L'hostilité, la méfiance et les tensions perdurent toujours entre les superpuissances Américaine et Russe, montrant ainsi que leur rivalité géopolitique ne s'est pas éteinte avec la disparition de l'Union soviétique.Ensuite, vient l'Union européenne, du fait de son modèle politique et économique communautaireintégré. On peut y ajouter d'autres puissances telles que : l'Inde, le Brésil, etc.

On peuty lire aussi dans la crise irakienne, la confrontation de deux visions de l'ordre international. Le vote d'une résolution autorisant la guerre en Irak auraitmarqué le passage de l'hégémonie matérielle à l'hégémonie normative. Le droit international se serait plié à la volonté du plus fort, incarné par la doctrine Bush. L'un des enjeux pour la communauté internationale était donc de préserver le statuquo normatif, et de maintenir l'ONU et le Conseil de Sécurité, comme le lieu de la gestion oligopolistique et multilatérale des affaires du monde.

La crise irakienne donneenfin, une lecture entre puissance conservatrice et puissances transformatrices. Les Etats-Unis sont une puissance conservatrice, dans la mesure où leur objectif est de maintenir leur position hégémonique actuelle. Mais comme la puissance Américaine est un Etat expansionniste visant à croitre d'abord sa superpuissance et à étendre son influence politique et idéologique pour préserver le statut quo qui lui est favorable, elle ne peut que chercher à affaiblir ses potentiels rivaux. En revanche, les puissances transformatrices : la Chine, la Russie, et dans une moindre mesure la France, souhaitent une redistribution de la puissance matérielle et normative au sein de ce nouvel ordre international en gestation.

Le discours du président jacques Chirac a donc pour fonction de mobiliser les autres Etats de la communauté internationale. Cependant, si la tendance d'évolution du système international est à la multipolarisation, force est de reconnaitre que, ce dernier reste encore unipolaire. Le discours d'un monde multipolaire est autant prescriptif que descriptif. Il est davantage une arme utilisée pour contraindre et restreindre l'hégémon Américain.

D'un point de vue socioconstructiviste, le discoursd'un monde multipolaire vise à transformer les perceptions et représentations.C'est à dire, convaincre les autres : la communauté internationale et soi-même que, le monde devient multipolaire. Il vise donc à faire évoluer les mentalités et les pratiques, en occurrence en rendant concevable et possible une opposition contre la puissance Américaine. Le succès d'une position donnant à son tour de la crédibilité à l'idée d'un monde devenu multipolaire. En d'autres termes, si le monde devient multipolaire, il devient aussi possible de s'opposer aux Etats-Unis. Cela prouve que le monde estmultipolaire.

Eu égard, à cette analyse, de nombreuses voix cependant, se sont élevéespour affirmer que la France, se refusait à toute intervention militaire en Irak pour des raisons économiques notamment,pétrolières. En effet, la France s'intéresserait à l'or noir irakien depuis quatre-vingt ans88(*) . Les relations entre les deux pays ont été cordiales jusqu'en 1990, veille de la première guerre du Golfe. Après cette date, les compagnies Totalet Elf existaient toujours en Irak, mais limitées par des sanctions internationales infligées à l'Irak.

Dans un article intitulé, «  Les dessous de la carte »89(*), Dominique Lagarde et Alain Louyotaffirment que les entreprises françaises en 2003, avaient 80 stands à la foire de Bagdad ce, malgré l'embargo onusien. Depuis 1996 et la mise sur pied du programme « pétrole contre nourriture » par l'ONU, la France est restée le premier fournisseur de l'Irak, lui apportant près de 14 % de ses importations en 2001.En retour, l'économie française aurait gagné 660 millions de dollars.Même si,certaines entreprises françaises tentent aujourd'hui de le minimiser.

Dans le même sillage, M., Kenneth et M., Timmerman90(*) soutiennent sans ambages que c'est pour des raisons économiques que la France a refusé la guerre en Irak. Les chiffrent qu'ils avancent sont plus conséquent que ceux suscités. L'Irak recevrait en effet, 25% de ses importations de la France.Ce qui rapporterait près de 1,5 milliard de dollars par an aux entreprises françaises. Le groupe Total/Fina/Elf aurait négocié, un contrat de 40 milliards de dollars afin d'exploiter de nouveaux gisements pétroliers.D'autres contrats auraient été signés entre les deux pays, comme celui d'Alcatel, Renault et Peugeot.Certains de ces échanges auraientfavorisé le développement d'un programme nucléaire irakien91(*).

A la lumière de ce qui en découle,les points concernant la France sur lesquels nous sommes revenus mettent en avant un Etat soucieux du multilatéralisme international. Cependant,cette vision modérée et interdependantiste des relations internationales, de la diplomatie françaisevisait d'abordà la préservationdes intérêts de la France. La France a donc eu en réalitétout au long de la « crise irakienne », une politique plus réalistequ'humaniste.

CONCLUSION DE CHAPITRE

La crise irakienne de 2003, au Conseil de Sécurité de l'ONU est lecroisement de deux logiques de la géopolitique des relations internationales : l'une prônant l'approchemultilatérale des grands enjeux internationaux et une autre logique, prônant l'approche unilatérale des relations internationales.Cette crise qui tire son originede la Guerre du Golfe a cristallisé les débats et enjeux entre les différentsmembres du Conseil de Sécurité. Pour la communautéinternationale, il a été question de défendre la légalité internationale,de faire entendre sa voix et de partager la vision d'un monde multipolairefondé sur la quête derèglementpacifiquedes différends. Tandis que pour les Etats-Unis, cette question relevait d'un enjeu de sécurité nationale. L'étude de ces deux logiques des relations internationalesrévèle des caractèresintrinsèques qui opposentchacune de l'autre et dévoile leur conceptiontrèséloignée de cequ'elle se fait du « nouvel ordre mondial ». Cependant,pour mieux comprendre les enjeux de ces deux logiques, il semble judicieux de présenter les fondementsde cette crise.

CHAPITRE II

LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 : ETIOLOGIE ET SYMPTOMATOLOGIE

Depuis l'invasion du Koweït en 1990, lacommunauté internationale a enjoint, àtraversdiversesrésolutions du Conseil de Sécuritéde l'ONU, le gouvernement irakien àrespecter ses engagements internationaux en matièred'armements. Larésolution 1441, adoptéepar le Conseil de Sécuritéennovembre 2002 exige du gouvernement irakien, undésarmement complet et immédiat sous peines de « graves conséquences » et astreint l'Irak à un régimed'inspectionschargées de vérifierl'état des programmes d'armement du pays. Malgré,l'engagement des autoritésirakiennes à accepter sans conditions,les termes de cetterésolutionainsique, le retour des inspections de l'ONUsur leur territoire ;les Etats-Unis, enfévrier 2003,àl'absence de toute découverteprobanted'ADM proposent au Conseil de Sécurité des sanctions militaires contrel'Irak. Devant cette proposition qu'il jugeprématurée, le Conseil de Sécuritéexprime sondésaccord.Cette démarche ne peut que s'opposer à celle des Etats-Unis, qui ne semble plus miser sur le régime international des inspections. Ce chapitre s'intéresse de manière diachronique à la question du désarmement de l'Irak depuis de la fin de la Guerre du Golfe.Pour mieux l'appréhendé, il est judicieux de situer d'abord,lapremière Guerre du Golfe et ses conséquences, avant de s'intéresserà la crise de 2003.

A- LA PREMIERE GUERRE DU GOLFE ET SES CONSEQUENCES

A la suite de l'invasion du Koweït par l'armée irakienne, le 2 août 1990, laréaction de la communauté internationale ne se faitpas attendre. Le Conseil de Sécurité de l'ONU,condamnele jour mène de l'invasion,le gouvernement irakien et exige la restauration de la souveraineté du Koweït. Cependant, afin de mettre fin à lamenace présentée par l'Irakpour la paix et la sécurité internationales,l'ONUdécide d'un régimed'inspectionsdestinéesà mettre le pays en conformité avec ses obligations internationales.

1- L'invasion du Koweït et la riposte Onusienne

A la fin de la guerre avec son voisin iranien en 1988, l'Irakconnait une grave crise économique et l'Etat est en faillite. En outre,le gouvernement irakienaccuse ses deux voisins, l'ArabieSaoudite et le Koweït de faire baisser le prix du pétrole en produisant une quantité journalière de barils trop importante. En parallèle, SaddamHussein n'a jamaiscaché ses ambitions territoriales sur son voisin koweïtienqu'il accuse d'exploiter une nappe pétrolièreirakienne.

Le 2 août 1990, il envahit ce petit pays très riche en hydrocarbure avec une armée de 100.000 hommes et devient potentiellement,le plus grand producteur de pétrole au monde. En près de vingt-quatre heures, tous les pointsstratégiques du Koweït sont contrôlés par l'arméeirakienne. Dès lors, les grandes puissancesmondiales, au premier rang desquelles les Etats-Unis se montrent peu disposées à laisser un régimeennemi à la tête d'un cinquième des réservespétrolièresmondiales.

Le jour de l'invasion, lesmembres du Conseil deSécurité adoptent la résolution 660,qui exige le retraitimmédiat des troupes irakiennes du Koweït92(*). Le président Georges Herbert Bush affirme alors son intention de restaurer la souveraineté du Koweït. Plusieurs pays dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l'Italie et l'Egypte se déclarent prêt à rejoindre la coalition américaine.

A l'automne, les troupes internationales se déploient dans la région. A la suite de la résolution 660, la résolution 678 du Conseil de Sécurité est votée le 29 novembre 1990. Elle autorise les troupes de la coalition internationale à contraindre le régime irakien, « par tous les moyens nécessaires »93(*) au cas où ses troupes n'auraient pas quitté le Koweït au plus tard, le 15 janvier 1991. Mais SaddamHussein ne se plie pas aux exigences de la communautéinternationale. Devant ce refus d'obtempéreraux injonctions onusiennes,l'opération « Tempête du désert »est déclarée le 17 janvier 1991. A l'issue de six semaines de combats, l'armée irakienne est défaite, et Saddam Hussein annonce le retrait de ses troupes du Koweït.

Le 27 février 1991,le présidentGeorgesHerbert Bush annonce la fin des combatset la souveraineté du Koweït retrouvée, en dépit des pressions de certains membres de son Administration qui souhaitent le renversement de SaddamHussein. Mais ce n'est que partie remise. A l'époque, le chef d'Etataméricain est réticentà envahir Bagdad et à déchoirSaddamHussein. Pour cela en effet,ilestime que les conditions géopolitiques et ethniques de l'Irak ne permettent pas une transitiondémocratiqueaisée et les Etats-Unis n'envisagent pas une occupation à longue durée du pays pour assurersa stabilité. La solution retenue alors est d'imposer au régimeirakien un programme de restrictions et d'inspections lourdmais aussi de contrôlerrégulièrementson type d'armement.

2- Les sanctions imposées à l'Irak à l'issue du conflit

Dès le premier jour de l'invasion du Koweït par l'Irak, l'ONU sous la houlette des Etats-Unisdécide de mettre en place un régime de sanctions àl'encontre del'Irak. La résolution 661 votée le 6 aout 1990 condamne déjà le régimeirakien pour avoir envahi le Koweït et impose une multitude de sanctions de nature commerciale et économique. Par ailleurs, lesmembres du Conseil de Sécuritécraignent que l'Irak n'utilise ànouveau des armes chimiques comme cela fut le cas contre les populations civiles pendant les huit années de guerre avec l'Iran (1980-1988).A l'issue donc du conflit, l'ONU impose au gouvernement irakien, à travers la résolution 687,la destruction de son programme d'ADM conformément aux traités internationaux en vigueur.

Pour s'assurer de l'effectivité des sanctionsprises contre l'Irak, leConseil de Sécuritémet en place,une commission d'experts en industrie chimique et nucléaire (la Commissionspéciale des Nations Unies,UNSCOM) chargée de vérifier,de contrôler et de procéderà la destruction des programmes d'armement de l'Irak. Unemission de l'AIEA se joint à cette commissionpour contrôler et procéderà la destruction du programmenucléaire, chimique et bactériologiquede l'Irak. La résolutionprévoit également des sanctionséconomiques jusqu'à ceque les inspections soient achevées.

A la suite de ces sanctions onusiennes, la coalition internationale, avec à sa tête les Etats-Unis, impose à son tour une zone d'exclusion aérienne dans l'espace aérien irakien94(*). Celle-ci se fonde sur les résolutions 687 et 688 destinées à protéger les populations civiles Kurdes et Chiites95(*), deux minorités menacées et victimes des répressions du pouvoir de Bagdad.

Acculé par les sanctions suscitées, le 2 mars 1991, SaddamHusseinaccepte les termes de la résolution 686 qui fixe les conditions de cessation des hostilités ainsi que le cessez-le-feu provisoire. En avril, est adoptéela résolution 687 qui fixe les conditions du cessez-le-feu définitif.

Lors de cette première guerre du Golfe au cours de laquelle,les bombardements aériens ont duréenviron cinq semaines,des analystes n'hésitent pas à affirmer que l'Irak auraitreçu plus de bombes que l'Allemagnependant la seconde Guerre Mondiale. L'objectif des Etats-Unisest alors de détruire le potentiel militaire et industriel irakien.

L'issue de laguerredu Golfe metainsi définitivement au banc de la communautéinternationale,SaddamHussein, aupoint d'endevenir la cible privilégiée des Etats-Unis. Cependant, les sanctions imposées par la communauté internationale à l'Irak connaissent de fortes tribulations.

3- Des sanctions sous fonds de manoeuvres dilatoires des autorités irakiennes

Au cours des premiers mois qui suivent le régime des sanctions imposées par l'ONU à l'Irak, les inspecteurs en désarmement de la Commission conjointe des Nations Unies découvrent que le régime irakien possède des armes biologiques, et obtiennent dès l'été 1992, leur destruction par le gouvernement irakien. Mais très rapidement, les inspecteurs onusiens pointent le défaut de coopération des autorités irakiennes, notamment en ce qui concerne l'exhaustivité des rapports remis au Conseil de Sécurité, la désignation des installations à inspecter et l'accès aux sites suspects.

Pour la plupart des observateurs, la mission de l'ONU découvrit l'essentiel des programmes d'armement irakien (notamment en ce qui concerne les armes nucléaires, chimiques et bactériologiques, et les programmes de missiles à moyenne portée). Il restait cependant quelques incertitudes sur les armes biologiques et sur certains aspects du programme de fabrication de missiles. Ainsi, parti pour durer deux annéesmaximales,les travaux de l'UNSCOM vont durer sept ans. Même s'il faut mettre à l'actif de ceux-ci, la destruction de la majeure partie des ADM irakiennes. Ces travaux ne donnent pas pour autant satisfaction aux inspecteurs.

En complément du régime des inspections, est votée le 14 avril 1995,la résolution 98696(*)destinéeàaméliorer les conditions de vie des populations irakiennes durement touchées par l'embargo. Eneffet,comme le régime des inspections durait plus que prévu et que parallèlement, les sanctions continuaient d'êtreappliquées, l'ONUallégea les pressionsexercées sur les populations civiles. La résolution 986, prévoit ainsi la mise en place du programme « pétrole contre nourriture ». Des marchandises de première nécessité peuvent alors être achetées par le gouvernement irakien en échange de la vente de son pétrole97(*).

En 1997, l'Irakdécide de suspendre les inspections. S'ensuivent alors de multiples tentatives diplomatiques (de la part de la Russie,la Turquie, la France et l'Egyptenotamment)pour tenter de résoudre le problème et de convaincre SaddamHussein pour accepterle retour des inspecteurs onusiens,et de trouver un règlement pacifique à la crise. Ce qui estfait en 1998.Legouvernement irakien accepte le retour des inspections de l'ONU sur son sol.

Cette nouvelle mission d'inspection est dirigée par l'expertaustralien, Richard Butler. Mais trèstôt,les autorités irakiennesjugent que cettemission est subordonnée au gouvernementaméricain et non aux Nations Unies,et expulsent les inspecteurs du territoire. Richard Butler est en effettrèsproche de la CIA, et est accusé par les autorités irakiennes de faire de l'espionnage au profit des Etats-Unis. A la suite du départ de cette mission d'inspections, les Etats-Unis renforcent leur surveillance aérienne, imposée dans le cadre des résolutions 687 et 688.

Dans les semaines qui suivent la suspension des inspections des Nations Unies,une médiation duSecrétairegénéralde l'ONU, KofiAnnan permet la reprise de la mission d'inspections. L'Irakaccepte de nouveau le retour des expertsinternationaux sur son sol ainsi que le contrôle des sites sensibles afin d'éviter les frappesaméricaines. L'accord sur lequel KofiAnnan et SaddamHusseintombent d'accord est entériné par la résolution 1154 du Conseil de Sécurité, adoptéeàl'unanimité, le 2 mars 199898(*). Celle-ci réaffirme que : « toute violation aurait degraves conséquencespourl'Irak » et dispose que le Conseil de Sécurité« demeure saisi de la question de façon à assurer l'application de la présente résolution et àpréserver la paix et la sécurité dans la région ».

Pour cetterésolution,les Etats-Unis et le Royaume-Uni souhaitent qu'elle contienne une automaticité du recours à la force en cas de non-respectpar l'Irak des obligationsauxquelles le régime a lui-même consenti. Américains et Britanniques veulent ajouter au textede la résolution,la mention de « violation patente ». Ce quiqui offre une possibilité militaire immédiate en cas deconstat d'une violation par l'Irak de ses obligations. Mais les troisautres membres permanentsdu Conseil de Sécurité(Chine, France et Russie) s'y sont opposés, et ont préféré lui substituer la mention « graves conséquences » qui,habituellement,laisse au Conseil de Sécurité la liberté d'apprécier les suites àapporteràla décision finale.

En 1998 donc,deux visions s'y opposentdéjà sur la gestion de la question irakienne au Conseil de Sécurité.Lavisionaméricano-britannique, quidéfend l'idée de l'automaticité des sanctions militaires contre l'Irak, etla vision de la coalition des puissances, Chine - FranceetRussiequi, privilégie un processus de décision en deux temps:

- imposer des inspections ;

- ensuitedécider des sanctions si l'Irak refuse de se soumettreauxinspections.

C'est donc,ces deux doctrines : le multilatéralisme qui préconisait de confier à l'ONU la fonction de régulateur exclusif de la gestion du problèmeirakien, et l'unilatéralisme dont les Américains étaient tentés, qui resurgit en 2003entre les membresdu Conseil de Sécurité, et auquel le Cameroun futimpliqué, es qualité de membre non-permanent du Conseil de Sécurité.

Le 15 décembre 1998,les inspecteurs de l'UNSCOM quittentà nouveau l'Irak, à la demande de Richard Butler,chef de la mission,en raison de l'obstruction faite par les autorités irakiennes aux inspections.Entre : les 16 et 19 décembre,le présidentBill Clintondéclenche l'opération « Renard du désert ». Il s'agit d'une opération de bombardement de sites militaires et industrielsirakiens soupçonnés de servir à la recherche nucléaire.

Cette opérationaméricaine conjointement menée avec les britanniques n'est pas soumise à la consultation et à l'application du Conseil de Sécurité.Cependant, si à l'évidencela Chine et la Russie manifestent leurdésapprobation ; la France,elle se montre plus tôtréservée dans ses critiques,en admettant mal tout de même de n'avoir pas été consultée.

Si bien qu'au cours de l'année 1999, après unan de blocage de la mission d'inspectionsconjointes,les négociationsreprennent au Conseil de Sécurité en faveur de la création d'un nouveau régime d'inspections.Les britanniques proposent une résolution faisant la synthèse des préoccupations de chacun et notamment de la partie française. La

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résolution 1284 est ainsi présentée au Conseil de Sécurité,le 17 décembre 1999 et adoptée par  11 « voix pour »« contre 0 ». Avec cependant, 4 abstentions.

Cetterésolution créé la Commission de contrôle,d'identification et d'inspection des Nations Unies(COCOVINU)99(*) chargée de remplacer l'UNSCOM. Cette nouvelle missionse voit attribuer les mêmes objectifs que laprécédente. Elle est présidée par le suédoisHansBlix. A l'AIEA,c'est le nouveau Directeur,l'égyptienMohamed El Baradai qui est chargé du contrôle du programme nucléaire.

Dès lors pendant près de trois ans,sont menées des négociations entre le Secrétariatgénéralde l'ONU et le gouvernement irakien pour permettre la reprise des inspections.Mais Saddam Hussein refusant toujours le retour des inspecteurs de l'ONU qu'il soupçonne d'être manipulé par Washington.

B- LA CRISE IRAKIENNE AU CONSEIL DE SECURITE

En 2002, trois ans après l'adoption de la résolution 1284 qui créela COCOVINU, l'activisme Américain sur le dossier irakien sort l'ONU de processus diplomatiques sans fin, pour retourner à la négociation d'une nouvelle résolution permettant le retour des inspecteurs en Irak. Cependant, si l'expression « violation patente » n'est pas encore employée par lenouveau présidentaméricain Georges Walker Bush, celui-ci place déjà l'Irakdans la situation où le pays a manquéà ses obligations internationales.A cette logique et face aux conséquences d'une action militaire, le Conseil de Sécuritéopposeaux Etats-Unis la preuve d'undésarmement de l'Irak. C'est sur l'opposition de ces deux logiques que s'engagent les négociations, en vue de l'adoption de la résolution 1441.

1- La résolution 1441 et ses enjeux

Adoptée à l'unanimité, le 8 novembre 2002 après près de deux mois de négociations entre membres du Conseil de Sécurité, la résolution 1441 « décide que l'Irak a été et demeure en violation patente de ses obligations »100(*)en vertu des résolutions pertinentes, notamment la résolution 687 (1991), en particulier en ne collaborant pas avec les inspecteurs de l'ONU et de l'AEIA, et en prenant pas des mesures exigées (de désarmement) au paragraphe 8 et 13 de la résolution 687.

Elle décide ainsi « d'accorder à l'Irak (...) une dernière possibilité de s'acquitter des obligations en matière de désarmement qui lui incombe en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité »101(*) et d'instituer« un régime d'inspections renforcé dans le but de parachever de façon complète et vérifiée le processus de désarmement établi par la résolution 687 et les résolutions ultérieures du Conseil de Sécurité ».102(*)

En dépit de ce vote à l'unanimité, la résolution 1441 laisse cependant, étalerselon certains experts du Droitinternational desproblèmesd'interprétations. Ces problèmes sont liés à la qualification de la situation de l'Irak, au regard de l'ensemble de ses obligations internationales et des conséquences que celle-ci pourrait entrainer. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni considèrent qu'une interprétation extensive de cette résolution est une base juridique suffisante pour ce faire. Cette lecture souligne les violations passées et considère que tout nouveau manquement de l'Irak pourrait entrainer l'usage automatique de la force.

Dans ce cadre, une autre résolution les autorisant à déclencher une intervention militaire est utile, mais non nécessaire. Les autres membres du Conseil de Sécurité considèrent quant à eux que, la résolution 1441 est une étape qui permet l'enclenchement d'un nouveau processus d'inspection qu'il faut mener à son terme avant de pouvoir engager toute autre forme d'action, et qu'il ne peut par conséquent y avoir d'usage automatique de la force.

La résolution 1441 donne au régime irakien une dernière opportunité pour se conformer, sans condition à ses obligations internationales en matière de désarmement et éviter ainsi la mise en oeuvre d'une politique unilatérale Américaine de changement de régime. L'acceptationeffective de la reprise d'inspection spéciale et de contrôle intrusif par la COCOVINU et l'AIEA, suspendues depuis 1998,s'avère dès lors inévitables par les autorités irakiennes,conscientes que la marge de manoeuvre sur laquelle,elles ont pu jouer jusque-là,notamment sur la base des dissensions entre les membres permanents du Conseil de Sécurité est tenue.

Ainsi, après avoir accepté le principe d'un retour sans condition des inspecteurs,le 16 septembre 2002,elles reconnaissent le 13 novembre,dans les délaisfixés par le Conseil de Sécurité,les nouvelles clauses d'inspections intrusives et renforcées :l'accès « immédiat, sans entrave, inconditionnel et sans restrictions à la totalité des zones, installations, équipements, relevés et moyens de transport qu'elles souhaitent inspecter »103(*).

Ces nouvelles clauses onusiennes s'inscrivent dans un calendrier très serré : Bagdad doit fournir, au plus tard le 8 décembre 2002, la déclaration préalable sur ses programmes proliférant et activités connexes, et accepter dans l'intervalle la reprise des inspections. Cet état des lieux est nécessaire à la COCOVINU, coupée du terrain irakien depuis sa création, en 1999 et bâtie sur les cendres de l'UNSCOM, qui elle-même avait suspendue ses activités depuis 1998. Il doit permettre à son chef, HansBlix deprésenterau Conseil de Sécurité un premier rapport d'évaluation dans les soixante jours suivant la reprise des inspections.

Créantcertes des contradictions évidentes de calendrier,la résolution 1441 impose un véritableultimatum par lequel les autorités irakiennes doivent montrer immédiatement des signes concrets de coopération active. Elle fait désormais porter la charge de la preuve sur le régimeirakien et non plus sur le Conseil de Sécurité,contrairement àce qui avait étéposé par les dispositions de la résolution 687,du 3 avril 1991, relative à la destruction de son programme d'armes de destruction massive.

Désormais tout le débat se concentre entre membres du Conseil de Sécurité sur le degré de coopération de l'Irak avec les inspecteurs de l'ONU. La résolution exigeant une coopération pleine et entière. Dans son paragraphe 4, la résolution 1441 :

décide que de fausses informations ou des omissions dans les déclarations soumises par l'Irak en application de la présente résolution et le fait à tout moment de ne pas se conformer à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement dans sa mise en oeuvre constitueront une nouvelle violation patente des obligations de l'Irak et seront rapportées au Conseil aux fins de qualifications.104(*)

Cependant quel est le seuil de qualification d'une « violation patente » ? Si le présidentaméricain,GeorgesWalker Bush a clairementsignifié qu'« il ne peut y avoir de violation mineure »,Hans Blix pour sa part, chef de la délégationonusienne en Irakconsidère que, seuls les manquements les plus graves pourraient constituer des « violations patentes ».Quant àKoffiAnnan,Secrétaire général de l'ONU, luipenchesur le fait qu'ilne faut pas définir un « seuil de déclenchement »trop bas et insiste sur la nécessité de la preuve du caractèredélibéré des omissions.

Ce flou entourant ainsi, la qualification de  « materialbreach »ouvre la voie à des interprétationslarges des membres du Conseil de Sécurité. Alors que lesprésidents de la COCOVINU et de l'AIEA n'ont pas autoritéà statuer en la matière. De fait, les rapportsprésentésau Conseil de Sécurité ne s'engagèrent jamais au-delà d'une simple présentation de l'attitude irakienne ou d'une demande de prolongation de la mission des inspecteurs, laissantun Conseil de Sécuritédivisé face àsesresponsabilités.

2- Le retour des inspections de l'ONU et la coopération irakienne de façade

Le retour des inspecteurs de l'ONU en Irak, aprèsquatreannées d'absences sur le terrain s'effectue le 26 novembre 2002. Dans un premier temps,la COCOVINU ne déploie que des équipes logistiques réduites.

En effet, la Direction des opérationsde la COCOVINU chargée d'organiser le travail des inspecteurs est encore embryonnaire. Depuis sa créationen 1999,la Commission s'est limitéeà des activités de repérage et d'analyse des sources d'archives laissée par l'UNSCOM.La monté en puissance des effectifs sur le terrain est cependant rapide.Enl'espace de deux mois,sont présents en Irak deux cents soixante personnels de plus soixante nationalités, dont moins de la moitié sont des inspecteursspécialistes des questions d'ADM ou ont une connaissance fine duterrainirakien.De plus,les nouvelles modalités renforcées visant à des inspections intrusives surprises et simultanées se prêtent mal à un processus de recrutement trop lent et par lequel les inspecteurs internationaux se trouvent rapidementdépassés sur le terrain par un système irakien qui s'est visiblement bien préparéà leur arrivée.

A plusieurs reprises,alors que initialement le choix des sites et des installationsà inspecter se prenaitdirectement au bureau de l'ONU de Bagdad sur une liste préalablementétablie à New York,sans notification préalableauprès des autorités irakiennes, les équipes de la COCOVINU et de l'AIEA ont le sentiment d'arriver sur des sites préparés ou nettoyer à l'avance par les autorités irakiennes. En outre, la faiblesse des effectifs des équipes opérationnelles des deux Commissions ne se prête guère à l'organisation d'inspection surprise intrusive sur l'ensemble du territoire irakien, à un moment où les déplacements dans le pays demeurent longs et délicats à organiser malgré certaines facilités logistiques accordées par les autorités irakiennes. Le travail des inspecteurs se limite ainsi, majoritairement à l'inspection de sites déjà connu au temps de l'UNSCOM, et la COCOVINU dans le périmètre géographiquement concentré aux alentours de Bagdad.

Simultanément, pendant que se déroulent les inspections sur le terrain, les Etats membres du Conseil de Sécurité eux, étudient à New York, le rapport sur les programmes passés etactuels des activités proliférants de l'Irak,remis à l'ONU par les autorités irakiennes,le 8 décembre 2002 comme, exigé par la résolution 1441. Ce document de 12000 pages,pour la plupart rédigé en languearabe s'avère cependant contenirtrès peu d'informations nouvelles, au regard de la connaissanceengrangée par l'UNSCOM puis la COCOVINU et la liste établie par celle-ci en ce qui concerne les « questions non résolues ».

Livré ainsi par un régime sous pression, lerapport irakien du 8 décembre2002 apparaît comme un amas hâtif d'une succession de documents dont des parties reprennentintégralement les déclarationspassées, adresséesà l'UNSCOM. Dès la mi-décembre, les autorités américainesexpriment publiquement leur scepticisme sur la bonne foi des autorités irakiennes, au regard de ce document.

Cette coopération irakienne de façade est vite répercutée dans les autres rapportsprésentés au Conseil de Sécurité. Comme le souligne, HansBlix dans ses exposés du 27 janvier et du 14 février 2003. La coopération irakienne de terrain est intégralesur la forme,aucune obstructionréelle n'ait constaté et les nouvelles modalités sont respectées. Mais limitée dans les faits au regard de la coopération active attendue105(*).

Celle-ci est pourtant devenue de plus en plus concrète, au fur à mesure que la menace d'intervention militaire Américainedevenaitcrédible notamment, par la mobilisation et l'installation des forces dans les régions, lapoursuite des bombardements dans les zones d'exclusionaérienneset le largage des tracts, appelant la population irakienne à se préparer à une intervention militaire.

Au demeurant,si les autorités irakiennescèdentà l'exigence d'entretien de personnalitésciviles,d'inspection de domiciles ou d'enceintesprivées comme le stipule la résolution 1441,puis par la mise en oeuvre par la COCOVINU d'un programme de destruction des missilesAl-Samoud106(*) et leurs installations connexes,au bout du compte,pour HansBlix, « le régime de SaddamHusseinn'a pas fourni à l'UNMOVIC d'informations sur l'anthrax,le gaz chimique VX et sur d'autres matériels militaires dont il était supposé avoir été en possession »107(*). Pour autant, « aucun élément n'indique la poursuite ou la reprise des programmes d'armes de destruction massive ni (...)d'articles interdits avant l'adoption de la résolution 687»108(*).

Le chef de la COCOVINU,bien que militant pour la poursuite de ces missions via une augmentation des effectifs,des moyens et du temps supplémentaire, laisse ainsi à un Conseil de Sécuritédivisé le soin de décider s'il faut ou non poursuivre ceprocessus, question au coeur des négociations pour obtenir une seconde résolution.

3- L'affrontement entre les deux camps

A partir de janvier 2003, le jeu diplomatique au Conseil de Sécurité est rythmé par les rapports de la COCOVINU et de l'AIEA et, les exposés qui en sont faits par leurs chefs respectifs sont retransmis en direct par la chaine de télévision Américaine,CNN. Le Conseil de Sécurité devient alors une tribune où chaque Camp s'attache a marqué des points en fonction de son agenda. Si les deux Camps se retrouvent sur la volonté de gagner du temps, cette logique dilatoire favorise cependant, la préparation militaire et en profite au « Camp de la guerre ».

« Le Camp contre la guerre » (France, Russie, Allemagne, Chine, Syrie), qui viseà maintenir le statuquo en tablant sur une nouvelle efficacité du régime d'inspections intrusives et renforcées, soutient activement le travail de la COCOVINU et del'AIEA (fourniture de plus de moyens logistiques et humains). Son objectifpremier est que l'Irak ne reconstitue pas son arsenal nucléaire. Un tel objectiféloigne la menace et rend injustifié le « risque de la guerre ».Ainsi, pour le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin :

La France a deux convictions : la première, c'est que l'option des inspections n'a pas été conduite jusqu'à son terme et peut apporter une réponse efficace à l'impératif du désarmement de l'Irak, la deuxième, c'est qu'un usage de la force serait si lourd de conséquences pour les hommes, pour la région et pour la stabilité qu'il ne saurait être envisagé qu'en dernière extrémité (...). Il y a une alternative à la guerre : désarmer l'Irak par les inspections.109(*)

Cette logique de soutien au processus d'inspections apparait rapidement comme une forme de complaisance à l'égard du régime de Saddam Hussein face un à discours politique américano-britannique mettant en exergue les horreurs de ce régime, et donnant ainsi des arguments moraux à une intervention. Mené par la France, le « Camp de la paix » oppose à ces arguments une interprétation strictement légaliste de l'usage de la force, en proposant une démarche en deux temps (donc deux résolutions) :

- le retour des inspections ;

- une action coercitive si l'Irak ne coopère pas ou si les inspecteurs font la preuve que l'Irak n'a pas désarmée.

Le « Campde la guerre »(lesEtats-Unis et leRoyaume-Uni)s'attache àbâtir un cadre légal à une intervention, considérée déjà comme inéluctable et à convaincre, les Etats« indécis »membres non-permanents du Conseil de Sécurité,du bien-fondé d'une telle intervention.L'imminence de la menace irakienne en matière d'ADM et le lien « établi » entreBagdad et les extrémistesd'Al Qaida,dont Oussama Ben Laden,considéré comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, ayant été prouvé, selon la diplomatie américaine.

Cependant,en l'absence de « smoking gun »,l'argumentaireAméricainreste limité, mêmeaprès la présentation d'« éléments de preuves »110(*),faites par le Secrétaire d'Etat, Colin Powell,le 5 février 2003 devantle Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis ne réussissent pas à convaincre les membresdu Conseil de Sécurité de la menace irakienne et de l'urgence d'une action militaire contre ce pays. Car, rien dans la Charte de l'ONU ne permet d'appuyer le recours à une action militaire « préventive ». Les Etats-Unis souhaitent néanmoins avant tout imposer leurs vues.La décision de la Maison Blanche en faveur d'une intervention militaire ayant déjà étéprise,les Américains se présentent ainsi devant le Conseilde Sécurité sans marge de manoeuvre pour négocier et sans réellementavoir l'envie de jouer la carte du multilatéralisme.

En parallèle, la longueur des débats à l'ONU entre les deux Camps permet aux forces américano-britanniques de compléter leur dispositif dans la région, en attendant l'impasse qui ouvrirait la voie au déclenchement de la guerre. Cette logique de guerre accentue la pression sur le régime irakien, prépare l'opinion internationale à l'inéluctabilité de la guerre et renforce la position de l'Administration Bush, tout en restreignant sa marge de manoeuvre diplomatique. Car, retirer les troupes de la region devenant à partir d'un certain seuil plus cher que de déclencher les hostilités et surtout politiquement difficile. Car l'électionpour la Maison Blanche devant se tenir, ennovembre 2004.

LeConseil de Sécurité devint ainsi, l'épicentre de la crise diplomatique et de l'oppositionentre les antis et les prosintervention militaire en Irak. Les chefs de délégations des diplomaties des quinze pays membres se déplaçantà presque chacune des réunions publiques transformées en véritable « show » à l'intention des opinions publiques. Rappelonsque, le Conseil deSécuritéde l'ONU n'avait plus été le théâtre d'une telle mise en scènedepuis la chaussure de NikitaKhrouchtchev, le dirigeantde l'Union soviétique, frappant la table du Conseil pendant la crise de missiles de Cuba en 1962.Toutefois, ces séances tournent momentanémentà l'avantage du « Camp de la paix »avec pour moment fort le discours de Dominique de Villepin111(*), ministrefrançais des Affaires étrangères,le 14 février 2003qui,lors de la conférence de presse avec son homologueaméricain, ColinPowelln'hésite pas à menacé d'opposer le veto de la France,à toute résolutionallant dans le sens de la guerre.

De leur côté,les Etats-Unis,en dépit d'une volonté unilatéraled'interventionmilitaire en Irak souhaitent cependant, apparaitre comme jouant le jeu de l'ONU,étantdonné de la gravité du débat et des risques encourus. Les opinions publiques sont dont les premiers témoins et les véritables enjeux de cette confrontation diplomatique. Les sondages demandant l'avis de l'opinion sur la nécessité ou non de passer par le Conseil de Sécuritépour autoriser une action militaire en Irak, sont multipliés et actualisés semaine après semaine.Malheureusement, l'intransigeance de chacundes Camps,leur enfermement, dans des logiques propres conduisent peu àpeu le Conseilde Sécurité à une impasse.

Chaque Camps'enfermant ainsi dans sa logique : les uns refusant de croire à l'efficacité des inspections, les autres se refusant àenvisager l'éventualité d'une guerre aux conséquencesnéfastes.Néanmoins, c'est dans cette logique d'intransigeance des uns et des autres, que s'inscrit un dernier « round » de négociationpour obtenir une seconde résolution qui autoriserait une intervention contre l'Irak. Ce dernier « round »denégociation, accepté par les Etats-Unis est un actede soutiende l'Administration Bush résolument déjà tournée en guerre, à l'endroit de son alliébritannique, lePremier Ministre Tony Blair,qui connaitunecertaine fronde des députés de sonPartiet qui,pour lequel une telle résolutionàforce de cadre juridique,susceptible de rassurer son opinion publique hostile à la guerre.

Le projet de résolutionanglo-américain est introduit en séance plénière, au Conseil de Sécurité le 24 février 2003. Ilréaffirmeque : « l'Irak a manqué de saisir la dernièrepossibilité qui lui était offerte dans le cadre de la résolution 1441 ».Car même,les amendementsapportés ultérieurement au texte n'ychangent rien.

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C'est dans ce contexteque débute outre, un autre« round »de discussions. Celui-ci, met sur la table un nouveau projet de résolution. Il estproposé par l'Espagne,les Etats-Unis et l'Angleterre.Ainsi, présenté le 7 mars 2003,ce projet de résolution pose un ultimatumclair,par lequel le Conseil de Sécurité réaffirme que :

L'Irakn'a pas saisi la dernièrepossibilité qui lui était offerte par la résolution 1441, à moins que le 17 mars avantcette date,ne soit conclu que l'Irak a fait preuve d'une coopérationentière, inconditionnelle, immédiate et active conformément aux obligations en matière de désarmement (...). Et qu'il remetteà l'UNMOVIC et à l'AIEA toutes les armes et tous les vecteurs et systèmes et structures d'appui interdits par la résolution 987,avec tous les renseignements relatifs à la destruction antérieure de ces éléments.112(*)

Le 17 mars 2003 devient alors une date non négociable pour les Etats-Unis et leurs alliés,qui ayant déjà acquis un moment de préparationjugésuffisammentenlevé pour déclencher la guerre ne peuventplus reculer. De leur côté, les partisans du« Camp de la paix » expriment clairement leur opposition. Le présidentjacquesChirac en tête,qui lors d'une interview télédiffusée,le 10 mars 2003 sur les chaines de télévisionTF1 et France2 va déclarer: « ma position, c'est que, quelles que soient les circonstances, la France votera non parce qu'elleconsidère (...) qu'iln'y a pas lieu de faire une guerre pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés,c'està dire le désarmementde l'Irak »113(*).

Mais à cause des positions extrêmes, des uns et des autres, aucune date n'est finalement retenue pour le vote de ce projet de résolution. Ce d'autant plus que, aucune majorité ne semblait se dégager en faveur de l'un ou l'autre camp, en dépit des pressions exercées de part et d'autre sur les pays membres non-permanents du Conseil de Sécurité « indécis » (Pakistan, Mexique, Guinée, Angola, Cameroun, Chili), qui ne souhaitaient pas rendre publique leurspositions. Américains, Britanniques et Espagnolsretirèrentalors leur projet de résolution,signifiant le constat de l'échec des négociationsdiplomatiques. Le 20 mars 2003, les Etats-Unisà la têted'une coalition internationale114(*)composée de plusieurs pays déclenchentl'opération« Iraqi Freedom »115(*).

Cependant, la « crise irakienne » de 2003,d'un point de vue irakien, mieux du monde arabe,a suscité une empathie quasi généralisée.La «  libération » promised'une part et souhaitée de l'autre,n'a jamais convaincu les irakiens116(*).La guerre disait-on à Bagdad, n'estqu'une guerre d'appropriation du pétroleirakien et, au-delà des ressourcespétrolifères et gazières du monde arabe.

Plusencore, ce conflitfutperçu comme une guerre entre Chrétiens contre le monde Arabe etl'Islam117(*).L'Irakn'étaitqu'unepremièreétape avant la Syrie118(*) etl'Iran,etc. Enfin, l'invasion, concluant un embargo également compris en ce sens, visait la destruction finale du « peuple irakien », dont le génieconstitue au fond la « menace » àlaquelle les Etats-Unisentendent y mettre fin.

CONCLUSION DE CHAPITRE

La gestion de la crise du Golfe dans un contexte de disparition de la confrontation bipolairea ouvert de nouvelles perspectives pour le droit international et les institutions chargées de l'appliqué. C'est dans ce contexte que, le gouvernement irakien fut mis en demeure par l'ONU afin de respecterses engagements internationaux conformément au droit et traités en vigueur. Cependant,après plusieurs annéesde rapports peu concluants en raison d'un défaut de collaboration et de manoeuvresdilatoiresdes autorités irakiennes à l'égard de l'ONU, les inspections en désarmementsont suspendues, sans pour autant mettre fin à la menace d'une action militaire Américaine.En2002, la résolution1441 adoptée à l'unanimité, par les membres du Conseil de Sécurité, laisse présager un règlement consensuel et pacifique du conflit.A l'issue de ce vote, le gouvernement irakien accepte, sans conditions les termes de la résolutionainsi que le retour des inspections de l'ONU sur son territoire. Malgré, la reprise des inspections,les Etats-Unis, en février 2003, à l'absence de découverte de toute preuve probante d'ADM proposent au Conseil de Sécurité des sanctions militaires contre l'Irak.Devant cette proposition qu'il juge prématuré, le Conseil de Sécurité exprime son désaccord.S'en suit alors entre les membres du Conseil de Sécurité, une controverse diplomatique qui conduit à l'impasse des négociations et provoque l'entrée en guerre unilatérale des Etats-Unis, contre l'Irak.

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DEUXIEME PARTIE 

LE CAMEROUN ET LA CRISE

IRAKIENNE DE 2003

CHAPITRE III

LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISEIRAKIENNE DE 2003

Le Cameroun dispose comme tout autre Etat, d'un systèmede pensées qui formel'ossature de son principe de vision du monde et le référentiel de sa logique de projection et d'action sur la scène internationale. Aussi bien, ce principe de vision que la logique de projection qui en découlent sont influencés par des structurants divers. Il s'agitd'une logique de projection ou d'action visant à atteindre, à court, moyen ou long termes, desobjectifsspécifiquesqui visent de manière substantielle la promotionet la préservation de l'intérêtnational. Cette quêtede l'intérêt nationalexplique en partie, le combat que mènent les plus hautes autoritésdu payspour une meilleure prise en compte de la voixdu Camerounau sein des instances internationales.L'implicationde la diplomatie camerounaisedansla crise irakiennede 2003 au Conseil de Sécurité de l'ONUparticipede ce truisme.Le chapitreque nous abordons,analyse laposition diplomatiquedu Cameroun dans ce conflit.Avant de nousappesantir sur ce qu'il en ait, il estloisiblede présenterd'bord les circonstances del'implication du Cameroundans ce conflit.

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A- LE CAMEROUN PROTAGONISTE INVOLONTAIRE DE LA CRISE IRAKIENNE 

L'implication du Cameroundans la crise irakienne de 2003 relève d'un concoursfortuit de circonstance. Même si, la candidaturecamerounaiseau Conseil deSécuritéde l'ONU, ne saurait être de cet avis. L'étude que, nousprocédonsci-dessous analyse l'enjeuet le prestige diplomatiqueque représentepour un pays une place demembre au Conseil de Sécuritéfut-il,permanent ou nonet, lerôledecetteinstance dans le maintien de la paix et la sécurité internationales.

1- Le Cameroun : membre non-permanent du Conseil de Sécurité 

ToutEtat qui aspire à faire partie d'une structure, d'un organe ou d'une organisation, se doit au préalable et suivant la procédureclassique de faire acte de candidature. Autrement dit, c'est montrer comment une telle décision de la part d'un Etat souverain est loin d'être une aventure sans réflexion.

Dans le cadre de l'ONU et suivant les dispositions de la Charte, tout Etat intéressé par un quelconque poste au sein des diverses instances de l'organisationse doit de parvenir sa ou ses candidatures au secrétariat général. Le Secrétaire général s'en charge alors de compiler l'ensemble des dossiers de candidatures reçus et les transmet à l'Assemblée Générale, qui est l'organe législatif de l'organisation au titre du point d'« élection des membres postulant aux divers organes ouinstitutionsspécialisées » sollicités.Le Camerounpour sa part a manifesté son intention de faire acte de candidatureau Conseil de Sécuritéen 2000, dès lors que des raisons qui luiétaient propres sous-tendaient cette volonté.

L'élection au Conseil de Sécuritéde l'ONU en qualité de membre non-permanent tient compte de deux principaux critères: la contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationaleset la répartitiongéographique. Si à la lumière du premier critère, la contribution du Cameroun à la promotion de la paixmondiale aussi bien à travers son investissementdans certaines OMP119(*) que par son implication dansla mise sur-piedde mécanismes sous régionaux de « sécuritécollective »120(*)semble constituer un atout non négligeable, il y a cependant lieu de reconnaitre que le second principe représentait un enjeu et une opportunité pour le Cameroun.  

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En effet,le mandat de deux pays du Groupe des Etats de l'Afrique à l'ONU arrivait àexpiration le 31 décembre 2001. Les sièges que devaient laisser vacants la Tunisie et le Mali constituaient assurément à la fois un enjeu et une opportunité pour le Cameroun qui, dès lors prit la décision de faire acte de candidature au Conseil de Sécurité. De plus, ladiplomatiecamerounaisea dans une certaine mesure également puisé sa motivation dans le principe de rotation en vigueur au sein de l'OUA/UA qui prône l'alternance entre la sousregionAfrique du nord et celle de l'Afrique centrale121(*).

Par cette décision, le Cameroun voulait d'une part témoigner sa foi et sa confiance à l'organisation mondiale et d'autre part manifester sa totale adhésion aux valeurs de référence que sont : la paix et la sécurité. Ainsi, qu'il voulait réitérer son attachement et sa fidélité aux principes énoncés par la Charte. Bien que, participant déjà depuis son admissionen 1960 de façon active aux activités et à la vie de l'organisation, le Cameroun voulait accroître son prestige diplomatique notamment en renfermissant sa présence, ne fut-ce que de manière symbolique, au sein d'un cercle de décision d'importanceconsidérable comme le Conseil de Sécurité.Ensollicitant un siège de membre non-permanent au Conseil de Sécurité, le Cameroun souhaitait aussi apporter sa contribution à la recherche des solutions aux problèmescruciaux de la planète. Bref, aider modestement à faire de l'ONU un « centre ou s'harmonisent les efforts des Nations vers (leurs) fins communes »122(*).

C'est dans cette perspective que, le 8octobre 2001123(*),lors de la 56èmesession ordinairede l'Assemblée Générale des NationsUnies, à New York que, le Cameroun futélu, comme membre non-permanent du Conseil de Sécurité pour une période de deux ans. Cependant, force est de reconnaitreque c'est la deuxième fois que le pays remplit cette mission. En effet,entre 1974 et 1976, le Cameroun a siégé au sein de cette instance onusienne.

Le Conseil de Sécuritéest l'organe des Nations Unies chargé de veiller sur la paix et la sécurité internationales. Il compte quinze membres, dont cinq permanents, dotés du droit de veto. Les dix autres membres non-permanents sont élus pour un mandat de deux ans, renouvelable, chaque année. L'Afrique qui ne bénéficie pas d'un siège permanent,à trois représentants au sein du Conseil de Sécurité. Ainsi,entre le 1er janvier 2002 et le 31 décembre 2003, le Cameroun et un autre pays africain, en occurrence la république de Guinée,effectuèrent leur mandature, en remplacement de la Tunisie et du Mali ;etrejoignirent l'Ile Maurice qui y siégeait déjà, un an auparavant.

Au cours de cette mandature, le Camerounaeu à assurer la présidence du Conseil de Sécurité de l'ONU, entre le 1er etle 31 octobre 2003.Conformément à la règle de rotation qui veut que chaque membre du Conseil de Sécurité assure la présidence du Conseil pour un mois. A la fin de celle-ci, le jeudi 31 octobre, c'est à la Chine qu'est revenu pendant le mois de novembre,l'honneurde remplacer le Cameroun auquel,les caprices et hasards de la rotation ont imposé une mandature « explosive »124(*). En effet, la diplomatie secrète mais efficace du Cameroun menée par son représentant permanent auprès de la mission des Nations Unies, Martin Belinga Eboutou, et pour la circonstance président du Conseil de Sécurité, amenépasmal de dossiers importants et délicats.

Le dossier sur le désarmement de l'Irak a été de loin, celui que tout le monde qualifia de « brûlant ». Car, la paix du monde était suspendue à un fil et en dépendait. Bâclé et même tout simplement non traité depuis la fin de la guerre du Golfe, le dossier irakien aurait pu engager une intervention américaine dans ce pays dès le mois d'octobre 2002. Mais,le Cameroun s'étant promis de marquer de façon indélébile son mandat au Conseil de Sécurité ; sa diplomatie a coulissé dans l'ombre,afin de minimiserles risques d'un affrontement militaire entre l'Irak et les Etats-Unis.

Le passagediplomatique de notre pays à la présidence du Conseil de Sécurité a permis de mettre en évidence la capacité suggestive de sa diplomatie. Bien qu'il n'aitpas pu bloquer projet de résolution américano-britanniquequi prévoyait une intervention militaire en l'Irak, ilexigea néanmoins de revoir sa copie etveilla entre autre que les termes utilisés dans ce projet de résolution, garantissent l'indépendance de la Commission d'inspection en désarmement vis-à-vis des Etats et que,Américains et Britanniques ne brandissent pas ipso facto la guerre comme réponse automatique à un éventuel constat de manquement des engagements pris par l'Irak125(*).

En dehors de la question du désarmement de l'Irak, la présidence camerounaise a aussi inscrit trois thèmes dans l'agenda mensuel du Conseil de Sécurité. Les thèmesinscrits étaient entre-autres : la circulation des armes légères et de petitscalibres, la coopération entre l'ONU et l'Afrique centrale en matière de maintien de la paix, et lerôle de la femme dans la promotion de la paix et la sécurité. Ces thèmes ont étédébattu en plénière, les8,22 et 25 octobre 2002.

A côté de ces trois dossiers, la présidence camerounaise aégalement été de tous les contacts diplomatiques quotidiens. Des instances formelles et informelles,autant qu'aux nouveaux évènements protocolaires ou non. Elle a accordé par exemple, une attention particulière, le 10 octobre 2002 à la déclaration de Gilbert Guillaume, Président de la Cour Internationale de Justice de La Haye, portant sur le verdict du différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, au sujet de la presqu'île de Bakassi.

En somme, jadisétiqueté comme un Etat du tiers monde,on constate que, le Cameroun n'en manque pas une certaine libertéd'actionface à la diplomatie internationale.De ce fait,protagoniste à part entière des relations internationales depuis 1960,le pays valorisetant bien que mal ses compétences externes acquises dans l'ordreinstitutionnel mondial.

2- Le rôle du Conseil de Sécurité dans l'architecture paix de l'Ordre international

La paix mondiale dépend d'un organe des Nations Unies, parfois assez mal connu, le Conseil de Sécurité. Créé par la Charte en 1945, le Conseil de Sécurité occupe une position centrale dans la gouvernance de lapaix et la sécurité internationales.En tant qu'organe exécutif des Nations Unies, il travaille sans discontinuer.

En plus des cinq membres permanents dotés du droit de veto, que sont : les Etats-Unis, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du nord, la France, la Russie et la Chine, le Conseil de Sécurité comprenait initialement six membres non permanents, élus tous les deux ans par l'Assemblé Générale, selon leur contribution au maintien de la paix. Un amendement proposa d'élargir sa composition à quatre nouveaux membres non permanents. Il fut adopté en 1963. Les dix membres non - permanents sont élus pour un mandat de deux ans, non renouvelable immédiatement, selon un critère géographique prédéfini : trois Etats africains, trois Etats asiatiques, deux Etats latino-américains, un Etat d'Europe orientale et un Etat d'Europe occidentale ou autre.

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La mission du Conseil de Sécurité selon, le chapitre VII de la Charte de Nations Unies est de préserver et de restaurer la paix et la sécurité internationales. Il s'agit concrètement, au nom des Etats membres qui sont tenus « d'accepter et d'appliquer »126(*) ses décisions et s'engagent à mettre à sa disposition «  les forces armées, l'assistance et les facilités »nécessaires, en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agressions. Le Conseil de Sécurité est le seul organe habilité à prévenir ou arrêter les hostilités en cas d'agression internationale.

La procédure mise en place se déroule généralement de manière suivante : le Conseil de Sécurité constate dans un premier temps l'agression, il peut ensuite faire des recommandations, enfin, il peut décider des sanctions en vue, allant jusqu'à une action militaire avec l'appui des forces mises à sa disposition par les Etats membres. Le Secrétariat général, ne peut fonctionner que dans le cadre des missions qui lui sont fixées par le ConseilSécurité. Celui-ci est organisé pour exercer ses fonctions en permanence, et chacun de ses membres doit avoir à tout moment un représentant au siège de l'organisation, à New-York qui, lui confère une « voix »127(*).

Depuis sa mise en exécution, le Conseil de Sécurité a adopté une multitude de résolutions sur une multitude de problèmes compromettant la paix et la sécurité internationales.Cependant, le contraste le plus saisissant dans le fonctionnement du Conseil de Sécurité n'est ni sa présidence tournante de mois en mois ou encore moins sa composition. L'important, c'est que les membres non-permanents ne pèsent pas lourds dans les votes et les processus de prise de décision. En effet, pour avoir force de loi, les résolutions du Conseil de Sécurité doivent être adoptées par au moins neufs (9) voix sur quinze (15), dont celle des membres permanents, qui disposent d'un droit de veto et que, le refus d'un seul d'entre eux, peut bloquer toute initiative collective et paralysée l'action de l'ONU.

Ils ne s'en sont d'ailleurs pas privés d'en user au cours des cinquante dernières années. « Le champion du « non » est la Russie, autrefois l'URSS avec 118 vetos. Suivie des Etats-Unis, 70 (dont 31 au sujet des résolutions concernant la Palestine) ; du Royaume-Uni, 30 ; et de la France, 6 »128(*). Autant dire que pendant toute la période de la Guerre Froide, le Conseil de Sécurité s'est trouvé incapable de maintenir la paix quand le dossier étudié concernait un membre permanent. Aucun, des conflits impliquant les deux Super-puissancesn'ontététraités. C'est le cas, de la crise des missiles de Cuba en 1962 ou de la guerre du Vietnam,en 1968 etc.

Face à l'incapacité d'assumer la paix mondiale à eux confiés, par la Charte, lesmembres du Conseil de Sécuritéprivilégient des regroupements d'alliancesdéfensifs. Ce moyen est sans conteste privilégié par les Etats-Unis et l'URSS qui,entreprennentainsi de régionaliser leur défenseautour d'organisations militaires et de pactes défensifsfonctionnant également comme des alliancespolitiques. C'est le cas notamment, de l'organisation des Etatsaméricains (OEA) sur le continent Américain qui, créé en 1948reprend les engagements édictés par le pacte de Rio de Janeiroen 1947 sur l'alignement sans faille des EtatsSud-américains derrière la politique étrangère des Etats-Unis ; de l'OTAN en Europeoccidentale ou du pacte de Varsovie de 1955,le système Est-européen de défenseet rivaldu système Euro-atlantique.

Cetterégionalisation de la « sécuritécollective » est complétée par de nombreux traités d'assistance mutuelle.  C'est ce que l'on aappelé la « pactomanie »129(*)du Secrétaire d'Etat américain à la Défense, Foster Dulles ou traitésde sécuritéet de défenseentre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis (ANZUS), signé en 1951 ;les traités bilatéraux avec la Corée du Sud,le Pakistan, la Chine de Formose, en 1951 et 1952 ; l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-est (OTASE) en 1954,etc. Tous ces projetsdéfensifsrégionaux ont connu des fortunes diverses. Certains ont disparu avec la fin de la Guerre Froide, à l'instar du pacte de Varsovie, officiellement dissout en 1991. Quant à l'OTAN,elle s'est étendue. De douzemembres à sa création en 1949,elle encompte vingt-huit aujourd'hui, et est engagé dans plusieursthéâtresd'opérations de paix et d'interventionsarméesà travers le monde(Bosnie, Kosovo, Afghanistan, Lybie).

Au demeurant, le Conseil de Sécurité n'a donné son aval qu'uneseule fois àune opération militaire. En effet, en 1951,le drapeau des Nations Uniesfutconfié aux Etats-Unis pour contrer l'offensive communiste Nord-coréenne,en Corée du sud130(*). Les Soviétiques avaient commis l'erreur de s'abstenir à participer aux délibérations du Conseil de Sécurité pour protester contre le fait que, le siège de la république populaire de Chine était occupé par le représentant de Taiwan.« La pratique onusienne a donné naissanceà une règlecoutumière, confirmé par la Cour Internationale de justice selon,laquelle l'abstention d'un membrepermanent n'est pas équivalenteà un veto »131(*). Depuis lors, l'URSS n'a plus jamais commis l'erreur d'être absente des délibérations, et l'ONU s'est trouvée paralysée à cause de l'utilisation permanente du droit de veto, sauf quand il s'est trouvé une majorité qualifiée de l'Assemblé Générale (pour les opérations de paix de Suez et de Hongrie, en 1956) pour passer outre blocage.

Aujourd'hui que le nombre des Etats membres est de 193, depuis l'admission du Soudan du Sud, en 2011, de plus en plus des voix se font entendre pour réclamer une reforme ou une abrogation du droit de veto. Lefrançais, Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères,en 1999, proposa que les « Grands »renoncent (le droit veto) à s'en servir « quand leurs intérêts vitaux ne sont pasenjeu »132(*).

Toutefois, les contestations les plus virulentes viennent de nouvelles puissances qui désirent modifier la composition du Conseil de Sécurité et réclament une reforme leur accordant, un siège de permanent au sein du Conseil. Des projets de réforme, le rapport Carrington entre autres, proposent son élargissement mais pour aboutir, une révision de la Charte s'impose. Or, s'agissant d'une décision aussi majeure, elle requiert l'accord unanime des cinq membres permanents qui ne sont pas pressés de partager leurs privilèges avec d'autresEtats.

Le Conseil de Sécurité n'est donc pas représentatif,et sa réformeest sans cesse envisagée, puisrepoussée. Si les cinq membrespermanents se satisfont du statu quo actuel, l'institution ne pourra le justifier indéfiniment au risque de perdre tout ou partie de sa crédibilité.L'objectif d'accroitre le nombre de membresde quinze àvingt-cinqest partagé par la plupart des protagonistes. Mais, lesblocages apparaissentlorsque l'on évoquele problème des membrespermanents. La France et la Grande Bretagne, peu soucieuses de laisser leurs siègesà l'Union européenne proposent d'élargirle cercle à l'Allemagne, au Japon, auBrésil et à un grand Etat africain.

Leur altruisme est, semble-t-il proportionnel à l'opposition d'une quarantaine de pays, réunis dans le « Coffee group »  et menés par l'Italie, le Pakistan, l'Indonésie, l'Argentine, et le Mexique, au projet d'élargissement franco-britannique. De plus, les Etats-Unis, la Russie et la Chine, pour des raisons diverses, ne montrent aucun empressement à modifier la donne.Les Américains, parce qu'ils contrôlent mieux le système ;les Russes parce que leur statut de grande puissance est moins dilué ; et les Chinois parce qu'ils se méfient des japonais.

Afin de surmonter toutes ces oppositions,certains ont envisagé une remise en cause complète de la règle de veto,en prévoyant la désignation denouveaux membres permanents privés de cedroit de veto ou la désignation rotative de ses membres. L'initiativea été fermement repoussée par tous les intervenants.

Le Conseil de Sécurité est également critiqué pourdes raisons d'équité, notamment pour des différences de traitement faceà des situations similaires.Mais son impuissance est plus la conséquence d'un désintérêtflagrant de la part de ses membres les pluséminents. Conscient de cette faiblesse structurelle interne de l'organe,le Cameroun,considéré comme« pupille des Nations Unies », adhère à toutes ses propositions, notammentcelle, d'unéventuel élargissementde ses membres. En attendantla mise sur pied d'une telle initiative,examinons d'abord, sonpositionnement diplomatique dans ce conflit.

B- LECAMEROUN FACE A LA CRISE IRAKIENNE

Entre 2002 et 2003, durantla « crise irakienne »,le Cameroun a fait partie avec l'Angola133(*) et la république de Guinée, l'un destrois pays africains membresnon-permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Lapositiondéfendue par le Cameroundans cette crisedécoulait desprincipestraditionnelsde sa politique étrangère en matière de résolution des conflits. Parmi ces principes, figurententre autres:le non recours à la force etl'arbitragedes institutions internationales.

1- « Bâtir la paix dans la paix »

« Pupille de l'ONU »,l'attachement du Cameroun à oeuvrer pour préserveret promouvoir la paix,selon les principesvéhiculés parla Charte des Nations Uniesvise à apportersamodeste contribution pour l'édification de la paix mondiale et le respect du droit international. Eneffet,le non-recours à la force dans les relations internationales provient d'une extensiondu principe de la politiqueintérieuredes Etats selon lequel,les acteurs de la société civile renoncent au recours à la force entre-eux et confient l'arbitrage des conflits aux institutions134(*).

Le non-recours àl'utilisation de la force constitueainsi une norme impérative du droit international tout comme son corollaire, l'obligation de résoudre les différends internationaux par les moyens pacifiques, auxquels a souscrit le Cameroun. Ils sont affirmés par l'article 2 « paragraphes 3 et 33 de la Charte des Nations Unies » et avec encore plus de vigueur par la déclaration relative aux principes du droit international touchant les relations amicales et la coopérationentre Etats qui, viseàpréserver l'ordre,le droit international et la paix dans le système mondial. Il s'agit, concrètement d'un principe servant à régir les relations inter et intra-Etatiques sur la base du respect de la souveraineté des Etats et des populations.

La ferme adhésion de Yaoundéà ce principe cardinal des relations internationales est matérialisée sur le terrain diplomatique par la condamnation de toutrecoursà la force dans les différends entre Etats. L'invasion du Koweït par l'Irak de SaddamHussein en 1990,fut dénoncée par la diplomatie camerounaise. JacquesBoohBooh, alors ministre des relationsextérieuresdans une allocutionà la tribune des Nations Unies avait condamné l'agressionirakienneet demandé leretrait immédiat et sans condition des troupes irakiennes du Koweït et le rétablissement du gouvernement légitime de ce pays135(*).La position de principe de la diplomatie camerounaise à ce sujet se fondait sur le fait que l'usage de la force dans les relations internationales et en particulier l'annexion d'un pays par un autre est inadmissible, car susceptible d'aiguiser les ambitions hégémoniquesdes Etats plus puissants vis-à-vis des plus faibles.

Yaoundé a fait du non-recours à la force un précepte fondamental de sa diplomatie de construction de la paix. Mise à part quelques frictionspolitiques, souvent observéesavec la Guinée Equatoriale136(*) ou lorsqu'il s'agissait d'apporter un soutien, aux Mouvements de libération nationale,en Afriqueaustraledans les années 1970, lequel soutien était d'ailleurs, une recommandation de l'OUA ;le Cameroun s'est toujours refusé de soutenir lerecoursà la force comme mode de résolutiondesconflits. Pas plus qu'il n'aeu à faire usage de la force contre l'intégritéterritoriale d'un autre pays. Le moins qu'on puisse dire c'est que l'adhésion du Cameroun à ce principe a étéréaffirmédans la résolution de la crise de Bakassiavec son voisin, le Nigeria. Car, comme aimaità lerappeler,leprésidentAhmadouAhidjo à ce sujet, « si un jour il devraity avoir des hostilitésentre les deux Etats se ne sera aucunement à l'initiative du Cameroun »137(*).

LeCamerouna rarementété mis en cause par quelques pays que ce se soit d'entretenir de la subversion ou d'apporter une assistance logistique ou autre à des forces rebellesopposées au gouvernement légal d'un autre pays. Cette diplomatie de paix se reflèteconcrètement dans les fonctions tribuniciennesassignées aux agents diplomatiques du Cameroun qui, dans les différentes instances internationales n'ont de cesse de rappeler face aux convulsions et turbulences du système international que la force du droit doit prévaloir sur le droit de la force. Le conflitirakiende 2003 en est une illustrationparfaite de cette vertu affirmative de la diplomatie camerounaise.

LeCameroun comme deuxautres pays africains, l'Angola et la république de Guinée, enoccurrence,membres non-permanent du Conseilde Sécuritédes Nations Unies, au printemps de l'année 2003 se trouvaient sous les feux de l'actualité internationale et avaient la possibilité de voter « pour »ou « contre »la guerre en Irak. Le vote de ces paysdont, les postures ambigües pouvaient faire pencher la balance dans un sens comme dans un autre a fait l'objet de fortes pressionsde la part des deux Camps.

Pour comprendre l'intérêtsubitdes puissancesFrançaise et Américaine pour ses Etats, somme tous modestes sur le plan diplomatique, il convient de rappeler que, pour être adoptée, une résolution du Conseil de Sécurité doit réunir au moins neuf voix sur quinze et ne doit pas faire l'objet de veto de la part d'un membre permanent. La voix d'un Etat, si petit soit-il devient alors un enjeu déterminant. Les ballets diplomatiques incessants de Paris, Washington et Londres d'une part en direction de Yaoundé, Conakry et Luanda d'autre part, les derniers jours précédant le conflit illustre de cet intérêt.

La querelle diplomatique qui a opposé la France et les Etats-Unis pendant cette période a fait du Camerounun pays courtisé.En effet, le dilemme auquel fut confrontée la diplomatie camerounaise, écartelée entre les positions Française et Américaine138(*)ce, apriori sans grand rapport avec la crise irakienne mérite qu'on s'y attarde.Même si, par principele Cameroun semblait plus proche de Paris que de Washington et, s'était même prononcé comme bon nombre d'Etats africains réunis dans la capitale française en février 2003, lors du XXIIesommet des Chefs d'Etat et de Gouvernements, Afrique - France, pour une alternative à la guerre139(*).

Cependant, il serait erroné d'appréhender le Cameroun comme un acteur des relations internationales dont l'influence diplomatique est assuméeau même titre que les puissances Française ou Américaine. La France et les Etats-Unis en effet, disposent de moyens de pression importants sur le Cameroun. Ce qui place ce pays dans une situation de dépendance vis-à-vis de ces puissances. Pendant, la période qui aimmédiatement précédée l'intervention des Etats-Unis en Irak, des trois Etats africainsprésents au Conseil de Sécurité seul, le Cameroun apparaît comme le plus réceptif de tous au discours des autorités françaises et américaines, ce pour bon nombre de raisons.

Au plan politique,la France est sans aucun doute le pays occidental qui a le plus d'influence au Cameroun. Cette influence se justifie par le fait que, la France fut le premier pays occidental à avoir signé des accords de coopération avec le Cameroun en 1959 alorsque, le pays n'était pas encore indépendant. Ces accords prennent leur envol, le 13 novembre 1960 et permettent au régimed'AhmadouAhidjo de bénéficier de l'aide militaire française pour venir à bout de la rébellionupeciste140(*). Paris vient en aide à Yaoundé pour sauvegarder ses intérêts à travers le président qui a son estime et à mêmed'assurer ses intérêts. En retour, Yaoundé, ne peutque bon le vouloiren donnant, l'accès facileaux entreprises françaises au marché camerounais.

Ainsi, laFranceest le premier fournisseur du Cameroun et son deuxième client. Les échanges commerciaux entre les deux pays étaient évalués à plus d'un milliard d'euros au début de la décennie 2000141(*). Malgré, l'irruption de nouveaux acteurs concurrents comme la Chine, le Japon ou les Etats-Unis ; la France absorbe 12% des exportations camerounaises142(*) notamment, les matières premières minières (pétrole, aluminium) et agricoles (caoutchouc banane, bois).

Au plan stratégique, la coopération militaire entre la France et le Cameroun repose sur un accord militaire et un accord de défense signés, le 21 février 1974 et revisité le 21 mai 2009. Cette coopération est juridiquement encadrée par deux instruments : la convention fixant les règles et modalités d'un soutien logistique aux forces armées camerounaises et l'accord de coopération militaire.Ce qui a fait dire à certains analystes que, en cas de conflit ouvert avec le Nigeriapour la souveraineté de Bakassi, cet instrument ne serait pas inutile143(*).

Cependant, les Américains disposaient aussidesmoyens de pressions notamment, leurcapacité à influer dans le processus de recherche d'une solution négociéeavec le Nigeria dans l'épineux dossier de Bakassi. Encore moins, celle de suspendre le Cameroun des pays bénéficiaires de l'AGOA.En effet, cette législationpréférentielleaméricaine à l'égard des pays africains, interdit à tout Etat signataire de s'engager dans les activités qui mineraient la sécuriténationale desEtats-Unis dans le domaine de la politique étrangère. Acôté de cesmoyens de pression, on pourraitaccoler aussi un soutien de l'opposition par leDépartementd'Etat notamment,celui de son leader, Ni JohnFruNdi comme, ce fut le cas en 1992144(*).

Au demeurant,le lobbying diplomatique auquel, s'est livréla France et l'Angleterre,auxiliaire de la diplomatie américainesur le continent au lendemain du projet de vote de la seconde résolution145(*) du Conseil de Sécurité sur ce dossier,explique la position du président PaulBiya qui, a dû pendant cettepériode se livrer àun dangereux exercice de funambulisme diplomatique146(*). La visite et à deux reprises à Yaoundé, de la Sous-secrétaire britannique au « Foreign office » chargée des Affaires africaines, Valery Amos les 3 et 12 mars 2003147(*) et de Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires étrangères et de la coopération, le 11 marstémoigne de ce momentcornélien. Le ministre françaisaainsi, pour l'occasion déclaré devant la presse « qu'il était venu dire au président Biya à quel point la France était soucieuse de trouvé une solution négociée à la crise que connait en ce moment la communauté internationale au sujet de l'Irak (...).Il s'agit d'un choix à faire entre la guerre et la paix »148(*).

Les deux émissaires, du Président Chirac et du Premier Ministre Tony Blair étaientvenus à Yaoundé pour « faire pression » sur le président camerounais. En fait, il fallait amener Paul Biya à s'aligner derrière l'une ou l'autre position. Mais pour Yaoundé, il n'y avait l'ombre d'aucun doute.Le Cameroun avait déjà tranché de se prononcer contre la guerre tant qu'on pouvait par une autre alternative parvenir au désarmement de l'Irak.

Le Cameroun ne peut pas apporter son support aux ambitions hégémoniques américaines de dominer le monde. Nous sommes contre la guerre et souhaitons que l'Irak soit désarmé de façon pacifique. Aujourd'hui l'Irak coopère avec les inspecteurs de l'ONU et détruit ses armes. Il faut donc donner une chance à la paix et plus de temps aux inspecteurs pour leur travail149(*).

La suitede ce sillage révèle en effet que, le 5 février 2003, le ministre des relations exterieures, François Xavier Ngoubeyou,représentantdu Cameroun dans ce dossier fit savoir la positionofficielle du gouvernementcamerounais:

Le désarmement de l'Irak ne doit pas apparaitre comme un face à face entre ce pays et les Etats-Unis. Le désarmement de l'Irak intéresse et préoccupe la communauté internationale tout entière. C'est par conséquent une affaire entre le Conseil de Sécurité, donc l'ONU et l'Irak. Il faut faire prévaloir le droit international, la diplomatie multilatérale et l'action collective au sein et dans le cadre de l'ONU150(*).

L'attachement du Cameroun à oeuvrer pour la paix et le respect du droit international soumis à un cadre multilatéral préalable - avait laissé entendrele président Biyaà l'émissaire britannique, Valery Amos151(*) -qu'il ne peut et ne doit être sous-estimé par des pays amis et partenaires du Cameroun152(*). Cette posture de la plus haute autorité de l'Etat à l'endroit de son hôte peut être appréhendée comme une affirmation de la personnalité camerounaise et la volonté d'exercer pleinement son libre arbitre dans les affaires internationales.

La position des autorités camerounaise sur la question irakienne s'inscrivait donc dans la logique des principes de la politique étrangère duCameroun à savoir : le règlement pacifique des différends et le recours à l'arbitrage de l'ONU en cas de conflit comme, illustré dans le règlement du conflit frontalier qui, plusieurs années durant l'avait opposé au Nigeria. En effet, le verdict de la Cour Internationale de Justice, rendu le 10 octobre 2002 sur ce conflit, connu sous l'appellation de « l'Affaire de Bakassi », favorable au Cameroun confortait la position de la diplomatiecamerounaise dans la question irakienne sur le rôle impartial de l'ONU dans le règlement des conflits internationaux.

La diplomatie camerounaise qui se singularise par une attitude de prudence reflèteau mieux le souci des autorités de ce pays, à veiller au respect des engagements internationaux auxquels, le Cameroun a souscrit. Avant toute initiative diplomatique, le Cameroun évalue au mieux ses intérêts, et par anticipation les réactions éventuelles de ses partenaires stratégiques153(*). Chaque fois que, les intérêts du Cameroun se justifient, le pays a refusé d'agir par suivisme.Il refusa de soutenir la sécession du Biafra (1967-1970) contre le gouvernement central de Lagos, en s'opposant au Général,De Gaules et à certains Chefs d'Etats africains comme, Omar Bongo Ondimba du Gabon et Felix Houphouët Boigny de Côte d'ivoire qui, avaient choisi de suivre Paris dans son aventure de « break up Nigéria ». Ce légalisme de Yaoundé demeure encore aujourd'hui un des vecteurs directeurs de sa politique étrangère, et est traduit depuis l'accession du Cameroun à la souveraineté politique par une adhésion sans réserve des différents instruments normatifs internationaux proclamant ou réaffirmant la sacralité du principe de non-ingérence et du non recours à la force.

L'engagement pour la paix et la coopération internationale, principes auxquels, leCameroun a souscrit commeundogme desa politique étrangère constitue un motif d'espoir pour l'humanité et le progrès. Le président Paul Biya ne cesse d'ailleurs de le rappeler : « seule la paix peut fournir à tous les moyens de la démocratie et du développement »154(*). Les diverses sollicitations dont, a fait le Cameroun de la part du partenaire anglo-américainne pouvait raisonnablement espérer que ce pays puisse opter pour une stratégie de désarmement de l'Irak qui, remettent en question sa mentalité de « mendiant de la paix ».

Au demeurant, les initiatives de paix du Cameroun, aussi bien dans les instances multilatérales que bilatérales se manifestent sous plusieurs angles. D'abord, dans la perspective de la contribution qu'il apporte à l'affirmation, à la permanence et au renforcement de celui-ci en matière de règlement pacifique de différends dans l'ordre juridique et institutionnel international. Ensuite, de sa détermination à oeuvrer pour inviter d'autres Etats à son respect dès lors que la paix et la sécurité internationales sont compromises. Enfin, cet attachement peut être aussi envisagé dans le sens de l'implication, modeste certes mais néanmoins symbolique de la diplomatie camerounaise dans la résolution pacifique des différends et son action en faveur du relâchement ou de l'apaisement des tensions internationales.

L'adhésion à ces principes se manifestent également à travers les diverses clauses contentieuses contenues dans les accords et traités du Cameroun. Toutes, sans exception préconisent la recherche des solutions adéquates par la voie pacifique en cas de différends nés de l'interprétation ou de l'exécution d'instruments conventionnels. Comme, le démontre la démarche conciliatoire et arbitrale auprès des institutions internationales autour du différend frontalier qui, longtemps l'a opposé à son voisin, le Nigéria, à propos de la presqu'île de Bakassi.

2- OEuvrer pour la conciliation et le respect de l'arbitrage des institutions internationales

Lasuite àces initiatives depaix renseignentque, leCameroun a choisi d'agir autour dedeux axes complémentaires:la conciliation et l'arbitrage des institutions internationales.A cet effet, la gestion du différend frontalier de Bakassi avec son voisin, le Nigeriapeut être considérer comme un cas d'école.

En effet, faceà l'agression nigériane le 21 décembre 1993et le refus de s'exécuter à l'arrêtdu 10 octobre 2002, de la Cour Internationale de Justice,  au motif qu'elledénie à la presqu'île de Bakassi sa nigerianité ; Yaoundé a opté pourrésoudre de cette crise avec son voisin,en articulant sa démarche autour de deux axes conciliatoires à savoir:diplomatique etjuridictionnel.

Sur le plan diplomatique, devant l'agression nigériane, les forces armées camerounaises sont intervenues d'abord pour défendre l'intégritédu territoirenational. Elles ont ainsi pu arrêterla progression des forces arméesennemies et stabiliser le front. Cependant, le Cameroun a perdu « son autorité sur la péninsule tout en conservant sa souveraineté »155(*).A la suite de cetteagression, le pays requît, une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avant de saisir tout aussi, l'Organe central de mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. Ainsi que, la médiation de certains Chefs d'Etats africains comme, le président togolais, Ngnassimbé Eyadema, qui initia les rencontres de Kara (Kara I et Kara II) entre les deux pays.L'action diplomatique conjuguée des différents acteurs internationaux a permis indubitablement de stabiliser la crise.

Toutefois, il faut relever que, l'ONU à travers son organe juridictionnel avaiteu à rendre pareille décision en 1963. Décision, à l'époque,qualifiée denavrante par les autorités camerounaises dans l'affaire dite du NorthernCameroons,née autour du plébiscite des 11 et 12 février 1961entre le Cameroun etle Nigeria. Au centre du contentieux, il y avait la perte par le Cameroun de sa partie septentrionale rattachée au Nigeria, autrefois administrée par la Grande Bretagne, en vertu des accords de mandat et de tutelle156(*).

En dépitde ce quine faisait point de doute du territoireanciennement allemanddu  Kamerun, la Cour statua en défaveur de la république fédérale du Camerounau motif, de l'incompétence qui est sienne à décider avec autorité de la chose juger sur cette affaire, et reconnût implicitement, lerattachement du NorthernCameroons à la républiquefédérale du Nigeria. Yaoundé mis devant lefait accompli s'inclina avec regret devant cette instance d'arbitrage international et mis fin à sa coopération avec l'organe onusien.

Afin de trouver une issue définitive à la crise de 1993, le Cameroun renoua sa coopérationavec l'organe judiciaire onusien,et lui déferaà nouveau l' « Affaire »dite de Bakassi,en 1994. Le recours introduit par les autoritéscamerounaises sur l' « Affaire de Bakassi » contre le Nigeriaà la CIJportait au départ, sur la question de souveraineté de la presqu'île. Mais par la suite, d'autres requêtes furent introduites notamment, celle sur la demande de réparationfinancière et dela démarcationcomplète de la frontière entre les deux pays. Il faut préciser que, les deux pays ont en commun une frontièreterrestre et maritime deprès de 2000 km.Frontière qui vadu lac Tchad àl'océan Atlantique.

En prélude au verdict qui était pendant à la CIJ, se tîntà Saint-Cloud, une banlieue de la ville de Paris, en France, le 5 septembre 2002, la rencontre réunissant les Chefs d'Etats camerounais et nigérian autour du Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Le président français, jacques Chirac avait offert ses bons offices pour un aboutissement fructueux des négociations entre les parties nigériane et camerounaise, une fois le verdict de la Cour, rendu. Au cours de l'entretien que le Chef de l'Etat camerounais a accordé à la presse, Paul Biya visiblement satisfait des pourparlers déclara : 

En attendant ce verdict,il était nécessaire que les autorités politiques se rencontrent pour créer les conditions de l'application du verdict. La réunion de Saint-Cloud a été utile,dans la mesure où elle a permis de réaffirmer la volonté des deux Etats de respecter le verdict de La Haye et d'y introduire les Nations Unies pour la mise en oeuvre des mécanismesappropriés. Je pense aussi qu'il était question de promouvoir des conditions de confiance pour rendre applicable le verdict de La Haye.157(*)

Le 10 octobre 2002, la CJI rendu son verdict.Ce verdictstatueet reconnaît lacamerounité de Bakassi. Cependant, l'applicationde ce verdictmalgré, l'engagement pris par le président OlessegunObassandjo, à Saint-Cloud serévéla mal aisé face aux réticences d'une certaine classe politiquenigériane. Les autorités camerounaisesse trouvèrentainsidans un dilemme : saisir de nouveau, le Conseil de Sécurité aux fins d'application de l'arrêt, ceci en vertu de l'article 94158(*) de la Charte avec le risque de voir le dossier s'enliser dans les marécages de la politique internationale et le jeu des intérêts ou alors, poursuivre la recherche d'un règlement négocié sous les auspices de l'ONU. Le choix du Cameroun se porta pour la deuxième option.

Yaoundé sollicitaainsi, le soutien de ses partenaires bilatéraux traditionnels: les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France et l'Allemagne.En plus, de l'ONU dont le Secrétaire général, Koffi Annan instituadèsle mois de novembre 2002,des rencontres tripartites etpériodiques au cours desquelles, ilmitles deux Chefs d'Etat devant leurs responsabilités - et face à l'histoire.

C'est dans un tel esprit, que se tînt, le 15 novembre 2002, le sommet de Genève, en Suisse, qui réunit les deux dirigeants. Au cours de ce sommet, ilfut question d'examiner les modalités pratiques de la mise en oeuvre de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice.Entre 2002 et 2005, se tinrentégalement des commissions mixteset dessommets tripartites (Yaoundé, Genève, New-York, et Abuja),maintenant certes une paix précairemais jamais sans parvenir à l'affrontement et à l'application intégrale de l'arrêt de la CIJ.Toutefois,au cours des différentes rencontres, les deux Chefs d'Etats, camerounais et nigérian s'engagèrent à accorder leur partition pour une normalisation des rapports entre leurs deux pays. Le respect par chaque Etat du verdict de la Cour Internationale de Justice fut l'une des mesures consensuelles contenues dans les différents communiqués signés à l'issue de chacune de ses rencontres. La primauté du droit devant prévaloir sur la logique des armes.

Au demeurant, cesnégociationstrilatéralesont abouti, le 12 juin 2006 à la signature de l'accord de Greentree entre les présidentsPaul Biyaet OlessegunObassandjo, enprésence des quatre Etatstémoins dontles Etats-Unis, l'hôte du sommet. L'accord de Greentree marque ainsi une étapeimportante dans l'accomplissement par les deux pays deleurs obligations internationales en matière de paix et offre un exemple historique de relation de bon voisinage destiné àperdurer, où le règne du droit et de la thèse de règlement pacifique de conflits triomphent.

Le respect par le Cameroundes idéauxet principes de l'ONU,confortaitainsi sa diplomatiedans la question irakienne.Le Camerounen segardant de répondre aux provocationsde son voisinnigérianqui, manifestement voulait en découdre à travers les armes, a choisi n'ont pas la voie de la confrontation mais plutôt celle de la compétitiondiplomatique pour faire face à l'adversité.Dans cette perspective, le paysrevisita tout l'arsenal juridique des accords et traités datant de la période coloniale ainsi que, ceux signés entre Yaoundé et Lagos depuis l'accession des deux pays à la souveraineté internationale. Du traité Germano-britanniquede juin 1885 àl'accordde Maroua-salak,du 1erjuin 1975,en passant par celui,signé entre l'Angleterre et l'Allemagne, le 13 mars 1913 ;toutes les pièces de l'armature juridiquefurent réunies et établirent de manière irréfutable la camerounité de Bakassi.

Dans l'accordGermano-britanniquede 1885, il est stipuléque :la séparation des sphères des deux puissances est délimitée sur la côte par la rive droite du Rio delRey qui se jette dans lamer entre 9°8' de longitude Est,rapporté au méridien de Greenwich159(*). L'accordAnglo-allemand de 1913 lui, matérialise le tracé de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria,de Yolaà la mer et la règlementation de la navigation sur le fleuve Cross River. Cedernier traité auquel, s'est appuyéprincipalement, la CIJ pour rendre son verdict stipule,en son article 20que,  quand bien même :« le lit de la rivièreAkwayafe venait à se déplacer pour se jeter dans le fleuve Rio delRey, il est entendu que le territoire actuellement connu sous le nom de Bakassi reste, territoireallemand »160(*).L'accord Anglo-allemandrésouddonc toutes les ambiguïtés probables et sert de document de références,grâceà sa clarté sur le tracé de la frontière entre les deux pays.

L'accord de Maroua-salaklui, rappelle que : les Chefs d'Etatscamerounais et nigérian conviennent de prolonger le tracé de la frontière maritime, de l'embouchure de l'Akwayafeau « point 12 », soit à environ 32 kilomètres descôtes. Cependant, cettedélimitationoff-shore de la péninsule fut infléchie au détriment du Cameroun «  pour laisser dans les eauxterritoriales nigérianes le chenal d'accès àCalabar, par l'estuaire de la Cross River »161(*).

Detout ce qui précède, il ressort que le Cameroun pour résoudre le différendterritorial de Bakassi avec le voisin nigérian a mobilisé à la fois des ressources juridiqueset diplomatiques.Ces référentiels, définis par les plus hautes autorités de l'Etatproclament la volonté du peuple camerounais d'entretenir avec les autres peuples du monde « des relations pacifiques et fraternelles conformément aux principes formulés par la Charte des Nations Unies ».

CONCLUSION DE CHAPITRE

L'étude de ce chapitre se proposait de faire une analyse du positionnement diplomatique du Cameroun dans la crise irakienne de 2003.Il a été question pour le Cameroun,dans ce conflit de défendre la légalité internationale et de partager sa vision d'un monde fondé sur la quête de règlement pacifique des différends et le respect des institutions internationales comme,illustré à cet effet,dans le cadre du règlement du conflit frontalier qui, plusieurs annéesdurant l'avait opposé au Nigeria. Car, le verdict de la Cour Internationale de Justice, rendule 10 octobre 2002 sur ce conflit, connu sous l'appellation de l' « Affaire de Bakassi », favorable au Camerounconfortait la position de la diplomatie camerounaise dans la question irakienne sur le rôle impartial de l'ONU dans le règlement des conflits internationaux.Cependant, l'aval donné aux Etats-Unis, par la visite du Chef de l'Etat camerounais, Chef de la diplomatie camerounaise à Washington,le jour même du déclenchement des hostilités par les Etats-Unis en Irak, ne vient-elle pas ouvrir la brèche à un éventuel rapprochement des positions entre Yaoundé et Washington sur la question irakienne?

CHAPITRE IV

LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENTDU CAMEROUN AUXCOTES DES USA

La crise irakienne de 2003et le « nouvel ordre international» qui semblent s'instaurer ont eu des répercussions au Cameroun,aussi bienen termesde coopération bilatérale quemultilatérale. La diplomatie camerounaiseau cours de cette périodea étéscrutée et interprétéecommeambigüe, malgrél'assurance faite par legouvernement pour undésarmementpacifiquede l'Irak, tout au long de la crise diplomatique qui a accompagné les négociationsentre lesdifférents membres du Conseil de Sécuritéde l'ONU sur cette question.Leprésent chapitre tented'analyser les raisonspour lesquelles Yaoundé s'est-il dédit pours'aligner sur la position des Etats-Unis, les derniers précédant le conflit.Il s'agit ainsi, de démontrerque : l'approfondissement des relations diplomatiques entre Yaoundé etWashingtond'une part, etd'autre part, le soutien des Etats-Unis sur la scène internationale,étaientindispensable au solutionement des problèmesdomestiques camerounais.

A- L'APPROFONDISSEMENT DES RELATIONS ENTRE YAOUNDE ET WASHINGTON

Les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis sont anciennes. Elles datent de la période de mandat. Cependant, les relations officielles entre les deux pays prennent leur essorau lendemain de la création d'un consulat Américain à Yaoundé, le 5 juillet 1957.Depuis, les relations entre les deux pays n'ont cessé de s'intensifier et s'améliorer.Le soutien bien qu'implicite,de la diplomatie camerounaiseauxEtats-Unis dansla crise irakiennede 2003peut être inscrit dans cette veine. Ainsi, ce soutiendu Cameroun aux Etats-Unis, nousinviteà faire une analyse des relationspolitique et économique entre les deux pays depuis la fin de ce précédant diplomatique international.

1- Lacoopérationpolitico-diplomatique

Vielle de plus d'un demi-siècle, la coopération politico-diplomatique entre le Cameroun et les Etats-Unis a précédé tous les autres segments des relations entre les deux pays. En effet, de source proche du MINREX162(*), les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis ont connu une évolution en quatre étapes.

A la grande période d'amitié et d'intense coopération (1960-1989), a succédé le temps des incertitudes et des incompréhensions (1989-1996) avec pour points d'orgue, les résultats contestés de l'élection présidentielle du 11 octobre 1992163(*) et à la décision du gouvernement camerounais d'instaurerl'étatd'urgencedans la province du Nord-ouest.Le Congrèsaméricain vota une mesure portant suspension de l'aide bilatérale au Cameroun164(*).En la matière, la décision la plus importante demeure l'annonce faite, le 19 novembre 1993 de la fermeture de la représentation de l'Agenceaméricainepour ledéveloppment international(USAID) au Cameroun.

En 1997, on assisteà une normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. En effet, à l'issue de l'élection présidentielle organisée cette année-là, des responsables américains de passage à Yaoundé notamment, le Sous-secrétaire d'Etat,chargédes Affaires africaines, Georges Moosemarque son satisfecit pour la politique d'ouverture et d'union nationale prônée par le président Paul Biya. Cette politiqued'ouvertureet d'union nationale estreflétée notamment, par la formation du gouvernement du 7 décembre 1997 qui voit l'entrée au Gouvernement des leaders de l'oppositiontelsque,  BelloBoubaMaigari de l'Union national pour la démocratie et le progrès (UNDP),de HenriHogbeNlend, de l'Union des populationsdu Cameroun (UPC), etc.

La visite en juillet 1998 du Ministre américain des transports, Rodney Slater confirma cette volonté de normalisationdes relations bilatérales. Le ministreSlater futreçu en audience au Palais de l'Unité par le président Paul Biya. Au mois de novembre de cette même année, la visite d'une importante délégation de Maires et hommes d'affaires américains, conduite par le Maire de Washington D.C, Marion Barry, ouvre définitivement de nouvelles perspectives pour les relations américano-camerounaises.

A travers cette visite, les autorités camerounaises indiquent leur volonté d'améliorer l'image du pays aux Etats-Unis, en utilisant certains canaux qui ont montré leur efficacité, notamment : les lobbies et les personnalités éminentes du monde de la politique et des affaires. Au bout du compte, les responsables américains reconnaissent la stature du Cameroun et de son président dont le leadership dans l'élection de Kofi Annan, au poste de Secrétaire général de l'ONU a marqué les esprits. En effet, lors de la 32e session ordinaire de l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernements de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), tenue àYaoundé du 8 au 10 juillet 1996, mandat futconfiéau présidentPaulBiya, président en exercice de l'OUA, par ces pairsd'engager des contacts en vue d'assurer sinon,la réélection de BoutrosBoutrosGhali, du moins l'électiond'un Africain au poste de Secrétairegénéral de l'ONU165(*).

En 1999, les relations entre le Cameroun et les Etats-Unis connaissent leur envol. La volonté des deux pays de resserrer leurs liens politiques, économiques et commerciaux ne va pas tarder à se concrétiser à travers divers actes. Le point d'orgue de cet envol débute avec la célébration des journées d'amitié Cameroun-Etats-Unis, les 26 et 28 juin 2000 à Yaoundé. En effet, dans le cadre de l'action diplomatique du Ministère des relations extérieures pour l'exercice budgétaire 1999/2000, il a été prévu la célébration pour la première fois, des journées d'amitié Cameroun-Etats-Unis.

L'objectif de ces journées, selon le Ministre des relations exterieures, Augustin KonchouKomegniest triple : témoigner toute l'appréciation du gouvernement camerounais à ce partenaire de longue date, resserrer les liens d'amitié et de coopération qui existent entre les deux pays, et mettre en place une structure moins formelle de coopération qui pourrait être utilisée par les milieux d'affaires camerounais. En outre, les voyages officiels du président Paul Biya aux Etats-Unis en 2002 et en 2003 à l'invitation du président Georges W. Bush constituent l'apothéose de cet envol diplomatique.

Le séjour du Chef de l'Etat à Washington les 20 et 21 mars 2003 revêt à cet égard une signification particulière, à cause du contexte international marqué ce même, 20 mars par le début de l'invasion Américaine en Irak. Le voyage présidentiel futinterprétécomme un soutien implicite du Cameroun aux Etats-Unis. En effet, de nombreux observateurs se sont empressés de présenter le tête-à-tête,Bush-Biya à la Maison Blanche comme une caution de la diplomatie camerounaise à la thèse américaine d'une guerre préventive en Irak. En dépit,de l'engagement du gouvernement camerounaisde faire prévaloir « le dialogue entre les parties » et « le respect du droit international »dans ce conflit.

Le journaliste, Edmond Kamguia penseque, c'est depuis ce fameux tête-à-tête, Bush-Biya à la Maison Blancheque : « le Cameroun a commencé à figurer (...) sur la liste secrète des pays de la coalition favorable à la guerre en Irak »166(*).Cependant,interpelé sur la question par la presse camerounaise, l'ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé, DadeStaples, a éludé le sujet. Le diplomate américain secontentant simplement d'expliquer que : «les membres de la coalition venaient des quatre coins du monde (...)»167(*) et qu'en« Afrique, les Etats-Unis comptaient bon nombres de pays qui, le soutenaient »168(*) . S'agissant du Cameroun particulièrement,le diplomate américain a déclaré qu'« on ne pouvaitpas ignorer le rôle significatif et positif joué par ce pays au sein du Conseil de Sécurité »169(*).

Nonobstant, le calendrier d'une visite préétablie, selon un communiqué du Directeur du cabinet civil à la présidence de la république, Edgard Alain MebeNgo'o, on remarque cependant que, tout se passe comme si le président Paul Biya était contraint de respecter le calendrier d'un voyage qui aurait pu être reporté en raison, justement d'un contexte international peu favorable pour ne pas prêter le flanc à la suspicion àun éventuel rapprochement des positions entreYaoundé et Washington sur cette question.

En effet, après avoirpourtant claironné son opposition contre la guerreen Irak,on remarque que, le Chef de l'Etat camerounais a offert sciemment ou non, à son homologue américain, Georges Walker Bush, une occasion inespérée, prenant les contours d'un soutien implicite du Cameroun dans sa thèse d'une guerre préventive contre l'Irak. Pour le président américain et son administration isolés sur ce dossier, et en quête de ralliement internationaux, le soutien de la diplomatie camerounaise fut-il symbolique,venait à point nommé.Toutefois, il faut admettre que la visite du président Paul Biya aux Etats-Unismarquait la toute première rencontre bilatérale dans le cadre des échanges entre les deux pays avec le président, Georges Walker Bush.

A cette occasion, le Chef de l'Etat camerounais qui a eu non seulement, des entretiens à la MaisonBlancheavec son homologue américainle président Georges W. Bush, à rencontrer aussi le Secrétaire d'Etat, Colin Powell et reçu en audience, l'ambassadeur Robert Zoellick, représentant des Etats-Unis pour les négociations commerciales. Ces différentes rencontres ont donné l'occasion de relever une convergence de vues sur les principaux sujets abordésnotamment l'Irak, et la lutte contre le terrorisme, etc.En retour, le Cameroun a été félicité pour sa gestion du dossier de Bakassi et la position américaine en faveur de l'application de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10 octobre 2002 a été réaffirmée170(*).

Ces nouvelles orientations des relations américano-camerounaises ont été confirmées lors de la présidentielle du 11 octobre 2004. Invité par le gouvernement, un groupe d'observateurs électoraux américains réunis autour de l'Association d'anciens membres du Congrès a supervisé le scrutin sur le terrain. Les observateurs américains ont pu ainsi apprécier le déroulement des opérations électorales. Toutes choses qui ont contribué à améliorer l'image du Cameroun auprès des Etats-Unis, et avec lequel Washington peut désormais compter en Afrique subsaharienne en général et, dans le Golfe de Guinée en particulier en matière de lutte contre le terrorisme international. Ce qui explique les visites répétitives de hauts responsables politiques et militaires américains en 2004 au Cameroun.

En 2005, Yaoundé et Washington ont continué de s'honorer de visites de personnalités de haut rang. Côté Américain, l'on retient notamment la visite en mai d'une importante délégation de 11 membres conduite par Cindy L. Courville, Conseiller spécial du président Georges Walker Bush et Directeur des Affaires africaines au Conseil National de Sécurité ; celle du Sénateur de l'Etat d'Oklahoma, James Inhofe, en octobre ; et celle du Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines, Donald Yamamoto, au cours du même mois. Au menu des discussions entre les hôtes américains et les émissaires camerounais, deux préoccupations essentielles : d'une part, l'enjeu sécuritaire et la portée géostratégique du Golfe de Guinée et de l'autre, l'évaluation du processus de mise en oeuvre de l'arrêt de la CIJ pour laquelle Yaoundé souhaite que Washington pèse de tout son poids pour amener le voisin nigérian à quitter la péninsule de Bakassi.

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Coté camerounais, le Premier Ministre, Chef du gouvernement Inoni Ephraïm, a effectué une visite officielle du 13 au 21 juillet 2005 à Washington à la tête d'une forte délégation d'hommes d'affaires avec pour groupe cible les investisseurs américains. C'est donc dire l'importance de la coopération entre le Cameroun et les Etats-Unis qui enregistrent une nouvelle dynamique avec la visite en février 2006de Jendayi Frazer, Secrétaire d'Etat adjoint chargé des Affaires africaines, qui se situa dans le cadre de l'inauguration du nouveau site abritant les immeubles sièges du consulat et de l'ambassade américaine à Yaoundé. Pour l'occasion, les autorités municipales de la ville de Yaoundé ont décidé de baptisé la rue qui dessert lesite de la nouvelle ambassade américaine au quartier Ntoungou à Yaoundé,en lui donnant le nom d'« Avenue Rosa Parks ». Néanmoins, il faut relever que cette dénomination avait été suggérée aux autorités camerounaises par l'ambassadeur des Etats-Unis, Niels Marquardt.

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Rosa Parks fut une militante emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Mère du Mouvement des droits civiques dans son pays, elle est décédée en 2005.Elle refusa le 1er décembre 1955 de céder sa place à un blanc dans un bus à Montgomery dans l'Etat de l'Alabama. Arrêtée par la police, elle se vit infliger une amende de 10 dollars, plus 4 dollars de frais de justice. Elle fit appel de ce jugement. Un jeune pasteur noir, inconnu à l'époque, Martin Luther King lança alors une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de transport qui dura 381 jours.Le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis abrogea les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarants anticonstitutionnels.A côté de ce regain de la coopération politico-diplomatique entre les deux pays, la coopération politico-économiquen'est pas en reste.

2- La coopérationdiplomatico-économique

Si, elles sont anciennes, les relations économiques entre Yaoundé et Washington sont longtemps restées modestes. Lesinvestissementsaméricains quelques peu insignifiants dans les années 1960 ont pris leur essortardivement. C'est au cours de la décennie 1970 que ces investissements ont commencés à se déployersurtout dans les domaines bancaires et dans l'explorationpétrolière. Toutefois,les autorités camerounaises ont ardemmentplaidé pour un intérêt plus important des firmes américaines pour le secteur privé de leur pays. La consécration juridique de cette quête est la signature àWashington, le 26 février 1986171(*)d'un traité bilatéral concernant l'encouragement et la protectionréciproque des investissements.

La main tendue de Yaoundé àWashingtondevientplus significatif,à partirde 1997, quand les deux paysdécident de tournerla page sombre de leur relation née, des crispationsde l'élection présidentielle de 1992. Cette embelliedes relationsentre les deux pays futconfirmée en juillet 1998 avec la visite à Yaoundé du Ministre américaindes transports, RodneySlater.Lereprésentant américain futmême reçu en audience par le présidentPaul Biya. Au mois de novembre de cettemêmeannée, uneimportantedélégationdes Maires et d'hommes d'affaires américains, conduite par le Maire de Washington DC,MarionBarryouvredéfinitivementla voie à de nouvelles perspectives diplomatico-économiques entre les deux pays.

Ainsi, en 1999,les relations entre Yaoundé et Washingtonprennent leur envol définitif. Car, la volonté des deux pays de resserrer leurs liens politiques et économiques ne tardepas à se concrétiseràtravers divers actes. Si au plan politique, lesvoyages duprésidentPaul BiyaauxEtats-Unis en 2002 et 2003 à l'invitationdu présidentGeorges W.Bush constituent l'apothéose diplomatique,il n'en demeure pas moins des retombéeséconomiques de cesvisites pour le Cameroun.

En effet, au lendemain de la visite du Chef de l'Etat camerounais à Washington, les 20 et 21 mars 2003, outre la construction du pipeline Tchad-Cameroun, amorcéeen 2001, sous financement partiel des firmes américaines ( Exxon Mobil, Chevron), on relève que,c'est l'entrepriseGeovic Cameroun S.A,filiale de l'américaineGeovic Limited, basé dans l'Etat du Coloradode recevoir, en avril 2003 un permis d'exploitation du gouvernement camerounais pour les gisements de cobalt de Lomié dans la province de l'Est Cameroun. Entre temps, les deux parties avaientprocédéà la signature d'une convention en 2002.

Cependant, il faut noter que, la délivrancede ce permis d'exploitation àl'entrepriseGeovic Limited par les autorités camerounaises n'étaitque, laconséquenced'une politique de travaux de rechercheet d'exploitation entamésdepuis 1995 sur le site de Lomié par l'entreprise américaine.Le gisement de Lomiéesten fait, un grand gisement latéritique et superficiel decobalt, denickel et de manganèse qui, s'étend sur unmassif de roches ultra-basaltique d'une superficie d'environ 240km2. Une évaluationdu projet PNUD/MINMEE sur la base de 11 sondages tests et ce, sur 5% seulement du gisementadonné lieu à un potentiel de deux millions detonnes de cobalt-métal. Ce quicorrespondraità 50 % du potentiel de tout le gisement et représenterait la demande mondiale de cobaltpendant 7 ans172(*).La demande mondiale de cobaltétantestimée de 30.000 tonnes par an à cette époque. Tout ce qui précède,démontre que le gisement cobaltifère de Lomié est d'une importance mondiale. En plus, ce gisement de cobalt est d'exploitation facile,en ce sens qu'à ciel ouvert,et est en même temps un gisement de nickel et de manganèse.

Le Cameroun possèdel'une, des plus grosses réservesmondiales de cobalt. Elle est estimée à10 milliards de tonnes173(*). Geovic Cameroun S.A,selon les termes de l'accord devait donc commencer à exploiter dès 2005, un volume de 240 tonnes de minerai d'une teneur de 0,3% en cobalt et de 0,6% en nickel174(*). Les travaux de construction de traitements des usines de ce minerai devaientpour leur partcommencer en fin 2003.Cependant, force est de constater que, deux décennies plus tard les investissementsaméricainstant annoncés tardent encore à prendre corps.

Concomitamment, au registre des retombées économiques de cette visite, la diplomatie sociale ne fut pas en reste. En juin 2003, l'institution hospitalière John Hopkins envoya des représentants auprès du gouvernement camerounais. L'objectif de cette visite fut d'apporter un soutien matériel, financier et humain au gouvernement camerounais dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA.Au sortir de cette rencontre, la délégation américaine a apprécié les efforts conjugués et soutenus du Cameroun en faveur de la lutte contre cette pandémie175(*).

Toujours en juin 2003, cette fois, coté camerounais,unedélégation d'officiels et d'hommes d'affaires du Cameroun, conduite par le Premier Ministre,PeterMafanyMusonge pris part au sommet Etats-Unis-AfriqueàWashington DC176(*). En effet, dans le cadre d'unsommetafro-américainsur les affaires organisé par, TheCoporateCouncil on Africa,il fut question pour la délégation camerounaise de faire connaitre les potentialités économiques du Cameroun aux investisseurs américains, de nouer ou renforcer des relations susceptibles de promouvoir le commerce et l'investissement.

En marge de ce sommet,la délégation camerounaise a eu àévaluer avec le partenaireaméricain le chemin parcouru par le Cameroun depuis l'admission, le 2 octobre 2000à l'AfricanGrowthOpportunitiesAct (AGOA). Cette loi qui marque le début d'une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et les pays d'Afriquesubsaharienne a étépromulguée le 18 mai 2000 par le présidentBillClinton. Elle ouvre le vaste marchéaméricainàplusieurs produits venant de 34 pays africains éligibles dont le Cameroun. En gros,l'AGOA vise àpromouvoir le commerce et l'investissement entre les Etats-Unis et les pays d'Afrique au Sud du Sahara, enaccordant aux pays admissibles un accèsexceptionnel -en franchise de droit de douane et sans restriction quantitative - au marchéaméricain.

Mais il faut préciser que, l'AGOA n'offre pas que des opportunités. En d'autres termes,c'est aux pays africains de les saisir et de créer un environnementfavorableà l'essor du commerce et des investissements. Parmi les produits àexporter auxEtats-Unis dans le cadre de l'AGOA,le textile occupe une place de choix. Les pays africains bénéficiaires de l'AGOA avaientjusqu'en 2008177(*) pour tirer le maximum de profit de cette opportunité d'autant plus que le présidentGeorgesBush, en 2004 par le truchement de la loi de 2002 sur le commerce, promulguée le 6 août a non seulementconfirmé son soutien à l'AGOA mais aussi a décidé de l'améliorer. On parle alors de l'AGOA II.

En somme, le chemin parcouru par le Cameroun entre 2000 et 2004 dans cette initiative américaine, reste globalement en deçà des attentes, au vu des potentialitésqu'offrece pays. Toutefois,depuis son éligibilité à ce programme, les exportations camerounaises en direction des Etats-Unis ont accru.  En 2004, la valeur des exportations du Cameroun vers les Etats-Unis, qui se décomposent en produits tels que : bois, caoutchouc, cacao, pétrole et autres objet d'arts divers a atteint le montant de « 318 millions de dollars contre 214, l'année d'avant »178(*) ».  Tandis que, les exportations des Etats-Unis vers le Cameroun, eux sont passéesde« 87 millions de dollars en 2000 à 123 millions en 2004 »179(*). Ceci principalement dû au fait de la vente au Cameroun des pièces d'aéronefs et d'avions, des produits pharmaceutiques, des céréales et autres matériaux d'équipement.

Cette progression bien que croissante des échanges entre les deux pays, n'est pas de nature à masquer les écueils d'une certaine réalité. L'essentiel des exportations camerounaises en direction des Etats-Unis sont dominées par les matières premières agricoles et non agricoles, en occurrence les ressources pétrolières. En clair, le dispositif mis en place par Washington en 2000 profite davantage au secteur pétrolier. Car, instauré au moment, où les Etats-Unis amorçaient la diversification de leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbure afin de réduire leur dépendance vis-à-vis du Moyen Orient, l'AGOA est à ce point de vue une réussite de la politique étrangère américaine, où transite annuellement près de 80% du brut africain en général, en direction des USA.

3- L'amélioration de l'image du Cameroun à l'international

Les Etats-Unis disposent d'un puissant levier d'informations à travers le monde. Ils notent généralement les Etats en fonction des critères que certains observateurs trouvent pour le moins subjectif. Du regard qu'ils portent sur un pays dépend son image sur la scène internationale. Cette diplomatie du « smart power »180(*)est un puissant instrument de propagande au service des Etats-Unis. Ils font usage d'un langage riche et généralement fluctuant pour exprimer leur inimitié à l'égard d'Etats peu aimables. Il n'est donc pas rare d'entendre ou de voir dans des medias des officiels américains utilisés, les termes ou expressions qui visent à avoir un regard péjoratif de certains Etats : « Axe du Mal » ; « Etat-voyous » ; « Pays de merde », etc.

Le Cameroun n'a certainement pas oublié le souvenir de la turbulence diplomatique entre 1992 et 1996 lorsque les Etats-Unis l'ont accusé de déficit démocratique. L'image de Yaoundé en est sortie ternie. D'où, la mise en oeuvre dans la même période d'une politique qu'on pourrait qualifiée de réouverture et dont le but avait été, sinon de préserver, du moins de soigner l'image du pays à l'international. Des exigences démocratiques somme, toutes curieuses lorsqu'on sait que Washington s'accommode parfaitement bien avec le régime d'ObiangNguemaMbasogo de Guinée Equatoriale, nonobstant sa démocratie minimale. Lepetit pays d'Afrique centrale, devenu troisième, producteur africain de pétrole181(*)au Sud du Sahara derrière le Nigeria et l'Angola a ainsi été rayé de la liste des quatorze pays africains mal lotis en matière de démocratie et de droit de l'homme en 2003, par le Département d'Etat. Bien plus, au contraire, la Guinée Equatoriale attire de plus en plus l'aide et les investisseurs américains.

Un scénario à peu près similaire est en train de se produire avec la Corée du Nord qui est en passe d'être retiré de la liste des pays de l'« Axe du Mal ». Ce revirement diplomatique semble trouver son origine dans les négociations entamées par le président Sud-coréen, Moon Jae-In182(*)pendant les jeux olympiques d'hiver de Pyeonchang (en février 2018) au sujet de l'abandon par ce pays de ses activités nucléaires à but militaire. Une rencontre de haut niveau entre le président américain Donald Trump183(*) et le leader Nord-coréen Kim-Jong-Un184(*) est même prévue à cet effet, en juin 2018 à Singapour. En fait, on constate que les exigences de démocratie, des droits de l'homme et de bonne gouvernance comme conditionnalités déterminant le principe de coopération des Etats-Unis avec certainspays du Tiers-monde semblent en passe d'être sacrifiés sur l'autel des marchandages diplomatique, économique et géostratégique, alors même que la Corée du Nord ne semble pas avoir amorcé un pas notable dans ces domaines.

Le Cameroun a donc parfaitement conscience des implications de la nature des relations qu'il peut entretenir avec les Etats-Unis. Pour avoir déjà connu une expérience autrefois, il sait pouvoir soigner son image sur le plan international, en entretenant d'excellentes relations avec la première puissance du monde. La célébration du 1er anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001, le 11 septembre 2002 par le président Georges Walker Bush, à New York, et auquel le président Paul Biya avait été convié est la preuve d'un soutien de la diplomatie camerounaise aux Etats-Unis dans sa lutte contre le terrorisme international185(*). Ainsi que, de son engagement bien que tacite, aux côtés de l'Administration Bush dans la crise irakienne de 2003.A propos decette crise précisément, en 2006,répondantà une interviewaccordée au quotidien gouvernementalCameroun Tribune, l'ambassadeur, NielsMarquardtareconnu le soutien que le gouvernement camerounais aapporté àson pays, en ces termes : « Le Cameroun a montré qu'il était un grand ami des Etats-Unis lors du déclenchement de la guerre en Irak, il y a trois ans lorsqu'il siégeait en qualité de membre non-permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies »186(*).

On regrettetoutefois que, face aux questions diplomatiques embarrassantes et confrontées à de subtils dilemmes, pouvant nuire à son image auprès des Etats-Unis, le Camerounà défaut, d'un subtil alignement préfère très souvent opter pour la politique de la chaise vide. C'est ce que ces représentants firenten 1989, lors des 77 ème et 88ème séances plénières de l'Assemblée générale de l'ONU187(*). En effet, il s'agissaitde se prononcer sur deux textes condamnant les Etats-Unis pour non-respect et violation du droit international.

La résolution 44/43188(*) votée à l'absence des délégués camerounais demandait que soit : « pleinement et immédiatement appliqué » par les Etats-Unis conformément à la Charte des Nations Unies, l'arrêt de la Cour Internationale de Justice sur l'« Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci ». Quant à la résolution 44/40189(*), elle déplorait l'intervention des Etats-Unis au Panama, en violation du droit international et de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de cet Etat ; et exigeait la cessation immédiate de l'invasion du Panama par les Etats-Unis. Tout comme l'autre, dans les deux cas l'atteinte à la légalité internationale était indéniable. Cependant, le Cameroun fut partagé entre la tentation de condamner cette atteinte au droit international et les exigences perverses de sa diplomatie de développement.

La politique de ménagement des autorités camerounaises à l'égard de Washington vaut depuis peu au Cameroun un rayonnement de son image diplomatique au plan international. Comme l'atteste ici, Eileen Chamberlain Donahoe, le représentant des Etats-Unis auprès du Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme qui parle des « progrès significatifs »190(*) réalisés par le Cameroun en matière de démocratie, reformes électorales, gouvernance et lutte contre la corruption. Ce satisfecit de Washington à l'endroit du Cameroun a permis également à l'ambassadeur Robert P. Jackson191(*) d'indiquer au cours d'une audience, à luiaccordée par le président Paul Biya, en avril 2012 que : « les Etats-Unis remerciaient le Cameroun pour leur collaboration au sein du système des Nations Unies et que le Cameroun devait s'attendre à un retour imminent de l'Agence américaine pour le développement (USAID) » sur son sol.

En effet, l'USAID est l'Agencedes Etats-Unis pour la coopérationinternationale en charge pour ledéveloppementéconomique et l'assistance humanitaire dans le monde. Elle aofficiellement cessé ses activités au Cameroun en 1995. Les raisons évoquéesàl'époque pour sa fermeture sont d'ordre budgétaire.Mais la réalité est tout autre. En effet, c'est davantage à cause de la détérioration de la situation des droits de l'homme, née à la suite de lacontroverse des résultats del'électionprésidentielle de 1992 qui sont àl'origine de cette fermeture192(*).Toutefois, le retour de l'USAIDa-t-il,souligné le diplomate américain est « un signal fort du fait qu'après dix-huit ans nous avons réalisés que nous nous étions trompés en fermant notre Agence au Cameroun.Nous voulons rectifier le tir en faisant revenir cette expertise »193(*).

Ces propos du diplomate américain sont-ilssincères ? Onne saurait le savoir. Maistoujours est-il que, depuisl'annonce de la fermeture de l'USAIDau Cameroun en 1993,on constate que les autorités américaines ne cessent de proclamer quand l'occasionleur est donnée, aux autorités camerounaises, le retour imminentde cette agence de coopération internationale. Plus de quinze ans,après l'envol des relations bilatérales entre les deux pays, il n'en esttoujours rien.

B- LE SOUTIEN DES ETATS-UNIS SUR LA SCENE INTERNATIONALE

L'approfondissement des relations entre le Cameroun et les Etats-Unisa permis au gouvernement camerounais de bénéficiersur le plan international d'un importantsoutienaméricainsur bon nombres de dossiers jugéscruciauxauxquels,le pays étaitconfronté.Il s'agit entre autres de : l'atteintedu point d'achèvement de l'initiative payspauvre trèsendettés (PPTE)etde la mise en oeuvre du verdict de la Cour Internationale de Justicedans l'« Affaire de Bakassi ». A côté de cesdossiers,s'y ajoutele maintien de la paix et la sécuritédans la sous-région.

1- Le coup de pouce providentiel des Etats-Unisauprès des institutions de Bretton Woods et en matière de désendettementbilatéral

Le 11 octobre 2000, le Cameroun a atteint le point de décision de l'IPPTE.Ce fut le début d'un long programme économique imposé par le FMI et la Banque Mondiale ; lequel programme a abouti en partie grâce, au soutien des Etats-Unis en 2006.

En effet,cinq ans après la validation du point de décision de l'IPPTE, le processus devant mener le Cameroun à l'atteinte du point d'achèvement a connu plusieurs péripéties. Notons d'abord que,c'est à la suite de la longue crise économique qu'a connu le Cameroun au milieu des années 1980 que, le gouvernement va signer et exécuter avec le FMI et la Banque Mondiale quatre accords de programmes d'ajustements structurels (PAS).

Cependant, des quatre accords, un seul a atteint son terme dans les conditions prévues. Il s'agit du PAS II. En effet, conclu en 1997,le PAS II est un accord triennal (1997-2000)qui s'inscrit dans le cadre visant à rétablir les politiques d'équilibres budgétaires (internes et externes), en vue d'une croissance durable et équitablement répartie. Mais également, il doit permettre d'assister le pays dans le cadre de l'atteinte du point de décision de l'IPPTE. Les résultats de ce plan économique et financierfut pour le moins flatteur.On note une embellie de l'activité économique avec des taux de croissance annuel,oscillant entre 5% (1997/1998) et 4% (1999/2000).

Le PAS IIIintervient à la suite du PAS II.Bien qu'il n'ait pas atteint les objectifs escomptés, il s'inscrit dans le cadre des politiques d'appui au programme de développement du gouvernement. Il met en oeuvre, le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté intérimaire (DSRP), adopté en 2000 et de celui, visant à permettre au Cameroun d'atteindre le point d'achèvement. En avril 2003, à la suite de ce Document, le gouvernement a adopté une version améliorée.

A son entame, le programme d'exécution du DSRP est appeléà s'achever au plus tard, le 30 octobre 2003mais, il n'y est pas parvenu. Le gouvernement, conscientde ce retardfixa une nouvelle échéance, fin 2004.Seulement, à cette nouvelleautre échéance, il n'y parvinttoujours pas. Ces atermoiements des autorités camerounaises ballotées entre désir de conservatisme et volonté de faire exécuter les réformes, conformément aux engagements pris dans le DSRP,ont poussé les Institutions de Bretton Woods à suspendre leCameroundu programme IPPTE pour inertie.

Parlant des reformes, il s'agissait de celles préconisées notamment par les PAS antérieurs, puis reprises par le DSRP. Au rang de ces réformes, on peut citer : le programme de privatisation des entreprises publiques, annoncé depuis 1996 par le président Paul Biya mais dont rien de concret n'y avaitencore été fait. Exceptionsfaites, de quelques entreprises publiques comme : la REGIFERCAM, l'OCB, HEVECAM, CHOCOCAM, etc.Par ailleurs, même les ressources additionnelles194(*), obtenues pourtant dans le cadre de l'atteinte du point de décision, en octobre 2000 ne furentpas consomméesde façon efficiente et à temps.

LePremier Ministre,PeterMafanyMusonge,lui-même dans sa lettred'intention adressée au Directeurgénéraldu FMI, MichelCamdessus admetce mea-culpa en ces termes:

Le gouvernement reconnait que la mise en oeuvre des premières séries de programmes et projets qui ont reçus l'avis favorable du comité consultatif et de suivi de la gestion des ressources PPTE a pris du retard (...) Notamment, l'exécution des dépenses d'investissements sont nettement en de ça des objectifs 195(*).

En somme, face à l'intransigeance des Institutions de Bretton Woods à l'endroit du Cameroun, pour fautes à mettre en oeuvre les réformes prévues dans le cadre du DSRP,le gouvernementengagea des tractationsavec certainsde ses partenaires bilatéraux à l'instar, des Etats-Unis,en vued'yretrouverà nouveau,la confiancedes bailleurs de fonds.En effet,dans un entretien accordé au Cameroon Tribune, le 20 février 2006,l'ambassadeur des Etats-Unis, NielsMarquardt,profitant de la venue àYaoundé du Secrétaired'Etat adjoint aux Affaires africaines, JendayiFrazer pour l'inauguration de l'immeublesiège de la nouvelle ambassadedes Etats-UnisàYaoundé, suite à l'audience à eux accordée, déclare : « le présidentPaulBiya aexpriméà la diplomate américainele désir de voir les Etats-Unis intervenir dans le dossier du Cameroun auprès desinstitutions de BrettonWoods afin, de l'aider à atteindre le point d'achèvement de l'IPPTE »196(*).

Il faut rappeler que lasollicitude des autorités camerounaisesdans ce dossierauprès de la premièrepuissance mondiale n'est pas nouvelle.En 2005,lors d'unpassage àYaoundéde Cindy L. Courville, Conseiller spécial du président Georges W. Bush et Directeur des Affaires africaines au Conseil national de sécurité,le président Paul Biya avait déjàprofité une fois de plus de cette venue du diplomate américainpour adresser les demandes camerounaises à Washington. L'un comme l'autre, les deux émissaires américains ont répondu favorablement aux demandes camerounaises. D'où cette intervention du Département d'Etat197(*) en avril 2006, au côté du président du groupe de la Banque Mondiale,Paul Wolfovits, à examiner favorablement le dossier du Cameroun, afin de lui permettre à franchir le point d'achèvement de l'initiative PPTE.

En effet, au cours des jours précédantla tenue des Conseils d'administration de la Banque Mondiale et du FMI, devant aboutir à l'éligibilitéou non, duCameroun, au point d'achèvement de l'initiative PPTE,le président Paul Biyamonta au créneau. Le Chef de l'Etat, sans doute « inquiet »d'éventuelles conséquences négatives en termes d'économie,d'un avis défavorable des Institutions de Bretton Wood au dossier du Camerounauraittéléphoné, le président Georges W. Bush, pour demander un soutien dela Maison Blanche. Ainsi que, les président français, jacques Chirac, les Chefs de Gouvernements britannique, Tony Blair et allemand, Angela Merkel. Ces derniers, l'auraient rassuré du soutien de leurs pays198(*).

Ce faisant, le jour de laplénière, le conseil d'administrationde la Banque mondiale procéda au vote.Le Cameroun obtint 70% des suffragesexprimés. Ce premier verroumenant au processus de l'IPPTE franchi, la voie du paysse tournavers le FMI dont, le conseil d'administration devait se réunir le jour suivant.Mais celui-ci, ne donna pas carte blancheau Cameroun comme, se fut le cas la veille. Car, certains membres d'administration de cette institution notamment, le Canadaet les PaysBas, reprochèrent au gouvernementcamerounais son manque de visibilitédans la lutte contre la corruption et le flou caractérisant leprocessusélectoral.

Toutefois, le Conseil procédaau vote.Les 2/3 des voies nécessairespour être admis au point d'achèvement ne furentpas obtenuspar leCameroun.Lepayséchouaà atteindrel'initiative PPTE.Le président Paul Biya199(*)qui, suivrait les pourparlers depuis la Suisse où il se trouvait en congé, aurait appelé, le Directeur général du FMI, Rodrigo Rato pour influencer la décision des membres du conseil d'administration.Au siège de l'institution cependant,à Washington, AlassaneDramaneOuattara,un des lobbyistes,mandatés par l'Etat du Cameroun auprès du FMI et l'ambassadeurMartin BelingaEboutou,chef dela délégation camerounaise à ces assises, eurent unentretien avec, Rodrigo Rato pour s'enquérir de ce qui coince dans le dossier du Cameroun. Voici ce que déclarece dernier :

Les Administrateurs du FMI veulent faire pression sur le Cameroun pour qu'il manifeste sa bonne foi en s'engageant de manière ferme à mener la lutte contre la corruption, à mener un processusélectoral plus transparent, àêtre clair sur sa gestion pétrolière et àréduire son équipe gouvernementale de 70% 200(*).

Au demeurant, l'issue des travaux révèle que le Camerounfutaprès d'âpres tractationsadmis à ce programme ce,malgrél'échec à obtenir les 2/3 de voix nécessaires. Loin des arcanes du pouvoirpolitique et diplomatique, nousnous sommes tenus aux allégations d'une certaine presse201(*) qui, aurait couvert l'évènement et quelques sources orales interrogées.Il ne figurenulle partà notre connaissance, une preuve écriteattestant le soutiend'une quelconquepuissanceextérieure au dossier du Cameroun dans ce programme.Toutefois, au regardd'uncertains nombres de données empiriques sur l'état de l'économie camerounaise au cours de cette période, l'on est fondé de croire que, « l'éligibilité du Cameroun au bénéfice de l'initiative PPTE (...), vu l'implication personnelle du président Paul Biya dans l'aboutissement du dossier est hautement politique »202(*).

Cette admission au forcepset qui procède d'un coupde pouce des partenaires traditionnels du Cameroun, en particulier des Etats-Unis,soulèvedes interrogations notamment, sur le caractère démocratique des institutionsinternationales en générale et de BrettonWood en particulier, d'une part et d'autre part,si cette élection du Camerouna ce programme ne seraitpas un « cadeau empoisonné » ?Bref, l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE par le Cameroun est semble-t-ilplus, une faveur accordée à un pays qui ne le méritaitpas, mieux qui devait y parvenir plus tard,au regard des griefs faits par les administrateurs du FMI. Par ailleurs, la pléthore de conditionnalités accompagnant cette décision n'allège que « 1.3 millions d'euros sur les 6 millions »203(*) dont le pays est redevable à la communauté internationale des bailleurs de fonds dans le cadre multilatéral.

La quête de l'intérêt national des Etats-Unis ces dernières années sembleaussi passer par la diminution du niveau de pauvreté dans certaines régions du monde. Cette initiative qui trouve son origine dans le rapport de l'AfricanOil Policy Initiative Group (AOPIG), en 2002 propose au gouvernement américain, « un engagement prudent et contrôlé des Etats-Unis en faveur d'une annulation de la dette ». Dans ce sillage, le Cameroun peut compter sur la bienveillance américaine.

En2002, lepays a bénéficié d'un important accord d'annulation et de rééchelonnement de sa dette bilatérale. Ainsi, l'accord signé entre l'ambassadeur des Etats-Unis Georges M. Staples et le Ministre camerounais de l'Economie et des Finances (MINEFI), Michel Meva'aMeboutou a permis au Cameroun de bénéficier d'une annulation de sa dette pour un montant de « 17.6 milliards de F.CFA » et de « 159 millions»204(*), représentants le montant des frais de rééchelonnement de la dette bilatérale du Cameroun vis à vis de ce pays pour une période de « 23 ans »205(*).

Bien que, répondant aux engagements pris par le Cameroun, lors de la session du Club de Paris en janvier 2001, de conclure des accords de consolidation de désendettement avec les pays partenaires, cet acte découlait d'abord d'un signal fort des autorités américaines à rectifier le tir et d'intensifier leur coopération avec le Cameroun. Georges M. Staples n'a pas hésité àrassurer l'opinion que son pays avait décidé d'annuler et de rééchelonner les dettes dues par le Cameroun, aux Etats-Unis, en ce sens que : « le gouvernement camerounais avait fait d'admirables progrès dans le sens de l'amélioration de sa gestion microéconomique »206(*). Le souhait des Etats-Unis, a-t-il relevé est que, l'argent épargné soit réinvesti dans des programmes de réduction de la pauvreté.

En somme, on remarque que, l'envol des relations bilatérales entre le Cameroun et les Etats-Unis permet ainsiindubitablement, de renforcer l'axe de coopération Yaoundé - Washington.Celienentre les deux pays fut encore bénéfique pour le Camerounsur l'« AffaireBakassi ».

2- Le verdict de La Haye et la stratégie américaine de résolution du conflit de Bakassi

La visite officielle, effectuée par le président Paul Biya aux Etats-Unis, les 20 et 21 mars 2003 s'inscrivait de la stratégie du gouvernement, àapprofondir les relations avec Washington.La diplomatie camerounaise qui tient également à la diversification des partenariats ne désespérait pas tout aussi d'un soutien des membres du Conseil de Sécurité dans l'application de l'arrêt de la Cour internationale de justice sur l'« Affaire de Bakassi ».

En effet, le 20février2006,lorsd'une audienceaccordépar le président Paul Biya au Secrétaire d'Etat adjoint, pourles Affaires africaines,Jendayi Frazer, Niels Marquardt,ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun, et qui avait pris part à cetterencontre entre les deux personnalitésdéclara à la presse : 

Le présidenta demandénotre soutien pour l'application de l'arrêtde la CIJ. Nous lui avons dit très clairement - et telle a toujours été la position des Etats-Unis-que nous soutenons la décision de la CIJ et son processus de mise en application. Nous avons de très bonnes relations à la fois avec le Cameroun et le Nigeria. Nous aurions l'occasion de parler avec nos amis nigérians afin de leur rappeler notre position et leur poser des questions sur le retards pris dans la mise en application du verdict de la CIJ »207(*).

Le soutien des Etats-Unis au Cameroun dans cet épineuxdossier n'était pas nouveau. En septembre 2002 déjà, en marge des cérémonies de commémoration du 1er anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001,le Secrétaire d'Etat, Colin Powell qui avait eu unentretien avec le présidentPaul n'avait pas hésitéàconforter l'option prise par le Cameroun dans ce dossier pour résoudre ce différend208(*). Option, justement prise en faveur du respect du droit international.

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Ainsi, déboutéparl'arrêt du 10 octobre 2002 de la CIJ, il faudra attendre quatre ans pour voir le Nigeria accepter contre son gré, la rétrocession de la péninsule de Bakassi au Cameroun. Cette rétrocession a été rendue possible à travers la signature par les deux parties de l'accord de Greentree. En effet, sous la très haute implication de Kofi Annan et des quatre Etats témoins209(*) : les Etats-Unis (hôte du sommet), la France, la Grande Bretagne, et l'Allemagne, les Présidents Paul Biya du Cameroun et OlessegunObassandjo du Nigeriasignèrent, le 12 juin 2006 dans le Domaine de GreentreeEstates, Manhasset, Etat de New York, l'accord du même nom.

L'accord de Greentree, qui met définitivement un terme au différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria, est un texte comprenant huit articles (08), auxquels s'ajoutent deux annexes dont une carte qui donne des précisions géographiques sur la délimitation de la zone concernée. Dans son article premier, l'accord précise que le Cameroun et le Nigeria reconnaissent la frontière terrestre et maritime entre les deux pays, tel que délimité par la CIJ et s'engagent à poursuivre le processus de mise en oeuvre déjà entamé. L'article deuxième stipule que le Nigeria s'engage à retirer l'ensemble de ses forces armées stationnées sur la péninsule dans un délai de soixante (60) jours à compter de la date de signature de l'accord. Cependant, ce délai peut être prorogé par le Secrétaire général des Nations Unies pour une période n'excédant pas trente (30) jours.

Le 14 août 2008, conformément à ces dispositions, le Nigeria transféra au Cameroun, son autorité perdue depuis 1994 sur la presqu'île de Bakassi. Le professeur, Maurice Kamto, ministre délégué à la justice et, chef de la délégation camerounaise et ChiefBoyo Ojo ont apposé respectivement pour le Cameroun et le Nigeria, leur signature au bas du document y relatif, en présence des représentants des Etats témoins.

L'article 3 de l'accord de Greentree prescrit des obligations qui incombent à la partie camerounaise en ce qui concerne le traitement des populations nigérianes résidant à Bakassi. L'article 4 rappelle à toutes fin utiles qu'aucune disposition de l'accord ne peut être interpréter comme impliquant une renonciation du Cameroun à sa souveraineté sur une parcelle quelconque de son territoire. Cet article souligne par ailleurs que, l'accord ne peut être entendu comme une interprétation ou une modification de l'arrêt de la Cour Internationale de Justice du 10 octobre 2002 dont il n'est qu'une simple modalité d'application.

L'annexe 1 de l'accord de Greentree fixe les modalités du régime spécial transitoire devant prévaloir jusqu'au transfert définitif de l'autorité sur Bakassi. En son article 2A, cette annexe précise que le Cameroun autorisera le Nigeria à maintenir son administration civile et une force de police nécessaire au maintien de l'ordre dans la zone pendant une période non renouvelable de deux ans, à compter de la fin du retrait des forces nigérianes.

A l'issue de cette période, le Nigeria retirera son administration et sa force de police, et le Cameroun reprendra l'administration de la zone. L'article 3 de l'annexe prescrit au Nigeria, un certain nombre d'obligations pendant la période transitoire qui lui est imparti, notamment :

? d'empêcher tout transfert ou afflux massif de ses ressortissants dans la zone ;

? d'entreprendre dans la zone, aucune activité qui compliquerait ou entraverait le transfert d'autorité au Cameroun ;

? ne pas entreprendre ou poursuivre l'exploitation des ressources naturelles de la zone ni aucune activité portant à atteinte à l'environnement ;

? ne pas positionner aucune force dans la zone.

L'annexe 1 fixe également les obligations qui incombent au Cameroun par rapport aux populations nigérianes vivant dans la zone ainsi qu'aux autorités civiles et forces de police nigérianes. L'article 5 de l'annexe 1 précise qu'à la fin du régime spécial transitoire, le Cameroun exercera en toute plénitude ses droits de souveraineté sur la zone. L'accord de Greentree apparait ainsi comme une véritable révolution dans la résolution pacifique de différends internationaux.

En dehors de cet appui diplomatique des Etats-Unis, et des autres grandes puissances sur la question de Bakassi, la sécurité dans la sous-région reste un impératifdans la stratégie américaine au Cameroun.

Carte 2 : La péninsule deBakassi

Source : www.google.com/search?q=carte+de+bakassi+lesaccords+de+greentre, consulté, le 2 janvier 2018.

3- Le soutien des Etats-Unis en matière de sécurité sous régionale

Dans le cadre de la redéfinition de leurs misions stratégiques àtravers le monde, élaborées au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, lesEtats-Unismènent des actions concertées au niveau sous régional avec l'armée camerounaise et les armées nationales des autres pays voisins pour le maintien de la paix et la sécurité dans le Golfe de Guinée.

Le Golfede Guinée, à en croire les spécialistes est uneregion qui concentre une série de facteurs porteurs d'insécurité. La montée de l'insécurité dans le Golfe de Guinée est due,entre autres à trois facteurs, expliquele professeur ElaMvomowullson de l'Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC).

D'abord, par sa position au fond du bassingéopolitique de l'Atlantique centre-oriental. LeGolfe de Guinée est l'une des « portes d'entrée de l'Afrique » et est en passe dedevenirl'un des relais importants du trafic international dela drogue,de la piraterie maritime, et autres activités illicites en provenance de l'Asie Centrale-Moyen-Orient et de l'AmériqueLatine, et à destination de l'Occident (Europecentrale et Amérique du nord).

« Carrefour des civilisationsafricaines », le Golfe de Guinée est susceptible de devenirà l'exemplede ce qui se passeactuellement au nord du Nigeria, l'un des grands théâtres du prosélytismefondamentalo-islamiste,avec des risquesaccruesde terrorisme. Par ailleurs, bordé en ces marches septentrionaleet australe par des « zones grises » qui ont longtempsconstituées les conflictualitésentremêlées de l'Afrique de l'Ouest (Sierra Leone, Liberia, Cote d'Ivoire) et des Grands Lacs (République Démocratique du Congo, Rwanda, Burundi), le Golfe de Guinée semble en sursis précaire. Enfin, il faut naturellement relever les risques politiques de l'économiede rente dans la région.

Carte 3 : Domaine maritime et continentale des pays du golfe deGuinée

Source : http://www.afriqueindex..com/articles/carte-afrique.htm, consulte, le 2 janvier 2018.

Au Cameroun particulièrement,le pays est confronté àdes manifestationsdu brigandagede groupes politico-criminels.En 2007,vingtsoldats de l'armée camerounaise ont étéabattus dans la crique Issanguelé-Bakassi210(*). L'attaquequi avait étéd'abordattribuée au groupe d'auto-déterminationnigérian, du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND),a été ensuite revendiquée par le groupeautoproclamé,BakassiFreedomFichters(BFF) opposé à toute idée de rétrocession de Bakassi au Cameroun.

Selon des affirmations de ses membres,le groupe souhaitait lancer un avertissement au gouvernement camerounais,qui quelques jours auparavant avait arrêté certains de ses membres. En 2008, uneautreattaque d'envergure s'est produit près des côtesàLimbé (Sud-ouest du pays) lorsque des individus lourdement armés, et se déplaçantà bord de vedettes ont investi un pétrolierfrançais, contrepaiement d'une rançon.

Cette mêmeannéeégalementa été marquée par l'intensification de braquages de banques,et une spectaculaire attaque,l'année d'après contre la présidenceéquato-guinéenneàMalabo par des groupes criminels venus par mer,et qui auraient confondu, l'île de Malaboà l'embouchure du delta du Niger. Lebraquage de banque au Cameroun débute au mois de septembre2008 dans la ville côtière de Limbé. Conduite comme une véritableopérationcommando, il implique des dizaines d'assaillantséquipés d'armes de guerres. Cetteattaque fait une dizaine de morts.Le moisd'après, on enregistre une tentative de braquage de banquesàKribi. L'arrestation des assaillants de nationalités camerounaises permet de conclure que ces attaques ne sont pas que l'oeuvre des étrangers.En tout étatde cause, desexemples comme ceux-cisont légions et ne se comptabilisentplus.

Or, l'importance des intérêts des Etats-Unis dans la region est telle qu'ils ne s'accommodent pas d'instabilité et d'insécurité. Les enjeux sont tels que les experts ont pu dire qu'il s'agit d'une zone d'« intérêt vital » pour Washington. Il s'agit d' « intérêt essentiellement pétrolier »211(*), et les données sont connues.

Au Cameroun,il y a d'abord le pipeline Tchad-Cameroun dont la durée de vie de l'exploitation était théoriquement de 25 ou 30 ans, avant que les spécialistesn'envisagent une espérance de vie un peu plus longue, suiteà la découverte de nouveaux gisements de pétrole dans la region de Doba, au sud du Tchad.Mais les expertsévoquent aussi l'oléoducHigleig - Port-Soudan dans la perspective d'une liaisonstratégiqueTchad-Soudan. Il y aenfin aussi, cette présencedes compagnies pétrolièresaméricaines dans l'ensemble des pays producteurs de pétrole du Golfe de Guinée, du Nigeriaàl'Angola, enpassant par la GuinéeEquatoriale.

Enjeu décisif, lesEtats-Unis envisage de porter entre 25%et30% (voir plus) la proportion de leur approvisionnementen hydrocarbures d'ici à l'horizon 2025 contre 17% actuellement, réduisant la proportion de leur dépendance vis-à-vis des pays du Golfe persique,en proie à des instabilités permanentes. C'est ainsi qu'il faut comprendre la forte présence des officiels militaires américains au Cameroun ces dernièresannées et les velléités d'installation d'une base militaire permanente au Cameroun, qui permettrait à la CIA d'avoir un regard sur l'Afrique centrale212(*).

Même si pour l'instant, pour cette dernière préoccupation, Washington a échoué jusqu'ici, à convaincre les autorités camerounaises dans les négociationsdu bien-fondé de son projet. Toutefois,la demande reste persistante. Cela a été le cas en 2008, lors desvisitesàYaoundé, dupremier Comandant d'AFRICOM, le Général William E. Ward, et de celledu General, Carter F. Mam, au président Paul Biya213(*) en 2012.

On note que, la simulation dedifférentsexercices navales au large des eaux territoriales des pays de cet espace, comme leCameroun en 2006lorsque, le pays a accueilli au large de ses eaux territoriales, unexercicemilitaire multinational dénommé « Sawa 2006 »214(*) du programmeaméricain de formation pour les opérationsd'urgences en Afrique et de la mise sur pied de la Force africaine en attente (FAA),augure une fructueuse et longue coopération militaire entre les deux pays.

Le choix du Cameroun dans cet exercicerépondaitparticulièrementdu souci de la position centrale qu'occupe ce pays dans le Golfe de Guinée mais également aussi de sa vulnérabilitésécuritaire. Au cours des douze mois qui ont suivi l'exercice,le Cameroun a reçude la part des Etats-Unis une importante dotation enmatériel militaire,ce qui a permis de former non seulement les forces nationales mais aussi plusieurs bataillons des forces internationales de maintien de la paix, prêtà se déployer en tout lieu, en cas de nécessité.

Washington amis en place diverses initiatives de soutien aux pays de la region. C'est le cas notamment de :l'AfricanContingency Operations Training and Assistance (ACOTA), leCentre d'étude stratégique pour l'Afrique (CESA) et biensûr, l'initiative la plus ambitieuse, le Commandement US-Africa (AFRICOM). Ces initiatives portent sur des accords avec des pays clés de la region dont le Cameroun. Sur cettebase, l'US Navyeffectue des escalesrégulières dans les ports des pays de cet espace pour fournir un appui logistique et former les marines nationales. Au Cameroun, unexercice naval multinational de ce type, dénommé « ObangaméExpress » a eu lieu àDouala, en 2011.

En somme, legouvernement camerounais a conclu des accordsstratégiques avec legouvernementaméricain et dont,les forces armées utilisent d'ores et déjà lesinstallationsaéroportuaires camerounaises. En dehors,de l'assistanceapportéedans le cadre de la lutte contre l'insécurité dans le Golfe de Guinée, lesEtats-Unis forment aussi les soldats camerounais du Bataillon d'Intervention Rapide(BIR). Ce soutien américain est complétépar la traque des terroristes du groupe de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest, ex BokoHaram dans la regionde l'Extrême Nord. Eneffet, depuis 2015,les Etats-Unis y ont déployé une force militaire de 300 soldats et créé une station de drone permanente à Garoua, à la demande des autorités camerounaises.

Les missionsassignées aux soldats américainssont diverses. Elles consistent en la conduite des opérations de renseignement, desurveillanceet de reconnaissancedes frontières nationales en particulier, celles de la partie septentrionale du pays. Bien que, ne participant pas aux combats, les soldats américainss'activent au côté de l'armée camerounaise, en lui fournissant de précieuses informations collectées à l'aide des drones MQ-1, nonarmées qui offrent un soutien en IRS(intelligence renseignement surveillance) aux troupes de terre. Cettecoopération entre le Cameroun et les Etats-Unis est appeléeàperdurer.D'ailleurs, uncommuniqué du porte-parolede la Maison Blanche indique que : « cette force militaireest appeléeàrester au Cameroun jusqu'à ce que le soutienaméricain ne soit plus nécessaire »215(*).

CONCLUSION DE CHAPITRE

Le bilan de ce chapitre consisteà analyser les retombées de l'engagementdu Cameroun aux côtés des Etats-Unis dans la crise irakienne de 2003.L'engagement implicite de la diplomatie camerounaise aux côtés de Washington, les derniers jours, précédant le déclenchement des hostilités américaines en Irak, après avoir pourtant, claironné son opposition à la guerrecontre ce pays, découlait de la prégnanceà faire face à certains problèmes domestiques jugés cruciaux. La crise irakienne de 2003 au Conseil de Sécurité a donc eu des répercussions au Cameroun tant en termes de coopérations bilatérale que multilatérale. La compromission du gouvernement camerounais aux côtés des Etats-Unis a permis à Yaoundé de renforcerses relations avec Washington et de bénéficier auprès des institutions internationales d'un important soutien américain sur bon nombres de dossiers, auxquels le pays était en panne d'initiatives diplomatiques à l'exemple, du règlement de la crise de Bakassi et de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE.

CONCLUSION GENERALE

Le sujet soumis à notre réflexion se proposait de faire une analyse de la diplomatie camerounaise dans la crise irakienne de 2003. Avant de nous appesantir sur ce qui en découle, il importe de rappeler que notre problématique portait sur la position de la diplomatie camerounaise dans cette crise.

La crise irakienne de 2003, au Conseil de Sécurité des Nations Unies est le croisement de deux logiques de la géopolitique des relations internationales : une logique prônant l'approche multilatérale des grands enjeux internationaux et une autre logique, prônant l'approche unilatérale des relations internationales. En effet, à la suite des attentats du 11 septembre 2001 et de la guerre en Afghanistan, lesEtats-Unis lancent une nouvelle offensivediplomatico-militaire contre le régime de SaddamHussein sous le fallacieuxprétexte que ce dernier,en dépit des injonctions de la communautéinternationale imposées à l'issue de la guerre du Golfe, continue de développer les armes de destructionmassive,et d'êtreun logis pour les terroristes d'Al-Qaïdadont Oussama Ben Laden, identifié comme le cerveau des attentats du 11 septembre 2001.

Cette crise qui tire donc,son origine de la premièreguerre du Golfe, avant d'être mal géréeàcristalliser les débatset enjeux entre les différentsmembres du Conseil de Sécurité, et placer certains pays membres non-permanent du dit Conseilcomme, le Cameroun devant un véritable dilemme diplomatique. Pour le Cameroun en effet, membrenon-permanent du Conseil de Sécurité de l'ONUau cours de cette période,il a étéquestion de promouvoir la paix, àtraversla poursuite du désarmement de l'Irak, par les mécanismes d'inspection de l'ONUet le respect du Conseil de Sécurité comme, le cadre légalsusceptible d'autoriser une intervention militaire contre le régime de SaddamHussein,si celui-ci ne coopérait pas avec les inspecteurs en désarmement des Nations Unies.

La position des autorités camerounaises sur la question irakienne s'inscrivait dans la logique des options de politiqueétrangèredu Cameroun, à savoir :le règlement pacifique des différends et le recoursà l'arbitrageinternational en cas de conflit, comme illustré quelques temps plutôt dans le règlement du différendfrontalier,qui plusieurs années durant l'avait opposé au Nigeria. En fait,le verdict de la Cour Internationale de Justice,rendu le 10 octobre 2002 sur ce conflit,connu sous l'appellation de l'« Affaire de Bakassi » favorable au Cameroun, confortait la position de la diplomatie camerounaise dans la question irakienne sur le rôleimpartial de l'ONU dans les règlements des différends internationaux.Nonobstant, la visite officielle, effectuée par le présidentPaul Biya aux Etats-Unis, le 20 mars 2003, lejourmême du début du déclenchement des hostilitésaméricaines enIrak,et quia étéinterprétée comme unsoutien implicite de la diplomatie camerounaise à la thèseaméricaine d'une guerre préventive en Irak.Pourle président Bush et son Administration isolés sur ce dossier et en quêtede soutiens internationaux,le soutien de la diplomatie camerounaise venait à point nommé. Le chef de l'Etat camerounais a offertsciemment ou non, à son homologueaméricain, Georges W. Bush,uneoccasioninespérée prenant les contours d'un soutien ou d'une caution morale du Cameroun dans ses ambitionsimpérialistes et militaires, en Irak.

113

Cet engagementdu gouvernement camerounais aux côtés des USA, après avoir pourtantclaironné son opposition à la guerre en Irak, tout au long de la crise diplomatiquequi a accompagné les négociations sur le deuxième projet de résolutionanglo-américaine contre l'Irak, au Conseil deSécuritédécoulaitde la prégnanceà faire face à certainsproblèmes domestiquesjugéscruciaux.La crise irakienne de 2003 au Conseil de Sécuritéa donc eu des répercussions au Camerountant en termes de coopérationsbilatérale que multilatérale.

La compromission du gouvernement camerounais aux côtés des USA a permis au Cameroun d'approfondir ses relations bilatéralestant politique qu'économique avec Washington,et de bénéficier auprès des institutions internationales d'unimportant soutien Américainsur bon nombres de dossiers cruciaux auxquels, le pays était confronté, àsavoir : lerèglement de la crise de Bakassi et l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE.

ANNEXES

ANNEXE 1 : Composition du Conseil de Sécurité de l'ONU entre : le 1er janvier 2002 et le 19 mars 2003.

 

 Conseil de sécurité des Nations unies
Résolution 1441

Caractéristiques

Date

8 novembre 2002

Vote

Pour : 15
Abs. : 0
Contre : 0

Sujet

la situation entre l'Irak et les États-Unis.

Membres permanents

Conseil de sécurité 2002
  Chine ·   États-Unis ·   France ·   Royaume-Uni ·   Russie

Membres non-permanents

  Bulgarie ·   Cameroun ·   Colombie ·   Guinée ·   Irlande ·   Mexique ·   Maurice ·   Norvège ·   Singapour ·   Syrie

ANNEXE 2 : Résolution 1441

Résolution 1441

Conseil de sécurité des Nations unies

8 novembre 2002

Le Conseil de sécurité,

· Rappelant toutes ses résolutions pertinentes antérieures, en particulier ses résolutions 661 (1990) du 6 août 1990, 678 (1990) du 29 novembre 1990, 686 ( 1991) du 2 mars 1991, 687 (1991) du 3 avril 1991, 688 (1991) du 5 avril 1991, 707 (1991) du 15 août 1991, 715 (1991) du 11 octobre 1991, 986 ( 1995) du 14 avril 1995 et 1284 (1999) du 17 décembre 1999, ainsi que toutes les déclarations pertinentes de son Président,

· Rappelant également sa résolution 1382 ( 2001) du 29 novembre 2001 et son intention de l'appliquer intégralement,

· Considérant la menace que le non-respect par l'Iraq des résolutions du Conseil et la prolifération d'armes de destruction massive et de missiles à longue portée font peser sur la paix et la sécurité internationales,

· Rappelant que sa résolution 678 (1990) a autorisé les États Membres à user de tous les moyens nécessaires pour faire respecter et appliquer la résolution 660 (1990) du 2 août 1990 et toutes les résolutions pertinentes adoptées ultérieurement et pour rétablir la paix et la sécurité internationales dans la région,

· Rappelant également que sa résolution 687 (1991) imposait des obligations à l' Iraq en tant que mesure indispensable à la réalisation de son objectif déclaré du rétablissement de la paix et de la sécurité internationales dans la région,

· Déplorant que l'Iraq n'ait pas fourni d'état définitif, exhaustif et complet, comme il est exigé dans la résolution 687 (1991), de tous les aspects de ses programmes de mise au point d'armes de destruction massive et de missiles balistiques d'une portée supérieure à 150 kilomètres et de tous les stocks d'armes de ce type, des composantes, emplacements et installations de production, ainsi que de tous autres programmes nucléaires, y compris ceux dont il affirme qu'ils visent des fins non associées à des matériaux pouvant servir à la fabrication d'armes nucléaires,

· Déplorant également que l'Iraq ait à plusieurs reprises empêché l'accès immédiat, inconditionnel et sans restriction à des sites désignés par la Commission spéciale des Nations unies et par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), n'ait pas coopéré sans réserve et sans condition avec les inspecteurs des armements de la Commission spéciale et de l'AIEA, comme il est exigé dans la résolution 687 (1991), et ait finalement cessé toute coopération avec la Commission spéciale et l'AIEA en 1998,

· Déplorant l'absence depuis décembre 1998 de contrôle, d'inspection et de vérification internationaux en Iraq des armes de destruction massive et des missiles balistiques, comme l'exigeaient les résolutions pertinentes, alors que le Conseil avait exigé à plusieurs reprises que l'Iraq accorde immédiatement, inconditionnellement et sans restriction les facilités d'accès voulues à la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies créée par la résolution 1284 (1999) pour succéder à la Commission spéciale, et à l'AIEA, et regrettant la persistance de la crise dans la région et des souffrances du peuple iraquien qui en a résulté,

· Déplorant aussi que le Gouvernement iraquien ait manqué à ses engagements en vertu de la résolution 687 (1991) en ce qui concerne le terrorisme, de la résolution 688 (1991) pour ce qui est de mettre fin à la répression de sa population civile et d'autoriser l'accès des organisations humanitaires internationales à toutes les personnes ayant besoin d'aide en Iraq, et en vertu des résolutions 686 (1991), 687 (1991) et 1284 (1999) pour ce qui est du rapatriement ou de la coopération pour l'identification des nationaux du Koweït et d'États tiers détenus arbitrairement par l'Iraq, ou la restitution de biens koweïtiens saisis arbitrairement par l'Iraq,

· Rappelant que, dans sa résolution 687 (1991), il a déclaré qu'un cessez-le-feu reposerait sur l'acceptation par l'Iraq des dispositions de cette résolution, y compris des obligations imposées à l'Iraq par ladite résolution,

· Résolu à assurer le respect complet et immédiat par l'Iraq, sans condition ni restriction, des obligations que lui imposent la résolution 687 (1991) et d'autres résolutions pertinentes, et rappelant que les résolutions du Conseil de sécurité constituent la référence pour apprécier le respect par l'Iraq de ses obligations,

· Rappelant que le fonctionnement effectif de la Commission qui a succédé à la Commission spéciale et de l'AIEA est indispensable à l'application de la résolution 687 (1991) et d'autres résolutions pertinentes,

· Notant que la lettre datée du 16 septembre 2002, adressée au Secrétaire général par le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, constitue une première étape nécessaire pour que l'Iraq rectifie ses manquements persistants aux résolutions pertinentes du Conseil,

· Prenant note de la lettre datée du 8 octobre 2002, adressée au général Al-Saadi, du Gouvernement iraquien, par le Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies et le Directeur général de l'AIEA, énonçant les modalités pratiques établies pour donner suite à leur réunion à Vienne, qui sont les conditions préalables à la reprise des inspections en Iraq par la Commission et l'AIEA, et se déclarant extrêmement préoccupé par la persistance du Gouvernement iraquien à ne pas confirmer les modalités énoncées dans ladite lettre,

· Réaffirmant l'attachement de tous les États Membres à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Iraq, du Koweït et des États voisins,

· Se félicitant des efforts que font le Secrétaire général et les membres de la Ligue des États arabes et son secrétaire général, Résolu à assurer la pleine application de ses décisions,

· Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies,

o 1. Décide que l'Iraq a été et demeure en violation patente de ses obligations en vertu des résolutions pertinentes, notamment la résolution 687 (1991), en particulier en ne collaborant pas avec les inspecteurs des Nations unies et l'AIEA, et en ne prenant pas les mesures exigées aux paragraphes 8 à 13 de la résolution 687 (1991) ;

o 2. Décide, tout en tenant compte du paragraphe 1 ci-dessus, d'accorder à l'Iraq par la présente résolution une dernière possibilité de s'acquitter des obligations en matière de désarmement qui lui incombent en vertu des résolutions pertinentes du Conseil, et décide en conséquence d'instituer un régime d'inspection renforcé dans le but de parachever de façon complète et vérifiée le processus de désarmement établi par la résolution 687 (1991) et les résolutions ultérieures du Conseil ;

o 3. Décide qu'afin de commencer à s'acquitter de ses obligations en matière de désarmement, le Gouvernement iraquien, en plus des déclarations qu'il doit présenter deux fois par an, fournira à la Commission et à l'AIEA, ainsi qu'au Conseil de sécurité, au plus tard 30 jours à compter de la date de la présente résolution, une déclaration à jour, exacte et complète sur tous les aspects de ses programmes de développement d'armes chimiques, biologiques et nucléaires, de missiles balistiques et d'autres vecteurs tels que véhicules aériens sans pilote et systèmes de dispersion conçus de manière à être utilisés sur des aéronefs, y compris les dotations et les emplacements précis de ces armes, composants, sous-composants, stocks d'agents et matières et équipements connexes, l'emplacement et les activités de ses installations de recherche, de développement et de production, ainsi que tous les autres programmes chimiques, biologiques et nucléaires, y compris ceux que l'Iraq déclare comme servant à des fins autres que la production d'armes ou les équipements militaires ;

o 4. Décide que de fausses informations ou des omissions dans les déclarations soumises par l'Iraq en application de la présente résolution et le fait à tout moment de ne pas se conformer à la présente résolution et de ne pas coopérer pleinement dans sa mise en oeuvre constitueront une nouvelle violation patente des obligations de l'Iraq et seront rapportés au Conseil aux fins de qualification conformément aux dispositions des paragraphes 11 et 12 ci-dessous ;

o 5. Décide que l'Iraq permettra à la Commission et à l'AIEA d'accéder immédiatement, sans entrave, inconditionnellement et sans restriction à la totalité des zones, installations, équipements, relevés et moyens de transport qu'elles souhaitent inspecter, y compris sous terre, et d'accéder à tous les fonctionnaires et autres personnes que la Commission ou l'AIEA souhaitent entendre, selon des modalités ou à l'endroit que choisiront la Commission ou l'AIEA, dans l'exercice de leurs mandats respectifs sous tous leurs aspects ; décide en outre que la Commission et l'AIEA pourront à leur gré mener des entretiens dans le pays ou à l'extérieur, faciliter le voyage à l'étranger des personnes interrogées et des membres de leur famille et que, à la convenance de la Commission et de l'AIEA, ces entretiens pourront se dérouler sans la présence d'observateurs du Gouvernement iraquien ; donne pour instruction à la Commission et demande à l'AIEA de reprendre les inspections au plus tard 45 jours après l'adoption de la présente résolution et de le tenir informé dans les 60 jours qui suivront ;

o 6. Approuve la lettre datée du 8 octobre 2002, adressée au général Al-Saadi, du Gouvernement iraquien, par le Président exécutif de la Commission et le Directeur général de l'AIEA, dont le texte est annexé à la présente résolution, et décide que le contenu de cette lettre aura force obligatoire pour l'Iraq ;

o 7. Décide en outre qu'en raison de l'interruption prolongée par l'Iraq de la présence de la Commission et de l'AIEA et afin qu'elles puissent accomplir les tâches énoncées dans la présente résolution et dans toutes les résolutions pertinentes antérieures, d'établir les règles révisées ou supplémentaires suivantes, qui auront force obligatoire pour l'Iraq, afin de faciliter leur travail en Iraq :

§ La Commission et l'AIEA détermineront la composition de leurs équipes d'inspection et veilleront à ce qu'elles comprennent les experts les plus qualifiés et les plus expérimentés disponibles ;

§ Tout le personnel de la Commission et de l'AIEA jouira des privilèges et immunités, correspondant à ceux des experts en mission, qui sont prévus par la Convention sur les privilèges et immunités des Nations unies et par l'Accord sur les privilèges et immunités de l'AIEA ;

§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'entrer en Iraq et d'en sortir sans restriction, le droit de se déplacer librement, sans restriction et dans l'immédiat à destination et en provenance des sites d'inspection, et le droit d'inspecter tous sites et bâtiments, y compris d'accéder immédiatement, sans entrave, inconditionnellement et sans restriction aux sites présidentiels dans les conditions qui s'appliquent à tous les autres sites, nonobstant les dispositions de la résolution 1154 (1998) du 2 mars 1998 ;

§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'être informées par l'Iraq du nom de toutes les personnes qui sont ou ont été associées aux programmes iraquiens dans les domaines chimique, biologique, nucléaire et des missiles balistiques ainsi qu'aux installations de recherche, de développement et de production qui y sont rattachées ;

§ La sécurité des installations de la Commission et de l'AIEA sera assurée par un nombre suffisant de gardes de sécurité de l'Organisation des Nations unies ;

§ La Commission et l'AIEA auront le droit, afin de bloquer un site à inspecter, de déclarer des zones d'exclusion, zones voisines et couloirs de transit compris, dans lesquelles l'Iraq interrompra les mouvements terrestres et aériens de façon que rien ne soit changé dans un site inspecté ou enlevé de ce site ;

§ La Commission et l'AIEA pourront utiliser et faire atterrir librement et sans restriction des aéronefs à voilure fixe et à voilure tournante, y compris des véhicules de reconnaissance avec ou sans pilote ;

§ La Commission et l'AIEA auront le droit d'enlever, de détruire ou de neutraliser, selon qu'ils le jugeront bon et de manière vérifiable, la totalité des armes, sous-systèmes, composants, relevés, matières et autres articles prohibés s'y rapportant, et de saisir ou de fermer toute installation ou tout équipement servant à leur fabrication ; et - La Commission et l'AIEA auront le droit d'importer et d'utiliser librement les équipements ou les matières nécessaires pour les inspections et de confisquer et d'exporter tout équipement, toute matière ou tout document saisi durant les inspections, sans que les membres de la Commission et de l'AIEA et leurs bagages officiels et personnels soient fouillés ;

o 8. Décide en outre que l'Iraq n'accomplira ou ne menacera d'accomplir aucun acte d'hostilité à l'égard de tout représentant ou de tout membre du personnel de l'Organisation des Nations unies ou de l'AIEA, ou de tout État Membre agissant en vue de faire respecter toute résolution du Conseil ;

o 9. Prie le Secrétaire général de porter immédiatement la présente résolution à la connaissance de l'Iraq, qui a force obligatoire pour ce pays, exige que l'Iraq confirme, dans les sept jours qui suivront cette notification, son intention de respecter pleinement les termes de la présente résolution, et exige en outre que l'Iraq coopère immédiatement, inconditionnellement et activement avec la Commission et l'AIEA ;

o 10. Prie tous les États Membres d'accorder leur plein appui à la Commission et à l'AIEA dans l'exercice de leur mandat, notamment en fournissant toute information relative aux programmes interdits ou autres aspects de leur mandat, y compris les tentatives faites depuis 1998 par l'Iraq pour acquérir des articles prohibés et en recommandant des sites à inspecter, des personnes à interroger, ainsi que les conditions des entretiens, et des données à recueillir, le résultat de ces activités devant être porté à la connaissance du Conseil par la Commission et l'AIEA ;

o 11. Donne pour instruction au Président exécutif de la Commission et au Directeur général de l'AIEA de lui signaler immédiatement toute ingérence de l'Iraq dans les activités d'inspection ainsi que tout manquement de l'Iraq à ses obligations en matière de désarmement, y compris ses obligations relatives aux inspections découlant de la présente résolution ;

o 12. Décide de se réunir immédiatement dès réception d'un rapport conformément aux paragraphes 4 ou 11 ci-dessus, afin d'examiner la situation ainsi que la nécessité du respect intégral de toutes ses résolutions pertinentes, en vue de préserver la paix et la sécurité internationales ;

o 13. Rappelle, dans ce contexte, qu'il a averti à plusieurs reprises l'Iraq des graves conséquences auxquelles celui-ci aurait à faire face s'il continuait à manquer à ses obligations ;

o 14. Décide de demeurer saisi de la question.

ANNEXES 3:Crise irakienne : les intérêts divisent les grandes puissances

ANNEXES 4 : Crise irakienne : le président Paul Biya reçoit Dominique de Villepin

ANNEXES 5 : Le Cameroun n'est pas indécis

ANNEXES 6 :Les raisons de la visite de Biya aux Etats-Unis

ANNEXES 7 : Atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE : tractation difficile à Washington

ANNEXES 8 : Attestation de recherche

130

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Dan, O'meara et Roussel Stéphane, Théories des relations internationales : contestations et résistances, Montréal, Athéna, 2007.

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FozeingKwanke, La politique étrangère du Cameroun, Yaoundé, IRIC, 2010.

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Guyatt, Nicolas, Encore un siècle américain ? Les États-Unis et le monde au XXIe siècle, Tunis, Presses des Imprimeries Réunies, 2002.

Hobsbaun,J.Eric, L'âge des extrêmes. Le court XXe siècle : 1914-1991, Paris, Edition complexe, 1994.

Kagan, Robert, La puissance et la faiblesse : les États-Unis et l'Europe dans le nouvel ordre mondial, Plon, Paris, 2003.

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Merle, Marcel, La politique étrangère, Paris, PUF, 1984.

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MouelleKombi, Narcisse, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1996

Ngwaykpalaingukadony, Une introduction aux relations internationales africaines, Paris L'Harmattan, 2007.

Sur, Marcel, Relations internationales (5e édition), Paris, Editions Montchrestien-Lextenson, Paris, 2009.

Petiteville, Frank, Le multilatéralisme, Paris, Montchrestien, 2009.

Pondi, jean Emmanuel, Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003.

Oyono, Dieudonné, Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, Paris, L' Harmattan, 1990.

3- OUVRAGES METHODOLOGIQUES, ENCYCLOPEDIE ET DICTIONNNAIRE

3.1.1 OUVRAGES METHODOLOGIQUES

Aktouf Omar, Méthodologie des sciences sociales et approche sociologique des organisations, Montréal, Presse Québec, 1992.

Beaud, Michel, L'art de la thèse, Paris, La découverte, 2006.

Département d'Histoire, Guide méthodologique pour la rédaction des thèses, mémoires, ouvrages et articles, Université de Yaoundé I.

Dosse, François, L'Histoire en miettes.Des « anales à la nouvelle Histoire », Paris,La Découverte,2005.

Gordon Mace et Petry, François,Guide d'élaboration d'un projet de recherche en sciencessociales,Paris, De Boeck Université,2003.

Grawitz, Madeleine, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 6e édition, 1987.

N'da, Paul, Recherche et méthodologie en science sociales et humaines : réussir sa thèse, son mémoire de master ou professionnel, et sonarticle, Paris, L'harmattan, 2015.

Université de Yaoundé I, (Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines), Normes de présentation et d'évaluation des mémoires et des thèses, Yaoundé, Presses de l'imprimerie Les Grandes Editions, 2011.

3.1.2 Encyclopédie et Dictionnaire

Le Dictionnaire historique et géopolitique du XX siècle, Paris, La Découverte, 2000

Larousse de poche : précis de Grammaire, LocutionsLatines et Etrangères,Paris, LibrairieLarousse, 1954.

II-TRAVAUX UNIVERSITAIRES

1-THESES

Benmakhlouf, Julie, « La relation franco-américaine autour de la question irakienne : la contestation d'un mode occidental alternatif », thèse de Doctorat en Droit Public, Lille, Université de Lille II, 2014, disponible sur, http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-011441811/document

Bidias, René, « Un demi-siècle d'assistanat international pour le développment en Afrique subsaharienne : rétrospective et perspective (1960-2015) », thèse de Doctorat en Histoire, Yaoundé, Université de Yaoundé I, 2017.

EtoaOyono, Georges Patrice, « Diplomates et Personnels administratifs dans les représentations diplomatique :cas de l'ambassade du Cameroun à Paris, (1960-1982), Approchehistorique », thèse de Doctorat en Histoire,Yaoundé,Université de Yaoundé I, 2014.

Nevzat, Arslan, « La place de l'identité dans la politique étrangère. Le cas de la Turquie dans la période post 11 septembre  2001 », thèse de Doctorat en Sciences Politiques, Université de Liège, 2011, disponible sur, www.droit.uliege.be/cms/c-268001.fr/doctorat

OkonoOkono, jean-Gilles, « La fin de la rivalité EST-OUEST et l'intervention extérieure en Afrique : Un essai d'interprétation de la nouvelle politique américaine des conflits africains », thèse de Doctorat de 3ecycle, en Relations Internationales, Yaoundé, IRIC, 2000.

2-MEMOIRES

Bidias, René, « La première crise politique congolaise vue par la presse camerounaise d'expression française : 1960-1965. Essai d'analyse historique », mémoire de DIPES IIen Histoire, Yaoundé, ENS, 2011.

Gueguim, ZebazéColince Désiré, « Le scrutin présidentiel de 1992 et son impact sur la diplomatie camerounaise », mémoire de Maitrise en Histoire, Yaoundé, Université de Yaoundé I, 2005.

KamgaNkuissi, Siegfried, « Le déploiement militaire des Etats-Unis en Afrique dans un contexte d'édification de la sécuritécollectiverégionale »,mémoire de Master en relations internationales /option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017.

Lawa wayang, Lejeune Nestor, « La diplomatie camerounaise dans un monde en mutations : changement et continuités », mémoire de Master en relations internationales/option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2014.

Nzengang, Alex, « Une lecture de la coopération américano-camerounaise depuis le 11 septembre 2001 : contribution à l'étude des dimensions pétrolières et militaires », mémoire de Master en Science Politique, Université de Yaoundé II, 2005.

3-RAPPORT

DjounangNanga, Gerald, « Le ministère des relations extérieures et la participation du Cameroun au conseil de sécurité des Nations Unies », Rapport de stage/diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002.

4- ARTICLES DE REVUES

Boigrollier, Nicolas, « La relation transatlantique en question », Questions internationales, N°9, septembre-octobre 2004, pp.6-14.

Dario, Basttistella, « Prendre Clausewitz au mot : une explication `'libérale de la liberté en Irak'' », Etudes internationales, vol.35, N°2004, pp.124-131.

Ebolo, Martin Dieudonné, « L'implication des puissancesoccidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaine et française au Cameroun (1989-1997), Africanpoliticalscience, vol 4, N°2, p.52.

Huntington Samuel, « Why international primacy matters », International Security, vol.17, N°4, 1993, pp.146-151.

KojouéKamga, Larissa, « Le présidentSarkozy et les relationsfranco-camerounaises »,DynamiquesInternationales, N°4, 4 mai, 2011, pp.1-17.

Koning, Ruben et Mbarga, jean, « Conflits pour les ressources naturelles de la péninsule de Bakassi : du global au local », Ecologie et Politique, Vol.34-1, 2007, pp.63-70.

Koungou, Léon, « Comment construire la paix dans un espace post-conflictuel ? Le cas de Bakassi », Afrique contemporain, Vol.234-2, 2010, pp.22-27.

Moreau Defarges, Philipe, « Le multilatéralisme et la fin de l'histoire », Politique étrangère, Vol.69, N°3, 2003, pp.34-39.

IV-CONTRIBUTIONSCOLLECTIVES TIREES D'OUVRAGES

Melandri, Pierre, « Les Etats-Unis : la continuation de l'unilatéralisme par d'autres moyens ? », Le multilatéralisme : nouvelles formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006, pp.124-126.

Oyono, Dieudonné, « La seconde guerre du Golfe et la résurgence des « malentendus transatlantiques » : le dilemme camerounais », Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003, pp. 29-34.

Tenenbaum, Charles, « Une diplomatie globale : conférences et sommets mondiaux », Le multilatéralisme : nouvelles formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006, pp.144-151.

V-ARTICLES DE JOURNAUX

Afrique- Etats-Unis, N°1493, décembre, 1993, pp.3-4.

Amayena, Nicolas, « Crise irakienne : le président Paul Biya reçoit Dominique de Villepin »,Cameroon Tribune, N°7802/4091, 11 mars 2003, p.2.

Amayena, Nicolas, « Une nouvelle dynamique : l'excellence des relations entre Yaoundé et Washington se traduit par un échange de personnalités de haut rang »,CameroonTribune, N°?, 16 février, 2006, pp.3-4.

Armane,NdomaBile, « Le cobalt et le nickel de Lomié en question », La nation,N°94, 15 avril,2003, p.5.

Badjang Ba Nken, « Le baptême de feu pour la présidence camerounaise au conseil de sécurité »,Cameroon Tribune, N°7695, 2 octobre 2002, p.3.

Bambou, François, « Quand le point d'achèvement s'éloigne : comment franchir le point d'achèvement sans bouger ?C'est le miracle que veut réaliser le gouvernement », La nouvelle expression,N°1273, 9 juin,2004, pp.5-7.

BoohBooh, Jacques,Ministre des relations extérieures, «  Allocution à la tribune des Nations Unies, le 26 septembre 1990 à New-York »,Cameroon Tribune, N°4731 du 28 septembre 1990, p.4.

Cameroon Tribune, « Baroness Amos consults with president Paul Biya once again », N°7803/4092, 12 mars 2003, p.3.

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CameroonTribune, « Cameroun -Etats-Unis :on parle de sécurité »,N°10065/6266, 29 mars 2012, p.2.

Cameroon Tribune, « Droits de l'homme au Cameroun : Washingtonapprécie »,N°10038/6239,21 février2012, p.3.

Cameroon Tribune, « Cameroun -Etats-Unis :l'USAID revient », N°10084/6285, 27 avril 2012, p.2.

CameroonTribune, « Le temps des Affaires », N°7873/4162, 25 juin, 2003, pp.5-7.

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D'Alayer,Christian, « il était une fois le brut africain »,jeune Afrique/L'intelligent,N°2189-2190, du 22 décembre 2002 au 4 décembre 2003, pp.54-56.

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EtoundiMballa, Patrice, « Conseil de Sécurité : le Cameroun passe le relais à la Chine »,Cameroon Tribune, N°7717, le 4 novembre 2002, p.3.

Faujas, Alain, « A quoi sert le conseil de sécurité »,Jeune Afrique/L'intelligent, N°2182, du 4 au 10 novembre 2002, pp.39-40.

Fouté, Rousseau joel, « Dette du Cameroun : les Etats-Unis annulent 17.6 milliards de F.CFA »,Cameroon Tribune, N°7531/3820, 6 février 2002, p .4.

Geslin, Jean Dominique, « Victoire volée à Yaoundé », Jeune Afrique /L'Intelligent, N°2182, du 4 au 10 novembre 2002, pp .102-103.

Kamguia, Edmond. K, « L'énigmatique tête à tête Biya-Bush », La nouvelle expression, N°1209, 31decembre 2003, pp.4-5.

La urne de l'actu, « Atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE : tractations difficiles à Washington », N°25, 9 mai, 2006, p.5.

 Marchés Nouveaux, N°13, Paris, Edité par GIDEPPE, novembre 2003,p.115.

Monda Bakoa, « Cameroun-Etats-Unis : on parle de sécurité », Cameroon Tribune,N°10065/6266, 29 mars 2012, p .3.

Nguegan, jeanFrançois, « L'histoire de l'initiativePPTE »,N°36,Economia, hors-série, 2007, p.112.

Niels, Marquardt,ambassadeur des Etats-Unis, interviewréalisée par Cameroon Tribune,20 février 2006, p .4.

Sampson,Anthony, « Etats-Unis/Irak : les pétroliers contre les faucons », jeune Afrique /L'intelligent, N°2191, du 5 au 11 janvier 2003, pp.91-92.

Owona, Roger, « Le monde peut-il éviter une nouvelle guerre ?/Le dossier de la rédaction : la position du Cameroun »,Cameroon Tribune, N°7789/4078, 14 février 2003, pp.6-7.

Perle, Richard, « Thank you God for the dead of the UN », Guardian, 21 mars 2003, p.8.

Yanoussa Ben Moussa, « Au secours les terroristes »,Le point du jour N°, 13 septembre 2014, p.13.

VI- AUTRES DOCUMENTS

International Crisis Group, « Le Golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque », Rapport, N°95, 12 décembre, 2012.

Rapport général, « Troisième conférence des ambassadeurs », Yaoundé, Ministère des affaires étrangères, mai 1985.

VII- WEBOGRAPHIES

1-TEXTES OFFICIELS

Résolution 660, disponible sur, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/575/10/IMG/NR057510.pdf

Résolution 678,disponible sur, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf?OpenElement

Résolution 687, disponible sur, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf?OpenElement

Résolution 986,disponible sur, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf

Résolution 1154,disponible sur, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/IMG/NRO596623.pdf

Résolution 1284, disponible sur, http://www.un.org/french/doc/sc/1999/99s1284.htm

Résolution 1441, disponible sur, http://www.un.org/french/ga/search/view-doc.asp

Projet américano-britanniqued'une nouvelle résolution contre l'Irak, disponible sur, http://www.annuairestrategies.info/donnees.asp

Déclaration de Dominique de Villepin, Ministre des affaires étrangères de la coopération et de la francophonie, New-York, Nations Unies, 14 février,2003.Disponible sur, http://discours-vie-publique.fr/notices/033000604html

Georges Walker Bush,discours sur l'état de l'Union, Washington DC,29 janvier 2002, disponible sur, http://georgeswbush-whitehouse.archives.gov/

2-SITES OFFFICIELS

Bibliothèque numérique de l'Institut Français du Cameroun, disponible sur, url : www.culturetheque.com

Bibliothèquenumérique de l'Université Catholique d'AfriqueCentrale,disponible sur : http://41.204.94.197/

Site officiel de l'Organisation des Nations Unies, disponible sur, www.un.org

3-ARTICLES NUMERIQUES

Albaret,Mélanie, « L'ONU entre puissance et multilatéralisme », disponible sur, http://ceriscope.sciences-po.fr//puissance/content/part3//onu-entre-puissance-etmultilateralisme

Baran,David, « La stratégie du faible face à la puissance américaine », Politique étrangère, disponible sur, www.persee.fr

De la Gorce, P.M, « Ce dangereux concept de guerre préventive », Monde diplomatique, N°582, septembre, 2008, disponible sur, http://www.mondediplomatique.fr

Dupuy,Georges, « Un monde de bruts), L'Express, disponiblesur, http://www.lexpress.presse.fr/info/franceirak/dossier.asp?ida=4260

Wallenstein, immanuel, Le déclin de l'Amérique a commencé : les classiques des sciences sociales, disponible sur http://classiques.uqac.ca/contemporains/WALLESRTEIN Immanuel/declin-amerique /declin.html

Sur, serges, L'hégémonie américaine en question, disponible sur, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FD001240.pdf

Nils, Anderson, Le mal américain, l'unilatéralisme, coalition internationale contre la guerre, disponible sur, www.circg.free.fr

La doctrine Bush de remodelage du Grand Moyen-Orient : entre idéalisme et pragmatisme, disponible sur, http://www.diploweb.com/forum/croisier1.htm

Novesseloff, Alexandra, « L'essor du multilatéralisme : principes, institutions et actions communes», Paris, IRFI, disponible sur, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FDOO1434-pdf

« Nigeria's reaction to the judgement of the International Court of Justice at the Hague », disponible sur, http://www.nigeriaembassyusa.org/110802-11.shtml

Marc Aicardi de saint Paul, « La France et le déclenchement de la guerre en Irak », L'Europe et les crimes au Moyen-Orient, Géostratégique, N°15, Paris, 2003, disponible sur, www.academiedegeopolitiquedeparis.com

Samir Nair, « Véritable enjeu de la guerre américaine en Irak », disponible sur, www.liberation.fr

Virgile, Coujard, « La crise irakienne à travers le prisme de la multipolarisation »,communication présentée lors du 10 ème congre de l'Association française de science politique, Grenoble, 2009, disponible sur, https://fr.linekedin.com/in/virgile-coujard-b9440797

Lafarge, Gabrielle et Novesseloff, Alexandra, « L'ONU et la crise irakienne », disponible sur, www.diplomatie.gouv./fr/fr/IMG/pdf/lafarge.pdf

4-AUTRES SOURCES NUMERIQUES

Carte illustrant la nomenclature du système des nations unies, disponible sur,   http://.org/fr/aboutun/structure/chart.pdf

Carte illustrant la péninsule de Bakassi, disponible sur, http://www.google.com/search?q=carte+de+bakassi+lesaccords+de+greentree

Carte illustrant le domaine maritime et continentale des pays du golfe de Guinée, disponible sur, http://www.afriqueindex.com/articles/carte-afrique.htm

VIII- SOURCES ORALES

Noms et Prénoms

Ages

Professions

Lieux et dates de l'entretien

Anonyme

55 ans environ

Diplomate

MINREX, le 19 décembre 2017

Bidias, René

35 ans environ

Enseignant

Yaoundé, le 14 février 2018

Kamga, Edmond

52 ans environ

journaliste

Yaoundé, le 13 décembre 2019

Nsatma,Jean Dieudonné

65 ans environ

Ministre plénipotentiaire Hors-échelle /ancien Diplomate

Yaoundé, le 2 octobre 2019

Anonyme

49 environ

Enseignant

Yaoundé,le 5 janvier 2018

Anonyme

44 ans environ

Journaliste

Yaoundé,le 19 décembre 2017

Anonyme

65 ans environ

Opérateur économique

Yaoundé, le 14 février 2018

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS ii

SOMMAIRE iii

RESUME iv

ABSTRACT v

LISTE DES SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES vi

LISTE DES CARTES viii

INTRODUCTION GENERALE 1

I- CONTEXTE DE L'ETUDE 2

II- RAISONS DU CHOIX DU SUJET 4

III- INTERET DU SUJET 5

A- Intérêt scientifique 5

B- Intérêt politique 6

C- Intérêt académique 6

IV- OBJECTIF DE LA RECHERCHE 6

V- CLARIFICATION DES CONCEPTS 7

A- Diplomatie 7

B- Crise 9

VI- DELIMITATION TEMPORELLE DU SUJET 12

VII- REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE 12

VIII- PROBLEMATIQUE 15

IX- HYPOTHESES DE TRAVAIL 16

X- DEMARCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 16

A- Le cadre théorique de l'analyse 16

La théorie mobilisée : le réalisme 17

B- La méthodologie 18

XI- DIFFICULTES RENCONTREES 20

XII- PLAN DE TRAVAIL 21

PREMIERE PARTIE 22

L'UNILATERALISME AMERICAIN ET LE MULTILATERALISME INTERNATIONAL : DEBAT AUTOUR DE DEUX CONCEPTIONS DE LA GEOPOLITIQUE DES RELATIONS INTERNATIONALES 22

CHAPITRE I 23

LE CONTEXTE INTERNATIONAL DES ANNEES 2000 : ENTRE MULTILATERALISME ET UNILATERALISME AMERICAIN 23

A- LE CONFLIT IRAKIEN COMME ENJEU DU MULTILATERALISME 24

1- La tentation unilatéraliste des Etats-Unis 24

2- L'ONU et la consécration du multilatéralisme 33

B- LES ENJEUX ET DEFIS INTERNATIONAUX DE LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 41

1- Pour les Etats-Unis et la Grande Bretagne : assurer la légitimité politique et la légalité internationale de la guerre 41

2- Pour la communauté internationale : le respect de la légalité internationale et la prise en compte d'un monde multipolaire 45

CONCLUSION DE CHAPITRE 51

CHAPITRE II 52

LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 : ETIOLOGIE ET SYMPTOMATOLOGIE 52

A- LA PREMIERE GUERRE DU GOLFE ET SES CONSEQUENCES 53

1- L'invasion du Koweït et la riposte Onusienne 53

2- Les sanctions imposées à l'Irak à l'issue du conflit 54

3- Des sanctions sous fonds de manoeuvres dilatoires des autorités irakiennes 55

B- LA CRISE IRAKIENNE AU CONSEIL DE SECURITE 58

1- La résolution 1441 et ses enjeux 59

2- Le retour des inspections de l'ONU et la coopération irakienne de façade 61

3- L'affrontement entre les deux camps 63

CONCLUSION DE CHAPITRE 68

DEUXIEME PARTIE: LE CAMEROUN ET LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 69

CHAPITRE III 70

LA DIPLOMATIE CAMEROUNAISE DANS LA CRISE IRAKIENNE DE 2003 70

A- LE CAMEROUN PROTAGONISTE INVOLONTAIRE DE LA CRISE IRAKIENNE 71

1- Le Cameroun : membre non-permanent du Conseil de Sécurité 71

2- Le rôle du Conseil de Sécurité dans l'architecture paix de l'Ordre international 74

B- LE CAMEROUN FACE A LA CRISE IRAKIENNE 78

1- « Bâtir la paix dans la paix » 78

2- OEuvrer pour la conciliation et le respect de l'arbitrage des institutions internationales 85

CONCLUSION DE CHAPITRE 90

CHAPITRE IV 91

LES RETOMBEES DE L'ENGAGEMENT DU CAMEROUN AUX COTES DES USA 91

A- L'APPROFONDISSEMENT DES RELATIONS ENTRE YAOUNDE ET WASHINGTON 92

1- La coopération politico-diplomatique 92

2- La coopération diplomatico-économique 97

3- L'amélioration de l'image du Cameroun à l'international 100

B- LE SOUTIEN DES ETATS-UNIS SUR LA SCENE INTERNATIONALE 103

1- Le coup de pouce providentiel des Etats-Unis auprès des institutions de Bretton Woods et en matière de désendettement bilatéral 104

2- Le verdict de La Haye et la stratégie américaine de résolution du conflit de Bakassi 108

3- Le soutien des Etats-Unis en matière de sécurité sous régionale 113

CONCLUSION DE CHAPITRE 118

CONCLUSION GENERALE 119

ANNEXES 122

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 135

TABLE DES MATIERES 146

* 1Le régime irakien a refusé le programme « pétrole contre nourriture » en 1995, poursuivant la mise en oeuvre de son propre système de rations alimentaires. Face à une crise financière sans précèdent susceptible d'affaiblir son pouvoir, le régime irakien accepte finalement ce dispositif humanitaire, par lequel l'ONU importe les biens de première nécessité, les autorités irakiennes devant assurer leur distribution (sauf dans les zones autonomes kurdes, du nord de l'Irak).

* 2Madeleine, Albright, « Preserving principle and safeguarding stability: United States policy towards Iraq », Georgetown University, Washington DC, 26 mars 1997. Disponible sur le site internet, www.states.gov/statements/1997/970326.html , consulté, le 4 janvier 2018.

* 3Les néo-conservateurs sont un courant idéologique aux Etats-Unis incarnés par un groupe d'intellectuels et d'experts généralement proches du parti républicain. Ils défendent une politique de fermeté en matière de politique extérieure et de défense et prônent un interventionnisme militaire à l'étranger.

* 4Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris,L'Harmattan, p.16.

* 5Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, p.28.

* 6Ibid., p.22.

* 7Madeleine, Grawitz, Méthode des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1987, p.4.

* 8 Jean-Gilles, OkonoOkono, « La fin de la rivalité Est-Ouest et l'intervention extérieure en Afrique : un essai d'interprétation de la nouvelle politique américaine des conflits africains », thèse de Doctorat de 3e cycle, Yaoundé, IRIC,2000,p.25.

* 9Charles, Debach, al, Lexique de politique, 7ème édition, Paris, Dalloz, 2001, p.141.

* 10Raoul, Delcorde, Les mots de la diplomatie, Paris, L'Harmattan, 2006, p.34.

* 11Charles, Okala fut, Ministre des Affaires étrangères, du 16 mai 1960 au 20 octobre 1961.

* 12Georges Patrice, Etoa Oyono, « Diplomates et Personnels administratifs dans les représentations diplomatiques : cas de l'ambassade du Cameroun à Paris (1960-1982 ) », thèse de Doctorat en Histoire, Faculté des Arts,Lettres et Sciences Humaines, Université de Yaoundé I, p.14.

* 13Lexique de politique, 7ème édition, Paris, Dalloz, 2001.

* 14Platon, philosophe grec, V ème siècle avant jésus Christ.

* 15Jean-Louis, Dufour, Un siècle de crises internationales : de pékin (1900) au Caucase (2008), Bruxelles, Edition André Versailles, 2009, p.18.

* 16Ibid.

* 17Ibid.

* 18Ibid. pp.18-19.

* 19Ibid.

* 20Jean louis, Dufour et Alexandra, Schwartzbrod, Le président qui n'aimait pas la guerre, Paris, Plon, 1995, p.34.

* 21René, Bidias, « La première crise politique congolaise vu par la presse camerounaise d'expression française : 1960-1965 »,Essai d'analyse historique, Mémoire de DIPES II en Histoire, ENS, Yaoundé, 2011, P.6.

* 22Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'harmattan,1996.

* 23Fozein Kwanke, La politique étrangère du Cameroun, Yaoundé, IRIC, 2010.

* 24Dieudonné, Oyono, « La seconde guerre du golfe et la résurgence des « malentendus transatlantiques » : le dilemme camerounais »,Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003.

* 25Christian, Bepi Pout et Hugues Pauline, Bend, « Guerre du Golfe, épisode 2 : une analyse de la réception de la couverture du conflit dans la presse camerounaise », Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose/Afredit, 2003.

* 26Lire, en annexe et en bibliographie.

* 27Melvin,Akam, « La `'danse indansable `' du président Biya »,Le Messager, repris par Courrier International, N° 645, 13 mars 2003.

* 28Arthur, Nguiamba, « Les raisons de la visite de Paul Biya aux Etats-Unis »,La Nation, N°93, 1er avril 2003.

* 29Edmond, Kamguia, « L'énigmatique tête à tête Biya - Bush »,La Nouvelle expression, N°1209, 31decenmbre 2003.

* 30F., NgayapNgandeu, « La Conférence des Ambassadeurs :une illustration de la mise en oeuvre de la politique étrangère du Cameroun 1960-1985 », Mémoire de Maitrise en Histoire,Yaoundé, Université de Yaoundé I, 2008.

* 31Gerald, Djounang Nanga, « Le Ministère des relations exterieures et la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité », Rapport de stage/diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002.

* 32Jean Emanuel, Pondi, Une lecture africaine de la guerre en Irak, Paris, Maisonneuve et Larose /Afredit,2003.

* 33Jean Emmanuel, Pondi, Du zaïre au Congo Démocratique. Les fondements de la crise, Yaoundé, Editions du CRAC, `'collection comprendre'',1997.

* 34Raymond, Aron,  « Qu'est-ce qu'une théorie des relations internationales », in Revue Française de Sciences Politique, 17e année, N°5, 1967, p.838, cité par Siegfried, KamgaNkuissa, « Le déploiement militaire des Etats-Unis en Afrique dans un contexte d'édification de la sécurité collective régionale », Mémoire de Master/option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017, p.23.

* 35Hans, Morgenthau, Politics among nations. The struggle for power and peace, 2eédition, New York, Edition A. Knopf, 1948.

* 36Kenneth, Waltz, Theory of international Politics,..., Addison-Wesley, 1979.

* 37Raymond, Aron, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 1962.

* 38Thiyembe Mwayila, « La stratégie EST-OUEST en Afrique », cité par Jean Gilles OkonoOkono, « La fin de la rivalité EST-OUEST et l'intervention extérieure en Afrique,... », p.13.

* 39Il s'agit, en effet, de la deuxième guerre d'Irak à laquelle participent les Etats-Unis et certains Etats européens. La première ayant eu lieu en 1991, suite à l'invasion du Koweït par l'Irak, le 2 aout 1990. Toutefois, si nous nous situons du point de vue irakien, nous parlerions de la troisième guerre d'Irak ; car la première ayant opposée ce pays a son voisin l'Iran (1980 à 1988).

* 40Jacques, Attali, Demain, qui gouvernera le monde ? Espagne, Blackprint CPI, 2012, p.179.

* 41 Pascal Boniface affirme que :« l'unilatéralisme actuel des Etats-Unis est un choix politique délibéré ». Car au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, la puissance américaine était relativement supérieure à celle d'aujourd'hui, pourtant le système international qu'ils ont mis en place était fondé sur le multilatéralisme et la création des grandes organisations internationales : l'ONU, le FMI, le GATT..., Lire, Pascal, Boniface, Atlas des relations internationales, Paris, Hatier, 2003, pp.56-57.

* 42Virgile, Coujard, « La crise irakienne à travers le prisme de la multipolarisation », inCommunication présentée lors du 10ème Congres de l'association française de science politique,Grenoble, 7-9 septembre, 2009, p.6. Disponible sur, http://fr.linekedin.com/in/virgile-coujard-b9440797, consulté, le 16 décembre 2016.

* 43Le 11 septembre 2001, deux avions de la compagnie American Airlines percutent les tours jumelles du Word trade center à New York. Quelques minutes plus tard, un troisième avion s'écrase sur le Pentagone, siège du Département de la Défense à Washington DC. Tandis que qu'un quatrième, volant toujours en direction de Washington et probablement vers la Maison Blanche, s'écrase en rase campagne, en Pennsylvanie, après que les passagers et les membres d'équipages aient tenté d'en prendre le contrôle. Le réseau terroriste, Al-Qaïda, dirigé par Oussama Ben Laden, revendique alors l'attentat qui fait 3000 morts et 6000 blessés.

* 44Le 7 décembre 1941, les japonais bombardent la base américaine de Pearl Harbor, dans les iles Hawaï, coulant ou mettant hors de combat 18 navires de la marine américaine, détruisant 117 avions, tuant 3303 américains et en blessant 1272. Cette attaque précipita, l'entrée des Etats-Unis en guerre, en 1942, au côté des Alliés.

* 45Le néo-conservatisme, bien que n'étant pas le sujet central de cette étude, intéresse, en raison du rôle qu'il a joué dans la riposte américaine adoptée suite aux attentats du 11 septembre 2001. On note que la plupart des néo-conservateurs de première génération étaient des trokistes au cours des années 1930. Dans les années 1940, ils se sont « deradicalisés » et ont abandonné leurs idéaux révolutionnaires trokistes, avant de se réconcilier avec l'Amérique et rejoindre le consensus libéral contre le communisme. Dans les années 1960, le mouvement a commencé à prendre de l'importance comme une reaction à l'évolution du libéralisme américain vers la gauche. Dans les années 1970, avec la montée des questions externes comme le danger de l'expansionnisme soviétique, les néo-conservateurs vont s'intéresser de manière croissante à la politique étrangère américaine, qui devint la raison d'être du mouvement. Leur politique étrangère se traduit par un anticommunisme intransigeant. Dans les années 1990, avec le bouleversement du contexte international, dû à la chute du mur de Berlin, le mouvement néo-conservateur se renouvelle et prend une nouvelle identité, qui vise à étendre l'hégémonie et l'unilatéralisme américain à travers le monde, même en dépit, de l'absence, d'une menace soviétique.

* 465ème président des Etats-Unis (1816-1824), James Monroe naquit le 28 avril 1758 en Virginie. Sa carrière politique débute avec son élection à l'Assemblée de Virginie en 1786 où il siège pendant quatre ans. Cependant, il ne parvint pas à se faire élire comme membre du premier Congrès des Etats-Unis, qui voit le jour sous la présidence de James Madison. Le nom de Monroe est surtout marqué par sa fameuse doctrine exprimée au Congrès et qui allait devenir le fondement de la politique étrangère des Etats-Unis. En effet, la puissance réelle de cette doctrine vient de ce que pour reprendre les termes du secrétaire d'Etat John Quincy Adams, est un avertissement à l'Europe de « ne pas approcher la main » de l'hémisphère occidental. Outre cet avertissement donné à l'Europe et qui marque par conséquent une certaine ligne idéologique de la politique étrangère des Etats-Unis, l'action du président Monroe sera tour à tour marquée aussi par l'acquisition de la Floride à l'Espagne en 1819 et de l'adoption d'une législation connue sous le nom de « Compromis du Missouri », conséquence du premier sérieux différend entre le Nord et le Sud. D'après ce compris, le Missouri entra dans l'Union en tant qu'Etat esclavagiste, mais dans tout le reste du territoire acquis par l'achat de la Louisiane, l'esclavage devait être à jamais interdit au Nord de la frontière Sud du Missouri. Le Maine fut alors détachée du Massachussetts et admis dans l'Union en tant qu'Etat non esclavagiste, de manière à ce que le nombre des Etats esclavagistes et non esclavagistes s'équilibrent. A ce propos, lire, Maxim. E, Armbuster, Au service du peuple : les présidents des Etats-Unis, Paris, Les éditions Internationales, 1964.

* 47-Theodore Roosevelt, 25ème président des Etats-Unis (1896-1904) est né le 27 octobre 1858 à New York. Diplômé de l'université de Harvard, Roosevelt n'avait pas encore quarante-trois ans lorsqu'il accède à la Maison Blanche. Il est alors le plus jeune de tous les présidents des Etats-Unis. Animé d'une énergie débordante et partisan d'un Gouvernement central fort, il se révéla aussi être un ardent réformateur. Mais le renom international de Roosevelt est en grande partie lié à la construction du canal de Panama, commencé en 1904. Le Congres offrit 40 millions de dollars aux français qui avaient percé le canal de Suez et s'étaient déjà mis au travail à Panama plusieurs années auparavant pour qu'ils abandonnent à l'Amérique leurs droits sur Panama et leur matériel. Quant à la Colombie propriétaire du terrain, on lui proposa 10 millions en plus d'une rente annuelle de deux cent cinquante mille dollars. Mais le Gouvernement colombien refusa l'offre. Roosevelt fut alors accusé de vouloir aider Panama à se séparer de la Colombie. Qu'elle qu'ait pu être l'aide de Roosevelt, Panama se révolta contre le Gouvernement central colombien et devint une république indépendante avec laquelle les Etats-Unis discutèrent directement de la question du canal.

* 48Maxim. E. Armbuster, Au service du peuple : les présidents des Etats-Unis, Paris, 1964, Les éditions Internationales, p.189.

* 49- Robert Kagan, politologue américain, est le chef de file des néo-conservateurs et cofondateurs avec I.Kristol du « Think tank » Project for the New American Century (PNAC).

* 50- Irving Kristol est un journaliste,éditorialiste américain néoconservateur,partisan passionné d'Israël, de la puissance américaine et du renforcement de la présence américaine au Moyen Orient.

* 51Nevzat Arslan, « La place de l'identité dans la politique étrangère. Le cas de la Turquie dans la période post 11 septembre 2001 », thèse de Doctorat de Sciences politiques, Lièges, Université de Lièges, 2001, p.146, disponible sur, www.droit.uliege.be/cms/c-268001.fr/doctorat .Consulté, le 4 janvier 2017.

* 52Ibid.

* 53 Stephan, Halper et Jonathan, Clarke, America alone. The neoconservatives and global order, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p.103.

* 54La politique de « containment » ou endiguement fut énoncée en 1947, par le président Harry Truman. Il s'agissait de combattre la menace communiste par l'arme économique et non par la violence et de répondre à l'intimidation par la fermeté. Les Etats-Unis se disent alors prêts à fournir des aides financières massives à tous les pays désireux de rester libres et de s'affranchir de la tutelle soviétique.

* 55Hubert, Védrine, « Le néoconservatisme et l'hyperpuissance américain », in Figaro, 8 février 2008. Disponible sur, http://www.lefigaro.fr/debats/2008/02/08/01005-20080280ARTFIG00450. Consultée, le 30 novembre 2016.

* 56L'expression « Axe du Mal » fait référence à deux expressions distinctes de l'histoire géopolitique du XXème siècle : l'« Axe » renvoi à l'alliance entre l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le japon durant la seconde GM, que le président Roosevelt avait appelé à combattre. Quant au « Mal », il est attribuée au président Donald Reagan (1980-1988) dans un discours prononcé en 1981, qui avait désigné l'Union soviétique comme étant l'« Empire du Mal ». En tout état de cause, la notion d'« Axe du Mal » renvoie à l'ensemble des ennemies de l'Amérique, passée de la lutte contre le nazisme et le communisme à la guerre contre l'intégrisme terroriste. En dénonçant, l'« Axe duMal » que constituerait, par exemple, l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord, le président Georges Walker Bush, s'est posé en « héritier » des défenseurs des valeurs de l'Occident. Cette rhétorique fut désapprouvée par un grand nombre d'historiens et d'analystes géopolitiques, dans la mesure où ces trois pays sont loin de représentés une coalition organisée, défendant des ambitions partagées (contrairement à l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste, le japon militariste des années 1930). A noter que l'on retrouve une nouvelle fois cette intention dans l'Administration américaine d'établir un parallèle entre la situation géopolitique du nouveau millénaire avec celle de la seconde GM.

* 57Discours du président américain Georges Bush au Congrès, le 14 février 2004.

* 58Ela Wullson, Mvomo, « L'Irak : pas décisif vers l'empire ? »,Une lecture africaine ..., p.50.

* 59Julie, Benmakhlouf, « La relation franco-américaine à l'épreuve de la question irakienne : la contestation d'un modèle occidental alternatif », thèse de Doctorat de Droit Public, Lille, Université Lille Nord de France, 2014, p.135, disponible sur, http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01144181/document, consulté, le 5 janvier 2017

* 60Nicolas, Guyatt, Encore un siècle américain ?, Tunis, Presses des Imprimeries Réunies, 2002, P.91.

* 61Pierre, Melandri, « Les Etats-Unis : la continuation de l'unilatéralisme par d'autres moyens ? »,Le multilatéralisme : nouvelles formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006, p.208. Notons que, au cours de l'Administration Clinton (1992-2000), bien qu'encline au multilatéralisme, les Etats-Unis sont intervenus en Somalie, en 1993, à Haïti, en 1994, au Kossovo, en 1999, sans base juridique explicite de l'ONU.

* 62Richard, Perle, « Thank you God for the death of the UN »,in The Guardian post, 21 mars, 2003, p.6.

* 63Mélanie, Albaret, « L'ONU entre puissance et multilatéralisme », disponible sur, http://ceriscope.sciences-po.fr/puissance/content/part3//onu-entre-puissance-etmultilateralisme , consulté, le 13 mars 2019.

* 64Charles, Tenenbaum, « Une diplomatie globale : conférences et sommets mondiaux » in Le multilatéralisme : nouvelles formes de l'action internationale, Paris, La Découverte, 2006, P.81.

* 65Alexandra Novesseloff, L'essor du multilatéralisme : principes, institutions et actions communes, Paris, IRFI, p.305. Disponible sur, http : www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/FDOO1434-pdf . Consulté, le 5 janvier 2017.

* 66Frank Petiteville, Le multilatéralisme, Paris, Montchrestien, 2009.

* 67Alexandra,Novesseloff,L'essor du multilatéralisme, p.305.

* 68 Guillaume, Devin et Marie Claude, Smouts,Les organisations internationales, Paris, Armand Colin, p.29.

* 69 Charte des Nations Unies,article 2, alinéa 7.

* 70 Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale, article 5, alinéa 1.

* 71Charte de l'ONU, chapitre III, article 52, alinéa 1.

* 72Christian, Edmond Bepi Pout, Sécurité humaine et diplomatie de l'émergence : enjeux pour le Cameroun, Yaoundé, Les Presses Universitaires de Yaoundé, 2013, p.142.

* 73Virgil, Coujard, « La crise irakienne à travers le prisme de la multipolarisation », p.10.

* 74Mélanie, Albaret, « l'ONU entre puissance et multilatéralisme »,p.24.

* 75 Virgile, Coujard, p.8.

* 76Il est important de souligner la différence entre les concepts de prévention et de préemption. Contrairement, à la guerre préventive ; la guerre préemptive est reconnue par le droit international. Car, la guerre préemptive ou guerre à chaud, peut être engagé lorsqu'il y a des preuves matérielles démontrant l'imminence d'un danger et justifiant ainsi la nécessité d'agir. Tandis que, la guerre préventive ou guerre à froid est destinée à lutter contre une menace plus stratégique. A ces propos, lire, Narcisse, Mouelle Kombi, La guerre préventive et le droit international, Paris, Dianoima, 2007 ; ou De La Gorce, P.M., « Ce dangereux concept de guerre préventive » in Le Monde Diplomatique, N°582, septembre, 2008, p.1. Disponible sur, http://www.monde-diplomatique.fr

.Consulté, le 5 janvier 2017.

* 77Samir Nair, « Véritable enjeu de la guerre américaine en Irak », disponible sur, www.liberation.fr, consulté, le 4 septembre 2020.

* 78« L'ellipse stratégique de l'énergie » est une zone qui part de la péninsule arabique à l'Asie centrale.

* 79Anthony, Sampson, « Etats-Unis/Irak : les pétroliers contre les faucons », Jeune Afrique/L'Intelligent, N°2191, du 5 au 11 janvier 2003, pp.46-47.

* 80Ibid.

* 81Coujard, Virgile, pp.9-10.

* 82Ibid.

* 83Le néoréalisme (aussi appelé le réalisme structurel)est un courant théorique dans la discipline des relations internationales. Il a été fondé par Kenneth Waltz dans son ouvrage, Theory of International Politics. Des auteurscomme, Robert Gilpin, joseph Grieco, Robert Jervis,Stephen Walt peuvent également être classés dans ce courant. Le néoréalisme est donc une tentative de reformulation du réalisme classique (celui de Hans Morgenthau, EdwardHallett) dans une approche rigoureuse et positiviste.

* 84BRIC, acronyme représentant quatre grandes économies émergentes, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, s'est transformé en BRICS, le 14 avril 2011, en intégrant l'Afrique du sud (`'S''pour South africa). Ces quatre pays représentent 40% de la population mondiale et pourrait également assurer 40% PIB mondial d'ici 2050.

* 85 Virgile, Coujard, p.10.

* 86Ibid.

* 87Axe comprenant notamment, l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan, l'Irak, l'Arabie saoudite, la Turquie, et la Géorgie.

* 88Georges, Dupuy, « Un monde de brut », L'Express, 13 février 2003, disponible sur, http://www.lexpress.presse.fr/info/france/dossier/franceirak/dossier.asp?ida=426094, consulte, le 16 septembre 2020.

* 89Ibid.

* 90Ibid.

* 91Ibid.

* 92Dans cette résolution, les membres du Conseil de Sécurité constatent une rupture de la paix et de la sécurité internationale et s'engagent à nouveau à se réunir pour décider des mesures à prendre contre l'Irak pour restaurer l'intégralité territoriale et la souveraineté du Koweït. Lire l'intégralité de la résolution sur le site des Nations Unies, http://daccess-dds-ny-org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/575/10/IMG/R057510.pdf, consulté, le 15 décembre 2017.

* 93Résolution disponible sur le lien, http://www..un.org/fr/documents/view-doc.asp?symbo=S/RES/678/(1990), consulté, le 15 décembre 2017.

* 94Sur la base de la résolution 688 du 5 avril 1991, qui condamne les violations graves perpétrées par le régime irakien contre ses populations civiles kurdes et chiites, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France avaient mis en place deux zones d'interdiction de vols, au nord et au sud de l'Irak (« Povidecomfort ») au nord du 36e parallèle et (« Southernwatch ») au sud du 32e parallèle, étendu unilatéralement par les Etats-Unis et le Royaume-Uni au sud du 33e parallèle.

* 95Deux principaux dogmes composent la communauté des Musulmans à travers le monde : le sunnisme, courant majoritaire, et le chiisme, qui est partagé par environ 15% des croyants. Ce schisme entre les deux courants s'est opéré dès la succession du prophète de Mahomet. L'Irak actuel est composé d'une diversité de groupe ethniques et de minorités religieuses. Les chiites représentent environ 55% de la population, les sunnites 40% et les autres minorités (kurdes notamment) 3 à 4%. Dès son arrivée au pouvoir, en 1969, Saddam Hussein met en oeuvre la répression systématique du chiisme politique.

* 96Résolution 986, disponible sur, http://daccess-dds-ny.un.org/org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/596/23/IMG/INR0596623.pdf?OpenElement, consulté, le 16 décembre 2017.

* 97Durant la décennie 1990, la population irakienne vit dans des conditions humanitaires extrêmes. La résolution 986 met en place le programme « pétrole contre nourriture » pour atténuer les effets de l'embargo imposé à l'Irak. Il est assoupli à partir de 1996 pour des raisons humanitaires. Dans le cadre de ce programme, l'Irak est autorisé à vendre 1.2 millions de barils de pétrole par jour contre les produits de première nécessité. Mais, les enquêtes autour de ce programme révèlent au début des années 2000 que les fonds obtenus dans le cadre de cet accord ont été systématiquement détournés par Saddam Hussein et son entourage, qu'ils utilisaient à des fins d'enrichissement personnel, parfois avec la complicité des fonctionnaires de l'ONU et certains chefs d'Etats étrangers.

* 98Résolution 1154, disponible sur, http://www.un.org/french/doc/sc1998/98s1154.htm, consulté, le 16 décembre 2017.

* 99COCOVINU, ou UNMOVIC en anglais, sigle le plus usité.

* 100Résolution disponible sur le site officiel de l'ONU, http : www.org/french/documents/view-doc.asp, consulté, le 5 février 2018.

* 101Ibid.

* 102Ibid.

* 103Ibid.

* 104Ibid.

* 105Gabrielle, Lafarge et Alessandra, Novesseloff, « L'ONU et la crise irakienne », disponible sur, www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/lafarge.pdf , consulté, le 5 février 2018, p.24

* 106D'une portée de déclarée inférieure à 150 km, le développement par l'Irak de ses missiles Al-Samoud était autorisé par l'ONU. Pour autant, les doutes entourant ces programmes, portant notamment sur la découverte d'installations connexes surdimensionnées, amènent la COCOVINU à poursuivre la démarche suggérée un temps par l'UNSCOM et visant au démantèlement et à la destruction de ces programmes.

* 107Gabrielle, Lafarge et Alessandra, Novesseloff, « L'ONU et la crise irakienne », p.246

* 108Ibid.

* 109Déclaration de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de la coopération et de la francophonie, devant le Conseil de Sécurité, New York, Nations Unies, 14 février 2003. Disponible sur, http://didcours-vie-publique.fr/notices/033000604html, consulté, le 5 février 2018.

* 110Sur instruction du président Bush, Colin Powell, Secrétaire d'Etat, insiste notamment sur la volonté de dissimulation d'éléments de preuves des autorités irakiennes au cours des inspections. Six photos satellites sont présentées à l'attention des membres du Conseil de Sécurité, comme ayant été prises avant les inspections et montrant selon lui, le nettoyage des sites opérés par les irakiens. Un enregistrement sonore d'écoutes téléphoniques entre les officiels irakiens présentés comme membres de la Garde républicaine est aussi diffusé pour montrer le trafic des archives et documents officiels.

* 111Déclaration de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de la coopération et de la francophonie, devant le Conseil de Sécurité », New York, Nations Unies, 14 février 2003.

* 112Lire Projet hispano-américano-britannique d'une nouvelle résolution contre l'Irak. Disponible sur, http : // www.annuairestrategiesinfo/données.asp, consulté, le 6 février 2018.

* 113Julie, Benmakhlouf, « La relation franco-américaine autour de la question irakienne : la contestation d'un mode occidental alternatif », thèse de Doctorat en Droit public, Lille, Université de Lille II,2014, p.248, disponible sur, htpp://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01144811/document, consulté, le 13 août 2020, p.248.

* 114Les principaux pays membres de la coalition militaire au côté des Etats-Unis sont entre-autres : le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Italie, l'Australie, le Japon, les Pays-Bas et le Portugal.

* 115Le 1er mai, soit six semaines après le début du déclenchement des hostilités, le régime irakien de Saddam Hussein s'effondra.Après plusieurs mois de captivité, Saddam Hussein est arrêté puis incarcéré ; jugé et condamné à mort (par pendaison)en 2006.

* 116David, Baran, « La stratégie du faible face à la puissance américaine », Politique étrangère, disponible sur, www.persee.fr,consulté, le 26 septembre 2020, p. 407.

* 117Le terme de Croisade, employé par le président Georges Walker Bush, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, avait déclenché de très vives réactions à travers le monde, notamment en Irak. A ce propos, lire par exemple, P. Ford, « Europe Cringes at Bush `'Crusade''aigainstTerrorists », The Christian Science Monitor, 19 septembre 2001.

* 118En octobre 2002, les Etats-Unis accusaient la Syrie de recel de l'armement irakien illicite, accusations graves auxquelles les syriens opposèrent un démenti formel, le 25décembre. Ces accusations furent perçues en Irak comme des signes avant-coureurs d'une menace syrienne à combattre.

* 119Comme ce fut le cas dans les missions de maintien de la paix suivantes : l'Autorité Provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC) de 1992 à 1993, pour laquelle le Cameroun a fourni 75 éléments de force de police. La Mission intérimaire de l'administration des Nations Unies au Kosovo (MINUK) où le pays fourni 21 Agents de police.

* 120Tels : le COPAX, le comité consultatif permanent des Nations Unies chargés des questions de sécurité en Afrique centrale (CCPNU/AC).

* 121Gerald, Djounang Nanga, « Le ministère des relations exterieures et la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité des Nations Unies », Rapport de stage académique/diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002, pp.2-4

* 122Voir, chapitre I, article 1er, alinéa 4 de la Charte des Nations Unies.

* 123 Gerald, Djounang Nanga, « Le ministère des relations extérieures et la participation du Cameroun au Conseil de Sécurité des Nations Unies », Rapport de stage /diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2002, p.2. En effet, selon, G., Djounang Nanga, le Cameroun fut élu par une large majorité de voix : soit 172 sur 177 votants.

* 124Patrice, Etoundi Mballa, « Conseil de Sécurité : le Cameroun passe le relais à la Chine », in Cameroon Tribune, N°7717, le 4 novembre, 2002, pp.6-7.

* 125Ibid.

* 126 Article 25 de la Charte des Nations Unies.

* 127Charte des Nations Unies, article 27, alinéa 1.

* 128Alain, Faujas, « A quoi sert le Conseil de Sécurité ? »,Jeune Afrique/L'intelligent, N°2182, du 4 au 10 novembre, 2002, p.88-89.

* 129Guillaume, Devin et Marie Claude Smouts, p.161.

* 130Pendant, la guerre de Corée (1950-1953), l'ONU ne put intervenir que, grâce à l'absence momentanée de l'URSS au Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis, pris l'initiative de confier à l'Assemblée Générale les responsabilités jusque-là dévolues au Conseil de Sécurité, en faisant voter, en 1950, la résolution Acheson .Cette résolution prévoit, en effet : en cas de veto au Conseil de Sécurité, une majorité d'Etats membres peut susciter, une session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée Générale, qui peut à la majorité des deux-tiers se substituer au Conseil de Sécurité dans ses décisions. La résolution Acheson a joué explicitement ou implicitement au moment des crises de Suez, Hongrie, en 1956, Liban, 1958, etc. Elle n'est plus utilisée, en raison de l'unamisme nouveau du Conseil de Sécurité, mais elle demeure un recours éventuel.

* 131 Antoine, Gazano, Les relations internationales, Paris, Edition Gualino, 2001, p.85.

* 132Alain, Faujas, jeune Afrique/L'intelligent, p.89.

* 133L'Angola ayant remplacé entre-temps, l'Ile Maurice dont le mandat est arrivé à échéance, le 31 décembre 2002.

* 134Dan, O'meara et Stéphane, Roussell, Théories des relations internationales : contestations et résistances, Montréal, Athéna, 2007, p.95.

* 135Jaques,BoohBooh, Ministre des relations extérieures à la tribune des Nations Unies, le 26 septembre 1990, in Cameroon Tribune, N°4731, du 28 septembre, 1990.

* 136Le Cameroun a été accusé, en 2003, par les autorités de Malabo, d'apporter, à partir de son territoire, un soutien au « subversif » Equato-guinéen, le colonel Cipriano Nguema Mba Mitoho. Celui-ci fut kidnappé au Cameroun, séquestré dans les locaux de l'ambassade de Guinée-Equatoriale, puis exfiltré du Cameroun à partir d'un véhicule diplomatique et assassiné en Guinée-Equatoriale. D'autres embrouillaminis notamment, frontaliers et sécuritaires rythment les plaidoiries équato-guinéennes contre le Cameroun, au quotidien.

* 137Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, p.60.

* 138Dieudonné, Oyono, « La seconde guerre du golfe et la résurgence des « malentendus transatlantiques » : le dilemme camerounais », p.13

* 139Marc, Aicardi de Saint Paul, « La France, l'Afrique et le déclenchement de la guerre en Irak »,Géostratégique, N°15, Paris, 2003, disponible sur, www.academiedegeopolitiquedeparis.com

* 140Dieudonné, Oyono, Avec ou sans la France ? La politique africaine du Cameroun depuis 1960, Paris,L'Harmattan, 1990, p.143.

* 141Larissa, Kojoué Kamga, « Le président Sarkozy et les relations franco-camerounaises », Dynamiques internationales, N°4, mai, 2011, p.6.

* 142Ibid.

* 143Marc, Aicardi de Saint Paul, « La France, l'Afrique et déclenchement de la guerre en Irak », p.141.

* 144En effet, pendant la campagne présidentielle de 1992, les Etats-Unis, à travers les actions de leur ambassadeur à Yaoundé, Francès Cook, se sont illustrés par une grande proximité avec le candidat de l'opposition, Ni John Fru Ndi. Cette proximité avérée ou non fut dénoncée par le pouvoir de Yaoundé. Par ailleurs, l'opposant Ni John Fru Ndi fut invité à prendre part à l'investiture du nouveau président américain, Bill Clinton, le 20 janvier 1993. Malgré, la polémique née autour de cette invitation, où certains proches du pouvoir ont prétendu que c'était un canular de l'opposition ; on y découvre néanmoins des photos de la cérémonie d'investiture du président américain montrant le leader de l'opposition camerounaise, en train d'échangé une poignée de main avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, Bill Clinton.

* 145Lire l'intégralité de ce projet de nouvelle résolution sur, http://www.annuairestrategique.info/donnees.asp, consulté le 30 novembre 2016.En effet,le24 février 2003,la coalition qui attaquera l'Irak quelques jours plus tard espérait encore le faire avec l'aval des Nations Unies. Pour cette raison,les USA,l'Angleterre et l'Espagne présentent au Conseil de Sécurité une nouvelle résolution. Celle-ci ne sera pas votée en dépit d'une intense activité diplomatique internationale des Etats-Unis qui désirent rallier le plus d'Etats possibles à leur cause. La France, l'Allemagne et la Russie vont s'opposer et lui substituer un autre texte,d'où son retrait.

* 146Melvin,Akam, « La danse indansable du président Biya », Le Messager, N°645, 13 mars, 2003, p.6.

* 147Cameroon Tribune, « Baroness Amos consults with president Paul Biya once again », N°7803/4092, 12 mars 2003, p.1.

* 148Nicolas, Amayena, « Crise irakienne : le président Paul Biya reçoit Dominique de Villepin », Cameroon Tribune, N°7802/4091, 11 mars 2003, p.3.

* 149Anonyme, 43 ans, Diplomate, en service au MINREX, Yaoundé, 19 décembre, 2017.

* 150Cameroon Tribune, « Le monde peut-il éviter une nouvelle guerre ?/Le dossier de la rédaction : la position du Cameroun », N° 7789/4078, 14février, 2003, p.31.

* 151La représente britannique, Valery Amos, était venue à Yaoundé dans le cadre d'un intense lobbying diplomatique, en faveur du vote de projet de résolution anglo-américaine au Conseil de Sécurité d'une action militaire contre l'Irak.

* 152Christian, Edmond, Bepi Pout et Hugues Pauline Bend, « Guerre du Golfe, épisode 2 : une analyse de la réception de la couverture du conflit dans la presse camerounaise », Une lecture africaine de la guerre en Irak,..., pp.154-155.

* 153Comme partenaires stratégiques, nous pouvons citer : la France, les Etats-Unis, l'Israël, la Chine, le japon, ses cinq voisins géographiques, l'Union africaine, l'Union européenne, les Institutions de Bretton woods, et le Monde islamique.

* 154Marché Nouveaux, N°13, Paris, Gideppe, p.94.

* 155Léon, Koungou, « Comment construire la paix dans un espace post-conflictuel ? Le cas de Bakassi », in Afrique contemporain, vol.234-2, 2010, p.14.

* 156Pour mieux appréhender l'origine du problème, il faut avoir à l'esprit le processus historique de formation de l'Etat camerounais. A cet égard, une documentation nombreuse et variée aborde le sujet. Cependant, afin de cerner les contours à la fois juridique et historique du problème ; nous proposons de lire, le mémoire produit par l'Etat du Cameroun. Cette affaire, inscrite au hall général de la Cour Internationale de Justice sous le n°48, le 30 mai 1961, a fait l'objet d'un arrêt rendu le 2 décembre 1963. Elles'intitule, « Affaire du Cameroun septentrional (Cameroun contre Royaume-Uni) », disponible sur,  https://www.icj-cij.org/public/files/cases-related/, consulté le 28 décembre 2019.

* 157Cameroon Tribune, « Affaire Bakassi : Yaoundé et Abuja accordent leurs violons », N°7678/3967, 10 septembre, 2002, p.2.

* 158 L'article 94, relatif au chapitre XIV, intitulé : Cour Internationale de Justice. Cet article dans son alinéa 2 stipule que « si une partie à un litige ne satisfait pas aux obligations qui lui incombent en vertu d'un arrêt rendu par la Cour, l'autre partie peut recourir au Conseil de Sécurité et celui-ci, s'il juge nécessaire, peut faire des recommandations ou décider des mesures à prendre pour faire exécuter l'arrêt ».

* 159Cameroun : Histoire d'un nationalisme 1884-1961, Paris, Editions Clé, pp.91-92.

* 160Guy Roger, Eba'a, Affaire de Bakassi : genèse, évolution et dénouement de l'affaire de la frontière terrestre et maritime Cameroun-Nigeria (1993-2002), Yaoundé, Presses de l'UCAC, 2013, p.71.

* 161Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, p.107.

* 162Anonyme, 53 ans, Diplomate, en service au MINREX, Yaoundé, 19 décembre 2017.

* 163Lors de cette élection, Paul Biya fut élu, président de la république avec un score de 39.9% de suffrages exprimés contre 35.9% pour son principal opposant, Ni John Fru Ndi. Cependant, au même moment, certaines sources notamment celles, de l'ambassade des Etats-Unis à Yaoundé accrédite, John Fru Ndi vainqueur de l'élection avec un score de 39% contre 36% pour Paul Biya. Suite donc à la publication de ces résultats controversés, et des violations massives des droits de l'homme qui en ont suivi, les Etats-Unis décidèrent de suspendre certains aspects de leur coopération avec le Cameroun. On peut noter, les fermetures : du centre culturel américain ; le service commercial de l'ambassade des Etats-Unis ; les banques telles que : Boston Bank, Cameroon Charted Bank, l'USAID, etc.

* 164Martin Dieudonné,Ebolo, « L'implication des puissances occidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaines et française au Cameroun (1989-1997) », Africanpolitical science, vol.4, N°2,1999, p.52.

* 165Afin de combler le mandat, à lui confié par ces pairs, le président Biya effectua une mission à New York, du 22 au 28 octobre 1996. Outre, les importantes allocutions qu'il prononça devant l'Assemblée générale de l'ONU le 24 octobre et le Groupe africain, le président camerounais s'entretint également avec le représentant permanent des Etats-Unis à l'ONU, Madeleine Albright, opposé à la réélection de Boutros Boutros Ghali. Au terme de ces tractations et a l'issue du vote à l'Assemblée générale, le ghanéen Kofi Annan est élu Secrétaire général de l'ONU. « Nous avons ardemment oeuvrée pour qu'un second mandat soit accordé à l'Afrique », dira le président camerounais. « Notre objectif a été atteint. Nous nous réjouissons de ce que la communauté internationale nous ait renouvelé sa confiance ».Lire, Ebolo, Martin Dieudonné, « L'implication des puissances occidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaine et française au Cameroun (1989-1997), Africanpolitical science, vol 4, N°2, p.52.

* 166Edmond, Kamguia.K, « L'énigmatique tête à tête Biya-Bush », in La Nouvelle Expression, N°1209,31 décembre,2003, p.9.

* 167Ibid.

* 168Ibid.

* 169Ibid., pp.9-10.

* 170Nicolas, Amayena, « Une nouvelle dynamique : l'excellence des relations entre Yaoundé et Washington se traduit par un échange de personnalité de haut rang », in Cameroon Tribune, N°...? jeudi, 16 février 2006, p.4.

* 171Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, p.155.

* 172Armane Ndoma Bilé, « Le cobalt et le nickel de Lomié en question », in La nation, N°94, 15 avril, 2003, p.4.

* 173Marchés Nouveaux, N°13, novembre 2003, p.78.

* 174Marché Nouveaux, pp.78-81.

* 175Ibid.

* 176Cameroon Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : le temps des affaires », N°7873/4162, 25 juin 2003, p.3.

* 177En 2008, le président Barack Obama l'a renouvelée jusqu'en 2012, avant d'en faire encore autant en 2016.

* 178E., Kengne Pokam, La France et les Etats-Unis au Cameroun : le processus démocratique en question, Paris, L'Harmattan, 2009, p.246.

* 179Ibid.

* 180Le concept de Smart Power a été officiellement utilisé pour la première fois par la Secrétaire d'Etat Hillary Clinton (2009-2013) qui affirmait que les Etats-Unis ne comptaient pas renoncer à leur puissance diplomatique et militaire mais voulait rompre avec le discours messianique et le recours systématique à la coercition militaire qui a caractérisé l'Administration Bush (2000-2008). Toutefois dans le domaine des relations internationales, le terme de Smart Power renvoie à la combinaison des stratégies de Soft Power et Hard Power. Il est défini par le « Center for strategies and international studies » comme une approche qui souligne la nécessité d'une armée forte mais aussi d'alliances, de partenariats et institutions à tous les niveaux pour étendre l'influence américaine et établir la légitimité du pouvoir des Etats-Unis.

* 181En 2002,la production de pétrole brut évaluée de la Guinée équatoriale, était de 350000 barils/jour ; celle du Nigeria de 2millions 148 000 barils/jour ; l'Angola de 731000barils/jour. Pour plus de détails lire, Christian D'Alayer, « Il était une fois le brut africain »,Jeune Afrique/L'intelligent, N°2189-2190, du 22 décembre 2002 au 4 janvier 2003,pp.171-176.

* 182Moon Jae-in, né le 24janvier 1953 à Geoje,est un avocat et homme d'Etat Sud-coréen,président de la république de Corée du sud depuis le 10mai 2017.

* 183Donald Trump, né le 14 juin 1946 à New York, est un homme d'affaires, animateur de television et homme d'Etat américain, président des Etats-Unis depuis le 20 janvier 2017.

* 184Kim Jong-un,né le 8 janvier 1984 à Pyongyang, est un homme d'Etat Nord-coréen, actuel dirigeant suprême de la Corée du nord (depuis 2010, il a succédé à son père, Kim Jong-il, décédé) ou il occupe les postes de président du parti du travail de Corée, de Commandant suprême de l'armée populaire et de président de la Commission des affaires de l'Etat.

* 185Cameroon Tribune, « September 11, 2001 : America remembers », N°76/79/3968, 11 septembre, 2002, P.1.

* 186Interview accordée au quotidien Cameroon Tribune, le 20 février 2006, p.6

* 187Narcisse, Mouelle Kombi, La politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, p.173

* 188Ibid., pp.173-174.

* 189Ibid.

* 190Cameroon Tribune, « Droits de l'homme au Cameroun : Washington apprécie », N°10038/6239, 21 février 2012, p.2.

* 191Cameroun Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : l'USAID revient », N°10084/6285, 27 avril 2012, p.2

* 192La suspension de l'USAID au Cameroun par le gouvernement américain avait pour objectif inavoué d'amener le gouvernement camerounais à mettre l'accent sur les droits de l'homme. Propos confirmés par, John Shattuck, sous-secrétaire d'Etat en charge des droits de l'homme « Le fait que l'USAID se soit retiré du Cameroun a été pris en raison de problèmes extrêmement importants de non-respect des droits de l'homme(...) ». Lire, le magazine, Afrique - Etats-Unis, N°1493, décembre, 1993, p.4.

* 193Cameroon Tribune, « Cameroun - Etats-Unis : l'USAID revient », p.2.

* 194L'atteinte du point de décision en 2000 a permis au Cameroun de bénéficier de près 1400 milliards de F.CFA de financements extérieurs au titre de la coopération multilatérale. Et de près de 100 millions d'euros par an pendant dix ans au titre de l'APD, avec la France, s'il franchit le point d'achèvement.

* 195François, Bambou, « Quand le point d'achèvement s'éloigne : comment franchir le point d'achèvement sans bouger ? C'est le miracle que veut réaliser le gouvernement »,La nouvelle expression, N°1273, 9 juin, 2004.

* 196Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis en poste au Cameroun, propos recueilli auprès du journal Cameroon Tribune, du 20 février 2006, p.6.

* 197La urne de l'actu, « Atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE : tractations difficiles à Washington », N° 25,9 mai, 2006, p.5.

* 198Ibid., p.6.

Nb : lire l'article en annexe.

* 199Ibid.

* 200Ibid.

* 201Lire, l'article de presse en question, en annexe.

* 202Jean François, Nguegan, « L'histoire de l'initiative PPTE », Economia, N°36, hors-série, 2007, p.312.

* 203Ibid.

* 204Rousseau joel, Fouté, « Dette du Cameroun : les Etats-Unis annulent 17.6 milliards de F.CFA »,Cameroon Tribune, N°7531/3820, 6 février 2002, p.5.

* 205Ibid.

* 206Ibid.

* 207Niels Marquardt, ambassadeur des Etats-Unis, interview réalisée par Cameroon Tribune, le 20 février 2006, p.6.

* 208Cameroon Tribune, « Affaire de Bakassi : l'appui des Etats-Unis à l'option de Yaoundé », N° 7683/3972, 17 septembre 2002.

* 209Ces quatre Etats témoins qui acceptent de parrainer l'accord de Greentree sont représentés par les personnalités suivantes : Günter Pleuger, représentant permanent de l'Allemagne auprès de l'ONU, Jackie Janders, ambassadeur, chef de la mission américaine auprès de l'ONU pour les Etats-Unis, Michel Duclos, adjoint au représentant permanent de Paris à l'ONU pour la France, et Karen Pierce, adjoint au représentant permanent de Londres à l'ONU, pour le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord.

* 210International Crisis Group, « Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque », Rapport, N°195, 12 décembre 2012, p.16.

* 211Arthur, Nguiamba, « Les raisons de la visite de Paul Biya aux Etats-Unis », p.3.

* 212Ibid.

* 213Cameroon Tribune, « Cameroun-Etats-Unis : on parle sécurité », N°10065/6266, 29 mars 2012, p.1

* 214Le magazine des Forces de Défenses Camerounaise, « Honneur et Fidélité », N°...? décembre 2014, p.38.

* 215Siegfried, KamgaNkuissi, « Le déploiement militaire des Etats-Unis en Afrique dans un contexte d'édification de la sécurité collective régionale », mémoire de Master en relations internationales/option diplomatie, Yaoundé, IRIC, 2017, p.123.






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