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Analyse comparative des déterminants de la croissance économique dans les pays de l'UEMOA et des pays du BRICS.


par Boris et Ulrich GOMEZ et SEGODO
Université d'Abomey-Calavi - Licence en économie 2020
  

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2.2.2 Facteurs de croissance économique

v Généralités

La croissance économique est un concept complexe et multidimensionnel. Elle est basée sur un nombre important de théories. Les premières théories de la croissance furent celles des classiques. Smith (1776) avance l'idée, selon laquelle, la division du travail est une source de productivité. Dans son analyse, il met l'accent sur les économies d'échelle, la spécialisation, et le commerce international. Cependant, Smith (1776) néglige le progrès technique dans le processus de la croissance. Selon Malthus (1798), le mécanisme principal qui conditionne la croissance est la pression démographique et les besoins de subsistance de cette population croissante. Par ailleurs, Ricardo (1819), admet que le progrès technique peut relever la productivité dans l'agriculture. En rejoignant les classiques, Marx (1967) identifie le progrès technique comme facteur de productivité et il est l'un des pionniers des théories récentes sur la croissance endogène.

Le premier modèle de croissance endogène a été l'oeuvre de Romer (1986) qui considère que la croissance endogène provient d'une externalité qui est la source des rendements d'échelle croissants. A la suite des classiques, la théorie de la croissance néoclassique développée par Solow (1956) offre une approche beaucoup plus satisfaisante que le modèle de Harrod (1939) et Domar (1947). En outre, Solow (1956) identifie deux sources de croissance : une source « endogène », l'accumulation de capital, et une source « exogène », la quantité du travail disponible. Par la suite, le modèle de Solow fut enrichi en y intégrant la notion d'investissement en capital humain. Sous l'impulsion de Mankiw, Romer et Weil (1992), la notion d'investissement en capital humain est assimilée à un investissement de court terme. Si une formation permet de transformer du travail non qualifié en travail plus qualifié, donc d'utiliser des équipements plus complexes et d'en tirer meilleur parti, le niveau technologique du pays augmente du même coup son état régulier et son rythme de croissance.

La croissance est un phénomène quantitatif qui mesure l'évolution des ressources dont on dispose naturellement et collectivement. Dans la sphère macroéconomique, l'indicateur qui permet de mesurer la croissance est la Production Intérieure Brute (PIB) du pays. Schumpeter (1935) met l'accent sur le progrès technique pour relancer la croissance plus que l'accumulation du capital. A cet effet, il rejette totalement l'analyse de Malthus et de Ricardo concernant la contrainte imposée par la pression de la population. Pour Schumpeter les recherches et développement permettent d'accroître la productivité et d'innover en créant de nouveaux produits grâce à la technologie. On peut donc énoncer de manière générale que les variables telles que : augmentation de la

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population active, la main d'oeuvre qualifiée, une accumulation de capital favorisée par les investissements publics qui attirent ceux du privé, les progrès techniques, les progrès de la division de travail, l'innovation favorisent la croissance économique.

v Investissement privé comme facteur de croissance économique

L'investissement désigne l'ensemble des biens et services achetés par les agents économiques au cours d'une période donnée pour produire ultérieurement d'autres biens et services. En d'autres termes, c'est l'ensemble des biens non consommés au cours de l'année, ceux que l'on met en réserve pour augmenter le patrimoine national. Elle peut être définie selon trois approches : l'approche comptable définit l'investissement comme étant des dépenses affectées aux actifs immobilisés. Pour l'approche financière, c'est ce qui est déboursé en vue d'encaisses futures. Selon l'approche économique, investir c'est acquérir ou créer un capital physique destiné à être utilisé dans le processus productif pendant au moins un an.

Selon Guerrien (2002), l'investissement est une opération qui consiste, pour une entreprise ou un pays, à augmenter le stock des moyens de production (machines, équipements de tous types, infrastructures, biens de tout ordre, mais aussi acquisition de connaissances et formation des hommes), avec pour perspective une production future. D'après Villieu (2000), dans le langage courant, la notion d'investissement décrit une multitude d'opérations : on investit en Bourse, dans l'achat d'une nouvelle voiture, dans l'éducation de ses enfants, dans l'acquisition d'un logement ou dans une nouvelle machine. Il poursuit en disant que la définition économique est plus précise mais aussi, plus arbitraire : « l'investissement est, au sens large, l'acquisition des biens de production ».

Le contenu de la notion d'investissement oppose deux approches : celle de la

comptabilité d'entreprise et celle de la comptabilité nationale. Au niveau
microéconomique, la comptabilité privée identifie trois grands types d'investissements : les investissements matériels (terrains, constructions, machines, outillages, ...), les investissements financiers (prises de participation, achats de titres, ...) et certains investissements immatériels (brevets, licences, marques, fonds de commerce, ...). Au niveau macroéconomique, au terme d'investissement, la comptabilité nationale substitue celui de Formation Brute de Capital Fixe (FBCF), qui constitue « la valeur des biens durables acquis par les unités de production pour être utilisés pendant au moins un an dans le processus de production » (Villieu, 2000).

L'investissement privé, quant à elle, désigne l'ensemble d'opérations consistant à investir une épargne ou un capital sur des opérations à long terme portant sur des biens ou des avoirs financiers dans le but de dégager un revenu et ou une plus-value. C'est le revenu qui n'est pas consommé et que l'on destine à maintenir constant ou à augmenter (Lamier, 2003). D'après Flamant (2003), l'investissement est l'utilisation de capitaux détenus par les entreprises pour acquérir les moyens nécessaires à son exploitation, ce

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qui se traduit financièrement par l'affectation de ces capitaux à des emprunts à long terme.

v Investissement public comme facteur de croissance économique

L'investissement public désigne l'ensemble des biens et services qui rendent possible l'activité économique (Hirschman,1958). Cette approche particulièrement large est reprise par Hansen (1965) qui distingue : les investissements en infrastructures sociales, dont la fonction est d'entretenir et de développer le capital humain et les investissements en infrastructures économiques, dont la caractéristique est de participer au processus productif. De façon plus précise, l'investissement public est la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) réalisée par les administrations publiques.

Le débat relatif à l'effet de l'investissement public sur la croissance économique a connu récemment un engouement remarquable. Aschauer (1989) et Barro (1990) considèrent que les dépenses publiques peuvent entrer soit dans la fonction de production des entrepreneurs, soit dans la fonction d'utilité des consommateurs. Tandis que dans la première hypothèse la substitution entre dépenses publique et privée est vraisemblablement forte, dans la seconde en revanche, la dépense publique est essentiellement complémentaire de la dépense privée. Romer (1986) fait jouer un rôle productif aux dépenses publiques tout en considérant la croissance comme endogène. L'influence des dépenses publiques passerait donc par l'offre. Le modèle de Barro (1990), complété par Barro et Sala-I-Martin (1992) est le prototype de cette approche `'Les investissements publics concourent à la productivité privée». Ainsi, sans routes, quelle serait la productivité d'une entreprise de transport. Dans cette optique, Barro (1990), enrichit le modèle de croissance endogène en incorporant les dépenses publiques.

Afonso et Furceri (2010) expliquent que les dépenses de contributions sociales et les dépenses de fonctionnement ont un effet négatif sur la croissance économique pour les pays européens tandis que les dépenses publiques d'investissement exercent par leur volume un effet positif sur la croissance mais, plus leur niveau est volatile, moins le niveau de croissance est élevé. Afonso et Furceri (2010) parviennent aux mêmes résultats que Devarajan et al (1996) concernant l'effet des dépenses d'investissement sur la croissance pour les pays en développement ; ce qui parait surprenant si l'on s'en tient aux théories de la croissance endogène qui postulent que ces dépenses sont bénéfiques à l'économie du fait des externalités qu'elles produisent. Il est possible d'interpréter les résultats d'Afonso et Furceri (2010) par l'existence d'effets de seuil impliquant qu'au-delà d'un certain moment, investir des fonds publics dans les infrastructures est contre-productif si cela se fait au détriment de dépenses de fonctionnement.

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v Degré d'ouverture commerciale comme facteur de croissance économique

Le degré d'ouverture de l'économie est mesuré par le rapport entre la somme des échanges extérieurs de biens et services et le PIB. La littérature économique suppose une corrélation positive entre le degré d'ouverture commerciale et la croissance, (Vamvakidis, 1998). La théorie économique suppose que le développement économique des exportations permet de desserrer la contrainte extérieure et de faciliter l'importation du capital non produit localement. Cela a pour effet de relancer la croissance économique. De façon générale, l'ouverture sur l'extérieur est supposée accroître les économies d'échelle, permettre la diffusion de la technologie et la diversité des biens produits, l'effet global étant l'accélération de la croissance économique.

En procédant à une analyse transversale portant sur les pays en développement, Mbaye (2006) montre par ailleurs, un impact défavorable et significatif de l'instabilité des exportations sur la croissance du PIB par tête. Par contre, Ojo et Oshikoya (1995) et Ghura et Hadjimiichael (1996) ont trouvé une relation positive entre la croissance des exportations et celle du PIB par tête chez les pays africains. Selon Levine et Renelt (1992), la relation de causalité entre le degré d'ouverture commerciale et la croissance se fait à travers l'investissement. Si l'ouverture au commerce international permet l'accès à des biens d'investissement, cela mènera à une croissance de long terme. Un pays libéralisant ses échanges s'attirera des flux d'investissement étranger.

Grossman et Helpman (1992) avancent également qu'un pays protégeant son économie peut stimuler sa croissance. Cela est possible dans le cas où l'intervention gouvernementale encourage l'investissement domestique selon les avantages comparatifs du pays. Pour Batra (1992) et Leamer (1995), la libéralisation des échanges réduit les tarifs, et par conséquent, diminue le prix relatif des biens domestiques manufacturés. Ces biens deviennent moins attirants que les biens étrangers, et l'économie domestique peut alors subir une perte.

v Corruption comme facteur de croissance économique

La corruption désigne l'abus du pouvoir public afin d'obtenir un gain privé (Tanzi, 2002). Alesina et Weder (2002) présentent la corruption comme l'utilisation abusive de la propriété de l'Etat par un fonctionnaire pour en tirer un gain personnel. Il faut, en outre, que le bénéfice tiré soit perçu comme une compensation directe d'un acte spécifique de corruption (Coulibaly, 2008). L'acte de corruption peut être initié, soit par un agent de l'Etat, soit par un usager de service public. Lui (1996) précise que la propriété étatique peut prendre la forme d'une licence d'importation, d'un passeport, d'une disposition réglementaire, de l'attribution de marchés publics, de services fiscaux, etc. Mishra (2005) partage la même approche de la corruption que Lui (1996). Mishra (2005) estime, en outre, que la corruption est un phénomène qui fait partie intégrante de la personne humaine. Et à ce titre, il est naturellement sensible aux pots de vin et a

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tendance à vouloir profiter de sa situation professionnelle ou du pouvoir discrétionnaire dont il bénéficie.

Les travaux pionniers sur la corruption remontent à Leff (1964), Leys (1964), Huntington (1968) et Lui (1985). Ils aboutissent au fait que, en améliorant l'efficience, la corruption aurait des effets positifs sur l'activité économique. Cependant, la littérature économique sur la corruption ne connait un déploiement remarquable qu'à partir des années 90. En particulier, l'article de Mauro (1995), première étude empirique sur la question, met en évidence les effets néfastes de la corruption sur la croissance et l'investissement. Par la suite, Gupta, Mello et Sharan (2001), de même que Tanzi et Davoodi (2000), montrent que la corruption entrainerait une distorsion des dépenses publiques en faveur des dépenses militaires, et d'investissement respectivement. Gupta et al. (2002) trouvent empiriquement que la corruption tendrait à accroître les inégalités.

Plusieurs recherches considèrent la corruption comme étant un autre facteur institutionnel qui entrave la croissance des entreprises. Mauro (1995) démontre, avec un ensemble de données constitué des indices subjectifs de corruption et d'efficacité du système judiciaire, que la corruption diminue les investissements et, par conséquent, affecte négativement la croissance de l'économie dans les pays où les lourdeurs administratives sont plus importantes. Pour les économistes tels que Collier (2000), la corruption permet, par exemple, à des entreprises au bord de la faillite, donc peu rentables, de continuer à exister et de bénéficier de subventions gouvernementales. De telles pratiques rendent inefficientes une grande partie des dépenses publiques. L'auteur conclut alors qu'un niveau de corruption élevé freine la croissance économique par le biais des dépenses.

v L'endettement extérieur comme facteurs de croissance économique

L'endettement extérieur d'un pays désigne l'ensemble des dettes qui sont dues par un pays, État, entreprises et particuliers compris, à des prêteurs étrangers. Techniquement, on désigne par endettement extérieur l'ensemble des concours demandés par un gouvernement auprès des partenaires (bilatéraux, multilatéraux, institutions financières, marchés financiers, etc.) pour financer les actions de développement qui n'ont pu être prises en charge par le budget national. Sachs (1988) a constaté que la capacité de remboursement de la dette d'un pays concerné est affaiblie par un niveau d'endettement important, donc les coûts futurs du service de la dette découragent l'investissement national. Ce principe est connu sous le nom du fardeau virtuel de la dette ou « debt overhang ». Cette théorie est perceptible à travers la courbe de Laffer selon laquelle l'alourdissement de la dette baisse la probabilité de son remboursement.

Singh (2006), admet qu'un niveau élevé de la dette publique a des incidences négatives sur la croissance et sur d'autres indicateurs du développement économique, et par conséquent sur la stabilité macroéconomique. Par ailleurs, Alesina et Guido (1989) et Cerra, Meenakshi et Sweta (2008) ont prouvé l'existence d'une relation entre

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l'accroissement de la dette et la fuite de capitaux. Ainsi, les pays à faibles institutions ont tendance à accumuler la dette et donc décourager les entrées des capitaux tout en favorisant les fuites de capitaux. Kumar et Woo (2010), en analysant les composantes de la croissance, ont montré que l'effet négatif du niveau élevé de la dette reflète en général une trêve de la croissance de la productivité du travail, principalement dû à une baisse des investissements et un ralentissement de la croissance du stock de capital.

v Le capital humain comme facteur de croissance économique

Le capital humain renvoie à l'ensemble des compétences qui peuvent être valorisées économiquement. Cette notion a été introduite par Schultz (1961), qui fait valoir que les connaissances et les compétences sont une forme de capital et que ce capital est le produit d'un «investissement volontaire». Il montre alors qu'il existe un lien entre la croissance des pays occidentaux et l'investissement dans le capital humain, notamment, dans l'éducation. Bassanini et Scarpetta (2001), ont montré qu'une année supplémentaire d'études au niveau moyen engendre une hausse de dix pour cent en capital humain. De plus, la formation en capital humain peut avoir un impact durable sur la croissance de la productivité et accélérer la capacité d'absorption des nouvelles technologies (Romer, 1990). Pour Becker (1964), le capital humain est un stock de ressources productives incorporées aux individus eux-mêmes, constitué d'éléments aussi divers que le niveau d'éducation, de formation et d'expérience professionnelle, l'état de santé.

Le capital humain, comme facteur de production, regroupe toutes les personnes qui contribuent à la production de biens et services, à savoir : les agriculteurs, les ouvriers, les commerçants, les professeurs etc., en somme, toutes ces personnes contribuent à l'élaboration du PIB (Becker, 1964). Selon le modèle de Solow (1956), la croissance provient, d'une part, de l'augmentation de la population active et, d'autre part, de l'accroissement de l'efficacité de la combinaison productive. Lucas (1988) a montré que la croissance est liée au capital humain. De même, il a montré que les connaissances génèrent des externalités positives sur la production et l'économie. Le capital humain est donc au coeur des stratégies de développement.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway